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INTERVIEW VIP

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FOCUS IMMOBILIER

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MARCO VAN KALLEVEEN (CEO DE DKV GROUP)

« NOUS RÉUSSIRONS SI NOUS RESTONS FIDÈLES À NOS PRINCIPES »

DKV lance une carte climatiquement neutre, avec laquelle on peut recharger son véhicule électrique dans 175.000 stations en Europe.

Marco van Kalleveen (CEO de DKV Group) veut être un leader du marché pour toutes les formes d’énergie alternative.

DKV, c’est aujourd’hui bien plus qu’une carte carburant, mais c’est bien moins que ce que l’entreprise représentera dans quelques années. Le business model de cette entreprise est en train d‘évoluer rapidement, et la connectivité lui ouvre de nouveaux horizons. Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Marco van Kalleveen, CEO de DKV Group.

Claude Yvens - claude.yvens@transportmedia.be

Transport Management : Vous étiez surtout connu pour votre carte carburant, mais cette carte n’estelle pas devenue une commodité ? Marco van Kalleveen :

Oui et non. Nous avons encore un potentiel de croissance avec notre carte carburant, organiquement ou par croissance externe. Cela ne nous empêche pas de faire évoluer le produit, avec une carte climatiquement neutre par exemple, mais aussi avec un réseau de 175.000 points de recharge électrique en Europe. Cela dit, vous avez raison sur un point : une grosse partie de nos activités n’est plus liée aux carburants. Nous avons les systèmes de paiement de péage et nous avons lancé des services digitaux. Le type de clients auxquels nous nous adressons évolue aussi : les flottes de poids lourds, bien sûr, mais aussi les flottes d’utilitaires légers et de voitures particulières.

TM : Quel est le point commun entre tous ces services ?

M. van Kalleveen : Ils suppriment de la complexité pour nos clients. C’est notre raison d’être depuis la fondation de DKV dans les années 1930. Maintenant, nos créons une valeur ajoutée supplémentaire en combinant différents services. Par exemple, DKV Live est

« Nous avons toujours été, et serons toujours, du côté des transporteurs. »

un assistant digital basé sur un ‘dongle’ que l’on installe dans le camion et qui récupère des données sur le style de conduite.

TM : Quel potentiel voyez-vous pour la recharge des camions électriques ?

M. van Kalleveen : Je pense que le mix d’énergies sera beaucoup plus large qu’aujourd’hui. Donc, nous devons construire ces réseaux de ravitaillement pour toutes ces énergies alternatives au diesel, avec le LNG, avec des bornes de recharge pour poids lourds et, demain, probablement aussi avec l’hydrogène. Nous serons un leader du marché pour toutes ces formes d’énergie.

LE BIG DATA EN TOUTE CONFIANCE

TM : Comment évolue le marché du péage ? C’est maintenant un marché européen, mais que ferez-vous quand tous les pays européens seront couverts par un système EETS ? Allez-vous fusionner votre box DKV Europe avec votre dongle DKV Live ?

M. van Kalleveen : C’est une très bonne question. D’une part, le marché continuera à grandir parce que certains utilitaires légers devront payer les péages et qu’il y aura des formes de péage urbain. Donc, le marché va continuer à grandir. Cela nous empêche pas de penser déjà à l’étape suivante. Nous devons continuer à innover, à voir comment nous pouvons combiner les données provenant de sources différentes.

TM : C’est du Big Data…

M. van Kalleveen : Exactement, mais ce n’est pas seulement profitable pour ceux qui doivent gérer une flotte de poids lourds. Ces données il y a d’autres parties intéressées.

TM : Des gestionnaires d’infrastructures ou des autorités publiques par exemple ?

M. van Kalleveen : Pourquoi pas ? Nous devons être ouverts dans ce domaine.

TM : Mais comment créer la confiance envers le Big Data ?

M. van Kalleveen : Nous protégeons énormément les données de nos clients. La confidentialité est au cœur de notre démarche. Je pense que nous démarrerons ce genre de service avec quelques clients innovants, et que ces tests nous permettront d’affiner les contrôles à mettre en place. Mais une chose ne changera pas : DKV a toujours été et sera toujours du côté des transporteurs. Nos développements vont toujours dans le sens du transporteur.

NE PAS OUBLIER LES PME AU BORD DE LA ROUTE TM : Le profil de ce transporteur pourrait changer fondamentalement dans les prochaines années…

M. van Kalleveen : Une chose est sûre : le transport va continuer à grandir, et le camion va continuer à jouer un rôle fondamental. Pour rendre ce secteur plus efficace, il y a et il y aura bien sûr des systèmes digitaux qui font se rencontrer l’offre et la demande, mais ce ne sera pas un tsunami. A côté de certains types de flux, comme le transport de charges complètes qui devient une commodité, le reste du marché va rester très complexe à organiser et très fragmenté. La bonne nouvelle, c’est que même les petites entreprises auront à leur disposition de meilleurs outils pour optimiser leur flotte, grâce à l’utilisation que nous ferons des données.

TM : Qu’est-ce que l’arrivée de véhicules autonomes pourrait changer pour DKV ?

M. van Kalleveen : Un camion autonome va nécessiter des quantités de données gigantesques et des capacités de traitement, d’intelligence artificielle énormes. Il y a aussi la communication entre véhicules, entre les véhicules et l’infrastructure… on en revient toujours aux données. Dans ce contexte-là, comment pourrons-nous aider le transporteur en lui apportant les bonnes informations au bon moment ? C’est à cela que nous pensons déjà aujourd’hui.

TM : DKV est loin d’être le seul fournisseur de services à proposer des services basés sur les data. Y a-t-il de la place pour tout le monde sur ce marché ?

M. van Kalleveen : On va certainement voir apparaître de nouveaux acteurs sur le marché des services digitaux. Ceux qui resteront seront ceux qui sont du côté des transporteurs et ceux qui se profileront comme un fournisseur neutre. Je ne crois pas que même Google ou Microsoft puisse couvrir tous les besoins futurs du marché, et qu’il y aura donc de la place pour plusieurs acteurs différents.

TM : A quelles conditions DKV fera-t-il partie des acteurs-clés dans dix ans ?

M. van Kalleveen : Si nous restons fidèles à notre philosophie de départ, si nous pouvons rendre nos services plus digitaux, non pas pour la cause digitale, mais pour aider jusqu’aux plus petits transporteurs à mieux gérer leur entreprise. Et si nous restons en pointe de tout ce qui est durable dans le secteur de la mobilité.

LES PREMIERS PAS DE DKV DANS LA SUPPLY CHAIN VISIBILITY

DKV lance un assistant digital basé sur un système télématique qui fournit un service de Track&Trace et supporte un nouvel outil de planification d’itinéraire au sein du portail DKV Live. D’autres informations sont aussi disponibles, comme le niveau de carburant. Il est donc possible, quand on recherche une stationservice proche le long de son itinéraire, d’y intégrer l’autonomie restante. Le système de planification d’itinéraires de DKV Live utilise des cartes routières fournies par Here. Le boîtier permet aussi de constater en direct des anomalies de remplissage et de télécharger les données du tachygraphe digital. Dans certains pays, DKV Live est aussi interfacé avec des places de marché électroniques telles que Saloodo et Trans.eu pour aider les transporteurs à trouver des frets de retour.

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