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ARYÉ DERY perd une bataille... pas la guerre !

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Premier couac pour la nouvelle coalition Netanyahou. La Cour suprême annule la nomination d’Aryé Dery au poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé. Le chef du parti orthodoxe séfarade paie ses condamnations passées. Malgré ce coup dur, Aryé Dery, 63 ans, compte bien livrer bataille à l’ensemble de l’appareil judiciaire du pays.

Samedi 28 janvier 20h15. Quartier Général de la Défense à Tel Aviv. Aryé Dery pénètre dans la salle de réunion du cabinet de sécurité. Déchu par la Haute Cour de Justice de ses galons de ministre, le chef du Shas prend tout de même part aux décisions prises par le gouvernement après le double attentat survenu à Jérusalem. Le Premier Ministre Netanyahou tient beaucoup à la présence de son « frère Aryé » en tant que superviseur du Cabinet de Sécurité. « Bibi a besoin d’un Aryé fort » clamait le slogan de campagne du Shass des élections du mois d’Avril 2019.

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Pourtant, le « lion » Aryé accuse le coup depuis la décision de dix juges de la Cour suprême d’invalider sa nomination au poste de ministre. Une nomination que la Haute Cour qualifie de « déraisonnable » au regard de sa dernière condamnation pour fraudes fiscales et de son passage par la case prison en 2000.

Dans son verdict, la Présidente de la Cour

Cette accumulation de condamnations m’amène à conclure que son mandat de ministre au sein gouvernement de l’Etat d’Israël a causé un préjudice grave et nuit à l’image et au statut des institutions du pays

Suprême, Esther Hayout écrit : « cette accumulation de condamnations m’amène à conclure que son mandat de ministre au sein gouvernement de l’Etat d’Israël a causé un préjudice grave et nuit à l’image et au statut des institutions du pays ».

LES JUGES DE LA COUR SUPRÊME reproche aussi au chef du Shass de ne pas avoir respecté l’accord de plaidoyer conclu avec la Cour de Justice de Jérusalem. Au mois de février 2022, le responsable du parti orthodoxe séfarade promet de démissionner de la Knesset sans stipuler toutefois de quitter la scène politique tout cela contre une peine adoucie de 12 mois de prison avec sursis et 180,000 shekels d’amende. Aryé Dery évite aussi la peine d’« infamie ou turpitude morale » qui l’aurait empêché de se présenter aux dernières élections. Toutefois, le mouvement pour la probité de l’Etat conteste la décision et dépose un recours auprès de la commission électorale pour obtenir l’invalidation de la candidature du chef du Shas. Un appel rejeté par le président de la commission, le juge Itzhak Amit au regard de l’absence de condamnation d’« infamie ou turpitude morale » dans l’accord de plaidoyer.

Aryé Dery peut donc mener la liste Shaas vers un nouveau succès électoral. 11 sièges. 400,000 électeurs. Le bloc de droite nationale obtient une majorité de 64 députés. Le responsable du parti orthodoxe séfarade ambitionne de retrouver un poste de ministre. Problème, la loi interdit à un représentant politique sous le coup d’une peine de prison ferme ou avec sursis de siéger au poste de ministre. Or pour permettre à Aryé Dery de participer aux réunions gouvernementales, les partis de la coalition de droite votent en urgence un amendement à la loi fondamentale. Le texte précise désormais que seule une peine de prison ferme peut justifier la nécessité de demander un arrêt à la commission électorale concernant d’éventuels faits d’« infamie ou turpitude morale ».

MALGRÉ LE VOTE DE CETTE LOI, la Cour Suprême tranche en défaveur d’Aryé Dery. Le chef du gouvernement Binyamin Netanyahou se voit contraint de démettre le chef du Shaas de ses fonctions de ministre. « Malheureusement, la Cour suprême a décidé de me mettre dans l’obligation de vous démettre de votre poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé. Cette décision malheureuse ignore la volonté du peuple, comme en témoigne la grande confiance que le public a accordée aux représentants du peuple et à leurs élus dans mon gouvernement (…) nous explorerons toutefois tous les moyens légaux pour permettre à Aryé Dehri de contribuer à la vie politique du pays ».

Et pour cause, l’actuelle coalition compte livrer bataille à la toute-puissance de la Haute Cour. Le ministre de la Justice Yariv Levin souhaite accélérer le calendrier de ses réformes de l’appareil judiciaire.

CERTAINS MEMBRES DE LA MAJORITÉ réfléchissent aussi à l’option de voir Aryé Dery être nommé au poste de Premier Ministre d’alternance. Un scénario toutefois écarté par Binyamin Netanyahou car compliqué à faire passer. Pour voir le chef du Shass occuper ce fauteuil de Premier Ministre en rotation il faudrait déposer une motion de censure constructive qui obligerait à défaire les actuels accords de coalition et organiser à nouveau une prestation de serment du gouvernement. Au-delà des écueils législatifs, la nomination d’Aryeh Dehri à ce poste de Premier Ministre d’alternance réenclencherait la machine des appels à la Cour Suprême.

L’hypothèse de voir Aryé Dery siéger en tant que simple député de la Knesset parait peu probable selon ses proches du Shass.

« Je reprendrai mes fonctions de ministre dès que la Knesset aura adopté la législation [l’autorisant]. Peu importe que ce soit dans deux semaines, un mois ou deux mois », a déclaré le chef du Shass dans une interview donnée à la Douzième chaîne de télévision israélienne. Le vieux Lion rugit encore…

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