C
HASSE Jours
de
Jours de CHASSE
N° 46
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Sommaire N° 46 hiver 2011
CHASSE Jours
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N° 46
TRIMESTRIEL DÉCEMBRE 2011 JANVIER FÉVRIER 2012 ●
La reine d’Écosse
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Jours de CHASSE
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Président-Fondateur Olivier Dassault
Crayons et pinceaux
RÉDACTION
Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)
ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT
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98 Alaska
La Dernière Frontière
005 L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire 006 L’actualité de la chasse et choke 018 LeChicmonde de la chasse À l’affût 028 Expositions et salons 030 LaLucarne chasse en DVD Évasion à Maurice 032 Le Long Beach et Le Touessrok joaillerie 034 Dossier Quand l’animal sculpte le bijou Tentations 042 Équipements de saison… 42 … pour elle 46 … pour lui 48 Accessoires 50 Automobiles
montres 052 Dossier L’art d’une belle complication 058 Enchères Envolées provinciales 062 LaSignets chasse en librairie 072 MConfidences Éric Dupond-Moretti Reportage 076 L’Écosse devant soi 086 Dossier Scotch whisky, What else ? e
ÉDITIONS MONTAUT
O’Klein, l’humour en force
PHOTOS : IMAGEBROKER / ALAMY - PATRICK ARNIHAC
Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)
098 Aventure La Dernière Frontière Découverte 106 Vol au-dessus des salines le terrain 116 Sur Tout savoir sur… 116 Pays castrais, pays des lièvres
122 Le dressage n’est jamais fini 126 Armurerie James, une passion française 132 Essai Jumelles Pulsar Edge 134 Brocards dans le Sud-Ouest 138 Divagations des chiens et chats
Portrait 140 Charles IX, la chasse par défi de légende 154 Chasseurs Lewis et Clarke, l’expédition du Nouveau Monde Crayons et pinceaux 168 O’Klein, l’humour en force et la chasse 178 L’art Maurice Denis privée 180 Visite Invitation au mas de La Chandelle chez Mark Silver 188 Saveurs Notre chef entre en cuisine 194 Tentations 194 Douceurs d’hiver 198 La maison et sa déco Flacons 202 202 Vins de Savoie, grandes orgues des montagnes 204 Calvados, 100 % jus de fruits
Volutes 206 Jours de fêtes 210 Forum Les lecteurs ont la parole
Ce numéro comprend un encart broché Abonnement entre les pages 34 et 35, une aquarelle entre les pages 130 et 131 et deux encarts jetés Réabonnement et Trésor du Patrimoine Homme moderne.
Parution du n° 47-printemps 2012, mars Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com
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PAR
daligramme.com
Éditorial par Olivier Dassault
L
vertes”que sont devenus la FNE,la LPO,le Roc et l’Aspas, e monde de la chasse, à travers ses institutions reavaient dégradé nos résultats sans les connaître ou même en présentatives,éprouve-t-il le sentiment d’être reconnu à les ignorant ». sa juste valeur par son ministère de tutelle ? Sans céder Pour sa part, Guy Harlé d’Ophove, président de la àlaparanoïa,sansadopterlaposturesipriséeaujourd’hui, Fédération des chasseurs de l’Oise,a justement exprimé de victime, il serait abusif de le soutenir… Bien soule sentiment du monde de la chasse et de la ruralité à vent, les chasseurs – comme ce fut le cas lors du Grepropos du faible écho que ses propositions et ses atnelle de l’environnement – ont l’impression, fallacieuse tentes reçoivent de la part de son administration de tusans doute, que les organisations de protection de l’entelle et demandé une meilleure place pour les quatrevironnementetdelafaunesauvage,voirelesmouvements vingts fédérations de chasseurs dans la gouvernance antichasse, sont écoutés d’une oreille plus complaisante écologique, ainsi qu’une plus juste répartition des subqu’eux-mêmes. ventions pour des actions concrètes en ce domaine.EstPourtant, qui oserait prétendre que les fédérations il besoin de préciser que je m’associe pleinement à ces de chasseurs ne sont pas les premiers protecteurs de la regrets comme à ces souhaits ? L’année électorale dans biodiversité et de l’intégrité des territoires ? Qui nierait laquelle nous allons entrer devrait nous qu’elles ont accompli de notables efforts permettre d’obtenir gain de cause, je de bonne volonté dans le dialogue avec LES CHASSEURS l’espère, sur un certain nombre de ces tous les usagers de la nature ? Qui conteslégitimes revendications. Elle offrira, en terait qu’elles sont les principales, sinon SONT SOUVENT toutcas,l’occasiondefaireentendrenotre les seules contributrices au paiement des LES DERNIERS À ÊTRE voix,nonpasentantquedéfenseursd’indégâtsoccasionnésparlespopulationsde térêts particuliers,mais qu’acteurs à part grand gibier ? Et pourtant, pour être les INVITÉS AUX DÉBATS entière d’une gouvernance partagée de premiers à s’investir concrètement sur QUI INTÉRESSENT notre patrimoine naturel. le terrain, les chasseurs sont souvent les Un mot, pour conclure, sur ce numéro derniers à être invités aux débats qui inL’AVENIR DES que vous avez entre les mains. Qu’il me téressent l’avenir des milieux naturels et MILIEUX NATURELS soit permis de dire que je le trouve parde la faune sauvage… Qui plus est,ils ne ticulièrement réussi. Comme un écho à laissent pas de ressentir comme de la ET DE LA FAUNE. notre premier numéro,l’Écosse et la Cacondescendance ou du dédain de la part, margue y sont à l’honneur. Mais aussi sinondesinstancesgouvernementalesdu l’Alaska,aux confins du monde,avec ce gibier mythique, moins de l’opinion publique, à leur encontre. Tant l’élan. Mais encore : l’expédition légendaire de Lewis et restent puissants les clichés et les poncifs désobliClarke, et leur traversée des États-Unis d’est en ouest ; geants attachés à leur image ! le trait plein d’humour de l’illustrateur O’Klein ; l’inC’est pourquoi j’ai plaisir à saluer l’initiative de cursion exceptionnelle de Maurice Denis dans la léMme Kosciusko-Morizet, notre ministre de tutelle, qui a gende de saint Hubert et, enfin, les confidences d’un térécemment rendu visite à une fédération départemennor des assises : Me Dupond-Moretti, lecteur assidu et tale de chasseurs. Cette première, qui honore le monde de la chasse dans son ensemble, j’y suis d’autant plus fidèle de Jours de Chasse depuis le premier numéro. Un sensible que la fédération en question est celle de l’Oise, exemple à suivre… et que j’ai l’honneur de représenter les électeurs de ce Bonne lecture et joyeux Noël à tous. département à l’Assemblée nationale. À cette occasion, le président de la FNC,Bernard Baudin,présent lors de cette visite, a souligné la contribution des fédérations à une « écologie pragmatique » et regretté leur « exclusion de structures comme le Comité national du développement durable ou le Conseil national de la mer et des littoraux,et leur faible représentation dans les conseils économiques,sociaux et environnementaux… comme si ces“agences de notation
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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction
BRUNO DE CESSOLE
SONDAGE
LA VÉNERIE ET LES FRANÇAIS
BÉCASSE
UNE MEILLEURE SAISON EN PERSPECTIVE
◆ Apriori,lasaisonbécassières’annonce sous de meilleurs auspices que celle de l’année dernière. « Elle sera dans la moyenne », affirme Yves Ferrand, ingénieur à l’ONCFS et l’un des meilleurs spécialistes européens de cet oiseau. À l’appui de son – relatif – optimisme :un printemps et un été cléments dans les zones de reproduction. À la différence de l’annéedernièreaveclasécheresse qui avait sévi dans toute la Russie (ce vaste pays représente les trois quarts des oiseaux qui arriventdansnotrepays,leresteprovenant de Scandinavie, mais
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Une majorité de Français ignore tout de la chasse à courre.
dire c’est que ce mode de chasse n’est pas vraiment leur préoccupationpremière.Eneffet,seuls 1,6%d’entreeuxdéclarent“pratiquerouavoirpratiquélachasse à courre”tandis que 84 %“n’ont jamais assisté ou vu une chasse à courre”. Dans le même ordre d’idée, 87 % ne se sentent “pas concernés par le sujet”. Pourautantcelanesignifiepas quel’imagequ’ilsenontsoitpar-
faitement neutre.Ainsi, près de lamoitiédesFrançais(47%exactement) qui déclarent connaître cette chasse “en ont une mauvaise image” (un chiffre à comparer avec celui d’une autre enquête sur la chasse,où 38 % des sondésenavaientégalementune mauvaise image). Quant à ceux qui n’ont pas d’avis,ils sont près de 40 %, chiffre élevé mais logique,uneimmensemajoritédes
concerne surtout les départements bretons),les périodes critiques de mai et de juin pour la survie des jeunes oiseaux ont été assezhumides,sanstempératures caniculaires, ce qui a permis à ces mêmes oiseaux de trouver sansdifficultésleurnourriturede base,le lombric. Autre indice rassurant : les comptages réalisés en Russie montrent que les jeunes oiseaux représentent les trois quarts des bécasses (a contrario, lors d’une mauvaise saison, la répartition est égale entre adultes et jeunes).Toutefois,préciseYvesFerrand, «ilnefautpass’attendrenon plus à une saison exceptionnelle. N’oublions pas en ef-
fet que l’année dernière,faute d’un manque de jeunes oiseaux,davantage de reproducteurs ont été tués, donc mathématiquement, il y a eu globalement moins de nichées ».Cela montre une fois encore que la bécasse reste un capital fragile et cela confirme que
Jours de C HASSE ◆
la mise en place d’un prélèvement maximal autorisé (PMA) était une absolue nécessité (voir notre précédente édition) ; rappelons, en effet que la France est, avec l’Italie, le pays où l’on tue le plus de bécasses, soit environ 1,2milliond’oiseauxtouslesans. Qui plus est,il est la preuve que les chasseurs sont capables de se prendre en mains(l’assembléegénérale de la FNC a voté le PMA à une écrasante majorité) pour assurer la pérennité d’une espèce. Obligatoire dès cette saison,il instaure, sur la totalité du territoire français,un maximum de 30 oiseaux par chasseur,les départementsgardantlaliberté de l’abaisser. JOHN MACTAVISH/ALAMY
◆ Sonder les Français sur la chasse,qui plus est sur la chasse à courre, est toujours une leçon très instructive. Certes, ce type d’exercice n’est qu’une photographie de l’opinion à un moment donné – et personne n’ignore que l’opinion est versatile –,qu’il n’est donc pas une science exacte, ne donnant qu’une tendance.À rebours,il a l’immense mérite d’être à l’écart des passions – puisqu’il représenteunepopulationtype–,loin des pulsions et du militantisme politique.RéaliséparleCSAauprès de 1 004 personnes au débutdumoisdejuillet,cesondage « était important,explique Pierre de Roüalle, président de la Société de Vénerie, afin de savoir si les affirmations insistantes de nos opposants comme quoi les Français réclamaient par-dessus tout l’abolitiondelavénerieétaientfondées ».Le moins que l’on puisse
Français ne connaissant pas la vénerie.D’ailleurs,note le CSA, dèsquecemodedechasseestexpliqué, ces mêmes Français en ont une perception plutôt positive (par le fait qu’il n’y a pas d’armes à feu, qu’il y ait peu de prélèvementsquecelafassepartiedenotrepatrimoineculturel). En tout état de cause – et la Société de vènerie l’a compris depuis fort longtemps –,l’heure du repli sur soi est la pire des politiques. Parler, montrer, expliquer avec des arguments solides, didactiques et pédagogiques est une nécessité absolue. La Société de vènerie a entrepriscetravaildeRomainsdepuis longtemps, et en dernier lieu, en organisant le colloque Vènerie et Écologie. Cet état d’esprit doit être celuidel’ensembledelachassefrançaise car s’il l’est déjà pour une grande part – comme celui du Club national des bécassiers, ou de l’ANGCC –, beaucoup reste à faire.Il en va de sa vitalité.
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Pointdemire COLLISIONS
LA LOI CHANGE
◆ Un nouveau record :c’est sans
conteste en ces termes que l’on peut qualifier le nombre de dossiers traités en 2010 par le Fonds degarantie(FGA)desassurances pour les automobilistes victimes d’une collision avec la faune sauvage.Eneffet,71 836dossiersont ététraités,soit6 000deplusqu’en 2009(65 468)et…24 000deplus qu’en 2008 ! Comme les années précédentes,le sanglier et le chevreuilconcentrentlestroisquarts des accidents. Souvenons-nous, eneffet,que,depuis2003et2007, le Fonds de garantie des assurancesindemnisaitlesdommages corporels et matériels causés lors d’un accident de la circulation avecunanimalsauvage(ilprenait donc en compte le cas où l’automobiliste n’était assuré qu’au tiers et prenait à sa charge la franchise dans le cas d’une assurance tous risques). Autotal,cesontprèsde40millions d’euros que le Fonds de garantie a dû débourser,ce montant ne prenant pas en compte les indemnisations déjà versées par les compagnies d’assurances. Ce chiffre dépasse les prévisions les plus optimistes puisque l’ONCFS avait estimé,dans une étude publiée il y a six ans,à environ 25 000 le nombre de collisions. Mais quoi qu’il en soit,ils
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ne sont guère étonnants, au vu del’explosiondespopulationsde grandsanimauxdepuistrenteans et de l’intensification du trafic routier (aujourd’hui, on compte près de 30 millions de véhicules immatriculés en France contre 18 millions en 1980). Et encore, le chiffre de près de 72 000 dossiers aurait été beaucoup plus important sans nul doute,si la législation n’avait pas opéré un virage à 180 degrés. En effet,pour la quatrième fois en huit ans, la loi a changé, et pas en faveur de l’automobiliste, puisque la loi de régulation bancaire et financière du 22octobre2010atotalementmodifié la donne. Pour « les accidents survenus à compter du 24 octobre 2010,la mission du Fonds de garantieestlargementmodifiée :celui-ci n’intervient plus dans la prise en charge des dommages matériels causés par des animaux sauvages »… et « n’indemnise plus que les dommages matériels causés par un animal domestique dont le propriétaire n’est pas assuré ». End’autrestermes,c’estunretour à la situation antérieure de 2003,car la charge financière devenaittrop«colossale»,expliquet-onducôtédelaFGA :pourl’assurétousrisques,lafranchisereste à sa charge ; et pour les assurés au tiers,les seuls dommages corporels seront pris en compte.
Jours de C HASSE ◆
PERDRIX
DES NOUVELLES RASSURANTES
◆ En matière de gestion cynégétique,ilnefautjamaisdésespérer. Après deux saisons médiocres – pour ne pas dire catastrophiques–,lareproduction de la perdrix grise est repartie à la hausse,avec un taux moyen constaté – notamment en Seine-et-Marne ou dans les départements du Nord – supérieur à six jeunes par poule ; etiln’estpasrared’avoirpuobserver une vingtaine d’oiseaux par compagnie. « Il y a quelques années,nous étions très contents lorsque certains territoires arrivaient à quatre », souligne Benoît Chevron,présidentdelafédération des chasseurs de Seine-etMarne.C’était une situation plus qu’inquiétante lorsqu’on sait qu’avec un indice moyen de reproduction de 2,7 jeunes par poule, le renouvellement des populations ne peut pas se faire (il faut au moins 3 jeunes par poule). La bonne reproduction de cette année est à mettre au compted’unprintempstrèssec –cequiéviteauxcouvéesd’être noyées – et d’une importante productiond’insectes–lanourriture de base des poussins. « Cette excellente nouvelle répond à un certain nombre d’interrogations », poursuit Benoît Chevron. Le département de Seine-et-Marne est d’autant mieux placé pour comprendre les malheurs de nos perdrix grises, qu’il a lancé avec une vingtaine d’autres fédérations et l’ONCFS une étude sur ce gibieremblématique(etsisen-
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sibles) de nos plaines.Une véritable étude scientifique puisqueplusieurspoulesdeperdrix grisesontétééquipéesd’émetteursafindeconnaîtreleursdéplacements, leurs lieux de nidification… La bonne saison 2011 montre au moins une chose, c’est que l’hypothèse d’une baisse du potentiel reproducteur des perdrix était une « fausse piste », et que la perdrix peut « rebondir ». Il n’en demeure pas moins quedesquestionssonttoujours en suspens comme l’impact de la toxicologie agricole, ou lescausesdemortalité.Lesdernières études sur les cadavres de perdrix retrouvés semblent ainsi confirmer que le renard est responsable à plus de 50 % dans la mortalité des perdrix GARY K SMITH/ALAMY
GUY HARROP/ALAMY
REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE
(ce chiffre atteint les deux tiers sil’onajoutetouslescarnivores, du type mustélidés). À n’en pas douter, cette bonne saison et les résultats – encore partiels – de cette étudemontrentquelasituation de la perdrix grise n’a rien d’inéluctable, et que c’est un formidable encouragement à ne jamais relâcher les efforts de gestion –tant en matière de piégeagequedepratiquesagricoles raisonnées–, afin que ce si beau gibier ne devienne jamais une reine morte.
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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE
INCIDENTS
PARTAGE DE LA NATURE EN QUESTION
◆ Lachasseest-elleencorepossible dans les forêts périurbaines, quiplusestdomaniale ?Laquestion est revenue sur le devant de l’actualitéaprèslesincidents–qui auraient d’ailleurs pu tourner au drame– qui se sont déroulés à la fin du mois de septembre en forêt de Fontainebleau. Comme
LÉGISLATION
LA BERNACHE, BIENTÔT CHASSABLE?
Autre problème : elle peut faire fuir les autres espèces de canards enraisondesoncaractèretrèsterritorial. Pourtenterd’enrayercetteexpansion, nombre de pays européens ont pris des mesures radicalescommelastérilisationdes œufs, et la mise en place de tirs dits administratifs.Qui plus est, certainspayscommelaBelgique ontrouvertlachasseàlabernache du Canada. Et en France ? Les pouvoirs publics avaient jusqu’à présent arrêté toute introduction,procédéàlastérilisation d’œufs… Quant à la chasse, l’ONCFS avait clairement expliqué que c’était une voie « légitime » car l’espèce « se portait bien ».Si cette option se concrétisait,celamontreraitquelesresponsablesdelagestiondelafaune savent être pragmatiques.
◆ La bernache du Canada va-telledeveniruneespècechassable en France ?Tout porte à le croire depuis l’avis favorable cet été duCNCFS(Conseilnationalde la chasse de la chasse et de la faune sauvage) afin que cette oie soit classée gibier. Reste à attendrel’arrêtéministériel(une consultation publique était en cours et devait se clore le 28 novembre). Une décision on ne peut plus logique, car cette oie, reconnaissable à ses joues et à sa gorge blanche,n’a rien à faire en France. Originaire d’Amérique du Nord, elle a été introduite au XVIIe siècle en Angleterre comme oiseau d’agrément puis elle a bénéficié de lâchers
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Jours de C HASSE ◆
HIVER 2011
situe le problème. Car ces usagers-là,deplusenpluscoupésdu monde des campagnes, supportent difficilement la moindre contrariété,estimant que la forêt est à tout le monde (ce qui explique en partie la multiplication d’espaces clôturés, conséquence de propriétaires privés ulcérés). Autre constat, « cela brame de moins en moins en forêts de Fontainebleau, car les animaux sont de plus en plus dérangés,en particulierparlesphotographes.Unchasseuràl’approchedérangeinfiniment moins », souligne-t-on à la fédération des chasseurs de Seine et Marne. Au fond, une frange de ces mêmes usagers souhaite que cesmassifssoientdessanctuaires sans vouloir savoir qu’une population de grands animaux se gère mais ils sont les premiers à dénoncerl’intrusiondesangliers dans les villes à la périphérie de ces massifs…
ROBIN CHITTENDEN/ALAMY
auXXe danslespaysscandinaves, enBelgique,enSuisse,enFrance. Onestimeainsiaujourd’huises effectifs à 160 000 (dont plus de lamoitiéauRoyaume-Unietprès de 5 000 en France).Surtout,elle posederéelsproblèmes.D’abord sur les activités agricoles en raison de son appétit vorace,sur les infrastructuresdeloisirs(«àladifférencedesautresoiessauvages,elles fréquententvolontiersleszonessuburbaines»,expliquePhilippeDubois,quicoordonnepourlaLPO une étude sur les espèces dites “envahissantes”).Or,parl’acidité deleursfientes,ellessouillenttous ces lieux.C’est la raison pour laquellelabasedeloisirsdeCergyPontoise avait été temporairement fermée en 2009 après une analysedel’eaumontrantuntaux d’entérobactéries fécales supérieur à la normale européenne.
BLICKWINKEL/ALAMY
chaque année, l’ONF organise des chasses à l’approche –toujours en semaine pour des questionsdesécurité,cemassifdeplus de20 000hectaresétantfréquenté chaque week-end par plus de 20 000 personnes–, notamment au cerf au moment du brame. Or, le vendredi 30 septembre, cinq photographes qui voulaient immortaliser un cerf de 14 cors, ont essuyé des coups de carabine, à environ 100 mètres d’eux.
« On a vu un cerf blessé à une patte quis’enfuyait»,ont-ilsaffirmé.Le chasseur en question avait en effet tiré un 14 cors et apparemment blessé un autre. Au-delà de l’émotion suscitée,cetincidentposeunvraiproblème :lanaturepeut-elleêtreencore “partagée” –selon le jargon actuel, entre chasseurs, promeneursdetouspoils,photographes animaliers,cavaliers,sachant que ce type de massif –comme ceux de Chantilly, de Compiègne, de Marly– qui accueille un des centaines de milliers de personnes ? Celaneparaîtpasincompatible à la condition que des règles très strictessoientétablies,ducôtédes chasseurs(délimitationdeszones de tir, affichage par voie de presse…) –ce qui est déjà le cas– quedesautres“usagers”,quidoivent accepter que certains jours, à certaines heures,et que sur certaines zones, la forêt leur est interdite. C’est sans doute là où se
WHERE THE RIVER MEETS THE SEA.* Glen Deveron, Highland Single Malt
*Quand la rivière rencontre la mer. la distillerie MacDuff se situe à l'embouchure de la rivière Deveron et de la mer du Nord.
“Le clan MacDuff a installé sa distillerie au coeur d’une nature sauvage, balayée par les vents de la mer du Nord. C’est pourquoi le Single Malt Glen Deveron porte toutes les saveurs du climat écossais.” Stéphanie MacLeod
MAÎTRE DE CHAI
Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE
LÉGISLATION
L’ÉTRANGE RÉPONSE
PHOTOS : PATRICK IAFRATE
◆ Au début de l’été, neuf dé-
putés avaient déposé une proposition de loi visant à interdire la vénerie et,de ce fait,punir d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende sa pratique. Au titre des signataires figuraient quatre députés d’Europe-Écologie-Les Verts – dont Yves Cochet et Noël Mamère–, un député PS du Bas-Rhin, un députéduPartidegauche,undu PCetdeuxélusUMPdontle député des Bouchesdu-Rhône et maire d’Aix-en-Provence, Maryse JoissainsMasini. Comme à tous les signataires dutexte,laSociétéde vènerie avait envoyé un courrier, souhaitant rencontrer chacund’entreeux,pour confronterlespoints de vue. Elle n’a reçu qu’une réponse, celle de Maryse JoissainsMasini, dont la teneur est pour le moins édifiante. À rebours, la réponsedePhilippeDulac–alors
président de la Société de vénerie– est une mise au point exemplaire. Nous publions les deux in extenso.Le lecteur jugera.
Lettre de Maryse Joissains-Masini “Monsieur, Je n’ai nullement à cœur d’écouter vos arguments pour faire valoir“ce mode de chasse étroitement lié au patrimoine culturel de la France”, (commelacorridasansdoute !!).Jecontinuerai à inonder de mes protestations les pouvoirs publics pour que cesse la loi des saigneurs.“La tradition”de la torture, de la pique,de la barre de fer est réelle.Il est temps d’inverser les choses etqu’àdesfinséducatives,leschienssoient lâchéscontrelesveneurs,histoiredecomprendre une fois pour toutes,la réalité des choses.Le folklore est une chose,la barbarie en est une autre.Je ne vous salue pas.” Réponse de Philippe Dulac “Madame,On ne cesse de lire et d’entendre aujourd’hui qu’il faut tout faire pour préserver – quand il fonctionne encore– ou restaurer –quand il ne fonctionne plus– le“vivre ensemble”.À la lecture de votre lettre du 26 juillet 2011, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que le problème n’est pas imaginaire. Jevousaiproposé,commeaux8autres signataires de la récente proposition de loi visant à interdire la chasse à courre,
de vous rencontrer.Était-ce de la provocation ? Certes non. Était-ce un piège ?Encoremoins.C’était,faceàune attituderadicaleetsansappelconsistant à vouloir faire disparaître notre mode de chasse,l’offre courtoise d’échanger, d’expliquer…Cardel’échangenaîttoujours un peu de lumière.Et je suis prêt à penser que vous êtes très loin de savoir tout de la vènerie –que vous qualifiez de“tradition de la torture,de la pique, et de la barre de fer”… Or que me répondez-vous ? Que vous ne souhaitez en aucun cas me rencontrer,donnant à entendre que tout ce que j’aurais à vous direestfallacieuxetinsupportable.Mais pire que cela :vous formulez le souhait que les veneurs soient chassés par leurs chiens.Je sais qu’il existe dans la mythologie un terrible épisode du même genre :Artémis courroucée fait dévorer Actéon par sa meute.Mais les motifs de ce courroux n’ont rien à voir avec le problème des rapports homme-animal, d’autant qu’Artémis n’est autre que la déesse de la chasse ! Faut-il que votre dévouement à la causedesanimauxvousconduiseàsouhaiterleurperteauxhommesquinepartagent pas votre vision du monde ?Vous me permettrez d’être sincèrement choquéparvotresouhaitabsurde.Quevous n’aimiez pas la chasse à courre est votre
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droit.Que vous alliez jusqu’à prendre l’initiative de proposer son interdiction par la loi afin d’empêcher ceux qui l’aiment de la pratiquer est déjà plus questionnable.Mais que vous refusiez d’adresserlaparole à ceux qui ont pour tâchedeladéfendre n’est pas convenable. Il existe,que je sache,un principe général du droit qui s’appelle les droits deladéfense.Etque vousacheviezvotre réponse vengeresse par un“Je ne vous salue pas”est simplement inacceptable. Tout cela à en-tête de l’Assemblée nationale… Vous oubliez que vous êtes une élue delaRépubliquefrançaise.Envotrequalitévousreprésentez,quoiqu’ilpuissevous en coûter,l’ensemble des citoyens.J’en suis un et les veneurs en sont d’autres. SecomporterenPasionariad’uneguerre de religion,animée par un sectarisme aveugle, n’est pas digne de vos fonctions.Aprèsréflexion,j’aipenséqu’ilétait de mon devoir de vous faire part de ma réaction.Croyez,Madame le député,je vous prie,à l’assurance de ma parfaite considération citoyenne.”
PPOCANTE
Qui a dit que l’automobile sportive n’avait pas d’avenir ? Nouveau Cayenne S Hybrid. Révolution en Centre Porsche.
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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE
GASTRONOMIE
DUCASSE ET LA CHASSE
◆ Il est des paradoxes – à l’image
NUMB/ALAMY
de notre société actuelle – proprement surréalistes. Les chasseursfrançaistirentenmoyenne chaque année, un million de grands animaux (dont plus de 500 000 chevreuils et 400 000 sangliers), sans compter les dizaines de milliers de faisans et de perdrix. Or, la France est contrainte d’importer (principalement des pays de l’Est) près des deux tiers de sa viande de gibier, pour une question avant tout de mauvaise organisation des circuits de distribution. Comme l’avait efficacement démontré voilà quatre ans une étude menée pour le compte de la FNC par le Pr Pierre-Henri Ducluzeau,laconsommationde viande de gibier sauvage est excellente sur la santé. En effet, ce maître de conférences des universités,praticienhospitalier au service de nutrition-diabé-
tologie au CHU d’Angers,avait misenexergue–aprèsavoirétudié six gibiers (perdrix, faisan, lièvre, chevreuil, sanglier et biche) – que ces viandes étaient bonnes pour la santé en raison notamment de leur teneur en phosphore (qui favorise la soliditédesosetdesdents)etdeleur richesse en fer et en potassium
nécessaires à une saine régulation artérielle, à une excellente contraction musculaire et notammentcardiaque.Sanscompter que les viandes de ces gibiers « sont moins grasses qu’un yaourt », avait noté l’étude. Il est vrai que, par leurs déplacements quotidiens,ces animaux sauvages – au contraire
CHAUSSURES
bottiers–parAndréAubercy,qui eut l’idée,après sa rencontre avec Arturo López, un riche collectionneur argentin – et célèbre dansleTout-Paris–,de“faire”une trèsbellepairedechaussuresàun prix abordable, « une démarche qui n’existait pas à l’époque »,soulignesonpetit-filsXavier.Lesuccès est immédiat,à telle enseigne que les grands de ce monde se chausseront en Aubercy qu’ils s’appellent Sacha Guitry, Paul Meurisse ou René Coty. La renomméeesttelleque,danslesannées 1960, le samedi de Pâques, il y aura la queue sur le trottoir ! « Le mieux,au plus juste » : cette idée-là n’a jamais cessé d’animer cette maison restée familiale (et sans doute l’une des dernières en France à l’être). Car, à
AUBERCY, LE LUXE SIMPLEMENT
AUBERCY
◆ Tous les campagnards et les
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chasseurs qui aiment le goût de la chose bien faite pour leurs chaussants doivent d’urgence se rendre au 34, rue Vivienne, dans le IIe arrondissement de Paris, dans ce quartier qui a gardé son âme balzacienne.À cette adresse, cen’estpasunchausseur,nimême un bottier qui a pignon sur rue, c’est la maison Aubercy. Derrière cette vitrine du meilleur goût, dans ce magasin qui tient davantage du salon de l’entredeux-guerres, le temps semble s’être arrêté : depuis 1935, date de sa création –ici même, c’était alorslequartierdestailleursetdes
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de leurs cousins captifs – n’ont guèreletempsde“fairedugras”. Encore faut-il pouvoir en trouver… C’est pour cela qu’après l’opération“Gibiers de France” (qui a défini avec les professionnels de la filière une charte de qualité), la FNC a passé un accord de partenariat sur trois ans avec Châteaux & Hôtels Collection (présidé par le grand chef Alain Ducasse) : pendant une semaine (la première s’est déroulée du 22 au 30 octobre), une cinquantaine d’établissementss’engagentàproposerdes menus à base de gibier. On ne peut que les y encourager. Qui plus est, la chasse, synonyme de quelques efforts physiques,estexcellentepourmaintenir sa forme et pour limiter les accidents cardio-vasculaires. Bref,quand le redoutable Elzéar Blaze écrivait qu’il n’y avait pas plus sain pour le corps et l’esprit que la chasse, il avait tout compris bien avant toute démonstration. unemoyennede850euroslapaire dansleprêt-à-chausser,l’heureux acheteurpeutpratiquementavoir la chaussure de ses rêves, et à partir de 1 250 euros (jusqu’à 1800euros),ilpeutimagineravoir “sa” paire de chaussures, dont il pourra prendre possession au bout de trois mois. Là encore, il serendracomptequ’uneAubercy est à la fois plus anglaise qu’une italienne et plus italienne qu’une anglaise, aussi bien dans tout ce qui se voit que dans ce qui ne se voit pas, comme la qualité du travailetlasoliditédespeaux.Aubercy ou le luxe simplement. Aubercy, 34,rue Vivienne,Paris IIe. Tél. : 01.42.33.93.61. 9,rue de Luynes,ParisVIIe. Tél. : 01.45.44.30.80. Sur Internet : www.aubercy.com
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Chicetchoke PHOTOS : INTERCHASSE
LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip
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Compétition de tir Club Interchasse au domaine de Courgenou
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1. Alain Tournoux. 2. Caroline Despres. 3. Pierre Verney-Carron.
4. Jean d’Harcourt, Nathalie Jouan et Abdelatif Benazzi.
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5. Thierry Desjardin. 6. Jean-Pierre Fleury et Alexandre Figère. 7. Antoine Berton. 8. Anne-Charlotte Pham (Club Interchasse).
Rendez-vous de chasse annuel à Courtalain du groupe Le Duff
9. Gilles de Valicourt 10. Alain Philippe. 11. Aude de Bellescize, Yvan Pham (Club Interchasse) et Diane de Bellescize.
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1. Louis Le Duff et Mathieu Mollière. 2. Alain Frey et Philippe Brillault (maire du Chesnay).
PHOTOS : ALAIN DE L’HERMITE
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4. Christian de Gouville et Domnique Jaunasse. 3. Jonathan Gervais et Éric Ranjard (président du CNCC).
en partenariat avec
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5. JeanFrançois Gervais (Taxi jaune). 5
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9. JeanMarie Tritant et Yves Coquelet.
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6. Jean-Louis Chenaud. 7. Anne-Charles de Gontaud-Biron. HIVER 2011
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10. Marcelin Chevalier et Bernard Blot. 11. Gérard Bayol (Crédit mutuel Arkéa) et Antoine Frey (Groupe Frey).
8. Christophe Desmaret et Xavier Fécamp.
RIO GRANDE - Photo FOCALE 3 Studios Reims
La seule œuvre d’art qui disparaît au vernissage L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É - À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N
Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE
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1. Bruno Julien-Laferrière. 2. M. et Mme Renaud Denoix de Saint Marc. 3. Stéphanie Julien-Laferrière. 4. M. et Mme Louis de Rohan-Chabot. 2 17
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PHOTOS : PHILIPPE HIRSCH
Dîner d’ouverture de la chasse Banque Transatlantique
16. Xavier de La Rochefoucauld. 17. François Martineau. 15
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15. Henri Assila et Éric Boussard
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14. Alain Bommelaer, Sylvie Derville et Jean-Marie Grunelius.
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5. Christian de Longevialle. 6. Béatrix de Moustier et Charles de Bagneux.
7. Jean Solanet. 8. Olivier Mellerio. 9. Arnaud Van Robais et Anne Landon.
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13. Hélène Solanet et Manuela Finaz de Villaine. 11
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en partenariat avec 11. M. et Mme Claude Dieudonné. 12. Roseline André et Jérôme Wittlin.
10. Mme Gilles de Montaigne de Poncins et Thierry de Saint Léger.
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MHD - RCS Nanterre - B337080055
Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE
Le lancement du Guide des meilleures chasses 2011-2012 chez Chevilotte à Paris
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1. Christophe Chevillotte, Olivier Dassault, Érick Berville et Philippe Scombart. 2. Jean Lassaussois et Frank Delerck.
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8. Charlotte Van Robais.
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5. Olivier Wallaert. 6. Stanislas Pytel. 7. Bernard Lozé.
3. Yves Gollety et Jacky Brusson. 4. Jean de Robien.
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L’exposition de Patrice Bac à la Beretta Gallery à Paris
1. Patrice Bac entouré de ses filles Iris et France. 2. Isabelle Bac.
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en partenariat avec
7. Gilles Charrière (sculpteur). 8. Yannick Alexandre (sculpteur). 9. Richard Caron et Éric Mangenot (Beretta Gallery).
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6. Benoît Valette (Cartier) et Robin Docquet-Chassaing.
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10. Louis-Arnaud L’Herbier et Tania de BourbonParme.
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PHOTOS : PATRICK IAFRATE
3. Carole Voute, directrice de la Beretta Gallery. 4. Arnaud Lanquest. 5. Jean-François Dalaise, M. et Mme Brossard.
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PHOTOS : PATRICK IAFRATE
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10. Constance de Bourbon-Parme et Wafa Tranchant. 11. Georges Tranchant. 12. Pierrick Mazodier (Humbert Beretta).
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L’inauguration du Paris Shooting Club
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1. Benjamin Tranchant, le maître des lieux et Olivier Dassault. 2. Cécile Étrillard et Gilles Roccia (Nobel Sport). 3. Christian et Martine Galtier.
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6. Fabrice Plasmans. 7. Anne-Sophie Rolland.
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8. Alain Hamont et Sylvie-Anne de Panisse-Passis. 9. Charles Bardou.
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4. Caroline et Georges Jollès et Nathalie Merle. 5. Frédéric Didier, maire de Vémars. Quelques jours plus tard, la première compétition organisée par Gérard Féau
1. Marie-Céline de Moüy. 2. Yvan d’Andigné.
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en partenariat avec
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5. Arthur de Soultrait. 6. Gérard Féau. 7. François Michaud. 8. Philippe de Chaumont Quitry. 3. Lionel Macaire et Charles-Marie Jottras. 4. Jean de Moüy.
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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE
Remise du Ier Prix littéraire des arts de la vènerie à librairie Deyrolle
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1. Amaury de Louvencourt et Diane Tremblot de la Croix. 2. Roland de Chaudenay. 3. Vladimir Fédorovski. 4. Jean-Noël Cardoux.
PHOTOS : XAVIER MOUTHON
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15. Louis-Albert de Broglie et Robert Louis Frank. 4 5
16. Pierre de Roüalle, François Reynes (Cinq siècles de chasse enVendée), Bruno de Cessole (le Petit Roman de la chasse), Xavier Patier (président du jury) et Monique de Rothschild (À cœur et à cri).
5. Patricia de Fougerolles, Jacques-François de Chaunac-Lanzac, Françoise Chiron et Cédric de Fougerolles. 6
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10. Henri Baysset et François Couëtoux du Tertre. 11. Rémy Baysset. 12. François Denis.
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13. M. et M Bernard Fasbender et Gérard Tendron. 14. Jean-Luc Van Der Hauwsaërt.
6. Guillaume de Brondeau, Églé Salvy, Bernard du Boucheron et Victor de Brondeau.
en partenariat avec
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Une chasse organisée par Leica dans les Alpes
1.Jérôme Lanoue (L’Atelier VerneyCarron), Jérôme Pinel (Valmonde), Fabrice Bourgard (S.T. Dupont) et Cyril Thomas (Leica).
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CHASSE LEICA
7.Christian de Saint Vincent. 8. Hervé Tremblot de la Croix. 9. Philippe Dulac.
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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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Àl’affût
LES EXPOSITIONS ET LES SALONS D’HIVER par la rédaction
JUSQU’AU 5 MARS
ÉVÉNEMENTIEL
GASTON FÉBUS, PRINCE SOLEIL
TROMPES DU CHÂTEAU DE DAMPIERRE
◆ Ce spectacle de fin d’année
du Musée vivant du cheval de Chantilly est désormais une institution. Sous le splendide dôme des Grandes Écuries des princes de Condé, revêtu pour l’occasion des couleurs de la Chine impériale, le spectacle cette année s’intitule Mystères à la Cité interdite. Sous la direction de Sophie Bienaimé, c’est à un superbe ballet équestre auquel nous sommes conviés. Sur cette piste de 13mètres de diamètre, tous les airs de grande école effectués par neuf écuyères –accompagnées par deux artistes, maîtres de l’art du combat de sabres chinois et du kung-fu wushu– seront au rendez-vous cette fois sous les arcanes de la Chine impériale et des aventures de l’impératrice Cixi. De quoi réunir et réjouir parents et enfants, disciples du général l’Hotte et simples amateurs épris de belles choses.
Domaine de Chantilly,Grandes Écuries. Rens. :03.44.27.31.80 et www.domainedechantilly.com
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JUSQU’AU 11 MARS
BÊTES OFF
◆ L’hiver approche et avec lui,
chasse, les techniques, les chiens (qu’il a aimés passionnément). Le tout dans une langue concrète d’une savoureuse truculence. Cette exposition est aussi l’occasion de découvrir l’autre Gaston Fébus,un homme d’État de premier plan, quelquefois complexe, le plus important seigneur du SudOuest,qui sut être grand dans la politique et la guerre comme dans la chasse.
les « beautés glaciales » chères à Mme de Sévigné.Sans doute aurait-elle souri, ou se seraitelle fendue d’un trait dont elle avait le secret à la vue des animaux qui ont investi le temps de quelques semaines la Conciergerie ? Dans ce lieu chargé d’histoire au goût dramatique, le visiteur est invité à emprunter des sentiers à thème (l’allée des Chimères, la route du Lac ou le chemin du Bout du monde), et à découvrir des créatures étonnantes ou surprenantes, photographiées ou sculptées par nombre d’artistes contemporains (dont Johan Creten,Mark Dion ou Julie Faure-Brac) qui veulent illustrer les fonctions de l’animal dans l’imaginaire des urbains.Bref, une manifestation assurément déroutante, mais c’est sans nul doute l’objectif recherché et il est atteint.
Musée de Cluny, 6,place Paul-Painlevé,ParisVe. Sur Internet :www.musee-moyenage.fr
Conciergerie, 2,boulevard du Palais, Paris Ier. Sur Internet : www.conciergerie.monuments-nationaux.fr
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sans conteste l’un des adjuvants auxquels la vénerie française doit son incomparable éclat, l’enrichissant d’un ornement musical caractéristique, tout en lui donnant un langage pour les veneurs en forêt. Aujourd’hui, la trompe est entrée dans la société civile pour reprendre une expression à la mode, devenant pour la vénerie, un inégalable “outil de communication”. C’est tout l’esprit des Trompes du château de Dampierre –le marquis de Dampierre composa en 1705 une série de fanfares pour caractériser les péripéties d’un laisser-courre–, qui, sous la direction de Rémi Évrard, fait résonner l’appel des cuivres dans de nombreux concerts, manifestations (dont sous l’Arc de triomphe l’année dernière !) et fins de chasse lors de la présentation du tableau. Et quel meilleur
TROMPES DU CHÂTEAU DE DAMPIERRE
MYSTÈRES À LA CITÉ INTERDITE
◆ La trompe de chasse est
AGENCE BON ANGLE/CMN/PARIS
JUSQU’AU 2 JANVIER
au Musée de Cluny à Paris : voilà bien une manifestation que chasseurs et veneurs ne doivent manquer sous aucun prétexte. Ne serait-ce que pour admirer – grâce au prêt de la Bibliothèque nationale– son Livre de chasse.Rédigé en 1387, ce livre est bien l’ouvrage cynégétique le plus important du Moyen Âge, et pas seulement pour la qualité de ses enluminures. Souci du détail et de l’exactitude, celui qui fut considéré comme le meilleur veneur de son temps a tout passé en revue, que cela soit les animaux de
MUSÉE DE CLUNY
DOMAINE DE CHANTILLY
◆ Gaston Fébus (1331-1391)
soutien à la chasse que de faire appel à eux ? Joindre Rémi Évrard au 01.30.52.51.55 ou au 06.07.34.90.22.Les Trompes du château de Dampierre ont sorti un CD au prix de 20 euros (frais de port compris), comprenant 40 fanfares dont 25 inédites.
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Cerf moi fort
◆◆◆ Dire que Jean-Paul
Grossin est habité par les cerfs est un doux euphémisme. On hésite entre l’obsession, la maladie incurable, l’amour transi et l’envoûtement proche du chamanisme. Il y a quelques années, en effet, outre des clichés hors pair, il nous avait proprement suffoqué avec son film Quand le cerf perd la tête, par des images inouïes, pour ne pas dire magiques, sans autres commentaires qu’un accompagnement musical. Cette fois encore, Jean-Paul Grossin nous replonge dans l’univers du caïd de la forêt, animal ambigu car le plus connu, mais aussi le plus secret de nos futaies. Et quoi de plus fascinant, de plus inquiétant que de vouloir saisir le fameux brame, qui désigne – et c’est là toute la difficulté de l’exercice– à la fois le cri rauque, venu du fond des âges, et la période du rut. Le cinéaste y répond de la plus belle des manières par la beauté et de la véracité, pas celles d’un livre d’images, mais celles de la nature telle qu’elle est. Une leçon de choses dont la qualité documentaire n’a d’égale que la qualité artistique, fruit de cinq ans de patience, d’affût et d’un peu de chance, qui plus est tourné en milieu ouvert. Notre cinéaste s’est littéralement surpassé, tant il est vrai qu’il ne présente pas moins de trois versions, une musicale, une autre rehaussée de ses commentaires tout aussi passionnés que pédagogiques et une ultime version Blu-ray. Au vrai, rien que la première scène du film qui commence
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Cerf au brame. Quoi de plus fascinant que de vouloir comprendre le fameux brame ?
par le mois de juillet, où l’on voit une biche et son faon dans un étang, a demandé, ditil, 150 jours d’affût, sur cinq années de tournage. Il fallait bien cela pour saisir ces animaux en train de manger des… nénuphars. Les mâles ne sont pas là, pas encore… Tout est lent, calme, dans cette torpeur estivale. Peu à peu, Jean-Paul Grossin va nous mener vers le brame. Dans des paysages d’aquarelle où l’on côtoie tour à tour brocards et bêtes rousses, par ces lumières rasantes, il nous dévoile l’arrivée très discrète des premiers cerfs sur les places de brame. Ils sont encore farouches, méfiants, comme des ombres dans les futaies, dispersent leurs odeurs, se frottent contre les arbres, se souillent abondamment. Images étonnantes que de voir un cerf se souiller, se rouler et pousser quelques cris, images d’autant
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plus rares que le réalisateur aura mis trente-cinq ans à les obtenir ! Peu à peu, par d’infimes détails, l’énervement monte, chaque cerf indique sa présence, avec toute une gamme de raires, des ténors aux sopranos. Les grands cerfs se jugent, se jaugent avec leurs musculatures de colosses. Comme dans un tournoi, ils effectuent des marches parallèles, avant de s’affronter. Tout s’emballe, avec les biches qui se mettent en harem. Dix, vingt, trente cerfs brament en même temps, dans une “folie complète”. La bacchanale commence… Le vainqueur va d’une biche à l’autre avec une étonnante ardeur. Les combats pour les belles sont violents, acharnés, dans un bruit de bois presque effrayants. Quelquesuns pansent leurs blessures (mais il faut savoir que moins de 1 % des cerfs trouvent la mort au cours du brame), puis presque d’un coup, le calme
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retombe sur le théâtre d’Éros ; les grands mâles se reposent, l’air un peu mélancolique, luttant à peine contre le sommeil. Seuls quelques jeunes imprudents tentent leur chance auprès de belles qui n’ont pas été fécondées. La partie se termine. les cerfs se sont tus, retournent dans leurs repaires quasi inexpugnables. Il reste des images, celles d’une apparition, de mirages incroyables trop tôt effacés. Maintenant dans le gel, le brouillard et la neige, ils sont prêts à affronter les longues semaines d’hiver. Ils auront retrouvé la plénitude de leurs forces non plus pour donner la vie, mais pour défendre la leur contre l’homme.
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PHOTOS : LE TOUESSROK/SUN RESORTS
el’îleMaurice,onsaitdelongue national Bernhard Langer (bien que les sencestropicales ;les255chambres–dont date qu’elle est la “perle des Masca- clients du Long Beach y aient également deux suites de 132 mètres carrés– bénéficient toutes d’une somptueuse vue reignes”etlasimpleévocationdesonnom accès). Nichélelongd’unedesplageslesplus sur la mer et chacune dispose d’un essuffit à vous transporter sur une plage de sable fin ourlant les eaux turquoise spacieuses de l’île Maurice (700mètres pace de 109 mètres carrés de plage.Leur de son lagon.Le voyageur qui l’a connue, de long sur 40 mètres de large…),le Long superficie et leur“suréquipement”(moquand il se décide à la quitter, ne sait ce Beach a ouvert ses portes en avril de cette bilierraffiné,minibar,chaînessatellitaires, qu’il doit en retenir : la beauté des cou- année.Tout a été fait dans ce cinq-étoiles connexion wifi, climatisation indivichers de soleil sur une mer apaisée,l’ex- pour satisfaire les exigences d’une clien- duelle…)permettentauxclientsduLong centricitécoloréedespoissonsdécouverts tèle active et raffinée : le Long Beach ma- Beach de profiter au mieux de leurs vacances,qu’ilsvoyagentencouple en plongées, la luxuriance du jarou bien en famille. din botanique de Pamplemousses Car le Long Beach offre aux faou l’aménité souriante de ses hamilles tout ce qu’elles attendent bitants ? Ce voyageur,s’il est frand’un cinq-étoiles pour leur çais, se souviendra peut-être que confort et leur divertissement. Maurice, au XVIIIe siècle, apparLes chambres familiales Beach tint à la France, ce que soulignent front (plus de 86 mètres carrés) les noms poétiques de ses villages : disposent d’un lit king size Rivière-Noire, L’Île-aux-Cerfs, qu’apprécierontlesparents.Une Trou-d’Eau-Douce ou Flic-enchambre séparée, équipée de Flac.Peut-être aussi se rappelleradeuxcanapés-lits,peutaccueillir t-il ce sonnet que Baudelaire comtrois enfants.Ils pourront aussi posa pour une dame créole, qui profiter d’une télé de 107 cencommenceparcetalexandrin :«Au timètresavecsaconnexionmulpays parfumé que le soleil caresse »… tijeux vidéo.Il est possible aussi Commentmieuxprofiterdece “pays parfumé”qu’en choisissant LE GOLF DU “TOUESSROK” OCCUPE SA PROPRE ÎLE, L’ÎLE-AUX- de disposer de chambres comune résidence dont le charme et le CERFS, ENTOURÉE D’UNE BARRIÈRE DE CORAIL SPECTACULAIRE. municantes :unefacilitétoujours appréciée des familles.À l’heure confort font échos à son insulaire beauté ? Le voyageur soucieux d’har- riel’élégancecontemporaineàl’ambiance du déjeuner,celles-ci pourront se retroumonie descendra dès lors dans un hôtel balnéaire de la presqu’île de Belle-Mare. ver autour des tables de l’un des cinq Les architectes qui l’ont conçu vou- restaurantsdel’hôtel,selonleurshumeurs du groupe Sun Resorts, toujours attentif à respecter l’esprit des lieux.S’il vient laient offrir aux résidents « un sentiment culinaires, à moins qu’elles ne préfèrent enfamille,ilchoisiradepréférenceleLong d’espace et de liberté » et l’on se dit, en déguster un cocktail local agrémenté de Beach,l’undesnouveauxjoyauxdelacôte parcourant le domaine qui l’environne, snacks autour de la piscine principale de est. S’il est davantage habité par le feu que le pari est amplement tenu : la su- 1 400mètres carrés. Chacun peut aussi profiter à son gré sacrédugolf,ilsetourneraversLeTouess- perficie de l’hôtel est impressionnante ; rokpourbénéficierduparcoursconçusur des jardins luxuriants lui offrent une des innombrables activités nautiques et L’Île-aux-Cerfsparl’ancienjoueurinter- parurevégétaleoùs’épanouissentdeses- sportives proposées par l’hôtel, du ten-
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nis au tir à l’arc, en passant par le stretching et l’Accrobranche pour les plus jeunes – qui disposent aussi de leurs propres centres. Le Angels Kids Club accueille les enfants de 3 à 11 ans. Ils y feront du tennis ou de la planche à voile, prendront des cours de natation ou partiront en excursions dans les environs. Le soir, à l’heure du dîner, une sélection de menus, buffets ou barbecues leur est proposée sous la supervision d’un personnelforméettoujoursattentif.LeWaves Club s’adresse en revanche aux adolescents de 12 à 17 ans,qui bénéficient eux aussi d’animations conçues sur mesure. En première partie de soirée, des activités sont organisées, incluant des barbecuesoudessoiréespizzaaurestaurantitalien. Ils rejoindront ensuite, selon leur envie, la discothèque ou la salle de jeux vidéo du cybercafé – à moins qu’ils ne préfèrent assister en famille au spectacle folklorique traditionnel qui se déroule chaquesemaineautourd’unfeudecamp.
Nuldoutequ’autermedeleurséjour,tous se souviendront longtemps du moment de détente et de joie que le Long Beach leur a permis de partager ensemble. LeTouessrok n’est pas moins agréable aux familles. Ce cinq-étoiles s’étend lui aussi le long d’une magnifique plage,au détour de la paisible baie deTrou-d’EauDouce. De la limousine qui vient vous chercher à l’aéroport au valet qui défait vos bagages, tout a été pensé dans le moindre détail pour le bien-être des clients.Tous bénéficient d’un service de majordome privé : Le Touessrok est la figure de proue du luxe tel que le conçoit le groupe Sun Resorts.Il a d’ailleurs été désigné – entre autres récompenses – “meilleur hôtel de l’océan Indien”par le magazine Ultratravel du DailyTelegraph. Le mélange d’élégance et de simplicité voulu par les décorateurs est ici porté à son comble,en particulier dans les 130 suites aménagées sur deux niveaux :bois précieux, sol en quartz indien et porce-
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UNE VUE AÉRIENNE DU “LONG BEACH”. CE CINQ-ÉTOILES A SU MARIER L’ÉLÉGANCE CONTEMPORAINE À L’AMBIANCE BALNÉAIRE DE LA PRESQU’ÎLE DE BELLE-MARE.
laine et,au niveau supérieur,une salle de bain ouverte,dotée d’une incroyable baignoire en forme d’œuf,pour contempler la mer de son bain… Les plus exigeants pourront opter pour l’une des trois luxueuses villas situées au nord de l’hôtel, qui font chacune 430 mètres carrés. Mais, si Le Touessrok a désormais la réputation d’un hôtel mythique, c’est aussi qu’il permet à ses clients d’accéder au golf de L’Île-aux-Cerfs, dont les 18 trous offrent tous une vue sur l’océan : une expérience unique,que tout golfeur doit avoir vécue.L’architecte de ce fabuleux parcours n’est autre que Bernhard Langerdeuxfoischampiondel’USMasters :«LegolfduTouessrokoccupesapropre île,L’Île-aux-Cerfs,entourée d’une barrière de corail spectaculaire,explique-t-il. Avec ses plages de sable blanc,la mer d’azur et des montagnes volcaniques en toile de fond, je ne connais aucun emplacement de golf au monde qui puisse s’y comparer.» À la descente du bateau (l’île n’est qu’àcinqminutesdel’hôtel),c’estunparcours de championnat de 6 476mètres,à compter des aires de départ pour pros, qui attend le golfeur ! Chaque trou est heureusement pourvu de quatre aires dedépart,quioffrentunevariétéd’angles d’attaqueetd’approche.Lepremiertrou, très spectaculaire, plonge d’emblée le joueurdansl’atmosphèrecaractéristique de ce golf d’exception :le drive doit viser la droite du fairway et franchir un étang naturel et une paroi rocheuse d’origine volcanique… « J’incorpore dans mes créations les meilleures caractéristiques que j’ai connues et appréciées,en tant que joueur, sur les plus grands golfs à travers le monde, confie Bernhard Langer. C’est ce que j’ai fait à L’Île-aux-Cerfs afin que le parcours représente à la fois un challenge et un souvenir inoubliable ».Une époustouflante réussite. ◆ Long Beach,route côtière,Belle-Mare. Tél. :00.230.401.1919. Sur Internet :www.longbeachmauritius.com Email :info@longbeach.mu Le Touessrok,Trou-d’Eau-Douce. Tél. :00.230.402.7400. Sur Internet :www.letouessrokresort.com Email :info@letouessrok.mu
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aute joaillerie ◆
Quand l’animal sculpte le bijou S ◆ dossier réalisé par Virginie Jacoberger-Lavoué
I LE THÈME DE LA CHASSE SE LIMITE SOUVENT
AU REGISTRE DES COMMANDES CHEZ LES JOAILLIERS , LES REPRÉSENTATIONS ANIMALIÈRES JALONNENT EN REVANCHE LEURS COLLECTIONS .
ÉQUIDÉS , OISEAUX … SCULPTENT LEURS STYLES COMME L’ HISTOIRE DU BIJOU DEPUIS
KAT EL RIO U©
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L’A NTIQUITÉ !
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râceàsapuissancesymbolique, le bestiaire prend vie dès les origines de l’histoiredubijou.Pours’enconvaincre, il suffit de se rendre à la superbe exposition parisienne,celle consacrée jusqu’au 16 janvier prochain “Au royaume d’Alexandre le Grand,la Macédoine antique”, au musée du Louvre. Le fils de Philippe II de Macédoine véhicula sa culturehelléniqueaufildesesconquêtes, jusqu’à celles effectuées vers 330 avant Jésus-ChristdanslarégiondeBactriane (Afghanistan) qui fut,dès lors,un étonnant point d’ancrage du choc des civilisations gréco-indiennes, du face-àface entre Orient et Occident. Observons de plus près. C’est à Tillia Tepe, surnommée la “Colline de l’or” que l’on a trouvé, dans des sépultures, des statues et des bijoux en or tout à fait exceptionnels (ils ont été présentés au public au Musée Guimet il y a quatre ans, lors de l’exposition sur les trésors de Kaboul). Parmi
BAGUES PANTHÈRE (PLATINE, BRILLANTS, TACHES EN SAPHIRS, TRUFFE EN ONYX, YEUX EN ÉMERAUDES) ET PYTHON (PLATINE, YEUX DIAMANTS BRUNS, DIAMANTS) DE CARTIER.
PAVÉS DE DIAMANTS ET DE PIERRES PRÉCIEUSES, LES ANIMAUX CARTIER SE MÉTAMORPHOSENT AU GRÉ DES COUPS DE GÉNIE CRÉATIFS.
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métaphore de l’esprit de conquête mais aussi de la séduction,sil’onsongeàDianeetActéon ou à la symbolique de Cupidon avec son arc. Elle exprime aussi souvent les rapports entrehommeetfemmeparlaforce de la symbolique comme dans les Métamorphoses d’Ovide.Ce modèle de bestiaire reproduit comme ornement est largement réinterprété à la Renaissance.Mais n’oublions pas non plus le bestiaire du Moyen Âge qui constitue une autre source d’inspiration dansl’histoiredubijou.Sasymboliqueest davantageancréesurlerapportdel’homme et de l’animal,le réel et l’imaginaire », poursuit-il. Voilà bien une source inépuisable d’inspiration comme l’illustrel’ouvragerécemment paru, le Bestiaire médiéval, de Christian HecketRémyCordonnier. « Pour comprendre lelangagedesfiguresanimalières dans l’enluminure, il s’agit de tenir compte des contextes littéraires où il s’exprime et des catégories de représentation que ces contextes déterminent »,observent les deux auteurs.
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ceux-ci des bijoux en or sculptés et gravés(plastrons,bouclesd’oreilles…),avec pour motifs presque autant de figures humaines que d’animaux chimériques. Au vrai, ce trésor témoigne à merveille de la force des représentations animalières dans le bijou depuis l’Antiquité et au cœur de plusieurs civilisations. Et pour ceux qui auraient encore quelques doutes,il faut qu’ils sillonnent quelques autres collections du musée du Louvre, comme celle de l’Antiquité égyptienne,où les dieux sont,en dehors des pharaons, toujours des divinités à l’effigie d’animaux : Horus,le faucon, Sekhmet,lalionneouAnubis,lechacal… Celle de l’Antiquité grécoromaine aussi donne envie de s’échapper dans d’autres musées détenant des collections de vestiges etbijouxantiquestellemusée de Thessalonique qui vient de prêter plusieurs pièces à l’exposition “Alexandre”. Certains decesmuséescomprennent en effet nombre de parures témoignant du symbolisme foisonnant de ces trésors en termes de parures ; tels les bijoux animaliers (rapace, cerf, loup…) évocateurs de l’art des Scythes qui méritent à eux seuls un inventaire précieux ou ceux du trésor de PhilippeII de Macédoine, qui contient beaucoup de bijoux animaliers,des bracelets à tête de bélier,de serpent… Bref, cela permet de saisir combien les bestiairesjalonnentl’histoiredescivilisations depuis leurs origines. « La représentation animalière est récurrente dans les bijoux antiques. Il faut distinguer l’art animalier et le symbolisme animalier qui inspirent le bijou depuis l’Antiquité.L’animal est interprété puis réinterprété.Il y a plusieurs mythologies de l’animal issues de civilisations et cultures différentes », observe Pierre Rainero,directeur image, patrimoine et stratégie de Cartier.Et de rappeler que ce traitement antique de l’animal n’a finalement jamais vraiment cessé d’inspirer lescréationsjoaillièresjusqu’ànosjours. Qui plus est,« la chasse est une incroyable
L’ABEILLE, PENDENTIF (OR JAUNE, DIAMANTS, SAPHIRS JAUNES ET ORANGE) DE LA COLLECTION BEE MY LOVE DE LA MAISON CHAUMET. L’ABEILLE IMPÉRIALE DEVIENDRA L’EMBLÈME DE CHAUMET, CAR LA MAISON APPARTIENT À SA CRÉATION À MARIE-ÉTIENNE
NITOT, JOAILLIER ATTITRÉ DE L’EMPEREUR. À GAUCHE, BROCHE NATURALISTE FIGURANT UN CHEVAL
(CHAUMET, 1972), SCULPTÉE PAR ROBERT LEMOINE DANS UN BLOC DE CROCIDOLITE.
Dans le bestiaire de Chaumet, une abeille impériale
La remarque peut aussi s’appliquer auxfiguresanimalièresdanslebijoutant elles empruntent des formes variées : commandes, bijoux de représentation, bijoux trophées… « Depuis l’abeille impériale,le thème animalier a toute sa place dans l’histoire stylistique de notre maison et la chasse fait pour ainsi dire partie de son histoire intime », confirme Béatrice dePlinval,conservateurdumuséeChaumetetdirectricedupatrimoinequinous ouvrelesportesdecelieuprivésituédans ses salons de la place Vendôme. Chaumet, joaillier des bijoux de sentiments, a toujours suivi l’art de vivre de ses commanditaires.Àl’époqueromantique (1815-1848), il compte dans ses collections historiques des commandes spéciales qui traduisent l’influence de la Jours de C HASSE ◆
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Quand l’animal sculpte le bijou mode anglaise et de ses loisirs sur nos commanditaires. Une cliente demandera un bracelet steeplechasemêlantbottes,bombes,cravaches… Une autre,la même année, une parure de corail comprenant ferronnières, agrafes, collier et bracelets ornés de têtes d’animaux sculptés comme des béliers,daims,chevaux… À la même époque, oncommandeégalementàChaumet,un « imposant devant de corsage sur le thème de la vénerie, avec lièvre, renard,sanglieretcerfréunis »,explique Béatrice de Plinval. Parmi les trésors qu’elle dévoile et qui révèlent l’histoire intime de cette maison avec ses clients chasseurs, on peut admirer « une broche constituée d’un souvenir de chasse,composée de plumes de bécasse dont plusieurs exemplaires de la fameuse plume du peintre ». Plus que l’aigle, c’est l’abeille impériale qui deviendra son symbole car la maison appartient à sa création à Marie-Étienne Nitot, joaillier attitré de l’Empereur à qui l’on doit entre autres piècesd’exception,l’épéeconsulairesertie du diamant Régent (140 carats) et les parures du sacre. Une telle implication, une telle force symbolique qu’aujourd’huiencoresasignaturestylistique s’affirme outre dans la réalisation de
CETTE BAGUE CHOUETTE (EN OR NOIRCI, AMÉTHYSTES ET SAPHIRS BLEUS ET ROSES) DE LA MAISON BOUCHERON FAIT PARTIE DE LA COLLECTION CABINET DE CURIOSITÉS QUI S’ENRICHIT CHAQUE ANNÉE DE NOUVEAUX ANIMAUX. UNE MANIÈRE DE RAPPELER QUE SES CLIENTS SONT DES COLLECTIONNEURS QUI AIMENT LA RARETÉ, L’AUDACE ET L’EXCLUSIVITÉ.
tiares, dans l’exécution d’abeilles précieuses (lire notre encadré ci-dessous). À l’époque du“grand style”1880 à 1918,Chaumetexécutetoujoursencommande,quelquespiècesanimalières,très symboliquesavecdesbrochesenpierres dures et précieuses représentant saint Georges terrassant le dragon, tout en affirmant sa griffe propre à travers des collections de pièces naturalistes.
Tortue, bélier, gazelle… se multiplient dans les années 1970 et 1980 en commandes de pièces de haute joaillerie conjuguant or, émeraudes, diamants corail, cristal de roche. Parmi les pièces historiques de sa création animalière quelques créations équestres, nourries de détails,ont éclos au début des années 1970 : deux têtes de chevaux,très ouvragéesetstyliséesdans l’espritantiqueportentun tridentdeNeptune.Deux autres,plus réalistes –des commandes privées de 1972 –, puisent leur délicatesse dans la densité des pierres choisies : crocidolite(noire)oucristalderoche (d’un blanc pâle et presque transparent) mariés à l’or jaune, au corail…
Boucheron, cabinet de curiosités
Au fond, l’histoire du bijou animalier a fini par tisser des liens très intimes avec les joailliers. Parce que le bijou est souvent dans son histoire le témoin ou le symbole de l’attraction amoureuse,d’uneséductionquis’affiche sans complexe en envoûtants serpents –l’animalestlesymbolefétichedelamaison depuis 1878–, Boucheron présente cette année une collection Cabinet de curiosités qui dévoile toute sa puissance à révéler l’intensité des créations animalièreslesplusdiverses :serpentsàprofusion mais aussi oiseaux avec une ligne
Maison Chaumet : l’abeille en sa ruche
BOUCHERON PARIS
◆ Fondée par Marie-Étienne Nitot,joaillier
attitré de Napoléon et maître incontesté du style Empire,la maison Chaumet n’a jamais fait table rase de son glorieux passé et ne renie pas un certain classicisme, celui qui construit un style,une identité,une élégance et illustre un savoir-faire d’exception. L’abeille impériale et laborieuse en est le parfait symbole. À travers ses collections Attrape moi… si tu m’aimes ou Bee my Love,l’insecte impérial prend sans mal son envol car le joaillier s’invente à chaque étape de nouveaux terri-
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toires d’expression. De ses savantes propositions,on retiendra des bagues,des pendentifs,un sautoir… Attrape-moi si tu m’aimes où l’abeille fait du jeu amoureux un envol poétique. De la composition de Bee my Love, on observe l’intensité de pièces de haute joaillerie si inspirées qu’elles permettent à l’abeille de se laisser admirer au repos sur la courbe d’une tiare ou d’une bague précieuse.On se laisse aussi envoûter par un motif alvéolaire reprenant celui des ruches, sublimé comme une architecture Art déco de haute joaillerie.
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Attribut de pouvoir,symbole de labeur,de curiosité et objet de poésie,les abeilles n’ont pas fini de parer de leurs qualités les bijoux Chaumet.La métamorphose s’étend aujourd’hui à des collections de joaillerie et haute joaillerie avec la création d’une ligne de vingt-quatre montres uniques Attrape-moi si tu m’aimes. Grâce à une technique pratiquée depuis le Moyen Âge, dite de l’“émail champlevé” qui offre un rendu d’émaillage aux divers reflets, l’abeille de Chaumet butine d’un cadran à l’autre dans un univers de couleurs et de contrastes.
Lunettes de visée Magnus. Vos chasses prennent de la hauteur.
Avec nos nouvelles lunettes de visée, vous êtes parfaitement équipé pour toutes les situations de chasse. Fabriquées en Allemagne selon un procédé haut de gamme, grâce à elles plus aucun détail ne vous échappera. Réticule lumineux particulièrement fin et visible, avec système on/off automatique très élaboré permettant une autonomie importante des piles Excellente transmission lumineuse et contraste hors du commun pour une visée en toute confiance Mode jour/nuit à 60 pas de réglage Champ de vision très large Facteur de grossissement jusqu’à 6,7 fois Avec les lunettes de visée Magnus 1– 6.3 x 24, Magnus 1.5 –10 x 42 et Magnus 2.4 –16 x 56, faites de chaque sortie de chasse une aventure unique. Plus d’informations sur www.leica-sportoptics.fr
Quand l’animal sculpte le bijou Ailes du désir,Pégase avec une ligne Contes mais aussi ingénieux et malicieux singes, pandas, tigres… dans sa Parade exotique. C’est souvent très démonstratif mais aussi exemplaire du savoir-faire joaillier : faisant référence à un collier mythique,le bracelet python lancé cette année s’enroule trois fois autour du bras et sa langue fourchue rétractable atteste du savoir-faire joaillier. Caméléon, chouette, cygne… telle une collection d’art, ce Cabinet de curiosités, inspiré des collections personnelles prisées à la Renaissance s’enrichit chaque année de nouveaux animaux, profitant de volumes en relief, de membres articulé, de teintes en dégradé de pierres précieuses !L’insoliteestleregistred’expression de Boucheron dans cette collection où l’animal règne,façon de rappeler que le joaillier considère d’abord ses clients comme de vrais collectionneurs qui aiment la rareté, l’audace et l’exclusivité.
Lalique ou la poésie spectaculaire
La maison Lalique a également ses amateurs pour avoir marqué l’histoire récente du bijou animalier. L’inventeur du bijou avant-garde, le maître de l’Art nouveau aux formes pures, tranchantes et à combinaisons multiples comme très architecturées est aussi un spécialiste du bijou animalier délicat
PENDANT DE QUATRE LIBELLULES DE LA MAISON LALIQUE. LE MAÎTRE DE L’ART NOUVEAU EST AUSSI UN GRAND SPÉCIALISTE DU BIJOU ANIMALIER DÉLICAT ET NUANCÉ.
et nuancé.Profitant de son art d’exploiter des matières jusqu’alors délaissées comme la corne, l’émail ou, bien entendu, le verre, et de les associer aux pierres précieuses, elle invente des inédits tels que des guêpes, des scarabées, des sauterelles, ou des hannetons.
Agry, deux siècles de gravures et de parures
Graveur héraldiste, la maison Agry fondée en 1825 réalise outre des boutons de vénerie,des objets cynégétiques etquelquesbijouxcommedeschevalières.
Parmi ses prouesses, l’art de transformer des griffesoudesdentsenbijoux. L’animal devient parure mais c’est chez les grands joailliers qu’il impose le mieux sa puissance et son caractère.
Bry&Co, l’animal depuis toujours
Le bijou animalier se porte bien placeVendôme.D’autant qu’à deux pas, rue de la Paix, une petite maison française, Bry&Co, s’est spécialisée depuis sa création en 1944 dans le bijou de chasse : faisans, cailles, poules d’eau dé-
PHOTOS : VINCENT WULVERYCK © CARTIER 2011 - LALIQUE
Maison Cartier : la panthère sort ses grilles ◆ Le côté sauvage, indomptable, élégant, racé de la panthère est là. Tous les grands joailliers ont créé des panthères au cours de leur histoire mais Cartier,qui a aussi donné vie à pas mal de tigres et de pumas, en a fait un symbole. La panthère Cartier raconte un peu son histoire où plutôt celle de Jeanne Toussaint première femme à avoir imposé son style dans la création de haute joaillerie. À cette femme « imaginative,exigeante et visionnaire », « joaillière des rois »,Stéphanie des Horts, collaboratrice de Valeurs ac-
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tuelles,a consacré un magnifique portrait,intitulé la Panthère (JC Lattès) tant ce surnom lui colle à la peau. Du côté des bijoux, la première panthère de Cartier (photo) est créée en 1948, elle est en or jaune sur une émeraude d’une centaine de carats, achetée par la duchesse de Windsor et appartenant à présent à une collection privée. En 1949, Cartier a créé une seconde panthère tout aussi époustouflante, cette fois sur un saphir de 159 carats, à la vente de la collection Windsor de 1987 mais qui appartient aujourd’hui à la collection Cartier,
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unique en son genre puisque la seule d’un joaillier comprenant 1 400 bijoux et objets témoignant plus de 160 ans d’histoire de la création joaillière.« À travers la panthère tout le style Cartier s’exprime.L’animal est un bon représentant de l’éventail des partis pris esthétiques de Cartier ainsi que sa capacité à devancer l’esprit de son temps », observe Pierre Rainero, directeur image, patrimoine et stratégie de Cartier. Pavée de diamants et pierres précieuses, révélée par des pierres polies et dotée d’un regard émeraude,ou en or et motifs “tâchistes”… la panthère Cartier se métamorphose au gré des coups de génie créatifs ! Pari réussi, car la recherche de formes inouïes,d’une ligne très sophistiquée ou un peu tranchante mais qui ne rompt jamais l’équilibre, donne toute sa grâce à l’animal.
TRO U VO N S EN S EM B LE D’AU TR E S CH A SS EU R S P O U R VOS PI ÈCE S D’OR FÈ V R ER I E E X P ERTI S E S D’O R FÈ V R ER I E E T B OÎT E S EN O R-V EN T E EN P R ÉPA R ATI O N M é n a g è r e e n a r g e n t à d é c o r d e c h a s s e . pa r p. Q u e i l l e , pa r i s , v e r s 1 8 8 0 ( 7 2 p i è c e s ) R É G I O N PA R I S I E N N E t h I E R R Y D E L A C H A I S E 0 1 5 3 0 5 5 3 2 1 I E S T M a r i e - F r a n c e l u d M a n N 0 3 8 8 6 0 0 0 6 1 N O R D - PA S D E C A L A I S - N O R M A N D I e pa s c a l e B o M Y 0 6 0 7 6 0 7 9 6 2 B R E TAG N E- PAYS D E L A LO I R E F r a n Ç o i s d ’ h a u t p o U L 0 2 4 0 6 9 1 4 8 9 AQ U I TA I N E a L A I N D E B A R I TA U LT 0 5 5 6 5 8 7 2 0 4 I M I D I - P Y R É N É E S F lo r e n c e g r a s s i g n o u X 0 6 8 7 4 0 9 9 9 1 P R OV E N C E F LO R E N C E V I D A L 0 4 9 1 4 8 6 5 59 I N I C E – M O N ACO M a r K a r M s t r o n G + ( 3 7 7 ) 9 3 3 0 8 8 8 0 L A N G U E D O C - R O U S S I L LO N B É AT R I C E V I E N N E T 0 4 6 7 24 9 5 7 2 I R H Ô N E S - A L P E S r o B e r t d u M a r a i s 0 6 0 8 8 4 1 9 4 9 p r o c h a i n e V e n t e à pa r i s e n aV r i l 2 0 1 2 I c o n ta c t e Z n ot r e s p é c i a l i s t e e t n o s c o n s u lta n t s r é g i o n a u X s ot h e B Y ’ s g a l e r i e c h a r p e n t i e r 76 , r u e d u Fa u B o u r g s a i n t- h o n o r é 7 5 0 0 8 pa r i s I s ot h e B Y s . c o M
AG R É M EN T N ° 20 01- 0 02 D U 2 5 O C TO B R E 20 01-A L A I N R EN N ER
Quand l’animal sculpte le bijou clinés en pendentifs ou broches font partie de ses pièces de référence tout comme,dans un registre plus accessible, des bracelets en poils d’éléphant qui valurent en raison de leurs origines douteuses quelques démêlés judiciaires à cette maison.
Van Cleef&Arpels, naturellement naturaliste
TROIS BIJOUX DE LA MAISON VAN CLEFF & ARPELS : CLIP PAPILLON (1946) ET, CI-DESSOUS, CLIP HIRONDELLE ET OISEAUX (ANNÉES 1920). ON NE COMPTE PLUS DANS SES COLLECTIONS LES DÉCLINAISONS DE FLEURS ET LES OISEAUX.
maison.Parfois,l’inspiration de la maison est si marquée par un thème animalier qu’il en devient l’objet d’une collection en soi comme en 2009 avec sa collection Oiseaux de paradis, pour laquelle l’oiseau s’affirme incarnation même de cette nature mobile et légère. Autre caractéristique, les oiseaux sont souvent chez Van Cleef & Arpels
PHOTOS : PATRICK GRIES/ADAGP - VAN CLEEF & ARPELS
Inventeur de génie (on lui doit le procédé du serti-mystérieux et la création de la première minaudière),VanCleef&Arpelss’est adonné au cours des Années folles, à des créations exotiques inspirées de l’Égypte antique ou de la Chine tout en œuvrant parallèlement dans un style romantiqueetfloralquidevientsagriffe. On ne compte plus dans ses collections,lesdéclinaisonsdefleursdujardin ou exotique et les oiseaux.« Les premiers bijoux animaliers de la maison sont des épingles à chapeaux ou pouvant se porter en ornement de cheveux, ils datent du milieu années 1920 », explique Catherine Cariou, directrice du patrimoine Van Cleef & Arpels. Chez ce joaillier aussi,c’est surtout après-guerre,qu’apparaissent de petits oiseaux très gais et colorés,telsleslovebirdsouinséparables qui perdurent dans ses collections jusqu’aux années 1950. Puisquelesannées1960voient naître la boutique Van Cleef&Arpels destinée à proposer à la vente des bijoux accessibles, voici des clips oiseaux en turquoises qui connurent un franc succès et renforcèrent même la notoriété de la
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saisis en plein vol ou s’apprêtant à s’envoler.Lecôtéprécieuxetsoignédomine comme en témoigne la parure motifoiseaucomprisedanslacollectionBals de légende (Le bal Proust) présentée il y a quelques mois.
Cartier, la panthère et tant d’autres pièces inventives
Chez Cartier, la panthère est incontournable. Depuis la création de la toute première panthère en 1948 pour la duchesse de Windsor, l’animal n’a jamais quitté ses collections (lire notre encadré page 38), il est devenu son précieuxtotemmêmesisonpatrimoineanimalier est bien antérieur. C’est à la faveur de sa collaboration avec le joaillier Louis Joseph (1875-1942) que « le roi des joailliers », comme le surnommait Édouard VII,adopta un répertoire stylistiquericheenmotifsanimaliers.Dans cette maison, une des périodes animalières fastes est celle du style égyptien qui commence dix ans avant la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922 et se poursuit jusqu’aux années 1930. « Les thèmes de chasse sont bien plus rares,davantage le fait de commandes spéciales. Par exemple, les chasses des RothschildontinspiréchezCartierplusieurscommandes de bijoux.À partir de souvenirs de chasseoudepetitstrophéescommedesdents d’animaux,denombreuxobjetsCartieront
apportantsatouchepersonnelleàl’exercice de style. Sa collection Cartier Naturellementcultiveun“espritcabinetde curiosités” avec des bijoux associant beauté des oiseaux et thème végétal. ◆
est présent sur le marché de l’occasion, que cela soit en salles des ventes ou chez des marchands. « Il est délicat de donner des prix, affirme Cyril Martin du Daffoy, de la maison du même nom qui est l’une des références sur le marché du bijou d’occasion,car il dépend de deux paramètres. En premier lieu, la valeur de telle ou telle pièce s’établit selon les matières premières qui la composent.Dès qu’il y a des pierres précieuses,il y a déjà un prix plancher : le prix de ces pierres. Ainsi, une broche “papillon” qui contient 5 diamants de 10 carats, aura un prix minimum des 5 diamants. « Même si le bijou est du plus
SAIT À MERVEILLE ACCENTUER LE TRAIT DE CARACTÈRE
Le Bestiaire médiéval, de Christian Heck et Rémy Cordonnier,Citadelles & Mazenod, 620pages,650illustrations,395 €.
DE L’ANIMAL OU EN GOMMER UN AUTRE.
PERROQUET (PLATINE, RUBIS, ÉMERAUDES, DIAMANTS). AVEC CARTIER, ON PASSE DE L’ÉLÉGANCE ET LA GRÂCE À LA FORCE DU MOUVEMENT OU À LA PUISSANCE D’UNE ATTITUDE.
Les critères du marché de l’occasion ◆ Le bijou à thème animalier ou cynégétique
PAON (PLATINE, SAPHIRS, DIAMANTS TAILLE BRILLANT). CARTIER
parfait mauvais goût », souligne Cyril Martin du Daffoy.À rebours,un profil de cheval en or, sera en théorie plus accessible, vu le prix du métal jaune (même s’il a grimpé en flèche au cours de ces trois dernières années). Dans ce cas-là, c’est le travail et la signature qui“ferait”le prix.Ainsi, le gramme d’or se négocie aujourd’hui à moins de 42 euros ; chez Cartier, ce même gramme vaudra 110 euros et,provenant des créations de Jules et Louis Wiese (célèbres créateurs de la fin du XIXe siècle),entre 300 et 400 euros.Autre élément qui peut faire varier le prix, c’est la mode,la tendance est par exemple à tout ce qui touche à l’Art déco ou à l’après-guerre.
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Si la pièce est faite avec des matières premières chères,qu’elle est d’une grande maison,d’une grande rareté et d’une exceptionnelle qualité, le prix peut atteindre des centaines de milliers d’euros. Certains d’entre eux sont parfaitement identifiables ; c’est le cas de la panthère de Cartier, ou du lion de Van Cleefs & Arpels. Signalons que ces grandes maisons peuvent être acteurs en salles des ventes :elles rachètent parfois leurs propres pièces pour leurs propres collections « à la seule condition qu’elles soient d’exception et qu’elles ne fassent pas doublon avec ce qu’elles détiennent déjà » explique Cyril Martin du Daffoy.Un principe que confirme Claire de Truchis,responsable Europe joaillerie et bijoux chez Sotheby’s.
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PHOTOS : VINCENT WULVERYCK © CARTIER 2011
aussi été créés », précise-t-on chez Cartier qui, ne l’oublions pas, entre 1904 et 1939, est le fournisseur officiel de quinze cours royales. AulendemaindelaSecondeGuerre mondiale, l’esprit guide la création et multiplie les partis pris dans ses collections. La force de la création Cartier, c’est d’être capable d’affirmer son style avec une approche toujours différente.Le joaillier excelle dans l’art de reproduire l’animal sous divers angles et même facettes (dans un style séducteur mais parfois aussi humoristique). Cartier sait à merveille accentuer le trait de caractère de l’animal et en gommer un autre ; on passe de l’éléganceetlagrâceàlaforcedumouvementoulapuissanced’une attitude… Le joaillier a,àlafois,lesoucid’un traitementnaturaliste de l’espèce animale (paon, aigle, faucon…) et l’envied’exécuterdespiècestournéesverslaséduction,commelesserpents ou les fameux crocodiles de María Félix ou de créer de petits animaux plus décalés,intimes (caniche, hibou…)ouhumoristiques :broches coq,flamantrose–dontleplusconnu avec la patte relevée est celui commandé par la duchesse de Windsor – ou même petits canards déguisés en cow-boy ! Ces dernières années,le retour au naturalisme est une tendance de fond et Cartier ne fait pas exception tout en
Tentations
MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR ELLE par Diane Cernay Retrouvez toutes nos adresses en page 210
PARKA CÉLINE DE SCHNEIDERS
CLAN ARTICA LE CHAMEAU
◆ Ce manteau doudoune
◆ Pour ne plus craindre le froid,
en Sporty Nylon leggero est en laine contractée et le col amovible en raton laveur. La ligne Schneiders est reconnaissable entre mille : elle est féminine !
Le Chameau a doublé ces botillons en caoutchouc naturel de fourrure. La semelle crantée est légèrement cambrée. Et un petit lacet de cuir apporte une touche finale. 119 €.
618 €.
GILET DOUDOUNE ASPEN D’AIGLE EAU DYNAMISANTE DE CLARINS
◆ De ce flacon, 5 euros seront reversés aux quatorze associations que soutient le prix de la Femme dynamisante. Ce prix est depuis toujours dédié aux femmes d’action qui s’engagent à aider des enfants en détresse.
◆ Mêlant cardigan et marine jacquart, ce “gilet doudoune” très féminin est tout aussi sportif qu’après chasse.
150 €, tailles 38 à 42.
44,50 €
SAC LANCEL PREMIER FLIRT POÉSIE D’ASIE DE PANDAÏA
◆ Nacre (pour la perle noire de Tahiti), or jaune et bois de serpent, Cécile Quilez joue avec CEINTURE les matières nobles TIERRA comme un DE GAUCHOS peintre mélange les couleurs sur ◆ Sans doute le plus bel arc-en-ciel de l’hiver. sa palette. Une Il vient de chez Tierra “Poésie d’Asie” de Gauchos et libère pour une fantaisie ses couleurs sur des notes contemporaine. de bandoneon argentin 55 €. 4 200 €.
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◆ En bandoulière ou à la main, ce sac seau en cuir composé d’assemblage de multiples rectangles doté d’une doublure satin se distingue et exprime toute la French légèreté de la maison Lancel. 1 390 €.
Tentations MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR
CHEMISE MARTI CLUB INTERCHASSE
CHAUSSURES AUBERCY
◆ Club Interchasse aurait-il des talents
◆ Sacha, c’est le nom
de coloristes cachés ? Pourquoi se le demander, l’association du bistre et du carmin est l’évidence même d’une délicatesse qui a pour nom l’élégance.
de cette derby, trois œillets prêt-àchausser. Pour une qualité aussi visible, il faut avoir la passion d’un métier : maître bottier.
69 €, tailles S à XXXL.
895 €, huit largeurs possibles.
KNICKER HUMBERT BERETTA
CRAVATE VICOMTE A
◆ Sur un tweed des plus écossais, ce knicker muni d’une membrane imperméable flottante allie techniques modernes et classicisme pour une éloquence toute masculine.
◆ Une collection :“Gastinne
Renette”. Une matière : le tweed. Si le célèbre armurier était de ce monde, il s’habillerait à n’en pas douter en Vicomte A. 65 €.
256 €.
MES CHAUSSETTES ROUGES
◆ Fabriquée au Royaume-
Uni, cette chaussette, en laine ou en cachemire, trouve toute son allure dans ses couleurs et le garter (pompon latéral) qu’elle arbore sans fioritures. 60 à 220 €, tailles 36 au 48.
LUI
VESTE SCHNEIDERS
◆ Cette veste autrichienne en veau velours souple, gansée de loden, dos droit avec fente et boutons corne est naturellement distinguée de Vienne à Paris, de Sologne au Morvan… Sa finesse donne une ligne impeccable, celle que se plaît à soigner Schneiders. 855 €.
BOUTONS DE MANCHETTES PANDAÏA
◆ En exclusivité pour Jours de Chasse, Cécile Quilez
vient de nous dévoiler ces boutons de manchettes argent massif plaqué rhodium, perle de culture akoya gris bleuté. Un bouquet chic et fleuri ou quand l’homme cultive sa distinction. 480 € ;
disponible sur commande en or jaune ou or blanc, 3 500 €.
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Tentations ACCESSOIRES
STYLO PLUME S.T. DUPONT FOURREAU ALEXANDRE MAREUIL
◆ Ce fourreau mixte à zip qui permet de transporter une carabine et un fusil
dans le même fourreau est fluide, distingué, d’une superbe finition et tout simplement signé Alexandre Mareuil. 940 €.
CARTOUCHIÈRE MAREMMANO
◆ Disponible en calibre 12, calibre 20 et très rare sur le marché 28 et même 410, cette ceinture cartouchière en cuir gras doublé cuir distribuée par Deerhunter est couronnée de tubes en coton pour éviter l’oxydation. 89 €.
TIREBOTTES LE CHAMEAU ◆ Un tire-bottes est
par nature une astuce pour vous faciliter les fins de journées de chasse éreintantes. Et quand il prend la forme d’un chameau, il ne peut être qu’inventé par le réputé bottier… Le Chameau. 30 €.
◆ La première goutte qui jaillira de la plume en or massif 14 carats, méticuleusement travaillée et polie à la main de ce stylo finition orfèvre palladium, sera de couleur bleu royal (de la cartouche fournie).
500 €.
LEICA DLUX 5 TITANIUM
◆ Attention, édition limitée et de qualité, ce petit Leica (270 g) sera le meilleur allié de vos quêtes photographiques hivernales. 950 €.
ZIPPO DE CHASSE
◆ Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, le briquet Zippo (le célèbre “briquet tempête”) sera à la hauteur de sa solide réputation. Et le cliquetis de cette édition Chasse gardée précède toujours la mise à feu. 48 €.
CHAUSSURES STEPLAND
◆ Robuste, authentique, ces chaussures Winner en cuir
gras marron foncé surpiqué mordent tous les types de terrain avec une résistance à l’abrasion qui vous surprendra. La tige montante et son encolure souple ont été mises au point pour que les marches prolongées ne soient plus un calvaire. 89 €, tailles 40 à 46.
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Chapeau Harry Veste Célestin Fuseau cuir Lukas Bottes Vendôme Cuir
L’instinct, la passion... et le style
www www.interchasse.fr .interchasse.fr
Tentations ACCESSOIRES
SAC DE BATTUE ANÉAS
◆ Voici le moins grand
SACOCHE VAL GANCH
sac de battue d’un grand bagagiste. Ses deux larges soufflets permettent d’accueillir tout ce qui peut vous être utile pour vos déplacements.
◆ Les archers de la couronne d’Angleterre y mettaient les cordes et les gantelets de rechange. Une fois passée à la ceinture, gageons que cette sacoche en cuir gras de veau vous sera d’une utilité vitale tout autant qu’à nos tireurs Long Bow. 550 €.
109 €.
CORDON DE NETTOYAGE DE RIVOLIER
COUTEAU CHASSE AGORA TEC
◆ Équilibré et puissant, ce couteau de chasse Sog, qu’a déniché Agora Tec, est de fabrication américaine. Sa lame de 19 centimètres est en acier cryogénisé pour la résistance et son poignet en Kraton pour éviter qu’il ne vous échappe de la main.
259 €.
◆ Un nom barbare mais d’une d’efficacité redoutable. Ce Hoppe’s Boresnake est le produit de nettoyage du canon le plus rapide de la planète. Un seul passage suffit pour enlever un maximum de particules. 29,90 €.
SAC À DOC PERCUSSION
◆ Deux poches extérieures, un compartiment
pour un sac d’hydratation, une poche sous le sac, une protection dorsale, une poignée de transport : ne faites pas l’addition, le prix modique et la qualité de ce sac à dos de 30 litres Percussion sont irréprochables. 31,95 €.
TÉLÉMÈTRE LASER 1000AS NIKON
◆ Ce télémètre distribué par Cor Caroli utilise un viseur innovant pour un affichage simple et clair et offre une plage de mesures très étendue (10 à 915 mètres). 499 €.
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CHAPEAU DEERHUNTER ◆ Ce chapeau
à bords larges de la gamme Daytona en coton renforcé de Polyester, contient une membrane coupe-vent, imperméable et respirante. Autant de qualités qui viennent s’ajouter à une ligne et une tenue impeccable, celle de Deerhunter. 43 €.
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? t c i d d a n e Bow
R I O G R A N D E - PA R I S
PHOTO : JEAN CHÉNEL - ACCRO’ AUX BOWEN
Collection Automne/Hiver 2011 Bottine Derby, laçage double passant, veau sport délavé, haut guêtré en "cuir huilé", semelle gomme tout terrain, cousu norvégien point de chaînette. 375 €
La collection BOWEN est en vente dans les boutiques BOWEN et dans les magasins MANFIELD www.bowen.fr • Adresses et renseignements : 01 78 35 10 00 -
Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc
Range Rover Evoque
RANGE ROVER
Sprinter des pistes
un objet de contemplation, tout en contraste et en longueur, soignée jusqu’au moindre détail. Des trois niveaux de finition (Prestige, Dynamic et Pure), le premier offre déjà tout ce qu’est en ◆ Vedette du salon droit d’attendre le conducteur de Francfort, le “petit” Range exigeant, à commencer par Rover (4,36 mètres de le cuir. Un impressionnant longueur) va faire un malheur ! choix d’options permettra Ce SUV compact adopte une de personnaliser robe à la fois dynamique son acquisition, pour qui et distinguée dont l’Indien Range Rover Evoque SD4-Si4 a prévu le budget.Au Ratan Tata, aujourd’hui programme notamment : propriétaire du groupe, Dimensions un toit ou des coques peut être fier. Range, on le L : 4 355 et 4 365 mm ; de rétroviseur de teinte sait, représente la division l : 1 900 mm ; H : 1 610 et 1 640 mm. Charges utiles différente de la carrosserie. luxe de Land Rover. Et son Poids à vide : 1 670 à 1 685 kg. Capacité Un toit en verre intégral nouveau produit phare du coffre à bagages : 420 à 1 445 l. à rideau électrique est ne fait pas qu’“évoquer” Réservoir : 58 et 70 l. Moteur également disponible ce qui a fait le succès Quatre cylindres en ligne, turbo, en option.Du sur-mesure de ses aînés. Il le sublime. 16 soupapes. Diesel : 2 179 cc, 190 ch à 3 500 tr/mn, 420 Nm à 1 750 tr/mn. en somme,pour un SUV La ligne de toit plongeante Essence : 1 999 cc, 240 ch à 5 500 tr/mn, 340 Nm à 1 750 tr/mn. Boîte manuelle à l’électronique embarquée prolongée par un béquet ou automatique à 6 rapports. de premier ordre, fusant souligne le caractère Transmission intégrale avec réduction. Performances comprenant, évidemment, sportif de l’engin. Celui-ci Vitesse maximale : 200 et 217 km/h. 0-100 km/h : 10 et 7,6 sec. Consommation le fameux dispositif Terrain est d’ailleurs proposé moyenne : 6,4 et 8,7 l/100 km en cycle mixte. response qui permet à cette en version coupé trois CO : 169 et 199 grammes par km. Prix transmission intégrale de portes à quatre places, À partir de 32 900 € s’adapter au type de terrain en plus du classique Baroudeur sans complexe, ce baby Range aux lignes avant-gardistes a su rester fidèle à la tradition du luxe à l’anglaise. Un must !
modèle à cinq portes et cinq places, très réussi. À bord, le bois, le cuir, l’aluminium participent de son charme tout britannique. Comment ne pas succomber au raffinement des surpiqûres sur ces sièges pleine fleur aux formes audacieuses et au moelleux incomparables ? La planche de bord représente à elle seule
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sélectionné, du chemin boueux à la route enneigée, en passant par l’autoroute. Le système HDC retient la voiture dans les pentes les plus raides. Il y a juste à doser l’accélérateur. Car l’Evoque peut revendiquer sans rougir un statut de véritable tout-terrain, à la différence de bien des concurrents. Ses caméras extérieures panoramiques, dont l’image s’affiche sur un large écran de contrôle, aideront au guidage dans les passages les plus délicats. Il peut en outre franchir un gué jusqu’à 50 centimètres de profondeur. Oublions le modèle à deux roues motrices aux évolutions limitées hors des chemins carrossés. Il n’arrivera d’ailleurs en France qu’au début 2012. Un“vrai” Range dispose de quatre roues motrices. Il aura droit en entrée de gamme à un 2,2 litres turbo de 150chevaux très économique. Porté à 190chevaux, ce moteur colle encore mieux à l’esprit baroudeur de l’engin. Silencieux et peu sujet aux vibrations, ce bloc est couplé à une boîte manuelle à six rapports bien étagée. Il peut se voir greffer une“boîte six” automatique des plus intelligentes, moyennant une légère pénalité en termes de rejets de CO2.Alternative : un quatre cylindres turbo essence de 2 litres et 240chevaux à injection directe plein d’allant, mais un peu plus sonore. Qui abat tout de même le “0 à 100” en à peine plus de 7 secondes. Un vrai sprinter ! Seul reproche dans ce festival de louanges : la visibilité arrière reste médiocre. Le radar de recul ne sera pas de trop pour vous guider dans les manœuvres.
DS
CHEVI
O TTE LL
Le 150
by
BILLAR
Chevillotte présente
150ans
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60 - 2010
Chevillotte a fêté 150 ans d’histoire et d’un savoir-faire unique au service d’un artisanat de luxe. A l’occasion de cet anniversaire, la Maison s’est associé au designer Eric Raffy pour la création de son nouveau modèle. De cette association est né le 150, mariage des matières et harmonie des lignes, un billard, une œuvre, une sculpture pour les amateurs de jeu et de mobilier. Le modèle 150 réaffirme les valeurs de Chevillotte : esthétique, élégance et convivialité. Il se décline en plus de 20 finitions et couleurs de draps (bois massifs, laques, finitions satinées et patines décoratives) pour une intégration parfaite dans tous styles d’intérieur.
Show-room 27, Boulevard Malesherbes 75008 Paris • Tél. : 01 47 42 12 10 • www.chevillotte.com
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L’art d’une belle complication
par François-Jean Daehn et Audrey Poux
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IL N’Y A GUÈRE QU’EN HORLOGERIE QUE “LES COMPLICATIONS” APPORTENT DU PLAISIR … L OIN D ’ ÊTRE UNE ENTRAVE AU BON FONCTIONNEMENT, LES COMPLICATIONS SONT LES INDICATIONS SUPPLÉMENTAIRES EN PLUS DE L’ HEURE , LA MINUTE ET LA SECONDE .
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uelle force inconsciente peut-elle bien pousser un homme mûr à l’esprit cartésien à acheter une montre qui lui rappelle de remonter à la surface s’il n’est pas plongeur,ou lui permet de faire des calculs savants dans le ciel s’il n’est pas pilote ? Le plaisir ! La possibilité de s’inventer une vie, l’envie de rêver. Comme les autres objets statutaires à haute portée symbolique,une montre permet de révéler aux autres ses goûts, celui qu’on souhaiterait incarner.Les hommes sont par nature dans la quête de performances et les complications leur permettent de caresser leur rêve du bout des doigts. C’est irrationnel au possible mais constatable. L’homme qui s’offre une montre à complication comble le petit garçon en lui qui voulait être quelqu’un
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d’exceptionnel.Les manufactures s’en donnent à cœur joie pour faire rêver les hommes et nous ont réservé cette année encore de belles complications. Vacheron Constantin puise dans son ADN et célèbre le voyage pour s’adresser à l’aventurier qui sommeille en chaque homme. La Patrimony Traditionnelle Heures du Monde est capable de nous dévoiler l’heure dans trente-sept zones dans le monde, avec une indication jour-nuit par la mappemonde centrale. Une prouesse pour ce genre de fonction : l’heure est lisible.D’autres maisons ont mis les plongeurs à l’honneur. Fort du succès de la réédition de ses deux Polaris,Jaeger-LeCoultre surfe sur la vague et réédite cette année sa Memovox de 1959 : la Memovox Tribute to Deep Sea. La ver-
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1. Patrimony Traditionnelle Heures du Monde Boîtier en or rose
de 42,5 mm de diamètre, trois cadrans indiquent l’heure universelle. Calibre automatique 2460 WT. 39 500 euros. VACHERON CONSTANTIN
2. Memovox Tribute to Deep Sea
Réplique du modèle LeCoultre Spécial Amérique 1959, boîtier en acier de 40,5 mm de diamètre, calibre automatique Memovox 956. 9 500 euros. JAEGER-LECOULTRE
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Famille@LeTouessrok Partez à la découverte des poissons colorés du lagon ; Faites danser vos papilles aux saveurs de neuf cuisines gourmandes ; Vivez avec style et élégance ; Rires et jeux d’enfants en cascade au T Club ; et vous pendant ce temps plongez dans un océan de tranquillité www.letouessrokresort.com Tél. 01 56 43 40 51
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L’art d’une belle complication
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3. Montre Calibre Boîtier de 42 mm de diamètre en or rose, cadran chocolat calibre automatique 1904-PS MC. 29 500 euros. CARTIER
4. Oyster Perpetual Cosmograph Daytona,
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boîtier en alliage d’or rose Everose, cadran chocolat, calibre 4130. 21 735 euros. ROLEX
5. Montre Arceau Le temps suspendu
Boîtier en acier de 43 mm de diamètre, cadran noir guilloché à motif chevrons, calibre automatique développé pour la maison. 13 000 euros. HERMÈS 6. Moorea Royal Triomphe Boîtier de 44 mm de diamètre, cadran en fibre de carbone, calibre royal automatique, 6 500 euros. PEQUIGNET
7. Grande Date Réserve de Marche, Vintage WW1 Boîtier en acier poli
de 45 mm de diamètre, verre en saphir bombé, calibre automatique. 3 600 euros. BELL & ROSS
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8. Formula 1 king Power Boîtier en céramique noire microbillée de 48 mm de diamètre, calibre automatique HUB4100. 19 400 euros. HUBLOT 9. Tourbillon Emperador Coussin Boîtier de 46,5 mm de diamètre en or blanc, cadran en verre saphir lasérisé révélant le mouvement, calibre extraplat automatique à tourbillon 1270 P. 158 000 euros. PIAGET 10. Montre RM035 Rafael Nadal Boîtier tonneau en magnésium-aluminium, calibre RUL1 squeletté à remontage manuel. 8 050 euros. RICHARD MILLE
sion américaine, signée LeCoultre est fidèle en tout point à son aînée : le cadran noir mat est recouvert d’une glace en Plexiglass et l’alarme indiquée par un triangle luminescent avertit le plongeur quand remonter à la surface. Jaeger-LeCoultre signe avec ce modèle un “best of” des deux époques : un esprit vintage intact avec un calibre dernier cri. Le pionnier dans ce domaine, Panerai, relance un modèle en bronze spécialement développé dans les années 1950 pour la Marine militaire : la Luminor Submersible 1950. Son boîtier intégralement en bronze se patinera avec l’air et l’eau pour une personnalisation maximale. Quant à son cadran, il respecte l’agencement graphique de la Luminor Submersible (index bâtons) mais cette fois,en version vert bouteille, une couleur inédite qui s’harmonisera avec les tenues de chasse. La maîtrise du temps est une donnée établie en horlogerie et pourtant chaque horloger porte en lui le désir de se surpasser. Piaget frappe fort avec son Emperador CoussinTourbillon.Ul-
tramince et automatique,voici le tourbillon le plus plat du monde ! Seulement 10,4 mm, un accomplissement dans la précision du temps. Chez Cartier,on étoffe la ligne classique des Calibres ; une version tout or rose et fond chocolat se démarque par son élégance,un nouveau basic chic. Comme sur les autres modèles, on retrouve une petite seconde et une date traînante à trois heures. Le français, Pequignet, équipe les Moorea Royal Triomphe de son Calibre Royal made in Morteau ! Cette opération séduisante offre un modèle compliqué à l’allure sportive affirmée.Un mélange réussi de titane (boîtier), de carbone (cadran) et d’or rouge (lunette, plaquettes, appliques et logo). Ralph Lauren, le collectionneur poursuit son objectif :créer des modèles intemporels, ses classiques. Son Sporting Chronograph modèle guilloché répond à son ambition avec une réserve de marche,une date et un chronographe mais aussi en reprenant les codes esthétiques classiques de l’horlogerie suisse : Jours de C HASSE ◆
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côtes de Genève et perlage… La manufacture Perrelet rend hommage cette année à son inventeur qui, en 1828, proposa un compteur à rattrapante ;autrement dit la possibilité de chronométrer deux événements distincts.C’est une nouvelle étape dans la maîtrise du temps. Voici donc une édition limitée de la Chronographe à Rattrapante semisquelettée. Cette montre attrape l’œil par son dégradé mi-acier,mi-céramique et ses compteurs sur disques en verre : un vrai vent de modernité sur une idée du XIXe siècle… Quel petit garçon n’a jamais rêvé de voler ? Côté aviation,Breitling a toujours revendiqué une vocation aéronautique. Breitling équipe son chronographe phare, la Navitimer d’un mouvement 01“maison”.Une version légèrement liftée : un boîtier élargi, un fond ouvert et une aiguille des secondes rouge séduiront les convaincus de la marque et les amoureux d’un chronographe légendaire.L’âge d’or de l’aviation,Bell & Ross ne l’a certes pas connu mais s’est nourri de tous ces codes pour
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nous présenter une ligne épurée et au ressenti vintage. La maison qui va sur ces 20 ans crée en 2011 la montre militaire telle qu’elle l’aurait conçue en 1930 :LaWW1 Grande Date et Réserve de Marche. Dans un autre registre de fantasme masculin, la vitesse occupe une place de choix. Rolex l’a bien compris et a historiquement bâti sa légende sur la courseautomobile.LaDaytona(dunom du célèbre circuit en Floride) est l’aboutissement de ce mythe avec une fonction tachymètre (permet de mesurer le temps écoulé sur une distance prédéterminée).Cette année,le Cosmograph Daytona s’habille d’or rose et d’un cadran chocolat pour encore plus de raffinement. Hublot a choisi les circuits de formule 1 comme cadre de rêve. La nouvelle Formula 1 King Power Ceramiqueestprésentécommelamontreofficielledelaformule1.Unchronographe etdescodesesthétiquessanséquivoque : cadran au logo formule 1, lunette qui évoque les disques de freins et bracelet enNomex(façoncombinaisondepilote)
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tout est rassemblé pour faire rêver son heureux propriétaire. Chez Richard Mille,l’homme joue les sportifs de haut niveau.Après avoir gagné trois tournois du grand chelem en 2010 avec l’énigmatique RM027 au poignet (la montre la plus légère du monde 21 grammes !),le tennisman Rafael Nadal a de nouveau cosigné une montre qui incarne l’excellence : la RM035. Ultralégère et capable de résister aux conditions les plus extrêmes, elle bénéficie du label Chronofiable : gage de résistante et de fiabilité. La RM035 avec son look gagnant promet insidieusement de nous élever au rang de champion. La maison Hermès revendique depuis toujours,pour toutes ses créations, une certaine idée du luxe et donc du temps. Cette fois-ci, Hermès nous propose une montre capable de suspendre le temps ! Une pression sur le poussoir de 9 heures pour que les aiguilles se placentdansunezonetemporelleinexistante avant de reprendre leur cours lors d’une nouvelle pression magique. ◆ Jours de C HASSE ◆
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11. Navitimer 01 Boîtier en acier de 43 mm de diamètre, cadran noir, calibre 01 automatique. 6 420 euros. BREITLING 12. Sporting chronograph Boîtier en acier avec lunette finement guilloché (façon grain d’orge) de 45 mm de diamètre, calibre automatique. 6 550 euros. JAEGER-LECOULTRE POUR RALPH LAUREN 13. Luminor Submersible 1950 3 Days Automatic Bronzo Boîtier de 47 mm de diamètre en bronze satiné, cadran vert avec index des heures luminescents, calibre automatique PAM9000. 7 700 euros. PANERAI 14. Chronographe à Rattrapante
Boîtier en acier inoxydable de 43,5 mm de diamètre avec lunette en céramique, cadran doté de disques en verre minéral. 9 600 euros. PERRELET
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Réticule 60
Quand l’acquisition de votre cible doit se faire en quelques secondes, la précision et la clarté du point rouge vous permettent de tirer en toute sérénité. Sa parfaite ergonomie et ses dimensions compactes, rendent son usage très facile. Pour une saison de chasse réussie, faites confi ance à la supériorité reconnue du leader.
Enchères par Virginie Jacoberger-Lavoué
Envolées provinciales Une fois n’est pas coutume, ce sont deux vacations organisées en province, à Toulon et à Lyon, qui ont animé cette fin de saison.Avec des lots de grande qualité. ◆ C’est à l’Hôtel des ventes de Toulon qu’il fallait d’abord se rendre le 1er octobre à la vacation de l’Étude Richard Maunier & Thierry de Noudel-Deniau. L’organisation était sérieuse et la qualité des lots l’était tout autant, et l’on comprend ainsi mieux pourquoi le total des adjudications s’est élevé à 185 235 euros. La vente s’est orchestrée en deux temps avec pour commencer une centaine de lots d’armes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles
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– de chasse ou non– ainsi qu’une collection de poires à poudre et d’équipements. Dans la catégorie armes à feu très largement représentée par une soixantaine de lots, évoquons d’emblée son premier lot qui fut sa plus forte enchère : un Tchinké à rouet, exécuté vers 1650 (avec canon à pans, rayé, tromblonné extérieurement à la bouche ; platine à rouet extérieur sous bride, et superbe monture à tiroir en bois entièrement décorée d’incrustations d’os, de bois de cerf et nacre gravée), a été âprement disputé et s’est envolé sous le marteau à 10 500 euros, bien au-dessus de son estimation la plus haute à 7 500 euros. Il ne fallait pas rater non plus un autre fusil de chasse cette
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fois à silex, deux coups, ayant appartenu à Jean Le Page (1746-1834) arquebusier de l’Empereur, poinçonné 1805 avec crosse sculptée d’une tête d’animal fantastique, calibre 15, qui a été longuement disputé et a finalement trouvé preneur à 5 600 euros. À peine plus accessible, un fusil de chasse à système Pauly – donc du début du XIXe siècle–, à chargement par la culasse et chien d’armement extérieur, calibre15, est parti à 4 800 euros. Également exceptionnel, un fusil de chasse à percussion, deux coups, signé « Lepage Moutier Arqer du Roy des Princes », époque LouisPhilippe, calibre17, est parti sous le marteau à 3 000 euros. Il faut encore noter dans cette série de fusils de chasse un beau et rare calibre 12 à broche, à système deux
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coups, daté de 1870 et ayant appartenu à un arquebusier à Liège, adjugé 2 500 euros. Du côté des armes blanches, un poignard de chasse XIXe siècle, poignée en corne et monture en fer (lame épointée à arête médiane), est parti à 150 euros. Du côté des accessoires, on trouvait aussi des lots accessibles comme cette valise de transport pour fusil de chasse démontable, adjugé 100 euros ou un portefusils pour cinq armes, parti sous le marteau à seulement 110 euros, ou cette sacoche à cartouches de femme en cuir avec sa sangle qui a fait un heureux pour 60 euros. Toujours dans les petits prix, on ne peut passer sous silence les nombreuses poires à poudre, adjugées par lots allant de deux à cinq dans une fourchette comprise entre 100 et 600 euros. Dans la catégorie art cynégétique, la vacation rassemblait de nombreuses valeurs sûres. À commencer par les nombreux Xavier de Poret présentés qui ont eu un franc succès –dix de ses œuvres ont trouvé preneurs– ce qui montre une fois encore que la cote de cet artiste au trait poétique autant qu’aristocratique n’est pas surfaite. Ses animaux de montagne sont toujours autant plébiscités.Témoin, ce très délicat“crayon et pastel”de dimensions honorables (36,5 sur 26,5centimètres de haut)
PHOTOS : RICHARD MAUNIER & THIERRY DE NOUDEL DENIAU - CLAUDE AGUTTES
représentant Trois chamois couchés dans la neige, a été disputé à 6 800 euros. De même, son Mouflon dans la neige, d’excellente facture –crayon et pastel– de mêmes dimensions, est parti sous le marteau à seulement 3 500 euros. Dans un autre genre, son Renard et renardeaux dans son terrier, crayon de 30 sur 44centimètres a été logiquement et longuement disputé et est parti à un prix tout à fait justifié, 5 200 euros. Notons d’ailleurs que ses sept autres lots de crayons et études au crayon et pastel sont tous partis entre 3000 et 4700 euros, cette dernière enchère ayant été emportée par une très belle Étude de grands ducs, de grande dimension, 53 sur 73centimètres.Autre témoignage que nombre de collectionneurs apprécient Xavier de Poret, ces carrés Hermès de superbe facture
–adjugés entre 200 et 350 euros– qu’il avait dessinés. Autre artiste reconnu, Roger Reboussin a trouvé ses amateurs avec une belle huile sur toile d’assez grand format (80 sur 65centimètres) intitulée Rouges-Gorges dans la neige, partie à 1 300 euros. Parmi les œuvres picturales accessibles, les amateurs avertis ont également remarqué le lot de deux carnets de chasse “1932”et“1934” principalement sur le thème des oiseaux, gibiers et scène de chasse de Joseph Oberthur qui a trouvé preneur à 250 euros. On peut aussi s’arrêter sur
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deux œuvres d’Yvan BenoistGironière, Après la course et Deux chevaux et un chien –toutes deux de petites dimensions–, parties à 200 euros chacune. Signalons encore une jolie Tête de chevreuil, huile sur toile d’Alfred Andrieux (1879-1945) partie sous le marteau à 210 euros ; une gravure de Vol
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de canards de Léon Danchin (1887-1939) adjugée 270 euros ; et, parmi les œuvres de nos contemporains, Deux bécasses en vol de Francis Bérille, de 31 sur 44centimètres, reproduction en couleur, numérotée, adjugée 100 euros. Belles surprises du côté des bronzes avec une sélection de pièces de qualité. Un éléphant marchant, bronze à patine brune de 28centimètres de hauteur, de Charles Louis Eugène Virion (1865-1946) a été adjugé 1 800 euros, un très beau Setter (16centimètres de haut, 32 de long) de PierreJules Mêne (1810-1879) a atteint 1 100 euros. Pour le Cerf effrayé de Jules Moigniez (1835-1894), bronze de 17centimètres de haut, de fonte ancienne, il a fallu débourser 1 000 euros et dans un registre plus accessible, un bronze de petite dimension représentant un Faisan de 14centimètres d’Auguste Cain (1822-1894), a été adjugé 180 euros. >>
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PHOTOS : CLAUDE AGUTTES
Enchères ◆ Autre vente phare de cet automne, la vacation de l’Étude Claude Aguttes organisée à Lyon le 6 octobre et ayant eu, pour la partie cynégétique, le même expert que la vente de Toulon,André Marchand.Avec un peu plus de 400 lots, la vente a atteint 93 795 euros (hors frais). Tout à fait exceptionnelle, l’aquarelle le Bât l’eau (31 sur 47centimètres) de Karl Reille (1886-1975), pièce maîtresse de cette vacation, a emporté la plus forte enchère, en étant disputée jusqu’à 5 600 euros pour une estimation entre 4 000 et 6 000 euros, confirmant une fois encore la bonne cote de cet illustrateur à l’immense talent.Toujours
parmi les lots d’œuvres picturales de qualité, signalons encore un remarquable Valet de limier, école française du XIXe siècle, huile sur toile de 80 sur 60centimètres qui a fait un heureux acquéreur en partant sous le marteau à seulement 1 300 euros. Très colorée, une huile sur toile de Chasse à courre d’Eugène Pechaubes, 47sur 55,5centimètres a été adjugée 1 450 euros malgré quelques petites rayures. Il faut noter une jolie gouache de Georges Frédéric Rötig intitulé Lionne à l’affût (16 sur 25centimètres) est partie à 800 euros, son prix d’estimation. D’un autre genre et d’un autre prix, une Chasse au cerf d’un assez grand format (91 sur 63centimètres), école française du XVIIIe siècle, s’est envolée à 2 300 euros. Les amateurs de livres ont pu être comblés. Ainsi, l’ouvrage d’Henri Bouan du Chef du Bos sur la Chasse à la bécasse en Bretagne dans l’ancien duché de Penthièvre, a atteint 1 450 euros (son prix d’estimation). Une
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monographie d’Hoffmann sur notre migratrice, sortie en 1877, a fait un heureux à 1 050 euros. Du côté des trophées et massacres, un cerf debout, a trouvé preneur à 1 000 euros, tandis
qu’un oryx (naturalisé en cape) est parti sous le marteau à 500 euros, son estimation. Les appelants ont encore eu leurs amateurs comme ces paires de Menin Brabaw des années 1930, parties à 250 euros pour la première et 150 pour la seconde. Les bronzes n’ont pas été pour autant délaissés. Signalons parmi les valeurs sûres, un Djin,cheval à la barrière –fameux bronze
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de référence– non pas attribué mais signalé d’après PierreJules Mêne qui a grimpé jusqu’à 2 300 euros, ou cette Chienne saintongeoise (23centimètres de haut et 31 de long) partie à 1 500 euros. Les armes ont également trouvé leurs collectionneurs. C’est cette carabine autrichienne (calibre 5.6 x 52R, culasse gravée, double détente stecher, crosse demipistolet, montée d’une lunette Khales H/ 4 x 40) partie sous le marteau à 1900euros ; ou ce fusil liégeois à platine par Guinard à Paris (canons juxtaposés de 68centimètres, crosse anglaise en beau noyer veiné) qui s’est envolé à 2 750 euros. Renseignements ◆ Étude Richard Maunier & Thierry de Noudel-Deniau, 54, boulevard GeorgesClemenceau, 83000Toulon. Tél. : 04.94.92.62.86. Expert : André Marchand Tél. : 06.16.02.17.84. ◆ Étude Claude Aguttes Hôtel des ventes des Brotteaux, 13 bis, place Jules Ferry, 69006 Lyon.Tél. : 04.37.24.24.24. Expert : André Marchand.
Signets par la rédaction
La Cuisine des bécassines
de Patrice Février ◆◆◆ Décidément notre ami Patrice Février est un amoureux incorrigibledelabécassine.Nous l’avions laissé voilà trois ans avec sa cohorte d’ouvrages sur cette mystérieuse migratrice,série qui se terminait en apothéose par sa gastronomie, Cuisiner les bécassines : la chasse aux flaveurs, avec pas moins de 141 recettes autour de la bécassine. Enfin le croyait-on,carvisiblement,encynégète très averti, le président du Club international des chasseurs de bécassines n’avait pas achevé sa quête de la « science de la gueule » chère à Montaigne.
Patrice Février nous entraîne versd’autreshorizonsculinaires, avec 220 recettes supplémentaires de presque tous les continents ! En honnête homme, il seremetmêmeenquestion,écrivant entre autres qu’il place – ô sacrilège– la bécasse au-dessus de la bécassine,ou sur le délicat problème de savoir s’il faut garderounonlesintérieurs,latête… Rien à faire, les palais avertis ou non en salivent déjà.Que dire d’autre en effet entre les préparationsfroides(salmisglacécharbonnière, côtelettes Sarah Bernardt !, pain de bécassines à l’ancienne…),les bécassines rôties (sur canapé, au cognac, au champagne d’Escoffier, de Ca-
Dessins de chasse de Rien Poortvielt
◆◆◆ C’est une riche idée qu’ont eu Cédric et Ithier de Fougerolles
que de rééditer Dessins de chasse de Rien Poortvliet, ouvrage paru en France aux Éditions du Gerfaut et quasiment introuvable. Car c’est typiquement le genre de livre que l’on garde précieusement dans sa bibliothèque. Car Rien (diminutif de Marinus, son prénom),disparu trop tôt en 1995,est bien plus qu’un artiste animalier, c’est un artiste au sens plein du terme,dans la droite ligne de cette exceptionnelle école flamande. Son aura reste d’ailleurs considérable, que cela soit aux Pays-Bas (c’est une gloire nationale à telle enseigne que, sur une île proche de Rotterdam,un musée lui est entièrement dédié), en Allemagne, ou aux États-Unis, sauf en France, où il n’a jamais vraiment dépassé un petit cercle d’initiés. Une carence et une injustice car lorsqu’on découvre –ou redécouvre– cet artiste, on reste frappé par la profusion, la qualité, l’envergure et l’universalité de son travail. Dessins de chasse, paru aux Pays-Bas en 1972,sera son premier succès, un succès foudroyant (et le début d’une grande série puis une quinzaine d’ouvrages suivront traduits en dix langues). Sans aucun doute, tout Rien est là : c’est une superbe synthèse de son art (il est à noter qu’il préférera toute sa vie illustrer des livres à toute autre formule car, disait-il, « je fais plaisir à tout le monde et je peux garder les originaux »). Son style est certes d’un grand classicisme
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rême,sic !),lesbécassinesfarcies. Il sera tout aussi difficile de résister aux mousses en tout genre ourehausséesdefleurs(auxpenséessauvages,auxsoucis…),aux fruits, aux truffes.
Au fil des pages, on sent que l’on grimpe vers la « cuisinetranscendantale » de Brillat-Savarin, avec des oiselles au homard, au jambon de paloumayre, en salmis inimaginables (comme celui étoffé au chambertin ou à la Mazarin).Quantauxaudacieux, ils trouveront leur bonheur avec desrecettesanglo-saxonnes(bécassines grillées du Kentucky, ou du Missouri).Patrice Février donne, en outre, de précieux conseils,comme celui « d’être peu pour bien dîner ».Sachant que ses recettesnécessitent4bécassines, cela donne au total plus de 1 400 oiseaux…Cequilaissequelques jolies saisons de chasse à venir ! CICB,263 pages,21 €.
mais reste d’une originalité à nulle autre pareille. Il est d’ailleurs si particulier qu’il influencera toute une génération d’animaliers (Letellier, Mieusement, Berille en France, et autres Mac Phail et Robjent en Grande-Bretagne). « L’artiste doit aimer la vie et nous montrer qu’elle est belle » : Rien paraît avoir pris pour adage cette phrase d’Anatole France dans le Jardin d’Épicure. Car que voit-on au premier coup d’œil ? Une déconcertante mise en page, surprenante par sa confusion, voire par sa débauche,mais qui révèle les multiples facettes de notre Hollandais. Ses gros plans fouillés et colorés, sa grande variété dans les coloris montrent une exceptionnelle aisance technique de la plume et du pinceau. Mine de plomb, lavis, fusain, aquarelle, gouache ou huile, il utilise tous les procédés pour rendre telle attitude au chasseur, au gibier, poils et plumes confondus, c’est-à-dire ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Chacune de ses pages tient autant du tableau impressionniste que du documentaire naturaliste le plus précis. Par le croquis, il insiste sur un détail que son œil a capté, que cela soit un gibier, des paysages de nuit, de neige, de pluie… Et que dire de son talent à saisir le mouvement et son sens de l’humour dont on ne se lasse pas.« Ce ne sont ici que des images mais ce sont celles de“notre chasse” :la seule,la vraie,celles que nous aimons », écrivit Paul Vilar sur Poortvielt.Tout est dit sur Dessins de chasse.
Éditions de Montbel,160 pages,34 €.
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Signets Des chiens et des hommes
◆◆ « Au commencement Dieu
créa l’homme et,le voyant si faible,il lui donna le chien », écrivait Toussenel en 1863. Pour ceux qui auraient encore des doutes sur les liens qui unissent les hommes et les chiens, il faut qu’ils ouvrent d’urgence ce bel ouvrage, recueil des plus beaux reportages du magazine Dogs à travers le monde… Un livre tout à l’honneur du chien, auxiliaire indispensable en bien des circonstances, et qui fait simplement passer ce petit quelque chose qui s’appelle la fidélité et la complicité. Servi par une très belle iconographie, le chien apparaît sous bien des faces à cause des variétés infinies que représente la race canine, entre la force et l’utilité, la grâce et la gentillesse. Sur les hauts plateaux du Tibet, il est
considéré comme un « envoyé du ciel » pour protéger les hommes. Avec le berger d’Islande amené par les Vikings, nous touchons à l’histoire du chien et à ses drames, car ce chien-là est une“race oubliée”–pour cause d’obsession sanitaire– et aujourd’hui sauvée. Gardien du temple, il l’est avec le kangal, chien de berger turc. Gardien virtuose par sa rapidité et son intelligence, il l’est avec le border collie en Écosse. Ce grand périple canin nous entraîne aussi en Papouasie avec le chien le plus rare du monde, dit-on, le chien chanteur de Nouvelle-Guinée, en Norvège avec le chien chasseur de macareux, à l’agilité hors pair. On s’en doute, une place est faite aux
Chasses en brousse africaine
de Pierre Weité ◆◆◆ Curieux livre que viennent de rééditer les Éditions de Montbel dans leur collection “Les aventuriers voyageurs”, livre paru à la Toison d’or en 1952.Pendant la première partie du livre – presque la moitié–,c’est un sentiment de frustration qui peut envahir le lecteur. Certes, l’auteur, avocat de profession, nous livre ses récits de chasse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, entre 1948 et 1952, au Sénégal, en Guinée et au Gabon.Certes,on reste toujours stupéfaits par la densité de grands animaux, et toujours surpris par le courage (ou l’inconscience !) de ce chasseur qui s’aventure en brousse visiblement sans réelle expérience. Il n’en
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chiens de chasse, principal et essentiel auxiliaire du cynégète depuis des millénaires et sans lequel la chasse ne serait pas tout à fait devenue un art. On y voit des sloughis, des sainthubert… Mais, disons-le tout net, on reste sur notre faim car le sujet aurait vraiment mérité un plus grand développement
demeure pas moins que les premiers chapitres ressortent sans relief, peut-être parce que ces mêmes pages sont d’une“absolue sincérité”,et que l’auteur n’a pas voulu y mettre cette dose d’emphase,de sentiments personnels, afin de ne pas apparaître comme un de ces Tartarins qui jalonnent la grande chasse. Passée l’introduction, ou plus exactement ses impressions sur son « attirance de la vieille terre d’Afrique »,on lit ses aventures cynégétiques les unes à la suite des autres, au buffle, à l’éléphant, au crocodile sans déplaisir, mais sans émotions, sauf quand l’auteur prend quelques libertés avec sa propre discipline.Tout autres sont le ton et l’ambiance de la seconde partie quand il raconte, avec une drôlerie irrésistible et avec pertinence, tout ce qui fait la saveur de ce mystérieux continent.
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sur quelques chiens courants, quelques chiens d’arrêt ou encore quelques retrievers, qui font partie de l’histoire du chien et de celle des hommes. En refermant ce livre, comment ne pas songer un instant aux propos d’Elzéar Blaze qui, avec sa verve habituelle, a résumé tout ce qu’est le chien pour l’homme : «Vos amis vous quitteront dans le malheur,votre maîtresse vous délaissera pour cette cause et pour bien d’autres encore,votre femme peut être ne se souviendra plus de la foi jurée ;votre chien restera là près de vous,toujours ;il viendra mourir à vos pieds,ou si vous partez avant lui pour le grand voyage,il vous accompagnera jusqu’à la dernière demeure.» Ulmer,192 pages,30 €.
Ce sont les pisteurs et les indigènes, avec leurs qualités et leurs détestables travers (« étant avant tout intéressé par la viande,il sera tenté de ne considérer son Blanc que comme pourvoyeur de venaison » et de ne le conduire que « vers de tendres proies,plutôt que vers un lion, non comestible et dangereux »). Ce sont des histoires de superstition, de fétiches, de sociétés secrètes, et de poison qui règne en maître.Plus encore,ses carnets de route sur ses chasses de buffles,d’éléphants sont passionnants avec,pris sur le vif,ses doutes,ses peurs,les séances de dépeçage (où les Noirs s’invectivent et se battent),des morsures de tiques terribles, et des centaines de kilomètres d’approche dans des fourrés impossibles… « N’est-il rien de plus beau que de fuir le tumulte d’une civilisation hagarde pour découvrir la majesté,les secrets,les prestiges et la magie de la vieille terre d’Afrique ? » : lui aussi n’en est pas revenu indemne.
Éditions de Montbel,268 pages,25 €.
Signets La Chasse au féminin
Dianes célèbres du Moyen Âge à nos jours de Maxime Van Hanswijck de Jonge
◆◆ À l’heure où tout est féminisation à ou-
trance, des lecteurs pourraient avoir un regard circonspect sur l’ouvrage au sujet apparemment rebattu. Apparemment, car le livre,quoique un peu décousu (le plan n’apparaît pas clairement) mérite qu’on s’y attarde de longs instants. L’auteur est loin d’être un inconnu : diplomate de formation, il nous avait livré Chasse, pouvoir et diplomatie (2005), et Pavillons de chasse de l’histoire (2007) et, aujourd’hui,il s’attaque à ce mythe indestructible qu’est Diane chasseresse, tout à la fois protectrice de la nature sauvage et incarnation de la chasse,en brossant force portraits de femmes de toutes époques, de tous pays et de tous continents. Les premières pages peuvent être un peu déroutantes avec des Dianes indiennes –et avecellesdesrécitsquelquefoispéniblesavec des dizaines de tigres tués lors de battues, et où l’on apprend que le dernier fauve tiré
parlacouronned’Angleterre le fut en 1961 par le duc d’Édimbourg –, avant de basculer dans un cheminement plus logique. L’auteur y évoquequelquefoislonguement,avecforce anecdotes, des figures du Moyen Âge etdelaRenaissance,connus et moins connues, comme Marie de Bourgogne, qui se tuera à cheval lors d’une chasse au vol,de Catherine de Médicis (elle chassa jusqu’à 60 ans « souvent au péril de sa vie »), d’Élisabeth Ire (passionnée par la chasse du cerf à l’arbalète et dechasseàcourreavecdeslévriers).Plustard, c’estavecChristinedeSuède(quidiran’avoir « jamais tué un animal sans avoir senti une sensible compassion ») que l’on s’aventure,avant d’en apprendre beaucoup sur Sissi (grande cavalière, et passionnée de chasse à courre, surtout“à l’anglaise”).Plus proche de nous, l’auteur s’attarde sur la baronne de Draeck, la duchesse d’Uzès, sur Hélène de France, surnommée la “Princesse bédouine”, avant
Dictionnaire de la bécasse
de Pierre Verdet ◆◆ La bécasse a cette faiblesse de ne jamais avoir amené ses passionnés à point de satiété. Quel gibier, en effet, peut se targuer d’avoir été autant analysé, disséqué, scruté, par de multiples rapports plus savants les uns que les autres ? Quel oiseau peut s’enorgueillir d’avoir fait l’objet d’autant de nouvelles, de romans, sous la plume avertie d’un Tristan Audebert, d’un Paul Vialar, d’un Jean-Jacques Brochier et bien sûr d’un Maupassant ? Curieusement, malgré cela, malgré tout, notre mystérieuse migratrice n’avait jamais eu son dictionnaire. Le vide est aujourd’hui comblé –et de quelle manière–avec l’ouvrage de Pierre Verdet. L’homme n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il nous avait séduit voilà deux ans, avec son Dictionnaire de la palombe. Aujourd’hui, son homologue bécassier est de la même veine, servi par une superbe iconographie (on ne pourra
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derepartirversdelointaines contrées avec Karen Blixen, MargareteTrappe,ElsieMiller (la deuxième femme guide de chasse assermentée en Afrique), ou avec des Américaines, comme l’incroyable Annie Oakley, exceptionnel tireur, jusqu’à… miss Nebraska. Il est encore question de Dianes belges, anglaises, espagnoles et de Françaises.On rit, on sourit, on lit avec passion. Qu’on ne s’y méprenne pas, Maxime van Hanswijck n’a rien d’un amoureux béat. Outre son aspect historique, un des grands mérites de l’ouvrage est qu’il n’élude rien, pas même les travers, les défauts de certaines Dianes, qui n’ont hélas rien à envier à certains hommes, la chasse restant un formidable révélateur de caractères. Et au bout du compte,onnepeutqu’êtred’accordavecKaren Blixen qui affirmait qu’« il n’y a rien au monde qui puisse être comparé à la chasse ». Éditions de Montbel,304 pages,39 €.
qu’admirer les somptueux clichés de Jacky Bernard, dont on ne peut que louer la patience et le talent).Avec plus de 300 entrées (on regrettera à cet égard l’absence d’un index qui facilite tout de même une recherche rapide), l’ouvrage se savoure, se déguste. Les scientifiques pourront discuter d’« altitude en vol de migration » (la hauteur se situerait entre 400 et 900mètres), de poids, de « pairon », de « croule », de « vagues migratoires »… ; les collectionneurs gloseront sur des « timbres », des « couteaux », des « natures mortes », sur des écrivains ; les gastronomes rêveront de « bière » (breuvage belge qui porte le nom de l’oiseau), de vins ; quant aux chasseurs, ils parleront de « chiens » de « remise », de « remarqueur », de « pression cynégétique », d’« interdictions », lors de ces soirées qu’ils affectionnent tant. Plus on parcourt ce dictionnaire, plus on est convaincu que la bécasse est un capital fragile, que les chasseurs doivent préserver à tout prix, sous peine de voir leur passion interdite. Éditions Sud Ouest,352 pages,29,50 €.
L’ORIGINALE Z6 : LEGENDAIRE ET INEGALEE
Plus de 100.000 ! Ils sont déjà plus de 100.000 chasseurs dans le monde à avoir choisi la Z6, l’Originale, convaincus par un champ plus large, une plage de grossissement plus importante et une distance œil-oculaire plus grande. Impériale, la Z6 les accompagne partout et par tout temps depuis 2007. Le nec plus ultra de la lunette de visée, elle leur assure la plus haute précision de tir au moment le plus crucial.
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Signets Bestiaires du Moyen Âge
de Michel Pastoureau ◆◆◆ Éminent spécialiste de la symbolique médiévale, et notamment de celle des couleurs, l’auteur s’est également intéressé à la symbolique des animaux, à commencer par celle de l’ours. Et à l’histoire des animaux célèbres. Dans cet album, illustré de reproductions d’enluminures ornant les bestiaires médiévaux du VIIe au XIIIe siècle,il met en scène et étudie les principaux animaux,indigènes et exotiques, présents dans ce type de livres, de l’abeille au frelon, de la salamandre au scorpion,du corbeau à l’aigle, du bœuf au cochon, du brochet à la baleine,de l’éléphant au lion,sans omettre les animaux chimériques comme le dragon,le centaure,le griffon,la licorne ou le sagittaire. Ancêtre de ces bestiarum, un texte allégorique, rédigé en grec vers la fin du IIe siècle de notre
Le Tigre Une histoire de survie dans la taïga
ère puis traduit en latin sous le titre de Physiologus,qui décrivait les propriétés et énonçait la symbolique d’une quarantaine d’espèces animales. Par la suite ce texte primordial fut enrichi d’emprunts tirés des pères de l’Église, de Pline, de Galien, d’Isidore de Séville, et envahit d’autres catégories d’ouvrages comme les encyclopédies.Assez tôt, il fut traduit en langue vernaculaire dans la plupart des pays d’Europe.Ainsi,le premier “bestiaire”en français est-il dû à un clerc anglo-normand, Philippe de Thaon, au début du XIIe siècle,suivi au siècle suivant par deux autres clercs savants, Pierre de Beauvais et Richard de Fournival. Ouvrages de prestige, commandés par les souverains, les grands seigneurs, les prélats de haut rang, des communautés monastiques,ces“livres de bêtes” étaient souvent richement enluminés. À nos yeux d’hommes
de John Vaillant ◆◆ L’histoire que raconte le journaliste John Vaillant est bienréelle :en1997,danslaprovince de Primorié, en Sibérie, un braconnier, Vladimir Markov, fut attaqué et dévoré par un tigre de l’Amour, le plus grand félin à vivre sous cette latitude.Làoùl’histoiresecorse, c’est que tout semblait indiquerquelefauveavaitexercéune sorte de vengeance personnelle. Comme il l’avait confié à des amis bûcherons ou braconniers,Markovavaitcommisl’erreurdevoler une proie du tigre, en l’espèce un sanglier,puis,le grand félin l’ayant pisté jusqu’à sa cabane de rondins,observé ses habitudes, pillé son garde-manger, il n’avait pas résisté, malgré la protection dont bénéficie l’animal, à lui tirer dessus,le blessant à une patte.
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du XXIe siècle,les représentations animales de l’époque étonnent par leur fantaisie. Comme l’explique fort bien Michel Pastoureau – très sévère sur le mépris dans lequel les historiens positivistes et les naturalistes du XIXe siècle ont tenu ces bestiaires antérieurs au grand livre de Gaston Phébus –, peu importait aux artistes que les formes ressemblent à celles de l’animal véritable, seuls comptaient pour eux les attributs non pas réels mais conventionnels dont la culture du temps les dotaient. De sorte que les “bestiaires” médiévaux relèvent de l’histoire culturelle et non de l’histoire naturelle. En dissertant sur les“propriétés” des animaux et leurs “natures”les auteurs de bestiaires ne s’intéressaient ni à l’anatomie,ni
Depuis,le tigre avait exercé sur lui une pression insupportable durantdesjours,lesuivantdans lataïga,leterrorisantparsesfeulements,jusqu’aumomentoùil lui avait tendu une embuscade et l’avait mis en pièces lui et son chien,avant de les dévorer. Ce comportement quasi humain, s’il n’avait pas surpris les chasseurs autochtones, compatriotes du fameux DerzouOuzala,avaitintriguéIouri Trouch, chef de la lutte antibraconnage dans cette région isolée et désolée de l’Extrême-Orient russe où la période post-Perestroïkaavaitgénéréanarchie,misère, corruption,etbraconnage.Victimeprincipale: le tigre de Sibérie,très recherché par la pharmacopéechinoise,etsurnomméToyotacarles richesChinoissontdisposésàpayer50000dollars, prix d’un 4x4 Toyota, pour se procurer sadépouille.Trouchetsonéquipeavaientmené
Jours de C HASSE ◆
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à la biologie ou l’éthologie,mais aux allégories morales ou religieuses dont ils étaient le support. « Pour la culture médiévale, écrit l’auteur, l’exact n’est pas le vrai » qui relève, lui, de la métaphysique.Une plongée passionnante dans l’univers mental de nos ancêtres, assortie d’un plaisir esthétique évident. Seuil,236 pages,45 €.
une enquête approfondie pour identifier le mangeur d’hommes.Alors que son rôle et sa vocation sont de protéger les derniers tigres de Sibérie de l’extinction qui les menace – il en resterait à peine 400 contre 15 000 au début du XXe siècle– fallait-il éliminer le mangeur d’hommes ? L’ordre était venu de Moscou de mettre fin à ses agissements.Au cours delatraquefinale,Trouchfutattaquéparl’animal et ne dut la vie qu’au tir conjugué de deux de ses hommes. Ainsirésumée,l’histoirenedevraitoccuper qu’unecentainedepages,orilencompte446 ! la richesse de l’ouvrage – mais aussi son défaut de construction – tient aux multiples digressionsquiinterrompentlerécit,ettransformentlarelationd’unfaitdiversdanslataïga en livre de sociologie,d’ethnologie,d’éthologie, de zoologie, où le lecteur découvre tout de cette région,de ses habitants et de la relation entre le tigre de Sibérie et son milieu narurel, et désormais humain. Éditions Noir sur Blanc,446 pages,22€.
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Signets La Vénerie aujourd’hui
de Louis Giscard d’Estaing, Nathalie Mathet, Marie Noblet, Marc de Roüalle et Ashley Dormeuil ◆◆◆ Depuis 1875, vingt-cinq éditions successives de ce livreannuaire de la vénerie française et belge ont vu le jour. Voici la vingt-sixième, et la troisième éditée par les éditions de Bourfontaine, sous le patronage de la Société de vènerie. La raison d’être d’un tel ouvrage est, bien sûr, de présenter, par département,l’ensemble des équipages de grande et de petite vénerie découplant en France, soit 385 équipages.Si,d’année en année,quelques-uns démontent, d’autres voient le jour, témoignant de la vitalité d’un mode de chasse exigeant et profondément
respectueux de l’écologie et de la biodiversité. Les équipages sont souvent des équipages de jeunes, signe encourageant pour la pérennité de la vènerie.Comme on le verra, aussi, le domaine d’extension de la vènerie ne cesse de gagner de nouvelles régions, dont, certaines, dans le Sud-Est et l’Est,étaient jusqu’alors étrangères à la tradition de la chasse“à cor et à cri”. Ce gros livre ne se contente pas, cependant, d’offrir la description des équipages français et la liste des veneurs,il présente aussi un panorama très complet de la pratique et de l’organisation de la vènerie,sans oublier la fauconnerie, cette vénerie des airs, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, prémices peut-être, ou promesse, qui sait,d’une reconnaissance fu-
Terreur dans la brousse de Michel Louis
◆◆◆ Fondateur et directeur du parc zoologique d’Amnéville en Mo-
selle,l’auteur connaît le comportement des grands prédateurs.Aussi avait-il été intrigué par la conduite de l’un d’entre eux qui avait épouvanté les hommes,la Bête du Gévaudan (Perrin,2003).Il nous avait livré un ouvrage passionnant,mené comme une enquête policière, levant bien des mystères. Ses conclusions sur la “bête” étaient tranchées : un animal hybride, croisement entre loup et chien,élevé par l’homme et dressé à tuer (lire la Bête du Gévaudan de Jean-Marc Moriceau, Larousse,2008).D’où le sous-titre de son ouvrage,l’Innocence des loups. Voici que Michel Louis récidive avec un autre mangeur d’hommes, le lion du Tsavo. Cette fois, les animaux ne sont pas acquittés : les deux lions ont bel et bien tué cent quarante personnes en neuf mois !Tout commence en mars 1898,lorsque le sergentmajor John Henry Patterson (voir Jours de Chasse n° 28), un brillant ingénieur irlandais né en 1867,arrive dans la province britannique du Kenya. Sa mission ? Bâtir un pont de chemin de fer au lieu-dit Tsavo, sur la rivière du même nom afin de poursuivre la liaison ferroviaire Nairobi-Mombasa.Sous son autorité,3 000 ouvriers,Indiens,Swahili pour l’essentiel, encadrés par quelques Anglais. Les travaux qui doivent durer quatre ou cinq mois, s’ouvrent à la mi-mars.Très vite une rumeur circule : des porteurs noirs disparaissent, des ouvriers indiens manquent. Et l’on raconte qu’un lion gigantesque rôde autour des camps,arrache les hommes à leurs tentes
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Jours de C HASSE ◆
ture de la chasse à courre par la même institution. Sous la plume de Pierre Astié et de Michel Thiéry,on trouvera la description, illustrée, et les standards des grandes races de chiens d’ordre, suivis d’une remarquable série d’études, dues aux frères Gérard, Paul et Alain Tombal,sur la contribution de la
vènerie à la préservation des espaces naturels,sur la prédation,sur la génétique et l’élevage du chien de vénerie, et sur le façonnage du paysage forestier par les veneurs. Parmi les autres contributions, on relèvera, outre les propos liminaires de Philippe Dulac,Bernard Baudin, Hervé Gaymard, Pierre de Roüalle,l’étude de Claude d’Anthenaise et Donatien Levesque du Rostu, sur l’habit du veneur et celle de Bernard Tollu sur le bouton de vènerie. Ajoutons que les nombreuses illustrations de Jacques Law de Lauriston,de Karl Reille, de Rio Le Gall, sans omettre les photos d’équipages, font de ce livre de référence un livre d’art.
Éditions de Bourfontaine, 560 pages,85€.
pendant la nuit et les dévore.« Un mangeur d’hommes », assure un Indien. Patterson est sceptique. Nouvelle attaque le 30 mars. Aucun doute:les empreintes sont là sur le sable,celles de deux lions de grande taille. La traque est lancée. En même temps le chantier doit avancer. Or il piétine :les ouvriers sont saisis de peur.Patterson fait construire autour des camps des bomas,des barrières d’épines avec une seule ouverture,ordonne d’y faire des feux et d’assurer des veilles. Peine perdue : les lions poursuivent leurs attaques. Des pièges, des appâts sont établis. En vain. Des chasseurs viennent en renfort. Sans succès. En septembre, des ouvriers accusent Patterson d’avoir apporté le diable avec lui et se mutinent. En décembre, l’ingénieur abattra les deux lions dont il découvre la tanière,une caverne.Ce sont des adultes de sept à huit ans, d’une taille supérieure à la moyenne. L’un mesurait 1,92 mètre sans la queue, atteignait 1,22mètre au garrot et pesait au moins 265 kilos ! Des normes inhabituelles qui ont fait penser à certains chercheurs qu’il s’agissait d’une sous-espèce qui descendrait plus directement du lion des cavernes du pléistocène. Patterson écrira ses souvenirs en 1906.Reçu à la Maison-Blanche, Teddy Roosevelt le pria de lui organiser un safari.Il donnera des conférences dans le monde entier,vendra les dépouilles de ses lions au Field Museum de Chicago où l’on peut les voir,et mourra en 1947 avec le grade de colonel.Quant à la région de Tsavo,elle est devenue un parc national,une terre d’élection pour les amateurs de safaris-photos.
Perrin,288 pages,17€.
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Co n f i d e n c e s ◆
Eric Dupond-Moretti “La chasse, c’est un souvenir, un instant que l’on gardera à vie”
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propos recueillis par Humbert Rambaud
C’est une évidence :M Éric Dupond-Moretti est e
un personnage qui aurait pu tenir l’une des premières places dans l’univers de Michel Audiard, personnage qu’il aurait observé, regardé avec gourmandise, pour mieux l’immortaliser par des dialogues saisissants, percutants, implacables. Avec sa carrure de coureur des bois,sa barbe parfaitement taillée,son œil toujours en alerte et sa voix de stentor prête à “travailler en férocité”, l’homme impressionne. Avec lui, c’est du « brutal » aurait dit Audiard. Au vrai, ce n’est pas sans raison que cet avocat pénaliste est tour à tour nommé“l’ogre des prétoires” ou le “serial plaideur”. Là encore, Éric Dupond-Moretti force l’admiration par sa capacité à convaincre les jurés d’une cour d’assises par des plaidoiries magistrales (« J’adore les mots ») au cours de procès impossibles. En quelque sorte, son « obligation d’insolence » à l’égard des magistrats comme il l’appelle. Depuis quelques années, il enchaîne ce qu’on surnomme grossièrement les affaires médiatiques. Mais que dire d’autre, lorsqu’on se trouve au centre des grands dossiers criminels, qu’il s’agisse de Treiber, de Viguier, de Colonna… Que dire d’autre quand on devient la figure de proue de l’affaire d’Outreau :en assurant la défense de deux accusés dont ilobtiendral’acquittement,ilestdéfinitivementdevenu l’un des grands avocats pénalistes de France.La France entière l’a découvert, l’institution le respecte. « Éric plaide les choses de la vie », dit de lui Me Thierry Herzog,autre pénaliste aguerri,et conseil du président de la République. Dans ses “choses de la vie”, ce que l’on sait moins, c’est que la chasse en fait aussi partie, assurément et pleinement, comme ce métier auquel, dit-il, il doit“tout”. Il s’en ouvre à Jours de Chasse.
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Chez vous, la chasse procède-t-elle de l’innée ou de l’acquis ? Elle ne vient pas d’un mystérieux appel de saint Hubert,sur le tard,mais,plus simplement d’un atavisme familial.Tant du côté maternel que paternel,la chasse faisait partie de l’existence ; c’était un prolongement naturel de la vie des campagnes.C’était dans le nord de la France,dans l’Avesnois, autour d’Avesnes-sur-Helpe, proche de la Belgique ; c’étaient des chasses de petit gibier essentiellement devant soi, à tir. Traqueur d’abord, chasseur ensuite, je garde des souvenirs intenses, précis, de ces heures d’autrefois, de ces grandes joies, de ces petites déceptions, de pièces tuées ou manquées, de cette ambiance si particulière qui donne à nos yeux et à nos narines de civilisés une immense sensation de plaisir, venue du fond des âges, et qui s’appelle la chasse.J’étais envahi à jamais par ce feu sacré.Je le ressens peut-être davantage aujourd’hui plus encore qu’hier. C’est-à-dire… En exagérant à peine, j’avoue avoir eu deux révélations. D’abord, il y a plus de vingt ans, en rendant visite, dans les Flandres, à ce grand dresseur de chiens d’arrêt qu’était Joseph Maerten.Je chassais avec des chiens, mais sans véritable science,sans connaissances approfondies, bref sans art. Joseph avait un épagneul breton ; nous partons chasser, soudain, il tombe dans un arrêt cataleptique. Je me souviens encore de la scène comme si c’était hier.Joseph allume une cigarette. J’enrage et je trépigne intérieurement, frustré de ne pas servir cet épagneul le plus vite possible. « On a le temps », me dit-il, ayant sans doute deviné mes sombres pensées. La cigarette finie, il fera voler sur ordre, avec une parfaite sagesse à l’envol, dans un calme et un silence d’école. J’ai été subjugué. Cette fascination pour la chose bien faite ne m’a jamais abandonné tant il est vrai que je voulus, moi aussi, des chiens bien mis. Car il n’y a rien de plus détestable que d’avoir des compagnons qui se com-
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portent en voyous et en anarchistes.Cela est éreintant pour les nerfs et le moral… J’ai eu des setters anglais et maintenant j’ai leurs cousins irlandais avec lesquels je fais de la compétition en participant entre autres au championnat d’Europe,avec un chien conduit parYann Blanchet.J’ai eu la chance d’accompagner le Dr Luc Gressens,à plusieurs reprises dans ce pays merveilleux qu’est l’Écosse. Que cela soit pour le dressage, l’entraînement, le comportement du chien à la chasse,j’ai beaucoup appris à ses côtés.J’ai encore des images grandioses dans la tête.Voir son chien quêter proche de la perfection, remonter une émanation dans ces milliers d’hectares de bruyères en fleur,bloquer une première fois une compagnie de grouses,rompre son arrêt, la rebloquer une seconde fois de façon définitive, on oublie tout, les dossiers et les affaires ; le monde entier est devant moi.Plus encore,l’émotion est à son comble quand mon setter me regarde du coin de l’œil en disant :“Soyez prêts,les oiseaux sont là,cela va partir.”Plus rien n’existe.Après,je revois et je discute de chaque action, de chaque arrêt, et mon bonheur est toujours aussi intense. Évidemment, si un profane, un fashionable qui ne connaît que les lumières de la ville,me voyait et m’entendait, j’aurais été le Jacques Villeret du Dîner de cons, avec ses allumettes.Moi,c’est avec mes chiens.Seuls des initiés peuvent me comprendre, car ce qui me relie à mes chiens, c’est quelque chose de très fort, de très personnel, de très inti-
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miste. C’est ce qui en fait toute la saveur. Vous l’avez compris : pour moi, la chasse ne peut exister sans les chiens. Qu’en est-il du second choc de votre vie de cynégète ? La chasse au vol. Cela m’est tombé dessus grâce à un ami fauconnier belge,Claude Rigo Gavriloff.Quand j’ai vu ses faucons chasser, cela a été un véritable coup de foudre. Dans la vie, il y a des moments où vous avez ce qu’on peut appeler le grand frisson, ce jour-là, c’en était un. Je pourrais en parler pendant des heures.Voir ces oiseaux monter,tourner au-dessus du fauconnier et du chien,amorcer un piqué foudroyant sur un faisan ou un perdreau,c’est un opéra sauvage dont je ne me lasse pas. Là encore, il faut avoir une bonne dose d’inconscience et de folie pour pratiquer la fauconnerie. Que voulez-vous dire ? La chasse au vol concentre presque toutes les difficultés.C’est une passion qui,je crois,comme la chasse à courre, ne supporte pas l’à-peu-près.Pour mettre toutes les chances de votre côté,vous devez avoir un oiseau bien affaîté [dressé], bien entraîné, un bon chien, un territoire giboyeux, et du temps. Cela représente beaucoup, beaucoup de sacrifices. Temps libre, vacances… je leur consacre presque tout. À l’heure du déjeuner,j’essaye de les faire voler.J’attaque tôt la saison,au début du mois de juillet,dès le début des vacances judiciaires. Si jamais je ne plaide pas trop loin, j’emmène mes oiseaux dans la voiture, pour pouvoir voler dès
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PHOTOS : CHRISTINE GRESSENS - GÉRARD JULIEN/AFP
ÉRIC DUPOND-MORETTI SUR UN MOOR ÉCOSSAIS, AVEC UN DE SES SETTERS IRLANDAIS. “CE QUI ME RELIE À MES CHIENS, C’EST QUELQUE CHOSE DE TRÈS FORT, DE TRÈS PERSONNEL… POUR MOI, LA CHASSE NE PEUT EXISTER SANS EUX.”
Confidences
PHOTOS : CHRISTINE GRESSENS
AVEC SA “FORME” (FEMELLE) D’AUTOUR. “UN AUTOUR, C’EST LA BEAUTÉ À L’ÉTAT BRUT. J’ADMIRE SON INTELLIGENCE ET LA COMPLICITÉ QUE L’ON PEUT AVOIR AVEC LUI.” CI-DESSOUS, UN GROUSE EN MAIN. “DANS LA CHASSE, J’AIME L’OBSERVATION, L’ESTHÉTISME ET LA DIFFICULTÉ.”
que j’ai fini.J’oublie un temps les prétoires et les vicissitudes de la nature humaine. Aujourd’hui,qu’avez-vous comme oiseaux ? J’ai un autour [des palombes] et deux faucons. Je ne me lasse pas de les regarder.L’autour avec lequel je pratique donc le bas-vol, c’est la beauté à l’état brut : il n’y a rien de plus impressionnant de voir son regard qui vous transperce, la puissance qui s’en dégage. J’admire son intelligence à la chasse, la complicité que l’on peut avoir avec lui. Car que dire d’autre quand il attaque et prend des lièvres variables comme cet été en Écosse, prise difficile s’il en était quand on sait que le capucin pèse environ 3 kilos et l’autour 900grammes ! Avec les faucons, c’est-à-dire le haut-vol, les émotions sont grandioses mais ne sont pas les mêmes. Le faucon est un seigneur.Quel plaisir de voir comment il nous observe à 200 mètres de haut, le voir piquer dans un sifflement, le retrouver sur sa prise. Et quand un vol s’est accompagné d’un beau travail des chiens, je suis le plus heureux des hommes ;je vis pour ces instants fugaces.On oublie toutes les peines et les difficultés : l’oiseau qui vole mal, ne veut pas voler,qui monte à l’essor et que l’on retrouve à des kilomètres ; c’est encore l’oiseau qui prend un coup de fusil d’un imbécile fusillot et,avec lui,des années de travail et de complicité anéanties. Cette passion pour la chasse au vol signifie-t-elle que vous ne pratiquez plus la chasse à tir ? Entendons-nous bien.Ce que j’aime dans la chasse,c’est la beauté, l’esthétisme, la difficulté. Le gibier doit pouvoir pleinement jouer sa partie. Je dois reconnaître que tirer un lièvre ne représente aucun intérêt pour moi ; je n’éprouve aucune émotion. En revanche, chasser le lièvre avec un autour, c’est quand même autre chose. Dans le même esprit,
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j’abhorre tout ce qui est gibier de tir, qui représente l’antichasse absolu. Aussi, je chasse à tir, mais très peu. C’est un grouse sur une belle action de mes chiens, une bécasse, une sarcelle… Il n’y a rien de plus détestable que la course au tableau et la trophéite aiguë,qui sont excessivement dangereuse pour l’image de la chasse,car notre sport est examiné, scruté par nos adversaires tous les jours. Avez-vous encore des rêves cynégétiques ? J’en ai déjà vécu quelques-uns. Je pense à l’Andalousie à ses lièvres petits mais diaboliques pour mon autour, à ses perdrix rouges, qui mettent en valeur la puissance des faucons. Évidemment, il y a encore et toujours l’Écosse, qui reste un cas à part. Il y a tout, la beauté où l’on se trouve entre ciel et terre la sauvagerie, sans rien ni personne. À chaque fois que je m’y rends,je suis dans un rêve.D’ailleurs, en référence au célèbre Mac Nab (où le chasseur doit,entre
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PHOTOS : © Pascal Legrand
le lever et le coucher du soleil, tirer un cerf, une paire de grouses et pêcher un saumon), j’aimerais tirer un grouse à l’arrêt de mon chien,en prendre un avec mes faucons,et un lièvre variable avec mon autour.Au fond,ce qu’il y a de vraiment important à la chasse, c’est l’instant, le souvenir que l’on gardera à vie.Tout cela, la chasse au chien d’arrêt et la fauconnerie vous le rendent au centuple. Vous parlez d’efforts,de difficulté… Quels rapports voyezvous entre votre profession d’avocat pénaliste et la chasse ? Sans hésitation,la recherche de la faille,donc de l’effort et de la difficulté. Dans une affaire judiciaire, j’essaye de trouver la moindre petite faille dans un dossier.À la chasse, j’essaye par auxiliaires interposés, moi qui suis un être aux sens si maladroits, de trouver la faille du gibier, le meilleur moyen de pouvoir le tirer,l’approcher pour tromper ses défenses mille fois plus aiguisées que les nôtres ; il gagne souvent mais pas toujours. Votre recherche de l’esthétisme se prolonge-t-il dans les beaux-arts de la chasse ? J’ai une très grande faiblesse pour toute l’œuvre de Léon Danchin, et notamment toute sa série des Chiens. J’apprécie également le sculpteur animalier Pierre Ajacques, et le peintre Walter Arlaud dont j’ai fait la connaissance récemment.Quant à la littérature,je lis et je relis avec un immense plaisir aussi bien Genevoix que Pagnol et ses bartavelles qui, d’ailleurs,n’en étaient pas. Je dois reconnaître que j’apprécie particulièrement Jours de Chasse, mais, qu’à chaque fois, sa lecture me laisse un petit sentiment de frustration, car j’aurais aimé pouvoir participer à tous les périples que vous évoquez. Ne le répétez pas,il m’arrive de le lire très discrètement en audience pour oublier un instant les tréfonds de la misère humaine ! ◆
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Reportage
L’Écosse devant soi ◆
reportage Humbert Rambaud
CHASSER LE GROUSE AU CHIEN D’ARRÊT À LA FIN DE L’ÉTÉ DANS LES MOORS DES HIGHLANDS DE SAUVAGERIE ET DE BEAUTÉ.
CHRISTINE GRESSENS
A UN PARFUM INCOMPARABLE
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L’Écosse devant soi
◆ L
’Écosseseréveille,toujoursaussi envoûtante et dominatrice.Dehors,pas un bruit ne nous parvient.Pas une âme n’aencoredaignésemanifester.Lecalme estaussireposantqueprenant,danscette lumière de septembre si particulière qui n’est plus tout à fait celle de l’été. C’est peut-être la plus émouvante parce qu’elle y est empreinte de quelques regrets et d’une certaine mélancolie, surtout dans ses montagnes et déserts sauvages. À cet instant, de manière très fugace, comment ne pas songer aux lamentables chevauchées de l’armée anglaiseenterresd’Écosse,«toutlejoursans tenir chemin, voie, ni sentier et sans rencontrer ville, ni maison, ni hutte », évoquées par André Maurois, dans sa magistraleHistoired’Angleterre ?Motsdurs, abruptes mais si vrais. L’Écosse a vu passer le vent d’une certaine modernité, celle du XIXe siècle – et elle s’est arrêtée là, pour notre plus grand bonheur–, mais cette impression d’incommensurable surprend toujours le voyageur même rompu aux paysages les plus hostiles.
LUC GRESSENS (À GAUCHE) ET STEVE ROBINSON (À DROITE). STEVE ROBINSON EST L’UN DES MEILLEURS SPÉCIALISTES DU CHIEN D’ARRÊT DU
ROYAUME-UNI. PAGE
DE DROITE, UN VIEUX COQ DANS SON ATTITUDE CARACTÉRISTIQUE
LORSQU’IL EST AUX AGUETS. ET, EN DESSOUS, UNE SCÈNE DE CHASSE : LA PENTE SE FAIT DE PLUS EN PLUS DURE.
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Derrière notre cottage d’un blanc immaculé,quisemblevouloirmettreune très légère touche de gaîté, un souffle d’air nous saisit. Il est à peine frais, presque chaud diront des Écossais pur sucre.Devantnous,àquelquescentaines de mètres, les premiers rayons du soleil viennent frapper les rochers et les quelques rares pins calédoniens. Plus loin,là-haut,lesmoorssontdéjàsûrement réchauffés, moors dont il est bien difficilededétachernotreregard,parcequ’ils recèlent un des biens les plus précieux pour un chasseur,le fameux red grouse, et parce que, lui aussi, dégage une impression de force,peut-être comparable à ces mers du Pacifique,que l’on aborde avec le plus grand des respects, pour éviterqu’ellesnesedéchaînent,avecune férocité inouïe. Nous rêvons les yeux ouverts. À chaquefois,lamagieopère,àchaquefois, nous oublions Paris, ses petitesses et ses tristesses,son progrès et ses odeurs, les mille kilomètres et les douze heures deroutedepuisletunnelsouslaManche. Dominique qui vient de nous rejoindre, est lui aussi subjugué.Voilàsûrement quichangecegrand argentier de sa vie lyonnaise, confor-
table, douillette, mais sans vigueur, ni accrocs,sansémotions.Subjuguémaisvisiblement un peu inquiet, après la description proprement effrayante que lui avait faite, la veille, le soir de notre arrivée,son compagnon de chasse,lyonnais lui aussi, brillant avocat, mais qui a quelques campagnes écossaises à son actif, vantant, avec talent, sans trop exagérer pour avoir l’accent de la vérité, unemarchedifficile,untempscapricieux, un gibier délicat,capable de vous écœurer très vite. « Dis-toi bien qu’il y a deux sortesdepersonnes,ceuxquiviennentetceux qui reviennent… » On comprend mieux pourquoi notre Dominique n’est pas vraiment détendu… Inquiet, Luc, le grand ordonnateur de notre périple, l’est aussi. Pas par les marches qui nous attendent – il en est à sa quarantième semaine de chasse en Écosse ! –, mais par le fait que le fidèle Tony, le garde en chef du domaine, et son visage rubicond dû à la vie au grand air,et à un léger penchant pour les bons whiskies, ne s’est pas montré en ce début de matinée. Or, sans Tony, pas de chasse,car c’est lui qui va nous indiquer dans quelles parties du domaine nous pourronsaller.Nousn’avonsd’autressolutions que d’essayer de trouver un endroit où le portable passe, pour tenter
PHOTOS : MIKE LANE/ALAMY - CHRISTINE GRESSENS - WALTER ARLAUD
de le joindre. Après quelques essais infructueux,nousparvenonsàjoindrel’inénarrable Tony qui, dans un anglais à la limite du compréhensible, nous avoue : « Shit,I’ve forget,absoloutly forget.» Et de nous expliquer qu’il dirige une battue de grouses sur l’autre partie du domaine,et nous indique les lieux où nous pourrons chasser en toute sûreté. Tony connaît parfaitement notre mode de chasse –le chien d’arrêt –, et sait que nous n’opérons jamais de massacres,et quand bien même nous le voudrions,nous serions dans l’impuissance de gagner ce stupide pari. Luc qui m’a fait connaître voilà presque dix ans, l’Écosse, est à la fois l’enfant –presque légitime– du colonel Thornton –celuilà même qui passa plusieurs saisons en Écosse au tout début du XIXe siècle,ne chassant qu’avec ses huit chiens d’arrêt–, et du célèbre William Arkwright, auteur d’une bible sur le pointer, qui considérait la chasse au chien d’arrêt comme le seul sport digne pour les grouses, pour ses mille difficultés. DansleFreelanderquinousemmène sur le moor, Luc explique tout cela avec force détails à nos amis.Nous avons tout
le temps de décrire, tenter de leur faire partager cette attraction si mystérieuse, seule digne des vrais sportmen,faite pour les gens pour qui la chasse n’est synonyme « ni de garde-manger,ni de tableau, mais de chasse avec un grand C,et de sport
avec un grand S ». Nous avons le temps de discuter, car, pour atteindre la montagne,la montée est rude et longue :près d’une demi-heure de voiture.Cette première journée,nous serons à l’extrémité du territoire qui s’étend sur environ 6 000hectares,dont 4 000 de moors, 600 de forêts, le reste de prairies et de bosquets dans la vallée. Quelqueskilomètresparaissenttoujours interminables dans la montagne. Les suspensions de 4x4 travaillent férocement,laconsommations’affolesurtout enraisondelaremorquequenoustirons. Commeplusieursfoisdanslasaison,Luc est venu avec une véritable meute : 5 setters irlandais, trois labradors, un golden retriever. Sans oublier votre serviteur, qui a amené sa petite chienne épagneul breton, certes douée mais au caractère bien trempé, pour ne pas dire irascible comme elle nous le confirmera. Les esprits chagrins souriront certainement devant cette armada de chiens, et ils auront tort, car celui qui n’a jamais foulé un moor, n’en soupçonne pas la
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dureté, et l’exigence physique que cela demande pour un chien.Nos amis vont très vite s’en rendre compte… Lorsquenousdescendonsdevoiture, le paysage est à couper le souffle.Avec ce tempsclair,lesoleilaréussiàpercer,l’étendueestsanslimites,jamaismonotonesurtout en cette saison où la bruyère est encoreenfleurs.Leventestseulementléger, c’est une chance car il n’y a rien de pire qu’un vent de tempête qui déconcerte les chiens les plus aguerris avec des émanations tourbillonnantes, inquiète les grouses,lesrendantencoreplusméfiantes que d’habitude. Lazonequinousestattribuéeestune sorte de grande vallée, qui se termine par un cirque que n’aurait pas renié Frison-Roche.Pour cette première chasse, Luc a fait preuve –sûrement contre sa profonde volonté – d’une mansuétude suspecte à notre égard : la marche ne
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PHOTOS : CHRISTINE GRESSENS - WALTER ARLAUD
L’Écosse devant soi
fut guère pénible.Avec lui,la technique esttoujourslamême :unseulchienquête à la fois, afin d’éviter qu’ils ne se jalousent et forcent leurs allures ;un ou deux autres sont tenus par son valet de chiens, en l’occurrence son fils François, tout aussipassionnéquelui,etd’unstoïcisme à toute épreuve,sous un soleil de plomb –toutefois rare en Écosse–,comme sous
une pluie battante. Tout comme sa femme qui s’occupe, elle, de sa chienne labrador. Le rôle de chacun est parfaitement établi : les chiens d’arrêt quêtentetarrêtent,leslabradorsrapportent, dans un ballet parfaitement orchestré. Qui plus est, afin que les oiseaux aient toutes leurs chances, seuls deux chasseurs montent sur un arrêt.
Luc lâche un de ses jeunes setters,Easton,à peine âgé d’un an.Malgré sa jeunesse, il fait preuve d’une grande assurance. Quel plaisir pour les yeux d’admirer sa quête pendulaire (« il semble être né pour courir », nous dira Luc),remonter une émanation, la vérifier et tenter de bloquer des oiseaux difficiles.C’est là où,pour le profane peu habitué, le plus éprouvant commence. Dès que le chien est à l’arrêt, il faut monter vite à sa hauteur,mais,cent mètres sur un moor,ce n’est pas 100 mètres en plaine rase. Il faut vaincre les aspérités du terrain, entre touffes de bruyères,légers trous d’eauetdénivelés,sitraîtrespourlastabilité. À ce moment-là, plus personne ne parle, Luc fait couler son chien… l’adrénaline monte, le souffle se fait court,et de plus en plus,quand il faut recommencer l’exercice 5 ou 6 fois de
TIR DE GROUSES À L’ARRÊT
D’UN CHIEN (À GAUCHE) ET,
EN HAUT, UNE HALTE BIEN MÉRITÉE
POUR RECONSTITUER QUELQUES FORCES.
SI VOUS ATTENDEZ DEUX OU TROIS SECONDES,
LES GROUSES SONT DÉJÀ HORS DE PORTÉE.
COMME L’ÉCRIVAIT ARKWRIGHT : “SI TOUT VA BIEN, VOUS JOLIMENT
NE DEVEZ PAS VOUS ATTENDRE À RAPPORTER PLUS DE CINQ BRACES PAR JOUR.”
suite, si l’on a affaire à des oiseaux piéteurs. Las, pendant cette matinée, ils le serontavecrage,nedaignantseleverque plus de 100 mètres devant le chien,donc totalement hors de portée. Nous sommes d’ailleurs un peu étonnés de ces oiseaux difficiles et peu nombreux, car d’après ce que nous a ditTonylareproductionaététrèsbonne, en raison d’un printemps d’une grande clémence, qui a un peu fait oublier un hiver d’une extrême rigueur (plus de 60 centimètres de neige dans la vallée, 1,20 mètre dans la montagne pendant près d’un mois et demi, avec des températurespolaires).Enréalité,lesoiseaux sont nerveux (nous vérifierons cela tout au long du séjour), et en petit nombre sur cette zone en raison des battues qui ont été données les jours précédents. En effet, septembre est la période par excellence de ces grandes battues, surtout cette année, belle densité de grouses oblige.Battues très recherchées car les domaines qui les proposent ne sont pas légions, étant donné que le grouse demande un soin tout particulier. Personne n’ignore que ce lagopède est totalement inféodé à la bruyère. En outre, les jeunes oiseaux ne se nourrissant que de jeunes pousses de cette précieuse plante,les domaines doivent brûler 10 à 15 % du moor chaque année –sachant que ladite plante mettra trois ans à repousser–, afin d’offrir toujours de quoi se nourrir aux oiseaux. C’est la raison pour laquelle lorsqu’on parcourt l’Écosse,certainsmoorsontl’aspectd’un damier, témoignages visibles des brûlages. Et plus le moor sera entretenu, plus la densité d’oiseaux pourra être importante. C’est pour cela que les meilleurs moorsàgrousesarriventàabriterdesdensités proprement ahurissantes. Or, qui dit battue, dit dérangement. Sans aucundoute,celaexpliquelepeud’oiseaux, etpourceuxquirestentleurgrandenervosité,cequ’écrivaitd’ailleursArkwright il y a plus d’un siècle (« Je frissonne en entendantparlerdebonsmoorspourchiens quel’ontransformeenmoorspourbattues ; surtout que les grouses ne sont que trop disposés à modifier leurs habitudes ; par nature,quand on les dérange,ils cherchent à se cacher ; avec les battues,ils s’accoutument à prendre immédiatement le vol »)… Bref,pourcettepremièrejournée,pasun oiseau ne sera tiré,et comme le dit Luc,
Jours de C HASSE ◆
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L’Écosse devant soi
CI-DESSUS, UN LABRADOR AU RAPPORT D’UN GROUSE
DANS UNE PENTE IMPRESSIONNANTE.
CI-CONTRE, UNE SCÈNE DONT
SE SOUVIENDRA CE CHASSEUR TOUTE SA VIE.
CE QUI FAIT
LA BEAUTÉ DE CETTE CHASSE,
C’EST QUE RIEN N’EST ATTENDU
SAUF L’INCERTITUDE.
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«lesoiseauxquitomberontlesprochainsjours n’en auront que plus de valeur ». Lorsque nousredescendonsdelamontagne,lesilencesefaitdansleFreelandercar,leplus bavard d’entre nous s’est tout simplement endormi… ne se réveillant que pour fuir les redoutables midges,ces minuscules petits moustiques qui vous assaillent de toutes parts,dès que le vent tombe. Au cottage, nous retrouverons vite nos forces après un dîner roboratif –maissansexcès–,dansunesalleàmanger toujours aussi agréable, entouré de jolies gravures, de partmigans parfaitement naturalisés et de solides whiskies. Rien de tel pour revivre avec force détails la journée et notre buisson creux. NousavonsplaisiraussiàretrouverWalter Arlaud, notre ami peintre (dont nous avionsfaitleportraitdansJoursdeChasse n° 40), lui aussi tombé amoureux de l’Écosse,que Luc a invité pour quelques jours. Changementdedécorlelendemain, dans tous les sens du terme. Le climat de l’Écosse est à l’image de son histoire : tumultueux. Le vent s’est levé, et ilsouffleenrafaledèsquenousabordons cette montagne où rien ne peut l’arrêter.Pour mettre un peu plus de piment, il pleut,pas beaucoup,pas de ces pluies
acharnéesquianéantissenttout,maisqui peuventcompliquerletravaildeschiens, alliées à un vent fort.Tony nous envoie à l’opposé d’où nous étions la veille. Là encore,pour atteindre le moor,nous devonstraverserlaforestry,repairedechats sauvages, plantée voilà une génération pourbénéficierd’avantagesfiscaux.Rien àfaire,cettemaréeverteestunevéritable verrue sur ce moor. Hélas, elle y restera sansdoutependantdessiècles,quandon sait que la coupe de bois coûte plus cher que le produit qui en serait tiré ! Sortis des résineux, nous sommes àmi-pentedelamontagne.Certainsserrent les dents. Le vent est de face, un peu moins fort que nous le redoutions. Pourmettreleschiensdanslesmeilleures
conditions, nous décidons de monter sur 300 mètres à la perpendiculaire du chemin. La vue est splendide, sévère, la pluie nous gifle le visage. Luc et François ne sont pas troublés outremesure,qui,quelles que soient les circonstances climatiques, resteront en chemisette… Badger, Kelly, Easton font un travail splendide.Que d’émotion de voir un chien à l’arrêt, que l’on distingue quelquefois à peine, tant son mimétismeestparfaitsurlesterresqu’ilfoule. Que de difficultés quand il faut le rejoindre presque au pas de course, en triomphant des aspérités du terrain. À nouveau l’adrénaline monte quand vous arrivez à sa hauteur, qu’il repart
sur quinze ou vingt mètres, montant et redescendant – et vous avec !– les célèbres peat hag (mot qui désigne à lafoislelieuoùlatourbe a été extraite et où la couche de surface a été replacée à un niveau plusbasqueceluid’origine et les ravinements tourbeux – c’est notre cas – formés par les pluies torrentielles). Quand ces ravinements peuvent être profonds de plus d’un mètre sur quatre ou cinq de large, l’exercice peut vite devenir épuisant. Et c’est généralement à ce moment-là que les grouses se lèvent… On se rend compte de toute la défense d’un gibier sauvage. C’est cette compagnie de grouses qui piète comme une enragée plus de 100 mètres devant le chien, qui tournent dans notre dos. Quelquefois, nous verrons à l’arrêt du chien, trente mètres devant, six ou sept grouses,décollant,dèsqu’ellesnousapercevront.Parfois,desoiseauxtomberont ; on reste toujours médusé par la vitesse de ces oiseaux, mesuré en battue avec vent dans le dos à quelquefois plus de 150 kilomètres-heure. Si vous attendez deux ou trois secondes de trop pour tirer,ellessontdéjàhorsdeportée.Comme leditjolimentArkwright,«sitoutvabien, vousnedevezvousattendreàrapporterplus de cinq braces par jour ». “Sitoutvabien”,àcettenuanceprès carilyadesjoursoùramenerdeuxbraces est un exploit… Au vrai,Walter Arlaud seramêmeétonnédeladifficultédecette chasse,que certains guides de domaines écossais lui avaient présentée comme n’ayant aucun intérêt car « trop facile ». Walter, qui est un solide marcheur en montagne, révisera vite son jugement. D’ailleurs, il se souviendra sans doute longtemps de cet oiseau tiré en cette fin de matinée après une action de toute beauté, avec ce setter qui remontera un vieuxcoqsurcentcinquantemètres,coq qui se mettra en haut d’une petite colline à la pente sévère, pente qu’escaladeraWalterpourtirercetoiseauquitombera à sa grande surprise ; il en sautera même de joie ! Un oiseau d’ailleurs magnifique, avec une caroncule rouge très prononcé,et ses pattes emmitouflés jusqu’au bout des ongles. >>
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PHOTOS : CHRISTINE GRESSENS -MIKE LANE/ALAMY
L’Écosse devant soi
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« Cette scène valait dix fois le déplacement », nous avouera-t-il, le soir même, dans un charmant petit pub de Fort Augustus,auboutduLochNess.Cesimageslà nous poursuivront une bonne partie de la soirée autour d’un haggis (panse debrebisfarcie),avecunesauceàlacrème, un mets que n’aurait pas renié Gargantua, et quelques vieux whiskies alongés d’une ou deux gouttes d’eau fraîche (car commeledisentlesÉcossais,siunwhisky a besoin d’un peu d’eau,il ne peut y avoir d’eau sans whisky !). Ces breuvages et ces mets nous permettront de faire face à de sérieux changements de température ; en l’espace d’une nuit,le thermomètre passera d’un agréable 12 °C à 6 °C dans la vallée,puis à 2 °C au sommet du moor, agrémenté debrouillard,degrêleetd’unpeudeneige fondue.Certes,noussommesà700mètres d’altitude, mais tout de même pour un
débutdumoisdeseptembre…C’esttout juste si nous ne verrons pas surgir quelques bandes chevelues, survivance du système clanique.Les jours suivants, un temps plus civilisé reviendra, avec, par moments, des bouffées de chaleur nous faisant presque regretter l’humidité pénétrante, tant elle peut devenir étouffante. À chaque sortie, les lumières et les cieux nous offrent des scènes que l’on ne voit nulle part ailleurs. C’est cet aigle royalquedécouvriraWalter,perchéàdeux kilomètres au moins,nous observant.Ce sont ces dizaines – entre 60 et 80 – de grouses nous survolant dans un bruit d’avion,venant certainement de battues voisines,àunevitesseinimaginable(Tony nous racontera qu’il y a quelques années, lors d’une battue, un chasseur tirera un grouse, qui allait à une telle vitesse qu’il arriva comme un obus sur la
CI-DESSUS, UN COQ
SUR SES GARDES ET, PAGE DE GAUCHE, UN AUTRE
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Photo : Istockphoto - © Jason Lugo
tête de sa femme qui était à côté de lui, et qui aura la pommette fracassée et perdra un œil !). Ce sont encore des biches qui nous observent au loin, les cerfsnesontpasencoredescenduspour le brame, moins nombreux, d’après Tony,quelessaisonsprécédentes,ayant payé un très lourd tribut à la neige (« Ils ne pouvaient plus se déplacer,donc plus se nourrir ; beaucoup sont morts de faim,et
de froid »).Ce sont des ratés monumentaux, et quelques très belles actions, où tout se passe commedansuntableau : lechienàl’arrêtdansune lumière de fin d’aprèsmidi, dans un léger devers,deuxchasseursàses côtés, trois oiseaux partent,deux coups de fusil claquent, deux oiseaux tombent, un beau rapport de retriever. Si le spectacle est dans le ciel, il est toujoursetencoresurterre.Carpendantdeux jours, Steve Robinson nous fera l’honneur de venir chasser avec nous,avec ses chiens.Acheteur de voiture de luxe pour un consortium, Steve est passionné de chiensd’arrêt,àtelleenseignequ’ilaremporté l’année dernière le difficile championnat britannique avec ses setters irlandais. Dès les premières minutes, on saisit ce que veut dire un chien parfaitement mis ; avec Steve,un chien doit être aux ordres du maître et non le contraire, mais sans jamais la moindre brutalité. Hélas,le premier parcours d’une de seschiennesseterminamal :entraînéepar sa vitesse, elle fera une culbute pour retomber lourdement. La luxation de l’épauleserévéleraunefracture;lachienne ne chassera donc jamais plus… Hormis ce pénible épisode, toute l’équipe se régalera des chiens de Steve,habitués à ce biotope et à ce gibier.Les oiseaux seront vraiment très nombreux (il ne sera pas rare d’en lever plus de cent cinquante en une journée), et toujours très légers. À chaque arrêt, les cœurs des acteurs battront à tout rompre, toujours et encore surpris par ces vieux coqs qui jettent leurs cris ; les coups de fusil seront quelquefois approximatifs, mais qu’importe. C’est ce qui fait la beauté de cette chasse, car rien n’est décidé d’avance, rien n’est attendu, sauf l’incertitude.Mais indéniablement,le chasseur en sort heureux, et « revient à son lit de camp pour savourer son verre de grog et jouir d’un sommeil comme jamais n’en a connu le citadin préoccupé du souci de ses affaires », écrivait Sydenham Edwards, en 1800 ! Lorsqu’on quitte l’Écosse toujoursàregret,lesimagesjaillissentque l’on revoit avec l’œil du peintre,comme celles du rappel d’un vieux coq qui nous nargue sur son rocher,entre le silence et la solitude. ◆
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What else ? par Bruno de Cessole
De l’orge maltée, de l’eau pure et cristalline, de la tourbe, où se condense la mémoire géologique et botanique du terroir, tels sont les ingrédients naturels du whisky, sublimés par le savoir-faire ancestral des maîtres distillateurs, et reflet de l’esprit de l’Écosse. Des îles de l’Ouest aux Highlands, découvertes d’un certain nombre de distilleries historiques et de quelques fleurons de marques réputées.
◆ L
’écrivain Joseph Conrad,polonais d’origine, naturalisé anglais tardivement,etquinaviguasurtouteslesmers duglobecommeofficierdemarinemarchande,connaissait-il le whisky ? Difficile de croire le contraire.Pourtant c’est une autre boisson qu’il célébra avec un enthousiasme lyrique : le pisco sour. Le hasardm’afaitdécouvrircetélogeébouriffant dans le bar d’un hôtel de Cuzco, au Pérou.Conrad avait-il abusé du pisco sour ? On peut l’imaginer…
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Car si délicieuse que soit la recette ducocktailpéruvien,touterévérence gardéeunpurmaltdequinzeoudixhuit ans d’âge aura, sans conteste, la préférence d’un gentleman au palais convenablement éduqué.Làdessus,un autre écrivain,américain celui-là,Hemingwaypournepaslenommer,était dans le vrai quand il s’écriait,à propos du whisky, « What’s better when you are wet and cold ? » Rien de meilleur, à l’évidence,quand l’humidité et le froid vous ont assailli toute la journée,que de boire un dram au retour d’une partie de chasseaugrouseouaucerfdanslesmoors des Highlands.J’y songeais tout au long demonpèlerinagesurle“whiskytrail”qui, à la fin de juillet puis dans les premiers jours de septembre,m’a conduit d’Aber-
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deen à Elgin, dans la région du Speyside,dans les Highlands,et enfin des îles de l’océan Atlantique, Islay et Jura, jusqu’au nord d’Inverness.Les esprits chagrins prétendent qu’il pleut en Écosse quatre jours sur trois. C’est un tantinet exagéré, mais, quand la pluie cesse, une lumière exceptionnelle nimbe des paysages grandioses et fait oublier la bruine et le gris du ciel.Sans compter qu’il faudrait être bien ingrat pour se plaindre de la surabondance d’eau, à laquelle « le princierproduit,lebeauliquidedistillé,baume qui adoucit le cœur le plus dur »,ainsi que le célèbre un poète écossais, doit une part de son universelle renommée. Point de départ de mon pèlerinage sur la route du whisky : Aberdeen, un des plus importants ports pétroliers de
la mer du Nord.Pas le temps de faire un tour de la ville, une voiture envoyée par la distillerie Glen Grant m’attend.Nous prenons la route de Rothes qui offre un premier aperçu des Highlands et de la régionduSpeyside,sanctuaireduwhisky écossais.Entre Aberdeen et Elgin,d’Inverness à Moray Firth, le Malt Whisky Trail,serpentant à travers une campagne rianteetdesvalléesprofondes,estàl’amateur de malts ce que le chemin de SaintJacques-de-Compostelle était au pèlerin médiéval. Une route sacrée reliant des dizaines de distilleries, fort bien indiquées, et pour la plupart ouvertes à la visite,maisaussidestonnelleries,comme la Speyside Cooperage à Craigellachie. À proximité,la ville de Dufftown a la réputation d’être bâtie sur sept distilleries
commeRomefutédifiéesurseptcollines. Onreconnaîtleursbâtiments,leplussouvent gris et austères à l’image du granit dont ils sont construits, aux hautes cheminées qui les surmontent et aux toits en forme de pagode qui les coiffent.Y brûle la tourbe avec laquelle on chauffe l’eaudefermentation,cetteeaupuiséeaux sources, aux rivières ou aux lacs voisins, dont la pureté et la qualité font la différence entre les différents whiskies. Refermons la parenthèse. Deux heures plus tard, nous traversons le paisiblevillagedeRothes,quicomptemoins d’églises que de distilleries, pour entrer dans la cour de Glen Grant,sur laquelle flottent le drapeau écossais et le drapeau italien, le groupe Campari étant le propriétaire de la marque. Le directeur et
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maître distillateur, Dennis Malcolm, m’accueille avec ce sens de l’hospitalité que montrent ses compatriotes à l’égard des étrangers. Chaleureux, bavard, prodigue d’anecdotes, qu’il distille avec un accent écossais “non filtré”, il se révèle un guide d’exception et le meilleur ambassadeur de la marque qu’il sert depuis un demi-siècle,et la seule à porter le nom de ses créateurs. Raconter l’histoire de GlenGrantc’estpresque,pourlui,raconter une histoire de famille.Comme pour la plupart des distilleries écossaises, ses fondateurs ont commencé, au début du XIXe siècle,par la contrebande.En 1840, deux frères, John et James Grant, ancienscontrebandiersenalcool,s’associent pourcréer,légalement,unedistilleriedans le village de Rothes. Toutes les condi-
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PHOTOS : BRIAN HARRIS/ALAMY - DAVID GOWANS/ALAMY
Colin Scott, le maître assembleur de Chivas Brothers, humant les arômes d’un whisky. Page de gauche, devant la façade de la distillerie Aberfeldy, statue du tambour-major des Highlanders, emblème de la marque Dewar’s, un autre blend fameux, élaboré dans la distillerie d’Aberfeldy.
PHOTOS : PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE
Dossier whisky
Le style baronial a marqué de son empreinte la distillerie Glen Grant, à l’époque du major Grant, l’une des personnalités les plus remarquables de l’industrie du whisky au XIXe siècle. Ci-contre, Dennis Malcom, maître distillateur et ambassadeur de la marque du cinquième single malt le plus vendu au monde.
tionsfavorablessontréunies :laproximité de la rivière Spey, des champs d’orge, et la présence de gisements de tourbe. En 1872,après la disparition des fondateurs, c’est James, le fils de John, qui prend la relève,à l’âge de 25 ans.C’est lui qui fera de Glen Grant une maison à la fois prospère et pionnière. Ce gentleman victorien emblématique, passionné de chasse, de pêche et de jardinage, et qui ornera son manoir de trophées provenant de tous les pays de l’empire britannique où il a chassé, est aussi un homme en avance sur son temps.Le premier à posséder une automobile dans la région, le major Grant fut aussi pionnier en alimentant sa distillerieàl’électricité,etenintroduisantdes alambics hauts et fins, ainsi que des purificateurs, pour obtenir un alcool plus léger, frais et subtil alors que la vogue était aux whiskies lourds et charpentés.
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En me faisant les honneurs de sa distillerie,salle de brassage,cuves de fermentation,salle des alambics,jusqu’aux chais ténébreux où vieillit, sur trois niveaux, dans des fûts de chêne, le précieux liquide, Dennis Malcolm m’initie aux subtilités de la technique de fabrication du whisky, combinaison d’eau de source,dechaleur,d’orgeetdelevuremaltée à laquelle un savoir-faire ancestral confèresaparticularité,chaquesinglemalt possédant une couleur, un palais et une finale qui lui sont propres. Le lendemain,il me fera découvrir les splendides jardinspaysagerscréésparlemajorGrant
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en1886etrestaurésdepuis1996.Àl’époque, une quinzaine de jardiniers s’activaient sur les 27 hectares du parc ! Clou de la visite : en remontant le torrent qui s’élance entre les parois d’une gorge étroite,nous accédons à une petite grotte fermée par une porte de fer forgée.D’un baril mon hôte remplit deux verres puis, à l’aide d’une pipette de cuivre, va puiser de l’eau dans le torrent pour me faire observer que sa couleur est semblable à celle du whisky.Ce rituel,le major Grant le réservait déjà à ses commensaux qui lui rendaient visite dans ses jardins. Au retour,dans la salle de dégustation lumi-
Îles Orcades
neuse et ultramoderne qui jouxte le coffee-shop, j’aurai droit à une dégustation en règle des fleurons de la gamme, depuis le 10 ans d’âge,très fruité,et le Major’s Reserve, onctueux, avec une finale sur des notes de noisette,jusqu’au Glen Grant 170e Anniversaire, au palais doux et sucré, où les notes de fruits mûrs se conjuguent aux notes tourbées, et au tout nouveau 25 ans d’âge où se mêlent les riches arômes de sherry et de miel, les notes de fruits secs et de raisin de Corinthe, et qui s’achève sur une finale persistante et longue.«Whiskyasitshould be »,“le whisky tel qu’il doit être”. Le cinquième pur malt le plus vendu au monde,et le quatrième en France,ne déroge pas à sa devise ! Les jours suivants seront consacrés, d’abord à la visite de Macallan, aux environs de Craigellachie, appartenant au groupe Edrington. Fondée en 1824, cette distillerie est fameuse par l’utilisation d’une variété d’orge dite golden promise, par ses alambics de petite taille en forme d’oignon, et par le vieillissement successifs dans deux types de fûts, ceux de bourbon,dont le chêne américain apporte,selonlemaîtreassembleurBobDalgarno,« de la douceur et du moelleux tandis que le chêne européen procure la richesse de ses tanins ». The Macallan est un single malt au processus coûteux –16% seulement du cœur de chauffe sont retenus pour le vieillissement en fûts– destiné à desamateursexigeantsetquifigureparmi les single malts les plus récompensés au monde. Puis, sous la tutelle souriante d’AnnMiller,ambassadricedesmarques écossaises du groupe Pernod Ricard, ce sera la visite d’Aberlour, Glenlivet et, enfin, Strathisla, près de Keith. L’origine d’Aberlour, dans le village du même nom, remonte à 1826, mais la distillerie fut reconstruite en 1879 puis agrandie en 1892.Après avoir appartenu à Campbell Distillers, elle devient propriétédePernodRicarden1975.ÀAberlour, les purs malts vieillissent au moins dix ans dans des fûts de bourbon ou de xérès.Une variété dite double casked matured passe d’abord par une maturation dansdesfûtsaméricainsdebourbonavant d’êtretransféréedansunedeuxièmesorte de fûts, de xérès, de porto ou de bourgogne. En France, Aberlour s’est fait connaître du monde de la chasse par son partenariatavecuncertainnombrederestaurants à l’occasion de la Saint-Hubert.
Océan Atlantique
Mer du Nord
Les grandes routes du whisky
Lewis Glenmorangie Dalmore
Glen Deveron Elgin William Lawson Glen Grant InvernessGlenlivet Macallan Strathisla Aberlour Loch Ness Highlands Chivas Aberdeen Speyside Speyside
Skye
Highlands
Islay
Aberfeldy Dewar’s
Islay
Jura
É COS S E
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Mull of Kintyre Arran
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Édimbourg
Bowmore Bruichladdich Bunnahabhain Jura Coal Ila Ardbeg Lagavulin Laphroaig
Glasgow
Campbeltown 50 km
ANGLETERRE
Des menus spéciaux sont élaborés par leschefsquirivalisentd’imaginationdans la recherche d’accords entre le whisky Aberlour et les mets. J’ai souvenir d’un de ces déjeuners au Club de la Maison de la Chasse et de la Nature où l’occasion me fut donnée de découvrir l’extraordinaireetpuissantA’bunadh,unbrut de fût titrant près de 60 degrés,issu d’un assemblage de whiskies âgés de plus de vingt ans, costaud comme un rugbyman, parfumé comme une confiserie, et long en bouche comme un vieux rhum ouuncognachorsd’âge.Aberlourdonne à ses clients la possibilité de s’offrir un flaconpersonnalisé,dansl’unedecesbouteilles propres à la marque,qui évoquent les anciennes fioles de pharmacien, réminiscence d’une époque où le whisky était considéré comme un breuvage médicinal. Quitter Aberlour pour The Glenlivet,c’est passer de la civilisation urbaine à une retraite d’ermite. Au XIXe siècle, Alfred Barnard qui fit un tour complet des distilleries écossaises s’étonnait de la sauvagerie du lieu : « Pas un village ou un lieu habité à la ronde.La plus proche station de chemin de fer est à sept miles.On ne peut trouver un lieu plus solitaire en hiver,ni plus délicieux en été.» Dans cette vallée reculée quelque deux cents distillateurs clan-
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destins abritaient leurs activités illicites au début du XIXe siècle. Parmi eux, un certain George Smith,distillait en douce dans sa ferme d’Upper Drumin, un des recoins les plus isolés du Glen Livet. Avec l’appui du landlord local, le duc de Gordon,il ouvre,un an après l’adoption de l’Excise Act, mesure destinée à enrayer la distillation clandestine,sa distillerie légale.Dix ans plus tard,après bien des vicissitudes causées par ses voisins contrebandiers – le petit musée de la distillerie expose la paire de pistolets dont il ne se séparait jamais, même la nuit– son entreprise prospère si bien qu’il déménageversunsiteplusaccessible,àMinmore. Comme le major Grant, George Smith fut un pionnier dans l’art d’élaborer un nouveau style de whisky, plus léger. Doté d’un sens commercial avisé, ilobtintquesonwhiskysoitleseul,parmi biend’autresdelarégion,às’intitulerThe Glenlivet. À la mort de George Smith, en 1871, Glenlivet était devenue la distillerie la plus réputée d’Écosse. Rachetée au groupe canadien Seagram en 2001 par Pernod Ricard,la distillerie de Glenlivet,lesinglemaltleplusvenduauxÉtatsUnis et le numéro deux dans le monde pour le volume, a été totalement rénovéeen2009-2010 :nouvellecuvedebras-
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Dossier whisky
La distillerie Aberlour dans le Speyside. Il est possible de faire embouteiller son whisky au fût (au centre). Dans la salle de dégustation réservée aux hôtes de marque, la chaleureuse ambiance de club contribue au plaisir du “whisky tasting”. Cidessous, champ d’orge près de la distillerie Macallan.
PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE
sage, huit cuves de fermentation en pin d’Oregon,trois nouvelles paires d’alambics,si bien que George Smith aurait du malàreconnaîtrederrièrel’immenseverrière panoramique son ancienne distillerie, dont ne demeurent que les chais aux pierres noircies par l’évaporation de l’alcool,la“partdesanges”quidoitréjouir ces créatures prétendument éthérées… Àladégustation,mapréférencevaau Glenlivet15ans,fruitéetépicé,àlabouche légère et à la finale suggérant la cannelle
et le gingembre.Autour du site,des parcours permettent aux visiteurs de mettre leurs pas dans ceux des contrebandiers et de leurs adversaires,les douaniers qui leur donnaient la chasse. Gageons que pour certains amateurs, dont je suis, le goût de contrebande que le whisky garde de ses origines, et que réveilla l’époque de la prohibition aux États-Unis,contribue un tant soit peu à l’attraction qu’il exerce. Àregret,nousquittonsGlenlivet,passantdevantl’antiquepontdepierreàdeux archesqu’empruntaientlesponeyschargés de fûts de whisky jusqu’à la gare de Ballindanoch,pourgagnerladistilleriede Strathisla, sans doute la plus séduisante et la plus photogénique d’Écosse. Fondée en 1786 dans la petite ville de Keith,
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sous le nom de Milltown Distillery, elle fut détruite par un incendie en 1879,rebâtie,avant de retrouver le nom de Strathisla en 1949 après son rachat par un membredugroupeChivasBrothers.Aux yeux du profane toutes les distilleries se ressemblent, seules la taille et parfois la formedesalambicsdifférant.Ici,sontutilisésdesalambicsdeformeconique(classicpotstill),àcompartimentsphérique(boil ball), de petite taille mais aux larges cols de cygne. La production de single malt, sous le nom de Strathisla, est confidentielle, l’essentiel étant destinée au blend, mélange de plusieurs whiskies de grain et de whiskies de malt pour obtenir un alcool aux caractéristiques constantes.À la fin du XIXe les frères James et John Chivas furent des pionniers dans l’art de l’assemblage, grâce aux vastes stocks dewhiskiesdegrainetdewhiskiesdemalt qu’ils avaient constitués. Au début du XXe siècle,le maître assembleur Charles Howard créa une référence destinée à unricheavenir :ChivasRegal,exportéaux États-Unis où il devint un must. Après la visite de la distillerie, et notamment de la réserve cadenassée abritant au fond des chais quelques flacons d’anthologie, le passage par l’étape de la dégustation s’impose.ÀStrathisla,commechezAberlouretGlenlivet,c’estdansuneambiance de club,fauteuils profonds et cuirs patinés,que vous avez le privilège de dégus-
Portier, groom, espace soins, accompagnant personnel jusqu’à l’avion à Paris-Charles de Gaulle, cuisine de chefs étoilés, musique relaxante, vrai lit, nous souhaitons aux passagers de La Première un voyage cinq étoiles en notre compagnie.
faire du ciel le plus bel endroit de la terre
PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE
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ter la gamme du blend de luxe le plus célèbre dans le monde : le 12 ans, au palais fruité, évoluant vers des notes de pommes mûres,et de miel à la finale riche et longue ;le 18 ans,d’où émanent des arômes de fruits secs, d’épices et de caramel au beurre,à la finale un tantinet fumée. C’est à Paris, deuxmoisplustard,queColin Scott, le maître assembleur de Chivas Brothers présentera à la presse une nouvelle référence d’exception, le Chivas Regal 25 ans,en série limitée,témoignage de la maîtrise dans un art qui postule patience, sélection et inspiration. Et dont témoigne un autre grand nom des blend, William Lawson, dont le whisky de moins de douze ans est le plus riche ensinglemalt.Constantetricheenarôme, il se consomme pur ou en long drink, notamment avec du coca ou du jus de pomme qui renforce sa note fruitée. La distillerie Macduff,au nord de l’Écosse, est le haut lieu, soigneusement préservé de sa production,tout comme la distillerie Aberfeldy au sud des Highlands est le cœur et l’âme d’une autre marque prestigieusedugroupeBacardi,Dewar’s, le whisky aux “160 ans d’histoire et aux 180 médailles”, aux notes d’écorce d’orangeetdecaramel.Appartenantégalement au groupe, il faut citer les single malts Glen Deveron et Aberfeldy,le premier riche en saveurs marines,le second, aux notes de bruyère et de miel.
La distillerie The Glenlivet, rénovée en 2009-2010 et inaugurée par le prince de Galles. Son fondateur, George Smith aurait du mal à la reconnaître. À droite, la salle des alambics.
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Un mois plus tard, au début septembre,c’estaveclesîlesdel’Ouestetleurs whiskies de légende, aux saveurs parfois fortement tourbées, voire iodées, que je poursuivraimontourdesdistilleriesécossaises. Au programme, les îles d’Islay et de Jura, la première abondant en distilleriesfameuses,laseconden’enpossédant qu’une seule mais qui mérite le détour. Accéder aux îles suppose d’emprunter plus d’un ferry et cette odyssée exige une bonne dose de patience.Faut-il préciser que le voyageur en est amplement récompensé, tant ces îles possèdent un charme singulier, des paysages extraordinairement divers, et des distilleries situées dans des sites d’une sauvagerie inviolée. Trois d’entre elles se côtoient et ce ne sont pas les moins fameuses : Lagavulin,LaphroaigetArdbeg.Commedans les Highlands, et plus encore en raison de l’isolement,la contrebande est au berceau de leur histoire. À Ardbeg, la famille McDougall commença à distiller clandestinement avant de prendre une licence en 1815. C’était alors un établissement modeste à la production limitée, dans un site retiré et très romantique,en bordure du rivage. Vendue dans les années1977augroupecanadienHiramWalker, la distillerie fut rachetée par Glenmorangie,devenue elle-même propriété du groupe LVMH. Fermée lors du Whisky loch,la crise de surproduction et de mévente du whisky, dans les années 1980,ladistillerie,àl’abandon,avaittriste mine jusqu’à la spectaculaire rénovation
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entreprise au début des années 2000. Repeintedefrais,toutenblanc,dotéed’un visitors center et d’un café-restaurant très couru, la distillerie a aujourd’hui fière allure, et Jackie Thomson, qui m’en fait les honneurs, sait en parler avec un enthousiasme communicatif. De son passé,Ardbeg a conservé des vestiges vénérables, et assure tous ses besoins en orge maltée. L’eau provient du loch Uigeadail et possède la couleur et le goût de la tourbe. Celle-ci est très noire et riche en résidus végétaux.L’eaude-vie produite se caractérise par des arômes marins,et un accent très tourbé. Pourl’expertqu’estDavidBroome,Ardbeg réussit « le grand écart entre la fumée et le suave,la suie et le fruit ».Un whisky à lafortepersonnalité,quecertainsconnaisseurstiennentpourlemeilleursinglemalt desîles.Fautedetemps,jen’auraipasl’occasion de voir les autres distilleries d’Islay,niBunnahabhain,niCaolIla,niBowmore,niBruichladdich,mecontentantde saluer au passage, sur la route, Lagavulin et Laphroaig, le whisky préféré du consul général de Patagonie, Jean Raspail… Destination :l’îledeJura.DePortAskaig, il faut à peine un quart d’heure de ferry pour gagner l’île la moins peuplée des Hébrides, qui ne possède qu’une route, un village, un pub, et une distillerie. Et qui compte moins d’habitants que de cerfs ! À l’extrémité sud de Small Isles Bay, dans le village de Craighouse, ladistilleriefutfondéeen1810,sansdoute à l’emplacement d’une ancienne distil-
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PHOTOS : DAVID ROBERTSON/ALAMY - BRUNO DE CESSOLE - STEPHEN FINN/ALAMY
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La distillerie Ardbeg a été rajeunie en 2000 sous l’impulsion du groupe LVMH. Ci-contre et cidessous, la distillerie de Strathisla, la plus séduisante des Highlands, abrite la production de Chivas Brothers.
lerie clandestine.CommeArdbeg,la distillerie de Jura a subi les vicissitudes de l’Histoire,des phases de prospérité puis d’abandon,avant que deux propriétaires terriens de l’île, Robin Fletcher et Tony Riley-Smith ne la relancent à la fin des années 1950, afin d’assurer le maintien de la population locale et de lui fournir du travail. L’intention initiale, toujours maintenue, était de produire un whisky trèsdifférentdeswhiskiesfortementtourbés et iodés des îles,plus proche du style des Highlands. Avec l’utilisation d’une tourbe légère et de hauts alambics, Jura produitunwhiskydecouleurplutôtclaire, peu tourbé dont les meilleures expressions sont à chercher du côté des 16 ans, et plus. Comme le dit le maître assembleurRichardPaterson :«Jura,c’estundur. Il faut d’abord l’assagir avant de le mettre en fût.» D’où l’intérêt d’une maturation lente.AprèslavisitecommentéeparWillie Cochrane, la dégustation confirme que leJuraneconnaîtsonapogéequ’auterme
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de longues années de vieillissement.Davantage que Legacy et Prophecy,Diurach’s Own et Superstition,le plus tourbé delagamme,méritentuneplacedechoix danslacollectiondetoutamateurdesingle malts. Mais il fallait quitter les îles pour regagnerlecontinentetremonterjusqu’à Inverness et ses environs pour les dernières distilleries de mon périple. Une bonnejournéederouten’étaitpasdetrop, tant les voies sont étroites et sinueuses,
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avec,enprime,deséchappées magnifiques sur la côte et la mer,puis,sur les montagnes et le loch Ness,où Nessie ne daigna pas se montrer… C’estsurlariveduCromarty Firth que je trouvai la distillerie de Dalmore, et l’ambassadrice de la marque, Shauna Jenssens qui eut le mérite de me faire visiter les lieux un samedi, alors que l’activitéétaitsuspendue.Jolimentsituéelelongd’unbras de mer, avec abondance de tourbe et de champs d’orge, Dalmore fait remonter sa généalogie à 1839 et à Alexander Matheson, son fondateur. C’est, toutefois, à la famille Mackenzie qui en fut propriétaire de 1878 à 1960 que Dalmore doit son emblème, le cerf, dont un Mackenzie sauva le roi Alexandre III lors d’une chassedramatiqueen1263,sadevise,“Luceononuro”,“Jebrillemaisnemeconsume pas”,et ses premiers succès.Fleuron du groupe Whyte & Mackay,The Dalmore, avec ses très vieux alambics,son processus de distillation complexe et coûteux, sa politique de mise en fûts dans des tonneaux d’origine très diverse (sherry, bourbon, madère, cabernet sauvignon, marsala et porto) produit un whisky très haut de gamme,dont les expressions vénérables,Astrum,40 ans,Aurora,45 ans, Eos, 59 ans,Trinitas, 64 ans, sont un velours pour le palais, un enchantement pour le nez, et atteignent des sommets vertigineux pour les prix. >>
PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE
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Un peu plus au nord, à proximité de la ville deTain,sur la rive sud du DornochFirth,voicienfinGlenmorangie,but ultime de mon pèlerinage aux sources de l’esprit écossais.La distillerie fut fondée en 1843 sur le site d’une ancienne brasserie par les frères William et John Matheson. Ses bâtiments de grès rouge s’étagent sur les pentes d’une colline dominant la mer. Reconstruite en 1887, fermée dans les années 1930 puis à nouveaulorsdelaSecondeGuerremondiale, elle a connu les aléas de l’Histoire et du commerce avant d’être rachetée en 2004 par le groupe LVMH qui lui a donné les moyens de son ambition, rivaliser avec Glenfiddich, le numéro un à l’exportation. Longtemps premier single mat en Écosse, Glenmorangie occupe le quatrième rang dans le monde. Sa singularité ? Utiliser les alambics les plus hauts et les plus étroits d’Écosse, afin de collecter les alcools les plus fins et les plus légers. Et pratiquer une innovation
La distillerie de Glenmorangie, au nord de l’Écosse. Ses alambics (à droite) ont la particularité d’être les plus hauts. En dessous, les whiskies de Jura, un single malt moins tourbé que ceux des îles.
constante dans le processus d’affinage et le vieillissement en fûts. D’abordvieillidansdesfûtsdebourbon, issus des meilleurs chênes blancs du Missouri, le whisky achève sa maturationdansdesfûts“exotiques”,deporto, demadèreoudesauternes,quiluiconfère une robe, des arômes et un palais aussi variésqueséduisants.AinsileQuintaRuban (46 degrés) affiné en fûts de porto, d’un moelleux et d’une richesse aromatique sans égal, ou le Nectar d’Or, dont la maturation s’achève dans des fûts de sauternes qui lui transmettent une robe couleuroretdesnoteschocolatéesetmiellées. Le plus populaire, The Glenmorangie Original présente des notes d’orange et d’épices,nuancées de fumée.
Nos remerciements s’adressent à tous ceux qui nous ont permis de réaliser ce reportage : Dennis Malcolm de Glen Grant,à Rothes,et la maison Philippe de Rothschild,leur distributeur en France ; Ann Miller,ambassadrice des marques Aberlour,Glenlivet et Chivas Brothers,et la maison Pernod Ricard ; les distilleries Jura et Dalmore ;les distilleries Ardbeg et Glenmorangie,ainsi que le groupe LVMH ; le groupe Bacardi et ses maisons écossaises, William Lawson,John Dewar’s,Glen Deveron et Aberfeldy. Merci enfin à La Maison du Whisky pour sa précieuse contribution.On trouvera les whiskies cités dans ses boutiques –20,rue d’Anjou (ParisVIIIe) et 6,carrefour de l’Odéon (ParisVIe)– et sur son site (www.whisky.fr).
Dégustation des whiskies Dalmore, un single malt au processus de distillation complexe et coûteux, dont les expressions anciennes, entre quarante et soixante ans d’âge, atteignent des sommes records.
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Unevisiteàladistillerietrouverasonpoint d’orgue avec un séjour à l’hôtel éponyme,GlenmorangieHouseàCadbol,chaleureuse demeure écossaise, étoilée au guide Michelin tant pour son restaurant que pour la qualité de son hébergement où, bien sûr, toute la gamme des whiskiesGlenmorangiesedéploiepourleplaisir de l’amateur. « Slainte ! » ◆
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Aventure ◆
La Dernière Frontière C’EST DANS
L’IMMENSITÉ DE
L’ALASKA QUE
NOUS SOMMES ALLÉ APPROCHER
UN GÉANT DÉBONNAIRE : L’ÉLAN. Reportage et photos Guillaume Beau de Loménie
CETTE TERRE D’ALASKA EST PARCOURUE DE DIZAINES
◆ C
ommeempêchédegrimperau-dessusduplafondlourd et bas qui semble s’efforcer de le plaquer au sol, notre monomoteurhorsd’âgefileàguèreplusdedeuxcentsmètresdusol… Sous le ventre de l’appareil,la toundra brunâtre égrène à toute vitesseseslacsgrisetfroids.Desrivièressinueusespoussentlentement leurs eaux sombres vers la mer de Béring,loin derrière nous, à l’ouest. Nous dépassons ou nous croisons dans un éclair de petites formations en “V” d’oies ou de cygnes d’un blanc éclatant que le passage de notre appareil ne parvient pas à distraire de leur silencieux voyage. Nous volons si bas nousmême, que les grands oiseaux parfois nous dominent de plusieurs dizaines de mètres. À cette altitude, si l’unique moteur de notre coucou nous lâche, le costaud taciturne qui le pilote de main de maître n’aura qu’une fraction de seconde pour choisir les quelques arpents de tourbe gorgée d’eau où nous écraser gentiment. En s’efforçant d’éviter lacs et rivières… Ces considérations ne semblent pas émouvoir les deux Esquimaudes yupiks peu reluisantes qui piaillent comme des mouettes se disputant une arête de poisson, sur la banquette défoncée devant nous. Quant au jeune type mal rasé et couvert de cambouis à l’autre bout de la cabine exiguë,le vacarme du moteur parvient à peine à masquer le lancinant “boumboum” des basses qui s’échappent d’un casque qu’il n’a pas quitté depuis le décollage. Pas même pour s’enquérir de nos provenances et destinations et nous révéler la sienne. Le front plaqué sur le Plexiglas jauni et froid d’un hublot gras,nous scrutons quant à nous la toundra désolée dans l’espoir d’y déceler l’un des géants débonnaires dont la quête nous a conduit aux marches de l’Union : l’Alces alces giga,élan plus simplement pour les intimes,ou encore“orignal”pour les Québécois… Nous sommes en Alaska, nous sommes sur “la Dernière Frontière”. Grand comme trois fois la France, le quarante-neuvième État de l’Union,depuis le 3 janvier 1959 seulement,est peuplé de moins de 700 000 habitants… Si l’on retranche de cette populationlesprèsde500 000individusquiserépartissentdans les trois principales villes, Juneau, la capitale de l’État, Fairbanks et Anchorage, l’on comprend combien les quelques centaines de milliers d’individus qui restent ne se marchent guère les uns sur les autres. Nul doute que, tels les pionniers de la conquête de l’Ouest dont la progression des chariots re-
DE MILLIERS DE RUISSEAUX, RIVIÈRES OU FLEUVES QUI ALIMENTENT PEU OU PROU TROIS MILLIONS DE LACS…
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La Dernière Frontière poussait chaque fois plus loin les limites d’un pays à bâtir, les immensités que nous survolons renforcent chez les modernes Alaskains ce sentiment de vivre sur une terre vierge à laquelle ils ont donné ce surnom qui sonne un peu comme un défi et qui s’étale sur les plaques minéralogiques de leurs véhicules : The Last Frontier. Aujourd’hui,les limites de celles-ci ne sont plus à repousser. Elles butent au nord sur l’océan Arctique, plongent à l’Ouest dans la mer de Béring,se heurtent au sud à l’océan Pacifique. Quant à la frontière Est, elle court sur plus de deux mille kilomètres le long du territoire canadien.Le nom Alaska provient du russe Alyeska qui est lui-même la transcription du mot aléoute –du nom des habitants des îles aléoutiennes – Alaxsxaq,qui signifie selon les interprétations“la grande terre” ou encore “la terre principale”, mais dont la traduction littérale est“l’objet contre lequel l’action de la mer est dirigée”ou encore,“ce qui se brise contre la mer”… Toutefoisseshabitantsluidonnèrentparfoisd’autresnoms, tout aussi évocateurs. Ainsi, il sera surnommé “territoire de Baranov” du nom du premier gouverneur russe de cette ancienne colonie moscovite, ou encore, la “Russie américaine”, avant que le futur quarante-neuvième État ne soit acheté au tsar en 1867.Il sera également désigné“la folie Seward”ou encore,“laglacièredeSeward”,dunomdusecrétaired’ÉtatWilliam Sewardquilançal’idéedurachatdel’AlaskaàlaRussieetl’adoption officielle du nom pour ce nouveau territoire de l’Union. Pour certains chercheurs, les premières tentatives d’implantations de colons russes en Alaska remontent à 1648, année qui voit, drossée par une tempête, l’échouage sur la côte alaskane d’une flottille menée par l’explorateur Semon Dezhnyov. D’autres entreprises suivront, mais c’est incontestablement le voyage de Vitus Béring, explorateur danois passé au
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AMARRÉ DEVANT LE LODGE DE CHASSE, LE PETIT HYDRAVION DE MICHEL BIÉRI. PAGE DE DROITE, LA PÉRIODE DU FRAI CORRESPOND À CELLE DE LA CHASSE DE L’ÉLAN ET ASSURE AUX AMATEURS DES PÊCHES MIRACULEUSES. À DROITE, MICHEL BIÉRI, L’ANCIEN PÂTISSIER CHAMPENOIS RECONVERTI EN AVENTURIER SUR
“LA DERNIÈRE FRONTIÈRE".
service des tsars, qui donnera l’impulsion à l’expansion russe sur le continent nord-américain. Entre1725et1741,Béring,àl’instigationdePierreleGrand, va mener deux expéditions majeures qui vont le conduire à reconnaître successivement le détroit qui porte aujourd’hui son nom, puis les côtes de l’Alaska qu’il avait manquées de peu lors de son premier voyage. Après bien des souffrances, il les atteintenfin,le16juillet1741.Maispresséparlemauvaistemps, il ordonne le départ après seulement une dizaine d’heures de relâche. Sur le chemin du retour vers le Kamtchatka, il découvre encore certaines des îles de la chaîne des Aléoutiennes. Les mois passent. Malade et épuisé, Béring reste alité. Son équipage subit, quant à lui, les ravages du scorbut. Décimés, à bout de force, les hommes du “saint Pierre” jettent enfin l’ancre dans une baie le 7 novembre 1741. Ils pensent avoir échoué sur une plage du Kamtchatka. Il s’agit en fait d’une île de l’archipel du Commandeur que,comble de
l’ironie,Béring a découvert l’année précédente,et qui prendra son nom. Le 8 décembre 1741, Béring meurt d’épuisement. Les survivants ne rejoindront le Kamtchatka qu’à l’été 1742 après bien des péripéties.À leur retour,les informations qu’ils rapportent,les nombreuses cartes établies,seront le moteur de l’établissement des Russes en Alaska. Celui-ci se poursuivra jusqu’au 9 avril 1867 date à laquelle le traité qui entérinait l’achat de l’Alaska par les ÉtatsUnis fut ratifié par le Sénat.Sans doute la Russie connaissaitelledesdifficultésfinancièresquijustifièrentlaventeduterritoire. Sans doute n’avait-elle pas pleinement pris alors la mesure des formidables richesses de sa colonie américaine,pétrolière,minière, halieutique. Notre appareil perd maintenant le peu d’altitude qu’il avaitetseposebientôtsurunepistedeterrebattue.Noussommes à Ekwok, cent cinquante âmes,“le bord de la falaise” en langage yupik. Nous touchons ici au terme de la première partie
de ce voyage qui doit nous conduire jusqu’au campement de Michel Biéri,notre hôte et mentor pour cette chasse à l’élan de l’Alaska, et qui nous fera bientôt les honneurs de sa zone sur laquelle il exerce depuis près de vingt ans. Sous la conduite de l’ineffable Lucky qui préside aux destinéesdelacommunautéesquimaudeyupikmaîtressedeslieux, nous prenons place à bord d’un canot à moteur à fond plat et filons bientôt sur les eaux calmes et glacées de la Nushagak. La bruine qui nous rattrape est un avant-goût de la pluie qui nous accompagnera quasiment tout au long d’un séjour indéniablement placé sous le signe de l’eau. Celle du ciel bien sûr, mais aussi celle sur laquelle nous naviguerons souvent, et qui irrigue cette terre d’Alaska de dizaines de milliers de ruisseaux, rivières ou fleuves. Ils alimentent peu ou prou trois millions de lacs, dont à peine plus de trois mille ont un nom, avantdesejeterdanslesocéansquilaceinture.Departetd’autre de la Nushagak, sur des berges parfois escarpées, pousse une
SUBJUGUÉ, NOUS CONTEMPLONS LE SPECTACLE DE CES FORÊTS, DE CES PLAINES ET DE CES FLEUVES QUI S’OFFRENT À NOUS À PERTE DE VUE, INCHANGÉS DEPUIS LA NUIT DES TEMPS.
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La Dernière Frontière végétation dense : aulnes le long de la rive et sur les nombreux bancs de sable et de terre mêlés qui parsèment le lit de la rivière,bouleaux ensuite dont les troncs blancs mouillés luisent doucement,et enfin,plus nombreuses,d’épaisses forêts de résineux qui font l’essentiel de la sylve alaskienne et dont nous découvrirons bientôt l’étendue et la solitude quasi cosmique… À mi-parcours, nous quittons la Nushagak et notre embarcations’engagedansl’undesesprincipauxaffluents,laMulchatna.Après deux heures et demie de navigation,nous parvenons au lodge de NOUS QUITTERONS chasse de Michel Biéri. La première À PLUSIEURS REPRISES chose que nous apercevons est l’hydraNOTRE EMBARCATION vion rouge vif amarré à la berge.Ce pePOUR NOUS LANCER tit avion qui ressemble à un jouet est SUR LA PISTE DE l’un des symboles du pays qui nous acL’ÉLAN. EN SOUScueille. L’on ne pouvait rêver invention BOIS, FILETS ET GANTS plus appropriée à cet environnement SONT INDISPENSABLES aquatique et à ces étendues insondables CONTRE LA VORACITÉ sur lesquelles une humanité éparpillée DES MOUSTIQUES. s’emploie à perpétuer des liens et des IMMERGÉ À MIéchanges que tout tend à distendre. CORPS, L’ÉLAN PASSE Nous sommes rapidement amarré à DE LONGUES HEURES notre tour et faisons la connaissance de À SE NOURRIR DES notrehôteetdel’équipequil’assiste.MiHERBES QUI chel Biéri a la soixantaine “bon pied TAPISSENT LE FOND bonœil”.Unemoustacheetdescheveux DES COURS D’EAU. grissoulignentunvisageémaciéqu’animent deux yeux clairs.Ils s’assombrissent parfois sous le coup de quelque contrariété, mais leur flamme ne tarde pas à se ranimer lorsque la passion de la chasse prend à nouveau le dessus sur les nombreuses contrariétés et vicissitudes du métier de guide de chasse. Installé en Amérique du Nord depuis une trentaine d’années,l’ancien boulanger-pâtissier d’Épernay a successivement exercé au Texas puis en Californie avant que de tomber amou-
LES DÉPLACEMENTS EN BATEAU NE NOUS DISPENSENT PAS ALAMY
DE LONGS JUMELAGES.
reux de l’Alaska et d’une Alaskienne.Autant de circonstances qui l’ont définitivement ancré semble-t-il dans cette région du monde et fait démarrer une seconde vie. Nous faisons également la connaissance des guides : Hal, Travis et Rubens sont des personnages hauts en couleur, chaleureux et enjoués avec qui nous nous lancerons au cours des prochains jours sur les tracesd’Alcesalces.Gianniquantàlui,dontleprénomauxconsonances transalpines dissimule mal un natif de la plate et morne Wallonie, s’essaie pour quelques semaines aux dures réalités dustatutd’apprentiguide.QuantàKlara,cettecharmantejeune femme récemment immigrée de sa Hongrie natale,nous régalera tout au long de notre séjour de repas savoureux et nous ravira de sa bonne humeur jamais démentie en dépit de la rudesse de cet environnement masculin, et d’un confort parfois spartiate. Le lodge nous réunit bientôt. Mêlant chaleur et rusticité, il nous offrira souvent le réconfort de ses odeurs roboratives de préparations alasko-hongroises et la chaleur de son poêle à bois,les unes et les autres fort bienvenues après les journées de chasse. Le reste du temps est consacré à une partie de pêche quasiment miraculeuse. Nous sommes au cœur de la période du frai et les rivières d’Alaska,du plus grand fleuve au plus secret affluent attirent les pêcheurs du monde entier, car des millions de saumons remontent leurs cours jusqu’aux frayères où,après avoir assuré leur descendance,mâles et femelles mêlés meurent épuisés dans un dernier battement de queue… La Mulchatna au bord de laquelle s’élève notre campement n’échappe pas à la règle, et nos pêcheurs ne tardent pas dans un concert d’exclamations ravies à assurer notre dîner du soir. Mais la chasse pour laquelle nous avons entrepris ce si long voyage reprend tous ses droits dès le lendemain. Dans le petit jour naissant, nous prenons place dans ces bateaux à fond plat,éléments non négligeables de la chasse du moose en Alaska.Si l’on ne peut en effet nier à l’élan sa qualité de mammifère terrestre, le plus grand cervidé du monde passe pour-
tant le plus clair de son temps à proximité de l’eau voire immergé.Au cœur de l’été, et jusqu’aux premiers froids qui ont raison de ses tourmenteurs, il y trouve un refuge contre les myriades de moustiques et autres taons et moucherons qui lui laissent peu de répit.Mais il s’y plonge aussi matin et soir afin d’y récolter les plantes aquatiques qui tapissent le lit des cours d’eau et des lacs.Excellent nageur,il n’hésite pas à franchir un bras de rivière,même dans le courant le plus agressif.Haut sur pattes, l’élan est capable enfin de se déplacer avec rapidité et une surprenante aisance sur la toundra.Nous ne tarderons pas à nous y éreinter dans des progressions que la nature chaotique d’un sol parsemé de millions de mottes instables,et souvent gorgées d’eau, entre deux torsions de cheville ou de rotule, rend harassante. Ainsi donc la chasse du moose se conduit-elle pour l’essentiel le long des cours d’eau, à proximité des lacs. Pour l’heure après une courte navigation sur la Mulchatna,notre embarcation s’engage dans l’un des multiples affluentsdecelle-ci.Celuiquenousavonschoisin’aquequelques mètres de largeur. Nous naviguons à vitesse réduite. Le moteur de notre embarcation est à peine audible et parfois seul le léger clapot de l’eau sur la coque métallique résonne dans le petit matin brumeux.L’heure est propice à une soudaine rencontre au détour de l’un des nombreux méandres de la rivière. Tous nos sens sont en alerte.Tendu,nous guettons le spectacle de l’un de ces géants immergé à mi-corps dans l’eau glaciale, lancé dans une apnée qui peut le maintenir la tête sous l’eau
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jusqu’à une minute, occupé à brouter les longues TRAVIS NE SE SÉPARE kilomètres et face auxquelles nous nous abîmons dans de longs “jumelages”. Mais la forêt, dense, herbes que nous croisons maintenant ici et là, onJAMAIS DU VIEUX sombre, omniprésente abrite le plus souvent nos dulant lentement dans le courant. BOIS D’ÉLAN DONT recherches. De place en place nous accostons une rive saIL FROTTE SOUVENT blonneuseouencorerecouvertedelourdsetsombres LES BRANCHES ET LES Si elle nous met pour un temps à l’abri des averses qui se succèdent parfois certains jours,la forêt nous galets.Lesolaffichesouventlamarqued’empreintes TRONCS D’ARBRES expose à un autre cuisant désagrément. Les mousprofondes que nous ne tardons pas à identifier.De AFIN D’IMITER LA tiques ne tourmentent pas que les élans… À peine tailles diverses, elles trahissent le passage au fil des PROGRESSION D’UN joursdesgrandscervidés,mâlesoufemelles,enquête ÉLAN ET PROVOQUER notre bateau est-il amarré que les insatiables et de nourriture ou… à la poursuite d’un partenaire. LA VENUE, VOIRE LA vampiriques diptères se ruent sur nous.Sans les filets et les gants dont nous sommes équipés, notre Car le rut, période de prédilection s’il en est pour CHARGE DU VRAI… chasse tournerait vite au cauchemar… Pourtant il la chasse de l’élan comme pour celle de tout cervidé, est maintenant bien installé. Les mâles, de mœurs natu- n’est de protection parfaite, et le soir nous voit souvent occurellement solitaires et relativement sédentaires, sont alors ca- per à comptabiliser les piqûres.Progressant sur la terre ferme, ou nous laissant porter par le courant,nos guides improvisent pables de couvrir de grandes distances en quête de femelles. Les traces d’élan ne sont pas les seuls que la grève sablon- souvent d’étonnantes imitations de l’appel des mâles. Lancé neuse offre à notre curiosité. Nombreuses et de tailles variées les deux mains en porte-voix,portant à des centaines de mètres, elles aussi, larges souvent comme deux mains d’homme ou voire à plusieurs kilomètres si l’environnement le permet, plusencore,d’innombrablesempreintesd’oursjalonnentlebord l’appel de l’élan aux tonalités nasillardes surprend de la part des bancs de sable ou les berges de la rivière. Elles sont ac- d’un tel colossal animal. Mais le subterfuge porte souvent ses compagnées le plus souvent de carcasses de saumon dont le fruits.Abusés,des mâles répondent et une sorte de“dialogue” degré de fraîcheur est une aide précieuse au datage des traces s’instaure parfois dont le but est de convaincre le vrai moose que le faux moose est un vrai moose… et qu’il convient que le et à la fréquentation de la place. En dépit du caractère “aquatique” de la chasse de l’élan, premiervienneadministrerausecondlaracléequ’ilméritepour nous n’en délaissons pas moins souvent pour autant notre d’excellentes raisons qui se déclinent du viol de territoire à embarcation. Et c’est heureux. Si la “fraîcheur” d’une trace le l’accaparement de femelles. Insensiblement, le vrai élan s’apjustifie, nous nous enfonçons à la suite de notre guide dans proche. Nous nous portons parfois à sa rencontre. Mais nos l’épaisse végétation qui masque souvent à notre vue, passé le efforts restent vains.Au fil des jours,notre quête nous conduit rideau d’arbres,des steppes immenses où le regard porte à des aux confins de la zone de chasse que Michel Biéri exploite
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La Dernière Frontière avec l’autorisation de la communauté esquimaude.Le biotope varie souvent d’une zone à l’autre, et nous passons parfois en deux heures de navigation d’un territoire intensément boisé à une région de collines presque dépourvues de végétation. Nous nous installons au sommet de celles-ci,subjugués par le spectacle de ces forêts, de ces plaines et de ces fleuves qui s’offre alors à nous,à perte de vue,paysages immémoriaux,inchangés depuis la nuit des temps. Mais c’est un autre subterfuge qui aura raison de l’élan géant… Travis, l’un de nos guides, ne se sépare jamais d’un vieux bois d’élan.Souvent à la faveur d’un accostage,au cours de nos incursions en forêt, il s’écarte de notre petit groupe et disparaît dans la végétation dense qui nous entoure. Bientôt, confondant de réalisme,il nous semble entendre le bruit d’un élan progressant dans le sous-bois et celui de sa ramure heurtant les basses branches et les troncs d’arbres. Ce n’est autre que Travis qui s’emploie à frotter les branches et les troncs qui l’entourent au moyen du bois d’élan qui ne le quitte pas.L’illusion est parfaite ! Une fin d’après-midi où le jour déjà décline, nous nous lançons sur la trace d’un grand moose dont le pied s’enfonce profondément dans la tourbe humide. Notre traque nous entraîne loin dans la forêt, mais après deux heures d’une course haletante,alors que nous parvenons à nouveau sur les rives de la Mulchatna,la nuit nous contraint d’abandonner.Avant même que nous ayons atteint le camp après une courte navigation,Travis a décidé de la tactique du lendemain ; avant que le jour ne se lève nous reprendrons la chasse à l’endroit même où nous l’avons laissée. Le jour d’après, la nuit est encore installée lorsque nous accostons. Nous avons dépassé de plusieurs centaines de mètres l’endroit où la veille au soir nous avons renoncé. Nous sommes occupés à attacher notre embarcation aux branches d’unaulnelorsquenoustressaillonsd’unseulmouvement.Dans les fourrés,à quelques dizaines de mètres à peine,nous venons d’entendre le bruit si caractéristique que nous avons appris à reconnaître des bois d’élan heurtant les branches et les troncs. Travis nous intime le silence.L’instant d’après,il nous entraîne à sa suite. Nous fonçons dans le petit jour vers la lisière d’où s’élève le bruit si caractéristique, inconscient de cet incroyable hasard qui nous a fait accoster au milieu de tant d’immensité à l’endroit même où l’élan que nous traquons depuis
la veille s’est rembuché. À nouveau nous nous immobilisons. Notre guide s’empare du bois qui ne le quitte pas et alors que, danslelointain,résonneànouveaulechocdelaramuredumoose contre les branches,Travis reproduit les mêmes raclements,les mêmeschocs.Lerésultatestimmédiat,etsaisissant!Enquelques instants l’élan est sur nous. Rendu furieux par la présence de ce qu’il prend pour un intrus,un concurrent,l’énorme animal fonce à travers la végétation. Le vacarme est impressionnant. Maisnousnevoyonstoujoursrien,etnotrechasseurnesaitdans quelle direction orienter son tir.Tout cela a duré moins de dix minutes ! Et soudain l’élan est là.Sa masse sombre émerge de la végétation à quelques dizaines de mètres à peine de l’endroit où nous avons pris pied sur la berge. L’animal est puissant,son trophée formidable nous domine… Le coup de carabineclaqueenfin…lentementl’élangéantbasculedanslenéant, plus froid, plus profond, plus noir que les eaux de la Multchana qui coule derrière nous, immuable. ◆ Nous remercions Augustin Motte de l’agence Orchape sans qui ce reportage n’aurait pu avoir lieu. 2 bis et 4,rue d’Armaillé,Paris XVIIe.Tél. :01.40.55.40.40 Sur Internet :www.orchape.com
LE BIOTOPE EST VARIÉ,ET NOTRE QUÊTE NOUS CONDUIT PARFOIS AU SOMMET DE COLLINES DÉNUDÉES.
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Vols au-dessus des salines Reportage AndrĂŠ Laudra
Découverte ◆
P
LAQUE TOURNANTE DE LA MIGRATION,
PATRICK ARNIHAC
CAMARGUE RESTE POUR TOUT SAUVAGINIER UN RÊVE INASSOUVI. OU QUAND L’INCOMMENSURABLE REJOINT L’INDOMPTABLE. LA
◆ P
our le voyageur, la traversée de La Crau reste une énigme, sans doute parce que nous sommes plongés dans un autre monde, celui d’un désert andaloubienloindelaProvence.Quepenser d’autre,en effet,lorsqu’on parcourt cette immensité plate, sorte de steppe aride, parsemée de petit tas de pierres polies et repolies ? En ce début d’automne, la chaleur y est encore étouffante,qu’un vent perpétuel, épuisant, n’arrive même pas à tiédir.Cette chaleur,cette saison à l’envers, ne présage rien de bon pour « làbas », plus à l’ouest.“Là-bas” ? Ce sont les « portes de l’Enfer ». Comme pour conjurer le mauvais sort ou pour éviter la vengeance des dieux, c’est par ces termes inquiétants que le poète Hésiode avait désigné la Camargue,au VIe siècle avant Jésus-Christ. Ou plus simplementparcequecepayssansfrontière, presque impalpable,né d’un immuable combat entre le solide et le liquide,nepouvaitêtrecontenu.Unetelle porte béante donnant sur la Gaule,ouverte à toutes les migrations et les invasions n’avait alors certainement rien derassurant.Quiplusest,hélas–ouheureusement pour le chasseur–,lesdeltas et leurs eaux saumâtres ont toujours en-
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PHOTOS : ANDRÉ LAUDRA
Vols au-dessus des salines
gendré la peur, qui ne venait pas de quelques maléfices mystérieux, mais d’un mal terrible,le paludisme. L’incommensurable,deseauxtroubles dans tous les sens du terme, voilà quinepeutqu’exciterlacuriosité,même chez les plus blasés, de tout sauvaginier. Comme le lac de Grand-Lieu, les marais de Carentan, les étangs de la Brière,la Camargue est un rêve jamais inassouvi. Même perclus de rhumatismes, usé par les misères de l’âge,tout sauvaginier trouvera la force d’y aller, si possible quand le vent et la pluie rivalisent de violence.Votre serviteur en saitquelquechose,luiqui,chasseurd’altitude, avait une certaine interrogation pour cette confrérie que l’on appelle les sauvaginiers.Tirer des canards, des sarcelles ne pouvait être qu’une chasse d’arrière-saison, pour combler les buissons creux… C’était bien unefiertédeProven-
çal jusqu’à ce je découvre la Camargue, il y a maintenant presque dix ans.Il est des rencontres qui vous marquent à vie,celle-là l’a été sans discussion possible,tantilestvraiqu’ilyalaCamargue et le reste. Et cela n’a rien d’une posture de bobo branché… Quelchasseurpeutresterdemarbre quand il entre dans ce qu’on appelle la GrandeCamargue,c’est-à-direaucœur mêmedudelta ?C’estungoûtd’Afrique qui s’empare du paysage,mais un mauvais goût,celui d’un tourisme de masse. Nous croisons de multiples panneaux marquant notre entrée dans le parc naturel régional, puis d’autres indiquant l’immense réserve de la biosphère de laTour duValat,lieu de ralliement d’ornithologuesdumondeentier.Nousdoublonsplusieursconvoisde4x4LandRover chargés de touristes armés de téléobjectifs,comme s’ils parcouraient une réserve au Kenya ou en Tanzanie. Certainement à la recherche de l’emblématique flamant rose, les véhicules
TERRE CAMARGUAISE
roulentlentementafindelaisser le temps aux occupants de AU PLUS FORT DE prendre leurs plus beaux cliLA MIGRATION, PLUS DE chés. Ils pourront dire dans 400 ESPÈCES D’OISEAUX quelques heures qu’ils auront SONT PRÉSENTES, ENTRE “fait”la Camargue, mot hor80 000 ET 120 000 rible, mot terrible, symbole CANARDS EN HIVERNAGE, de notre société sans efforts, où tout n’est qu’instantanés, 150 000 LES ANNÉES EXCEPTIONNELLES. clichés… Quelle infinie tristesse ! Car comment peut-on PAGE DE GAUCHE, DES “TOROS”, connaîtreunpays,sansmettre UN AUTRE PATRIMOINE pied à terre ? Sans enfiler des DE LA CAMARGUE. bottesets’engagerdanslemarais et les roselières ? Les kilomètres passent et les vitres ouvertes laissentpasserdeseffluvesdevase,desel,d’iode.Hélas,malgré tous nos efforts, nous ne verrons pas un lapin. Ils ont disparu du paysage camarguais depuis 1952, annéedel’arrivéeduvirusdelamyxomatose.Enquelques semaines,aidés en cela par la présence des moustiques, vecteur de propagation du virus, des milliers et des milliersdelapinsontétéanéantis.Deschasseurssesouviennentencoredel’odeurdecharognequiaflottédans l’air pendant des semaines.Tristement,d’une certaine manière, les sangliers ont supplanté les lapins. Heureusement, il reste envers et contre tout le gibier d’eau. Del’avisdesCamarguais,misàpartquelqueschasseurs qui ne chassent que la bête noire,tous les autres ont le feu sacré pour le gibier d’eau.Mais pourrait-il en être autrement ? Par sa situation géographique entre les pays nordiques et le continent africain,la Camargue reste une plaque tournante de la migration. Les chiffres donnent le vertige : 400 espèces d’oiseaux présentes,entre 80 000 et 120 000 canards en hivernage, 150 000 les années exceptionnelles… On comprend mieux pourquoi des chasseurs en parlent les yeux brillants,souvenirsdepasséesmémorables,dansdescieuxquidéploient ses plus belles lumières. >>
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Vols au-dessus des salines
tation défaillant. Après quelques demitours et quelques jurons,la propriété est en vue, une véritable carte postale, avec ce mas d’un blanc immaculé, recouvert de chaux, et ces labradors qui vous accueillent poliment mais fermement. Par discrétion,nous tairons le lieu exact et le nom. Car les beaux territoires sont jalousés,convoitéspresqueàn’importequel prix.Et comme le nôtre s’étend sur plusieurs centaines d’hectares… Noshôtes,devenusdefidèlesamisau fil des années,ont cette élégance des gens qui n’ont plus rien à prouver : pas d’esbroufe, juste le plaisir de bien recevoir. Très vite,autour d’un verre,la sempiternellequestiontombe :“Lescanardssont-
PHOTOS : PATRICK ARNIHAC
Notre chemin s’enfonce plus encore dans les terres avec cette alternance de marais, de cultures, de roselières avec une salinité croissante quand on descend vers la mer, mais aussi de grands étangs saumâtres (les besses), des landes salées (les célèbres sansouires), humides l’hiver, desséchées l’été, des lagunes et des salins.On sent –et c’est une réalité– que tout cela est savamment entretenu. « C’est bien simple,nous avait dit Tonio, camarguais depuis toujours, si l’homme n’intervenait pas en Camargue,il n’y aurait plus de Camargue,tout serait presque à sec,il n’y aurait plus de biodiversité,plus d’oiseaux,plus de canards.» De plus, et le fait mérite d’être noté,ces efforts d’aménagements concernent aussi bien les chasses privées que communales, qui se se partagent à peu près à égalité la Camargue cynégétique. Au loin, un gardian à cheval semble surveiller sa manade. Comme tout est –désespérément– plat (aucun point du delta ne dépasse 4,5 mètres au-dessus du niveau de la mer), il est bien difficile de repérer la propriété, surtout avec un GPS récalcitrant, et un sens de l’orien-
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Jours de C HASSE ◆
HIVER 2011
ils là ?”Rien qu’au ton de sa voix,l’optimisme n’est pas de rigueur :« Une ouvertureexceptionnelle,etaprèspasgrand-chose. Les oiseaux vont,viennent mais ne restent pas.» Pourtant, le territoire de 500 hectares est peu chassé, pas plus de deux fois par semaine. Pas le temps de gloser, car il est déjà l’heure de partir. Il est 17 heures,nous marchons désormais en direction du poste qui m’a été attribué pour cette passée au canard. Le soleil couchant rougit les nuages et le paysage baigne dans une lumière dorée. Croyant le vieux dicton “Rouge le soir laisse bonne espoir”,nous sommes donc plein d’espoir.Le vent est annoncé,signe que les canards vont peut-être venir. Nous arrivons à une clôture,et nous nous engageons sur une pâture, en direction de mon agachon. En provençal, cela désigne un poste,un affût construit de mains d’homme.Au détour d’un immense roncier qui me cache la visibilité, nous tombons sur un troupeau de toros, autre patrimoine de la Camargue. Par chance, il ne s’agit certainement que de vachettes,quisemblentduresteassezpaisibles mais la prudence me fait rebrousser chemin, car je n’ai aucune envie de jouer avec la mort cet après-midi. Suivantdésormaislaclôture,jepasseuneroubine et arrive sur une queue d’étang.Les joncs et les roseaux alentours semblent bien accueillants, nous décidons donc de nous y installer, car le jour baisse et nous n’avons plus le temps de retrouver notre poste. Le delta ne peut laisser indifférent. Sur cet échiquier immense de plus de 76 000 hectares,le soleil semble aimer se perdre dans d’irraisonnées nuances de couleurs.Rien à faire :la Camargue reste un cadre d’une sauvagerie et d’une brutalité extrêmes, mais aussi l’un des plus poétiques que l’on puisse rêver, une nature d’où l’on revient épuisé, mais déçu,
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jamais. Peu à peu, le profane comprend ce que veut dire un territoire aménagé,car ce qui est essentiel,c’est le niveau d’eau afin que les canards puissent toujours de quoi trouver le gîte et le couvert. Cela suppose tout un système de digues, d’irrigation, donc de pompes pour abaisser ou maintenir le niveau ; cela suppose encore de couper les roselières si envahissantes, et de piéger force ragondins pour limiter les trous béants dans les digues. Bref quelle que soit la taille du territoire,cela représente une dépense entre 10 000 à 15 000 euros par an, en gas oil, en électricité et en main-d’œuvre. Ces efforts, les sociétés communales les font avec la même constance (une d’entre elles a procédé cette année à l’assèchement de 720 hectares de marais pour reminéraliser le fonds, car avec le temps, toute la biodiversité s’était appauvrie, donc était bien moins attrayante pour les migrateurs). Pourl’heure,toutestcalme,immobile,seulesquelques foulques paisibles barbotent à distance respectable. Les acteurs se mettent en place. Quelques moustiques tentent bien de me décourager, mais après un usage intensif de spray à la citronnelle, je parviens à gagner une quiétude précaire. La migration reste un mystère. C’est, avant toute chose, une sorte d’appel irrésistible qui fait voler d’un pôle à l’autre les nuages de migrateurs.On espèretoujoursdesdatesfatidiques.Noussommesproches de la Toussaint :des milliers de canards doivent arriver… On attend toujours quelque miracle. L’obscurité gagne, au travers des arbres qui nous entourent,on ne distingue presque plus rien. Quelques canards passent enfin, sans doute des sarcelles.Difficile d’ajuster le moindre tir dans ces conditions. Les oiseaux bougent trop tard ce soir et la nuit nous oblige à rentrer. Ils nous ont mystifiés une fois encore. >>
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Vols au-dessus des salines
LA MAIN DE L’HOMME
ENVOL DE COLVERTS. CI-DESSOUS, À LA FIN DE LA PASSÉE. PAGE DE DROITE, SARCELLE D’HIVER. CE QUI EST ESSENTIEL EN CAMARGUE, C’EST LE CONTRÔLE DU NIVEAU D’EAU AFIN QUE LES CANARDS PUISSENT TOUJOURS TROUVER LE GÎTE ET LE COUVERT.
Sur le chemin du retour, nous percevons déjà, et à plusieurs centaines de mètres, l’odeur du feu de bois qui s’échappe de la cheminée du mas. Un dîner de tartes et de pissaladières accompagné de rosé des Sables nous attend pour faire oublier notre buisson creux. Point de canard à table ce soir, mais ils sont présents dans toutes les discussions. Certains évoquent la lune trop pleine,d’autre le vent,ou encore la température trop clémente pour la saison… La pression de chasse n’est pas en cause, car,explique notre hôte,« contrairement à
ce que l’on pourrait croire,c’est l’une des provinces de France les moins chassées.Les privés se limitent,et les communales,si elles sont plus libres,n’arrivent pas à tirer beaucoup d’oiseaux,car ils sont d’une méfiance redoutable ». Au fil des conversations, il semble qu’il y ait la conjonction de plusieurs facteurs.À la fois climatiques : les hivers sont un peu moins froids,un peu moins venteux, un peu moins de mistral violent qui poussent moins les oiseaux à faire une halte en Camargue.Et physiologiques : le comportement des oiseaux change aussi. En principe, ils arrivent par l’est et par les étangs de Berre et de Fos. Mais aujourd’hui, avec des zones sèches, ils passent et s’arrêtent moins. « Cela ne veut toutefois pas dire que les populations sont en baisse,elles sont moins en
Camargue,c’esttout.Lecanard,commetous les oiseaux sauvages,s’adaptent à l’environnement»,poursuit-il.Quoiqu’ilensoit, avec le gibier d’eau, il faut avoir la foi chevillée au corps. Il est 4 heures du matin, quand, réveillé par le claquement des volets de ma chambre,je constate que le vent tant attenduestarrivé.Ilestenfinlà,etenforce. En ouvrant la fenêtre,c’est un air glacial qui envahit la pièce. Mon ami vient me chercher dans moins de deux heures, il est maintenant vain de tenter de s’endormir. Onestsaisiparlefroidhumide.Nous ne sommes plus dans la Camargue des touristesenmaldesensationsfortes,mais danscelledeséleveursdetorosetdeschasseurs. Le faible éclairage des phares dévoile par intermittence les joncs et les tamaris bordant la piste, tandis que la vieille fourgonnette grince,cahute et slalome entre les ornières. Empruntant un chemin à peine dessinée, nous traversons quelques sansouires. Ces lieux, ni tout à fait terre ni tout à fait mer, où, du fait d’une salinité trop importante, rien ne pousse hormis quelques plantes halophiles comme la salicorne, semblent bien peut engageants.Coincésentreun labrador plutôt affectif et d’énormes sacs de jute remplisdesdizaines de formes qui
deviendront dans quelques minutes des traîtres involontaires, nous sortons peu àpeudelatorpeur.Ladouce odeur de vase et de chien mouillé régnant dans l’habitacle, nous aide,il est vrai, dans cette tâche.Le moteur se tait. Nous passons alors àuneimpressiond’infini.Le jour est encore loin, pourtantmalgrél’obscurité,nous sentons l’eau partout. Le mistral chasse le moindre nuage, et les étoiles scintillantes se jouent des lointaines lueurs de l’antique citée d’Arles.On est loin de tout, et si près de ce qui vit. À quelques mètres, sur le bord de ce qui semble être un étang,se trouve un négochin. Nous mettons nos affaires dans cette petite barque à fond plat,et la tractant à l’aide de la corde de sa proue, nous nous engageons sur le miroir scintillant. Malgré la faible profondeur d’eau et des cuissardes pourtant de hauteur respectable, j’avoue avoir quelques inquiétudes quant à la stabilité du terrain. En progressant encore, on se dit qu’un trou serait bien facilement camouflé sous la surface de l’eau et qu’on aurait alors bienvitefaitd’yrestercoincé.Espérerdel’aide seraitalorsutopique.Lanuit,l’eau, la vase, rien n’est rassurant. >>
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Le labrador,qui,comme son maître, semble plutôtàl’aiseenceslieux,marche devant. À ma surprise, l’effort est violent. Devoir à chaque pas retirer son pied d’unevaseamoureuseestunexerciceque je conseillerai bien volontiers aux amateursenmaldemusculation.Cettemarche en aveugle prend fin sur une sorte d’îlot. Nous tirons à terre notre embarcation en prenant soin de la dissimiler à l’aide de branchages. Vient la mise en place des appelants.Les blettes sont disposées sur la surface : les oiseaux doivent être dirigés vers la lumière,vers le lever ou le coucher du soleil.Ils se mettent ensuite, automatiquement,le bec au vent. Par chance un fort mistral,se charge d’éloigner les moustiques. Si les midges sontlaplaiedel’Écosse,cespetitsinsectes volants sont,à n’en pas douter,celle de la Camargue. Une lueur éclaire désormais l’horizon.Delaterre,nousnedistinguons rien hormis une ligne sans relief,presque désespérément plate. Devant moi, en ombres chinoises, mes appelants dansent sur le clapotis de l’eau. Ils ont l’air presque vivant. Au loin, comme un bout de ciel tombé sur terre, l’immense étang recouvert d’argent scintille encore d’une lune mourante. Ce sont des moments somptueuxcarriennevientencoretroubler le calme de la nuit.Le soleil tant attendupréparesonentrée.Aveclalumière grandissante, l’atmosphère devient de plus en plus bruyante.Le vieil agachon, qui me servira de poste pour cette matinée,estsupportéparde robustestamaristaillés.
PHOTOS : PRISMA BILDAGENTUR AG/ALAMY - ANDRÉ LAUDRA - PATRICK ARNIHAC
Vols au-dessus des salines
Le grillage,qui en fait le tour,est constituédediversesplanteslocales.Jepeuxdésormais apprécier ma position.Sur mon radeauvégétal,perduaumilieud’uneimmense lagune,je trône tel un sémaphore. Le théâtre est grandiose. C’est le plus bel instant de la passée.Au loin, les premiers vols font leur apparition.Nous les distinguons à peine, et sommes bien incapablesdediredequelsoiseauxils’agit. Au-dessus de moi passent des flamants roses,desspatules,descourlis.Unnombre d’espèces impressionnant semble s’être donné rendez-vous en ces lieux.La sensation d’être un hôte privilégié au cœur d’une nature intacte et sauvage,m’envahit.Unbien-êtretotal.Pourrienaumonde je souhaiterai alors être ailleurs. Toutàcoup,leballetgracieuxdessarcelles peut commencer. Venantdetoutesparts, ellessontbienlà. Malgré une
LE MYSTÈRE DES MIGRATIONS
VOL D’OIES, CI-DESSUS, MILOUIN ET TABLEAU NOUS NE VERRONS PAS, COMME IL Y A QUELQUES SAISONS, S’ABATTRE BRUTALEMENT PLUS DE 100 SARCELLES : UN SPECTACLE SI BEAU, SI INTENSE QUE NOUS N’AVIONS PAS VOULU TIRER.
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Jours de C HASSE ◆
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attentiondechaqueinstant,onsefaitsurprendre. Certainement pour cause de contemplation excessive d’un paysage si beau.C’est bien souvent le labrador qui, par son changement de comportement, nousindiquelesoiseaux.Cesdiaboliques sarcelles sont capables de prouesses aériennes stupéfiantes.Quelquefois au ras de l’eau, d’autres, à des hauteurs incroyables, elles virevoltent en formations groupées,sejouantdumistral.Jeparviens à décrocher quelques pièces, que mon compagnoncanin,malgréuneeauglaciale, s’empresse d’aller chercher, son rapport parfait ajoutant à labeautédelascène. Nous ne ver-
rons pas,comme il y a quelques saisons, s’abattre brutalement plus de 100 sarcelles : un spectacle si beau, si intense que nous n’avions pas voulu tirer… Parfois quelques souchets s’invitent au sein des vols desarcelles.Descolvertspar petitsgroupesmefontl’honneur de leur présence.Chaque prise est une victoire danscesconditions.Unefois en mains,il est bien difficile de ne pas contempler leurs plumages,d’admirerlesnuances de chaque couleur.Et que dire des milouins, qui, comme des kamikazes, foncent droit sur nous. Nous n’avons observé que de petits vols, pas comme cet hiver où un chasseur avait vu 800 milouins descendre sur son poste, en une vingtaine de minutes.La gestion draconienne des chasses privées camarguaise y est peut-être pour beaucoup dans le nombre d’oiseaux présents sur un secteur.Les canards détestent le dérangement, aussi de longues périodes de quiétude sont instaurées. Les moments de calme où plus un oiseau n’est en vue,succèdent au moment d’activités intenses.La matinée passe bien trop vite. Le soleil est maintenant haut dans le ciel et les vols se font de plus en plus rares.Nous décidons de rester postés quelques heures de plus.Tirer des canards n’est pas une fin en soi, et le décor mérite bien cela. La chaleur du soleil aidant, l’endormissement n’est pas loin quand le bruissement de voliers de sarcelles nous réveille dans un sursaut. Il est 15 heures, nous nous résignons à prendre le chemin du retour, avec les quelques canards, mon fusil, le labrador,et la barque,j’ai presque l’impression de faire partie d’une œuvre de l’illustrateur américain Norman Rockwell.Lamigrationsaitheureusementgarderquelques mystères. Où vont tous ces canards ? Certainement vers les immenses réserves camarguaises,servant de zones de refuges et de gagnages à toute la faune. Je me retourne une dernière fois vers l’étang. Il y a déjà des souvenirs et de la nostalgie. Souvenirs qui resterontgravésàjamais,etnostalgied’avoirfouléunmonde fragile, qu’il faut défendre à tout prix et qui s’appelle le sauvetage d’une zone humide.Si ce n’est pas le cas,alors nous ne pourrons faire nôtre,la jolie phrase de Vialar sur les canards et de leurs habitats :« Ces lieux où ils ne font que passer ou bien s’arrêtent sans qu’on sache jamais s’ils seront encorelelendemainetoùnouslesavons regardésvivre,aimeroumourir,avec cette rude tendresse pour eux que nous ne saurions feindre ». ◆
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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n
par Olivier Morel d’Arleux
Te r r i t o i r e
Pays castrais, pays des lièvres PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - ERNIE JANES/ALAMY
◆ Au sud d’Albi, sur 19 000 hectares, les dirigeants du GIC (groupement d’intérêt cynégétique) du pays castrais ont réussi, en vingt ans, à reconstituer une population de lièvres digne de ce nom. Au prix d’une discipline de fer et d’aménagements constants.
Il est des pays où le lièvre a dépassé depuis longtemps le statut de gibier pour celui de religion. Parler de capucin au sud de la Loire,avouer humblement que l’on en “sait”un,qu’on l’a même vu par corps, les conversations s’arrêtent et les yeux brillent. Leschienscourantssontprêts à être découplés, et les meilleurs postes sont déjà occupés. Comme toujours – ou plutôt comme souvent, cette fièvre entraîne de la jalousie et une indiscipline certaine, comme si le lièvre les rendait tous un peu fous. Mais que diraient ces chasseurs s’ils se 116
LIÈVRE COMMUN FAISANT SA TOILETTE. MICHEL VEAUTE, PRÉSIDENT DU GIC, ENTOURÉ DE SES ARIÉGEOIS ET DE SON PORCELAINE.
PLUS 900 LIÈVRES ONT ÉTÉ TIRÉS LORS DE LA DERNIÈRE SAISON. DE
rendaient au sud d’Albi, sur leGICdupayscastrais ?Ilsen perdraientsûrementunpeula raison, tant il est vrai que le lièvre est revenu en force.Les chiffres sont plus éloquents qu’une longue démonstration : sur les 19 000 hectares que compte ce GIC, plus de 900 lièvres ont été tirés lors de la dernière saison, contre
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quasiment rien, vingt-deux ansplustôt.Etl’oncomprend mieux pourquoi ce territoire a reçu cette année les HonneursLaurent-Perrier-Groupamapourl’exemplaritédesa gestion. Là encore, ce résultat ne doitrienàunquelconquemiracle,mais au travail acharné de ce GIC, présidé par Michel Veaute.Avec son accent rocailleux, et la moustache avenante, l’homme est intarissable sur le sujet, et d’autant plus fier qu’il sait, avec toutesonéquipe,d’oùilssont partis. « De bas, de très, très bas », se souvient-il.
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C’était à la fin des années 1980.«Nousnoussommestrouvésconfrontésàunvéritabledésertcynégétique :plusdelièvres, plus de perdrix rouges, juste quelques malheureux gibiers de tir.Pour toujours les mêmes raisons : une trop grande pression de chasse (“tant qu’il y en a, on en tue”),alliée à des modifications culturales et à une absence de piégeage », expliquet-il.Unchiffremontrecetétat de délabrement : un comptageréaliséparlestechniciens delafédérationduTarnselon la technique de l’Ika (indice kilométrique d’abondance qui consiste à rapprocher le
PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - ERNIE JANES/ALAMY
nombre d’animaux vus à celui de la distance parcourue qui suit les routes et les chemins praticables) dénombre àcetteépoque,surl’ensemble de la surface du GIC, 33 lièvres,c’est-à-dire un capucintousles580hectares !Bref, selon les termes mêmes de MichelVeaute,il était proche « de l’extinction ». Pourtenterd’enrayerlephénomène, trois présidents de sociétésdechassecommunale prennentleproblèmedefront et créent le GIC. « Cela n’a pas été sans difficultés,certaines sociétésétanttrèsjalousesdeleurs indépendances », se souviennent-ils. Puis à force de discussions, ils parviendront à leurs fins,leur expliquant que le principe même du groupement–unegestioncommune mais chacun chasse chez soi– estassezsouplepournepaseffrayer les candidats. Au bout du compte,le GICregroupeonzecommunes du nord-ouest de la ville de Castres, treize sociétés de chasse, dont uneimmensemajoritéde sociétéscommunales(les propriétaires privés représentantunpeumoins de 1 200hectares). L’objectif ? « Reconstituer un cheptel de lièvres digne de ce nom. » Tout s’y prête,en effet,à commencer par le biotope, idéal pour le capucin : cepaysdebocage,avecunealternance de blé, de colza et de tournesol, de petits bois (18%delasurface),delandes, defrichesdansunpaysagevallonné. Seul bémol : une partie des terres est imbriquée dans les faubourgs de la ville de Castres ; or,avec son maillage de voies de communica-
UNE VUE DU TERRITOIRE, UN PAYS DE BOCAGE, AVEC UNE ALTERNANCE DE CHAMPS DE BLÉ, DE COLZA,
DE TOURNESOL, DE PETITS BOIS,
DE LANDES ET DE FRICHES, UN BIOTOPE IDÉAL POUR LES CAPUCINS.
tion, chaque route constitue pour le lièvre un danger permanent. Leur première décision fut de«retarderl’ouverturedulièvre au début d’octobre, soit deux semaines après la date de l’ouverture générale afin d’épargner les hases encore allaitantes àcetteépoqueetleurslevrauts».
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On sait en effet que la hase porte 42 jours et fait par an 4 portées de 2 à 3 petits entre février et septembre.Les petitstrèsviteindépendantsrestenttoutefoistrèsvulnérables à la prédation. La limitation desprédateurss’estdoncavérée une tâche essentielle. Le GIC s’est ainsi doté d’une
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équipede23piégeursagréés. Chaque saison, grâce entre autres à 35 cages à renard et à 23 volières-pièges pour les corvidés, près de 300 prises sont effectuées en moyenne, dont plus de 200 becs droits (corneillesetpies),etunequarantaine de renards. Quant à la reconstitution proprement dite des populations de lièvres, le GIC a d’abordcommencéparpoursuivre une politique menée depuisdesannéesauparavant quiconsistaitàlâcherchaque saison des reproducteurs au
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Sur le terrain PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - INSADCO PHOTOGRAPHY/ALAMY
Sur le terrain
printemps repris en France ou en Europe centrale,et des levrauts (chaque animal était muni d’une bague phosphorescente pour être identifié lorsdescomptagesnocturnes effectuésparlesservicestechniques de la fédération). Au total,de1989à1995,1 040lièvres ont été lâchés, dont 698 reproducteurs et 342 levrauts. Seul problème etdetaille :trèsrapidement, les dirigeants du GIC serendentcompte que ces repeuplements de lièvres provenantdel’extérieur du territoire et achetés à prix d’or (le prix de revient de ce type de lièvre avoisinait 1 000 euros !) se sont avérés inefficaces. En effet, le résultat des comptages fait apparaître très peu de survivants après quelques semainesdeliberté.Onenretrouve seulement entre 6 % (reproducteurs) et 12 % (levrauts) au niveau des tableaux. Beaucoup succom-
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bent au stress provoqué par leur captivité, si courte soitelle. Décision est donc prise en 1995 de stopper tout repeuplement en lièvres, de favoriser le cheptel du territoire, et de généraliser avec la fédérationleplandechasselièvrequi détermine précisément l’au-
torisation de prélèvement maximum pour chaque société de chasse en fonction du résultat des comptages. Concrètement, la réussite de ce plan était conditionnée par la mise en œuvre d’une véritable politique d’aménagement.«Cefutd’abordundialogue permanent entre propriétaires et agriculteurs,chasseurs
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UNE DES 35 CAGES
POUR PIÉGER LES RENARDS. 23 PIÉGEURS AGRÉÉS OFFICIENT SUR L’ENSEMBLE DU GIC. CI-DESSOUS, PERDRIX ROUGES. LE TERRITOIRE ABRITE ENTRE 5 ET 8 COUPLES AUX CENT HECTARES.
ounonchasseurs,pouraideraux améliorations possibles du biotope,par exemple,pour la préservation des bandes enherbées déjà existantes,les bords de chemin,les talus et toutes les bordures obligatoires le long des coursd’eau»,expliqueMichel Veaute. Une fois encore, cela démontre qu’une des clés du retour durable du petit gibier passe par une entente entre chasseurs et agriculteurs. Peuàpeu,l’implantationde nouvelles haies est décidée là où les surfaces de grande culture ne laissent pas de refuge au petit gibier. Ce sont douzekilomètresdehaiesqui seront replantés au fil des années car, pour les besoins de la culture extensive, trop de haies anciennes ont été supprimées.Dans la plus grande
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partie du territoire, en zone bocagère,cet apport n’est pas nécessaire,lesemblavurescéréalièresnesontpastropétendues, les exploitations n’excédant pas en moyenne 50 à 60 hectares. Mais là encore, la fédération des chasseurs a aidé, ponctuellement, à offrir gîte et couvert au petit gibier ;unmouvementquin’a fait que s’amplifier en raison de la suppression quasi totaledugeld’unepartieduterritoire par la Pac depuis 2008 et de la montée du cours des céréales qui a encouragé l’agriculteur à ensemencer le plus possible des surfaces disponibles. Nesubsistentalorsenfriche que les très mauvais terrains impropres à la culture.Aussi, la fédération a financé à hauteur de 153 euros l’hectare de jachèrefaunesauvage(Jefs)ou le retard au déchaumage de 15 à 200 euros l’hectare selon les surfaces retenues ; quant aux contrats dits de bandes tampon (ensemencées à l’intérieurd’uneculturecéréalière pour augmenter l’effet de lisière, bordures favorables à tout petit gibier),elles ont été subventionnées à hauteur de 30 euros l’hectare.Au total,le GIC dispose entre 30 et 40 hectaresdejachèrefaunesauvageetplus10hectaresdeculture à gibier. Cette politique ne va pas sans une discipline de fer, guèrefaciledansuneprovince où les fortes têtes sont légion. Michel Veaute reconnaît que cela n’a pas été de tout repos,cariln’estguèrefacile«de gérer 560 chasseurs ». La clé de la réussite est à mettre au compted’«uneparfaiteentente avec les présidents des sociétés qui ont été intransigeants sur la
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Sur le terrain Sur le terrain
PHOTOS : IMAGEBROKER/ LAMY - OLIVIER MOREL D’ARLEUX
discipline ».Comme d’exclure des adhérents pour non-respect des quotas. Il est vrai qu’en termes de règlements,rien n’a été laissé auhasard,commel’obligation de marquer chaque animal d’une bague de prélèvement reçu par son groupement, ou de remplir une fiche de renseignementindicatifpour l’âge(adulteoujeune,parpalpation de la partie antérieure de la patte avant), le poids et le sexe aux fins de nourrir les statistiquesdesacommuneou encore d’indiquer toute ano-
malie sur un cadavre trouvé qui sera pris en charge par la fédérationpourdéterminerles causes de la mortalité. Cesobligationsvontdepair avecdescomptagesréalisésen janvierchaqueannée,toujours selon la méthode de l’Ika.Les résultats sont impressionnants. Dès l’instauration du plandechasse,l’Ikaaétémultipliépar10enseulementcinq ans,par 20 en onze ans,et par 30 en dix-huit ans, pour atteindre1,74aujourd’hui(avec un record en 2007 à 2,12).
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Les autorisations de prélèvements–selonleplandechasse départemental – ont suivi cette courbe exponentielle, avec 1 415 bracelets accordés (contre163vingtansplustôt), et 906 animaux tirés (la plupart du temps aux chiens d’arrêtetquelques-unesavec des chiens courants de taille moyenne comme des ariégeois,des griffons ou des porcelaines). Lesuccèsesttelqu’en2009, des… dégâts de lièvres ont été dûment constatés (notamment sur des pousses de tournesol),àtelleenseigneque desclôturesélectriquesontdû être posées. Il n’y a pas péril enlademeurecar,depuiscette date,un tassement des popu-
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DOUZE KILOMÈTRES DE HAIES ONT ÉTÉ IMPLANTÉES LÀ OÙ LES SURFACES DE GRANDES CULTURES N’OFFRENT PAS DE REFUGE AU PETIT GIBIER ET
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AGRAINOIRS ONT ÉTÉ INSTALLÉS.
lations s’est fait sentir. Les raisons ? Seulement des hypothèses. Peut-être est-ce dû à la pression très forte de l’urbanisation dans cette zone proche de Castres, qui a diminué d’autant les surfaces chassables. Ou plus simplement à une régulation naturelle, car « aucune cause de mortalité anormale n’a été signalée » ? Signe de l’évolution des mentalités : face à cette nouvelle situation, plusieurs sociétés de chasse ont décidé
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de ne pas distribuer tous les bracelets pour protéger au maximum le capital. Qu’onnes’ytrompepas :ce plan lièvre fait partie d’une opérationbeaucoupplusvaste puisqu’elle comprend la réimplantation de la perdrix rouge, qui profite des aménagements pour le lièvre.Depuis une quinzaine d’années avec la société de chasse voisinedeLautrec,leGICalancé une opération de grande envergure, avec plus de 1 000 oiseauxlâchésparan(untiers de reproducteurs au printemps, un tiers de repeuplement l’été,le reste en oiseaux de tir), avec, en contrepartie, une gestion draconienne :baguage de tous les oiseaux,installation de 138 agrainoirs, PMA annuel par chasseur, obligation de remplir un carnet de prélèvement, comptages de printemps et d’été, fermeture anticipée au 11 novembre (soit un mois plus tôt que dans le reste du département). Les résultats sont encourageants même s’ils restent encore modestes : les comptages faisant état de 5 à 8 couples aux cent hectares (il faut savoir que les meilleures densités dépassent rarement 15 couples).Et aujourd’hui,une desgrandesfiertésduGICest de dire que plusieurs de ses sociétés de chasse ne procèdent plus à aucun lâcher. La route est tracée et nul doute que cet exemple doit engendrerd’autresvocations cynégétiquesdecegenre. Car il ne faut pas se tromper.Sauver, protéger le petit gibier, c’estjouerl’avenirdelachasse française.C’est une question d’organisation,d’intelligence et de détermination. ◆
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MXT
Du côté des chiens…
Le dressage n’est jamais fini… ◆ Avec un chien d’arrêt –surtout si c’est un jeune sujet –, le dressage ne s’arrête jamais ou plutôt demande un entretien rigoureux pour avoir un compagnon discipliné et complice. C’est une question de qualité de territoire, de gibier et d’exigence vis-à-vis de soi-même.
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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n
Qui n’a vu une fois dans savieunchasseurayantmaille à partir avec son jeune chien d’arrêt ? Sitôt lâché, celui-ci semble avoir oublié toute notion de dressage. À l’appel de son nom, il est atteint de surdité profonde ; aux autres ordres, il paraît être totalement absent. Sans compter qu’il quête d’une manière anarchique. Et quand, par bonheur, il arrête un malheureux gibier – souvent à de grande distance–,il court sur l’aile dès que le faisan ou la perdrix s’est levé,pour une course-poursuitequitientdavantage de la chasse au lévrier qu’à celle avec un chien d’arrêt. Les invectives – puis les injures – de son maître n’y changentrien.Lemalheureux chasseur,meurtri,esthonteux dececomportementdevoyou, lui qui avait répété que son chienavaitétédressé,etqu’enfinilallaitpouvoirchasseravec un compagnon digne de ce nom, c’est-à-dire discipliné. Ce scénario, bien plus fréquent qu’on ne le croie, est enréalitérévélateurd’unétat d’esprit.Quevousayezdressé votre jeune chien – et c’est toutàvotrehonneur–ouque vous l’ayez fait éduquer par d’autres –et cela n’a rien de déshonorant lorsqu’on n’a ni le temps, ni les compétences–, le dressage ne s’arrête jamais, « ou plus exactement l’entretien rigoureux de ce dressage»,commel’expliquait à ses jeunes disciples – le mot n’est pas trop fort lorsqu’on connaissait ce personnage haut en couleur – la regrettée Marie-Thérèse A Goës, éleveuretdresseurdesetters, qui avait repris une grande partie des sujets de William Humphrey. En effet, pour
PHOTOS : TOP-PET-PICS/ALAMY - STEPHAN LEVOYE
par Humbert Rambaud
Setter anglais à l’arrêt. Selon les préceptes du colonel Dommanget, il ne faut emmener son chien à la chasse au bois seulement quand il est parfaitement mis en plaine. Page de gauche, épagneul breton en plein effort. “Quand le chien est dressé, nous demeurons acteur et non spectateur”, précise Max Carli.
avoirnégligéquelquesdétails, notrechasseurdépités’estretrouvé naturellement en situation d’échec. De quoi s’agit-il ? Le jeune setter,le jeune pointer ou encore le jeune épagneul est arrivé à l’âge d’un an. Il a reçu et, en principe assimilé, les règlesfondamentalesdedressage : il a du rappel, il est au down – c’est-à-dire qu’il est capable de se coucher sur ordre et de rester immobile tant que son maître ne lui a pas donné l’ordre de repartir–,il quête croisé,il est sage à l’envol et au coup de feu. Or, la majorité des chasseurs croit avec la foi du charbonnier que tout est fini.En réalité, tout commence vraiment. Paul Caillard, Ernest Bellecroix,le colonel Dommanget ou, plus proche de nous, l’abbé Godard ou Max Carli
Jours de C HASSE ◆
n’ont jamais cessé de s’appesantir sur la rigueur que doit avoir tout conducteur de chien. Dans son très bon ouvrage (J’éduque et je dresse mon chien, Éditions SudOuest), Max Carli rappelle, avec force anecdotes, que « quand le chien est dressé,nous demeurons acteur et non spectateur ». Et de préciser que « si le dressage ne tient pas dans le temps, c’est qu’on a oublié d’exigerduchiencequ’ilconnaît, prisdanslefeudel’action,l’émotion de la chasse ». Onl’auracompris :leterme d’acteur est essentiel car il ne faut jamais oublier qu’un chien dressé est un chien qui obéit « quand nous le souhaitons, non selon son bon vouloir », poursuit-il. En réalité, c’est une affaire d’état d’esprit et d’exigence avec soimême.« Si vous placez la barre haut,vous allez tout faire afin
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quevotre chien réussisse à chasserconvenablement»,affirmait Marie-ThérèseA Goës.Surtoutchezunjeunesujet,plein de fougue et d’entrain, mais qui peut être vite déstabilisé, voiretraumatisési,justement, les conditions idéales ne sont pasréunies.Breftoutdoitêtre fait pour qu’il acquière de la confiance et donc que cela lui permette de progresser et de développer les qualités naturelles. Cela commence par l’environnement.En effet,le terraindechassedevra,dumoins dans les premières sorties, être impérativement de la plaine(carlechienestplusfacile à diriger, parce que visible, qu’au bois où il sera tenté de n’en faire qu’à sa tête),quidevracomporterdes couverts,fautedequoilemalheureux chien ne pourra rien arrêterdansdebonnescondi-
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tions,etsemettraensituation d’échec ;les oiseaux présents sur le territoire devront être parfaitementvolants–dansle cas contraire, votre compagnon serait toujours tenté de le poursuivre pour s’en saisir(cesconditions,peudeterritoires peuvent les remplir, sauf certaines chasses commerciales, et c’est pour cette raisonqu’ilnefautchoisirque lesmeilleures). Enfin,lechasseur devra opérer seul, afin que sa concentration sur son chien soit maximale, et que ce même chien ne soit distrait par rien d’autres. Lachasseavecdeuxoutrois autres chiens est par conséquent à proscrire, car ils se jalouseront,forcerontleursallures. Bref, le dressage est totalement inutile si le chasseur compte chasser en meute. Avec le chien proprement dit,ledegréd’exigencedébute dès l’arrivée sur le terrain. À sasortiedevoiture,ildoitêtre rappeléetmisenlaisse.«Ilfaut qu’il comprenne qu’il est au travail.Il ne faut donc rien laisser
passer à votre chien.Si le dressage a été fait dans les règles,en dix secondes,il sait à quoi s’en tenir », explique un dresseur. En réalité, pour la conduite du chien, il est toujours bon d’observer comment font les grands dresseurs professionnels,notamment dans les field trials,compétitionsnéesàlafin du XIXe siècle au RoyaumeUni, en vue de sélectionner les meilleurs chiens d’arrêt pour la reproduction. Les esprits chagrins rétorquerontquecescompétitions sontfortéloignéesdelachasse (à commencer par le fait que la chasse n’est pas une course devitesse).Enréalité,onpeut répondre que c’est en partie inexact si l’on revient aux sources du field trial, c’està-dire une sélection dans les conditions de la chasse,le reflet de ce que doit être la chasse. Et à cette différence près que vous n’êtes pas limitédansletempsetqu’iln’y a pas de juges pour noter le travail de votre chien, mais que vous êtes seul.
Lapremièreexigenceestde toujours et systématiquement lancer votre compagnon face au vent – dans le cas contraire, il a toutes les chances de“taper”dans le gibier et le faire voler sans avoir pu l’arrêter–, même au prix de marches et contremarches quelquefoislassantes.Immédiatement après le lancer, il faut obliger votre chien à ne pas“piquer”dansleventdroit devant : il faut qu’il quête, comme il l’a appris de manièrerépétéelorsdesondressage, de manière pendulaire, afin qu’il ne laisse pas un pouce de terrain inexploré. Parfois cela ne se passe pas tout à fait comme on le souhaite, et c’est dans ces circonstances qu’il faut agir immédiatement. Car s’il sent la moindre faiblesse,le chien en profitera.Cela arrive avec des sujets au tempérament fort quicherchentenpermanence à tester le degré de vigilance de leur maître (et ce tout au long de leur vie). C’est par exemple le jeune chien qui
va peu à peu sortir de la main. Très vite,il n’a plus de rappel ets’éloignepourchasserpour son propre compte. Et c’est là où le collier électrique est salutaire car il permet de corriger rapidement à distance. Ce genre de mésaventure est arrivé à votre serviteur en Écosse,avec sa petite chienne épagneul breton.Après deux jours sans problème, grisée de grands espaces et d’une belle densité de grouses, elle a voulu n’en faire qu’à sa tête. Je n’avais pas été assez méfiant. Je l’ai arrêtée dans sa funeste quête par un coup de collier électrique. Le lendemain,elleavouluréessayer, mais au premier coup de rappel infructueux, la sanction a été la même. De nouveau le rappel, et là, miracle, elle est revenue tout de suite :après elle a parfaitement chassé aux ordres. Cettepetiteanecdotemontre que l’obéissance n’est jamais acquise. D’ailleurs, avec un sujet un peu tenace,il ne faut pashésiteràlelaisserfaireune
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UN CHIEN DRESSÉ EST CELUI QUI OBÉIT “QUAND NOUS LE SOUHAITONS ET NON SELON SON BON VOULOIR”, PRÉVIENNENT, AVEC RAISON, TOUS LES DRESSEURS. 124
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PHOTOS : TOP-PET-PICS/ALAMY - STEPHAN LEVOYE
faute, pour le corriger tout de suite, afin que les règles du jeu soient clairement définies, dès les premières minutes de la chasse. Dans le même esprit,pour entretenir la sagesse à l’envol,ilestjudicieuxquelechasseur se force à ne pas tirer tous les oiseaux afin de pouvoircontrôlerlesfaitsetgestes de son chien,et ainsi de pouvoir le“recadrer”au moindre écart. Cette discipline vaut également qu’on relance un chien après un arrêt : il faut toujours reculer d’une cinquantaine de mètres,pour ne pas laisser un mètre carré inexploré (en effet, lors de son précédentarrêt,enremontant l’émanation,ilapardéfinition abandonné sa quête pendulaire, donc laissé de part et d’autreduterraininexploité). À rebours, tout est une question de détails et d’observation,chaque chien étant différent,certains en demandant plus que d’autres.C’est une question de patience et depersévérance,toutenn’oubliant jamais qu’un chien n’estetneserajamaisunemachine.Alors à force de rectifications,deréprimandesplus ou moins sévères, mais aussi de récompenses et d’encou-
ragements, le chien va assimiler qu’il ne peut et ne doit pas faire n’importe quoi, et que, dans sa tête, la chasse n’est que la continuité du dressage.Si tel est le cas,écrit joliment Max Carli, « il fera tout pour briller à vos yeux ». Mais il faut également toujours se dire que, comme en équitation, c’est toujours la fauteduconducteuretjamais celle de l’animal. Bref, répéter et répéter ces quelques règles de base à chaque sortie est la condition sine qua non pour exploiter au mieux un jeune chien, règles quidevrontd’ailleursêtrerappelées avec plus ou moins de force jusqu’à la fin de sa vie ! Ces quelques lignes montrent combien la chasse au chien d’arrêt est exigeante, mais c’est le prix à payer pour que le chasseur y trouve un plaisir inégalé. Plus encore, cetteexigenceplaideenfaveur des terrains toujours mieux aménagés pour le travail au chiend’arrêt,c’est-à-direavec des couverts qui ne soient pas systématiquement du maïs ! L’éthiquedelachasseauchien d’arrêt passe par cela,comme la chasse française par la sauvegarde du petit gibier sédentaire. ◆
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Setter à l’arrêt avec deux autres setters “au patron”. La chasse avec deux ou trois autres chiens est à proscrire, car ils se jalouseront, forceront leurs allures et deviendront vite incontrôlables. “Si le dressage ne tient pas dans le temps, c’est qu’on a oublié d’exiger du chien ce qu’il connaît, pris dans le feu de l’action, l’émotion de la chasse.”
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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n
par Alain de l’Hermite
Armurerie James
◆ Située à Autun au cœur de la Bourgogne, l’armurerie James est un lieu de pèlerinage des dévots de la carabine de chasse et de l’arme fine. Presque un cercle, c’est un club où le chasseur aime se retrouver.
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n franchissant la porte Saint-André, nous pénétrons véritablement dans Autun, la Rome du Morvan. Bien plus qu’une ville ce sont les allées d’un musée d’architecture que nous arpentons. Dans l’ancienne capitale des Éduens, nous croisons notamment le plus grand théâtre occidental de l’Empire romain. Les vingt mille habitants actuels y logeraient sans aucun problème. Voici la cathédraleSaint-Lazare,
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un chef-d’œuvre de l’art roman du XIIe siècle. On s’y rend du monde entier pour découvrir son tympan consacré par Gislebertus au Jugement dernier. Pas loin de là, et à côté des rues aux noms prédestinés de l’Arquebuse et de l’Arbalète, au 55, rue Aux-Cordiers, voici une autre institution autunoise, l’armurerie James. Il s’agit certainement du plus ancien commerce de la ville en activité
Jours de C HASSE ◆
depuis 1824. Face à cette vitrine historique à l’enseigne des trois canards, nous revivons sans doute les mêmes impressions qu’Antonin James le La vitrine historique du coutelier de la rue Aux-Cordiers depuis 1824. Le rayon armes sera inauguré par Henri James en 1945. Ci-dessous, à droite Jean-Claude James, troisième du nom et Alain Robert, le spécialiste en armes fines.
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PHOTOS : ARMURERIE JAMES - PATRICK IAFRATE
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patriarche à plus d’un siècle de distance. Originaire de Saint-Honoréles-Bains dans la Nièvre voisine, il devait quitter, un beau jour, une famille nombreuse de neuf enfants et tenter sa chance. Il aura raison puisqu’en 1905, dix ans plus tard, il succédera à Louis Vauthier, son patron. Il devient alors le premier James à enorgueillir la devanture de son nom. À cette époque, il n’est pas encore question d’armurerie, plutôt de coutellerie, de “cisellerie”, une boutique fondée en 1824 par M. Asselineau. Le rayon armurerie n’apparaîtra qu’après 1945, avec Henri James (19141997), deuxième du nom.
PHOTOS : PATRICK IAFRATE
Depuis 1978, Jean-Claude James a pris en main la destinée de l’armurerie James. Auparavant il est sorti major du brevet d’armurier de Saint-Étienne. Son leitmotiv : “Conseil et accompagnement des clients.”
Justement en poussant la porte vitrée, nous retrouvons aussitôt notre âme d’enfant face à un drôle de couteau aus-
Aurélien frais émoulu, lui aussi, de l’École d’armurerie stéphanoise dégrossit le réglage d’une carabine. Depuis 1974 et le brevet Lynx pour son matériel de rechargement, l’armurerie James cultive la passion de la carabine de chasse. En 1977, ce brevet sera récompensé par un mercure d’or du ministère du Commerce et de l’Artisanat.
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Jours de C HASSE ◆
sitôt aperçu sur une étagère. Dans la boutique apparemment sans occupants, nous n’avions vu que lui, enveloppé des senteurs du tweed des vestes anglaises et des peausseries autrichiennes. Malgré sa petite taille, de moins d’une dizaine de centimètres, ce couteau arrondi nous est aussitôt apparucommeunoutilrustique d’une redoutable efficacité. Et surtout sympathique. En voyant son poinçon, nous revivionsuneétapedenotreenfance lorsqu’il fallut percer maladroitement un indispensable trousupplémentaireànotrepremièreceintureencuir.Nousimaginionsaussiéprouverleressort forgé de son mécanisme après avoir saisi la large lame entre le pouce et l’index. Sur son acier, est estampé Le Galvacher, dont la marque a été déposée en 1999, ce couteau dont le nom commun est le “tiré-droit”.
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Instinctivement, nous empruntons une sorte de couloir lumineux qui tourne sur la droite en descendant. À main gauche, nous devinons l’atelier au bruit caractéristique de l’aiguisage du peigne d’une tondeuse sur un lapidaire. Maintenant attiré par le puits de lumière qui nous surplombe, nous débouchons dans la vaste salle dédiée aux armes. Elles sont légion, rangées par affinité, la moitié des murs en sont tapissés. Au fond à droite, l’établi traditionnel d’un armurier a été recréé par Jean-Claude James le troisième et actuel propriétaire de l’armurerie. À proximité trône une antique machine à “dresser” les canons avec sa caractéristique grande roue. Sur l’un des murs, un écran plat diffuse un film dédié à l’indispensable sécurité lors des battues de grands animaux. Malgré l’heure matinale
Pauline Zacharie pose à côté des fusils de sa trilogie Odyssée. Un rêve devenu réalité grâce au soutien de Jean-Claude James. Ci-dessus, une vue panoramique sur le vaste espace dédié aux armes.
PHOTOS : PATRICK IAFRATE
pas moins de cinq clients attendent patiemment que JeanClaude, Alain et Pauline aient servi les premiers arrivés. Comme d’autres qui ont pénétré en ces lieux, nous commençons à sentir l’âme authentique de l’armurerie James. Jean-Claude est un chef d’orchestre dont l’affabilité semble faireofficedebaguettepourorganiser la marche de l’armurerie. Trait pour trait, il ressemble à la description de l’un des acteurs du livre du général Chambe (le Cor de Monsieur de Boismorand, Presses de la Cité). C’étaituncertainM.Jeandetqui dirigeaitl’armurerieVerney-Carron à Lyon : « Personnage très sympathique, avec son visage toujours affable et souriant, son regardvifetintelligent.M.Jeandet avait grande allure. » Une armurerie avec une âme, deux hommes qui se ressemblent, la ressemblance est trou-
blante. Dans le roman, le personnage de Jeandet est secondé par M. Jules dont René Chambe avoue ne jamais avoir connu le nom. Chez l’armurerie James, il s’appelle Alain et assisteJean-Claudedepuisune trentained’années.Encoreplus étonnant,biensûr,Jean-Claude
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n’a pas pu historiquement rencontrerM.Jeandet,etpourtant après un brevet d’armurier obtenu à Saint-Étienne, il entame « un demi-tour de France, qui [lui] a beaucoup apporté ». Comme il dit, le propos toujours empreint d’une modestie naturelle. Depuis le Nord en
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passant par l’Est, ses pas le conduiront rue des Archers à Lyon à l’armurerie Verney-Carron… De toute évidence, il faut se rendre dans le show-room, l’une des principales raisons d’être de l’armurerie, le pré carré d’Alain le spécialiste des belles armes chez James. Même si, désormais, James est très facile d’accès, à une demiheure de la gare de TGV et même chose de l’autoroute du côté de Pouilly, l’armurerie n’a pas pour vocation d’être un “bradeur d’armes”. En clair, on vient ici pour un conseil, « pour être accompagné » par
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Sur le terrain PHOTOS : PATRICK IAFRATE
Sur le terrain
Dans la pièce réservée aux armes fines : on arrive souvent ici par le biais du site Internet, après avoir déniché la perle rare. Au stand de tir, “on accompagne” un client pour le réglage de son “point rouge”. Et, ci-dessous, soudure au chalumeau en vue d’une réparation.
d’authentiques spécialistes dans le choix d’une arme, d’une mise à conformation, d’un réglage au stand… Mais souvent, on vient ici rechercher ce que l’on ne trouve nulle part ailleurs, une rareté pas forcément onéreuse découvertesurlaremarquable partie du site dédié aux armesd’occasion. Ce peut être un Simplex Manufrance en calibre 24… Cherchezvous un petit calibre ? Aussitôt Alain vous proposeunGeoffroy surunebasculede28avecdeux faisceaux de canons un 28 et un .410. Dansl’intimitédushowroom, on évoque les amis disparus, Bernard Loiseau… On découvre des chefs-d’œuvre de toutes nationalités. Belges, avec une collection unique de
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B25 gravés, dans une multitude de configurations chasse et tir, ou encore des Lebeau-Courally superposés Baron. Les anglais sont en bonne place avec des Atkin, des Purdey. Et bien sûr, des français comme Dorléac & Dorléac… et les armes de Pauline Zacharie. Pauline 26 ans est l’un des huit employés de l’armurerie James, qui partage son temps entre l’établi et la vente. À ce jour, elle est la seule femme à avoir obtenu en 2005, un diplôme des Métiers d’art de l’armurerie. Malgré tout, un seulemployeurpotentielacceptera de la recevoir et de l’engager :PaulDemas(aujourd’hui rachetée par Verney-Carron, la production Demas a servi de point de départ aux créations prestigieuses de L’Atelier Verney-Carron).
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D’ailleurs ce n’est pas sans raison que nous découvrons, posée sur leurs boîtes-écrins la trilogie Odysée, trois fusils sur une base des juxtaposés de L’Atelier Verney Carron en petits calibres (28, 20 et .410), dessinés par Pauline pour des femmes. Le financement de Jean-Claude a enfin permis à Pauline de concrétiser son rêve. Inspirées de la mythologie grecque, voici trois armes “haute couture”. Cassiopée, reine et constellation qui rappelle un W, est symbolisée par les diamants sertis dans les contre-platines.Amazone,sans doute la plus sensuelle, dont larondeurdelabasculeramène au thème de la corsetterie et de la dentelle. Calypso, enfin, évoque la mer avec son pontet en argentreprésentantunesirène. Une bien belle manière, dix ans après Le Galvacher, de commémorer le cent quatre-vingt-cinquième anniversaire de la mai-
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son. Plus encore, il y a un véritable fil d’Ariane qui relie James à Verney-Carron. Pour preuve, en 2007 naîtra la carabine express Traqueur One. Cette carabine courte d’un mètre seulement à la grenadière disposée latéralement et en bout du canon inférieur est née des compétences partagéesentrePierreVerney-Carron et Jean-Claude James, passionnée par la traque des grandsanimauxetlachasseaux chiens courants. Serendreàl’armurerieJames, c’est tout à la fois le goût de la chose bien faite, en ne renonçant jamais à l’invention et aux nouvelles techniques. Quand viendra l’instantdetransmettre le fouet, Jean-Claude n’aura ◆ pas dérogé. Armurerie James 55,rue Aux-Cordiers 71400 Autun. Rens. : 03.85.52.29.86 ou www.james-autun.com
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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n
par Alain de l’Hermite
Essai Jumelles Pulsar Edge
Les révélations nocturnes
U
n merle pousse ses dernièresvocalises…Quelquesminutespassent,l’ombrefurtiveet chaloupée d’une bécasse franchit bientôt la lisière du grand bois. Las, au total, l’observation aura duré moins d’un quart
Voire surveiller un territoire… Comment est-ce possible ? Le secret réside en un tube intensificateur de lumière. Initialement, par l’intermédiaire de leursobjectifs,lesjumellestransmettent à l’intérieur du tube (nommé CF-Super) la lumière existante. Ensuite une pho-
◆ Sur le terrain, l’utilisation des jumelles Pulsar à intensificateur de lumière se révèle un jeu d’enfant.
d’heure,cardésormaisilfaitnuit noireetilfautrentrer.Quin’apas un jour rêvé de scruter l’intimité desanimauxlanuitlorsquel’obscuritérecouvrelaterred’unvoile insondable aux yeux humains ? La frustration de la retraite n’est désormais plus une fatalité, grâce aux jumelles Pulsar Edge GS 2,7x50. Parce que la société Yukon, le spécialiste biélorusse depuis 1994 des systèmesoptiques,asucouplerune authentique paire de jumelles à un intensificateur de lumière. Alors même au plus profond d’une nuit sans lune, il est possibledecompterdesgrandsanimaux, de découvrir l’activité nocturneàlasurfaced’unétang.
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tocathode transforme les photons (la lumière résiduelle) recueillis en électrons. L’étape suivanteestprimordiale:unchamp électrostatiqueaccélèrelesélectrons. Au final, ce sont eux qui formentl’imageobservéesurun écran phosphorescent vert. « L’œil humain perçoit plus facilement les nuances de vert », nous confiera un ingénieur de Yukon. On le devine : les performancesdestubessesontaméliorées au fil des connaissances scientifiques. Ainsi à chaque innovation correspond une nouvelle “génération” selon le terme utilisé par les physiciens. Par exemple, le tube CF-Super qui
Jours de C HASSE ◆
équipe les jumellesEdgetestéescorrespond à la génération 1+.Commenous le constaterons, la grande caractéristique de cette génération par rapport à la précédente (1) est l’acquisition d’une image sans déformation jusqu’à la périphérie duchampdevision (voir notre photo ci-dessus). Toutefois une précautiond’emploiest indispensable préalablement à l’utilisation des jumelles de visionnocturne:ilnefautenaucun cas ôter la protection des objectifs en pleine lumière ! Le tube intensificateur risquerait alors d’être irrémédiablement endommagé. Malgré tout, les
Fiche technique
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Edge GS 2,7x50 possèdent un systèmedeprotectionencasde brutal changement de luminosité lors de l’observation. Sur le terrain, l’utilisation des jumelles se révélera un jeu d’enfant, à condition de ne pas avoir oublié les 2 piles d’alimentation. Un bouton situé au-dessusdutubegauchepermetd’activer le système. On procède ensuiteauréglagedeladioptrie enfonctiondevotrevue,unoculaire après l’autre. Après avoir retirélaprotectiondesobjectifs, l’observation peut commencer. La mise au point est alors effectuée en fonction de la distance d’observation par rotation l’un après l’autre de chacun des anneaux des objectifs. En cas de manque ou d’absence de lumière résiduelle une torche infrarouge (dont le rayon est invisible) réglable en intensité sera activée par un bouton situé audessus du tube droit. Proposées à un prix imbattable,confortablesàl’utilisation et d’une grande efficacité, ces jumelles Pulsar de vision nocturnenousontvéritablementséduit.Avecelles,ilestmaintenant possible d’explorer la face cachée de la nature.
PHOTOS : PULSAR
◆ Avec cette paire de jumelles, il est désormais possible de compter de nuit ses populations d’animaux ou de surveiller son territoire.
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Sur le terrain
par Guillaume de Falaise
Chasses à la journée Personne ne peut
contester que dans l’exempire austro-hongrois, les brocards sont de solides références.Aussi bien en termes de qualité de trophées que de taxe de tir. Les associations de chasse dans les pays de l’Est, et malgré des années de régime totalitaire, savent,en effet,que bien gérer leur population de cervidés leur permet de générer un revenu significatif. Certaines régions françaises l’ont compris, à cette nuance près de ne pas pratiquer de tarifs“américains”, à commencer par le Sud-Ouest, objet de notre voyage, qui a l’insigne avantage de pouvoir concilier passion cynégétique et digression gastronomique –avec quelle tenue !
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◆ Évidemment,si l’on habite
au nord de la Loire,“On n’est pas rendu”,comme disent les paysans. Qu’importe les sept heures de voyage,car la route est facile. C’est soulagés que nous arrivons à notre première étape, dans la région de Boulognesur-Gesse, à cheval entre la Haute-Garonne, le Gers et les Hautes-Pyrénées chères à Gaston Phébus. Nous sommes accueillis par les fermiers propriétaires d’un très beau gîte et Benoît mon guide, jeune homme de moins de 30 ans, passionné de nature et de chasse que nous avions rencontrélasaisonprécédente au Salon de Rambouillet. Après trois années dans une grandeorganisationdechasse, il a décidé de se mettre à son compte. Joueur de rugby à ses heures perdues,il possède une forme physique époustouflantepourcourircescombes où se reposent les che-
Jours de C HASSE ◆
vreuilsdansleschaleursquelquefois étouffantes de ce début d’été. Aujourd’hui, pas de sortie car la soirée est trop avancée, mais un dîner de brochettes decœursdecanarddepremier ordre nous fera oublier les heures de route, tout comme laqualitédugîtedetrèsbonne facture. La nuit sera courte car dès 5 h 30, nous sommes sur le pied de guerre.Un bon point,les territoires de chasse ne sont qu’à dix minutes du gîte. Il fait encore nuit et Benoît arrête la voiture sur une hauteurquivanouspermettre d’observer sur des centaines d’hectares. Nous commençons à jumeler jusqu’à plusieurs kilomètres. C’est pour cela qu’il est indispensable de posséder des jumelles de grande qualité et de fort grossissement.Lamoindretachejaune ou orange est observée avec minutie.Denombreuxlièvres
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etquelquesrenardsnousdonnent de fausses joies. Cette région est vraiment superbe avec ses petites parcelles entrecoupées de boqueteaux et de haies.Pays d’élevage, il y a très peu de culture, quelques luzernes,beaucoupdeprairies, des jachères. Cela fait vingt minutes que nous jumelons et soudain nous discernons une tache orange qui se déplace sur le vallonopposé.Aprèsquelques instants, nous avons la certitudequ’ils’agitd’unbrocard. Nous décidons d’aller tenter notre chance et remontons danslavoiturepournousrapprocher du vallon opposé. Cinq minutes plus tard,nous sommes garés sur le bas-côté etavonspriscarabineetcanne de tir. Nous nous engageons sur un layon bordé de haies et avançons lentement sans faire de bruit. Àchaquecroiséedechemin, nous nous baissons pour pas-
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Une vue du territoire. Et, en dessous, un des brocards tirés, digne de concourir avec ceux des pays d’Europe centrale.
ser la tête et nous assurer qu’il n’y a pas d’autres chevreuilsquipourraient alerter son congénère. Nous arrivons à un bosquet et, à la sortie de celui-ci, nous avons un chaume où nous avions observédeloinlebrocard. Nous nous allongeons à l’angle, il n’y a pas de dénivelé, et avons une vue complète du chaume parsemé de balles de paille.À 250 mètres, le brocard paît, s’arrêtant de temps à autre,relevant la tête pourvérifierl’absencededanger,commelefonttousleschevreuils. Sa silhouette dénote un animal de plus de 5 ans à l’encolurepuissanteetaupoitrail fort et large.Son trophée est réellement de belle taille, sans doute dans les 30 centimètres,avecdelamasseenbas. Les bois ne semblent pas très réguliers, avec ce qui semble êtredesexcroissances.Benoît, qui le reconnaît, confirme à
voix basse que c’est un brocard hors normes. Danscechaume,l’approche est délicate, mais nous allons utiliserlesballesdepaillepour nous dissimuler. Nous avançonstrèslentementetlestiges de paille de blé nous coupent les mains. Nous avons laissé derrière nous la canne de tir car je tirerai allongé avec le bipied de ma carabine. Nous avons gagné plus de cent mètresetàcettedistance,dans lesjumellesderrièreunebotte depaille,nouspouvonsmieux observer le trophée de ce chevreuil. Les embases sont très inclinées, dénotant au moins
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6 ans d’âge, les bois sont massifs et ravalent ; il est “six”, pas très haut mais massif, avec des ergots dans tous les sens ; c’est décidément un très beau chevreuil. Nous sommes maintenant à 150 mètres et s’approcher plus nous ferait prendre des risques inconsidérés.Un tir couché est envisageable. Derrière notre chevreuil il y a un vallon sans habitation et personne dans les champs : la balle sera fichante. La décision est prise. Lebrocardestcalme,broutant les quelques repousses entre les pieds de blé.Je bloque ma respiration, le coup part. Benoît me félicite :ce sera le plus beau trophée que j’ai tiré en France et digne de concourir avecceuxdel’Estdel’Europe: 540grammes nets ! Durant le reste du séjour, nous aurons des occasions à chaque sortie, ce qui démontre la belle
Jours de C HASSE ◆
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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n
par Philippe Le grand
Du côté de la loi…
Divagation des chiens et chats
◆ Pour des raisons de sécurité publique, de protection des personnes et du gibier, la divagation des chiens et des chats est interdite. Et depuis 1989, le législateur a même défini l’état de divagation.
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TIERFOTOAGENTUR/ALAMY
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uel propriétaire, quel gestionnairedechassen’apasétéun jour agacé, pour ne pas dire ulcéré par un chien ou un chat errant ?Carcesanimauxdivagants peuventêtreunvraidangerpour les personnes, un risque pour les automobiles,des trouble-fête des chenils (surtout lorsqu’on a des chiennes en chaleur), et une source de dérangement dans la gestion cynégétique (les chiens errants sont nuisibles pour les grandsanimaux;quantauxchats, personnen’ignorequ’ilspeuvent se révéler d’impitoyables chasseurs de petit gibier,notamment de lapin). Ce n’est pas sans raisonquedenombreuxtextes–accompagnés de force jurisprudence– traitent de ce sujet,textes qui ont été modifiés à maintes reprises. Le principe est l’interdiction de la divagation.Qui plus est au titre de la police de la chasse,elle estinterditeentouslieuxdecampagne (l’article R.228-5 du code rural) pour prévenir la destruction des oiseaux et de toute espèce de gibier et pour favoriser lerepeuplement ;demêmeunarrêté ministériel interdit de promener des chiens dans les bois s’ils ne sont pas tenus en laisse du 15 avril au 30 juin, afin de protéger les jeunes cervidés. Si le principe de l’interdiction paraît simple, son application ne l’est pas autant.Les difficultés commencent avec la définition même de l’état de divagation.Jusqu’en 1989,cet état étaitdéfinietappréciéparlejuge. La loi du 22 juin a tenté de remédier à la chose (article 213-1
Un des principes de la divagation est quand le chien n’est plus sous la surveillance effective de son maître.
du code rural), en considérant comme divagant « tout chien qui, en dehors d’une action de chasse ou de la garde d’un troupeau,n’est plus sous la surveillance effective de son maître, se trouve hors de portée de voix de celui-ci ou de tout instrument sonore permettant son rappel, ou qui est éloigné de son propriétaireoudelapersonnequien est responsable,d’une distance de plusdecentmètres.Toutchienabandonné,livré à son seul instinct,est considéré comme en état de divagation ». De ces phrases, il ressort une idéeimportante :commel’ajugé la Cour de cassation en 1990, onnepourrareprocherenmême temps un fait de chasse par le propriétaire du fait de son chien et l’infraction de divagation «car le premier cas implique que le prévenu a conservé la maîtrise de son chien et c’est l’inverse dans le second ».Dans le même esprit,sera
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considérécommedivagant,«tout chat non identifié trouvé à plus de 200 mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de 1 000 mètres dudomiciledesonmaîtreetquin’est plus sous la surveillance immédiate de celui-ci… ». Si ces conditions sont réunies – guère facile,car comme le souligne cette bible qu’est le Guilbaud, dans la Chasse et le Droit (Litec),«l’accumulationdesconditions dont on ne sait si elles sont cumulatives ou alternatives,ne facilite pas son application », que peut-onfaire ?Lespropriétaires, locataires, fermiers ont le droit de saisir ou de faire saisir par un agent de la force publique chiens et chats que leurs maîtres laissent divaguer dans les propriétés dont ils ont l’usage. En principe, ces animaux divagants sont conduits à la fourrière de la commune (ou d’une communevoisinesiellen’endis-
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posepaselle-même ;leproblème, c’est que les communes rurales n’ont la plupart du temps pas la moindre fourrière). Comme le souligne le Guilbaud, « ces dispositions font obstacle à ce que les animaux divagants soient abattus sur les lieux de divagation » (si tel était le cas, l’auteur de l’abattagepourraittombersouslecoup des dispositions pénales aux mauvais traitements ou actes de cruauté envers les animaux ; cet acte peut également constituer un dommage à la propriété immobilière d’autrui ou la mise à mort d’un animal domestique). Mais en tout état de cause,les animaux ne pourront être restitués qu’après paiement des frais de fourrière par le propriétaire de l’animal, ou d’une amende forfaitaire. Si l’animal n’est pas réclamé,il est considéré comme abandonné et devient la propriété de la fourrière. ◆
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Charles IX La chasse par défi par Manfred de Boissieu
M
ORT À 23 ANS,
CE ROI LAISSE
UNE IMAGE FAUSSE DE FÉROCITÉ ET DE PITIÉ, ET UNE VRAIE, CELLE D’UN CHASSEUR INVÉTÉRÉ, NE CHASSANT PAS POUR SE DIVERTIR, MAIS PAR UNE SORTE DE DÉPIT FURIEUX POUR ÉCHAPPER
CATHERINE DE MÉDICIS.
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LE - AISA/ LEEM AGE - STÉP HANE MARÉ CHAL PHOT OS : PHOT O RMN
À SA MÈRE,
◆ L
es rois ont cette particularité sur les autres mortels, c’est de graver leur nom sur la mémoire de leur temps.L’Histoire a rougi celui de Charles IX du sang de la Saint-Barthélemy et une légende obscure enveloppe son règne comme les voiles noirs dont sa mère se couvrit dès que la lance de Montgomery lui eut ravi son mari. Seul l’événement compte, l’homme privé est trop souvent ignoré. La postérité a gardé de lui une image féroce et pitoyable. En fait, personne n’a cherché à résister aux mensonges historiques.Elzéar Blaze,jamais à court de formules percutantes pour ne pas dire provocantes,écrira avec un humour qui n’appartient qu’à lui :« Charles IX fut un grand roi,un très grand roi,car il aimait beaucoup la chasse, et cela doit faire oublier bien des peccadilles.» Alors, au diable les peccadilles et découvrons la – trop– brève odyssée cynégétique (pourrait-il en être autrement quand on disparaît à seulement 23 ans ?) et la réalité de ce personnage étrange qui,au-delà des effroyables tragédies de son temps, reste un prince de la Renaissance. Charles IX succède à FrançoisII sur le trône de France le 5 décembre 1560 : il a 10ans, Catherine de Médicis est officiellement régente et Antoine de Bourbon, roi de Navarre, est lieutenant général du Royaume ; les Guises sontécartés.Enfait,depuis lamortd’HenriII,c’estelle qui gouverne. On ne peut donc parler de Charles IX sans connaître Catherine de Médicis, cheville ouvrière de son règne dont il ne s’affranchira jamais. En 1560, elle a 41 ans et Giovanni Michieli, ambassadeurdeVenise,s’exprime ainsi à son sujet : « Elle est de la plus vive intelligence, affable,capable de toutes les négociations, politiqueavanttout…Elle tient tout dans sa main, lesbénéfices,lescharges,les
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CHARLES IX, PEINTURE DE L’ÉCOLE DE FRANCOIS CLOUET. ET, PAGE DE GAUCHE, “CHASSE AU CERF” DE PAUL BRIL (1553-1626). “CHARLES IX FUT UN GRAND ROI, UN TRÈS GRAND ROI, CAR IL AIMAIT BEAUCOUP LA CHASSE, ET CELA DOIT FAIRE OUBLIER BIEN DES PECCADILLES”, ÉCRIRA ELZÉAR BLAZE AVEC UN HUMOUR QUI N’APPARTIENT QU’À LUI.
PHOTO JOSSE/LEEMAGE
Charles IX, la chasse par défi
PORTRAIT DE LA REDOUTABLE CATHERINE DE MÉDICIS PAR FRANÇOIS CLOUET. MONTANT À CHEVAL,
CHASSANT À COURRE, LA MÈRE DE CHARLES IX ÉDUQUERA SON FILS AUX SUBTILITÉS DE LA VÉNERIE.
grâces : elle est le garde des Sceaux et elle tient le cachet du roi.Ses desseins sont profonds et difficilement pénétrables. Dans son mode de vie,elle a peu de règle,son appétit est énorme. Elle recherche les exercices, marchant beaucoup,montant à cheval, elle est très active.Elle chasse avec le roi,son fils,elle le pousse dans les taillis,le suit avec une intrépidité rare.Son teint est olivâtre,elle est déjà une forte femme.»
Tout est dit, ou presque. En 1561, la France est dans un état lamentable. L’ambassadeur de Venise, Michel Suriano,faitcetableauapocalyptique :«Un roisansexpérienceetsansautorité,unconseil divisé,la suprême autorité aux mains d’une reine,femme d’un esprit sage,mais timide et irrésolue, le roi de Navarre, très noble, très affable,mais inconstant et peu exercé aux affaires,un peuple travaillé par les di-
visions, un royaume en désordre sous prétexte de religion… » En quelques mois “l’enfant roi” est plongédansuntourbillonpolitiquedont sa mère tente de rester l’arbitre tout en élevant son fils de la meilleure manière qui soit pour l’imposer le moment venu. Latâcheestardue.Le13décembre1560, sont convoqués à Orléans les états générauxprésidéspar…CharlesIX,10ans, roi depuis huit jours ! Le 15 mai 1561 il est sacré à Reims. À sa mère qui craignait que son jeune âge ne lui permette pasdesouffrirlescérémoniesdesoncouronnement qui sont bien longues, il répond : « Je les supporterai bien et je prendrai volontiers cette peine toutes les fois qu’il se présentera pour moi des royaumes et des couronnes !»Danscetteréflexion,lejeune monarque montre à quel point il a la volontédebienfaireetdeplaireàsamère, deux aspects important de sa personnalité. Catherine de Médicis lui donne commemaîtred’écriture,PierreHamon, qui sera le secrétaire de sa chambre dès 1562,et qui lui apprend à écrire et rédiger les actes et les édits. Le très érudit Jacques Amyot, homme remarquable, sera son professeur.Avec lui,il découvre le latin, la littérature ancienne et la poésie. Un diplomate vénitien nous peint ainsi le jeune roi : « Il est d’un charmant naturel,d’une grande promptitude d’intelligence, d’une vivacité d’esprit remarquable ; il a de l’ardeur,de la générosité… mais il est faible de tempérament,il mange et boit fort peu,et il a d’autant plus besoin d’être ménagé, qu’il aime passionnément le jeu de paume et l’exercice du cheval… l’étude ne lui plaît guère, mais il s’y met pour complaireàsamère.Onattend,etonespèrebeaucoup de lui,si Dieu lui en donne le temps.» La vénerie fait aussi partie de son éducation et elle a une place primordiale mais c’est sa mère qui s’en charge. LesroisetlesprincesduXVIe sièclesont, pour la plupart,des veneurs passionnés. Courir le cerf et le sanglier fait partie totalement de leur vie quotidienne, autant que de guerroyer,de festoyer et de… gouverner ! Catherine est de ce mondelà, elle en a la trempe, et c’est naturellement qu’elle transmet sa passion à son
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CHARLES IX EST TRÈS PRÉCOCE À LA CHASSE : JEAN DE CLAMORGAN, DANS SA “CHASSE AU LOUP”, NOUS APPREND QU’À 12 OU 13 ANS, IL COURAIT DÉJÀ LE LOUP. 142
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PHOTO JOSSE/LEEMAGE
Charles IX, la chasse par défi
PORTRAIT ÉQUESTRE DE CHARLES IX, DE L’ÉCOLE FRANÇAISE. ÉCARTÉ DES AFFAIRES, D’UNE FAIBLE CONSTITUTION, CHASSER EST UN DÉFI QUE SA FIERTÉ LUI IMPOSE DE RELEVER AU DÉTRIMENT DE SA SANTÉ.
fils,comme elle l’avait fait à son aîné.Le jeune homme est très précoce : Jean de Clamorgan, dans la Chasse du loup nous montrequ’à12ou13ansCharlesIXcourait déjà le loup et il lui dédiera son livre. Jean Papyre Masson,écrivain,historien, géographe,confirme qu’il « s’adonna dès sa jeunesse,si fort à la chasse qu’on peut dire qu’il était fol de ce pénible exercice,qui le rendait errant nuit et jour dans les forêts, jusqu’à perdre le boire et le manger, aussi bien que le repos du sommeil,pour satisfaire sa passion.»
Afin de restaurer l’autorité royale affaiblie par la minorité du roi et la première guerre de Religion, Catherine de Médicis décide de présenter physiquementlenouveauroiaupays.Débutealors un phénomène surprenant, un peu oublié, mais qui va marquer la vie du jeune monarque, c’est ce que l’on a appelé plustard,letourdeFranceduroiCharles. L’événementestgrandiose :imaginonsla cour au grand complet, les princes, leur suite, les officiers de cour, les serviteurs, l’administration, les cuisines, les régi-
ments attachés à la maison royale, plusieurs milliers de personnes, à cheval, ou entassées dans des chariots,avec tout lematérielquittantParispourallerd’une ville à l’autre à travers le pays. Le périplevadurervingt-septmois,unrecord ! C’estunesortedegigantesqueopération decommunication,danslesensqu’onlui donne de nos jours. Le roi voyage, le roi chasse, la reine mère aussi ainsi que toute la cour… Les équipages suivent donc, avec leur multitude de chiens, d’oiseaux, de valets, de fauconniers.Il faut noter que cette pratiquedecouritinéranteestcourantechez lesValois.L’ambassadeurdeToscaneavait déjà noté :« Cette cour n’est pas comme les autres,on ne pense ici qu’à la chasse,aux dames,et à changer de lieu.Lorsque la cour s’abat sur quelques contrées, elle reste ce que durent les hérons,et ils durent peu car entre le roi et les grands de sa suite,ils ont plus de cinq cents faucons ! On court le cerf deux fois tout au plus,une autre fois on va auxtoiles,puisonchangederésidence.»Tornabuoni, autre ambassadeur florentin, renchérit : « au milieu des plus graves préoccupations, la chasse n’est jamais laissée de côté ;nous ne savons ni où l’on va,ni ce que l’on fait,mais la chasse au cerf est la grande occupation de la cour,c’est la vraie manière de préparer la trame des affaires ! ». On ne peut être plus clair. Cependant,si la chasse est une passion, il ne faut pas perdre de vue qu’elle participe aussi, et d’une manière importante, au ravitaillement quotidien de la cour et des festins offerts par le roi à ses hôtes à chaque halte. Le voyage avec la succession de marches, de cérémoniespubliques,demisesenscènepermanente du roi, fut pénible, mais il lui permitdedécouvrirleroyaumeetsessujets, les arcanes de la diplomatie,et aussi de se perfectionner dans toutes les pratiques cynégétiques de son temps. Parti adolescent en 1564, il reparaît à Paris,sous les traits d’un adulte apte à exercer le gouvernement et c’est probablement le but caché de cette longue randonnée.Leroia,eneffet,grandiquand, au printemps 1566,il revient dans la capitale.Cequifrappe,c’estsafaibleconsti-
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UN JOUR IL ENTREPRIT, FAIT SANS DOUTE UNIQUE DANS L’HISTOIRE DE LA VÉNERIE, D’ATTAQUER UN CERF À VUE ET SANS CHIEN, DE LE POURSUIVRE À CHEVAL AVEC FUREUR… 144
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Charles IX, la chasse par défi
“CHASSE À L’OURS” ET, AU-DESSUS, “CHASSE AU RENARD”, GRAVURES DE STRADANUS. CHARLES IX CHASSA LE LOUP, LE CERF. IL LUI ARRIVAIT DE S’ATTAQUER AUX SANGLIERS SEUL, À PIED, L’ÉPIEU À LA MAIN.
tutionquisemblepresquecontradictoire avec sa pratique quasi quotidienne de la chasse. Un jour, il répondit à sa mère qui voulait l’empêcher d’y aller en feignant de veiller sur sa santé : « Ma vie n’a pas si grande conséquence,qu’elle doive être gardée dans un coffre comme les bagues de la couronne.» Ces mots traduisent un certain malaise qui peut s’expliquer par la tournure que prennent progressivementsesrelationsavecsamère.Ilalesentiment que la reine mère se défit de lui ;
certes, il a un caractère un peu difficile et emporté, mais il est le roi ! Il arrive à un âge où c’est à lui de gouverner ! Or il constate qu’il est peu consulté.Sa mère, semble lui préférer son jeune frère le duc d’Anjou. Cetétatdechosesvaéclateraugrand jour lorsque ce dernier est nommé lieutenant général du royaume puis commandant de l’armée ce qui lui permet de se couvrir de gloire à la bataille de Jarnac. Brantôme, célèbre chroniqueur
attaché à la cour du roi,assure que le roi avait une grande envie de cette fonction quiluirevenaitdedroit,maisquesamère ne le lui permit pas ! Comment sa mère qu’il vénère, à qui il a toujours obéi, peut-elle l’écarter ainsi ? Alors s’installe en lui une sorte de sentiment de frustration mêlé de mélancolie et de tristesse. Il est pris d’un besoin inouï de s’affirmer,de prouver à sa mère qu’il est brave et qu’il n’est pas malade. Le seul moyenqu’ilades’exprimer,c’estlachasse, le seul “espace de vie” que lui laisse sa mère. Il ne chasse pas pour se divertir, ni pour fuir le quotidien, ni pour participer à une quelconque mise en scène monarchique,maisilchasseparunesorte de dépit furieux mêlé d’une passion dévorante, une sorte de névrose obsessionnelle directement liée à ses liens maternels, comme si la chasse seule pouvait combler le vide de son existence. Bref, Catherine est arrivée à ses fins :elle gouverne, il chasse, tout est bien. Écarté des affaires, d’une faible constitution, chasser est un défi quotidien que sa fierté lui impose de relever au détriment absolu de sa santé. Brantôme nous dit de lui : « Il y était violemment adonné,fut à courir et à piquer après le cerf,fut à beau pied,à le détourner avec le limier, et y était si affectionné qu’il en perdait le dormir, étant à cheval avant le jour pour y aller,et se peinait aussi fort à appeler les chiens,fut de la voix,fut de la trompe.» Un jour, il entreprit, fait sans doute unique dans l’histoire de la vènerie,d’attaqueruncerfàvueetsanschien, de le poursuivre à cheval avec fureur et sans prendre même de relais,le forcer et le servir. Ce haut fait est raconté dans unebelleoded’AntoinedeBaïfdontvoici les derniers vers : « Le Roy Charles neufvienne, et premier qui a vuë/ Sans meute, sans relais à la beste recruë/Piquant et parcourant fait rendre les abois,/En consacre la teste à la dame es bois.» Cette rage,cette passion,le vicomte de Turenne les confirmera dans ses Mémoires :«jevisleroi,pendantl’hiverde1570, prendre deux cerfs dans la neige,sans chien, ayant mis des relais de veneurs et de chevauxpourluietpournousquicourionsaprès
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LE SEUL “ESPACE DE VIE” QUE LUI LAISSE SA MÈRE, C’EST LA CHASSE.BREF,CATHERINE DE MÉDICIS EST ARRIVÉE À SES FINS : ELLE GOUVERNE, IL CHASSE, TOUT EST BIEN. 146
Jours de C HASSE ◆
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Charles IX, la chasse par défi
FRANÇOIS DE GUISE, LE PÈRE DU “BALAFRÉ”, LE CHÂTEAU DU HALLIER PRÈS DE NIBELLE DANS LE LOIRET QUI ABRITA SES AMOURS AVEC MARIE TOUCHET,
ET UN PORTAIT DE PIERRE DE BOURDEILLE (1535-1614), PLUS CONNU SOUS LE NOM DE BRANTÔME, RENDU CÉLÈBRE POUR SES CHRONIQUES.
lui.» Il lui arrivait, aussi, de s’attaquer auxsangliersdelaforêtdeFontainebleau, seul,à pied,l’épieu à la main.Un jour,il futblessédanscegenred’exercice,etnous avonsd’ailleurslalettreécriteparsamère au duc d’Anjou : « mon fils,dit-elle, j’ai été d’avis de vous envoyer ce courrier car on peut vous faire croire que le roi votre frère serait fort blessé,mais,Dieu merci,il n’en est rien.Il est vrai qu’il a échappé à un grand coup,car il s’était mis en opinion de tuer le sanglier à pied à coup d’épieu et voulant l’enferrer,il s’est retourné son épieu sur le pied et s’est coupé au près du gros orteil, sanstoucheraunerf,seulementquelquestendons […] ». Il y a,aussi,un mode de chasse dont Charles IX raffole sans l’avouer car éloigné de l’art de la vènerie : c’est la chasse aux toiles qui concerne surtout les sangliers ou bêtes noires.Il s’agit de tendre destoilesdefortstissusverticalementautour d’une vaste enceinte ou réserve afin de s’assurer la présence des animaux et d’empêcher leur fuite. Des rabatteurs, avec des chiens dont certains sont tenus en laisse,poussent le gibier vers une aire
de massacre appelé parc ou accourre qui est aussi fermée par des toiles. C’est un lieu aménagé, partiellement déboisé et aplani, car il faut que la place soit nette pour faciliter tant l’évolution des chasseurs que la vision des spectateurs.Une tribune ou feuillée est aménagée pour ces derniers à l’intérieur ou en bordure del’accourre.C’estdansladernièrephase queserévèlelecaractèrespectaculairede la scène car le chasseur, souvent à pied, armé d’un épieu,d’un gourdin ou d’une épée peut mettre en valeur sa bravoure et son adresse au maniement des armes dans un affrontement direct avec le gibier : le roi adore ce genre de confrontations périlleuses ! Un jour,blessé par un sanglier,il écrit à François de Mandelot, gouverneur de Lyon : « C’est qu’étant ces jours passé à la chasse près mon château de Saint-Germain-en-Laye,et poursuivant le sanglier qui était dans les toiles,je me blessai au bras gauche sans qu’il n’ait aucun nerf ni veine coupée ni blessée […] maintenant je vais bien ». Cette fureur et cette frénésie pour lenobledéduit–encorequelachasseaux
toiles ne soit guère noble–,inquiéteront une partie de la cour, jugeant qu’elles le détournent d’un intérêt éventuel pour la gent féminine.Le roi,alors,a une vingtaine d’années et Brantôme nous rapporte les propos d’une dame de la cour qui se plaignait avec amertume du peu degoûtqu’ilavaitpourlesfemmes :«vous faites,luidisait-elle,plusdecasdelachasse et de vos chiens que de nous autres » ; ce à quoi, il aurait répondu fièrement : « Eh, par Dieu si je m’égare une fois,je vous joindrai de si près toutes,vous autres de la cour, que je vous porterai par terre les unes après les autres.» En fait, c’est une fanfaronnade car on ne lui connaît qu’un seul amour, la belle MarieTouchet.Quand elle sut qu’il allait épouser Élisabeth d’Autriche, en 1570, elle se fit montrer un portrait de celle-ci et déclara en toute simplicité : « L’Allemande ne me fait pas peur ! » L’avenirluidonnaraisoncarelleresteralamaîtresse du roi jusqu’à la fin.Leurs amours furent longtemps cachés au château du Hallier près de Nibelle dans le Loiret qui abrita, quelques années après, cu-
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IL SERA L’AUTEUR D’UN OUVRAGE SUR LA CHASSE DU CERF, QUI TRAITE DE TOUT, SUR LA VÉNERIE DE CET ANIMAL ET SUR LES CHIENS DE CHASSE DE CETTE ÉPOQUE. 148
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Charles IX, la chasse par défi
rieusecoïncidence,laliaisonombrageuse d’Henri IV avec Henriette d’Entrague quin’étaitautrequelafilledeMarieTouchet ! Autre trait méconnu, mais qui a un rapportdirectaveclachasse :saréellesensibilité littéraire. Charles IX a reçu une éducation classique : il connaît bien le latin, la grammaire et les lettres en général.Ilaimebeaucouplacompagniedes artistes et c’est réciproque.Il reçoit Roland de Lassus, célèbre compositeur de l’époque à qui il offre la maîtrise de sa chapelle. Il aime la poésie –il écrira luimême quelques vers– et les poètes. Les plus beaux esprits de son temps sont ses amis – Jamin, Passerat, Binet, Daurat, Baïf, Ronsard –, qui célèbrent ses exploitscynégétiquesetpassentdenombreuses soirées avec le roi,à dire des vers, et faire de la musique. Le Tasse, grand poète italien, est reçu à la cour. Il aide Baïf à créer son Académie de musique. Ronsard est quasiment un intime avec lequel il chasse depuis toujours et dont il ne se lasse pas d’écouter les poèmes :
l’Épitaphe de Courte chienneduroyCharlesIX estcélèbre(«[…]Courte les perdrix éventait, Courte les lapins tourmentait, […] »). À la mort de Charles IX, Ronsard pleura beaucoup et quitta la cour pour se retirer à Bourgueuil où « il allait,raconteClaudeBinet,ami de Ronsard, à cause du déduit de chasse,auquel il s’exerçait volontiers,où pour cet exercice, il faisaitnourrirdeschiensque lefeuroyCharlesluyavaitdonnez,ensemble un faucon et un tiercelet d’autour,recherchant la solitude de la forêt de Gastine ». Charles IX n’aura pas le temps de marquer son époque par sa poésie,mais les veneurs passionnés ont tous rêvé d’avoir dans leur bibliothèque, le livre duroyCharles :dictéàsonsecrétaire,Nicolas de Neufville, sieur de Villeroy, ce
CI-DESSUS, LES CHASSES DE MAXIMILIEN (LE MOIS DE MARS : LE DÉPART POUR LA CHASSE AU VOL VERS 1530). ET, CI-CONTRE,
PORTRAIT DE PIERRE DE RONSARD.
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DU SIÈCLE SERONT LES AMIS DE CHARLES IX QUI CÉLÉBRERONT
SES EXPLOITS CYNÉGÉTIQUES.
remarquable ouvrage, intitulé De la Chasse du cerf, traite de tout ce qu’il faut savoir sur cet animal,sursavènerieet sur les chiens de chasse de cette époque. C’est unouvragedepremierordre.Onytrouve par exemple, des détails extraordinaires sur la manière de juger un cerf par ses allures (« les vieux cerfs donnent ordinairement du pied de derrière en dehors de celui de devant,c’est que comme ils sont plus gras, les entrecuisses étant plus pleines,cela leur fait ouvrir les jambes de derrière,et les fait marcher ainsi large ») ou bien sur les fa-
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CHARLES IX RAFFOLE D’UN AUTRE MODE DE CHASSE SANS L’AVOUER CAR FORT ÉLOIGNÉ DE LA VÉNERIE : C’EST LA CHASSE AUX TOILES QUI CONCERNE SURTOUT LES BÊTES NOIRES. 150
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Charles IX, la chasse par défi
meux greffiers (« j’ai trouvé tant de bonté es chiens de ceste race,qu’il me semble que je n’en puis assez dire de bien… ce sont vrais chiens de roy,ils sont grands comme des lévriers,etontlatêteaussibellequelesbraques, […] Je ne veux omettre que la maison et le parc des Loges près ma maison à SaintGermain-en-Laye,n’a été faite pour autre occasion, que pour nourrir et élever cette race de chiens blancs greffiers »). Au-delà des propos du roi sur la vènerie, la dédicace mérite qu’on s’y arrête. Elle est adressée à un personnage peu connu, le “lieutenant de sa vènerie” : « Mesnil, lui dit-il, je me sentirais trop ingrat,et penserais être plein d’outrecuidance si en ce petit traité que je veux faire delachasseaucerf,avantquepersonnecommence à le lire, je n’avouais et confessais quej’aiapprisdevouslepeuquej’ensais[…] Je vous prie aussi,Mesnil,vouloir corriger et limer, ce qui sera de mal dans ce mien traité,lequel si d’aventure est si accompli, qu’il n’y ait rien à redire et changer,la gloire enserapremièrementàvousdem’avoirsibien instruit,et puis à moi d’avoir si bien retenu. Donc ayant appris d’un si bon maître,je me hasarderaiàlecommencer,vouspriantd’accepter de si bon cœur que je vous le présente
et le dédie.» Quel sentiment de modestie, de simplicité et de naturel dans ces quelques lignes ! Finalement,s’il fut un chasseur infatigable, Charles IX fut aussi un humaniste dontl’idéald’harmonie et de paix est commun à tous les princes de la Renaissance ;alorspourquoi tant de haine ? Dans la nuit du 23 au24août1572dansles rues de Paris,les sbires du duc de Guise sèmentl’épouvante,onentendhurler«Tuez les tous,le roi l’ordonne ! » et la ville s’embrased’undéliresanguinaire.CharlesIX aurait ordonné, contre toute attente, le massacre de son peuple ! La chose paraît peu vraisemblable et les historiens sont d’accord sur ce point. À rebours, l’acte stupéfiant d’abnégation par lequel CharlesIX se charge pour l’éternitédupoidsdel’abominationestéclairé manifestement par les mêmes raisons profondes qui l’ont poussé à s’abîmer
MARIE TOUCHET (1549-1638)
MAÎTRESSE DE CHARLES IX,
ELLE LUI DONNA DEUX ENFANTS. AU-DESSUS, CHARLES IX ET, MASSACRE DE LA SAINT-BARTHÉLÉMY. LE ROI AURAIT ORDONNÉ, CONTRE TOUTE ATTENTE, LE MASSACRE DE SON PEUPLE ! LA CHOSE PARAÎT PEU VRAISEMBLABLE ET LES HISTORIENS SONT D’ACCORD SUR CE POINT.
dans la chasse d’une manièredémesurée :ultime sacrifice de luimême à… sa mère et à la couronne. Enfin, anéanti par le remords,pour fuir les hallucinations qui transforment sa vie en cauchemar,il va chasser plus que jamais. Jusqu’à ce que, miné par la phtisie, haï de tous, assisté seulement de sa vieille nourrice protestante,il s’éteigne dans le donjon de Vincennes le 30 mai 1574. Ambroise Paré, son médecin, dit « qu’il est mort pour avoir trop sonné de la trompe à la chasse du cerf, qui lui a tout gâté son pauvre corps ». Il aimait trop sa mère, peut-être, mais quel chasseur ! ◆
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“IL EST MORT POUR AVOIR TROP SONNÉ DE LA TROMPE À LA CHASSE AU CERF, QUI LUI A TOUT GÂTÉ SON PAUVRE CORPS”, ÉCRIRA AMBROISE PARÉ, SON MÉDECIN. 152
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LES CAPITAINES LEWIS ET CLARK. LEWIS ÉTAIT LE SECRÉTAIRE PARTICULIER DE JEFFERSON, IL RECRUTE CLARK ET LE PROMEUT CAPITAINE. LEUR OBJECTIF SERA LA DÉCOUVERTE D’UNE VOIE NAVIGABLE VERS LE PACIFIQUE EN EMPRUNTANT LE COURS DU MISSOURI. PAGE DE DROITE, DEUX DES EMBARCATIONS DE L’EXPÉDITION. 154
Chasseurs
de légende ◆
Lewis et Clark L’expédition du Nouveau Monde par Guillaume Beau de Loménie
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orsqu’en 1803, Bonaparte cède aux États-Unis contre la somme de 15 millions de dollars la Louisiane française, l’événement aura une importance capitale dans l’histoire du Nouveau Monde. Délimitée à l’est par le Mississippi, la Louisiane s’étendait du golfe du Mexique à la frontière du Canada, englobant tout ou partie de douze des États de l’Union actuelle.D’un trait de plume,cette Union voit son territoire multiplié par deux. Dès la signature du traité, le 30 avril 1803,Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, entreprend de mettre sur pied une expédition qui comptera parmi les plus fameuses jamais entreprises par ce pays et, non sans raison, parmi les événements fondateurs des États-Unis d’Amérique. L’objectif principal est la découverte d’une route navigable vers le Pacifique en empruntant le cours du Missouri qui traverse pour ainsi dire de part en part les nouveaux territoires. Mais Jefferson a sans doute pressenti que cette exploration aux visées éminemment politiques,stratégiques et commerciales va également par la force des choses et tout naturellement revêtir bien d’autres aspects, cynégétiques entre autres. Ne songeait-il pas en effet qu’il fût possible que cet Ouest mystérieux abritât encore des mammouths ! On sait qu’il n’en fut rien. Le résultat n’en fut sans doute pas moins au-delà de ses espérances. Deux officiers vont conduire cette expédition au cours des deux années et demie qu’elle va durer.Jefferson place à sa tête son secrétaire particulier le capitaine Meriwether Lewis. Lewis recrute le lieutenant William Clark qui se voit immédiatement promu à son tour au grade de capitaine.« Meriwether Lewis alors âgé de 29 ans,était grand, mince,rêveur,introverti,avec une tendance très nette à la mélancolie »,raconte Michel Le Bris dans son Dictionnaire amoureux des explorateurs, alors que « William Clark,de quatre ans son aîné,était de taille égale mais puissammentcharpenté,chaleureuxaucontact facile,et au jugement très sûr.Lewis était un intellectuel,Clarkunhommedupeuple,peuinstruit. » Pourtant, Clark devait révéler un réel talent d’ethnographe et de géographe dont les travaux feront l’admiration des cartographesplusdecentcinquanteansplus tard. Lewis, quant à lui, formé à l’école de Jefferson, se vit chargé entre autre des recherches botaniques et des relevés astronomiques. Ces deux caractères antinomiques firent le succès de l’expédition. >>
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Lewis et Clark
LEWIS ET CLARK ET LEUR GUIDE SACAGAWEA À LA RENCONTRE DES INDIENS
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(AQUARELLE EXÉCUTÉE EN 1905 PAR CHARLES RUSSELL). À DROITE, LES TIPIS DE LEWIS ET CLARK RECONSTITUÉS DANS LE NEBRASKA. ET LE TRACÉ DU PARCOURS QUI DURERA DU 14 MAI 1804 AU 23 SEPTEMBRE 1806.
Lewis commande à Pittsburgh, l’ancien fort Duquesne sur l’Ohio,la construction d’un bateau à quille. S’ajouteront deux grands canots de six et sept rangs de nage.Les trois embarcations sont équipées d’un mat et susceptibles de naviguer à la voile quand les vents le permettront. Elles pourront aussi être halées le long des berges,ou poussées à la perche… Les membres de l’expédition sont recrutés.Ils serontquarante.Cesontpourlaplupartdessoldatsdel’armée des États-Unis.Parmi eux,il y a John Colter,le futur découvreur du site duYellowstone.S’ajoutent à ces Américains de nombreux “Canadiens”. « À cette époque,on nommait“Canadiens »,par opposition aux“Français”de France, tous les habitants d’expression française nés enAmérique,à l’exception de ceux nés en Louisiane du Sud ou dans les Antilles,que l’on qualifiait de“Créoles”»,explique Michel Chaloult (les Canadiens de l’expédition Lewis et Clark,Septentrion). Ces hommes vont avoir un rôle déterminant dans la réussite de l’expédition. En effet si les Américains de 1803 ignorent tout des territoires de la rive gauche du Mississippi il n’en va pas de même des Canadiens. Français de France, de Louisiane, du Canada, ils sillonnent depuis des lustres ces territoires en quête de fourrures,d’or,de commerce avec les tribus
indiennes.Depuis le XVIIe siècle,du plus humble coureur de bois aux plus fameux explorateurs,ils ont reconnu le bassin du Missouri, remonté le fleuve, jusqu’aux Rocheuses, construit des forts,établis des traités de paix avec les nations indiennes. Les Canadiens recrutés par les deux officiers, qui les appelleront “Frenchmen”, sont les modestes continuateurs de cetteœuvre.Trappeurs,commerçants,bateliers,coureursdebois, ils sont habitués aux Indiens.Vivant parmi eux pour certains, métis d’Indiens eux-mêmes pour d’autres, ils maîtrisent les idiomes et vont s’avérer des guides et des interprètes irremplaçables. Ils ont pour noms, Charbonneau, Lepage, Labiche, Lachapelle,Delaunay,Bruguière,Drouillard enfin. >>
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LE CAPITAINE LEWIS COMMANDE À PITTSBURGH LA CONSTRUCTION D’UN BATEAU À QUILLE. S’AJOUTERONT DEUX GRANDS CANOTS DE SIX ET SEPT RANGS DE NAGE. 156
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Drouillard est le fils d’un Canadien français et d’une Indienne shawnee.Ilaunetrentained’années. Il est l’archétype du mountain man que popularisera la conquête de l’Ouest,et dont Lewis et Clark sont les initiateurs.Chasseur,trappeur,il parle plusieurs langues amérindiennes outre le français et l’anglais.Ilvas’avérerl’undeshommeslesplusimportantsdel’aventure. Drouillard, entre autres responsabilités, sera le chasseur de l’expédition ! Si l’expédition embarque,en effet,un équipement hétéroclite, constitué pour une bonne part de cadeaux de toutes sortes pour les tribus indiennes qu’elle va rencontrer, il n’est pratiquement pas prévu de nourriture à l’exclusion de quelques livres de farine, de semoule de maïs, et quelques dizaines de litres de “soupe à emporter”, sorte de gélatine de soupe déshydratée précurseur des concentrés en boîte… En dehors de cela, seul ce que les hommes de la troupe pourront pêcher,chasser,piéger pourvoira à leur subsistance ! La construction du bateau à quille achevée, il est acheminé à l’automne jusqu’à Saint-Louis,située au confluent du Mississippi et du Missouri. Le 20 décembre 1803, alors que l’expédition passe l’hiver à camp Dubois,aux portes de SaintLouis,laFranceremetlaLouisianeauxÉtats-Unis.Enfin,après un long hiver, et le parachèvement des préparatifs, l’expédition appareille le 14 mai 1804.Le temps est maussade,il pleut, et les hommes sont bientôt trempés. La pluie ne sera pas l’un des moindres désagréments qu’ils auront à subir, et il leur
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faudra à maintes reprises dormir dans des vêtements humides et des couvertures détrempées. En outre, les fortscourantsduprintemps rendent la navigation difficilesurleMissouriquicharrie des débris,des arbres déracinés et entame les rives jusqu’àleurécroulementdevant, ou même, sur les embarcations. Dèslespremiersjoursdenavigation, les deux officiers notent scrupuleusement tout ce qu’ils voient. Les plantes, les animaux, tout y passe. Les descriptions et surtout les circonstances de celles-ci sont si nombreuses que nous ne saurions les raconter toutes.Aussi ne nous attacherons-nous qu’à évoquer ici celles qui relèvent des mammifères et de leur chasse. Ainsi sans tarder, Drouillard se lancent dans de longues courses dont il rapporte des cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus) le plus souvent, parfois des ours noirs (Ursus americanus), des castors,des ratons laveurs et divers oiseaux qui améliorent aussi l’ordinaire.Plus que jamais il en va de la survie de l’expédition,car l’effort demandé aux rameurs qui ont la charge de mouvoir ces embarcations à contre-courant est colossal. Ces hommes jeunes ont besoin de quantités phénoménales de protéines, et donc de viande ! Il apparaît bientôt que chaque hommeestenmesuredeconsommerquotidiennement,pourvu que la chasse du jour le leur permette,près de 4 kilos de viande ! Et selon Clark,il faut à l’expédition « 4 cerfs,ou un elk et un cerf, ou un bison » pour subvenir à ses besoins journaliers. Aussi Drouillard,qu’accompagnesouventundesofficiers,oud’autres Frenchmen,progresse souvent à deux ou trois jours en avant de la flottille,ne prenant pas même le temps de l’attendre pour lui
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Lewis et Clark
par Jefferson aux deux officiers que l’établissementderelationsdepaixaveclesnations indiennes auxquelles, outre la bonne parole, il convient d’apporter la nouvelle du transfert de souveraineté. Les officiers remettent auxchefsqu’ilsrencontrentdesdrapeauxaméricains et des médailles à l’effigie de Jefferson.Lasuiteseranettementmoinspacifique… Le 20 août,un premier drame frappe l’expédition. Le sergent Floyd est emporté en quelques heures par des “maux de ventre” contre lesquels les officiers et ses camarades restent impuissants et que les chercheurs et historiensidentifientaujourd’huicommeune péritonite foudroyante… Le 23 août,le soldat Joseph Fields tue le premier bison. La population des bisons à cette époque est sans doute supérieure aux soixante millions d’individus.Leurs troupeaux s’étirent à perte de vue et,lors des grandes transhumances, il faut parfois des jours pour que ceux-ci cessent de défiler. Dans leur sillage, des meutes de dizaines de loups, « leurs fidèles bergers » écrivent les officiers,chassent les veaux ou se repaissent des carcasses des bisons qui se noient lors des passagesderivières.Bientôtlesmembresdel’expéditionsejoindront aux Indiens pour des chasses mémorables que Clark raconte : « le grand chef est venu nous avertir qu’un important troupeau de bisons était proche et que ses gens nous attendaient pour que nous nous joignions à leur chasse.Le capitaine Lewis a pris quinze hommes avec lui et s’est joint aux Indiens,qui,de ce temps,avaient déjà commencé à chasser à cheval les bisons,tuant ceux-ci avec des flèches,ce qu’ils font avec une grande dextérité ».Les bisons ne tarderont pas à faire partie du menu sinon quotidien du moins habituel des membres de l’expédition. Ils en chasseront et consommeront au cours des mois à venir 227 ! Le mois de septembre 1804 va s’avérer riche en observations animalières. Le 7 septembre Clark note qu’ils ont « dé-
LES PREMIERS CONTACTS AVEC LES INDIENS AURONT LIEU
LES 2 ET 3 AOÛT 1804… C’EST L’UNE DES MISSIONS CONFIÉES
PAR JEFFERSON QUE L’ÉTABLISSEMENT DE RELATIONS DE PAIX AVEC LES NATIONS INDIENNES. À DROITE, UNE ANTILOPE PRONGHORN, DÉCOUVERTE PAR LES DEUX EXPLORATEURS ET PLAQUE RAPPELANT LA FAMEUSE EXPÉDITION.
remettresesprises,maissebornantàlessuspendre bien en vue aux branches d’arbres où l’expédition n’a plus qu’à les cueillir. Au cours des premières semaines, l’expédition croise sur la rivière de nombreux Français, trappeurs ou commerçants, habitant de SaintLouis,ou encore d’autres villes de ce qui est dorénavant “l’ex”-colonie française. Certains de ces Français de Louisiane ont choisi de vivre auprès des Indiens, tel Pierre Dorion, qui vit depuis près de vingt ans avec les Sioux et que les deux officiers pressent de questions au sujet de ces tribus que,tôt ou tard,l’expédition va rencontrer. En juin, les premières traces de bisons sont relevées ! Elles marquent dans le même temps les premiers indices de la présence des Indiens. Les seconds étant sur la trace des premiers… Le 4 juillet, les capitaines font tirer le petit canon qui orne la proue du bateau à quille et distribue une ration de whisky en l’honneur de la fête de l’Indépendance, la fête nationale américaine. Le 5 juillet, Clark dans son Journal mentionne pour la première fois les traces d’Elk (Cervus canadiensis) ou encore wapiti selon une terminologie plus européenne. Les elks vont grandement contribuer à leur tour à améliorer l’ordinaire de l’expédition.Cet immense cervidé qui pullule alors et qui,aujourd’hui encore, constitue l’un des gibiers de prédilection de bien des chasseurs nord-américains,sera aussi celui de l’expédition puisqu’il s’en tuera et consommera pas moins de 375 ! Les premiers contacts avec les Indiens ottos et missouris ont lieu les 2 et 3 août 1804. C’est l’une des missions confiées
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POUR L’EXPÉDITION, CHASSER EST UNE NÉCESSITÉ, CAR L’EFFORT DEMANDÉ AUX RAMEURS POUR MOUVOIR LES EMBARCATIONS À CONTRE-COURANT EST TOUT BONNEMENT COLOSSAL. 160
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Lewis et Clark
couvert l’habitat de petits animaux qui s’enfouissent dans le sol.Les Français les appellent“petites chiens”. Nous en avons tué un et capturé un vivant en versant une grande quantité d’eau dans son trou… ».Les officiers viennent de rencontrer les chiens de prairie (Cynomys ludovicianus). Le 14 septembre,espèce nord-américaine emblématique s’il en est,Lewis et Clark rencontrent pour la première fois les antilopes Pronghorn (Antilocapra americana). Antilope ! Le nom que l’on doit à la méprise des deux explorateurs va durablement lui coller à la peau. Car d’antilope, la Pronghorn n’a que le nom,elle qui n’est ni une antilope,ni un capriné, ni encore moins un cervidé… Le sergent Ordway écrit : « Le capitaine Clark a tué un curieux animal qui ressemble à une chèvre.Willard l’a apporté à bord.Aucun animal de cette sorte n’a jamais été vu aux États-Unis.» À cette époque,la population de Pronghorn est proche des 35 millions d’individus. Mais victimedel’engouementquesa chasseprovoquera,elleseramenacéed’extinctionaudébutdu XXe siècle.Aussi,dans les années 1940, un moratoire sur la chasse de l’antilope mettra finàsondéclin.Lapopulation est aujourd’hui estimée à 500 000individus.Troisjours après les avoir rencontrés pour la première fois, Lewispouvaitécrire :«Cepaysage déjà en soi d’une grande beautéestencorerehaussépar la présence d’immenses troupeaux de bisons, de cerfs, d’elks et d’antilopes […].»
C’estcemêmejour,le17septembre, que Colter, le découvreur du site du Yellowstone, rapporte aux bateaux « une curieuse sorte de cerf gris foncé,lepoillongetfin,lesoreilleslarges etlongues,unepetitepochesouslesyeux, comme un elk,la queue a peu près de la longueur de celle d’un cerf commun, ronde (comme celle d’une vache) une touffe de poils noirs à son extrémité. Cette espèce de cerfs saute comme une chèvre ou un mouton ». Il s’agit là du non moins emblématique cerf mulet, ou mule deer ou cerf à queue noire, inconnu alors sur le territoire de l’Union.Celui-ci s’ajoute bientôt au menu des rameurs, et toutes espèces confondues, 1 001 cerfs pourvoiront au cours de l’expédition à leur alimentation ! Le lendemain, c’est le coyote (Canis latrans) qui fait son apparition ! Celui-ci était également inconnu au-delà de la rive droite du Mississippi et Clark écrit : « j’ai tué un loup de prairie de la taille d’un renard gris,la queue,la tête et les oreilles semblables à celles d’un loup ».Le coyote s’est depuis bien rattrapé,et il se rencontre de la Floride à l’Alaska, du Maine au Costa Rica, et jusque dans les faubourgs des villes comme Los Angeles ou Boston. Outre les espèces que nous venons de dire, l’expédition découvrira ou décrira encore jusqu’à la fin du mois de novembre plusieurs petits mammifères au nombre desquels la belette à longue queue (Mustela frenata), le lapin d’Audubon (Sylvilagus audubonii) le lièvre de Townsend (Lepus townsendii) et plus de trente-cinq espèces nouvelles de plantes et d’arbres. Entretemps,à la fin octobre,c’est la halte pour l’hiver dans l’actuelle Dakota du Nord et sur les berges du Missouri, la constructiond’unfort.CeserafortMandan,dunomd’unetribu indienne qui séjourne elle-même non loin de là. C’est ici que l’Indienne Sacagawea de la tribu des Shoshones, et qui n’est guère âgée de plus de 17 ans, et son époux canadien-français Toussaint Charbonneau qui vivent au sein de cette tribu Mandan rejoindront l’expédition. Dès lors, Sacagawea guidera celle-ci vers l’Ouest et entrera dans la légende,sa connaissance des tribus rencontrées, et celle des régions traversées assurant
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PHOTOS : THE GRANGER COLLECTION NYC/RUE DES ARCHIVES - ED. ALFRED A. KNOPF
Lewis et Clark
redoutablegrizzly(Ursusarctos horribilis) que les Américains de cette époque n’ont pasencoreapprisàconnaître. Ours blancs, ou encore ours jaune,voireoursgris.C’estfinalement ce nom qui l’emportera,dérivéduvieuxfrançaisgriselequisignifiegrisâtre et qui donnera“grizzly”. Le 29 avril enfin la rencontre tant attendue a lieu et risque fort de s’achever dramatiquementpourlechefdel’expédition. Lewis blesse un grizzly.Celui-ci se lance à la poursuite de l’officier,mais amoindri par sa blessure,il laisse le temps à l’homme de recharger,et de l’achever.À compter de ce jour,les rencontres vont devenir quotidiennes.Etlesincidentsvontsemultiplier.Le14mai1805, soit un an après le départ de l’expédition,six hommes lâchent une volée de balles sur un grizzly couché au bord de la rivière. Blessé, fou de douleur et de rage, l’ours se lance sur les chasseurs qui n’ont pas le temps de recharger et prennent la fuite. Sur le point d’être rejoints,deux d’entre eux se jettent dans les canots amarrés à la rive.D’autres depuis des buissons où ils se sontdissimuléstirentànouveau.L’ourslescharge.Deuxhommes se jettent dans la rivière,suivis par le grizzly.Enfin une balle lui traverse le crâne et foudroie le fauve. >>
ATTAQUE D’UN GRIZZLY BLESSÉ (DE JOHN CLYMER). À CETTE ÉPOQUE, LES GRIZZLYS SONT SI NOMBREUX QUE POUR LES HOMMES DE L’EXPÉDITION, IL N’EST PAS QUESTION DE S’AVENTURER SEUL, HORS DES LIMITES DU CAMP. CI-CONTRE, AVEC L’INDIENNE SACAGAWEA (DESSIN DE W.C. WYETH).
pour une grande part le succès de l’expédition. Enceinte, Sacagawea donne en février le jour à un petit garçon que Clark adoptera au retour de l’expédition. Le 7 avril 1805 enfin, l’expédition repart. Le même jour, Lewis renvoie une partie de ses hommes vers Saint-Louis sur la plus grande des embarcations.Ils sont chargés de rapporter 108 spécimens botaniques, 68 minéraux et des cartes.Le reste de l’expédition continue de remonter le Missouri avec 32 personnes,au nombre desquelles un bébé de deux mois.Aux deux grands canots se sont ajoutées six pirogues creusées dans des troncs de peuplier. Les épreuves parmi les plus dures que l’expédition ait connues restent à venir. Mais également des découvertes et des rencontres parmi les plus riches en émotions auxquelles Lewis et Clark vont faire face.Depuis plusieurs jours des empreintes énormes jalonnent les rives du Missouri. Le 13 avril Lewis note avoir « vu des traces d’ours blanc de taille énorme le long de la rivière et proches des carcasses de bisons dont je présume qu’ilssenourrissent.Maisnousn’avonspasencorevul’animal[…]». Ours blancs ? C’est ainsi en effet que les Indiens appellent le
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LEWIS NOTE AVOIR VU “DES TRACES D’OURS DE TAILLE ÉNORME LE LONG DE LA RIVIÈRE ET PROCHES DES CARCASSES DE BISON DONT JE PRÉSUME QU’ILS SE NOURRISSENT”… 164
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Richter 20.03LBW VOERE AUSTRIA 2003ATD Canon carbone
La Voere Richter est très polyvalente grâce à son canon, sa tête de culasse et son chargeur interchangeables. Le modèle luxe AL est pourvu d’une culasse à armement séparé garante d’un fonctionnement silencieux et sécurisé. La crosse est en noyer sélectionné poncé huilé quadrille écaille de poisson. La version 2003ATD (démontable/take down) ajoute la facilité de transport dans un encombrement réduit. Les montages et démontages successifs sont sans influence sur la précision exceptionnelle de cette carabine car le système de désassemblage ne touche jamais à la liaison canon/mécanisme. Modèle «Richter» à canon interchangeable visée fibre optique, canon de 51 à 65cm, chargeur amovible, (jusqu’à 5 coups selon le calibre) Calibres disponibles : 22-250, 243Win, 270Win, 6,5x57, 7x57, 7x64, 9.3x62 /
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Modèle
Descriptif
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Canon carbone, disponible en option. Gain de poids jusqu’à 300g
2003SCS 2003SCC 2003SCV 2003MAG
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PHOTOS : AP/SIPA - TOM TILL/SUPERSTOCK/SIPA
Lewis et Clark
LA KNIFE RIVER DANS LE MISSOURI. CI-CONTRE, TIMBRE COMMÉMORATIF RÉALISÉ EN 2004 POUR CÉLÉBRER LE BICENTENAIRE DE L’EXPÉDITION. 122 ESPÈCES ANIMALES, 178 PLANTES ET ARBRES ONT ÉTÉ DÉCOUVERTS OU RECONNUS PAR LEWIS ET CLARK.
Il y aura bien d’autres charges, des incursions de grizzlys dans les camps, des fuites éperdues face à des femelles suitées. Les hommes vont apprendre à vivre avec la présence quasi permanente et obsédante des grizzlys. Ils sont parfois si nombreux qu’il n’est pas question de s’aventurer seul hors des limites des bivouacs, gardés alors comme de véritables forteresses. Pourtant, les hommes vont rapidement apprendre à tirer le meilleur parti des redoutables plantigrades. Outre la viande dont ils font une abondante consommation,la graisse va devenirunélémentincontournabledetoutespréparationsculinaires et leur permettre la fabrication de lampes et autres lumignons. Les grizzlys paieront de la vie de 43 d’entre eux leur tribut à la rencontre des hommes,et à celle de la civilisation en marche… Le 26 avril un chasseur observe pour la première fois des mouflons (Ovis canadiensis) dont plusieurs mois auparavant un Canadien leur a fait la description. Les animaux sont trop loin pour qu’il puisse les tirer,mais il rapporte au camp un trophée ramassé près du lit d’une rivière. Un mois plus tard, le 25 mai, Drouillard tue un premier mouflon, puis Clark et un autre membre de l’expédition abattent chacun un big horn. Le lendemain, le 26 mai 1805, Lewis aperçoit enfin les Rocheusesdanslelointain.Ilsesentenvahiparlacrainteàl’idée des difficultés qui les attendent pour parvenir à bout de la formidable barrière de rochers et de glace qui les sépare du Pacifique.Mais avant cela une autre épreuve tout aussi formidable les attend avec le franchissement des chutes que, bientôt, ils vont rencontrer sur le cours du Missouri,dans l’actuel Montana, et qui restera comme “le grand portage”. À partir du 20 juin, pendant dix jours, les hommes vont porter, tirer, pousser les embarcations montées sur des roues taillées dans
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des troncs d’arbres pour franchirlesvingt-cinqkilomètresqui vont leur permettre de contourner les chutes. En septembre, ils affrontentunnouveaucalvairede onze jours au cours du franchissement des Rocheuses.Affamés, ils sont contraints d’abattre l’un des chevaux donnés par les Indiensshoshonesrencontrésavant de se lancer à l’assaut des montagnes,etquiontremplacélesembarcationsdésormaisinutiles. Le Pacifique est en vue le 7 novembre 1805 ! « Grande joie dans le camp ! » s’exclame Clark. Mais il lui faudra attendre le 19 pour y parvenir par la Columbia River dans d’épouvantables conditions, sous une pluie battante et glaciale. Il grave son nom et la date dans le tronc d’un pin. L’expédition construit un nouveau fort sur les rives de la Columbia et passe un nouvel hiver dans d’affreuses conditions météorologiques. Elle prend le chemin du retour le 23 avril 1806 et mettra six mois jour pour jour pour parvenir à son point de départ, SaintLouis, qu’elle atteint le 23 septembre. La voie navigable jusqu’au Pacifique chère à Jefferson n’a pas été découverte.Qu’importe ! Des territoires immenses ont étéreconnus.Centvingt-deuxespècesetsous-espècesanimales, et cent soixante-dix-huit nouvelles plantes et arbres ont été découverts ou reconnus.Une cinquantaine de tribus indiennes ont été approchées et identifiées. Lewis et Clark sont rentrés. Il sera temps bientôt de songer à repousser la Frontière. Non sans mal, non sans drames, humains avec les Indiens, naturalistes avec des dizaines d’espèces quasi éliminées. GoWest ! Go ! ◆ Pour aller plus loin :100 Paintings Illustrating the Journal of Lewis and Clark,de Charles Fritz,Farcountry Press. Lewis & Clark,Voyage of Discovery de Stephen E.Ambrose, National Geographic Society-Bicentennial Edition. Lewis and Clark,The journey of the Corps of Discovery,an Illustrated History, de Dayton Duncan et Ken Burns,Alfred A.Knopf Edition.
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• Photos : Clique à Bill.
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Crayons
et ◆
Pinceaux
O’Klein L’humour en force
ARTHUR O’KLEIN DANS SA MAISON D’HERBLAY EN 1945. CI-DESSOUS, TRÈS BELLE ÉTUDE AU CRAYON SUR CALQUE DE SPANIEL.
PAGE
DE GAUCHE, UN JOUR
D’OUVERTURE (AQUARELLE EXÉCUTÉE VERS 1950). SON PERSONNAGE DE CHASSEUR, BRAVE TYPE VENTRU, LES JOUES
ROSES, L’AIR TOUJOURS UN PEU ACCABLÉ,
REVIENT EN PERMANENCE DANS SON ŒUVRE.
◆
par Virginie Jacoberger-Lavoué
H
PHOTOS : ÉDITIONS DE MONTAUT
umoriste animalier : c’est le titre qu’avait choisi Denis Montaut voilà cinq ans pour sa solide biographie d’O’Klein. C’est un titre qui dit presque tout car il n’y a pas de meilleures épithètes pour définir, saisir ou encore résumer son œuvre et le personnage qui était derrière le rideau. Les chasseurs en général, qu’ils aient le verbe haut ou la parole feutrée –ce qui, il faut bien le reconnaître, est assez rare– aiment rire, sourire des mésaventures et des malheurs de leurs congénères dans l’exercice de leur passion. Ils se délectent tant de ces situations rocambolesques, burlesques qu’ils enjolivent à la Pagnol, ou qu’ils l’« améliorent » seulement à la Foudras. Qu’importe, sans ces histoires et ces fables, la chasse ne serait pas tout à fait ce qu’elle est… >>
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PHOTOS : ÉDITIONS DE MONTAUT
LA SÉRIE DES CHIENS QUI ONT RENDU CÉLÈBRE O’KLEIN, À COMMENCER PAR SES “CHIENS-PIPI” (EN HAUT), UNE CARICATURE QUI DATE DE 1936. CI-CONTRE, À MOSCOU DURANT L’HIVER 1912 AVEC SES COUSINS. PAGE DE DROITE, “LA BELLE VIE”, OÙ L’ON RECONNAÎT SON PERSONNAGE UN PEU VENTRU.
D
ans ce genre-là, avec O’Klein, les chasseurs sont servis au centuple. Son personnage de chasseur qui revient en permanence dans son Œuvre,comme un fil d’Ariane qui, jamais, ne se rompra est reconnaissable entre mille. Qui n’a vu une fois dans sa vie ce brave type ventru, souvenir de bombances un peu trop appuyées, les joues roses, l’air toujours un peu accablé ? Sous le trait malicieux d’O’Klein, ce nemrod de catalogue, tout autant maladroit que débonnaire, se retrouve rarement à son avantage, mais notre artiste,comme le fait remarquer Denis Montaut,n’est jamais cruel avec lui.Au contraire, il apparaît plein de gentillesse et d’humanité,en particulier avec ses chiens,acteurs entiers de ses compositions. Les chiens – et dans l’ensemble tous ses animaux–, c’est l’autre facette d’O’Klein,et son autre grand talent.Ces chiens, et pas seulement les chiens de chasse, il les fait vivre
“humainement” avec une drôlerie irrésistible, il les fait “philosopher” tel le lièvre de La Fontaine, à telle enseigne que, rien que par leur attitude, on devine tellement ce qu’ils pensent ! Ne nous y trompons pas : O’Klein n’est sans doute
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EN RUSSIE, OÙ SES PARENTS AVAIENT ÉMIGRÉ APRÈS LA GUERRE DE 1870, LE JEUNE ARTHUR CHASSERA COQ DE BRUYÈRE, BÉCASSE, SANGLIER, ÉLAN … PARTANT PENDANT DES SEMAINES, IL ÉCHANGE ENSUITE SES PRISES “CONTRE DU PAIN, DU FROMAGE”, RACONTE DENIS MONTAUT.
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pas ce qu’on appelle communément un “grand”, ce n’est ni Oudry ni Poortvielt –il n’a d’ailleurs jamais revendiqué ce statut –, mais dans ce genre mineur qui n’a rien de péjoratif, il s’est hissé parmi les plus grands. Pour preuve que cela n’a rien d’une coquetterie littéraire, parmi les 600 dessins de chasse recensés, il en a exécuté certains d’un grand académisme à la manière de Danchin non sous le nom d’O’Klein, mais de Jean Herblet, qu’il s’agisse de nombreuses études de chiens,de pointers,de setters,de spaniels,études qui font autorité par la justesse et la véracité du trait.Un double nom et presque une double vie, à la mesure de son destin et de son tempérament qui fut toujours secrètement“inconsolable et gai”. « J’ai eu une vie si merveilleuse que je voudrais la vivre vingt fois », disait-il à son petit-fils. Et pourtant, lorsqu’on s’arrête un instant sur cette vie, on est légitimement en droit de s’interroger sur le sens qu’il entend au mot merveilleux. Car pas grand-chose ne lui aura été épargné tant son destin aura été jalonné de drames et de catastrophes, ponctué heureusement par d’immenses joies. Ce doit être cela l’humour slave, « le souffle de la dérision de la vie », jugera avec légitimité sa famille. Mais avec seulement un peu de recul, aurait-il pu en être autrement lorsqu’on a vu le jour en Russie en 1893 ? Aussi bien du côté de son père que de celui de sa mère,il n’y a rien de russe. Alsaciens, ils ont dû quitter leur région d’origine, abandonnée à la Prusse après la défaite de Sedan et, bien que protestants, ils émigrent vers la Sainte Russie. S’ils avaient su… Le père de Boris, ingénieur chimiste, crée une usine dans la banlieue de Moscou,et la famille habite une maison de ville. >>
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“AMAZONE”, EAU-FORTE RÉALISÉE NON PAR O’KLEIN MAIS PAR JEAN HERBLET EN 1929, SON AUTRE NOM D’ARTISTE QU’IL CHOISIRA POUR SES ŒUVRES PLUS “ACADÉMIQUES”. CI-CONTRE, NOTRE CÉLÈBRE CHASSEUR EN PROIE À UN CHIEN RÉCALCITRANT ! PAGE DE DROITE, “ALLEZ UN PETIT EFFORT AZOR.”
Le petit Arthur Georges Klein –il devra le surnom de Boris à un parrain moscovite– mène une enfance tranquille de garçon de bonne famille « intégrant le groupe important des germanophones vivant à Moscou », écrit Denis Montaut.Si son père, prototype de l’esprit cartésien, accorde “peu d’intérêt aux futilités”, sa mère est tout le contraire, enseignant à ses enfants – les Klein auront dix enfants, mais seuls trois survivront –, le chant, la musique, le dessin, et faisant bien attention à ce qu’ils soient imprégnés de la culture russe. “Boris”, indépendant et original dit-on de lui, va vite découvrir l’appel de la steppe cher à Tourgueniev et à Joseph Kessel. Il s’en va seul se promener, observe les animaux – il en tirera des dessins qu’il gardera bien de montrer à son père ! ; il est d’une résistance à toute épreuve à telle enseigne qu’il se
baignera,sur ordre de son père,dans de l’eau glacée,en plein hiver, selon la coutume russe, censée garder en bonne santé. D’ailleurs,cette volonté et cette capacité d’aller au-delà de ses limites feront de lui un athlète accompli, pratiquant ski,
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CETTE VIE DE COUREUR DES BOIS NE L’EMPÊCHERA PAS DE PASSER ET DE RÉUSSIR SON BAC EN ALLEMAND.O’KLEIN VOUDRA FAIRE LES BEAUX-ARTS AU GRAND DÉSESPOIR DE SON PÈRE.
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Exclusivité
équitation, (plus tard, il fera même partie d’une académie de culturisme) et bien sûr et surtout la chasse.Il chassera le loup à 12 ans avec deux camarades, avec pour seule arme un revolver de gros calibre, de nuit, en traîneau (l’affaire aurait pu mal se terminer car ils se feront surprendre par des loups, finiront par en abattre un,qui fera stopper le reste de la meute). À 18 ans, il part pour des semaines de chasse, traque coq de bruyère,bécasse,sanglier,élan,ours ;il échange le gibier « contre un pain,du fromage »… Cette vie de coureur des bois ne l’empêche nullement de réussir son bac en allemand. Il veut faire les Beaux-Arts, son père s’y oppose (un de ses frères avait suivi la même voie), et le somme d’entrer dans une faculté pour devenir chimiste. Malin,Boris fait mine d’accepter et s’inscrit aux Beaux-Arts. « Pour atténuer ses souffrances morales, raconte Denis Montaut, Boris fit croire qu’il apprenait le dessin industriel.» Peu à peu,son caractère d’artiste va se révéler. Les cours académiques ne le passionnent guère ;il préfère de très loin exécuter des croquis burlesques (Denis Montaut émet l’hypothèse qu’il avait peutêtre eu entre les mains des livres illustrés par Hansi, « autre Alsacien,très en vogue à l’époque dans le milieu des émigrés ;il est amusant de constater la ressemblance entre un des personnages de Hansi et le futur chasseur d’O’Klein »). Boris ne le sait pas, mais un autre enfer l’attend. Ayant choisi la nationalité française, il est obligé de suivre une instruction militaire en 1913, et est mobilisé le 2 août 1914
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“MÉPRISE”, UNE AQUARELLE RÉALISÉE VERS 1950. CI-CONTRE, “LE PEUREUX”, 1928 POUR L’ÉDITEUR DUCHER. IL TRAVAILLE AVEC DE CÉLÈBRES MAISONS D’ÉDITION, COMME DUCHER, MATHIEU OU RAYMOND MADSEN. PAGE DE DROITE, DESSIN À LA PLUME EXTRAIT DES “RETRIEVERS”. EAU-FORTE CONÇUE EN
au 168e régiment d’infanterie de Toul. Sous l’orage d’acier cher à Jünger,il se battra comme un lion,sera gravement blessé à la hanche, sera sauvé par des Allemands : la guerre est finie pour lui.Il en tirera des décorations,une claudication à vie et un carnet de dessins sur cette effroyable guerre qu’il intitulera « Époque épouvantable ». Un autre drame l’attend avec la révolution d’Octobre : il n’a plus aucune nouvelle de sa famille (il en aura des années plus tard lorsqu’il retrouvera à Paris son frère Georges qui lui apprendra la ruine de ses parents : sa mère meurt d’épuisement,son père revient en Alsace dans des conditions dantesques pour y mourir). Il n’est pas homme à sombrer face à l’adversité et c’est heureux car il cumule les handicaps : il est en France dont il parle à présent la langue mais est seul, sans toit, sans travail, sans famille. Boris est rendu à la vie civile,échappe à la grippe espagnole à Marseille (il y avait été soigné),vivote sur la Côte et finit par monter à Paris avec un
groupe de Russes blancs avec lequel il fait partie d’un ensemble vocal. À Paris, c’est une autre“steppe”qu’il découvre. Il mène une véritable vie de bohème, exécute des caricatures contre
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O’KLEIN N’OUBLIERA PAS LA CHASSE À COURRE.IL Y SERA TOUJOURS CAUSTIQUE, EMPRUNTANT LES SCÈNES DE CHASSE ANGLAISES.LES VENEURS SONT EN TENUE ROUGE,ASSEZ BEDONNANTS ; LES PRISES SONT RARES ET QUAND LES CHIENS SONT AU FERME, C’EST SUR UN ÉCUREUIL…
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de l’alimentaire, fréquente le milieu des artistes de Montparnasse… Mais,souvenir du sérieux de son père peutêtre, il intègre les Messageries maritimes comme employé aux écritures, mais ne continue pas moins à dessiner des portraits et des scènes d’animaux qu’il expose dans les rues de Paris.Aux Messageries,il y restera six ans,les quitte « pour convenance personnelle ».Nullement en raison de son mariage –il a épousé Louise Eugénie Pillon cette même année après une vie sentimentale d’aucuns qualifieraient d’agitée, Simenon surnommait cela des « emballements sentimentaux » !), mais simplement parce que ses dessins commencent à avoir quelques succès, et qu’il n’a plus le temps d’être “aux écritures”.Des éditeurs du quartier de l’Opéra le demandent ainsi que le journal satirique le Merle blanc. Pour Arthur Klein, le choix est fait : il vivra de son art. La signature d’O’Klein va apparaître de manière totalement fortuite : en signant A. Klein, certains prendront le A pour un O, et Arthur rajoutera une apostrophe au “O”, et le tour était joué. Sa force, son maître-étalon, ce sont toujours et encore ses caricatures, « en transposant les comportements humains sur des animaux »,avec la technique dite“à l’eau-forte” (il gravera ses cuivres qu’il imprimera en couleurs). Dans cette ménagerie,le chien aura les premières places.Il y a celui des villes (qu’il a dû longuement observé en battant le pavé parisien), tout à la fois voleur, fautif, sportif, soiffard, urinant à tout bout de champ, fourmillant de détails plus drôles les uns que les autres, agrémentés de légendes savoureuses. Sa série sur les Chiens de Paris, les fameux voyous qui pissent debout,s’apostrophent dans la rue,se toisent sur les trottoirs, restera célèbre. >>
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Avec le chien des campagnes, la chasse trouve toute sa place et son chasseur à la face rubiconde et à la maladresse légendaire.Ce pauvre bougre est tour à tour en proie avec un chien qui rapporte mal, face à un sanglier qui en veut à son déjeuner (et son teckel qui s’enfuit à toutes jambes)… Le chien est souvent son complice,lorsqu’il lui ramène fièrement DÉTAILS DE SON ÉTUDE DE SETTERS ET DE SPANIELS (GRAVURES À L’EAU-FORTE DE COULEUR À LA MAIN, RÉALISÉES VERS 1960). CI-DESSUS, UN JOUR D’OUVERTURE SOUS UN FEU PLUS QUE NOURRI. PAGE DE DROITE, “LA LEÇON DE DRESSAGE”, PUIS “LE FRILEUX”. ET, EN DESSOUS, LA COUVERTURE DE L’OUVRAGE DE BONVOULOIR, ILLUSTRÉ PAR JEAN HERBLET, PARU EN 1948 (LIBRAIRIE DES CHAMPSÉLYSÉES).
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un coq de basse-cour, qui lui prend son fusil pour tirer à sa place alors qu’il est en train de poser culotte ! ou lui signale avec force gestes une compagnie de perdrix. On l’aura compris : le chien est au centre de tout chez O’Klein. Le succès est là. Il travaille avec de célèbres maisons d’édition, comme Ducher et Mathieu (il intégrera en 1935 le groupe officiel des artistes maison), Raymond Madsen ; il vend dans des galeries parisiennes,comme la galerie Hénaut rue des Pyramides, dans des librairies en province (Mulhouse) et même sur un stand de La Samaritaine. Il travaille également pour des magazines comme l’Éleveur ou le Chasseur français.Et,hommage ultime,illustre des livres d’enfants, dont Hachette. En outre, grâce à l’homme d’affaires sicilien Abatino (qui était aussi le manager de Joséphine Baker), il entre sur le marché américain (l’affaire tournera court avec la mort d’Abatino, mais lui aura permis de se faire connaître à l’étranger). Parallèlement à ces innombrables traits d’humour, Arthur Boris cherche à faire du dessin plus sérieux, “plus académique”. Pour bien séparer cette autre facette, il choisit un pseudonyme :Jean Herblet, Jean en souvenir de son père,et Herblet, parce qu’il a emménagé à Herblay (aujourd’hui dans le Val-d’Oise), car il ne supportait plus l’air étouffant de Paris. Dans le rôle d’Herblet, son style change radicalement avec, par exemple, cette amazone « dans le plus pur style de l’époque où l’on mettait volontiers en situation de belles Parisiennes avec divers animaux », note Denis Montaut, influencé aussi par un groupe d’artistes –dont Jean Hardy – que les Américains surnommeront « The major of the boudoir art ». Hélas, la Seconde Guerre mondiale éclate. Vu son état de santé, il ne sera pas mobilisé, à son grand désespoir d’ailleurs. L’armistice signé, on ne l’a pas oublié. Il travaille pour le Hérisson ; mais de plus en
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illustre des cartes postales,des décors animaliers pour papier peint… Il travaille pour la revue Saint-Hubert,et pour l’Office national de la chasse (pour lequel il illustre une petite brochure sur Comment remédier à la régression de la perdrix grise). Heureusement,lui qui n’a pas un grand sens des affaires sera secondé par son fils Daniel (puis plus tard par son petit-fils). Cela lui permet de profiter pleinement de l’île de Ré qu’il a découverte depuis 1934 lors d’un voyage en famille.Il tombera amoureux de cette île qui en était encore une,avec son bac, sans eau courante et avec des commodités plus que sommaires. Il y chassera et y pêchera avec passion et, vers la fin de sa vie s’adonnera au balltrap. Il y restera indéfectiblement attaché, mais, tourisme de masse aidant, il s’enfuira dès les premières transhumances estivales. À plus de 80 ans, il trouve la force d’illustrer l’ouvrage d’Arnaud de Monbrison Tel maître,tel chien (Albin Michel). Il tire sa révérence en 1985 à 92 ans. Sa renommée n’a guère faibli, parce qu’au fond il dégage quelque chose d’indémodable, tout en profondeur et en malice. Sa philosophie d’artiste,c’est un peu celle de Molière dans cet art jubilatoire, d’évoquer les travers humains en “se dépêchant d’en rire”. C’est si rare de nos jours. ◆
plus,Arthur se replie sur lui-même,fuyant toutes mondanités à la limite de la misanthropie. Aussi bien Herblet qu’O’Klein travaillent beaucoup.Qui n’a pas eu un jour entre les mains l’ouvrage du comte de Bonvouloir sur les Retrievers et leur dressage paru en 1948 et illustré par Herblet ? Dans le même esprit, il exécutera à la demande du docteur Charles Paul, président du Spaniel Club de splendides, études de chiens“à la Danchin”,lui conseillant au passage d’étudier de manière approfondie l’anatomie car, lui écrit-il, « on n’est pas peintre animalier si l’on n’est pas anatomiste ».Le résultat est frappant que cela soit ses griffons korthals, dont il a su saisir toute la rusticité et l’expressivité que ses fox-terriers avec leur ténacité et leur intelligence. O’Klein n’en oublie pas pour autant les scènes de vénerie, moins connues. Il y est toujours drôle et féroce, empruntant les scènes de chasse anglaises. Les veneurs sont en tenue rouge,toujours assez bedonnants, les prises sont rares, et quand elles le sont, le spectateur est en présence de “ferme de vache”, ou d’un hallali sur un écureuil, de change sur un chat, de ferme sur ce même chat, avec un renard goguenard qui observe la scène. Herblet ou O’Klein travaillent toujours et encore (surtout la nuit),et c’est ainsi qu’entre 1930 et 1960,ils réaliseront plus de 800 cuivres gravés pour plusieurs milliers de gravures imprimés. Son aura auprès du grand public ne faiblit pas. Il
O’Klein,humoriste animalier,de Denis Montaut.Éditions de Montaut. Sur Internet :www.montaut.com
◆
IL RÉALISERA DE SPLENDIDES ÉTUDES DE CHIENS – DE SETTERS, DE POINTERS, DE KORTHALS – UN PEU “À LA DANCHIN” SUR LES CONSEILS DE CHARLES PAUL, PRÉSIDENT DU SPANIEL CLUB. Jours de C HASSE ◆
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REGARD
L’
Art
et la ◆
Chasse
Maurice Denis
La Légende de saint Hubert
DANS
CETTE SCÈNE, LE PEINTRE A
LIVRÉ UN TABLEAU QUI RELÈVE PLUS DU MANIFESTE NABI QUE
DU CHEF-D’ŒUVRE CYNÉGÉTIQUE.
◆
par Antoine Briand
C
’est à 27 ans que Maurice Denis achève une série de sept panneaux et un plafond pour l’hôtel parisien du baron Denys Cochin, grand veneur, avocat, académicien. Il nous offre ici un tableaureprésentatifdel’ensembledesonart,nabi (il sera le théoricien de ce courant) et déjà d’inspiration spirituelle (il sera à l’origine de la fondation des Ateliers d’art sacré). Le sujet traité lui permet d’exprimer l’une des aspirations des nabis :l’artpeutprovoquerunélanspirituel.Maurice Denis va s’inspirer du miracle de saint Hubert mais également de la légende du beau Pécopin, reprise par Victor Hugo, qui s’est laissé entraîner durant cent ans dans une chasse du diable. L’œuvre qu’il a réalisée, par l’usage de grands aplats de couleurs, la fausse perspective et la prédominance de la lumière, est une œuvre qui s’inscrit parfaitement dans le courant nabi. Ce panneau, qui s’apparente à une fresque, porte très justement le titre de la Légende de saint Hubert car la vie de ce saint, fort bien documentée, a cédé le pas à la légende : elle est parfaitement attestée dès le VIIIe siècle ; il fut en effet, en 727, date de sa mort, entouré d’une réputaDÉTAIL DU CERF. MAURICE DENIS N’EST APPAREMMENT PAS UN GRAND CONNAISSEUR DU CAÏD DE NOS FORÊTS.
LES BOIS DU CERF SONT PLUS QUE FANTAISISTES, CAR S’ILS PEUVENT ÊTRE AUSSI LOURDS POUR UN GRAND CERF ÉLAPHE, ILS NE SONT EN AUCUN CAS COURBÉS ET ÉVASÉS DE LA SORTE. ILS ONT ÉTÉ INTERPRÉTÉS AINSI POUR EXPOSER LE CRUCIFIX RAYONNANT POSÉ AU CENTRE DE LA RAMURE.
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tion de sainteté. La légende ne va naître qu’au XVe siècle :c’est grâce aux auteurs de chroniques sur sa vie qu’Hubert va devenir le saint patron des chasseurs et sera également honoré comme thaumaturge et notamment comme guérisseur des enragés. On raconte ainsi, de manière donc totalement apocryphe et fantaisiste, qu’Hubert, duc d’Aquitaine,païen encore adorateur d’idoles de toutes sortes,se rendit dans des forêts de l’actuelle Belgique et osa chasser, seul, un vendredi saint. En pleine chasse, il se retrouva face à un cerf crucifère et une voix lui enjoignit d’abandonner la passion de la chasse et d’honorer Dieu. Cette apparition et ce message divin entraînèrent une conversion immédiate du jeune homme qui s’en fut vivre en ermite. Le culte de saint Hubert s’est très largement développé dans la province de Liège, proche des Ardennes si giboyeuses,etleschasseursl’ontviteadoptécomme saint patron. Cette légende a été fabriquée à partir de la vie de saint Eustache, italien qui vit apparaître également un cerf portant un crucifix entre les bois,dont la portée mystique tient notamment à la repousse des bois du cerf,longtemps considérée comme symbolisant la résurrection. Cette confusion explique pourquoi il est encore possible aujourd’hui de voir la même scène représentée par un artiste qui porte le nom de Vision de saint Eustache (comme chez Pisanello) ou au contraire de Miracle de saint Hubert (comme chez Rubens), un même tableau étant connu parfois sous les deux vocables (chez Dürer notamment). La scène de la conversion de saint Hubert, représentée ici par Maurice Denis, est un sujet idéal en peinture car elle réunit tous les éléments propres à édifier le public :la jeunesse et la fougue d’un jeune prince, chassant dans la forêt, et l’apparition merveilleuse d’un cerf, porteur de la représentation de la crucifixion qui va entraîner la conversion du chasseur. La confrontation entre
PHOTOS : MUSEE DEPARTEMENTAL MAURICE DENIS/CONSEIL GENERAL DES YVELINES
l’homme et la bête est un élémentindispensableàtoutereprésentation de la scène. Les peintres ont souvent réduit leur tableau ou leur gravure à cette confrontation en agrémentant la scène d’une forêt dense ou de maisons en arrière-plan.Ici,MauriceDenis a placé le spectateur directement dans la forêt en lui laissant surprendre cette scène qui se déroule au second plan. Le spectateur saisit immédiatement la dimension mystiqueetmerveilleusedela scène qui se déroule sous ses yeux.Lefonddorérappelleles madones et les saints des primitifs italiens et des icônes ; le soleil, caché par l’arbre, se reflète dans l’eau du lac, ses rayons rappelant ceux qui entourent la croix. L’arbre au tronc massif sépare la scène, au premier plan de laquelle figure un trio d’anges sonneurs ;au second,l’homme et l’animal,la chasse à courre insouciante et païenne, la conversion immédiate du jeune prince aux mains jointes en prièredevantlecerfagenouillé qui expose le crucifix rayonnant posé au centre de sa ramure. La scène est encadrée par les troncs des quatre arbres, celui du premier plan semblant plonger ses racines au-delà même des limites de la toile.Le païen et le divin se rencontrent et se mêlent : le spectateur assiste à la victoire de Dieu sur les dieux. Le chasseur courageux a trouvé son maître, il l’implore aussitôt. Il est difficile de prétendre, au vu de l’exercice auquel s’est prêté Maurice Denis, que celui-ci fût un grand chasseur ; il a cependant suivi quelques chasses de l’équipage de Bois-Boudran du comte Greffulhe, grand ami de Denys Cochin,envuederéaliserlasériecommandéepar celui-ci.La chasse à courre,traitée par le peintre commeunequêtespirituelleetdétailléedansl’ensemble des panneaux de la série, est secondaire dans celui-ci : seules les trompes et les livrées des anges la rappellent. Ces anges sonneurs de trompes,plutôtquedetrompettes,permettenten effet d’inscrire ce panneau dans la série complète.
On remarque dans cette œuvre que le cheval, sur le reculoir, réaction de panique devant le cerf et la croix,est représenté à la manière d’une illustration,loin de tout réalisme. Maurice Denis n’est apparemment pas non plus un grand connaisseur des animaux, d’ailleurs assez rares dans sa production. Les bois de son cerf sont très fantaisistes (s’ils peuvent être aussi lourds pour un grand cerf, ils ne sont en aucun cas évasés et courbés de cette sorte). Bref, dans son cycle, pourtant consacré au patron des chasseurs et à la chasse à courre, Denis nous a livré une œuvre qui relève plusdumanifestenabiqueduchef-d’œuvre cynégétique. ◆
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MAURICE DENIS, PAR L’USAGE
DE GRANDS APLATS DE COULEURS, LA FAUSSE PERSPECTIVE ET LA PRÉDOMINANCE DE LA LUMIÈRE, EXÉCUTE LÀ UNE ŒUVRE QUI S’INSCRIT PARFAITEMENT DANS
LE COURANT NABI.
OU QUAND L’ART
PEUT PROVOQUER UN ÉLAN SPIRITUEL.
SIGNALONS QUE CE
TABLEAU FAIT PARTIE D’UNE SÉRIE DE SEPT PANNEAUX SUR LA CHASSE À COURRE RÉALISÉS POUR L’HÔTEL PARISIEN DU BARON
DENYS COCHIN.
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Vi s i t e
privée ◆
Invitation au mas de La Chandelle chez
Mark Silver
reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten
LE DOMAINE DE MARK SILVER SE TROUVE JUSTE À LA SORTIE DU PETIT VILLAGE DE
MOUGINS DANS LES ALPES-MARITIMES. NICHÉ SUR LES HAUTEURS, IL OFFRE UNE VUE PANORAMIQUE SUR LA CAMPAGNE GRASSOISE. ET C’EST PAR UNE JOURNÉE CLAIRE ET ENSOLEILLÉE QUE NOUS SOMMES PARTIS SUR LES TRACES DE BARTAVELLES, GRIVES, LIÈVRES… AVANT UN REPAS DE TRÈS HAUTE GASTRONOMIE. DERNIÈRES LUMIÈRES VIVES SUR CET ARRIÈREMARK SILVER, CI-DESSUS, QUI A SU S’ADAPTER À UN GIBIER
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Invitation au mas de La Chandelle
◆
LafondationdumasdateduXVIII siècle.Ilétaitalors e
entouré de vignes et d’oliviers. À la Révolution, il prend le nom de Chandelle en patois provençal candille car l’imposant cyprès qui se trouvait à un des coins de la propriété servait, dit la légende, de point de repère aux soldats de la liberté,et ressemblait avec sa raideur à une chandelle.L’histoire change sa vocation au gré des événements : il est tour à tour vignoble réputé, oliveraie et bivouac napoléonien. Aujourd’hui, La Chandelle est devenu un havre de paix sublime au cœur d’un domaine de 4 hectares, où se cachent bastides,mas et villas pour servir un hôtel de luxe une grande partie de l’année. Chaque hiver Mark Silver, le propriétaire, organise une chasse pour ses amis, dans ce paradis sur terre que seuls quelques privilégiés ont la chance de connaître. L’industriel renommé du Nord de l’Angleterre est tombé amoureux de ce petit coin retiré de la Côte d’Azur avec ses garrigues, ses sous-bois qui regorgent de gibier sauvage que nous découvrirons au fur et à mesure de la journée. Cet Anglais pure souche, qui navigue entre sa Grande-Bretagne natale et les hauts coteaux provençaux, ne peut s’empêcher, les rares jours de fermeture de son hôtel, de chasser en toute convivialité avec ses amis hauts en couleur. >>
LE PROPRE DE LA CHASSE À LA BILLEBAUDE PROVENÇALE EST L’ARRÊT “ENCAS”. SI LE STYLE DE PIQUENIQUE N’EST PAS TOUT À FAIT COMME DANS LA TRADITION
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AVEC LA COMPLICITÉ DE JACQUES CHIBOIS (EN HAUT), GIUSEPPE COSMAÏ (CI-DESSUS) ET DOMINIQUE FANTINO À SOLEX.
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Invitation au mas de La Chandelle Ce pays provençal au charme discret, qui constitue le plus beau balcon sur les Préalpes, est plus connu pour ses villages accrochés aux coteaux. Nous comprenons pourquoi les impressionnistes y plantèrent leur chevalet et passèrent des journées à nuancer leurs couleurs. C’est alors que Mark Silver évoque ces plus belles chasses sur le domaine, royaume des grives et des bartavelles, des lapins et des lièvres, des sangliers et des chevreuils. Loin des british tweeds très élégants, ici on chasse en tenue de camouflage pour tirer les sangliers qui retournent un peu trop les pelousesets’attaquentauxoliviers bien rangés du domaine. Ici,il n’y a pas de battues numérotées mais une chasse à la billebaude, typiquement provençale où tous les petits gibiersàpoilsetàplumespeuvent être chassés. C’est donc en contrebas de la propriété que nous assistons à cette chasse pas comme les autres. L’humour des invités ne déroge pas à la légendaire dérision britannique, et la chasse sera plus gourmande que fructueuse, plus sportive
SERGE GOULOUMÈS, AVEC VALÉRIE ET NATHALIE, DEUX AMIES DE MARK SILVER QUI FURENT DE CONSTANTES ALLIÉES POUR TRAQUER.
TOUT EN HAUT, DOMINIQUE FANTINO, VENU PARTAGER
SA PASSION CYNÉGÉTIQUE ET SON HUMOUR AVEC
MARK SILVER.
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Invitation au mas de La Chandelle que sérieuse,une journée toute de charme et rythmée d’éclats de rire. Il y a là Jacques Chibois le chef renommé de La Bastide Saint-Antoine à Grasse – son lièvre à la royale est un péché de gourmandise à lui tout seul – qui chasse depuis que son grand-père l’y a initié.Mais aussi Dominique Fantino,le directeur de l’office du tourisme de Mougins, qui n’hésite pas à sillonner les ruelles escarpéesàSolex,unhomme qui décroche les étoiles du Festival international de la gastronomie de Mougins. Il y a aussi deux baronnes, venues de Cannes et de Nice, et Franck Farneti, le directeur général du Cap d’Antibes Beach Hotel. Il y a Giuseppe, Serge, mais aussi Carole, Guy, Jean Pierre, Véronique et les autres. Au mas de La Chandelle, la décoration est authentiqueetprovençaleavecun joli mélange d’époques. Les pièces se succèdent et ne se ressemblent pas.Petite bibliothèque où l’on déguste les fameux treize desserts de Noël provençaux, qui sont là, détournés pour l’heure du thé. Grande cheminée de faïence vert émeraude en attendant le retour des chasseurs, dans le salon, petite salle de jeu pour jouer aux dames, et grande salle à manger habillée des couleurs de Noël.Tous ces coins charmants respirent l’art provençal avec des meubles XVIIIe peints à la main et chinés depuis des décennies dans les ventes aux enchères par la famille. Le pays provençal est tout de chaleur naturel,nous y avons partagé des moments savoureux, des instants d’éternité. ◆
C’EST AUTOUR D’UNE TABLE DU XVIIIe AVEC UN JEU DE DAMES INTÉGRÉ, QUE NATHALIE ET VALÉRIE SE DONNENT LE CHANGE, SOUS LE REGARD DE
CAROLE (EN HAUT). À GAUCHE, UNE BOÎTE INVENTÉE PAR OLIVIER BAUSSAN MET À L’HONNEUR LES TREIZE DESSERTS DE
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PROVENÇAUX.
PLUS À GAUCHE, FRANCK FARNETI ET DOMINIQUE FANTINO.
DÉCOR DE NOËL OBLIGE, LA TABLE EST DISPOSÉE DANS LA PETITE SALLE À MANGER DU MAS, POUR ACCUEILLIR DANS UNE ATMOSPHÈRE FESTIVE LE RETOUR DES CHASSEURS.
Saveurs
Invitation au mas de La Chandelle par
ORIGINAIRE DU SUD-OUEST, 16 ANS AUX FOURNEAUX. APRÈS AVOIR TRAVERSÉ BELGIQUE, ANTILLES ET SÉJOURNÉ À LOS ANGELES, IL S’EST INSTALLÉ AU “MAS CANDILLE” DEPUIS 2001 ET A DÉCROCHÉ SA PREMIÈRE ÉTOILE EN 2005. SA BROCHETTE DE SAINTJACQUES, PURÉE ET TUILE DE CHÂTAIGNES, ÉTUVÉ D’ENDIVES AU JUS
Véronique André
CE CHEF A DÉBUTÉ À
Notre chef entre en cuisine
C’est Serge Gouloumès le chef du“Mas Candille”qui nous concocte un repas de chasse de gourmets en cette période de Noël. Alors, place à la gourmandise avec une crème de potimarron aux truffes suivie d’une cannette aux olives du jardin et petits farcis pour terminer par une bûche du mas de La Chandelle au whisky.
DE MANDARINE EST UNE DIVINITÉ MÉDITERRANÉENNE.
Le Mas Candille, boulevard Clément-Rebuffel,06250 Mougins. Rens. : 04.92.28.43.43 et www.lemascandille.com
Crème de potimarron aux truffes Pour 6 personnes 1 kg de potiron,200 g d’oignons blancs, 100 g de poireaux,100 g de pommes de terre, un demi-litre de lait,une belle truffe noire, 20 g de beurre,sel et poivre. ◆◆◆
Coupez le potiron en quartiers et ôter les graines.Pelez les quartiers et les couper en dés.Épluchez et coupez les pommes de terre en dés,épluchez et hachez grossièrement les oignons.Découpez le blanc de poireaux en petits morceaux.Faites fondre le beurre dans une cocotte. ◆◆◆
Faites suer dans une casserole le potiron, les oignons,le poireau,les pommes de terre jusqu’à coloration (6 mn).Puis ajoutez le lait et remuez pendant 30 mn.Passez au mixer pendant au moins 5 mn afin de donner au velouté toute son onctuosité. ◆◆◆
Au moment de servir coupez de fines tranches de truffe qui apporteront toute sa saveur à la crème de potimarron.
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Invitation au mas de La Chandelle
Cannette aux olives du jardin et petits farcis Pour 6 personnes 3 cannettes de Challans,500 g de cèpes, 250 g d’olives noires,25 cl de vin blanc,huile d’olive,un oignon,thym,laurier,sel et poivre. Pour les petits farcis 2 petites courgettes,4 gros oignons (rouges ou blancs), 4 tomates un peu fermes,150 g de magret de canard haché,100 g de jambon cru, une petite boîte d’anchois,2 citrons,50 g de champignons,une petite aubergine, un jaune d’œuf,2 gousses d’ail,4 cuillères à soupe huile d’olive,persil,sel et poivre. ◆◆◆
Faites dorer les canettes sur les deux cuisses (10 mn) puis sur le ventre (10 mn) et sur le dos (10 mn) dans l’huile chaude.
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Ajoutez l’oignon émincé,salez,poivrez et aromatisez avec le thym et le laurier. Déglacez avec un verre d’eau et un verre de vin blanc,mettez au four avec les cèpes 30 mn à 200 °C et,à mi-cuisson,rajoutez les olives. ◆◆◆
Dans une casserole d’eau salée,faites blanchir les courgettes 10 mn,puis les oignons 5 mn.Mettez le jus d’un citron dans l’eau.Évidez les courgettes et les oignons à la cuillère.Coupez leur chair en petits morceaux.Hachez séparément, les champignons,l’ail,l’oignon cru,les anchois.Coupez le jambon et l’aubergine en petits dés.Faites revenir,dans un peu
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d’huile,la moitié du jambon,la moitié de l’oignon cru.Salez,poivrez avant de farcir les courgettes.Faites revenir la viande de canard hachée,la moitié de l’oignon cru,la chair des courgettes, l’ail et le persil,salez,poivrez avant de farcir les tomates. ◆◆◆
Faites revenir l’aubergine,l’intérieur des oignons cuits.Salez,poivrez avant de farcir les oignons.Mettez tous les légumes dans un plat allant au four, mouillez avec un verre de bouillon, un peu d’huile d’olive et les tomates écrasées.Laissez cuire 30 mn au four. Arrosez de temps en temps.
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Invitation au mas de La Chandelle
Bûche du mas de La Chandelle au whisky Pour 6 personnes Cette bûche britannique nécessite trois opérations distinctes Nous vous conseillons de la préparer la veille avant de la déguster. Pour le biscuit moelleux 250 g de blancs d’œufs,50 g de sucre de semoule,250 g de sucre glace,150 g de farine, 30 g de cacao en poudre. Pour la ganache 350 g de chocolat noir,1 tasse de café très fort,1 tasse de whisky, 20 cl de crème,25 g de beurre. Pour la crème de garniture 750 g de crème anglaise,500 g de mascarpone. Pour le glaçage 200 g de chocolat noir,une cuillère à soupe d’huile,sucre glace. ◆◆◆
Tamisez le sucre glace et la farine.Montez les blancs en neige en ajoutant un tiers du sucre au montage. Incorporez le sucre glace, le cacao et la farine. Recouvrez la plaque du four de papier sulfurisé beurré. Étalez le biscuit dessus et faites cuire 10 mn dans un four préchauffé à 210 °C. À la sortie du four, retournez la pâte sur un torchon propre humide et décollez le papier sulfurisé. Roulez alors le biscuit dans le torchon humide et laisser refroidir. ◆◆◆
Portez à ébullition le mélange crème et mascarpone.Coupez le feu et jetez le chocolat coupé
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en carrés dedans,afin qu’il fonde.Laissez refroidir. Pour construire la bûche, déroulez le biscuit,imbibez-le du mélange café et whisky. Étalez la ganache et roulez le biscuit,recouvrez-le avec
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le reste de la ganache, tranchez les bouts pour que la bûche ait une coupe franche. ◆◆◆
Mettez au réfrigérateur au minimum quatre heures.
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Glacez avec le chocolat noir et le sucre glace.Recouvrez de bâtonnets de meringue pour la décoration. Servez avec un petit verre de Highland Park de 20 ans d’âge.
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Grandes orgues des montagnes LES VIGNES DE SAVOIE (ICI, À CHIGNIN) OCCUPENT LES PENTES ADOSSÉES AUX MASSIFS
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EN UNE SÉRIE DE NICHES SI BIEN RYTHMÉES.
◆ L’origine de la vigne en Savoie remonte à la plus haute Antiquité.DanssonouvrageHistoire de l’agriculture en Savoie paru en 1872,PierreTochonrapporteque Pline et Columelle en faisaient mention en termes élogieux au Ier siècle après Jésus-Christ :« La culturedelavigneenAllobrogieétait arrivéeàunhautdegrédeperfection, puisque,déjà,on imitait les Grecs qui,les premiers,apprirent à parfumer,à aromatiser les vins en introduisantdansleurfabricationdessubstances étrangères. » Au Moyen Âge, on voit apparaître dans les chartes – émanant généralement de monastères ou de prieurés – le nom des vignobles les plus connus. Le rattachement, voilà cent cinquante ans, de la Savoie à la France n’enregistrera pas de bouleversements majeurs. Héritage d’un vignoble important, 20 000 hectares à la fin du XIXe siècle,les vignes de Savoie – éclatées sur quatre départements : Savoie, Haute-Savoie, IsèreetAin–occupentlespentes adossées aux massifs en une sé-
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rie de niches écologiques, où les sols(substratscalcaires,moraines caillouteuses), l’altitude (maximalelimitéeà500mètres)etl’exposition (dominante sud) sont autant de facteurs déterminants pour produire des vins de caractère.C’est une région à l’ampélographie riche : 23 cépages –sur les 250 utilisés en France – dont 7 uniques au monde : altesse, ginget, jacquère (le plus répandu, 1 000 hectares sur les 2 000 que compte le vignoble !),
molette, mondeuse (blanche et noire) et persan. Très rares également,laroussetted’Ayze,levelteliner rosé (cité par Rabelais comme « valtérine originaire de Savoie ») et la verdesse, encore présente en Isère dans le Gésivaudan. Lesvinsblancsoccupentleterrainàunetrèsfortemajorité:71% du volume total,répartis en trois AOC : Vin de Savoie, Roussette de Savoie et Seyssel.L’AOC Vin de Savoie (avec 16 dénomina-
tions, dont Abymes, Apremont, Chignin, Chignin-Bergeron et Jongieux entre autres…) produit des vins blancs – tranquilles et mousseux (méthode traditionnelle) – avec, selon les cas, du chardonnay, de la roussanne, de l’altesse, de la jacquère, ainsi que des vins rouges avec du gamay (développé en Savoie à partir du XVIIIe siècle), du pinot noir (introduit dans la région après la Seconde Guerre mondiale) et de la mondeuse. L’AOC Roussette de Savoie (avec 4 crus : Frangy, Marestel, Monterminod et Monthoux) ne produit que des vins blancs tranquilles, uniquement avec le cépage Altesse. L’AOC Seyssel produit des vinsblancstranquilles,également avec le seul cépage altesse,et des vins mousseux – secs ou demisecs – en assemblant les cépages altesseetchasselasetparfois,mais de manière accessoire, molette. Les vins de Savoie sont originaux et dotés d’une forte personnalité.Ils allient matière,élégance et fraîcheur à un équilibre naturelapportéparunclimattrès contrasté,desparamètressouvent annonciateurs de grands vins.
Nous avons aimé… Vin de Savoie Mondeuse 2010 Jean Vullien Robe : rubis, brillante. Nez : fruits rouges et noirs (cerise, cassis…), une note minérale (silex) et un fondu d’épices associant poivre gris, muscade et curry. Bouche : fraîche, sur le fruit, harmonieuse et ample, avec une finale longue soulignée par des notes intenses de poivre noir. Jongieux Mondeuse 2010 Raymond Barlet & Fils Robe : grenat, très dense. Nez : très complexe, intensément fruité (framboise, mûre, myrtille,
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cassis), avec des notes vanille-fève de cacao, une touche de fumé et une pointe d’eucalyptus. Bouche : gourmande, harmonieuse et fondue, avec beaucoup de fraîcheur et une belle finale sur les fruits et le poivre noir. Apremont 2010 Jean-François Maréchal Robe : doré brillant. Nez : minéral, avec des notes de rhubarbe et groseilles à maquereau. Bouche : aromatique et équilibrée, avec de la vivacité
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et de la fraîcheur, finale longue, persistante sur d’intenses notes de poivre. À associer avec l’un des autres trésors gastronomiques de la Savoie, l’inégalable fromage reblochon, pour un mariage des plus heureux ! Méthode traditionnelle Gilbert Perrier brut 100 % jacquère Robe : dorée et brillante, bulles fines, régulières et abondantes. Nez : sur un fruit acidulé (framboise et fraise), avec beaucoup de fraîcheur. Bouche : très harmonieuse, avec un joli duo suave-sec de l’attaque à la finale, bel équilibre acide-alcool, finale longue et rafraîchissante.
LOIR et CHER (41) - 224 ha environ
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Magnifique propriété agricole et forestière, proche de Périgueux, comprenant 4 corps de bâtiments, dont un pavillon Henri IV. La propriété est composée de 350 ha environ de forêt (feuillus et résineux), 128 ha environ de prés, 28 ha environ de terres arables, 29 ha environ de divers. Exceptionnelle chasse de grands gibiers. Pour plus d’informations : Nous contacter
Flacons
VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux
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Nous avons aimé
CHÂTEAU DU BREUIL
◆LeCalvados,produitparladistillation de cidre,existe au moins depuisleXVIe siècle,maislespremiers documents témoignant de l’importance du développement deladistillationdanslarégion–la Guildedesdistillateursd’eau-devie de cidre de Normandie a été créée en 1606 – ne seront rédigés qu’au cours des siècles suivants.Pourtant,laconsommation reste locale. La chute de l’Ancien Régime entraîne l’abolition des frontières fiscales entre les provinces, les Parisiens vont découvrir cette eau-de-vie authentique, originaire d’un département nouvellement créé lors de lagrandeorganisationterritoriale de la Révolution française. Il faudra attendre 1942 pour qu’un décret ratifie la création d’une AOC Pays d’Auge, alors que les autres eaux-de-vie de cidre – au nombre de dix– sont reconnues AOR (appellation d’origine réglementée). Ces dix AORdeviennentuneseuleAOC Calvadosen1984.Enfin,en1997, l’AOC Calvados Domfrontais voit le jour. L’AOC Calvados couvre une grande partie de la Basse Normandie, ainsi qu’une petite portion de l’Eure, l’Orne, la Mayenne, la Sarthe, l’Oise et l’Eure-et-Loir,maisaussilesaires d’appellations du Pays d’Auge et du Domfrontais. Le Pays d’Auge, propice à la culture des pommiers, bénéficie d’unclimatalliantdouceuretpluviométrie constante, avec un relief parfois pentu, donc de belle exposition. Les sols, principalement constitués d’argiles à silex,
AOC Calvados Vicomte Bayeux, Cidrerie Viard, 40 % vol. Robe : doré franc, brillante, assez limpide. Nez : on sent la pomme mêlée d’une touche minérale, florale, une pointe de caramel et… un arôme organique bien normand ! Bouche : beaucoup de fraîcheur avec une pomme persistante en finale. Un calvados d’entrée pour se faire les papilles… Tél. : 02.31.92.09.15.
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permettent aux variétés de pommes majoritairement amères (riches en tannins, elles donnent delastructure)etdouces-amères (ellesapportentfruitéetrichesse) àlamaturitétardive,des’épanouir dans les meilleures conditions. Une fermentation lente et une distillation à repasse contribuent à l’élaboration d’eaux-de-vie de grande qualité, souvent douces et chaleureuses dans leur jeunesse, mais non dépourvues de caractère et dotées d’une bonne aptitude au vieillissement. Les Calvados du Domfrontais – région aux sols granitiques et schisteux, propices au développementdespoiriers–contiennent toujours un minimum de 30%d’eau-de-viedepoiré,cequi confèreauxeaux-de-vieunfruité unique et les prédisposent à être dégustées aussi bien jeunes que dans leur maturité.
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PourcesdeuxAOC,l’ensemble du processus d’élaboration (au moins3ansdevieillissementsous bois contre 2 pour l’AOC Calvados) est réglementé, mais le mode de distillation n’étant pas imposé,la majorité des eaux-devieestissued’alambicsàcolonne. Tout producteur doit d’abord élaborer du cidre ou du poiré avant de les distiller pour en faire du Calvados. Enfin, on procède aux assemblages en déterminant ladestinationduproduit :VSOP, Hors d’Age,Fine,sélection d’un seul millésime… Un âge mentionné sur l’étiquette indique l’âge minimum des alcools entrant dans la cuvée : un 20 ans d’âge peut contenir une minorité de Calvados de 20 ans et une majorité d’eaux-de-vie plus vieilles, 20, 25, 30 ans ou même plus… Mais c’est toujours l’âge de la plus jeune qui est indiqué.
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AOC Calvados Domfrontais Vieille Réserve 2001, Victor Gontier, 42 % vol. Robe : doré intense. Nez : délicat (melon confituré), floral, frangipane, complexe. Bouche : suave et aérienne, belle élégance dans le déroulé des arômes. Équilibré dans la douceur, bien intégré. Tél. : 02.33.59.44.94.
Calvados Pays d’Auge Cœur de Lion Christian Drouin, “Plaisir Andalou”, 42 % vol. Robe : or clair et brillant. Nez : subtil, biscuité, pomme au four, une touche de tabac blond miellé. Bouche : une explosion de saveurs mûres, gâteau sablé sortant du four, une touche d’anis étoilé, de la douceur dans une finale qui se maîtrise et persiste dans une belle fraîcheur. Rens. : www.calvados-drouin.com
Calvados Pays d’Auge 5 ans d’âge, Lecompte, 40 % vol. Robe : brillante, ambre profond. Nez : fruité exotique (papaye bien mûre), biscuit, pomme au four, rhum raisin. Bouche : eucalyptus, camphre, note mentholée, de la minéralité en finale et une touche de poivre noir dans la persistance. Belle complexité. Rens. : www.calvados-lecompte.com
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Volutes par Jean-Claude Perrier
Jours de fêtes
Au pied du sapin cette année, un nouveau havane et quelques beaux classiques retrouvés.
CUBA
HOYO DE MONTERREY Short Hoyo Pirámides édition limitée 2011, figurado, 10,80 €.
PATRICK IAFRATE
◆ Au moment où nous
mettons sous presse, comme on disait autrefois, ce cigare est la seule des nouveautés annoncées par les Cubains, il y a plusieurs mois déjà, à être parvenue sur le marché français. Juste pour Noël ! Et c’est un bien beau cadeau : ce figurado épicé et onctueux est d’une élégance rare, d’une belle richesse aromatique, avec une puissance raisonnable. Dépêchons-nous
de le découvrir, en espérant que les autres nouveaux havanes suivront très vite. MONTECRISTO A Grand corona, 30, 40 €.
◆ En cette époque morose, offrons-nous, le temps d’un soir, une petite folie. Servi dans un beau plumier individuel, ce géant élancé demeure la Rolls Royce des havanes. Équilibré, équanime, aucune agressivité. En revanche, il faut bien toute une nuit pour le déguster.
QUAI D’ORSAY Imperiales Churchill, 13€.
◆ Alors qu’on attend toujours le short robusto de la marque cubaine spécialement fabriquée, merci Giscard, pour le marché français, redécouvrons ce beau churchill, le plus aérien de tous les churchills.
H. UPMANN Sir Winston Churchill, 17,60 €.
H. UPMANN Magnum 46 Corona gorda, 12 €.
◆ Si l’on ne devait
fumer qu’un churchill, alors ce serait celui-ci. Le plus représentatif, mais pas le plus connu d’un module qui est moins à la mode aujourd’hui qu’il y a encore dix ans. On appréciera son élégance aristocratique, sa nervosité sans à-coups en cours de dégustation, son divin parfait, sa belle palette aromatique. Seul bémol : son prix élevé. BOLIVAR Gold Medal Lonsdale, 9,50 €.
◆ Encore un module old wave. Et un cigare rare en France, puisqu’il est fabriqué en exclusivité pour les Casas del Habano dont notre pays est jusqu’à présent dépourvu. Ce fin cigare est un petit bâton concentré d’arômes, dans des valeurs de terre, de cuir, d’épices. Cubanissime et pas cher.
◆ Un grand classique de la marque, qui séduit les amateurs grâce à sa générosité (cepo oblige), sa régularité, ses notes boisées, automnales. Le cigare parfait pour un après-midi de chasse.
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
DAVIDOFF Spécial R, Robusto, 13 €.
◆ Cape connecticut parfaitement lissée, tripe saintdomingue bien assemblée, les produits Davidoff sont toujours impeccables. D’où ce robusto très accessible, régulier, sans surprise. Bien sûr, il ne faut pas demander à ce terroir plus que ce qu’il peut offrir.
HONDURAS
FLOR DE SELVA Double corona, 9 €.
◆ Un beau module, avec des arômes d’une grande suavité, bien représentatif du terroir hondurien, lequel entend se situer, question puissance, entre les havanes et les dominicains.Après, c’est une question de goût personnel, et de budget.
NICARAGUA
PADRON 5000 8 €.
◆ Sous sa cape noire, vieillie naturellement, ce cigare, qui exhale déjà, à froid, des senteurs de réglisse, est le plus nerveux, le plus piquant des nicaraguayens. Pas mal pour le plein air. CETTE SÉLECTION A ÉTÉ ÉTABLIE AVEC L’AMICALE COMPLICITÉ DE ET DE SON ÉQUIPE,
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Forum
PAROLES DE LECTEURS Écrivez-nous à rambaud@valmonde.fr
Rue89 et Eva Joly ◆ Je suis un lecteur assidu de Jours de Chasse, et chasseur depuis plus de vingt-sept ans. J’ajoute pour la bonne compréhension de la suite que je suis actionnaire du site d’information Rue89. Je souhaite réagir au Point de mire du numéro 45, consacré à « Eva Joly et la chasse à courre », dans lequel la rédaction, citant Rue 89, a cru utile d’indiquer que ce site était « classé à gauche ».Mon propos n’est pas de contester le fond de cette affirmation, mais de regretter cette précision à caractère politique dont je pense qu’elle est nuisible aux intérêts de la chasse. En effet l’appréciation portée sur la ligne politique de Rue 89 sous-entend que“la gauche”serait moins favorable à la chasse que “la droite”. Je n’en suis d’une part pas convaincu, tant les passions qui se cristallisent autour de la chasse ne relèvent pas de l’opposition classique droite-gauche –chaque camp politique
compte d’ailleurs parmi ses ténors des chasseurs qui revendiquent leur passion– mais bien plus de clivages urbains-ruraux voire de clivages générationnels ; d’autre part et surtout, je crois que c’est condamner la chasse que d’en faire l’apanage d’un bord politique plutôt que d’un autre, dans une démocratie par définition d’alternance. Olivier Lefebure, avocat à la Cour.
Bravo pour ce GIC !
◆ J’ai été totalement
stupéfait par votre reportage sur « Ce pays où il y a trop de faisans ». Merci de nous raconter l’histoire de ces territoires, de ces chasses où les dirigeants se sont mobilisés pour reconstituer de très belles populations de petit gibier. C’est avec ce genre d’initiatives de longue haleine que de jeunes chasseurs viendront à la chasse. C’est ce genre d’initiatives que certains écologistes feraient mieux
de découvrir plutôt que de manifester contre le nucléaire et la libéralisation du cannabis ! Alain Peudry. Oudry ou pas Oudry ? ◆ Dans votre article consacré à Louis XVI, il me semble qu’il y ait une inexactitude iconographique. Pages 160-161, vous légendez « Louis XVI à la chasse au carrefour du Puits-du-Roi en forêt de Compiègne de Jean-Baptiste Oudry ». Or, cela est impossible car Oudry est mort en 1755, et que LouisXVI n’a accédé au trône qu’en 1774, à la mort de son grand-père, Louis XV. Philippe Ferray.
Cher lecteur,en effet,s’il s’agit bien,sur cette peinture, de Louis XVI,Oudry n’a pas pu l’exécuter,ayant disparu en 1755 et Louis XVI étant né en 1754.En réalité,cette œuvre –une peinture sur porcelaine tendre– a été réalisée d’après Oudry,par Nicolas Pierre Pithou l’Aine (1750-1818), œuvre qui se trouve au château de Versailles.
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