Jours de Chasse

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HASSE Jours

de

FRANCE

La vènerie du chevreuil

AFRIQUE

Aventures sur le lac Niger M 02515 - 36 - F: 9,50 E - RD

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ALFRED DE DREUX

Le peintre du dandysme et du sport

Jours de CHASSE

De l’élégance avant tout

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N° 36


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Sommaire N° 36 été 2009

CHASSE Jours

de

N° 36

ALFRED DE DREUX

Le peintre du dandysme et du sport

3:HIKMPB=ZU^ZUX:?k@a@d@g@k;

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COLLECTION PARTICULIÈRE

Aventures sur le lac Niger

PAT31

AFRIQUE

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FRANCE

Jours de CHASSE

De l’élégance avant tout

La vènerie du chevreuil

TRIMESTRIEL JUIN JUILLET AOÛT 2009

Crayons et pinceaux

Alfred De Dreux Le dandysme sur toile

3-5, rue Saint-Georges 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.85 www.joursdechasse.com

Président-Fondateur Olivier Dassault

RÉDACTION

62 Découverte

Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

3-5, rue Saint-Georges - 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél : 01.56.52.21.67 ; g.haag@publiprint.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Delphine Pellan (Tél. : 01.42.36.92.04 ; dpellan@sordiap.fr)

76 Aventure “Antilopen in Namibia”

5 6 18 32 34 36

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30)

SERVICE ABONNEMENT

22, rue René-Boulanger 75472 Paris Cedex 10 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général : Guillaume Roquette Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 775 658 412 00140. Directeur de la publication : Guillaume Roquette Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : Bruno de Cessole. Copyright 2009 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

ALAIN DE L’HERMITE

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)

46 50 58 62 72 76 86

Jours d’émotion sur le Niger

100

L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire L’actualité de la chasse Chic et choke Le monde de la chasse À l’affût Expositions et salons Lucarne La chasse en DVD Tentations Équipements de saison… 36 … pour elle 38 … pour lui 40 Objets et accessoires 44 Automobile Enchères Engouements de printemps Signets La chasse en librairie Confidences Sylvain Tesson Découverte Jours d’émotion sur le Niger Tourisme Mali, voyages sur le fleuve Aventure “Antilopen in Namibia” Reportage Sur la voie du sorcier de la forêt

120 134 144 158 160

Sur le terrain Tout savoir sur… 100 À Grandvilliers, le petit gibier est roi 106 Un inconnu nommé cocker spaniel 110 Essai superposé Browning B 5.25 112 Essai carabine Browning X-Bolt 114 Chasses à la journée, le domaine de Mivoisin 118 La loi: que faire contre les borduriers? Lieu de légende Yellowstone, le paradis du bout de monde Crayons et pinceaux Alfred De Dreux Portrait Peter Matthiessen L’art et la chasse Barend Van Orley Visite privée Invitation à Weiherhalde chez Hermann Bareiss

168 174

Saveurs Les recettes de famille

180 182 186

Flacons Sancerre, la conquête du sauvignon

Tentations 174 Les douceurs de l’été 176 La maison et son décor 178 La maison et son jardin

Volutes Les évasions estivales Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend un encart broché abonnement entre les pages 34 et 35 et deux encarts jetés : réabonnement et questionnaire.

Parution du n° 37, automne 2009, septembre


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Éditorial par Olivier Dassault

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teur n’est insensible, comme en témoignent les fêtes epuis toujours la chasse et l’élégance ont partie de la vènerie et de la nature qui, tout au long de l’été, liée.Ilsuffitdefeuilleterquelqueslivresd’histoiredel’art, attirent des dizaines de milliers de passionnés ou de d’histoirecynégétique,oud’anciennesgravuresdemode, curieux. Dans son Guide de l’invité, réédité par la Bipours’apercevoirquelatenueduchasseurn’acesséd’obéir bliothèque des Introuvables, Henri de Vibraye écrivait à d’autres impératifs que ceux de la rationalité. Si tel ces lignes qui sont toujours d’actualité: « L’élégance est était le but recherché, le port de vêtements grossiers et un des éléments du joli tableau que doit toujours être une chasse decouleurverteeûtétéautrefoislarègleabsolue–etc’était à courre.Ici,comme partout,être élégant,c’est avoir le sens de la norme au Moyen Âge,à l’époque de Gaston Phébus– ce qui convient à l’ambiance.Chaque tenue,très habillée ou tout comme, de nos jours, les vêtements“camo”, si pritrèssimple,peutetdoitêtreélégante…Avoirlatenuequiconvient sés de nos amis américains,seraient exclusivement porlà où l’on est,c’est le secret de l’élégance.».Et l’élégance,ici, tés dans les battues et la chasse à l’approche. Or, ni l’asà l’encontre du clinquant, consiste à ne pas arborer de pect pratique ni l’aspect fonctionnel ne semblent avoir tenues à l’aspect trop neuf.Le“beau”Brummel,assure prédominé dans la Vieille Europe cynégétique. Barbey d’Aurevilly, avait coutume de faire d’abord Toutàl’encontre,lesoucidelamise,larecherched’une porter ses habits neufs à son valet,afin qu’ils aient l’air certaine coquetterie, le soin porté aux détails, ont dicté d’avoir été déjà portés… aux chasseurs un code de l’élégance particulier. RegarComme vous l’aurez noté,c’est la première dez les portraits de chasseurs des siècles fois que Jours de Chasse consacre une coupassés, tels qu’ils sont conservés au mu“AVOIR verture à la vènerie, en écho au reportage sée de la Maison de la chasse et de la nasurlecourreduchevreuilparleRallyeTemture à Paris,dans les salles de Chambord, LA TENUE pête, et si j’ai choisi comme thème de cet de Chantilly, de Senlis et de Gien : si le éditorial l’élégance, c’est que la chasse à portdeguêtresrépondaubesoindeseproQUI CONVIENT courre ne se contente pas de l’élégance de téger des ajoncs et des épines, les habits LÀ OÙ L’ON EST, l’habitduveneuretdesoncheval,qu’illustre de velours,gris,bleu,ou rouge,sont ornés dans ce numéro l’article sur le peintre Aldebrandebourgsdorésouargentés,debouC’EST fred De Dreux. Par son rituel, fixé depuis tons de métal précieux, de pierreries, ou LE SECRET le XVIe siècle, puis codifié aux siècles suide porcelaine peinte,dont la raison d’être vants,ellepréconiseetimposeuneautreéléne se justifie que par l’esthétique et le goût DE L’ÉLÉGANCE.” gance, plus essentielle, celle de l’esprit et de l’apparat. Même au XIXe siècle, alors du cœur, qui postule que le duel entre que se généralise le triste habit noir, les l’homme, ses chiens et l’animal de chasse soit toujours chasseurstranchentparleurdifférence:pantalonsàsousloyaletquel’importantrésidedanslamanièredeprendre pied, redingotes cintrées, haut-de-forme ou cape, que plus que dans la prise. De cette élégance-là, il importe d’élégance pour affronter les ronciers des sous-bois ou que tous les chasseurs soient pénétrés, car c’est à cette l’argile boueuse des labours! condition que la chasse aura des chances, non seuleAu XXe siècle, l’élégance cynégétique se décline ment de perdurer, mais, surtout, d’attirer de nouveaux selon deux modèles qui n’ont jamais passé de mode, adeptes. l’anglais et l’autrichien,le tweed ou le loden,qui se disBonne lecture et bel été à tous. putent les faveurs des chasseurs à tir. Le tweed anglais prévaut surtout dans le bird shooting tandis que le loden germaniqueprendsarevanchedanslesbattuesdegrands animaux et le “pirsch”. Quant à l’élégance à la française,elle n’a jamais varié,depuis le siècle de LouisXIV, et c’est la vènerie qui l’illustre avec panache. À la fois art et“religion”,la chasse à courre se flatte de tenues et de rites d’une beauté indémodable,auquel nul specta-

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

PIÉGEAGE

LE REVIREMENT DE BORLOO

◆ Quand un politique reconnaît son erreur… Le fait est assez rare pour être souligné. Après avoir annoncé – comme nous l’avions

VAGUE DE FROID

QUESTION AUTOUR D’UNE FERMETURE…

taine de bécasses, ou des centaines de bécassines sur des pâturages?). Le Club international des chasseurs de bécassines (CICB) s’est penché sur le problème. Lesbécassinessontenétatdefaiblesse, « leur distance de fuite est très faible, tant elles cherchent à s’économiser,affirme Patrice Février,présidentduCICB.Laprotection complète est alors absolument indispensable,car les oiseaux s’alimentent peu ou pas et puisent dans leurs réserves pour survivre. Lors du dégel, les concentrations d’oiseaux commencent à éclater, les bécassines regagnent leurs lieux d’hivernage, mais elles ont besoin d’au moins une semaine pour récupérerleurscapacitésénergétiques, à quelques semaines du départ en migration.» Qui plus est,le froid va toucher des oiseaux adultes, les futurs reproducteurs. Aussi, poursuit-il, « si nous avons toujours revendiqué le droit de prélever les intérêts du capital,

◆ En cas de froid persistant, quand faut-il fermer et pendant combien de temps la chasse aux migrateurs ? La question s’est posée avec insistance avec la vague de froid qui a touché la quasi-totalité de la France l’hiver dernier. On se rappelle que la majorité des fédérations départementales des chasseurs – à l’exception notable, hélas, de la Gironde–ontdécidéavecraison de fermer la chasse de la bécasse.Tout le problème vient de la lourdeur de la procédure qui peut prendre plusieurs jours, alors que pendant ce temps des chasseurs peu scrupuleux peuvent faire facilement et honteusementdeshécatombesdansdes lieux où les oiseaux se sont réfugiés (ainsi n’a-t-on pas vu des rassemblementsd’unecinquan-

nous revendiquons le devoir de préserver ce capital ». Il rappelle qu’aux États-Unis en 1941,l’hiver fut si rigoureux que la chasse des bécassines fut interdite pendant… treize ans! Et de proposer dans l’arrêté d’ouverture des deux espèces de bécassines une

mentionindiquantque«lachasse decesdeuxoiseauxseraitimmédiatement fermée, pour une période dedixjoursrenouvelables,danstout départementoùlatempératureresterait inférieure à – 5 °C, durant cinqjoursconsécutifs».Onnepeut qu’y souscrire.

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CAPNORD

mentaledeschasseursdeMoselle, n’est pas étrangère à ce revirement. L’affaire ne va pas s’arrêter là, puisqu’ilestdeplusenplusquestion d’une réforme de la notion de“nuisible”.Ainsi,Jean-Claude Saulnier, président de l’Unapaf, propose de remplacer nuisible par“espèce régulable”car « dans l’esprit de la plupart de nos concitoyens,quinesontpasforcémenthostiles au piégeage et à la chasse,entendre parler de nuisibles, c’est imaginer,entoutebonnefoi,quenous voulons détruire tout ce qui n’est pas affublé de ce qualificatif… » Il estvraiqueceterme,trèsconnoté XIXe siècle, n’a aucun sens: un nuisible n’est pas nuisible en soi, mais en fonction de l’état d’une population et de son impact sur la nature…

IMAGINARIUS

indiqué dans notre dernier numéro – que la martre et la beletteallaientêtreretiréesdelaliste desnuisibles,leministredel’Écologie et du Développement durable, Jean-Louis Borloo, est revenu à la fin du mois de février

sur sa décision, c’est-à-dire sur l’arrêté du 2 décembre 2008.Reconnaissantun«manquedeconcertation », et que des « erreurs » avaient été commises,le ministre a donc réintégré ces deux mustélidés. Provisoirement. C’est une mesure de bon sens tantilestvraiquecedéclassement allait à l’encontre d’une gestion cynégétique saine, car tout le monde sait les ravages que peut faire une population trop importante de martres et de belettes. Bref,elles peuvent être piégées à nouveautoutel’année(etàcondition que les préfets aient pris un nouvel arrêté dans ce sens)… Sansnuldoute,lanominationpar Jean-LouisBorlood’un“M.bons offices”,enlapersonnedudéputé Pierre Lang, qui est aussi président de la Fédération départe-

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Pointdemire HAWKWAY

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

STATISTIQUES

LE CHEVREUIL RECULE

◆ Pour la quatrième année

consécutive,selonlesstatistiques établiespourlasaison2007-2008 par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le cap de grands animaux tirés a franchi lemillion(1068000exactement, chiffrecomprenantlescerfs,chevreuils et sangliers,à l’exclusion des grands animaux de montagne).Une fois encore,les prélèvements de cerfs sont en progression, mais plus faible que les années précédentes (+ 1,9 % contre5,2%).Unelégèrehausse sansnuldouteliéeàunenouvelle pousséedespopulationsdecerfs, « toujours en phase d’expansion », selon les mots de Benoît Guibert, responsable de la grande faune à la FNC.Ainsi,le tableau départemental moyen ressort à

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544 animaux (533 en 20062007),etsixdépartements–avec en tête l’Indre-et-Loire, l’Eure et l’Indre – affichent plus de 1 500 animaux, mais qui cache toujours de grandes disparités. Aux côtés de grands massifs arrivés à saturation, comme ceux du Centre ou du bassin parisien,lescerfs,recherchantlatranquillité, colonisent les bois et forêts périphériques de bien moindres superficies, pour s’y établir dans la durée. Pourlechevreuil–etc’estl’un des enseignements de ces statistiques –, la tendance se confirme:aprèsunestabilisation des tableaux en 2006-2007, on assiste pour la première fois depuis la mise en œuvre du plan de chasse en 1979, à une baisse des réalisations qui passent de 510000à501000;quarante-trois départementsontvuleurtableau diminuer (dont le Finistère, le Cantal et l’Yonne). Bien qu’il

faille être prudent, cette baisse générale s’expliquerait à la fois par une certaine désaffection de chasseurs“saturés”–bienàtort– par la chasse de cet animal, qui, inconsciemment ou non, ont “levé le pied”, et par une baisse des populations dans certaines régions–notammentdansl’Ain, leCherouencorelaMeuse–imputable à la « mortalité anormale du chevreuil ». Une surpopulation, en effet, peut déclencher soit des épizooties, soit une baisse du taux de reproduction, donc des populations. Mais, pour Benoît Guibert, « il y a de très fortes chances que les réalisations repartent à la hausse dans les associations de chasse communales agréées en raison de l’entrée en vigueur de la loi de 2005 sur les indemnisations sylvicoles ».Rappelons en effet que pour les propriétés“englobées” dans lesAcca (c’est-à-dire celles de moins de vingt hectares,dont

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lespropriétairesnepeuventdonc tirer aucun revenu cynégétique de leur bois), le législateur a prévu une procédure d’indemnisationetdepréventiondesdégâtssylvicolesdontleschevreuils sontlesprincipauxresponsables. Autre fait significatif de l’étude : le tableau de sangliers est reparti lui aussi à la hausse avec plus de 520 000 animaux tirés, soit un bond de près de 9 %. À l’origine de ce rebond,le rôle de nombre de fédérations départementales qui ont encouragé à chasser et tirer davantage d’animaux, pour limiter le coût des dégâts agricoles. Ainsi, dans vingt-cinq départements,les tableaux ont progressé de plus de 20%.«C’estunebonnenouvellevu l’étatdesurpopulation»,expliquet-on du côté de la FNC… Pour autant,bien des experts restent dubitatifs sur la décision de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie et du Développement durable,de lancer un plan national de régulation du sanglier.Et Benoît Guibert d’expliquerqu’uneréglementationnationale ne serait pas « adaptée », car la question d’une surpopulation n’est pas nationale mais en fonction de tel ou tel territoire, et, à chaque fois, la réponse ne sera pas la même entre un territoire qui n’est pas ou pas assez chassé et une friche industrielle qui regorge de bêtes noires. En tout état de cause, imposerdetirerdavantagedesangliers suppose la mise en place d’une filière pour la venaison; une nécessité qui a été entendue puisque, depuis plusieurs saisons, la FNC développe cette filière en relation avec les professionnels. On ne peut que les encourager d’autant plus que la chair du sanglier est hautement gastronomique et diététique!





Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

UN VENEUR ANGLAIS TUÉ

◆ Cela devait arriver et c’est,hé-

bés comme dernièrement en forêt de Saint-Gobain, par une trentaine d’activistes, activistes qui portaient d’ailleurs sur leurs blousons le sigle de l’ALF (Ani-

mal Liberation Front), mouvement,rappelle la Société de vènerie, répertorié comme “terroriste” en Angleterre et aux États-Unis.

la Fédération des chasseurs européens pour l’année 2007. Au vrai, là où la tradition cynégétique populaire est très ancrée, leschasseurslesplusnombreux, c’est-à-dire dans les pays latins. D’ailleurs, lorsqu’on observe cettefoisladensitédeschasseurs auxcenthectares,cettetendance est encore plus frappante, no-

tamment pour les pays synonymes de lieux de migrations et d’hivernage.Le record toutes catégoriesrevientàMalteavec… cinquante chasseurs aux cent hectares, devant Chypre (5) et le Portugal (2,5). À rebours, les pays qui affichent la plus faible densité sont soit la plupart des pays scandinaves (en raison d’une faible population et de grandes étendues) comme la Suède et la Norvège,soit en raison de l’organisation et de la traditionmêmedelachasse(permis difficile, chasse sélective et onéreuse)commeenAllemagne, en Pologne, en Roumanie, en Hongrie. Certains correspondent à des situations bien particulières. Ainsi en Turquie, les 300 000 chasseurs pratiquent beaucoup mais essentiellement pour le petitgibier;enSuisse,leschasseurs ne sont pas légion (30000),l’interdiction de la chasse dans cer-

tains cantons n’y est pas étrangère.Delamêmemanière,laBelgique et les Pays-Bas ont vu leurs effectifs chuter, en raison d’une réglementation cynégétique de plus en plus contraignante(commel’interdictionde tirer certains migrateurs telle la bécasseenBelgique,oul’obligation de présenter les tableaux de chasse prévisionnels…) qui en ont découragé plus d’un. Au vu de ces chiffres,on peut objecter que le Royaume-Uni, avec 800 000 chasseurs, est en théorie une grande nation cynégétique.C’est en théorie seulement car de l’autre côté de la Manche, le permis de chasser n’existant pas, de même que la notion de chasse communale, cechiffreengloberaittantlesdisciples de Saint-Hubert que les tireurs sportifs,car seule une licence de détention d’armes est nécessaire pour pouvoir chasser à tir.

WERNER NAGEL

las, arrivé. Le 9 mars dernier, en Angleterre, lors d’une chasse à courre de l’équipage Warwickshire Hunt,un écoterroriste –ou plus communément appelé hunt saboteur – n’a rien trouvé de mieux pour empêcher la chasse que de vouloir effrayer un suiveur (et membre de l’équipage) avec un gyrocoptère,sorte d’engin volant à mi-chemin entre l’ULM et l’hélicoptère. Cette technique n’était pas une première, car selon la Countryside Alliance, puissante association qui regroupe les défenseurs des valeurs campagnardes dont la chasse, ces engins « étaient utilisés à cette fin depuis plusieurs semaines ».

Et c’est là que le drame est survenu:le gyrocoptère s’approche près, trop près et une des pales du gyrocoptère décapite le pauvreTrevorMorse…L’affaire afaitgrandbruitoutre-Manche, le pilote, Bryan Griffith, militant antichasse notoire,a été mis en examen pour meurtre et incarcéré. Commel’écritjustementlaSociété de vènerie: « Jusqu’où peuventallerlahaineetl’ignorancelorsqu’ellesanimentdesespritsaveuglés par l’intégrisme? Ce drame sonne comme un avertissement.Les saboteurs et autres cagoulés ne sont pas de pacifistes défenseurs des animaux,mais des extrémistes prêts à toutes les folies pour faire avancer leurs idées destructrices… » Rappelonsquecettesaisonencore, en France, de nombreux laisser-courre ont été pertur-

EXPRESS SYNDICATION/MAXPPP

ÉCOTERRORISME

CHIFFRES

LA CHASSE EUROPÉENNE

◆ Les chasseurs français l’ignorentsouvent,maisavec1,31million de détenteurs du permis de chasser, ils sont les plus nombreux d’Europe, loin devant l’Espagne (980 000) et l’Italie (750000)selonlesstatistiquesde

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Pointdemire SPECTACULAIRE OPÉRATION ANTIBRACONNAGE

◆ Trente-sept armes – en majo-

rité des carabines 22 LR et 222–, dont plus de la moitié équipée de lunettes et de silencieux – et deuxétaientvolées–,284kilosde venaison, 45 trophées et massacres (sans justificatifs de provenance et dont plusieurs cerfs en velours),des projecteurs portables, plus de trente kilos de cartouches de tous calibres, du matériel de découpe et de conditionnement pour la fabrication de saucissons… C’estlerésultatdel’opérationantibraconnage–laplusimportante de ces cinq dernières années en France – menée le 21 avril conjointement par la gendarmerie,l’ONCFSetlaFédération départementaledeschasseursdes Vosges, sur six communes de ce département.Six personnes ont été interpellées, mis en examen, dont quatre pour chasse de nuit ou en temps prohibé,avec véhicule, à l’aide d’une arme et en

réunion,sur autrui à l’aide d’engins ou instruments prohibés et avec une arme, et pour contravention au plan de chasse,transport, achat et mise en vente de gibier tué à l’aide d’engin ou instrument prohibé… Auvrai,cetterégiondesVosges (proche de la Meurthe-et-Moselle)était“réputée”pourêtresévèrement braconnée… mais de lààarrêterlesRaboliotdestemps modernes… « Ils opéraient depuis une quinzaine d’années,c’était très difficile,car dans cette région,personne ne voulait parler »,explique AlainHitzel,adjointaudirecteur de la police de l’ONCFS. À force de patience et de surveillance,lesagentsdel’ONCFS serendentcomptequ’undessuspects est en train de former de nouveauxadeptes,et,quiplusest, qu’il a monté une véritable petite industrie de charcuterie de gibier et de colportage de venaison.Reste à le ou les prendre en flagrantdélit,«délicatcarilsétaient d’uneextrêmeprudence;totalement imprévisibles,ilsprenaientd’infinies précautions lors de leurs sorties illi-

ASSURANCES

HAUSSE DES COLLISIONS

◆ Le chiffre dépasse les prévisions les plus pessimistes. Le fonds de garantie des assurances s’attendaitàtraiterplusde25000dossiersdecollisions impliquant des véhicules et des grands animaux. Pour 2008, ce chiffre devrait dépasser les 40 000 (il ne sera définitivement connu qu’après le 30 juin, datebutoirpourl’enregistrementdesdossierspour 2008). On se souvient que, depuis 2003, le législateur a autorisé à indemniser les dommages causés pardesanimauxsauvagesmêmeencasd’assurance autiers,et,depuis2007,lesassuréstousrisquespeuventobtenirleremboursementintégraldeleurfranchise (300 euros). C’est ainsi qu’en 2007, 6 000 dossiers avaient été traités et… huit fois plus un an plus tard.Ces chiffres n’ont rien de surprenant car, voilà quatre ans, l’ONCFS avait estimé à 23388 le nombre d’accidents,chiffre d’ailleurs considéré comme un minimum dans la mesure où il ne prenait pas en compte les accidents

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cites », précise Alain Hitzel.Au bout de trois mois de surveillance, le procureur de la République saisit le juge d’instruction qui délivre une commission rogatoire contre X (rappelons quelaloide2005aclassélegrand braconnage en un délit passible de lourdes sanctions pénales, et autorise la mise en pratique de

méthodes de recherche avec des techniques modernes). Et le 21, les forces de l’ordre ont perquisitionné les domiciles de six suspects dans six communes, démantelant un réseau de trafic de viandes (destinés à des particuliers) et de trophées.Le nombre d’animaux braconnés est estimé à une centaine par an.

consécutifs à un évitement. Les statistiques provisoires de 2008 confirment que les sangliers sont à l’origine de 38 % des accidents, les chevreuils de 37 et les cerfs de 8 % (le reste concerne la petite faune).Autre confirmation: les départements les plus touchés sont toujours la Gironde (1280), devant le Bas-Rhin (1236), la Moselle (1221), les Landes (938) et la Seine-et-Marne (955). Autre enseignement : ces collisions auraient provoqué – ce n’est qu’une estimation – une trentaine de morts. Quant au montant des indemnisations, il s’élèvera à plus de 16 millions d’euros,chiffre qui ne concerne que les sommes non couvertes par les assurances, c’est-à-dire les assurés au tiers, et les remboursements de franchise. En tout état de cause, le nombre et le coût de ces collisions ne pourront qu’augmenter dans les années à venir, dans la mesure où les populations de grands animaux et le nombre de véhicules circulant en France (on est ainsi passé de 18 à 30 millions de 1980 à aujourd’hui) vont sans doute augmenter encore.

Jours de C HASSE ◆

BEP/LE DAUPHINE LIBÉRÉ

POLICE

ALAIN HITZEL

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

ÉTÉ 2009


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

VLADIMIR KONDRACHOV

AFRIQUE

LE LION SERA-T-IL ENCORE CHASSÉ?

DÉCOUVERTE

L’ÎLE MAURICE AVEC SUN RESORTS

◆ Pour un chasseur, partir as-

souvir sa passion dans des contrées lointaines est indubitablement une source de tensions familiales terribles.Aussi,quand ilpeutconjuguerpériplecynégétique et tourisme,il est des hésitations qui ne tiennent pas longtemps,surtout quand la passion se mêle au luxe et à la volupté. De cette équation difficile, l’île Maurice tient les premières places.Car que peut-on dire d’autre quand on regarde la proposition presque indécente du groupe hôtelier mauricien Sun Resorts, du 6 au 14 septembre.

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faible: selon le Serengeti WildlifeResearchCentre,parexemple, il est de 200 animaux par an,sur un effectif global de 18 000, en Tanzanie,paysquiconcentre40% de la population des lions en Afrique,etquiseclasseentêtedes paysoùl’onchasselelion;d’autre part, la circulation d’équipes de chasseursetdegardes,lalutteantibraconnage,permettent,mieux quelasanctuarisationd’unezone, le maintien et le développement de la faune sauvage.

Les comptages traditionnels effectués par les pays de l’aire de répartition du lion sont relativement imprécis et font état d’un effectif variant entre 17 000 et 40000 animaux, les trois quarts se situant en Afrique de l’Est et en Afrique australe. C’est dire lanécessitéd’étudesscientifiques menéespardesorganisationsindépendantes.Tel est le cas de la Fondation IGF qui a publié récemment une importante étude sur le lion.Ce type de document

D’un côté, un séjour presque paradisiaque avec ses plages de sable blanc, ses eaux turquoise. Que dire de plus quand on sait que l’hôtel, le Sugar Beach, situé sur la côte ouest de l’île,se trouve dans un parc de douze hectares, au milieu de magnifiques jardins tropicaux.De l’autre,le disciple de Saint-Hubert sera rassuré,puisquetroisdemi-journées de chasse – principalement en battue–sontauprogramme.L’île Mauriceest,eneffet,uneterrecynégétique de premier ordre.Elle abrite une faune qui n’a rien à envieràcelleduVieuxContinent. À commencer par le cerf de Java (ce cerf d’origine indonésienne fut introduit à Maurice en 1640 par le gouverneur hollandais

WillemAdriaanVanderSteldans un parc dans la baie du VieuxGrand-Port), qui rassemble un grand nombre de “tourneurs” –rabatteurs en mauricien. C’est encorelapossibilitédetirerle“cochon marron” (en réalité le co-

Jours de C HASSE ◆

chon indonésien). Ce n’est plus un voyage, c’est un rêve. Du 6 au 14 septembre.Prix:3830 euros par personne (il comprend le vol, les transferts,7 nuits à l’hôtel “Sugar Beach”,les taxes de tir).Rens.: Natacha Kopanicki,01.56.43.40.51.

SUN RESORTS

◆ Il est de notoriété que l’action des lobbies internationaux antichasse est très présente en Afrique. La prochaine convention de la Cites devrait, en principe, se tenir à Doha, au Qatar, mais des pressions s’exercent pourqu’elleaitlieuauKenya,pays quiaprislatêted’unmouvement quiréclameleclassementdulion en annexe 1 de la Cites. Sitelétaitlecas,lachassesportive du fauve emblématique de l’Afrique serait à l’avenir interdite. Pour autant, le sort de l’espèce ne serait nullement garanti, car de nombreuses études ont montré que la protection n’empêche ni le braconnage ni la destruction par le poison. Dans ce contexte,le maintien de la chasse sportive,loindecontribueràl’extinction du lion,serait plutôt garant de sa survie.En effet,d’une part,le prélèvement par la chasse représente un pourcentage très

contribue à nourrir une base de donnéesindiscutables.Réalisées par des experts nationaux et internationaux, ces études, très coûteuses,sontfinancéespardes subventions,et il est de l’intérêt du monde de la chasse d’y participer. Selon le docteur Philippe Chardonnet,directeur de l’IGF, c’est en multipliant les études scientifiquesdecetypequelaréalité pourra être mise en lumière: à savoir que la survie du lion dépend davantage du conflit avec lespopulationspastorales,del’efficacitédelalutteantibraconnage et du maintien de zones d’habitat naturel, préservées de l’emprise agricole, que de la chasse sportive. Encorefaut-il,pourl’avenirde la chasse du lion,que les organisations de chasse sportive soient d’un professionnalisme inattaquable et donnent du tourisme cynégétique, contributeur important des économies locales, une image sans taches.

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

en partenariat avec

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PHOTOS : XAVIER MOUTHON

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16. Thierry Costes et Paul-Henry Hansen-Catta. 15

À l’assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) à Paris…

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1. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie et du Développement durable, et Charles-Henri de Ponchalon, le président de la FNC. 3

2. Bernard Mathieu, président de la fédération du Vaucluse, et Frédéric Nihous.

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15. Jean-Louis Borloo et Frédéric Nihous en grande discussion.

3. Patrice Février, président du Club international des chasseurs de bécassines, et Jean-Dominique Dupont (MEEDDAT). 4. Malika Dupré.

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5. Le sénateur Ladislas Poniatowski,Véronique Mathieu (député au Parlement européen) et le député de la Somme Jérôme Bignon. 6. Auguste Foulon, président de la fédération de la Manche.

12

12. Pierre Daillant, ancien président de la FNC. 13. Gérard Tendron (ONF). 14. Annie Charlez (ONCFS) et M. et Mme Jacques Chevalier.

8. Michel Reffay (ONCFS) et Henri Sabarot, le nouveau président de l’ONCFS.

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8

7. Philippe Dulac, président de la Société de vènerie, et Gérard Bédarida (Association nationale des chasseurs de grand gibier). 18

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9. Daniel Kittler, président de la fédération du Territoire de Belfort.

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10. Thierry Cabanes, président de la fédération du Tarn-et-Garonne. 11. Michèle Cariou (FNC), Régis Arnoult, président de la Fédération des Ardennes, et Mme Arnould.


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en partenariat avec

Le Salon de la chasse de Rambouillet: le déjeuner des présidents…

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1. Olivier Dassault accueillant ses hôtes… 2. Pierrick Mazodier (Groupe Humbert-Beretta), Philippe Auriault (Europarm), Thierry Daguenet (Ruag Ammotec), Laurent Gaude (Fabarm) et Roger Blinière (Proassur).

PHOTOS : PATRICK IAFRATE – RMBOUILLET ÉVÉNEMENT

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2

17. Association des cors de chasse à tir.

16 15

15. Olivier Dassault. 16. M. et Mme Antoine Cohen-Potin.

3

3. Philippe Baijot (Champagne Lanson).

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13

4. Gérard Larcher, président du Sénat et maire de Rambouillet. Un indéfectible soutien à la chasse. 6

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5. Oussama Kadoura (Como). 6. Jean-Pierre Labalette et Caroline Desprès.

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9. Le prince Poniatowski. 10. Olivier Guiguet (Lagardère Sports) 11. Pierre Severy (Swarovski).

7. Alain Rampazzo (Rolex). 8. Michel Gardel (président de Toyota et de Lexus France).

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12. Alain Francès (Mettez). 13. Une vue du stand de Jours de Chasse, et du nouvel Honda CRV. 14. Patrick Ricard (président du groupe Pernod Ricard).

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

en partenariat avec

Le Salon de la chasse de Rambouillet (suite)…

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PHOTOS : PATRICK IAFRATE

19. Victor Scherrer (Conseil international de la chasse).

19

1. Till Cussmann (Browning) et Stéphane Ledentu (European Forest). 2. PierreEmmanuel Roubaud, commissaire général du salon.

18. Guillaume Roquette (groupe Valmonde).

2 17

17. Jean-Pierre Thomas (Banque Lazare).

14. Mme de Ponchalon.

3. Bruno Julien-Laferrière (Banque Transatlantique). 4. Arnaud Lanquest (Cogefi) et Olivier Theule (Le Chameau).

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15. Yvan Pham (Club Interchasse). 16. Vincent Chapuis (groupe Chapuis).

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11. Stéphane de Buhren (Tocqueville Finance). 12. Arthur de Soultrait (Vicomte Arthur). 13. Gilles Robin (Peter Moss).

5. Carole Voute (Beretta Gallery).

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6. Arnaud Van Robais (Rivolier) et Olivier Wallaert 7. Jacky Lochon (EuroDor). 8. Pierre Verney-Carron (groupe Verney-Carron).

9. Gilles Bultel (ChassAtlas). 10. Frédéric Bauche (Domaine des Remillys).

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

en partenariat avec

1

PHOTOS : P. IAFRATE - SALON DE LA CHASSE DE RAMBOUILLET

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Le Salon de la chasse de Rambouillet (suite)… 3

18

16. Dr Jacques Bourdon.

1. Daniel Aubry, président de la Ficevy et Christian de Longevialle, président de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature. 2. Pierre de Boisguilbert (Société de vènerie). 3. M. et Mme Graham Williams (Australian Buffalo Hunters).

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17. Mme Jacques Bourdon. 18. Jean-Jacques Massardier (Jiga Diffusion.) 19. Jean-Claude James (Armurerie James). 20. Melle Lelièvre, graveur de son état.

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15. David Douillet et Pascal Olmeta.

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4. Le stand Deerhunter, avec, à droite, Bernard Gérand. 5. Une vue du très beau stand Bacardi-Martini. 6. Stéphane Chaboud et Thibault Vuillemay (GPA). 7. Gilbert Albrand (Perazzi)

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12. M. Rollet (Rollet Safaris). 13. Brigitta Bertalan (Naturhun) 14. François Foulon (Kahalari Rangers).

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8. Le stand VPV. 9. Beon Van Niekerk (Zelda). 10. Olegario González Prado (propriétaire de Santa Marta), José Luis García-Daza et Eduardo Correia. 11. Sylvain Manson (Sidam).

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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La Banque 1818 recevait pour la présentation du hors série “Break de Chasse”

1. Frédéric Brun, Olivier Dassault et Paul-Louis Netter (président du directoire de la Banque 1818).

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Ire Coupe des Lys à l’École de tir de la Rapée à Gisors

5. Natacha Dassault. 6. Jean-Marc Lallier-Deutz. 7. Alain Aziza (Auto Performance, Aston-Martin France).

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

2. Philippe Journo (Compagnie de Phalsbourg). 3. Jayme et Luisa de Candia et Genia Constantinoff. 4. Philippe Schwab.

8. Marielle Schwab, Gérard Féau (président de l’Association sportive de l’Automobile club de France), Catherine et Gildas Leconte du Noüy.

2

1. Philippe de Chaumont Quitry, Benoît Féau et Roland de Montlivault. 2. Sylvie-Anne de Panisse Passis et Wafa Tranchant. 3. Jean-Noël Teyssedou et Maxime Bras.

14. JeanFrançois Palinkas et Louis-Arnaud L’Herbier. 15. Pierre Damiron. 15

12 3

PHOTOS : COLLECTION PARTICULIÈRE

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4. Mounir Anastas. 5. Antoine Housset, Alain Hamon et Louis Bel. 6. Philippe Dugied et Thierry Rivier

7. Florent Amigues, Georges Negropontes et Jean-René Bardin.

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10. Cécile Étrillard, Fabrice Bourgard. 11. Axel de Bourbon Parme et Olivier Caratjé.

8. Frédéric Godberge, Ségolène de Nantois et Jean de la Porte des Vaux. 9. Paolo Amato et Tania de Bourbon Parme. 8

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12. Benjamin Tranchant. 13. Stéphane Brunet.

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Àl’affût

LES EXPOSITIONS ET LES SALONS D’ÉTÉ par Philippe Léobazel

la moitié sont des animaliers–, toujours de solide facture. On retrouvera entre autres Pierre Couzy, Maryse de May, Anne-Marie Steen, Blaise Prud’hon… L’artiste invité d’honneur sera Thierry Faure, lauréat du prix Entre Sable et Bruyère 2008. La présidence du salon sera assurée par JeanNoël Cardoux, vice-président du conseil général du Loiret.

JUSQU’AU 30 JUIN

EXPOSITION À L’ARMURERIE JEANNOT

GAME-FAIR À CHAMBORD

◆ Pour leur vingt-huitième

édition, les Journées nationales de la chasse et de la pêche restent fidèles aux thèmes qui ont forgé leur succès Dans ce cadre magique et mystérieux dédié au noble déduit, où l’on rêve autant à François Ier qu’au maréchal de Saxe, chasseurs, pêcheurs et campagnards retrouveront l’universalité de la chasse, des chiens, des chevaux, avec force spectacle et animations (vente aux enchères, sonneurs, feu d’artifice…). Sans oublier la présence de 350 exposants.

Tél.:01.53.01.92.40. LE 28 JUIN

COMPÉTITION DE GOLF AUX ÉTANGS DE SAVIGNEUX ◆ L’air est connu: c’est encore

DE LA MUSIQUE À GUÉNÉGAUD

la morte-saison pour la plupart des modes de chasse. C’est pourquoi nombre de disciples de Saint-Hubert goûtent aux joies du golf et qu’ils doivent donc s’inscrire sans tarder à la compétition qu’organise le groupe Humbert-Beretta le 28 juin au golf des Étangs de Savigneux (Loire). Signalons que cette compétition est ouverte à tous dans la limite des places disponibles.

de la Fête de la musique, cuivres et percussions, retentiront une fois encore

Inscription et information: golf des Étangs,chemin du Golf, 42600 Savigneux. Tél.:04.77.58.70.74.

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LE 21 JUIN

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FÊTE DE LA CHASSE À CARROUGES ◆ Quinze ans d’existence,

de Francis Daras et des tableaux de Philippe Ragot, les visiteurs pourront admirer des Lebeau-Courally, des Piotti, des Chapuis, des pièces uniques qu’elles soient fusils, carabines, ou express.

Armurerie Jeannot, 9,rue Louise-Michel,92300 Levallois. Rens.:01.47.57.53.20 et www.armureriejeannot.com

75000 personnes: il est impossible de manquer la Fête de la chasse et de la pêche qui se déroule dans le parc du château de Carrouges dans l’Orne. Une fois encore, ce grand rassemblement fera briller de mille feux l’ensemble des chasses de France, avec la présence de 7000 chiens, des présentations d’attelage, une messe de Saint-Hubert, un feu d’artifice… C’est à ces grands rassemblements que l’on mesure que la chasse peut et doit reste un prolongement nature de la vie des campagnes. Tél.:02.33.27.20.32.

DU 4 AU 6 JUILLET

EXPOSITION SABLE ET BRUYÈRE

◆ La Galerie Sable et Bruyère,

sous la direction de Patricia et Laurent Orblin-Moreau, s’installera à Sully-sur-Loire à l’espace culturel de l’église Saint-Germain pour leur exposition dont elle fête la septième édition. Cette manifestation rassemblera près de deux cents œuvres de quatorze artistes –plus de

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FABRICE TOUTÉE

dans la cour de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature.Dans le cadre somptueux de ces deux hôtels particuliers, sera organisé dès 19 heures un concert alliant classicisme et modernisme. Au programme: les sonneurs du Club Périnet,un groupe de rock et des chanteurs gospels.

DU 19 AU 21 JUIN

de main de maître par Jacky Brusson est bien davantage qu’une simple office où l’on vend armes et cartouches, elle se veut aussi une sorte de cercle où l’on entend montrer que la chasse est bel et bien un art de vivre.Témoin, cette exposition qui réunit artistes animaliers et armes de prestige.Ainsi, aux côtés des très jolis bronzes

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SÉLECTION DE DVD par Humbert Rambaud

◆◆◆ L’approche, dit-on,

de très belles lumières, celui rendu à la chasse d’affût et d’approche du sanglier et plus encore du chevreuil dans un massif des Yvelines, où le réalisateur nous montre les émotions d’un tout jeune

NICOLAS LARENT

est la chasse par excellence, intuitive et instinctive. C’est un art maintes fois raconté, écrit, filmé dont on ne se lasse jamais. Seasons nous le rappelle fort à propos avec ce très beau film d’une petite heure. Pour sans doute bien marquer les esprits, le réalisateur a choisi de s’attarder sur l’approche au brame en Touraine avec Benoît, disciple de Saint-Hubert que l’on sent proprement envoûté par notre colosse sylvestre. Dans les dernières chaleurs de l’été, sur des images de premier ordre, on suit Benoît dans sa quête d’un animal digne de ce nom, au milieu d’un concert de raires.Avec lui, on n’oublie

jamais qu’une chasse de brame, sans guide aucun, est une affaire d’observation, de patience et de sang-froid, pour enfin choisir – après vingt tentatives infructueuses et autant de visions magiques et furtives – un beau cerf, un“douze”ou un“quatorze”. On sent le silence, l’attente, la tension avant le coup de carabine libérateur, et l’émotion de Benoît presque muet quand « le grand roi est tombé ». Même si certains chasseurs ne goûtent guère cette forme de chasse, ils ne peuvent rester insensibles à ce spectacle. Benoît reconnaît qu’il irait au brame même s’il n’avait pas de bracelets. N’est-ce pas le plus bel hommage que l’on puisse rendre à ce caïd de la forêt? Autre hommage, toujours dans

MAIER ROBERT/SUNSET

Chasses d’affût et d’approche

Battues de grand gibier dans les Ardennes belges

◆◆ Les chasses dans les Ardennes belges ont dépassé depuis quelques décennies le simple stade géographique et historique pour celui, tout aussi respectable, d’institution

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cynégétique. Là-bas, dans ces massifs, ce n’est pas le règne du désordre et de l’anarchie, mais bien davantage celui de l’équilibre, du silence et de la quiétude. Les grands animaux y sont gérés et les territoires aménagés pour et par la chasse et, ce, toujours en territoire

ouvert (car les enclos sont interdits en Belgique). Seasons a choisi de jeter son dévolu sur une propriété de 2200hectares, en prenant bien soin de ne négliger aucun aspect de la chasse, à commencer par la gestion – notamment le suivi des sangliers par télémétrie – et l’aménagement“au bouton” du territoire, en particulier des postes de tir. C’est à ce prix que les chasses peuvent être tout bonnement somptueuses. Et elles le sont, au nombre de sept seulement pour toute la saison, soit deux à trois cents pièces de gibier! Cerfs, sangliers, et dans une moindre mesure chevreuils… jaillissent devant les dizaines de rabatteurs et leurs chiens d’un pied pour le moins hétérogène. Rien ne manque à cet opéra sauvage où l’on sent l’effort, les meurtrissures des ronces et des

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chasseur dans le cadre de la chasse accompagnée. L’affaire n’était pas facile car, disait un auteur anglais, l’approche de ce gracile animal est « la plus haute manifestation des actes de la chasse ». Les images nous montrent que le terme d’“art”n’a rien d’une facétie de langage quand on voit à nouveau les ruses de cet animal capricieux… On l’aura compris: c’est une école de l’humilité et de l’observation avant de pouvoir goûter aux joies d’un premier brocard. Plus encore, approcher un chevreuil, c’est avant tout une découverte profonde de la nature.

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baliveaux au milieu des récris et des coups de carabine sur la ligne… Avec les traqueurs, on sursaute au démarrage d’un gros“verrat”– un sanglier d’importance en termes du plat pays – tout en agilité. On apprécie la science des biches pour analyser la situation et prendre le meilleur parti. On partage les inquiétudes de ces mêmes rabatteurs quand les cerfs forcent la ligne de traque, car c’est là où les accidents dramatiques peuvent survenir. Rien n’est oublié, ni les honneurs faits au tableau, ni l’indispensable recherche au sang. On aurait toutefois aimé que le réalisateur s’attarde davantage sur l’histoire de la chasse dans les Ardennes, sur son avenir. Mais ce n’est que vétilles eu égard à la qualité de ce DVD. 56 minutes,Seasons,20 €.



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PARFUM SWISS VICTORINOX

◆ Le légendaire couteau suisse célèbre ses 125 ans avec le lancement d’un parfum. Caché dans un flacon conçu comme celui d’un “parfum de survie”, ce jus masculin cultive des notes fraîches et un fond boisé.

CORNE D’APPEL

◆ Spécialiste des cornes d’appel, la société

Sampic propose notamment un très beau modèle cintré à pavillon en laiton poli de 40 centimètres et deux anneaux fixes, livrée avec un sautoir “Elless” en cuir pleine fleur. Prix sur demande.

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CARTOUCHES ROTTWEIL

◆ Livrée dans une petite

valise de 100, cette cartouche Rottweil est idéale pour la chasse des petits migrateurs. Disponibles en calibres 12 et 20 et en 71/2, 9 (calibre 12) et 71/2 (calibre 20). 33,20 €.

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◆ En caoutchouc, ce modèle bien connu des cavaliers est idéal pour l’entraînement. La version prestige est zippée et s’ajuste à la jambe du cavalier (cheville et mollet).

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◆ D’une souplesse sans nom, ce grand sac de voyage en cuir Beretta comporte

deux poignées et une bandoulière résistantes, deux poches sur le devant très pratiques et s’ouvre avec une fermeture Éclair robuste. Style et élégance. 940 €.

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Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2009


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Tentations ACCESSOIRES

CARTOUCHES RIFFAUT

◆ L’armurerie normande Griffaut est encore l’une des rares maisons à fabriquer des cartouches artisanales. Disponibles en calibres 12, 16 et 20 et toutes munitions (chasse et sport).

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◆ Ce joli sac de battue souple avec empiècements façon cuir et deux soufflets sera vite indispensable pour vos pérégrinations cynégétiques ou non.

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MALLETTE TOUT CUIR INTERCHASSE

son emblème présente ses premières lunettes solaires de pilote en acier et empiècements cuir.

◆ La vertu de cette mallette ? Elle peut accueillir des armes de différents modèles grâce à ses compartiments totalement modulables. De plus, la finition, surpiqûre écrue sur un superbe cuir havane, est soignée et sans faute de goût. 589 €, modèle Atilio.

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SAC À CARTOUCHES MAREMMANO

◆ En coton canvas et cuir gras, ce sac Maremmano a une capacité de cent cartouches. Et à la ville, son style chaleureux vous donnera cent raisons de l’utiliser.

78 €. 23 x 21 x 11 cm.

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les dix ans du partenariat mené entre Lafuma et WFF. 100 % tissu recyclé. 45 €.

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Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc

Citroën C5 Tourer

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Adhérence maximale

Cet élégant break brille par ses qualités dynamiques et son confort exceptionnel. Notamment grâce à la suspension Hydractive. ◆ De prime abord, le Citroën

C5 break frappe par son esthétique à l’allemande. On croirait une Audi ou une BMW tant les ressemblances rompent avec la production tricolore habituelle. Dans cet engin taillé pour la route, le confort atteint des sommets. Le Tourer avale les kilomètres en silence. Qu’il est bon de se relever d’un long périple sans ressentir la moindre courbature! À bord, tout a été étudié avec soin. La position de conduite n’appelle aucune critique. Les commandes sont bien situées, les compteurs parfaitement lisibles. Les passagers, de leur côté, ont droit

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de chargement. Idéal pour hisser des objets lourds et encombrants! Bien sûr, la banquette se rabat pour offrir un plancher parfaitement plat. Mais pourquoi donc les ingénieurs de la marque n’ontils pas installé un système de fixation du cache-bagages plus résistant? Il faudra y songer, car celui-ci casse en quelques manipulations, si l’on n’y prend pas garde. C5 Tourer Côté électronique, l’ESP est monté en série, de même que L : 4 829 mm ; l : 2 096 mm ; H : 1 495 mm. le régulateur de vitesse. La voiture dispose aussi Maximum autorisé : 3 676 kg. d’un antipatinage Remorque freinée : 1 600 kg. dit“intelligent”. Six cylindres, diesel, turbo Il améliore la tenue à géométrie variable, de route, grâce à un injection directe, 24 soupapes : 2 720 cc. calculateur qui gère Puissance : 208 ch à 4 000 tr/mn. différemment les roues Freinage ABS à disques ventilés avant. droite et gauche, Boîte automatique 6 vitesses. Réservoir : 70 litres. en alternance. Le Tourer se montre alors plus à Vitesse maximale 222 km/h ; 0-100 km : 9,9 sec. l’aise sur chaussée Consommation moyenne : 8,5 l/100 km. glissante, voire en cycle mixte. CO2 : 225 g. verglacée. Il redémarre Malus 1 600 €. mieux. Ce dispositif, de 22 500 à 39 650 € appelé Snow Motion,

à beaucoup d’espace et à un bel accoudoir à rangement à l’arrière. Le coffre autorise des chargements volumineux. Avec (pour qui aura souscrit l’option des suspensions oléopneumatiques) un astucieux bouton, à droite de l’ouverture du hayon, qui permet de descendre de quelques centimètres le seuil

Citroën Dimensions Charges utiles Moteur

Performance

Prix

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offre des performances sur sols enneigés proches des véhicules à quatre roues motrices. Le gain devient encore plus spectaculaire lorsque le véhicule est équipé de pneus hiver. Comme sur la regrettée DS, l’auto bénéficie de feux avant qui dirigent leur faisceau du côté où le conducteur tourne son volant. La suspension Hydractive 3+ figure au catalogue des options. Elle comporte une position sport, pour un maintien plus ferme de la caisse.Afin d’aider au franchissement d’un trottoir surélevé, il suffit de sélectionner la position haute. Sur l’asphalte, le Tourer tient magistralement son cap. Précis, malgré ses proportions imposantes, il pâtit, en revanche, d’un rayon de braquage assez élevé. Le V6 2.7 litres diesel de 208 chevaux de notre modèle d’essai affichait une consommation maîtrisée de 10litres aux 100 en conduite souple et à pleine charge. Il était associé à une boîte séquentielle “intelligente”, elle aussi, à six rapports, dotée d’un mode sport. N’espérez pas effectuer toutefois un démarrage canon. Curieusement, le Tourer semble rétif aux accélérations pied au plancher. Comme si l’adéquation boîte-moteur trouvait là ses limites.Vous avez dit“intelligente”? Si vous souhaitez consommer moins, optez pour le moteur 1.6 HDI de 110 chevaux ou, mieux, le 2.0 de 138 chevaux, un peu plus vigoureux.Trois blocs essence sont également proposés: 1.8i et 2.0i et 3.0i V6, de respectivement 127, 143chevaux et 215 chevaux. Hormis le démarrage un peu mou, nous avons adoré, pour notre part, ce C5 break avec son gros diesel.



Enchères par Virginie Jacoberger-Lavoué

Engouements de printemps

La vente “Animaliers, chasse, vénerie” organisée le 23 mars par l’étude Coutau-Bégarie s’est distinguée par de belles envolées.Tout comme la vente Piasa du 7 mai.

PHOTOS : COUTAU-BÉGARIE

◆ Beau printemps à Drouot pour les ventes cynégétiques. Organisée le 23 mars dans la salle des ventes parisiennes, la vacation intitulée Animaliers, chasse, vénerie de l’étude Coutau-Bégarie a connu de beaux épisodes. Avec 417 lots très éclectiques (tableaux sculptures, livres, armes, massacres et trophées mais aussi des thématiques originales comme Pêche ou Collection sur la bécassine), cette vente attendue des collectionneurs et amateurs d’art cynégétique a totalisé pour l’ensemble de ses adjudications 140025 euros. La présentation des livres au début de cette vacation a fait le bonheur de plus d’un amateur de littérature cynégétique avec des œuvres variées proposées

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Repas des moines (aquarelle sur papier de 33 sur 25centimètres), estimée 1000 euros et partie sous le marteau à 1200 euros, et un rare projet de publicité (pour le chocolat de Marlieu) signé de l’illustrateur adjugé 750 euros. Signalons également un bel Olivier de Penne Équipage en tenue Louis XV devant le château de Bourron parti à 4000 euros. Parmi ses œuvres les plus accessibles, une paire de pochoirs encadrés (31 sur 32centimètres) intitulés lesVeneurs.Scènes d’intérieur est partie sous

à des prix très raisonnables, comme la Battue de perdreaux de d’Havrincourt (Paris, 1921), parti à 120 euros, ou la Chasse aux bécassines de Léopold Élouis (Paris à la Librairie illustrée, 1887) adjugée 220 euros (son prix d’estimation). Du côté des tableaux, dessins et gravures, la première enchère vraiment disputée fut celle d’une belle aquarelle sur papier de Riab (31 sur 22centimètres) consacrée à la Bécassine touchée en plein vol qui, estimée 1000 euros, a grimpé jusqu’à 1200 euros. Mais la plus forte enchère a été celle d’une aquarelle sur papier (40 sur 63centimètres) d’Harry Eliott intitulée Panique à la ferme, disputée à 5800 euros pour une estimation la plus Le cheval“Djinn haute à 4500 euros.Vingt-sept devant la barrière” autres œuvres de cet artiste de Mêne a été adjugé animalier toujours très prisé 2 500 euros.À gauche, ont été présentées lors de la “la Prise du lièvre”est vacation. Citons, parmi les plus partie à 1 000 euros. remarquables, un savoureux En haut,“la Chasse aux

bécassines”de Léopold Élouis s’est vendue 220 euros.

le marteau à 100 euros, une gravure intitulée l’Automobile et la chasse à courre a été adjugée 200 euros, une suite de quatre pochoirs de deux cadres consacrée aux Scènes de vénerie de petites dimensions (17 sur 41 centimètres) a atteint 350 euros et une paire d’aquarelles (17 sur 12centimètres) – le pêcheur et le chasseur– a été adjugée 350 euros également.Autre illustrateur toujours très prisé, l’Anglais Cecil Aldin s’est distingué à travers quatre lots de gravures en couleurs dont une scène intitulée Admiration d’un joli format (45sur 56 centimètres) adjugée 150 euros. Signalons aussi en début de vacation, la présentation d’une admirable huile sur toile (74sur 114 centimètres), école française du XIXe siècle consacrée


à la vénerie, la Prise du lièvre traitée dans un savant clairobscur, adjugée 1000 euros pour une estimation à 800 euros.Très intéressante aussi une huile sur toile d’Eugène Petit présentant avec force détails des Setters à l’arrêt au bord de l’étang (49,5 sur 72,5 centimètres) a trouvé

preneur à 1250 euros. Non attribuée mais datée (début XXe) une huile sur toile encadrée de belles dimension 86 sur 114centimètres) présentant Trois chiens en arrêt sur perdrix a été adjugée 1100 euros. Parmi les artistes incontournables, citons Charles de Condamy avec une aquarelle sur papier (20,5 sur 16 centimètres) illustrant avec fidélité Deux bassets, partie sous le marteau à 850 euros, soit légèrement au-dessus de son prix d’estimation. Paul Jouve a toujours ses admirateurs: parmi les huit œuvres présentées, toutes n’ont certes pas trouvé preneur mais sa Panthère branchée (une rare lithographie réalisée par l’artiste pour l’ouvrage de Charles Terrasse) a été longuement disputée et a grimpé jusqu’à 2000 euros. Signalons une aquarelle d’A.de Salaberry (de 28 sur 20centimètres), intitulée Scène de course a atteint sous le marteau 3200 euros soit plus du double de son estimation

la plus haute (1500 euros). Les amateurs de bronze ont été bien servis. Une rare œuvre de Jules Moignez consacré également à la Bécassine des marais (bronze à patine verte nuancée haut de 23centimètres) a été disputée à 1200 euros. Autres bronzes prisés lors de la vacation, un coq intitulé le Réveil 1914 d’Auguste Cain a trouvé preneur à 1500 euros, un rare bronze de Prosper Lecourtier Tête de chien de chasse au collier (haut de 49centimètres) a atteint 3300 euros pour une estimation à 1800 euros. Du même sculpteur, une paire de Chevaux cabrés (de 39centimètres de haut) a été adjugée 2500 euros. Une paire de coupes aux ours signée Christophe Fratin a été adjugée 1800 euros et la célèbre représentation du cheval Djinn devant la barrière de Pierre-Jules Mêne (39 sur 29 centimètres de haut) a été disputée à 2500 euros. La même enchère a été portée sur un autre beau bronze de Fratin, reproduisant

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PHOTOS : COUTAU-BÉGARIE

Cette toile d’Olivier de Penne,“Équipage en tenue Louis XV devant le château de Bourron”a été disputée 4 000 euros. Ci-dessous,“la Panique à la ferme”d’Harry Eliott est partie à 5 800 euros,tandis que ce trophée de buffle a atteint 1 000 euros.

avec fidélité un Cerf couché (36 sur 44centimètres). Autre bronze exceptionnel, un Couple de sarcelles à l’envol, de Maximilien Fiot, bronze à patine brune nuancée, cire perdue et rare longue terrasse, réalisé par Susse Frères a grimpé jusqu’à 3000 euros. Au cours de la présentation du thème Sanglier, trois bronzes ont été remarqués. Les deux premiers signés A. Loyseau représentaient respectivement l’animal assis(16,5 sur 21,5centimètres) et l’animal debout (22 sur 15centimètres de hauteur): elles ont été toutes les deux adjugées 1000 euros. Le troisième intitulé Sanglier attaqué par deux chiens (25 sur 42centimètres, anonyme) est parti sous le marteau à 1400 euros soit son exacte estimation. Parmi les objets de vénerie, quelques lots de qualité ont aussi passionné un public de connaisseurs: une belle dague à poignée en ivoire a grimpé jusqu’à 1000 euros, un lot de trente-deux tirages argentiques sur verre du Rallye Vertus en région d’Épernay est

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Enchères

Cette œuvre rare de Jules Moignez consacré à“la Bécassine des marais” (bronze à patine verte nuancée haut de 23 centimètres) a été disputée à 1200 euros. Quant à cette“Panthère et ses petits” de Guyot, elle a été adjugée 3000 euros.

Ce très beau Karl Reille intitulé “Scène de chasse à courre”de belles dimensions (31 sur 47 centimètres) a été disputé 3 300 euros.

PHOTOS : PIASA - COUTAU-BÉGARIE

parti au même prix Quant aux arts de la table, signalons un beau service de Villeroy et Boch (83pièces du service Artémis) adjugé 1700 euros pour une estimation à 500 euros! Lors de la présentation des Trophées et massacres, un beau spécimen de buffle Caffer a retenu l’attention avant de partir sous le marteau à 1000 euros. Remarquons aussi dans cette catégorie, un impala monté en cape, adjugé 180 euros et un zèbre qui a trouvé preneur à 600 euros. La vacation s’est achevée par une présentation d’armes. La plus forte enchère a concerné une belle et bien entretenue carabine Blaser mod. R93 calibre 375 H. & H. et lunette Schmidt & Bender disputée jusqu’à 2500 euros.Autres surprises, un fusil de chasse Aya calibre 20.70 (fait pour Browning Sport), quasiment neuf, a été adjugé 2200 euros et un très beau fusil à platines espagnol, calibre 12.70 a été disputé à 2000 euros.

◆ Organisée à Drouot le 7 mai dernier, la vente de l’Étude Piasa a fait quelques heureux… La Chasse et les Objets militaires n’était qu’une des trois thématiques de cette vacation qui s’est distinguée par un cumul des adjudications à 298595 euros pour 350 lots passés sous le marteau. La plus forte enchère des pièces rares et objets d’art cynégétique a été remportée par un bronze d’exception de Pierre Lenordez (1815-1892) présentant un groupe de Chevaux de parade (62 sur 79centimètres) qui, estimé 17000 euros, a été tout disputé jusqu’à 15000 euros.Parmi les autres bronzes, citons également un Groupede chiens au terrier de Pierre-Jules Mêne (1810-1879) fonte du XIXe et bronze à patine brune (20 sur 38centimètres) parti sous le marteau à 1200 euros, sans oublier une très réaliste tortue (de 3 sur 10 centimètres) signée AntoineLouis Barye

(1795-1875), fonte Barbedienne –très prisée– adjugée 2200 euros. Du côté des tableaux et des gravures, la vacation présentait aussi quelques belles œuvres. En début de vente, une gouache de Karl Reille (1886-1975) représentant une Scène de chasse à courre de belles dimensions (31 sur 47centimètres) a été disputée jusqu’à 3300 euros. À peine plus accessible, une huile sur toile de Georges-Lucien Guyot (1885-1973) représentant une Panthère avec ses petits (48 sur 38centimètres) a été adjugée 3000 euros, soit légèrement en dessous de son prix d’estimation. Entre-temps,quelques lots ont fait le bonheur de collectionneurs qui avaient un budget plus limité: une très belle Étude d’un cheval attelé de Rembrandt Bugatti (18841916) –dessin au crayon– s’est envolée à 800 euros soit quatre fois son estimation. Si deux spectaculaires huiles

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d’Alfred De Dreux estimées respectivement à 15000 et 12000 euros n’ont pas trouvé preneur, une encre sur parchemin d’Henri de Linarès (1904-1987) intitulée Geai a grimpé jusqu’à 800 euros. Xavier de Poret a toujours ses passionnés: sa très belle lithographie signée dans la planche et numérotée Études de teckel (42,5 sur 57 centimètres) a été adjugée 800 euros. Signalons aussi une Amazone à la barrière, broderie encadrée (49 sur 59 centimètres, travail des ateliers Étienne Charbin à Lyon), partie à 1200 euros. Un étui à fusil en cuir de la maison Hermès a été disputé à 750 euros pour une estimation à 500 euros. Du côté des armes,un beau couteau de vénerie avec lame datant de 1817, époque Restauration, a trouvé preneur à 1400 euros. La vacation s’est achevée sur la présentation d’un très beau poignard caucasien avec lame datée de 1909 qui s’est envolée à 2000euros. Renseignements: ◆ Coutau-Bégarie expert André Marchand 60, avenue de La Bourdonnais, ParisVIIe.Tél.: 01.45.56.12.20. ◆ Étude Piasa, expert Xavier Eeckhout, 8, rue de la Grange-Batelière Paris IXe.Tél.: 01.48.00.02.11.



Signet ignets par la rédaction

Pour en finir avec la chasse

de Gérard Charollois ◆ Jours de Chasse se doit-il de traiter des livres résolument et positivement antichasse?

Nous le pensons car il est essentiel de connaître la stratégie et la pensée de ceux qui veulent anéantir la chasse sous toutes ses formes.Avec le livre de Gérard Charollois au titre quasi insurrectionnel, nous sommes servis au-delà de toute espérance tant il est vrai que l’auteur, magistrat de formation, militant de la première heure, est l’un des plus beaux représentants des antichasses jusqu’au-boutistes. Avec lui, il n’y a pas de demimesure… C’est un FouquierTinville que nous tenons-là. La chasse affirme-t-il, doit être supprimée au même titre que l’a été l’esclavage ou la torture (sic!), car « elle est à la fois la torture,l’esclavage et la peine de mort ».Tout en égrenant

Pondoro, le dernier chasseur d’ivoire

de John H. Taylor ◆◆◆ Les Éditions de Montbel nous avaient alléchés avec les Lions mangeurs d’hommes de John H. Taylor, ouvrage de premier ordre dont nous avions fait le compte-rendu dans notre dernier numéro.Cette fois,Montbel récidive avec un autre ouvrage du même auteur,Pondoro.Cette réédition le méritait pleinement tant Taylor (1902-1969) est un personnage hors du commun, digne de figurer au panthéon de leur collection des “Aventuriers voyageurs”. Avec Pondoro – qui signifie “semblable au lion”, son surnom –, Taylor nous livre quelques parcelles de ses trente ans passés en Afrique,coupé de tout et du monde,à telle enseigne qu’il apprendra par des journaux qui entouraient une boîte de conserve que la Seconde Guerre mondiale avait été déclarée! Du Cap, il ira en Angola, au Mozambique,en Rhodésie,au Botswana… Si l’on reste suffoqué par le nombre d’animaux tirés,Taylor a toujours le souci de restituer le contexte, à savoir qu’il s’est toujours efforcé de ne chasser principalement que les animaux qui causent des dégâts,soit agricoles (avec les éléphants,car « on ne peut ignorer les effets

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des contre-vérités absolues sur la chasse –en particulier sur le fait que le grand gibier est une viande immangeable ou sur la vénerie–, il rêve à «un pacte de paix », un monde à la Rousseau, à des sanctuaires où l’on laisserait faire la nature. Qu’on ne s’y méprenne pas, sa « déclaration de foi éthique », aussi exaltée soit-elle, ne prête guère à sourire, car elle montre tout le cheminement intellectuel des antichasses: le refus de la mort les amène à mettre sur un même plan l’homme et l’animal, et à considérer ce même homme comme le mal absolu (« l’homme est plutôt la cellule cancéreuse de la Terre »). Plus encore, l’animal doit être un sujet de droit, car l’homme

n’est qu’un animal parmi tant d’autres (« les animaux sont anatomiquement, génétiquement,ontologiquement en continuité avec l’espèce humaine »). Bref, pour notre brillant auteur, le débat sur la chasse (« la féodalité cynégétique » comme il l’appelle) est un prétexte à remettre en question toute la pensée de la société occidentale, au nom de « la quête du bon », et non selon « une morale qui décrète le bien révélé », idées qui, d’ailleurs, pénètrent peu à peu bien des sphères de la société. Mais que Gérard Charollois soit prudent: la Nature n’est pas connue pour sa bonté.

Éditions IMHO,coll.“Radicaux libres”,156 pages,15 €.

de la famine provoquée par les déprédations des éléphants et des buffles »), soit humains avec les lions. Certes, le chiffre de 1 000 pachydermes abattus peut paraître ahurissant pour ne pas dire scandaleux, mais, écrit-il, cela ne fait qu’un par semaine pendant… trente-trois ans! De la chasse à l’éléphant, il nous en décrit toute l’exigence et la dureté.La chasse au rhino ? « Un sport vraiment viril. » Le buffle ? « Un animal magnifique qui peut riposter et très durement.» Le babouin? « Un animal antipathique. » Taylor livre ses chasses, ses dangers à travers mille anecdotes, son admiration pour les indigènes (« un chasseur né,il sait fort bien que dans la brousse,le Blanc est un enfant par rapport à lui »)… Mais la partie la plus captivante de ses souvenirs reste le chapitre consacré aux lions – ses « créatures imprévisibles » – qui plus est les fameux mangeurs d’hommes : mœurs, habitudes… rien n’a échappé à Taylor dans cette traque –cette « spécialisation véritable »–,de ce tueur qui « perd toutes ses craintes ». On l’aura compris : ce livre vous prend pour ne plus vous lâcher.

Éditions de Montbel,352 pages,25 €.

Jours de C HASSE ◆

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Signet ignets Une vie à coucher dehors

Fanfares des maîtres et des piqueurs

Illustrations originales de Claude G. La Touche ◆◆◆ Vénerie, élégance et galanterie plus ou moins leste ont toujours fait bon ménage. C’est tout l’esprit du présent ouvrage dans la droite ligne des savoureuses pages de Foudras. Et qui mieux que les fanfares pour nous amuser? Qui mieux que le son cuivré d’une trompe, « joie collective et plaisir partagé »,dit Xavier Legendre, grand sonneur s’il en était, dans la préface, pour nous faire rêver? Joliment présenté, rehaussé par des illustrations originales de Claude G. La Touche, ce recueil nous livre – pour chacune d’entre elles sur une

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double page– toutes les fanfares de circonstances et d’animaux. Mais de la chasse à courre à l’amour, il n’y a pas un changement de forêt… Aussi à maintes reprises, les péripéties d’un laisser-courre sont complétées avec humour par des péripéties amoureuses –avec texte et dessins!– sur les airs mêmes des fanfares. On rit et on sourit. On devine aisément quel parti peut-on tirer du lancé, du débuché, du relancé à vue… Que les responsables de cours de maintien se rassurent: un laisser-courre amoureux ne se résume jamais à un hallali –courant ou non– encore moins à une curée, mais parfois, à une retraite bien honteuse…

de Sylvain Tesson ◆◆ Les grands actifs sont souvent de grands angoissés.Bien belle“lapalissade”, certes, mais à lire ce nouveau recueil de nouvelles de SylvainTesson (le troisième après Nouvelles de l’Est et les Jardins d’Allah), on ne peut qu’être frappé par une vision du monde qui, si elle n’est pas vraiment noire, n’en reste pas moins emprunte d’un certain fatalisme.Écrivain,aventurier-explorateur,reporter,homme des bois,alpiniste et brillant conférencier, Sylvain Tesson est toujours entre deux projets,deux départs,deux livres. Il a le teint cuivré, les mains calleuses et une peau qui commence à s’épaissir, au propre comme au figuré. Au propre, à cause du vent des steppes et des nuits à la belle étoile,au figuré à cause de la fréquentation assidue de la misère de l’homme au cours de ses périples.D’où, sans doute cet humour noir un peu forcé,protection dérisoire contre la violence et

Éditions de Montbel,68 pages,28 €.

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les hasards malheureux qui peuvent faire basculer le destin au moment où l’on s’y attend le moins.Partout, sous tous les cieux,les héros de SylvainTesson sont confrontés à la même mécanique implacable du destin. Il y a pourtant, presque toujours, une faute originelle. Qui entraîne une punition. Et cette punition, c’est souvent la mort. Pas très gentil avec ses personnages, le jeune explorateur les rattrape. Il y a le malheureux Edolfius,coupable d’avoir cru qu’une route goudronnée redonnerait vie à son village perdu de Géorgie. C’est Piotr, criminel réfugié dans sa cabane au bord du lac et au fond de la forêt:la justice des hommes voudra bien lui pardonner au bout de quarante ans, mais il n’échappera pas à un ours belliqueux. Il y a cette pauvre Jenny –mannequin vedette–, coupable de superficialité,qui ne nagera pas bien longtemps dans les eaux tièdes de la Méditerranée.Quant à Edward, éleveur anglais, il sera miné par la souffrance infligée aux porcs. Écrivain panthéiste s’il en est, Sylvain Tesson décrit avec un talent rare les variations infimes de la lumière sur une eau endormie, un vol de canards ou la chaleur brûlante des montagnes afghanes. Il n’y a pas beaucoup d’espoir chez lui, et son point de vue peut pêcher par son aspect un peu systématique. Gallimard,197 pages, 16,90 €.


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5 700

ARMURIERS DÉPOSITAIRES RIFFAUT 14290 ORBEC - 02 31 32 80 25 LE COUREUR DES BOIS 18700 AUBIGNY SUR NERE - 02 48 58 18 30 VOUZELAUD ARMURIER 28160 BROU - 02 47 37 05 95 LA CHASSE 34000 MONTPELLIER - 04 67 65 84 24 L'ARMURERIE DU CHASSEUR SOLOGNOT 41200 ROMORANTIN - 02 54 76 03 42 FOULQUIER 45000 ORLEANS - 02 38 88 59 45 J. DENYS 50600 SAINT HILAIRE - 02 33 49 42 88 A LA SAUVAGINE 59153 GRAND FORT PHILIPPE - 03 28 23 01 15 ETS GILLES 61100 FLERS - 02 33 66 56 29 ARMURERIE JAMES 71400 AUTUN - 03 85 52 29 86 ARMURERIE DE LA BOURSE 75002 PARIS - 01 42 36 79 83 ARMURERIE ALEX 75008 PARIS - 01 42 27 66 39 DUBUC 76260 - EU - 02 35 86 41 64 ARQUEBUSERIE MELUNAISE 77000 MELUN - 01 64 39 53 03 ARMURERIE JEANNOT 92300 LEVALLOIS PERRET - 01 47 57 53 20 PARIS NORD ARMES 95500 GONESSE - 01 34 45 91 00 Distribué par : NORKA DISTRIBUTION - Tél. 01 69 23 10 04 - Fax : 01 69 23 10 05 - Email : michel.kien@libertysurf.fr


Signet ignets Cuisine de la chasse

de Marie Vachon ◆◆ Imaginez une cuisine où les casseroles sont enrubannées de cuivre et étamées à l’intérieur, où le rouleau à pâtisserie côtoie les plus belles cuillers en bois taillées dans l’olivier, où les moules à gâteaux sont ronds, carrés, ovales, longs, où la cannelle est en conversation avec le gingembre, le curry, la cardamome, la coriandre, la vanille en gousse, la réglisse, l’anis étoilé. Imaginez une table où, ce soir, les cuissots, les filets, les morceaux de biche, de sanglier ou de chevreuil rivaliseront

d’odeurs, et de couleurs, avec la soupe de mendiants, les ramequins gourmands ou le gratin de clémentines. Peut-être serez-vous le chef d’orchestre de ce repas “cynégétique”pour tutoyer la « gastronomie transcendante » chère à Brillat-Savarin. Marie Vachon, l’auteur de ce livre pratique et maniable, vous murmurera à l’oreille soixante secrets (de l’entrée au dessert) et son meilleur sommelier, Damien Gateau, saura vous conseiller les plus beaux flacons.Voulez-vous un chili de sanglier? En une page et demie et quelques quarts d’heure, vous saurez mettre

Les Armes de chasse et leur tir

de Ferdinand Courally ◆◆◆ LarééditiondulivredeFerdinandCourally aux éditions de Montbel est un événement.Originellementéditéeen1931par Émile Nourry à la Librairie Cynégétique, cette bible n’a pas pris une ride, contrairement à une opinion répandue voulant que les armes à feu aient fait des pas de géants en deux générations. Certes, les cartouches ont évolué (aujourd’hui la plupart du temps la bourre grasse traditionnelle est remplacée par une bourre à jupe). Certes,à terme,le plomb trouvera un substitut.Mais fondée sur l’expérimentation et nourrie par quarante années d’expérience, la démarche de Courally reste absolument d’actualité. D’ailleurs il suffirait juste de refaire ses tests avec noscartouchesactuellespourpublierune éditionactualisée.Àrebours,lesujetprincipal de l’ouvrage, le fusil de chasse, est demeuréfondamentalementlemêmedepuis plus d’un siècle. Au fil des pages, jamais l’auteur ne va perdre de vue le cap initialement fixé pour « donner des explications claires et précises ».D’abord la fabrication des canons. « Parce que la majorité des chasseurs ne se

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en scène la plus“noire” des bêtes de nos massifs. Vous avez rêvé d’une bécasse au foie gras? Moins d’une page plus tard, notre migrateur sera fourré de foie gras, enveloppé de bardes de lard et flambé à l’armagnac.Vous songez à des noisettes de filet de chevreuil? Grâce à la lecture pas à pas d’une calligraphie à la plume, sur un papier à l’ancienne parcheminé mais convenablement et légèrement plastifié pour que le plaisir de cuisiner puisse durer, vous combinez avec facilité un mélange

rend pas compte des facteurs qui jouent un rôle capital dans la fabrication de cette pièce.» La qualité de l’acier,leur dressage,les soudures,

alchimique de cannelle, de beurre, encore d’armagnac, de noisettes bien sûr et caressez les plus belles subtilités gustatives. Bref, il faut lire Marie Vachon de toute urgence. Ne serait-ce que pour ce chaleureux vin chaud à l’orange ou ce délicieux lait de poule. Éditions Stéphane Bachès, 78 pages,20 €.

chaque élément est minutieusement passé en revue. Plus loin le chapitre consacré aux mécanismes est parmi les plus riches d’enseignement. Ici on tutoie le génie des Holland, des Purdey, des Westley-Richards… lorsqu’ils inventent pour servir leurs chefs-d’œuvre d’authentiques mécanismes d’horlogerie à complication. Afin de ne pas être taxé“d’anglomanie” et pour notre plaisir de lecteur Courally accompli aussi un travail d’historien.On apprend ainsi l’invention de l’arme automatique par les frères Clair à SaintÉtienne en 1880,ou en 1885 celle de Pidault avec le basculage à tourillons.Une innovation qui permettra de rehausser au niveau de l’axe du canon inférieur le basculage de nos superposés modernes. La bascule“basse”était née! L’ouvrage de Courally est également riche de conseils, aussi bien sur l’équilibre d’une arme de chasse que sur la vérification de la rectitude d’un canon… En fin de livre un appendice fournit des renseignements précieux sur les grands noms de l’armurerie.On pourra regretter que la nouvelle édition ait oublié les seize errata consignés en annexe de l’édition originale,un péché très véniel. Éditions de Montbel,350 pages,50 €.

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Signet ignets Maîtriser le tir à balles

de Jean-Pierre Menu ◆◆ “Encore un énième livre consacré à la balistique des armes rayées!”,soupirent déjà les plus blasés. Funeste erreur car la nouvelle édition – sept ans après la première– de l’ouvrage de Jean-Pierre Menu apporte au lecteur force nouveautés et réflexions. À l’aune d’un succès mérité, l’auteur devient le digne héritier d’Henri Toussaint et son Tir à balle du grand gibier » sorti il y a déjà une génération. Mais pas seulement. Nourri par une expérience de trente années, servi par une iconographie aussi remarquable qu’instructrice, Maîtriser le tir à balle est d’abord un passionnant récit de chasse.Ainsi dès les premières lignes du premier chapitre, on accompagne l’auteur lors des ultimes secondes de l’approche d’un éléphant.On vit alors la scène avant d’être parcouru de frissons comme Selous a pu le ressentir en son temps. À cet instant, l’auteur nous enseigne la première des qualités du

chasseur“de grande chasse”:la patience. C’est être capable systématiquement d’attendre le meilleur moment pour tirer afin de prélever un animal sans jamais lui occasionner de souffrances inutiles.Dans le cas contraire, il faut s’abstenir… Et les armes? Qu’il s’agisse des techniques de tir aussi bien à l’approche qu’en battue ou le choix des armes et leur réglage voire de leurs accessoires, le sujet est passé au crible de façon exhaustive mais jamais de manière rébarbative. Le phénomène de mode des nouveaux calibres Super Ma-

Sur la voie des chevreuils

de Bernard Pignot Illustrations du vicomte de Conny ◆◆◆ Maître du Rallye des Amognes, équipage de chevreuil renommé qui découplait notamment en forêt de Tronçais, et lieutenant de louveterie, Bernard Pignot a connu tout au long de sa vie de chasseur une étonnante galerie d’originaux en tout genre. La France rurale qu’il évoque, avec ses curés humanistes et bons vivants, ses braconniers compulsifs, ses châtelains paternalistes, ses aubergistes

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gnum, très, trop spécialisés dans le tir à très longue distance, n’est pas épargné par la critique. La plupart du temps, affirme-t-il, ils n’apportent aucun avantage tout en condamnant leur utilisateur à un “entraînement poussé”. Pour notre auteur,il n’y a pas de doute : seule la réalité du terrain compte car bien souvent elle « réduit à néant les belles théories issues des données abstraites des tables de tir ». Plus encore,« seule l’expérience enseigne au bout du compte »,selon les propres mots de l’auteur. Dans ce cas, avant le choix d’un mécanisme de carabine, la puissance de son calibre et de sa munition, la lecture de Maîtriser le tir à balle est une nécessité. Éditions du Gerfaut,254 pages,45,50€.

débonnaires, relève davantage du XIXe siècle que du XXIe siècle et l’on a peine à croire que l’époque où se situent ses récits picaresques et rabelaisiens est celle de la IVe République. On se croirait plutôt dans Foudras –l’auteur fut, du reste, locataire de la forêt de Briffaut et de celle de Fours, haut lieu des exploits des Gentilshommes chasseurs – ou dans les romans de Vincenot, avec lequel Bernard Pignot a en partage la verve et le langage imagé. Les récits de chasse, bien sûr, ne manquent pas, chasse à tir et chasse à courre, dans l’ouest et le centre

de la France. Comme le dit si bien Mimile, l’un de ses personnages: « Dans le Morvan, on naît tous avec un fusil sur le dos.Pour l’accouchement,faut pas que la pétoire se mette au travers,mais après,on ne peut plus s’en passer. Quand un Morvandiau entend au loin une menée de chiens courants, a devint berdin,comme on dit chez nous.Alors, c’est plus fort que soi, il saute sur le fusil qu’est jamais bien loin et il part à la galope en prenant ses fesses à deux mains pour se porter au devant… » Tout le livre est de cette aune, gouleyant comme un vin de soif, et “il fait du bien par où il passe”.

Montbel,190 pages,39 €.



Co n f i d e n c e s ◆

Sylvain Tesson “La chasse est une forme de tragédie antique”

S

ylvain Tesson peut avec légitimité revendiquer fièrementlacasquetted’écrivain-voyageur,tantl’homme est allé au-delà de l’horizon, des cimes et des océans, verslesimmensitésetl’incommensurable.Cegéographe de formation a passé ces quinze dernières années à faire le tour du monde à vélo, à traverser la Russie du nord au sud jusqu’à l’Inde sur les traces de bagnards évadés du goulag, à flâner sur les chemins et à peiner dans les déserts, à rouler à bord d’antiques side-cars le long des lacs gelés. De ces périples, il a ramené des récits et des fictions,des collections d’aphorismes,pleins d’un enthousiasme presque juvénile aussi bien que d’un fatalisme tranquille. Sa fréquentation assidue des peuples de l’Est n’est sans doute pas étrangère au développement de cet aspect de sa personnalité. Dans son dernier recueil de nouvelles, Une vieàcoucherdehors,chezGallimard,couronné par le prix Goncourt de la Nouvelle, on passe de la Sibérie à la Géorgie,des brumes écossaises aux falaises lumineusesdelaMéditerranée.Lesdestins y sont rudes et violents, la nature implacable. Le 26 janvier dernier, il publiait dans le Figaro une tribune intitulée « En chasse »,où il exposait,non sans une certaine provocation, ses réticences vis-à-vis des passions cynégétiquesetdeschasseurs.Unarticlequi lui a valu de nombreux courriers, et des réactions parfois brutales pour ne pas dire violentes. De sa méfiance, de sa critique, il s’explique à Jours de Chasse à la veille desondépartpourunreportagedeplusieurs semaines en Afghanistan, avec les hommes du 27e BCA (bataillon de chasseurs alpins).

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À lire et à relire votre tribune,vous laissez entendre que les chasseurs en général sont des êtres assez hypocrites qui n’osent pas avouer leur passion… Je n’ai rien contre la chasse.Il y a en revanche dans le discours des chasseurs français quelque chose qui m’agace profondément, comme s’ils avaient honte. Autant des discours et une certaine littérature antichasse me semblent jouer sur l’affectif, sur l’émotion sans raison et sans connaissance, autant celle des chasseurs est bien souvent empreinte d’une grande hypocrisie. On évoque en permanence le sacro-saint principe de régulation, mais en oubliant que l’on se trouve dans une situation elle-même totalement dérégulée, dévastée, disharmonieuse, dans laquelle la chasse a sa part de responsabilité. Je préférerais qu’ils aient l’honnêteté de reconnaître dans leur pratique,ce vieux goût archaïque,ces pulsions qui reviennent et montent à l’âme.Quand ils chassent les grands animaux, quand ils entendent les récris des chiens, quand ils voient leurs chiens à l’arrêt, ce n’est pas pour opérer une quelconque régulation, mais par passion,la passion de la quête,la passion de dominer et de tuer un animal sauvage aux sens aiguisés, passion qui remonte à la nuit des temps. C’est ce qu’a très bien décrit Sandor Marai dans les Braises,ce goût de la traque,du piégeage,ce plaisir et cette jouissance carnassière que l’on trouve à mettre une balle dans la tête de la biche! Dominique Venner, grand chasseur s’il en était, dit également les choses très clairement dans son passionnant Dictionnaire amoureux de la chasse.Ce sont les pulsions qui m’intéressent, pas ces histoires de régulation de la population des sangliers qui mangent le maïs… On ne va pas donner une médaille aux chasseurs pour leur participation au maintien de l’équilibre,alors qu’en fait de PHOTOS : IMAGEBROKER.NET/SUNSET - POUSSIN/TESSON/EYEDEA

propos recueillis par Vladimir de Gmeline et Humbert Rambaud

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SYLVAIN TESSON DEVANT L’EVEREST. PAGE DE GAUCHE, UN TIGRE DE SIBÉRIE. “JE PRÉFÈRE UN CHASSEUR QUI CONNAÎT LA NATURE À UN ÉCOLOGISTE QUI NE LA CONNAÎT PAS… MÊME SI L’ON DOIT RECONNAÎTRE QUE CERTAINS ÉCOLOGISTES SONT DE TRÈS GRANDS SPÉCIALISTES.”

régulation, il s’agit –en tout cas pour le sanglier en France– surtout de gérer les stocks pour maintenir leur passion! Encore une fois, si l’état naturel est déréglé, ce n’est pas de la faute de la nature! Lorsque l’on constate l’extinction progressive de gros prédateurs, comme le tigre de l’Amour (il n’en reste que quatre cents),on s’aperçoit bien que ce n’est pas à cause de l’urbanisation ou du Transsibérien. Ce drame vient de la demande de la pharmacopée chinoise,on les chasse, ou plutôt on les braconne, pour leur peau et leurs dents. Le débat gagnerait à ce qu’il y ait plus d’honnêteté dans l’expression des raisons qui poussent les chasseurs à chasser. Vous reconnaissez quand même des vertus à la chasse… Bien sûr, je conçois qu’elle soit un des derniers espaces où le rapport à la mort,au danger,au caractère tragique de la vie ait encore un sens. Dans la société de plus en plus aseptisée qui est la nôtre aujourd’hui, dans ce « monde monotone et petit » de Baudelaire,et que je refuse,ce sont des arguments dont je me rapproche, et qui sont également ceux qu’avancent les partisans de la tauromachie. Notre époque refuse la mort, l’évacue.Et c’est pour cela,je pense,que la chasse est souvent vilipendée, car sa conclusion ultime, c’est la mort du gibier, donc se pose la question du droit de tuer et sa légitimité. Mais voyez-vous,on retrouve exactement les mêmes vertus dans la spéléologie, l’Himalayisme, le kayak de mer ou le base-jumping [saut en parachute en chute libre du haut de falaises,NDLR]: il y a à mon sens beaucoup plus de valeur à vouloir manier ces vertus antiques en ne faisant payer le risque qu’à soi-même,sans convoquer autrui.Eri Di Luca l’explique magnifiquement,lorsqu’il décrit l’escalade rocheuse comme une forme de quête chevaleresque et prométhéenne:c’est un

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engagement bien supérieur à celui du chasseur, car, sauf cas rarissime, il ne risque pas sa vie: nous ne sommes plus au temps de Foa ou de Selous.Là,on accepte véritablement que la vie porte en elle un sens tragique. Ce serait intéressant si des chasseurs et des toreros se penchaient sur ces disciplines. Vous avez rencontré des populations qui chassaient au cours de vos expéditions. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué? Sans aucun doute les nomades Barkouchi, sur les flancs de l’Altaï,qui chassent au vol avec des aigles.On ne peut être que fasciné et admiratif, car, pour moi qui suis un profane, cette chasse-là concentre toutes les beautés et les difficultés. C’est une tragédie à quatre, qui se joue entre le chasseur, son aigle, la proie –qui peut être un loup– et le cheval. La chasse à l’arc pratiquée par d’autres peuplades est aussi très impressionnante, elle oblige à maîtriser une triple trajectoire balistique:il y a à la fois le mouvement du cheval,de la proie,et de la flèche… Et puis évidemment, ceux que je connais le mieux, les trappeurs sibériens. Je vais m’inspirer d’eux pour le séjour prolongé que je prépare dans une cabane que j’ai achetée en Sibérie.Ils ont une extrême connaissance de la forêt,ils sont rudes et rustiques,chassent les grands animaux.Je préfère un chasseur qui connaît la nature à un écologiste qui ne la connaît pas,même si l’on doit reconnaître que certains écologistes sont de très grands spécialistes, de très grands scientifiques. Le problème de mes trappeurs,c’est que la détresse économique dans laquelle ils vivent est telle qu’ils sont prêts à abattre un animal figurant sur la liste rouge des espèces protégées, et qu’ils vendront 50000 dollars sans aucune diffi-

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Confidences R. FASSEUR

AIGLIER KAZAKH : “CETTE CHASSE-LÀ CONCENTRE TOUTES LES BEAUTÉS CI-DESSOUS, TRAPPEURS EN SIBÉRIE. “JE VAIS M’INSPIRER D’EUX POUR LE SÉJOUR PROLONGÉ QUE JE PRÉPARE.”

ET TOUTES LES DIFFICULTÉS…”

PHOTOS : AKG-IMAGES/MARK DE FRAEYE - AKG-IMAGES/RIA NOWOSTI

culté.50000,c’est le prix d’une peau de tigre de Sibérie. Je parle du tigre, mais on peut aussi évoquer le saïga d’Asie centrale, sorte de petite antilope, dont on réduit les cornes en poudre pour en faire des médicaments en Chine. À votre avis,que faut-il faire pour protéger ces espèces? À rebours de l’opinion générale,je reste persuadé qu’il faut créer des espaces sanctuarisés, sans aucune présence humaine.On entend souvent l’argument selon lequel l’homme fait partie de la nature, donc pourquoi la sanctuariser.C’est ce que pense Nicolas Vanier,par exemple. Mais nous sommes 7,5 milliards sur terre,et nous nous acheminons vers les 9 milliards: dans les années 1970, le sociobiologiste Edward Oliver Wilson avait démontré que si on introduisait une présence humaine sur une île, même si elle se comportait bien, 50 % de cette présence amenait à 90 % d’érosion du capital faunistique et floristique.Il suffit de voir les gravures de Camille Flammarion sur le monde avant l’arrivée de l’homme, avec les forêts du Précambrien: il y avait un véritable équilibre. Je me souviens d’une scène des Racines du ciel,de Romain Gary,où l’un des personnages trouve la force de survivre lorsqu’il est emprisonné grâce à sa vision des charges d’éléphants qui cassent tout sur leur passage. Je pense que l’idée de sanctuaire a une vertu quasi psycholo-

gique,comme lorsqu’on est seul au bivouac et que l’on pense à une fiancée : on ne sait pas où elle est, ni ce qu’elle fait, d’ailleurs! Mais elle existe, et c’est ce lien qui fait la force de deux êtres qui s’aiment. Avez-vous chassé lors de vos expéditions? Non,jamais.Il m’est arrivé d’assister à des chasses,mais j’ai toujours refusé de prendre un fusil. Je n’ai d’ailleurs aucun a priori sur les armes à feu,j’aime bien le côté technique. Mais voilà,je n’ai aucune aversion pour les animaux de la forêt! J’ai pêché à la cuiller,le brochet par exemple,mais je dois reconnaître que l’agonie d’un poisson ne me fait pas le même effet que celle d’une biche ou d’un cerf.J’ai développé le syndrome de saint François d’Assise, de Montaigne, de Kerouac et de saint Séraphin de Sarov. Lorsque vous êtes seul, vous vous sentez appartenir au grand édifice du vivant. Quand vous croisez un grillon dans les steppes de Mongolie, il y a une sorte de bienveillance,vous n’avez pas envie de l’écraser.Ce sont des choses que l’on ressent véritablement lorsqu’on est dans une complète solitude et intégré à la nature. Et en même temps, il n’y a rien qui m’énerve plus que les gens qui pleurent sur les animaux sauvages mais peuvent manger du poulet sous vide: le véritable drame, la véritable douleur sont dans les hangars d’élevage surpeuplés. Pas chez les cerfs qui meurent magnifiquement après avoir fécondé force biches! Parlez-nous de cette expérience que vous allez vivre en Sibérie… Je vais m’installer pendant six mois dans une réserve, aux sources du Baïkal et de la Lena. Je vais vivre une expérience littéraire de vie recluse dans les bois, d’érémitisme, en parfaite conformité avec moi-même. J’emporte de quoi vivre dans un camion,avec un alambic pour fabriquer de l’alcool! Je ne vais pas chasser, mais j’ai le droit de pêche. ◆ Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson,Gallimard,197 pages,16,90 €.

“NOTRE ÉPOQUE REFUSE ET C’EST POUR CELA, JE PENSE, QUE LA CHASSE EST SI VILIPENDÉE…” LA MORT, L’ÉVACUE.

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Découverte ◆

Jours d’émotion sur le NIGER Chasser “à l’approche” les oiseaux du Niger au Mali

ressuscite l’âme d’aventurier du chasseur. Décidément, l’Afrique reste autre chose…

PHOTOS : LACZ GÈRARD / SUNSET

- PUCCIA OLIVIER / SUNSET

reportage et photos Alain de l’Hermite

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/ SUNSET T - FLPA T - DENNIS NIGEL / SUNSE PHOTOS : BRAKE / SUNSE

◆ D

anscettenuitafricainede mars, notre pinasse glisse dans la douce et enveloppante pénombre. Seul le léger feulement dumoteursembleveniràboutdu silence.Au moment de croiser une île à bâbord, Saïdou le piroguier réduit légèrement le régime pour slalomer entre deux bancs de sable.À cet instant,peut-être pour tenter de faire bonne figure pour mon premier périple sur ce continent, j’observe Laurent du coin de l’œil : sans crainte de se tromper, on sent qu’il savoure la fin d’un trop long purgatoire de trois années sans chasse au Mali. En guise de surprise, il ne m’a rien dévoilé du point d’orgue de notre voyage : le franchissement du Niger pour rallier Claude notre hôte en son campement du Jacana. Alors sans doute pour me réconforter pendant la traversée, je décide de le déranger et lance une question égoïste :

– Laurent, tu crois que Claude nous attend encore à 4 heures du matin ? –Claudeesttoujourslàpouraccueillir ses clients ! Saréponsepresquecinglantene souffre aucune contestation. Moins de vingt minutes après notre embarquement à Ségou, Saïdou effectuera un appontage tout en douceur rive gauche.Et, en effet, entre un bougainvillier géant aux fleurs fuchsia et une grande case ouverte au toit de chaume face au débarcadère, Claude nous attend dans un boubou immaculé. Tout cela est irréel,et je me demande si je ne suis pas le jouet de quelque mirage. Sec, l’énergie contenue, sa sempiternelle cigarette Liberté pincée au coin des lèvres anime son visage aux yeux de jais d’un rictus permanent. Premier levé, dernier couché pour le bien-être de ses clients pendant leur séjour au Jacana, c’est une obsession pour notre amphitryon. En fait, notre périple malien nous comblera bien au-delà de tout ce que Claude aurait pu imaginer… En dépit des moyens de transports et de communications, l’Afrique reste vraiment une aventure. >>

PAGE DE GAUCHE, UN PIGEON ROUSSARD ET UN CHEVALIER ABOYEUR. ET, CI-DESSUS, UNE OUTARDE DU SÉNÉGAL, UNE OIE DE GAMBIE OU CANARD ARMÉ ET UNE ŒDICNÈME. ICI, LES OISEAUX SONT PARTOUT ET LA VARIÉTÉ ÉPOUSTOUFLANTE.

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MOINS DE SIX HEURES APRÈS LE DÉCOLLAGE, AU MOMENT DE DESCENDRE DE L’AVION, L’AFRIQUE VOUS PREND À LA GORGE POUR NE PLUS VOUS LÂCHER… ◆ L’aventure n’avait pas commencé à Fort-Archambault, comme tant d’expéditions entre les deux guerres, mais au ball-trap de Gonesse. Laurent et moi apprécions tous les deux le tir de chasse. Nos fortunes divergent puisqu’il est un compétiteurd’envergureinternationale.Commeildevaitbientôt se rendre à la chasse au petit gibier au Mali, il s’est proposé de faire une expédition commune, vantant presque audelà de la décence les qualités de l’ancien Soudan français. Refuser une telle offre aurait frisé le blasphème… On a cou-

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tume de dire – et d’écrire – qu’un voyage pour l’Afrique commence à Roissy. Le nôtre ne dérogera pas à la règle telles ces matrones vêtues de basin, si souvent lestées d’énormes bagages ficelés, accompagnés de cantines. Pour peu que les autoritésaéroportuairesn’yprennentgardel’A340d’AirFrance aurait tôt fait de ressembler à un taxi-brousse. Plus tard en l’air cette fois, c’est l’écran qui indique tour à tour le survol de Toulouse puis de Gibraltar, enfin, de l’Afrique lorsque nous croisons nos ailes avec celles de Guillaumet, Mermoz, Saint-Ex.Tous les anciens héros de l’Aéropostale en vol vers Saint-Louis.Et que dire de tous ces noms synonymes d’aventure dans notre inconscient collectif, Bechar, Tamanrasset… le Sahara,Tombouctou. Moins de six heures après le décollage, au moment de descendre la passerelle avant même d’atteindre le tarmac de Bamako, l’Afrique vous prend à la gorge pour ne plus vous lâcher. Elle nous embrasse de sa sensualité épicée avec cette douceur du milieu de nuit où se mêlent des fragrances d’eucalyptus et de karité. À peine débarqué,Mohamed la bouille ronde fendue d’un honnête sourire nous offre l’accolade comme à de vieux compères. Grâce à son entregent, il se charge de nous faciliter les menues formalités administratives et recrute les porteurs officiels. À son tour Ibrahim prend le relais pour nous conduire à Ségou distant de deux heures trente de route goudronnée soit deux cent quarante kilomètres. L’un des avantages non négligeable du campement du Jacana est sa facilité d’accès. Il n’est pas nécessaire d’effectuer une harassante journée de piste et moins de dix


DEUX PAYSANNES ASSISTENT AU SPECTACLE DE LA PASSÉE.

CI-DESSOUS

UNE TOURTERELLE MAILLÉE.

PAGE DE NOTRE LOGIS, LE JACANA. GAUCHE,

DEUX PÊCHEURS DE L’ETHNIE BOZO.

EN BAS, DÉBUT

DE LA PROGRESSION SUR L’UNE DES ÎLES

NIGER.

IMAGEBROKER.NET/SUNSET

DU

Jours d’émotion sur le NIGER

heures suffisent pour relier Paris à Ségou! Certes le croisement de volumineux camions peut parfois engendrer une certaine appréhension. Même si la nuit, ils matérialisent leur largeur en actionnant les clignotants,on reste à la merci d’un invisible obstacle qui dépasse latéralement de la remorque. Et comme la route est droite, l’allure est vive! Distante d’une centaine de kilomètres, on rejoint rapidement Fana,réputée pour sa production de coton.Juste après commence la zone de chasse… On devine alors le travail sans fin de Claude Poirier pour découvrir hors saison de chasse de nouveaux territoires. C’est lorsqu’il repart « faire un bout debrousse» en«prospectionavecKapolechefpisteur» que Claude rejoint son ombre et redevient complètement lui-même. Même s’il n’aime pas parler de lui, notre homme a toujours eu une âme d’aventurier.Petite aventure lorsqu’il s’agit depuis bien longtemps de descendre chaque année des véhicules au Jacana depuis la Sologne. Ou une grande aventure lorsqu’il s’agit de chasser en forêt équatoriale l’éléphant de forêt, le seul animal qu’il considère comme un vrai gibier, lui qui a pourtant tiré presque tous les grands animaux africains. Après un dernier péage, le passage d’un ultime ralentisseur, le cerbère nous ouvre définitivement la porte de l’ancien royaume bambara de Ségou. Bien qu’il fasse encore nuit la lumière ocre des réverbères nous permet d’observer les grandes villas cubiques debancodontbeaucouppossèdentunjardin.Commedenombreusesdevillesafricaines,Ségouressembleàunvillage,d’une propreté exemplaire étiré sur huit kilomètres le long du Niger (lire aussi page 72). Dire que cent mille âmes vivent ici… Heureusement pour l’instant, la ville n’a pas encore été pervertie par le tourisme de masse,comme nous pourrons le vérifier en allant sur le marché traditionnel où l’on peut se fondre en toute quiétude dans une foule bigarrée à base de tissus de bogolan aux célèbres formes géométriques. Pour l’heure,ce n’est qu’à 5 heures du matin que l’on rejoindra nos cases pour quelques heures de repos non sans avoir dégusté une délicieuse omelette confectionnée avec de vrais œufs bien jaunes. Piot, le cuisinier nous avait attendus toute la nuit.En guise de réveil matin,les oiseaux qui,comme nous, logent au Jacana ont l’habitude de saluer le lever du jour. Selon une chronologie immuable, chacun possède un instant dédié à son récital. Le premier à chanter habite dans les pailles du toit de ma case. Un chant assez sonore sous la formed’un«couc,couc,couc»!Etquelquepeuinquiétantpuis-

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AU

BORD D’UN MARIGOT, SOUS LES MANGUIERS D’UNE RIZIÈRE, OU SUR

UNE ÎLE DU

NIGER LE THÉÂTRE DE LA PASSÉE EST CHAQUE SOIR DIFFÉRENT. ◆

qu’il ressemble à celui d’un reptile,presque identique au son émis par nos couleuvres, les belles nuits d’été. Le moment tant attendu arrive, la première matinée sur le “fleuve des fleuves” des Berbères, le Niger autrefois Djoliba. Quand un peu avant 9 heures, nous retrouvons Claude pour un café, il semble contrarié. Parce que, dit-il « l’harmattan brouille le temps et ne montre pas le Mali sous ses plus beaux atours.» Avouons-le, habitués à la grisaille parisienne, pour nous le soleil paraît à peine voilé et la température de 25 °C idéale pour une promenade matinale.Chose étonnante,nous ne serons jamais dérangés par les moustiques pendant toute la durée du séjour. Même si l’Insect Ecran est conseillé, les moustiques sont rares en dehors de la saison des pluies c’està-dire entre juin et septembre. La joie des retrouvailles n’est pas feinte entre Laurent et son pisteur, son ami Kapo, un

Taoudenni

MAURITANIE

ALGÉRIE

R A S A H A

MALI Kidal

L S A H E

Tombouctou Gao

Kayes Sé nég al

Koulikoro

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Zone de chasse

BURKINA FASO

Sikasso CÔTE-D'IVOIRE

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NIGER

Ségou

Bamako GUINÉE

Mopti

BÉNIN GHANA

TOGO

NIGERIA

géant magnifique à la voie de stentor et au rire guttural.C’est lui désormais le“chef des pisteurs”.Si comme on a coutume de le dire,plus qu’ailleurs en Afrique,le regard est le reflet de l’âme,KapoetSaïdouontdebeauxjoursdevanteux…Àpeine la glacière et les armes à bord, nous dévalons tranquillement la rive gauche. Déjà les oiseaux sont partout présents, même s’il ne s’agit pas encore de canard.Là une tourterelle des bois nous survole, un peu plus loin un alcyon pie, un martin-pêcheur fait du surplace puis change de palier à la recherche de son petit déjeuner. Sans se soucier de nous, un petit cormoran africain plonge à contre jour dans les eaux dorées et nargue un couple de pêcheurs. Une demi-heure plus tard, à la sortie d’un village de pêcheurs de l’ethnie Bozo, Saïdou et Kapo après une courte palabre décident d’accoster.Mais avant,il faut slalomer entre de petites bouées parfois des bouteilles, qui matérialisent les lignes de fond, avant d’atteindre tout en douceur la rive. Saïdou, pêcheur professionnel de son état, connaît le fleuve et tous ses écueils sur le bout des doigts. Nous attachons la pirogue à un pieu métallique, précaution presque illusoire en cette saison de basses eaux à telle enseigne qu’il est presque impossible de voir le sens d’écoulement du Niger. Nousprogressonsmaintenantsurlesbergesalluvionnaires avant de nous enfoncer dans les terres. À cette période de l’année,les champs sont recouverts d’une sorte d’herbe sèche oùpaissentsporadiquementdestroupeauxdezébus.Quelques haies vives font office de clôture,quand les animaux ne décident pas à traverser le fleuve à la nage. Épisodiquement, des palmiers rôniers ponctuent le panorama. S’ils symbolisent si souvent l’Afrique,c’est parce que le service rendu à l’homme par cet arbre est immense. Il est nourriture par ses bourgeons ou breuvage par le vin qu’on en tire, utile pour la vannerie et son bois sert également aux constructions. Soudaindevantmoi,Laurents’immobilisesimultanément à un froissement de plume: un premier francolin part en retour. Tranquillement, il pivote pour assurer ses appuis, puis l’arme monte à la joue bien calée au creux de l’épaule. D’un pivot du buste en accélération constante sans la moindre saccade, il dépasse son oiseau pour lâcher sans tarder. Avant

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SAÏDOU (À GAUCHE) ET KAPO ENCADRENT LAURENT. CI-DESSOUS L’UN DES HABITANTS DES BERGES DU

NIGER, LE MARTIN-

PÊCHEUR GÉANT.

PAGE DE GAUCHE, INSTANTANÉS DE PASSÉES.

Jours d’émotion sur le NIGER

mêmed’entendreKapoprononcer«encorefrancolin!»,lechasseur avait saisi du coin de l’œil un second oiseau qui, cette fois, décollait dans le sens de notre progression. Sans céder à la panique, Laurent changea ses appuis pour maintenant renouveler l’opération dans le sens inverse. Un second oiseau pour un premier doublé venait de tomber au champ d’honneur en animal libre, et ajouter un peu de rouge à l’oxyde de fer de la terre africaine. Décidément, Paul Vialar avait bien raison lorsqu’il qualifiait de « spectacle » la chorégraphie d’un grand tireur.À nous quatre, il n’est pas évident de faire décoller ces francolins, des piéteurs impénitents, très nombreux sur le territoire.Parfois en bout de traque,les pisteurs réussissent à regrouper les oiseaux piéteurs dans une sortedesavanearméeinextricable.C’estalorsl’occasion d’une minibattue où il n’est pas rare de voir passer plusieurs dizaines d’oiseaux poussés par les pisteurs au-dessus de nos têtes. La matinée se soldera par un tableau varié composé de francolins,d’au moins trois espèces de tourterelles,de pigeons roussards,sans oublier quelques gravelots pâtres et vanneaux armés tirés depuis la pirogue. Cette première sortie à moins de cinq milles nautiques du campement nous permettait d’envisager la suite des réjouissances cynégétiques sous les meilleurs auspices. La retraite vers la berge nous permettra aussi de faire connaissanceavecdesterrassierstoutàlaconfectiondebriques de banco. Cette terre argileuse où se mêle la paille séchée sert à la construction de la plupart des édifices. Au Mali, il n’est pas difficile de prendre part à la conversation, puisque le français est la langue officielle depuis l’époque du Soudan français. C’est déjà l’heure du premier retour au camp où l’on retrouve Claude, au moment du sacro-saint rituel de l’apéritif, il partagera par procuration notre bonheur de cette premièresortie.Lachaleurestprésentemaispasencoreétouffante. Assis sur les confortables fauteuils de notre restaurant, qui fait aussi fonction de bar, salon, le quartier stratégique du Jacana, nous dégustons de délicieux filets de tourterelles en sauce et la production locale de cacahuètes. À cet instant, une pinasse remplie de poteries conduite par deux hommes descend majestueusement le Niger. Elle vient du village de Kapo pour livrer à Ségou la production mondialement connu des potiers de Kalabougou. >>

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Jours d’émotion sur le NIGER CHAQUE TRAVERSÉE DU NIGER EST UN RÉGAL, LA COULEUR DE L’EAU CHANGE, DEPUIS LE BLEU VERT CHARGÉ DE CUIVRE JUSQU’AU BLEU DES MERS DU SUD. ◆ À chaque fois, le moment des agapes, prolongement naturel de l’apéritif, est très attendu. C’est l’instant où Claude toujours très attentif écoute le récit dithyrambique de nos exploits comme la vraie récompense du travail de prospection accompli hors saison.Au sein de l’organisation, la compétenceducuisinierfaitofficedepièce maîtresse pour redorer le jarret du nemrod et pour le plaisir de la table. Danssamanièred’accommoderlesgibiers, de cuire le steak de zébu, Piot estunauthentiquechef.Lagrandespécialité malienne consiste à relever les plats d’une myriade de sauce au secretjalousementgardéchezchaqueethnie. Pour « recharger les batteries », comme dit Laurent,sous les tropiques, rien ne remplace la sieste. Le confort de la case est alors très appréciable à cet instant, la technique mise au point par Claude consiste à rafraîchir au préalablelachambreaveclaclimatisationdurant un quart d’heure. Ensuite pour obtenir un sommeil réparateur, c’est au ventilateur de prendre le relais. Autre rite immuable, la chasse du soir,habituellementunepasséeàlatourterelle à l’instant où elles voyagent vers leurs dortoirs. En préambule, chaque traverséeduNigerestpournousunrégal,la couleur de l’eau change presque de minute en minute, depuis le bleu vertchargédecuivred’unerivièrefrancomtoise jusqu’au bleu des mers du Sud. À peine un léger roulis nous berce.Etquelspectacle,dixminutesavant d’accoster à Ségou, de découvrir l’immense mosaïque des pagnes qui sèchent sur la jetée encadrée par la statue d’un hippopotame et celle du général Archinard à tribord. La statue de l’ancien commandant militaire du Soudan français est parfaitement entretenue au même titre que les balanzans. Ces acacias typiques de la région qui sont la fierté sylvicole ségovienne possèdent la particularité de perdre leurs feuilles pendant la saison“verte”des pluies.En approchant nous découvrons,un peu gênés,des femmes torse nu à la beauté parfois sculpturale accaparées à leur toilette ou à la vaisselle.Parfois en haut des escaliers du débarcadère,un certain Henri et

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son“ordonnance”Boubacar nous attendent.C’est l’occasion de retrouver la fraîcheur de la climatisation du pick-upToyota en direction des rizières sur la route de Bamako.Après avoir pris sa retraite Henri a choisi de vivre ici pendant la saison de la chasse,une façon d’assouvir une passion tout en aidant des Maliens. La traversée des faubourgs de Ségou engendre à cet instant une insatiable curiosité, tellement ce nouveau monde pour nous “petits Français”contraste avec la quiétude du Jacana. Les yeux écarquillés, nous ne perdonsrienduspectacle,puisseHenri nous pardonner, car, à cet instant, ses considérations à haute voix sur la futurestratégiecynégétiquenenousimportent guère… Un quart d’heure plus tard, sous les manguiers, tout est différent. Kapo et Laurent font désormais confiance à un ancestral instinct de chasseur pour le choix du meilleur poste. Au Mali,le chasseur comme ses animaux totems jouit d’un prestige teinté de crainteetvénération.Commelahyène, animal mythique, on prétend même qu’ilpossèdeledond’ubiquité;etégalementceluidesetransformerenpierre poursurprendresaproie.Àl’identique de nos bécasses, chaque jour à la minute exacte, pendant trente minutes, les tourterelles passent. Leur tir doit êtreextrêmementprécisétantdonnéla taille et la vitesse de l’oiseau à la trajectoire aléatoire. Un tireur qui pense avoir assuré son tir se trouve bien souvent débordé au dernier moment s’il est repéré sous son manguier. Bien avant le premier coup de fusil une multitude d’enfants viennent assister au spectacle pour bientôt rivaliser deux à deux au moment de rapporter un oiseau. Laissant filerlesoiseauxsansdoutetropfacilespourlui,Laurentredouble alors de virtuosité pour tuer proprement à des distances inimaginables pour le commun des nemrods. La chute des oiseaux à la verticale et en tournoyant arrache des entrailles de Kapo des cris hilares « hélicoptère,hélicoptère ! » à décrocher les mangues encore vertes.Satisfaits de quelques jolis coups,


nous arrêtions généralement avant la fin de la passée. Alors c’était le tomber de rideau, Boubacar mettait en rang les enfants; « comme à l’école », leur ordonnait Henri, avant la distribution des bonbons. Parfois le matin, nous nous retrouvons à proximité des rizières de la rive droite pour la passée des gangas.Un oiseau dont la beauté et le coup de fusil sont « diamétralement opposés à ses qualités culinaires », dixit Laurent. Un jour la chasse de ces oiseaux à l’étonnante aile semblable à celle de la bécasse sera l’occasion d’un doublé de poules de roche; sa présence, dit-on, est synonyme de quiétude pour un territoire de chasse. Chaque jour est un enchantement, et chaque jour nous nousrendonscomptequel’Afriquec’estvraimentautrechose, par ses couleurs, par ses atmosphères faites de langueurs, de volupté et d’une brutalité qui n’est jamais bien loin. Les jours suivants, l’harmattan s’était éteint ne laissant plus sur la végétation qu’une poussière éparse de latérite bientôt dissipée. La “boucle du Niger” nous apparut alors définitivementenmajestédansunelumièresansdouterescapéedel’aube del’humanité.Deretourdebivouac,nousfîmesalorslaconnais-

VOL CARACTÉRISTIQUE DES GANGAS. LE TIR DE CET OISEAU, AVEC SON ÉTONNANTE AILE “DE BÉCASSE”, SE RÉVÈLE TRÈS DÉLICAT. CI-DESSOUS À GAUCHE, KAPO DÉSIGNE UN VOL DE GANGAS ; AU CENTRE, SAÏDOU NE MÉNAGE PAS SES EFFORTS POUR RETROUVER LE GIBIER. À DROITE LORS DE NOTRE RÉCEPTION CHEZ KAPO À FARAKO. PAGE DE GAUCHE, UNE JOLIE NATURE MORTE DE GANGAS ET DE POULES SULTANES.

sance d’Yvon, Thierry, Franck et d’André Jacques. Le verbe haut, drôle, imagé, le geste expressif, les Languedociens sont làdanstouteleursplendeur,surtoutquandils’agitderaconter, de décrire le jour où un des leurs a tiré un authentique félin, un chat sauvage africain. Raimu n’aurait pas fait mieux. Aussi, lors de nos retrouvailles à l’occasion des repas car chaque groupe chassait séparément, nous espérions et attendions avec impatience leurs récits cynégétiques Le restaurant devenait alors un théâtre où chacun redoublait de tartarinades. Hélas, le trop rapide départ de nos amis plongea le Jacana dans une espèce de mélancolie semblable à celle qui suit le départ des enfants de la maison familiale. Qu’on ne s’y méprenne pas. Claude Poirer est à mille coudées du mot “monotonie”. Pour nous faire partager la

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AU MOMENT OÙ KAPO SE LEVA POUR “CHOUFFER” (REGARDER), IL HURLA “GRANDE OUTARDE, GRANDE OUTARDE”, ET FAILLIT NOUS PERCER LES TYMPANS. ◆ passion viscérale qu’il a pour l’Afrique, il convie toujours les chasseurs à un bivouac sur le terrain. Au vrai, cette « journée d’approche sur le Niger » selon les mots très justes de Laurent, restera proprement inoubliable. Durant douze heures Kapo, Saïdou, Laurent et moi avons remonté le fleuve des fleuves en direction de Bamako. La sensation d’aventure mâtinée de liberté est alors unique. Pleine de surprise lorsqu’il s’agit de surprendre un rassemblement des nombreux limicoles sur les berges secrètes. Le tir à l’approche dissimulé dans un bayou secret du fleuve et, depuis une pinasse, d’un chevalier où d’une bécassine, est une expérience à vivre. De même le pique-nique au milieu du jour à proximité d’un village peul. Et que dire à l’heure de la sieste du tir de quelques chauvessouris géantes entre les palmes. Une fois n’est pas coutume, Laurent trouvera le volatile « difficile à tirer ». Ici,ilnefautpass’offusquerduprélèvement d’un tel animal dans

LES ENFANTS RABATTEURS SONT RÉCOMPENSÉS AVEC DES BONBONS.

EN HAUT, FRANCK EN

PLEINE ACTION ET LE RETOUR D’UNE PASSÉE.

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la mesure du raisonnable. Car il faut savoir que toutes les protéines sont consommées,rien ne se perd.Il nous est même arrivé de tirer à la demande express des pisteurs quelques hérons; ils apprécient particulièrement le fumé de ce volatile trèsenvoguecheznousàl’époquedelaconstructiondeChambord, considéré comme un mets royal. Quand on dit que l’Afrique,c’est décidément autre chose, cela n’a rien d’une coquetterie littéraire. C’était deux jours avant que l’on reparte. Nous avions décidé de jouer les explorateurs, de pousser un peu plus loin vers la “terra incognita”du Nord distante d’une heure trente environ du camp. César, le jeune et charmant fils de Claude, nous accompagne désormais quotidiennement dans nos pérégrinations cynégétiques depuis le départ de nos amis nîmois. Il conduit toujours avec talent le Citroën et slalome à merveille entre les embûches de la piste pour éviter les ornières ou les épines. Cematin-là,leleverdesoleilsurleNigernousfaitpenser à la vision d’un tableau de Monet. Les jardins du Jacana alors apparaissent comme une sorte de paradis terrestre où les cannas remplacent avantageusement les tournesols


Nos remerciements vont à Laurent Lattat d’avoir organisé notre voyage et Claude Poirier de nous avoir reçus si gentiment (Tél.:00.33.68.03.68.140.et 00.223.667.110.90).

AU DÉTOUR DE CE SENTIER LAURENT VA-T-IL DÉCOUVRIR UN RAT PALMISTE, UN LIÈVRE OU DES FRANCOLINS ? CI-DESSOUS, CE JEUNE MALIEN EST FIER DE SON MERLE MÉTALLIQUE TIRÉ AU LANCE-PIERRES. CHAQUE MALIEN EST VISCÉRALEMENT CHASSEUR.

Jours d’émotion sur le NIGER

normands. Le tableau de la matinée était pour l’heure d’une vingtaine de francolins dont deux coquis et une petite outarde. Sous l’effet de la chaleur le vol des calaos devenait de plus en plus paresseux. Malgré tout, Kapo décida d’une dernière billebaude et, chose étonnante, de reprendre la camionnette. Peu de temps après, César, Laurent et moi apercevons à gauche de la piste un oiseau semblable à une petite autruche malgré une taille supérieure à un mètre.Nous roulions au pas tout à loisir de décrire le balancement de la tête de l’animal qui désormais se dirigeait en direction de la savane. Ibrahim et Kapo assis derrière ne pouvaient distinguer la piste. Au moment où ce dernier se leva pour“chouffer”(regarder), il hurla « grande outarde,grande outarde! » et faillit bien nous percer les tympans. La grande outarde (Ardeotis arabs), oiseau quasi légendaire, tant cette espèce est devenue rare, trop rare. C’est le plus grand oiseau volant à telle enseigne que certainspeuventatteindrelepoidsrespectable…de17kilos ! L’occasion ne se retrouverait sans doute jamais d’approcher un tel oiseau. Ilfallaitagirviteetgardersoncalmecarnotregrande demoiselleestuneredoutableetinfatigablepiéteuseavec le balancement si caractéristique de son cou. Toute l’astuce était de l’approcher rapidement pour la surprendre et la forcer à s’envoler.Kapo intime alors à César de quitter la piste,simultanément le fourgon se transforme en machine à laver animée de terribles secousses. Au terme d’une course-poursuite infernale, nous accélérons car nous sentons l’imminence d’un décollage.L’outarde à son tour disparaît une fraction de seconde autant dire une éternité derrière un épineux. Impuissants, nous observons la scène.Au moment où nous entendons le vacarme d’un décollage. Quoi de plus normal avec un oiseau dont l’envergure tutoie 2,50 mètres. D’unvol,ressemblantàceluid’uneoie,nousregardonss’envoler un rêve d’un battement d’aile lent et heurté caractéristique; l’immense oiseau d’une vie de chasseur… J’ai envie de pleurer. Lorsqu’après la présentation du tableau du matin au bord de la piscine nous devions faire la surprise à Claude de cette merveilleuse vision, cette fois c’est sans doute lui qui avait envie de pleurer d’émotion. Un instant d’éternité… ◆

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JEAN CLAUDE BRAUN

STORMARN

Voyager sur le fleuve Niger à pirogue de Bamako à Ségou, c’est se plonger dans une histoire commencée au XIIIe siècle par Soundjata, le fondateur de l’empire du Mali.


Mali Voyages

sur le fleuve

par Alain de l’Hermite

L

EN HAUT, NAVIGUER SUR NIGER RESTE UN INSTANT VOLÉ À L’ÉTERNITÉ. À GAUCHE, UN TOUAREG :

LE

À ELLE SEULE LA VISION DU CHÈCHE BLEU N’INCITE-T-ELLE PAS À OUVRIR LA PORTE D’UNE AUTRE AVENTURE CELLE DU SAHARA ? LES DANSES TRADITIONNELLES MALIENNES VONT BIEN AU-DELÀ DU FOLKLORE. CI-CONTRE À DROITE, LA MOSQUÉE DE DJENNÉ EST UN REMARQUABLE EXEMPLE DE L’ARCHITECTURE AFRICAINE TRADITIONNELLE EN BANCO.

ARRAIAL

e Mali, le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest,semblepréservédel’arméedestouristes. Sansdoutedansl’espritdebeaucoup,luimanquet-il l’attrait de l’océan dont profite son frère le Sénégalquil’épargnedesvoyagesorganisés…Ils nesaventpascequ’ilsperdentcarquelquesheures de navigation sur le Niger au côté des pêcheurs Bozos ressemblent à des instants volés à l’éternité.La“Boucle du Niger”en forme de bosse de chameau,c’est l’aorte du pays longue de 1700kilomètresdepuisBamakojusqu’àlarégiondeGao. La suivre, c’est tourner les pages d’une histoire millénaire depuis Soundjata le, fondateur, au XIIIe siècle, de l’empire du Mali. Dèslasortiedel’aéroportdeBamako,l’aventure a déjà commencé. Bientôt sur les bas-côtés de la route principale, nous découvrons une piste en latérite, cette terre rouge due à l’oxyde de fer et typique de la terre africaine. On croise ici de nombreux scooters chinois et d’innombrablescarrioleséquipéesdepneusconduitespar des enfants et tirées par des ânes. La route de Bamako à Ségou est aussi l’occasion d’une rencontre avec les premiers taxis-brousse surchargés au-delà du raisonnable.Épisodiquement un courageux mécanicien couché sous un véhicule s’affaire à la réparation d’un essieu. Sans doute MATJAZ KRIVIC/SIPA

ALAIN DE L’HERMITE

TOURISME

To u r i s m e

n’a-t-il pas conscience de la vulnérabilité de ses jambes alors à la merci d’une tragédie… Si un embouteillage se produit, l’usage du klaxon semble indispensable pour se frayer un chemin. Comme à Paris, l’un des conducteurs s’érigeparfoisenjusticieretinsultecopieusement en bambara celui que sa vindicte lui désigne commesouffre-douleur.Onn’envientjamaisaux mains et la victime expiatoire attend patiemment les yeux baissés l’apaisement du bourreau avec le retour du trafic. Le spectacle est partout et le temps passe presque trop vite en direction deSégoupourceluiquieffectuelevoyagedejour. Un ralentissement, c’est le bonheur d’observer ces marchandes de beurre de karité utilisépourlacuisineetcommecosmétique.Depuis la récolte des noix de karité en passant par la cuisson dans des fours de banco jusqu’à la préparationfinaleetlavente,toutelachaîneestl’apanagedesfemmes.Etl’ontombesousleurcharme dont chacune semble vêtue comme s’il s’agissait d’un jour de fête.Droite comme un i,le port detêtenaturellementaltier,l’élégancedelafemme africaine semble inimitable. Même au plus profond de la campagne, sa démarche semble être inspirée en permanence par le rythme des cœurs de Madan, l’envoûtante chanson de Salif Keïta.


PHOTOS : ALAIN DE L’HERMITE

Mali Voyages sur le fleuve

“ICI À SÉGOU, LE DÉPAYSEMENT EST TOTAL”

LES TRANSPORTS TRADITIONNELS RÉSISTENT ENCORE À LA MODERNITÉ. CI-DESSOUS, LE SPECTACULAIRE MARCHÉ AUX LÉGUMES AVEC SES VENDEUSES VÊTUES DE BOGOLANS. PAGE DE DROITE, LA STATUE DE LOUIS ARCHINARD. LE GÉNÉRAL FRANÇAIS POSERA LE PIED À SÉGOU ENN 1890 ET S’EMPARERA DE DJENNÉ EN1893.

Au fil des kilomètres,sans que nous nous en apercevions, l’architecture a changé. Si le banco rouge, ces briques constituées de terre et de paille,reste présent,la géométrie circulaire est devenue cubique.Ici,les arbres sont l’objet d’une vénération, c’est le cas du fameux acacia balanzan, la fierté ségovienne ou des manguiers jamais abattus en mémoire de l’ancêtrequilesaplantés.Ségoun’estplustrèsloinlorsqu’apparaît sur la gauche la voile blanche d’une pinasse.

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Voici Joliba, le“fleuve des fleuves”, celui qui donne la vie tout au long de son périple à travers le Mali, le Niger. Sans doute sans lui le sable serait déjà là.Au Mali à chaque époque, on a considéré la possession du Niger comme l’étape indispensable pour régner sur le pays.Ce fut tour à tour le principal objectif de chacune des grandes dynasties successives: à l’image des irréductibles Bambaras au XVIIe siècle dont Ségou était la capitale. Mais si le Niger a pu être un outil de domination il estaussiunoutilderéconciliation.C’estenpartiegrâce à lui que les hommes s’entendent, grâce à lui que Bamako est devenu la nouvelle capitale de l’Afrique de l’Ouest. Si les Maliens s’entendent, c’est sans doute dû à la mosaïque des ethnies dont aucune ne domine et dont chacune est complémentaire. Si un Bambara ou un Toucouleur est cultivateur, un Bozo est pêcheur tandis qu’un Somono est batelier.Certes tout n’est pas idyllique au Mali, à commencer par la mortalité infantile, l’une des plus élevée au monde, mais ici règne la gentillesse et se pratique l’honnêteté. Pour preuve, cette aventure arrivée à Laurent, un touriste,sur le traditionnel marché du lundi à Ségou lorsqu’il perd un billet de 20 euros.C’est un gamin qui le lui ramène… avant que Laurent ne le lui offre.Tout est dit,surtout lorsqu’on connaît le salaire mensuel moyen d’un enseignant (50 euros). Il faut aller visiter le grand marché du lundi à Ségou, considéré comme l’un des plus spectaculaires du pays. Arrivées en pirogue, toutes les femmes de la région semblent s’être données rendez-vous pour leurs emplettes hebdomadaires. Le dépaysement est total; sur les étals, l’on trouve absolument de tout, du talisman à la production de bananes au goût unique. Il est possible de déambuler seul au milieu des marchands ou de se faire accompagner d’un guide recruté à

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l’hôtel; bien entendu, la courtoisie élémentaire est de toujours demander avant de prendre une photo. Kapo, notre guide, nous sera bien utile pour changer au meilleur tarif nos euros en francs CFA ou pour négocier un bijou artisanal l’une des spécialités malienne. En fin de journée, nous retrouvons la pirogue de l’hôtel.Au cours de la navigation vers l’ouest,nous assistons à l’un des plus beaux mais trop bref coucher de soleil auquel nous ayons assisté. Environ un quart d’heure plus tard la quiétude du Jacana, « le meilleur hôtel de Ségou »,selon le guide Jaguar,est du meilleur aloi pour se reposer et servir de camp de base à de nouvelles excursions. Grâce aux guides et à la pirogue de l’hôtel,nous visiterons Farako le village de Kapo situé rive gauche trente kilomètres en amont. Un impérissable souvenir où nous découvrirons de l’intérieur la vie d’un authentique village spécialisé dans la poterie.Notre réception par le chef du village ou la rencontre avec le chef des chasseurs représente des instants inoubliables. DepuisSégou,ledirecteurduJacanametàdispositionunecompétenceéprouvée pour la découverte de sites privilégiés. Cela peut être la visite de Djenné, la plus grande ville en terre au monde distante de quatre heures de piste inscrite au patrimoine de l’Unesco.Au même titre que le pays Dogon et ses célèbres falaises de Bandiagara compter encore quatre heures de pistes.Dans les deux cas, l’hôtellerie est satisfaisante bien qu’un bivouac soit une expérience presque indispensable. Tombouctou distante de quatorze heures de piste demeureplussecrète,maisnedoit-elle pas continuer à se mériter. Elle est le début de l’aventure, la porte du Sahara, un périple qui n’aurait pas déplu au célèbre aventurier français du XIXe siècle René Caillé. ◆

Carnet de voyage Que faire avant? Un visa est nécessaire pour se rendre au Mali, délivré au consulat (64, rue de Pelleport, Paris XXe. Tél.: 01.48.07.85.85). Mais aussi: un passeport en cours de validité, un certificat de vaccination contre la fièvre jaune, un traitement antipaludéen. Pour les armes un formulaire d’importation d’armes, 5 kilos de munitions. Sur place munitions calibre 12 et 20 uniquement. Comment y aller? Air France assure un vol quotidien direct ParisBamako. Quelle langue? Le français est la langue officielle. Quelle monnaie? Francs CFA (1 euro = 655,597 CFA), prévoir des espèces car les billetteries sont rares hors grandes villes Quand y aller? Pour visiter le Mali, la meilleure saison correspond à la saison sèche (entre novembre

et mars). À partir de décembre, les 1300kilomètres navigables du Niger n’autorisent plus de croisière sur la totalité du parcours à cause de la décrue. Par contre en voiture ou en bus, l’excellente route goudronnée de 240kilomètres entre Bamako et Ségou ne subit pas les avatars climatiques. Où se renseigner? Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho): www.le-mali.com/omatho/index.htm Mais aussi sur www.mali-safaris.com Et contacter Claude Poirier au 00.33.68.03.68.140 ou au 00.223.667.110.90.

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POUR BIEN DES CHASSEURS,

NAMIBIE EST “LA” DESTINATION LA

POUR UNE PREMIÈRE GRANDE CHASSE AUX ANTILOPES AFRICAINES.

AUX

NOMBRES DESQUELLES L’ORYX ET LE GRAND

NOUS SOMMES ALLÉS LE VÉRIFIER À OZONDJAHE, EN PAYS HERERO NON LOIN DU PLATEAU DE WATERBERG.

PHOTOS : PAT31 - RALF GOSCH

KOUDOU.

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Aventure ◆

“Antilopen in Namibia” reportage et photos Guillaume Beau de Loménie

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“Antilopen in Namibia”

CET ANCIEN HÔPITAL MILITAIRE DE LA BATAILLE DE WATERBERG QUI EUT LIEU À UNE TRENTAINE DE KILOMÈTRES DE LÀ, A RETROUVÉ LA SÉRÉNITÉ D'UN LODGE DE CHASSE SOUS LE COUVERT DES GRANDS ARBRES. CI-DESSOUS, VORSICHT ! WARZENSCHWEINE ! (PRUDENCE ! PHACOCHÈRES !).

◆ U

n après-midi de juillet, nous quittons Windhoek. La petite ville plutôt pimpante, qui fut pendant moins de quarante ans la capitale de l’Afrique de l’Ouest (1884-1920) semble encore aujourd’hui profondément marquée par cette courtemaistumultueusepériodedel’histoirenamibienne.Ainsi, laissons derrière nous l’église luthérienne au clocher rouge et pointu sur laquelle semble veillerlastatueéquestreducapitaineCurtvon François. Si l’on oublie un instant que l’ensemble se situe sur l’avenue “Robert-Mugabe”, ce qui manque passablement de charme, il n’en confère pas moins aux alentours, des airs de petite ville rhénane, ou bavaroise, parfaitement insolites au cœur de ce désert brûlant et montagneux ou s’élève la capitale de la Namibie. Notre véhicule se précipite maintenant sur une route qui semble se confondre dans le lointain avec une ligne d’horizon qu’agite unesombrebrumedechaleur,etfonce,comme si nos vies en dépendaient,droit vers le nord. Là-bas à près de quatre heures de route,nous avons rendez-vous avec les antilopes qui sont l’apanage des chasses namibiennes.Mais le chemin est long avant de parvenir à destination,aussi avons-nous tout loisir de songer à la richesse de l’histoire du pays qui nous accueille aujourd’hui. Pourtant, longtemps la Namibie est restée une terre sans nom… En 1486, son premier “découvreur”, un navigateur portugais,Diogo Cão,plantera dans les sables d’une plage désolée, battue par des vents violents, tour à tour chargés de sel ou de sable, une colonne de pierre de deux mètres de haut, surmontée d’une croix, le “Padrao”. Un siècle plus tard, An-

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drew Battels, déserteur anglais de l’armée portugaise, s’enfuira jusqu’au cœur du pays ovambo, situé au nord de l’actuelleNamibie,dontilseralepremieràrapporterunedescription écrite.Près de deux siècles s’écoulent à nouveau,marqués seulement par quelques initiatives isolées, dont celle de Jacobus Coetse,en 1760.Ce chasseur d’éléphant hollandais qui résidait au Cap, alors possession batave, sera le premier à s’aventurer au-delà du fleuve Garib,rebaptisé plus tard Orange, en l’honneur de la famille royale hollandaise, et qui marque aujourd’hui la frontière entre l’Afrique du Sud et la Namibie. Il rapporte une description détaillée de la société nama qu’il côtoie, et loue son organisation sociale, sans oublier de faire une description minutieuse de la faune nombreuse des berges du fleuve, parmi laquelle, éléphants, rhinocéros et hippopotames vivent en grand nombre. À sa suite, une série d’aventuriers et d’explorateurs va s’enfoncer dans ces contrées arides, au-delà de ce fleuve si tranquille que borde de part et d’autre un désert rouge et brûlant qui se couvre chaque année au printemps, durant quelques jours seulement, de millions de fleurs aux couleurs éclatantes qui égayent cet âpre univers de sable,de roches et de cactus. On songe au Français François Le Vaillant qui,installé au Cap, deviendra l’un des plus célèbres naturalistes et ornithologues de son temps; il effectuera entre 1781 et 1784 plusieurs expéditions au cœur du Grand Namaqualand et audelà du fleuve Orange, expéditions qu’il racontera dans deux volumesdesouvenirsintitulésVoyagedansl’Intérieurdel’Afrique, qui connurent à l’époque un grand succès.

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Lorsqu’en 1795,les Anglais étendent finalement leur domination sur toute l’Afrique du Sud, ils ne manquent pas d’annexer les comptoirs établis par les Hollandais le long du littoral namibien, à Wallis Bay, Spencer Bay et l’île d’Halifax. Dans le même temps,cette partie du littoral est désignée pour la première fois dans l’Histoire sous le nom d’« Afrique du Sud-Ouest ». Le nom désignera bientôt l’ensemble du territoire de la future Namibie. À la suite des explorateurs, les missionnaires vont bientôt faire leur entrée en scène. Dès 1800, anglicans et luthériens britanniques, méthodistes allemands ou finnois prennent pied dans le Sud-Ouest africain. Ils s’enfoncent dans les terres et construisent sur leur chemin églises, missions et écoles. Pendantprèsd’undemi-siècle,laNamibievaconnaîtredes affrontements entre les diverses ethnies qui se disputent son territoire. Ces affrontements n’encouragent pas le peuplement par les colons européens d’Afrique Australe et,en 1870, la population blanche au nord du fleuve Orange ne dépasse pas les 150 personnes. Des convois d’immigrants Boers d’Afrique du Sud,de plus en plus en butte aux vexations anglaises, tentent l’aventure, mais ils sont décimés par la soif. Certains pourtant vont parvenir tout au nord, puis poursuivant leur quête, ils pénètrent en Angola où ils feront souche. Mais avec l’arrivée des Allemands en 1884,le peuplement du Sud-Ouest africain va connaître un nouvel essor grâce au développementcommercialquecettedominationvaentraîner, en particulier grâce à l’exploitation minière et diamantifère.

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“Antilopen in Namibia”

DEUX ORYX NOUS OBSERVENT, ILS RESTENT ICI L'ANTILOPE REINE. LES NAMIBIENS EN ONT FAIT L'UN DES ÉLÉMENTS CLÉ DES ARMOIRIES DU PAYS. CI-DESSOUS, LE SIÈGE DE L'ASSOCIATION NAMIBIENNE DES CHASSEURS PROFESSIONNELS, AVEC CETTE FOIS COMME EMBLÈME LE GRAND KOUDOU.

En 1885, Heinrich Göring est nommé commissaire impérial du Reich pour le Sud-Ouest africain.Le père du futur –et sinistre–maréchalduIIIe ReichsigneradiverstraitésaveclesHereros,l’une des ethnies majoritaire,et les Basters,descendants de colons hollandais et de femmes africaines du Cap qui se sont installés dans le centre du Sud-Ouest africain. En 1889, le capitaine Curt von François débarque à la tête d’un détachement d’une vingtaine d’hommes. Il construit un fort à Winterhoek,et l’année suivante le nom de la villeestgermanisé,etdevientWindhuck.Mais les Manas se révolteront, et von François ne parviendra pas à juguler ce mouvement. Il est relevé de ses fonctions,et remplacé par le majorTheodoreLeuwenquifiniraparvaincre les Manas. L’avènement du XXe siècle est aussi celui d’une des périodes les plus sombres de l’histoire namibienne. En 1904, les Hereros sesoulèventàleurtouretmènentdesattaques contre les fermiers allemands accusés de spoliation.Le général Lothar von Trotha est désigné pour mater cette nouvelle révolte.Il va le faire sans états d’âme… À la bataille de Waterberg, en octobre 1904, les Hereros défaits sont contraints de trouver refuge dans le désert du Kalahari.Mais Trotha a au préalable fait empoisonner les points d’eau. Des milliers de Hereros meurent ainsi de soif dans le désert. Les survivants sont impitoyablement pourchassés et assassinés… De 80000 individus avant la révolte, la population herero est réduite à 15000 peu avant la Grande Guerre… Après le premier conflit mondial, l’Allemagne va perdre sa colonie. Celle-ci est placée sous la tutelle de l’Afrique du Sud en 1920. Cette présence sud-africaine va durer jusqu’en

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C’EST L’UNE DES PARTICULARITÉS DE LA NAMIBIE DE POSSÉDER, COMME SA VOISINE L’AFRIQUE DU SUD DES ZONES DE CHASSE CLOSES… 1990. Le 20 mars de cette même année, la Namibie accède à l’indépendance, au terme de près de trente ans de conflits sanglants sur fondderivalitéstribales,delutteanti-apartheid et d’affrontement entre les deux blocs, Est et Ouest, au cours de la guerre d’Angola. Nous en sommes là de nos pérégrinations historiques lorsque nous quittons la grandroute qui s’enfonce vers le Nord, et bifurquons vers l’Est. Le relief se fait un peu plus accidenté,etàlamorneplatitudedu“bush”qui nousaaccompagnésdepuisledépartdeWindhoek, succèdent maintenant des collines éparses.De chaque côté de la route,de hautes clôtures de plus de deux mètres nous signalent la présence de zones de chasse.C’est une des particularités de la Namibie de posséder, comme sa voisine d’Afrique du Sud,des zones de chasse closes.Mais au contraire de la RSA,celles-ci ne sont pas une règle absolue, et il existe également, en particulier au sud de Windhoek,de nombreuses zones en terrain libre. CommeenAfriqueduSud,l’unedesraisonsquiontconduit à l’instauration de zones de chasse closes tient à la volonté de préserver le bétail des épizooties engendrées par certains gibiersaunombredesquelslesgnous.LenorddelaNamibieétant

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A l'Ile Maurice, chasser toute l'année le Cerf de Java avec Lionel Berthault et « Le Chasseur Mauricien ».

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“Antilopen in Namibia”

APPROCHE SUR UN GRAND KOUDOU. EN TERRITOIRE CLOS, IL APPARTIENT AU GUIDE D'OFFRIR LES MÊMES ÉMOTIONS QUE CELLES QUE FAIT NAÎTRE UNE CHASSE EN TERRAIN LIBRE. FRANÇOIS NOUS EMMÈNE À SA SUITE DERRIÈRE DE LONGS PISTAGES QUE NULLE CLÔTURE NE VIENT JAMAIS ENTRAVER.

moins aride que le Sud,c’est tout naturellement dans cette région que la majorité des éleveurs de bovins se sont implantés. Mais cette implantation de vastes troupeaux domestiques ne s’est pas faite sans dommage pour la faune sauvage,et dans de nombreusesrégions,legibieraétééliminésurunegrandeéchelle. Lorsdel’ouverturedelaNamibieautourismecynégétique, la réintroduction de gibier a été nécessaire dans de nombreuses régions, mais dans les zones d’élevage, cette réintroduction n’a pu se faire qu’au sein de zones closes.Le véritable essordelachasseenNamibieaeulieuaudébutdesannées1970. C’est d’ailleurs à cette époque qu’est apparue la nécessité de mettre en place une vraie réglementation permettant d’encadrer cette chasse sportive naissante. C’est en 1974, qu’a été créée la Napha, l’association des guides de chasse professionnels de Namibie.L’insigne de la Napha (Namibian Professional Hunting association) représente un grand koudou, et l’intitulé est également rédigé en allemand: Berufsjagdverband,signe de la forte imprégnation allemande qui existe encore en Namibie. La Napha, tout comme son homologue sud-africaine, la Phasa (Professional Hunters’Association of South Africa) est étroitement impliquée dans l’établissement des règles et réglementations qui président à la chasse en Namibie.

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Bientôt notre véhicule franchit un lourd portail de fer. Nous sommes à Ozondjahe.Au bout d’une interminable allée plantée de palmiers nains, une vaste maison basse au style un peu suranné, au toit pentu de tôle et aux murs peints, émerge d’un amas de végétation qui prend ici des allures d’oasis. En l’absence de Jérôme Lung dont la famille possède depuis trois générations l’un des plus vastes territoires de chasse privé de Namibie,noussommesaccueillisparAndréetFrançois,lesdeux guides de chasse de ce vaste territoire. Ils n’ont de Français que les prénoms, même si François nous avouera plus tard de fortlointainsancêtreshuguenots…Andréesttaillécommedeux buffles et a le teint rouge brique commun aux Saxons qui vivent sous le soleil d’Afrique. François est de taille plus modeste,tout aussi rouge,mais dans une tonalité moins apoplectique. Légèrement voûté en dépit de sa jeunesse, il éteint une cigarettepourmieuxrallumerlasuivante.Ilss’exprimentleplus souvent entre eux dans cette langue âpre et sans grâce qu’est l’afrikaans, et, qu’en 1900, Georges Lacy décrivit comme « un


ON DISTINGUE DANS LES FOURRÉS UN ORYX QUI NOUS A DÉJÀ REPÉRÉS. À DROITE, AU COURS D'UN PISTAGE FRANÇOIS ET TOM, UN JEUNE CHASSEUR, QUI, POUR SA PREMIÈRE CHASSE AFRICAINE, FERA MONTRE À TOUT INSTANT D'UNE GRANDE MAÎTRISE DE SOI.

“NOUS FINISSONS PAR DÉCOUVRIR LES GNOUS AU BEAU MILIEU D’UNE IMMENSE PLAINE PARFAITEMENT DÉSERTIQUE ET QUI N’OFFRE AUCUN MOYEN DE LES APPROCHER… mélange de néerlandais avili,d’anglais corrompu,et de petit-nègre de cuisine… [kitchen kaffir] ». Bientôt réunis autour d’un apéritif car l’heure du dîner approche,nous ne tardons pas à en savoir plus sur l’endroit où nous allons passer les huit prochains jours.Ainsi découvronsnouslasignificationdunomOzondjahe,“L’endroitdeshommes qui souffrent”en langue herero,fait directement référence à la maison où nous sommes réunis ce soir et qui fut transformée en hôpital militaire pendant la guerre contre les Allemands. En dépit de ce nom lourd d’un sinistre passé, l’ancien hôpital estredevenupournotreplusgrandplaisirunendroitaccueillant et chaleureux, et le jardin luxuriant qui l’entoure n’est pas étranger au charme qui se dégage de la grande maison que complète une série de bungalows,nichés dans la végétation,et au milieu desquels miroite l’eau turquoise d’une piscine. Le lendemain matin, nous faisons la connaissance des chasseurs que nous aurons l’occasion d’accompagner tout au long de ce séjour.Ils sont Américains,comme la grande majorité des chasseurs qui viennent à Ozondjahe,et d’une manière générale en Namibie.D’après nos guides,ce sont les chasseurs américains qui ont largement contribué à l’essor de la grande chasse en Namibie dans les années 1980. Pour nombre de

chasseurs d’outre-Atlantique, cette destination, comme sa voisine d’Afrique du Sud, constitue l’adresse idéale pour une initiationàlachassedugrandgibierafricain…Sansdoutepeuton s’étonner d’un tel jugement s’agissant d’une chasse en territoire clos qui ne saurait, aussi bien gérée soit-elle et aussi vastes soient les territoires, reproduire les conditions exactes d’une chasse en territoire libre. Peut-être aussi faut-il voir dans ce jugement ce qui est sans doute l’une des composantes de la chasse en Amérique du Nord et de la chasse au grand gibier africain en particulier, à savoir une activité“sociale”,qui se veut le reflet d’un certain “niveau de vie”.Il est donc de bon ton d’exhiber dans son salon ou son bureau des trophées de chasse,et si l’aventure,derrière, n’est pas toujours au rendez-vous, l’imagination et la verve du chasseur y pallieront… La méfiance affichée par le chasseur américain à l’encontre de nombre de destinations de chasseafricainetraditionnelles,enparticuliercellesdel’Afrique de l’Ouest francophone, est une autre raison. Cette crainte ou cette méfiance, nous l’avons à de maintes reprises constaté, sont souvent dues à une méconnaissance totale de ces destinations, voire de leur existence, en tous les cas de leurs particularités… Pour l’heure, nous partons en compagnie de Doug et de son fils Thomas,“Tom” pour les amis… L’un et l’autre chassent en Afrique pour la première fois. Le père est un grand et sympathique gaillard tout en verve et dont la poignée de main est aussi destructrice que son humour est ravageur… Tom, qui n’a que 18 ans, est dans un registre plus modeste, mais néanmoins prometteur;et le jeune homme fera en toute occasion preuve d’une bonne humeur et d’un enthousiasme qui est la marque des gens qui ne sont pas blasés.À l’arrière du véhicule de chasse découvert qui file maintenant sur les pistes de sable, il fait un froid polaire… >>

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“Antilopen in Namibia”

TOM SE GLISSE DERRIÈRE LE TRIPODE ET LENTEMENT PREND SA VISÉE SUR UN KOUDOU, À PROXIMITÉ NOUS ENTRAPERCEVONS UNE BANDE DE ZÈBRES BURCHELL (PHOTO DU CENTRE)… LA ZONE COMPTE AUSSI DES IMPALAS, DES COBS DEFASSA, DES GNOUS NOIRS, DES GNOUS BLEUS ET DES ÉLANS DU CAP.

DE

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NOUS AVANÇONS PLIÉS EN DEUX, PROFITANT DES COURTS INSTANTS DE PROGRESSION DE L’ANIMAL LORSQU’IL NE NOUS REGARDE PAS, POUR FONCER HALETANT, DROIT DEVANT NOUS…

AMUR

L’hiver austral coïncide avec l’été de nos latitudes, et malheur à celui qui l’oublierait. Si dans la journée les températures sont agréables, les petits matins sont… redoutables, et jusquetarddanslamatinée,uneparkan’estpassuperflue.Après deux ou trois premiers kilomètres,les animaux commencent à faire leur apparition. Sont-ils moins farouches que des animaux “de brousse” ? Difficile à dire… ils regardent passer notre véhicule sans manifester le moindre émoi, mais il en va de même avec bien des animaux en terrain libre! Nous croisons ainsi de petits groupes de cobs defassa,en particulier non loin des points d’eau aménagés en maints endroits de la concession. Ici et là des impalas, et des femelles de grands koudous (Tragelaphus strepsicero) dont le regard,que semble souligner une bande de poils blancs, nous suit longtemps après que nous les avons dépassés. Nous entrapercevons parfois dans un éclair de fortes bandes de zèbres de Burchell (Equus burchellii) qui détalent dans des nuages de poussières,tandis que les bubales rouges (Alcephalus caama), après un premier galop, s’immobilisent et nous dévisagent de loin. Quant aux oryx (Oryx gazella), ils paraissent de plus en plus nombreux.Animal emblématique s’il en est de la Namibie, il figure sur les armoiries dupays,cesbellesantilopessemblentnettementmoinssociables que leurs congénères et détalent à notre approche pour disparaîtredansunevégétationqui,pourêtrerelativementbasse,n’en semble pas moins particulièrement dense, et a tôt fait de les masquer à notre vue. Mais Tom, à qui son père semble avoir décidé de laisser carte blanche,a jeté son dévolu sur les gnous. Gnous noirs (Connochaetes gnou) ou gnous bleus (Connochaetes taurinus), ils sont présents en abondance mais pour le quart d’heure se soustraient à nos recherches.

Nous finissons par les découvrir au milieu d’une immense plaine parfaitement désertique et qui n’offre aucun moyen de les approcher.Si nous nous inquiétions de la furtivité des animaux, nous avons un début de réponse. À peine entrevoientilslevéhiculequelesgnousprennentlafuitedansunsourdmartellement de leurs dizaines de sabots sur le sol durci… pour s’arrêter quelques centaines de mètres plus loin. Déjà à terre, et dissimulés par quelques épineux, nous laissons repartir le véhicule et entamons une longue manœuvre pour nous placer

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SUNSET

LE TROPHÉE DU GRAND KOUDOU. “L’ANIMAL FAIT VOLTE-FACE ET VIENT VERS NOUS. NOUS SOMMES UN GENOU À TERRE, EN FILE, INDIENNE, IMMOBILES. IL AVANCE TOUJOURS, PUIS SE FIGE, BRUSQUEMENT, IL SEMBLE PRENDRE LA MESURE DU PÉRIL ET DE SA MORTELLE ERREUR.”

à bon vent et tenter notre chance. Disons-le tout de suite, la manœuvre réussira, en dépit de deux ou trois nouveaux départs fulgurants des gnous,mais tout aussi avortés que le premier, et au terme d’une petite matinée d’approche, la balle du jeune homme aura raison d’un fort respectable gnou noir qui le laisse ravi,et nous pour lui.Pour notre part,nous commençons également à penser que,clos ou pas,ce territoire n’est pas forcémentchosegagnéed’avance…Aucoursdesjourssuivants, Tom s’essaiera avec succès sur un impala et un très honnête cob defassa qui, pour son malheur, se sera trop éloigné du point d’eau où nous les trouvons d’habitude et où il est bien évidemment interdit de les tirer.Son père,quant à lui,a raison d’un fort bel oryx.Nous découvrons chaque jour un peu plus cette immense zone et,hormis cette clôture à laquelle immanquablement nous finissons par nous heurter,nous apprécions la beauté de cet endroit,la richesse de sa faune… Ainsi en sera-t-il de la chasse de ce grand mâle koudou qui va couronner notre expérience namibienne… Au cours de nos lentes déambulations sur les 30000hectares que compte Ozondjahe, nous avons déjà croisé de nombreux groupes de cessuperbesantilopes,surtoutcomposésdefemelles,etquisemblent savoir d’assurance que leur sexe les met à l’abri de nos visées mortelles.Il en va tout autrement des mâles… Pleins de méfiance, ils disparaissent à la moindre alerte, démarrant en trombe dès qu’ils nous aperçoivent, même à grande distance, traversant en trombe la piste devant nous,leurs longues cornes couchées sur l’encolure, et disparaissant dans les fourrés. Pourtant,celui que Tom a repéré se tient seul et immobile au milieu d’un espace désertique. Il nous aperçoit en même temps que nous l’apercevons.Mais il s’éloigne sans hâte,s’arrêtant et se retournant de temps en temps pour s’assurer de notre présence et de la distance de sécurité qu’il semble s’attacher à maintenir entre lui et nous.Nous avons laissé repartir

la voiture,comme lors de notre approche sur les gnous,mais si nous sommes à bon vent, notre seule vue pousse le grand solitaire devant nous.Nous avançons pliés en deux,profitant des courts instants de progression de l’animal lorsqu’il ne nous regarde pas, pour “foncer”, haletant, droit devant nous, tentant désespérément de raccourcir la distance qui nous sépare du grand mâle,nous figeant à chacun de ses arrêts,ou nous dissimulant derrière la moindre touffe de la maigre végétation… Mais peine perdue,l’antilope nous“sait”là… Nous commençons à nous fatiguer de cette épuisante approche,et que le soleil,haut maintenant,rend de plus en plus pénible.Nous envisageons de renoncer lorsqu’à plusieurs centaines de mètres devantnous,bienau-delàdukoudou,unvastetroupeaudegnous fait son apparition de ce petit galop si caractéristique qui est la marque de l’espèce et s’engage sur le vaste espace au milieu duquel trône le koudou. Un instant décontenancé, inquiet sans doute de cette intrusion inattendue, pressentant peut-être derrière celle-ci quelque péril,et semblant hésiter un instant entre deux maux, le grand koudou fait volte-face… et s’en vient vers nous.Nous sommes un genou en terre, en file indienne, immobiles. L’animal parcourt quelques dizaines de mètres, se rapprochant insensiblement.François se redresse tenant devant lui le tripode de bois qu’il entreprend de déployer devant lui.Tom se relève à son tour. Le koudou avance toujours, puis se fige. Tom se glisse derrière le tripode,prend sa visée sur l’animal qui,brusquement, semble saisir le danger et comprendre sa mortelle erreur. Il esquisse une volte-face, et la balle du jeune chasseur qui le jette à terre nous renforce dans l’idée que la Namibie est un vrai pays de chasse… ◆

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Nous remercions Jérôme Lung de nous avoir accueillis sur sa propriété. Club Faune,14,rue Siam,75116 Paris.Tél.:01.42.88.31.32. Sur Internet:www.voyagesdechasse.com Email:info@voyagesdechasse.com

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Reportage ◆

Sur la voie du sorcier de la forêt reportage et photos Bruno de Cessole

NULLE VÈNERIE N’EST AUSSI SAVANTE ET DÉLICATE QUE CELLE DU CHEVREUIL, ET N’EXIGE AUTANT DE

UN ART DANS LEQUEL LA MEUTE ET LES MAÎTRES DU RALLYE TEMPÊTE, ÉQUIPAGE EXEMPLAIRE À BIEN DES ÉGARDS, ONT PEU DE RIVAUX.

Silechevreuil,écrivaitGastonPhé-

bus dans son Livre de la chasse,était une aussi belle bête que le cerf, « je tiens que ce serait la plus belle chasse » tant l’animal sait fuir « trop bien longuement et malicieusement ». Pour avoir chassé tous les animaux courables de France, de Navarre,etmêmed’Europe,legrandveneur gascon savait de quoi il retournait, et pas un des maîtres de la vènerie, du Moyen Âge au début du XXe siècle,n’a démenti son propos. Au chevreuil, les chiens ne prennent qu’une fois sur trois en moyenne, et bien des meutes prennent moins encore.C’est dire si un équi-

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page qui prend régulièrement plus de trente animaux en moyenne, par saison, peut être regardé comme exceptionnel, même en tenant compte que les chiens sont découplés trois fois par semaine. Le Rallye Tempête illustre cette exception, mais aussi quelques autres qui en font un équipage exemplaire à plus d’un titre de la vènerie de ce début de siècle.Aussi ne nous sommes-nous pas faitprierpourrépondreàl’invitationdes maîtres d’équipage, Pierre-François et Marie-Hélène Prioux,de suivre un laisser-courreenforêtdeFontainebleau,qui plus est,le jour de la Saint-Hubert.Pour

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touslesveneurs,laSaint-Hubertmarque le début solennel de la saison de chasse, le moment où l’on endosse pour la première fois la tenue de l’équipage, où les nouveaux boutons sont intronisés, où l’affluence est la plus grande. L’atmosphère est à la fois recueillie, passionnée,mais aussi tendue,car,en raison du nombre des participants et des suiveurs en voiture, le succès n’est pas toujours au rendez-vous et l’on sonne plus souvent la Rosalie que la retraite prise. Encematindenovembre,lenombre de vans et de voitures garés aux abords du rendez-vous,dans une clairière de la forêt,attestedelapopularitédelavènerie

PATRICK IAFRATE

PERSÉVÉRANCE.


NICOLAS LARENT

UN ATHLÈTE COMPLET

LE CHEVREUIL (CI-DESSUS) EST L’ANIMAL DE VÈNERIE LE PLUS DIFFICILE À PRENDRE, CAR IL RÉUNIT EN LUI LA FORCE, LA FINESSE ET L’INTELLIGENCE. SA CHASSE SUPPOSE DES CHIENS TRÈS FINS DE NEZ ET CONVAINCUS

(CI-DESSOUS, LES POITEVINS DU RALLYE TEMPÊTE).

UN ÉQUIPAGE FAMILIAL ET CONVIVIAL

AU RALLYE TEMPÊTE, LA MOYENNE D’ÂGE EST JEUNE (CI-CONTRE CÉCILE PRIOUX, L’UNE DES FILLES DES MAÎTRES D’ÉQUIPAGE) ET TOUT LE MONDE EST PRIÉ DE PARTICIPER

(MÊME LES SUIVEURS, CI-DESSUS

EN VOITURE À CHEVAL) QUITTE À COMMETTRE DES ERREURS.


Sur la voie du sorcier de la forêt UN RENDEZ-VOUS TRÈS COURU : LA SAINT-HUBERT

VÉRITABLE OUVERTURE DE LA SAISON, LA SAINT-HUBERT DRAINE UN LARGE PUBLIC. LES GROUPES DE SONNEURS (CI-CONTRE) REHAUSSENT LA MESSE DE LEURS TROMPES ET LES SPECTATEURS SE PRESSENT AU RAPPORT

(EN BAS). AU MILIEU, MARIE-HÉLÈNE PRIOUX, ENTRE SON FILS PHILIPPE, ET SON MARI, PIERRE-FRANÇOIS.

en général et du Rallye Tempête en particulier.Àcôtédesboutonsdel’équipage, et des suiveurs habituels, voici des groupes de sonneurs, dont celui de Pierre-Marc Malhet, et de nombreux Bellifontains venus assister à la messe de Saint-Hubert et au laisser-courre. On ne dira jamais assez combien ces messes célébrées en plein air, rehaussées par l’éclat des cuivres et des chants, ont un charme prenant.Sur le côté,derrière Philippe Prioux, le fils des maîtres d’équipage,qui mène les chiens,les Poitevins se signalent par une discrétion et unesagesseexemplaires,dontcertainsfidèles, au recueillement intermittent – c’est la rançon d’une célébration au cœur de la forêt!– pourraient s’inspirer… Après la rituelle bénédiction des chiens vient le moment tant attendu du rapport,et de la remise des épingles aux nouveauxboutons.L’atmosphèreesttrès différente de celle de certains équipages degrandevènerie:pluschaleureuse,plus conviviale, moins protocolaire, même si l’on sent bien l’attachement aux traditions et à l’éthique de la vènerie.On est là avant tout pour chasser, et bien chasser,nonpoursemontreroupapoterentre gens du même monde. Un silence attentif accueille le rapport de Jean-Claude,qui a connaissance d’un chevreuil route de la FontaineSainte-Marguerite, et d’un autre, CarrefourdeJoinville.Pierre-FrançoisetMarie-HélènePriouxdécidentdedécoupler les trente-quatre chiens sur la première brisée.L’assistance se disperse,les cavaliers se dirigeant vers leurs chevaux, les suiveurs vers leurs voitures ou leurs vélos, tandis qu’une anachronique voiture à cheval accueille même quelques habitués.Quelquesbienallersjoyeuxsaluent le départ vers l’enceinte d’attaque. Ce qui frappe d’emblée au Rallye Tempête, c’est la jeunesse et l’enthousiasme

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des participants,et,surtout,l’impression d’un esprit d’équipe particulièrement développé. Pas de piqueux salarié ici, c’est en famille que les responsabilités se partagent et cet esprit familial paraît avoir imprégné tous les membres de l’équipage. Arrivés à l’enceinte d’attaque, les chiens rapprochent et lancent rapidement. Sur la route de la Haute-Borne, un cavalier sonne la compagnie:unechevretteaccompagnéed’unbrocard,oud’un jeune.LeschienstournentdanslesplatièresdelaHaute-Borne etseséparentalorspourformerdeuxchasses:vingt-sixchiens maintiennent la chevrette tandis que huit autres chassent le second animal, qui s’est avéré être un brocard. Ces derniers sont vite arrêtés par le maître d’équipage et remis en meute au moment où la chasse repasse la route de la Haute-Borne, faisant tête vers le carrefour des Aiguisoirs. La chevrette bute aux cavaliers et recule sur les platières des Béorlots.Les chiens repassent à nouveau le goudron au droit du carrefour NeufetdescendentdansleBois-RondparlavalléedelaGorgeaux-Archers. Seuls trois cavaliers, dont la maîtresse d’équipage,parviennent à rester aux chiens.En raison du relief escarpé,lesautrescavaliersnepeuventsuivreletrainnientendre se récrier les chiens. La chasse monte sur les platières de la Touche-aux-Mulets. Une partie des chiens mettent bas et se rallient à Marie-Hélène Prioux qui a l’intuition que les chiens de tête percent.De fait,mais derrière trois chevreuils. Ils sont arrêtés et remmenés,enentendantHurlevent qui chasse seul. Arrivent à leur rencontre les chiens emmenés par la maîtresse d’équipage, et la meute reconstituée empaume bientôt la voie, devancée de peu par le chien de tête. Les chiens descendentlaroutedeMilly,oùune vue confirme qu’il s’agit bien de l’animal de chasse. À l’aqueduc de la Vanne, quelques chiens balancent, faisant croire à un change. Mais, quelques minutes plus tard,ces chiens sont de nouveau en tête,descendant le rocher de la Reine.La chasse coupe la route Descamps.Une bonne vue atteste,peu après, que l’animal passe la route de la Haute-Borne. Il prend de l’avance et double ses voies. Celles-ci sont difficiles à démêler et mènent les cavaliers jusqu’au bornage d’Achères. La chevrette est relancée,vue par Jean-Charles Prioux,et recule jusqu’au Bois-Rond,couvrant d’une seule traite une longue distance.Elle revient sur les Aiguisoirs où elle met les chiens en défaut. Le défaut est bien relevé par Marie-Hélène et Philippe Prioux, et la chasse redescend dans le Bois-Rond. Les chiens sont très criants. La chevrette fait la route Descampsetestvuerentrantdansunepetitemareoùellesecouche sous un houppier de pin.Le maître d’équipage sonne le bâtl’eau. Les chiens rallient, tournent autour de la mare et coiffent leur animal. Trente-trois chiens sur trente-quatre sont présents à la prise, après quatre heures de chasse. Un succès

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Sur la voie du sorcier de la forêt UNE CHASSE IMPRÉVISIBLE

DÈS LE LANCER (CI-CONTRE PHILIPPE PRIOUX) NUL NE PEUT PRÉVOIR COMMENT LA CHASSE ÉVOLUERA ET SURTOUT COMMENT ET À QUELLE HEURE ELLE S’ACHÈVERA, TANT LE CHEVREUIL EST UN MAGICIEN QUI ABONDE EN RUSES DE TOUTES SORTES.

C’EST POURQUOI LA PLUPART

DES ÉQUIPAGES DE CHEVREUIL PRENNENT TRÈS PEU ET PEU SOUVENT.

À DROITE,

CAVALIER ET BOUTON À VÉLO EN OBSERVATION.

de plus dans l’histoire de cet équipage hors normes et qui bouscule les images stéréotypées que l’on peut avoir de la vènerie. Et pourtant, quelle chasse est plus ingrate et plus ardue que le courre du chevreuil ? Là-dessus Pierre-François Prioux est intarissable, comme tous les passionnés : « C’est, dit-il, l’animal de chasse qui réunit la force,la finesse et l’intelligence.Un véritable athlète,léger,musclé,résistant,qui peut courir vite et longtemps.Le seul à allier ces trois qualités,à la différence du cerf et du sanglier. Le chevreuil est imprévisible,de là que sa chasse est magique et si délicate.Se sachant moins fort que les chiens et ne tenant pas les abois, il ruse sans cesse. Son courre suppose des chiens très fins de nez,des chiens artistes. Unemeutedechiensdechevreuils,c’esttrente individualités,des chiens qui doivent chasser par plaisir.Car un chien pas convaincu va s’arrêter au deuxième défaut et renoncer,ou donner dans la facilité et chasser un change.» Le chevreuil est aussi un comédien né,capable après trois heures de chasse, lors d’une vue,de marcher d’assurance, la tête haute, le jarret tendu, comme s’il n’avait pas été chassé… Sur ses fins, au rebours du cerf et du sanglier,il n’a plus de sentiment. De sorte qu’un chevreuil hallalicourantestloind’êtrepris.Comme dit le dicton:“Le chevreuil est un animal facile à chasser et difficile à prendre, alors que le cerf est difficile à chasser et facile à prendre.”C’est une chasse où le veneur ne peut pas intervenir beaucoup et où il faut faire confiance aux chiens. «Pourchasserlechevreuil, conclut PierreFrançois Prioux, il faut un grain de folie, car on ne peut jamais rien prévoir. C’est une chasse très technique et peu spectaculaire,qui postule du sérieux,de la ténacité, et un grand sens de l’observation.Dans un équipage,très rares sont ceux capables de porter un bon jugement sur l’animal de

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chasse.Prendre un chevreuil ça se mérite.Ça ne se prend pas par hasard.» Pourtant, c’est un peu par hasard, à la billebaude, que tout a commencé pour le Rallye Tempête.Dans la Nièvre,au début des années 1980. Étienne Prioux, le père du maître d’équipage actuel,chassait avec des chiens courants,les griffons nivernais, vieille race de chiens de loup et de sanglier qui fit les beaux jours des chasseurs morvandiaux pendant des générations. Sous l’affixe “de Champréaux”, ses chiens remportèrent de nombreuses compétitions. Avec sa meute de quarante chiens,ilchassait,enfamille, à pied,ou à cheval,dans des parcs et enclos.C’est à Cossaye,près de Decize,village dont les Prioux étaient originairesquePierre-François Priouxrencontrasafemme, Marie-Hélène, issue d’une famille de meuniers dont le moulin fut en activité jusqu’en 1976. La chasse était une passion commune : chasseauxchiensd’arrêtdu côté de Marie-Hélène, chasse aux chiens courants du côté de Pierre-François Prioux. Mariés à 20 ans,tous deux étaient enseignants –un milieu où la chasse n’a pas une bonne réputation!– et étaient cavaliers. À 25 ans,en 1980,ils prennent la décision,pour le moins audacieuse, de créer leur propre équipage de vènerie, sous le nom de Rallye Tempête, en hommage à une chienne, griffon nivernais, de la meute familiale. Étienne Prioux devient maître d’équipage, Jean-Charles, son autre fils, président, et Pierre-FrançoisetMarie-Hélène,maîtresd’équipageadjoints. Le choix de l’animal de chasse –le chevreuil– était à la fois un choix par défaut et par raison. En Seine-et-Marne, où sont fixés les Prioux,existaient déjà deux équipages de cerfs, et aucun de chevreuil. D’autre part, il était plus facile de se lancer dans la vènerie du chevreuil qui exige moins de moyens (une vingtaine de chiens).Il n’empêche,cette décision tenait de l’acte de foi. « C’était, se souvient Pierre-François Prioux, une entreprise assez folle.Malgré un accueil sympathique de Pierre Bocquillon et de Diego de Bodard,à la Société de vènerie,ainsi que de Frédéric Poisson,le maître d’équipage du Rallye de la Brie,qui nous a“reconnus”,tout le monde nous prédisait que nous allions nous casser le nez.Au début,nous n’avions qu’un van et trois remorques.Mais d’emblée,nous avons tenu à respecter et faire respecter l’esprit vènerie: tenue impeccable,trompes astiquées,chevaux toilettés,arrivée à l’heure,courtoisie de mise envers les autres usagers de la forêt.Nous n’étions qu’une poignée à chasser:mon père, mon frère et quelques amis.Aujourd’hui, nous avons une centaine de cotisants dont une quinzaine de jeunes ». Pour corser les difficultés, les Prioux avaient choisi de chasser avec leur ancienne meute de griffons nivernais, chiens rarement utilisés dans le courre du chevreuil. Avant l’attaque,les griffons étaient bien en meute,mais leur carac-

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tère entier rendait les laisser-courre difficiles. Bien gorgés et appliqués, mais assezlents,ilssedésorganisaientvitedans le change. Durant les trois premières années,les chasses se déroulent en forêt deVillefermoy,dansleparcdelaGrandeCommune, et sur invitations privées. Sans jamais conclure ! Force est de constater que, dans des forêts vives en animaux et coupées par nombreuses routes, il est trop difficile de découpler avec cette race de chiens dans la voie du chevreuil. À regret, la décision est prise de repartir à zéro avec des chiens d’ordre, blancs et noirs,et tricolores,donnés par des équipages amis, et complétés par deschiensderéforme.Aprèsdedélicates négociationsavecl’ONF,celui-ciaccepte d’ouvrir la forêt de Pontigny (1000 hectares)dansl’Yonne,etlaforêtdelaCommanderie (700 hectares), en Seine-etMarne.Jusqu’en1993,leRallyeTempête découple une fois par semaine.Le massif de Pontigny, difficile à chasser, est une bonne école pour les chiens et les veneurs, qui prennent peu mais apprennent beaucoup. Cependant, l’accroissement du trafic routier et les dégâts causés par une tempête les contraignent à abandonner Pontigny. C’est alors que Bernard Pignot, maître d’équipage du Rallye Les Amognes, les invite à découpler en forêt de Tronçais, tandis que,de l’autre côté de la Loire,la forêt des Bertranges s’ouvre au courre du chevreuil. À partir de 2001, l’équipage adjuge lesforêtsd’Orléans,Fontainebleau,Bertranges,etVillefermoy,autrementdittrois des plus beaux massifs forestiers français, ce qui ne laisse pas de susciter quelquesjalousiesdanslepetitmilieude la vènerie. Chacune des forêts où découple le Rallye Tempête présente des caractéristiques, des contraintes, et des difficultésdifférentespourlachasse.Fontainebleau, commente Pierre-François Prioux,est une forêt splendide mais dif-

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ficile à cause des barres rocheuses qu’il fautcontournersurplusieurskilomètres, et pendant ce temps les chiens sont livrés à eux-mêmes. Autre handicap: les routes,troisnationales,trèspassantes,sur lesquelleslesautomobilistesroulentvite. Donc dangereuses pour la meute,et notammentpourlesjeuneschiens,quel’on évite donc de découpler dans ce massif. Force est d’avoir des chiens sages et sous le fouet,et des boutons qui font les grands devants pour les arrêter en cas de besoin. Orléans, massif qui n’avait jamaisconnulavènerieduchevreuil,possède des enceintes très grandes et très fourrées,avec une densité de chevreuils forte,mais on peut mettre un gros poids de chiens afin d’éviter le change. C’est la forêt où l’on compte en cours de saisonunoudeuxbât-l’eau.LesBertranges, magnifique forêt, offre la particularité d’avoir une densité exceptionnelle de chevreuils.Depuissixouseptans,lessangliers y sont de retour, de sorte que les chasseurs ne tirent plus les brocards.Le change est constant et les chiens chassent à vue. Le train est rapide. Autre difficulté: la grande quantité de cervidés, qui freine la chasse. La Commanderie est une petite forêt, en forme de couloir, qui représente un lieu d’entraînement pour les jeunes chiens.Ce fut la première forêt adjugée, et repeuplée en chevreuils par l’équipage, d’où l’attachementsentimentalqueluivoueleRallye Tempête.Villefermoy, enfin, forêt de chênes qui rappelle Tronçais,est vive en chevreuils,et compte beaucoup de propriétés privées sur la périphérie.Le Rallye Tempête n’y découple qu’en fin de saison. Compte tenu de l’éloignement des territoires de chasse, le nombre des boutons varie selon les forêts : ils sont entre quarante et cinquante à cheval à Fontainebleau,trente à quarante en Orléans,entre dix et quinze en Bertranges. Un équipage de vènerie, ce sont d’abord des chiens.À cet égard le Rallye Tempête se distingue de la plupart des

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çois Prioux, l’idée était de ne pas imiter les équipages traditionnels : faire une vènerieouverte,accueillante,notamment auxjeunes,d’oùunprixdecotisationtrès raisonnable. Faire en sorte que chacun viennepourchasser,nonpoursuivre,que tout le monde soit actif,même au risque de commettre une erreur,ce qui est préférable à ne rien faire.Tant pis si des cavaliers,enfaisantlesgrandsdevants,barrent l’animal,tant pis si on sonne la vue ou le relancé sur un change ! De toute manière, le maître d’équipage se flatte denejamaissefâcherencoursdechasse. C’est après que les problèmes et les litiges se règlent. « Il faut que la chasse reste un plaisir, poursuitPierre-FrançoisPrioux,maisne pasl’envisagerendilettante.Ilfautprendre, pour que les chiens soient et restent créancés.Après un échec, il y a une cellule de crise.On cherche pourquoi les chiens n’ont pas pris.Au terme d’un quart de siècle de vènerie,nous ne sommes jamais blasés.Les veilles de chasse,on a du mal à s’endormir, onélaboredesstratégies,onréfléchitauchoix deschienspourlelendemain…»Longtemps professeur d’histoire, Pierre-François Prioux estime que la vènerie est plus qu’un art de vivre,elle fait partie du patrimoine français. « C’est, assure-t-il, presque une religion.Il faut en accepter les devoirs et les contraintes,être rigoureux sur les règles.Si elle attire tant de spectateurs c’est pour la permanence de ses rites et la beauté qui en émanent.Être propre et soigné ne coûte pas cher.La fête de laVènerie, au Grand Parquet de Fontainebleau, que nous organisons depuis 2003,draine 30000 spectateurs chaque année.Notre ambition est de parvenir à 50000.C’est un gros travail,qui exige une communication intense, mais il faut donner l’exemple. C’est à ce prix que la vènerie perdurera.» ◆ Nous remercions Pierre-François et Marie-Hélène Prioux ainsi que les boutons du Rallye Tempête sans lesquels ce reportage n’aurait pu se faire.

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À Grandvilliers, le petit gibier est roi

◆ En dix ans, sur les 16000 hectares du GIC de Grandvilliers dans l’Oise grâce à un piégeage et à des aménagements constants, le petit gibier sédentaire est revenu, que cela soit la perdrix grise, le lièvre et plus encore le faisan dont la réintroduction a été couronnée de succès.

Il est de bon ton – et avec raison–d’écrireetdedireque la vitalité de la chasse française passe par le retour du petit gibier.Un travail harassant,éreintant et souvent démoralisant,carlepireennemi de celui qui se lance dans une telle aventure est la solitude qui vous fait douter et bien souventrenoncer…Enforce, ennombre,toutn’estpasplus facile,maistoutestfacilité.Témoin,l’expériencemenéepar le groupement d’intérêt cynégétique (GIC) de Grandvilliers,au nord-ouest du département de l’Oise,dont les résultats font tout simplement rêver. Ainsi,aucoursdecesquatre dernières saisons, sur les 9 000 hectares du GIC, ce sont,enmoyenne,prèsde400 lièvres, de 600 perdrix et de 800 faisans qui ont été tirés (jusqu’en mars 2009).Certes lesespritschagrinsdirontque compte tenu de l’importance de la superficie, le tableau peut paraître somme toute moyen… Mais on pourrait leur rétorquer que l’histoire et le succès de ce groupement sont à bien des égards exemplaires. Tout commence en 1998 quand un groupe de chasseurs décide d’entreprendre une action commune pour 100

préserver les populations résiduelles de petit gibier et aménagerleterritoire.«Comme partout ailleurs,nous étions lasdeconstater,impuissants,une baissedespopulationsdeperdrix grises.Où étaient,en effet,les densités de notre enfance? » se

suffisanterégulationdesprédateurs… Dix-neuf adhérents répondent à l’appel (dont 4 propriétaires privés) pourunesurfacede4500hectares. Le groupement fera des émules puisqu’en 2003,il re-

souvient Jean-Pierre Coet,le président actuel. Ils choisissent la structure du GIC qui a l’immense avantage de proposer une gestion commune tout en continuant à chasser chez soi,sous l’œil d’un technicien cynégétique de la Fédération départementale des chasseurs,chevilleouvrièrede cette expérience. Auparavant,il était impossible de coordonner les activitésdeschassescommunales par, notamment, manque de concertation, et par une in-

présentera 7900 hectares (et trente-huit adhérents), puis 9100 pour atteindre dernièrement – c’est-à-dire en avril dernier – environ 16000 hectares, composé très exactement de 45 chasses privées et de 26 sociétés de chasse communales,soit en tout 585 chasseurs. Mais pour JeanPierre Coet, la taille maximum a été atteinte. « Certes, souligne-t-il,ilreste10%d’enclaves en dehors du GIC.Mais cela n’est pas grave car ils sont soumisauxdiversplansdechasse

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petit gibier.» Quant aux terres mêmes, elles s’étendent au nord-ouest du département autour de Grandvilliers sur trois vallées parallèles offrant une succession de champs de grandes cultures, mais de tailleraisonnable(10hectares au maximum), entrecoupés debosquets,deborduresboisées et de quelques massifs forestiers pour environ 10 % de la surface totale. Les cultures sont constituées d’une prédominance de blé d’hiver ou de printemps,puis de betteraves,de colza – de plus en plus présent –, un peu de maïsfourrageretdeféveroles. Leur première priorité ? « S’occuper des prédateurs »,affirment les dirigeants. En effet, puisqu’on dénombre pas moins de 15 piégeurs agréés. Pour le renard,des tirs de nuit sont organisés, une battue a lieu tous les ans en janvier sur l’ensemble du GIC, sans compterlestirslorsdechasse, d’affût et lors de séances de déterrage. Les résultats sont pour le moins spectaculaires: dès1998,260renardssontéliminés. Pour les années suivantes,ils seront entre 120 et 200 auxquels s’ajoutent 400 corneilles, et une centaine de pies (à l’aide de cages-appelants),si destructeur pour les couvées.


PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - HERBERT KRATKY

En parallèle,et de manière progressive, seront installés desagrainoirssurlabased’un pour 5 hectares – voire 20 dans certaines zones –, pour atteindre 1 600 en 2008, et 67… tonnes de blé. « Notre chance est que nous avons peu de sangliers,donc peu de risques qu’ils anéantissent les agrainoirs »,explique-t-on du côté du GIC. Qui plus est, des cultures à gibier sont semées sur une centaine d’hectares dès 1998 (à base de choux, d’avoine, de sarrasin ou de sorgho fourrager),qui se sont malheureusement réduites à 20hectaresdepuisladécision de supprimer les jachères il y a trois ans. En revanche, et heureusement, les agriculteursontpusemerdelamoutarde après la récolte des céréales à une époque où les terres sont nues (ce qui rend le gibier,notamment les perdrix grises, très vulnérables face aux prédateurs ailés).

Une vue du territoire qui s’étend… sur trois vallées. Faisan commun. Entre 2002 et 2005, 8 000 faisans ont été lâchés, avec une suspension de la chasse. Grâce à une gestion drastique, on comptait en 2008, 1 800 coqs chanteurs. Page de gauche, Jean-Pierre Coet, le président du GIC.

« Nous avons vu nos efforts récompensés assez vite », constate Jean-Pierre Coet. Ainsi,les populations de perdrix grises sont passées de 15couples aux cent hectares en 1997 à 29 couples en 2003, puis 37 couples en 2007.Hélas, à la suite de deux printemps catastrophiques (le froidetlapluieabondanteont anéanti nombre de couvées), lapopulationestredescendue

à 19 couples au printemps 2009. Chaque année, pour établir le plan de chasse – mis en place en 2008 pour la perdrix (auparavant ce n’était quedesrecommandations)–, leGICorganisedeuxséances decomptagequimobilise150 personnes des villages avoisinants:unpremiersedéroule en mars pour recenser le nombre de couples, un second en septembre pour éva-

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luer la qualité de la reproduction. Les tableaux de perdreaux suivront ces tendances : 626 oiseaux seront tirés lors de la saison 2000-2001,puis 990 en 2003,avant de retomber à 409 oiseaux en 2007… Compte tenu de la reproduction catastrophique, le GIC a décidé de ne pas tirer un seul oiseau lors de la saison 2008-2009. >>

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Sur le terrain Sur le terrain

stable de l’ordre de 20 animaux aux cent hectares (avec desextrêmespouvantallerde 6 à 40), ce qui autorise des plans de chasses raisonnables. Le tableau oscille de 268 lièvres en 1999 à 420 en 2004, soit un lièvre par chasseur pendant les quatre dimanches qui suivent l’ouverture ; puis depuis le tableau a été porté entre 600 et 800 lièvres (àraisonde2lièvresparchasseur pendant les dimanches autorisés).

Un lièvre et, à gauche, une compagnie de perdrix. Les densités de ces dernières étaient montées jusqu’à 39 couples aux cent hectares, avant de retomber à 19 couples après deux saisons de reproduction catastrophiques. En bas, une autre vue du territoire.

Sans conteste, la réussite la plus éclatante du GIC de Grandvilliers est la réimplantation du faisan depuis quelques années, un exploit lorsqu’onconnaîtl’erratisme légendaire de cet oiseau.

« Nous avons profité des efforts constants de piégeage et des aménagementsagricolespourla perdrix»,constateJean-Pierre Coet.En trois ans,de 2002 à 2005 (sauf pour les communes ayant intégré le GIC récemment),8000faisansont été lâchés – financés par moitiéparlafédération–surl’ensemble du territoire à l’aide de simples volières de prélâchers(4mètressur4,avecune vingtaine d’oiseaux de 8 semainespendantunesemaine environ), et non de grandes

PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - HERBERT KRATKY

Cette rigueur de gestion vaut aussi pour le lièvre, bénéficiaire d’un plan de chasse depuis 2005 (avant, comme pour les perdrix,il ne s’agissaitquedesuggestions).Mais à la différence de la perdrix, les populations sont d’abord évaluées en février et en mars par la méthode de l’indice kilométrique (évaluation sur un parcours en voiture identique chaque année),puis en mars lors du comptage de perdreaux.La densité de capucins a toujours été assez

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Sur le terrain

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Sur le terrain

volièresàcielouvert.Pendant toute cette période, et selon les accords signés avec la fédération départementale, la chasse du faisan a été suspendue. Comme pour les autres gibiers, le niveau des prélèvements a été dicté par le résultat des comptages. Le comptage dit “au chant” qui a lieu au mois d’avril, mobilise aussi 150 personnes qui noteront sur un secteur précis les oiseaux vus,entendus, coqs et poules. L’ensemble de ces observations seront ensuite analysées et exploitées par le technicien de la fédération, qui pourra se faire une idée assez précise du cheptel faisan au début du printemps. Les résultats obtenus en disent plus longs qu’une longue démonstration : de 54 coqs chanteurs dénombrés en 2003 sur 7 900 hectares, on passe à… 987 en 2005 et à 1800en2008,certescettefois sur 9150 hectares.

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Autres images de perdrix grises. Un gibier qui reste tributaire des conditions climatiques difficiles notamment au printemps. Froid et pluie abondante peuvent anéantir nombre de couvées.

C’est ce qui s’appelle une implantation réussie qui sera d’ailleurs vérifiée avec un nouveau comptage en septembre pour contrôler l’état de la reproduction (6,11 jeunes par poule lors de la dernière saison), qui sera la base pour les autorisations de tir.Ainsi, le nombre d’oiseaux tués (chassé moitié en battue,moitié devant soi) est passé de 29 en 2004,386 en 2007, 560 en 2008, et 1 000 cette année. Afindelaisserunebellepopulation d’adultes pendant l’hiver, la date de fermeture de la chasse est fixée au 15 décembre. Autre indice de la

réussite de l’expérience, sur les oiseaux tirés, seuls 1,6 % portait une bague (c’est-àdire lâchés avant 2005), tout le reste provenant donc de la reproduction naturelle. On le voit : la réussite de Grandvilliers est exemplaire, car le groupement a réussi danstroisespècesdepetitsgibiers. On comprend que ces résultatsexpliquentengrande partie le regroupement qui s’est opéré autour du GIC de Grandvilliers en dépit des contraintes qu’il impose… D’ailleurs, à cet égard, l’Oise

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est un exemple : une commune sur deux s’est,en effet, mobilisée pour le développement du petit gibier après lelancement,l’annéedernière, par la fédération,des conventions de gestion,conventions qui recommandent, entre autres, un certain nombre d’aménagements,quecelasoit pour la perdrix grise,le lièvre, ou encore le faisan. Maislesdirigeantsetlesacteurs de Grandvilliers savent pertinemment que rien n’est jamais acquis. Pour preuve l’expérience confirme l’extrême fragilité des populationsdeperdrixgrisesdontla réussite ou l’échec restent grandement tributaires des conditions climatiques difficiles. Il n’en demeure pas moins qu’à l’heure où beaucoup de gestionnaires de territoires s’inquiètent des difficultés à réimplanter ou à maintenir le petit gibier, les efforts du GIC de Grandvillierssontunesuperbenote d’espoir. ◆


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Un inconnu nommé cocker spaniel

◆ Son petit format et sa beauté ont fait de lui un chien de compagnie au détriment de ses qualités cynégétiques. Pour autant, il reste d’excellents cockers dont la résistance et la maniabilité ne sont pas à démontrer.

Il est des chiens sur lesquels on s’attarde rarement car ils semblent trop connus, pour ne pas dire trop communs, qu’ils méritent à ce titre tout juste l’indifférence quand ce n’est pas de la condescendance, quitte à se fourvoyer de la plus belle des manières…Lecocker-spaniel enfaitassurémentpartie.Difficile en effet de ne pas connaître ce chien musclé, au regard expressif, aux oreilles longues et soyeuses, à la robe feu, foie ou orange, immortalisé entre autres par la célèbre bande dessinée des années 1960 Boule et Bill.Au vrai,rien qu’en 2007,plus de 5 000 naissances de cockers ontétéenregistréesenFrance. À titre de comparaison,il n’a été comptabilisé que 1 500 naissances de son cousin presque germain,le springer spaniel. Populaire ne signifie pas pour autant qu’il soit exempt de ces polémiques dont raffolent les propriétaires de chiens,cynégétes ou non.Les chasseurs font souvent une moue dubitative, trouvant que ce leveur de gibier est souvent intenable, au caractère trop affirmé, donc trop indépendant, même s’ils ne remettent pas en question sa résistance proprement hors 106

Cocker au rapport. Aussi à l’aise au marais qu’au fourré, il ne craint pas les endroits sales et explore son terrain avec persévérance.

ducommun.D’autres,encore plussévères,mettentcettefois en doute leurs qualités cynégétiques. Bref, à les entendre notre cocker chasseur a écrit certes de belles pages del’histoiredelachasse,mais n’inscrirait plus guère son nom sur les terrains actuels. Jugementassurémentunpeu court et lapidaire, quand on

voit évoluer des cockers en sous-bois,toutaussiefficaces qu’opiniâtres. Un vrai spectacle que ces chiens soient d’origine française ou anglaise. En effet, de l’autre côté de laManche,lepaysquilesafabriqués et sélectionnés, ils sont réellement impressionnants:enbattue,ilssontd’une

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redoutable efficacité pour le rapport ainsi que pour la traque ; pour la chasse devantsoi,ilslesonttoutautant, ne laissant rien passer, d’une sagesse à l’envol exemplaire, avec un rappel parfait.« C’est le d’Artagnan des races anglaises », s’exclamait déjà il y a plus d’un siècleTristan Audebert,danssonindémodable Chasse à la bécasse. Évoquer même succinctement le cocker, c’est parler du spaniel, car le cocker est avant tout et surtout un spaniel.Ce type de chien chargé deleverlegibierétaitdéjàcité par Gaston Phébus. OutreManche, il était également mentionné par Edouard Plantagenet au tout début duXVe siècle.Augrédestraités,des guerres,des échanges commerciauxetdesalliances, des spaniels – qui ont déjà du sang espagnol dans les veines – vont être croisés avec des chiens insulaires, tant il est vrai que,vers 1630,le spaniel possède déjà les caractéristiques que l’on recherche de nos jours: la résistance et l’obéissance, et sa rage, son courage à lever et à rapporter le gibier. Le cocker ? Il existe bien, mais il n’est pas encore reconnu comme tel pour la simple et bonne raison que, comme dans de nombreuses autres races de chiens, il existe, croisements oblige,une très grande hétérogénéitédesspaniels,carune seule chose compte pour les Anglais: la réalité du terrain, le chien ne sera, en effet, sélectionné que s’il est bon à la chasse.Partant,lemodèleimportantpeu,certainssontplus puissants et plus lourds que d’autres,d’autres ont un nez plus allongé.


PHOTOS : GILLES TESTARD - CHRISTOAN FEYLER

Tout va changer avec l’arrivéedesexpositionscanines, outre-Manche, en 1859. Et quelquesannéesaprès,lesautorités canines britanniques distinguerontlewaterspaniel et le land spaniel.Et,en 1893, ce même land spaniel sera divisé en deux catégories : les plus et moins de 25 livres.Et c’est cette dernière division qui sera officiellement appelée cocker spaniel; d’ailleurs, Henri de la Blanchère ne parle-t-ilpasdanssonouvrage lesChiensdechasse(rééditépar Pygmalion) paru en 1875 « d’assez vilain chien à jambes courtes, à poil ébouriffé, plus petit que le springer,et plus actif encore que lui »? Il précise même que les meilleurs cockers viennent du Pays de Galles et du Devonshire. Quant à son nom, le mot cocker fait sans nul doute référence à woodcock – “la bécasse”–,c’est-à-dire au chien quilèvecesibeaugibier.Mais en réalité, en tout cas dans les îles britanniques, il sert à

tout et bien sûr aux battues. En France, il est importé à la fin du XIXe siècle, anglomanie oblige,par plusieurs chasseursdontPaulCaillard.Tous louent son efficacité, son allure hardie, souple, toujours braveetjoyeux.Commebeaucoup d’autres races de chiens d’arrêt, il restera confidentiel, et sera l’apanage de quelques familles fortunées ayant chenil et gardes,ou de quelques passionnés jusqu’au lende-

Ci-dessus, un cocker anglais. Pour les Britanniques, seule compte l’efficacité. Et peu importe le modèle.

main de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à ce que la chasse française se démocratise.EnFrance,c’estpu-

rementetsimplementunplébiscite, notamment pour la chasse du lapin, avant les ravagesdeladramatiquemyxomatose. « Il y en avait dans de nombreuseschassesenSologne», se souvient Christian Feyler, responsabledelacommission du cocker de travail au Spaniel Club français.Mais c’est unpeulechantducygne, car le cocker va être en

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Sur le terrain Sur le terrain

quelque sorte victime de son succès. Son petit format et sa beautéfontfairedeluilechien de compagnie par excellence. « C’est un peu le problème de la France où les instances de la cynophilie exigent que les éleveurs fassent du beau et du bon », poursuit Christian Feyder. En effet, à la différence de l’Angleterreoùleslignesd’exposition (show dog) et de travail (working dog) sont clairement séparées, la France a maintenu les deux dans un mêmemoule.Résultat:àforce de ne rechercher que la morphologie,le cocker,tel qu’immortalisé par Léon Danchin, a eu tendance à perdre ses qualitéscynégétiques(untravers déjà relevé par Audebert quicritiquaitleschangements de modèles pour « plaire aux visiteurs des expositions »). Concrètement, de nombreux éleveurs, répondant à unedemandenonpasdechasseursmaisdepersonnescherchant un simple animal de compagnie, ont produit des chiens en ce sens, cherchant davantage la rentabilité que la sauvegarde de la race. Les cockers se sont trop étoffés, avec des oreilles trop longues, de trop petites mâchoires,guère pratiques pour

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galoper toute une journée et rapporter.Plusencore,leurcaractère cynégétique s’est étiolé.Bref,ilacessépetitàpetit d’être pratique. Ainsi, sur les5000naissancesannuelles, la part des cockers de chasse resteuneinfimeminorité,sans doute entre 5 et 10 %. Bref, tout a été fait et trop fait pour l’exposition, une dérive inquiétante car, comme le fait remarquer Christian Feyler, « il est toujours très difficile de redonner et de retrouver les qualités morales et psychologiques d’un chien ».

On distingue les différences entre le “working cocker” français (à gauche) et anglais (à droite). Le premier doit avoir des caractéristiques physiques précises, le second répond avant tout à une exigence de rendement.

Il est d’ailleurs frappant de constater la différence morphologique qui existe entre les cockers de travail français et anglais : ces derniers sont beaucoup plus petits,de modèles extrêmement variés, mais d’une redoutable efficacité et d’une très grande

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maniabilité. « Il ne faut jamais oublier que chez les Anglais, peu importe si le modèle est ou non parfait,ce qui compte,c’est l’efficacité. Ils sont faciles à vivre,facile à chasser et à rapporter car la plupart du temps, ces chiens-là sont nés, élevés, dressés par les gardes qui n’ont pas le temps de s’embarrasser de chiens difficiles », affirme Gilles Testard qui a ramené quelques cockers d’outreManche. Pourautant,celaneveutpas dire,loindelà,qu’unchasseur français ne trouvera pas son bonheur sur son propre sol. Les élevages sont peu nombreux mais ils existent, élevages qui ont d’ailleurs fait très souvent de la retrempe avecdescockersanglais.Quoi qu’il en soit,conseille Christian Feyler, « l’acquéreur devra procéder à quelques vérifications d’usage ; comme pour toute acquisition d’un chien de chasse,ildevrabiens’assurerque son cocker a des origines de tra-


PHOTOS : GILLES TESTARD - ALAIN DAMPÉRAT - CHRISTIAN FEYLER

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vail et de voir les parents sur le terrain… ». Facilité ne signifie aucunement laisser-aller dans le dressage.Les dresseurs sont unanimesàdirequ’ilfautun dressageénergique,sinonen quelques semaines « votre cocker deviendra un brigand ». Comme n’importe quel chien d’arrêt, et n’importe quel spaniel,le rappel devra être constamment travaillé, de même que la sagesse à l’envol, et la quête sous le fusil.«C’estprimordial»,poursuit Gilles Testard.En effet, trop de chasseurs oublient qu’un cocker n’arrête pas, qu’il a été sélectionné pour pister et lever le gibier. « S’il n’estpastenuàvingtmètresdevantvous,etqu’ilnerevientpas aupremierappeldèsqu’ilfranchitcettelimite,iln’enferaqu’à satêteetvousvideraunechasse en peu de temps », prévient un autre dresseur.Il est toujours étonnant de voir chasser des cockers anglais dans

des battues de faisans : ils quêtentdansdespérimètres réduits sans s’affoler,faisant voler dans le calme des dizaines d’oiseaux. Sans oublier que si l’on se trouve au posteenbattue,lecockerdoit être capable de rester pendant une heure ou deux sans bouger… Dressage énergique ne veut pas dire dressage brutal et en force,qui plus est si l’on a affaire à un sujet ayant du sang britannique, plus sensible que les continentaux.Etquelplaisirdelesvoir chasser. Le cocker est aussi à l’aise au marais qu’au fourré, ne craignant pas les endroitssales,explorantméthodiquement son terrain avec une persévérance qui n’estpasunelégende…Àrebours, les grandes plaines, etlahautemontagnenesont guère ses terrains de prédilection,sonvolumeréduitest alors un handicap. Il est de bon ton – et le fait n’est pas nouveau – de comparer les méritesrespectifsd’unchien d’arrêt et d’un cocker… On ne peut les comparer,à cette différence écrivaitAudebert que « si vous demandez à la chasse l’incident, l’imprévu, l’émotion neuve et le plaisir des yeux, les petits cockers vous donneront tout cela au moins autant que le plus magnifique des chiens d’arrêt ». Aussi, lorsqu’on voit ces cockers pétris de qualités, on ne peut qu’encourager le Spaniel Club français à sauvegarder et à développer les cockers de travail, quitte à rompre, en apportant du sanganglais,aveclediktatdu modèle. Pour rendre un inestimable service à la chasse française. ◆

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par Alain de l’Hermite

Essai Browning

B5.25

La légende continue

◆ L’armurier américano-belge vient de fêter le millionième exemplaire des descendants du célèbre B 25 dont le B 5.25 est l’ultime représentant. Indestructible et efficace.

I

l ne faut pas prononcer son nom «cinqcentvingt-cinq» mais « cinq vingt-cinq ». On y tient à Herstal chez Browning. Car le B5.25 n’est pas une arme isolée perdue au milieu d’un catalogue, « il est le digne héritier du B25 ». L’un des superposés les plus célèbres au monde, celui par lequel tout a commencé. La réussite commerciale sera sansprécédentdansledomaine dessuperposésdechasse.Pour parler du B5.25 dernière génération, il semble indispensable de découvrir sa filiation avec les deux armes lisses créées par John Moses Browning (18551926):l’Auto5etleB25.Des’intéresser d’abord à la personnalitéduplusprolifiqueetgénial inventeur de système d’armes du XXe siècle. « Le maître », comme l’appelaient avec dévotion ses compagnons armuriers d’Herstal où on le compare toujours à Thomas Edison. Tout au long de sa carrière, il déposera120brevetsappliqués à 80 armes. Aux États-Unis, ce sera le cas avec un système d’amélioration du réarmement de la carabine Winchester. Il a

à peine 20 ans. Plus encore, il sera autant un inventeur de génie qu’un redoutable homme d’affaires, capable de “sentir” les besoins d’une clientèle. Et

sans doute est-ce cette faculté de prémonition qui fera la fortune de la petite fabrique d’armes et d’engins de pêche d’Ogden qu’il dirige avec son frère Matthew. Winchester et Remington refusent un projet defusildechasseautomatique? Qu’importe John Moses est sûr de lui lorsqu’il file en Belgique. La fidélité à travers le mariage entre John Moses Browning et la Fabrique nationale (FN) d’Herstal,aupointdeconfondre leurs deux noms, n’est pas une affaire récente. Elle remonte à 1897 pour l’exploitation commerciale d’un pistolet automatique 7,65millimètres. Lors de sa première visite à Herstal en 1902, il propose à la FN son “Auto5” et accorde le droit d’utiliser son nom comme marque de fabrique. Cerise sur le gâteau pour la FN, chaque licence d’arme est assortie d’une commande de la part de J.-M. Browning. Pour Francotte, cette “double conven-

tion” représente “la clef de voûte” des relations entre John Moses et la FN. Plus qu’une réussite commerciale, c’est un raz de marée dès 1903, année de commercialisation pour le fusil de chasse appelé désormais “le Browning”. Une chose rarissime dans les annales de l’armurerie car les chasseurs sont volontiers casaniers. Un succès au long cours puisqu’on commémorera à Herstal en 1967 la sortie du deux millionièmes Auto5 depuis l’après la guerre. « L’automatique Browning est un excellent fusil de chasse mais il est certain que le superposé est un fusil d’avenir », écrira E.L.Blanchet dans Queue, Tête… Pan! Dans la lignée de l’automatique l’idée du superposé B25 représentera pour Browning unesuitelogiqueenvuedecompléter la gamme des armes lisses. Si le superposé possède la même ligne de visée dégagée, un avantage considérable

Le nouveau B 5.25 Million (série limitée). Au-dessus, John Moses Browning (1855-1926) : c’est à ce génial inventeur que l’on doit le superposé qui fera la fortune et la renommée de la marque.

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Le travail de “relime” des canons. Et, ci-dessous, ajustage traditionnel au noir de fumée d’un B 25.

PHOTOS : PATRICK IAFRATE - BROWNING

“gras et sans nœud”. La technique de l’ocre rouge est aussi utilisée pour “la mise à bois”, afin d’unir intimement le bois et le métal. Cette autre opération est primordiale pour la longévité d’une arme au cours de laquelle jamais le métal ne doit présenterd’anglevifdecontact.

Fiche technique

sur les oiseaux traversards et montants, son tir est aussi plus facile. En effet les masses plus équitablement réparties lui confèrent une meilleure balance.Enpluscommeilsecasse, on peut à la billebaude le porterconfortablementàlasaignée du bras. Comme souvent chez J.M. Browning, le coup d’essai sera un coup de maître. Plus de quatre-vingts ans plus tard, le B 25 est toujours fabriqué sur mesure au sein de la Custom Shopd’Herstaldanslapluspure tradition liégeoise. Et notre 5.25?

Le B5.25 n’est pas un ersatz de son glorieux ancêtre le B25 mais un authentique fusil de chasse. Il n’est pas non plus « un fusil industriel », insiste-t-on à Herstal. Car il faut quatre mois pour leproduire“àlamain”auJapon. Ainsi le basculage est traditionnellement effectué à l’ocre rougequiremplacelenoirdefumée et permet de “voir à l’intérieur” où se produisent les frottements. Chaque B5.25 est alors repris à la lime et au papier de verre jusqu’à obtenir le fameux verrouillage Browning

Le5.25bénéficiedetoutesles technologies numériques modernesafinderéduirelecoûtde fabrication.C’estunedifférence detailleavecleB25devenutrop cheràproduirelorsdeladépression que connue l’armurerie dans les années 1980. Autre exemple les canons du 5.25 reforés traditionnellement à 18,4 millimètres ne sont pas demi-blocs mais frettés; testés à 1370bars lorsqu’ils sont équipésdeschokesamoviblesInvec-

Fusil superposé.Modèle B5.25 Sporter Calibre 12 chambré 76 mm. 5 chokes Invector livrés. Longueur de canon 71-76-81 cm, bande 10 mm. Crosse pistolet et devant tulipe, poncée huilée. Bascule grisée. Prix À partir de 1999 euros. Sur Internet www.browningint.com

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tors afin de pouvoir utiliser des cartouches à grenaille d’acier à hautes performances. Pour chacune des deux techniques d’assemblage des canonslerendementbalistiqueest identique. Pour le reste, les différencessontténuesàcommencer par la pièce maîtresse la bascule en acier forgé garantie dix ans. Désormais certains modèles de la gamme chasse peuventêtreéquipésd’unebascule en alliage “aéronautique”. Pour les ingénieurs de Browning, « la réputation légendaire de solidité et de fiabilité » depuis 2003 est due à la maîtrise parfaited’uneéquationàquatre inconnues située dans la bascule. Il s’agit pour l’armurier qui relaie les machines numériques de mettre en concordance quatre éléments essentiels: le verrou, l’axe de charnière, les surfaces de recul solidaires du canon et les éjecteurs à marteaux. Et le tir? Les qualités dynamiques du B5.25Sportertestéencanonde 76 centimètres ne nous ont pas déçus. D’abord son équilibre proche de l’axe de charnière est neutre, de plus le poids mesuré à 3,510 kilos est raisonnable. Le dessin de la crosse de 375 millimètres et sa pente au busc comprise entre 36 et 56 millimètres sont idéaux. Ces mensurations intelligentes lui permettent de s’adapter ultérieurement et facilement à l’immense majorité des chasseurs. De plus notre modèle de parcours de chasse disposait d’une détente réglable à trois positions. Petit regret, comme autrefoisnousaimerionsvoirrevenir au catalogue les chokes traditionnels, ce qui paraît peu probable avec la généralisation de la grenaille d’acier. Indestructibleetefficace,disponiblepourtouteslesbourses selon les gravures et finitions jusqu’au modèle Héritage à contre-platines, John Moses peut être rassuré, la cinquième génération porte toujours haut ◆ sa flamme.

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par Alain de l’Hermite

Essai Carabine

Browning X-Bolt

Précision et percussion

◆ Sobre et fonctionnelle, cette nouvelle carabine Browning ne déroge pas à la grande tradition liégeoise. Nous l’avons essayée en calibre .243 Winchester.

Jérôme, concentré, règle la dioptrie avant le réglage proprement dit. La X-Bolt associée à la Swarovski sont d’une redoutable précision.

gane de visée fixe et son choix optiques’estportésuruneautre nouveauté, une lunette Swarovski 2,5-15x44P. En moins de dix minutes, Dany l’armurier fixera la lunette sur la carabine. C’est l’occasion d’une première constatation, Browning a porté un soin particulier à ce montage fixe. Afin d’éviter tout dérèglement, chacune des embasesdescolliersestmaintenue parquatrevisetnonpasparune unique vis centrale. Une fois la carabine équipée son poids n’excédera pas 3,8 kilos. Impatient,nousrejoindronsle pas de tir pour montrer à Jérôme les rudiments du réglage d’une arme rayée ; une opération trop souvent négligée et pourtant aussi simple qu’indispensable. En premier lieu, il s’agit d’effectuer un tir approximatif de façon à placer au minimum une première balle dans lacible.Pourcela,carabinefixée

au chevalet et culasse ôtée, on centre au mieux l’axe du canon sur la mouche de la cible; ensuite il suffit de centrer à l’aide desdeuxtourellesleréticulesur la mouche. Dès lors après avoir libéré l’arme du chevalet, le réglage peut débuter. Il est inutile de s’équiper de tables balistiques, car pour l’immense majorité des calibres le tir peut être considéré comme optimal lorsquel’onestcapabledegrouper 4 centimètres au-dessus de la mouche à 100mètres. Sans surprise l’association de la X-Bolt avec son canon à double bedding (“assise”) et

Fiche technique

Browning, l’arrivée d’une nouvelle carabine à répétition – en l’occurrence la X-Bolt– est toujours un événement. On l’a sans doute oublié mais une carabine de ce type sera à l’origine en 1889 de la manufacture d’armes d’Herstal en Belgique. Une carabine ou plutôt un fusil puisqu’ils’agissaitalorsdefabriquer une arme de guerre pour répondre à une commanded’État:leMausersystème 1889. La Fabrique nationale d’armes de guerre venait d’être portée sur les fonts baptismaux. Quant à la première collaboration avecJohnMosesBrowning, elledatede1897(cen’est qu’en 1971 qu’elle prendra le nom de Fabrique nationale Herstal, plus connue sous le nom de Browning). Jérôme, un chasseur passionné, nous accompagne sur le stand de Gonesse pour tester et régler sa propre X-Bolt. Àlaveilledel’ouverture de la chasse au brocard, son choix s’est intelligemment porté sur un calibre .243 Winchester. Le modèle Hunter est dépourvu d’or-

PHOTOS : ALAIN DE L’HERMITE - BROWNING

Chez

Jours de C HASSE ◆

Browning X-Bolt Carabine à répétition.

de la Swarovski se révéleront d’uneredoutableprécision.Bien mieux encore, la qualité des départs, sans doute l’atout majeurd’unecarabined’approche, est irréprochable. Nets, précis, jamais traînants, la pré- et la post-course sont réduites à leur plus simple expression. C’est le résultat du travail des ingénieurs de Browning sur le calcul de la résultante des forces du système de détente composée d’éléments en acier chromépourlimiterlesfrictions. De plus, une vis permet de régler le poids de départ entre 1,5 et 2,3 kilos. Autre innovation intéressante: un bouton situé au-dessus du levier de culasse en acier massifàtroistenonspermetson déblocagemêmeenpositionde sûreté. Cela donne la possibilité de vérifier l’intérieur de la chambre ou de décharger l’arme. Ajout supplémentaire à la sécurité, la sûreté agit sur la détente et sur le percuteur. Équilibrée, compacte et fonctionnelle selon les souhaits de Browning,laX-Boltestuneréussite autant qu’un bel hommage ◆ à John Moses. Culasse en acier massif

à trois tenons.

Canon et boîtier bronzés .243Winchester. mat. Bois en noyer vernis Chargeur rotatif en polymère satiné. Plaque de couche contenant 4 cartouches. antirecul. Prix : 859 euros. Poids 3,150 kilos. Sur Internet Longueur du canon 56 cm. www.browningint.com Calibre testé

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Guillaume de Falaise

Chasses à la journée

Le domaine de Mivoisin

pas tant chercher certains territoires indéfectiblement empreints de souvenirs, de nostalgie et de rêves. Avec Mivoisin, il est sans nul doute servi au-delà de ses espérances. Là, sur ce territoire de près de 4000 hectares d’un seul tenant, une ombre plane, celle d’une grande maison, synonyme de luxe et de volupté: c’est celle de Marcel Boussac, depuis 1921 exactement, date de sa première acquisition, jusqu’à la déconfiture de son empire, qui l’obligera à se séparer de Mivoisin.

◆ Bien des grands de ce

monde se sont rendus aux invitations de Marcel Boussac: du grand avocat René Floriot,fidèle entre les fidèles,au président Auriol en passant par le maréchal Juin. Tout y était au bouton :“Monsieur Boussac”,commel’appelaient avec respect ceux qui l’ont connu, supervisait toutes les battues, au détail près, tant il est vrai qu’il a voulu faire de Mivoisin « la plus belle chasse de France », disaient ses proches. Elle ne sera peutêtre pas la plus belle – lorsqu’on connaît les chasseurs, cettenotionestsisujetteàcaution!–,maisassurémentl’une des plus séduisantes. Plus encore, nous devrions parler au passé,et pourtant… car l’une des forces de Mivoisin –et l’une de ses chances– est que le domaine est resté

en l’état après la fin de l’empire Boussac au début des années 1980, passant indemne des mains des frères Willot à cellesdeBernardArnault,puis à celles d’un des héritiers de la famille Schlumberger. Héritier –et c’est tout à son honneur– qui tient d’ailleurs à ce que le nom de Mivoisin reste attaché viscéralement à celui de la chasse… « Nous ne sommes que des dépositaires », aime à répéter Arnaud de France,le responsable du domaine. Disons-le tout net. Marcel Boussac n’aurait pas cillé en suivant une battue aujourd’hui à Mivoisin : c’est toujours une très grande maison. Après une conversation téléphonique avec Arnaud de France,nousnoussommesarrêtés sur une date pour la fin du mois de novembre der-

PHOTOS : BERTRAND DE COURCY - COLLECTION PARTICULIÈRE

Le nemrod n’aime

Entre deux battues. Une irréprochable organisation.

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nier.En y arrivant –après environuneheurequarante-cinq deroutedeParis–lebrouillard estlà,tenace,épais,presqueoppressant. Le rendez-vous est au Grand Manoir. Historiquement,ilavaitlieudansune dépendance près du château de Mivoisin (propriété non publique dont les premiers éléments de construction datent du XVe siècle), mais les nouveaux propriétaires ont trouvé que cela était peu confortable. Ils ont donc totalement réaménagé l’un des nombreux bâtis du domaine (ilcompteenviron…soixante bâtiments de ferme). Le premier comprend neuf chambres à coucher,un autre un débotté sur deux étages avec une salle pour les armes. Puis le bâtiment principal offre une grande salle au plafondcathédraleavecdeuxcheminées: salon, billard et salle à manger (il comprend également une cuisine professionnelle pour permettre de recevoir dans les meilleures conditions). La décoration est d’un grand raffinement. L’ameublement et les décorations murales sont des éléments uniques comme ces natures mortes de gibier en taxidermie montées sur panneau de bois. Comme dans nombre de chasses, nous commençons par le rond pour tirer au sort les postes de battues et recevoir les consignes de tir et de sécurité. Arnaud de France, entouré de ses trois gardes (il


Mémento de poche Une vue aérienne de Mivoisin. Arnaud de France, ci-dessous, responsable de ce somptueux domaine qui compte près de 4 000 hectares.

y en avait 17 et 17 sous-gardes du temps de Marcel Boussac!),nous demande de ne tirer que la plume et les oiseaux qui volent très haut. Unedesgrandesqualitésde Mivoisin –nous nous en rendrons compte dès la première battue– est qu’il n’y a aucune “recharge”selon l’expression consacrée. Très peu de domainepratiqueencorelatechniqued’unseulrepeuplement degibierparsaisoncommeles grands domaines anglais. Ce sontenvironplusde15000faisanset6000perdreauxrouges qui sont introduits dès la fin aoûtdansdesvolièresouvertes dites “à l’anglaise”. Pour être précis,untiersdesoiseauxnaît sur place, le reste est acheté à huitsemaines;puistoutcepetitmondeseramisdanscesvolières,àcielouvert:ledomaine en compte une quinzaine qui vont de 1 à 12 hectares… Aucunoiseauneserarajouté durant la saison et il faudra s’assurer tous les jours – notamment pendant les mois d’été– jusqu’aumoisdemars que ceux-ci – surtout les faisans à l’erratisme légendaire– nesedécantonnentpasduterritoire. Pour cela, les trois gardes avec des stagiaires et

leurs chiens,rabattront inlassablement les oiseaux vers le centre de la propriété. Quant auxpremièresbattues,ellesne démarrent pas en principe avantlemoisdenovembreafin quelegibieraitsuffisamment d’aile et de souffle. Nous voilà partis pour la première battue où l’on nous dépose en minibus dont l’arrière est aménagé pour recevoir armes et cartouches. À Mivoisin,l’objectif d’Arnaud de France est de faire voler le plus haut et le plus vite pos-

sible les perdrix et les faisans, un exercice toujours délicat quandonsaitquecesoiseaux, infatigablespiéteurs,nevolent qu’encasd’extrêmenécessité. Il y a en principe cinq à six

traques dans la journée, trois lematinetdeuxàtroisl’aprèsmidi.Une battue à Mivoisin, c’estd’abordetavanttoutune rigueur extrême. Nos rabatteurs sont partis ilyadéjàunquartd’heureafin de réaliser les rapprochés nécessaires à la battue. Ils sont pasmoinsd’unecinquantaine dirigéeparlesgardesquivont sansl’aidedeschiensfairepiéter les faisans et les perdreaux vers la zone de la battue finalequiestunmélangedeboqueteau et de culture à gibier. Tout cela est essentiel àl’envoléefinaledesoiseaux. Car il ne s’agit pas d’effrayer les oiseauxpourqu’ilss’envolent,mais de provoquer, pour les tireurs, un flux d’oiseaux et le plus régulier possible. Ni trop, ce qui multiplierait les occasions ratées,nitroppeu,pour éviterlestempsmorts. La tactique utilisée a demandé de nombreuses années de réflexion et d’entraînement.Tout d’abord le choixdesbattuessefait en fonction des tableaux recherchés,des conditionsmétéorologiqueset cellesréaliséesdurantlachasse précédente. Le domaine a le choix entre vingt différentes battues et il n’y a jamais plus dedeuxjournéesdechassepar

Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2009

Territoire 4000 hectares Type Battues de faisans et de perdreaux (brocards à l’approche et quelques battues de grand gibier) Département Loiret (45) Postés 8 à 10 chasseurs Contact 02.38.35.94.59 et 06.18.09.25.88. Prix À partir de 38 euros le faisan au tableau. Points forts Grande surface de chasse: qualité d’un gibier “presque” naturel; professionnalisme des gardes et organisateur réceptif. Points à améliorer Tout est perfectible mais, dans ce cas, nous ne sommes pas loin de la perfection.

semaine. La tactique utilisée est affinée le matin même de la chasse,en fonction des derniersélémentsclimatiques(en effet, personne n’ignore que, paradoxalement, plus il fait beau,moins les oiseaux monteront). Nous voilà au poste – simplementmatérialiséparunnuméro sans rien autour. Nous assistons au lointain au mouvementdesmarchants.Ceuxci après une dizaine de minutes semblent se mettre en position finale pour rabattre dans notre direction. La tension monte. Le ciel est gris, mais le plafond n’est pas bas. Ce climat dépressionnaire est beaucoup plus favorable au haut vol du gibier que les anticyclones et hautes pressions

115


Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

Scène de battue. L’une des grandes qualités de Mivoisin est qu’il n’y a pas de “recharge” durant la saison.

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Une vue du Grand Manoir, le rendez-vous de chasse actuel, superbement aménagé.

rés ont décidé de s’envoler entraînant tous leurs congénères. On imagine la fureur rentrée des gardes… Lestireurspostésquenous sommes n’arrivent qu’à raccrocher que quelques oiseaux car nous nous efforçons de ne tirer que ceux qui sont hauts.Les tirs sont très difficiles.C’est toujours une impressionextraordinairede choisir un oiseau parmi une cinquantaine qui vous passent au-dessus de la tête, de décider de tirer le plus haut. Haut et vite : cela n’a rien d’évident sur un territoire désespérément plat alors qu’il est tellement facile de placerlestireursaufondd’un vallon… La battue reprend un rythme normal et les oiseaux s’envolent à l’unité ou par deux ou trois.

PHOTOS : BERTRAND DE COURCY

qui nous donnent un beau ciel bleu. Nous entendons les rabatteurs claquer dans leurs mainspourfaireenvolerlegibier.Le premier faisan s’envole vers nous, puis le secondetainsidesuite.Pendant de nombreuses minutes, nousvoyonsarriverversnous des oiseaux seuls ou en coupleetcelavadurerlamajorité de la battue.Puis soudainement c’est le « flush ». Plusieurs dizaines d’oiseaux s’envolent ensemble et criblent le ciel. Le spectacle est magnifique, mais cela n’est absolument pas l’objectif recherché du rabat.Les faisans ont piété et se sont trop regroupés dans une zone restreinte où la végétation est très dense. Quelques-uns apeu-

Les trois coups de trompe annoncent la fin de la battue. Les fusils sont déchargés et rangésdanslesétuis.Soudain, les chiens, springers et labradors, absents durant le rabat, apparaissent de toute part. Il n’est pas envisageable de laisser un gibier mort ou blessé surleterrain.J’encompteplus devingt-cinqquivontau«pickingup»,commedisentlesAnglais.Celavaprendrequelques dizainesdeminutespours’assurer que nous ne laissons pas de gibier derrière nous. Letableauintermédiaireest présenté aux chasseurs pour rendre hommage aux oiseaux avantquenousnousrendions àlaprochainebattue.Nousferons trois battues ce matin et à la fin de la deuxième, une pause sur le terrain nous sera proposée:thé,café,sloe gin… Nous sommes dans la tradition des très grandes battues de faisans… Un déjeuner simple, rapide – une heure maximum – mais de grande qualité nous permet d’échanger nos impressions de cette matinée et de plaisanter sur nos fortunes et infortunes. L’après-midi, nous aurons troisnouvellesbattuesdequalité.Durantladernière,unebécasse s’envolera et croisera

toute la ligne, sans être tirée. On ne peut qu’approuver car cet oiseau mérite une chasse devant soi avec un chien d’arrêt ou un springer… De retour au manoir pour retirer nosbottes,toutestunefoisencore parfaitement organisé entre la présentation du tableau,les honneurs au gibier, les remerciements aux gardes et à l’organisateur, puis quelques discussions autour d’un verre pour raconter « l’autre plaisir de la chasse », écrivait le général Chambe. Signalons aussi que le domaine organise des « petites chasses »,surtout en fin de saison. Cela consiste en deux lignes, l’une marchante et l’autre postée, de chasser sur des zones non utilisées pour les grandes battues et de prélever des tableaux plus restreints. Ainsi des groupes constitués, souhaitant faire connaissance avec le domaine peuventvenirchasserdansdes conditionspluséconomiques. On l’aura compris, à Mivoisin,ce sont les oiseaux qui commandent,entreéthiqueet esthétique. Comme si le domaine voulait rester, pour longtemps encore, la « chasse de Monsieur Boussac ».Le rêve peut continuer. ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Philippe Le grand

Du côté de la loi…

Que faire contre les borduriers ?

◆ Le bordurier est une plaie à la chasse. Seul problème et de taille: juridiquement, l’empêcher d’agir est bien moins simple qu’il n’y paraît.

118

CHG

Q

uel chasseur n’a jamais été confronté un jour à ce qu’on appelle pudiquement un bordurier ? L’homme, posté au coin d’unbois,derrièreunehaie,voire enplaineattendpatiemmentque legibierchasséparsesvoisins,arrive à portée de tir. Hier, c’était sur du petit gibier, aujourd’hui, c’estdavantagesurlesgrandsanimaux qu’ils jettent leur dévolu. Un phénomène qui « s’est développé comme la lèpre avec l’expansion démographique du grand gibier », constate André-Jacques Hettier de Boislambert, dans le numéro de décembre dernier deGrandeFaune,larevuedel’Associationnationaledeschasseurs de grand gibier (ANCGG),qui a consacré un passionnant dossier à ce sujet. Quepeut-onyfaire?Lesagissements d’un bordurier sont contestables à tout point de vue: il n’y a pas acte de chasse car le personnageenquestionn’anirecherché, ni poursuivi le gibier. « C’est du chapardage,rien d’autre et c’est aussi pour cette raison qu’il nuit grandement à l’image de la chasse », souligne avec raison l’ANCGG.Qui plus est,ces tirs « d’irresponsables » comme l’associationlesappelle,peuventêtre extrêmement dangereux en termes de sécurité; sans compter que ces agissements mettent à mal des années de gestion, car lesbordurierstirenttoutetn’importe quoi, sans discernement. Seul problème et de taille: juridiquement, les empêcher d’agir

Le phénomène de la “bordure” s’est “développé comme la lèpre avec l’expansion démographique du grand gibier”.

est bien moins simple qu’il n’y paraît. Dans le cadre du grand gibier, soit le bordurier a tiré sur un animal à plan de chasse. Dans ce cas, ou bien il n’est pas détenteur de bracelets – nous sommes alors en présence d’un acte de braconnage –, ou bien il a bien un plan de chasse, et il fait fi de l’éthique. Le cas est d’ailleurs identique pour les animaux non soumis à plan de

chasse, comme pour le sanglier. Le bordurier s’estime dans son bon droit, faisant valoir que le gibier en France est res nullius (c’est-à-dire qu’il n’appartient à personne),etqu’ilestchezlui,arguantdoncdudroitdepropriété. Or,le droit de chasse est l’un des attributs de ce droit,à cela près, précise Gérard Bédarida, secrétaire général de l’ANCGG, « on nepeutlimiterl’exercicedelachasse que pour des motifs d’intérêt supé-

Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2009

rieur»…Uneévolutionjuridique confirméeparMe CharlesLagier, avocat de la FNC, pour qui « ce n’estpasparcequ’onestchezsoique l’on peut y faire tout et n’importe quoi ». Bref, le droit de propriété nesignifiepasuneprotectionabsolue. C’est donc en vertu de ces intérêts supérieurs – la sécurité des personnes – qu’un certain nombre de fédérations départementales de chasseurs ont pris des mesures“antiborduriers”on ne peut plus claires. Ainsi dès 2005,la fédération de l’Aisne les a interdits « sauf accord avec les voisins de chasse ». En Seine-etMarne, la bordure est « interdite à moins de 300 mètres d’une chasse en battue au grand gibier ; cette distance est toutefois ramenée à 150mètres lorsque le chasseur à la rattenteestpostésurunmiradord’au moins 2mètres de hauteur au plancher. Les pratiquants de ce mode de chasse ont obligation de porter un gilet fluorescent ». De son côté,la Ficevy indique simplementqu’elle«désapprouve fortement » cette chasse, tout en interdisant le tir à balles sur des territoiresinférieursà5hectares, qui, indirectement, interdit la borduredanslespetitesenclaves, comme on le voit trop souvent. D’une manière plus générale, la loi qui a été votée en fin d’annéedernièreprévoitquelesschémas départementaux de gestion cynégétique sont en charge de la sécurité. Dans ce cas, la question des borduriers pourrait relever donc de sa compétence… À la condition toutefois que les dispositions prises soient entérinées par le préfet, car ledit schéman’adevaleur“coercitive” ques’ilestapprouvéparcemême préfet. On ne peut que souhaiter que tous les départements limitent drastiquement le phénomène des borduriers. Pour en savoir plus: Grande Faune, décembre 2008 et www.ancgg.org


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de légende ◆

Yellowstone Le paradis du bout du monde par Guillaume Beau de Loménie

TERRES D’EXPÉDITIONS

CI-DESSUS, PAUSE DÉJEUNER LE 24 AOÛT 1871 AU COURS DE L’EXPÉDITION DE HAYDEN. SUR CETTE PHOTO DE WILLIAM HENRY JACKSON (LE PHOTOGRAPHE DE L’EXPÉDITION DONT LES IMAGES IMPRESSIONNERONT TANT LES MEMBRES DU CONGRÈS QUI DÉCIDERONT DE LA CRÉATION DU PARC), HAYDEN APPARAÎT ASSIS, DE FACE, AU MILIEU EN VESTE SOMBRE. PAGE DE DROITE. LA CARTE DU YELLOWSTONE ÉTABLIE PAR HAYDEN AU COURS DE SA MISSION.

120

◆ A

border,neserait-cequedemanièresommaire,l’histoired’unparcnaturel pourrait paraître une chose presque inconvenante dans une revue cynégétique. C’est oublier que tout chasseur est avant tout un protecteur, et que toute chasse bien comprise est une affaire de protection et de sauvegarderaisonnéeetraisonnable.Plusencore, pas un disciple de Saint-Hubert nepeutresterindifférentauparcdeYellowstone, le plus prestigieux et le plus emblématique d’entre tous. Au vrai, pour tout chasseur, toute contrée où il reste quelques vestiges de sauvagerie est un appel à partir,à contempler et à rêver.Aussi,le seul nom deYellowstone ne peut réveiller l’aventurier et l’être instinctif qu’il entend rester. Il se voit déjà

PHOTOS : DOUGLAS C. PIZAC/AP/SIPA - DR

HISTOIR

Lieu


PHOTOS : DR - SIPA

projeté des décennies en arrière, tour à tour pionnier, explorateur, trappeur danssesinexpugnablesRocheuses.Plus encore, le Yellowstone le fascine, l’envoûte car c’est un cas à part. Revenant des Amériques, « C’est leboutdumonde,leNouveauMonde»,avait dit Chateaubriand. Qu’aurait-il écrit surYellowstone,devenulepremierparc national le 1er mars 1872, sur décision d’Ulysse S. Grant, dix-huitième présidentdesÉtats-Unis?Là-bas,à10000kilomètres de la France,ce n’est pas seulement le premier parc national jamais créé, c’est une sorte de paradis perdu oùserejoignentbiendessuperlatifs.On y voit un incommensurable territoire obscur, enfoui, cerné de forêts, d’une terre sans feux, ni lieux… Ce n’est pas tout à fait faux, car on est ici dans un autre monde. Intégralementsituésurleterritoire duWyoming,àl’extrêmenord-ouestdu quarante-quatrième État de l’Union,à l’exclusion d’une minuscule bande de terrain situé sur le territoire du Montana et de quelques kilomètres carrés à peine sur celui de l’Idaho.Yellowstones’étendsurprèsde900000hectares, plus que la Corse.Yellowstone,c’est encore 80 % de forêts, une biodiversité unique au monde, avec ses centaines de plantes, ses 50 espèces de mammifères – dont le bison,le grizzly–,ses 311 espèces d’oiseaux,ses 18 sortes de poissons… C’est encore une altitude moyenne de 2400mètres et des hivers particulièrement rigoureux et longs.

Certaines zones sont recouvertes par plus de 3,50 mètres de neige,et les températures se “stabilisent” à – 20 °C le jour… En été,le parc se transforme en une sorte d’éden alpin. Quant à l’au-

tomne et les étés indiens, ils transforment le parc en une gigantesque palette de couleurs où se déclinent par touchesimmensestouteslesnuancesde jaune, d’orange et de rouge. >>

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PHOTOS : DAVE - DR

Lieu de légende

FRANCHIR L’OBSTACLE

LES CHUTES DE LA RIVIÈRE YELLOWSTONE AU CŒUR, DU PARC. CHASSEUR ET ÉCLAIREUR, JOHN COLTER VA JOUER UN RÔLE DÉTERMINANT DANS LA DÉCOUVERTE DES PASSAGES QUI VONT PERMETTRE À L’EXPÉDITION

LEWIS DE FRANCHIR LE FORMIDABLE OBSTACLE ROCHEUSES.

QUE REPRÉSENTAIENT LES

Pour comprendre la fascination que le parc du Yellowstone exerce sur l’imaginaire du peuple américain, il faut remonter dans le temps, bien au-delà de sacréation…Ilyaonzemilleansdespeuplades amérindiennes occupent le site et exploitent les mines d’obsidienne qui sert à fabriquer des pointes de flèches oudeslamesdepoignard.Aufildessiècles, les peuplades se constituent en tribus et se sédentarisent. Ce seront les Niitsitapii que les premiers Blancs connaîtront sous le nom de Pieds noirs,les Absaroka ou Crows,les Shoshone et les Arapahos. Pendantdesmillénaires,cespeupleshantent les forêts, les montagnes et les prai-

ries duYellowstone.Ils n’ont quepeu,oupasdecontactavec les premiers Blancs qui s’aventurent jusqu’aux contreforts des Rocheusesquimarquentlalimitedeleurs territoires.Jusqu’à l’extraordinaire équipée entreprise par les capitaines Lewis et Clark,de l’armée des États-Unis,peu après la vente à ces derniers, en 1803, par Bonaparte, de la Louisiane…

LewisetClarksontmandatés en 1804 par le président Thomas Jefferson avec pour mission de mener des relevés topographiques, géologiques et hydrographiques et de trouver enfin un passage vers le Pacifique.Partis desbergesduMississippi,LewisetClark et la cinquantaine d’hommes qui les accompagnent ont franchi plus de la moi-

“AU XIXe SIÈCLE, LES ROCHEUSES SONT UN UNIVERS PARMI LES PLUS SAUVAGES DE LA PLANÈTE. AUX HOMMES QUI LE DÉCOUVRENT POUR LA PREMIÈRE FOIS, IL DONNE L’IMPRESSION D’UNE TERRE ORIGINELLE, DE NOUVEAU MONDE…” 122

Jours de C HASSE ◆

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Lieu de légende tiédeleurextraordinairepériplelorsqu’ils parviennent aux Rocheuses. Ils abordentle25juillet1805laplusgrandechaîne montagneuse d’Amérique du Nord au confluentdetroisrivières,enunlieuconnu aujourd’hui sous le nom Three Forks, ausud-ouestduMontana.LesRocheuses sont à l’époque un univers parmi les plus sauvages de la planète.D’une incroyable beauté,et dont l’impression de virginité qui s’en dégage donne aux hommes qui ledécouvrentpourlapremièrefoislasensation de toucher aux portes d’une sorte de terre originelle. Il y a parmi les aventuriers qui composent l’expédition de Lewis et Clark, un homme dont l’histoire va bientôt se trouver étroitement liée à celle du futur “premier parc national au monde”:John Colter.Lewis l’a engagé en 1803 en tant que chasseur et éclaireur, activités dans lesquelles il excelle. Parvenu aux Rocheuses, Colter va jouer un rôle déterminant dans la découverte des passages quivontpermettreàl’expéditiondefranchir le formidable obstacle. Après des mois, celle-ci parvient enfin aux rives du Pacifique.Sur le chemin du retour, l’expédition croise deux trappeurs auxquels Colter entreprend de se joindre. En 1807, il est rattrapé àsontourpard’anciensmembres de l’expédition, attirés comme tant d’autres par cet Ouest mystérieux et inconnu. Colter se

joint à ses anciens compagnons, et suit une partie de l’itinéraire parcouru quelques mois plus tôt.Bientôt,il se voit chargé de trouver et d’entamer avec les Indiens Crow des pourparlers en vue d’échanges commerciaux,en particulier dans le commerce des fourrures.Il s’enfonce vers le Sud et il rattrape bientôt le coursdelarivièreYellowstone.Longue de plus de mille kilomètres, la Yellowstone (“pierre jaune” ou “roche jaune”) se jette dans le Missouri dans le Dakota du Sud. Ainsi,Coltervaexplorer,enchassant pour survivre, une vaste portion du territoire qui constitue aujourd’hui pour l’essentiel le parc du Yellowstone. Il s’aventure au cœur de contrées que l’hiver etl’altituderendentencoreplus hostiles. Pourtant, le mountain man découvre des splendeurs,dont pour l’heure il est seul au monde à jouir. Il parvient

ainsi aux rives de l’immense lacYellowstone, situé à 2 357 mètres d’altitude et qui couvre une surface de 354 kilomètres carrés,ce qui en fait l’un des plus grands et des plus hauts lacs d’altitude du continent nord-américain. Colter va être aussi le premier Blanc à découvrir l’extraordinaire activité géothermique qui a le plus concouru à la célébrité du site. La zone abrite en effet plus de 60 % des geysers et des sources d’eau chaude de la planète ! L’activité géothermique visible à la surface révèle la présence,à quelques milliers de mètres sous terre, d’une gigantesque chambre magmatique sous haute pression permanente depuis des millénaires, baptisée“supervolcan”par les scientifiques,et qui fait de la caldeira du Yellowstone,nichée au cœur du parc,et large de soixante kilomètresdediamètre,unedeszonesvolcaniques les plus actives de la planète. Lorsque Colter retrouve la civilisation en 1809, après des mois d’errance,

LE GÉOLOGUE FERDINAND HAYDEN ORGANISE LA TROISIÈME EXPÉDITION AU YELLOWSTONE. POUR LA PREMIÈRE FOIS, CE VOYAGE EST FINANCÉ PAR LE GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS. 124

Jours de C HASSE ◆

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JIM BRIDGER EST UN PERSONNAGE HAUT EN VÉRITABLE HOMME DES BOIS, ILLETTRÉ, MAIS PARLANT, OUTRE L’ANGLAIS, LE FRANÇAIS, L’ESPAGNOL ET PLUSIEURS LANGUES INDIENNES, IL SERVIT DE GUIDE À HAYDEN (PAGE DE GAUCHE).

COULEUR.

nulnecroitsesdéclarations. Et il s’en faut de peu que ses descriptions « d’une région de soufre et de feu » ne le fassent prendre, au mieux pour un affabulateur patenté, au pire pour un dément.Au cours des années suivantes, nombre de chasseurs,detrappeurs,dechercheurs d’or isolés, vont s’aventurer dans ces régions sauvages en marge de la conquête de l’Ouest.Ils sont témoins à leur tour des merveilles que Colter a,le premier,découvertes.Mais le récit de ces extraordinaires phénomènes géothermiques ou bien encore celui de ces hectares de forêts pétrifiées dont les troncs géants transformés en pierre se dressent encore,pour certain d’entre eux vers le ciel depuis des millions d’années, continuentdesusciterledouteetlesrailleries. Plusieurs dizaines d’années vont s’écouler de la sorte. Non sans dommage, hélas, pour la région, car trappeurs,chasseurs,bûcheronsmettentàmal des ressources qu’ils semblent croire inépuisables. Une trentaine d’années après Colter, un autre mountain man fameux, Jim Bridger,va enfin réussir à attirer l’attention du public et du gouvernement des

États-Unis sur cette région.Jim Bridger est un personnage haut en couleur.Véritable homme des bois,illettré,mais parlant, outre l’anglais, le français, l’espagnol et plusieurs langues indiennes, il a un humour ravageur et une réputation solidementancréedegrandconteurd’histoires,voire de redoutable bonimenteur. Il sera en 1822, à 17 ans, de la première expédition organisée par William Ashley pour explorer le Haut-Missouri afin d’établir le premier commerce à grande échelle de peaux de castors utilisées pour lafabricationdechapeaux.Deuxansplus tard, il découvrira le Grand Lac Salé dans le nord du futur État de l’Utah et qu’enraisondelasalinitédeseaux,ilprendra au début pour un bras du Pacifique. Au cours des années suivantes, il entreprendradenombreusesexpéditionsdans diverses régions des Rocheuses.

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : DR - MARK RASMUSSEN - DEANNA ROWE - NORTH WIND PICTURES/LEEMAGE

ANTRE DES MOUNTAIN MEN

Àsontour,ilcontemplelesmerveilles de la Yellowstone. Mais Bridger ne peut s’empêcher de raconter les choses de telle façon que le moindre de ses récits ressemble à une fable… Ainsi soutientil qu’il a passé une semaine entière dans un canyon si profond qu’il lui suffisait de crier à tue-tête « debout Jim! »,au moment de se coucher, pour être réveillé le lendemain au lever du jour par l’écho… Pourtant,les comptes rendus de plus en plus nombreux sur cette région finissent par éveiller l’attention du gouvernement des États-Unis, de l’armée, et des scientifiques… En 1857, Bridger se confieàl’und’entreeux,FerdinandHayden,géologue doublé d’un explorateur. Il organise en 1859 une expédition que Bridger guidera. Sur les cartes, la région duYellowstone reste obstinément unetacheblanche.L’expéditionreconnaît le Haut-Missouri, puis elle oblique vers le sud et s’approche duYellowstone.Hélas,ellenepeutypénétreràcausedefortes chutes de neige et rebrousse chemin.La guerre de Sécession qui éclate en 1861 metuntermeauxvelléitésd’explorations. Cen’estqu’en1869qu’unedeuxième expédition est organisée par trois explorateurs indépendants, Folsom, Cook et Peterson.Pourlapremièrefoisdansl’Histoire,une relation détaillée est faite d’une expédition au cœur de la région du Yellowstone qui au fil des ans a pris le nom de la rivière qui la traverse. Les trois hommesparviennentàremonterlecours de la rivière jusqu’au lac éponyme. Le journal détaillé que rédigèrent Folsom, CooketPetersonvabientôtservirdebase de travail à une autre expédition montée quelquesmoisplustardpard’autreschercheurs et explorateurs indépendants du Montana : Washburn, un politicien et ancien officier ; Langford, explorateur amateur, homme d’affaires et historien; Doane enfin,officier d’active et explorateur amateur passionné. Unmoisdurant,ladizained’hommes que compte l’expédition et qu’accompagne une petite escorte du 2e régiment de cavalerie de fort Ellis dans le Montana placé sous le commandement de Doane lui-même va parcourir la région, effectuantdenombreuxrelevés,etfaisant maintes observations de la faune qui peuple cette contrée: ours, élans, mouflons, cerfs et wapitis, loups, castors, coyotes… Ils vont également baptiser nombredesitesaujourd’huireconnusdu

125


PHOTOS : DR - SIPA

Lieu de légende

parc et parmi ceux-ci le plus grand des geysers et le premier qu’ils observent, l’OldFaithful(“levieuxfidèle”)ainsibaptisé tant ses éruptions sont régulières (toutes les 90 minutes), avec des jets d’eau chaude et de vapeur qui atteignent 45 mètres de haut et qui en font l’un des plus grands geysers au monde. Au soir du 19 septembre 1870, les hommes, autour du feu de camp, discutent des découvertes de la journée et du meilleur moyen de préserver les beautés de la région qu’ils explorent. C’est dans ces circonstances qu’un journaliste qui s’est joint à l’expédition, Cornelius Hedge,va émettre pour la première fois l’idée de faire de la région du Yellowstone un parc national, seule entité à même selon lui de protéger les richesses naturelles de l’endroit, et non, comme le prônent d’autres membres de l’expédition, de la confier à des investisseurs privés. Dès la fin de l’expédition, Hedge ne va avoir de cesse de faire passer son message.

FAIRE DÉCOUVRIR LE YELLOWSTONE EN 1871, L’EXPÉDITION

D’HAYDEN (PHOTO) COMPTE UNE QUARANTAINE DE MEMBRES DONT UN PHOTOGRAPHE ET

UN PEINTRE. ILS VONT RAPPORTER DES CENTAINES DE CLICHÉS ET DES DIZAINES DE CROQUIS.

En 1871, Ferdinand Hayden, qui, onze ans plus tôt, avait dû rebrousser chemin, organise la troisième expéditionauYellowstone.Pourlapremièrefois, cevoyageestfinancéparlegouvernement des États-Unis. Il compte une quarantaine de membres dont un photographe, William Henry Jackson et un peintre,

Thomas Moran.Les deux hommes vont rapporter des centaines de clichés pour l’un,desdizainesdecroquisetd’ébauches dont il tirera nombre de tableaux pour l’autre, et les œuvres des deux hommes vont grandement contribuer à faire découvrirleYellowstoneetaurontsansdoute une grande influence sur la décision qui

AVEC LA SIGNATURE DU DÉCRET DE LOI DU 1er MARS 1872, LE PRÉSIDENT GRANT COURONNE PLUS DE SOIXANTE-CINQ ANNÉES D’EXPLORATION QUE VIENT ENFIN RÉCOMPENSER LA CRÉATION DU PREMIER PARC NATIONAL AU MONDE. 126

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Lieu de légende

OBSERVATEUR SCRUPULEUX HAYDEN (PHOTO DE GAUCHE, ASSIS) ACCUMULE LES DONNÉES SUR LE

YELLOWSTONE ET PROCÈDE À LA PREMIÈRE NAVIGATION CI-CONTRE, UN DES MULTIPLES GEYSERS DU PARC.

sera bientôt prise de créer un parc national.BaptiséeTheGeologicalHaydenSurvey of 1871 qui peut se traduire par“état (ou relevé) géologique de 1871 d’Hayden”, cette expédition va sceller le sort du Yellowstone.Elle durera du 8 juin au 28 août 1871. Elle va réaliser un travail considérable, notamment en matière de relevé cartographique, hydrographique et géologique.Au terme de l’expédition, Hayden écrit à l’un de ses maîtres, « Cher professeur,Nousvenonsjustederentreraprès avoir mené à bien notre travail à notre entièresatisfaction.Nousavonsconnuunesuite ininterrompue de succès sans le moindre contretemps.Aucun accident n’a été à déplorerparmilesmembresdel’expédition[…]» Lecompterenduqu’Haydenvafaire desonexpéditionetlesnombreusesphotos rapportées par Jackson et les croquis,

puis les tableaux qu’il en tirera exécutés par Moran,ne vont pas tarder à circuler parmilessénateursetbientôtauCongrès. Rapidementunprojetdeloiestapprouvé à une large majorité au Sénat, le 30 janvier 1872 et le 27 février suivant au Congrès.Avec la signature du décret de loi le 1er mars 1872,Grant couronne plus desoixante-cinqansd’exploration,dedécouvertes et d’efforts que vient enfin récompenser la création du premier parc national au monde. Lesdébutsduparcpourtantsontdifficiles.Passé le premier engouement qui a conduit sénateurs et membres du Congrès à voter sa création, les mêmes s’opposent au paiement de la moindre subvention destinée à l’entretien et à la gestion du parc. Nathaniel Langford, qui avait participé en 1870 à la deuxième LE PHOTOGRAPHE WILLIAM HENRY JACKSON (À CHEVAL) OFFRIRA UN PRÉCIEUX TÉMOIGNAGE À LA TROISIÈME EXPÉDITION D’HAYDEN.

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véritable expédition au Yellowstone, acceptelafonctiondesurintendantqu’iloccupe bénévolement pendant cinq ans. Mais il doit faire face à un manque cruel de moyens. Le deuxième surintendant, Philetus Norris, réussit à obtenir un maigre salaire et quelques subventions afin de lutter contre le vandalisme et le braconnage. Il fait construire quelques routes et des équipements. Au début des années 1880, la Northern Pacific Railroad entreprend la constructiond’unegareàLivingstondans le Montana qui fut reliée à l’entrée nord du parc. La fréquentation du parc augmente rapidement,passant de trois cents visiteurs en 1872 à cinq mille en 1883. Pourtantl’essentieldesdéplacementsaux abords immédiats du parc et dans le parc se font à pied,à cheval ou en diligence… Ce n’est qu’en 1878 que le Congrès accepte l’octroie d’une subvention de 10000dollars.Celan’empêchepasl’existencemêmeduparcd’êtregravementmenacée.Lesbraconnierssontdeplusnombreux. Chaque année, des milliers de wapitis sont abattus.Ours,élans,bisons,


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THOMAS MORAN (À DROITE) TIRERA DE LA MISSION D’HAYDEN, CONGRÈS.

NE VONT PAS TARDER À CIRCULER PARMI LES SÉNATEURS ET BIENTÔT AU

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mouflons, antilopes pronghorn pour ne se profilant à nouveau à l’horizon. Mais citer que ceux-ci paient également un si elles sont militaires,elles n’en revêtent lourd tribut à l’incohérence de ceux qui pas moins également un caractère scienont décidé la création du parc mais refu- tifique, pour continuer d’engranger des sent de lui octroyer les moyens de sa sur- connaissances sur les phénomènes, la vie.Les coupes de bois illégales mettent faune,la flore et les trésors naturels ineségalementenpérill’équilibreduparc.En- timables qu’il abrite. En 1883, le présifin, les premiers touristes qui se pres- dent des États-Unis va entreprendre une sent, ne sont guère soucieux de la pré- expédition à cheval dans le Yellowstone. ChesterArthursesaitgraservation des merveilles vement malade (il mourra naturelles qu’ils découtroisansaprèssonvoyage) vrent. Les sources d’eau mais il va se lancer dans chaudessontlespremières cette éprouvante chevauaffectéesparlevandalisme. chée à l’instigation du géNombredevisiteursenefnéral Sheridan. Le héros fet se munissent de mardes premières guerres inteaux et emportent des diennes s’est pris de pasmorceaux de roches ou de sion pour le parc et s’est concrétionsquiseforment impliqué dans sa survie. aux abords des sources. Cette expédition présiEn dépit du manque dentielle,liéesansdouteau de moyens, du désintérêt début d’une réflexion nades pouvoirs publics,plusieurs expéditions vont LE WAPITI EST UNE DES ESPÈCES turaliste telle que vont en mener aux États-Unis continuer d’être menées PHARE DU YELLOWSTONE. George Perkins Marsh et aucoursdesdixannéesqui vont suivre la création du parc du Yel- JohnMuirouencoreavanteuxl’influence lowstone.Elles sont militaires pour l’es- de Henry David Thoreau, (auquel on sentiel, car le parc a été placé sous la ju- prêtel’inventionduterme“écologie”dont ridictiondel’armée,lesguerresindiennes quelquesannéesplustardlebiologisteal-

lemand Haeckel lui disputera la paternité), vont-elles conduire à une prise de conscienceécologiqueetpermettrelasurvieduYellowstone.UncorpsdesRangers estcréépourépaulerl’arméedanssesmissions de surveillance, puis pour la remplacer totalement, en 1918. La notion de parc naturel fait des émules,puisqu’entrelafinduXIXe siècle, et les années 1940,une dizaine de grands parcs seront créés à leur tour: le parc du Yosemeti en Californie dès 1890,puis de Mesa Verde au Colorado,du Grand CanyonenArizona,ouencoreceluideGrand Teton, contigu au Yellowstone et qui est créé en 1926. Après la Seconde Guerre mondiale,leYellowstoneprofitedecetengouement, et connaît un formidable regain d’intérêt de la part du public (trois millions de visiteurs aujourd’hui). Mais Yellowstone n’est pas au bout de ses peines. En 1959, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter endommage gravementdenombreusesinstallationsduparc, conduitàl’assèchementd’unlacetlamort de vingt-huit personnes. En 1988, la foudreprovoqueunesériededépartsd’incendies qui vont bientôt embrasser près de 40 % du parc. Seules les premières

LES DÉBUTS DU PARC DU YELLOWSTONE SERONT DIFFICILES, EN RAISON D’UN BRACONNAGE INCESSANT, DES COUPES DE BOIS ILLÉGALES, ET DES TOURISTES PEU SOUCIEUX DE LA PRÉSERVATION DES MERVEILLES QU’ILS DÉCOUVRENT… 130

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SAUVEGARDER LES ESPÈCES

APRÈS SA DISPARITION TOTALE DU PARC EN 1970, LE LOUP GRIS FUT RÉINTRODUIT DURAT L’ANNÉE 1994. AUJOURD’HUI, LE YELLOWSTONE COMPTE ENVIRON 120 LOUPS RÉPARTIS EN TREIZE MEUTES.

pluies de septembre, et les premières neiges,viendrontàboutdetouslesfoyers. Mais sans nulle intervention humaine, laforêtsereconstitue,etlesmilliersd’hectares brûlés sont recouverts aujourd’hui par une forêt de jeunes arbres. La chasse? Depuis longtemps,elle a été interdite dans le périmètre du parc. Parallèlement, des programmes extrêmement ambitieux de réintroduction de certaines espèces ont été entrepris depuis une quinzaine d’années. C’est le cas du loup des Rocheuses du Nord en particulier.Cettesous-espèceduloupgris (Canislupus)setrouvaitenabondancesur le site du Yellowstone lors de la création du parc en 1872. Comme dans bien d’autres pays – notamment en France–, unecampagned’éradicationaétémiseen place à la fin des années 1800 et au début des années 1900 en particulier pour lutter contre les dommages occasionnés au bétail de plus en plus nombreux par des loups qui trouvaient ensuite refuge dansleparc.Entre1914et1926,136loups furent abattus dans le parc.Dans les années 1940, il devint très difficile de rencontrer des loups et, au début, des années1970,iln’existaitplusdetémoignage

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delaprésencedumoindre animal dans le Yellowstone et dans un vaste périmètre autour duYellowstone.UndéDEPUIS 1918, LES RANGERS ASSURENT LA SURVEILLANCE DU PARC bat est lancé pour ou QUI ACCUEILLE PRÈS DE TROIS MILLIONS DE VISITEURS TOUS LES ANS. contrelaréintroduction du loup. Outre les dégâts aux troupeaux que les éleveurs ne très certainement celui de William Cody manquèrent pas de dénoncer,des scien- “Buffalo Bill”(voir Jours de Chasse n° 34) tifiques du Wyoming prédirent dans un qui possédait un ranch dans la région, à rapport au Congrès une baisse substan- une soixantaine de kilomètres du parc. tielle des populations de gibier,en parti- Danslesannées1920,oncommençaàobculier les wapitis, les bisons et les élans. server des croisements entre les populaMaisendépitdecesprévisionsalarmistes, tions naturelles et les bisons réintroduits une loi est votée en 1994 qui autorise le etlapopulationdebisoncrûtrapidement. parc du Yellowstone à réintroduire une En 1936, les bisons furent réintroduits populationdeloups.Ainsien1995et1996 dans la vallée de Hayden qui constituait près de soixante-dix loups sont réintro- leur habitat naturel.Aujourd’hui le parc duits dans le parc.En 2005,il est fait état du Yellowstone compte près de quatre de 13 meutes comptabilisant près de 120 mille bisons et ils suscitent l’engoueloups dans le parc et près de 330 dans ment de millions de visiteurs pour qui cet animal revenu de loin dans tous les les régions voisines du parc. Yellowstone est aussi emblématique sens du terme symbolise un passé et une de la sauvegarde du bison. La région épopée dans laquelle tout Américain ne était le seul endroit sur tout le territoire manque pas de se reconnaître. Ainsi deux cents ans après les predesÉtats-Unisoùsubsistaitdepuislapréhistoireunepopulationdebisonsetaprès mières explorations de Colter et cent les massacres effectués au cours de la trente-sept ans après sa création, le parc Conquêtedel’Ouestetquivirentlaquasi- du Yellowstone remplit-il pleinement la disparition de l’espèce. Ainsi ne restait- mission que lui assignait le président il que… 50 bisons en 1902.Craignant sa Grantensignantl’actedecréationdupredisparition totale,le parc introduisit dans mier parc naturel au monde : « être un une zone protégée une vingtaine d’ani- lieu exempt d’exploitation mercantile,voué maux provenant d’élevages privés dont à la satisfaction du peuple ». ◆

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LE DANDYSME SUR TOILE

“HABIT ROUGE DESCENDANT LE VALLON”, “LA HALTE DE L’HABIT ROUGE À LA CROIX DES ALLÉES” ET, EN BAS, AUTOPORTRAIT DE L’ARTISTE. “EN EXAGÉRANT À PEINE, POUR ALFRED DE DREUX, LA CHASSE À COURRE EST D’ABORD UNE MANIÈRE DE VIVRE, UN FORMIDABLE PRÉTEXTE À RESSENTIR UNE ÉPOQUE, CELLE DU MILIEU DU XIXe SIÈCLE, CELLE DE LA RENAISSANCE DE LA VÉNERIE, DE LA VIE MONDAINE, DE LA PASSION DE CE SIÈCLE POUR LES SPORTS ÉQUESTRES ET L’ANGLOMANIE…” CI-CONTRE,

par Virginie Jacoberger-Lavoué

◆ A

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lfred De Dreux dans Jours de Chasse? À cette question,nous voyons déjà des regards surpris pour ne pas dire franchement dubitatifs.Alfred De Dreux, c’est le cheval s’exclameraient-ils déjà, et ils n’auront pas tort.Avec cet artiste, le cheval est sans doute aucun dans toute sa beauté et sa sauvagerie qu’il soit en liberté,en course,monté,attelé,en main tant il est vrai qu’il fut « l’un des créateurs les plus féconds de l’art équestre du XIXe siècle », écrit l’éminente spécialiste Marie-Christine Renauld dans son colossal et passionnant ouvrage sur Alfred De Dreux. Et pourtant… il peut sans honte aucune revendiquer le titre de peintre animalier. Certes, il n’est pas –et n’a jamais prétendu l’être– un artiste cynégétique au sens plein du terme, de la force et de l’universalité d’un Olivier de Penne, d’un Princeteau ou d’un Charles de Condamy. Mais a-t-on oublié qu’aux côtés d’Eugène Cicéri ou d’un Victor Adam,Alfred De Dreux a illustré le fameux Journal des chasseurs,revue considérée comme le“livre d’or de la vénerie française”? Qu’onnes’ytrompepas.PourDreux, en exagérant à peine, la vénerie n’estpasunmodedechasse,c’est une manière de vivre, un formidableprétexteàressentirune époque, celle du milieu du XIXe siècle,celle de la renaissance du laisser-courre,de la vie mondaine, de la passion de ce siècle pourlessportséquestresetl’anglomanie. Il est le type même du sporting painting. C’est le « peintre de la vie élégante », jugera Charles Baudelaire. Car que dire d’autre quand on s’arrête un instant sur son Départdechasse,unede sesœuvreslesplus connues(aujourd’hui au musée


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“LE BÂT L’EAU”, CI-CONTRE, “HALTE DE LA CHASSE EN FORÊT” ET, PAGE DE DROITE, “LE DÉPART POUR LA CHASSE”. À DE TRÈS RARES EXCEPTIONS, QUAND ON OBSERVE SES SCÈNES DE VÉNERIE, L’ACTION DE CHASSE NE SEMBLE PAS LE TROUBLER OUTRE-MESURE. DU LAISSER-COURRE, ON N’EN VOIT QUE PEU LES PÉRIPÉTIES…

de la Maison de la chasse et de la nature à Paris), ou sur sa Halte de l’habit rouge à la croix des Allées… « C’est une évocation brillante et poétique de la vénerie contemporaine », écrit avec justesse Claire Maillard, dans À courre,à cor et à cri,images de la vénerie au XIXe siècle (Somogy, éditions d’art).Tout est dit ou presque. Aurait-il pu faire autre chose? Certainement pas serait-on tenté de répondre tant sa carrière d’artiste paraissait toute tracée,une sorte de prolongement naturel.C’est à Paris le 23 mars 1810 que notre artiste voit le jour sous le nom de Pierre Alfred Dedreux (nom d’ailleurs qu’il n’utilisera d’ailleurs jamais pour signer ses œuvres). L’enfant a quelques solides origines. Ilestlepremierenfantd’Elisabeth-AdelaïdeColin(1785-1874) et de Pierre-Anne Dedreux (1788-1834) architecte de talent puisqu’il obtiendra en 1815 le grand prix de Rome en architecture.À Paris,la famille qui réside dans le quartier de l’Opéra baigne dans ce qu’il conviendrait d’appeler aujourd’hui un milieu cultivé.Mieux,cette formation dans les beaux-arts sera complétée –et de quelle manière– quand sa famille s’installera à la Villa Médicis à Rome. Cette immersion dans la Ville

éternelle,cette rencontre avec l’art antique,des mosaïques raffinées aux statues équestres, marquera à vie l’esprit du jeune Alfred. Il crayonne d’ailleurs beaucoup puis s’exerce à la gouache,à l’huile.Il sera d’abord encouragé par Pierre-Joseph DedreuxDorcy,son oncle,peintre de son état.À 13 ans,il étudie la peinture sérieusement.Un maître qui le marquera à jamais:ThéodoreGéricault(1791-1824).Connaissancedelafamilleetsurtout amiintimedePierre-JosephDedreux-Dorcy,Géricault,quifera le portrait d’Alfred et de sa petite sœur Élise, accompagnera son initiation artistique et deviendra son maître.Avec ce fou-

POUR ALFRED DE DREUX, LA VÉNERIE N’EST PAS UN MODE DE CHASSE, C’EST UNE MANIÈRE DE VIVRE.“C’EST LE PEINTRE DE LA VIE ÉLÉGANTE”, JUGERA MÊME CHARLES BAUDELAIRE.

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“LA MORT” ET, PAGE DE DROITE, “LE FRANCHISSEMENT DU GUÉ”. “SI ALFRED DE DREUX S’EST FAIT UNE SOLIDE PLACE PARMI LES ARTISTES

XIXe SIÈCLE, C’EST, AU-DELÀ – LE CHEVAL –, EN RAISON DE SON STYLE RAFFINÉ, DU

DE SON SUJET FAVORI

DE LA DÉLICATESSE ET DE LA JUSTESSE DE SON TRAIT…”


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en rien à l’homme du monde », constate sa biographe. Souvenons-nous. La vénerie est en pleine renaissance après les heures sombres de la Révolution, les équipages sont légion. Personne n’ignore que le retour de la monarchie a renforcé la politiquedeschassesd’apparat(sousCharlesX,lavénerieroyale sera dotée de moyens considérables). Qui plus est la chasse à courre va bénéficier de l’engouement pour les sports équestres – c’est au XIXe siècle que les courses de chevaux arriveront en force d’Angleterre.Plus encore,il ne faut jamais oublier que le sportsman (à la fois éleveur de chevaux et cavalier) sera un modèle pour tout propriétaire terrien. « On était un homme de cheval comme on était un homme de goût.C’était un mode de vie,un étatd’espritetunbrevetd’élégance»,observeMarie-ChristineRenauld. Un mode de vie qui sera influencé, du moins dans les milieux parisiens, par une anglomanie ambiante. On admire les Anglais pour leur goût du sport, leurs tenues élégantes, leur passion équestre… Alfred De Dreux n’y échappera pas, faisant de nombreux voyages outre-Manche: une influence déterminante. Dans cette ambiance,la vénerie n’est pour beaucoup qu’un divertissement de fashionable,expression du luxe et de la mondanité avec leurs habits rouges et leurs bottes à revers, ce qui n’a pas manqué de faire rire et sourire les vrais veneurs.Dreux a très bien compris tout le parti qu’il pouvait en tirer. Il est l’artiste dont on parle grâce à son style si emblématique de son tempsqu’ilseraimitépartouteunegénérationd’artistespeintres. En 1840, le Salon sera un événement marquant pour sa carrière et là encore la chasse fait partie des thèmes équestres de ses œuvres: à côté de la célèbre aquarelle intitulée la Fuite,une œuvre cynégétique intitulée les Chevaux ramenés de la chasse par la froide journée d’automne fait sensation. Il s’agit d’une lithographie qui sera largement copiée par la suite. En 1842, il répond à sa première commande d’État, et excelle dans son Portrait équestre du duc d’Orléans et sa garde. Le fils aîné de Louis-Philippe le patronne. Ils ont presque le même âge et ont la même passion:ils sont anglophiles et amateurs de courses et de chasse.Deux ans plus tard,l’artiste animalier participe à un voyage officiel en Grande-Bretagne. Il aime tant l’approche équestre des Britanniques et leur art de vivrequ’ilyséjourneraàplusieursreprises.En1848,ilsuitLouisPhilippe déchu en Grande-Bretagne où l’aristocratie se passionne pour son œuvre. C’est en suivant les Orléans outreManche qu’Alfred De Dreux fait connaître de la reineVictoria et de la haute société. Les grandes familles Seymour, Ellesmere, Egerton,Wallace lui commandent nombre de portraits équestresetnotammentquelquesbellesreprésentationsdeleurs filles en amazones. Il est la coqueluche des salons mondains.

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PHOTOS : COLLECTION PARTICULIÈRE

“LÉVRIERS COUCHÉS DEVANT L’ESCALIER”, CI-CONTRE, “TILBURY ET ÉQUIPAGE” “HABIT ROUGE DONNE LA VOIE”. L’ARTISTE A D’ABORD “CHERCHÉ À REPRÉSENTER SON ÉPOQUE, SES CONTRADICTIONS, SES PASSIONS ET SES CONVULSIONS ; EN CELA, IL FUT ET DEMEURE UN ROMANTIQUE…” ET, PAGE DE DROITE,

son cavalier,qu’il soit jockey ou veneur,n’est traité que pour sa fonction,tel un accessoire.« C’est la seule passion qui occupe son esprit », souligne Marie-Christine Renauld. On ne peut nier que ces chevaux sont remarquables,Alfred De Dreux a su saisir d’instinct le caractère de l’animal, son attitude, son audace ou sa crainte. Ils sont si remarquables, notamment sur sa représentation des allures que ses travaux seront repris par Degas qui fera des études de chevaux d’après ses tableaux. Sansdouteest-ceunpeuexagéré,carseschiens–l’âmemême de la vénerie – sont également de premier ordre. Comme l’écrira Baudelaire,critique du Salon de 1846,« il sait peindre ». D’ailleurs, ses autres chiens qui ne sont pas de chasse sont aussi criants de vérité que cela soit ses dogues, ses lévriers… Ils sont justes,pleins d’expression,car notre artiste les a vus et les a sentis. Alfred De Dreux traduit à lui seul l’esprit artistique des années 1830, son réalisme anatomique n’exclut pas l’expression d’un idéal romantique à l’image de l’œuvre de WalterScott.Témoins,saChasseauvolsousCharlesVII,saChasse à courre sous Louis XV, sa Chasse anglaise et une toile intitulée la Mort reflètent quand même un style troubadour un peu “daté”. À rebours, ses paysages pleins de vérité et de poésie

méritent qu’on s’y attarde. Aux antipodes de l’interprétation du paysage des peintres français, ce sont les aquarellistes anglais très en vogue évocateurs d’une “nature libre” qui influenceront son œuvre. Il réinterprétera à sa façon ce que l’on désigne alors comme le picturesque beauty dans les années 1830. D’une manière générale, il se sert toujours de ses petits carnets d’études qui témoignent de son sens du détail et de la précision mais sa technique a encore évolué. Son style personnel s’affirme dans l’utilisation de pastels, de la gouache et de la craie. « La diversité et la souplesse de l’inspiration d’Alfred De Dreux lui permettent de passer du ton natu-

“AUCUN PEINTRE N’A PORTÉ SI LOIN QUE LUI L’ART DE PEINDRE LE MONDE À CHEVAL. CE MONDE A SES ALLURES À LUI, UNE DÉSINVOLTURE DONT M. DE DREUX AVAIT LE DON.” 142

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MERKEL KR1

rel à une expression apprêtée,prisée de cette période de luxe et de croissance »,analyse Marie-Christine Renauld. En peignant ainsi le cheval,principal allié de l’homme dans la paix comme dans la guerre, Alfred De Dreux « avait d’abord cherché à représenter son époque,ses contradictions,ses passions et ses convulsions ; en cela, il fut et il demeure aujourd’hui un romantique », analyseVincentPomarède,conservateurdupatrimoineetresponsable du département des peintures du musée du Louvre. Hélas, au début de l’année 1860, il adresse une lettre à l’une de ses deux sœurs et confie son état de santé qui s’est considérablement dégradé depuis son dernier voyage en Grande-Bretagne.Ilsouffrevraisemblablementdufoiemême si les descendants entretiendront longtemps l’idée d’un duel fatal avec le comte de Fleury. Il meurt à son domicile à Paris le 5 mars 1860 vraisemblablement à la suite d’une hépatite. À sa disparition, un critique de la revue l’Artiste, remarque judicieusement: « Est-ce le ciel qui ne veut plus voir d’hommes à cheval, qu’il fait perdre les guides à ceux-là qui les tenaient si bien ? Alfred De Dreux fut un peintre de chevaux et c’est là que sera sa vraie gloire.» Nul doute que,pour les connaisseurs,ses scènes de vénerie participent aussi grandementàsagloire.D’ailleurs,sur lescimaisesdesonatelier,onretrouva après son décès, une toile grandiose maisinachevéereprésentantunRendez-vousdechassedanslaforêtdeCompiègne, signe que ce thème occupa jusqu’à son dernier souffle,sa quête artistique. ◆ L’Univers d’Alfred De Dreux de Marie-Christine Renauld,Actes Sud, 514 pages,79 €.

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ÉCRIVAIN

Portrait ◆

Peter Matthiessen PETER MATTHIESSEN, À DROITE, DANS LE JARDIN

DE SA MAISON

DE SAGANOPAK,

AUX ENVIRONS DE NEW

YORK, EN 2004. L’ÉCRIVAIN AVAIT 77 ANS, ET DERRIÈRE LUI UNE LONGUE CARRIÈRE AVENTUREUSE, D’AGENT DE LA CIA, PUIS

D’ÉCRIVAIN VOYAGEUR

ET DE ROMANCIER.

CI-DESSOUS,

UN LÉOPARD DES NEIGES, ANIMAL RARISSIME AUQUEL L’ÉCRIVAIN

CONSACRA L’UN DE SES

LIVRES LES PLUS CONNUS.

par Bruno de Cessole

À

la fin des années 1970, en Côte-d’Ivoire totems et protecteurs des clans, sont les émissaires après avoir parcouru des centaines de kilomètres à du monde de l’invisible, les garants de l’ordre cosl’intérieur du pays en compagnie du primatologue mique. Or, leur rareté fait qu’ils ont perdu toute Gilbert Boese,Peter Matthiessen,déprimé,retrouve réalité dans la vie quotidienne des habitants. Si à Abidjan l’Hôtel Ivoire d’où il avait entamé son pé- bien que ceux-ci peuvent se reconnaître dans la pariple en Afrique occidentale. De cette expédition, il role désabusée de Jacob, un Africain de la ville: « À Abidjan, quand on veut rerapporte un constat affligarder des éléphants,on prend geant:l’absencedramatique l’avion pour Grand-Lahou et de la faune sauvage.En deUTEUR DE LIVRES on les regarde de là-haut.» hors des parcs de conserCe bilan désespérant,l’auvation, pas un seul animal, DE VOYAGES teur de Silences africains, le si ce n’est un singe solitaire dresse non seulement pour auborddelaroutedeBounET D’ENQUÊTES, l’Afrique de l’Ouest, la diali,et la plus grande conGambie,leSénégal,laCôtecentration de mammifères DEUX FOIS COURONNÉ d’Ivoire, le Gabon, la Résauvages qu’il lui ait été publique centrafricaine, donné de voir n’était autre PAR LE NATIONAL BOOK mais aussi pour l’Afrique qu’une bande de chauvesde l’Est, le Zaïre, la Tanzasouris fructivores dans un AWARD, IL DÉNONCE nie où il suivit d’autres exparc de la capitale. péditions scientifiques duMalgrélesdéclarations LES MÉFAITS rantladécenniesuivante,et d’intention gouvernemenqui furent,pourtant,d’imtales, la plupart des signes DE LA CIVILISATION menses sanctuaires de la recueillisindiquaientquela INDUSTRIELLE ET DÉFEND faune.L’Afrique,cependant, course fatale à l’extinction n’a pas été le seul terrain de la faune se pourL’INTÉGRITÉ DE LA VIE d’observationdePeterMatsuivaitenAfriquede thiessen, naturaliste, anl’Ouest:rangées de SAUVAGE. thropologue, grand voyapièges en acier sur geur et, aussi, et peut-être le marché de Man, surtout, écrivain et romangroupesdechasseurs indigènes sur les routes, accompagnés de cier majeur.Dès la fin des années 1950,ce défenseur chiens, viande de brousse proposée dans les de la vie sauvage,qui ne sépare point cette cause de restaurants de l’arrière-pays, tolérance tacite celle de la justice sociale, a parcouru les dernières envers les braconniers, qui auront bientôt dé- étendues dépeuplées et écartées de la planète, en truit ce qui subsiste de vie sauvage. Une perte observateur de la nature et de la faune mais aussi en immense pour l’Afrique de l’Ouest,et pour des témoin à charge contre la civilisation industrielle et raisons qui dépassent la notion occidentale de “faustienne”. Car si Matthiessen s’inscrit dans la conservation du patrimoine. Car, pour les Ivoi- filiation d’Aldo Leopold et du mouvement“conserriens,rapporteMatthiessen,lesanimauxsauvages, vationiste”, dont il rejoint les analyses et confirme

A

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PHOTOS : ED BETZ/AP/SIPA - SERGEY SKLEZNEV

UN NATURALISTE DANS LA LIGNÉE D’ALDO LEOPOLD

Gourou de la vie sauvage



PHOTOS : BERNARD BRETON - MOTTE JEAN LOUIS / SUNSET - DR

Peter Matthiessen

TRÈS TÔT, IL DÉVELOPPA SON GOÛT POUR LA NATURE ET LES ANIMAUX, QU’IL APPROFONDIT À L’UNIVERSITÉ PAR DES ÉTUDES DE ZOOLOGIE ET D’ORNITHOLOGIE. ◆ UNE VIE PASSÉE À BOURLINGUER SUR TOUS LES CONTINENTS

CI-DESSUS, GUERRIERS PAPOUS. POUR SA

TROISIÈME EXPÉDITION ETHNOLOGIQUE ET NATURALISTE, PETER

MATTHIESSEN PASSA SIX MOIS EN

NOUVELLE-GUINÉE, AU DÉBUT DES ANNÉES

1960, PARMI DES TRIBUS OÙ LA CIVILISATION OCCIDENTALE N’AVAIT JAMAIS ENCORE PÉNÉTRÉ. CI-CONTRE, HARRY MATTHEWS, L’UN DES COFONDATEURS, AVEC MATTHIESSEN, DE LA “PARIS REVIEW”, ET, COMME LUI, AGENT DE LA CIA.

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les avertissements,son champ d’investigation et ses centres d’intérêt sont plus vastes, tout comme ses modesd’expression:leslivresdevoyage,lesenquêtes naturalistes ou anthropologiques, les nouvelles et les romans. C’est à New York que Peter Matthiessen naît, en 1927, dans une famille de la haute société Wasp, mais c’est dans le Connecticutqu’ildéveloppe,avecsonfrère, son goût pour la nature et les animaux, capturant, entre autres, des serpents venimeux, et observant sans se lasser les oiseaux. À l’université de Yale, il étudie l’anglais, mais aussi la zoologie et l’ornithologie,puissertdansl’USNavy,avant des’inscrireàlaSorbonneetdepasser deux ans à Paris. Pour les artistes américains, la Ville lumière est encore un lieu mythique où renouer avec l’esprit de la“génération perdue”, celle de Fitzgerald, d’Hemingway,d’EzraPound,desMurphy, et aller en pèlerinage sur les traces de Sylvia Beach et de Gertrude Stein. Dans les cafés de Saint-Germain-des-Près,parmi la bohème littéraire des deux continents, Peter Matthiessen rencontre Harold Humes,William Styron,puis retrouve un ami d’enfance, passé par Harvard et Cambridge, le vibrionnant George Plimpton.

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C’estaveccestroismousquetairesqu’ilfondeune revue destinée à devenir célèbre: The Paris Review. Le défi? Parler de littérature sans conformisme, révéler de nouveaux talents, donner une place à la poésie, bannir les recensions au profit des textes et, surtout, des entretiens fleuves. De cette modeste feuille de chou, hébergé alors par les éditions de La Table Ronde, sur la rive gauche, ils vont faire la plus prestigieuse revue littéraire américaine qui révélera,entre autres,Jack Kerouac,Allen Ginsberg, William Burrough, James Salter, Philip Roth, Samuel Beckett, tandis qu’elle fera découvrir aux lecteurs d’outre-Atlantique Mauriac, Cocteau, Montherlant,Sagan,Blondin…Àcette époque, le jeune Matthiessen est recruté par la CIA qui, en pleine paranoïa maccarthyste, cherche à contrerpartoutdanslemondel’influence communiste. Sans lésiner sur les moyens, la Centrale alimente et subventionnetoutunréseaud’institutionsculturelles,comme le Congrès pour la liberté de la culture, et la revue Encounter,navire amiral d’une flotte d’une cinquantaine de titres payant expositions, concerts, éditions de livres, bourses, voyages. Durant deux décennies, la CIA a manipulé ou utilisé,en pleine connaissance de cause ou à leur insu, un nombre considérable


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PHOTOS : JGZ - AISA/LEEMAGE - ZEN PEACEMAKERS

Peter Matthiessen

DANS “WILDLIFE

OF

AMERICA” EN 1959,

MATTHIESSEN DÉCRIVIT SON

PÈLERINAGE DANS LES DERNIERS REFUGES DE LA VIE SAUVAGE AMÉRICAINE. ◆ UNE QUÊTE DÉSESPÉRÉE DE L’ÉDEN PERDU TEL EST LE SENS

DES EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES ET DES VOYAGES DE PETER MATTHIESSEN (EN MÉDAILLON).

QUE CE SOIT SUR LES TRACES DES INDIENS D’AMÉRIQUE (CI-DESSUS, PORTRAIT

DU CHEF SIOUX

RAIN IN

THE FACE), OU

À L’EXPLORATION

DES ESPACES VIERGES D’AMÉRIQUE LATINE, ET DES HAUTS LIEUX ARCHÉOLOGIQUES

(EN HAUT, VUE DU MACHU PICCHU, AU PÉROU) RACONTÉE DANS SON LIVRE

“URUBAMBA”.

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d’intellectuels et d’artistes du“monde libre”,comme lerévélauneenquêteduNewYorkTimesen1967.Cette croisade culturelle était financée par les fonds secrets du plan Marshall et de l’argent provenant de fondations américaines. Par le biais de ce ministère occulte de la Culture un bon millier de livres fut publiéàdesmillionsd’exemplaires–dontdesBibleslarguées au-delà du rideau de fer!– et les ouvrages des propresagentsdelaCIA,telsPeterMatthiessen,John Hunt, James Michener, William Buckley. Comme ledisait,avecpertinenceetcynisme, l’un des gradés de la CIA : « les livres sont différents de tous les autres moyens de propagande,parce qu’un seul livre peut changer de manière significative les idées et les attitudes du lecteur jusqu’à un degré qui ne peut être comparé avec l’effet desautresmédias.C’estpourquoi la publication de livres est l’arme de propagande stratégique la plus importante ». Une leçon que l’écrivain fera fructifier. La ParisReviewbénéficia-t-elle,àsesdébuts,del’appuibienveillant de la CIA? C’est probable, tout comme les premierslivresdePeterMatthiessen,RaceRock(1954), Partisans (1955), Raditzer (1961). On ne sait, toutefois,quand prit fin la collaboration de l’écrivain avec les services secrets américains.Un sujet sur lequel il ne s’est jamais étendu lors des nombreux entretiens qu’il a donnés par la suite.

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De retour dans son pays, Peter Matthiessen, constatant qu’il ne peut vivre de ses romans, s’établit quelque temps comme pêcheur professionnel à Long Island,guidant ses clients en mer durant l’été, écrivant durant l’hiver.Sa connaissance de la nature s’étant élargie, il prend le parti de devenir, à côté de son travail de romancier, un nature writer. S’étant, dansl’intervalle,séparédesapremièrefemme,ilcommence la longue série de ses voyages qui le mèneront du continent américain au continent asiatique, de l’Australieàl’Afrique,etjusquedans l’Arctique. Dans Wildlife in America (1959), il entreprend un pèlerinage aux derniers sanctuaires de la faune et de la flore sauvages à la recherche d’espèces en voie de disparition. En cette fin des années 1950, l’intérêt pour les problèmes d’environnement et de sauvegarde des espèces était très faible aux États-Unis. L’œuvre de Theodore Roosevelt, le mouvement qui avait conduit à la fondation des parcs nationaux, étaient tombés dans l’oubli, et le cri d’alarme lancé par Aldo Leopold dans son magnifique Almanach d’un comté des sables, ne suscitait pas l’émotion des foules. Nul doute que les nombreux livres dédiés par Matthiessen à ses enquêtes sur les espèces en danger,à l’emprise croissante et destructrice de la civilisation industrielle



PHOTOS : JJ – COLLECTION PARTICULIÈRE – DR

Peter Matthiessen

LA COURSE À L’EXTINCTION DE LA FAUNE EN AFRIQUE REPRÉSENTE UNE PERTE IMMENSE ET POUR DES RAISONS QUI DÉPASSENT LA CONSERVATION DU PATRIMOINE. ◆ À L’ÉCOUTE DES “SILENCES AFRICAINS”

DANS LES ANNÉES 1970 ET 1980, PETER MATTHIESSEN ACCOMPAGNA PLUSIEURS EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES EN

AFRIQUE DE

L’OUEST ET EN

AFRIQUE DE L’EST. SA ROUTE CROISA ALORS CELLE DES DEUX NATURALISTES QUI S’ÉTAIENT CONSACRÉES À L’ÉTUDE DU GORILLE,

JANE GOODALL (EN HAUT, À GAUCHE) ET DIANE FOSSEY ( EN MÉDAILLON).

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sur les dernières zones naturelles, n’aient avivé la conscience écologique américaine. À l’occasion de cette traversée de l’Amérique, l’écrivain devait s’intéresser aussi aux traditions des Indiens et à la situation dégradée, humiliante, que connaissent leurs descendants actuels. Mais c’est en faisant pour le NewYorker, le portrait du syndicaliste paysan Cesar Chávez, un chicano, « le plus grand homme qu’[il ait] connu », adepte de la nonviolence et de la désobéissance civile, auquel il consacra un livre, en 1969, Sal si puedes: Cesar Chávez and the New American Revolution,queMatthiessen élargitsonintérêtàlacondition des Indiens d’Amérique. In the Spirit of Crazy Horse,paruen1983,exprime et condense ses idées sur la question. Comme l’auteur y prenait la défense d’un Indien qui avait été condamné aumotifqu’ilauraittuédeux agents du FBI,l’ouvrage fut poursuivi devant les tribunauxetinterdit,avantdepouvoir finalement être diffusé.Par ses premiers écrits, Matthiessen avait attiré l’attention du directeur du célèbre New Yorker qui lui demanda d’enquêter, pour son magazine, sur les derniers refuges de la vie sauvage dans le monde. C’est ainsi que l’écrivain partit pour un long périple en Amérique latine, de la forêt amazonienne à la Terre de Feu, des

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hauts plateaux boliviens aux régions les plus reculées du Pérou. Trente-cinqmillekilomètresparcourus,dansdes conditions souvent difficiles voire primitives, et en courant des risques certains : caïmans et serpents de la forêt vierge, indigènes belliqueux, guides sans scrupule,descentederapidesréputésinfranchissables, sansoublier,enBolivie,l’habituelpronunciamientoavec soncortègedeviolencesaveugles.Cequidominetoutefois, dans le livre que Matthiessen en rapporta, en 1961, The Cloud Forest (Urubamba, dans la traduction française de Payot), c’est le refusdupittoresque,del’exagération (pointée avec humour dans nombre de récits d’explorateurs des XIXe et XXe siècles) au profit d’un regard dénué de préjugés et d’uneprécisionminutieuse, quin’interditpas,pourtant, un certain lyrisme, notamment dans les descriptions de la nature. À l’évidence, Peter Matthiessen, chaque soir, devait résumer le contenu de sa journée dans un cahier et c’est d’après ses notes quotidiennes qu’il rédigeait ensuite ses livres. En témoigne le récit, d’une rigueur anthropologiquesansfaille,qu’iltirad’uneexpédition,l’année suivante dans une région de Nouvelle-Guinée où la“civilisation”n’avait jamais pénétré: Under the MountainWall ou, en édition française, Deux saisons



PHOTOS : NHPA / SUNSET - JJ

Peter Matthiessen

UN IVOIRIEN DÉSABUSÉ PAR LA SITUATION DES ÉLÉPHANTS DIRA :“QUAND ON VEUT REGARDER DES ÉLÉPHANTS, ON PREND L’AVION ET ON LES REGARDE DE LÀ-HAUT.” ◆ UN CONSTAT DATÉ ET TROP PESSIMISTE

LES LIVRES QU’IL CONSACRA À

L’AFRIQUE DÉCRIVENT UNE SITUATION À UN MOMENT DONNÉ.

QUE CE SOIT EN AFRIQUE DE L’EST (CIDESSUS, DELTA DE L’OKAVANGO, AU BOTSWANA) OU EN AFRIQUE DE L’OUEST (EN HAUT À DROITE, ÉLÉPHANTS AU

CONGO ; ET, EN MÉDAILLON, OKAPI, AU CAMEROUN) L’ÉTAT DE LA FAUNE N’EST PLUS CELUI D’AUJOURD’HUI. S’IL S’EST MAINTENU OU A EMPIRÉ EN CERTAINS PAYS, IL S’EST AMÉLIORÉ DANS D’AUTRES, GRÂCE À L’ACTION

D’ORGANISATIONS

COMME L’IGF.

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à l’âge de pierre. Livre remarquable par la capacité d’empathie de son auteur pour les tribus avec lesquelles il vécut et dont il décrit la vie et les rites sans jamais tomber dans l’arrogance du civilisé envers le “sauvage”. Car pas davantage qu’il ne croit en la supériorité de la civilisation occidentale,Peter Matthiessenn’accordecréditaumythedu“bonsauvage”. Les Papous qu’il décrit ne possèdent en rien la prétendue bonté naturelle que Rousseau et d’autres idéologues des Lumières attribuaient aux indigènes préservés des méfaits de la société et du progrès.Leur grande occupation est la guerre, ou le rapt, et ils n’ignorent nullement nos luttes symboliques pour le pouvoir et la richesse.Le sérieux et la richesse de la documentation,laneutralitéou l’impassibilité voulue du témoin, pourraient rendre la lecture de Deuxsaisonsàl’âge de pierre aussi fastidieuse que celle d’une thèse universitaire.Ce n’est pas le cas tant le récit de l’auteur est bien mené,les caractères de ses personnages tracés d’un trait sûr, et tant le style est vif et précis. C’est avec son quatrième roman, At Play in the Fields of the Lord (En liberté dans les jardins du Seigneur, Gallimard) que Matthiessen obtint une reconnaissance littéraire nationale, en figurant sur la sélection du National Book Award. Inspiré de son

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expédition sud-américaine,le roman met en scène, au cœur de la forêt brésilienne, à travers missionnaires blancs et tribus indigènes, la confrontation entre le monde moderne et les modes de vie traditionnels, thème obsessionnel de l’œuvre de Matthiessen,dont l’originalité et l’ampleur lui valurent, en 1974, d’être reçu à l’American Academy of Arts and Letters. L’année suivante, le nouvel académiciendonnauncinquièmeroman,FarTortuga,récitd’une expédition de chasse aux tortues dans les Caraïbes, qui déconcerta les lecteurs et la critique par ses recherches expérimentales sur la forme.C’est avec un livre de voyage, le Léopard des neiges, que Matthiessen obtint son premier grandprixlittéraire,leNational Book Award, dans la catégorie Pensée contemporaine. Le livre est inspiré par l’expédition du naturaliste George Schaller, que l’écrivain avait accompagné au Népal à la recherche du rare léopard des neiges et du blue ship. Davantage qu’un livre de naturaliste, c’est un voyage intérieur, une méditation sur la vie et la mort, que décrit et auquel se livre l’écrivain, alors en deuil de sa seconde femme, et converti au bouddhisme zen par lequel il se détacha de l’usage des drogues et notamment du LSD, qu’il avait découverts par Timothy Leary.De moine



PHOTOS : TEAMCRUCILLO - DR

Peter Matthiessen

PETER MATTHIESSEN A SOUFFERT D’ÊTRE CATALOGUÉ COMME ÉCRIVAIN NATURALISTE, ALORS QU’IL SE DÉFINIT D’ABORD COMME UN ROMANCIER. ◆ SES VOYAGES SONT SURTOUT DES VOYAGES INTÉRIEURS SI “LE LÉOPARD

DES NEIGES” EST,

À PREMIÈRE VUE,

LE RÉCIT D’UNE EXPÉDITION SCIENTIFIQUE,

LE LIVRE EST AUSSI UN PÈLERINAGE AUX SOURCES DE LA SÉRÉNITÉ BOUDDHIQUE. LA PHILOSOPHIE ZEN EST INSÉPARABLE DES ENQUÊTES QUE MÈNE L’ÉCRIVAIN SUR TOUS

LES CONTINENTS (EN

MÉDAILLON, LORS

D’UNE EXPÉDITION EN ARCTIQUE).

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bouddhiste,l’écrivain a franchi les échelons jusqu’à atteindre le degré de maître et devenir professeur. Lezen,dit-il,estmoinsunereligionqu’uneapproche de la sérénité,une école de maîtrise de soi,qui vous apprend à vous détacher de la culpabilité du passé et des angoisses du futur pourapprécierpleinement le moment présent. Au cours de la décennie 1980, Peter Matthiessen alterne les œuvres de fictionetleslivresdevoyages ou d’enquêtes. Parmi les premières,OntheRiverStyx and Others Stories (les Loups d’Aguila), recueil de nouvellesoùl’auteurjetteunregard sombre mais réaliste surlesrelationsentrel’homme, la nature et les animaux. Au nombre des secondes,seslivressurlasituationdesIndiensd’Amérique et sur celle des pêcheurs et marins de la côte est, ainsi que Sand Rivers, un livre de voyage sur un safari dans le Selous, en Tanzanie, œuvre de commande destinée à payer les frais de l’expédition, et

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l’un des deux, l’autre étant Blue Meridian, qui inspira le film les Dents de la mer, qu’il regrette. Pour avoir écrit dix-huit livres sur sa passion pour la nature, les animaux et les derniers refuges de la vie sauvage – les plus récents étant consacrés aux grues (TheBirdsofHeaven)autigre de Sibérie (Baikal : Sacred Sea of Siberia et Tigers in the Snow) et à sa découverte du monde arctique (End of the Earth, voyages to Antarctica) –,Peter Matthiessen a souffert d’être étiqueté avant tout comme écrivain naturaliste. Or, il se définit au premier chef comme un écrivain de fiction qui écrit, aussi, des livres de non-fiction sur des sujets de société ou liés à l’environnement, ou des livres de voyages sur ses expéditions au cœur du monde sauvage. S’il a écrit davantage de récits de voyages et d’essais c’est que la fiction est un processus long et lent. Pour sa trilogie, Killing Mr. Watson, Lost Man’s River et Bone by Bone, qui, ré-



PHOTOS : JENS KLINGEBIEL - ZEN PEACEMAKERS

Peter Matthiessen

L’ŒUVRE DE MATTHIESSEN A POUR SOURCE LA RÉVOLTE CONTRE LA DÉGRADATION DE NOTRE HABITAT NATUREL. ET POUR BUT, LA CÉLÉBRATION DE LA TERRE MÈRE. ◆ DES LIVRES, RÉCITS OU ROMANS, QUI RACONTENT LA MÊME HISTOIRE C’EST AU TIGRE

DE SIBÉRIE, MENACÉ D’EXTINCTION PAR

LE BRACONNAGE DESTINÉ À FOURNIR LA PHARMACOPÉE CHINOISE TRADITIONNELLE QUE L’ÉCRIVAIN

A DÉDIÉ L’UN DE SES

DERNIERS LIVRES.

EN MÉDAILLON, MATTHIESSEN

INTRONISÉ COMME PRÊTRE BOUDDHISTE.

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unie, plus tard, dans un seul volume fut consacrée par un second National Book Award, plus de dix ans furent nécessaires. Àsesyeux,ladifférenceentrelafictionetlanonfiction est celle qui existe entre l’art et l’artisanat. Dans la première, l’imaginationcréativeprévaut, tandis que la seconde obéit à la contrainte des faits. Longtemps, il a pensé que ses livres de non-fiction étaient inférieurs à ses romans, mais un ami peintre lui a fait observer qu’ils n’étaient que deux facettes d’un immense et unique travail, et que leurs motivations étaientlesmêmes:larévolte contre l’injustice, le désespoir à propos de la destruction de notre habitat naturel et de la faune, la célébration de notre Terre et une élégie pour les paradis perdus. S’il ne reconnaît pas d’auteurs qui l’aientdirectementinfluencé,PeterMatthiessenadmet avoir été inspiré par quelques grands écrivains

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comme Conrad, Dostoïevski, Gogol, Isaac Babel, Anna Akhmatova. Parmi les contemporains, son admiration va à ceux qui lui semblent novateurs ou qui ont su prendre des risques. Tels Don DeLillo, V. S. Naipaul, Alice Munro, Cormac McCarthy… Des écrivains aux obsessions récurrentes. Comme lui,dont les livres racontent toujours la même histoire, celle de la disparition des espèces et des sociétés traditionnelles, et sont tissés de la même nostalgie, celle de l’éden perdu. ◆ Seule une partie de l’œuvre de Peter Matthiessen a été traduite en français,chez Gallimard, Payot et Actes Sud.Voici les titres disponibles:chez Gallimard –le Léopard des neiges,les Loups d’Aguila et En liberté dans les champs du Seigneur– ; chez Payot –Urubamba, Silences africains et Deux saisons à l’âge de pierre– ; chez L’Olivier –Mr.Watson doit mourir– ; et chez Actes Sud – Far Tortuga et Tigres dans la neige.


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Proche Château la Vallière, Indre et Loire (37)

Très belle propriété, 400 ha environ, dont 216 ha de forêt, 93 ha environ de terres libres, 81 ha environ de landes, et 10 ha environ d’étang, comprenant maison d’habitation, maison de réception, maison de gardien et divers bâtiments agricoles. Exceptionnelle Chasse toute l’année : cervidés, sangliers, chevreuils. Possibilité d’acquérir environ 304 ha supplémentaires attenants.

Exceptionnelle propriété de chasse de 304 ha environ dont 280 ha de forêt, 23 ha de terres libres, comprenant maison de maître, maison de gardien, divers bâtiments agricoles. Belle chasse : cervidés, sangliers, chevreuils. Possibilité d’acquérir environ 400 ha supplémentaires attenants.

17, rue d’Orléans - 92200 Neuilly sur Seine - www.henridormesson.com Tél : 01.41.43.04.75 - Fax : 01.47.22.05.49 - cabinet@henridormesson.com

17, rue d’Orléans - 92200 Neuilly sur Seine - www.henridormesson.com Tél : 01.41.43.04.75 - Fax : 01.47.22.05.49 - cabinet@henridormesson.com

Cabinet Henri d’Ormesson

Diverses Propriétés Aubigny sur Nère,

Diverses Forêts Exclusivité,

360 ha environ territoire de chasse, maisons et dépendances.

entre Blois et Montrichard 275 ha, Loir et Cher.

Nouan le Fuzelier,

Exclusivité, 76 ha, Moselle.

30 ha environ comprenant Château et dépendances

Gien,

151 ha environ comprenant maison de maître, corps de ferme et dépendances

La Ferté Saint Aubin,

137 ha environ, corps de ferme et dépendances

Sully sur Loire,

110 ha environ maison de maître, corps de ferme et dépendances

Gien,

4 ha avec maison de maître et maison d’amis

Exlusivité Cabinet Henri d’Ormesson

30 ha proche Saint Etienne

Exclusivité,

16 ha environ proche de Saint Amand Montrond

Forêt d’Orient, Aube (50) Exceptionnelle propriété close de 276 hectares environ, proche de Troyes comprenant : belle maison de maître avec de nombreuses dépendances, jardin, piscine, 166 hectares environ superbe forêt de chênes, 104 hectares environ de terres et prairies libres. Très belle chasse, cerfs et sangliers

Exlusivité Cabinet Henri d’Ormesson 17, rue d’Orléans - 92200 Neuilly sur Seine - www.henridormesson.com Tél : 01.41.43.04.75 - Fax : 01.47.22.05.49 - cabinet@henridormesson.com


REGARD

L’

Art

et la

Chasse

Barend Van Orley Chasses de Maximilien

C

ETTE CÉLÈBRE TAPISSERIE

NOUS OFFRE

UNE CHASSE

DE SANGLIER D’UNE

SAISISSANTE VÉRITÉ.

par Philippe Léobazel

L

etitrecourammentusitéde“Chassesde Maximilien”vientduPrincequiavaitcommandé cette série de douze tapisseries, Maximilien de Habsbourg, grand-père de Charles Quint. Placéeschacunesousunsigneduzodiaque,ellesdurent être faites à Bruxelles entre 1531 et 1533 sur les cartons du peintre flamand Barend Van Orley (vers 1488-1542). Tissées en laine, soie, fil d’or et d’argent,elles sont d’un grand format (3,16par 2,75 mètres). Achetées par les Guises au XVIe siècle, elles tombèrent dans les mains de Mazarin au XVIIe siècle, puis, à sa mort, dans celles de Louis XIV. Elles sont aujourd’hui au Louvre. La scène, ici le mois de décembre, est donc sous le signe du capricorne ; elle se passe très probablement dans la forêt de Soignes, près de Bruxelles.Nous sommes en hiver,avec ces arbres

entièrement dénudés mais pas encore trace de neige. Un petit village et son église se devinent dans le lointain, en haut à droite. Et comme seuls personnages, les veneurs, tous occupés à chasser à courre un sanglier. La composition de cet ensemble est très curieuse,carilfautl’envisagerexactementcomme une bande dessinée contemporaine.En partant du deuxième plan, en haut à gauche, nous assistonsàlaquêtedusanglier,avecquelqueschiens seulement car, selon Phébus, si on met dès le début tous les chiens sur la voie du sanglier, il en tuera ou blessera un certain nombre et, sans chiens frais et nouveaux,on risquerait de ne pas le prendre. À droite du grand arbre du centre, c’est le sanglierquiadébûché,serrédeprèsparleschiens. Il a dévalé la petite colline où il avait sa bauge, CE DÉTAIL NOUS MONTRE UN DES TROIS LÉVRIERS SUR LE DOS DU SANGLIER.

NOUS REMARQUONS CE TERME DÉSIGNE, NOUS DIT PIERRE-LOUIS DUCHARTRE DANS SON DICTIONNAIRE CYNÉGÉTIQUE, “UN NOM DE VÊTEMENT POUR L’HOMME APPLIQUÉ À UN VÊTEMENT

QU’IL PORTE UN JAQUE.

PROTECTEUR POUR CHIENS CHASSANT LE SANGLIER”.

SELON SALNOVE, “LE JAQUE DEVAIT ÊTRE FAIT DE TOILE DE CHANVRE REMBOURRÉE OU NON DE CRIN OU DE PAILLE. IL DEVAIT

PROTÉGER LE COU, LA GORGE,

LE POITRAIL ET LE VENTRE DU CHIEN”.

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Jours de C HASSE ◆

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PHOTO RMN - DROITS RÉSERVÉS

CETTE TAPISSERIE – AUJOURD’HUI AU MUSÉE DU LOUVRE – REPRÉSENTE LE MOIS DE DÉCEMBRE. LA SCÈNE QUI SE PASSE SANS DOUTE DANS LA FORÊT DE SOIGNES, PRÈS DE BRUXELLES, REND PARFAITEMENT COMPTE DES DANGERS QUE REPRÉSENTAIT AU XVIe SIÈCLE UN SANGLIER SUR SES FINS TENANT LE FERME.

et nous le retrouvons au ferme, coincé par trois lévriers. Le plus hardi porte pour se protéger un jaque,sorte de manteau très épais qui couvre presque tout le corps.Les autres chiens sont des mélanges de mâtins et de chiens courants, élevés spécialement pour le courre du sanglier.Un valet,à droite,se précipite avec un dogue en laisse, qui va être un précieux renfort pour les chiens en difficultés.D’après la longueur de ses défenses et leur inclinaison vers l’arrière, le sanglier qui figure ici est un vieux solitaire très redoutable encore comme nous le montre le chien qu’il vient de découdre. Il est attaqué de face par le maître d’équipage à l’épée,ce qui est plus dangereux que de servir à l’épieu, mais comme le dit Phébus « c’est belle maîtrise et belle chose que de bien savoir tuer de l’épée ». Et si le sanglier n’était pas tenu par les lévriers, l’épée serait inutilisable: on y risquerait sa vie. L’épée que nous voyons mérite qu’on s’y arrête un instant: d’abord par sa longueur inusitée (1,30 mètre environ); ensuite par sa pointe, très proche de celle d’un épieu; enfin par une particularité qu’on ne peut voir sur la tapisserie mais très importante selon Phébus, à savoir que la moitié de la lame du côté de la croix, doit être sans tranchant afin d’éviter que le veneur en frappant ne s’entaille le genou ou la jambe, ce qui, paraît-il, arrivait assez souvent. Notre cavalier a de la main gauche détourné l’encolure et la tête de son cheval pour

avoir le champ libre sur sa droite et pouvoir ajuster le sanglierdevantlepoitraildesamonture.Nousnevoyonspasl’instant décisif, et le coup semble bien dirigé. S’il ne l’était pas, deux piqueurs,derrière le cheval,interviendraient immédiatement avec leurs longs épieux. L’ordonnance de ce premier plan est très net : le chêne du centre, couvert de lierre et animé par un écureuil et deux oiseaux, est l’axe d’où se détachent les deux branches d’un triangle.Àdroite,leslévriersetlesanglier,àgaucheleshommes. Onremarqueralasavantegradationdanslesattitudesdestrois lévriers,etdansdestonsdiscrets,auxquelsrépondlanoteéclatante du vêtement rouge du maître d’équipage.Tout frémit dans cette scène d’une agitation plus ou moins contenue : même les racines très apparentes qui sortent de terre paraissent se tordre comme si elles étaient sous l’emprise de mouvements convulsifs. Rien de plus instructif que cette tapisserie pour se rendre compte des dangers que représentait au XVIe siècle un sanglier sur ses fins tenant le ferme. Aujourd’hui, souvent, le sanglier est servi à la carabine pour éviter le plus vite possible qu’il exerce ses ravages dans la meute. La raison est parfaitement valable et, peut-être, peut-on parfois regretter le temps où cette chasse très dure se terminait toujours par un acte qui exigeait courage, adresse et sang-froid. ◆

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V

isite privée ◆

Invitation à Weiherhalde chez Hermann Bareiss reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten

AU SUD-OUEST DE L’ALLEMAGNE, LA FORÊT NOIRE OFFRE DES PAYSAGES ÉPOUSTOUFLANTS.

ELLE SE CARACTÉRISE PAR

SES MASSIFS RECOUVERTS D’ÉPICÉAS ET SES VALLÉES PROFONDES. IL FAUT SAVOIR QU’UNE GRANDE PARTIE EST AUSSI PARC NATUREL.

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AVANT DE PARCOURIR LES CRÊTES ET LES SENTIERS ESCARPÉS, C’EST DEVANT L’AUBERGE FAMILIALE QUE LE GARDE-CHASSE EXPLIQUE LE PARCOURS AVEC HERMANN BAREISS.

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Invitation à Weiherhalde

Il est des familles qui marquent une région et ce, pendant

plusieurs générations. C’est le cas des Bareiss au nord de la Forêt-Noire, une famille d’hôteliers exemplaires qui signe dans le Land de Bade-Wurtemberg, pour la troisième génération, l’excellence à Baiersbronn-Mitteltal, l’un des villages les plus attirants d’Allemagne. L’histoire commence à la mort de Jakob Bareiss, père d’Hermann pendant la dernière guerre, sa femme Hermine Bareiss élève seule ses deux enfants en ouvrant sa maison pour des hôtes de passage. L’enseigne, le Kurhotel Mitteltal, devient le premier hôtel du village, c’est probablement là que le petit Hermann se découvre un engouement très prononcé pour l’hôtellerie. Devenu aujourd’hui, le sublime Bareiss grâce à lui, cette maison d’amis est l’un des plus luxueux hôtels d’Allemagne, qui sera géré avec l’aide de la nouvelle génération dès l’été prochain. Les Bareiss sont fous de nature et s’investissent aussi dans la régulation de la faune et de la flore de la Forêt-Noire.Avec ses fils Christian et Hannes, Hermann assouvit sa passion pour la chasse sur un domaine de 1000hectares au Nord de la Forêt-Noire, non loin des rives de la Murg et comprenant les vallées de l’Ellbach, du Buhlbach et de la Murg. Le garde forestier, Hermann Rastetter, gère ce domaine de résineux (épicéas et sapins) entrecoupées de clairières sur un dénivelé de 600 à 900 mètres. Une chasse aux grands cerfs, daguets et brocards, dans une partie de la forêt, entourée de 6000hectares de concessions dont les propriétaires amis étaient avec nous ce jour-là. Cette dernière journée de la saison fut mémorable. Humide à souhait, pour que l’ambiance de la forêt nous transperce jusqu’aux os! Mais riche en découvertes d’une autre nature. Gigantesque, époustouflante et tellement diversifiée, avec ses sentiers marqués par le passage de montagnards et chasseurs autant que par les traces d’animaux. Les minces clairières,

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Jours de C HASSE ◆

LES DEUX AMIS DE CHRISTIAN – ULI ET MARTINA FINKBEINER,

QUI POSSÈDENT UNE GRANDE CONCESSION VOISINE – SONT DE FINS

CHASSEURS.

LEUR CHIEN DEXTOR, UN BRAQUE DU TYROL, EST TRÈS CI-DESSOUS, SUZAN MONTE AU MIRADOR PENDANT QUE SON PÈRE OUVRE LES PANNEAUX DE TIR. OBÉISSANT ET ATTENTIF.

PAGE DE DROITE, HERMANN BAREISS ET L’AÎNÉ DE SES FILS, DONT LES RECOINS DE LA FORÊT N’ONT PLUS DE SECRETS POUR LUI. ILS SONT ASSIS SOUS LE PORTRAIT DE JAKOB, GRAND-PÈRE ET PÈRE. LUI AUSSI ÉTAIT CHASSEUR.

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Invitation à Weiherhalde les cascades qui dégringolent dans les vallées étroites et au loin les cimes enneigées, cette beauté sauvage, conjugue le pur et le somptueux. Les pierres rouges marquant cette région déteignent sur les ruisseaux d’argent, et les pins gigantesques laissent à peine la lumière s’infiltrer entre les troncs. Nous ne sommes ni en septembre à l’époque du brame, ni à la fin novembre à la saison du rut, mais on voit très nettement les traces des cervidés qui semblent s’évanouir au loin et se cacher.Avec l’aide de Reiner Brechenmacher, Hermann Rastetter place aux différents miradors à affûts, Uli et Martina Finkbeiner, et Roland MeyerBöringer et sa fille Suzan, ainsi que la ravissante Uta Schlagenhauf. Hermann


DE GAUCHE À DROITE, LES PORTRAITS DE NOS CHASSEURS SOUS LA PLUIE : ULI FINKBEINER, HERMANN RASTETTER, LE GARDE-CHASSE, ET UTA SCHLAGENHAUF, CHRISTIAN BAREISS ET LE GARDE FORESTIER REINER BRECHENMACHER. ON LES RETROUVE CI-DESSOUS

AVEC LEURS AMIS POUR UN ENCAS DANS LA BONNE HUMEUR.


Invitation à Weiherhalde Rastetter a la solide réputation de faire découvrir dans son mirador (aménagé!) en aplomb de montagne les plus beaux cervidés de la chasse! Quelques privilégiés seulement peuvent venir ici pour de mémorables chasses concoctées à la carte. Dépaysement garanti, montagnes, sapins, gibier et, en primeur, grand bol d’air et une brassée de sourires en costumes d’époque. Dans la famille Bareiss lorsque l’on vous accueille, c’est le sourire aux lèvres et l’œil malicieux, toujours un mot aimable et une galanterie depuis longtemps oubliée ailleurs. Hermann est un homme discret et un bourreau du travail qui, même à la chasse, est d’une élégance typique et non ostentatoire. Nous gardons de cette chasse un très joli souvenir et une farouche envie d’y retourner. ◆

À DROITE, CI-CONTRE, LE PÈRE ET SES DEUX FILS, CHRISTIAN HANNES, TRINQUENT À CETTE JOURNÉE QUI S’EST BIEN DÉROULÉE MALGRÉ LE MAUVAIS TEMPS. CI-DESSUS, UNE SCULPTURE D’HERMINE BAREISS, LA MÈRE D’HERMANN. SUR CE GUÉRIDON, DES ROSES FRAÎCHES LUI SONT DÉDIÉES EN PERMANENCE. ET SUR LES AUTRES VUES, ON PEUT DISTINGUER LA PLACE QUE PEUT PRENDRE LA CHASSE DANS LA FAMILLE BAREISS, MAIS TOUJOURS DANS LA SOPHISTICATION.

ET

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Saveurs

Invitation à Weiherhalde par Véronique André

CLAUS PETER LUMPP, QUI A PEAUFINÉ SON TALENT

Les recettes de famille

DANS DES CUISINES FRANÇAISES, PROPOSE

“BAREISS” DE BELLES ASSOCIATIONS : CROQUANT ET MOELLEUX, TERRE ET MER, DOUX ET AMER, MAÎTRISÉES AVEC ART. ON ADORE LE LOUP DE MER AUX TOPINAMBOURS, AU

LE POTAGE CRÉMEUX DE MÂCHE SAUVAGE ET FLAN DE POMMES DE TERRE À LA CRÈME DE NOIX…

Hôtel-restaurant Bareiss, Gärtenbühlweg 14,72270 Baiersbronn-Mitteltal,Allemagne. Ren. : 00.49 (0)7442.47.0 et www.bareiss.com

Claus Peter Lumpp est le chef trois étoiles qui officie au “gastro” de l’hôtel “Bareiss”. Ce spécialiste d’une grande cuisine d’inspiration méditerranéenne, évolue au fil des saisons mais nous savons que ses instants privilégiés sont ceux de la période de chasse.

Filet de perche dentelée sauce au citron Pour 4 personnes 200 g de filet de perche dentelée, 12 tomates cerise,1/4 litre de fond de poisson,1 citron,huile d’olive, vinaigre balsamique blanc, 1 botte de basilic sel,poivre.

◆◆◆ Faire blanchir les tomates cerise, et les refroidir à l’eau glacée. Les faire mariner avec,dans une sauce vinaigrette.Découper la perche en quatre morceaux réguliers et les assaisonner. Faire bouillir le fond de sauce avec du jus de citron et un peu d’écorce de citron râpé. ◆◆◆ Faire griller la perche dentelée dans de l’huile d’olive,et la servir dans une assiette creuse, avec les tomates légèrement confites et napper avec un peu de jus de cuisson.

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Ricard S.A. au capital de 54.000.000€ - 4&6 rue Berthelot 13014 Marseille - 303 656 375 RCS Marseille

The Glenlivet est né d’un esprit pionnier. Lorsqu’en 1824 George Smith mit au point la fabrication d’un single malt aux notes fruitées et florales, il ne pouvait imaginer qu’il imposerait son style particulier comme une véritable signature. Un équilibre rare et des arômes intenses qui allaient inspirer de nombreux connaisseurs, et influencer des générations de distillateurs. Mais depuis 1884, seul le whisky de George Smith est autorisé à s’appeler The Glenlivet.

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Saveurs Invitation à Weiherhalde

Selle de chevreuil glacée, sabayon d’airelles Pour 4 personnes 1 selle de chevreuil de 2 kilos,150 g de foie et de cœur de chevreuil, 1 branche de romarin,1 feuille de laurier, 15 g de gelée d’airelles,une tasse d’airelles, 1 litre de fond de gibier,200 g de légumes sautés, 15 baies de genièvre,1/2 litre de vin rouge, 1 cuillère à soupe de concentré de tomates. Pour le sabayon 20 millilitres de jus d’airelles,50 millilitres de liqueur de cassis, 3 jaunes d’œuf,1 cuillère à soupe d’airelles, sel et poivre de Cayenne. ◆◆◆

Désosser la selle de chevreuil et en retirer les tendons.Faire griller les os avec les bas morceaux y ajouter des légumes grillés et laisser sur le feu.Ajouter le concentré de tomates,la gelée d’airelles et le vin rouge jusqu’à ce que le fond de sauce soit bien glacé. Compléter avec le fond de gibier et les aromates,laisser mijoter jusqu’à réduction d’un tiers,puis égoutter et assaisonner.Saler et poivrer la selle de chevreuil,la faire griller et cuire environ 9 minutes à 200 °C. ◆◆◆

Pour le sabayon Pendant ce temps, mélanger le jus d’airelles,liqueur de cassis et les jaunes d’œuf,fouetter au bain-marie et ajouter airelles sel et poivre.Puis laisser reposer le tout 3 à 4 minutes avant de servir. ◆◆◆

Disposer les tranches de selle de chevreuil sur une grosse part de brioche préalablement marinée dans un mélange crème-cognac et arroser abondamment le sabayon.

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Points de vente: Armes et Munitions, R. Meisberger, 23 rue des Hallebardes, 67000 Strasbourg Armes et Passion, Rue de la Nau des Vignes, 51520 La Veuve Armurerie Girod Alberville, Z.I. des Vernays, Sortie 32 bis/33, 73540 La Bathie Armurerie J.J. Sipp, 12 Rue du 22 Novembre, 67000 Strasbourg Fj채llr채ven B.V., Koningsbeltweg 12, 1329 AG Almere, Pays-Bas, tel. +31 36 5359409 Retrouvez tous nos produits sur www.fjallraven.com et sur www.technitex.fr


Saveurs Invitation à Weiherhalde

La forêt-noire du “Bareiss” Pour 4 personnes 1 fond de biscuit,250 g de sucre, 300 g de farine,2 cuillères à soupe de chocolat en poudre, 7 œufs. Garniture 1 200 millilitres de crème,50 g de sucre,3 feuilles de gélatine,40 g de griottes en conserve, 4 cuillères à soupe de fécule, 100 millilitres de kirsch,chocolat râpé.

Et pour accompagner ce repas… Le chef propose deux jolis crus en blanc et deux jolis crus en rouge à choisir dans ces vins des régions voisines. En blanc 2002 Oberrottweiler Henkenberg – Grauburgunder Kabinett

◆◆◆

Fouetter le sucre et les œufs pendant environ 15 minutes. Tamiser la farine,le chocolat en poudre et incorporer.Faire cuire au four dans un moule rond pendant 30 minutes à 180 °C. ◆◆◆

Couper le fond en trois parties égales.Battre la crème fraîche refroidie et le sucre.Ajouter la gélatine à la crème.Porter le jus de cerise à ébullition.Retirer du feu ajouter les griottes, les mélanger et laisser refroidir. Délayer 20 millilitres de kirsch et étaler une seconde couche de crème sur les cerises et poser le deuxième fond. Arroser de kirsch et étaler une seconde couche de crème. Puis poser le troisième fond en l’arrosant également de kirsch.Répartir le reste de la crème d’égale façon et parsemer de chocolat râpé.

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sec – Domaine Salwey – Bade. Ou bien 2003 Chardonnay vendange tardive sec – Domaine Karl-Heinz Wehrheim – Palatinat. En rouge 1989 Burkheimer Feuerberg – Grauburgunder grand cru sec – Domaine Bercher – Bade. Ou bien : 2000 Malterer – Domaine Bernhard Huber – Bade.


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La conquête du sauvignon

◆ Le vignoble sancerrois semble avoir connu une renommée précocepuisque,dèsleXIe siècle,des chroniques monastiques soulignent l’abondance de vin dans la région. Mais sa création remonteraitauxpremierssièclesde notre ère. Pline l’Ancien et Lucius Columella mentionnent, dans le traité d’agronomie De Rustica, l’existence d’un plant de vigne gaulois sur les bords de Loire, le biturica, dénomination à rapprocher du peuple Biturige. C’est au XIIe siècle que le vignoblecommenceàconnaîtreun développement notable, assuré successivement par les moines de l’abbaye de Saint-Satur puis par les comtes de Sancerre: on yproduitalorsunvinrouged’excellente réputation, issu du pinot noir et exporté par la Loire, ce qui lui vaut de figurer à la fois dans les écrits royaux et sur les tables des grands jusqu’au XVe siècle. Cette prospérité va durer jusqu’à la crise phylloxé-

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rique qui n’atteindra le Sancerrois qu’après 1885. Aujourd’hui, le vignoble de Sancerre– situésurlarivegauche de la Loire, face aux vignobles de Pouilly-sur-Loire et Pouilly Fumé – s’étend sur environ 2770hectares et 366 domaines, répartis sur 14 communes du département du Cher et de la région Centre.La production de vin blanc a largement dépassé celle de rouge (environ trois quarts pour un quart). Sous un relief marqué, aux pentes raides, les sols sont principalementconstituésdemarnes et de calcaires compacts du kimméridgien. On distingue trois zones: à l’ouest, sur les grandes côtes, des formations purement marneuses où de nombreux coquillagesfossilessontamalgamés à l’argile –les“terres blanches”– qui donnent des vins étoffés et corsés;danslapartiemédiane,sur les coteaux moins élevés et les petites collines, des sols à forte

À SANCERRE, LES VINS SONT MONOCÉPAGES : SAUVIGNON POUR LES BLANCS, PINOT NOIR POUR LES ROUGES…

proportioncalcaire,trèspierreux –les“caillottes”– où les vins sont plusfruitésetplustendres;àl’est, auniveaudeSaint-Saturetdupiton de Sancerre, des terrains siliceux, caillouteux, où les silex abondent –les“chailloux”– produisant des vins solides d’une grande complexité. Les vins blancs (AOC depuis 1936) sont issus du sauvignon blanc et présentent des arômes

mêlant le floral blanc (aubépine, sureau)auxfruitsàchairblanche (pêche, poire) et aux agrumes (pamplemousse, pomélo), en allantparfoisjusqu’auvégétal(foin coupé) et à la minéralité (pierre à fusil). Ils sont secs mais dotés derondeuretdevivacité,évoluant sur l’équilibre et la fraîcheur. Ils se boivent dans leur jeunesse (1 à 3 ans) mais certains millésimes ont parfois des potentiels degardeétonnants,commecefut le cas en 1945,1947 et 1959 – des annéesd’anthologie–ainsiqu’en et1990,restésimprimésdansbien des mémoires… Les vins rouges (AOC depuis 1959), issus du pinot noir, ont une belle robe cerise ou rubis et des arômes à la fois floraux et épicés, soulignés par des notes de fruits rouges. Ils sont équilibrés,avec une certaine puissance mais de la finesse et une belle palette aromatique. On les boit entre 2 et 5 ans et, à l’instar des blancs, certains peuvent assurer une bonne garde. Il se produit également quelques rosés (AOC en 1959), corsés et séveux mais charmants, à la robe généralement saumonée et aux arômes fruités. C’est en maîtrisant les rendements et en se gardant de produiredesvins“bodybuildés”que lesvigneronsserventiciaumieux unterroirquileméritevraiment.

Nous les avons remarqués…

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Volutes par Jean-Claude Perrier

Les évasions estivales

À l’apéritif, en bord de mer ou pour des soirées de fête, ces havanes ou ces productions atypiques conjurent la crise avec tact et volupté.

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MONTECRISTO SUBLIMES Édition limitée 2008 Prix : 18 €.

◆ Sous sa cape maduro

vieillie cinq ans, un beau géant atypique dans la marque. Ce sublime est un cigare de caractère, dont, à cause de son large diamètre, les arômes s’exhalent généreusement. Idéal pour une longue soirée de fête.

MONTECRISTO “A” Gran Corona Prix : 30,30 €.

◆ Oui, bien sûr, par les temps qui courent, c’est un peu une folie. Mais, pour le prix de deux robustos, ce fabuleux cigare vous offrira deux heures de plaisir intense. Surtout à partir du deuxième tiers, où il s’emballe pas mal.

CAO SOPRANOS Prix : 12 €.

◆ Une curiosité: sous sa cape

◆ Dans cette marque

qui n’a pas su vraiment séduire l’amateur français, trop légère, trop“goût américain”, ce petit cigare twisté à la tête accompagnera très bien, lui, par exemple un cocktail, grâce à ses arômes herbacés, un peu âcres, légèrement piquants. CETTE SÉLECTION A ÉTÉ ÉTABLIE AVEC L’AMICALE COMPLICITÉ DE

nicaraguayenne, c’est un cigare d’assemblage, dont la tripe est un tiers Honduras, Brésil et Saint-Domingue! Un cocktail tropical servi par un design moderne, coloré, un peu clinquant. Quant à son goût: indéfinissable. Mais ce Soprano a ses fans.

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SANTA CLARA 1830 Robusto Prix : 5 €.

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cape maduro couleur charbon, c’est un cigare à tripe longue aisé à fumer. Côté arômes, ça ne ressemble à rien de connu. Mais lui aussi a ses aficionados dont, il fut un temps, le chanteur Renaud.

SAINT-DOMINGUE

BOLÍVAR LIBERTADOR Exclusivité pour la France Prix : 17 €.

ZINO PLATINUM Chubby Short Figurado Prix : 8 €.

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que les autres Bolívar, ce gentil sublime agrémentera parfaitement, lui aussi, une longue soirée estivale au bord de la mer.

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assemblé, tripe dominicaine sous cape Connecticut blonde et belle, un petit cigare amusant, tout à fait dans la lignée de son terroir: combustion aisée, légèreté, arômes herbacés un peu ammoniaqués. Notons en outre que, pour un Davidoff, son prix est très raisonnable.

DOUBLE PUNCH Double Corona Prix : 13,40 €. ◆ Servi en cabinet

de cinquante, ce superbe cigare, bagué seulement depuis 2004, est un havane de prestige. À savourer longuement, lentement, afin qu’il exprime toute sa complexité aromatique, sur un fond de rusticité cubaine traditionnelle. Très bon rapport qualité-prix.

VEGA FINA Short Robusto Prix : 3 €.

◆ Sous sa cape maduro,

un petit joufflu pas insignifiant, avec sa tripe longue et ses effluves herbacés et légers. Un cigare apéritif.

ATE IAFR RICK PAT

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NICARAGUA

TRINIDAD COLONIALES Petit Corona Prix : 12,40 €.

Jours de CHASSE ◆

ÉTÉ 2009


Une proposition de la Fédération Interdépartementale des Chasseurs de Paris, des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne (FIC Paris-HSV) aux chasseurs titulaires d’un permis national.

L

La chasse se déroule en plaine, en forêt, à la montagne, au bord d’océan ou de mer, le long de cours d’eau, elle s’inscrit dans des paysages souvent ruraux. Mais la chasse est pratiquée par des chasseurs dont la majorité habite en zone urbaine. Souvent, trop souvent, pour d’obscures raisons on oppose le monde urbain synonyme de pollution, d’entassement humain, de vitesse, de stress, à la campagne parée de toutes les vertus réparatrices, une sorte d’innocence déifiée.

En France, Etat jacobin, il est de bon ton de railler les parisiens… Mais au fond c’est quoi un parisien ? C’est un corse, un ch’ti, un gascon, un franc-comtois, un auvergnat, un alsacien. Il est riche, il est modeste, mais il peut aussi chasser sans avoir honte. Il n’a pas à payer le fait que les villes sont nées des migrations rurales. Et pourtant selon certains, le chasseur citadin est là pour payer, il doit payer plus, toujours plus… il doit expier une forme de pêché originel pour aller retrouver ses propres racines. L’an passé un permis national « petit et grand gibier » coutait 346,70 €, sous prétexte de « nomadisme », c'est-à-dire d’une course effrénée pour trouver la fédération la moins chère de France il a fallu qu’une loi vienne simplifier un processus qui relève du droit associatif. En effet, chaque fédération départementale fixe librement ses propres cotisations. C’est désormais la Fédération Nationale des Chasseurs qui définit le montant de la cotisation fédérale pour un permis national. Inspirée par la Fédération Nationale des Chasseurs, cette disposition législative s’est traduite au printemps 2009 à l’assemblée générale de la FNC, par une belle augmentation de la cotisation fédérale pour un chasseur parisien de 28 € soit 30%, ce qui a pour effet de porter le permis national « petit et grand gibier », avec assurance à 395,71 €. La FIC Paris-HSV avait proposé une autre approche qui consistait à mettre en place une seule validation permettant à tous les chasseurs de France de chasser sur la totalité du territoire français : terminé les départementales, les nationales, tout le monde sur le même pied d’égalité ! Même si l’on prête au chasseur parisien beaucoup de qualité, il n’a pas encore le don d’ubiquité. Au même moment il ne peut chasser qu’en un lieu, alors pourquoi le surtaxer, alors qu’il s’acquitte comme tout le monde de sa carte d’ACCA et ou de sa cotisation à la société communale ou de son action qui elles intègrent déjà le coût de gestion du territoire sans oublier le montant des systèmes de marquage (bagues, boutons…). De plus cette proposition avait l’avantage d’être simple et moins chère ! La FIC Paris-HSV s’est donné pour mission prioritaire de promouvoir la chasse en formant, en accueillant et en informant de nouveaux adhérents. C’est pourquoi la FIC Paris-HSV a décidé de vous offrir l’assurance chasse pour la prochaine saison 2009-2010 auprès de notre compagnie d’assurance afin de réduire sensiblement le coût du permis national « petit et grand gibier », qui, compte tenu de la majoration des redevances fixées par l’Etat, s’élève à 377,71 € contre 346,70 € la saison dernière. La FIC Paris-HSV souhaite accueillir les chasseurs militant pour un permis de chasser unique en France. « Chasseurs, titulaires d’un permis national, adhérez à la Fédération interdépartementale des chasseurs de Paris, des Hauts de Seine, de Seine Saint-Denis et du Val de Marne (FIC Paris-HSV) une des rares qui défende vos intérêts ». Georges Dutruc-Rosset

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58, avenue du Général Leclerc 92100 Boulogne-Billancourt Téléphone : 01.55.60.18.70 Fax : 01.55.60.07.15 mail : fdc75@chasseurdefrance.com Validation : guichetunique.iledefrance@chasseurdefrance.com


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ÉTÉ 2009

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Forum PAROLES DE LECTEURS

Histoire de règlements…

◆ Dans votre instructif

article sur les chiens consacré à « L’intérêt du dressage par un professionnel » (Jours de Chasse n° 35), il me semble qu’il y a une approximation qui peut porter à confusion.Vous écrivez que « le but des field trials étant de trouver du gibier en un temps imparti (en principe un quart d’heure),les éleveurs et les dresseurs ont été amenés à sélectionner les chiens ayant une grosse entreprise… » Or, sauf erreur de ma part, si l’épreuve dure bien au maximum un quart d’heure (elle peut être plus courte si le chien fait une faute énorme), il y a bien obligation que le chien prenne un “point” (arrêt) mais le nombre d’arrêts ne compte pas. Seuls sont jugés la qualité

de la quête, la fermeté de l’arrêt avec la sagesse à l’envol et au feu (et pour les concours en couple, le patron).

de la chasse mais du tir. Celui qui s’y rendra ira au moins en toute connaissance de cause. Merci de l’avoir dit.

Chasse ou pas…

Merci à Roland de Chaudenay…

L. Bernet.

◆ J’ai lu avec intérêt

votre article sur « Les colverts de Sabournac ». Bien que vous expliquiez avec nuance et diplomatie que ce n’est pas de la chasse – en quoi vous avez tout à fait raison –, il n’en demeure pas moins que ce type de“chasse à la journée” donne une image contestable de notre passion.

J. Parlan.

Sabournac (suite)…

◆ Votre reportage sur « Les Colverts de Sabournac » est intéressant parce qu’il est honnête. Vous dites noir sur blanc que ce type d’organisation n’est pas

C. Picot (Toulouse).

◆ Bravo à Jours de Chasse

d’avoir donné dans le numéro 35 la parole à Roland de Chaudenay. En quelques mots, il a saisi tout ce qui pouvait faire la beauté de la chasse, et de tous les modes de chasse: l’émotion. En outre, il rappelle les dangers qui menacent la chasse: la « diminution des espaces sauvages et un certain radicalisme de nature écologique ou philosophique ». Donner la parole ou plutôt la plume à des figures de cette qualité rehausse grandement l’image de la chasse.

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