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Artiste de la matière et homme de contraste

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Dinard

Dinard

Material artist and man of contrast

RENAUD BIHI

Longtemps fleuriste sur de gros événements parisiens, Renaud Bihi est un autodidacte passionné, reconverti dans un art plus pérenne.

Après avoir sublimé l’éphémère beauté des fleurs et évolué dans un monde empreint de superficialité et de magie, il emménage il y a vingtaine d’années en Bretagne. «J’ai besoin d’être proche des éléments, les pieds dans la terre, les mains sur la pierre.» Jeune propriétaire d’un Manoir à côté de Dinard, il investit depuis quelques semaines son énergie débordante au service de la rénovation de cette bâtisse du 17ème siècle.

«J’ai toujours été très bricoleur, j’aime travailler de mes mains donc même si cette pause artistique me crée de la frustration, elle me permet aussi de bouillonner d’idées que je pourrai bientôt réaliser dans mon atelier installé dans les combles, ou dans l’immense grange que j’aménage pour des œuvres plus volumineuses».

Si la création a toujours fait partie de sa vie, pendant longtemps Renaud Bihi ne s’est pas senti légitime dans le statut d’artiste. «Je manquais de confiance en moi, raison pour laquelle j’ai commencé par me former à la plumasserie. Puis l’envie est venue de mélanger cet art si fin, si doux, si léger …avec des choses plus brutes.»

«Ce qui m’inspire c’est la rencontre avec la matière, avec une prédilection pour celles qui sont plutôt pauvres, comme les matériaux de construction, le bois, le silicone …» qu’il marie avec de plus nobles, comme le diamant ou l’or. Ce qui semble de prime abord sans grand intérêt, il arrive lui, à en voir la beauté. Obligé de se former chaque fois qu’il trouve une nouvelle matière, il joue de la pince à épiler comme du chalumeau, de la colle à bois comme de la tronçonneuse… «Mes œuvres plaisent beaucoup, ou pas du tout, elles sont un peu bizarroïdes. J’aime lorsqu’on les regarde de loin, que l’on ne sache pas trop ce que c’est, et que ce soit en s’approchant que l’on découvre petit à petit les détails».

Très monochromes, ces œuvres nous révèlent 1 000 nuances de noir. «Comme Soulages, j’aime la profondeur qui s’en dégage, les reflets multiples d’un bout de charbon…» Artiste instinctif, il crée avant tout pour son plaisir, espérant que ses œuvres en apportent tout autant à ceux qui les contemplent. Sorties de ses tripes, elles ne délivrent aucun message, si ce n’est celui que le spectateur y lira. Industriel, minéral ou végétal, son travail artistique fait de lui un alchimiste capable de transformer l’ordinaire en extraordinaire.

A florist for big Parisian events for a long time, Renaud Bihi is a passionate self-taught artist, who has converted to a more sustainable art.

After enhancing the fleeting beauty of flowers and evolving in a world full of superficiality and magic, he moved to Brittany twenty years ago. “I need to be close to the elements, my feet on the ground, my hands on the stone.” The young owner of a Manor house next to Dinard, for a few weeks now, he has been putting his overflowing energy at the service of the renovation of this 17th century building.

“I have always been a handyman, I like to work with my hands so even if this artistic break creates frustration, it also allows me to bubble up ideas that I will soon be able to realise in my workshop set-up in the attic, or in the huge barn that I have set up for more bulky works”.

Although creation has always been part of his life, Renaud Bihi did not feel legitimate as an artist for a long time. “I lacked selfconfidence, which is why I started by training myself in the art of feather work. Then the desire came to mix this art, which is so fine, so soft, so light, with more brute things.“

“What inspires me is the encounter with materials, with a preference for those ‘poorer’ ones, such as building materials, wood and silicon.” which he marries with higher-quality materials such as diamond or gold. He is able to see the beauty in what might not have much interest at first glance. Forced to learn new skills each time he finds a new material, he plays as much with tweezers and blowtorches as with wood, glue, and chainsaws. “People either like my work at a lot, or not at all - it’s a little weird. I like that when you look at it from afar, you don’t know really know what it is, and that it is by getting closer that little by little you discover the details.”

Very monochrome, these works reveal 1,000 shades of black. “Like Soulages, I like the depth that emerges, the multiple reflections of a piece of coal.” An instinctive artist, he creates above all for his own pleasure, hoping that his work brings just as much to those who contemplate it. Coming from within him, they deliver no message, except the one that the viewer will read.

Industrial, mineral or plant-based, his artistic work makes him an alchemist capable of transforming the ordinary into the extraordinary.

”J’aime commencer une œuvre à la tronçonneuse et la finir à la pince à épiler”

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