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BEL/LUX 9,50 10 € €- SUISSE - SUISSE1515FSFS- CAN - CAN1515$CAN $CAN- DOM - DOM9,50 9,50€ €- ALL/ESP/ITA/GR/POR - ALL/ESP/ITA/GR/POR(CONT) (CONT)9,50 9,50€ € Jours de CHASSE BEL/LUX

Jours

de

HASSE N° 51

C

Le souffle du

printemps


photographe Iris Velghe

Cuvée Rosé. Inimitable.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR L A SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉR ATION.


Sommaire N° 51 printemps 2013

CHASSE Jours

de

TRIMESTRIEL MARS AVRIL MAI 2013 ●

88 Découverte

Le souffle du

printemps

RÉDACTION

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56) Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87) Responsable photogravure : Denis de Amorin (11.48)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

1, rue Lulli - 75002 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.11.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél. : 01.56.52.21.67 ; ghaag@figaromedias.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Gilles Marti (Tél. : 01.42.36.80.82 ; gmarti@mercuri-presse.com )

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30) Services généraux : Catherine Delange (11.13)

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17, route des Boulangers 78926 Yvelines Cedex 9 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général, directeur de la publication : Yves de Kerdrel Conseiller du président : Jean-Jacques Schardner Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 77565841200157. Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : “la Chasse à l’escargot”, de Jean-Yves du Boispéan. Copyright 2013 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. ADAGP, Paris 2013, pour les œuvres de ses membres.

144 Portrait

Jean-Jacques Audubon

L’Éditorial 005 d’Olivier Dassault Point de mire 008 L’actualité de la chasse et choke 018 LeChicmonde de la chasse À l’affût 030 Expositions et salons 032 LaLucarne chasse en DVD Tentations 034 Équipements de saison… 34 … pour elle 36 … pour lui 38 Accessoires

d’art 042 Objets La Rue Royale de Péquignet 044 Tentations Automobile 046 Enchères La chasse dans tous ses états 054 LaSignets chasse en librairie Confidences 064 Laurent Charbonnier Aventure 070 Kodiak, l’île de l’extrême 080 Tourisme Alaska, cap sur l’Arctique 088 Découverte “En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre” 100 Reportage Histoires alsaciennes

Kodiak, l’île de l’extrême

le terrain 116 Sur Tout savoir sur… 116 Une terre familiale en Brie GLOWIMAGES/SUPERSTOCK

Président-Fondateur Olivier Dassault

70 Aventure

ALAIN DE L’HERMITE

1, rue Lulli 75002 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.11.61 www.joursdechasse.com

122 Le Saint-Germain braque de la confidentialité 126 Armurerie Élysées, la chasse dans la peau 132 Essai, carabine Merkel RX. Helix 134 Essai, lunette Zeiss Victory HT 136 Le domaine de la Rabolière 142 Que faire d’un animal blessé ou mort ?

Portrait 144 Jean-Jacques Audubon, le Français des Amériques 156 L’écrivain Henry David Thoreau, l’homme des fleuves et des bois Crayons et pinceaux 166 Jean-Yves du Boispéan, la comédie cynégétique et la chasse 176 L’art Jan Van der Straet propriétés 178 Belles L’expertise trimestrielle passion 182 Placement Investir dans le vin privée 184 Visite Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire 192 Saveurs Notre “chef” entre en cuisine 198 Dossier Un refuge dans la forêt Tout-chemins 206 Les passe-partout de Covibe Tentations 210 210 Douceurs de printemps 214 La maison et sa déco 216 La maison et son jardin

Flacons 218 218 Vins de Savennières 220 Château Fleur Cardinale Volutes 222 Parfums de nouveautés 226 Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend un encart Abonnement broché entre les pages 66 et 67, et deux encarts jetés Réabonnement et Trésor du Patrimoine Homme Moderne.

Parution du n° 52-été 2013, juin Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com

GUILLAUME BEAU DE LOMÉNIE

“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre” 3:HIKMPB=ZU^ZUX:?a@k@p@b@a;

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Éditorial par Olivier Dassault

A

les êtres humains jouissent des droits humains,tous les autres près un hiver interminable et aussi maussade êtresdelaTerreontégalementdesdroitsspécifiquesàleurscondiquelaconjoncturepolitiqueetéconomique,lespremiers tions et propres au rôle et à la fonction qu’ils exercent au sein signes du printemps sont les bienvenus. Pour les chasde la Terre », tandis que l’article 5 spécifie que tous les seurs, cette saison est ambivalente. Ce n’est pas sans êtres de la terre « sont titulaires des droits inhérents et reconregrets que nous allons cesser d’arpenter les bois et les nus dans cette déclaration,sans aucune distinction selon les prés, suivre l’envol d’une compagnie de perdreaux ou espèces,l’origine ou toute autre catégorie ». Certains pays, attendre au poste le passage des bêtes noires, mais le comme l’Équateur, ont d’ores et déjà inscrit dans leur repos est aussi nécessaire au chasseur qu’à la faune Constitution ces“droits de la nature”et l’objectif avoué sauvage et,durant les six mois à venir,nous aurons tout de ces organisations est d’obtenir la ratification de cette loisir de nous préparer à la prochaine ouverture et de “déclaration universelle”, pendant de la Déclaration faire le bilan de la saison écoulée. desdroitsdel’homme,parleplusgrandnombredepays, Jusqu’à présent, le monde de la chasse a été éparau niveau de l’Onu. D’autres prônent d’emprunter gnéparlesprojetsdugouvernementquia,certes,d’autres une voie parallèle,comme une « démarche citoyenne monchats à fouetter, mais il ne faudrait pas pour autant rediale ».Il ne faut pas se bercer d’illusions.Si la nature et lâcher notre vigilance.Comme nous avons pu le constales êtres qui la composent sont reconnus comme tituter,lespromessesélectoralesdeFrançoisHollandequant laires des mêmes droits que les humains, c’en est fini à la réduction du chômage et des déficits publics s’étant delachasseetdel’usagetraditionneldes avérées irréalisables,les réformes sociérichesses de la nature,à commencer par tales ont servi de paravent à l’impuislafaunesauvage.Aveclamontéeenpuissance gouvernementale.Peu coûteuses, SI LA NATURE EST sance de la voie judiciaire dans nos sopopulaires auprès de l’électorat et de la RECONNUE COMME ciétés,deslégionsdejuristesetd’avocats base du Parti socialiste,ainsi que de ses sepencherontsurlesinfractionsauxdits alliés écologistes, ces réformes démaTITULAIRE droits et saisiront les tribunaux, afin de gogiquesetcommunautaristesengagent DES MÊMES DROITS faire condamner ceux qui ne les respourtant de façon irréversible l’avenir pectent pas. du pays. Rien ne dit que, dans la suite QUE LES HUMAINS, Il serait temps que le monde de la chasse du quinquennat de M. Hollande, la C’EN EST FINI prenne conscience des menaces croischasse ne deviendra pas un bouc émisDE LA CHASSE. santes qui pèsent sur son avenir et afsaire à sacrifier, comme le fox hunting le fut lors de l’élection de Tony Blair en firme des positions claires. Sans tomGrande-Bretagne. Cette concession se ber dans le panneau des concessions ferait à peu de frais dans la mesure où la chasse ne faites à ses adversaires, sous prétexte de dialogue constitue pas un enjeu politique et électoral majeur. constructif.À cet égard,nos amis de la Fondation FranElle semble d’autant plus à craindre que les ONG écoçois-Sommer semblent s’engager dans une voie danlogistesdéploientuneactivitéinlassableetqueleurslobgereuse, en promouvant une « écologie humaniste » qui, à terme, sera le cheval de Troie des défenseurs des droits bys se révèlent plus efficaces que le lobby prochasse. de la nature. Qui veut manger avec le diable, dit un À la fin du mois de janvier 2013 s’est tenu à Gevieuxproverbe,doitsemunird’unelonguefourchette… nève un forum, organisé par l’ONG Objectif Sciences Je vous souhaite une agréable lecture. international, sur le thème “Faut-il donner à la nature les mêmes droits qu’aux êtres humains ?”. Portés par une poignée de gouvernements et de groupes d’initiatives,trois projets de déclarations universelles des droits de la nature y ont été présentés et débattus, dans la foulée de la Déclaration universelle des droits de la Terre mère élaborée en avril 2010 lors de la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique.Danssonarticle4,celle-cistipulaitque «toutcomme

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Glenmorangie, Pionnier de l’Extra - Maturation Tout d’abord élevés pendant dix ans dans les meilleurs fûts de Bourbon, nos single malts passent ensuite deux ans supplémentaires dans les plus précieux fûts de Sherry Oloroso, de Porto Ruby ou de Sauternes.

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

d’examen pratique (et à l’issue duquel, en cas de succès, il sera titulaireduprécieuxsésame),ilse déroule un minimum de… cinq mois : deux mois avant qu’un dossier n’arrive d’une fédération à l’ONCFS, presque un mois pour que le dossier soit complet et deux autres mois pour passer lesexamens(théorieetpratique). «Onpeutfairemieux,expliquet-on à l’ONCFS. L’idée est de réduire de moitié les délais sous notre

responsabilité ».Ainsi, pour faciliterl’établissementdudossier,un nouveau document Cerfa a déjà été mis en place depuis le début janvier.Surtout,lesexamensthéorique et pratique (distant d’un moisauminimum)vontêtrefondus en un seul examen, sur une seule journée. Cette “épreuve unique”(teldevraitêtresonnom) commenceraparlapratique(avec une nouveauté, le maniement d’une arme semi-automatique sera obligatoire, une évolution souhaitable lorsqu’on sait que ce type d’arme est employé par un tiers des chasseurs à tir). En casdesuccès,lecandidatserasoumis à dix questions de connaissances théoriques (avec toujours une éliminatoire sur la sécurité). On ne peut que souscrire à cette réforme, car des délais moindres stimuleront les candidatures et contribueront à la stabilisation du nombre total de permis de chasser (aujourd’hui, 1,25 million).

Perpignan, et sans doute l’un des meilleurs spécialistes des armes rayées. Il s’insurge – avec raison – contre les dérives du tir à longue distance (rappelons qu’en France, il est interdit de tirer à plus de 300 mètres) ; et derappelerd’abordquelquesévidences. À savoir,en premier lieu, qu’il « appartient à chacun de connaître ses limites et de savoir jusqu’où il pourra,avec certitude, placer sa balle ». Au vrai, poursuit-il en substance, le tir est la conclusion de l’acte de chasse,il doit être « parfait et chirurgical ». Enarmurierqu’ilest,ilrappelle que«leprojectiled’uncalibremoyen moderne met pratiquement huit dixièmes de seconde pour atteindre uneciblesituéeà500mètres ;àcette distance,avec un léger vent latéral de seulement 15kilomètres-heure,

l’écart est de 40 centimètres et le projectileaurachutéde1,70mètre». Ainsi,tireràdegrandesdistances –misàpartd’évidentsproblèmes de sécurité –, n’est pas à la portée de tout le monde. Car, pour un coup heureux,on « passe sous silence les bêtes blessées qui ont longuement agonisé,celles estropiées dont ils ont sauvagement abrégé les chances de survie… » Pour Joël Dorléac,le plus difficile n’est plus de tirer,« mais de ne pas tirer ». Et d’ajouter que le chasseur ne doit pas se transformer en sniper, désignant certains porteurs de permis qui adoptent « tenue et attitude guerrière, singeant les commandos d’élite,par leur paquetage mais pas par leur courage ». Bref, « la désinvolture n’a pas sa place lorsqu’on chasse… ».

ONCFS

PERMIS DE CHASSER

RÉFORME EN VUE

◆ Être plus efficace et plus ra-

(ONCFS), qui, rappelons-le, organise l’examen du permis au nom de l’État français. Aujourd’hui, les 30 000 candidatsannuelsaupermisdechasser doivent faire preuve d’une grande patience. En effet, entre lemomentoùilspoussentlaporte de leur fédération départementalepourdemanderundossierde candidature (fédération qui le transmettraàl’ONCFS)etlemoment où ils passent l’épreuve

BIOSPHOTO/AFP

pide :cepourraitêtreenquelque sorte le leitmotiv des initiateurs (ONCFSetFNC)delanouvelle réformedupermisdechasserqui devraitvoirlejourenjanvier2014 (sous réserve que les décrets modificatifs soient approuvés en Conseil d’État). Pour les futurs disciples de Saint-Hubert, il ne s’agit pas là d’un simple toilettage du dispositif actuel, mais d’unchangementenprofondeur. Une réforme de l’ampleur de celles qui avaient vu l’arrivée de l’examenen1976,del’obligation de formation pratique en 1983 et du caractère obligatoire de ce mêmeexamenpratiqueen2003. Cette fois, il s’agit de « réduire les délais, sans écorner notre exigence sur la formation et la sécurité », selon les termes de MichelReffay,directeurdesactions territoriales à l’Office national delachasseetdelafaunesauvage

BALISTIQUE

LES DANGERS DU TIR À GRANDE DISTANCE

◆ Les“coupsdelongueur” :c’est un débat qui touche à l’adresse du chasseur, à sa vanité, à son amour-propre – qui est sans limites et qui peut le conduire à une bêtise certaine. Qui n’a pas entendu un jour un chasseur

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s’enorgueillird’avoir“raccroché” un faisan ou un perdreau à des distancesahurissantes ?Quin’en a pas écouté un autre se vanter d’avoir tué un chevreuil,un sanglier à plus de 250 mètres ? C’est tout l’objet d’un article paru dans le dernier numéro de Grande Faune, la revue de l’ANCGG, de notre ami Joël Dorléac, armurier reconnu de

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

BIOSPHOTO/AFP

En effet, les ouettes “européennes”viendraient pour l’essentiel d’oiseaux échappés de captivité et d’introductions volontaires, qui ont ensuite colonisé jusqu’en France et aux paysscandinaves,àla faveur notamment du réchauffement climatique.Cettecolonisation (estimée aujourd’hui en Europe à 71 000 individus et 15 000 couples) a si bien réussi « que l’ouette figure en tête de liste des100espècesquiprésententleplus haut niveau de préoccupation du point de vue environnemental,sanitaire… » Au vrai, sa présence n’est pas sans risque,en particulier sur les cultures et sur la santé (avec les fientes et les mues,elles peuvent

L’OUETTE D’ÉGYPTE EN QUESTION

◆ Entermesd’espècesexotiques dites“invasives”,on connaissait la bernache du Canada, le ragondin et autre vison américain. Aujourd’hui, la France doit compter avec l’ouette d’Égypte, comme le démontrent les scientifiquesdel’ONCFSdansledernier numéro de Faune sauvage. Cet oiseau reconnaissable notamment à sa tache brun chocolat autour de l’œil et à la base du bec est aujourd’hui présent –les derniers chiffres remontent à 2011 – avec plus ou moins de constancedans52départements (avec une concentration en Alsace et en Moselle), et un taux d’accroissementannuelde45% ! Cette colonisation est tout de même étonnante pour une espèce « afro-tropicale, plus précisément soudano-sahélienne, que l’on trouve donc au sud du Sahara et le long de la vallée du Nil ». Contrairement à ce que la logique voudrait,nos ouettes (qui ne sont d’ailleurs pas des oies même si elles leur ressemblent ; elles sont, en effet, de la famille

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destadorninés,unesous-famille des anatidés) sont arrivées en France, en provenance non du Sud mais du… Nord, plus particulièrement « des pays frontaliers, la Belgique, l’Allemagne et le Luxembourg, pays eux-mêmes colonisés par des individus provenant des Pays-Bas ».

thenaise,conservateurdu Musée de la Chasse et de la Nature,les participants débattronttoutaulongde la journée sur l’évolution dustatutdel’animaldans lasociété,sursaplacedans les beaux-arts, sur l’apport de ces beaux-arts à l’évolution du standard du chien de vénerie, sur l’apport de la vénerie à la langue française, à la littérature… « Tout se finit enSorbonne»,écrivaitdéjà Paul Valéry !

COLLOQUE

VÉNERIE ET CULTURE

◆ C’est un euphémisme que de

rappeler l’apport de la vénerie – avec la chasse au vol– à notre culturequ’ilsoitartistiqueoulittéraire.Maiscombiendanslasociété moderne le savent encore, à un moment où il est de bon ton d’oublierlepasséetlestraditions ? Aussi, on ne peut que féliciter la Société de vènerie d’organiser le 23 avril,à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, un colloque sur le thème“Vénerie, carrefour des arts”. Au cours de ce colloque qui réunirachercheurs,veneurs,conservateurs, ce sujet sera abordé sous des aspects connus et beaucoup moins connus. Sous l’autorité de l’historienne Andrée

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FONDATION DE LA MAISON DE LA CHASSE ET DE LA NATURE

ESPÈCE INVASIVE

provoquer un risque sanitaire si ellesstationnentdansleslieuxpublics,commelesparcsetlesplans d’eau).Pour tenter d’endiguer le phénomène, les pays européens concernés n’ont pas hésité à prendre le problème à bras-lecorps.Depuis1996,auxPays-Bas, elle est tirée par des agents de l’État, et a été classée espèce gibier en 2002,de même que dans certainsLänderenAllemagne ;en Grande-Bretagne,elle est considérée comme un fléau à telle enseigne que son tir est libre. En France, les premières mesures dites de régulation sont intervenuesen2006,l’ONCFSjuge qu’elles sont « insuffisantes », et qu’il faut « opérer une réelle pression cynégétique sur l’espèce en raison de sa tonicité démographique ». End’autrestermes,ilfautlachasser le plus vite possible. Qu’en pensentlesécologistessiprompts à réagir dès qu’il s’agit de biodiversité ?

Corvol,deJean-MichelLéniaud, directeur de l’École nationale des chartes et de Claude d’An-

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Mardi 23 avril,de 9 h 45 à 17 h 30 ;auditorium de la Maison de la Chasse et de la Nature,62,rue des Archives, ParisIIIe.Réponse obligatoire avant le 31 mars (dans la limite des places disponibles).Email :venerie@venerie.fr



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

MAUVAISE SAISON EN PERSPECTIVE tement de l’Oise,un automobiliste qui circulait sur la route de Senlis à Compiègne a reçu une balle ou un éclat de balle,qui l’a tuésurlecoup.L’enquêtedegendarmerie a montré que le projectile provenait d’une carabine 9.3x74 d’un chasseur posté à 150mètres du drame qui participaitàunebattuedegrandsanimaux. Une seule question était sur toutes les lèvres : toutes les règles de prudence avaient-elles été respectées – tir fichant, dos à la route,respect de l’angle des 30 degrés ? On ne le saura sans doute jamais,carlesenquêtesbalistiques n’ont quasiment rien prouvé. Si, en effet, dans un premier temps, le drame pouvait être mis sur le compte d’une effroyable malchance ;dans un second temps, l’enquête a montré qu’il n’y avait pas eu une balle

PRIX FRANÇOIS-SOMMER

FIDÈLE À SA VOCATION?

◆ Depuis 1980, à l’initiative de JacquelineSommeretdeMe André Damien, le prix littéraire François-Sommer couronne des auteursdelanguefrançaise«ayant contribué à faire connaître,aimer et pratiquer la chasse sportive et à susciter le respect de la vie animale sauvage ou faire apprécier les arts traitant de chasse ou de nature ». Présidé chaque année par une personnalitéappartenantàl’Institut de France, le jury est composé de membres choisis pour leur compétence dans le domaine des lettres,de la chasse et de la nature. D’annéeenannée,leprixFrançois-Sommer a conquis une ré-

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PATRICK IAFRATE

◆ Le 28 janvier, dans le dépar-

Quelques jours plus tard, cettefoisenBretagne,lors d’une chasse de petit gibier, un jeune chasseur a été tué d’une décharge tiréeparsoncompagnonde chasse alors qu’il manipulait une arme. Sans crainte – hélas – de se tromper,le nombre total d’accidents mortels pour la saison 2012-2013 seraenhausse(rappelons que,selon les statistiques établies par l’ONCFS, seize accidents mortels avaientétéàdéplorerlors de la précédente saison).Certes, le monde de la chasse peut se rassurer en affirmant que ces chiffres restent bien loin de ceux d’ilyatreizeans,oùtrenteneuf accidents mortels avaient étéenregistrés.Certes,beaucoup aétéfaitenmatièredeformation et de prévention par l’ONCFS et la FNC,mais ces dramatiques accidents (surtout quand ils impliquent des non-chasseurs)

maisdeuxballesdetirer.Letireur responsable a été mis en examen pour“homicide involontaire”. Une semaine plus tard, en Seine-et-MarneàChaumes-enBrie cette fois, toujours lors d’une chassedegrandsanimaux, un garde-chasse a mortellement blesséunchasseuràlasuited’une altercation pour apparemment une question de limite de territoire. putation et une audience croissantes, qui en font une distinction recherchée par les auteurs et les éditeurs.À son palmarès le prix compte des lauréats prestigieux, tels que l’académicien Pierre Moinot,Dominique Venner,RobertdeGoulaine,Fernand du Boisrouvray, les Américains JimHarrison,GuydeLaValdène et l’Italien Erri De Luca. Uneinstitutiontellequ’unprix littéraire est appelée à évoluer et à faire écho aux changements de la société. Il est donc légitime et naturelqueleprixFrançois-Sommer s’ouvre à de nouvelles catégories d’ouvrages ou prenne acte del’importancenouvelledespréoccupations écologiques.De là à distinguerdesouvragesétrangers voire hostiles aux valeurs essen-

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tielles qu’il a vocation à défendre. il y a une certaine marge.En 2012,le prix a été attribué à deux auteurs éloignés des valeurs traditionnelles qui furent chères à François(photo)etJacqueline Sommer : Jean-Loup Trassard, excellent écrivain et poète,maisantichasserésolu, etChrisHerzfeld,philosophe passée à l’étude des grands singes, sans avoir validé ses théories par des études de terrain.Leplusinquiétantest l’expression « écologie humaniste » désormais mise en avant parlaFondationFrançois-Sommer. Pour tendre la main et faire des concessions à un adversaire il faut être en position de force. Telle n’est pas la situation du

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nous rappellent que l’auto-satisfecit ne doit pas être de mise, carlaquasi-totalitédesaccidents (mortels ou non) aurait pu être évitée. Est-il normal que les tirs directssoientresponsablesdesdeux tiers des accidents ? Est-il acceptable que la chasse de grand gibier soit responsable de 53 % des accidents, et en premier lieu celle du sanglier en raison de la passionexcessivequelabêtenoire provoque ? Est-il justifiable que le non-respect de l’angle de tir de ce mode de chasse soit responsable de 38 % des accidents mortels ? Tout comme le fait que “l’autoaccident” soit en hausse, imputable pour plus de la moitié des cas à une mauvaise manipulation de l’arme ou à une chute avec l’arme chargée. Aussi,cesaccidentsdoiventêtre synonymes d’un appel à être“ridicule de prudence”selon la formule consacrée et à ne jamais oublier qu’entre nos mains,nous détenons le tonnerre et la mort. FONDATION DE LA MAISON DE LA CHASSE ET DE LA NATURE

ACCIDENTS

monde de la chasse face aux organisations prétendues “écologistes” dont le dessein est de contribuer à l’avènement d’une nature sans les hommes et d’un monde sans chasseurs.



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

nards (dont 10 000 rien que pour Londres) qui déambuleraient dans les villes britanniques. Cette situation n’est toutefois pas une réelle nouveauté. Les premières incursions dans les grandes villes anglaises (en particulier à Bristol) remontent aux années1930.En1969,lesflamants roses de la reine (qu’elle avait reçus en cadeau) avaient été tués et mangés par des renards. Cettesituationn’estpaspropre à la Grande-Bretagne : Genève,

Lausanne ou encore Bruxelles sont également confrontés à ce fléau amplifié par la présence de grands parcs. En France, la situation est quelque peu différente. En effet, si l’on en voit de manière sporadique dans les grandes villes (surtout en proche banlieue parisienne), leur présence reste limitée. Pour autant, commentpeut-onexpliquerleur retour ?Lerenardestconnupour sa parfaite adaptation et son opportunisme en matière alimen-

taire (il se nourrit aussi bien de mulotsqued’œufs,d’insectesque de déchets qu’il trouve dans les poubelles !) ;enoutre,leslumières de la ville sont pour lui synonymes de tranquillité, car il n’y estpaschasséetqu’iln’adoncpas de prédateurs. La rage du renard a été officiellement éradiquée en France en avril 2001 grâce à une campagne de vaccination par un système d’appât largué par hélicoptère. À défaut de véhiculer encore la rage, le renard est le vecteur redoutable de l’échinococcose, maladie parasitaire qui peut se transmettre à l’homme. Ressourcesalimentaires,absence de prédation : que cela soit à Londres, à Paris… le renard ne semble pas près de disparaître dupaysageurbain,cequi,àterme, poseraunproblèmesanitaire.Car quoi qu’en disent les écologistes bon teint, le renard est un animal sauvage qui n’a pas sa place en ville.

chasse (ou l’art de dresser des oiseaux à capturer un gibier sauvage dans son milieu naturel) ; maisentoutétatdecause,cen’est pas un spectacle. Auvrai,lesentreprisesdespectacleou“voleries”nepeuventêtre assimilées à une chasse ;elles utilisent, en effet, des oiseaux impropresàlachasseauvol(telsque les vautours qui sont des oiseaux charognards,par opposition aux oiseauxdits“nobles”,telslesfaucons et les autours, capables de prendre des proies vivantes) ; de plus,expliquel’Anfa,dresserpour « exécuter une chorégraphie dans le tempsetl’espace» est à mille lieues d’une action de chasse.Ce débat sémantique dépasse la simple joute oratoire : le terme même defauconnerienedoitpasêtrerécupéré par des professionnels de

ce type de spectacle,et ainsi donner une fausse image de ce mode de chasse.L’objectif de l’Anfa – en concertation avec les pro-

fessionnels de la volerie – est que cette distinction apparaisse clairement d’une manière ou d’une autre dans la législation.

GRANDE-BRETAGNE

DES RENARDS À LONDRES

VOCABULAIRE

LA FAUCONNERIE MET LES POINTS SUR LES I

◆ Dans cette société du spec-

tacle qui s’érige en norme, la chasse n’échappe pas à ce tourbillon. Témoin, la chasse au vol. Quin’avuemployerunefoisdans sa vie les termes de“spectacle de fauconnerie”dans les fêtes de la chasse ?Or,pourl’Associationnationale des fauconniers et autoursiersfrançais(Anfa),ceterme est inapproprié et peut semer le troubledansl’espritdesprofanes. En effet, si l’on prend sa définition exacte dans la langue française (dont personne n’ignore la précision et la rigueur), la “fauconnerie” désigne à la fois le lieu où sont installés les rapaces destinés à la chasse, et le mode de

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Jours de C HASSE ◆

BIOSPHOTO/AFP

l’Europe. Début février, dans la banlieuesuddeLondres,unbébé de 4 mois a été attaqué dans sa chambre par un renard ; alertée par les hurlements de son fils, la mères’estretrouvéenezànezavec l’animal qui avait traîné l’enfant hors de son berceau et tenait sa main dans sa gueule.Mordu sévèrement à la main droite et au visage,il a dû être opéré. Cet accident rappelle celui où deux fillettes de moins de un an s’étaient fait mordre, en plein sommeil, toujours dans la capitale londonienne, voilà presque trois ans.« Une attaque aussi horrible est extrêmement rare,mais il faut prendre en compte le problème grandissant que posent les renards en ville », a déclaré le maire de Londres, Boris Johnson. Les chiffres font, en effet, frémir : au total,ce serait environ 30 000 re-

CITIZENSIDE.COM/AFP

◆ Le fait divers a fait le tour de

PRINTEMPS 2013



Pointdemire STATISTIQUES

TOUJOURS PLUS DE GRANDS ANIMAUX

◆ Avec la régularité d’un métro-

nome,lecapdumilliondegrands animaux tirés (hors les animaux demontagne,mouflons,chamois, isards) a été franchi et ce,pour la huitième année consécutive lors de la saison 2011-2012,selon les statistiques établies par la FNC et l’ONCFS. Comme lors de la précédentesaison,lestableauxde cerfsontprogressé(pourlavingthuitième année consécutive !) de 2,6 % pour atteindre 53 181 animaux. Plus que jamais, cette hausse est à mettre au compte de la pression des forestiers (d’État ou non) en raison des dégâtsimportantsquecommettent ces cervidés sur les arbres. Autre enseignement : l’augmentationdel’écartentrenombre d’animaux attribués et nombre d’animaux tués (plus de 30 %), s’explique,selonBenoîtGuibert, responsable de la grande faune à la FNC, « par le fait que ces fores-

SANTÉ

PROTÉGER SES OREILLES

◆ Les chasseurs font semblant

ALVIS AUDIO

de l’ignorer,mais les détonations de coups de fusil ou de carabine ont des conséquences drama-

16

ADAM GRYKO

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

UN JOLI BROCARD. PLUS DE 530 000 CHEVREUILS ONT ÉTÉ TIRÉS LORS DE LA SAISON

2011-2012

tiers demandent souvent aux commissions du plan de chasse,de donner plus de bracelets,sans souvent être en adéquation avec la réalité des populations ». Àrebours,pourlechevreuil,on noteunetrèsfaibleaugmentation desréalisations(quireprésentent tout de même 530 805 animaux), ce qui paraît somme toute normal, car la densité de cet animal paraît être arrivée à une certaine saturation.Cequineveutpasdire que les prélèvements n’augmen-

tent pas car, là encore, les forestiers privés“poussent”à les augmenter.Laraison ?Lesdégâtssylvicoles commis par ces petits cervidés.Rappelons que,depuis quatre ans, la loi a mis en place une procédure d’indemnisation des dégâts forestiers.Or,cette loi a été tellement “ficelée” qu’aucuneprocédured’indemnisation n’a pu aboutir. D’où une mobilisation des forestiers qui demandentunrenforcementsignificatif des plans de chasse.

tiques (en particulier sur l’oreille opposéeautir)surl’ouïe,quipeuvent apparaître qu’au bout de 10 ou 20 ans.Sous forme d’une surdité plus ou moins forte,plus ou moins précoce,ou d’acouphènes (provoquant même une perte d’équilibre). Dans ces conditions, on comprend pourquoi, que l’on soit chasseur ou accompagnant,protégerses oreilles est indispensable. Mais l’un des grandes objections estqu’uneprotection faitperdrelessonsextérieurs, et l’on sait qu’ils sont très importants à la chasse.

Une critique qui ne tient plus depuis plusieurs années,avec les appareils mis au point par différentes sociétés,en particulier par Alvis Audio. «Toute la difficulté pour une protection auditive active est de trouver le meilleur compromis entre bien protégeretbienentendre,c’est-à-dire amplifierouoptimiserlessons“utiles” et en diminuer,voire en supprimer d’autres, explique son président, Stephen Douezy.Je me suis rendu compte qu’il y avait en France un vrai manque.» Aussi, à côté de tous les produits destinés au monde de la moto, de l’industrie, de la musique, de la natation…,les ingénieurs d’Alvis Audio ont développé,depuismaintenantsixans,

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

Quantausanglier,ilresteuncas à part. Après avoir connu une baisse, puis une forte hausse, les tableaux décrochent de 4,4 % pour s’établir à 526 709. « Il faut peut-être y voir la contrepartie des efforts de prélèvement lors de la précédentesaison(70 000sanglierssupplémentaires avaient été tués) », constate Benoît Guibert. Cette baissedesprélèvementspeutêtre inquiétante à moyen terme. En effet, en 2011, la glandée a été exceptionnelle, or, plus elle est abondantepluslesfemellesprennent du poids, leur maturité sexuelle étant plus précoce,elles sereproduirontainsiplustôt.«On peut donc redouter, explique Benoît Guibert, une explosion des populations pour la prochaine saison.» Précisons que les chasseurs avaient été vivement encouragés à tirer davantage d’animaux pour répondre au plan nationalsanglier–lancéen2009– dontl’objectifestdeluttercontre la progression des dégâts agricoles, dont notre animal hirsute est responsable à 80 %. une gamme pour la chasse et le tir, pour tous les goûts et à tous les prix, que cela soit des bouchons,descasques,desoreillettes sur mesure.Leur dénominateur commun ? Filtrer parfaitement les “bons” (bruits extérieurs) et les “mauvais” sons (c’est-à-dire les détonations brutales), et ce dans un laps de temps qui se compteenmillièmesdeseconde. Tout est une question de sophistication, de précision, de confortetde…budget.De25euroslapairepourdesbouchonsantibruit progressifs (Alvis MK1) à 750 euros pour des oreillettes antibruit numériques réglables sur mesure (Alvis TirII, nouvelle génération). www.alvis-audio.com


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Fidèle à l’histoire qui a fait sa renommée, Vacheron Constantin s’engage à entretenir, réparer et restaurer toutes les montres produites depuis sa fondation, un gage d’excellence, et de confiance qui fait encore aujourd’hui la réputation de la manufacture.

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

1

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

Le 2e Salon des artistes animaliers à l’hippodrome d’Auteuil

1. Jean-Christophe Barbou des Places, commissaire général du Salon. 2. Alain Frances, M. et Mme Pierre Sabouret et Nadia Sevenet. 2 16 17

3. JacquesAntoine Haëntjens et le sculpteur Patrick Allain (prix de l’Humour). 4. Jean-Yves du Boispéan.

14. Jean d’Indy, vice-président de France Galop et président du Salon. 15. Patrice Bac. 16. Sophie Martin (médaille d’argent, catégorie sculpture). 17. M. et Mme Gérard Féau. 3

4

14

15

5 13

13. Matthieu Sordot (médaille d’or, catégorie peinture).

6

12

5. Julie Salmon. 6. Pascale Catoire. 7. Gilles Sarthou. 8. Marie-Joëlle Cédat. 7

8

11. Alexandra Rosa et Hubert Barbe. 12. Bruno Cognée (médaille d’or, catégorie sculpture).

11

9

10

en partenariat avec

9. Patrick-Louis Vuitton et Me Pelage de Coniac (Millon & Associés). 10. Arnaud de Mézerac (médaille de bronze, catégorie peinture). La suite du Salon page 20. >>

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Jours de C HASSE ◆

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Chicetchoke PHOTOS : PATRICK IAFRATE

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

1

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Le 2e Salon des artistes animaliers à l’hippodrome d’Auteuil (suite)

2 11

12

13

1. Le cinéaste animalier Laurent Charbonnier. 2. Catherine Farvacques (médaille d’argent, catégorie sculpture).

14

13. Blaise Prud’hon. 14. Pierre Couzy. 15. Odile de Wismes.

3

10. Claude Gaston La Touche. 11. Blandine Touzard. 12. Dany Continsouzas.

4

3. Sonia Sibiet (médaille d’argent, catégorie peinture) et Philippe Henry Ragot. 4. M. et Mme Jacques Hicter. 5. Ithier de Fougerolles. 6. Nicole et Aude de Choulot.

10

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en partenariat avec

7. Marguerite Bréguet. 8. Didier Gavens et Julien Tournoux. 9. Carole Voute (Beretta Gallery). 7

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PRINTEMPS 2013


Comme 45 % des chasseurs du Loir et Cher(*), assurez votre passion auprès d’un spécialiste !

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Chicetchoke 16. Julien Rigoreau. 17. Serge Prevost.

PHOTOS : ANFA

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

17

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1 2 3

Réunion de l’Association nationale des fauconniers et autoursiers français (Anfa) à Gaillac dans le Tarn

1. Philippe Justeau, président de l’Anfa, et sa petite-fille Bérénice. 2. Un groupe de fauconniers avant le départ. 3. Florian Hotte.

15

4

14. Alain Le Cochonec. 15. Rosalie Longueville, Bertrand Valeix, Marc et Brigitte Perrot.

5

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6 12

13

4. Stéphane Tesson. 5. Charles de Ganay, gerfaut au poing. 6. Alain Conesa.

11

7. Inès Justeau et Amélie Gaillard de Saint Germain. 8. Kilian Martel. 8

7

12. Loïc Poulain. 13. Thomas Darrigo et Julien Dubois. 9

en partenariat avec

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10. Mme Lorain. 11. Jean-François Goemans. 9. Guillaume Agède.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013



Chicetchoke

PHILIPPE ROLLET

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

9 8

7

2

1

Les Diane de So Chasse en Sologne

7. Alix Noblet. 8. Anne-Laure Cormerais. 9. Marie Carminati et Anne-Caroline Frey.

1. Annette Droste. 2. Pauline BoulonMaistre. 3. Baudouin de Saint Léger (président de So Chasse) et Aurianne de Lacoste Lareymondie.

6

5 3

4

1

4. Anne-Sophie Richet-Coulon. 5. Georges Dutruc-Rosset (président de la Fic Paris-HSV). 6. Diane Audouin et Adélaïde Vigneras.

2

Une chasse au domaine de Courtalain (Eure-et-Loir)

7. Florence et Alain Frey. 8. Yves Coquelet et Bernard Vergne.

1. Marianne Marchand. 2. Robert Marchand.

8

3

3. Bernard Blot, président de la chasse du domaine de Courtalain.

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6

4. Chris Chenevière. 5. Philippe Canet et Gabriel Binjacar.

en partenariat avec

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ALAIN DE L’HERMITE

5

6. Jérôme Pinel, Jean-François Gervais et Bertrand de Courcy.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013


RIO GRANDE - Photo FOCALE 3 Studios Reims

La seule œuvre d’art qui disparaît au vernissage L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É - À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N


Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

Présentation de la carabine Azur Legend Crocodile (LeicaST Dupont-L’Atelier Verney-Carron)

1 8

2

1. Patrick Thomas, président d’Hermès. 2. Pierre Verney-Carron, Jérôme Lanoue et Jean Verney-Carron. 8. Élise Campany et Fabrice Bourgard (ST Dupont).

3

3. Andreas Kaufmann (président de Leica) et Cyril Thomas (Leica). 4. La fameuse carabine Azur Legend Crocodile. 4

7 5

6

5. Alain Crevet, président de STDupont (Entreprise du patrimoine vivant 2012). 6. Alfred Schopf (directeur général de Leica).

Premier anniversaire de la boutique Alexandre Mareuil, rue Vignon à Paris

7. Louis-Arnaud l’Herbier et Tania de Bourbon-Parme. 1

Les carabines Ernest Dumoulin présentées chez Chevillotte

1. Nadine et Philippe Duchalard, Sophie-Charlotte Van Robais et Arnaud Van Robais. 2. Vanessa Gonzales.

1. Bénédicte Dumoulin. 2. Jean et Martine Galtier.

1

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3

3. François Loss (Établissements Michel Vallier).

4

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

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en partenariat avec

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3. Luc Demarre. 4. Benoît du Passage et MarieSolange Van Robais. 5. Jean-Marc Forneri. 6. Ghislain Mautin.

5. Marilyn Lecourtier et Éric Mangenot (Beretta Gallery). 5. Sylvie Raluy et Franck Maës.

Jours de C HASSE ♦ P R I N T E M P S

2013



3 Festival de Chambord e

Design Frédéric Célestin, Paris – Licences 1-1042476 / 2-1044399 / 3-1044400

6-20 juillet 2013

Réservations : 02 54 50 50 40 reservations@chambord.org

6 juillet à 20h : Alexandre Tharaud (piano) Beethoven, Mahler, Chopin 7 juillet à 16h15 et 18h15 : Trio d’anches Concert promenade en forêt Mozart, Beethoven,Tomasi… 8 juillet à 18h30 : Skip Sempé (clavecin) Concert exposition Rameau, Couperin, Forqueray… 8 juillet à 21h : Ensemble Jacques Moderne (musique baroque et voix) CONCERT HORS LES MURS Stabat Mater de Scarlatti 9 juillet à 20h : Solenne Païdassi (violon) et Frédéric Vaysse-Knitter (piano) Prokofiev, Debussy, Bartók 10 juillet à 20h : Jean-François Heisser (piano) et Michel Butor (récitant) Concert lecture Variations Diabelli de Beethoven, texte de Michel Butor 11 juillet à 18h30 : Vanessa Wagner (piano) Etudes de Pascal Dusapin 12 juillet à 20h : Orchestre des Pays de Savoie, direction Nicolas Chalvin Avec Bertrand Chamayou (piano) et Romain Leleu (trompette) Elgar, Chostakovitch, Neruda, Dvorák 13 juillet à 20h : Nicholas Angelich (piano) Variations Goldberg de Bach 14 juillet à 16h15 et 18h15 : Pascal Contet (accordéon) Concert promenade en forêt Couperin, Scarlatti, Piazzolla, Mantovani… et improvisations 15 juillet à 18h30 : Vanessa Wagner (piano) et Thomas E. Bauer (baryton) Le Voyage d’hiver de Schubert 16 juillet à 20h : Alexander Melnikov (piano) et Jean-Guihen Queyras (violoncelle) Intégrale des Sonates pour piano et violoncelle de Beethoven 17 juillet à 20h : Arsys Bourgogne (chœur) Grand désir d’aymer me tient ! 18 juillet à 20h : Histoire du Soldat de Stravinsky Concert lecture direction J.-C. Gayot Avec Didier Sandre (récitant) et O. Charlier (1er violon) 19 juillet à 20h : Jacky Terrasson trio (jazz) 20 juillet à 20h : Orchestre Symphonique Région Centre-Tours direction J.-Y. Ossonce avec Esther Yoo (violon) Tchaïkovski, Dvorák, Glazounov


Alexandre Hollan l’expérience de voir

Alexandre Hollan, La grande roue, 2011, Gouache, 65 x 100 cm - Photo : Illés Sarkantyu Conception graphique : Benoît Juge L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

Alexandre Hollan est né à Budapest en 1933. Arrivé à Paris en 1956 suite aux événements en Hongrie, il a développé en France une carrière de peintre et dessinateur à partir de deux motifs exclusifs : l’arbre et ce qu’il nomme «Vies silencieuses », des aquarelles de natures mortes où la profondeur de la couleur joue un rôle essentiel. Du 7 avril au 1er septembre le Domaine national de Chambord propose la plus grande exposition consacrée à Alexandre Hollan en France (600 m2). À travers une centaine d’œuvres réparties au second étage du donjon, l’artiste sera pour ainsi dire chez lui au milieu de la forêt, et son travail fait de silence, d’intériorité et d’invisible sera en profonde résonance avec le caractère spirituel du château.

CHÂTEAU DE CHAMBORD DU 7 AVRIL AU 1ER SEPTEMBRE 2013 Ouvert tous les jours de 9 h à 18 h Accès avec le ticket d’entrée du château www.chambord.org - 02 54 50 40 00


Àl’affût

LES EXPOSITIONS ET LES SALONS DE PRINTEMPS par la rédaction

le Gras Savoye-Grand Steeple-chase de Paris, considéré comme l’Arc de triomphe de l’obstacle, avec ses 5 800mètres et ses 23 difficultés, dont le redoutable Rail ditch and fence, qui nécessite un bond de 8 mètres !

DU 5 AU 8 AVRIL

LE SALON DE LA CHASSE DE RAMBOUILLET

◆ Pour la deuxième année

www.salondelachasse.com LES 13 ET 14 AVRIL

LE RENDEZ-VOUS DES CERFS À CHÂTEAUROUX

◆ Par sa force et sa beauté, le cerf fascine toujours et encore… Le Rendez-vous des cerfs,organisé par la Fédération départementale des chasseurs de l’Indre depuis treize ans, en est la preuve.Au programme de cette édition : une exposition des trophées tirés (environ 650) lors de la dernière saison, de photographies, de nombreuses associations cynégétiques, des artistes animaliers, des dédicaces d’auteurs… Hall des expositions Belle-Isle, 36000 Châteauroux. Tél. :02.54.22.15.98.

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www.grandsteeple.com LES 1er ET 2 JUIN

NATURE ET VÉNERIE EN FÊTE

GRAND STEEPLECHASE DE PARIS

◆ Ceux qui auraient encore

des doutes sur la beauté et l’émotion que dégagent ces courses doivent assister ce dimanche 19 mai à l’hippodrome d’Auteuil, où l’on court presque sans discontinuer depuis 1873, à ce grand rendez-vous. Ce jour-là, le temple de l’obstacle accueillera au terme de huit courses – dont plusieurs dites de groupes, c’est-à-dire les plus difficiles et les mieux dotées –, les meilleurs sauteurs de France selon leur âge et leur spécialité. Ce sera en haies (un seul type d’obstacle) ou en steeple (des obstacles variés, tels que rivière, mur, talus…). Avec comme point d’orgue,

◆ Avec, près de 40 000 visiteurs attendus, la fête de la chasse organisée par le Rallye Tempête est devenue l’une des manifestations cynégétiques les plus importantes d’Îlede-France. Pour sa douzième édition, elle se déroulera comme de coutume sur le magnifique site du grand parquet de Fontainebleau, à qui les sports équestres doivent tant.Au programme : concours de trompes, présentation d’équipages, démonstration de chasse au vol, finale du championnat de France du cheval de chasse… Sans oublier un spectacle en semi-nocturne le samedi.

Jours de C HASSE ◆

GAME FAIR À CHAMBORD

◆ Près de 60 000 personnes,

lieu prestigieux : le Game Fair est depuis trente ans de ces rendez-vous cynégétiques qu’un campagnard ou qu’un chasseur ne doit manquer sous aucun prétexte. Pour sa trente-deuxième édition, la manifestation aura pour thème le Québec, pays de chasse s’il en était.Un village entier lui sera dédié. Dans le parc du château, plus de 350 exposants seront

PATRICK IAFRATE

LE 19 MAI

www.rallyetempete.fr

SCOOPDYGA

consécutive –et pour sa dixseptième édition –, la Salon de la chasse de Rambouillet a élu domicile au parc des expositions de l’île Aumône à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Situé à une quarantaine de kilomètres de Paris, il offre 5 000 places de parking gratuites, avec un accès visiteurs et exposants séparés. Les visiteurs retrouveront sous l’immense chapiteau les exposants avec, au centre, une exposition d’animaux naturalisés (sur le thème les gibiers du grand froid et de montagne) de main de maître par l’Établissement Michel Vaillier.Autre nouveauté –outre le ball-trap et le sanglier courant–, l’aire de tir dédié aux faux pigeons vivants permettra aux visiteurs de mesurer leur adresse.

DU 21 AU 23 JUIN

PRINTEMPS 2013

présents, avec des thèmes précis (village premium pour les marques d’exception, un autre pour les artistes animaliers, pour les couteliers, pour les chiens…). Sans compter la traditionnelle vente aux enchères du samedi après-midi, le dîner spectacle du samedi soir et la messe de Saint-Hubert le dimanche… www.gamefair.fr


DEALERS BARON 02 SOISSONS : Aux jours de Chasse : 03 . 23 . 93 . 48 . 78 13 MARSEILLE : Gatimel : 04 . 91 . 33 . 12 . 18 14 FLEURY SUR ORNE (CAEN) : Terres et Eaux : 02 . 31 . 82 . 09 . 70 15 AURILLAC : Manucentre : 04 . 71 . 48 . 55 . 03 24 MARSAC SUR L’ISLE : Périgord Chasse et Pêche : 05 . 53 . 03 . 44 . 55 28 BROU : Vouzelaud : 02 . 37 . 47 . 05 . 95 31 TOULOUSE : Forum Chasse et Pêche : 05 . 61 . 57 . 57 . 10 33 MERIGNAC : Roumaillac : 0892 . 060 . 012 35 LA MEZIERE (RENNES) : Terres et Eaux : 02 . 99 . 13 . 33 . 90 37 NOTRE DAME D’OE : Chasse Nature Passion Armurerie : 02 . 47 . 54 . 48 . 18 41 NEUNG SUR BEUVRON : ACT Nature : 02 . 54 . 83 . 76 . 76 41 SALBRIS : Armurerie du Chasseur Solognot : 02 . 54 . 97 . 00 . 23 41 ST GERVAIS LA FORET : Aux Coureurs des Bois : 02 . 54 . 20 . 10 . 33 44 NANTES : Nantes Armes : 02 . 40 . 47 . 76 . 74 45 GIEN : Armurerie du Champs : 02 . 38 . 67 . 08 . 74 45 LA FERTE ST AUBAIN : Astrid de Sologne : 02 . 38 . 76 . 62 . 67 45 ORLEANS : Foulquiers Armurerie : 02 . 38 . 88 . 59 . 45 51 WITRY LES REIMS : Terres et Eaux : 03 . 26 . 61 . 00 . 00 59 SECLIN : Terres et Eaux : 03 . 20 . 90 . 56 . 56 62 ST OMER : Cagniart Armurerie : 03 . 21 . 98 . 05 . 48 62 AUDRUICQ : Vasseur Armurerie : 03 . 21 . 85 . 12 . 87 64 BAYONNE : Bernizan Armurerie : 05 . 59 . 59 . 05 . 76 65 LANNEMEZAN : Le Vivier Chasse Pêche : 05 . 62 . 40 . 27 . 23 69 LYON : Largeron Armurerie : 04 . 72 . 40 . 97 . 31 69 VENISSIEUX : Forum Chasse et Pêche : 04 . 78 . 01 . 71 . 03 72 ST SATURNIN (LE MANS) : Terres et Eaux : 02 . 43 . 14 . 56 . 00 75 PARIS : Alex Armurerie : 01 . 42 . 27 . 66 . 39 79 THOUARS : Clavier Armurerie : 05 . 49 . 68 . 11 . 26 80 BOVES (AMIENS) : Terres et Eaux : 03 . 22 . 95 . 95 . 40 81 GAILLAC : Ane Armurerie : 05 . 63 . 41 . 03 . 78

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PHOTOS : FORGET

SÉLECTION DE DVD par Humbert Rambaud

Les Saisons sauvages de Chambord ◆◆ Il y a une dizaine

d’années,le cinéaste animalier Laurent Charbonnier (lire ses Confidences page 64) nous avait enchantés avec son film sur Chambord.Il récidive en nous montrant le domaine sous un autre jour,d’autres lumières. Car a-t-on vraiment tout dit sur cet « abrégé de l’industrie humaine », selon les mots de Charles Quint ? A-t-on vraiment tout filmé sur ce domaine royal sauvé de mille morts,qui continue d’évoquer avec la même force la chasse dans sa splendeur et peut-être sa démesure ? Pour embrasser la magie et la vie du lieu,dans des images d’une exceptionnelle facture,le réalisateur a choisi de l’évoquer sur une année, “de brame à brame”,comme pour rappeler que,depuis plusieurs décennies,Chambord est le conservatoire du cerf élaphe en France. Ce furent, en effet,les veneurs qui, les premiers,puisèrent dans ce vivier,pour revivifier

32

leurs forêts d’animaux décimés par les guerres et les révoltes. Depuis les années 1950,près de 4 500 cerfs ont ainsi repeuplé les forêts d’Europe, et c’est pour cette raison qu’une grande majorité de cerfs français ont du“sang Chambord”.Avec subtilité, Laurent Charbonnier propose non une visite dans le seul parc (certes le plus grand d’Europe avec ses 5 500 hectares et ses 32kilomètres de murs), mais une alternance entre le château et sa vie extérieure, pour bien rappeler que c’est un ensemble indissociable voulu par François Ier.En plans larges,serrés,nous admirons ce château gigantesque (440 pièces,360 fenêtres,282 cheminées !),qui,en unissant habilement la tradition des forteresses médiévales aux nouveautés de la Renaissance italienne,se devait d’être,aux yeux du roi de France,la plus belle demeure d’Europe.C’est dans cette folie architecturale qu’il va,et sur un grand pied, pratiquer la vénerie telle

Jours de C HASSE ◆

qu’elle s’est lentement codifiée au cours du XVe siècle.Si l’on ne découple plus à Chambord depuis 1947,le domaine reste un formidable conservatoire de la faune et de la flore sauvage (sans oublier que,depuis 1945, Chambord a été classé réserve nationale de chasse,dépendant directement de la présidence de la République).Au fil des

saisons,Laurent Charbonnier lève un voile sur la vie intime du lieu qui a davantage l’apparence d’un massif que d’un parc.Nous apercevons un chat sauvage,participons à la pêche des étangs,avant d’entrer

PRINTEMPS 2013

dans l’hiver.Avec en toile de fond,ce songe de pierre, couvert de givre et de neige, nous observons,amusés,un martin-pêcheur agacé de devoir partager son point d’eau avec d’autres oiseaux dont un héron cendré ; un peu plus loin, des compagnies de sangliers maraudent,des solitaires s’affrontent.Puis Chambord se réveille doucement avec les premiers rayons du printemps : les cerfs perdent leurs bois, deviennent mulets ; le coucou, si bruyant mais si discret et furtif,est surpris par la caméra de Laurent Charbonnier,tandis qu'on découvre l’organisation matriarcale d’une famille de blaireaux,entre deux opérations de panneautage (vieille technique qui consiste à tendre des filets,et y rabattre cerfs et chevreuils,qui,une fois pris et bois sciés,sont mis en caisse,pour repeupler d’autres forêts).Au milieu de tout cela, un couple de balbuzards pêcheur fait son aire au sommet d’un grand pin… Seul bémol à ce très beau film : on aurait aimé des commentaires un peu plus pédagogiques, de la part des acteurs –les hommes pas les animaux ! Bref qu’ils soient à la hauteur des images.Mais ce n’est que vétilles au vu de la qualité de l’ensemble. Chambord reste un ensemble fascinant qui a cette force d’avoir résisté à tous les régimes,d’être envié par tous les républicains de France, pour le faste qui s’y perpétue, par la féerie qui l’enveloppe, pour le modèle d’organisation et de gestion qui est sien. DVD prochainement en vente.


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Tentations

MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR ELLE par Diane Cernay Retrouvez toutes nos adresses en page 226

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d’Aigle, en tissu matelassé tout coton, coloris blond, entre dans le printemps le pas léger.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

NECTALYS DE GALÉNIC

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jeunesse pour une peau neuve. Ce sérum lisse la peau grâce à une forte concentration de nectar de fruits et d’acide glycolique. 35 €, le flacon de 30 ml.


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Tentations MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR

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CRAVATES ARTUMÈS

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mythique course automobile, Aubercy a réalisé cette commande spéciale, d’un magnifique bleu marine aux intérieurs rouges. Pour des escapades distinguées.

PULL LE CHAMEAU

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l’homme de “menthe glacée” cette saison. Ce pull 100 % coton, col en V et manches longues ajustées, arbore brillamment une séduction sans faille. 69 €.

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PICCADILY 2 DE MATTHEW COOKSON

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Jours de C HASSE ◆

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PRINTEMPS 2013


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Tentations ACCESSOIRES

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à la ville, cette petite merveille signée Anéas est en toile de coton rembordée de cuir afin d’offrir un plus grand confort. 380 €, existe en différents coloris.

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BOUTEILLE ISOTHERME STANLEY

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une bouteille en acier avec vide d’air. Cent ans plus tard, la qualité est toujours là avec cette édition limitée en acier inoxydable. Une sélection GMT.

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SAC TIERRA DE GAUCHOS

◆ Chez Tierra de Gauchos,

ce sac Polo et Voyage 48 heures fabriqué en Argentine est vendu en exclusivité en France. 450 €.

GPS BUSHNELL DE RIVOLIER ◆ Le Back Track

de Bushnell est un GPS avec boussole numérique doté d’un autoétalonnage. Ce nouveau modèle pèse à peine 68 grammes. 79 €.

VALISETTE LANCEL

◆ Une petite valise pratique pour un week-

end de chasse, en cuir grainé et aux tons discrets (noir et cognac). Elle se prénomme Grand Hôtel pour vous inspirer un lieu de villégiature d’exception. 599 €.

CHUKKA DE CROCKETT & JONES

◆ La qualité et le classicisme de cette célèbre maison anglaise sont

une nouvelle fois au rendez-vous avec ces bottines 3 œillets en veau velours non doublé, semelles cuir. 350 €, existe en 5 coloris.

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Jours de C HASSE ◆

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ANEAS Fabriqué en France

Prêt à partir en ANEAS : ensemble sac marin, sac à dos, sac polochon en veau foulonné pleine fleur

Retrouvez nous stand B21 au Salon de la Chasse de Rambouillet www.aneas.com


Tentations ACCESSOIRES

LONGUES-VUES DE SWAROVSKI OPTIK

◆ La maison autrichienne sort une nouvelle

gamme de longues-vues, avec deux modules oculaires (coudé et droit) et trois modules d’objectifs. Toujours aussi performante avec une qualité inégalée.

2 800 €, la 25-60x65 ; 3 400 €, la 25-60x85 ; 3 730 €, la 30-70x95.

CARTOUCHIÈRE CUIR TUNET

CARTOUCHES ROTTWEIL

◆ Cette cartouchière 20 emplacements pour cartouches de calibres 12 ou 20 en cuir pleine fleur garde un maintien exceptionnel.

◆ Pour votre prochaine saison de chasse

au marais, Rottweil a développé des cartouches basse pression (grenaille de fer doux), en 6 et demi (34 g).

54,90 €, la boîte de 100, disponible en calibre 12/70.

49,90 €.

ANTIBRUIT ALVIS

◆ Avec ce modèle Chasse II

Plus, vous disposez d’une protection parfaite et d’une amplification des bruits “utiles”. 499 €.

TÉLÉMÈTRE RANGEMASTER LEICA

◆ Ce télémètre Leica

CARTOUCHES SAUVESTRE

Rangemaster CRF 1000-R est très maniable et possède une fonction balistique déterminante (915 mètres de portée). 580 €.

◆ La balle flèche Sauvestre

reste l’une des plus sérieuses références pour les fusils à canons lisses. Voici deux nouveaux packagings (de 6 munitions pour la gamme plomb et de 5 pour celle “sans plomb”). À partir de 19,95 €, en calibres 12, 16 et 20.

CANNE DE TIR PAR CHAPUIS

◆ Cette canne de tir à 4 pieds

de la marque Decoy assure une grande stabilité. La hauteur est réglable (de 75 à 180 cm) et ses pieds sont équipés soit de pointes métalliques, soit d’embouts en caoutchouc. 169 €.

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LUNETTE DE VISÉE STEINER

◆ Cette lunette robuste en aluminium anodisé de la gamme Nighthunter Xtreme sera idéale pour vos prochaines battues. Avec un champ de vision de 36 mètres à 100 mètres, elle offre une observation rapide de l’animal avec précision. 1 924 €, grossissement 1-5x24 mm.

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Objetsd’art par Alain de l’Hermite

Péquignet Manufacture

Grand Sport a un diamètre de 44 millimètres). Péquignet Manufacture a choisi de doter son calibre Royal des complications les plus usuelles : le double grand guichet jour et date, la réserve de marche jusqu’à cent heures, la grande phase de lune, la petite trotteuse. Cette fois,à“l’intérieur”,sous la glace saphir apparaît un peu du génie de chacun des cinquante employés : c’est le cœur du système du calibre Royal,du mouvement mécanique à remontage automatique.En approchant l’oreille, nous entendons même discrètement les pulsations du spiral. « Un tour de force quand on constate la faible épaisseur du boîtier,mais possible grâce à une seule platine qui accueille la montre et toutes les complications »,explique Didier Leibundgut. La voilà son invention qui lui a permis d’accéder à la dignité de “manufacture”.Auparavant, pour créer une montre à complication, les platines étaient La montre Rue Royale, superposées, la contrainte de la consacrée meilleure montre platine de base nécessaire au au monde par “Chronos” et “Watch fonctionnement de l’ensemble File”, incarne l’élégance française. était énorme ; le réglage était donc “impossible”, sans parler se décrétait par le métal de son de l’épaisseur de l’ensemble et boîtier. du coût exorbitant ! L’augmentation du diamètre « Oui,Van Tran a trouvé… », externe des boîtiers – autrefois constate humblement Didier cantonnés à 36 millimètres –, a Leibundgut. Péquignet Manupermis l’évolution du goût et facture un exemple à méditer l’avènement de la haute horlo- pour l’industrie française. gerie, d’un “marché de la Péquignet Manufacture, montre à forte valeur ajoutée” 1,rue du Bief,25500 Morteau. (à titre de comparaison le boîTél. :03.81.67.30.66 Sur Internet :www.pequignet.com tier de la collection Royal

Un “jardin à la française” une barre d’acier dense comme il sied à une montre.Grâce à cela et à un léger polissage,dans deux centsans,il paraîtra aussi parfait qu’aujourd’hui. Ces cornes, sa lunette, son remontoir surmonté de l’emblème à la fleur de lys,tout concourt à l’harmonie des courbes, pour faire de notre Rue Royale “un jardin à la française”, comme la surnomme les Japonais. Maintenant, comme posées entre la glace saphir et le cadran guilloché

PHOTOS : PÉQUIGNET MANUFACTURE

◆ Lorsqu’en septembre 2003, Didier Leibundgut reprend l’entreprise d’Émile Péquignet à Morteau dans le Jura,il nourrit alors le secret espoir d’en faire l’unique manufacture horlogère française. Le défi semblait impossible. Et pourtant, moins de dix ans plus tard, en 2011, nos confrères de Chronos et Watch File consacrent le modèle Rue Royale comme la meilleure montre au monde. Devant les plus célèbres marques suisses. La maison, devenue Péquignet Manufacture,avait relevé le défi: le calibre Royal venait de naître après presque sept années d’études. Au vrai,pour la première fois au monde une platine horlogère de 5,88 millimètres d’épaisseur supportait l’ensemble des complications d’un mouvement mécanique. Pour accomplir cette prouesse, Didier Leibundgut ne se serait « jamais lancé sans la rencontre avec Van Tran ». Huy Van Tran ? C’est le “constructeur”maison,un chercheur du “laboratoire” dans le langage des horlogers qui désormais jonglent avec les plans en 3D.«Tenez,prenez ma montre, c’est l’un des modèles Rue Royale.» Il s’agit de l’une des quatre collections produites par Péquignet Manufacture. Le boîtier de 42millimètres est sculpté dans

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apparaissent dans une symétrie parfaite les cinq complications. Complications ? Traditionnellement on a toujours acheté une montre pour lire l’heure,parfois la date comme seule complication. Rares étaient les marques comme Patek Philippe ou Breguet à proposer un “guichet phases de lune”. Jusqu’aux années 1990,le luxe d’une montre

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Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc

Honda CR-V Superhabitable et d’une sobriété digne d’une berline moyenne, ce SUV cossu chasse sur les terres des 4x4 de loisirs allemands.

Le coffre également surprend agréablement. Il offre même le plus gros volume de chargement de sa catégorie (de 589 à 1 669litres). À bord, les passagers n’auront pas à se plaindre. L’insonorisation progresse, grâce à l’emploi de caoutchoucs de portière en double épaisseur. Honda se flatte aussi d’avoir amélioré le confort pour les passagers. À vrai dire, si les nôtres chantaient les louangesdes beaux fauteuils en cuir, sur notre version d’essai, il a semblé au conducteur, l’espace d’un instant, que le CR-V ancienne mouture filtrait mieux les creux et les bosses. Mais tout cela demeure très subjectif. La finition quasi irréprochable du nouveau CR-V, en tout cas, mettra tout le monde d’accord. Excepté peut-être si l’on s’attarde

◆ Voici le nouveau CR-V. Un engin totalement remanié, dont les volumes généreux ont déjà conquis le marché américain. En Europe, c’est avec un diesel qu’il entend marquer son territoire. Et l’engin ne manque pas d’atouts. Christophe Decultot, le directeur général de Honda sur ces deux écrans, l’un France, vante d’emblée sur l’autre, au beau milieu du son prix agressif et surtout tableau de bord.Lequel est de sur sa « forte valeur résiduelle ». trop ? Qu’importe ! L’essentiel Car cette voiture marche sur est ailleurs. On oubliera bien les brisées des 4x4 de loisirs vite que certains plastiques allemands, très cotés à la manquent un peu de tenue, revente. Un luxe que peuvent comme celui placé autour du seulement se permettre levier de vitesse, par exemple. les voitures fiables jouissant Et l’on retiendra l’agrément d’une bonne image. certain que procure la position Les efforts déployés de conduite ici sont unanimement dominante, sans salués. À commencer oublier la qualité des Honda CR-V i-DTEC 4WD par l’esthétique très prestations en termes soignée, avec une d’équipements. Dimensions calandre des plus Dès le premier niveau L : 4 570 mm ; l : 1 820 mm ; H : 1 680 mm. incisives. L’arrière assez de finition, l’auto a Charges utiles singulier évoque un peu droit à un régulateur Poids à vide : 1 753 kg. Capacité du coffre celui des breaks Volvo. de vitesse, idéal à bagages : 589 à 1 669 l. Réservoir : 58 l. Faut-il regretter pour les trajets Moteur Quatre cylindres en ligne, injection directe la poupe haute autoroutiers. Le haut turbo, 2 199 cc. Puissance : 150 ch très distinguée de la de gamme, Innova, à 4 000 tr/mn. Couple : 350 Nm. génération précédente ? se pare d’un système Freinage ABS. Boîte manuelle à 6 rapports ou automatique à cinq rapports. Transmission Nous n’irons pas électronique qui à quatre roues motrices, non permanente. jusque-là. D’autant que repositionne le CR-V Performances l’habitabilité fait un dans sa trajectoire Vitesse maximale : 190 km/h. 0-100 km/h : 9,7 sec. Consommation moyenne : bond en avant, alors que par action sur 5,6 l/100 km en cycle mixte. CO2 : 149 gr. la longueur du véhicule la direction électrique Prix ne varie guère que du véhicule. Il hérite À partir de 32 900 € de quelques millimètres. même d’un système

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HONDA

Sagement viril

automatique de prévention des collisions, où le véhicule freine de lui-même à l’approche de l’obstacle. Mais il faut aimer se faire supplanter par une machine. Ce qui est loin d’être évident ! Côté motorisations, deux blocs sont prévus en France, mais seul le diesel donne accès à la transmission intégrale. Ce 2,2litres turbo-diesel i-DTEC de 150 chevaux présente un couple de 350newtons-mètres. Pas de quoi grimper aux arbres, mais suffisant pour le tout-chemin.Afin de réduire les consommations, Honda, motoriste hors pair, a travaillé sur la réduction des frottements. Résultat : jusqu’à 12 % de rejet de CO2 en moins. Soit un litre de carburant épargné tous les cent kilomètres. Cette prouesse ramène les consommations de ce 4x4 familial richement doté, silencieux et bien suspendu, au niveau de celles d’une berline moyenne.


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Enchères par Virginie Jacoberger-Lavoué

La chasse dans tous ses états Grand choix des lots, tant en termes de variété que de qualité, les amateurs d’art cynégétiques ont pu réaliser de belles affaires. ◆ Sans doute pour permettre à ses clients de prendre les devants pour les fêtes de fin d’année, l’Étude CoutauBégarie avait organisé sa dernière vacation 2012 à Drouot, le 28 novembre. Une vente qui, comme son intitulé (“Mobilier, objets d’art et chasse”) l’indiquait, n’était pas exclusivement dévolue à la cynégétique. La vacation a commencé brillamment avec le passage sous le marteau de très exactement 16 lots (dessins et aquarelles) de Georges-Frédéric Rötig (18731961) qui ont tous trouvé preneurs – ce qui montre la solide cote de cet artiste. On remarquera cette belle Étude de combattants (25centimètres sur 32,4) âprement disputée jusqu’à 3 100 euros, près de quatre fois son estimation la plus haute. Signalons aussi

parmi les autres œuvres de cet artiste une originale Étude de lapin, quasiment du même format, au crayon, partie à 1 000 euros, le double de son estimation. On ne peut passer sous silence non plus cette Scène de chasse en débuché de Maurice Taquoy (1878-1952), adjugée 500 euros, son estimation. Les amateurs auront aussi remarqué cet Hallali du cerf (47centimètres sur 77), attribué à l’École française du XVIIIe siècle (atelier de Jean-Baptiste Oudry) qui a

fait un heureux à 3 700 euros (son estimation). De même format, une belle toile représentant des bécasses (heureusement que l’intitulé le précise, car la chose n’est guère évidente !), œuvre attribuée à Carl Wilhem de Hamilton (1668-1754) est partie sous le marteau à seulement 4 000 euros,là encore son prix d’estimation. Parmi les bronzes, un intéressant Chien regardant une tortue d’Henri-Alfred Jacquemart (18241896), bronze à patine brune, signé sur la

Ce superbe“Valet Louis XV et chiens en défaut”,de PierreJules Mêne (45 centimètres de haut sur 47 de long) a été disputé jusqu’à 16 600 euros, pour une estimation la plus haute à 12 000 euros. ÉTUDE COUTEAU BEGARIE

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terrasse (20centimètres de haut et de 21de long), estimé entre 1 500 et 2 000 euros, a grimpé jusqu’à 2 600 euros. Plus accessible, un Cheval de belles dimensions (18centimètres de haut) et proportions d’après Charles Valton (1851-1918), fondeur Collin, a fait un heureux acquéreur à 1 000 euros. Mais le bronze le plus exceptionnel de la vacation fut ce Valet Louis XV et chiens en défaut, un très rare bronze (45centimètres de haut sur 47 de long) de Pierre-Jules Mêne (1810-1879) en fonte ancienne avec comme précision de l’expert, « les épreuves de ce bronze sont rares et pour la plupart posthumes ». Les collectionneurs ne s’y sont pas trompés, se disputant l’enchère jusqu’à 16 600 euros, la plus élevée de la vacation, pour une estimation la plus haute à 12 000 euros. Parmi les objets plus insolites, un portemanteau et parapluie en bois sculpté, dans le goût forêt noire, de 206centimètres de haut, a presque atteint son estimation, en étant adjugé 3 800 euros. La vacation a aussi illustré à quel point le marché des appelants de qualité restait dynamique, un lot de six pièces en bois peint, non daté, est parti sous le marteau à 2 700 euros. Du côté, des armes blanches, une dague de vénerie avec fusée en ivoire sculpté de la fin du XIXe siècle a grimpé jusqu’à 3 000 euros.


E MORAND - ÉTUDE CORNETTE DE SAINT PHOTOS : ÉTUDES BUISSONNEAU DAGUERR

CYR

Ces“Sangliers dans la neige” de Georges-Frédéric Rötig ont été adjugés 2 500 euros (au-dessus de leur estimation) tandis que“l’Envol du faisan” de Xavier de Poret a fait un heureux à 1 200 euros.

◆ Hasard du calendrier, l’Étude Millon & Associés avait également organisé le 28 novembre à Drouot, une vente qui fut de toute la saison une des plus riches et éclectiques en lots (440) pour un total des adjudications qui s’élève à 131 020 euros. Il y avait vraiment de quoi ravir tous les amateurs. Les plus belles enchères ont été réservées aux armes. Une paire de fusils à platines Guichard (vendue par Gastinne Renette), calibre 16/70, dans leur valise en cuir, a été adjugée 11 500 euros (dans la fourchette d’estimation). Une carabine Kipplauf à platines, vendue avec deux lunettes Zeiss 1,5-6x, est partie à 11 000 euros (son estimation également). On notera qu’un fusil à platines Purdey & Sons, calibre 12/65, éjecteurs, canons juxtaposés de 71centimètres, fabriqué en 1895, a été adjugé 4 500 euros. Quant à cet autre fusil à faux corps Lebeau Courally, en calibre 12/70 – lot joint d’une paire

de canons stéphanois calibre 20/76 et d’une paire de canons liégeois –, il fait un heureux à 3 000 euros (son estimation haute). Du côté des tableaux, dessins et gravures, il y avait matière à faire de belles affaires. Une aquarelle gouachée représentant des Sangliers dans la neige (20,5centimètres sur 26) de Georges-Frédéric Rötig a été adjugée 2 500 euros (au-dessus de son estimation). Une suite de onze lithographies d’après Traviès a grimpé jusqu’à 2 600 euros. Un beau Reboussin intitulé Rapace serrant un lièvre surveillé par deux pies (en fait

un autour des palombes empiétant un lapin !), d’un beau format (90centimètres sur 116) a trouvé preneur à 1 500 euros, sa fourchette haute. Les fidèles du baron Finot étaient là : un projet d’éventail représentant une scène de chasse à courre (gouache de 62centimètres sur 17,5) est parti à 2000 euros, son estimation basse. Dans un tout autre genre, le Relais de chasse (30 centimètres sur 40) de Jules-Bertrand Gélibert

Cette panthère des neiges,très rare en salle des ventes, est partie sous le marteau à 36 894 euros.

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a changé de mains pour 2 500 euros. Les amateurs de chevaux ont remarqué une huile sur toile de Geo Arnull (1849-1894), intitulée le Crack et le Jockey sur le champ de courses (50centimètres sur 65), adjugée 700 euros (son estimation basse). Certaines œuvres sont aussi restées très accessibles tel un pochoir de Maurice Taquoy, daté de 1911 (48,5centimètres sur 62) et représentant un Déjeuner des chasseurs en forêt, adjugé 800 euros. Les Harry Eliott ont toujours du succès : sur les 18 lots présentés, 10 ont trouvé preneurs pour des prix entre 30 et 250 euros. O’Klein a fait aussi des heureux avec douze lots attribués sur quatorze (entre 50 et 250 euros). Parmi les sculpteurs, Antoine-Louis Barye (1796-1875) se distingue sans mal avec


PHOTOS : COUTAU-BÉGARIE - MILLON & ASSOCIES - AUDAP & MIRABAUD

Enchères Cette“Scène de chasse en débuché”de Maurice Taquoy a trouvé preneur à 500 euros,son estimation.En dessous,à gauche,“le Crack et le Jockey sur le champ de courses”,de Geo Arnull est parti à 700 euros,tandis que ce“Grand duc”de François Pompon s’est envolé à 49 000 euros.

(25centimètres de haut sur 30 de long) et un Sanglier (23centimètres sur 32) partis tous deux à 2 600 euros ; et un Cerf au brame de dimensions similaires sous le marteau à 2000 euros pour une estimation entre 1 000 et 1 500 euros.

un Éléphant du Sénégal, bronze à patine brune (14centimètres de haut et 20 de long) fonte Barbedienne avec cachet d’épreuves pour les œuvres entre 1876 et 1889, adjugé 3 200 euros et une Lionne (20centimètres de haut sur 28 de long), également fonte Barbedienne, adjugée 2 500 euros. On notera que Josechu Lalanda réalise une très belle performance avec trois bronzes à patine brune adjugés : un Brocard sautant

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à 46 807 euros pour une estimation entre 25 000 et 30 000 euros après avoir été âprement discuté. Une exceptionnelle panthère des neiges, rare en salle des ventes,

◆ Le 8 décembre, l’Étude Cornette de Saint Cyr a comblé les amateurs d’art cynégétique avec une importante vacation réunissant plusieurs thématiques, histoire naturelle, art cynégétique, taxidermie et armes. Un expert de référence,André Marchand, des lots conséquents (371), des pièces rares : il n’en fallait pas davantage pour de belles enchères et un total d’adjudications de 207 405 euros. Enchère record pour un tigre mâle naturalisé entier – impossible à exporter vers les États-Unis d’Amérique– qui a fait un heureux acquéreur

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est passée sous le marteau à 36 894 euros. Rare aussi, un ours polaire, naturalisé entier sur socle, a grimpé jusqu’à 15 444 euros. Quelques lots intéressants étaient aussi plus accessibles : un bison américain parti à 3 218 euros ; un paon bleu faisant la roue naturalisé entier disputé à 4 119 euros (le double de son estimation) ; quant au koala assis, il a été adjugé 9 009 euros. Plus accessibles, un raton-laveur a fait un heureux à 575 euros (son estimation basse) et une bartavelle est partie à 51 euros. La catégorie des illustrateurs valait surtout par la présence de Karl Reille qui a encore confirmé sa bonne cote : une huile sur toile, Hallali au bord d’un étang représentant très probablement un laisser-courre de l’Équipage de Bonnelles (46centimètres sur 55,5), a dépassé son estimation (3 000 euros) en étant adjugé 3 604 euros. Les armes ont



PHOTOS : ÉTUDES BUISSONNEAU DAGUERRE MORAND

Enchères “La Duchesse d’Uzès et sa meute”(pochoir de 26 centimètres sur 40) immortalisée par le caricaturiste Sem est partie à 650 euros.Ci-dessus, cette scène de course (gravure en couleur de l’École anglaise du XIXe siècle) a fait un heureux à 750 euros,plus du double de son estimation.

enregistré un franc succès. Un fusil Merkel à platines démontables à main gravée de rinceaux (calibre 12/70), présenté avec son étui, a trouvé preneur à 2 445 euros ; un fusil liégeois fabriqué pour la maison Gastinne Renette calibre 12/70 avec gravures et crosse anglaise est parti à 2 252 euros tout comme un autre fusil Merkel à platines démontables à la main gravée de scènes cynégétiques, crosse en demi-pistolet, présenté dans sa boîte. À peine plus accessible un fusil Perazzi calibre 12/70 canons superposés de 70centimètres, éjecteurs automatiques, crosse demi-pistolet a fait un heureux à 1 738 euros, soit le double de son estimation. Signalons encore que la vacation comptait toute une série d’appelants (canard, héron, grive, vanneau,

courlis…), catégorie qui fait des envolées considérables sur le marché international grâce aux collectionneurs américains et que les Français devraient reconsidérer s’ils sont amateurs. À Paris, on peut encore faire de très belles affaires : un canard wing duck en fonte provenant des États-Unis a été adjugé 515 euros ; un mallard drake

en bois peint de provenance américaine et daté (1940-1950) a trouvé preneur à 360 euros. Un cygne blanc (en pin rouge), provenant de Californie, est parti à 1 148 euros, soit dans sa fourchette d’estimation.

◆ Toujours à Drouot, le 25 janvier, la vacation des Études Brissonneau, Daguerre et Morand a présenté 281 lots avec peu d’envolées mais aussi peu d’invendus. Signalons qu’environ 170 lots concernaient la chasse (des numéros 97 à 117 et de 138 à 281). L’enchère record a été

Ce“Chien regardant une tortue”, bronze à patine brune (20 centimètres de haut sur 21 de long) d’Henri-Alfred Jacquemart (1824-1896) a grimpé à 2 600 euros pour une estimation entre 1 500 et 2 000 euros. ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE

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◆ Le 17 décembre, l’Étude Audap & Mirabaud a réuni de nombreux collectionneurs, amateurs de chasse, avec le passage sous le marteau d’un exceptionnel bronze de François Pompon (1855-1933), représentant un Grand duc, épreuve ancienne haute de 27,5centimètres, comprenant de légères usures et éraflures qui s’est envolé à 49 000 euros (hors frais). Dans la même vacation, une huile sur carton de Victor Charreton (18641937) représentant une Maison forestière, 60 centimètres sur 73, provenant de l’atelier de l’artiste et rare en salle des ventes, a été disputée à Drouot jusqu’à 10 000 euros.

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remportée par un GeorgesFrédéric Rötig avec une toile (Harde de sangliers en sous-bois) de belles dimensions (96centimètres sur 116) qui a dépassé son estimation la plus forte, avec une adjudication à 8 800 euros. On remarquera qu’une Scène de chasse à courre en forêt de Victor de Grailly (18041889) a trouvé preneur à 2 100 euros, son estimation. Des aquarelles d’Eliott se sont taillées un franc succès : l’Échappée du renard et le Repas perturbé, toutes deux estimées 1 000 euros, ont fait des heureux à 1 300 euros chacune. Une scène de course de l’École anglaise du XIXe siècle (65centimètres sur 113) s’est envolée à 750 euros, soit plus du double de son estimation haute. Quant au caricaturiste Sem, il est inoxydable : sa Duchesse d’Uzès et sa meute (pochoir de 26centimètres sur 40) est partie à 650 euros, son estimation. Du côté des bronzes, la vacation s’est distinguée avec la présentation

PHOTOS : ÉTUDE MILLON & ASSOCIES

PHOTOS : ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE - ÉTUDE

CORNETTE DE SAINT CYR

Cette“Étude de combattants”, de Rötig est partie à 3 100 euros. Ci-dessous,détail d’un portemanteau en bois sculpté adjugé 3 800 euros. Le projet d’éventail du baron Finot a trouvé preneur à 2 600 euros. En bas,ce mallard drake en bois a fait un heureux à 360 euros.

d’une œuvre d’Yvan BenoistGironière (Jument percheronne primée et son poulain), fonte originale, cire perdue Delval (29centimètres sur 28,5) disputée à 4 800 euros, son estimation. Un beau Pierre-Jules Mêne, le Cerf à la branche, signé sur terrasse (de 36centimètres de haut) adjugé 2 200 euros. Pour les armes, il faut signaler un Browning B25 parti à 1 200 euros, pour une estimation à 800. Ou encore un express à platines Sauer & Sohn (calibre 8x57 JRS) a bondi à 3 100 euros

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pour une estimation haute à 1 800 euros. Du côté des objets, une suite de quatre appliques en bronze ciselé et doré en forme de trompe de chasse retenu par un nœud de ruban, style LouisXVI, de 30centimètres sur 46, estimée 2 000 euros, a été adjugée 5 600 euros.

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Renseignements ◆ Étude Coutau-Bégarie 60, avenue de la Bourdonnais, Paris VIIe.Tél. : 01.45.56.12.20. Expert : Éric Angot. ◆ Étude Millon & Associés 19, rue Grange-Batelière, Paris IXe.Tél. : 01.48.00.99.44. Expert : Pélage de Coniac. ◆ Étude Cornette de Saint Cyr 46, avenue Kléber, Paris XVIe. Tél. : 01.47.27.11.24. Expert : André Marchand. ◆ Étude Audap & Mirabaud 174, rue du Faubourg-SaintHonoré, Paris VIIIe. Tél. : 01.53.30.90.30. ◆ Étude Daguerre 5 bis, rue du Cirque, Paris VIIIe, Tél. : 01.45.63.02.60. Expert : Gaëtan Brunel. ◆ Étude Brissonneau 4, rue Drouot, Paris IXe. Tél. : 01.42.46.00.07. ◆ Étude Morand 3-7, rue Ernest-Renan, Paris XVe. Tél. : 01.40.56.91.96.

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Signets par la rédaction

Sayat Les Aigliers de l’Altaï

de Georges Lenzi ◆◆◆ Les beaux livres sont légion, les bons livres beaucoup moins, quant à ceux qui allient les deux, ils se comptent presque sur les doigts d’une main. Sayat,les Aigliers de l’Altaï est sans conteste de ceux-là. S’appuyant sur une somptueuse iconographie –et quelques illustrations de Marcello Pettineo–, Georges Lenzi nous fait approcher au plus près ce que le commun des mortels pourrait prendre pour du folklore, mais qui est un mode de chasse, ancré chez les Kazakhs presque depuis la nuit des temps, et qui se perpétue de génération en génération. On ne s’en souvient peut-être pas mais il est probable que la chasse au vol – ou l’art de dresser (affaîter) des oiseaux de proie pour capturer du gibier sauvage– serait née quelque part sur les hauts plateaux d’Asie centrale, avant de s’étendre à toute l’Europe au XIe et XIIe siècle.A-t-on oublié que l’équipage impérial du grand Gengis Khan comptait plusieurs milliers d’oiseaux de chasse ? Georges Lenzi raconte cet art, cet art de vivre qui est arrivé jusqu’à eux et jusqu’à nous. Il nous emmène dans

Souvenirs de chasses pour Christian

de René Chambe ◆◆◆ Ce qu’il y a de formidable avec un ouvrage du général Chambe,c’est qu’il dégage à chaque fois la même intensité et la même émotion qu’on le lise ou le relise. Ses Souvenirs de chasse pour Christian n’y font pas exception. On ne peut que louer les Éditions de Montbel d’avoir réédité – quelques années après Propos d’un vieux chasseur de coqs – la première des trois livraisons campagnardes et cynégétiques de ce brillant général d’aviation et nemrod passionné. Sorti en 1963, l’ouvrage avait été salué par la critique. Certes, le nom de Chambe n’était pas inconnu,ses talents de conteur et d’historien de l’aviation

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l’histoire de ce “peuple centaure” et nomade qui a résisté aux Soviétiques, dans l’Altaï, avec leurs extraordinaires petits chevaux. Et puis il y a l’aigle, qui est tout et au centre de tout pour les aigliers kazakhs. Georges Lenzi ne se contente pas de ses très belles images, il explique ce qu’est un aigle, ce qu’est son “affaîtage” par les Kazakhs, la manière dont il vit dans la yourte, leur entraînement. Il raconte des scènes de chasse par – 20 °C. On assiste à la prise d’un renard, d’un lièvre et d’un louvart (comme on pouvait s’en douter, les aigliers ne prennent pas le risque de lancer leur oiseau, sur un sujet adulte, trop fort et bien trop dangereux). En quelques lignes, en quelques pages, le lecteur est plongé dans un autre monde.Autre qualité de ce bel ouvrage : Georges Lenzi a su le rendre didactique et pédagogique, sans jamais céder au sensationnel ; il n’y a ni erreur, ni approximation sur les termes de la chasse au vol – qui ont tant apporté à la langue française –, un petit lexique aide même le lecteur qui aurait quelques interrogations ! SilvanaEditoriale,168 pages,32 €.

militaire avaient fait l’unanimité,à juste raison. Là encore, ses récits font merveille. Comme un vieux général le soir d’une bataille, il regarde, nostalgique une dernière fois,les vestiges de son passé.Mieux,il nous y emmène. Ce passé, son enfance, c’est celui d’un monde englouti, celui de 1914, du côté de la demeure familiale, à Monbaly, dans le Dauphiné.Chambe retrace son histoire avec son frère, ses rêves et son imaginaire,celui des premiers élans et des premières passions.On comprend que ce monde, même s’il avait ses injustices et sa dureté,était à peu près à sa place. Il y a des figures qui n’auraient, hélas, plus la leur dans notre monde aseptisé et uniformisé. La chasse ? Elle était un prolongement naturel de l’existence ; les héros du jeune Chambe s’appelaient Mar-

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quette l’affûteur de loups, les frères Delage, redoutables tireurs,dont ils collectionnaient les douilles vides… C’était le temps des premières armes, des premiers gibiers, comme ce rouge-gorge,qui lui donnera une intense émotion.Car écrit ce gentilhomme avec une infinie poésie, « savoir vibrer est le secret de la vie ».Las,Monbaly sera son plus grand bonheur, et sa plus grande déchirure quand sa mère sera obligée de s’en séparer après la mort de son père.René Chambe avait 17ans. Il lui restera la chasse. « Je ne sais pas ce que pour d’autres aura pu être la chasse,je sais ce qu’elle a été pour moi : une force salvatrice.À l’heure la plus terrible de ma vie,la plus cruelle, si je n’ai pas sombré dans le désespoir,si j’ai réussi à me vaincre et à survivre,c’est pour une grande part à la chasse que je le dois »… On ne saurait rendre un plus bel hommage à notre passion, car la chasse fait oublier beaucoup de choses mais jamais l’essentiel. Éditions de Montbel,368 pages,25 €.


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Signets Dark Horse

de Craig Johnson ◆◆◆ Décidément il n’y a guère, aujourd’hui, que les écrivains américains pour s’intéresser à la nature et savoir la mettre en scène de manière romanesque. Craig Johnson, qui fut, avant d’écrire, policier à New York, cow-boy, pêcheur professionnel, charpentier, et professeur d’université, en est la preuve, avec beaucoup d’autres auteurs révélés en France par les excellentes éditions Gallmeister. Héros récurrent de ses romans policiers, le shérif Walt Longmire exerce ses fonctions dans le comté d’Absaroka, parmi les hautes plaines du Wyoming. Il a pour adjointe une séduisante Italo-Américaine,Victoria Moretti, avec qui il entretient des relations un peu plus que professionnelles, et pour ami un grand Cheyenne nommé Henry Standing-Bear, à ses côtés dans les coups durs. Du comté voisin, un confrère lui

expédie une prisonnière en instance de jugement. Mary Barsad est accusée d’avoir tué son mari de six balles de calibre 22 durant son sommeil, après que celui-ci eut mis le feu à l’écurie de son ranch et brûlé ses chevaux. Escroquerie à l’assurance pour l’un, vengeance pour l’autre. L’affaire semble limpide, d’autant que l’accusée a avoué le meurtre. Pourtant, Walt Longmire n’arrive pas à croire à la culpabilité de sa prisonnière. Instinct de flic, habitué aux ténébreuses affaires. Sans mandat officiel, sous couverture d’enquêteur pour les assurances, il se rend dans la juridiction voisine pour mener ses propres investigations. Et découvre que la victime,Wade Barsad, était un escroc dont plus d’une personne voulait la mort, mais

L’Éducation du chiot

d’Anton Fichtlmeir et Julia Numssen ◆◆◆ Sans aucun doute, c’est un livre que tout amateur de chien – même s’il n’est pas cynégète – devra avoir sur sa table de chevet tant il manquait à la science canine. D’innombrables ouvrages existent sur le sujet, aussi bien sur l’histoire des races,sur le dressage, sur les soins vétérinaires… mais, à notre connaissance,aucun homme de l’art ne s’était penché de manière aussi approfondie sur l’éducation du chiot. Le sujet est bien moins léger qu’il n’y paraît ; sans exagération aucune,il est même essentiel.Car,ce que la plupart des amateurs ignorent, c’est que la première année d’existence d’un chien est fondamentale pour son développement et son équilibre,surtout la période comprise entre 2 (c’est-àdire le sevrage) et 4 mois.Grâce à Anton Fichtlmeir et Julia Numssen, deux Allemands (qui ont bénéficié outre-Rhin d’une solide tradition en matière de chiens,de génétique et de dressage),nous livrent (presque) tous

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qui bénéficiait d’une protection de témoin pour avoir dévoilé les noms de criminels auxquels il s’était associé. En butte à l’hostilité des péquenots du coin, il ne pourra compter que sur l’aide d’un vieux cow-boy, employé des Barsad, d’une latino sans papiers, serveuse de bar, et de son jeune fils. Ainsi résumé, Dark Horse ne donne qu’une mince idée de la richesse et de la qualité littéraire du roman, portrait remarquable de l’Amérique profonde, de ses habitants durs aux autres et à eux-mêmes, de ses paysages grandioses, et de sa faune. On attend avec intérêt la série télévisée achetée par une chaîne française, et qui sera bientôt diffusée sur le petit écran.

Gallmeister,336 pages,23,60 €.

les secrets de ce passage capital (l’édition allemande est sortie il y a deux ans) pour obtenir « ce que nous voulons : un chien de chasse bien socialisé » qui puisse « révéler,dans la pratique de la chasse, un réel dynamisme, ainsi qu’une excellente stabilité de caractère ». Bref,tout doit être fait « pour non seulement éveiller leur passion innée de la chasse mais aussi imprégner définitivement le chiot afin que, même en dehors de l’action de chasse,il reste sous le contrôle de toute la famille ». Avec nos deux auteurs,on comprend que cela n’a rien d’une vue de l’esprit. Gestation de la chienne, mise bas, premières heures de la naissance, éveil des sens, premiers entraînements (avec de longues digressions sur le dressage à l’allemande qui peuvent intéresser les Français) presque jour par jour : tout est expliqué, analysé avec une grande pédagogie, de multiples précautions et conseils et force anecdotes, ce qu’il faut faire et ne pas faire. On saisit une fois encore qu’éduquer un chien ne se fait pas à la légère, mais c’est à ce prix qu’on obtiendra de lui une parfaite complicité.Un livre à lire,à relire et à… appliquer ! Éditions de Montbel,242 pages,24 €.


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Signets Les Mangeurs d’hommes

de Reginald G. Burton ◆◆◆ “Mangeurs d’hommes” ! Dire que l’on a beaucoup écrit et beaucoup glosé sur ces deux mots est un doux euphémisme. Qui n’a pas à l’esprit les récits de broussards, ou la longue traque du colonel Patterson contre les lions du Tsavo ? Le livre du général anglais Burton – sorti en 1932 chez Payot et que viennent de rééditer les Éditions de Montbel dans leur collection Les aventuriers voyageurs– est de cette veine, tout en se démarquant de leurs confrères, parce qu’il offre au lecteur une vue moins partiale de ce sujet passionnel, et surtout parce qu’il tente de comprendre. En effet, notre général (18641951), spécialiste des guerres d’empire, grand connaisseur de l’Inde où il a fait une partie de sa carrière militaire, veut agir en historien, en tentant de démêler le vrai du faux, la véracité de la légende

et des fausses croyances, car le terme de“mangeurs d’hommes”a toujours véhiculé force phantasmes. Son ouvrage –passionnant– peut toutefois apparaître un peu décousu, un peu disparate. Il faut dire que l’exercice n’était pas aisé, car la frontière est ténue entre l’animal qui attaque l’homme pour se défendre, parce qu’il a été surpris, parce qu’il est blessé, et celui qui attaque régulièrement l’homme pour se nourrir, parce qu’il a découvert une proie facile, à la chair paraît-il délicate. Burton passe en revue tous les cas de figure, en commençant par le plus surprenant, les… cannibales ! Nous faisons connaissance avec ceux d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Australie, de Papouasie – écornant un peu plus le mythe du bon sauvage cher à JeanJacques Rousseau et aux bobos– avec des récits

Chasses tragiques et Histoires africaines d’Henri Laurent

◆◆ Le docteur Henri Laurent

fait partie de l’espèce en voie de raréfaction des chasseurs-conteurs, qui savent pimenter les récits de chasse, même tragiques, d’une bonne dose d’humour et de dérision. Après Chasses baroques, son nouveau livre plonge le lecteur dans l’univers et l’atmosphère des grandes chasses africaines, et même des chasses préhistoriques. C’est à un personnage de fiction, Marcel Gligan, aventurier avide d’émotions fortes et dénué de scrupules, qu’il prête des souvenirs de chasse bien réels (hormis une chasse onirique

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pour le moins saisissants. Ce prélude étant décrit, Burton s’attaque aux“vrais”mangeurs d’hommes, se demandant pourquoi des animaux, qui ont en théorie une peur panique de l’homme, attaquent. Notre militaire échafaude moult hypothèses qui pousseraient ces animaux à se“spécialiser” dans le genre humain : absence de gibier, maladie, âge… Il décrit les grands prédateurs,

au tigre à dents de sabre !). Du Cameroun à Madagascar, de la République centrafricaine au Zaire, des Carpates au Yucatán, nous suivons son chasseur sur la piste des buffles et des éléphants, à l’approche des hippos et des crocos, à l’affût du cerf et du jaguar, au cours de safaris souvent mouvementés et dangereux, parfois comiques. L’auteur sait transmettre la fièvre de la chasse, et les émotions ressenties devant la traque, les défenses, et les attaques des Big Five, tout comme il évoque avec talent les cérémonies rituelles africaines, ou la justification de l’instinct cynégétique. Jacques André Éditeur,172 pages,16 €.

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leurs habitudes, leurs techniques de chasse et les attaques les plus terrifiantes, car il est difficile d’imaginer combien un mangeur d’hommes peut tuer de personnes (3 000 par an pour le seul léopard indien !) avec une audace proprement inouïe. Il entame son tour du monde par le lion (aussi bien africain qu’indien), le tigre. Une place de choix est faite au léopard, et plus particulièrement au genre indien, terriblement redoutable pour l’homme (bien plus que son congénère africain), « le plus terrible », écrit Burton, avant d’aborder le jaguar, le puma, le loup, l’ours, les serpents et autres crocodiles. Mais comme le dit Burton, quelqu’un sera « probablement plus en sûreté en Afrique qu’en Angleterre où 7 000 personnes environ furent tuées par les accidents de la route en 1930… ».

Éditions de Montbel,293 pages,25 €.


Le territoire de vos élégances

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Signets Les Chiens courants français pour la chasse du lièvre dans le Midi de la France du comte Élie de Vézins, illustrations originales de Blaise Prud’hon

◆◆◆ Un titre long pour un court traité, publié au XIXe siècle par un grand veneur de lièvre de l’Aveyron. Moins spectaculaire que la grande vènerie, la chasse à courre du lièvre est l’une des plus délicates et plus subtiles qui soient à l’école du “noble déduit”. De 1880 à 1914, date à laquelle il dut faire abattre la majeure partie de sa meute, comme la plupart des maîtres d’équipage français, le comte Élie de Vezins fut un éleveur et un veneur passionné, qui s’attacha à créer la meilleure race de chiens courants – croisement de chiens gascons et saintongeais avec des briquets – pour la vènerie

Cibles

du lièvre sur les territoires secs et rocailleux du midi.Attaché aux vieilles races françaises et à l’esprit sportif selon lequel l’art de prendre compte plus que la prise, il estimait que « tout le mérite et l’intérêt de la chasse du lièvre consistent dans la lutte qui s’établit entre la finesse, la ruse de l’animal, et le travail intelligent d’une bonne meute » et dédaignait « la fureur de prendre vite »,ambition des veneurs peu exigeants… Fruit d’une longue expérience, ses observations sur la composition d’une meute idéale (chien de tête, chiens de centre pur, chiens de centre

d’Annie Le Brun et Gilbert Titeux ◆◆ Ceux qui n’auraient pas eu la chance ou le temps de visiter, à la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature à Paris, l’exposition “Cibles” (achevée le 31 mars), pourront rêver avec le catalogue édité à cette occasion.Rêver tout autant qu’apprendre, car qui connaît vraiment la genèse de ces cibles peintes,caractéristiques des pays germaniques et de l’Empire austro-hongrois (rappelons que l’exposition a pu être montée grâce aux prêts de nombreux musées croates)? Sous la direc-

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avancé, chiens seconds, et chiens de chemin) et sur les qualités morales et physiques à rechercher dans tout chien courant, peuvent toujours être méditées avec profit

tion de l’écrivain Annie Le Brun et de l’historien de l’art Gilbert Titeux,l’ouvrage nous invite en quelque sorte à l’histoire des concours de tirs – d’abord à l’arc puis à l’arbalète – qui vont se répandre dans la plupart des pays d’Europe, concours richement dotés. À l’arbalète succéderont –avec le perfectionnement des armes à feu– les fusils. « Et c’est le besoin de garder une trace de ces joutes de tireurs en même temps que des fêtes dans lesquelles elles s’inscrivaient qui a fait naître la tradition des cibles peintes [les premières datent du XVe siècle] : à la fois souvenirs et trophées,ces œuvres d’art populaire se sont propagées depuis le début du

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par les veneurs. À juste titre, l’écrivain Roger Vailland soutenait que les auteurs de traités hippiques ou cynégétiques écrivaient la prose la plus pure, la plus juste, et la plus élégante auprès de laquelle bien des écrivains professionnels faisaient piètre figure. On goûtera donc particulièrement la précision et la clarté de la langue, modèle du genre, dont devraient s’inspirer nos piètres législateurs et administrateurs contemporains. Ce dixième volume de la collection Vènerie d’autrefois des Éditions de Montbel bénéficie du grand talent d’illustrateur de Blaise Prud’hon. Éditions de Montbel, 120 pages,100 €.

XVIIe siècle,dans l’ensemble du monde germanique ». Ces cibles, comme en témoigne la très riche iconographie de l’ouvrage,furent peu à peu décorées de toutes sortes de motifs en couleurs : scènes d’histoire ou de genre, figures héraldiques, mythologiques… Criblée de balles, elle était remise au meilleur tireur ou « conservée par les confréries organisatrices des concours concernés ». Ces cibles sont des témoignages irremplaçables des traditions, d’une culture “identitaire” pour reprendre un terme à la mode… A-t-on oublié que parmi les confréries de tireurs,celle du Tyrol joua un rôle essentiel dans le soulèvement des montagnards contre l’expansion napoléonienne en 1809 ? Cet ouvrage est autant un livre d’histoire qu’un livre d’histoire de l’art.

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Signets

30 ans de dîners en ville

de Gabriel-Louis Pringué ◆◆◆ Les choses qui ne sont pas écrites sont oubliées. C’est sûrement dans cet esprit que le chroniqueur Gabriel-Louis Pringué (1885-1965) avait relaté toute la vie du beau Paris, et de sa haute société de la Belle Époque à la Seconde Guerre mondiale, et que viennent de rééditer pour notre plus grand plaisir les éditions Lacurne. Lorsque ses 30 ans de dîners en ville étaient sortis en 1948, l’affaire avait fait un certain bruit, alors même que bien des acteurs n’étaient plus de ce monde. Pouvait-il en être autrement tant Pringué nous livre une vraie Comédie humaine à la Balzac, et dont Proust s’est largement inspiré ? C’est l’évocation saisissante d’une société anéantie une première fois en 1914 et broyée en 1945.Aristocrates et financiers de haut vol, princes de sang et princes de rang, grands bourgeois, hommes de lettres, diplomates – dont beaucoup ont été immortalisés par le caricaturiste Sem– se retrouvaient,

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se côtoyaient au gré des saisons mondaines, à Paris bien sûr, mais aussi dans leurs propriétés, et dans les capitales d’Europe. Les hôtels particuliers étaient somptueux, les salons brillants où l’on recevait le monde des arts et des lettres, les fêtes proprement extraordinaires, les menus gargantuesques, et les chasses à l’avenant… On côtoie Greffulhe, Castellane, Rothschild, Montesquiou, Broglie… Avec verve, avec un sens aigu de l’observation, Pringué raconte ces trains de vie à peine imaginables (notamment à ces tables ouvertes en permanence), les raffinements, l’esprit et les bons mots dont certains sont tout bonnement irrésistibles comme ce personnage qui, s’étant aperçu qu’il avait oublié de répondre à une invitation, envoya un télégramme avec pour seules phrases : « Impossibilité venir.Mensonge suit » ! Qu’on ne s’y méprenne pas. Derrière ces élégances d’un luxe inouï, derrière cette « foire aux vanités » comme les appelait Thackeray, les grands de ce monde étaient conscients de leurs devoirs, notamment d’être au service des autres (comme la duchesse de Rohan qui transformera son hôtel particulier du boulevard des Invalides en hôpital militaire à ses frais lors de la Grande Guerre). De plus, par leurs cousinages et leurs relations dans toute l’Europe, ils devinèrent, sentirent les orages qui allaient se déchaîner sur les vieux rivages de la civilisation européenne : la fin de l’Empire austro-hongrois, la stupidité du traité de Versailles, et l’arrivée d’Hitler.Après ? « Le calme et la grandeur ont abandonné le monde », écrit notre chroniqueur. Pringué nous livre là des pages d’histoire irremplaçables. Lacurne,408 pages,26 €.

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L’Homme des haies

de Jean-Loup Trassard ◆◆ Lauréat du prix François-Sommer dans la catégorie Littérature, l’auteur est un écrivain reconnu, plus familier des chemins buissonniers de la Mayenne, où il vit une bonne partie de l’année, que des arcanes de Saint-Germain des Prés. Davantage poète en prose que romancier, il livre dans l’Homme des haies, la chronique d’un “monde que nous avons perdu”, cet univers paysan d’avant la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture, quand l’homme entretenait avec la glèbe un dialogue manuel. Vincent Loiseau, son narrateur, est un vieux paysan septuagénaire, qui a cédé sa ferme à son fils, et occupe son temps à de menus travaux, comme l’entretien des haies : « Maintenant que je ne suis plus en presse comme avant,barbeyer devient mon plaisir […] Ce que je regrette,c’est de ne pas en avoir plus,des haies,parce que là je les barbeye deux fois par an,elles ne sont pas tellement sales et je trouve que c’est trop vite fini, j’en ferais bien des kilomètres en plus ». Dévidant son monologue, au gré des caprices de la mémoire, il ressuscite la vie des fermes de l’Ouest, les travaux et les jours des rustiques, les métiers d’autrefois (taupier, charron, sabotier, étalonnier…), la solitude des paysans, dans le langage imagé et patoisant de la Mayenne. Un voyage dans le temps et dans la langue, qu’il faut accompagner avec la patience et la lenteur des attelages d’antan. Gallimard,256 pages,17,90 €.



Co n f i d e n c e s ◆

Laurent Charbonnier “Je suis fasciné par l’ambiance d’une belle passée”

L

es disciples de Saint-Hubert l’ignorent sans doute,mais ils connaissent peu ou prou Laurent Charbonnier. Peut-être pas son visage, mais beaucoup plus sûrement quelques-uns de ses très nombreux films animaliers,dontunesoixantainededocumentaires.Car voilàplusdetrenteansqueceSolognotobservelemonde animal sur tous les continents.Il a réalisé de nombreux reportagespourlatélévision,notammentsurledomaine de Chambord pour qui il a sans conteste une inclination toute particulière (il en a d’ailleurs tiré trois films, dont le dernier baptisé lesSaisonssauvagesdudomainedeChambord– diffusé sur France 2 l’an dernier– que nous évoquons page 32). Plus encore, il s’est lancé en 2007 dans le long métrage avec les Animaux amoureux, tout en continuant en parallèle à travailler en tant quechefopérateurpour Nicolas Vanier – notamment pour le Dernier Trappeur – et Jacques Perrin – pour le Peuple migrateur et Océan.Cette année, il repart en TanzaniepourFranceTélévisionsafind’immortaliserlesnaissancesetles premières heures de la vied’animauxsauvages, puis va participer au nouveau film de Nicolas Vanier Belle et Sébastien, et à celui de Jacques Perrin, qui aura pour thème l’évolution de la nature depuis 10 000 ans. Sur son parcours, sa vision de la nature,sur la chasse,Laurent Charbonnier se confie.

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Comment êtes-vous arrivé au cinéma animalier ? Ce n’est un secret pour personne que l’enfance marque à jamais l’existence d’un homme. Moi-même, je n’y ai pas échappé. Mes grands-parents étaient solognots, une terre rude, humide, presque hostile si bien immortalisée par Genevoix et Vialar. Pour l’enfant et l’adolescent que j’étais, la Sologne dégageait quelque chose de grisant, elle représentait la liberté, la nature où peut errer l’imagination. C’est pour cela que je continue à y avoir mon repaire, à mi-chemin entre Chambord et Cheverny.J’étais aussi proprement

PHOTOS : LAURENT CHARBONNIER

propos recueillis par Humbert Rambaud

fasciné par une émission de télévision qui me marquera à vie : c’était les Animaux du monde produit par François de La Grange,puis à sa disparition en 1976 par sa femme Marlyse et Antoine Reille.En voyant leurs films,j’ai vite compris que ma voie se situait du côté du cinéma animalier.

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LAURENT CHARBONNIER EN TOURNAGE SUR L’ÎLE DE BORNÉO ET, EN DESSOUS, AU MEXIQUE.

CHÂTEAU CHAMBORD, CI-DESSUS, UN CERF DU DOMAINE ET, PAGE DE GAUCHE, EN SOLOGNE. “POUR MOI, CHAMBORD DE

EST ENVERS ET CONTRE TOUT HORS DU COMMUN, PAR SON HISTOIRE ET LA RICHESSE DE SA FAUNE.”

En 1978,à 20 ans,j’ai produit mon premier film – avec une caméra prêtée ! – que j’ai vendu par la suite, en 1982, à Marlyse de La Grange pour son émission.C’était la Plaine aux busards.Je m’étais immergé pendant de longs mois dans les grandes plaines de Beauce pour comprendre,saisir les us et coutumes de ce rapace qui a la particularité de nicher au sol.Ce fut aussi l’occasion de filmer la perdrix grise, le gibier emblématique de ces plaines céréalières, avant qu’elle ne fasse figure de martyr à la suite de la révolution agricole, ou encore l’outarde, magnifique oiseau, si commun en Beauce, il y a encore cinquante ans, et rarissime aujourd’hui, victime de la révolution agricole. Qu’avez-vous fait par la suite ? Avec la Plaine aux busards, j’ai commencé à avoir la reconnaissance du milieu. Il a été récompensé en 1981 dans les salons de l’hôtel Dassault par le prix JeanSainteny remis par le ministre de l’Environnement de l’époque, un prix qui avait distingué quelques années plus tôt entre autres le commandant Cousteau. Puis je me suis intéressé aux cerfs. Grâce à Christian Mary, alors commissaire à l’aménagement du Domaine de Chambord,j’ai pu tourner un moyen métrage dans ce lieu exceptionnel si chargé d’histoire sur le “caïd de la forêt”. C’est ainsi qu’en 1985 est sorti Tant qu’il y aura des cerfs ; c’était le premier film sur la biologie

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de cet animal. Les commandes se sont enchaînées et n’ont jamais cessé ! J’ai travaillé avec de nombreuses fédérations de chasse, avec la Fédération nationale des chasseurs et l’ONCFS pour les films de préparation à l’examen du permis de chasser. Sur les longs métrages, j’ai tourné notamment avec Jean Beker les Enfants du marais,avec Nicolas Vanier et Jacques Perrin. >>

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Confidences

PHOTOS : LAURENT CHARBONNIER

UNE IMAGE EXCEPTIONNELLE DU TRÈS FURTIF COUCOU. LAURENT CHARBONNIER S’INSCRIT EN FAUX “CONTRE LES DISCOURS CATASTROPHISTES DE CERTAINS ÉCOLOGISTES”. CI-DESSOUS, À L’AFFÛT AU MEXIQUE ET, EN DESSOUS, AU BOUT D’UNE GRUE DE CINÉMA AU JAPON.

Vous avez tourné dans une cinquantaine de pays à travers le monde. Quels sont les lieux ou les animaux qui vous ont le plus marqué ? Je garde en mémoire une image incroyable du célèbre parc Denali en Alaska, où j’ai admiré tous les jours une famille d’ours,des grizzlys, en train de déguster des myrtilles. C’est encore cet orignal dans un petit lac, la tête sous l’eau en train de dévorer quelques herbes. Je garde bien sûr les images hors du commun du tournage des Animaux amoureux,mais il est bien difficile de retenir une des 83 espèces que mon équipe a filmées de la Sologne au Kenya, du Mexique à l’Écosse, de la Pologne au Costa Rica… C’est peut-être la parade amoureuse du paradisier de Victoria en Australie : cette parade ne dure que 30 secondes, mais il a fallu quatre jours d’affût au sommet d’une tour pour immortaliser la scène. Je dois reconnaître que,dans les milliers d’heures de tournage,Chambord a envers et contre tout une place à part par l’histoire qui s’en dégage,par la richesse de sa faune.Je garde un souvenir ému des heures de recherche et d’attente pour trouver un nid de fauvette qui sera“parasité”par un coucou (j’en visiterai exactement 71 avant d’en trouver un !). Quand on attend au bord d’un étang,dans les roseaux,avec à quelques mètres des hérons cendrés et des sangliers, avec en fond de

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décor les toits du château,c’est à la fois d’une poésie et d’une sauvagerie extrêmes ! Et puis Chambord,c’est le seul lieu de tournage où j’ai éprouvé de la peur, quand un cerf, au moment du brame, est arrivé sur moi, pour s’arrêter finalement à quatre mètres, puis faire demi-tour.J’ai vraiment craint qu’il me charge. Vous êtes un cinéaste animalier reconnu, mais êtes-vous un chasseur ? Au risque de vous décevoir, je n’ai jamais chassé, ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas de fortes accointances avec ce milieu. Habitant la Sologne presque depuis l’enfance, il est bien difficile de ne pas avoir quelques solides amis cynégètes.Et puis,adepte de la science de la gueule chère à Montaigne,déguster un colvert ou une terrine de sanglier ne peut pas se refuser. Je suis impressionné par des battues de grands animaux parfaitement organisées comme un ballet, où ces mêmes animaux sont tirés en toute sécurité.Je suis également fasciné par l’ambiance d’une belle passée.Vous l’aurez compris, je n’ai aucun problème avec le monde de la chasse, bien au contraire. N’en déplaise aux écologistes jusqu’au-boutistes,la chasse a toute sa place et sa légitimité au XXIe siècle. C’est-à-dire… Qui peut contester que les chasseurs sont aujourd’hui des acteurs indispensables et incontestables du monde des

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campagnes ? Je dois dire, moi qui suis un observateur extérieur, qu’en une génération, les comportements et les mentalités du monde cynégétique ont beaucoup évolués. C’est bien sûr la gestion des espèces S’il avait pu apparaître trop “conservateur” au mauvais sens du terme, trop “chasseurcueillette”sans se soucier du lendemain,il a pris conscience des défis que la chasse doit surmonter. S’il n’y avait pas eu quelques chasseurs audacieux et visionnaires, les populations de cervidés seraient,en France,faméliques.Certes,il y a la question de l’abondance du sanglier que les chasseurs doivent prendre à bras-le-corps, car s’ils ne le font pas, d’autres décideront à leur place, et ce n’est jamais bon. Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’en matière de défense des zones humides, ceux qui les protègent (ornithologues, chasseurs…) sont souvent bien seuls.C’est encore le respect des espèces protégées : nous ne sommes plus heureusement dans cette mentalité où il faut détruire le nuisible à tout prix.En outre,je suis frappé par l’esprit des jeunes chasseurs en matière de sécurité : ils sont ridicules de prudence et ils ont mille fois raison ! D’une manière générale, je pense que le grand défi de la chasse française sera de montrer sa capacité à faire revenir le petit gibier, et de ce fait à préserver la biodiversité. Avez-vous un rêve ? Je rêve souvent à un projet, une sorte de grande fresque de ce qu’il y a de plus extravagant et d’étonnant dans le monde animal et végétal, aussi bien en termes de sites naturels,comme les chutes d’Iguaçu,que les plus extraordinaires scènes de migrations ou les plus étonnantes parades amoureuses. Un peu à la manière de François Bel, qui fut un grand cinéaste, qui avait été récompensé au Festival de Cannes pour son film la Griffe et la Dent (sorti en 1977),qui montrait avec des images proprement étonnantes la dureté de la vie sauvage dans l’Est africain. Mais ne vivons pas dans le passé. Je dois, avec ma petite expérience, dire que je m’inscris en faux contre les discours catastrophistes de certains naturalistes ou écologistes. Personne ne conteste le fait que certains lieux,certaines espèces sont menacées,mais de là à annoncer urbi et orbi que tout est perdu, qu’on ne laissera rien à nos enfants… C’est un peu facile, un peu court et surtout faux.Car rien n’est irrémédiable,irrévocable.Regardez certaines espèces en France :il y a trente ou quarante ans,on ne voyait plus de flamants roses,plus de cigognes blanches (9 couples en 1974, 2 000 aujourd’hui), tout comme le faucon pèlerin, que l’on voit aujourd’hui nicher sur des centrales nucléaires ! Tout n’est donc pas perdu et heureusement.Je suis sûr d’une autre chose :les chasseurs ont un rôle indispensable à jouer, car on ne peut être chasseur sans être gestionnaire et protecteur. ◆

Jours de C HASSE ◆

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“FORCE EST

DE RECONNAÎTRE QU’EN MATIÈRE DE DÉFENSE DES ZONES HUMIDES, CEUX QUI LES PROTÈGENT

– CHASSEURS ET

ORNITHOLOGUES – SONT SOUVENT BIEN SEULS…”

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Kodiak

L’île de l’extrême reportage et photos Guillaume Beau de Loménie

L’APPROCHE DE LA CHÈVRE DES ROCHEUSES SUR L’ÎLE DE KODIAK AU LARGE DE L’ALASKA RÉSERVE L’UNE DES PLUS BELLES CHASSES QUI SOIENT. TANT PAR LA BEAUTÉ DES PAYSAGES QUE PAR LES EFFORTS QU’ELLE REQUIERT. À CONDITION QU’UN CHASSEUR NE METTE PAS SA SANTÉ EN PÉRIL COMME CE FUT LE CAS…



Kodiak, l’île de l’extrême

Le Tustumena trace sa route dans

l’obscuritémenaçantedudétroitdeShelikof.Àintervallesréguliers,leferrypique du nez dans des creux sombres dont il émerge en ramenant à la pointe de sa proueruisselantedespaquetsdemerqui s’écrasentsurlechâteaud’acier.Deplace en place, une glissade plus accentuée révèle à la poupe l’hélice brillante.Celleci se met alors à brasser l’air avec la frénésie et l’incompréhension douloureuse d’un poisson hors de l’eau.Sur les banquettes de moleskine grise où ils ont élu domicilepourlanuit,quelquespassagers blottis dans leur sac de couchage émergent un court instant d’un sommeil inquiet,alertésparunbrusquechangement dans le pouls de l’énorme moteur.Mais lentementlebateauseredresseetlespales àpeinedévoiléesbrassentànouveaul’eau noire et glacée. D’un coup, le navire retrouvelesourdetréconfortantbattement de son vieux cœur d’acier. Rassurés, les passagers s’enfoncent à nouveau au plus profond de leur duvet et reprennent leur lutte tant bien que mal contre le formidable tangage qui s’efforce de les jeter à bas de leur couchette de fortune. Après plusieurs heures de cette navigation,aux premières lueurs de l’aube, le Tustumena approche enfin des côtes de l’île de Kodiak. En dépit du froid vif qui nous griffe le visage,nous nous pressons sur le pont en compagnie de MichelBierridontnousavonsfaitlaconnaissance il y a un an lors d’une chasse d’élan (JoursdeChassen°46),etdeRon,sonclient originaire de Californie,pour découvrir cette terre de légende.La mer d’un bleu

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LE LODGE DE CHASSE. CI-DESSUS, APRÈS UNE NUIT DE TRAVERSÉE MOUVEMENTÉE, LES

MONTAGNES DE L'ÎLE DE

KODIAK SE PROFILENT DANS LE LOINTAIN. À DROITE, À PEINE DÉBARQUÉ DE NOTRE

FERRY, NOUS DÉCOUVRONS AU SOMMET D’UNE

PETITE COLLINE LA CHARMANTE PETITE ÉGLISE RUSSE ORTHODOXE DE LA SAINTERÉSURRECTION.

d’abysses sombres roule de courtes vagues frangées d’écume blanche. Audessus des eaux glacées, l’air est saturé de cette odeur saumâtre à laquelle se mêlent les lourds effluves de mazout qui trahissent les voyages en bateau.Sur un horizon immaculé que le bleu dur de la mer ne rend que plus léger,presque délavé,et qu’un soleil timide débarrasse des derniers lambeaux de nuages vieux rose de l’aurore, les premiers sommets enneigés se découpent enfin. Encore quelques milles, et le ferry longe un rivage déchiqueté de maintes criques sombres. Les berges abruptes semées d’àpics rugueux se couvrent de forêts de sapins d’où semblent émerger les montagnes, maintenant toutes proches que nous longeons bientôt. Alignées face à l’océan,elles sont comme autant de gardiennesformidablesdecetteterredesextrêmes. Il est vain, nous le savons, de

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tenter de découvrir au sommet de l’une d’elles celle dont la quête nous conduit aujourd’hui aux marches océanes de la dernière Frontière. En dépit de la blancheur de son pelage, nous sommes trop loin pour espérer deviner sur l’une de ces crêtes enneigées la châtelaine de ces formidables et telluriques fortifications : Oreamnosamericanus,carc’estd’elledont il s’agit, la lumineuse chèvre des Rocheuses. Des “Rocheuses” ? Pour formidable qu’elle soit, la chaîne immense qui s’étire depuis le Nouveau-Mexique jusqu’au nord de la Colombie-Britanniquenefranchitpasencorelesquelques dizainesdemillesnautiquesquiséparent l’île Kodiak du continent. Pas plus que l’agile Caprinæ n’a entrepris de traverseràlanageledétroitglacéettumultueux que nous venons de parcourir. Plus prosaïquement, la chèvre des Rocheuses fut introduite au début des années 1950 sur l’île dont le relief se


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Kodiak, l’île de l’extrême prêtait magnifiquement à son adaptation. C’est une réussite exemplaire à telle enseigne que Kodiak réserve aujourd’huiauchasseurl’unedesplusbelles chasses qui soient.Tant par les difficultés et les efforts qu’elle requiert que par la beauté des paysages où se côtoient les cimes avec l’océan en toile de fond. Maisbientôtnoustouchonsàlapremière étape de notre voyage. De petites maisonsenboispeintesdecouleursvives, commeonenvoitdanslesfjordsdeNorvège et qui semblent érigées à l’aplomb des rives abruptes,font leur apparition. Elles annoncent Kodiak, capitale éponyme et principal port de pêche de l’île où nous accostons. À peine avons-nous débarqué que déjà nous sommes rattrapés par le passé et l’histoire de Kodiak et de l’Alaska. Au sommet d’une courte colline qui domine le petit port, s’élève une charmante église orthodoxe de bois peinte en blanc surmontée de deux clochers coiffés des bulbes si caractéristiques des églises russes.L’église delaSainte-Résurrectionrappellelesouvenir des premières tentatives d’évangélisation menées au XIXe siècle par les missionnaires orthodoxes russes parmi lesquels saint Innocent de l’Alaska et saint Germain de l’Alaska, dont la petite église que nous venons de découvrir abrite les saintes reliques. Arrivé à la suite des premiers colons et après les premières explorations russesenAlaska,Germainétaitunmoine originaire de la région de Moscou qui évangélisalespopulationsindigènesma-

joritairement composées d’Aléoutes, de 1808 à 1837. Innocent, quant à lui, entreprit à partir de 1825 d’évangéliser la soixantaine d’îles et d’îlets qui constituaient la chaîne des Aléoutiennes entre le détroit de Béring et le Pacifique. Les Aléoutes,dontlapopulationaujourd’hui nes’élèveraitguèrequ’àplusdetroismille âmes, sont sans doute venus de Sibérie bien longtemps après le peuplement de l’Amérique par des tribus originaires de cette même Eurasie. Au contact des Russes dès le XVIIIe siècle,les Aléoutes payèrent au prix fort cette colonisation : maladies, mauvais traitements, asservissement… leur population estimée à 25 000 âmes décrut dramatiquement. Lorsd’unrecensementeffectuéen1910, soit un peu plus de quarante ans après le rachat de l’Alaska par les États-Unis, ils n’étaient plus que 1 491… Pourtant ils firent bon accueil aux missionnaires qui entreprirent de les évangéliser. Mais au cours d’une navigation le long des côtes de la Californie, alorspossessionespagnole,unequinzaine decesconvertiseurentaffaireauxjésuites. Ils entreprirent de convaincre lesAléoutiens de renoncer à l’orthodoxie pour la foi catholique.Devant le refus énergique de ces derniers,les ombrageux Ibères se mirent en demeure de découper l’un d’entreeuxenmorceaux.L’entreprisefut fatale au dénommé Pierre, lequel outre le paradis y gagna une béatification qui fit de lui en 1970 le premier saint d’AmériqueduNordsouslenomdesaintPierre l’Aléoute.

Mais déjà nous avons rendez-vous sur l’aérodrome de la ville avec le pilote chargédenousacheminerversnotrezone de chasse. Installés bientôt dans un petithydravionjauneetbleudatantde1939 et connu des spécialistes sous le dimi-

ALAN EN TRAIN DE TRAQUER LE CERF DE VIRGINIE. PUIS UN JOLI TROUPEAU DE BISONS SE DÉPLAÇANT LE LONG DE LA GRÈVE. ET NOTRE PETIT HYDRAVION JAUNE VIF SURVOLANT NOTRE FUTURE RÉSIDENCE AVANT D’AMERIR JUSTE AU PIED DE LA GRANDE MAISON DE BOIS.


LE PAYSAGE QUI NOUS

ACCUEILLE EST SPLENDIDE.

QUELQUES MAISONS DE BOIS S’ÉTIRENT LE LONG DES BERGES DE LA BAIE ILLUMINÉE EN CETTE SAISON PAR LA LUMIÈRE DORÉE ET RASANTE DU SOLEIL…

nutif de Goose (“l’oie”), nous franchissons la chaîne de montagnes qui nous sépare de notre prochain lieu de villégiaturesituéàvingt-cinqminutesdevol. Parvenusau-dessusdel’ansesurlesbords de laquelle s’élève une poignée de maisons de bois, nous identifions celle qui doit nous accueillir au cours des prochains jours. Notre Goose jaune vif se

pose enfin sur l’eau, presque au pied de la maison de bois à deux étages où nous allons prendre nos quartiers. Le site est superbe. En cette saison, le soleil n’est jamais à son apogée. Il projette souvent une lumière jaune et rasante qui inonde la cime coiffée de neige des montagnes lesplushautes.Leursflancscouvertsd’un mélanged’herbesjauniesparlespremiers

froids et d’arbustes denses et sombres se teintent également de reflets dorés quiseréfléchissentdansleseauxdelapetite baie. Nousfaisonslaconnaissanced’Alan etRickquinousontprécédésdequelques heuresetquiviennents’essayeràlachasse des cerfs de Virginie.Se joint également à nous Reuben, l’un des guides de Mi-


Kodiak, l’île de l’extrême

LE MATIN, DANS UN BATEAU DE PÊCHE TOUT D’ALUMINIUM COMME L’ALASKA ET KODIAK EN COMPTENT DES MILLIERS, NOUS ROCHEUSES. CI-DESSOUS, AU TROISIÈME JOUR, APRÈS AVOIR REPÉRÉ DES CHÈVRES AU SOMMET DE L’UNE DES MONTAGNES NOUS COMMENÇONS L’ASCENSION…

TRAVERSONS LA BAIE POUR REJOINDRE L’AUTRE RIVE D’OÙ NOUS ENTAMONS NOTRE CHASSE DE LA CHÈVRE DES

cheldontnousavionsaussifaitlaconnaissancelorsdenotrereportagesurlachasse de l’élan.Chasseur dans l’âme,métis de Blanc et d’Esquimaux, Reuben en imposeparsataille,sonpoids,uneforceherculéenne et les phénoménales quantités de nourriture et de liquide qu’il est capable d’ingurgiter. En dépit de ces critères a priori peu compatibles avec le métier de guide de chasse,notre homme se meut sur le terrain avec aisance et semble parfaitement à son affaire lorsqu’il s’agit de dépecer un animal de la taille d’un élan comme s’il s’agissait d’un vulgaire chevreuil. Une fois installés, et après un rapide déjeuner, nous consacrons l’aprèsmidiàunepremièresortie,davantageune mise en jambe qu’une vraie partie de chasse.Nous prenons place à bord d’un petit bateau de pêche tout d’aluminium et que surmonte une minuscule cabine comme l’Alaska et Kodiak en comptent des milliers. En quelques tours d’hélice,nous sommes transportés de l’autre côtédel’anse.Nouscomprenonsviteque la chasse qui nous attend ne sera en rien une partie de plaisir. Les herbes jaunies que nous avons devinées recouvrent la moindre parcelle de terrain. Denses et enchevêtrées, elles retiennentlespasduchasseuretbloquent littéralementparfoissaprogression.Nous nous heurtons également à des forêts d’une variété d’aulnes dont les branches quisemblentpartirdusols’évasentàl’horizontale et vers le haut et forment une sorte de panier. Poussant au plus près les uns des autres, ces arbustes enche-

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vêtrésformentunebarrièrequ’ilestsouvent impossible de contourner et dont nous avons alors toutes les peines du monde à nous dépêtrer.Ron nous donne le sentiment de ne pas être au mieux de sa forme et accuse le coup après chaque effort, en particulier lors de l’ascension des quelques collines peu élevées que nous gravissons cette après-midi-là. Le lendemain matin, nous prenons place à nouveau dans la petite embarcation d’aluminium. Il est près de 9 heures et le soleil se lève à peine sur l’horizon teinté de mauve. Une fois à terre, nous nous répartissons en deux équipes : les chasseurs de cerf d’une part en compagnie de Reuben,et nousmême avec Ron et Michel pour la quête des chèvres des montagnes. Il nous appartientdelocalisercelles-cidansunpremier temps et avant de nous lancer dans des courses en montagnes qui peuvent s’avérer épuisantes et vaines si nous ne mettons pas un minimum de chances de notre côté. LachassedemontagneenAmérique duNordseconduitessentiellementàpied au contraire de celle qui se pratique en Asie centrale, souvent à cheval. Aussi chaque pas, chaque mètre vers le sommet compte-t-il. Michel nous entraîne dansunelentepérégrinationlelongd’un torrent asséché en ponctuant celle-ci de haltesfréquentesquenousmettonsàprofitpourscruterlesommetdesmontagnes alentour. Nous relevons sur le sable gris qui tapisse le lit de la rivière des traces d’élans. Parfois celles des chèvres s’aventurantverslesvalléesenquêted’eau

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

oudenourriture,voireencoredanssamigration d’une ligne de crêtes à l’autre. Plusimpressionnantes,icietlà,destraces d’ours brun kodiak (Ursus arctos middendorffi) qui nous rappellent que nous sommes au royaume des plus grands de ces plantigrades au monde, privilège qu’ils partagent avec les ours polaires. Nous croisons enfin à notre plus grande surprise le chemin de dizaines de bisons américains.Introduits comme la chèvre des Rocheuses dans les années


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PÊCHE AU FLÉTAN ET UNE CHÈVRE DES ROCHEUSES. CELLE-CI FUT INTRODUITE DANS LES ANNÉES 1950 SUR L’ÎLE, DONT LE RELIEF SE PRÊTAIT À SON ADAPTATION.

1950,ils ont colonisé de nombreuses régions de l’île. En fin de journée, lors du trajet de retour en bateau vers notre hébergement, nous accompagnerons un long moment un troupeau de ces superbes animaux longeant le rivage dans lesoleilcouchant,àmoitiéimmergésdans l’océan, spectacle insolite pour ces ruminants plus accoutumés aux vastes plaines herbeuses de l’Ouest américain ou aux pâturages de montagne du parc du Yellowstone.

Le lendemain,Ron décidément fatigué propose que nous nous essayions à la pêche du flétan qui abonde dans ces eaux.Cet imposant poisson à la chair blanche et ferme est particulièrement populaire aux États-Unis.Outre le très traditionnel fish and ships dans la compositionduquelilentresouvent,ilsecui-

sine et se décline sous de multiples formes.Nousembarquonsàborddubateau en aluminium et lançons nos lignes à quelques encablures du rivage. Mais nous gardons un œil sur les montagnes. Alors que l’après-midi tire à sa fin,nous découvrons au sommet de l’une d’entre elles trois points blancs caractéristiques dontlanaturenelaisseaucundoute.Afin d’en avoir le cœur net, nous nous rapprochons de la côte où nous prenons pied.L’affaire est entendue :ce sont bien trois chèvres dont le pelage accroche les derniers rayons du soleil. Nous rejoignons rapidement le lodge et nous nous employons à mettre sur pied le programme de la journée du lendemain. Michel semble certain que les chèvres sont installées pour quelque temps au sommet de la montagne où nous les avons dénichées.Mais plus vite nous irons à leur rencontre et plus sûrement nous garantirons le succès de notre chasse. Aussi est-il convenu que nous nous lancerons sur leur trace dès le lendemain matin. Aux premières heures du jour,nous accostons sur la berge qui fait face au lodge et presque au pied de la montagne que nous devons gravir. Mais nous sommes tout de suite confrontés à ces terribles forêts d’aulnes,et les premières centainesdemètresserévèlentépuisants. À ces bosquets succèdent en alternance des espaces dégagés que recouvrent les hautesherbesetnotreprogressionnes’en

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Kodiak, l’île de l’extrême

trouvenullementfacilitée.Ronmanifeste des signes évidents d’abattement,et son essoufflement nous alarme. Ses pauses sont de plus en plus fréquentes et nous décidons de le délester de l’essentiel de son équipement,carabine comprise,que nous répartissons entre Michel et nousmême. Plus nous nous élevons, et plus nous prenons la mesure de la beauté du panorama qui s’offre à nous et qui mêle ici océan et montagnes. Mais à la mi-journée le sommet qu’en d’autres circonstances nous aurionsatteintentroisheuressedérobetoujours. Nous nous efforçons de ne pas

distancer notre compagnon dans notre impatience à nous assurer de la présencedeschèvresaudétourdecettecrête vers laquelle nous tendons.Pourtant les heures passent, et notre inquiétude va croissante au fur et à mesure de la course descendante du soleil. Enfin, après un dernier rétablissement, une dernière inspiration qu’il va chercher au plus profond de lui-même, les mains sur les hanches et courbé en deuxparl’épuisement,Ronnousrejoint sur une sorte de plateau étroit. Parvenus presque au but,nous lui rendons sa carabine et tous les trois nous entamons

uneprudenteprogressionversunesorte d’arête rocheuse derrière laquelle nous espérons découvrir l’objet de tant d’efforts.C’estlemomentquechoisitunours brun solitaire,massif et souverain,pour apparaître à moins de cent cinquante mètres de nous au détour de l’éperon vers lequel nous nous dirigeons. L’animal,qui,de toute évidence ne nous a ni vu ni senti,vient droit sur nous.Mais il disparaît tout aussi soudainement et nous restons sur nos gardes,indécis.La chasse de l’ours n’est pas à notre programme et il n’est pas question de risquer un coup de carabine sur celui-ci.

PENDANT QUE RUBEN ET SES CHASSEURS (CI-DESSUS) TRAQUENT LE CERF DE VIRGINIE, RON (CI-DESSOUS) COMMENCE À MANIFESTER SES PAUSES SONT DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTES.

DES SIGNES D’ÉPUISEMENT QUI NOUS INQUIÈTENT ET SON ESSOUFFLEMENT NOUS ALARME.


Mais le danger est réel de nous trouver en quelques instants face à un tel prédateur, surpris par notre présence, et aux réactions imprévisibles. Nous patientons une dizaine de minutessansqueriennesepasse.Enfinnous nous décidons à reprendre notre avancée. À moins de vingt mètres de l’endroitoùnousnoustrouvions,derrièreun repli de terrain et un amas de rochersquimasquaientl’ours à notre regard, nous découvrons dans la neige ses traces énormes et celles de sa fuite précipitée vers lavallée.Sans doute une brusque saute de vent lui a-t-elle révélé notre présence inattendue.Instruit peut-êtredudangerpotentiel, il a préféré rompre. Nous ne saurions l’en blâmer. Maisletempsmaintenant nous est compté. Sans doute n’avons-nous guère plus de deuxheuresdelumièredevant nous,et quoi qu’il arrive nous sommes promis à un retour dans la nuit vers notre refuge. Aussi nous enjoignons notre chasseurdeprendreunpeude repos pendant qu’en compagniedeMichelnousnousportonsenavantlelongdelacrête pour tenter de débusquer les chèvres aperçueslaveille.Nousnenoussommes guère éloignés de plus cent mètres lorsque nous sommes cloués sur place par un hurlement. Nous nous retour-

nonspourvoirRons’effondrerenagrippant son épaule gauche.Nous comprenons tout de suite la nature du mal qui frappe notre ami. Du moins le pensons-nous.Enquelquesenjambéesnous sommes à nouveau à ses côtés. Couché surlesol,Ronestsecouédespasmesviolents. Le teint de cendres et les narines pincées,il nous souffle « defibrillator »…

Nous sommes sidérés par ce que nousentendonsetdécouvrons.L’homme qui gît à nos pieds a un simulateur cardiaque et celui-ci vient de se mettre en routeàgrandsrenfortsdedéchargesélec-

triques pour pallier les battements défaillants de son cœur malade ! Mais il n’est plus temps de nous étonner. Pendant que nous recouvrons Ron de tous les vêtements chauds en notre possession, Michel appelle le lodge grâce au walkie-talkie qu’il emporte en priant pourquequelqu’unsoitàl’écoute.Heureusement les chasseurs de cerf sont de retour et Reuben répond immédiatement. En quelques mots, Michel l’informe de la situation et l’enjoint d’appeler à la radio la base des coast guards située à Kodiak City.C’est l’une des plusimportantesdelacôtePacifiquequicouvredesmilliers de kilomètres carrés. Après quelques moments de flottement, Reuben nous rappelle afin de nous confirmer qu’un hélicoptère sera là bientôt. Mais le jour baisse, le froid s’intensifie et les parkas et autres pull-overs dont nous noussommesdépouilléspour couvrir Ron ne suffisent pas à réchauffer notre ami qui tremble de tous ses membres. Les décharges de son défibrillateur ont cessé,mais il est au bout du rouleau, épuisé. Au bout de quarante minutes, le sourd grondement caractéristique se fait entendre dans le lointain.Nous distinguons le phare d’approche de la machine tandis que, dans le walkie-talkie

UN MATIN, NOUS TENTONS D’APPROCHER TROIS CHÈVRES DES ROCHEUSES APERÇUES LA VEILLE. LA MARCHE SE RÉVÈLE ÉPUISANTE. RON EST DE PLUS EN PLUS FATIGUÉ. C'EST LE MOMENT QUE CHOISI UN GRIZZLY SOLITAIRE, MASSIF ET SOUVERAIN POUR FAIRE SON APPARITION.


Kodiak, l’île de l’extrême

RON, APRÈS S’ÊTRE EFFONDRÉ SUR LE SOL, EST VICTIME D’UN MALAISE CARDIAQUE. NOUS SOMMES CONTRAINTS D’APPELER À LA RESCOUSSE “COST GUARDS” BASÉS À KODIAK. SUR PLACE EN QUARANTE MINUTES, L’IMPOSANTE MACHINE NOUS LOCALISE MAIS NE PEUT SE POSER CAR NOUS SOMMES SUR UNE CRÊTE ÉTROITE ET ACCIDENTÉE. UN SAUVETEUR VA DONC SE LAISSER GLISSER JUSQU’AU SOL.

UN HÉLICOPTÈRE DES

UN SAUVETEUR S’EMPLOIE RON AU MOYEN D’UNE NACELLE, AVANT DE REJOINDRE LUIMÊME LE SEAHAWK ROUGE ET BLANC. LE VACARME À ÉVACUER

EST ASSOURDISSANT ET NOUS NE POUVONS QUE DEVINER LES CONSEILS QUE LE SAUVETEUR PRODIGUE À NOTRE COMPAGNON, DONT LE REGARD PERDU TRAHIT L’ANXIÉTÉ.

deMichel,résonnelavoixposée du pilote nous demandant de nous signaler afin de faciliter son approche.Nous sommes,hélas,sur une crête étroiteetaccidentéeetlamachine, malgré la formidable dextéritédupilote,nesaurait s’y poser sans risque. Après quelques passages à basse altitude l’énorme Sikorsky Seahawks’immobiliseenvol stationnaire à quelques dizaines de mètres au-dessus de nous et un homme se laisse glisser jusqu’au sol le long d’un filin.Parvenu à Ron étendu et grelottant sur le sol, il s’efforce de le réconforter tout en lui posant un certain nombre de questions. Assuré que l’évacuation est inéluctable,le coast guard rappelle l’hélicoptère qui s’est éloigné ; il revient et fait des cercles lentement autour du sommet de la montagne.Après une dernière tenta-

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tive pour se poser dans des nuages de neige,de poussière et de minuscules débris de roches mêlés, l’hélitreuillage est organisé.L’hélicoptèrereprenddelahauteur et se stabilise à nouveau. Pendant qu’une nacelle est descendue jusqu’au sol, le jeune officier soutenant Ron, titubant et défait,le conduit jusqu’à celleci.Le vacarme est assourdissant et nous ne pouvons que deviner les recomman-

Jours de C HASSE ◆

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dations qu’il prodigue à notre compagnon dont le regard perdu, un peu hagard,trahit l’anxiété.Après une dernière hésitation, celui-ci prend place dans le panier métallique qui s’élève enfin,ballotté par le souffle puissant du rotor et par le vent qui s’est levé et vers, l’espérons-nous, le salut et le repos. Quelques instants plus tard après une dernière poignée de main, le jeune sauveteurs’attelleaufilinqu’onluialancé etàunsignals’élèveàsontourverslamachine. Lorsque le grondement de l’enginadécruaupointden’êtreplusqu’une vague rumeur dont les montagnes se renvoient l’écho, un peu abasourdi nous-même, nous reprenons avec Michel le chemin du retour,silencieux et songeurs.La chasse de montagne est l’une des plusbellesquisoient,mais elle ne laisse guère de placeàl’impréparation,et à l’inconscience encore moins. Quant à la montagne, il est un lieu commun de dire qu’elle pardonne peu. Pourtant en redescendant dans la nuit maintenant installée, vers ce petit point jaune, de l’autre côté de la baie, dont les eaux scintillent doucement sous la lune, il nous semble qu’aujourd’hui la chasse et la montagne avaient décidé de faire preuve d’une extrême clémence… ◆ Nous remercions Michel Bierri sans qui ce reportage n’aurait pu avoir lieu.


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Alaska

PHOTOS : AL GRILLO/AP/SIPA/AP/SIPA - AFP - AP/SIPA - GLOWIMAGES/THOMAS KITCHIN & VICTORIA HURST

G

TOURISME

To u r i s m e

Cap sur l’Arctique par Guillaume Beau de Loménie

rand comme trois fois la France,le quarante-neuvième État de l’Union depuis le 3 janvier1959offre,tantenmatièredechasse,depêche, que de tourisme,des ressources presque inépuisables. Mais il serait illusoire de prétendre à un vagabondage hors de la période estivale. Si globalement,en dépit de quelques variantes propres à certains territoires et gibiers,la chasse enAlaska se répartit sur deux périodes, à savoir de la miaoût au début d’octobre et d’avril à mai.Il n’empêchequeleclimatàcespériodesdel’années’avère incertain, voire franchement mauvais. En septembre et octobre les pluies peuvent être abondantes et les premiers froids se manifestent.Au printemps,plusclément,lestempératuresnesont pas à leur maximum loin s’en faut, et peuvent réserver des surprises. Quant à l’hiver, les températures sont proprement sibériennes.La neige tombe en abondance et nombre de routes sont parfois rendues impraticables. « L’Alaska est le pays où le whisky gèle et peut servir de presse-papiers durant une bonne partie de l’année », écrivait Jack London,qui s’y connaissait en matière d’intempéries et de whisky,celui-ci l’aidant sans doute à lutter contre celles-là au cours d’une vie riche en aventures de toutes sortes (il fut entre autre chercheur d’or en Alaska). Aussinousnepouvonsqu’encouragerlevoyageur à opter pour des vacances d’été et sans aller au-delà de la mi-septembre. Ceci posé, la question du choix d’une destination n’est pas des plus simples à prendre. En Alaska, les distances À DROITE, RENARDS ARCTIQUES. À GAUCHE, UNE VUE DU DENALI, L’UN DES HUIT PARCS NATIONAUX DE L’ÉTAT DE L’ALASKA. UN CARIBOU SUR LA DALTON HIGHWAY ET LE MONT MCKINLEY. AU-DESSUS, DES MOTARDS SUR LA DALTON, CONSTRUITE EN 1974, PARALLÈLE À L’OLÉODUC TRANS-ALASKA : PRÈS DE 700 KILOMÈTRES QUI MÈNENT VERS LES CONTRÉES LES PLUS SEPTENTRIONALES DE CET ÉTAT.

se comptent bien souvent en centaines, voire en milliers de kilomètres. Le réseau routier, s’il est d’excellente qualité,ne couvre qu’une petite partie du territoire.La très grande majorité des villes d’Alaska sont totalement enclavées et ne disposent d’aucun accès par la route, à commencer par la capitale de l’État, Juneau, qu’il n’est possible de rejoindre que par air ou par mer. L’une des principales voies de l’Alaska traverse pourtant l’État de part en part. L’aventure est tentante,et offre de surcroît au voyageur entreprenant un dépaysement que peu de destinations en Amérique du Nord lui disputeront. Au départ d’Anchorage, première ville d’Alaska par sa population,il s’agit de rejoindre, à l’opposé de celle-ci, et au terme de près de 1 380 kilomètres de route puis de pistes, l’exquise bourgade de Deadhorse (“cheval mort”, tout un programme !) située sur la bordure septentrionale de l’État et quasiment sur les rives de la mer de Beaufort. La première partie du voyage est une promenadedesanté.L’InterstateA4plusconnuesous le nom de George-Parks Highway relie Anchorage à Fairbanks.Elle a été nommée en mémoire du gouverneur de l’État de 1925 à 1933 et non pas,commeonpourraitlecroire,enraisonduparc verslequel–outreFairbanks–elleconduitlevoyageur : le Denali est l’un des huit parcs nationaux qui font de l’Alaska le deuxième État,derrière la Californie,leplusdotéenlamatière.Lespaysages, la végétation et la faune réunis sur 25 400 kilo-


Alaska Cap sur l’Arctique

PHOTOS : AL GRILLO/AP/SIPA -NILSSON/THE/SIPA

DEMBINSKY/PHOTO ASSOCIATES/ALAMY

LA ROUTE DE L’EXTRÊME

mètres carrés sont un parfait condensé de ce qui constitue la richesseetladiversitédecetÉtatdémesuré.Grizzlys,oursnoirs, mouflons de Dall, élans, caribous et loups gris, toutes ces espèces qui sont la richesse cynégétique de l’Alaska, vivent ici sans craindre le moindre coup de carabine et s’offrent volontiers à la curiosité des visiteurs. Un autre joyau du Denali est lemontMcKinleyquiestniplusnimoins,avecses6 194mètres, que le plus haut sommet d’Amérique du Nord ! Et ce n’est que le 7 juin 1913 qu’il fut vaincu après de nombreuses tentatives infructueuses. Mais la route qui conduit à la mer de Beaufort est encore longue et il est temps de repartir pour Fairbanks, deuxième ville d’Alaska,fondée en 1901.Elle fut nommée en l’honneur de Charles W. Fairbanks. Ce sénateur de l’Indiana devint par la suite vice-président des États-Unis de 1905 à 1909 sous la présidence de Theodore Roosevelt dont nous avons raconté la passion de la chasse (Jours de Chasse n° 18).Situé au centre géographique de l’Alaska, Fairbanks est surnommé “Golden Heart City” (“la ville au cœur d’or”). Contrairement à Anchoragequijouitduvoisinagedelamer,Fairbanksn’offreguère d’attraits susceptibles de retenir le voyageur. Passé Livengood situé à une heure de route de Fairbanks, les choses sérieuses commencent avec la célèbre Dalton Highway ! Cette piste de plus de 660 kilomètres traverse les contrées parmi les plus désertes du nord de l’Alaska, ce qui fait d’elle la route la plus désolée des États-Unis. La conduite sur la

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Jours de C HASSE ◆

Dalton Highway est en outre périlleuse,voire très dangereuse – c’est pour cela qu’elle n’est ouverte aux véhicules de tourisme que sur la première partie du parcours– en raison de la poussière qui peut masquer l’un des 160 camions qui l’empruntent quotidiennement pour ravitailler les stations de forage situées après Deadhorse et les pentes nombreuses qui atteignent pour certaines 12 % ! Seules trois agglomérations “égaient”cette désolation : au kilomètre 281, Coldfoot (“pied froid”) 10 habitants, au kilomètre 304, Wiseman, 14 habitants, puis plus rien jusqu’au kilomètre 660 où se dresse enfin devant le voyageur hagard Deadhorse,25 habitants en période creuse, 50 par temps clair. Mais il est l’heure pour nous de répondre à la question qui, depuis le début de cette digression, taraude le lecteur : qu’est-ce qui peut bien faire l’intérêt et le charme de Deadhorse et justifier un tel périple ? La réponse tient en un mot : strictementrien !L’alcoolyétantrigoureusementinterdit,iln’y

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PHOTOS : AL GRILLO/AP/SIPA

LE BOUT DU BOUT

Quelles formalités ? Depuis janvier 2009, tout ressortissant de l’Union européenne doit au moins 72 heures avant son voyage aux ÉtatsUnis remplir en ligne le document Esta (electronic system for travel authorization) et s’acquitter de la somme de 14 dollars, payables en ligne, par carte bancaire. Ce document est disponible à l’adresse suivante : https ://esta.cbp.dhs.gov (cette adresse est la seule reconnue par les autorités américaines). Comment s’y rendre ? Ils n’existent pas de vol direct au départ de Paris pour Anchorage. Dans tous les cas de figure, il s’agit de vols à destination des États-Unis (ou le cas échéant du Canada) avec une escale dans l’une des grandes métropoles des pays concernés (Chicago, Denver, Washington, Montréal,Toronto, etc.) suivis d’un changement d’avion et d’un vol intérieur à destination d’Anchorage. Où se loger ? Anchorage fourmille d’hôtels de toutes catégories. Mais les prix y sont en général le double, voire plus, de ceux du reste des États-Unis. Quelle monnaie ? La monnaie est bien évidemment le dollar, au cours relativement stable depuis quelques mois de 1 euro pour 1,30 dollar.

PHOTOS : GLOWIMAGES/EGMONT STKIGL

Carnet de voyage

a même pas de bar où le voyageur effondré pourrait y noyer son désespoir. Cette absence vaut à Deadhorse le surnom de “All that far and still no bar” (“si loin et toujours pas de bar”) ! Dans cette “ville” uniquement constituée de mobile homes de chantier que peuplent outre les 25 habitants 3 000 saisonniers travaillant sur les puits de pétrole, il n’y a pas d’hôtel, pas de restaurant, pas de magasin… L’intérêt de Deadhorse réside en fait dans quelques-unes des particularités dont la nature a agrémenté la région qui nous accueille. Proximité du cercle polaire oblige, Deadhorse du 20 mai au 22 juillet jouit de la plus longue journée, soit 63jours ! Quant à l’hiver, il ne faut même pas y penser. Seuls des routiers s’y risquent, pour aller ravitailler à prix d’or les stations pétrolières par des températures pouvant atteindre –50 °C lorsque les vents se mettent à vraiment souffler.La vie de ces camionneurs a fait d’ailleurs l’objet d’un documentaire à épisodes à la télévision américaine (W9 l’a diffusé sous le titre le Convoi de l’extrême : le retour des héros). Les meilleures choses ont une fin.Épuisées les ressources de Deadhorse la bien nommée, vient l’heure du départ. Les agences de location ayant négligé d’y ouvrir un comptoir, il convient de rendre le véhicule au point de départ… Un seul itinéraire s’impose, la Dalton Highway ! Bon voyage ! ◆

Comment se déplacer ? Toutes les grandes agences de location de véhicules sont présentes à Anchorage. Il existe aussi des vols quotidiens, quoique chers, à destination, de Deadhorse au départ d’Anchorage (environ 600 euros) et de Fairbanks (environ 500 euros).Au départ de cette deuxième ville, il existe également un service d’autocar, et cette formule nous paraît la plus intéressante car elle permet malgré tout et dans des conditions de confort de découvrir la fameuse Dalton Highway !

Jours de C HASSE ◆

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Quel climat ? En été, il peut faire jour 24 heures sur 24 sur les terres les plus au nord. En journée, le climat peut vite passer d’un extrême à l’autre et la température monte souvent à 30 °C… L’hiver est glacial, long et les températures peuvent friser – 50 °C. Se protéger ? Mise à jour des vaccins généraux conseillée. En savoir plus Le site de l’office du tourisme américain offre de nombreux renseignements quant aux formalités : www.office-tourisme-usa.com

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Bienvenue Bienvenue au au Domaine DomaineLes LesRémillys Rémillys

Grand de de chasse situésitué en Gatinais. Grandterritoire territoire chasse en Gâtinais.

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Découverte ◆

Chasser en Alentejo, c’est retrouver une chasse au parfum oublié, en battue ou à la botte. Celle de la plaine dans toute sa magnificence. reportage et photos Alain de l’Hermite

“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre”



“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre”

LE DÎNER LE SOIR

DE NOTRE ARRIVÉE SOUS LA VÉRANDA

(CI-DESSOUS, VUE DE LA PISCINE). CI-DESSUS, L’UN DES PETITS SALONS COLORÉS. EN HAUT, DEUX VUES DE L’HÉLIPORT QUI MET LA CHASSE À MOINS D’UNE HEURE DE LISBONNE. PAGE DE DROITE, JOÃO SOUS LES YEUX DE SON PÈRE ET DE SES COUPES REMPORTÉES LORS DE COMPÉTITIONS DE TIR

“AU PIGEON VIVANT”.


◆ L

a découverte de toutes ces habitations à proximité des ailes de l’Airbus de la TAP pourrait bien impressionner le voyageur en approche de Lisbonne-Portela. On imaginerait presque le pilote chercher la route de l’aéroport entre les ruelles des maisons neuves,comme à Hong Kong à la grande époque… Elles ont poussé là, en bordure de l’océan, comme des tapis de girolles dans la banlieue de la capitale historique la plus occidentale d’Europe. En cette fin de matinée ensoleillée d’octobre,quelle émotion de retrouver quinze ans après notre dernière visite la ville du marquis de Pombal ! Ce héros national qui, après l’effroyable tremblement de terre du jour de Toussaint 1755, acceptera la terrible responsabilité de reconstruire la ville. En précurseur d’Haussmann, il érigera le quartier actuel de la Baixa, avec ses larges avenues bordées d’immeubles identiques à la sobre architecture. Mais le pèlerinage en Estrémadure n’est pas la raison de notre visite dans cette oasis verdoyante.Juste une étape.Car ce soir même,nous sommes attendus dans une province voisine et plus aride, l’Alentejo, dont le nom signifie“au-delà du Tage”. Si cette destination pourrait sembler guère attrayante au bobo en mal d’Ibiza, c’est tout l’inverse pour un disciple de Saint-Hubert.Quiplusestpourunchasseurpassionnédechasse à la perdrix rouge. Encore trois heures de route et nous allons découvrir le monte, prononcer“monté”, de Vale do Manantio. La maison familiale de João entourée de 1 000 hectares et située à sept kilomètres au nord de Moura est “habitée”, murmure-t-on,par des milliers de“rouges”.Là à portée de regard de l’ancienne chasse des rois du Portugal, la famille Bravo entretient amoureusement le culte de la chasse à la perdrix. On la chasse en battue bien sûr,mais aussi dans la grande tradition portugaise “à la botte”. Un mode de chasse où la vanité du meilleur tireur est souvent mise à rude épreuve.Certains jours, il voudrait bien voir la terre ferrugineuse des collines l’ensevelir quand il“enfume”sans même froisser une plume et avec la régularité d’un métronome les diaboliques perdreaux devant les yeux indiscrets de ses pairs et des secretarios. Dans le hall sans âme de l’aéroport éclairé par une lumière blafarde,nous découvrons bientôt une silhouette familière, haute et fine, un genre de caballero dont aurait pu s’inspirer Matthieu Sordot pour l’une de ses aquarelles : Laurent est venu nous accueillir, puisque son avion en provenance de Bordeauxs’estposéavantlenôtre.Notreami,doubléd’unéclectique chasseur,a décidé de vivre de sa passion.Voilà comment il est chargé par João de faire découvrir par l’intermédiaire de son agence de voyages la chasse traditionnelle du Portugal. Après les habituelles convenances des retrouvailles, nous mettons le cap pour la banlieue de Lisbonne et la maison de João, ultime étape avant Vale do Manantio. À notre attention à moins de quinze minutes de l’aéroport,João avait prévu une surprise de taille.Au grand dam de Laurent… Après un rapide rafraîchissement,un certain Pedro nous entraîne derrière lui pour gravir un étroit escalier. Là, délicatement posé sur l’herbe tendre entre les vestiges d’une villa

gallo-romaineetaumilieudesgrandspinsnotre“cadeau”nous attendait :unEurocopterbleumarinedelacompagniedetransport de João allait nous conduire à Vale do Manantio.Le sourire radieux de Pedro (qui sera en réalité le pilote) et mon bonheurétaientdiamétralementopposésaurictusfigédeLaurent pour qui un hélico ne peut qu’être dangereux.« Une machine dont on se demande comment ça tient en l’air.Et à ne sûrement jamais utiliser quand on a charge d’âmes… », nous dira-t-il plus tard, à voix basse. Quoi que Laurent puisse penser, le décollage se déroulera parfaitement.Aux premières loges au côté de Pedro nous savouronsmaintenantdepuisnotrebelvédèrevirtuelLisbonne cette autre ville éternelle drapée de soleil comme jamais nous n’espérions l’apercevoir un jour. Là-bas au sud, la tour de Belém monte la garde depuis le XVIe siècle et conserve le souvenir des caravelles. Quand, dans le casque, nous entendons la tour de contrôle de l’aéroport nous autoriser à survoler les pistes, nous regrettons presque de quitter ce spectacle.PedroenfilemaintenantlatrajectoiredupontVascode-Gama ; ouvert en 1998, il célèbre à la fois l’Exposition universelle et la découverte de la route des Indes contée par Camões (1524-1580). Après quelques minutes, nous soupçonnons avoir franchi la frontière invisible de l’Alentejo, la plus grande pro vince qui englobe le tiers du Portugal. Nous survolons le royaume du chêne-liège, emblème de l’Alentejo ; la terre devient plus rouge pareille à celle d’Afrique. Des montes blanchis à la chaux dominent quelques champs d’oliviers et rappellentlamesetaespagnolel’autreroyaumedelaperdrixrouge.

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“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre”

DIFFÉRENTS ÉPISODES DE NOTRE JOURNÉE DE BATTUE : EN AUTO APRÈS LE DÉJEUNER À LA RECHERCHE DES CHEVAUX LAISSÉS LIBRES, AU-DESSUS, À GAUCHE, LE DÉPLACEMENT ENTRE DEUX TRAQUES ; PUIS AU POSTE AU CŒUR DE L’ACTION ; ET UN AUTHENTIQUE “ROUGE” DE VALE DO MANANTIO. EN BAS À DROITE, LA CONCENTRATION AVANT L’ACTION.

Si l’altitude est moindre, c’est le même paysage de western. Épisodiquement le bourdonnement de notre engin dérange quelque“compagnie” de porcs noirs en liberté. Une quarantaine de minutes après notre départ, sur la gauche,la citadelle du village de Portel annonce l’imminence du terme de notre voyage. Tandis qu’à l’horizon, nous découvrons le lac d’Alqueva,la plus grande retenue d’eau d’Europe. La conséquence de la centrale hydroélectrique du même nom construite sur le fleuve Guadiana.Vu d’ici,ce lac faitpenseràunimmenseneuroneponctuéd’îles,avecsesmultiples dendrites immiscées entre les collines.Au sud-est,l’un de ses bras d’eau en pointe désigne le monte de Vale do Manantio, lumineuse et majestueuse dans sa robe blanc immaculé, rebrodée de bougainvilliers. Nous dégustons un dernier instant l’immensité presque vierge où seule la rectitude des plantations de pins maritimes rappelle la présence humaine. Pedro effectue un demi-tour face à l’ouest pour atterrir. Aussitôt armes et bagages sont enfournés dans le Land Rover du fils de João venu nous accueillir. Nous profitons des quelques dizaines de mètres entre l’héliport et la maison pour humer l’air particulièrement doux de l’Alentejo en ce

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milieu d’après-midi. À titre de comparaison, la moyenne des températures entre la ville de Nice et celle de Beja, le district del’Alentejooùnousnoustrouvonsatteintpratiquement5°C de plus au mois d’octobre. Une différence de taille avec les alentours de Madrid où l’on pratique la même chasse mais où il peut faire froid en cette saison en raison du climat continental. À l’entrée de la cour pavée en forme de U, João nous attend à l’embrasure de la porte d’entrée. La petite soixantaine, on remarque aussitôt ses yeux sombresdontl’éclatestrehaussépardes cheveux argentés. « Bienvenus à la maison ! » João nous accueille dans un parfait français, tout en retenue et discrétioncommeunparfaitgentleman.Nous passeronsdeuxjoursmerveilleuxausein de la propriété familiale des Bravo à découvrir et à apprendre la chasse traditionnelleportugaise.Plusieursfoispar an,Vale do Manantio accueille une dizaine d’amis de João pour chasser.João nous convie maintenant à une visite de la propriété. Juste le temps pour nous de déposer nos bagages et d’engloutir un délicieux gaspacho.

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Sous la conduite du maître de maison, le Land Rover ouvert prend la direction du nord. Le temps que João donne quelques instructions à Manuel le garde-chasse en chef depuis vingt ans, nous nous arrêtons au milieu des communs gigantesques. Dans l’un des box du chenil, un sanglier apprivoisé d’un quintal attend sagement sa soupe. Si le gigantisme des bâtiments surprend, il faut savoir qu’à l’origine la superficie de la propriété était de 20 000 hectares « avant l’abolition du droit d’aînesse », nous précisera João. Il y a cinquante ans son père du même prénom selon une tradition familiale achètera 1 700 hectares pour exercer sa passion de la chasse à l’une des six descendantes de l’ancien propriétaire. La construction du barrage empiétera sur 700 hectares. Si traditionnellement l’Alentejo est considéré comme le grenier à blé du Portugal, la culture céréalière à Vale do Manantio est exclusivement destinée auxperdreaux.L’autrecultureouplutôtsylvicultureconcernelechêne-liègeprogressivement remplacé « par les oliviers depuis une douzaine d’années ». Plus récemment des plantations de pins ont fait leur apparition sur la propriété. Mais la principale source de revenu demeure la chasse. Une activité qui elle aussi a bien failli disparaître… En effet en 1974 lors de la révolution des Œillets, les terres sont confisquées.Après treize ans “d’occupation”, et “le cheptel” dilapidé par les “exploitants”, lorsqu’il récupère son bien le père de João retrouvera la foi grâce à la proposition de notre hôte d’ouvrir sa chasse aux clients. On vient en famille à Vale do Manantio. La semaine précédant notre visite, plusieurs familles belges s’étaient donné rendez-vous ici où chacun – hommes,femmes et enfants avaient trouvé leur compte dans la pratique de leurs passions respectives, chasse, balnéothérapie et visite du patrimoine.Au beau milieu de la piste de terre rouge, João slalome entre les flaques d’eau. « Il ne s’agit pas d’éviter de salir la voiture. Mais la moindre réserve est importante pour les oiseaux.En plus,ils adorent la fine poudre pour s’épouiller… » À peine avait-il terminé sa phrase que notre première perdrix rouge Alectoris rufa semble sortir du sol comme un diable de sa boîte. À moins de dix mètres du piéteur impénitent, nous avons tout le loisir d’observer quelques consœurs dissimulées dans les herbes du bas-côté. D’abord ce bec et les pattes rouges, puis ce collier noir depuis l’œil qui se termine sur la poitrine en une multitude de petites taches noires contrairement à la bartavelle. Sans oublier l’unique bande noire caractéristique sur la plume du flanc… Et João de nous expliquer avec honnêteté que « ses » perdrix sont « semi-natu-

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“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre”

CI-CONTRE DE HAUT EN BAS, BATTEURS ET TIREURS PARTENT

POUR LA BATTUE DES PINS. ICI MÊME EN OCTOBRE, L’OMBRE EST BIENVENUE. UN LIÈVRE AU VENTRE BLANC, INTERDIT DE TIR, ET UNE PERDRIX QUI A DE L’AILE. CI-DESSUS, ANTONIO TIRE UN PERDREAU. PAGE DE DROITE, EN HAUT, UNE COMPAGNIE DE PERDRIX SE LÈVE. EN BAS, LE BRAQUE DE MANUEL RAPPORTE EN EAU PROFONDE.

relles ». En effet, la reproduction naturelle était insuffisante pour “supporter” plusieurs chasses, des centaines d’oiseaux sont donc introduits sur le territoire au mois de juillet. C’est dire qu’en octobre,elles ont eu le temps d’être en pleine possession de leurs moyens. « Tchouk-tchouk-tchoukar-tchoukar ! » Ce matin avant le lever du jour, le chant de l’une de ses perdrix nous avait sorti de notre torpeur. La nuit avait semblé bien courte… Hier soir après l’arrivée vespérale des amis de notre hôte, la magnifique véranda ouverte sur la piscine avait résonné tard des récits cynégétiques fabuleux. Sans doute sous les effets du vinho verde, personne ne s’était décidé à prendre la responsabilité d’aller rejoindre les bras de Morphée. Il est maintenant 9 heures. Sous un ciel sans nuage, la cour est prise d’agitations, presque de convulsions, comme s’il s’agissait d’un jour de marché. Hommes, femmes, enfants, ils sont une cinquantaine à être venus des hameaux voisins.En aucun cas,ils n’auraient manqué la fête d’aujourd’hui. Une trentaine d’entre eux aura la responsabilité de participer au rabat pour les six battues du jour. Le soleil darde déjà. Un proverbe ne prétend-il pas qu’“EnAlentejo,iln’yapasd’ombre” ?Aussi les orangers et les bougainvilliers de la cour rassemblent une partie de l’aréopage. Face à l’entrée de la maison,symptôme de l’ambiance électrique des jours de battue,la porte de“la salle d’armes”s’ouvre et se ferme frénétiquement.Chacun des neufs cynégètes vient de tirer au sort un numéro deposte.Maintenantfaceàunecartedudomaine,João converse avec Manuel le garde et Paulo. Même après des décennies d’ex-


périence, chaque petit détail semble avoir son importance. Un rapproché vide où les oiseaux seraient absents, une modification de la direction du vent… et tout peut aussitôt être remis en question. La conduite de la battue aux perdizes est bel et bien une science qui ne s’improvise pas. Ce matin, Laurent cavalier émérite a choisi d’accompagner João à cheval dans la conduite du rabat, place habituellement tenue par l’un de ses fils.Antonio l’un des tireurs, a accepté ma compagnie au poste numéro 3 désigné par le sort. Enfileindiennelesvéhiculessegarentenborduredel’alléebordéedechêneslièges. Aussitôt en silence, chacun des participants rejoint son poste à pas de loup accompagné chacun de son chien – retrievers pour la plupart– et de deux secretarios. Nous sommes à mi-pente d’un coteau, visiblement l’un des repaires préférés des perdrix, d’ailleurs nous découvrons quelques plumes de mue. Chaque poste est espacé d’une centaine de mètres. À droite, plus bas, nous distinguons deux autres tireurs, tandis que la garrigue dissimule notre voisin de gauche.Un ultime contact d’une pierre contre le métal d’un piquet et notre abri est définitivement stabilisé. Si chaque détail n’a rien de négligeable, au fil des saisons les tireurs développent une sorte de rituel ésotérique propre à leur concentration,comme ces joueurs de tennis lorsqu’ils remettent sans cesse en place les cordes de leurs raquettes. De part et d’autre de l’abri,un bouclier métallique est censé protéger les tireurs. En fait, il matérialise la ligne, car un tireur de battue est rarement un tireur dangereux, contrairement à la légende. À l’aide d’une pelle pliable, le sol est aplani,chaque caillou chaque racine néfaste au bon appui méticuleusement éliminé. Une fois la boîte à cartouche disposée au bon endroit, c’est au tour de l’échauffementàvidecommeaugolf.Aussitôtl’undesdeuxBrowningB25quitte son râtelier portatif pour l’épaule du tireur. Une vingtaine de mouvements des hanches sont aussitôt effectués. D’un sourire, mon charmant compagnon semblemesignifierque“toutpeut commencer”.Quesepasse-t-illàhaut de l’autre côté de cette coiffe de genêts au sommet de notre colline ? Pas le moindre bruit ne nous parvient. Trois oiseaux viennent de se poser à la lisière,dans un nuage de poussière rouge, aussitôt engloutis par leur mimétisme. Discrètement un lièvre à l’étonnant ventre blanc passe au trot devant notre abri et déclenche un sourire nerveuxàl’undessecretarios.Dans l’azur trois fusées blanches vien-

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EN HAUT, UNE “FLÈCHE ROUGE” SUR LE VERT DUR

DES CHÊNES.

CI-DESSUS, LA CORRECTION D’ANTONIO EST LA BONNE, À CONDITION DE NE PAS RALENTIR LE CANON. LA PREUVE, CI-CONTRE, MAGNOLIA RAPPORTE L’OISEAU. QUANT À L’ATTITUDE DE CE “SECRETARIO” FOURBU, EN HAUT À DROITE, ELLE AURAIT INSPIRÉ BIEN DES PEINTRES.

nent de détoner.« C’est le début », me souffle Antonio. En écho au poste 4, la fête à déjà commencé… À partir de cet instant et pendant les vingt minutes suivantes, nous n’aurons plus le loisir de nous intéresser à nos voisins. Par groupes ou isolées,les perdizes chargent la ligne.Une chorégraphie parfaitement exécutée se joue entre les secretariosquirécupèrent,rechargent,transmettentconsécutivement ses B25 à Antonio. La danse semble rythmée par le métronome du cliquetis des éjecteurs. L’odeur de poudre enivre. Tel un matador,Antonio porte l’estocade à distance avec une redoutable précision.Après avoir pris la cadence des oiseaux, maintenant les doublés se succèdent.Aucun oiseau ne suit la même trajectoire, certains montent au moment de franchir la ligne, d’autre chargent et d’instinct on baisse la tête. Parfois encore, d’autres plus avisés longent la traque pour essuyer les coups de la ligne avant de s’en sortir indemnes. Au coup de fusil,répond le choc mat des corps sur la terre battue.Le sang des oiseaux rougit un peu plus le sol de l’arène. Presque tous les tirs s’effectuent devant ! Le premier oiseau systématiquement hors de portée avec un angle très fermé. On ne le répète jamais assez,mais il faut“tirer avec ses pieds”. Notrevirtuosedevoisinplaced’ailleurssesappuisavantchaque

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tir,mêmeparfoisaucoursd’undoublé.OncomprendmieuxClarylorsqu’ilaffirmait :«C’estàlabattuequ’on doit l’art du tir,c’est-à-dire la manière de tuer le gibier à plume de la façon la plus élégante,en exigeant du tireur le maximum d’adresse,et en lui procurant aussi le maximum de satisfaction.» L’un denosplusgrandstireursavaitluiaussi en son temps rencontré de remarquables tireurs portugais. Comme ce jour de battue aux Vaux-de-Cernay de décembre 1905 où étaient présents entre autres le roi Charles Ier du Portugal,le comte Clary et le baron Henri de Rothschild.Selon le témoignage de Georges Benoist dans Grandes chasses, grands fusils (réédité par les Éditions de Montbel), ces trois-là avaient, avec environ 750 pièces chacun, effectué la moitié du tableau des onze participants… Au coup de trompe, un cavalier surgit hors des frondaisons. João en général victorieux se rend à l’inspection. Sourire aux lèvres puisqu’il connaît ses amis tireurs,il savait déjà que la manœuvre avait bien fonctionné.Anecdote amusante, nous comprenons maintenant pourquoi chacun des protagonistes avait amené son “retriever” préféré pour suppléer les secretarios. Certes pour le respect du gibier, mais surtout pour mettre de son côté toutes les chances d’être désigné “roi de la chasse” au moment du décompte de la journée. L’insondable amour-propre du chasseur… En fin de matinée, à l’issue de la quatrième battue effectuée à chaque fois dans un environnement très différent, le tableau affichera 420pièces.DonCarlosauraitsûrementadoubésessujetspuisqu’ils avaient tenu une moyenne identique à la sienne, de trois cartouches pour un “rouge”. Justement nous déjeunions aux confins de Vale do Manantio, sous les yeux de ce qui avait été son territoire de chasse. >>

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“En Alentejo, il n’y a jamais d’ombre”

EN HAUT, DÉPART POUR LA “CHASSE À LA BOTTE”. CI-DESSUS, ARRIVÉE DEUX HEURES PLUS TARD AUX CONFINS DE VALE DO MANANTIO, UN RAFRAÎCHISSEMENT EST LE BIENVENU. CI-DESSOUS, MANUEL SEMBLE TROUVER LA PENTE RAIDE. EN HAUT À DROITE, UNE PARTIE DU TABLEAU DE LA MATINÉE.

Le lendemain, une tout autre chasse nous attendait, la traditionnelle chasse “à la botte”. Là, les chasseurs et leurs chiens cumulent les rôles de tireurs et de rabatteurs. Une ligne étendue sur des centaines de mètres bat le territoire en ungigantesquerapproché.Depuislamaisonjusqu’auxconfins de la propriété où nous avions déjeuné la veille, nous mettons un peu plus de deux heures pourbattre250hectares. La veille, le plus grand rapproché – la battue des Pins – avait embrasséenviron150hectares. Nous arpentons une superficie équivalente au retour soit la moitié de la totalité de la propriété. Évidemment la grande difficultérevientaumaître de la ligne qui doit conserver coûte que coûte la plus grande cohésion à la traque, quel que soit le terrain.Il faut être alors capable à l’envi de fairepivoterunepartie ou l’autre des ailes.D’après João,l’écueil majeur comme pour la battue d’ailleurs est « d’avancer trop vite ». Dans ce cas, les oiseaux partent trop loin et en groupes. La chasse à la botte était la plus appréciée du père de João,l’undesmeilleurstireursdepigeonsvivantsdesontemps. En témoigne la pièce musée de Vale do Manantio où l’on admire ses coupes en argent remportées dans les compétitions majeures.N’en déplaise aux aficionados des battues,le tir d’oiseaux fuyants, puissants et ensauvagés, nous est apparu d’une extrême difficulté,bien supérieure à la battue où l’on finit toujours par prendre la cadence. On dispose d’une fraction de seconde pour juger d’une trajectoire et tirer sur un oiseau qui a déjà changé d’avis sur sa ligne de fuite. Le tir des perdizes fait alors penser aux barcas, les magnifiques pigeons portugais d’Estoril réputés pour être les plus rapides du monde. Lors du retour, João pensait sans doute que la ligne suivait ses instructions en “ne marchant pas trop vite”. Mais si elle ralentissait encore en approchant de la maison, c’est parce que nous n’aurions jamais voulu arrêter d’arpenter ce paradisdeschasseurs.Tous,dansunmêmeréflexe,nousavions conscience de finir un voyage dont nous aurions souhaité qu’il fût éternel. ◆ Nous remercions Laurent de Clouet et l’équipe LC Voyages sans lesquels ce reportage n’aurait pu avoir lieu. LC Voyages,86,rue Jules-Ferry,33200 Bordeaux. Tél. :06.09.85.82.65. Sur Internet :www.lcvoyages.com Email :contact@lcvoyages.com


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Reportage ◆

Histoires alsaciennes reportage et photos Je an-Pierre Decourt

UNE CHASSE EN ALSACE EST TOUJOURS EMPREINTE D’HISTOIRE ET DE TRADITION. Y CHASSER RESTE UN PRIVILÈGE. UNE AFFAIRE SÉRIEUSE, UN EXEMPLE DU RESPECT ET DE LA DISCIPLINE, TOUT AUTANT QU’UNE POUR TOUS.

GLOWIMAGES/SVEN-ERIK ARNDT

FÊTE INOUBLIABLE

E

n sortant de l’Auberge d’Imsthal un froid glacial nous saisit,presque par surprise.Du solide petit déjeuner,seul demeure le goût du café sur les lèvres et la douceur de l’accueil. L’air vif a achevé de nous réveiller. Autour, la forêt s’étend, incommensurable. L’Alsace est là, splendide et mystérieuse. Nous sommes dans le Bas-Rhin, à une vingtaine de kilomètres au nord de Saverne et à environ cinquante-cinq kilomètres au nord-ouest de Strasbourg. Aux portes du village de La Petite-Pierre, au cœur de cet étroit défilé des Vosges, qui, entre Alsace et Lorraine, conduit au pied de l’Altenbourg et du château qui le défend. À droite, déjà se dessinent le massif des Vosges et ses hauts arbres agrippés à mi-pente. Il ne neige pas encore, mais le ciel est lourd, couleur d’étain. Ce n’est qu’une question de temps :une chose est certaine,la journée sera blanche. Pour l’heure,l’aube peine à se lever et traîne d’interminables nuances de gris. D’un geste lent, à regret, on relève les cols et

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Jours de C HASSE ◆

l’on ajuste les vêtements au plus près du corps, avec l’espoir de se réchauffer un peu. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que la battue s’annonce rude.La terre gelée est d’une dureté d’acier. Tendues comme des fils barbelés, les fines tiges tourmentées des ronces semblent prêtes à sebriser.Dansleciel,levol lent d’une corneille dérangée par le rassemblement des hommes dans legivresembletotalement irréel. Un simple regard suffit pour comprendre pourquoi le rendez-vous a été donné à Imsthal : nous sommes déjà dans la chasse, tant à l’intérieur de l’auberge,où trophées de cerfs et de brocards se mélangent aux frises subtiles de fer et de bois du grand décorateur alsacien Bruno Bernhardt,qu’à l’extérieur où le massif forestier de la réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite-Pierre, gérée par l’Office national des forêts (ONF) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), domine ce paysage. Affairés, la plupart des invités se préparent près de leurs voitures garées devant les bâtiments de l’auberge, tandis que les retardataires se dépêchent de faire vérifier leurs permis auprès des cinq partenaires qui ouvrent aujourd’hui,pourladeuxièmefoisdel’année,lesportesdeleurchasse. Les“partenaires” ? C’est le nom que l’on donne aux adjudicataires d’un territoire, comme pour mieux signifier qu’en Alsace, gérer une chasse est une affaire sérieuse, un exemple du respect et de la discipline. Et quelle chasse ici ! Quelque 340 hectares chassés seulement quatre fois par an en battue, mais presque toute l’année à l’affût et à l’approche. La Petite-Pierre : une grande chasse qui contribue

PRINTEMPS 2013


UN CHASSEUR À SON POSTE DANS LA FORÊT DE LA PETITEPIERRE. PAS UN BRUIT, PAS UN SON NE PARVIENT. RIEN, SAUF CE SILENCE OPPRESSANT… PAGE DE GAUCHE, UN SANGLIER FURTIF.


Histoires alsaciennes

gnés, le chasseur ne s’appartient plus. Il vient de s’inscrire dans une tradition qui le dépasse.La tradition est là,tenace,vivante, indestructible,comme un trait d’union entre le passé et leprésentoùfinalement les deux se confondent pourneplusfairequ’un. À lui maintenant de se laisser faire.La journée ne fait que commencer. Souriants,lesinvitésse rapprochent maintenantetformentlerond en face de l’auberge, juste devant la maison de Jean “Hans” Michaely,lemaîtred’ImsthaletmairedeLaPetite-Pierre. Le visage fin, barré d’une fine moustache claire, les yeux bleus perçants, l’homme n’est pas un “partenaire”, mais il est la mémoire de la chasse.Il est celui qui a eu la chance d’y tirer le plus beau cerf et qui a contribué à faire de ce territoire ce qu’il est aujourd’hui :une des plus belles chasses d’Alsace. Rien n’est jamais fait ou dit sans son consentement. Entre “Hans” et Jean-Claude, Didier, Jeannot, Bernard et Bruno,les cinq partenaires,l’accord est total,profond et sincère. Face à l’auberge,les partenaires prennent la parole à tour de rôle pour souhaiter la bienvenue.On se regarde.On se salue. Des poignées de mains s’échangent… On se croirait rassemblés pour une étrange et joyeuse rentrée des classes après

LE ROND DU MATIN OÙ LES CONSIGNES SONT DONNÉES AVEC CE MÉLANGE SI ALSACIEN D’EXTRÊME RIGUEUR

ET DE DÉCONTRACTION.

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encore et toujours à la légende de la chasse en Alsace,cette Alsace poétique et dramatique du Guetteur d’ombre de Pierre Moinot,et ses chemins de crêtes. Avec Chambord, La Petite-Pierre est sansdoutel’undesplusimportantssites d’étude du cerf en France. Une école dechasseaussi,qui,depuis1952,aformé des centaines d’experts du monde cynégétique. Une ville fortifiée par Vauban aussi, où flotte encore la bannière des comtes de Lützelstein,et une terre à part qui a fasciné le poète René Char, contraint par l’hiver pendant la campagne de France de 1939-1940 de séjourner entre La Petite-Pierre et Petersbach. Pour venir ici,certains ont traversé la France,commeAlain venudeBourgogne,ThomasdeMayenneetdenombreuxautres invités, arrivés tard dans la nuit, de Marseille, de Paris, de Suisse et de l’Allemagne voisine.Tous savent qu’être accueillis ici est un privilège et que chaque chasse y est une fête inoubliable. À peine le règlement et les consignes de sécurité si-

DÈS LES PREMIERS ÉCHANGES, LA TRADITION EST VISIBLE, PALPABLE, TENACE, VIVANTE, INDESTRUCTIBLE, COMME UN TRAIT D’UNION ENTRE LE PASSÉ ET LE PRÉSENT OÙ LES DEUX FINISSENT PAR SE CONFONDRE POUR NE PLUS FAIRE QU’UN. 102

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Histoires alsaciennes

etderigueurpropreàl’estde laFrance.Lachassedemeure unplaisir.Noussommesloin des longs discours tendus et frustrants de ces battues où,dès la première seconde, on se demande ce que l’on fait là. De ces chasses profondément décevantes où le lien intime avec l’animal chassé est brisé, où l’émotion est comptable et l’acte même du tir fade et mécanique. Ici,chasser demeure un art. Très vite,les lignes sont formées et les chasseurs divisés en groupes distincts. Les chefs de ligne sont efficaces et les véhicules se suivent sagement vers la place du village. La première battue va s’effectuer autour du château de La Petite-Pierre. Les traqueurs, recrutés dans les chasses alentour et rétribués pour la journée,savent qu’ils vont souffrir.La forêt est splendide,mais aussi très difficile d’accès.Accrochés à la roche, pins, sapins, chênes et hêtres poussent à travers àpics et éboulis parcourus d’épais ronciers. Les sentiers sont étroits, pentus, les remises profondes et les repaires inexpugnables.

CI-DESSUS, EN ROUTE VERS LES POSTES.

LES PREMIERS FLOCONS DE NEIGE COMMENCENT À TOMBER. À DROITE, UNE FOIS INSTALLÉS, LES TIREURS REÇOIVENT UNE NOUVELLE FOIS DES CONSIGNES DE TIR PRÉCISES. ICI, ON NE BADINE PAS AVEC LA SÉCURITÉ ET LE RESPECT DU PLAN DE CHASSE.

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les grandes vacances. Des amis en retrouvent d’autres. L’émotion est palpable. Le ton est calme et chaleureux. Les mots précis et lourds de sens. On ne badine ni avec la sécurité ni avec le respectduplandechasse,surtoutquand on parle du “gibier rouge”, les cerfs, dont la présence est hautement probable aujourd’hui. Ici, point de plan de tir tétanisant et cauchemardesque, comme cette chasse, il y a quelques saisons, en Lorraine, où l’on ne pouvait tirer que des “trilobés”, et lorsque vous ne saviez pas ce que cela recouvre exactement, vous ne passez pas une très bonne journée… (Un trilobé est un faon de six à 12 mois qui a soit une molaire soit pas du tout et présente encore une troisième molaire avec trois pointes).Aujourd’hui, point de “trilobés”. ÀLaPetite-Pierre,toutestditaveccemélangededécontraction

LES TRAQUEURS, RECRUTÉS DANS LES CHASSES ALENTOUR ET RÉTRIBUÉS POUR LA JOURNÉE, SAVENT QU’ILS VONT SOUFFRIR.LA FORÊT EST TRÈS DIFFICILE D’ACCÈS.LES SENTIERS SONT ÉTROITS, LES REMISES PROFONDES ET LES REPAIRES INEXPUGNABLES. 104

Jours de C HASSE ◆

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La ligne dont je fais partie vient de quitter la place pour avancer le long de l’ancien chemin de ronde. Encore quelques pas et les dernières maisons auront disparu derrière nous. En silence, nous entrons dans la forêt et la neige commence à tomber. Lourde, lente, pesante. Les chasseurs sont installés environ tous les quarante mètres. Didier, l’un des partenaires, me conduit au poste, un surplomb situé à quelques mètres à peine du chemin avec une vue plongeante vertigineuse sur le massif. « Bien,normalement,c’est un très bon poste, assure-t-il à voix basse. Vous pouvez tirer devant en effectuant un tir fichant. Mais vous devez attendre que la traque soit passée pour tirer derrière. À tout à l’heure.» L’endroit est superbe. Mais la neige est de plus en plus épaisse. En moins de dix minutes, le sol est entièrement recouvert,tout comme les organes de visée de ma carabine.Toutestblanc.Jesaisque la traque a démarré, mais pas un bruit, pas un son ne nous parvient,nirécrisdeschiensni coups de trompe. Rien, sauf ce silence oppressant. Le surplomb sur lequel je me trouve semble coupé du monde,isolé du reste de la chasse par cette neige qui pèse soudain si fort sur la forêt. Mon gilet orange, complètement recouvert, est sans doute déjà invisible pour mes voisins, qui, de toute façon, sont noyés dans le lourd rideau blanc qui ondule à perte de vue. Je crois distinguer un mouvement assez loin en contrebas. Doucement, je passe ma main gantée sur le

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canon de mon arme pour enlever la neige et me lève le plus lentementpossible.Laformesombres’estarrêtée.Moncœur aussi. Je crois distinguer un chevreuil. Mais il est trop loin pour être tiré en visée ouverte.Je reprends ma veille,sous la neige qui n’en finit plus de tomber. Comme dans un rêve, un teckel haletant vient de s’asseoir à côté de moi. Je ne l’ai pas entendu venir. Pas plus que son maître qui arrive quelques instants après sur le chemin. La traque est là. Trempés et déjà très éprouvés, les hommes ont été surpris par le mauvais temps, et discutent de la dureté des conditionsenalsacien,comme il se doit. « C’est très dur, me dit le maître du chien. On ne voit pas à deux mètres.Les animaux ne bougent pas. » Un adieudubrasetilsreprennent leur avance dans les pentes. Cette fois, on peut tirer derrière, mais plus devant. La traque est quelque part, invisible et silencieuse dans un paysage de plus en plus réduit. Deux tirs résonnent faiblement sur la droite.Puis une autre détonation plus sèche. Et à nouveau le silence. Les traqueurs sont sans doute déjà loin maintenant. Depuis combien de temps suis-je ici ? Le temps ne compte plus.La neige est partout.La forêt a disparu.On ne distingue plus que quelques troncs noirs enveloppés d’un épais matelas de coton. Soudain des chiens mènent, tout proche. Puis le silence. Un coup de carabine claque. On ne

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Histoires alsaciennes

d’œil, puis oblique brusquement à droite et coupe un étroit chemin forestier perpendiculaire à la ligne des postés. Il tire de plus en plus fort. La biche est là. Foudroyée. «Waidmanns Heil ! » «Waidmanns Dank ! » Nous laissons le tireur à sa joie et regagnons les véhicules pour rejoindre la cabane où le déjeuner nous attend. Au milieu de la clairière brûle un feu auprès duquel les traqueurs transis reprennent lentementdescouleurs.Àquelques mètres, le tableau de la matinée est déjà dressé.Il y a là deux sangliers, un chevreuil et un faon.Il ne manque plus que la bichequivientd’êtreretrouvée. Une tasse de café brûlant entre les mains ou un verre de riesling posé à côté, la chasse tout entière savoure un délicieux buffetdecharcuteriealsacienne et termine presque à regret un bol de soupe épaisse. Chacun revit la première grande traque de la journée.On se raconte des histoires en alsacien.Des rires fusent en cascade.Une jeune fille venue traquer en voisine traduit gentiment. Des images et des lumières qui auraient fait les délices de cet immense dessinateur qu’était Poortvliet. L’on repart.La neige ne tombe plus,mais,déjà la lumière baisse. Les lignes ont été refaites, les postés replacés. Dans le gris d’un crépuscule qui s’étire avec langueur,ventre au bois, j’attends la fin de la traque.Le froid est humide et pénétrant. Un sanglier,sans doute,a forcé le passage sur ma droite avant d’être tiré dans les broussailles. Mais à part ça, le silence le plus complet. Enfin les deux coups sont sonnés. C’est mon ami Jean-Christophe, toujours aussi chanceux décidément, qui a arrêté la bête noire dans sa course. Un beau tir. >>

APRÈS LA REMISE DES BRISÉES (CI-DESSUS), LES CHASSEURS SONT CONVIÉS AU CHALET POUR PROFITER D’UN APÉRITIF, SUIVI D’UN PLANTUREUX

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voit toujours rien. Le vent se lève, de plus en plus fort. Puis tombe brusquement. La neige crible le sol avec une incroyable netteté, un crissement léger qui emporte tous les autres sons. De longues minutes passent, et l’on espère encore. Puis les deux coups de fin de traque sont sonnés. Un à un, les autres chasseurs remontent vers moi. Nous prenons la route du retour. Deux postés contrôlent leurs tirs. « Je ne comprends pas, assure l’un d’eux. J’avais une biche parfaitement placée dans la lunette.Et je la vois distinctement accuser au moment du tir. Mais il n’y a rien.Pas un indice.» Tandis que la ligne continue à remonter,mon voisin croit distinguer une trace sombre sous la neige.Nous nous approchons, fouillons la poudreuse, puis le sol sous les sapins. Il y a du sang.Avec beaucoup de précautions,pour ne pas ruiner la recherche, nous avançons dans le sous-bois de quelques mètres à peine. En vain. Il faut attendre le chien de sang. Le tireur est anxieux. Le rouge de Bavière est là et prend très vite la voie. Il traverse le bois là où nous avions jeté un coup

CHACUN REVIT LA PREMIÈRE GRANDE TRAQUE DE LA JOURNÉE. ON SE RACONTE DES HISTOIRES EN ALSACIEN. DES RIRES FUSENT. DES IMAGES ET DES LUMIÈRES QUI AURAIENT FAIT LES DÉLICES DE CET IMMENSE ARTISTE QU’ÉTAIT POORTVLIET. 108

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par des soldats américains en mai 1945 dans les ruines du Berghof, la résidence d’Hitler dans les Alpes bavaroises près de Berchtesgaden. Les GI avaient d’ailleurs coupé quelques andouillers pour se faire des manches de couteau… Bruno, le partenaire qui a eu la gentillesse de nous inviter cette année me donne l’accolade. Il est heureux de nous recevoir dans ce lieu incroyable où tous ont travaillé depuis des semaines pour réussir cette journée. D’immenses saucisses fumées de sanglier passentdetableentable.Les sonneurs s’époumonent. Discrètement,Bruno et Didiernousconduisentparune portedérobéedanslasalleréservée aux partenaires. En haut, la soirée est alsacienne, ici, la fête est… anglaise. Nous n’en croyons pas nos yeux. Tous les murs sont lambrissés de bois sombre. L’éclairage est tamisé. Les cuivres du comptoir luisent doucement. La chasse de La Petite-Pierre a recréé de toutes pièces un vrai pub anglais ! Un bel islay en main, je me laisse tomber dans un fauteuil en cuir.Les“Cinq”sont hilares. Alain, un vigneron bourguignon habitué des lieux allume un cigare.“Hans” est là, lui aussi, paisiblement attablé devant un verre de pur malt. « C’est comme cela ici,explique Bernard en riant.Nous ne faisons rien à moitié ! » Dehors,la neige s’est arrêtée. Les fanfares sont assourdies.Le temps est au délassement. Demain, une autre chasse nous attend à quelques kilomètres d’ici,chezdesamisdespartenaires,nonloind’Adamswiller,dans le parc naturel des Vosges du Nord. Cematin,l’airestd’uneclartédeverre.Laneiges’estchangée en glace que le soleil fait scintiller. La route semble parsemée de cristaux.Didier qui nous conduit fait une halte in-

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Dans le faisceau des phares, les floconsdeneigedansent,uninstantsuspendus. La chasse est terminée.Le regardbrillant,unlargesourireauxlèvres, Didier,notre chef de ligne,nous invite à rejoindre le chalet de chasse de Sternthal,à quelques kilomètres de là,en pleine forêt. C’est une petite maison basse à colombages, recouverte d’un crépi clair. Sur des rameaux de sapin, le tableau de la journée est joliment disposé. Comme toujours, un agent de l’ONF vérifie minutieusement la dentition des cervidés prélevés. La rigueur, toujours… Les cinq partenaires sont aux anges et donnent les brisées aux tireurs. L’heure est à la joie. Les sonneurs du Rallye Trompes de la vallée de l’Eichel rendent les honneurs. Le moment est parfait. Je n’ai rien tiré, mais comment ne pas ressentir aussi cette émotion étrange d’avoir vécu la chasse malgré tout ? La réussite des autres devient la mienne quelques courts instants. À l’intérieur du chalet, la fête bat son plein. La salle paraît immense. Les dîneurs sont déjà montés à l’étage, tandis que l’apéritif s’étire au son des trompes.Partout sur les murs, des trophées. Il y a même les bois d’un grand cerf récupéré

CE MATIN, POUR LA SECONDE CHASSE, NON LOIN D’ADAMSWILLER, L’AIR EST D’UNE CLARTÉ DE VERRE. LA NEIGE S’EST CHANGÉE EN GLACE QUI SCINTILLE SOUS LES PREMIERS RAYONS DU SOLEIL.LA ROUTE SEMBLE PARSEMÉE DE MILLIARDS DE CRISTAUX. 110

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jourd’hui que des chevrillards. Déjà au loin, les chiens mènent. Sur la crête, un grand sanglier longe les roches noires. Je me serre contre le tronc du sapin. Mon pouls s’accélère. Les chiens sont tout prêts. Mais le kailer s’obstine à rester en hauteur. Refusant de s’engager, il fend la neige et passe devant notre ligne. Soudain,il est rejoint par un autre sanglier qui coupe le cheminetdisparaîtdel’autre côté des bois. Nous entendonsaumoinshuitcoupsde carabine.Jechercheleregard de mon voisin qui, comme moi, ronge son frein. Ce ne sera pas pour nous ce matin. Après plus de deux heures et demie de traque, la fin de battue est sonnée. Arrivés pour le déjeuner, les sonneurs virtuoses du trio Schann de Lautenbach vont enchanter la chasse. Postés au cœur de bois pour la seconde traque, nous pouvons entendre leurs fanfares. C’est aussi onirique que déroutant. Le trio porte chance à mon voisin de gauche qui a pu tiré trois beaux sangliers bien armés.Je me contente de regarder passer une bête noire qui pousse deux chevreuils devant lui à une quarantaine de mètres devant moi. Le tableau de la journée est impressionnant : vingt et un sangliers et sept chevrillards. Un sans-faute. Nous assistons aux honneurs. Le président a les larmes aux yeux. Il cherche ses mots, submergé par l’émotion. Presque tous les invités ont vu des animaux, une nouvelle fois les traqueurs ont prouvé leur savoir-faire et ceux qui ont eu la chance de tirer ont la délicatesse de dédier leur gibier à ceux qui n’ont pas eu d’occasions. L’Alsace n’a pas failli à sa réputation. ◆

À CHASSE EXCEPTIONNELLE, RÉSULTAT PLUSIEURS KAILERS SERONT TIRÉS.

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CI-CONTRE, LES HONNEURS RENDUS AUX ANIMAUX AU SON DES FANFARES DU TRIO SCHANN. C’EST AUSSI ONIRIQUE QUE DÉROUTANT. CEUX QUI ONT EU LA CHANCE DE TIRER ONT LA DÉLICATESSE DE DÉDIER LEUR GIBIER À CEUX QUI N’ONT PAS EU D’OCCASIONS.

dispensable à la charcuterie. Chaque village ou presque a la sienne et ses spécialités.Nousreprenonslaroute.Un dernier virage et nous voilà arrivés. Il faut faire vite,la plupart des chasseurs sont déjà prêts.Comme la veille, l’ambiance est aussi chaleureuse que stricte. Le ton estdonnéetlesconsignesclaires.Enquelquesminutesàpeine, les lignes sont constituées par les partenaires et tous les invités savent exactement ce qu’ils ont à faire.Le territoire couvre plusde800hectaresdeboisetdeplaineparfoismorcelés.Après une quinzaine de minutes de route, nous suivons un chemin forestier qui se termine en piste enneigée.Les postes sont situés en contrebas d’une crête que la traque poussera d’est en ouest. Le paysage est splendide.Un sapin abattu me sert d’écran. À quelques mètres, coule un ruisseau. La battue commence. Unbrocarddécoiffédescenddoucementlespentes.Àpaslents, illongeensilencelalignedesarbres.Parfois,ils’arrête.Croyant sentir l’homme,il fait brusquement volte-face,puis se ravise. Il hésite à franchir le ruisseau.Ce chevreuil n’a rien à craindre et peut passer tranquillement : nous ne pouvons tirer au-

UN BROCARD DÉCOIFFÉ DESCEND DOUCEMENT LES PENTES.À PAS LENTS, IL LONGE EN SILENCE LA LIGNE DES ARBRES. PARFOIS, IL S’ARRÊTE. CROYANT SENTIR L’HOMME, IL FAIT BRUSQUEMENT VOLTE-FACE, PUIS SE RAVISE. IL HÉSITE À FRANCHIR LE RUISSEAU. 112

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JUI N


Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Olivier Morel d’Arleux

Te r r i t o i r e

Une terre familiale en Brie

◆ Près de Provins en Seine-et-Marne, depuis maintenant une quarantaine d’années, une famille d’agriculteurs veille jalousement sur “ses” perdrix, avec succès. Au prix de multiples aménagements judicieux, d’un piégeage constant et d’une pression de chasse raisonnable.

Ce qui frappe au premier regard dès que l’on aborde la propriété de Bertrand de Bisschop àVulaines-lès-Provins (Seine-et-Marne), c’est le nombre de buissons de forte taille (10 mètres sur 2 et 1,50 de haut !) bordant la plupartdescheminsdeterre : plus d’une centaine.Dans ce paysage d’hiver, rude, dans cette plaine battue par les vents, tout autour de petites masses brunes sont regroupées, blotties les unes contre les autres. Les compagnies de perdrix grises sont là ;une vision dont on a du mal à se détacher tant elle est, hélas, trop rare.

« Les perdrix,à l’ouverture, onencomptaitenvironprèsde30 couples aux 100 hectares,ce qui représentaitenviron500oiseaux, sur les 485hectares de l’exploitation », précise Bertrand de Bisschop.Encore une fois,au risque de se répéter depuis la créationdeJoursdeChasse,leur présence n’a rien d’une quelconque chance, ni d’un heureux hasard. On le devine, les perdrix, “ses” perdrix sont une fierté, tant il est vrai que sa famille veille jalousement sur elles, presque comme des amoureux transis depuis maintenant 1958 quand cette exploitationavaitétéacquisepar

son père. Un père, chasseur passionné, qui gérait son domaine avec minutie,profitant d’uneabondancedegibiernaturel, comme la quasi-totalité des exploitations de la région. Sur le plan cynégétique,la Brien’avaitrien,eneffet,àenvier à la Beauce.« C’était une périodebénie,oùiln’yavaitrien à faire pour avoir perdrix et lièvres d’une saison à l’autre, sauf à ne pas trop prélever.Les années à 250 perdreaux tirés étaient monnaie courante », se souvient-il,alors qu’il n’était qu’enfant.C’était avant la révolutionagricole,avantlesannées de grande disette, celle

des années 1970-1975. En 1976,Bertrandetsonfrèrereprennent l’exploitation (qui serapartagéeendeux),etBertrand assure la gestion cynégétique de l’ensemble cette même année. « Un moment pas vraiment idéal », reconnaît-il. En apparence, rien n’avait changé depuis l’époque de son père. Les buissons existaient déjà, un garde veillait au piégeage régulieretàlatranquillitédes lieux, au sauvetage des œufs de perdrix (les œufs étaient couvéssouslespoulesnaines, élevés par ces mêmes poules, puis réintroduits sur le territoireà10semaines).Uneges-

COMPAGNIE DE PERDRIX. LE GIBIER KEITH M LAW/ALAMY

EMBLÉMATIQUE DES GRANDES PLAINES CÉRÉALIÈRES A SOUFFERT DE LA RÉVOLUTION AGRICOLE.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013


PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX

tion, on ne peut plus saine, mais qui n’a pas suffi face à la brutalité de la révolution agricole. Comme presque partout dans les grandes plaines céréalières,lepetitgibierferafigure de martyr et, en premier lieu, la perdrix grise, si sensible à toute modification de la biodiversité. Ce fut d’abord les remembrements des années 1960 qui augmentèrent la surface des emblavures,diminuantd’autant les effets de bordure, si propiceetsiindispensableàlareproduction.Cesborduresfurent un peu plus malmenées avec – pour accroître les surfaces ensemencées – la raréfaction des chemins enherbés, l’arasement des haies, voire le comblement des points d’eau jugés inutiles. Tout ceci au mépris des besoinsdelafaunesauvage.Qui plus est, le productivisme agricole contraignit les agri-

BERTRAND DE BISSCHOP, PROPRIÉTAIRE. “SEULE UNE ATTENTION RIGOUREUSE À TOUTES LES COMPOSANTES TOUCHANT À LA SUBSISTANCE DU PETIT GIBIER S’AVÈRE PAYANTE.”CI-CONTRE

ET AU-DESSUS,

PERDRIX GRISES À

PROXIMITÉ D’UN DES CENT BUISSONS QUI

LES PROTÈGENT DES PRÉDATEURS AILÉS.

culteurs à utiliser en excès certains produits phytosanitaires,guèrecompatiblesavec le maintien de la petite faune, à employer des appareils de récoltedeplusenplusrapides – ne laissant pas beaucoup de chances aux jeunes perdreaux et aux levrauts. Et pour couronner le tout, les chasseurseux-mêmesopérèrent des prélèvements excessifs sur leurs populations de perdrix, entamant le capital saison après saison. Le territoire des Bisschop n’échappa pas à cette révolution mais, heureusement, grâce à une gestion de “bon père de famille”,la perdrix ne

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disparut pas,même si les densités furent sévèrement touchées,à l’image de l’évolution dutableaudechasse :250perdrix tirées à la fin des années 1960,àpeineunecinquantaine au début des années 1980. « À l’insouciance du temps passéquipermettaitbonanmal an de récolter un gibier naturel abondant,ilfallutsepenchersur les causes de la désertification et y remédier.En réalité,seule uneattentionrigoureuseàtoutes

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les composantes touchant à la subsistance et à la survie du petitgibiers’avérapayante.Certes on cultive toujours du blé, de l’orge, du maïs, des betteraves et de l’herbe,mais autrement », confie Bertrand de Bisschop. Et de souligner que pour maintenir et faire croître une population de perdrix, il fallut « recréer des biotopes favorables ». « Dès le début, nous avons décidé de revoir le parcellaire

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Sur le terrain PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - TBKMEDIA.DE/ALAMY

Sur le terrain

des cultures pour avoir une chance de réussite »,poursuitil. Concrètement, une emblavure de 50 hectares a été partagéeenson milieu par un semis d’une autre culture pour constituer un damier diversifié, préférable à une parcelle de 60 ou 70 hectares d’un seul tenant. Ainsi, aujourd’hui, l’exploitation af-

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fiche un parcellaire d’une vingtaine d’hectares en moyenne. « Certes cela représente une organisationdutravaildifférente et plus compliquée,mais les effetsdebordureseretrouventmultipliés et favorisent grandement la nidification »,explique-t-il. Car il faut toujours avoir à l’esprit qu’une perdrix ne

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UN AGRAINOIR “VISITÉ” PAR UN GRAND ANIMAL ET, AU-DESSUS, PERDRIX GRISES PIÉTANT. LES AGRAINOIRS SONT SUPPRIMÉS D’AVRIL À OCTOBRE. CI-DESSOUS, UN LIÈVRE : 130 SONT TIRÉS PAR AN.

niche jamais au milieu du champ mais en bordure. Les aménagements ne se sontpasarrêtéslà.Afindedissuader les prédateurs ailés – les busards principalement – d’attaquer les compagnies de perdrix, Bertrand de Bisschop a créé des zones de refuge éloignées de moins de 200 mètres entre elles, pour permettre aux oiseaux poursuivis de se mettre à l’abri le plus rapidement possible. «Avec la suppression des haies, l’implantation des buissons est obligatoire »,constate-t-il.

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Touslesbuissons,établissur une bordure de chemin,comportent un élément solide,un if ou un charme,avec une périphériebuissonneuse,dense, bienfourniaupied.Pourdonner le maximum de chance auxoiseaux,ilsdoiventêtreimplantés tous les 100 mètres et, entre deux, des cultures dérobées ou des bandes enherbées non traitées sont semées. En outre, un agrainoir extérieurcomplètel’installation. Chez Bertrand de Bisschop, ils sont au nombre de 150 qui font les délices des passereaux, des perdreaux,des lapins,des lièvres,mais aussi des pigeons,descorneilles et autres profiteurs de la nature. L’agrainage est supprimé d’avril à octobre car, estime-til, « à la belle saison,les oiseaux doivent se débrouillerseuls,lanourritureétant abondante dans les champs, mais,dès l’automne,les agrainoirsaiderontàstabiliserlescompagnies trop souvent sollicitées par les chasses voisines ».Bertrand de Bisschop veille luimêmeàleurbonentretienlors de sa tournée matinale et contrôle les pièges.Une tournée qui lui prend une heure par jour mais qui est indispensableàsesyeuxpour«sentir » son territoire. Le piégeage ? Il est bien sûr constant.D’ailleurs,il a formé unjeunequi,depuisdeuxans, estpiégeuragréé.C’estenpremier lieu le renard qui est éliminé avec des pièges à lacets “autasdefumier”etdescages – au nombre de trois – équipéesd’uncompartimentpour un pigeon vivant.Mais,là encore, notre agriculteur-chas-



Sur le terrain

PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX

Sur le terrain

LAPIN DE GARENNE : UNE CENTAINE COMPLÈTE LE TABLEAU DE CHASSE ANNUEL.

CI-DESSUS, UNE VUE

DU TERRITOIRE OÙ L’ON DISTINGUE LES FAMEUX BUISSONS IMPLANTÉS ENVIRON TOUS LES

seur se veut mesuré,répétant qu’il n’est « pas question d’éradiquerlerenardcarilestutilepour réguler les campagnols ou les oiseaux déficients,c’est une question d’équilibre ». Au total, ce sont en moyenne,15 renards, 6 fouines, quelques mustélidés, 12 pies et 50 becs droits –si impitoyables pour les nids etlesjeunescouvées–quisont supprimés chaque année. C’est à ce prix que la petite faune sédentaire a fait bien plusquerésister.LesBisschop sont aussi aidés par les exploitations voisines qui, elles aussi, font des efforts de gestion (dans le cadre du GIC Brie champenoise dont l’exploitation des Bisschop fait

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partie). Les lièvres sont en grand nombre (« nous avons vu la différence depuis que nous piégeons avec constance le renard ») : un récent comptage fait état de 20 sujets selon l’indice Ika (indice kilométrique d’abondance), ce qui représente environ près de 400 capucins sur la chasse. De son côté,la perdrix grise se porte plutôt bien,mais avec des densités de population très fluctuantes. Malgré les aménagements, on constate, d’aprèslesstatistiquesétablies depuis 1979, des variations de populations du simple au double selon les saisons (de 15 à 30 couples aux 100 hectares).Cela est dû principale-

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100 MÈTRES.

ment aux conditions climatiquesdéfavorables,soitunhivertroprigoureuxouunprintemps trop humide ou froid à l’éclosion des couvées à la fin mai, ou encore à un gros orage en juin, noyant les petits sous des trombes d’eau. À partir de là, le dernier maillon pour réguler les populations à la disposition du gestionnaire reste la modulation des prélèvements effectués par la chasse.Tout se décide avant l’ouverture par l’échantillonnage (nombre de petits par poule) pour vérifier la qualité de la reproduction.La saison dernière,celleci était moyenne,soit 5 petits par poule (rappelons qu’à moins de 3 petits par poule, le renouvellement des générations n’est pas assuré). Chez les Bisschop,une battue par an est organisée pour

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la famille et les amis,qui prélèvent environ 100 perdreaux et jusqu’à 130 lièvres conformément au plan de chasse (obligatoiredepuis2010).Une centaine de lapins s’ajoutent autableau,tirésàlabillebaude en fin de saison. Que retenir de cette gestion qui dure depuis plus de trente ans ? Qu’en matière de perdreaux, rien n’est jamais gagné, même si le parcellaire aétéaménagé,lepiégeagesuivi et la pression de chasse raisonnable. Il suffit qu’un seul de ces éléments manque ou que des conditions climatiques exécrables pour que la population s’effondre. Bertrand de Bisschop ne cache pas son plaisir plus à contempler ces oiseaux sauvages et naturels qu’à les aligner sur le tableau annuel de la saison. « Pendant la battue, j’ai peine à les voir tomber et je me réjouis lorsqu’ils s’échappent»,concède-t-il.Mais d’un autre côté,il sait que prélever estunenécessitépourlabonne tenue d’une population sédentaire. ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Humbert Rambaud

Du côté des chiens…

Le Saint-Germain, braque confidentiel

◆ D’une diffusion restreinte, peu connu, ce demi-sang anglo-français est le fruit des amours de braques français et de pointers au XIXe siècle. Qui a su garder ses spécificités physiques et cynégétiques.

On enregistre en France entre 50 et 60 naissances par an quand le pointer en affiche 1 500 et le setter anglais et l’épagneul 5 000.

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Aux yeux des amateurs même bien éclairés,il est des races de chiens qui suscitent de nombreuses interrogations et une certaine perplexité.Le braque Saint-Germain est sans nul doute de ceux-là. Au premier regard –et même au deuxième!– sur ce chien d’arrêt à poil ras,bâti comme un athlète de haut niveau, le doute n’est presque pas permis : c’est un pointer, peut-être un peu étoffé par rapport à ce qu’on a coutume d’observer, mais un pointer tout de même. La méprise, fréquente et pardonnable, montre combien la frontière est ténue entre ces deux races, alors même que celle du braque Saint-Germain n’a rien du fantôme d’Elseneur.Dans les traités,encyclopédies et autres ouvrages spécialisés, tout au plus quelques paragraphes, quand ce n’est pas quelques lignes, que cela soit dans la Chasse (remarquable ouvrage paru en 1954 chez Larousse), chez Joseph Oberthur dans sa grande fresque sur les chiens d’arrêt, ou plus proche de nous,dans l’excellent J’éduque et je dresse mon chien d’arrêt de Max Carli. Au vrai, cette méconnaissance s’explique d’abord par les chiffres. « Lorsqu’on s’arrête un instant sur le nombre de naissances,on constate qu’en effet, c’est une race confidentielle », souligne Catherine Fauquembert, la présidente du Club du braque Saint-Germain depuis 3 ans. Ainsi, au cours des cinq dernières saisons, le Club a enregistré entre 50 et 60 naissances par an ; à titre de comparaison,le pointer affiche, lui, 1 500 naissances, tout comme le braque alle-


PHOTOS : CATHERINE FAUQUEMBERT

PHOTOS : JEREMY PARDOE/ALAMY - ALAIN DAMPÉRAT

Catherine Fauquembert, présidente du Club du braque Saint-Germain. Même si leur silhouette reste très britannique, nos braques sont d’un aspect plus lourd que le pointer. Leur robe, toujours orange et blanche, se différencie de celle de leurs cousins anglais.

mand.Quant au setter anglais et à l’épagneul breton,ils enregistrent plus de 5 000 naissances chaque année… Dans ces conditions,on comprend mieux pourquoi le braque Saint-Germain ne reste un chien apprécié que par une poignée d’amateurs, à telle enseigne, regrette Max Carli « qu’il doit se battre pour survivre ». Cette confidentialité, le braque Saint-Germain l’a toujoursplusoumoinsportée en lui.« C’est un demi-sang anglo-françaisausensstrict»,écrit Ronan de Kermadec dans la Chasse. « C’est ouvertement un demi-sang anglo-français,et il le porte à merveille avec… une indéniableélégance»,affirmede soncôtéMaxCarli.Enréalité, pour simplifier, notre braque

est à mi-chemin du braque français et du pointer. Bien qu’ilfailleêtreprudentenmatière d’apparition et de fixation des races de chiens, il semble que notre braque remonte au XIXe siècle, avec cetteparticularitéd’êtred’origine royale. En effet, notre chien est le fruit des amours de braques français (qui descendaient eux-mêmes de ces braques très appréciés sous et par Louis XV,comme l’attestent les portraits d’Oudry etdeDesportes)avecdespointers. La difficulté est de savoir quand et comment ? Les historiens s’accordent à dire que l’affaire s’est faite sous Charles X. Ainsi, l’histoire la plus communément admise veut que ce passionné dechasseavaitchargésonpre-

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mier veneur (M. de Girardin) d’acquérir un couple de pointersanglais,MissetStop, qui firent fureur, rapporte M.de la Rüe,« par une grande finesse de nez,une grande élégance de forme et une incontestable distinction ». Il est indéniable que la découverte des pointers fut presque une révélationcar,enFrance,comme chien d’arrêt à poil ras il n’y avait que les braques français, braques d’Auvergne, plutôt lourds,à la quête lente et au nez assez court. Aveclepointer,Girardindécouvreunchienplusléger,plus rapide et de haut nez,résultat du génie des éleveurs britanniques. À l’exil de Charles X en 1830, Miss et Stop furent confiésaubarondeLarminat, inspecteur des forêts à Com-

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piègne. Le chien Stop mourut très vite, mais la chienne Miss fut saillie à plusieurs reprises par un certain Zamor, « un très beau braque français, blancetmarron,appartenantau comte de l’Aigle », explique le Club du braque Saint-Germain. De cette union, des chiots à robe blanche et orange virent le jour. Cette descendance,lemarquisdeCherville (1819-1898) les évoquera à maintes reprises (il collabora longtempsauJournaldeschasseurs et à la Chasse illustrée), se souvenant de chiens d’assezgrandetaille,trèsélégants, de haut nez, à la quête brillanteetplusétenduequecelle desbraquesd’alors…Àl’origine,ayant vu le jour à Compiègne, nos chiens prirent

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Sur le terrain

PHOTOS : CATHERINE FAUQUEMBERT

Sur le terrain

Braques Saint-Germain à l’arrêt, au bois (ci-dessus), en plaine (ci-dessous à droite) et au rapport d’un faisan vénéré. Leur biotope de prédilection reste la plaine, mais le fourré et la ronce ne les rebutent absolument pas.

d’abordlenomdebraquesde Compiègne ;maislorsqueles chenils déménagèrent à Saint-Germain-en-Laye à l’ouest de Paris, « la race prit définitivement le nom de braque Saint-Germain ».Au cours du

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XIXe siècle, la race se développe, acquiert ses lettres de noblesse. Elle est ainsi présente à la Ire Exposition caninedeParisen1863 ;ellesera vueplustard,àOstende,àAnvers,àAmsterdam.Mêmes’il n’estguèrefaciled’existeraux côtés des deux “monstres” britanniquesquesontlepointer et le setter,de montrer ses différences avec ses cousins braques français au sens géographiqueduterme,leSaintGermain se fait une place in-

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déniable et obtient un vrai succès, bien plus qu’un succès d’estime. On loue dans ce « pointer français » sa finesse de nez. « Chien élégant etbienproportionné»,peut-on lire dans la Chasse moderne, autre“Bible”cynégétique,parue avant 1914. M. Delagrange, qui fut, en 1913, à l’origine de la créationduclub ledéfinitcomme « le compagnon tout indiqué du chasseur n’ayant qu’un seul chien, ne chassant qu’une ou

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deux fois la semaine et ne pouvant donner ou maintenir à son collaborateur le dressage sévère et impeccable au chien de race anglaise… ». On ne saurait faire de meilleure“réclame”, même si on peut tout de même faire remarquer que tout chien demande du dressageetlemaintiendecemême dressage…Desoncôté,Oberthur était plutôt sévère à leur encontre : même s’il leur reconnaît un « assez bon nez »,il leur reproche « une résistance à la fatigue limitée, des pieds tendres et un caractère souvent timide et boudeur » ! Il est certain qu’au fil des décennies,et jusqu’à aujourd’hui, la place du braque Saint-Germainatoujoursété exiguë. Il n’a jamais cessé de subirlaconcurrencedupointer – ses partisans expliquant qu’ils préféraient l’original à la copie –, puis plus récemment celle du braque allemand–jugépluspolyvalent–, voire celle, depuis quelques années, du braque de Weimar (qui affiche presque autantdenaissancesquelepoin-


ter !), qui bénéficie, sans aucun doute, d’un phénomène de mode. Bref, d’une manière brutale, on est en droit de se poser la question sur la justification même de cette race. Pourtant, lorsqu’on côtoie ces chiens, lorsqu’on les voit chasser,ils ont toute leur légitimité et leur spécificité, et ne font aucunement “doublon” avec une autre race. Il est vrai que le problème n’était pas facile à résoudre. De toute évidence, le braque Saint-Germain ne peut être assimilé à son parent anglais, le pointer. Physiquement, même si sa morphologie, sa silhouette, reste très “britannique” ;il est d’un aspect plus lourd,plus massif, moins“sec”que le pointer que nous connaissons. Sa robe est toujours orange et blanche, ou plus exactement « fauve à panachure blanche », c’est-à-dire que le blanc doit être envahissant (rappelons que le pointer peut être blanc et noir,orange et blanc,noir, sable…). Sa tête, même si elle est fine, est très “continentale” ; les oreilles sont attachées plus haut, le stop est moins marqué. « En fait,tout est plus adouci par rapport au pointer »,constate Catherine Fauquembert. Du côté de ses qualités physiques,le braque

Jours de C HASSE ◆

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Retrouvez-nous R ettrouv vez ez-nous

Saint-Germainmarqueparfaitement son territoire par rapport au pointer. Il a sans conteste“moins de gaz”que leseigneurbritannique.Aussi,laquête sera – en principe – moins étendue, et fera donc moins peur à des chasseurs. C’estbienet,surtout,unequestionde caractère.Aux dires des propriétaires interrogés,c’est un chien souple,qui, de ce fait, mérite une certaine prudence. « Son dressage ne pose pas de problème, à la condition d’y aller en douceur,car si vous faites preuve de trop de fermeté,il se braquera, perdra confiance, restera dansvosjambesdepeurdemalfaire.Bien que cela ne soit pas l’évidence même chez ce type de chiens que l’on juge très “froid”,il ne pense qu’à une chose vous faire plaisir »,témoigne des chasseurs. Dès que la confiance est établie, il faitmerveillepresquepartout.Certes, son biotope de prédilection est la plaine, supportant bien la chaleur, mais, pour en avoir vu au travail, le fourré et la ronce ne le rebutent absolument pas,mais,prévientMaxCarli,«évitons-luil’eau par grand froid ». L’undesgrandsdéfisdesdirigeantsduClub estdegardercettesouplessedecaractère,tout en préservant les qualités esthétiques. La chance du braque Saint-Germain, c’est de n’avoir jamais été à la mode (au contraire d’autres races comme le setter) et d’être utilisé pour son immense majorité par des chasseurs,donc d’avoir évité une dérive vers l’exposition, ses qualités cynégétiques ont ainsi été protégées. Un défi guère évident,car pour ne pas dégénérerlarace(vusonpetitnombre),certains éleveurs ont fait et font de la retrempe avec du pointer (une démarche parfaitement autorisée, le braque Saint-Germain étant un demi-sang).Catherine Fauquembert assure ne choisir « exclusivement que des étalons ayant un caractère souple, et un physique assez osseux,et idem chez les ascendants ». C’est à ce prix qu’il restera une race de chien de chasse à part entière. Comme l’écrit avec perspicacité Max Carli : « Souhaitons qu’il ne tombe pas entre les mains du grand public qui ignorerait ses qualités de chien de travail.» ◆

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Braques à l’arrêt. Leur dressage demande beaucoup de douceur, sauf à risquer de perdre leur confiance.

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite photos Patric k Iafrate

Armurerie Élysées

La chasse dans la peau

◆ Thomas Halphen a repris l’Armurerie Élysées en 2010. Il y propose des armes et des services traditionnels. Mais, dans ses collections, l’amateur peut aussi dénicher un modèle d’arme introuvable ou comparer le style d’un fusil à platines anglais à celui d’un belge. Découverte.

A

ujourd’hui, un brin nostalgique, nous retrouvons le quartier de Saint-Philippe-du-Roule. En trente ans de vie parisienne, pour un livre de chasse, pour un fusil…, nous y sommes allé des dizaines de fois. Il nous semble encore entendre le carillon de la lourde porte vitrée de l’ancienne librairie de Montbel,annonçantnotrevisiteàmademoiselle Frachon alors propriétairedecetteinstitution.Au retour,presquemachinalement, nos pas nous portaient vers une seconde adresse proche et indissociable à nos yeux, l’ArmurerieÉlysées.AlorslarueduFaubourg-Saint-Honoré sorte de

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Yang-tsé-kiang faisait office de trait d’union entre la rue PaulCézanne et la rue du Commandant-Rivière. Ce matin, face au numéro 6, rien ne semble avoir changé depuis 1971, l’année de la fondation de l’armurerie parPaulDubois.Cocasseriedes dates,c’estl’annéedenaissance de Thomas Halphen, lui qui depuis octobre 2010 est aux manettes de l’armurerie. Comme d’habitude, comme autrefois, nous jetons un œil à travers la vitrine à gauche de la ported’entrée.Jeunechasseur, nous nous assurions ainsi de la présencedePaulDubois.Aucas où il ne serait pas occupé avec

Jours de C HASSE ◆

un client, nous forcions notre timidité pour franchir le seuil de la porte. Juste pour le plaisir de humer l’air chargé de fragrancesoniriques,pourrapporter un peu de rêve des râteliers, commelasimplevisiondecette carabine express Browning. Et qui sait… même si l’armurier n’est pas dupe de l’inexistence de nos moyens financiers, dans un élan de générosité nous déposera-t-il entre les mains cette carabineCCS.« Avec sa double paire de canons 9,3x74 et son calibre20magnum,c’estl’arme idéale du chasseur voyageur », disait-il. Religieusement nous écoutions Paul Dubois. Las, il

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nous faudrait encore patienter avant de découvrir la Pologne aveccettearmequasifabuleuse. Ils sont toujours là, les magnifiques râteliers en bois Belle Époque.Ilsornenttoujourschacun des deux murs latéraux de la boutique. Depuis la rue, clin d’œil du destin, nous distinguonsaubeaumilieudesarmes Thomas Halphen au cœur de son “écrin” d’armes. Et, à gauche, la façade gris pastel de l’armurerie située dans le VIIIe à Paris. Une fois la porte franchie, l’air chargé de fragrances oniriques vous envahit et ne vous lâche plus.


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Sur le terrain Sur le terrain

Vérification avec un client de la bonne conformation d’une carabine express. Christian Poëncin – armurier avec lequel travaille Thomas Halphen – vient d’adapter à l’arme un viseur à point rouge.

rutilantes, une express Browning. Tout juste le “bouton de sonnettetiré”,depuislalumière tamisée du fond apparaît la silhouette de Thomas. De cette énergiedontilsemblejamaisdevoir se départir, il traverse la pièce pour aussitôt nous ouvrir. Avant d’être armurier, et l’un ne devrait pas aller sans l’autre, Thomas est un cynégète averti. Au vrai, il suffit d’évoquer le domaine familial situé à La Chapelle-en-Serval dans l’Oise. Ici même où son arrière-grandpèreFernandHalphen,legrand compositeur dont on admire le portraitaumuséed’Orsaypeint par Renoir, choisit de construire en 1908 un relais de chasse. Un cadeau pour Alice sa jeune

épouse. Et la meilleure manière d’assouvir sa passion de la chasse. Hélas, le bonheur sera de trop courte durée pour l’au-

Dans cette valise, le Graal de bien des chasseurs : une triplette espagnole Garbi platines Holland. L’expression la plus pure de la splendeur de l’artisanat ibérique d’Eibar. “Avec trois fusils, dans les grandes battues anglaises, la triplette est une garantie en cas de rupture de l’un des ressorts de platine…”

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Jours de C HASSE ◆

teur de l’opéra le Cor fleuri, qui, capitaine, tombera pour la France en 1917. Sonindéfectiblepassionpour lenobledéduit,Thomasl’aaussi héritée de ses deux grandspères et de son père. Son baptême du feu, il le connaîtra en compagnie de son grand-père maternelle qui lui fit tirer un merle avec son “12”. Mais son père lui transmettra le virus de la chasse et celui des petits calibres. «Gamin,àParisjeconservais dans la poche quelques douilles en carton dont l’odeur me rappelait les haies de l’Oise. J’attendais le prochain weekend pour poursuivre les grives avec mon Kerné calibre 24 à la saignée du coude… » Alorsoncomprendbienpourquoi, là-bas sur cette terre où s’établit le chaînon entre les générations il devient complètement un homme de chasse, une sortedeversioncontemporaine

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deJeanTadorne,lehérosdeVialar. Pour s’en convaincre, il faut voir cette lumière qui anime ses yeux quand il imite les jappements caractéristiques de Rangoun son springer à l’envol d’unebécasse.Oudansunepartition de notes différentes, ce solitaire dont « Rangoun est capable de maintenir au ferme une demi-heure ! » Pour cela et pour bien d’autres raisons, l’armurerie dans laquelle nous venons de pénétrer n’est pas une armurerie ordinaire. Le plaisir des yeux est là grâce à cette paire de candélabres électrifiés du XVIIIe siècle en bronze doré sur le thème de la chasse. Un souvenir de son grand-père. C’est encoreceparfumd’encaustique fixé par celui de l’huile de lin des crosses et de la graisse des bascules.Spontanément,si nous ne l’avions pas compris, nous découvrons ici la demeure


d’un chasseur où les beaux-arts delachassenesontpasdevains mots, un vrai cabinet d’armes. Autour du présentoir vitré central, à la cimaise, elles sont légion dans l’attente d’un bras dont elles deviendront le prolongement. Comme le fusil de Jean Tadorne était devenu au fil du temps “un organe supplémentaire”, à telle enseigne qu’ill’oubliaitdanssamainpour devenir un élément d’équilibre de son corps au cours de sa marche sur la plaine. « Aujourd’hui je dispose d’un stock de 250 armes de toutes catégories, décrites sur mon site Internet… », précise Thomas avant de s’interrompre en découvrant ma main caressant les boiseries du râtelier. Encore une « pièce de collection puisqu’elle a fait l’Exposition universelle de 1900 ». Peut-être a-t-ellevupasserFulgenceBienvenue quand, cette année, il

Cuir Alexandre Mareuil et beaux vêtements “mais d’abord efficaces” credo de Thomas Halphen dans le choix des accessoires proposés.

inaugurait la ligne 1 du métro entreNeuillyetVincennes.Peutêtre aussi Mc Kintosh l’Australien, lui qui remportera cette même année le titre olympique du tir au pigeon au Cercle du bois de Boulogne et doubla le titre avec l’épreuve de chasse à l’arc appelée “game shooting”… Une chose est certaine lors de cette Exposition dont le thème était “Le bilan d’un siècle”, l’armurier Fauré Le Page,présidentdujury,étaitaux premières loges pour apprécier cet écrin de bois.

Jours de C HASSE ◆

Onl’imagine,laproprehistoire de Thomas est plus récente. Et c’est Alain Drach – il dirige aujourd’hui Artumès– qui lui mettra le pied à l’étrier et cela n’a rien d’une métaphore lorsque l’on connaît la passion équestre ducélèbremaîtred’équipagede LaFutaiedesamis.Thomassera reçu et adoubé au retour de son service militaire par Alain Drach alors directeur parisien de Holland&Holland. «Jevousprends comme vendeur, essayez de fairevotretrou,etsivouslefaites bien… »

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Aujourd’hui, Thomas est reconnaissant de cet apprentissage « à l’école de l’excellence Holland ». Mais, même si un posteàresponsabilitévientcouronner son travail, il quittera l’avenue Victor-Hugo à contre cœur.Parcequ’ilaconsciencede la nécessité de renforcer encore ses connaissances pour mener à bien son rêve secret, ouvrir sa proprearmurerie…Danscebut, aux compétences techniques anglaises,ilvaenajouterdenouvelles, italiennes. Surtout en acceptantladirectiondelaBeretta Gallery,ruePierre-Charron,ildevient presque autonome. Il ne lesaitpasencore,maisvoilàcomment il découvrira celle qui deviendra “son” armurerie. Ilconnaissaitcetteadresse,car l’armurier de la boutique Beretta, Éric Mangenot, effectuait les interventions pour elle. De plus, la maison Beretta, ne souhaitant pas reprendre d’armes

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Sur le terrain Sur le terrain

Le style liégeois dans son acception la plus pure avec ces trois Lebeau Courally (un solo et une paire, aux sobres platines jaspées). Et une arme stéphanoise équipée d’un canon de calibre 20, plus un canon de 9,3x74R. Gravure à fond creux réalisée par Élisabeth Da Justa.

d’occasion, envoyait ses clients à l’armurerie la plus proche des Champs-Élysées. « Élysées, un nom à ne changer sous aucun prétexte », s’amuse Thomas, lui le “vétéran” de Holland. En effet dans l’idée de beaucoup de clients, notamment étrangers, ce nom sonne comme une sorte de “royal warrant républicain”. Àl’entamedelatroisièmeannée fiscale (« la plus difficile » selon notre hôte), la réussite est réelle et le chiffre d'affaires progresse de manière constante. Naturellement,danscetécrin, les belles armes sont ici chez elles. C’est le cas de cette .375 H&H avec sa plaque de couche rouge.Oùencorecettetriplette Mahillonlefournisseurdelacour de Belgique ; celle-ci encore espagnole de la marque Garbi entièrement réalisée à la main. « Avec trois fusils, dans les grandesbattuesanglaises,latriplette est une garantie en cas de rupture de l’un des ressorts de platine », rappelle-t-il. On ne peut s’empêcher de penser au roi d’Espagne AlphonseXIII ca-

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pable de tirer 5 perdreaux à la file avec ses trois fusils. L’ArmurerieÉlyséesdistribueuneautre marqueespagnoleGrulla,l’équivalent ibérique des grands anglais ou de Granger. Grulla possède le royal warrant de Juan Carlos dont personne ne peut ignorer qu’il a lui aussi hérité de son grand-père le démon de la chasse. Il ne faut pas s’imaginer un stock constitué d’armes à l’unique destination de collectionneurs ou de chasseurs à la bourserebondie.Enamateurde calibres horlogers à complication, Thomas propose aussi des raretés presque bon marché comme cet Anson à 2 400 euros avec son mécanisme de verrouillage Aiglon. S’il est finalement « relativement facile » lorsque l’on a à la fois les compétences et l’âme d’un chineur de débusquer quelques belles armes, il en va tout autrement du calibre. Phénomène de mode s’il en est, aujourd’hui le choix des petits calibres est largement inférieur à la demande. Voilà pourquoi

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ce « profil bas signé Fernand Thonon à Liège 1949 avec ses platines gravées de Smeets est presque introuvable aujourd’hui ». Pour cette merveille armurière, l’équivalent d’un Francotte, le client perfectionniste avait poussé le vice à commander deux jeux de canon, deux crosses. Non seulement mais encore chose étonnante, 2 platinessupplémentairesdécorées d’une gravure identique. En cas de panne, on n’est jamais assez prévoyant… On remarque aussi au râtelier des armes neuves,lesclassiquesBrowning, Beretta superposés et l’incontournableChapuisProgressjuxtaposé lisse ou rayé. Puisque une armurerie sans ateliernesauraitêtrecomplètement une armurerie, Christian Poëncin a en charge la bonne santé mécanique du stock de Thomas et des armes de ses clients. Pour une adaptation de lunette, le réglage d’un départ, un poncé-huilé de crosse… Christian effectue régulièrement la navette entre son ate-

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lier des Yvelines et le 6, rue du Commandant-Rivière. Avec la fin de la saison de chasse, l’activité de la boutique devraitunpeuralentir.Uneautre saison commence alors au printemps pour Thomas, il endosse alors son costume d’expert. De succession en évaluation de patrimoine, il se voit aussi proposer parfois des armes. Bien sûr cetteactivitécontribueàalimenterlestockdelaboutique.Dans le même esprit, à l’automne il devraitêtreundesacteursd’une grandevented’armesdechasse dont les Anglais semblaient jusqu’àprésentavoirlemonopole. Pourcerendez-vousexceptionnel, Thomas Halphen officierait commespécialistepourMe Cornette de Saint Cyr… Une autre ◆ aventure commence. Armurerie Élysées, 6,rue du Commandant-Rivière, Paris VIIIe. Tél. : 01.43.59.45.71 ou 06.07.98.15.15. Sur Internet : www.armurerie-elysees.com


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par Alain de l’Hermite

Essai Carabine Merkel RX. Helix

L’art et la manière allemande

◆ Depuis 115 ans, Merkel n'a de cesse d’inventer. Une vingtaine de nouvelles armes rien que ces cinq dernières saisons. Pas moins. À l’image de cette emblématique RX. Helix.

S

ouvenons-nous, en mars 2010, la carabine Merkel RX. Helix représentait l’une des grandes attractions du salon international de Nuremberg, le célèbre Iwa. Les ingénieurs de Merkel proposaient aux chasseurs “l’arme de chasse du XXIe siècle”, pas moins. Sur le papier, cette arme révolutionnaire était parée de toutes les vertus : culasse linéaire et take-down à la fois, moins de 3 kilogrammes sur la balance, chargeur amovible,armeurséparéetdétente directe… Plus encore, la RX. Helix serait démontable à la main et chacundes 7 calibres proposés interchangeables. Ainsi pour la première fois, une marque rivale proposait une alternativeauxBlaserR93etR8. Mais les réelles qualités d’une nouveauté ne s’apprécient vraimentqu’à l’épreuve du temps.Aprèsune saison de tests intensifs à la fois en battue et au san-

PHOTOS : MERKEL

◆ Belle et novatrice, la RX. Helix associe technologie linéaire et take-down.

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glier courant, la Merkel RX. Helix est une réussite. En effet pour répondre aux souhaits des nouvelles générations de chasseurs voyageurs, la Merkel est effectivement démontable à la main. L’opération s’effectue sans outil et en 7 secondes. Pour son transport, un attaché-case (en option) anonymeladissimuleauxregardsindiscrets. Outre des accessoires, il peut contenir 2 canons martelésàfroidet2lunettes.Chaque canon supplémentaire est livré avecunenouvelletêtedeculasse de la taille d’une grosse noix adaptée au calibre. Un conseil, lors du transport, veillez à ne jamais laisser de têtes de culasse dans la mallette de transport ; ainsi en cas de vol, votre carabine sera inutilisable. Entre les mains, l’impression de départ de sérieux allemand ne se démentira pas. À commencerparlaprotectionofferte par le boîtier de culasse en alliage léger. Il protège, guide et surtout isole la culasse de toute velléité de fuite vers l’arrière. La courbure de la poignée de lacrossepistoletpermetuneexcellente position médiane de la première phalange de l’index sur la détente directe. Le pouce trouve naturellement le bouton d’armement de la carabine situé sur le col de crosse. En clair, même culasse verrouillée, le méca-

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nismedepercussionresteinerte avant son activation volontaire par le chasseur. Équipé d’un viseur de type point rouge ou d’une lunette, la Merkel RX. Helix se montrera très vive et efficace. La fameuse culasse hélicoïdale de l’Helix est sansaucundoutesagrandespécificité.Presqueensilenceettout en onctuosité, on la manipule du bout du pouce et de l’index. Un judicieux mécanisme horlo-

ger à crémaillère démultiplie la force du système tout en réduisant la course du levier. Comme la détente est située au plus proche du levier, on imagine alors la célérité de l’enchaînement des tirs… À l’issue de cet essai au long cours, une chose est certaine, la Merkel RX. Helix ne se contente pas d’être une réussite technique et esthétique, elle ajoute un vrai plaisir d’utilisation.

Fiche technique Carabine Merkel RX.Helix Carabine à répétition allemande (Suhl), à culasse linéaire avec tête rotative hélicoïdale amovible équipée de six tenons dans le canon. Armement manuel. Détente directe (réglable par un professionnel). Poids inférieur à 3 kg. Longueur totale 107 cm, avec un canon de 56 cm. Longueur des canons 56 cm en calibre standard ; 61 cm en magnum ; et 51 cm en version short. Hausse à feuillet fixe et guidon fibre optique pour la visée ouverte. Et montage optique intégré rail Picatinny. Chargeur amovible capacité tous calibres 3+1. Crosse droite et devant en deux parties poncées huilées. Qualité de bois jusqu’à 6 étoiles. Existe en crosse synthétique ou carbone. Prix à partir de 2 900 euros, modèle Explorer synthétique. Disponible en 7 calibres. Du .222 Rem au .300WM. Importateur Nobel Sport-Tunet BP15-31850 Mondouzil. Tél. : 05.61.37.63.93. Email : tunet@nobelsport.fr Sur Internet : www.tunet.fr

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par Alain de l’Hermite

Essai Lunette Zeiss Victory HT 3-12x56

Quand la lumière se fait rare

◆ Au firmament de la gamme Zeiss, Victory est synonyme d'excellence. Leurs nouvelles lentilles Schott HT améliorent leur qualité ! Leur réticule lumineux est révolutionnaire. Exceptionnel.

O

n ne présente plus Zeiss la manufacture allemande de Wetzlar, créée en 1846. « L’histoire de l’entreprise fondée par CarlZeissseconfondengrande partie avec l’évolution des optiques de chasse », écrit Dominique Venner dans son Encyclopédie des armes de chasse. Avec l’excellence de la lunette de visée serait-on tenté d’ajouter. Justement à l’orée de la saison 2012, une nouvelle série haut de gamme a vu le jour : les Victory HT, pour High Transmission de la lumière. Et ce n’est pas un vain mot carlesingénieursZeissontréussi à ce que pas moins de 95 % de la lumière arrive à l’œil du ti-

reur depuis l’objectif et jusqu’à l’oculaire. Alors on imagine tout le bénéfice qui en résulte lorsquel’onévoluedanslespires conditions de luminosité. Justement nous avons testé le modèle 3-12x56, particulièrement destiné aux chasses d’affût crépusculaire(lagammeVictoryHT est composée de trois autres modèles, par ordre de grossissement : une lunette de battue 1,1-4x24 légère ; une 1,5x46 destinée à la battue et l’approche ; et une 2,5-10x50, lunette polyvalente pour laquelle leconceptHT“entreenscène”). Les amoureux de la marque ne seront pas dépaysés. De notre 3-12x56 à la patine noir

mat, il se dégage une impression de sérieux dans toute l’acception du made in Germany. On l’imagine, la révolution est ailleurs, à l’intérieur. Dans les conditions d’observation des plus difficiles, le résultat est sans appel : impressionnant. À travers l’oculaire apparaissent nettement telle forme d’un animal, tel détail englouti par l’obscurité après le coucher du soleil. Cette prouesse HT

Lunette Zeiss Victory HT 3-12x56,destinée à l’affût et au tir à longue distance. Grossissement variable de 3 à 12. Diamètre des objectifs 44 et 56 mm. Diamètre de la pupille de sortie de 14,9 mm à 4,7 mm. Champ de vision à 100 m de 12,5 m à 3,5 m. Plage d’ajustement dioptrique +2/4 dpt. Distance oculaire 90 mm. Absence de parallaxe à 100 m. Décalage par clic à 100 m = 1 cm. Diamètre du tube central 30 mm. Traitements externes LotuTec/T*. Étanchéité 400 mbar par injection d’azote. Longueur 347 mm. Alimentation du réticule lumineux par 1 pile CR2032. Poids 573 g sans rail ; 598 g avec rail. Réticule lumineux situé dans le second plan focal (invariant) : réticule 60 ou réticule Rapid-Z 5 (stadimétrique). Prix avec rail,2 500 euros ; sans rail,2 450 euros ; avec le réticule 60 testé. Contact Rivolier,ZI.Les Collonges BP 247 42173 Saint-Just-Saint-Rambert.Tél. : 04.77.36.03.40. Email : info@rivolier.fr - Internet : www.rivolier.com

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ZEISS

Fiche technique

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est possible par l’assemblage de nouveaux verres sans plomb Schott. Ils assurent, en effet, plus de 95 % de transmission de la luminosité. « Une belle réserve de lumière pour le chasseur après le coucher du soleil », affirment avec humour les ingénieurs de Wetzlar. À ce procédé s’ajoute le traitementtraditionnelmulticouche Carl Zeiss T*, pour la transmission lumineuse et limiter les reflets parasites. Également commetouslesproduitsVictory, les verres de notre lunette ont subiuntraitementLotuTecdont

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plus personne n’ignore les qualités déperlantes notamment pour tirer sous la pluie. Un autre atout flagrant de notre Victory HT apparaît naturellement au centre du réticule 60 : c’est son point lumineux. Là encore révolutionnaire mais d’abord particulièrement efficace. Né d’une technologie où se mêlent fibre optique et nanotechnologie, notre point lumineux accomplitlaprouesse d’être visible en plein soleil, sans pour autant nuire à la luminosité de la lunette dans le sous-bois le plus sombre. Situé dans le second plan focal, il ne vient pas masquer la cible aux forts grossissements. Qui plus est, comme ilrecouvresimplement0,55centimètre à 100 mètres au grossissement 12, il permet des tirs chirurgicaux. Sobre en énergie et d’une utilisation intuitive, la tourelle d’illumination se trouve naturellement à portée de la main gauche. Puisqu’une lunette 3-12x56 est aussi destinée aux amateurs de tir à longue distance, Zeiss propose en option une tourelle ASV+ d’un réglage rapide du réticuleadaptéàlabalistiqueextérieure de l’arme selon la munition choisie. La Zeiss Victory HT 3-12x56 est bien au firmament des lunettes d’affût ou pour le tir à longue distance.



Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite photos Patric k Iafrate

Chasses à la journée

Le domaine de la Rabolière

C’est à chaque fois la

même émotion lorsque nous retrouvons Autun, la Rome gauloise. Là où a commencé l’histoire de France avant même le début de l’ère chrétienne, quand Auguste dessina dans la Bourgogne primitive un polygone de remparts pour ériger une ville moderne. Ces rues rectilignes, ces colonnades, ces arches et son amphithéâtre allaient convaincre les rustiques voisins Éduens d’embrasser

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la civilisation romaine. Depuis cette époque la majestueuse porte d’Arroux ne semble pas avoir pris une ride. Qu’on ne s’y trompe pas : notre périple de ce jour n’a rien d’archéologique. Une affaire de grande importance nous attend à deux lieues environ au sud-est de la flèche de la cathédrale SaintLazare. En effet notre ami Jean-Claude James brillant armurier nous convie chez Patrick de Belle à la Rabolière.

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Départ pour la quatrième battue, dans cette très belle campagne blottie au sud des monts du Morvan. Au cours de la journée, les chasseurs participeront à sept battues, dont quatre le matin.

◆ Ce rendez-vous, nous ne l’aurions manqué sous aucun prétexte tant nous avait été vantée la maîtrise de Patrick pour faire voler de beaux oiseaux.Une maîtrise au moins dumêmeniveauselonlesdires de spécialistes que ses compétences d’amphitryon et d’œnologue. Bref, comment aurions-nouspudemeurerinsensiblesàdetelleslouanges ? Voici pourquoi nous progressons sur cette petite route départementale. Difficile de rester de marbre devant cette campagne vallonnée blottie au sud des monts du Morvan,rehausséedetempsàautre

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de bouquets de taches blanches,correspondantauxtroupeaux de charolaises. Ici, apprendrons-nous plus tard,on chassaitlaperdrixrougeprincipalement. Dans les prés de droite une fois n’est pas coutume, ce matin l’Arroux est restée sagement dans son lit. Avec un temps sec et un plafond lourd comme aujourd’hui,«lesoiseauxdevraientbien voler », espère Jean-Claude. Il est à peine 9 heures,nous franchissons un portail fleuri pour pénétrer dans la cour de la maison. Cette demeure de famille, il semble que nous la connaissonsdepuisl’enfance.


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Les instructions, le tirage au sort avant le départ. Ci-dessous, Patrick et Caroline, nos hôtes. “Chacun doit se sentir comme un invité, un abonné…”

Letempsdenousgareretnous assistonsauballethabitueldes “invités de la chasse”,si chers à PaulVialar,entre les voitures

et le perron d’entrée, trait d’union du débotté où l’on se change. Jean-Claude est venu accompagné de ses collaborateurs de l’armurerie : Pierre et Alain qui a choisi d’accompagner Pauline tout au long de la journée pour sonbaptêmedufeuenbattue.

On procède aux présentations.Patrick de Belle par son entregent naturel nous met tout de suite à l’aise. Nous avons l’impression de retrouver un vieux compagnon de chasse,toutcommePhilibert, le fils de Patrick,tout juste âgé d’un quart de siècle,qui s’oc-

cupedelachasseavecsonpère. Sanstardernouscontournons la maison pour humer l’air frais,avantderejoindrelapièce où nous prendrons le café.Au passage nous ne pouvons résisteràsaluerlessettersanglais de Patrick au chenil. Au loin le mont Beuvray,la montagne

Mémento de poche Territoire 350 hectares de bocage vallonné. D’épaisses haies délimitent les herbages ; un damier de 40 hectares de cultures à gibier. Chênes séculaires, chemins creux et bosquets offrent remises et abris. Département Saône-et-Loire. Type de chasse et prix Oiseaux exclusivement : faisans communs et vénérés ; perdreaux gris et rouges ; canards. Jusqu’au 28 février. Une vingtaine de battues sont organisées chaque année. Ligne à constituer de 10 fusils minimum.Tableau espéré de 12 à 25 pièces selon le type de battue : d’Antan, de Prestige ou à l’Anglaise. De 420 à 920 euros par chasseur. De 60 à 100 euros par accompagnateur. Ces prix comprennent le café-croissant du matin ; l’apéritif au champagne à la mi-journée suivi d’un repas fin accompagné de grands crus de Bourgogne. Le maître de maison est un œnologue distingué. D’ailleurs

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une intéressante formule de trois jours permet d’entrecouper 2 journées de chasse par une visite des caves bourguignonnes et de la région. Demijournée de chasse possible uniquement pour le canard (15 pièces) 255 euros. À coupler avec une journée de battue. Avant l’ouverture générale trois battues de canards sont également organisées (15 pièces) 355 euros. Chasse au chien d’arrêt, une vingtaine également chaque saison. 4 chasseurs (8 pièces) 295 euros

par chasseur se partagent le territoire, accompagnés d’un guide du domaine. Un repas campagnard est servi à la mi-journée. Points forts Territoire vallonné, adapté à la chasse du petit gibier en battue. Parfaite organisation des battues. Qualité de l’accueil dans la maison familiale. Table, vins et service impeccables méritent à eux seuls la visite. Points à améliorer Pour la chasse en battue, à laquelle nous avons participé, aucun reproche ne saurait ternir cette journée. Sans doute l’expert des tableaux de chasse considérables, si souvent composés de victimes programmées et numérotées d’avance pourrait-il se trouver frustré à la Rabolière. Contact Patrick et Philibert de Belle Domaine de la Rabolière, Maizières, 71190 Laizy Tél. :03.85.82.20.40 et 06.11.33.92.25. Sur Internet :www.raboliere.com Email :debelle@raboliere.com

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Jean en pleine action, Baghera le labrador au travail, le déjeuner pour reconstituer le jarret et, en dessous, Pauline en train d’attendre les oiseaux. À la Rabolière, les difficultés sont toujours progressives afin que les chasseurs gardent le moral et que leur amour-propre ne soit pas trop écorné.

sacrée des Éduens domine le Morvan. La grande pièce dans laquellenousentronsestemplie d’alléchantesodeursdecaféet de croissants mêlées à celle du feu de bois.Au mur, nous remarquonsunétonnantbestiaire d’animaux anthropomorphiquesenpapiermâché. Cette hure de sanglier coiffé commeunhommeestl’œuvre de Caroline, la maîtresse de maison.Artiste animalière de renom, Caroline Bonfils organise avec le même talent la table de la Rabolière.La gentillessedesonaccueilconfirme cette impression de retrouver un couple d’amis. D’ailleurs«lemotclientn’apasusage àlamaison,jamais!Chacundoit se sentir comme un invité, un abonné…»,prévient-elle dans un grand sourire. Et ça fonctionne visiblement plutôt bien car, depuis 2005, les chasseurs renouvellent leur ligne d’une année à l’autre.On vient de Belgique, de la Suisse voisine,d’Angleterre c’est tout dire,et sans la moindre « réclame ».Pour Patrick, « le bouche-à-oreille » est essentiel pour la transmission du message.

Lerondseformeenfindans uneparfaitedisciplinedansla cour autour de Patrick et Philibert. Chacun tire une carte debattuesurlaquellesontinscrits ses numéros de postes successifs. Quatre traques sont prévues ce matin et trois l’après-midi dont la dernière est une levée d’étang (la propriété en compte sept). Depuislaremorquedutracteur,nousdécouvronsavecravissementleterritoirevallonné de la Rabolière. Immanquablement, nous ne pouvons nous empêcher de le comparer à l’Angleterre et le Hampshire où faisans et perdrix rougesvolentsibienetsihaut. RienneprédisposaitPatrick àfairedesapropriétéfamiliale d’élevagedecharolaisunepropriété de chasse. Rien sinon la passion de la chasse. Afin de se consacrer pleinement à laRabolière,cemaîtred’équipage endiablé du Rallye du Val-d’Arrouxcéderamêmesa meute en 2007. Pour sa propriété « loin de tout »,il est persuadé – avec raison – que la réussite « ne peut et ne doit passer que par la qualité, afin de concurrencersérieusementlaSologne ». Mais pour cela le gi-

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bierdoitd’abordsesentirchez lui, en pleine possession de ses moyens. C’estlaraisonpourlaquelle nous découvrons un damier de culture sur chaque parcelleentouréedehaiescomme autrefois.Elles sont indispensables pour le gîte et le couvert et doivent se relayer tout au long de l’année entre cul-

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tures d’hiver et cultures de printemps. Le terrain n’est ainsijamaisdénudé.Pouravoir une belle densité d’oiseaux, deux grandes périodes de lâchers se succèdent à un mois d’intervalle :àpartirdu15juillet pour les perdreaux gris et rougesàvaleurégale;le15août pour les faisans. Leur méthode ?Enaucuncaslavolière

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Sur le terrain Sur le terrain

Un faisan en vol, une discussion entre deux battues (à droite, on reconnaît l’armurier Jean-Claude James), Pauline lors de la levée d’étang et, ci-dessous, le tableau final. Des traques parfaitement organisées, des faisans et des perdreaux qui volent bien, dans des paysages superbes.

anglaiseouverte.«C’estruineux enterritoireouvert,tuvasperdre 70 % des oiseaux » : la mise en garde d’un ami spécialiste danslaNièvrevoisinechezqui il a été initié à la battue à“l’anglaise” était appuyée. Il procède à la réintroduction des oiseaux avec des parcs de prélâcher car la reproduction naturelle est trop aléatoire pour offrir des densités suffisantes aux chasseurs. À la Rabolière, les difficultéssonttoujoursprogressives, afin que les chasseurs gardent leur moral.Aussi,la première battuen’estjamaissynonyme d’oiseaux impossibles à rac-

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crocher : ils volent vite, bien, mais pas à des hauteurs diaboliques. Des oiseaux tombent,lestireurssontauxanges. Après cette première battue d’échauffement,nousentrons dans le vif du sujet. Compte tenu de l’importance du coteau au pied duquelPhilibertvientdemeposter, les choses vont se corser. Voilàlagrandedifférenceavec la Sologne où l’on a souvent la fausse impression d’être un bonfusil.Eneffet,enl’absence de relief,on finit toujours par “se régler”. Pas ici, pas à la Rabolière. Du coin de l’œil, j’observe mes voisins.

Jours de C HASSE ◆

À l’extrémité de la ligne Alain, penché sur l’épaule de Pauline,lui donne un dernier conseil. Juste à gauche, JeanClaude semble philosopher surladouceurdutemps.Jean, un“grandfusil”,m’a-t-onprévenu, est déjà concentré sur son prochain oiseau, tandis que Didier au costume de tweed impeccable épaule à vide fébrilement, nerveusement.Au coup de trompe de Patrick,la battue est en place. Bientôt la ligne va découvrir si le “rapprocher” des traqueurs a réussi et si un minimum d’oiseaux“ont fait retour”. Un coup de canon me fait sursauter malgré mon casque. Jean vient de décrocher un coq d’une hauteur considérable.Les ailes en parachute,il tombe en girandole loin derrière notre ligne. Par petits groupes, les oiseaux franchissent la lisière sommitale de la colline. Quelques queues de coqs faisans sont coupées. Du regard,je m’amuse à prédire en fonctiondeleuraltitudeladestinéedesoiseaux :plusilssont hauts, mieux ils s’en sortent ! Chez mon voisin,le bruit mat de la rencontre des corps avec

PRINTEMPS 2013

le sol succède souvent aux détonations.Mêmepourlesperdreaux plus difficiles.Les cliquetis des éjecteurs viennent de cesser au coup de trompe final,lecalmeestrevenu.Seule subsiste l’odeur un peu enivrante de la poudre, lorsque lesretrieversentrentenscène. Les battues se succèdent, comme un ballet bien orchestré. À l’issue de la quatrième traque du matin, les chasseurs feront grand honneur à la salade de saumon mariné et au poulet aux morilles de Caroline.Délices accompagnés d’un saint-aubin premier cru et d’un chambolle-musigny.De quoi se reconstituer le jarret pour les deux battues de l’après-midi. L’enchantement reprend : les oiseaux ont autant de souffle et d’aile. À la Rabolière, la journée se termine souventparunelevéed’étang. Au moment de retrouver Alain et son élève Pauline qui vient de tirer huit colverts, j’ignore lequel des deux est le plus heureux. « Faut aller voir la Rabolière »,nous avaiton répété.“Faut y revenir”, pensera-t-on sur le chemin du retour. ◆


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Du côté de la loi…

Que faire d’un animal sauvage mort ou blessé ? ◆ Espèce chassable ou protégée, animal mort ou blessé, gibier soumis à plan de chasse ou non…, les cas de figure peuvent dérouter les chasseurs et les non-chasseurs encore plus.

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ONCFS

L

a réponse n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, comme l’expliquel’ONCFSquiapublié unebrochureàcesujet.Carilmet en jeu à la fois la protection de la faune et la sécurité sanitaire. Le cas le plus fréquent est celui de l’animal mort ou blessé à la suite d’une collision. La première question à se poser est de savoir si l’animal est une espèce protégée ou chassable ? Dans la premièrehypothèse,touteaction ou manipulation sur l’animal (et, a fortiori, de transport) est interdite ; la personne qui a découvert, par exemple, une buse variable, doit prévenir un agent de l’ONCFS,la gendarmerie ou la police nationale (s’il est seulement blessé, ce sont eux qui l’acheminerontversuncentrede sauvegarde de la faune sauvage). S’il s’agit d’une espèce chassable, l’affaire se complique. En effet, en tout état de cause, quel que soit le gibier, les gendarmes devrontêtreprévenus(même,en théorie,pourunfaisan !).Sil’animal a été tué sur le coup et s’il ne s’agit pas de grand gibier, le conducteurdevraavertirlacommune, seule habilitée à enterrer l’animal(s’ilpèsemoinsde40kilos) ou à appeler l’équarrisseur (s’il pèse plus de 40 kilos,mais il estdifficiled’imaginerunanimal chassable de ce poids qui ne soit pas un grand animal !). Justement, pour les grands animaux, le conducteur qui est entré en collision a le droit de le transpor-

Cerf mort au bord d’une route. Puisqu’il s’agit d’une collision, le conducteur a le droit de le transporter à condition d’avoir prévenu la gendarmerie ou la police nationale.

ter, à la condition d’avoir averti la gendarmerie ou la police nationale.Signalons que ces règles s’appliquent en tout point en cas d’animaux morts ou blessés à la suite d’un acte de braconnage, à cette nuance près que l’agent compétent en matière de police de la chasse et de la nature peut rédiger un procès-verbal de constatation. À rebours, si l’animal (grand gibier ou non) n’est que blessé, il sera abattu s’il est jugé perdu, ou transporté dans un centre de sauvegarde.Cela est bien sûr en théorie,car,danslapratique,c’est le grand gibier qui est concerné, et,danslaquasi-majoritédescas, il sera abattu.

Jours de C HASSE ◆

Dans l’hypothèse d’un animal retrouvé à la suite d’un acte de chasse, la loi est très claire : un animal sauvage est res nullius, c’est-à-dire qu’il n’appartient à personne, c’est une chose sans maître(paroppositionàl’animal domestique),vivant à l’état sauvage.Aussi,explique l’ONCFS, «nulpeutenrevendiquerlapropriété en dehors de la personne qui, soit l’a mis à mort,soit l’a trouvé fortuitement,même sur une propriété qui ne lui appartient pas si elle justifie de sa présence légitime sur les lieux ». Seulement voilà, « la propriété de l’animal mort n’implique pas nécessairement son entrée en possession par l’auteur de la découverte… ».

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Auvrai,laloiaénuméréuncertain nombre de conditions où le gibier trouvé mort est “appropriable”.Ainsi,la chasse de l’espèce trouvée doit être ouverte, l’espèce ne doit pas être soumise à plan de chasse,ni bénéficier de certaines protections réglementaires » (interdiction de vente,de transport… une disposition qui concernelesmustélidés),etladécouverte ne doit pas être concomitante à l’acte de chasse (on se doute que la jurisprudence doit être abondante !), sinon c’est considérécommeunvol.Dansle cas d’un animal soumis à plan de chasse, l’auteur peut se l’approprier (pour le trophée) « si le cadavre est à l’état de squelette ou dedécompositiontrèsavancée»,une pratique confirmée par une jurisprudence très ancienne. Dans le cas où le gibier ne réunit pas une seule des conditionsd’appropriation,lemairede la commune doit être averti afin que ses services procèdent soit à l’enfouissement,soit à l’équarrissage (toujours si l’animal fait plus ou moins 40 kilos). Signalons que si l’on se trouve face à unanimalblesséou“moribond”, le détenteur du droit de chasse devra être prévenu pour achever l’animal (et mettre en place le bracelet s’il s’agit d’un gibier soumis à plan de chasse). ◆ Que faire en présence d’un animal sauvage mort ou blessé ? Sur Internet :www.oncfs.gouv.fr


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PORTRAIT

DE JEAN-JACQUES

AUDUBON

PAR JOHN SYME, TABLEAU QUI SE TROUVE AUJOURD’HUI

À LA MAISON-BLANCHE.


Portrait ◆

Jean-Jacques

Audubon par Manfred de Boissieu

TRÈS PEU CONNU DES FRANÇAIS, ICÔNE POUR LES AMÉRICAINS…

AUDUBON RESTE UN CHASSEURNATURALISTE HORS

AGES/SUPERSTOCK PHOTOS : SOTHEBY’S - GLOWIM

DU COMMUN.

◆ I

HISTOIRE

Le Français des Amériques l est le Français le plus apprécié aux États-Unis après le marquis de La Fayette. Pourtant, la France le méconnaît. Il y a bien une petite rue qui porte son nom dans le XIIe arrondissement de Paris, mais rares sont ceux qui peuvent mettre un visage ou écrire quelques lignes sur son nom et encore moins conter son histoire. Outre-Atlantique, la plus grande organisation américaine de protection de la nature porte son nom (la National Audubon Society) et sa renommée est telle qu’un exemplaire original de son ouvrage Birds of America s’est vendu,il y a un an,près de 8 millions de dollars chez Christie’s à NewYork – le record avait été atteint à Londres en décembre 2010 chez Sotheby’s pour une autre édition du même ouvrage à 11,5 millions de dollars. Il faut dire que cette œuvre est proprement hors du commun : 435 gravures d’un mètre par 75 centimètres, représentant l’ensemble des espèces d’oiseaux qui peuplent l’Amérique du Nord au début du XIXe siècle. Mais ce « Buffon de génie », comme l’appelait Lamartine, se pose aussi et avant tout en chasseur. Lorsqu’il écrit « je dis qu’il n’y a pas d’oiseau quand j’en abats moins de cent par jour », ne place-t-il pas, indéniablement, la chasse au centre de toutes ses activités ? Comment peut-il en être autrement ? La chasse n’est-elle pas le préalable incontournable à toute observationrapprochéed’unanimal et le seul moyen de survie alimentaire dans un pays sauvage ? Sur les traces des explorateurs et des aventuriers tels Boone, Clark, Croghan, il errera trente années de la PennsylvaPRÉSENTATION DU SPLENDIDE OUVRAGE “BIRDS OF AMERICA” AVANT SA VENTE PAR CHRISTIE’S À LONDRES EN 2010: L’OUVRAGE SERA ADJUGÉ 11,5 MILLIONS DE DOLLARS !

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : MARY EVANS/RUE DES ARCHIVES - ABECASSIS/SIPA - DR - GLOWIMAGES/SUPERSTOCK

Jean-Jacques Audubon

L’ORNITHOLOGUE ALEXANDER WILSON, LE ZOOLOGISTE GEORGES CUVIER ET LE PRINCE CHARLES LUCIEN BONAPARTE : CES TROIS HOMMES MARQUERONT LA VIE ET LE DESTIN D’AUDUBON. CI-DESSOUS, UN DES NOMBREUX AIGLES IMMORTALISÉS PAR AUDUBON (ICI LE “GREAT AMERICA SEA EAGLE”). PAGE DE DROITE, UNE VUE DU MISSISSIPPI ET UNE PLANCHE REPRÉSENTANT DES MOINEAUX PAPES (“FRINGILLA CIRIS”).

nie aux Rocheuses,de la Louisiane au Labrador à pied,à cheval,en chariot,en bateau à travers un pays immense à peine issu de la création, pour mener à bien un projet totalement fou : peindre tous les oiseaux d’Amérique du Nord. Presque un rêve d’enfance. Les circonstances de sa naissance sont peu ordinaires. Son père, protestant breton, aventurier par vocation, marin par nature, avait fait fortune sur les mers, tantôt guerroyant contre les Anglais, tantôt pratiquant divers commerces dont celui, prospère et à la mode,de la traite des Noirs. IlavaitépouséunehabitantedePaimboeuf du nom d’Anne Moynet.Mais,au cours d’une traversée vers Saint-Domingue où il exploite une plantation,il séduit une passagère répondant au nom de Jeanne Rabin, une Française originaire des Touches. Hébergée chez lui, elle met au monde, le 26 avril 1785, un garçon adultérin auquel elle donne son propre nom : Jean Rabin.Desantéfragile,elledécède rapidement et c’est une Créole qui s’occupe alors de l’enfant. Cependant, Haïti est en proie à une révolte des esclaves.Par mesure de sécurité, Jean Audubon expédie son fils en France où

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il possède une belle propriété à Couëron, entre Nantes et la Loire. Débarqué le 26 août 1788, le petit garçon, alors âgé de 3 ans,est confié à madame Audubon,l’épouse en titre,qui lui donnera tout l’amour qu’un enfant peut attendre d’une mère. Elle l’adopte ensuite officiellement par un acte établi à Nantes le « 17 ventôse,an II de la République une et indivisible » (soit le 7 mars 1794).Le jeune garçon,reçoit une solide éducation car ses parents veulent en faire un gentleman ; il fréquente l’école de la rue de Briord à Nantes, puis l’académie de la place de Bretagne où il reçoit les premiers éléments de dessin et de peinture. Il apprend également à monter à cheval, le maniement des armes et la musique. Cependant,avec un père souvent absent,le garnement pratique régulièrement l’école buissonnière : « Au lieu de m’appliquer strictement àmesétudes,écrit-ildanssessouvenirs,jepréférais m’associer à des garçons de mon âge qui étaient plus portés à chercher des nids d’oiseaux,pêcherouchasser,qu’àfairedemeilleures études… » Son plaisir est d’observer la nature,et il accumule dans sa chambre des collections de nids, d’œufs, de plantes séchées, de pierres. Les illustrations d’un livre d’histoire naturelle, un cadeau de son père, où sont dessinés des oiseaux le fascinent : « Pendant des années,je fis et refis des oiseaux.Moi qui avais obstinément blâmé les planches du livre que mon père m’avait donné… combien je fus honteux quand mes patients efforts n’aboutirent qu’à des résultats si misérables qu’à peine pouvais-je moi-même reconnaître l’oiseau que je venais de dessiner… Loin de me décourager, ce désappointement irrita ma passion ; plusmesoiseauxétaientmaldessinésetmalpeints, pluslesoriginauxmesemblaientadmirables.»Son terrain de chasse d’alors est une zone ma-


GLOWIMAGES/IMAGEBROKER.COM IMAGEBROKER/HEINZ-DIETER FALKENSTEIN - GLOWIMAGES/SUPERSTOCK

Cette technique en fait un pionnier de la représentation de la faunesauvageenmilieunatureletluidonneunesérieuseavance sur ses contemporains naturalistes, déjà célèbres. Peu de temps après son arrivée en Amérique,John James rencontre Lucy Bakewell,fille de son voisin,qu’il épousera et avec laquelle il aura deux garçons. Mais il n’a pas trouvé le moyen de gagner sa vie et s’est montré incapable de résoudre les problèmes de Mill Grove ; il n’a plus d’argent et vit aux crochets de la famille Bakewell ;il est amoureux de Lucy mais il ne peut l’épouser faute de moyen d’existence. Commencent alors les longues années où John James tente de concilier sa passion pour l’ornithologie et les impératifs du quotidien.Il n’est pas sans volonté mais de naturel nonchalant et insouciant ; son père lui impose alors un associé, un certain Ferdinand Rozier, censé l’aider à monter une affaire. À cette époque,c’est vers l’ouest qu’il faut tenter l’aventure : pourquoi pas Louisville dans le Kentucky ? Il faut d’abord faire cinq cents kilomètres en chariot attelé à six et traverser lesAppalaches pour atteindre Pittsburgh. Laissons John James raconter :« Nous fîmes le reste de notre voyage par l’Ohio sur un bateau plat, qui est untransportinconfortable,hasardeux,manœuvré à la main et très mal dans notre cas.Celui qui n’a pas eu cette expérience ne peut pas imaginer la terrible monotonie,lesrigueursetlesprivationsd’unelongueexpéditioncomme la nôtre.Nous n’avions aucune protection contre les éléments et nous dormions sur les planches de pin brut,enveloppés seu-

récageuse de 2000 hectares située entre Couëron et SaintÉtienne-de-Montluc, appelée seulement depuis 1996, le marais Audubon. Il n’a pas 18 ans lorsque son père, pour le soustraire à la conscription, le fait embarquer pour le Nouveau Monde muni d’un faux passeport. Il ne parle pas un mot d’anglais mais se fait appeler pour la première fois “John James” Audubon ; il a dans sa poche des lettres de recommandation. En fait, son père l’a chargé de régler un litige avec un copropriétaire peu scrupuleux au sujet d’une plantation, d’une mine de plomb et d’une maison situées à Mill GroveenPennsylvanie.“JohnJames”nesesentpas de taille à affronter les difficultés notariales ; mais Mill Grove est pour lui un paradis : il passe ses journées à chasser sur les bords verdoyants des rivières qui arrosent la propriété et tire les oiseaux (avec du petit plomb pour ne pas les abîmer !),il les dessine,les colore à l’aquarelle puis les étudie. C’est à cette époquequ’il prend vraiment conscience de la fascination qu’exerce sur lui la nature sauvage : il rêve alors de consacrer sa vie à l’ornithologie. Pour étudier les migrations de certaines espèces, il imagine de leur lier un fil à unepatte,inventantainsilemarquage-baguage, pratique scientifique courante aujourd’hui.Pour peindre l’animal dans une attitude idéale, il invente également un astucieux système de fil de fer afin de maintenir,dans la pose voulue, le corps de l’oiseau tué, avant qu’il ne se raidisse.

“AU

LIEU DE M’APPLIQUER STRICTEMENT À MES ÉTUDES, JE PRÉFÉRAIS M’ASSOCIER

À DES GARÇONS PLUS PORTÉS À CHERCHER DES NIDS D’OISEAUX, PÊCHER OU CHASSER…” Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : GLOWIMAGES/SUPERSTOCK - GLOWIMAGES/3LH/FINEART

Jean-Jacques Audubon

lement de nos manteaux. Il arrivait très souvent que notre embarcation s’échoue sur des bancs de sable invisibles et nous devions alors entrer dans l’eau froide et aider au dégagement ». Ferdinand est épuisé alors que John James, lui, est fasciné par les couleurs, les paysages somptueux, et les oiseaux par milliers dont beaucoup lui sont inconnus : « Je n’ai jamais ressenti de plus purs plaisirs », notera-t-il. À Louisville, les deux jeunes gens ouvrent un comptoir de marchandises de première nécessité :whisky,poudre à fusil,couvertures,outils,harnais… L’affaire semble promiseàunecertaineprospérité.Confiant, John James retourne sans tarder en Pennsylvanie,épouse Lucy et la ramène à Louisville où le jeune couple s’installe à l’hôtel. La période est paisible ; la famille est bien intégrée à la société locale. Lucy donne des cours aux enfants du voisinage et John James se fait beaucoup d’amis parmi les notablesetleschasseurs.Unbébévients’ajouter à la félicité du moment. Hélas, cela ne dure pas : la concurrence est rude et les affaires marchent mal. Ferdinand travaille dur, tient la boutique tous les jours, pendant que John James fait ce qu’il lui plaît : il voyage, chasse, dessine, passe son temps à observer les oiseaux et fait preuve parfois d’irresponsabilité criante,comme le jour où, convoyant des chevaux chargés d’argent et de marchandises, il les perd de vue pour observer les mouve-

BISON AMÉRICAIN ET, CI-DESSOUS, GEAI DE FLORIDE. DÈS QU’IL POSE LES PIEDS SUR LE SOL DU NOUVEAU MONDE, IL PREND CONSCIENCE DE LA FASCINATION QU’EXERCE SUR LUI LA NATURE SAUVAGE ; IL RÊVE ALORS DE CONSACRER SA VIE À L’ORNITHOLOGIE.

ments d’une fauvette : « pour une personne ordinaire,cela peut paraître étrange,mais c’est vrai », écrira-t-il plus tard. Finalement,ilfautfermerlemagasin.Leseul espoirpourécoulercequ’illeurrestedemarchandises,c’estlavilledeSainte-Geneviève, sur la rive droite du Missouri, où les trappeurs des Rocheuses viennent s’approvisionner.Ilfautyparveniravantleprintemps. Le voyage hivernal, très périlleux, est fatalement interrompu par les intempéries : le Mississippi « coule à trois miles à l’heure » et charrie d’énormes blocs de glace.Un campement est alors installé dans une anse de l’Ohio : il faut dégager un espace sur la plage et aménager un mur de neige pour se protéger du vent… John James raconte : « les Indiens ont une sorte d’instinct pour découvrir un campement d’hommes blancs,aussi vitequelesvautoursaperçoiventlacarcassed’un animal mort et,avant qu’une semaine fût passée, ils se trouvaient autour de nous, surtout des Osages et des Shawnees.Ils ne parlaient pas français mais s’amusaient à me voir dessiner et quand j’avais fait un portrait de l’un d’eux,ils criaient et riaient d’étonnement ». >>

UN JOUR, CONVOYANT DES CHEVAUX CHARGÉS D’ARGENT ET DE MARCHANDISES, IL LES PERD DE VUE POUR OBSERVER DES FAUVETTES.“CELA PEUT PARAÎTRE ÉTRANGE, MAIS C’EST VRAI…”

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Jours de C HASSE ◆

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Voilà une occasion pour John James de se mêler aux tribus, d’apprécier leur mode de vie et leurs techniques de chasse dont celle“aux cygnes”qui consiste à faire lever les oiseaux de telle manière qu’ils survolent des tireurs embusqués dans les marais.« Je passai là six semaines plaisamment,poursuit-il,étudiantlesmœursducerf sauvage,des ours,des dindons et de beaucoup d’autres animaux et,chaque jour,je dessinais auprès de notre grand feu de camp.» Le fleuve est une voie de passage et bientôt d’autres hommes, sales, chevelus, barbus, habillés de peaux et de fourrures,surgi de nulle part,tirent leur bateau sur le sable et se joignent à eux pour griller le gibier de la journée puis chanter et danser au son de la flûte et de l’harmonica.JohnJamesappréciecettevieen osmoseaveclanature,entouréd’hommesqui necraignentnilesintempéries,nileséléments. C’est donc à Sainte-Geneviève que la première aventure commerciale d’Audubon trouve son épilogue : « Mes adieux à Rozier faits,je sifflai mon chien,traversai le Mississippi et partis seul à pied… j’avais mal entrevu la tâche qui m’attendait,car,à peine eussé-je atteint les prairies,que je trouvai celles-ci couvertes d’eau,comme les Grands Lacs : rien pourtant,ne m’aurait fait revenir sur mes pas.» Il obtient à cette époque la citoyenneté américaine,mais sa situation est intenable vis-à-vis de sa

PUMAS D’AMÉRIQUE DU NORD ET, CI-DESSOUS, UN COUPLE DE GEAIS D’OUTRE-MER. C’EST EN TRAVAILLANT AU WESTERN MUSEUM À CINCINNATI QUE SON REGARD VA CHANGER SUR SES PROPRES DESSINS ET SES PROPRES CONNAISSANCES ORNITHOLOGIQUES.

famille ; il ouvre alors avec le frère de Lucy, uncommerceàHenderson,enavaldeLouisville. Réussite inattendue qui lui permet de retrouver une aisance financière. Pendant quelquesannéesleménageAudubonvitcorrectement et les alentours sont un vaste terrain de chasse et d’exploration. C’est alors que, poussé par son associé, il décide la constructiond’unmoulin,unaudacieuxprojet qui va engloutir toutes les économies du ménage.Lacrisefinancièrede1819auxÉtatsUnisprécipiteAudubondanslafaillite.Complètement ruiné et humilié, il ne lui reste que son talent. Plus tard, devenu célèbre, il saluera ce moment comme le point de départ de sa réussite. John James passe quelque temps à Cincinnati,petitevilleenpleineexpansionenamont sur l’Ohio ; il trouve alors une place de taxidermiste au Western Museum. Hélas, n’arrivant pas à se faire payer,il ne reste que quelques mois.C’est alors que s’opère chez lui une prise de conscience : au contact de cette institution scientifique, son regard sur ses propres

SANS LE SOU, AUDUBON EMBARQUE SUR UN “FLAT BOAT” COMME PASSAGER NON PAYANT. IL EST TENU DE CHASSER ET DE PÊCHER POUR FOURNIR LE BATEAU EN VIANDE ET EN POISSON. 150

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dessins et ses propres connaissances ornithologiques va changer. Pendant ces quelques mois, voilà qu’il a la possibilité d’assister à des conférences,et de consulter l’œuvre de l’ornithologue Alexander Wilson, référence scientifique en la matière et qu’il avait rencontré à Louisville. Il n’en avait obtenu ni soutien ni amitié, mais il lui conservait son admiration.John James Audubon décide alors de se consacrer entièrement à son œuvre. Il faut descendre vers la Louisiane,le paradis des oiseaux. Les quelques lettres écrites pour obtenir des financements en vue de l’expédition restent vaines. Alors, sans un sou,avec son fusil,ses munitions, son matériel à dessin,ses cahiers pour ses notes,saflûteetquelqueslivres,JohnJames embarque sur un flat boat comme passager non payant. Il est tenu de chasser et de pêcher tous les jours pour fournir le bateau en viande et poisson… Récupérant discrètement à Henderson sa chienne Dash confiée à un de ses amis depuis plus d’un an, il met le cap sur le Mississippi. C’est un long voyage que John James connaît bien et durant lequel il va écrire des pages superbes que l’on pourrait croire de la plume de Chateaubriand :« l’aigle est là,perché sur le faîte de l’un des arbres.Son œil étincelle comme une flamme.[…] Le cygne vient comme un vaisseau flottant dans

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l’air ;son col d’une blancheur de neige étendu en avant.[…] Il approche lentement,victime dévouée.[…] L’aigle part avec la rapidité de l’éclair.[…]Lecygnevoitsonbourreau,abaisse soncol,décritundemi-cercleetmanœuvrepour échapper à la mort.Une seule chance de succès lui reste,c’est de plonger dans le courant : mais l’aigle prévoit la ruse ;il force sa proie à rester en l’air,en se tenant sans relâche audessous d’elle. Le cygne s’affaiblit et d’un coupdeserre,l’aiglefrappesavictimesousl’aile et la précipite obliquement sur le rivage [...] ». Noussontégalementlivréesdesréflexions absolument inédites pour l’époque,sur la destruction de la nature par la civilisation en marche, sorte de premier cri d’alarme écologiste : « Quand je réfléchis que les bois s’en vont,disparaissant à toute vitesse,le jour sous la cognée et la nuit dévorés par le feu, quand je vois le trop plein d’Europe s’acharnant avec nous à la destruction de ces malheureuses forêts,quand je me dis que vingt ans ont suffi à ces changements extraordinaires,alors,malgré moi,je m’arrête,saisi d’épouvante.» >>

“DE LA CIME D’UN ARBRE, L’AIGLE PART AVEC LA RAPIDITÉ DE L’ÉCLAIR,[…] LE CYGNE VOIT SON BOURREAU, ABAISSE SON COL, DÉCRIT UN DEMI-CERCLE POUR ÉCHAPPER À LA MORT…”

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30 mai 2013

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PHOTOS : NORTH WIND PICTURES/LEEMAGE - GLOWIMAGES/SUPERSTOCK - GLOWIMAGES/3LH/FINEART

Jean-Jacques Audubon

SUR LE FLEUVE MISSISSIPPI (GRAVURE EN COULEUR DU XIXe SIÈCLE). À DROITE, JEAN-JACQUES AUDUBON AVEC SANS DOUTE SA CHIENNE DASH. CI-DESSOUS, PIGEON À QUEUE BARRÉE. PAGE DE DROITE, COUPLE DE BOUVREUILS. EN À PEINE QUATRE MOIS, IL EXÉCUTERA TRENTE-DEUX DE SES PLUS BELLES PLANCHES ALORS QU’IL LOGE DANS UNE PLANTATION PROCHE DE SAINT-FRANCISVILLE.

Arrivé en Louisiane, John James survit en faisant des portraitsqu’ilvend5dollars.ÀNatchez,ilenéchangeuncontre une paire de bottes neuves ; à La Nouvelle-Orléans,une belle Créole qui a posé nue pendant dix jours lui offre,en plus,« un merveilleux baiser » et un magnifique fusil de chasse avec ces mots : « Ne refuse pas ce don d’une amie qui t’est reconnaissante, puisse-t-il t’égaler en bonté.» On n’en sait pas plus sur ce moment troublant qui ne change en rien la grande précaritéduquotidien.Jusqu’aujouroùlapropriétaire d’une plantation proche de Saint-Francisville,enamontsurlefleuve, l’engage pour donner des cours de dessin à sa fille. Il ne demeure que quatre mois dans cette magnifique plantation duOakley.Pourtantlapériodeestfaste: nourri, logé et payé, il a beaucoup de temps libre : trente-deux de ses plus belles planches datent de cette époque. Depuis son départ de Cincinnati,le nombre de ses dessins a sérieusement augmenté en quantité et en qualité ; il s’initie à la peinture à l’huile et l’idée de se faire éditer devient de plus en plus pressante. Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute : il doit retourner à Philadelphie. Arrivantdanslagrandemétropole artistiqueetintellectuelledumoment,

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Aububon est présenté par un ami au jeune prince Charles LucienBonapartepassionnéd’ornithologieetdontl’entregent pourrait être efficace. Admiratif mais calculateur, celui-ci tente de le faire entrer à l’académie des sciences naturelles de la ville ; il se heurte alors à une opposition farouche de la part des sommités scientifiques du lieu, lesquelles, disciples inconditionnels d’Alexander Wilson, traitent avec condescendance et mépris cet“homme des bois”.L’échec lui ferme instantanément toutes les portes des graveurs potentiels. En dépit de ce revers, John James conserve la sympathie de certaines gens qui lui conseillent de tenter sa chance en GrandeBretagne. C’est à Liverpool qu’il débarque le 20 juillet 1826 avec son porte-documents et quelques lettres de recommandation. Les Britanniques sont aussitôt subjugués par la beauté des dessins de ce curieux personnage à cheveux longs, vêtu d’un manteau en peau de loup. Il est alors reçu immédiatement dans les salons feutrés des sociétés savantes du vieux continent. Élu membre de la Royal Society, il donne des conférences, notamment à Édimbourg.Cet immense succès lui permet d’obtenir les souscriptions nécessaires pour éditer son vaste ouvrage. Reçu au Muséum d’Histoire naturelle à Paris, le grand Georges Cuvier aura ce mot sans appel en découvrantlesdessins :«c’estleplusgrand monumentquel’artaitjamaisapportéàlaScience».C’estlamaisonHawelàLondresquigrave


GLOWIMAGES/3LH/FINEART

sur des plaques de cuivre l’ensembledel’œuvredeJohnJames Audubon dont la dernière sort en 1839 : ce tirage à deux cents exemplaires est la plus chère de l’histoire de l’édition. Aux gravures,iladjointlesBiographiesornithologiques qui décrivent les mœurs de chaque espèce représentée. Auréolé de gloire, John James Audubon retourne aux États-Unis où il achète une propriété sur les bords de l’Hudson. Il poursuit alors d’autres expéditions notamment au Labrador,publieenpetitformatune édition populaire des Oiseaux d’Amérique et entreprend un ouvrage sur les Quadrupèdes viviparesd’AmériqueduNordquisera publié après sa mort survenue le 27 janvier 1851. Il est enterré dans le cimetière situé à l’angle de la 155e Rue et de Broadway à Manhattan. Que retenir de ce “petit Français”dupaysnantais ?C’est peut-être Lamartine qui a le mieux saisi ce personnage extraordinaire :«Ilauraitétépartout ailleurs un grand philosophe, un grand,orateur,un grand poète,un Jean-Jacques Rousseau,un Montesquieu,un Chateaubriand.Là il n’a pu être qu’un naturaliste,un peintre et un descripteur d’oiseaux d’Amérique,un Buffon des États du Nord passant sa vie dans les forêts vierges et écrivant avec l’enthousiasme de la solitude quelques pages de la grande épopée animale de la création.» C’est là qu’Audubon est un témoin de premierordre,carnombred’oiseaux qu’ilapeintsontaujourd’huidisparu de la surface de la terre à l’image du pigeon migrateur américain qui se comptait, de son temps, en centaines de millions d’individus. Souvenonsnous de ce qu’il écrivait en 1833 : « La nature elle-même disparaîtetlacupiditédel’hommeéliminerabientôtnonseulementl’homme maistoutêtrevivant.»Sinousn’yprenonspasgarde,cettephrase pourrait sonner comme une prédiction. Et dans ce combat, les chasseurs ont un rôle de premier plan à jouer. ◆

Pour aller plus loin :le Grand Livre des oiseaux, de Jean-Jacques Audubon,Citadelles & Mazenod,1986 ; Audubon peintre naturaliste aventurier, d’Yvon Chatelin,France Empire,2001 ; John James Audubon,d’Alice Ford,University of Oklahoma Press,1964 ; Life and Adventures of Audubon,the Naturalist, de Robert Buchanan,J.M.Dent & Sons LTD,London,1912.

LES BRITANNIQUES SERONT SUBJUGUÉS PAR LES DESSINS DE CE PERSONNAGE À CHEVEUX LONGS, VÊTU D’UN MANTEAU EN PEAU DE LOUP. IL EST REÇU PAR TOUS LES GRANDS DE CE MONDE. Jours de C HASSE ◆

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Thoreau

Henry David

L’homme des fleuves et des bois

par

Bruno de Cessole

A

u printemps de l’année 1845, non loin de seigner,et non découvrir,quand je viendrai à mourir,que la petite ville de Concord dans l’État du Massachu- je n’avais pas vécu », écrivait-il dans son Journal. En réalité, la vie qu’il mena dans les bois de setts, un émule américain de Diogène entreprend de construire une cabane au milieu des bois, sur la Walden n’était pas vraiment une vie d’ermite.Henry berge de l’étang de Walden. À coups de hache, il DavidThoreau n’entendait pas se couper du monde abatdessapinsetentaillelestroncs,clouedesplanches, mais le tenir à distance. Durant les deux ans qu’il vécut sur la berge de l’étang dresse la charpente, asde Walden,il reçut nombre semble un plancher rudide visites, d’amis, comme mentaire au-dessus du vide NE BIOGRAPHIE les écrivains Ralph Waldo sanitaire. Quatre semaines Emerson, Nathaniel Hawplus tard, sa “maison dans ET LA PREMIÈRE thorne,William Channing, lesbois”estachevée.Longue qui avait, avant lui, vécu en dequinzepieds,largededix, TRADUCTION DE “SEPT autarcie dans une cabane percée de deux fenêtres et del’Illinois,maisaussidecud’uneportesansserrure,elle JOURS SUR LE FLEUVE” rieux,dechemineaux,depên’est meublée que d’un lit, cheurs et de chasseurs, de unetable,unbureau,unmiRAPPELLENT LE SOUVENIR badauds ou de promeneurs roirettroischaises:unepour dudimanche.Cesvisites,celasolitude,deuxpourl’amiDE HENRY DAVID pendant, étaient suffisamtié,trois pour la société.Sur ment espacées pour ne pas les deux arpents de terrain THOREAU, ÉCRIVAIN empiéter sur la règle de vie alentour,défrichésetlabouqu’il avait adoptée, alterrés par ses soins, le nouvel ET NATURALISTE nance d’occupations maermite sème pommes de nuelles–sarclersonpotager, terre, maïs, haricots, fèves AMÉRICAIN DU XIXe SIÈCLE, récolter ses légumes, cuisiet navets, pour assurer sa ner, cuire son pain, pêcher subsistance. Car le dessein PRÉCURSEUR dans l’étang – de travaux du jeune homme de 28 ans intellectuels,lecturesetécriest de prouver qu’un intelDE L’ÉCOLOGIE. ture, et de longues promelectuel peut s’autosuffire et nades au cours desquelles vivre en marge de la société et de ses lois en se contentant du minimum vital. « Je il observait les cycles de la nature et la vie quotim’en allais dans les bois parce que je souhaitais vivre dé- dienne de ses“voisins inférieurs”,les animaux,qu’il libérément,ne faire face qu’aux faits essentiels de la vie et consignaitdanslesdizainesdecarnetsqu’illaissaaprès voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu’elle avait à en- sa mort. >>

GLOWIMAGES/SUPERSTOCK

U

Jours de C HASSE ◆

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ÉCRIVAIN

Portrait

SON AUDIENCE N’A CESSÉ DE GRANDIR DEPUIS LE

XIXe SIÈCLE

PAGE DE GAUCHE, DAGUERRÉOTYPE DE HENRY DAVID

THOREAU,

AMÉRICAIN HORS NORMES, ADVERSAIRE DE LA CIVILISATION INDUSTRIELLE, DU

CONSUMÉRISME, DE

L’EMPRISE DE L’ÉTAT

SUR L’INDIVIDU ET DE L’ESCLAVAGE,

IL S’EFFORÇA, SA VIE

DURANT, DE METTRE EN HARMONIE SA VIE PUBLIQUE ET PRIVÉE ET SES THÉORIES PHILOSOPHIQUES.

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PHOTOS : DR - CHRISTIAN HEEB

Henry David Thoreau

“JE M’EN ALLAIS DANS LES BOIS PARCE QUE JE SOUHAITAIS VIVRE DÉLIBÉRÉMENT, NE FAIRE FACE QU’AUX FAITS ESSENTIELS ET VOIR CE QUE LA VIE AVAIT À ENSEIGNER.” ◆

L’EXPÉRIENCE INITIATRICE DE LA SOLITUDE VOLONTAIRE, ET

DU NATURALISME CHOISI

RECONSTITUTION DE LA CABANE QUE THOREAU CONSTRUISIT DE SES MAINS DANS LES BOIS DE WALDEN, AUX ENVIRONS DE LA VILLE DE

CONCORD, DANS LE MASSACHUSETTS, EN 1845. IL Y VÉCUT DEUX ANS ET Y ÉCRIVIT LES DEUX SEULS LIVRES PUBLIÉS DE SON VIVANT,

“SEPT JOURS

SUR LE FLEUVE” ET “WALDEN

OU LA VIE DANS LES BOIS”.

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C’est dans sa cabane de Walden que Thoreau composa les deux seuls livres qui parurent de son vivant, Sept jours sur le fleuve et Walden ou la vie dans les bois, livres qui lui valurent une notoriété relative, très inférieure à l’écho qu’ils rencontrèrent quand il nefutplusdecemonde.Autermed’unséjourdedeux ans et deux mois,le 26 septembre 1847,Henry David Thoreau fit ses adieux définitifs à son ermitage pour retourner vivre à Concord,parmi la société des hommes.Quelque temps après,il écrivait à un ami : « Je quittai les bois pour une aussi bonne raison que quand j’y étais venu.Peut-être me semblait-il que j’avais plusieurs autres vies à vivre,et que je ne pouvais passer plus de temps dans celle-ci.C’est remarquable comme nous tombons aisément et insensiblement dans une routine,et comme nous nous traçons nous-mêmes un sentier battu […].J’appris ceci,au moins,de par mon expérience : si quelqu’un avance avec confiance dans la direction de ses rêves et essaie de vivre la vie qu’il a imaginée,il trouvera des succès inattendus et des moments ordinaires.» Pour Thoreau, les “moments ordinaires” se confondirent avec la ronde des habitudes, finissant par susciter l’aspiration au changement. Le succès fut sans doute la conversion définitive à une philosophie de l’existence fondée sur la coïncidence absolue de la pensée et des actes. Avant Nietzsche, l’écrivainaméricain,pourquiilexistait,desontemps, «desprofesseursdephilosophie,maisdephilosophe,point», affirmait que le seul penseur digne de ce nom est celui dont la vie illustre les théories. L’auteur de Walden, philosophe non salarié, tenait, selon Michel Onfray,préfacier de la biographie signée parThierry

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Gillybœuf, qu’en « la vie frugale et libre,l’éthique incarnée,la résistance civile,la solitude méthodique,le célibat volontaire,la stérilité choisie,le naturalisme quotidien » résidaient les plus hautes valeurs.Et c’est ainsi qu’il vécut,non en professeur de sagesse et de vertu, mais en disciple des cyniques grecs, des ascètes orientaux et des premiers habitants de l’Amérique, ces Indiens dépouillés de leurs terres,puis exterminés au nom du progrès et de la civilisation par la démocratie américaine. Comme son nom le laisse supposer,Henry DavidThoreau était né,en 1817,dans une famille d’origine française,des protestants du Poitou qui s’étaient exilés à Jersey avant que le grand-père de l’écrivain ne gagne l’Amérique à la fin du XVIIIe siècle. Débarqué à Boston,il s’engagea sur un navire corsaire, participa à la guerre d’Indépendance, et mourut précocementdelatuberculoseà47ans.Desafemme, Jane Burns, fille d’un émigrant écossais, il eut huit enfants,dontJohn,lepèredeHenryDavid,quiépousa CynthiaDunbar,filled’unpasteurdeSalem.Peudoué pour les affaires, John Thoreau, après plusieurs mésaventures commerciales,finit par ouvrir une fabrique de crayons à Concord,gros bourg du Massachusetts,oùsesenfantsbénéficièrentd’uneexcellente éducation. À l’âge de 16ans Henry David, second desfilsThoreau,futadmisàHarvard,laplusancienne université des jeunes États-Unis d’Amérique, où il se fit remarquer par son naturel asocial, son caractère frondeur, et son dédain pour l’enseignement académique. Il devait affirmer, plus tard, qu’il avait davantage appris dans le livre de la nature que sur

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Henry David Thoreau DISCIPLE DU PHILOSOPHE

EMERSON,

IL DÉPASSA SON MAÎTRE

À DROITE, L’ÉCRIVAIN WASHINGTON IRVING RECEVANT DANS SA PROPRIÉTÉ DE SUNNYSIDE PRÈS

DE NEW YORK

LES PRINCIPAUX AUTEURS AMÉRICAINS DE SON TEMPS.

PARMI LESQUELS, NATHANIEL HAWTHORNE, RALPH WALDO EMERSON (CI-DESSOUS) ET FENIMORE COOPER. TABLEAU DE CHRISTIAN SCHUSSELE.

les bancs de l’université.Orgueilleuse posture d’autodidacte ! En réalité,le jeune Thoreau y acquit une solideculturegénéraletandisqu’ilydéveloppaitd’évidentes aptitudes intellectuelles.Mais déjà perçait en lui, à rebours de l’utilitarisme et du goût de la réussite matérielle typiquement américains, un penchant prononcé pour le loisir,un mépris affiché pour le culte du travail,de l’argent et pour les conventions sociales. De retour dans sa famille,Thoreau affirma son affranchissement en rompant avec l’Église,en refusant de voter,et en inversant l’ordre de ses prénoms. Un homme nouveau venait de naître, un homme libre, décidé à être l’auteur de ses propres actes, de penser sa propre pensée et de vivre sa propre vie. Hasard ou prédestination,la petite ville de Concord se trouvait être l’asile d’un penseur en qui le jeune Thoreau découvrit bientôt des idées très proches des siennes.De quatorze ans plus âgé que Thoreau, Ralph Waldo Emerson avait achevé de brillantes études à Harvard avant d’entreprendre des études de théologie et d’être ordonné pasteur. La mort de sa jeune femme le plongea dans une crise profonde quiledéterminaàabandonnersonministèreetàpartirpourl’Europeoùilrencontral’économisteStuart Mill, les poètes Samuel Taylor Coleridge, William Wordsworth, et surtout le bouillonnant essayiste et historien écossais Thomas Carlyle, avec qui il allait entretenir une correspondance régulière durant une quarantaine d’années. Àsonretour,Emersonfondaavectroisancienscondisciples de Harvard, tous imprégnés d’une conceptionromantiquedelareligion–fondée non sur les dogmes mais sur le sentiment et la communion individuelle avec Dieu– un cercle intellectuel baptisé The Transcendantal Club, où s’élabora une originale philosophie morale et esthétique : le transcendantalisme. Si elle puisait sa source dans l’idéalisme kantien, cette philosophie hétéroclite empruntait également à des penseurs aussi différents que Platon, Plotin, Confucius, Swedenborg ou Fourier. Dans l’excellent chapitre qu’il a consacré à Thoreau dans les Radicalités existentielles,tome6 de sa Contrehistoiredelaphilosophie,Michel Onfray définit le transcendantalismeenseptthèses : la croyance en un esprit universel,undieuidentifié à l’énergie de la natureetàlaforce cosmique ; la célébrationde

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l’intuition et de l’empathie comme moyen d’accès à la vérité ; la nécessité de se tenir à l’écart des foules, incapables de communier avec l’infini ;la conviction que tout ce qui favorise la confiance en soi et l’expansion de l’individu est conforme à la providence ; l’affirmationquelacontemplationdelanatureconduit à la vérité, et donne accès à Dieu ; enfin, qu’il n’y a rien à attendre de la politique et des gouvernements, que seuls comptent la réforme individuelle et la construction de soi. On peut comprendre que dans l’Amérique puritaine de la première moitié du XIXe siècle ce dévergondagephilosophiqueaitsuscitéunecertainepanique et que ses adeptes aient été stigmatisés comme de dangereux anarchistes ou des hurluberlus mûrs pourl’asile,jugementcorroboréparlesextravagances de quelques disciples.D’abord séduit par la secte et lecteur admiratif des écrits d’Emerson, Nature et l’Intellectuel américain, Thoreau, tout en continuant de fréquenter Emerson et sa maisonnée – il fut le factotum du “Maître” et le sigisbée de sa seconde femme, quand le philosophe voyageait pour des tournées de conférences en Europe– ne tarda pas à prendre quelque distance. Alors qu’Emerson se contentait de prêcher sa doctrine dans son cabinet, Thoreau entendait,pour sa part,la vivre,loin des salons et des bibliothèques sur le terrain,dans les bois, les prairies, et sur les fleuves. Au sein de la nature, qui fut la seule épouse de ce célibataire autosuffisant –« La société des jeunes femmes est,de toutes celles quej’aiessayéescelledontj’aitirélemoinsdeprofit»,tranchait-il, sans avoir, semble-t-il, connu bibliquement le sujet–, convaincu que femme et enfants ne sont que des obstacles dans l’accomplissement d’une vie authentiquement philosophique.

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PHOTOS : DWYER/AP/SIPA - AISA/LEEMAGE - WASHINGTON IMAGING/ALAMY - PHOTO12/HACHEDÈ

Dès la fin des années 1830,sur la recommandation d’Emerson,notre Diogène américain avait commencédetenirunJournalquotidien.Durantunquart de siècle, il noircit trente-neuf cahiers totalisant quelque six mille pages,qui ne furent publiées qu’à partir des années 1880, après sa mort. « Le poète, plaidait-il, n’est-il pas obligé d’écrire sa biographie ?Y a-t-il pour lui une autre œuvre qu’un bon Journal ? Nous ne tenons pas à savoir comment a vécu son héros imaginaire,mais comment,lui,le héros réel,a vécu au jour le jour ». Curieux Journal, où les confidences personnelles,àreboursdesmodèlesdugenrecommeleJournal d’Amiel, sont quasi absentes, mais qui abonde en notations sur l’économie de la nature,le comportementdesanimaux,l’ethnologieindienne,lagamme des émotions éprouvées lors de ses promenades, mais aussi les réactions de l’auteur au spectacle des événements politiques de son temps. CarThoreau,loind’êtreunermiteretranchédans sa tour d’ivoire,absorbé par la sculpture de son moi, s’engagea avec détermination dans les combats po-

litiques qu’il jugeait nécessaires,notamment la lutte pour l’abolition de l’esclavage et la défense des droits del’individucontrel’emprisedel’État.Aucoursd’une existence que l’on pourrait juger monotone et confinée, ces engagements illustrent sa conception existentielle d’une philosophie vécue au quotidien.Avec l’expérience de la retraite dans les bois de Walden, l’épreuve de la prison et la participation à l’exfiltration d’esclaves en fuite vers le Canada, ainsi que la défense du capitaine John Brown, militant abolitionniste condamné à la pendaison,furent les temps forts de sa vie. En 1846, alors qu’il habitait sa cabane de Walden,Henry David Thoreau fut arrêté pour refus de payer l’impôt,au motif que celui-ci était destiné à financer la guerre contre le Mexique et à maintenir un État resté esclavagiste. Alors que l’on s’offrait à payer pour lui la taxe, Thoreau refusa et choisit de rester en cellule, expliquant que, « sous un gouvernement qui emprisonne un seul être injustement,la juste place du juste est aussi la prison ».Sa famille s’étant cotisée pour régler l’impôt,il fut libéré le lendemain,à son corps défendant.« Ce fut le seul prisonnier que j’aie eu, confia son gardien, qui refusât de partir quand il le pouvait.» De son emprisonnement, le philosophe devaittirerlamatièred’uncourtessaivouéàungrand retentissement,laDésobéissancecivile,etdedeuxconférences qui complétaient sa théorie,“Rapports de l’individuàl’État”et“Droitsetdevoirsdel’individu”. Au nom de la justice et du droit de la conscience, il proclamait « le droit à la révolution,c’est-à-dire le droit de refuser l’allégeance au gouvernement,et celui de lui résister,quand sa tyrannie ou son inefficacité sont grandes et insupportables ». Cette pétition de principes va bien au-delà de la simple objection de conscience et

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LES 6 000 PAGES DE SON JOURNAL NE PARURENT QU’À APRÈS

SA MORT

STATUE DE

L’ÉCRIVAIN DEVANT LA CABANE RECONSTITUÉE DE

WALDEN. ET, EN DESSOUS, LA PLAQUE COMMÉMORATIVE INDIQUANT L’EMPLACEMENT DE SA CABANE ORIGINELLE.

THOREAU

ENTENDAIT NON PAS VIVRE EN ERMITE MAIS SE METTRE À DISTANCE DU MONDE. ENTRE

DEUX RANDONNÉES, OÙ IL RÉCOLTAIT DES SPÉCIMENS DE LA FLORE ET DE LA FAUNE, IL Y REÇUT

NOMBRE DE VISITES.

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Henry David Thoreau

“LE GRAND DIEU PAN N’EST PAS MORT […] ET C’EST À SON SANCTUAIRE QUE JE SUIS

LE PLUS FIDÈLE”

PORTRAIT

DE THOREAU, EN NATURALISTE CIVILISÉ.

D’ORDINAIRE,

L’HOMME DES BOIS ET DES FLEUVES ÉTAIT VÊTU DE VIEILLES FRIPES PLUS ADAPTÉES À SES COURSES DANS LA NATURE.

postule une “révolution pacifique”, obligation qui s’impose à tout citoyen dès lors qu’il estime qu’un gouvernement agit injustement et bafoue le respect du droit, lequel prime celui de la loi. Dix ans plus tard, en 1859, une autre occasion fut donnée à Thoreau d’affirmer cette volonté têtue de mettre en harmonie ses principes et ses actes, et de mettre en application ses théories. Non content de recueillir des esclaves en fuite et de les aider à passer la frontière, il prit fait et cause pour le capitaine John Brown, coupable de s’être emparé d’un arsenal militaire et d’avoir incité les esclaves à se révolter. Blessé et capturé, Brown fut condamné à mort et exécuté. Contre son propre camp, qui jugeait irresponsable et malencontreuse l’action de Brown, Thoreau prononça un plaidoyer public en sa faveur, où il justifiait l’usage des armes par les abolitionnistes : « Pour une fois,les fusils et les revolvers ont servi à une juste cause.» Quant à Brown,il n’hésitait pas à saluer en lui « un nouveau saint,dont il n’y eut jamais d’exemple plus pur et plus courageux,poussé par l’amour des hommes dans le combat et vers la mort ». Après cette incursion tonitruante mais sans succès dans l’arène publique et les affaires du temps,le philosophe retourna à sa vie obscure mais féconde au sein de la nature,dans ce microcosme de Concord quifutpourluiunefenêtreouvertesurlevastemonde. Après avoir quitté l’université,il avait,avec son frère aîné, fondé une école privée, où il entendaitmettreenœuvrelesprincipes pédagogiques et les conceptions inspirés du transcendantalisme. Mais les temps n’étaient pas mûrs et il dut la fermer en 1841.Après une brève expérience de précepteur à New York,il revint s’installer à Concord, sans exercer de vraie profession, si ce n’est celled’hommeàtoutfairepour ses amis et voisins, puis, plus tard,enaidantàlabonnemarche del’entreprisepaternelle,quiproduisait les meilleurs crayons d’Amérique.En 1848,il entama une activité d’arpenteur géomètre qu’il exerça jusqu’à sa mort. Elle lui permettait de concilier les moyens de subvenir à ses modestes besoins et devivretoutel’annéeenplein air,engrangeant ses observations sur la flore et sur la faune, matière d’une histoirenaturelle de l’Amérique, projet qu’il ne put mener à

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bout, de même qu’il ne put composer, à partir de la multitudedenotesprisessurl’ethnologiedesIndiens, l’histoire de l’Amérique précolombienne qu’il avait envisagée. La majeure partie de son temps était dédiée à de longues promenades autour de Concord, au cours desquelles il collectait des spécimens pour les naturalistes, récoltait des plantes pour son herbier,et célébrait le culte panthéiste de la nature :« car le grand dieu Pan n’est pas mort,contrairement à la rumeur.Aucun dieu ne meurt jamais.De tous les dieux de la Nouvelle-Angleterre et de la Grèce antique,c’est sans doute à son sanctuaire que je suis le plus fidèle ». Vêtu d’un manteau gris élimé,coiffé d’un chapeau informe, chaussé de godillots cloutés, il partait en expédition avec une longue-vue, une boussole, un mètre, un livre pour presser les plantes, une boîte de thé et une tranche de gâteau aux prunes qui lui tenait lieu de déjeuner,notant et enregistrant, comme le rapporte l’un de ses premiers biographes, « les habitudes des animaux,les traces du renard et de la loutre,les migrations et les chants des oiseaux, le coassement des grenouilles et la stridulation des grillons,le frai et les nids des poissons,la floraison, la chute des feuilles,la hauteur de la rivière,la température des étangs et des sources,et d’innombrables autres phénomènes de la vie en plein air ». Àplusieursreprises,lephilosophepéripatéticien, quiestimaitqu’«unhommepenseautantavecsesjambes et ses bras qu’avec son cerveau »,se lança dans de plus longues expéditions en compagnie de proches ou d’autresnaturalistes.Dès1839,sonfrèreetluiavaient remonté en canoë la Concord River et la Merrimack River,et cette navigation de deux semaines lui four-

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nit le thème de son premier livre, récemment traduit en français sous le titre Sept jours sur le fleuve,où le récit de voyage est prétexte à une sorte de navigation intérieure, jalonnée de poèmes, de rêveries, et de digressions à propos de la littérature, de l’amitié, de la religion, des textes sacrés, de la primauté des mythes,de l’histoire de la Nouvelle-Angleterre et de la confrontation entre immigrants et Indiens. Par la suite,entre deux tournées de conférences, il entreprit l’ascension du mont Wachusett,puis des randonnées dans le New Hampshire,le Massachussetts et les Catskills.Entre 1846 et 1857,il parcourut à quatre reprises les forêts du Maine, et fit quatre voyages au promontoire de Cape Code. Enfin, l’année précédant sa mort, il mena une dernière équipée dans le Minnesota. En canot ou à pied, sous la conduitedeguidesindiensauprèsdequiils’enquérait des coutumes et de la langue de leurs ancêtres,Tho-

reau pratiqua ce que l’écrivain allemand Ernst Jünger devait nommer « le recours aux forêts ». Un recours qu’il jugeait menacé par le rétrécissement de la sauvagerie originelle et l’invasion des bois par les bûcheronsetleschasseursblancs.Avecdépit,ilconstatait combien peu nombreux sont ceux qui s’enfoncent dans les forêts à seule fin de contempler la nature, d’en observer les cycles et d’en déchiffrer les lois.Ayant assisté à une chasse à l’orignal,l’élan géant de l’Amérique, il écrivit un texte sévère sur ce qu’il appelait un « meurtre domestique » et une tragédie,jugeant avec mépris que, bien loin d’être une marque de virilité, la chasse de ce « doux géant myope » évoquait à ses yeux le tir sans gloire d’un bétail dans le champ de votre voisin. Lesantichassecontemporainsn’ontpasmanqué, en conséquence, d’enrôler Thoreau dans leur croisade.La réalité est un peu plus complexe.L’homme des bois et des fleuves, admirateur de la culture des peuples chasseurs de l’Amérique précolombienne, était un observateur suffisamment sagace de la vie animale pour s’insurger contre la loi de prédation. Et son Journal témoigne de l’ambivalence de ses jugementssurlachasseetleschasseurs.«Àlacampagne, confiait-il, l’amour d’un jeune garçon peut hésiter entre un fusil et une montre ; mais le plus actif et le plus viril choisit le premier.Je revois le moment où j’ai pu tenir un fusil à la main toute la journée,sans qu’il me paraisse trop lourd,bien que je ne m’en sois pas servi une seule fois.Le chasseur nourrit une affection pour le fusil qu’aucun laboureur n’éprouve pour l’outil dont il se sert – sa hache ou sa bêche.» Dans un autre passage, coursant un renard dans la neige, il confesse avoir ressenti

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LA CHASSE STIMULAIT ET TROUBLAIT À LA FOIS SES NOTIONS MORALES

LA CHASSE DE L’ÉLAN (CI-CONTRE), CE “DOUX GÉANT MYOPE”, ÉVOQUAIT À SES YEUX LE TIR SANS GLOIRE D’UN BÉTAIL DANS LE CHAMP DE VOTRE VOISIN.

AU-DESSUS,

LA MERRYMACK ET,

À GAUCHE,

LA CONCORD.

EN 1839, SON FRÈRE ET LUI REMONTÈRENT

EN CANOË LES DEUX RIVIÈRES, ET CETTE NAVIGATION DE DEUX SEMAINES FOURNIT À THOREAU LE THÈME DE SON PREMIER LIVRE.

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PHOTOS : SIPA - TH GOISQUE

Henry David Thoreau

“L’OUEST EST UN SYNONYME DE TERRE SAUVAGE.MES DÉVELOPPEMENTS TENDENT À DÉMONTRER QUE LA SAUVEGARDE DU MONDE RÉSIDE DANS CETTE NATURE SAUVAGE.” ◆

IL EST L’ANCÊTRE SPIRITUEL

DE L’ÉCOLOGIE MODERNE ET DU REFUS DU CONSUMÉRISME

L’ÉCRIVAIN SYLVAIN TESSON DANS SA CABANE DU LAC

BAÏKAL OÙ IL RENOUVELA L’EXPÉRIENCE DE THOREAU

À WALDEN.

LE LIVRE QU’IL EN TIRA, “DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE” (GALLIMARD) FUT UN SUCCÈS DE LIBRAIRIE. À DROITE, LA MAISON FAMILIALE DE THOREAU, À CONCORD,

OÙ IL MOURUT DE TUBERCULOSE EN 1862.

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l’ardent et joyeux instinct de la chasse, à l’égal d’un prédateur animal. À l’évidence, le paisible contemplateurdelanatureétaitpartagéentredeuxattitudes : la mort infligée à l’animal sauvage suscitait en lui angoisse et culpabilité,mais aussi une certaine exultation, en tant que l’une des formes de relation de l’homme à la nature. La chasse, à ses yeux, était une activité riche en spiritualité,et elle stimulait et troublait à la fois ses notions morales sur les rapports entre l’homme,l’environnement et la faune.Sur son lit de mort, en 1862, frappé, comme son père, par la tuberculose, les deux derniers mots prononcés par Henry David Thoreau furent :« orignal » et « Indien », les deux emblèmes de la vie sauvage qu’il avait vécue, célébrée, et érigée en ultime recours contre les méfaits de la civilisation matérialiste et consumériste vers laquelle penchait l’Amérique. À l’encontre des penseurs des Lumières qui voyaient dans l’Amérique la preuve du bien-fondé de la théorie du “bon sauvage”, et des romantiques qui estimaient que l’Europe, en s’industrialisant et en s’urbanisant,est devenue un foyer de corruption, etlouaientenl’Amériqueleparadisperduetretrouvé, le creuset d’une nouvelle civilisation appelée à régénérerl’humanité.HenryDavidThoreau,refusanttout prosélytisme, ne cherchait pas à enrôler la sauvagerie au service d’une idéologie, mais incitait l’Amérique industrielle à retrouver son identité par le retour à la nature. « Ce qui est sauvage,proclame-t-il, s’accorde avec la vie,et le plus vivant est aussi le plus sauvage », tandis que, dans son essai De la marche, il exprime avec force ce qui deviendra l’évangile des écologistes ac-

Jours de C HASSE ◆

tuels :«L’Ouestdontjeparlen’estqu’unsynonymedeterre sauvage,et ce vers quoi tendent mes développements c’est l’affirmation que la sauvegarde du monde réside dans cette nature sauvage.» Longtemps considérées avec un certain dédain – de son vivant ses livres ne furent lus que par quelques centaines de lecteurs, et il ne futappréciéquedequelques-unsdesespairs,comme Herman Melville et Walt Whitman– l’œuvre et la pensée du “célibataire de la nature” n’ont cessé d’étendre leur audience.Parmi ses héritiers,les“environnementalistes”commeJohnMuiretAldoLeopold,lestenantsduretouràlanaturedesannées1960, les apôtres de la résistance civile et de la non-violencecommeLanzadelVastoetMartinLutherKing, les contempteurs de la société de consommation,les militants contemporains de la décroissance,les partisans des énergies renouvelables et les adeptes d’une biodiversité durable… Jusqu’à son expérience de la vie dans les bois qui,de temps à autre,incite un écrivain, tel Sylvain Tesson, à se retirer loin du monde au cœur des forêts pour retrouver la vertu de la solitude, du dépouillement, et vérifier qu’« un homme est riche en proportion du nombre des choses dont il peut se passer ». ◆

PRINTEMPS 2013

Henry David Thoreau, le célibataire de la nature,de Thierry Gillyboeuf, Fayard,490 pages,22 €. Sept jours sur le fleuve,de Henry David Thoreau, traduction de Thierry Gillyboeuf,Fayard,452 pages,22 €. Sibérie ma chérie, de Sylvain Tesson,Thomas Goisque et Bertrand de Miollis,Gallimard,144pages, 150 illustrations,19,90 €.


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Jean-Yves du Boispéan La comédie cynégétique par Virginie Jacoberger-Lavoué


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E JEAN-YVES DU BOISPÉAN,

ON RECONNAÎT AU PREMIER COUP D’ŒIL, UN TRAIT, UNE MANIÈRE DE DESSINER SES ANIMAUX HUMANISÉS ET TOUT SON ART JEAN-YVES DU BOISPÉAN

DE DÉPEINDRE AVEC HUMOUR NOS TRAVERS DE CHASSEUR ET… D’HOMME. JEAN-YVES DU BOIPÉAN ET SON TECKEL. SUR LES DEUX PAGES, “LA POURSUITE” : UN SANGLIER VINDICATIF, LA TROMPE AUTOUR DU COU, UN VENEUR EN MAUVAISE POSTURE, UN CHEVAL AU LOIN… BOISPÉAN RECONNAÎT ÊTRE FORTEMENT INFLUENCÉ PAR DES DESSINATEURS, DES SCULPTEURS OU DES ÉCRIVAINS

CECIL ALDIN, FRATIN, LA FONTAINE, MOLIÈRE.

QUI ONT POUR NOMS


“LE GRAND DÎNER”, UN DE SES DESSINS LES PLUS CONNUS. LES VENEURS SE SONT MÉTAMORPHOSÉS EN CHIENS COURANTS, OÙ L’ON OBSERVE TOUR À TOUR L’AMATEUR DE BONS VINS TRÔNANT EN BOUT DE TABLE, LE SÉDUCTEUR IMPÉNITENT AU REGARD LUBRIQUE, LE GASTRONOME AVERTI…

O

I

n ne peut s’empêcher de regarder avec gourmandise son Dîner de chasse,où les veneurs se sont métamorphosés en chienscourantsoùl’ondistinguetouràtourl’amateurdebons vins,le séducteur impénitent au regard un tantinet lubrique, le gastronome averti, servi par un bouledogue en gilet rayé du meilleur effet… C’estencorece“chien”àtiretce“veneurcourant”quis’invective copieusement à propos d’un sanglier qui, justement, s’en va sur la pointe des pieds… Ces chiens, ce sont les nôtres et ceux de nos amis, les chasseurs, ce sont nos compagnons ou nous-même, si l’on est capable de laisser sur le bas-côté notre amour-propre (et personne n’ignore qu’il est outrageusement développé chez certains disciples de Saint-Hubert !). >>

l y a tout à la fois du Fratin, du Cecil Aldin et du Daumier chez cet homme-là. Car le trait et l’univers de Jean-Yves du Boispéan sont à nul autre pareil : il suscite le rire et le sourire et l’on devine chez son auteur une indéniable jouissance à brocarder ses semblables. C’est un illustrateur et un caricaturiste au sens premier et au sens noble du terme, celui qui démontre et qui éclaire, sans autre prétention que de saisir une scène et une situation comique.Au vrai, Jean-Yves du Boispéan se délecte pour notre grand plaisir, dans ce qu’on appelle à la fois le “zoomorphisme” qui vise à donner à l’homme des caractéristiques animales, et l’anthropomorphisme, où en quelque sorte les animaux miment l’homme.

C’EST UN ILLUSTRATEUR AU SENS PREMIER ET NOBLE DU TERME, QUI DÉMONTRE ET QUI ÉCLAIRE, SANS AUTRE PRÉTENTION QUE DE SAISIR UNE SCÈNE OU UNE SITUATION COMIQUE…

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“LA CHASSE À L’ESCARGOT” : UNE PLUIE DILUVIENNE, UN FOX QUI SE PROTÈGE, UN CHASSEUR QUI GRELOTTE, DES CANARDS QUI SE RÉJOUISSENT AU LOIN, ET UN ESCARGOT TRÈS BIEN CACHÉ,

PREUVE QUE L’ATTENTE N’EST PAS FINIE…

PAGE DE “LE SNOB” : QUI N’EN A PAS DÉJÀ VU UN ?

DROITE,

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Jean-Yves du Boispéan, c’est un trait reconnaissable entre tous, à telle enseigne qu’il a des fidèles qui le suivent d’exposition en exposition, de salon en salon depuis maintenant deux décennies. Seulement, serait-on tenté de dire, car notre artiste – sans lui faire offense de son âge, 57 ans très exactement – n’est pas ce qu’on appelle une jeune révélation. Il ne le cache d’ailleurs aucunement, avec son regard malicieux digne d’un personnage sorti tout droit de Rabelais et de Cadoudal, expliquant qu’il est un « autodidacte,arrivé sur le tard ». Si pour certains artistes, la carrière dans les beaux-arts est arrêtée dès l’enfance, une sorte de vocation avec ce qu’elle comporte d’agité et de tumultueux, le parcours de Jean-Yves du Boispéan sera bien plus calme, sans aspérités artistiques, ni chez lui, ni dans sa proche famille. Enfance et adolescence, il les passera dans la campagne du Val de Loire, sur ce terroir auquel il restera viscéralement attaché. Il aime la vie simple, rustique, les mœurs ancestrales etlerythmepaisibledumonderural.ChezlesBoispéan,comme chez tant de familles de l’Ouest, la chasse est un prolongement naturel de l’existence. On chasse à tir, on est veneur, on monteàcheval,onfréquenteleshippodromes(etdansl’Ouest, ils sont légion !). Le dessin ? « L’idée ne m’a même pas effleuré », affirme-til. À cette nuance près que, sur les murs et les cimaises de la demeure familiale, on trouve des scènes de Cecil Aldin, des Olivier de Penne, des Pierre Chambry… Au gré des déménagements – son père est militaire –, les tableaux suivent les pérégrinations et ne quittent presque jamais le jeune JeanYves. « Ils ont formé inconsciemment mes goûts,mon œil et mon regard »,dit-il. Il suit des études classiques, se spécialise dans l’immobilier, travaille pour des groupes du secteur, fait un passage dans l’administration, mais toujours en province, sans doute pour ne pas voir s’éloigner ces campagnes qu’il aime tant. Une vie tranquille, sans histoires, mais, reconnaîtil aujourd’hui, « d’une monotonie presque effrayante ». Il chasse tout de même, surtout le petit gibier, avec une sensibilité particulière pour la bécasse (« la reine ») et « l’insaisissable perdreau ». Seulement voilà, très adroit de ses mains, il commence, « il y a un peu plus de vingt-cinq ans, à dessiner pour s’amuser, pourlui-même,poursedistraire».«Jefaisaisdesboiseries,destrains électriques,peignais des soldats de plomb,mais je voulais créer de A à Z », explique-t-il.Après avoir participé ou suivi des dizaines de chasses, les thèmes étaient tout trouvés : il va naturellement vers ce qui l’avait marqué pendant son enfance, les scènes cynégétiques et équestres sur ses murs. « Ce sont ces tableaux qui ont formé mon goût et m’ont instinctivement guidé dans mon apprentissage technique.Je suis allé vers ce qui était le plus aisé pour moi,le dessin à l’encre… », confesse-t-il dans un café du Palais-Royal où tout de suite il s’attire la sympathie d’un serveur, ancien employé d’À la Biche aux Bois, un restaurant spécialisé dans le gibier dans le XIIe arrondisse-

ment où il a été exposé.Il ne connaît pas la technique du dessin,se forme lui-même avec tout ce que cela comporte d’aléas etdedoutes.Ilcompulse,lit,consulte,travaille«commeunacharné» – ce qui est toujours le cas ! – mais sans jamais chercher à plaire coûte que coûte. Il montre ses dessins à des amis et « plus encore à [sa] femme qui a toujours été d’un immense soutien et de conseils avisés en qualité d’artiste », explique-t-il. Laurence du Boispéan qui est artiste cynégétique mais qui a choisi de ne plus exposer ses œuvres va l’aider, l’encourager (« Je ne serais jamais devenu artiste sans la complicité de ma femme,sans sa compréhension de ma recherche artistique,sans ses observations lorsque j’étais encore au stade de l’apprentissage »). Ilnefauttoutefoispasyvoirunequelconqueressemblance ou correspondance de style ; quoi de commun, en effet, entre les scènes de Jean-Yves et les plumes très réalistes, avec leur couleur et leur légèreté, de sa femme ? Ce qui les réunit, c’est leur passion pour la nature et la vie des campagnes (ils vivent d’ailleurs loin des agitations parisiennes du monde de l’art, à Saint-Cyr-sur-Loire en Indre-et-Loire). >>

IL AIME LA VIE SIMPLE, RUSTIQUE, LES MŒURS ANCESTRALES ET LE RYTHME PAISIBLE DU MONDE RURAL.CHEZ LUI, LA CHASSE EST UN PROLONGEMENT NATUREL DE L’EXISTENCE. Jours de C HASSE ◆

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Après avoir longtemps hésité,il expose pour la première fois en Loire-Atlantique, à Châteaubriant, il y a une vingtaine d’années. Une expérience qu’il n’oubliera pas, car « avant de vendre,vous êtes rassuré par vos proches,vos amis,qui apprécient votre travail et parfois vous achètent un dessin mais on se sent toujours flatté par son entourage.Le premier dessin qu’on vendàunacheteur,onnel’oubliepas».Cettepremièreœuvreétait une scène de chasse où le chasseur devient proie,où la chasse se mène à l’envers ! Le trait est précis, la silhouette de l’animal “humanisée” parfaitement identifiée et exprimant parfaitement la contrariété. Déjà tout son esprit ! Jean-Yves va assez vite se faire un nom.Au fil des ans,les salons s’enchaînent : le Salon de la chasse de Rambouillet, le Game-Fair de Chambord, le Salon des artistes animaliers… Mais en tout état de cause,il veut rester proche de ses clients et tient à exposer dans des manifestations plus modestes, comme récemment, dans le Morbihan, à Saint-Dolay au château de Cadouzan où il a présenté des dessins et des gravures. Ce qui le touche particulièrement,c’est de voir arriver les jeunes générations… Les clients, « de vrais fidèles », dit-il, plébiscitent son esprit comique, car ils y voient toujours un proche, ou une situation dont ils veulent se souvenir. « C’est toujours l’idée qui motive le dessin pour moi ; tout peut partir d’un détail », confiet-il. Impossible donc pour lui de peindre d’après-nature ou de copier les plus grands pour former son trait « mais cela ne m’empêchepasd’apprécierletravailréalisted’illustrateurscontemporains ou de sculpteurs réalistes », note-t-il.Il cite notamment avec beaucoup d’admiration le travail de Blaise Prud’hon,de Matthieu Sordot, d’Arnaud Fréminet ou, côté sculpture, de Sophie Martin… Difficile aussi pour lui de répondre à des commandes précises quand il n’y a pas « l’étincelle ». Ildessinepresqueàl’économie,aucrayon,àl’encredeChine et à la gouache,en se concentrant sur la scène de chasse et son effet stylistique, ce qu’il nomme avec amusement « le piquant de la situation ».On le voit dans chacun de ses dessins,la nature occupeuneplacedepremierordredanssontravailmême si le décor est toujours minimaliste dans ses scènes. Au-delà même de son inspiration,elle forme son goût et sa vision de la vie. « Je suis un tel amoureux de la nature et des animaux que,dès que j’ai commencé à travailler au crayon,le traitement d’animaux humanisés s’est imposé de lui-même », remarque-t-il tout en reconnaissant les in“L’APPRENTISSAGE” ET, CI-DESSUS, LA RECETTE DU “LAPIN CHASSEUR”. JAMAIS À COURT D’IDÉES, IL A LANCÉ TOUTE UNE SÉRIE DE DESSINS SUR LA GASTRONOMIE ET LE VIN, OÙ IL SE SERT D’UNE RECETTE COMME SOURCE D’INSPIRATION DU DESSIN.

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fluences de Cecil Aldin, Harry Elliot, mais aussi des illustrateurs des Fables de la Fontaine, des caricatures de Daumier… Tout ce qui touche à l’animal représenté, de La Fontaine à Buffon, de Grandville aux Contes de Perrault,lefascine.Sonautreparticularité, c’est qu’il écoute toujours de la musiquepouraccompagnersontravail,de Josquin des Prés à Wagner, en passant par de grands morceaux d’orgue ou la Petite musique de nuit de Mozart. Ce que l’on admire chez lui c’est cette incroyable imagination, sa re-

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LA RECETTE “COQ AU VIN”,

DU

ÉVIDEMMENT AU VIN DE

BOURGOGNE,

ET, CI-DESSOUS,

“LE BLAIREAU RENARD”. DANS CHACUN DE SES DESSINS, ET LE

LA NATURE OCCUPE UNE PLACE DE PREMIER ORDRE, MÊME SI LE DÉCOR EST TOUJOURS MINIMALISTE DANS SES SCÈNES, UN TRAIT AU CRAYON EN ARRIÈRE-PLAN.

AU-DELÀ MÊME

DE SON INSPIRATION, ELLE FORME SON GOÛT ET SA VISION DE LA VIE.

doutable mémoire à saisir l’instant. Ce qui le guide c’est son humour naturel, en demi-teinte, un peu pince-sans-rire, jamais grinçant. Souvent, se souvenant d’une scène, c’est l’instinct qui prime ; il croque en quelques traits un caractère, une scène cocasse ou un de nos petits travers.Voilà ce qui explique la sûreté de son trait,la simplicité et la spontanéité de ses compositions. Assurément, il fait sienne l’approche de la création artistique par Michel Tournier, se concentrant sur « la pureté infaillible du trait plutôt que du tremblé atmosphérique de rêve ». Il a, dans presque chaque dessin, une tendresse et une sensibilité infinies. Notre artiste explique volontiers qu’il faut savoir observer, sentir et que « souvent tout est dans le regard de ses contemporains,qu’une idée vient dans un dîner ou en compagnie d’amis ».Preuve à l’appui,il ne peut s’empêcher de nous montrer une photo prise au château de l’Augère SaintMarc, celle représentant un autre artiste et veneur Emmanuel Frachon (Jours de Chasse n° 16) et de Loïc de Suremain. C’est précisément cette scène qui lui a inspiré son dessin du

Grand Veneur et le Grand Artiste. Avec Boispéan, la chasse est là dans ce qu’elle a d’intemporel,avec d’abord et surtout une inclinaison pour les animaux dont il a autant d’histoires à ra-

“JE SUIS UN TEL AMOUREUX DE LA NATURE ET DES ANIMAUX QUE, DÈS QUE J’AI COMMENCÉ À DESSINER AU CRAYON, LE TRAITEMENT D’ANIMAUX HUMANISÉS S’EST IMPOSÉ DE LUI-MÊME.” Jours de C HASSE ◆

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et le martin-pêcheur, le blaireau qu’il trouve naturellement “très humain”, le renard et la hulotte à propos de laquelle il dit : « J’aime tellement l’écouter hululer que je dors été comme hiver ou presque les fenêtres grandes ouvertes.Quand je l’entends, cela va vous paraître surprenant,mais je pense au gentilhomme du XVIIIe siècle qui lui aussi aurait pu l’écouter pareillement », confie-t-il.Jamais à court d’idées,il a lancé toute une série de dessins sur la gastronomie et le vin,où il se sert d’une recette comme source d’inspiration du dessin, série qui va être exposée au musée du Veneur à Montpoupon à partir du mois d’avril. Des animaux observés, la vénerie à une place à part.On songe bien sûr à son Grand dîneretsesanimauxenveneurs.Onvoit sonsanglieraurepos,aucoindu feu,sa trompe sur un dossier, une botte déchaussée et l’une encore au pied. On sent que la scène a été vécue cent fois ! Dans À cor et à cri,c’est le sanglier qui s’enfuit sans se faire remarquer par un chasseur et un veneur, trop occupés à s’invectiver.C’est encore un grand cerf qui se met à table…

“LE BONSOIR”, PUIS “LE COCHON QUI FUME”, PAGE DE DROITE, “RETOUR AU MANOIR” ET, CI-DESSOUS, “MON UNIVERS”. À TRAVERS SES DESSINS, EN DIGNE ADMIRATEUR DE MOLIÈRE SI DOUÉ POUR LA PEINTURE SOCIALE DE SON TEMPS, BOISPÉAN NOUS LIVRE UNE GRANDE FRESQUE DE CARACTÈRES.

conter que La Fontaine a écrit de fables. À sa manière, il suit le conseil de Cecil Aldin « toujours considérer son modèle comme un être vivant,animé de mouvements ».Dans le Renard et le Blaireau, il illustre aussi ce qu’il a vu : « cela peut paraître surprenant,mais j’ai un jour aperçu ensemble sur la vigne,un renard qui mangeaitduraisinàunmètred’unblaireau qui mangeait une autregrappe, ils s’ignoraient superbement, s’observaient du coin de l’œil, c’était si cocasse que j’ai immédiatement pensé à dessiner la scène ». Il nous parle aussi de sa rencontre avec un lièvre et unfaisantrès«collé-monté,très marquissursesterres» :celadonnera un dessin d’une irrésistible drôlerie. Ses animaux favoris ne sont pas forcément les plus gros. Il a une prédilection pour le pic épeiche

LA CHASSE EST LÀ DANS CE QU’ELLE A D’INTEMPOREL, AVEC UNE INCLINAISON POUR LES ANIMAUX DONT IL A AUTANT D’HISTOIRES À RACONTER QUE LA FONTAINE A ÉCRIT DE FABLES.

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À travers ses dessins, en digne admirateur de Molière si doué pour la peinture sociale de son temps, Boispéan nouslivreunegrandefresquedecaractères,dontchacunaura reconnu son meilleur ami ou son pire ennemi. Il a la verve d’un Elzéar Blaze dans sa galerie de portraits, entre le golfeur un peu snob,un chasseur un peu trop amateur de fêtes et de grands vins, un veneur grande gueule… le plus souvent sous les traits de chiens très bien croqués. Hélas, le succès a sa contrepartie : Jean-Yves du Boispéan n’a plus le temps de chasser. Car tous les salons importants sont organisés entre septembre et décembre, les commandes s’accélèrent alors : « c’est malheureusement la période pour le petit gibier devant soi,et les grandes chasses en battue,ce n’est pas du tout mon truc », avoue-t-il. Il faut dire que les beaux-arts l’ont pris et ne le lâchent pas.Son imaginaire est presque sans limites entre ses dessins de chasse,croquis de gastronomie et dessins d’inspiration médiévale, surprenant car on y retrouve son goût du détail dans un univers très coloré ! Un éclectisme qu’il explique par son admirationpourJulienDupréetsesscènespaysannesoupourJeanLéon Gérôme notamment son tableau la Douleur du Pacha. Jean-Yves du Boispéan n’appartient pas tout à fait au monde moderne, lui qui se voit vivre à la campagne. On ne peut pas dire qu’il entre dans les canons des galeries de la ruedeSeineàParis.Aufond,commetousleschasseurs,notre artiste est un aventurier qui remonte le temps,pour se souvenir des moments indicibles que le noble déduit a suscité, pour ne penser qu’à les vivre dans le présent. ◆ Pour tous renseignements,contacter Jean-Yves du Boispéan au 02.47.54.67.52 ou au 06.84.85.33.38.

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REGARD

L’

Art

et la ◆

Chasse

Stradanus

La chasse du renard

SENS DE

LA PRÉCISION, DE LA MISE EN SCÈNE,

LES ŒUVRES

CYNÉGÉTIQUES

DE JAN VAN DER

STRAET RESTENT UN TÉMOIGNAGE

IRREMPLAÇABLE

DES CHASSES SOUS LA RENAISSANCE.

par Antoine Briand

J

an Van der Straet (1523-1605), natif de Bruges,est plus connu sous le nom de Giovanni Stradano, dit Stradanus. La réputation de cet artiste flamand est intimement liée à la représentation picturale du monde de la chasse car la part de son œuvre qui y a trait a servi de modèle à de nombreux artistes, dans les siècles qui ont suivi sa création, donnant ainsi valeur de recueil d’iconographie à ses œuvres. Si Stradanus a déclinélachasseàtraversdesœuvresconsacréesaux différentes espèces chassées, c’est à la demande de Cosme Ier de Médicis, souverain de Florence à la cour duquel il s’est installé. Il deviendra, avec Salviati,l’un des peintres préférés du grand duc de Toscane qui lui commandera une série de dessins préparatoires à des cartons de tapisserie, afin de faire tisser des tentures,ayant pour thème la chasse, destinées au pavillon de chasse des Médicis de Poggio a Caiano. Notre dessin appartient à cette série. Stradanus s’est formé à Anvers et l’art et la manière flamands marqueront ses œuvres. De même, les techniques de l’imprimerie acquises auprèsdesateliersanversoisserontdéterminantes pour sa carrière et sa renommée. Si l’Italie et les DÉTAIL DU CHIEN COIFFANT UN RENARD. IL SEMBLE QU’IL S’AGISSE LÀ D’UN LÉVRIER, OU D’UN CHIEN QUI EN EST PROCHE. CETTE RACE, NOUS DIT LE DICTIONNAIRE DUCHARTRE, ÉTAIT “EMPLOYÉE À LA CHASSE À VUE DU LIÈVRE, DU CHEVREUIL, DU CERF, DU SANGLIER, DU LOUP”. L’OUVRAGE NE PARLE PAS DU RENARD. MAIS PEUT-ÊTRE QUE STRADANUS A PRIS QUELQUES LIBERTÉS AVEC LA RÉALITÉ ?

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Flandres échangent depuis longtemps leurs artistes et si l’art de la peinture à l’huile n’est plus le secret, si convoité, des habitants du Nord, la venue de Stradanus en Toscane, que l’on situe généralement vers 1550, est d’autant plus remarquable qu’il va s’y établir et y travailler jusqu’à sa mort. La série de dessins consacrés à la chasse va poserlescanonsdesreprésentationscynégétiques et inspirera les peintres de toutes les écoles.Ainsi, on peut citer la célèbre suite de toiles des Chasses en pays étrangers ou Chasses exotiques, commandées par Louis XV à plusieurs peintres, notamment Boucher, Parrocel et Van Loo, pour orner les murs de la Petite Galerie du roi à Versailles et qui reprennent les thèmes animaliers et la composition des œuvres de Stradanus. Stradanus a ici représenté une chasse aux renards et aux lièvres. Sur ce dessin, et contrairement à d’autres, Stradanus n’a pas représenté la bordure de la tapisserie mais sa finalité est évidente : la composition respecte les règles de la tapisserie, qui reposent sur la représentation, au premier plan, des éléments les plus importants de la scène que viennent compléter les éléments situés au second plan. Le spectateur assiste à un épisode de chasse, fort bien construit. Dans la partie gauche en diagonale du dessin où se mêlent chasseurs et arbres se joue l’essentiel de cette chasse au renard : le chasseur à cheval émerge des arbustes en un mouvement descendant qui commence avec la végétation fournie et deux autres acteurs, à cheval et à pied, et qui s’achève sur la seconde figure. Stradanus fait fi des proportions et, on le verra, du réalisme de la scène. Le chasseur à cheval succède à la végétation et encadre, avec le chasseur à pied, la proie : le renard.Celui-ci est représenté sous deux postures au centre du premier plan :Stradanus nous montrequ’ilaétudiélafauneetqu’ilmaîtrisel’art de la mettre en scène. Un renard se fait coiffer

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IMMAGINA/LEEMAGE

plan) et les méthodes à employer figurent par un chien,l’autre est à la merci des piques CE QUI EST FRAPPANT toutes sur ce dessin. L’intégralité de l’espace deschasseursetuntroisièmes’engouffredans CHEZ CET ARTISTE FLAMAND, estutilisée,encelaStradanusrespectelesrègles un terrier. C’EST QU’IL A RÉUNI de la tapisserie qui doit non seulement meuAu second plan, on voit le stratagème EN UN SEUL ET MÊME ESPACE bler la paroi sur laquelle elle sera fixée mais (guère sportif, il faut en convenir !) utilisé UN PETIT TRAITÉ DE LA CHASSE encore permettre aux lissiers de montrer par les chasseurs et que l’on retrouve dans DU RENARD : LES ARMES leur art par la magnificence des teintes des de nombreux types de chasse : le filet. Un UTILISÉES ET LES MÉTHODES fils de laine et de soie : il est facile d’imaginer filet est dressé, maintenu par des piques, ce EMPLOYÉES FIGURENT la multitude des tons de vert qui seront néqui permet de bloquer le gibier, qui finira TOUTES SUR CE DESSIN. cessaires au tissage de la tenture. par être pris par les chiens, soit tiré au fuMÊME SI CETTE JUXTAPOSITION Cette illustration édifiante, de même que sil… On distingue parfaitement les rabatDE CHASSES EST IMPENSABLE toutes celles créées par Stradanus,comme la teurs qui agitent en tous sens des bâtons DANS LA RÉALITÉ ! Chasse à l’autruche, au lion ou au loup, va sur les couverts afin de lever les animaux. Les hommes munis de ces instruments entourent les deux connaître un succès fulgurant grâce à la diffusion par l’arprincipaux chasseurs et le résultat de leurs efforts est immé- tiste de ses œuvres sous forme d’estampes gravées par les diatement visible : un chien à la gueule menaçante fait face à maîtres anversois. Anvers, ville où il s’est formé, possède, en un renard qui tente de se défendre tandis que renards et effet, à l’époque, de nombreux ateliers de gravures, comme celui des Galle ou de Hiéronymus Cock. Stradanus saura lièvres surgissent entre les chasseurs du premier plan. La scène fourmille de détails et juxtapose plusieurs ac- s’en servir pour répandre littéralement son œuvre dans toute tions, plusieurs moments de chasse,modes de chasse qui,di- l’Europe. Elles seront réunies dans des recueils, parmi lessons-le, sont impossibles en même temps et sur un même quels celui des Venationes ferarum,avium,piscium qui connaîlieu. Si cette juxtaposition est propre à la tapisserie qui va tra une gloire inédite et, sans doute, inégalée. Notre artiste servir de“bande dessinée”pour édifier celui qui la contemple, fut un visionnaire auquel il faut rendre hommage et qu’il il n’en demeure pas moins que Stradanus a réuni dans un faut garder à l’esprit en contemplant la représentation d’une seul et même espace un petit traité de la chasse au renard : les scène de chasse ; il est en effet souvent possible d’y trouver armes utilisées (piques,bâtons,filet et même fusil en arrière- son influence. ◆


Belles propriétés Be l l e s p r o p r i é t é s

par Marie de Greef-Madelin

L’ e x p e r t i s e t r i m e s t r i e l l e

Château en Touraine

◆ S

ur le “papier”, la propriété a tout : un château magnifiquement restauré, un parc de chasse entièrement clos…Bref,un“paradis”pour les cynégètes, selon le propriétaire des lieux, Christian Girault. Nous sommes à moins de 2 h 30 de Paris. Historiquement, la demeure peut s’enorgueillir d’un vrai passé. Le château de Brou,situé au sud de Tours, à proximité de

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la commune de Noyant-deTouraine, a été construit par le maréchal de Boucicault au XVe siècle. Le lieu vit, diton, passer Jeanne d’Arc et Édouard VII. Jusqu’au début du XXe siècle, le château a appartenu au marquis de Moges qui, veuf et sans descendance, le légua à sa nièce Ida des Acres de l’Aigle.Prenant possession de son héritage, la jeune fille alla confier son embarras au curé de

Jours de C HASSE ◆

Noyant, qui lui recommanda sur-le-champd’enfaireunorphelinatetuneécolehorticole. C’est ainsi qu’en 1906 naquit icil’œuvredesPetitsjardiniers de Brou. Une centaine d’orphelins y furent élevés. Pendant la guerre de 19141918,mademoiselledel’Aigle installa au château un hôpital, dont elle devient l’infirmière en chef,et en 1940,elle y accueillit de nombreux réfugiés. Ruinée peu de temps

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avantsamort,ellelégualechâteau à une congrégation religieuse, dont la dernière sœur quittalechâteauen1994.Trois ansplustard,ChristianetBernadette Girault l’acquièrent envuedeletransformerenhôtel de luxe. Au bout de deux ans de travaux, tout sera refait – à l’exception des murs et de la charpente ! Le lieu fut exploité comme hôtel jusqu’au31décembre2012etest aujourd’hui en vente.


UNE VUE AÉRIENNE

DE LA PROPRIÉTÉ.

EN DESSOUS,

LE PIGEONNIER DU

XVIIIe SIÈCLE

MAGNIFIQUEMENT RESTAURÉ.

ET, CI-DESSOUS, UNE

DES SALLES DU REZ-

DE-CHAUSSÉE (AU SOL, DE LA PIERRE

DE BOURGOGNE). PAGE DE GAUCHE, UNE DES FAÇADES DU CHÂTEAU.

HORMIS LES

MURS ET LA CHARPENTE,

PHOTOS : ÉMILE GARCIN

TOUT A ÉTÉ REFAIT.

Les bâtiments

Lademeureprincipalepeut surprendre mais ne laisse en aucun cas indifférent. L’aile ouest se compose d’une chapelle, ajoutée au XIXe siècle (dans un style très “caractéristique” !). Partie la plus récente du château, elle a été entièrement restaurée. Un systèmedechauffageetdeclimatisation a été installé.Aux fenêtres, des vitraux ont retrouvé leur lustre d’antan. Certains datent de 1868 et

sont signés de la réputée manufactureLobindeTours.Un escalier de pierre mène à un orgue à pédales à pieds et à mains, en parfait état. Une porte murée permettait autrefoisd’accéderdirectement au château. Mais, inconvénient, il faut aujourd’huirepasserparl’extérieur pour pouvoir accéder aux pièces principales d’habitation.Unebelleentrée donne le ton. Dans les salles

Jours de C HASSE ◆

de réceptions, les poutres peintesàlafeuilled’or(untravail exécuté par un meilleur ouvrier de France) reprennent dans les tons rougeâtres

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les armes des Moges, égalementpeintesau-dessusd’une large cheminée de pierre.Au soldelapierredeBourgogne, découpée par un spécialiste

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Belles propriétés

PHOTOS : MARIE DE GREEF-MADELIN - ÉMILE GARCIN

Belles propriétés

deChâtellerault.Lestentures rougesontétéconfectionnées par les demoiselles Rose,une dynastie de treize descendants des soieries de Tours. Un large escalier de pierre mène aux étages.On y trouve douze chambres qui offrent tout le confort et les prestations de l’hôtellerie 4 étoiles. L’isolationthermiqueetphonique est parfaite. Chaque chambre, équipée de climatisation, porte le nom d’une personnalité de la région.Ici, la suite Richelieu, avec son épaissemoquetterougeetses tissusLelièvre.Là,lachambre de Diane de Poitiers,aux tissus de chasse, un peu plus loin, celle de Gabrielle d’Estrées avec vue sur les magnifiquescèdresbicentenairesdu parc.Souslestoits,lachambre de la Belle au bois dormant : par la fenêtre, un enchevêtrement de toitures et de vieux murs. Unevuesuperbesurleparc et au loin les étangs.Sans nul doute, la plus belle chambre se trouve dans le pigeonnier,

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du XVIIIe siècle, remarquablement restauré. À l’intérieur, l’aménagement d’origine et les trous de boulins, qui servaient aux pigeons à rentreretsortiretànicher,ont été conservés. Dans l’axe de

l’ancienneéchelle,unescalier avec une superbe rampe en fer forgé mène à l’étage où se trouve une chambre décorée de fresques. Àl’écartduchâteau,sesuccèdent une longue étable et

La législation sur les enclos ◆ Légalement, un enclos de chasse est un terrain comprenant une habitation, entourée d’une clôture continue, dont la loi indique qu’elle doit faire obstacle à tout passage du gibier à poil et de l’homme. La clôture doit avoir une hauteur d’au moins 2 mètres et être enterrée dans le sol à 30-50 centimètres. Elle doit être suffisamment solide pour résister à la poussée des grands animaux et empêcher le franchissement des petits mammifères chassables. Ici, le grillage est doublé d’un grillage à mailles plus étroites au niveau du sol (à 40centimètres) et d’un fil électrique envoyant des décharges de 1 000volts, pour dissuader les bêtes noires de pousser la clôture. ◆ Le propriétaire d’un enclos de chasse, tel que défini, échappe à la loi du 10 juillet 1964 sur les Associations communales de chasse agréées. Surtout, le grand avantage est qu’il est possible de chasser toute l’année le gibier à poil. L’enclos étant considéré juridiquement comme le prolongement du domicile de l’occupant, les gibiers qui s’y trouvent ne sont pas des res nullius mais res propria ou privata et à ce titre sont la propriété de l’occupant. Chaque année, le propriétaire doit faire néanmoins une demande de plan de chasse en indiquant le nombre d’animaux qu’il souhaite tirer pendant la saison.

Jours de C HASSE ◆

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d’anciennes écuries, aménagées en maison principale d’environ 200 mètres carrés, et une salle de chasse. Une quinzaine de trophées y sont exposés au mur, parmi lesquelslepremiercerfintroduit danslapropriété.Unpeuplus loin, quatre hangars ont été construits au début des années2000,dontl’unaménagé en écurie avec 3 boxes intérieurs (de 4 mètres sur 3,une dimension raisonnable afin queleschevauxneseblessent pas) et sellerie.Des paddocks peuventêtreinstallésàproximité immédiate.

Le domaine de chasse

Situé en plein cœur de la vallée de la Manse, sans aucunenuisance,nisonore,nivisuelle, le parc de 95 hectares s’étend sur un territoire vallonné. La petite route qui le


UNE VUE DU PARC (100 HECTARES) QUI S’ÉTEND SUR UN

TERRITOIRE VALLONNÉ.

CI-DESSOUS, UNE DES FAÇADES. PAGE DE GAUCHE, BERNADETTE GIRAULT, LA PROPRIÉTAIRE, ET GAULTIER DE CUREL (ÉMILE GARCIN).

À la loupe 100 hectares de parc dont : 70 hectares de bois (valorisés 630 000 euros, soit environ 9 000 euros l’hectare) ; 25 hectares de prairies et cultures (valorisées 150 000 euros, soit 6 000 euros l’hectare. Un château (2 millions d’euros semblent être un maximum). Des communs maison de maître (13 pièces), un pigeonnier, petite maison, pavillon de chasse, garages, deux caves (l’ensemble peut être valorisé 600 000 euros).

LES ATOUTS

dessert prend fin devant la grille électrique qui ouvre sur l’allée centrale, bordée d’arbres parfois centenaires. De là, sur environ un kilomètre, l’allée conduit au château entourée en contrebas de prairies.Leparcdescendenpente douce jusqu’au fond du vallon,à proximité de la Manse, où ont été creusés deux petits étangs. Un peu plus loin, une petitepeupleraied’unhectareest bonneàcouper(peupliersâgés de 20 à 22 ans). Aucun chemin communal ne traverse, par définition, la propriété. Ce parc compte vingt-cinq hectares de plaine (que l’on peut évaluer à 6 000 euros l’hectare),dontquatrecultivés enmaïspourl’alimentationdu gibier,le reste en luzerne.Les 70 hectares de bois (estimés à 9 000 euros l’hectare) sont composés de beaux chênes

(une cinquantaine sont bons à couper) et de divers feuillus. Troislignesdetirsontétéaménagées.Une vingtaine de miradors sont dispersés dans le parc.Loué jusqu’à la fin de la saison (bail d’un an), le territoire de chasse apportait à Christian Rigault un revenu complémentaire à l’hôtellerie de 20 000 euros par an. Rappelons que cette propriété est entièrement clôturée (voir notre encadré cicontre).L’idéepeutséduire,car synonyme d’une parfaite tranquillité,mais elle peut rebuterlespassionnésdechasse de grand gibier,jugeant,avec raison,que le principe même d’une clôture,qui plus est sur 100hectares,estincompatible aveclesmœursdescervidéset dessangliers,dontl’airevitale est bien supérieure (elle peut atteindre10 000hectarespour un cerf).

Jours de C HASSE ◆

Le capital cynégétique

Cervidés Dans le parc, chaque animal a son histoire depuis le premier cerf introduiten2000.Cethiver,sixcervidés ont été tirés (dont deux biches et deux jeunes). Dès lors, il reste dans le parc seulement un cerf, une biche et un jeune. SangliersPlusaucunebête noire n’est recensée.Quatrevingt ont été tirés en 2011, trente-cinqaucoursdeladernièresaison.L’objectifdupropriétaire était de les éliminer intégralement afin de « laisser bois et sous-bois reprendre leurs droits ». ◆ Pour tous renseignements : Émile Garcin, 5,rue de l’Université,ParisVIIe. Rens. :01.42.61.73.38 et www.emilegarcin.fr Reponsable exclusif : Gaultier de Curel.

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Accès facile par autoroute (5mn de l’A10) ou train (20 mn de la gare Saint-Pierre-des-Corps). Aucun travaux à envisager dans le bâti. Peupleraie bonne à couper. Possibilité de diversifier les activités, notamment équestres. Possibilité de chasse au petit gibier très intéressante. Pigeonnier magnifiquement restauré. Tranquillité, si rare de nos jours.

LES INCONVÉNIENTS

Prix conséquent : l’ensemble est affiché par Émile Garcin à 4,9 millions d’euros (mais il est vrai qu’il y a peu de propriétés de ce type sur le marché). Bois appauvri par la présence importante de sangliers jusqu’à l’an dernier. Surface insuffisante des étangs (mais possibilité de les agrandir). L’enclos et la chasse de grands animaux peuvent paraître antinomiques.

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Placement passion Pl a c e m e n t p a s s i o n

Château Jean Faure (Saint-Émilion).

Investir dans le vin Entretien avec

Philippe de Saint Martin

Symbole de la culture française, le vin peut aussi s’allier à un placement. Mais avec la multiplication des produits “spécialisés”, la prudence s’impose. Les conseils de Philippe de Saint Martin. ◆ Comment se constituer une bonne cave ? Autrefois réservé à une minorité aisée, le vin est devenu un investissement ouvert aux amateurs, qui ont plaisir à le goûter ou à le partager, quelle que soit leur surface financière. À partir de quelques centaines d’euros, on peut commencer à se constituer une cave en se laissant porter par ses goûts et les conseils de guides spécialisés (Hachette, Parker…). Pour les millésimes rares et les grands crus, il faut être vigilant quant

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à l’authenticité puisque le vin n’échappe pas à la contrefaçon. Attention aussi à bien protéger sa cave, les vols étant de plus en plus nombreux. Il est possible de sous-traiter cette démarche à des sites Internet, comme Patriwine, Cavissima, La Bergère Investment, Cavedepargne.com qui proposent de constituer une cave clé en main, en assurant sa gestion, le stockage et la revente des bouteilles. Toutefois, ces sociétés prélèvent des droits d’entrée et frais de gestion qui peuvent atteindre 5 %. ◆ Que recommandez-vous comme placements financiers vinicoles ? Il existe plusieurs formules d’investissement collectif. Les fonds de placement spécialisés se sont multipliés à l’étranger au cours des dernières années. Mais là aussi la prudence

Jours de C HASSE ◆

directeur général de Cogefi

s’impose car le vin doit être parfaitement évalué. Il convient donc de privilégier un support se référant à l’indice Liv-ex, qui recense les transactions et constitue la cote internationale du marché du vin depuis 1999. Saluons à ce titre la création d’Uzès Grands Crus, seul fonds de droit français agréé par l’AMF et qui bénéficie d’une méthode de gestion rigoureuse et transparente. Son horizon de placement est de cinq ans, avec un objectif de rentabilité clairement définie : faire mieux que l’OAT (obligation assimilable au Trésor, l’emprunt de référence de l’État) à 5 ans soit actuellement 1 %. L’autre possibilité est d’investir dans un groupement foncier viticole-agricole, ou une société civile d’exploitation agricole qui“mise”dans des parcelles

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PHOTOS : CHÂTEAU JEAN FAURE - COGEFI

propos recueillis par Marie de Greef-Madelin

viticoles gérées par un bail à long terme. Les associés peuvent bénéficier de revenus annuels – parfois sous forme de bouteilles – et attendre une plus-value à long terme en cas de revente des terrains. ◆ Le vin constitue-t-il une niche fiscale ? Non, mais sa fiscalité est parfois plus douce que celle de revenus purement financiers. Les stocks de vins constituent des biens professionnels exonérés d’ISF lorsque le propriétaire est l’exploitant direct et que l’activité relève de la définition de la profession principale. S’ils appartiennent à une personne physique non professionnelle,les stocks rentrent dans l’assiette de l’impôt pour leur valeur vénale. C’est aussi le cas pour les parts de fonds dédiés aux grands crus. Plus intéressant, les parts de groupement foncier agricole-viticole bénéficient d’une exonération de 75 % de leur valeur jusqu’à 101 897 euros et 50 % au-delà. En cas de cession,ces parts sont taxées selon les règles des plusvalues immobilières applicables aux particuliers,à savoir au taux forfaitaire de 19 %, auxquels s’ajoutent les 15,5 % de prélèvements sociaux moins les abattements par année de détention. Enfin les sociétés civiles d’exploitation agricole permettent la mise en place d’un pacte de stabilité des actionnaires, dit pacte Dutreil, allégeant les droits de donation ou de succession.Attention, comme pour tout placement, la fiscalité n’est pas une fin en soi. Le placement vin est à consommer avec modération, et doit s’envisager après une analyse approfondie des risques inhérents à sa spécificité.


NEUILLY. Barrès. Hôtel particulier de 1000 m² avec jardin situé sur la plus belle artère de Neuilly, en lisière du bois. Volumes exceptionnels répartis sur trois niveaux d’environ 300 m² : espace de réception ouvrant sur une terrasse plein sud, six suites (50 m² environ chacune), «family room», salle de remise en forme, hammam, piscine, parkings. (réf : 8318293). Contact : 01 47 45 22 60.

rOMOraNTIN, sOLOGNE, CHÂTEaU IsMH DU XVIE sIèCLE. Château de 650 m² environ. Il comprend : une dizaine de chambres, un pigeonnier, des communs, beaucoup d’éléments anciens, des boiseries, des huisseries, une chapelle, un oratoire, trois étangs dont un de 20 ha. Le tout sur un terrain de 124 ha. Prix : 2 800 000 €. (réf : 7254640). Contact : 01 53 23 80 47.


V

isite privée ◆

Invitation dans le Vexin avec

Édouard Absire reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten

LE DIRECTEUR DU RESTAURANT “LES OMBRES” À PARIS NOUS FAIT PARTAGER SA SECONDE PASSION : LA CHASSE. ET PLUS PARTICULIÈREMENT CHEZ LUI DANS LE VAL-D’OISE, CETTE TERRE DE BOIS ET DE GRANDES PLAINES VALLONNÉES. NOUS NOUS SOMMES DONC RENDUS DANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DU VEXIN FRANÇAIS À UNE HEURE DE LA CAPITALE POUR UNE CHASSE ET UN DÎNER ENTRE AMIS PLUTÔT FINE BOUCHE.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013


ÉDOUARD ABSIRE ANTOINE LEGRAND, LES DEUX

ET SON AMI

GENTLEMEN RESTAURATEURS SE RETROUVENT AVANT LE DÎNER DANS LE GRAND ESCALIER DE CETTE MAISON OÙ LE TEMPS NE SEMBLE PAS AVOIR DE PRISE.

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Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire

◆ A

dieu périphérique, embouteillages, autoroute, grisaille routinière parisienne, place aux champs, aux vallons, aux collines, aux buttes boisées,auxétangs…NoussommesdansleVal-d’Oise, à moins d’une heure de Paris,non loin de Magnyen-Vexin. Le domaine où nous sommes invités à participer à une chasse voisine de la propriété d’Édouard Absire est entouré de 500hectares de bois et presque 800 de plaines. Nous connaissions Édouard Absire pour son talent à diriger une belle maison culinaire – Les Ombres à Paris,une table de qualité suprême dressée sur le toit du musée du quai Branly et qui offre une vue imprenable sur la capitale – mais beaucoup moins pour sa passion cynégétique et l’amour qu’il voue à ce Vexin que tant de peintres ont parcouru pour ses paysages impressionnistes. C’est très jeune, qu’Édouard rêve de devenir ungrandchasseur.Songrand-pèrepaternel,quivise juste et à bon escient,lui conte ses parties de chasse,ses coups de fusil, ses journées, ses rencontres. L’enfant ronge son frein, aimerait se lever tôt et suivre son grand-père mais on ne l’autorise pas à vivre “la grande aventure”. C’est son oncle Francis qui finalement brisera les tabous,lui donnera le“mode d’emploi” et concrétisera toutes ces années d’attente. Les premières leçons sont d’abord une ouverture sur la nature,sur la faune,son équilibre,puis lui sont enseignés le déroulement et

ANTOINE LEGRAND À L’ÉCOUTE D’HERVÉ PAUCHON, QUI, EN CHASSEUR NOVICE, S’INTERROGE SUR LE DÉROULEMENT D’UNE CHASSE. CI-DESSOUS, LES ORDRES DONNÉS PAR ÉRIC POULLAIN, PROPRIÉTAIRE DU DOMAINE, AU DÉPART DE LA PREMIÈRE BATTUE DU MATIN. LES ORDRES SONT CLAIRS ET PRÉCIS Y COMPRIS POUR LES DEUX JEUNES RABATTEURS.


LE BIOTOPE DU DOMAINE DE LA

FEUGE

EST TRÈS DIVERSIFIÉ, ET L’ORGANISATION

DES GRANDES BATTUES OFFRENT LA POSSIBILITÉ DE TRAVERSER DE LONGUES PRAIRIES BORDANT DE NOMBREUX ÉTANGS, CE QUI

N’EST PAS POUR

DÉPLAIRE AUX CHIENS QUI PEUVENT AINSI SE DÉTENDRE AVANT D’ENTRER DANS LE VIF DU SUJET.

DEUX INSTANTANÉS D’UN TIR RÉUSSI. APRÈS LE CLAQUEMENT SEC DU FUSIL D’ANTOINE, ET LE CHOC MAT DE LA CHUTE DU GIBIER, LE CHIEN S’EMPARE DU FAISAN ET LE RAMÈNE IMPECCABLEMENT. UN RAPPORT QUI FAIT LA FIERTÉ DE SON PROPRIÉTAIRE.

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l’art d’une chasse à courre, puis comment suivre une battue et enfin y participer, la vie peut enfin commencer. « Ma première chasse,nous raconte Édouard, se déroula en forêt de Rambouillet en tant que rabatteur,j’étais très excité et ne rêvais que de lever mon premier gibier.Je me souviendrai toujours des ronces que j’enjambais durant cette battue sans même m’apercevoir de la difficulté des passages.» Après de nombreux rabats, dernier obstacle : le permis de chasser. Une simple formalité tant la formation s’était révélée parfaite. Ses amis lui offrent son premier fusil, un superposé Verney-Carron. La première battue,en forêt de Rambouillet,lui sourit : il tira son premier brocard. Sapassionpourlegrandgibierlepousseàacheterundouble express Merkel et d’autres carabines pour la chasse à la bête noire. Édouard chasse principalement en France même s’il a un très joli souvenir d’une chasse en Afrique. Il y tira des si-

ANTOINE REFERMANT SON FUSIL ET LA LIGNE DE TIR À DROITE.

EN HAUT, ÉDOUARD ABSIRE ET, À DROITE, UNE POULE FAISANE ET SON MIMÉTISME ENTRE FEUILLAGE ET HERBE SÈCHE QUE

CHAPTAL,

LE DRAHTHAAR,

PAGE DE GAUCHE, EST EN TRAIN D’ARRÊTER.

Jours de C HASSE ◆

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Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire tatungas ou guib d’eau, ces petites antilopes gabonaises à la robe fauve avec une bande blanche sur l’épine dorsale. Cette antilope aquatique qui vit aux abords des marais a la particularité de se cacher et, en casdedanger,n’hésitepasàs’immergertotalement,nous apprendra-t-il.Édouard revient largement sur cet animal dont la chasse l’a profondément marqué.« Ses sens très développés,ses sabots larges,ses cornes spiralées et ses mœurs nocturnes un peu agressifs en font un gibier au trophée très recherché », précise-t-il sans cacher la fierté qu’il ressentit quand il tira sa première sitatunga. Mais revenons dans le Vexin, après un “costaud” petitdéjeuner–nousn’endoutionspas–chezÉdouard, les chasseurs accèdent au domaine de chasse par une grande allée qui mène au château. Le départ aura lieu devant ce dernier,pour une battue dans les règles.Les ordressontdonnésavecfermetéparÉricPoullainlepropriétaire du domaine de la Feuge et l’on sent bien que l’heure n’est pasàlaplaisanteriemaiscepassageobligatoirepeutéviterbien des égarements aux conséquences graves. Après une levée d’étang, rapide et animée, les chasseurs se retrouveront pour deux battues dans la matinée. Sur le chemin du retour,à travers champs,Édouard nous confiera qu’il prend plaisir chaque fois à participer à ces battues de perdreaux avec ses amis Antoine, Éric et Nathalie, bien qu’il préfère la chasse de grand gibier. Puis, malicieusement, il évoque le dîner car, on le sait, la gastronomie a pour lui une importance primordiale. C’est donc la table qui réunira cette poignée d’amis d’abord autour d’un bon feu de bois pour une coupe de champagne avant un repas délicieux aux recettes raffinées. ◆

CANARDS DE BOIS

SCULPTÉ AU-DESSUS DE LA CHEMINÉE,

FAISANS VÉNÉRÉS ET TROPHÉE DE SANGLIER…

FEUGE COMME ÉDOUARD ABSIRE, LA CHASSE À LA

CHEZ

ET LE GIBIER SONT DES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DU DÉCOR.

CI-CONTRE, NATHALIE ET SON

FILS POUR UNE COUPE DE CHAMPAGNE ET, À GAUCHE,

DANS UN COIN DU DÉBOTTÉ, PLACE AUX CHAPEAUX ET CANNES ÉCOSSAISES AUX POMMEAUX SCULPTÉS.

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Jours de C HASSE ◆

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DEVANT LA CHEMINÉE AVANT LE DÎNER, ON TRINQUE AUX JOLIS COUPS DE FUSIL DE LA JOURNÉE.

ÉDOUARD ABSIRE EST

UN CONTEUR HORS PAIR.

LES PROUESSES

DE LA JOURNÉE SERONT RELATÉES PENDANT DE LONGUES HEURES.

DANS LE BUREAU, LÀ AUSSI LA CHASSE DOMINE : MUES DE CHEVREUILS, PETITS CANARDS DE COLLECTION EN BRONZE PEINT OU QUELQUES TROMPES DE CHASSE, CI-DESSOUS,

SONT DISPOSÉES AVEC UNE EXTRÊME RECHERCHE.


DANS LA PETITE SALLE À MANGER, AVANT LE DÎNER. ON PEUT ADMIRER CHANDELIERS, VAISSELLE, COUVERTS ET VERRES EN CRISTAL QUI APPORTERONT TOUTE LEUR FINESSE À CETTE SOIRÉE EXQUISE.


Saveurs

Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire

LE DIRECTEUR DES “OMBRES” À PARIS CULTIVE AVEC ÉLÉGANCE

Notre “chef ” entre en cuisine

LE GOÛT DE RECEVOIR.

CETTE ADRESSE LOGÉE

SUR LE TOIT DU MUSÉE DU QUAI

BRANLY EST UN LIEU JEAN NOUVEL

SIGNÉ

Édouard Absire voulait que la journée fût couronnée d’un repas digne de ces instants passés dans le Vexin. À notre plus grand bonheur.Tout a commencé par un carpaccio de noix de Saint-Jacques aux truffes,suivi de filets de canette aux navets avant de se terminer par un paris-brest célébrissime, celui de son restaurant des“Ombres”.

ET UNE ASSIETTE SUCCULENTE.

par Véronique André

LE HOMARD

EN VINAIGRETTE JUS DE TRUFFE VOUS ENVOÛTERA, LES LANGOUSTINES RÔTIES VOUS EMBALLERONS

“QUATRE COINS FEUILLETÉS DE BANANE APRÈS UNE VISITE AU MUSÉE, L’ART CULINAIRE VOUS ATTEND.

ET LE

CARAMÉLISÉE” VOUS RAFRAÎCHIRA.

Les Ombres, 27,quai Branly,Paris VIIe. Rens. : 01.47.53.68.00 et www.lesombres-restaurant.com

Carpaccio de noix de Saint -Jacques aux truffes Pour 6 personnes 12 grosses noix de Saint-Jacques bien fraîches, 2 truffes de 80 g chacune,2 cuillères d’huile d’olive,1 grosse pincée de sel de Guérande,poivre. ◆◆◆

Lavez les noix de coquilles de Saint-Jacques sous un filet d’eau froide et séchez-les avec du papier absorbant.Découpez-les en très fines rondelles,puis,à l’aide d’un pinceau, badigeonnez chaque face des noix de Saint- Jacques à huile d’olive. ◆◆◆

Pelez les truffes et découpez-les également en fines rondelles.Réservez sur une assiette. Disposez sur chaque assiette un cercle de rondelles en alternant rondelle de noix de Saint-Jacques et rondelle de truffe. Saupoudrez d’une pincée de sel de Guérande. ◆◆◆

Attention,il est bon pour les Saint-Jacques de placer les assiettes au réfrigérateur 30 minutes avant de servir.Le secret de la perfection de cette assiette est l’extrême fraîcheur de la truffe et des noix.

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Saveurs

Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire

Filets de canette aux navets Pour 6 personnes 6 filets de canette,3 bottes de petits navets,3 oranges,2 cuillères de miel, 2 cuillères de sauce soja, 1 cuillère de vinaigre blanc,sel, poivre du moulin et 4 épices. ◆◆◆

Pressez les oranges,levez les filets et quadrillez la peau des filets de canette avec la pointe d’un couteau.Épluchez et coupez les navets en quartiers.Mettez la moitié du beurre à fondre dans une poêle et faites colorer les navets.Salez.Ajoutez le miel et la moitié du jus d’orange.Couvrez et laissez cuire,10 à 15 minutes jusqu’à totale évaporation du jus, pour glacer les navets. ◆◆◆

Disposez les filets de canette dans une poêle froide côté peau et colorez-les à feu vif. Assaisonnez la chair de fleur de sel et de poivre du moulin.Faites cuire 4 à 5 minutes.Dégraissez la poêle.Retournez les filets et laissez cuire sur la chair 4 minutes encore.Réservez les filets sur une planche à découper. ◆◆◆

Dans la poêle,ajoutez les 4 épices et les zestes d’orange.Déglacez la poêle avec le vinaigre,la sauce soja et le reste de jus d’orange, laissez cuire à feu doux 5 minutes. À l’aide d’un pinceau,lustrez les filets de canette.Tranchez les filets en aiguillettes. Posez les navets au centre des assiettes et disposez dessus les aiguillettes de canette.Servez.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013


PERCHE VENDÔMOIS (41) 224 HA ENVIRON

Exceptionnelle propriété, proche de Châteaudun, comprenant une maison de maître et ses dépendances, un corps de ferme, une maison forestière, 134 ha environ de bois (feuillus et quelques résineux), 84 ha environ de terres libres bénéficiant de DPU, une pièce d’eau et un étang. La propriété est également traversée d’une rivière. Belle chasse de petits et grands gibiers. Classe Énergie : E Prix : Nous contacter


Saveurs

Invitation dans le Vexin avec Édouard Absire

Paris-brest comme à Paris Pour 6 personnes Pour la pâte à choux 60 g de beurre, 130 g de farine,6 œufs,25 cl d’eau,50 g d’amandes effilées,une pincée de sel. Pour la crème mousseline 25 cl de crème pâtissière,125 g de beurre mou,75 g de pâte de praliné,30 g de sucre glace. ◆◆◆

Portez à ébullition eau,sel et beurre.Ajoutez la farine en remuant jusqu’à obtention d’une pâte ferme,puis ajoutez-y les œufs jusqu’à ce que la pâte soit lisse et souple. ◆◆◆

Sur un cercle de 20 centimètres de diamètre sur une plaque du four,couchez la pâte avec une poche à douille,disposez deux cordons dont l’un à l’intérieur de l’autre et un troisième à cheval sur les deux premiers.Saupoudrer d’amandes effilées et laissez cuire au four (220 °C),20 minutes. ◆◆◆

Au terme de la cuisson laissez refroidir la couronne et exécutez la crème pâtissière en mélangeant,sucre,eau et jaune d’œufs. Battez jusqu’à refroidissement puis incorporez le beurre en pommade,et en dernier le praliné. ◆◆◆

Coupez la couronne à mi-hauteur,garnissez de toute la crème avec une grosse douille. Posez le dessus de la couronne et saupoudrez de sucre glace.Puis laissez refroidir.

NATHALIE JOURDAN SEULE FEMME À CE RENDEZVOUS DE CHASSEURS, SE RETROUVERA ASSISE À LA DROITE DU MAÎTRE DE MAISON.

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Jours de C HASSE ◆

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SEINE ET MARNE (77) 236 HA ENVIRON

INDRE ET LOIRE (37) 252 HA ENVIRON

Exceptionnelle propriété forestière à moins de 35 km du centre de Paris. Forêt de production et de chasse comprenant 190 hectares clos avec un rendez vous de chasse et un étang de 3 ha environ. Bonne condition de production pour feuillus.

Exceptionnelle propriété comprenant château, écuries, diverses dépendances et un corps de ferme. 122 ha environ de forêt, 114 ha environ de terres agricoles et 14 ha environ de parcs et prés.

Prix : Nous contacter

Prix : Nous contacter

DIVERSES FORÊTS

Ain (01) : À 40 minutes de Genève, 140 ha environ de forêt résineuse avec maisons. Loiret (45) : À proximité de Montargis, 85 ha environ, futaie de chênes de qualité, bonne condition de production, volume intéressant. Rhône (69) : À proximité de Macon 43 ha environ, bonnes conditions de production (douglas et sapins).

Prix : Nous contacter

VAL D’OISE (95) 58 HA ENVIRON

GARD (30) 976 HA ENVIRON

DORDOGNE (24) 510 HA ENVIRON

Magnifique propriété dans le Vexin comprenant un château au coeur d’un parc clos de 8 ha, une maison de gardien, plusieurs dépendances et un court de tennis. Une forêt est attenante au parc et comprend 46 ha environ de taillis. Il existe également 3 ha environ de terres agricoles.

Exceptionnelle propriété camarguaise. Proche Aigues Mortes, très belle propriété comprenant étang, marais, vignes, landes, un mas en cours de rénovation. Très belle chasse d’anatidés.

Magnifique propriété agricole et forestière proche de Périgueux, comprenant 4 corps de bâtiments, dont un pavillon Henri IV. La propriété est composée de 350 ha environ de forêt (feuillus et résineux) et de 150 ha environ de terres et prés. Exceptionnelle chasse de grands gibiers.

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P

atrimoine ◆

Un refuge dans la forêt dossier réalisé par Marie de Greef-Madelin


PHOTOS : LAPEYRERE/LA DEPECHE DU MIDI/MAXPPP - COUDERC/LA MONTAGNE/MAXPPP

UN BEAU CHÊNE ;

À GAUCHE, SCÈNE

DE DÉBARDAGE.

PAGE DE GAUCHE,

PLANTATION DE RÉSINEUX.

“LA FORÊT EST

UN PLACEMENT SÛR,

UN BIEN TANGIBLE DÉCORRÉLÉ DES MARCHÉS FINANCIERS ; EN

2013,

LA NICHE FORESTIÈRE CONSERVERA SON AURA”

(HENRI

D’ORMESSON).

LA CRISE BOURSIÈRE

la catastrophe de la tempête de 1999. Puis, avec l’éclatement de la bulle financière,lesinvestisseursontànouveau regardé d’un œil approbateur la forêt. Pour eux, une évidence : aux antipodes de la spéculation, pas cyclique, la forêt a l’avantage de ne pas se retourner au moindre soubresaut boursier. « Ce que cherchentlesinvestisseurs,c’estmoinslerendementquelasécurité»,confirmePhilippe GourmainduCabinetRousselinGourmain. Cette notion de“valeur refuge”a d’ailleurs sa contrepartie : « En raison d’une demande très importante,il y a très peu de produits à vendre »,ajoute ce même expert.

A PERMIS DE REDÉCOUVRIR

LES VERTUS DU PLACEMENT FORESTIER.

MAIS ATTENTION À NE PAS ACHETER N’IMPORTE QUOI À N’IMPORTE QUEL PRIX !

PHOTOS : DIDIER SAULNIER/MAXPPP GLOWIMAGES/CHRISTIAN GUY

O

r vert,niche forestière,investissementbois-forêt…Lesexpertsredoublent d’imagination depuis quelques mois pour décrire un placement qui voit son intérêt croître : l’achat de massifs forestierspardesinvestisseursinstitutionnels et des particuliers. « La forêt est un placement sûr,un bien tangible,décorrélé des marchés financiers ; en 2013,la niche forestièreconserverasonaura»,affirmel’expert Henri d’Ormesson dont le cabinet gère près de 50 000 hectares à travers la France.UnsentimentpartagéparFranck Laclef,président de Domaines et Patrimoine qui juge que « la succession de crises financières a motivé ce nouvel intérêt ;laforêtestdésormaisconsidéréecomme la valeur refuge par excellence ». Ce n’est pas la première fois que les investisseurs se tournent vers la forêt. Dans les années 1980, les groupements forestiersétaientcommercialisésàgrande échelle.Mais les inconvénients de ce placement à long terme, peu liquide, peu rentable ont été pointés du doigt jusqu’àl’aubedesannées2000,renforcépar

Aux États-Unis, le fonds de pensionCalpers,réunissantlesfonctionnaires californiens,a bâti sa réputation en 2008 en investissant 1 % de ses actifs sous gestiondansdesmassifsforestiers.EnFrance, les investisseurs institutionnels,banques ou compagnies d’assurances, ont dépassé – avec 38 000hectares – pour la première fois l’an dernier les personnes physiques,entermesdesurfacesacquises. Certains institutionnels sont d’ailleurs prêts à acheter des massifs forestiers en mauvais état pour les remettre sur pied. Uninvestissementàtrèslongterme,pouvant dépasser le siècle : le cycle de production d’un chêne atteint, en effet, en

AVOIR DE BELLES POPULATIONS DE CERVIDÉS OU DE SANGLIERS PARTICIPENT AU RENDEMENT ÉCONOMIQUE DES PARCELLES FORESTIÈRES.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

199


UNE VUE AÉRIENNE D’UN MASSIF FORESTIER OÙ L’ON DISTINGUE NETTEMENT LES PLANTATIONS DE RÉSINEUX ET DE FEUILLUS. CI-CONTRE, MARQUAGE D’ARBRES PAR UN AGENT DE L’ONF.

RIGEL/BIOSPHOTO/AFP

LA FRANCE POSSÈDE 16 MILLIONS D’HECTARES DE FORÊTS, TROISIÈME PAYS LE PLUS BOISÉ D’EUROPE ET PREMIER EN TERMES

moyenne 120ans (celui d’un résineux environ50ans).Pourlesprofessionnels, la valeur de la forêt va continuer à s’apprécier.Inscritdansunetendancehaussière depuis la fin des années 1990, le prix à l’hectare a augmenté de 160 % en quinze ans, de 20 % en trois ans et de 11 % sur un an. L’hectare de forêt vaut en moyenne 3 960 euros, selon la Société forestière et la Fédération nationale des Safer. Mais le marché fait le grand écart : les prix partent de 700 euros dans les régions à sol pauvre oucalcaire pouratteindreplus de 20 000 euros l’hectare dans le Sud.

«Danslesrégionsdeproductiondechêne, dans l’Aube,en Marne et Haute-Marne et en région parisienne les prix grimpent à 15 000 euros l’hectare », observe Henri d’Ormesson. Pour les forêts d’exploitation, la qualité du sol et des peuplements en détermine la valeur.Afin de l’expertiser, les professionnels dressent un inventaire du stock sur pied et évaluent la rentabilité à venir. La qualité du sol détermine aussi la valorisation.Un bon sol, profond,mêmemalexploité,pourradonner une production satisfaisante, une fois les bons investissements entrepris. Dans le Nord, le Pas-de-Calais et la

Transactions

Un marché atomisé E

n France,une dizaine d’acteurs se partagent aujourd’hui le marché de la transaction forestière. Les filiales spécialisées d’établissements financiers (Caisse des dépôts, Axa, Crédit agricole, Caisse d’épargne…) investissent prioritairement pour le compte de grands institutionnels et dans une moindre mesure pour les investisseurs particuliers. Quelques acteurs plus modestes se spécialisent dans l’investissement aux particuliers : Cabinet Rousselin Gourmain, European Forest, Cabinet Henri d’Ormesson… Avec 7 000 hectares sous gestion, Domaines et Patrimoine propose l’acquisition de parts de groupements forestiers (dès 5 000 euros), qui permet d’éviter le morcellement des forêts et d’en optimiser la gestion. Pour un investissement de 22 500 euros, l’acquéreur bénéficie – s’il le souhaite – d’un droit de chasse sur 2 000 hectares réparti dans le Grand Est, en Bourgogne et Franche-Comté.

200

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

PHOTOS : ZOCCOLAN/AFP - CHARRET/LE PROGRÈS/MAXPPP

DE QUALITÉ.

Somme,les prix sont soutenus par la demande de la part des Belges pour qui la forêtfrançaiseestconsidéréecommebon marché.EnBelgique,lesparcellesdequalités’échangententre20 000et25 000euros l’hectare. « Attention aux valeurs de convenance qui n’ont rien à voir avec les valeurs techniques », prévient toutefois Franck Laclef. Si la forêt est surpayée,il sera difficile voire impossible de la revendre sans perte.« On peut trouver une même parcelle proposée à 9 000 ou à 14 000 euros ; un coup de cœur se paie très cher en forêt », renchérit Stéphane Ledentu, fondateur de la société European Forest (lire notre entretien page 204). « Attention,constate de son côté Philippe Gourmain, l’épargnant ne doit pas être obnubilé que par la fiscalité et la sécurité : un bien ne peut pas éternellement être déconnecté de sa valeur économique.» >>



L’HECTARE DE FORÊT RESSORT EN MOYENNE À 3 960 EUROS, SELON LA SOCIÉTÉ FORESTIÈRE FÉDÉRATION NATIONALE DES SAFER. CI-CONTRE, BATTUE DE GRANDS ANIMAUX.

PHOTOS : BRUNO COUDERC/LA MONTAGNE/MAXPPP - PATRICK IAFRATE

ET LA

Chaque année, environ 1 % de la forêt française change de main. L’immense majorité des transactions porte sur des petites surfaces, en moyenne 7hectares.Ce n’est pourtant qu’à partir de 25 hectares que l’acquéreur optimisesoninvestissement,àlafoisd’un point de vue patrimonial et fiscal (lire notre encadré ci-dessous). « Pour obtenir unerentabilitésatisfaisante,ilfautexploiter aumoins25hectaresetidéalement50hectares, pour organiser tous les dix ans les

rotations des parcelles,gérer les coupes et les ventes de bois, louer les terres pour la chasse… », poursuit Franck Laclef. Pourlesprofessionnels,lerendement –actuellement de moins de 3 % – devrait encore s’améliorer. La France possède 16 millions d’hectares de forêts, troisième pays le plus boisé de l’Union européenne. Mais elle n’investit que 57 millions de plants par an pour les renouveler (contre 300 millions de plants enAllemagne).Seulement60%delapro-

duction annuelle des exploitations est effectivement récoltée (38 millions de mètres cubes par an en moyenne). Une forêt se gère par parcelle :il faut décider des coupes,puis attendre,généralement dix ans,la tranche suivante.Ce travail de “jardinage” permet d’améliorer le capital bois et donc la rentabilité. La forêt française, qui présente deux tiers de feuillus et un tiers de résineux, est la troisième d’Europe en matière de surface et la première en termes de qualité. Elle dispose d’une multitude d’essences aux rentabilités variées. La valorisation de l’investissement tient à la croissancedesarbres.Certainesforêtsprésentent un rendement élevé (jusqu’à 8 % pour les pins landais) mais le risque associé est alors important.Typiquement, la forêt landaise,artificielle,a été plantée sur des sols sableux à la même époque, entraînantuneconcentrationdesrisques en cas de coup de vent.

Fiscalité

Des avantages qui restent attrayants

202

Jours de C HASSE ◆

mettre à un plan simple de gestion sur 15 ans et à un plan de gestion durable sur 30 ans, qui définit comment gérer la forêt. Il doit en outre s’engager à conserver ses parts jusqu’au 31 décembre de la cinquième année suivant celle de la souscription. Attention, le cumul avec la réduction d’impôt sur l’IR et sur l’ISF n’est pas possible.Au contribuable de choisir l’option la plus avantageuse. Qu’ils soient détenus en direct ou par l’intermédiaire d’un groupement forestier, les bois et forêts procurent en outre un abattement de 75 % sur leur valeur vénale à déclarer au titre de l’ISF. De même, en matière de droits de succession-donation, seuls 25 % de la valeur de la forêt ou des parts sont pris en compte. ◆ JACQUES DELACROIX/SIPA

M

algré la chasse aux niches fiscales du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, la fiscalité forestière reste très attrayante. L’investissement bénéficie d’une réduction de la base fiscale et d’une réduction de l’impôt dû.La dernière loi de finances a confirmé que les investissements forestiers bénéficient de la loi Tepa et de la réduction d’ISF de 50 % du prix d’acquisition, dans la limite annuelle d’investissement de 90 000 euros. Pour la détention de parts de groupements forestiers,la réduction d’impôt sur le revenu atteint 18 % de l’investissement,avec un plafond de 11 400 euros pour un couple (soit 2 052 euros de réduction d’impôt). Ces avantages sont soumis à des conditions strictes de gestion. L’investisseur doit se sou-

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LA FORÊT A L’AVANTAGE DE NE PAS SE RETOURNER AU MOINDRE SOUBRESAUT BOURSIER.

“C’EST CE QUE RECHERCHENT (PHILIPPE GOURMAIN)

OLIVIER ARANDEL/LE PARISIEN/MAXPPP

LES INVESTISSEURS.”

PHOTOS : GLOWIMAGES/CHRISTIAN GUY

Chasse et forêts

Pour optimiser la rentabilité, il faut parfoisêtrepatient.Depuisplusieursmois, lescoursduboissonttrèsfluctuants.Ceux du hêtre ont récemment décroché (de 125 euros le mètre cube à 25 euros) car lesstocksdesindustrielssontpleins.Cette essence n’étant plus à la mode, les experts forestiers recommandent de laisser les arbres sur pied en attendant des joursmeilleurs.Ledouglasestenrevanche en vogue et ses cours sont bien orientés. Le chêne, qui se décline en plus de trois cents essences à travers le monde,se vend actuellement en moyenne 250 euros le mètre cube.Un niveau satisfaisant. Pour une grande majorité d’experts, lorsqu’on achète une forêt, l’idéal est qu’elle soit composée de différentes essences (chênes,hêtres,résineux…) et de différents âges afin de ne pas être tributaire du cours d’un seul bois qui peut êtresujetàfluctuations.D’autrepartdans le même esprit,l’acheteur devra faire attention à ne pas chercher le rendement à tout prix ou l’essence la plus rentable car le risque est multiplié.« Une forêt mécaniséeetartificiellerésisteeneffetbienmoins aux intempéries puisque les arbres sont bien moins enracinés.C’est la nature qui parle », prévient Franck Laclef.On ne peut qu’y souscrire. ◆

L’investissement passion LA CHASSE A TOUJOURS PARTICIPÉ À LA RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE DES BOIS ET DES FORÊTS.

ENCORE PLUS AUJOURD’HUI QU’HIER.

P

our Stéphane Ledentu,il n’y a pas l’ombre d’un doute :«Leschasseurs sont des investisseurs très actifs, attirés par la fiscalité certes mais aussi parleplacementpassion.»SelonHenri d’Ormesson, un chasseur cherche prioritairement une propriété à une heure et demie maximum de Paris, de 100 à 150 hectares,répartie entre bois et prés,avec un ou deux étangs et un bâti, idéalement une cour de ferme à aménager. « Les gens ne veulent plus ni fermier,ni château »,poursuit Henri d’Ormesson. Il vient de céder dans le Loiret une propriété de 160 hectares de bois de qualité moyenne avec une cour de ferme pour 1,6 million d’euros. Dans les terres prisées de Sologne, les transactions sont proches

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

de10 000eurosl’hectare,encorequ’il faille nuancer car cette barre est très rarement franchie,sauf dans des cas extrêmes où l’acquéreur veut presqueàtoutprixuneparcelledonnée. Dans les régions de chasse, le rendement des parcelles forestières provient aussi des loyers cynégétiques.Enprincipe,leplandechasse qui récapitule le nombre de cerfs et de chevreuils qu’un gestionnaire a le droit de tirer en fonction de leurs populations(lessangliersnesontpas compris, n’étant pas soumis à plan de chasse), détermine la valeur locative.Aveclacrise,lesloyersonttendance à diminuer.« Les valeurs locatives ont baissé de 15 à 20 % en un an », estime Henri d’Ormesson. En moyenne, il faut compter entre 50 et 60 euros l’hectare. Dans certains coins très recherchés, comme dans le département del’Aube,oùsecôtoientcerfsetsangliers, les prix peuvent grimper à 100euros.PourunepropriétéenSologne, avec deux bracelets de cerfs, unepropriétévientdeselouer85eurosl’hectare.«Ilexistedesendroitsmagiquesquiselouent100eurosetd’autres, àpeine25euros»,résumeHenrid’Ormesson. ◆

203


Entretien avec…

“Il faut se tourner vers l’étranger”

L

e fondateur de la société European Forest, Stéphane Ledentu, propose d’investir dans des massifs forestiers en France mais aussi à l’étranger. Depuis 2007, il emmène des investisseurs en Roumanie où la rentabilité atteint 6 % l’an et au Brésil depuis 2008 avec un taux annuel de 10 % ! Ces forêts,à croissance rapide, promettent des plus-values à la revente.Stéphane Ledentu explique à Jours de Chasse en quoi ces placements sont prometteurs. Comment jugez-vous le marché des forêts françaises par rapport à ses pairs internationaux ? Depuislacrisedesmarchés financiers, les investisseurs européens et anglo-saxons recherchent des actifs tangibles. En France, la hausse des prix des forêts a été de 11 % en 2011 et autant en 2012. Mais les valeurs ne sont plus aussi disparates qu’auparavant d’une région à l’autre.Autrefois, seul le nord de la France était réellement prisé. Désormais, la demande et la rareté des parcelles dans quasiment toutes les régions ont fait monter les prix. C’est donc vers l’étranger qu’il faut se tourner si on veut espérer un taux de croissance élevé. Pourquoi proposez-vous d’investir en Roumanie ? En moyenne, le prix d’un hectare de forêt de qualité dans les pays de l’Est est compris entre 3 000 à 4 000 euros ; si l’on devait déplacer ces massifs de mêmequalitéenFrance,ilsatteindraient

204

15 000 euros l’hectare ! En Roumanie, les bois présentent une rentabilité brute de 6 %.Les investisseurs finlandais,danois et autrichiens, très présents dans ce pays, ont bien compris que le prix du bois roumain ne reflète pas la valeur forestière et son potentiel. Pour un investisseur, qu’il soit particulier ou personne morale, le ticket d’entrée du placement que nous proposons s’élève à

20 000 euros. Les parts permettent de devenirpropriétairedemassifsforestiers en Roumanie mais aussi en Hongrie et en Slovaquie. Depuis 2007, nous gérons 3 000 hectares de forêts à travers le pays et nous projetons d’en acquérir au moins autant l’an prochain. Et au Brésil ? Quel est le ticket d’entrée pour quelle rentabilité ? Le minimum d’investissement se monte à 30 000 euros pour un gain espéré de 10 % par an. À noter que nos produits sont commercialisés par l’intermédiaire de sociétés de gestion françaises. Depuis 2008, nous avons acquis

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

PHOTOS : EUROPEAN FOREST

Stéphane Ledentu plusieurs centaines d’hectares de terres agricolesdanslaprovinceduParaná,dans le sud du Brésil. Notre objectif était de participer à la création de forêts,dans un programme ISR (investissement socialement responsable) ; nous avonsconservéetreconstitué 420 hectares de forêts primaires, et planté plus de 800hectares avec des arbres qui seront utilisés dans l’industrie (les eucalyptus,photo ci-contre) dont la croissance est particulièrement élevée. Nous avons planté à ce jour 1 070 000 arbres sur une superficie de 1 259 hectares ! Cette “forêt commerciale” permet de fournir du bois provenantdesforêtsplantées, concrètement, une surface équivalente à 4 000 hectares en forêt amazonienne aurait été nécessaire pour obtenir le même volume de bois ! La première coupe de nos forêts d’eucalyptus intervient quatre ans après la plantation et la coupe finale après douze ans. Pour un investisseur, planter des forêts d’eucalyptus permet de se donner une image“propre”et de participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.La moyenne d’âge des investisseurs qui nous accompagnent est d’environ60ans,signequ’iln’yapasque les jeunes générations qui se préoccupent de la bonne conduite environnementale. Propos recueillis par Marie de Greef-Madelin


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et sans pollution et de pouvoir aller partout,sansmêmeàavoiràjustifierd’unpermis ! », s’enthousiasme Charles-Hubert de Bellaigue,promoteur d’un certain art de vivre,à travers ces produits novateurs qu’ildiffusedepuismaintenantquatreans avecsasociétéCovibeDistributions.L’idée deproposerdestout-cheminsettout-terrains de poche électriques et sans permis est d’autant plus astucieuse que nombre deconducteursdésespèrentdesevoirrestituer leurs points,après avoir subi les rigueurs de la loi.

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206

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Jours de C HASSE ◆

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L’E-BOX POSSÈDE UN MOTEUR ÉLECTRIQUE PAR ESSIEU POUR UNE MOTRICITÉ ACCRUE. CET INTRÉPIDE N’EST PAS UN JOUET MAIS UN PRÉCIEUX AUXILIAIRE POUR LES ACTIVITÉS RURALES.

la chambre de commerce et d’industrie et le conseil général de ce département. Un sérieux coup de chapeau pour une jeune entité qui compte déjà parmi ses clients les mairies de Lisses, Mennecy, Fleury-Mérogis, Étampes, Montereau, sans parler des conseils généraux de l’Essonne et des Hauts-de-Seine,mais aussi de nombreuses autres institutions comme France Galop, le Polo de Paris et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Ses tout-chemins non polluantsontunstyleàlafois rustiqueetattachant.Leplus polyvalent,leCrossRider,de la marque espagnole Comarth, est un 4x2 costaud ettotalementmodulable.Cet engin à simple moteur électrique équipe la Poste française,maisaussiespagnoleet norvégienne.Avecportesou sans,il bénéficie d’une large palette d’accessoires qui vont des pneus à crampons à la benne basculante, en passant par le treuil amovible, pour se sortir des situations les plus délicates. Vendu environ 13 000 euros en versionCountry,ilabénéficié,danssaphase d’élaboration, des précieux conseils de

208

Charles-HubertdeBellaigue,issud’une grande famille du milieu de l’automobile. « Nous diffusons des voitures depuis quatre générations », confie ce chef d’entreprise qui fit, pour sa part, ses armes chez Mercedes et se chargea longtemps desvéhiculesdelamarqueFord,comme le firent ses aïeuls.

L’autre produit phare de sa gamme électriqueestun4x4purementtricolore de la marque Little, conçu et assemblé à Montargis. Cet E-Box dispose d’un moteur électrique par essieu, pour une motricitéaccrue.«Diabolique,ilpassepartout ! » s’exclame son diffuseur français. Là aussi, le catalogue des équipe-

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

mentsimpressionne,avecl’indispensable benne basculante,le treuil et la possibilitéd’opterpourunsystèmedesélecteur de vitesse à trois positions (lente, normale,rapide).«L’E-Boxconstituevraiment une alternative aux incontournables de la famille thermique,comme le Gator,de John Deer ou le Ranger de Polaris », assure Charles-HubertdeBellaigue.Prixdeson audacieuse « boîte électrique » : à partir 15 000 euros. Longévité et fiabilité étant les défis majeursàreleverpourlesvéhiculesélectriques, ce passionné de technique a d’emblée décidé de doter ses deux enginsdesmêmesbatteriesétanchesetsans entretien, au gel et plomb pur, avec les mêmes chargeurs embarqués.Elles sont garanties un an (avec la possibilité de 2ans supplémentaires en option), mais lediffuseurannonceaumoins500cycles de rechargements avant de songer à les remplacer,soit deux à trois ans,en usage régulier. Prix unitaire d’une batterie : 490 euros. Par ailleurs, Cross Rider et E-Box disposent tous deux de quatre freins à disque et d’un pare-brise dégivrant.On n’est jamais trop prudent. Cesintrépidesnesontpasdesjouets, mais de précieux auxiliaires pour les activités rurales. Coût d’assurance estimé : entre 200 et 300 euros par an. La société en vendait trois par mois en moyenne l’an dernier. En 2013, Covibe Distributions, qui vient d’embaucher du personnel, veut augmenter sa diffusion. Et elle livre deux séries spéciales pour la chasse : lessériesClubInterchasse pour le Cross Rider de Comarth et Mareuil pour l’E-BoxdeLittle.CharlesHubert de Bellaigue a encore mille projets en tête. Comme celui de proposerprochainement,avecla marquefrançaiseLittle,un tout-chemin de poche hybride, moitié thermique-moitié électrique. Covibe cultive sa fibre verte. ◆ Covibe Distributions, contactez Charles-Hubert de Bellaigue au 06.77.57.00.78. Email :contact@covibe-distributions.com Sur Internet :www.covibe-distributions.com


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au feu de bois, vieillissement et assemblage en vieux fûts de chêne roux, ce nectar titre 41 degrés et offre un nez aux notes de tabac à cigare, avec une bouche florale et vanillée. Vénérable… 129 €.

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présente son Œuf Galets, pour lequel le chocolat de la province péruvienne de Morropón est en vedette.

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MIEL ABBAYE DE LÉRINS

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SOLOGNE 400 ha

BRENNE 250 ha

A une heure et demie de Paris, proche de Lamotte Beuvron, fantastique propriété de chasse et d’agrément de 400 hectares de terres, bois et étangs. Magnifique bâti de très grande qualité de 400 m² habitables, piscine d’intérieure, maison d’amis, maisons de gardien et de garde ainsi que nombreux bâtiments d’exploitation. Affaire rare de par la qualité du bâti et le territoire de chasse. Prix : Nous consulter.

Parc cynégétique de 250 hectares de bois, pâtures et deux étangs (13 hectares d’eau) réputés pour le passage des oiseaux migrateurs. Cheptel de plus de 200 animaux se composant de cerfs et biches, de mouflons de Corse, de daims et de chevreuils. Trophées d’exceptions. Maison de maître du XIXe siècle et bâtiments d’exploitation. Prix : 2 990 000 € Frais d’Agence Inclus.

PROVENCE 450 ha

BERRY 100 ha

Exceptionnelle propriété de chasse et d’agrément de 450 hectares, sans aucune nuisance visuelle ou sonore, le long des Gorges du Verdon. Magnifique bastide du XVIIe siècle avec piscine, maison de gardien et dépendances. Excellente chasse au gros et petit gibier réputée dans la région. Prix : Nous consulter.

A deux pas d’un accès autoroutier et d’une grande ville, superbe manoir du XVIe siècle avec ses 100 hectares de bois, de terres et d’étangs, sans aucune nuisance. Le territoire ravira amoureux de la nature et chasseurs de par son biotope exceptionnel pour le petit et le gros gibier et ses deux magnifiques étangs, pour 20 hectares d’eau, excellents pour la sauvagine. Prix : 1 575 000 € Frais d’Agence Inclus.


Tentations LA MAISON ET SA DÉCO

PHOTOPHORE SOULEIADO

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incrustation de tissus de la Ciergerie de l’abbaye diffuse une lumière tamisée et colorée. La cire ne fondant pas, sa durée de vie est illimitée. 29 €.

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imaginées par Laurent Bertin vous permettront d’apprécier les corrections de tir (ici, canard et faisan) de votre salon. 300 €, 40,5 cm sur 96.

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d’incontournables objets de décoration et de bureau, Cartier met à l’honneur une petite pendulette Tank – comme sa célèbre montre. 950 €.

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fabriqué en Patagonie, vendu chez Tierra de gauchos. Son assise est en daim et ses pieds en bois de cerf. 1 250 €.

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photo en métal argenté affiche un design volontairement moderniste et n’attend plus que vous y glissiez le cliché de votre choix. 550 €.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2013

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La forêt française, un investissement d’excellence La société Domaines & Patrimoine® est devenue en quelques années le premier opérateur privé indépendant dans l’investissement forestier, grâce notamment à l’alliance de deux domaines de compétences : la gestion de patrimoine orchestrée par Franck LACLEF (Président) et la gestion forestière encadrée par Olivier SEGOUIN (Directeur Général). Cette approche particulière permet à ce jour un partenariat solide avec plus de 250 conseillers en gestion de patrimoine indépendants, une gestion de plus de 7 000 hectares de forêts répartis dans toute la France, et la gérance de six Groupements Forestiers.

Plaisir d’investir… Investir en forêt : vos atouts et débouchés. La forêt est un investissement évidemment tangible qui fournit une matière première à disposition sur notre sol. Et malgré une fluctuation des cours du bois, l’actif « forêt » reste décorrélé des places financières. La filière bois génère plus de 400 000 emplois, 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires et des débouchés variés. Domaines & Patrimoine® peut ainsi offrir à ses clients de la diversification grâce notamment à l’extraction de la résine du pin maritime et à la mise en place d’une unité de chimie verte afin de développer des molécules utilisables en pharmacopée, cosmétiques… L’investissement via un groupement forestier : diversification et simplification.

simplification de la gestion des forêts détenues en direct, le GF introduit dans une certaine mesure de la liquidité et permet par sa souplesse de répondre à des objectifs patrimoniaux divers. Une gamme patrimoniale en accord avec vos envies et attentes. La fiscalité de la forêt est conservée via le groupement forestier. Un sociétaire de GF accède par conséquent à divers avantages : l’éligibilité à la réduction de l’impôt ISF (50%), à la réduction de l’impôt sur le revenu, ainsi qu’à l’abattement de 75% dans une stratégie de transmission.

L’investissement par un GF permet la détention de parts dans plusieurs massifs d’où un principe fondamental : la pratique de l’alternance d’acquisition entre des massifs feuillus et résineux qui permet de lisser la rentabilité, de varier les zones géographiques et d’équilibrer votre patrimoine. Outre une

Olivier Segouin

Directeur Général Domaines & Patrimoine®

… Jouir de la chasse Domaines & Patrimoine ® ouvre, à partir 22 500 €, un droit

de chasse à ses sociétaires. Ce droit, s’étendant sur l’intégralité de nos massifs acquis et à acquérir, leur permet de mieux percevoir leurs investissements et d’allier l’utile à l’agréable.

Des journées de chasse sont organisées, selon un planning établi au début de chaque saison, dans le plus grand respect de l’environnement forestier, du gibier et de vos pratiques de chasse.

Pour toute information complémentaire, nous vous remercions de contacter le 03.81.52.68.09. Nos partenaires distributeurs, présents dans toute la France, répondront également à vos questions. Leurs coordonnées sont disponibles sur notre site www.domaines-et-patrimoine.fr


Tentations LA MAISON ET SON JARDIN

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VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

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Vins de Savennières

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Coteaux rive droite

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SAVENNIÈRES !

◆ En Anjou,le vignoble de l’appellationSavennièresoccupeenviron155hectares,suruneairelimitée à trois communes du sud d’Angers, sur la rive droite de la Loire:Savennières,Bouchemaine et La Possonnière. Il comprend deuxdénominationsdeparcelles remarquables –La Roche-auxMoines (19,40 hectares) et La Coulée-de-Serrant(7hectares)– ainsi qu’un clos exceptionnel –le ClosduPapillon(10hectares)que se partagent deux propriétaires. La culture de la vigne s’y est surtoutdéveloppéeàl’époquedes grandes abbayes,avant d’être relayée par les seigneurs, pour de-

veniruneactivitédelabourgeoisie angevine au XIXe siècle.Aujourd’hui,oncompte36propriétaires. Il y a vingt ans, la vigne n’occupait que 75 hectares. Ces passionnésontlittéralementconquis leur appellation.Beaucoup sont adeptes de l’agriculture biologique ou de la biodynamie. « Les moines ont longtemps cultivé la vigne à Savennières,un peu de leur âme est encore dans nos coteaux, déclare en souriant ÉvelynedePontbriand,présidentede l’appellation et propriétaire du Domaine du Closel. Faire du vin à Savennières a quelque chose de religieux.Nous avons la foi en notre

terroiretnoussommesconstamment en recherche de son expression la plus parfaite.» Admirablement exposées sur des coteaux perpendiculaires à la Loire,les vignes sont perchées surdevéritableséperonsrocheux qui surplombent le fleuve. Des solspeuprofondsdeschistesgréseux,defilonsvolcaniques(rhyolites) et de sables éoliens,contribuent à donner un caractère à la fois unique et multiple aux vins, généralementsecsetminéraux(il existe une production très minoritairededemi-secsetdemoelleux), souvent dotés d’une belle maturité à laquelle l’influence

mésoclimatiquedelaLoireneserait pas étrangère… Ici,le chenin blanc (également connu sous le nom de pineau de laLoire)règneenmaître,c’estl’un des terroirs de prédilection de ce cépage-roi.Il y exprime l’une des plus belles facettes de sa personnalité. Il faut dire que le cahier des charges est précis : vendanges manuelles obligatoires et au moins deux tries successives pour que les raisins soient en état de surmaturité. Dans leur jeunesse,les vins révèlent des arômes floraux (ajonc, acacia, floral mellifère), fruités (fruits à chair blanche et agrumés avec une touche d’amande) voire beurrés.Ils ont souvent un caractèreminéraletiodé,unefraîcheur délicate,une certaine nervosité.Plus accomplis,ils offrent des arômes de fleurs séchées, de plantestisanières(tilleul),d’épices douces,avecdesnotesanisées(fenouil-badiane) et de fruits compotés (coings). Ce sont des vins de grandes tables par excellence. Les restaurants étoilés ne s’y trompent pas :les vins de Savennières y figurent en bonne place.

Nous avons aimé… Château Pierre-Bise, Clos de Coulaine 2010 Robe : dorée, brillante. Nez : fin, beurré et empyreumatique, fruits secs grillés (amande, noisette), avec une note agrumée après aération. Bouche : très aromatique, fraîche, toastée, belle acidité de soutien, beaucoup de fraîcheur dans une finale au sillage élégant. Bon rapport qualité-prix.

Château d’Épiré 2009 Robe : limpide et lumineuse. Nez : droit, minéral, grillé, écorce d’agrume confit. Bouche : belle matière, avec une touche épicée, de la fraîcheur et une persistance sur des notes iodées-salées et empyreumatiques en finale. Classique et sérieux.

Château des Vaults, Clos du Papillon 2007 (Domaine du Closel) Robe : or franc, étincelante. Nez : fin et délicat, sur une note épicée et des arômes confits de pâte de coing et de zeste d’agrume. Bouche : minérale, puissante, équilibrée, corsée (gingembre), avec de la vivacité. Finale marquée par un délicat poivre blanc. Millésime d’une très belle expression, preuve qu’un savennières peut vieillir avec panache.

Savennières-Roche aux Moines 2010 Clément Baraut Robe : dorée, limpide. Nez : fruité vif, floral blanc (sureau, acacia), notes miellées, amande fraîche, une pointe légèrement beurrée après aération. Bouche : acidulée, agrumée, pleine de fraîcheur, avec une finale iodée et saline. Ensemble équilibré et dynamique.

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PRINTEMPS 2013



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VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

Château Fleur Cardinale ◆ Qui a pu décider Dominique Decoster à acquérir un vignoble àSaint-Émilion,àl’issuedevingtsept années consacrées au métier de porcelainier à Limoges ? Florence Decoster, son épouse, bien sûr ! En 2000, il cède l’ensembledesesaffaires–dontlasociété Haviland – pour « pouvoir lever un peu le pied et partir plus souvent à la chasse » (pour le petit gibier, il gagne la Brenne, aux confins du Berry, pour le grand gibier, il se rend en Afrique…). Mais Florence a envie d’autre chose. C’est une femme de réflexion. Et de décision. Depuis longtemps,l’idéedeposséderune vignelataquine.Dominiquen’est pas long à convaincre ! Après quelques recherches et à l’écoute deconseils,leurchoixseportesur un domaine viticole qui, grâce à son précédent propriétaire, bénéficie déjà d’une certaine notoriété. Et en 2001, ils s’installent au château Fleur Cardinale. Située sur la commune de Saint-Étienne-de-Lisse,àl’estde Saint-Émilion,lapropriétéétend ses vignes sur un terroir argilo-

CHÂTEAU FLEUR CARDINALE

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calcaire, le même que celui des plus grands vignobles de l’appellation. Le couple s’attelle à la tâche. Achat de nouveaux matériels, arrachage des parcelles moins qualitatives, replantation, baisse desrendements…Rienn’estnégligé.En2002,ilsinaugurentleur nouveauchai.Saconceptionpermet la mise en place d’une mé-

thode de vinification parcellaire et d’un système de traçabilité pour chaque lot, depuis la vigne jusqu’à la mise en bouteille. Les efforts sont payants : en 2006, Château Fleur Cardinale est promu au rang de grand cru classédeSaint-Émilion.Unedistinction maintenue lors du classementde2012,cequileurapermis de rajouter 5 hectares (par le

Nous avons aimé… Château Fleur Cardinale 2007 Robe : pourpre profond. Nez : empyreumatique, avec des notes de torréfaction et une pointe giboyeuse. Bouche : structurée et harmonieuse, sur un fruit bien mûr, avec une finale tout en douceur et en fraîcheur. Fin et élégant.

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Château Fleur Cardinale 2008 Robe : grenat dense. Nez : fruits rouges et noirs mûrs, complexe. Bouche : des tannins veloutés sur une trame fine, une ossature délicate, une belle ouverture à l’amplitude après l’attaque, une très grande persistance en finale. Ensemble distingué, d’un bel équilibre.

Château Fleur Cardinale 2009 Robe : rubis chatoyant. Nez : intense, sur des fruits noirs et rouges bien mûrs, avec une note confite. Bouche : très réglissée, avec beaucoup de fraîcheur et une touche pimentée en finale. Puissant et généreux.

Jours de C HASSE ◆

Château Fleur Cardinale 2010 Robe : sombre, presque noire. Nez : cerise noire avec une touche épicée et une pointe noyau. Bouche : corsée, dense, solide, mais tout en harmonie depuis l’attaque jusqu’à la finale, avec ce qu’il faut de fruit, d’équilibre et de complexité pour faire un beau vin de garde.

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rachat d’une propriété voisine, Château Croix Cardinale, saintémilion grand cru) aux 19hectaresdéjàclassés.L’encépagement est classique : merlot dominant (70 %) et équilibré entre cabernet sauvignon et cabernet franc (15 % pour chacun). Le mode de culture est traditionnel (effeuillage, éclaircissage, utilisation d’engrais organiques agréés bio, palissage pour optimiser la surface foliaire…),les vendanges manuelles et la vinification parcellaire (le cuvier est équipé de 22cuvesthermo-réguléesrondes en inox ; selon leurs caractéristiques, les parcelles sont isolées par groupes dans des cuves différentespourêtrevinifiéesetélevées séparément). Les vins assemblés passent entre douze et quinze dans un chai à barriques (réalisé dans des matériaux neutres pour éviter toute pollution olfactive) avant d’être mis en bouteilles. Quatre crus sont proposés :Château Fleur Cardinale, saint-émilion grand cru classé ;ChâteauCroixCardinale, saint-émilion grand cru ; Bois Cardinale, saint-émilion grand cru ;etSecretdeCardinale,saintémilion grand cru. Florence et Dominique Decoster ont fait des émules, deux membresdeleurfamillesontégalementvenuss’installerpourfaire duvinàSaint-Émilion.Florence fait partie de la Jurade de SaintÉmilion depuis 2008 : « ReprésenterSaint-Émiliondanslemonde entier,c’est un bonheur.» Une intégrationréussieau-delàdetoute espérance.Etdesenfantsquis’intéressent au vin… Une nouvelle dynastie bordelaise est née ! Sur Internet : www.chateau-fleurcardinale.com


Sa richesse est intérieure.

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Volutes par Jean-Claude Perrier

Parfums de nouveautés Ils étaient attendus depuis… plusieurs mois, les havanes sont enfin arrivés, ainsi que quelques vitoles d’autres terroirs.

CUBA

H. UPMANN Half Corona, petit corona, 4,20 € l’unité, 23,50 € la boîte de cinq. ◆ Un tout petit cigare, dans

un format très tendance, pour fumeur regagnant son bureau après déjeuner. Le bébé n’est pas inintéressant, ne manquant ni d’arômes ni d’énergie, mais il ne dispose de guère de temps pour les exprimer. À noter que ce cigare est servi à l’unité, ou bien par cinq en boîte métallique, petit cadeau sympathique.

ROMEO Y JULIETA Petit Churchill, petit robusto, 8,60 €.

◆ Encore un petit module qui

tente de tout donner en une durée record : ses notes de poivre blanc, de terre humide, caractéristiques de la marque Romeo y Julieta. Il a un peu de mal à y parvenir, et tendance à chauffer. Pour amateur pressé.

PARTAGAS C 3, édition limitée 2012 corona gorda, 13 €. ◆ Servi en boîte de dix,

son tabac vieilli deux à trois ans, ce corona de belle taille exhale à froid ses valeurs empyreumatiques. Durant la dégustation, il n’évolue guère, trahissant une complexion par trop linéaire.

MONTECRISTO 520, canonaçau, 19 €.

◆ Servi en boîte de dix

ce beau géant ressemble à l’Eagle, de la même marque. C’est un cigare opulent, équilibré, jamais agressif, qui réjouira l’après-dîner de l’amateur confirmé. Son nom est censé célébrer l’anniversaire de la découverte de Cuba, donc de l’Amérique. 2012 – 520 = 1492, le compte est bon !

QUAI D’ORSAY Gran Corona, grand corona, 8,90 €.

◆ Celui-là n’est pas une

nouveauté, mais un cigare de saison, léger, herbacé, élégant, que l’on aura plaisir à déguster lors d’une promenade en forêt. Et puis, on ne parle pas assez de Quai d’Orsay, la très discrète marque cubaine fabriquée pour la France, depuis VGE.

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

VEGA FINA Sumum Edition limitée 2012 robusto, 9,50 €. ◆ Plutôt dodu, ce robusto

lové dans un coffret laqué noir un peu tape-à-l’œil est un cigare d’initiation qui peut accompagner un aprèsdéjeuner champêtre. Côté arômes et nervosité, il ne faut pas lui demander plus que son terroir ne le permet.

NICARAGUA

LA AROMA DEL CARIBE Mi amor valentino, gros canonaçau, 9 €

◆ Avec son cepo de 56, c’est

ZINO Platinum 2 Class 550 R robusto, 6,50 €. ◆ La crise n’épargnant

prohibitifs, invente des cigares à la portée de toutes les bourses.Ainsi ce robusto très honnête, tranquille, dont on peine à reconstituer la traçabilité de ses tabacs très composites. Quant à son nom, c’est un clin d’œil au fondateur de la marque.

personne, voici que Davidoff, qui s’est toujours distingué par ses prix

un gros joufflu sympathique et agréable, ample en bouche, en pointe d’un terroir émergent, le Nicaragua, qui s’impose par son dynamisme et sa qualité, tandis que SaintDomingue ronronne un peu.

OLIVA Special figurado, figurado, 12,20 €.

◆ Un autre beau nicaraguayen,

bien fait, de belle allure, avec sa tête twistée, critère distinctif des figurados par rapport aux obus. Son format permet à ses arômes, un peu épicés, de s’exprimer à l’aise. À découvrir.

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Forum

PAROLES DE LECTEURS Écrivez-nous à rambaud@valmonde.fr

Le courage d’être chasseur ◆ Vous avez eu raison de mettre en exergue les chiffres de la recherche au sang dans votre dernier magazine. En dépit des progrès qui ont été réalisés depuis une génération, il est tout simplement inacceptable que chaque saison plus de 100 000 animaux soient blessés et non recherchés. Cela montre le peu d’éthique de certains chasseurs de grands gibiers. Blesser un chevreuil, un sanglier, cela peut arriver à tout le monde, mais ne pas mettre tout en œuvre pour le retrouver est inadmissible. Thierry Mallet

Très chère bartavelle

◆ Bravo pour votre longue

évocation de la chasse à la bartavelle dans votre numéro d’hiver, avec de superbes photos à l’appui. Quel magnifique gibier dans des paysages qui le sont tout

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autant ! Quel gibier peut avoir autant de force dans l’imaginaire de bien des enfants,grâce à Pagnol et à sa Gloire de mon père ? Merci de m’avoir fait revivre tout cela, moi qui ai passé mon enfance dans les contreforts des Alpes. Xavier Beuvry

Safaria nous écrit ◆ Dans l’article consacré à Marcello Pettineo de votre dernier numéro se sont glissées quelques approximations. Lorsque vous faites allusion à la société Safaria,vous mentionnez qu’il s’agit de « l’antenne africaine » de la société Orchape.Il n’en est rien, et ces deux entités sont totalement indépendantes. Orchape est une société française, proposant des destinations variées, mais spécialisée sur le petit gibier. Safaria est une société centrafricaine, proposant des séjours de“grande chasse”

principalement en RCA, et dans une moindre mesure en Tanzanie. La confusion vient sans doute du fait que ces deux sociétés ont le même actionnaire majoritaire, Yves Forestier. Je terminerai en adressant mes félicitations à votre magazine dont les articles de fond et l’esthétique laissent loin derrière les autres revues cynégétiques. Florent Mathieu (directeur de la société Safaria)

Précisions ◆ À la suite de notre article sur le domaine de la Chaudronnerie (page 142 de notre dernier numéro), Jean-Marc Linguanotto nous précise que son domaine propose – de la fermeture à l’ouverture de la chasse – du ball-trap,sous la forme de parcours de chasse. Pour s’entraîner et s’améliorer. Pour tous renseignements joindre le 06.11.90.56.45 ou consulter le site www.lachaudronnerie.com

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PRINTEMPS 2013

Carnet d’adresses des pages Tentations

Abbaye de Lérins lerina.abbayedelerins.com Aberlour aberlour.com/fr Aigle www.aigle.com Agora Tec www.agora-tec.fr Alexandre Mareuil www.alexandremareuil.com Anéas www.aneas.com Artumès www.artumesandco.com Aubercy www.aubercy.com Alvis Audio www.alvis-audio.com Barbecue & Co www.barbecue-co.com Bushnell www.rivolier.com Canon www.canon.fr Cartier Tél. : 01.42.18.43.83. Chanel www.chanel.com Château La Grande Clotte www.rollandcollection.com Château Grand Ormeau www.chateaugrandormeau.com Chapuis www.chapuis-armes.com Club Interchasse www.interchasse.fr Chevillotte www.chevillotte.com Crockett & Jones www.crockettandjones.fr Decoy www.chapuis-armes.com Emmanuel Laplace www.1515-laplace.com Fauchon www.fauchon.com Fauré Le Page www.faurelepage.com Galénic www.galenic.fr Glenmorangie www.glenmorangie.com Guerlain www.guerlain.com GMT Imports www.gmtimports.fr Hermès www.hermes.com High Bird Shooting www.highbirdshooting.fr Humbert Beretta www.humbert.com Ikea www.ikea.com/fr Jardin Privé www.jardinprive.com Jean-Charles Rochoux www.jcrochoux.fr Lancel Tél. : 01.53.91.41.41. Laurent-Perrier www.laurent-perrier.com Le Chameau www.lechameau.com Leica Store www.leica-camera.fr Le Soleil Nantais www.guilbaud-muscadet.com Marabout www.marabout.com Maisons du Monde www.maisonsdumonde.com Mariage Frères www.mariagefreres.com Matthew Cookson www.matthewcookson.com Mettez www.mettez.com Paris Caramels www.douceursdefrance.fr Patriarche Père & Fils www.patriarche.com Pierre Hermé www.pierreherme.com Pralus www.chocolats-pralus.com Puiforcat www.puiforcat.com Rivolier www.rivolier.com Ruag Ammotec www.ruag.fr Roger Groult www.calvados-groult.com Rottweil www.ruag.fr Sauvestre www.sauvestre.com Souleiado www.souleiado.com Skyy Vodka www.skyy.com Stanley www.gmtimports.fr ST Dupont www.st-dupont.com Steiner www.humbert.com Swarovski Optik www.swarovskioptik.fr Tierra de Gauchos www.tierradegauchos.fr Tom Joule www.tom-joule.fr Tzarina ww.tsarine.com Tunet www.nobelsport.fr Villeroy & Boch www.villeroy-boch.com


"QUAND ON EST PASSIONNÉ D’AÉRONAUTIQUE ET QU’ON AIME LES BELLES MÉCANIQUES, ON NE PARTAGE SES VOLS QU’AVEC LE PLUS LÉGENDAIRE DES CHRONOGRAPHES."

Aux commandes d’un de ses jets ou de ses nombreux autres engins volants, John Travolta joue chaque jour son propre rôle: celui d’un pilote hors pair, avec plus de 6000 heures de vol à son actif et huit qualifications sur divers types d’avions. Celui d’un homme passionné par tout ce qui incarne l’esprit authentique de l’aéronautique. A son poignet, une Breitling Navitimer, avec sa célèbre règle à calcul d’aviation. Une montre-culte pour tous les amoureux et professionnels de la conquête des airs, équipée du Calibre Breitling 01, probablement le meilleur mouvement de chronographe automatique. Pour John Travolta, c’est tout simplement le plus légendaire des chronographes. GARANTIE BREITLING DE 5 ANS € 17 410.-

Prix public conseillé

Rampazzo Joaillier 27, rue de Solférino • 60200 COMPIEGNE Tél. 03 44 23 35 85


cartier.com - 01 42 18 43 83

Nouvelle Collection TANK ANGLAISE


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