Jours de Chasse

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Autres

Jours de CHASSE

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C

Jours

de

HASSE N° 43


le

classique de la montre

Aucune autre montre n’est conçue comme une Rolex. Lancée en 1945, la Datejust fut la première montre-bracelet à afficher la date dans un guichet sur le cadran. Sa fameuse loupe Cyclope, ajoutée quelques années plus tard, acquit rapidement ses lettres de noblesse pour devenir un véritable classique de l’esthétique Rolex. Majestueuse avec son boîtier de 41 mm, la Datejust II s’impose aujourd’hui comme la digne héritière d’un grand classique. La Datejust II est ici présentée dans sa version Rolesor, mariage unique d’acier 904L et d’or jaune 18 carats, une signature exclusive Rolex.

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Sommaire N° 43 printemps 2011

CHASSE Jours

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82 Aventure

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3-5, rue Saint-Georges 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.85 www.joursdechasse.com

Président-Fondateur Olivier Dassault

La chèvre des Taurus

GUILLAUME BEAU DE LOMÉNIE

140 Estelle

Rebottaro

RÉDACTION

La sensibilité animale

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

3-5, rue Saint-Georges - 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.11.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél. : 01.56.52.21.67 ; ghaag@figaromedias.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Gilles Marti (Tél. : 01.42.36.80.82 ; gmarti@mercuri-presse.com )

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30) Services généraux : Catherine Delange (11.13)

SERVICE ABONNEMENT

22, rue René-Boulanger 75472 Paris Cedex 10 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général : Guillaume Roquette Conseiller du président : Jean-Jacques Schardner Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 775 658 412 00140. Directeur de la publication : Guillaume Roquette Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : T.M.O.Pets/Alamy. Copyright 2011 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

92 Reportage en Corse

Le ciel, la terre, le maquis

le terrain 102 Sur Tout savoir sur… 102 Berry : 27 hectares,

CAMILLE MOIRENC

Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)

ESTELLE REBOTTARO

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TRIMESTRIEL MARS AVRIL MAI 2011

Jours de CHASSE

Autres

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N° 43

005 L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire 006 L’actualité de la chasse et choke 018 LeChicmonde de la chasse À l’affût 030 Expositions et salons 032 LaLucarne chasse en DVD Tentations 034 Équipements de saison… 34 … pour elle 36 … pour lui 38 Accessoires 44 Automobiles

048 Enchères À l’affût des valeurs sûres 52 Signets La chasse en librairie Confidences 060 Benoît Violier Découverte 064 Fantômes du Nouveau Monde Tourisme 076 Charleston L’élégance du Vieux Sud Aventure 082 LaTurquie chèvre des Taurus 092 Reportage Corse, le ciel, la terre, le maquis

une gestion au cordeau 110 Chiens d’arrêt et gibier de tir 114 Armurerie de la Bourse, au service d’une profession 120 Essai, Blaser F3 Sporting 122 Chasse à la journée, la chasse de la Planquette 128 Les dégâts du gibier

Chasseur de légende 130 Bror von Blixen, baron de l’extrême et pinceaux 140 laCrayons Estelle Rebottaro, sensibilité animale Portrait 152 Nicolas Prjevalski, le rêve tibétain et la chasse 164 L’art Titien privée 166 Visite Une chasse chez le comte Carl Eduard von Bismarck Saveurs 174 Notre chef entre en cuisine 180 Tentations 180 Douceurs de printemps 182 La maison et sa déco 184 La maison et le jardin

186 Flacons 186 Minervois, fleurs des Causses 188 Ackerman, magnifier la finesse 190 Volutes Vitoles de plein air Dossier patrimoine 200 Très chères forêts… 202 Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend un encart broché Abonnement entre les pages 34 et 35 et une aquarelle entre les pages 66 et 67 et trois encarts jetés Homme moderne, RSD Reisen et Réabonnement.

Parution du n° 44-été 2011, juin Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com


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Éditorial par Olivier Dassault

L

tenir le cap fixé en dépit des tempêtes. Pour ma part, j’ai e monde dans lequel nous vivons évolue si vite que la confiance : depuis le pléistocène, la chasse fait partie de duréeordinaired’unegénération,soitvingt-cinqans,semble notre mémoire génétique. Trois générations de contestaavoir diminué d’au moins une dizaine d’années.Par ailleurs, taires se réclamant d’une vision contestable de l’écologie le principe d’incertitude prévaut si fortement que tout n’en viendront pas à bout. exercice de prévision paraît d’avance voué à être contredit Avant de vous présenter ce quarante-troisième numéro par l’Histoire. Pourtant, on ne saurait s’en dispenser. de Jours de Chasse, je voudrais souhaiter bonne chance au Depuis vingt ans, les instances officielles de la chasse Salon de la chasse et à son organisateur, Pierre-Emmanuel n’avaient pas organisé de symposium destiné à réfléchir sur Roubaud, dont nous sommes partenaires depuis bien des l’avenir de la cynégétique française. Raison pour laquelle, années. Pour la première fois, la plus prestigieuse manisous l’égide et à l’initiative de la Fédération nationale des festation cynégétique d’Île-de-France va quitter son lieu chasseurs,se sont tenus à Paris des états généraux de la chasse d’accueil traditionnel, Rambouillet, pour Saint-Quentinles 15 et 16 février, réunissant représentants du monde de la en-Yvelines. Je forme donc des vœux pour que le public, chasse,grands témoins et hommes politiques.Cette réunion nombreux et passionné, qui se pressait dans ses allées, deavait été précédée, sur le site de la FNC, d’une enquête via meure fidèle à ce rendez-vous de tous les amateurs de Internet,qui avait permis de collecter une dizaine de milliers chasse et de nature,où nous serons,comme de réponses, et d’une série d’ateliers régiochaque année, présents. nauxauxquelsavaientparticipéquelquescenEtmaintenant,permettez-moiquelquescomtaines d’adhérents des fédérations,à dessein LE MAINTIEN mentaires sur ce numéro de printemps, qui de dégager les grandes tendances et les lignes D’UNE CHASSE vous consolera, je l’espère, de la mise en directrices à débattre lors des états généraux veilleusedevotrepassionjusqu’enseptembre. de la chasse. POPULAIRE Depuis l’adoption de notre nouvelle maLes thèmes de travail portaient sur la À LA FRANÇAISE quette, nous vous avons proposé des couchasse durable, la chasse et l’économie, la vertures parfois inattendues ou audacieuses. gouvernanceetl’organisationdesinstitutions FAIT L’OBJET Celle-ci – l’œil d’un springer – est sans doute cynégétiques, les valeurs et la communicaD’UN CONSENSUS la plus allusive que nous ayons publiée,mais tion à promouvoir.Des nombreuses propoINDISCUTABLE. elle rend superbement hommage au plus fisitionsémanéesdesdiversateliersressortune dèle ami du chasseur. prise de conscience unanimement partagée Au fil des pages, vous serez sensible aux de la nécessité de refonder la chasse sur des confidences d’un grand chef doublé d’une fine gâchette, bases nouvelles,à la fois scientifiques et humanistes,suscepBenoît Violier,vous découvrirez les vertus philosophiques tibles d’obtenir l’adhésion de tous les usagers de la nature. de l’attente dans les miradors du Vieux Sud américain, et Du discours de conclusion du président Baudin, je repartagerez les émotions de l’approche dans les montagnes tiendrai cette idée-force qu’entre les divers scénarii, celui de Turquie, avant d’arpenter le maquis corse. Avec Bror du maintien d’une chasse populaire à la française fait l’obvon Blixen, évoqué dans le film Out of Africa, et Nicolas jet d’un consensus indiscutable. Même si la diminution de Prjevalski, vous vivrez par procuration des aventures exl’effectif des chasseurs semble malheureusement difficile à trêmes, du Kenya à l’Asie centrale, tandis qu’avec Estelle enrayer,l’évolutiondelachassefrançaisenedevraitpassuivre Rebottaro vous entrerez dans le mystère et la beauté du le modèle germanique d’une chasse élitiste et minoritaire. monde animal. Cette perspective, qui réaffirme la continuité d’une tradiBonne lecture à tous. tion nationale,devrait être garante de l’importance pérenne des chasseurs dans un univers en constante mutation. La biodiversité ne saurait se passer de l’expertise des acteurs du monde de la chasse, dont l’expérience de la gestion des territoires et des espèces est nécessaire, et reconnue. Cela dit, cette déclaration d’intention, cette stratégie pour les vingt ans à venir,ne sont pas acquises.Elles postulentl’engagementdeschasseursetleurdéterminationàmain-

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

◆ Lasituationdelabécassepour la saison 2010-2011 sera médiocrepournepasdiremauvaise, avions-nous annoncé dans nos colonnes de notre dernier numéro. Elle l’a, hélas, effectivement été. La raison avait d’ailleurs été avancée sans ambages : une mauvaise reproduction en

parviennent jusqu’à nous.C’est exactement ce qui s’est passé. Hormis les départements bretons qui, semble-t-il, ont bénéficié d’une densité honorable de bécasses – faut-il rappeler que cette région reçoit en outre des bécasses de Scandinavie,qui n’a pas été touchée par ce phénomène de sécheresse–, toutes les autres provinces de France ont constaté « un déficit d’oiseaux »,

normale, les jeunes représentent environ les trois quarts des oiseaux tués. Autreexplicationàcequecertainesrégionsn’aientquasiment pas eu d’oiseaux : le froid qui a sévi en novembre, phénomène très rare, a poussé les oiseaux à continuer leur chemin, et à se réfugier sur le littoral. Heureusement, cette “sensibilisation” (alliée à des condi-

Russie due à une sécheresse historique, qui a empêché aux jeunes oiseaux de survivre, ne trouvant pas de lombrics, leur nourriture de base. Un constat qui ne pouvait qu’être alarmant car les bécasses russes représententl’essentieldesoiseauxqui

affirmeYves Ferrand,ingénieur à l’ONCFS et l’un des grands spécialistes de notre migratrice. En outre,les analyses sur les oiseauxtués fontétat –signed’une mauvaise reproduction– d’une répartition égale entre jeunes et adultes ; or,dans une saison dite

tions climatiques difficiles pour les migrateurs) a obligé plus des trois quarts des fédérations de chasse à prendre des mesures de conservation : suspension, voire interdiction de la chasse dans certains départements (comme la Drôme), baisse du

BÉCASSE

MIKE LANE/ALAMY

MAUVAIS MILLÉSIME

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prélèvementmaximumautorisé –pourlesdépartementsquil’ont adopté –, réduction du quota hebdomadaire d’oiseaux… Pour autant,peut-on se satisfaire pleinement de telles mesures ? Au vrai,il fallait sans nul doute aller plus loin, beaucoup plus loin en matière d’interdiction. Car cette situation a été, en effet, le révélateur des carences, des insuffisances de la gestion de la bécasse en France. À commencer par le fameux PMA (Plan maximum autorisé) qui n’est pas national (seuls soixante départements l’ont imposé). Il s’en est suivi une certainecacophonie(lesmesuresvariantd’undépartementàl’autre) mais, surtout, ne pas imposer un PMA sur la France entière n’est pas concevable pour une espèce migratrice qui, par définition, ne connaît pas les limites des départements ! « Ce qui est arrivé peut être un mal pour un bien », espère Yves Ferrand qui souhaite qu’un PMA national soit mis en place dès la saison prochaine. « Allié à unsystèmedemarquage,c’estleseul moyendecontrôlerlesprélèvements, car la migration est un flux. Si le débitestnormal,onnetoucheàrien. S’il est plus faible,on peut fermer le robinet et le robinet, c’est le PMA », poursuit-il (ainsi l’Irlande qui a été marqué cet hiver par une vague de froid et de neige a fermé la bécasse pendant trois semaines et ce, dans tout le pays). Il ne faut jamais oublier qu’il est essentiel de préserver le capital,pourreconstituerl’espèce : c’est ce qu’on appelle une gestion intelligente.Si les chasseurs ne prennent pas les choses en mains, d’autres les prendront à leur place, avec simplement le risque que la bécasse soit définitivement fermée à la chasse.



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

◆ Pour sa quinzième édition, le Salon de la chasse de Rambouillet fait peau neuve, sans nuldoutepourleplusgrandplaisir des 50 000 visiteurs et des 400 exposants des saisons précédentes… Il était temps après les péripéties qui avaient agité l’édition 2010 (elle était annoncée dans le parc même du château de Rambouillet, puis, sous la pression d’une poignée d’écologistes, avec à sa tête Yann Arthus-Bertrand,avaitétécontraint de se rabattre au Haras national des Bréviaires à Rambouillet,un site certes superbe mais qui n’avait pas été exempt de critiques, notamment pour des parkings difficilement accessibles pour cause d’embouteil-

ENVIRONNEMENT

LES CHASSEURS CLAQUENT LA PORTE

◆ Avec une certaine frange des

écologistes, il faut s’attendre à tout, et surtout au pire seraiton tenté d’ajouter.Car que peuton dire d’autre après avoir simplement constaté leurs faits et gestes ces dernières semaines ? En cause, cette fois-ci, les fameuses dates de fermeture de la chasse aux oies.À la surprise générale, quatre associations écologistes (France Nature Environnement, la Ligue de protection des oiseaux,le Rassemblement des opposants à la chasse et l’Aspas, Association pour la protection des animaux sauvages) ont déposé une requête devant le Conseil d’État, demandant l’annulation de l’arrêté de fermeture au 10 février de la chasse aux oies.

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lages, quand les véhicules n’étaientpasembourbés !). Cette fois, l’équipe de Pierre-Emmanuel Roubaud,commissairegénéral, sembleavoirprisleschoses en mains, puisque le Salon va s’installer sur la base régionale de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines du 1er au 4 avril. Si le lieu est moins “campagnard” que les précédents, il paraît plus“fonctionnel” selonletermeconsacré.Situé à trente kilomètres de Paris sur 600 hectares, il offre 6 000placesdeparkingsgratuites “endur”,avecunaccèsexposants et visiteurs séparés, ce qui limitera les pleurs et les grincements de dents. Que les visiteurs se rassurent : ilsretrouveront,souslechapiteau d’unseultenantde15 000mètres

carrés avec des allées agrandies, les exposants habituels, avec au centreuneexpositiond’animaux naturalisésdemaindemaîtrepar Michel Vaillier dont la caractéristiqueestd’avoirbénéficié,pour leursauvegarde,del’actiond’associations et d’institutions cynégétiques.

Unerequêtepourlemoinsdéconcertante, car cette date avait été acceptée au bout de longues discussions l’année dernière lors detablesrondessurlachasseavec le monde cynégétique par ces mêmes associations écologistes ! Heureusement,le juge des réfé-

rés du Conseil d’État les a déboutées le 28 janvier, constatant que ces mêmes associations n’avaient pas “bougé” l’année dernière, alors que les dates étaientpourtantlesmêmes.Non sans raison, la FNC a décidé de rompretoutenégociationettoute

Contrairement aux années précédentes, il n’y aura, hélas, plus de balltrap,nidemessedeSaintHubert, ni de démonstration d’équipages. En revanche,unserviced’hélicoptère sera à nouveau proposé, une vente aux enchères aura lieu le dimanche 3 avril,organisée par l’étude Cornette de Saint Cyr, une conférence-débat sur la nouvelle réglementation des armes à feu sous l’égide du Comité Guillaume Tell.Modernismeoblige,uneapplication iPhone du Salon est à télécharger depuis le 15 février… MARC CHARUEL

LE SALON À SAINT-QUENTINEN-YVELINES

Salon de la Chasse de Rambouillet, du 1er au 4 avril,base de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Sur Internet : www.salondelachassederambouillet.com

BETTY SMART/ALAMY

ÉVÉNEMENT

Jours de C HASSE ◆

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discussion avec ces associations en raison d’un « comportement irresponsableetmalhonnêtedeceux qui se disent protecteurs de la nature et qui ont changé d’avis d’une année sur l’autre ». Comment peut-on expliquer cetteradicalisation ?Ilnefautjamais oublier que le but ultime de ces écologistes est l’interdiction totale de la chasse, l’affaire des dates de fermeture n’est qu’un prétexte, car après avoir obtenu le 31 janvier (ce qu’ils demandaient),il y a fort à parier qu’ilsexigerontle15janvier,puis le 31 décembre… Cette radicalisation avait sans doute un autre objectif : pousser les chasseurs de gibier d’eau vers des manifestations brutales, doncdesdébordements,pouraccuserensuiteleschasseursd’agir en irresponsables ! Heureusement, les chasseurs n’ont pas répondu à ces provocations.


Avril 1819, François Constantin se charge de l’expansion commerciale de Vacheron Constantin à travers le monde. Lors d’un voyage en Italie, ce visionnaire édictera la devise de la société issue d’une lettre adressée à la Manufacture : « faire mieux si possible, ce qui est toujours possible…».

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

◆ Pour la sixième année consé-

VOYAGES

LE NOUVEL ORCHAPE

◆ Dans l’esprit du cynégète,Orchapeestbienplusqu’unsimple nom, c’est un label, Depuis sa création en 1957, ce voyagiste a emmené des milliers de chasseurs dans le monde entier ; un succès qui n’a jamais faibli,sans doute parce qu’Orchape est un gage de sérieux, donc de tranquillitéd’espritpourlesdisciples de Saint-Hubert. Aujourd’hui, cette maison fait presque peau neuve. Toujours sous l’égide d’YvesForestier,sonactionnaire majoritaire, et avec Augustin Mottesonnouveaudirecteurgénéral, Orchape a réorienté ses destinations. Tout d’abord, toute l’activité centrafricaine a été confiée à la Safaria sous la direction de Florent Mathieu (guide ACP) et de Jean-Philippe Bourgneuf. Désormais, Orchape « va développer ses destinations petit gibier », explique Yves Forestier. Ce sera d’abord le renforcement des destinations“historiques”de l’agence. Car ce que recherchent nos clients, c’est avant tout et surtout des chasses authentiques, sauvages, donc qui fassent rêver les petitsfils de nos premiers clients. » On

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pensebiensûrauRoyaume-Uni (Grande-Bretagne, Écosse, Irlande)etseschassesdepetit(bécasses, bécassines, faisans, grouses,pigeons…) et de grand gibier ; et l’Argentine, avec les chasses de gibier d’eau. Dans cette optique, Orchape compte proposer à brève échéance des destinations où la notion de sauvagerie n’est pas un vainmot,commelaLaponiesuédoise, avec la rippa et les tétras. Pour autant, il n’a pas abandonné les pays de l’Est et les destinations pour lesquels il a bâti sa réputation (Pologne –aussi bienpourlachassedesperdreaux que des grands animaux, Hongrie), ni l’Afrique où l’agence veut être présente au Maroc, au Burkina Faso,ou encore en Namibie, un pays intéressant car le chasseur peut y aller avec sa famille, pour chasser antilopes et petitgibier.Avectoujoursunmot d’ordre : « Ne jamais tromper le client ! » On ne peut qu’y souscrire. Orchape, 2 bis et 4,rue d’Armaillé, Paris XVIIe. Sur Internet :www.orchape.com Email :info@orchape.com Orchape a également sa propre agence de voyages de tourisme et d’affaires (www.ortour-voyages.com).

Jours de C HASSE ◆

cutive,lecapdumilliondegrands animaux tirés a été franchi, selon les statistiques établies pour la saison 2009-2010 par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Encore une fois, avec 49 000 réalisations,les tableaux de cerfs continuent d’augmenter très légèrement (1,3 %).Signalons que six départements ont dépassé les 1 500 animaux tirés (dont l’Indre-et-Loire–2 378–,l’Indre –2 032–,le Loiret –2 011).Fautil y voir une stabilisation des populations (car n’oublions pas qu’enquatorzeans,lenombrede cerfs tirés a été multiplié par deux !) ? « Il ne semble pas que cela soit le cas »,explique Benoît Guibert, responsable de la grande faune à la FNC. Le cerf poursuit sonextensiongéographique.Chaque année,ilprogresseainsid’unedizaine de kilomètres, en particulier dans les zones de moyenne montagne ». À rebours,le chevreuil semble se stabiliser même si le nombre d’animaux tirés est en hausse de près de 4 %, après deux années de baisse. Ainsi, cinq départements affichent des hausses de plus de 15 % (dont les Landes, le Haut-Rhin,la Moselle…).« Il ne faut pourtant pas se méprendre sur ces chiffres car, en réalité, le chevreuil est arrivé à saturation depuis maintenant cinq ans,avec plus ou moins 500 000 animaux tirés. Car aujourd’hui, 98 % du territoire est colonisé » souligne Benoît Guibert. Legrandenseignementdeces statistiques concerne le sanglier, dont les tableaux décrochent de

PRINTEMPS 2011

près de 10 %, ce qui représente tout de même 70 000 animaux quin’ontpasététirés.Comment peut-on expliquer ce décrochage ? D’abord, parce que les deuxannéesprécédentesavaient été exceptionnelles en raison d’une excellente glandée. Rappelons en effet qu’avec une bonne glandée, les femelles atteignent plus vite le poids à partir duquel elles peuvent se reproduire. Ce phénomène-là n’a pas eu lieu en 2009-2010 en raison précisément d’une glandée moyenne.D’autre part,peut-on

BLICKWINKEL/ALAMY

ORCHAPE

STATISTIQUES

CERF EN HAUSSE, SANGLIER EN BAISSE

parler d’un échec du plan nationalsanglierdontc’étaitlapremière année de mise en œuvre ? En effet,l’exigence des pouvoirs publics de tirer davantage de bêtes noires pour lutter contre l’augmentation des dégâts agricoles aurait dû en toute logique se traduire par une augmentation du tableau. «Enréalité,affirmeBenoîtGuibert,cettevolontédetirerplusd’animauxavaitétéanticipéedepuisdeux saisons au moins par les fédérations départementales. D’où des tableaux conséquents.D’où aussi une situation plus normale maintenant. »



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

ÉTUDE

MYSTÉRIEUSES SARCELLES

◆ Quel chasseur n’est pas un peu

MIKE LANE/ALAMY

hanté par la sarcelle, à la beauté siéclatante,auvolsidéconcertant et à la destinée si mystérieuse ? Pourrait-ilenêtreautrementavec ce petit anatidé qui vient des confinsdesterresduGrandNord, pourdescendreretrouverleschaleurs de l’Afrique ? De ce long voyage plein d’incertitudes et de périls,les scientifiques de l’ONCFS lève quelques mystères dans la dernière livraison de Faune sauvage, avec cettequestion«Combiendejeunes sarcellesd’hiveratteignentlesquartiers d’hiver ? » Une affaire on ne peut plus importante car le taux de survie de jeunes est un « paramètre crucial de la dynamique des populations de canards, typiquement composés d’individus à durée de

vie relativement courte mais produisant annuellement beaucoup de descendants »,rajoute l’ONCFS. Que sait-on en effet sur ce sujet et sur la sarcelle ? Qu’elle niche pour une très grande majorité en Scandinavie et en Russie (jusqu’en Sibérie), qu’un couple aura entre 8 à 11 œufs, etquelesjeunes“volants”varient d’unpaysàl’autre(desétudesont montré que cela peut varier de 0,5 à 3,4).Pour en savoir davantage,leschercheursdel’ONCFS

ont analysé les sarcelles tirées le longdesvoiesdemigration(Finlande, Danemark et France). Après de savants calculs, ils estiment qu’entre 14 et 15 % seulement des jeunes sarcelles atteignent leurs quartiers d’hiver, alors qu’elles seront 80 % pour les adultes.Des chiffres qui sont uneconfirmationscientifique,car ne dit-on pas que, pour les oiseaux, sur 10 naissances,un seul passeral’année ?Pourautant,ces chiffres ne doivent pas inquié-

ANNIVERSAIRE

ment à démontrer. Les chiffres sont à cet égard éloquents : en trenteans,cesontplusde245 000 interventions bénévoles qui ont été effectuées pour plus de 80 000 grands animaux qui ont été retrouvés (dont plus de 20 000 lors des deux dernières saisons). Autre enseignement de ce bilan, c’est le sanglier qui reste l’animal le plus recherché –plus de la moitié.Toutefois,les dirigeants de l’Unurc remarquent que le chevreuil ne bénéficieenmoyennequede20%des recherches alors qu’il est un des premiersanimauxtirés(500 000 animaux depuis plusieurs saisons), sans doute parce que les chasseursestiment–àtort–qu’il est plus vulnérable aux balles et qu’il est donc incapable d’effectuer des kilomètres blessé. Plus encore,« le mot“éthique”, très en vogue,doit surtout être ou

WOODYSTOCK/ALAMY

L’UNURC A FÊTÉ SES TRENTE ANS

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◆ La nouvelle est presque passéeinaperçue,etpourtantelleest importante pour l’éthique de la chasse française :l’Union nationale pour l’utilisation du chien derouge(Unurc)vienttoutjuste de fêter ses trente ans. Constatant avec raison que les chasseurs français n’avaient, jusque-là, guère une culture de la chasse aux animaux – au contraire de leurs confrères germaniques–, quelques pionniers voulurent montrer que la recherche au sang d’un animal blessé fait partie du code d’honneur de tout chasseur qui se respecte.D’oùlacréationdel’Unurc en 1980. Avec l’explosion des populationsdegrandsanimaux,lebienfondé de l’Unurc n’est pas vrai-

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

ter : la population européenne se porte en effet plutôt bien (on estime qu’il y a 920 000 couples nicheurs). À rebours, comme toute espèce sauvage,les chasseurs doivent faire preuve de raison (on estime à environ 300 000 le nombre de sarcelles tuées par an en France),et on ne peut que souscrireàtousceuxquiœuvrent pour le maintien et la restauration des zones humides. En effet,expliquent les scientifiques de l’ONCFS, la bonne ou moins bonne santé des populations dépend de la qualité de la reproduction, donc, dans le cas des sarcelles d’hiver, des conditions de nidification favorables, « un réel challenge pour l’avenir quand on sait que les écosystèmesboréauxsontparmilesplus menacés par le développement des activités humaines et par les changements climatiques globaux ». devenir une réalité sur le terrain », avait dit, il y a quelques années, François Magnien, le président de l’Unurc. Pour mettre en application ce précepte, l’Unurc a tenté, sans relâche, de sensibiliserungrandnombrededisciples de Saint-Hubert à la recherche au sang, en particulier par de multiples stages –qui ont formé plus de 3 600 chasseurs –, sans compter la sélection de 3 500 chiens présentés en épreuves. Mais l’Unurc ne compte pas se reposer sur ses lauriers, car l’association rappelle avec justesse que leurs interventions représententàpeine2%dutableau de chasse grand gibier,alors que les conducteurs devraient intervenir à hauteur de 10 à 15 %. En d’autres termes,cela signifie que 80 000 animaux blessés ne sont jamais recherchés… Sur Internet :www.unurc.fr


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◆ Un homme élégant se recon-

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◆ Une huile à tout faire… Voilà

bien, rétorquent les esprits goguenards,uneformuletoutjuste bonne pour la“réclame”des années 1950 et pour la ménagère un peu niaise de l’après-guerre. Dépassée, exagérée… voire, car jamaissansdoute,cesloganquasi magique, certes digne d’un célèbre élixir, n’aura autant justifié sa réputation. Mais là,il ne s’agit pas de magie ou de formules inquiétantes, mais d’une huile qui a vu le jour en 1904 et dont le succès ne s’est jamais démenti depuis.Un produit qui doit son aura d’abord et avant tout à la volonté de

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avoir acquis ses lettres de noblesse dans les campagnes anglaises,danssescolonies(elleexportera dès la fin du XIXe siècle vers les Indes), et même avec la célèbre expédition polaire d’Ernest Shackleton dans l’Antarctique, cette entreprise toujours familialen’ajamaiscédéauxtentations modernistes, et de la consommation à outrance.

Comme hier,chaque paire de chaussures,choisiesdanslesplus bellespeausseries,nécessitehuit semaines de fabrication, et pas moins de 200 opérations manuelles – dont la célèbre opération de montage Goodyear,procédé qui permet de multiples ressemelages… On comprend mieux pourquoi, Crockett & Jones ne peut pas livrer plus de

Guillaume II, qui demanda au Dr Helmut Klever, fils du fondateur de l’entreprise,de mettre au point un produit capable à la fois d’entretenir les armes et de cicatriser les plaies des soldats : ce sera l’huile Ballistol. Sa réputation a passé les décennies à telle enseigne que le nom même de Ballistol est entré dans le langage commun en Belgique, en Allemagne et sans doute bientôt en France –puisque cette fameuse huile est dorénavant distribuée dans l’Hexagone. Aussi surprenant que cela paraisse, Ballistol, fabriquée selon lamêmeformule(etjalousement gardée !), est parée de bien des vertusaussibientechniquesque médicales. Pour un usage mé-

nager, elle peut servir de dégrippant,deprotectioncontrela corrosion,de lubrifiant (tout en

Jours de C HASSE ◆

Crockett & Jones, 14,rue Chauveau Lagarde,ParisVIIIe. Rens. :01.44.94.01.74 et www.crockettandjones.com

BALLISTOL

naît, disait-on entre les deux guerres,« à sa cravate,à ses gants et à ses chaussures ». C’était il y a quelques décennies,autant dire une éternité surtout quand il s’agit de mode,et pourtant cette assertion n’a quasiment pas vieilli. Exagération ? Voire. Car, dès qu’il s’agit de chaussures, les hommes ne sont plus les mêmes,devenantd’uneexigence presque inquiétante, d’un perfectionnisme impatient, et se damneraient presque pour une élégante paire. Et l’on comprend pourquoi danscetuniversfeutréetélégant, la maison Crockett & Jones tient une des premières places.Pourrait-il en être autrement tant cetteinstitutionbritanniquefondée en 1879 à Northampton par JamesCrockettetCharlesJones, reste un symbole du savoir-faire et du raffinement ? Plus de cent trenteansaprèssacréation,après

2 500 paires de chaussures par semaine dans ses magasins de Londres, de Bruxelles, de New York et, bien sûr, de Paris, où la marqueestprésentedepuis1998, rue Chauveau-Lagarde. Le gentleman-farmer ou le fashionable ne peuvent que mettre chapeau bas, devant l’étendue de la gamme… Pour les chasseurs, et les hommes de la campagne, il est bien difficile de résister aux derbies,aux bottines, comme le modèle Ashdown en grainé marron foncé sur semelles gomme à bout rond ; pour des soirées plus habillées, dans leur gamme Main Line, on ne peut qu’admirer les superbes Lowndes – et ses doubles boucles… Unechoseestcertaine :quelles que soient vos préférences, la conception Crockett & Jones est toujoursirréprochable,àdesprix toujours très ajustés.

restantbiodégradable) :ellepeut également assouplir le cuir, entretenir la souplesse des caoutchoucs…Sanscompterque–intérêt presque essentiel pour les disciplesdeSaint-Hubert–,c’est un désinfectant efficace aussi bien pour l’homme que pour le chien et, qu’à ce titre, nombre de broussards l’emportent toujours en safari… Ne dit-on pas outre-Rhin qu’un nemrod doit être accompagné de trois choses“Une pipe, de l’eau-de-vie et Ballistol” ? En France,les produits Ballistol sont pour l’instant disponibles chez Terre&Eaux,Europ’Arm et chez de nombreux armuriers (dont Alex à Paris). Sur Internet : www.ballistol.de

PRINTEMPS 2011


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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

12. Frédéric Bauche donne ses ordres.

Une chasse sur le domaine des Rémillys

1. Ary Vilaséca (Japauto). 2. Olivier Dassault. 3. Yvan Pham (Club Interchasse).

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4. Laurent Prévotat (BNP Paribas). 5. Fabrice Bourgard (ST Dupont). 6. Frank Declerck (Rio Grande).

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9. Gilles Roccia (Nobel Sport). 10. Susanne Flygare et Jérôme Pinel (Valmonde). 11. Yves Desplat, (Trompes du musée de la Chasse de Gien). 9

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7. Arnaud Lanquest (Cogefi). 8. Bertrand de Courcy et son chargeur.

PHOTOS : MARC CHARUEL

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en partenariat avec

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RIO GRANDE - Photo FOCALE 3 Studios Reims

La seule œuvre d’art qui disparaît au vernissage L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É - À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N


Chicetchoke Une chasse sur le domaine des Rémillys (suite)

PHOTOS : MARC CHARUEL

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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1. Olivier Dassault et Sophie Dupont (en arrière-plan). 2. Un champagne est toujours très apprécié.

11. Pierre VerneyCarron. 11

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10. Bernard Gérand (Deer Hunter). 9

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6. Bernard Harang (LoireAuto). 7. Arnaud Van Robais (Rivolier). 8. « … la valeur n’attend point le nombre des années… » 9. Benoît Valette (Cartier).

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3. Un des temps forts de la chasse : les retrievers en plein effort. 4. Anne-Sophie Rolland. 5. Franck Munini et ses retrievers : une démonstration de dressage à l’anglaise.

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Jours de C HASSE ◆

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La carabine RX.Helix redéfinit la notion de vitesse : un nouveau mouvement linéaire, un démontage rapide et simple de l‘arme en seulement 3 étapes, un système rapide et sans outils d‘interchangeabilité des canons et têtes de culasse. Cette nouvelle notion de vitesse liée au maniement de l‘arme donne l‘avantage au chasseur de se concentrer sur l‘essentiel : Sa Chasse. Venez découvrir cette nouvelle carabine à réarmement linéaire sur : www.rx-helix.com

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

Présentation du film “L’heure de la trompe a sonné”

1. François-Xavier Hugon. 2. Luc-Marc Lerousseau. 3. Gérard Pruvost. 4. Benoist Pipon et Baudouin de Saint Léger. 3

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

(à l’auditorium de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature)

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14. Jacques Ozanne. 15. Jean-Marie Ballu.

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5. Yannick Bureau. 6. Véronique Goy. 7. Nic Vandermarlière. 8. Dominique Taureau. 9. Yves Quillain et François Couëtoux du Tertre.

13. Antoine Robin Connoly et Franck Rossler.

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10. Xavier Gasselin,Véronique Filippi, et Remi Castaing. 9 11

en partenariat avec

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11. Pierre de Boisguilbert. 12. Henri de Rochefort.

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Roi du tout-terrain A

près soixante ans de règne sans partage, le Toyota Land Cruiser demeure le tout-terrain le plus vendu au monde :depuis 1951,plus de six millions d’exemplaires ont trouvé preneur dans plus de 170 pays ! Sa robustesse et sa fiabilité ont assis sa légende.Degénérationengénération, le modèle s’est perfectionné,gagnant en puissance,en habitabilité,en confort,voyants’affirmersesqualitésroutières,sans jamais se renier.Le“Toy”, commelequalifientaffectueusement ceux qui l’ont adopté,conserve l’âme d’un baroudeur. Ses aptitudes hors piste exceptionnelles en font“la”référence de sa catégorie. Le voici donc en majesté. Pour célébrer l’avènement de la septième dynastie –d’aucuns diront septième génération–,il arbore des lignes plus dynamiques, déployant un arsenal technologique entièrement dédié à l’efficacité et à la sécurité routière. Et le succès est au rendez-vous,malgré un contexte économique délicat. Durant l’année 2010, pas moins de 29 000 exemplaires ont été vendus en Europe,tandis qu’en France,

le Land cruiser domine la catégorie avec 2 200 immatriculations enregistrées, soit un taux de pénétration du marchéde28,6% !Leschiffresconsolidés sur l’année écoulée confirment sa domination. Et notre conquérant ne va pas en rester là.Pour parfaire l’accomplissement de son règne,il s’offre cette année un moteur à filtre à particules entièrementrevisité.De173chevaux,son dieselD-4D,désormaisconformeaux exigences de la norme de dépollution Euro V, passe à 190chevaux. Un gain de 17 chevaux qui amplifie ses qualités sans pénaliser le consommateur à la pompe.Au contraire,le Land Cruiser septième du nom réussit le tour de force de gagner en muscles, toutenréduisantsesconsommations, ramenées à 8,2litres en moyenne aux 100 kilomètres-heure en cycle mixte pour le Land Cruiser cinq portes, et même 8,1litres en boîte auto sur la mêmeversion,avecunniveaud’émission de CO2 cantonné à 213 grammes par kilomètre en cycle mixte. Retravaillé,ce3litresturbo,àdouble arbre à came en tête, se fait encore moins sonore à froid. Le couple progresse de 10 Newton-mètre,pour une conduite plus souple et des capacités hors piste accrues. Par rapport l’ancienne génération, de 0 à 100 kilomètres-heure, ce millésime

gagne une seconde en boîte manuelle et 0,7 seconde en boîte automatique. La clé de ces prouesses techniques ? Une rationalisation du cycle injection-combustion à tous les niveaux.Desinjecteurspiézoélectriques d’unepressionmaximalede2000bars ontétégrefféssurlemoteur.Demême que des bougies de préchauffage en céramique à contrôle de température variable,pour faciliter les démarrages à basses températures et limiter les fumées d’échappement. Les sorciers de Toyota ont également joué sur le faibletauxdecompressiondumoteur, la pompe à huile et la viscosité du liquidelubrifiant.Ultimetrouvaille :un échappement qui permet au catalyseur d’atteindre plus vite sa température et donc de réduire plus tôt les émissions polluantes. Mais place aux sensations ! Hors piste,c’est son architecture même qui confère à cet engin une aisance inégalée : son châssis-échelle, bien sûr, encore rigidifié de 11 %,sa transmission intégrale de type Torsen, qui répartit automatiquement le couple entrel’avantetl’arrière,selonlesconditions d’adhérence, et puis sa boîte courte,indispensable en terrain difficile. Le Land Cruiser dispose même d’un blocage de différentiel central, voire arrière, sur la version haut de gamme. N’oublions pas non plus sa


COMMUNIQUÉ

Toyota

Land Cruiser 190 D-4D

Dimensions L : 4 760 m ; l : 1 885 mm ; H : 1 845 mm (et 1 835 pour le Lounge Pack Premium). Charges utiles Poids à vide : 2 105 kg (5 places), 2 210 kg (7places). Poids tractable autorisé : 750 kg (non freiné), 3 000 kg (freiné). Capacités Coffre : 620 à 1 930 l. Réservoir : 87 l. Moteur Quatre cylindres en ligne, 2982 cm3, injection directe à rampe commune, turbocompresseur à géométrie variable. Couple maximal: 420Nm de 1600 à 3000 tr/mn. Puissance: 190 ch à 3400 tr/mn. Freinage ABS à disques AV et AR. Boîte manuelle à 6rapports ou automatique à 5rapports (en option). Transmission Intégrale permanente, différentiel à glissement limité Torsen avec blocage, boîte de transfert. Suspensions Avant : indépendante à double triangulation. Arrière : essieu rigide guidé par quatre bras. Performances Vitesse maximale : 175 km/h. 0 à 100 km/h : 11,4 sec. (BVM) et 11 sec. (BVA). Consommations (mixte, extra-urbain, urbain) : 8,2, 7,3 et 9,8 l (BVM) ; 8,1, 7,1 et 9,7 l (BVA). Émission de CO2 : 217 g/km (BVM), 213 (BVA). Prix 3 portes : à partir de 37 350 €. 5 portes : à partir de 40 050 €.

haute garde au sol,de plus de 20 centimètres, apanage des vrais 4x4. Sa physionomie lui autorise toutes les audaces et se mesure en chiffres : angle d’approche à l’avant de 32 degrés,angle de fuite à l’arrière de 25 degrés et un angle ventral de 22 degrés. Il peut dévaler des pentes jusqu’à 42 % ! Le tout assisté par de multiples aides électroniques, à l’instar du contrôle électronique en descente ou de l’aide au démarrage en côte sur la boîte automatique (BVA). Le Land Cruiser fait depuis longtemps le bonheur des aventuriers et des professionnels, amateurs de raids, montagnards, chasseurs,pompiers,secouristes,saisonniersenmilieux extrêmes ou agents des parcs et forêts, sans parler des agriculteurs, viticulteurs, maçons,architectes,éleveurs ou amateurs de chevaux tractant un van, mais aussi plaisanciers soucieux de trouver un véhicule logeable et biencampésursesquatrerouespourdescendre un bateau à la cale. Ce 4x4 décomplexé en impose par ses dimensions et sa qualité de fabrication. Il a d’ailleurs pris un peu de volume, affichant désormais la cote généreuse de 4,76 mètres de long par 1,88 mètre de large pour le Land Cruisercinqportes.Iln’aspirecertespasàécumerlescentres-ville.Maisiln’yserapasmoins àl’aisequecertainesgrandesberlines.Aureste, sa position de conduite surélevée permet de voir loin devant soi,procurant un intense sen-


© TOYOTA

timent de sécurité. Et sa hauteur, inférieure à 1,90 mètre,lui autorise l’accès à la plupart des parkings souterrains.Notons aussi la présence de radars et d’une caméra de recul, livrés de série dès la finition Légende, pour faciliter les manœuvres. Évidemment, c’est sur route que LandCruiserexprimeralemieuxsesqualités routières.À bord,la conduite se fait relaxante.Lerégulateurdevitesseéquipe d’office trois des quatre niveaux de finition(LeCap,Légende,LoungeetLounge Pack Premium). La prise de roulis, inévitable pour un engin de ce gabarit,est bien maîtrisée grâce au système KDSS. L’instrumentation brille par sa lisibilité, les commandes par leur ergonomie. L’insonorisation se révèle particulièrement efficace. Sur autoroute, les 190chevauxmènerontàbontrainunefamille de sept personnes, avec tous ses bagages, dans un confort de limousine. Chacun pourra apprécier le paysage,installé dans des sièges moelleux,tendus de cuir dans les finitions haut de gamme, goûtant à l’ambiance musicale servie par unesonoJBLdebonnefacture.Lessièges optionnels du troisième rang pourront se rétracter dans le plancher du coffre. Lafonctionsecommandeélectriquement sur les versions les plus luxueuses. Ce baroudeur aux goûts de luxe est bien le seigneur de la polyvalence. ●

La maîtrise sous haute surveillance

O

n peut être rustique et intelligent. Le nouveau Toyota Land Cruiser affiche un impressionnant catalogue d’équipements de pointe pour faciliter les évolutions en hors piste. Revue de détails (disponibles selon les versions) : Adaptation au terrain Le système Multi-Terrain Select permet d’adapter les paramètres de conduite à la nature du parcours (boue et sable, cailloux, bosses, rochers). Il suffit de sélectionner le mode qui convient. Vidéo périphérique Quatre caméras sont placées à l’avant, à l’arrière et sous les rétroviseurs. Les images s’affichent sur un large écran, avec indication de l’angle de bracage des roues. Le Land Cruiser bénéficie d’un régulateur de progression lente (régulateur de vitesse tout-terrain Crawl Control). Contrôle de motricité Un dispositif actif, l’A-TRC, gère en parallèle freins et moteur, pour une répartition idéale du couple entre les roues. Suspension dynamique Le système KDSS (contrôle actif du roulis) permet de maintenir l’assiette dans les conditions délicates. Assistance en côte Un dispositif dénommé HAC facilite les démarrages dans les pentes. Il est livré de série avec la boîte auto. Aide à la descente Baptisé DAC, ce programme gère automatiquement la vitesse du véhicule pour éviter que son poids ne l’entraîne en descente de façon incontrôlée. Il agit en dessous de 25 km/h, à condition que l’accélérateur et la pédale de frein ne soient pas actionnés. La vitesse se régule alors d’ellemême : de 5 à 7 km/h en marche avant. Et même en marche arrière !


Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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1. Les lauréats,Yves Ferrand pour la Bécasse des bois et Laurent Bedu pour Platines, entourés de Christian de Longevialle (à gauche), président de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature, et de Renaud Denoix de Saint Marc, président du Club et membre de l’Institut.

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8. Éric Briano et Pierre Sévery. 7

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3. Geoffroy de Rocquencourt et Jacques-François de Chaunac-Lanzac.

2. Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du musée de la Chasse et de la Nature, MarieClaude Prestat et Raphaël Abrille.

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1. Niels Van Rooyen (directeur artistique Holland & Holland), Anne Brusson, David Therin (directeur financier Holland & Holland) et Jacky Brusson.

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11. Alexandre Van Robais (Rivolier). 12. Vincent Chapuis (Chapuis Armes).

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en partenariat avec

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6. Me André Damien, de l’Institut. 12

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4. Jean Servat et Louis de Rohan Chabot. 5. Anastas Munir et Alain Gheerbrand.

Cocktail à l’Armurerie Jeannot à Levallois

2. Philippe de Saint Rémy (architecte de la nouvelle boutique) 3. Bertrand de Saint Rémy. 4. Michel Vaillier (Vaillier Taxidermie) 5. Marie-Claude Desjeux-Mynard.

7. Yves d’Hérouville, directeur de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature.

6. Mme et M.William Isch. 7. Mme Grange.

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8. Thierry Daguenet (directeur Ruag Ammotec France). 9. Francis Grange.

Jours de C HASSE ◆

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10. Dirk Johannsen (carabines allemandes Reimer Johannsen GmbH).

PRINTEMPS 2011

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

Remise du prix François-Sommer au Club de la Maison de la Chasse et de la Nature


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Àl’affût

LES EXPOSITIONS ET LES SALONS DE PRINTEMPS par la rédaction

PHOTOS : JEAN-PIERRE DAVID - FESTIVAL DE TROMPES EN ROUERGUE

LES 16 ET 17 AVRIL

RENDEZ-VOUS DES CERFS DANS L’INDRE

◆ Par la force qu’il représente,

par la beauté qui s’en dégage, le cerf fascine toujours et encore… La Fédération départementale des chasseurs de l’Indre l’a bien compris puisqu’elle organise depuis maintenant onze ans une exposition intitulée le “Rendez-vous des cerfs”.Au programme de cette édition : une exposition des trophées tirés lors de la dernière saison (plus de 700), de photographies amateurs, de nombreuses associations cynégétiques, des dédicaces d’auteurs… Signalons que le samedi soir, le film le Dernier trappeur de Nicolas Vanier sera projeté.

Hall des expositions,Belle-Isle, 36000 Châteauroux. Tél. :02.54.22.15.98.

va se tenir à l’Atelier 17 à Paris. Seront réunis pour la circonstance six artistes européens : Jean-Pierre David (photo ci-dessus),Vassil, et Bénédicte Gelé, pour la France ; Ute Bartels, pour l’Allemagne ; Valérie Vanden Bulcke et Marjolaine Visart de Bocarmé pour la Belgique. À découvrir de toute urgence.

Atelier 17,17,rue de l’Arc- de-Triomphe, Paris XVIIe.Rens. :01.44.09.93.14 et www.atelier17.fr DU 5 AU 7 JUIN

JUSQU’AU 30 AVRIL

NATURE ET VÉNERIE EN FÊTE

◆ L’art animalier connaît

chasse organisée par le Rallye Tempête –et sous la haute

depuis maintenant plus d’une génération une véritable renaissance, un phénomène peutêtre aussi important que celui qu’il a connu durant la seconde moitié du XIXe siècle : témoin, la cinquième édition du Renouveau de l’art animalier qui

30

◆ Cette année, la fête de la

NATURE ET VÉNERIE

LE RENOUVEAU DE L’ART ANIMALIER

autorité de Marie-Hélène et Pierre-François Prioux– sera sans nul doute à marquer d’une pierre blanche : en effet, une des plus importantes manifestations cynégétiques de l’Île-de-France (près de 40 000 personnes en 2010) va fêter sa dixième édition. Encore une fois, elle se déroulera sur le magnifique site du Grand Parquet de Fontainebleau à qui les sports équestres doivent tant.Au programme : présentation d’équipages de petite et grande véneries, concours de trompes, démonstration de dressage, de fauconnerie, finale du championnat de France du cheval de chasse, messe de Saint-Hubert… Sans oublier un spectacle en seminocturne le samedi jusqu’à 21 h 30. Comité départemental du tourisme de Seine-et-Marne. Rens. :01.60.39.60.39 et sur www.tourisme77.fr

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

DU 10 AU 12 JUIN

FESTIVAL DE TROMPES EN ROUERGUE

◆ Fort du succès de la première

édition en 2009, l’Association des trompes du Rouergue va accueillir pendant tout le weekend de la Pentecôte le groupe

Les échos des provinces, accompagnés de deux grands concertistes (Claude Pipon au piano et Franck Besingrand à l’orgue).Trois concerts seront donnés : le 10 juin à la cathédrale Notre-Dame de Rodez, le 11 juin à l’église paroissiale de SaintAffrique, et le 12 à la collégiale Notre-Dame de Villefranchede-Rouergue.Voilà qui montre la vitalité et l’esprit patrimonial de la musique de chasse.

Rens. :06.84.96.11.95 et 05.65.80.40.96. Email:antoine.dupont623@wanadoo.fr


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SÉLECTION DE DVD par Humbert Rambaud

Des chasseurs et des pièges

◆◆ N’en déplaise aux écologistes jusqu’au-boutistes, tout est relatif dans l’existence : les animaux dits nuisibles n’échappent pas à cette règle. Piéger, réguler ces animaux (ci-dessus une martre et,ci-contre,un renard), c’est un mal nécessaire, sans lequel il n’y aurait ni chasse ni gestion cynégétique digne de ce nom. Un travail de toutes les attentions et de tous les instants. C’est tout l’objet de ce film de Seasons de moins d’une petite heure qui montre, d’une manière très complète et très pédagogique, l’importance du piégeage, et son art tout d’exécution. La notion

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même de nuisible – au demeurant fort impropre – est très bien expliqué, nous rappelant qu’elle n’est en aucun cas un état permanent, c’est une question de temps et de circonstances, en fonction des risques agricoles et sanitaires que peut faire courir telle ou telle espèce. Bref, pour tout gestionnaire intelligent et raisonné, il s’agit de limiter des espèces et, en aucun cas, les exterminer… Dans ce film, rien n’est négligé : on y parle évolution du piégeage – et l’élimination au fil des dernières décennies, avec raison, de la plupart

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des pièges non sélectifs et qui provoquaient force souffrances comme le poison, les gaz et autres pièges à palette – ; on y parle techniques de piégeage, on y dévoile trucs et astuces, car, comme en bien des choses, tout est une question de patience, de constance et d’infimes détails. Grande est la place faite aux corvidés – si néfaste pour les couvées de faisans et

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de perdreaux – où sur un territoire 250 oiseaux seront pris en une seule saison, résultat de dix ans de carence ! Il est encore question de rats musqués, de taupes – si redoutables pour les terrains de golf ! –, de ratons laveurs, de ragondin, de mustélidés en tout genre, de furetage et de reprise de lapins. On le devine : le réalisateur s’est longuement attardé sur le renard, objets de bien des courroux et de bien des fantasmes, tant il peut être méfiant, inventif et diabolique. Mais quel que soit l’animal, ce film, bien que parfois un peu décousu, nous rappelle à bon escient que le piégeage est tout sauf de l’improvisation, qu’il exige une excellente connaissance du territoire, de la vie animale, qu’il demande sens de l’observation et de la mesure… Le réalisateur n’esquive rien, pas même l’avenir du piégeage. Ce n’est en effet un secret pour personne que les piégeurs sont de moins en moins nombreux, en raison d’une réglementation toujours plus contraignante, et que l’un des objectifs de certains mouvements écologistes et de protection de la nature est d’interdire le piégeage à plus ou moins brève échéance. Mais ont-ils conscience que la nature doit être équilibrée, et que tout laisser-faire amène inévitablement à des déséquilibres, et qu’un bon écosystème passe par un piégeage intelligent ?

Seasons,52 minutes,20 €


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Tentations

MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR ELLE par Diane Cernay Retrouvez toutes nos adresses en page 202

BAGUE PANDAÏA AMÉRIQUES

POLO TOM JOULE LARKHILL

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◆ Tom Joule ou la puissance

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du raffinement sportif. Jugez : galon couleur or sur les manches délimitant un velours marine. Boutons façon or vieilli et impression relief des armoiries Tom Joule. 135 €.

VALISE DE VOYAGE LANCEL

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PARFUM MISS DIOR CHÉRIE

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Chérie vous le garderez. Si vous ne le connaissez pas vous l’adopterez.

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coloris cuivre, cette veste demisaison en coton résine stonewash dessinée par Jumfil est d’une souplesse agréable. Son cordon de serrage à la taille affinera votre silhouette et saura souligner votre féminité. 310 €, tailles S à XXL.

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T-SHIRT CLARENCE LE CHAMEAU

◆ À l’arrivée des beaux jours, Le Chameau vous apporte le confort et la douceur. En jersey 100 % coton lavé, col rond, finition encolure et bas manches en popeline ton sur ton, ce T-shirt est, en sus, d’une couleur irrésistible. 25 €.


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Tentations MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR

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BLAZER BUSHWOOD DXO

CHEMISE WASSAW AIGLE

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tenu pour DXO. Ce tweed écossais 100 % laine vert cyprès rayé bordeaux garantit une même élégance à la campagne comme à la ville.

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cette chemise au dessin raffiné, Aigle vous offre l’assurance d’un chic décontracté doublé d’un caractère affirmé. 55 €.

188 €, tailles 48 au 62.

CHEMISES BOSTWANA CLUB INTERCHASSE

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DRIVING SHOES CROCKETT & JONES

◆ La nouvelle version de driving shoes

Roma est plus citadine et adaptée à la marche grâce à sa semelle gomme entière.

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CHAUSSURES OPORTO CHIRUCA

◆ Chiruca, distribué par Bernard Gérand, a un principe : défendre le confort. Semelle en caoutchouc, croûte de cuir, cordura sont au service de cette valeur. 94 €,

215 €, disponible en veau velours marine, sable, rouge et marron foncé.

tailles 39 au 46.

POLO TOM JOULE CAMEL

◆ Peut-être la seconde peau la plus sportive pour habiller l’homme. Trois couleurs lumineuses qui renforcent les lignes ajustées que sait dessiner Tom Joule. 75 €. 36

CEINTURES VICOMTE A.

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Tentations ACCESSOIRES

JUMELLES APO HG MINOX

MUNITIONS REMINGTON WINGMASTER

◆ C’est une nouveauté : grâce à un alliage de tungstène, de bronze et de fer, la Wingmaster HD de Remington est une cartouche qui fera date. Avec un groupement et une puissance plus importants, elle se révèle plus efficace que le plomb. Voilà qui devrait satisfaire tous les chasseurs de gibier d’eau.

◆ Des jumelles de

précision, du plus près vers l’infini, GMT propose cette “8.5x43” qui accroît la transmission lumineuse et offre une précieuse échelle des distances.

Du 6 au 00, à partir de 3,18 € l’unité.

1 290 €.

CATALOGUE RIVOLIER

BOB RÉVERSIBLE DEERHUNTER

◆ Impressionnant ! En près de six cents pages, Rivolier, qui a fêté ses 180 ans, brosse, avec pragmatisme et clarté, un portrait du chasseur d’aujourd’hui et de demain.

◆ Couvrir son chef de ce bob en Twill

100 % polyester est la garantie de rester au sec. Son atout : réversible fluo, il vous assure des déplacements en toute sécurité. 34 €, tailles 56/57 à 62/63.

Sur Internet : www.rivolier.com

SAC BRISTOL BARON

◆ La collection Baron

Country fait preuve, une nouvelle fois, d’une imagination sans faille. Renforcé, imperméabilisé, doublé en tissu orangé, ce sac 1978 en cuir marron vous séduira. 470 €.

FOURREAU MAREMANNO

Dimensions : 52 x 31 x 31 cm.

COUTEAUX BONE COLLECTOR

◆ Deux couteaux made in USA. Leurs noms ? Skinner Pliant. Une lame de 75 mm pour le plus petit, une autre de 85 mm D2 avec verrouillage type Axis lock.

149 et 160 €.

◆ Dans un style toujours aussi fluide, le fabricant italien facilite la vie des chasseurs avec une ouverture zip double curseur. Une anse, deux poignées, l’équilibre à portée de main ou d’épaule. 308€.

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Abgabe von Waffen nur an Inhaber einer Erwerbserlaubnis.

E

tre guide de chasse signifie être toujours prêt et exploiter chaque occasion. N’avoir qu’à viser et tirer représente un avantage décisif. C’est la raison pour laquelle j’utilise une carabine semi-automatique depuis maintenant 4 ans. Et, en outre, comme l’armement manuel, l’extrême précision et l’esthétique jouent un rôle important pour moi, j’ai choisi la Sauer 303.

Chris Balke, Kogel, chasseur professionnel du Duché de Lauenburg et seul professionnel Allemand de la recherche au sang

Distributeur Exclusif

RIVOLIER SAS www.rivolier.fr


Tentations ACCESSOIRES

LEICA V-LUX 2

COUTEAU KANETSUNE PAR AGORA TECH

◆ Leica Camera présente un

nouvel appareil numérique hybride doté d’un zoom extraordinaire (25-600 mm), alliant performance optique et haute qualité d’image, le tout dans un design fonctionnel. 750 €.

CEINTURE À BRETELLE VAL GANCH

◆ « Le prix s’oublie,la qualité reste »,disait Audiard. Le célèbre dialoguiste n’avait peut-être pas un couteau du genre dans la poche mais se plaisait à dissocier le vrai du faux. Cette lame de 210 mm est bien en acier à haute teneur en carbone brut de forge et le manche en cocobolo, chêne et cuir. 320 €.

◆ Légère et pratique. 30 coups en calibre 12, dotée d’une bretelle de confort réglable, boucle en laiton et intérieur de la ceinture doublé velours, cette cartouchière est aussi élégante. 115 €.

MONTRE LADY PROFIL MONTBLANC

◆ Montblanc a voulu instiller un peu de poésie dans le luxe. Le résultat ? Un bracelet en cuir d’alligator bleu nuit doté d’une boucle ardillon, une glace en saphir bombé, traité antireflet, un boîtier en acier fin pour les plus beaux poignets. 1 600 €.

LAMPE TORCHE BUSHNELL HD

SAC CIESTA PAR REIDL IMAGING

◆ Un éclairage haute définition,

◆ Voyagez tranquille avec

voici la force de cette lampe torche distribuée par Rivolier qui bénéficie d’un faisceau lumineux carré d’une puissance de 165 lumens durant une heure et demie. Son corps robuste et étanche fait d’aluminium résiste aux rayures et à l’abrasion. Elle est livrée avec deux piles au lithium de 3 volts. 75 €.

le sac Wisent de Ciesta. En cuir lisse rigide, il assure une protection maximale de votre matériel photographique. 399 €.

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Tentations ACCESSOIRES

ÉTUI DE GOURDE ET SAC DE VOYAGES DEERHUNTER

◆ Deerhunter livre ici deux articles

indispensables pour voyager en toute quiétude. Cet étui de gourde est 100 % imperméable et se clipse sur les sacs à dos sans effort. Le sac est, lui, 100 % étanche et très résistant. Équipé de larges soufflets, de bretelles et de poignées de transport, il est également en polyester.

47 €, le sac ; et 8 €, l’étui.

PORTE-CARTES MONTBLANC

◆ Ce porte-cartes en cuir de cerf de Nouvelle-Zélande

est naturellement grainé. Il possède cinq emplacements pour les cartes de crédit, un emplacement pour les cartes de visite, une poche supplémentaire. Étonnant et compact. 200 €. 10 sur 8 cm.

SEAU À CARTOUCHES ALEXANDRE MAREUIL

◆ La raison de la finesse du cuir ? D’abord une sélection drastique, ensuite un tannage végétal. De belle facture, sa finition ourlée et son anse doublée lui confèrent confort et solidité. Il permet de transporter jusqu’à 200 cartouches et est doté d’une séparation centrale. 300 €.

CATALOGUE SEELAND

◆ Un maître mot

pour le catalogue 2010-2011 Seeland de Chapuis, la perfection traditionnelle dans toute la gamme de ses produits. Sur 220 pages, il est facile de trouver des idées chic ou pratique pour chaque jour de chasse ou d’après-chasse.

LUNETTE DE VISÉE SCHMIDT&BENDER

◆ Idéale pour le tir de battue et d’approche, cette lunette de visée 1-8 x 24 Zenith distribuée par GMT a un réglage de la bague sur 180 degrés. Elle dispose du système Posicon avec indication de position du réticule. La distance oculaire est de 90 mm. Et la batterie de rechange se trouve dans le tourelleau de droite. 2030 €.

Sur Internet : www.chapuis-armes.com

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Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc

Volvo V60 Sportive familiale Ce break pratique, racé, aux lignes fuselées est un concentré de technologie. Mais c’est aussi une sportive qui saura se faire apprécier de toute la famille. passer sous l’aile du dragon chinois Geely. Historiquement suédoise, la compagnie nous livre, avec ce break racé, un concentré de technologie. Il fut mis au point avant le rachat de Volvo par les Asiatiques. bénéficie d’une ergonomie La sécurité reste inscrite dans le V60, c’est sa polyvalence. enveloppante. Rarement une le code génétique de la marque, Vous avez le sentiment voiture aura déployé autant injustement malmenée au de prendre place au volant de dispositifs techniques pour détour de quelques faits divers d’une sportive, qui peut loger prévenir les accidents. Lors au début des années 2000. une petite famille, sans d’une manœuvre délicate, par Ses concepteurs le clament renoncer pour autant au exemple, les sonneries d’appel désormais haut et fort : pas transport éventuel d’objets téléphonique ou l’affichage un seul mort ou blessé grave longs ou encombrants. des SMS sont retardés pour au volant d’une Volvo en 2020. À bord, le style Volvo est ne pas distraire le conducteur. 90% de la production annuelle reconnaissable entre mille, avec Une alerte est donnée en cas de la V60, fixée à 50 000 unités, une console centrale évidée et de franchissement de ligne seront destinés à la clientèle rehaussée de superbes inserts sur la chaussée par inattention. européenne. Et la voiture de bois. Cerclée d’aluminium, Le régulateur de vitesse plaira, car elle dégage une forte elle semble flotter dans comprend une fonction personnalité, avec sa proue l’air. Le poste de pilotage embouteillage pour suivre agressive, son pavillon en sans effort la voiture pente douce et son hayon Volvo V60 D5 AWD qui précède. Un système zébré de feux aux allures analyse également d’éclairs. Responsable votre route par caméra, du design extérieur, Örjan Dimensions L : 4 628 mm ; mais aussi les mouvements Sterner déclare avoir l : 1 865 mm ; H : 1 484 mm. du volant, pour détecter « privilégié une silhouette Charges utiles Poids à vide : 1 715 kg. Poids total la fatigue, par comparaison aussi proche que possible autorisé : 2 280 kg. Poids de la remorque avec votre style de celle d’un coupé,tout en freinée : 1 800 kg. Réservoir : 67,5 l. Capacité du coffre à bagages : de conduite habituel. conservant l’aspect pratique 430 à 1 241 l. S’il perçoit des signes que l’on attend d’un break ». Moteurs d’assoupissement, Cet engin, cependant, Cinq cylindres en ligne diesel, double turbo, monté en position transversale, un signal sonore retentira n’a pas vocation à rivaliser injection directe à rampe commune, 2 400 cc. Puissance : 205 ch. Freinage ABS à disques. et un voyant lumineux en avec les “déménageurs”du Boîte automatique à 6 rapports. forme de tasse à café vous segment. Mais les chineurs Performances Vitesse maximale : 225 km/h. invitera à faire une pause du dimanche peuvent 0-100 km/h : 8,1 sec. Consommation pour prendre un petit toujours se tourner vers moyenne : 6,8 l/100 km en cycle mixte. CO : 179 grammes par km. remontant. Cette Volvo un break V70 ou un SUV Prix À partir de 42 300 € est tellement prévenante XC70 s’ils cherchent du qu’en cas d’irruption volume. Ce qui distingue 2

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VOLVO

◆ Volvo a quitté Ford pour

d’un obstacle, comme un piéton, elle freine à votre place, si la collision lui semble inévitable. Faut-il aller jusquelà ? À bord d’un haut de gamme –dont nous tairons la marque– doté d’un dispositif similaire, nous avons, en tout cas, connu des frayeurs dans le nouveau tunnel de l’A86, au sud-ouest de Paris. La voiture avait analysé la fin de ce demiboyau, extrêmement bas et se terminant par un virage serré, comme un obstacle. Elle s’était alors mise à piler, en tendant les ceintures. Heureusement qu’aucun véhicule ne nous suivait de près ! En transmission intégrale, gage de tranquillité pour les jours de chasse, la Volvo V60 n’est disponible qu’avec les deux plus grosses motorisations : un “coupleux” cinq cylindres double turbo de 205 chevaux, couplé à une boîte “intelligente”Geartronic, et un vigoureux T6 essence, V6 24soupapes, de 304 chevaux. Le modèle gazole emportera nos suffrages, avec sa consommation mesurée qui dépassera rarement les 10 litres en conduite soutenue.


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Enchères par Virginie Jacoberger-Lavoué

Depuis la fin de l’année 2010, trois vacations de qualité ont animé le marché de l’art cynégétique. Revue de détails. ◆ Crise ou pas crise, les valeurs sûres de l’art cynégétique continuent de bien se comporter en salle des ventes. C’est la principale leçon que l’on peut tirer de la vacation de l’Étude Coutau-Bégarie du 26 novembre 2010. Commençons donc par le record de la vente une très belle aquarelle gouachée de Charles Ferdinand de Condamy (1855-1913) consacrée à un Rendez-vous de chasse réunissant deux équipages (48 sur 62centimètres), adjugée 24 536 euros pour une estimation haute de 6 000 euros ! La vacation avait commencé plus timidement avec une dizaine de Georges Frédéric Rötig (1873-1961) dont une très belle Étude de perdrix, estimée 600 euros et disputée jusqu’à 991 euros, une Étude de faucons (d’une qualité artistique

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quelconque) adjugée 1 301 euros et une huile sur toile, Étude de chevreuil, partie sous le marteau à 1 487 euros. De plus grande dimension (26,5 sur 33,5centimètres), une huile sur toile du même artiste intitulée Étude d’élans s’est envolée à 1 735 euros, plus du double de son estimation, et une autre Étude de lièvre,huile somptueuse de dimensions quasi identiques, a été disputée à 1 487 euros. Autre artiste habitué des salles de vente, Karl Reille (18861974) a confirmé sa bonne cote, avec un très beau Lévrier (huile sur carton de 39,5 sur 31,5centimètres), adjugé 1 487 euros. Citons également Joseph Oberthur (1872-1956) et son très bel Hallali du cerf en forêt d’Écouves (huile sur toile de 89 sur 116centimètres), adjugée 7 435 euros. Il faut également noter une huile sur toile d’un grand format (100 sur 79centimètres) d’après Jean-Baptiste Oudry – École française de la fin du XVIIIesiècle, début XIXe –, intitulé Chien du roi attrapant un canard, qui a été adjugée

PHOTOS : ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE

À l’affût des valeurs sûres

à 3 718 euros, pour une estimation à 4 000 euros. Plus accessible, Boris Riab (18981975) s’est distingué avec une jolie aquarelle représentant des Bécassines (22 sur 31centimètres), adjugée 1 115 euros pour une estimation à 600 euros. Parmi les toiles rares en salle des ventes, citons une œuvre de Karl Kioerboe (1797-1876) à qui NapoléonIII commanda un portrait équestre, une huile sur toile de 73 sur 92centimètres consacrée à l’Hallali du cerf,qui a grimpé

jusqu’à 4 957 euros pour une estimation à 3 500 euros. On peut aussi signaler une paire de gouaches consacrée à la Chasse au Grand Duc de l’École de l’Est du XVIIIe siècle adjugée 2 231 euros – pour une estimation haute de 2000euros – et une aquarelle gouachée de Georges Busson (1859-1933) représentant des Chevaux chez le maréchal


ASSOCIÉ PHOTOS : ÉTUDE FRAYSSE &

ferrand, grande toile de 46 sur 62centimètres, adjugée 2 912 euros. Du côté des bronzes, la palette d’artistes de renom était large aussi. Présenté assis, un beau Chien courant assis (17,5centimètres) d’Emmanuel Frémiet (18241910), rare sous le marteau, a confirmé la bonne cote du sculpteur en étant adjugé à 1 115 euros, pour une estimation à 600 euros. Antoine-Louis Barye (17951875) s’est distingué avec un bronze à patine brun vert (fonte de A. Delafontaine), numéroté représentant un Chien épagneul à l’arrêt et qui, estimé 800 euros, a été disputé jusqu’à 1 115 euros.Très original, un bas-relief, décor d’un Aigle attaquant un serpent, du même sculpteur animalier a grimpé jusqu’à 1 239 euros pour une estimation peut-être un peu sous-évaluée, à 200 euros. Plus accessibles, plusieurs bronzes de Christophe Fratin (1801-1864) ont trouvé preneur dont un Chien setter (17,5centimètres) adjugé 372 euros. De très belle facture, un original Oiseau et musaraigne de Jules Moigniez (1835-1894) parti sous le marteau à 805 euros. Quatre bronzes de PierreJules Mêne (1810-1979) ont aussi animé la vacation dont un saisissant Setter à l’arrêt

se présentant comme bronze à patine médaille nuancée de vert (21sur 11centimètres) adjugé 620 euros, soit son prix d’estimation. ◆ La vacation du 26 janvier de l’Étude Fraysse & Associé, composée de plus de 300 lots issus à la fois d’un château du centre de la France, d’un appartement de l’avenue Montaigne et d’un hôtel particulier bordelais, a été le premier temps fort du marché de l’art cynégétique à Drouot du calendrier 2011. Parmi les œuvres picturales, signalons un Jules Gélibert (1834-1916), le Ferme du sanglier,gouache

Jours de C HASSE ◆

(38 sur 57centimètres) signée et dédicacée, datée de 1849, partie sous le marteau à 2 600 euros, pour une estimation entre 2000 et 3 000 euros. De belle facture, une aquarelle (20 sur 30centimètres) intitulé l’Écurie du baron Jules Finot (1827-1906) qui affectionnait les petits formats, a grimpé jusqu’à 1 300 euros pour une estimation à 600 euros. Parmi les gravures, citons un lot intéressant (les Quatre Saisons) de John E. Herring, de 64 sur 87centimètres qui, malgré quelques accidents et piqûres, a été adjugé 1 200 euros. Les amateurs d’ornithologie ont été comblés avec plusieurs

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Aert Schouman (1710-1792) dont une aquarelle de 24 sur 16centimètres représentant un Pinçon à deux têtes qui s’est envolé à 2 800 euros. Ne manquons pas aussi une très belle huile sur toile marouflée (certes un peu abîmée) intitulée le Concert des oiseaux, de l’école française du XVIIIe siècle adjugée 2 900 euros pour une estimation à 400 euros et qui reste tout de même une excellente affaire. Du côté des bronzes, aussi de premier ordre, on ne peut passer sous silence ce groupe de Bassets (36 sur 17centimètres) de Pierre-Jules Mêne, daté de 1857, signé sur la terrasse, qui, estimé 2 000 euros, a été disputé à 5 800 euros tout comme un bronze sur terrasse du même artiste (Trois chiens devant un terrier), de 18 sur 38centimètres estimé 2 000 euros et adjugé 5 700 euros. Citons aussi dans cette catégorie, une Pendule au trotteur, bronze à patine doré, époque Charles X de 35centimètres de haut, sous-estimée à 400 euros et disputée jusqu’à 2 200 euros. Les amateurs de boutons de vénerie ont pu enchérir sur plusieurs lots : un ensemble

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Enchères ◆ Le 6 février, les amateurs d’art cynégétique se sont donné rendez-vous à SaintGermain-en-Laye pour une vacation de l’Étude Schmitz & Laurent mêlant en 265 lots, trophées, livres, armes et tableaux et sculptures. L’enchère la plus spectaculaire est revenue sans surprise à une épreuve en bronze de Panthère humant de Georges Guyot (1885-1973), avec cachet du fondeur, de 33 de hauteur sur 49centimètres, disputée à 28 000 euros soit son estimation.Toujours du côté des bronzes, un Basset assis

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PHOTOS : ÉTUDE SCHMITZ & LAURENT

du Rallye Bois-Mehant estimé 60 euros, a trouvé preneur à 1900euros ; un autre ensemble du Vautrait Darblay, estimé 250 euros s’est envolé à 1 050 euros ! Parmi les lots de livres et d’ouvrages, on ne peut manquer laVénerie de Jacques du Fouilloux de 1566, qui a été, à juste titre, disputé jusqu’à 7 200 euros et qui contenait une suite, la Fauconnerie de Jean de Franchières (1 585). Un autre Traité de vénerie de d’Yauville de 1788, issue de l’Imprimerie royale et édition originale des 41 feuillets de fanfares dont celles du marquis de Dampierre, a grimpé jusqu’à 2 600 euros, pour une estimation haute de 800 euros.

d’Antoine-Louis Barye, épreuve en bronze de 12 sur 26centimètres en fonte Barbedienne est parti à 5 600 euros, soit également son prix d’estimation. Un Cerf à l’écoute du même artiste, à 4 000 euros. Un Lion entraînant un sanglier, épreuve très originale de Christophe Fratin a grimpé jusqu’à 4 500 euros. Plus accessible, un bronze de Fritz Diller (18751945) présentant un Jeune Cerf à l’écoute, 35 sur 46centimètres de hauteur, en

Jours de C HASSE ◆

fonte d’édition signée, est parti à 1950 euros. Parmi les œuvres picturales, un assez joli format (53 sur 36centimètres) de Xavier de Poret (1894-1975) intitulé Faisan et poule faisane dans les maïs est parti à 5 800 euros (son prix d’estimation) talonné par un Cerf dans la clairière du même artiste de 49 sur 37centimètres, qui a trouvé preneur à 4 800 euros. Du côté des armes, citons une carabine express Holland & Holland (à chiens extérieurs, vers 1890), qui s’est envolée à 8 700 euros, soit bien au-delà de son estimation la plus haute (5 000 euros). Une carabine express Alex Henry calibre

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360, marquée sur le canon Édimbourg et Londres, disputée à 7 000 euros. Une paire de fusils à percussion estimée de 1850 a grimpé jusqu’à 6 300 euros, pour une estimation à 2 500 euros. Signalons un étonnant et unique fusil de chasse de la société Ferlib de Libero Feraglio, modèle Picasso gravé par Alfredo Bregoli relatant quelques détails phare de toiles du grand maître (Guernica, laVie, la Paix…) parti sous le marteau à 7 600 euros. Renseignements ◆ Étude Coutau-Bégarie, 60, avenue de la Bourdonnais Paris VIIe.Tél. : 01.45.56.12.20. ◆ Fraysse & Associés, 16, rue de la Banque, Paris IIe. Tél. : 01.53.45.92.10. ◆ Étude Schmitz & Laurent, 13, rue Thiers, 78100 SaintGermain-en-Laye. Tél. : 01.39.73.95.64.


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Signets par la rédaction

Beau revoir

de Régis Taslé ◆◆ Avec Hallali, Régis Taslé nous avait laissé un peu sur notre faim (lire Jours de Chasse n° 39).Avec Beau Revoir, notre impression reste toujours réservée, car certains écueils n’ont pas tous été évités… L’auteur, bouton au vautrait du Perche, a retrouvé les personnages d’Hallali une génération plus tard, avec des laisser-courre au cerf, dans une Bretagne qui n’a pas totalement abandonné la fée Morgane, cette Bretagne à qui la vénerie doit tant, entre Briac habité par le feu sacré et des fantômes,le druide Glazic,des vieilles pierres, et une formidable meute. Certes, les esprits positifs rétorqueront que l’on tient là un livre qui se lit sans encombres, avec facilité et sans déplaisir, choses parfaitement vraies,et somme toute assez rare de nos jours où force ouvrages nous tombent des mains. Ces mêmes esprits optimistes pourraient également ra-

jouter que l’ouvrage est toujours aussi bien illustré par des aquarelles de Matthieu Sordot, qu’à mille petits détails, l’auteur sent la vénerie, les chiens et les campagnes… À rebours, au risque de nous répéter,ces qualités-là ne suffisent pas à “faire” un roman ; l’intrigue est tout de même un peu légère, trop tenue, où l’on sent l’artifice, et les invraisemblances sont trop criantes, surtout avec des personnages manquant de profondeur, de puissance, d’épaisseur… Car qui peut nier que chaque être est éminemment complexe, avec sa part d’ambiguïtés,de contradictions et d’ambivalences qui s’appellent la comédie humaine, que la chasse, les campagnes et ses histoires en attisent toutes les articulations. Même si les récits de chasse sont toujours aussi bien racontés, tout va vite, trop vite. Bref, il manque un vrai souffle. Éditions de Montbel,205 pages,24 €.

À bout portant

de Jacques Siméon ◆◆ Qui n’a lu, même sans y prendre garde, un billet, une chronique de notre confrère Jacques Siméon ? Pouvait-il en être autrement tant notre basde-cuir a arpenté pendant presque un demi-siècle les campagnes de tous les continents ? Ses pérégrinations, ses réflexions, il nous les livre dans 75 histoires. Mais que le lecteur ne s’y méprenne pas : il a là non des histoires au sens strict, mais davantage

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un ensemble hétéroclite, qui tient de la nouvelle, de la brève de comptoir, de l’éditorial et du billet, ou du coup de gueule… Aussi, et c’est la loi du genre, sur la distance, l’attelage est inégal, et souvent un peu déconcertant. On rit, et on sourit avec des portraits de chasseurs en tout genre, des histoires de cartouches argentines qui ne vont pas, des voyages épiques –notamment au Maroc ou au Viêtnam… C’est encore Mambo, un fox coureur en diable, K.O. un labrador surprenant, un nemrod blessé à Chambord –qui n’était autre que le fils de Georges Pompidou–, qu’un garde, ne sachant pas qu’il avait affaire à un homme, sortait déjà sa dague en criant : « Où est le blessé,laissez-le moi.Je m’en vais l’achever,

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moi,cette bête-là » ! On apprécie ses flèches décochées contre le suréquipement des chiens bardé d’électronique, sur les invités en général, sur la folie d’une frange des écologistes, sur les tartarinades de tant de fashionables… En revanche, son ton et les termes qu’ils emploient quelquefois en agaceront plus d’un, car il y a peut-être des choses que l’on dit, sous le coup de la colère, mais que l’on n’écrit moins, en tout cas dans ce genre littéraire : ainsi, scribouiller, à propos de chiens, « cabots », ou « saloperies » pour parler de grouses difficiles en battue, a de quoi remuer les sangs de quelques disciples de Saint-Hubert…

Mondadori,176 pages,16,90 €.



Signets La Grande Faune de nos forêts

Desportes, sa vie, son œuvre

de Georges de Lastic et Pierre Jacky ◆◆◆ Voilà un ouvrage, ou plutôt un monument, qui fera date. De François Desportes, nous avions quelques brillants catalogues d’exposition, une biographie de son propre fils, mais un ouvrage sur les tenants et les aboutissants de cet immense peintre manquait : le vide est désormais comblé avec cette bible écrite – doublé d’un catalogue raisonné– par Georges de Lastic, un des plus grands spécialistes de notre peintre, et qui avait aidé les Sommer à constituer leur riche collection de Desportes que l’on peut admirer au musée de la Chasse et de la Nature, et par Pierre Jacky, docteur en histoire de l’art, et lui aussi très fin connaisseur de notre artiste.Avec brio et passion, et une iconographie de premier ordre, Georges de Lastic qui fut aussi le premier conservateur du musée de Senlis brosse la carrière éblouissante de cet élève de Bernaerts, qui s’imprégnera d’un art qu’il n’oubliera jamais, et qui laissera à la postérité plus de 1 000 tableaux recensés à ce jour. Une carrière surprenante que ses animaux vifs ou morts, que ses fleurs ou ses fruits et même que ses paysages ont hissé au rang des plus grands peintres du XVIIIe siècle, car il ne serait pas déplacé aux côtés de Chardin, le Chardin des natures mortes… De tout cela,

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Lastic et Jacky n’omettent rien, ni ses premiers travaux de peintre de théâtre, ni son travail avec Claude III Audran au château d’Anet, qui lui mettra un pied dans les commandes royales. Ce sera l’entrée à l’Académie royale de peinture, ses travaux à la ménagerie de Versailles, ses tableaux cynégétiques, qui ne seront pas sans rappeler la brutalité et le style d’un Snyders, passant par là même du baroque au classique. Ce seront ses peintures qui, grâce à Louis XIV, vont définitivement le lancer, notamment en exécutant les chiennes couchantes du roi (dont la célèbre Tane)… Certes, à partir de 1725, Desportes eut un redoutable rival avec Oudry, mais Louis XV ne le négligea pas pour autant. Il ne cessera jamais de pratiquer, entre autres, la nature morte avec gibier et les paysages : deux cents ans avant Courbet et les impressionnistes, il peignit en plein air des paysages tout de sensibilité et de vérité. Bref, lorsqu’on regarde, parcourt avec gourmandises ces deux ouvrages, on comprend comment Desportes sut montrer autant de perfection dans la peinture de ses animaux que dans celle des objets ou fruits de ses natures mortes. Peu nombreux sont les artistes capables d’atteindre telle grandeur. C’est dire son importance… et une occasion unique de le redécouvrir. Éditions Monelle-Hayot,328 et 320 pages,250 €.

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de Francis Roucher ◆◆◆ A-t-on en effet vraiment tout dit sur la forêt et ses hôtes ? Il faut croirequenontantilestvraiqueFrancis Roucher, qui a publié un excellent livre sur les chevreuils,y apporte untonnouveau,fortéloignéd’unaride traité naturaliste. Que cela soit sur la grandefaune(chevreuil,cerf,chamois, sanglier), la petite (grand et petit tétras),etcequ’onappellelesprédateurs (blaireau,martreetautresmustélidés), chaque espèce est présentée et analysée d’une manière pédagogique dans un style d’une grande simplicité. Il n’omet rien surtout pas les sujets qui fâchent comme la nécessaire intervention de l’homme,mais aussi ses activités“dévastatrices”(le grand tétras a ainsi été victime de l’intensification de la sylviculture, des sports d’hiver et des battues de grands animaux !)… Pourétayersesaffirmations, Francis Roucherapuiséaux meilleures sources, notamment étrangères,remettant au passage bien des idées en place (sa longue digression sur la relative nocivité de la martre est un modèle du genre). À l’encontre des messages passionnésetàl’emporte-pièce,onappréciera également son discours tout en nuances sur le lynx et le loup et la manière de poser des questions telles que leur influence sur le comportement des cervidés, sur leur nombre, sur la question de l’extermination d’une espèce… Francis Roucher répond sans ambages,ni tabous,car pas une de ses interrogations n’est illustrée sans un ou plusieurs exemples. À lire et à méditer. Éditions du Gerfaut,192 pages,23 €.



Signets Les animaux sont-ils bêtes ?

d’Alain Leygonie ◆◆ Il existe un mystère animal devant lequel la pensée, la philosophie, avoue sa perplexité. Ce n’est que tout récemment qu’un certain nombre de philosophes se sont penchés avec intérêt et curiosité sur ce qu’Elisabeth de Fontenay a nommé « le silence des bêtes ». Né en Corrèze, élevé dans le Lot, au sein d’une famille paysanne, où les animaux vivaient dans la proximité des hommes, Alain Leygonie a enseigné la philosophie à Toulouse. Pour autant, il ne s’est jamais séparé du monde animal, et cette fréquentation familière l’autorise à traiter le sujet avec pertinence, en se tenant à l’écart aussi bien de l’anthropomorphisme que de la zoophilie sentimentale et idolâtre. « Il y a, écrit-il en liminaire de son essai, un aveuglement lié à l’intelligence dont se prévaut l’homme

Quelques souvenirs d’un veneur

triomphant.C’est toujours par opposition à l’animal,toujours à l’aune de ses manques qu’il s’autoévalue et s’autoglorifie. La raison,la conscience, la liberté,le langage articulé,le rire ou le culte des morts,par quoi il se définit,sont en effet autant d’attributs dont serait dépourvu l’animal et dont la somme nous amène à penser qu’il n’y a pas, entre les deux créatures, une simple différence de degré,mais bien une différence de nature ».Contre cette arrogance de l’homme, que les naturalistes du XXIe siècle viennent de ramener à la raison, en montrant que l’arbre du vivant est en fait un buisson où notre espèce ne représente qu’un faible rameau, l’auteur entreprend de rétablir

du comte de Chabot ◆◆ Les chasseurs qui s’intéressent à l’histoire cynégétique connaissent au moins de réputation, son œuvre majeure, la Chasse à travers les âges, parue en 1898 et devenue un classique. Moins connu, mais recherché des veneurs, sa Chasse du chevreuil est un des principaux ouvrages sur cette vénerie fine entre toutes. En Vendée,d’où sa famille était originaire,Auguste de Chabot fut maître de l’équipage du Parc Soubise, créé par son grand-père en 1811, et qu’il mit dans la voie du chevreuil. Le

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l’animal dans sa dignité ontologique, et de dénoncer la sottise des opinions communes sur l’animalité. Le charme de ce livre, pétri d’intelligence

nouveau volume de la collection de bibliophilie, Vénerie d’autrefois,des Éditions de Montbel,Quelques souvenirs d’un veneur, réunit des textes extraits de la Chasse du chevreuil et des articles publiés dans la Gazette des chasseurs.Il est illustré par des aquarelles d’Amaury d’Andigné,issu, lui aussi, d’une vieille famille de veneurs. Sans prétention autre que celle d’être “sincère et vrai”, le comte de Chabot relate, avec sobriété,quelques chasses mémorables dans les forêts de l’Ouest où il chassa comme invité ou avec ses chiens :la forêt de Chinon où découplait son grand-oncle, le général de La

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et d’humour, tient à sa composition qui entrelace la réflexion spéculative aux exemples et aux anecdotes. Les chasseurs sauront gré à Alain Leygonie d’avoir tiré de l’oubli Charles-Georges Leroy, lieutenant des chasses royales de Versailles et de Marly au XVIIIe siècle, et auteur de l’Intelligence des animaux.Réfutation de M.de Buffon sur l’automatisme des bêtes. À son encontre, ils ne s’étonneront pas que ces observations expérimentales sur l’intelligence animale aient été émises par un chasseur, et non par un philosophe… Éditions Klincksieck, Coll.“Hourvari”,152 pages,17€.

Rochejaquelein, la forêt du Gâvre, en Bretagne,la forêt de Vezins,en Anjou,la forêt de Vouvant, en Vendée, celle de La Gastine, en Poitou, celle de Chambord, en Touraine. Grand éleveur,sa meute d’anglo-gasco-saintongeois était célèbre, il ne pouvait omettre d’évoquer trois de ses meilleurs chiens de change, Black, un beagle irlandais du Kerry, Ramoneau,son fils,issu d’un croisement avec une lice anglaise,et Talbot,fils d’un chien anglais de grande origine et d’une lice du HautPoitou. Enfin,ce grand veneur de chevreuil – il en prit plus de mille dans sa carrière cynégétique – livre son expérience des ruses du chevreuil, notamment “l’accompagner”, et sur la manière de redresser les défauts. Un très joli livre qui complétera la bibliothèque de tout veneur.

Montbel,116 pages,100 €.


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Signets Portraits en costume de chasse

de Claude d’Anthenaise ◆◆ L’art du portrait ne pouvait ignorer cette dimension sociale que la chasse perpétue à travers les âges.Or c’est une facette que

les historiens de l’art ont le plus souvent éludée.Ce livre,écrit par Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du musée de la Chasse et de la Nature, comble donc une lacune.Comme il le fait observer, dans la plupart des tableaux cynégétiques,la figure du chasseur n’est là que pour animer une composition ou suggérer un contexte de chasse, et le modèle est au service de l’art,non l’inverse. Sur la pratique cynégétique,ces images ne disent pas grand-chose. De même, les très nombreuses toiles mythologiques ou allégoriques,mettant en scène déesses ou héros chasseurs, se soucient peu de la vraisemblance.N’ont été retenus,en conséquence, que les portraits individualisés. Paradoxalement, la référence à la chasse contribue

La Danse du lion

de Daniel Henriot ◆◆ Longtemps chasseur de crocodiles au Gabon, puis célèbre guide de chasse en Centrafrique, dans la province reculée de la Haute-Kotto, aventure évoquée dans un livre récent, Au bout des pistes,le Chinko, Daniel Henriot est aussi un écrivain de talent, auteur de cinq romans sur l’Afrique où il a vécu une bonne partie de sa vie et dont il garde la nostalgie, mêlée d’on ne sait quelle amertume. Laurent Tavernier, le personnage principal de son nouveau livre, la Danse du lion, est un ancien guide de chasse, que les objurgations de sa femme, Élodie, mais aussi la lassitude des pulsions meurtrières de ses clients ont fait renoncer à ce qui fut la passion de ses jeunes années. Il a racheté une plantation de caféiers délabrée au bord d’un fleuve, dans une région isolée d’Afrique. Mais cela n’a pas suffi à retenir sa femme qui s’est peu à peu détachée de lui et a fini par rentrer en Europe.Au début du roman,Tavernier vient de se rendre au chevet d’un de ses amis, qui fut son assistant, blessé alors qu’il guidait une chasse au lion. De retour chez lui, il reçoit du sous-préfet

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toujours à définir un homme civilisé.« À travers la domination du monde animal et de l’espace forestier,le modèle développe la maîtrise de soi.Contrairement à l’homme sauvage,il garde le parfait contrôle de ses passions.». Des premiers portraits de chasseurs médiévaux, où les attributs cynégétiques sont l’expression du pouvoir,aux ultimes représentations de chasseurs en tenue, ou sous les armes, avec Boutet de Monvel, Boldini, ou Xaxier de Poret,l’image,constate Claude d’Anthenaise,évolue vers une forme d’abstraction, évacuant le contexte (la nature) et les références (le chien, le cheval, l’arme) au profit du seul acteur. Témoignage,sans doute,des métamorphoses d’une société devenue urbaine, où la chasse appa-

raît comme une survivance,mais aussi de l’émancipation des artistes par rapport aux fondements classiques de leur art. Si l’auteur fait preuve d’une fine connaissance de l’histoire de l’art et des théories esthétiques, il est, cependant, clair que sa connaissance de la cynégétique n’est pas de première main, ce qui l’amène à commettre,en fauconnerie et en vènerie,quelques erreurs d’interprétation. N’importe, d’Holbein le Jeune à Picasso, de Philippe de Champaigne à Giovanni Boldini, de Van Dyck à Manet,et de Gainsborough à Picasso,voici une galerie inédite et séduisante, qui témoigne de l’ambiguïté des rapports entre la civilisation et la cynégétique.

Nicolas Chaudun,176 pages,39€.

de la région la requête de partir à la recherche d’un fauve blessé par deux chasseurs blancs et qui risque d’être un danger pour les populations de pasteurs. Prêt à refuser, l’ancien guide cède sur les instances de son ami Abel, ancien recteur d’université revenu exercer les fonctions de sorcier-guérisseur à Kubalu, qui procède pour lui à une cérémonie propitiatoire. « Personne ne t’observe,lui dit Abel, et rien ne te commande d’achever ce lion.Protéger les populations… satisfaire à des règles déontologiques,tu t’en moques ! Pourtant,tu vas y aller,poussé par une force qui exige la lumière.Mais si la mort dans l’action est une jubilation qui exclut la souffrance […] il faut quand même se faire violence pour l’affronter,surtout quand on n’a plus,comme toi la folie de se croire immortel.Quelle que soit l’issue,cette chasse sera probablement ta dernière et,si tout se passe bien,alors tu te sentiras vraiment mieux.» Laissons au lecteur le plaisir de connaître l’issue de la dernière traque de Laurent Tavernier et de ses deux pisteurs. Un beau livre, grave et pudique, qui témoigne d’une connaissance charnelle de l’Afrique et d’une éthique de la chasse, malheureusement devenue rare. Montbel,152 pages,20 €.

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FIC Paris-HSV

avons revu notre client, en marge de notre réunion je lui ai demandé comment on devenait chasseur. Il m’a proposé de contacter sa fédération, celle de Paris.

Mathilde M. Je suis d’origine toulousaine, j’ai fait une partie de mes études dans la capitale du Sud-Ouest puis je suis montée à Paris finir mon cursus en communication et gestion des systèmes d’information. Ensuite, j’ai eu la chance de rentrer dans un grand groupe de communication. Même si je suis restée une provinciale, je dois avouer que je n’ai jamais mis autant le nez à la campagne que depuis que je suis à Paris. En effet à Toulouse, la campagne est proche mais je ne faisais

Je suis allée sur le site Web, j’ai téléphoné et je me suis laissé guider. D’abord j’ai été bien accueillie au téléphone, bien informée et j’ai pu passer le permis en un week-end. À ce sujet j’ai trouvé à 15 minutes de Paris un site de formation très bien équipé dans un cadre naturel surprenant aussi proche de la capitale. L’équipe de formateurs est très performante puisque, en quelques heures, je suis arrivée à me familiariser avec les armes et les questions pièges de l’examen.

“Grâce à la chasse, j’ai trouvé un équilibre entre ville et campagne.” que la traverser pour aller d’un point A à un point B, disons pour faire du ski dans les Pyrénées, aller à la mer ou sur le Causse voir mes grands-parents. C’est une fois à Paris que j’ai ressenti le besoin d’autre chose. Mes grands-parents ont toujours eu des chiens, et mon grandpère chassait le lièvre mais je n’ai pas de souvenirs précis sauf quelques histoires qu’il me racontait en “secret” quand nous allions lui rendre visite. Pour moi, le Causse a toujours été un paysage pauvre, à la limite de la désolation et de l’ennui. Mais quand mon grand-père me faisait le récit de ses aventures pour attraper le lièvre que nous venions de manger, je trouvais cela fantastique. Oui et non, en fait un soir en sortant d’une réunion de calage, le client nous a invités à dîner et, au menu, il y avait entre autres gibiers, du lièvre. Devant mon choix immédiat, mes collègues ont fait la moue et je me suis sentie tout à coup mise en accusation. Une discussion s’est engagée et plus nous avancions plus je revoyais le Causse. Notre client nous a dit qu’il aimait la chasse et manger du gibier, ce qui a mis un terme rapide à nos discussions. En fait, je ne sais pas quel mécanisme psychologique il s’est produit mais le fait est que lorsque nous

COMMUNIQUÉ

Je suis dans les métiers de services, si la proposition est performante et tenue pourquoi aller chercher midi à 14 heures? La première année, j’ai bénéficié de conditions d’adhésion à moitié prix. Cette année même sans cette réduction, je suis restée car la validation est sans soucis et aussi efficace que la formation. 24 heures chrono par Internet. J’habite la petite couronne et ça me plaît de savoir qu’à quelques stations de métro il y a ma fédération de chasseurs et je peux m’y rendre si j’ai le moindre problème. Une anecdote, même si je reste discrète sur mes loisirs, au travail cela commence à se savoir que je chasse. En décembre, j’ai été invitée dans les Yvelines avec un ami qui avait une validation départementale uniquement pour l’Indre. En sortant du “boulot”, un petit détour par Boulogne pour récupérer sa validation temporaire et mon ami a pu chasser. J’avoue maintenant que, grâce à la chasse, je me suis fait un bon groupe d’amis que je vois en dehors de la chasse. À mon tour de cuisiner du gibier! Ces ambiances conviviales, la joie simple et partagée d’être au grand air après une semaine de métro parisien m’ont permis, provinciale que je suis malgré ● tout, de trouver un équilibre entre ville et campagne.

© FIC

Fédération Interdépartementale des Chasseurs de Paris, des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne

Chasseurs de Paris

Parole d’une jeune adhérente de la FIC Paris-HSV


Co n f i d e n c e s ◆

Benoît Violier

“La chasse ne m’a jamais quitté” S

’il fallait accoler aujourd’hui un nom au gibier et à sa « cuisine transcendante » chère au grand BrillatSavarin, ce serait sans nul doute celui de Benoît Violier. Avec lui,la chasse et la cuisine se retrouvent,dans tous les sens du terme car, pour reprendre la jolie formule de notre confrère Jacques Reder, « ce sont deux arts qui se mêlent,illustrant le savoir et la sagesse de l’homme dans la quête comme dans la préparation des gibiers ». Que dire d’autressinonqueBenoîtViolieralefeusacrépour la chasse, en particulier celle des cimes, exigeante s’il en est, et que ce quadragénaire a la passion de la cuisine, qu’il a travaillé avec les plus grands chefs – Joël Robuchon et Frédy Girardet notamment –, et les plus grandes maisons, comme Lenôtre, le Ritz ou encore La Tour d’Argent. Depuis maintenant plus de quinze ans, il s’est arrêté en Suisse à Crissier,à quelques kilomètres de Lausanne, où, chef de cuisine, il dirige de main de maître le célèbre Restaurant de l’Hôtel deVille de Philippe Rochat,classétroisétoilesauGuideMichelin. Il y a trois ans, il s’était fait également remarqué par son bel ouvragesuperbementillustrésurlaCuisine du gibier à poil en Europe (Gerfaut),ouvragequis’estvendu–chiffre assez remarquable pour ce genre de publication –,à plus de 10 000 exemplaires, et qui avait été récompensé par le prix François-Sommer.De ses passions cynégétiques et gastronomiques, Benoît Violier s’en ouvre à Jours de Chasse. Chez vous, la passion de la chasse relève-t-elle d’une foucade tardive ou est-elle ancrée dans vos gènes ? Pour moi, la chasse est un prolongement naturel de l’existence, autant une passion qu’un besoin. Quoi de plus banal quand toute votre famille chasse ? En Charente-Ma-

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Jours de C HASSE ◆

ritime, d’où je suis originaire et où j’ai fait mes premières armes de cynégète, uniquement deux dates comptaient, m’obsédant presque,celle de l’ouverture de la pêche et celle de l’ouverture de la chasse. Que de souvenirs j’en garde : c’était des chasses à la billebaude, chères à Henri Vincenot, des chasses de « petzouille » comme il l’a écrit, au lièvre dans les vignes, au perdreau à une époque où il en restait. C’était encore des chasses dans les marais,à la tonne,avec des nuits quelquefois courtes,une chasse dure,fatigante dans une terre pour le moins collante, où l’on attend avec espoir des vols de sarcelles, de siffleurs, de milouins… Sans aucun doute, ces spectacles merveilleux ont entretenu et continuent d’entretenir la foi qui m’anime. La chasse ne m’a jamais quitté. Même pendant vos années d’apprentissage ? Pas une année,où je n’ai arpenté plaines et bois des provinces de France et de Navarre.Au hasard de mes“changements de ville” chez les Compagnons, que cela soit à Paris, dans l’Oise,j’ai chassé encore et toujours, et c’est là où j’ai découvert la chasse des grands animaux dont j’ignorais à peu près tout. Puis, lorsque j’ai travaillé à Courchevel, j’ai eu la révélation de la chasse en montagne grâce à mon ami Olivier Lombard. C’était il y a maintenant douze ans. Que voulez-vous dire ? En altitude, il y a vraiment tout ce qui peut faire et fait la quintessence de la chasse : la beauté des paysages, la difficulté de la marche, des animaux d’une extrême sauvagerie qui ne pardonne pas la moindre erreur de stratégie.C’est une école de l’humilité, impitoyable pour le jarret,et le plaisir est en proportion de la rareté du gibier et du mal qu’il se donne pour l’approcher. Pour ma part, je ne conçois le tir que comme l’ultime conclusion d’une pièce qui a commencé quelques heures plus tôt, et il ne doit rester que cela. S’il n’est que le début et la fin en même temps, la chasse n’a à mes yeux plus auBENOÎT VIOLIER

propos recueillis par Humbert Rambaud

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À LA CHASSE AU CHAMOIS AVEC SON AMI MICHEL PESANTI. CI-DESSOUS, DANS LE “RESTAURANT DE L’HÔTEL DE VILLE” DE CRISSIER EN SUISSE, AVEC FRANCK GIOVANNINI ET JULIEN GATILLON. PAGE DE GAUCHE, À LA CHASSE AVEC SON FIDÈLE COCKER

cune saveur. Ce qui compte, c’est tout ce qu’il y a autour : l’atmosphère, l’ambiance, la quête. La montagne les développe au firmament. Je me souviens comme si c’était hier du tir de mon premier chamois. C’était il y a une dizaine d’années, après une approche délicate,difficile,j’avais pu tirer un beau bouc,avec en arrière-plan le massif du Mont-Blanc :c’était simplement féerique. Et même si l’on ne peut tirer, il y a des spectacles qu’on ne verra jamais ailleurs, comme ce jour où un aigle royal s’est posé à 20 mètres de moi. C’est tout bonnement exceptionnel.C’est encore des chasses au bouquetin,qui est une espèce chassable en Suisse. C’est encore des lagopèdes et des tétras-lyres tirés à l’arrêt des chiens… Des images de la montagne au-dessus de Gap.Autant, je ne suis guère enthousiasmé par la battue,autant approcher un beau sanglier dans la neige, provoque de grandes émotions. La montagne est vraiment unique. Et l’étranger ? J’ai chassé en Grande-Bretagne le muntjac – ce petit cervidé d’origine asiatique,revenu à l’état sauvage dans certains lieux du Royaume-Uni –,j’ai approché le brocard à l’appeau, et le fameux brocard noir,un brocard mélanique qui vit dans des forêts entre Hanovre et Berlin, la chèvre à bézoard en Turquie, le macho montes en Espagne. Aujourd’hui, un de mes rêves est d’aller approcher les grands argalis en Asie,en particulier le fameux marco-polo. Quant à l’Afrique, elle ne me fascine pas,du moins pas encore,peut-être parce j’ai entendu dire tout et n’importe quoi. Plus j’avance dans la vie, plus je recherche des chasses où la beauté doit rimer avec la difficulté.Je dois reconnaître que j’ai de plus en plus de mal avec une catégorie de chasseurs qui ne songent qu’au tableau,

Jours de C HASSE ◆

PHOTOS : BENOÎT VIOLIER

SCHARLOTT.

qui ont l’obsession du rendement. Cela donne une image détestable de notre passion. Pour vous, il n’y a pas de doute, la chasse doit se prolonger en cuisine et sur la table… L’un ne va pas sans l’autre, c’est une évidence. C’est à mon avis l’un des plus beaux hommages qu’un disciple de Saint-Hubert puisse rendre à son gibier.Tout jeune, j’ai été passionné par cela. Je dois dire que je suis passionné par la cuisine du XIXe siècle,car c’est là où tout a été codifié d’une manière pédagogique, travail que l’on doit essentiellement à Joseph Fabre,fondateur de l’Académie culinaire de France en 1883, la plus ancienne association de chefs et de pâtissiers au monde. >>

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Confidences PHOTOS : BENOÎT VIOLIER

CHASSE AU LAGOPÈDE EN SAVOIE AVEC SES AMIS PHILIPPE LOMBARD ET JULIEN PARMENTIER (AU CENTRE). ET, CI-DESSOUS, AVEC UN MOUFLON TIRÉ DANS LE MASSIF DU CAROUX AVEC PHILIPPE AEBICHER.

CHASSE AU TÉTRAS-LYRE DANS ALPES AVEC SON AMI OLIVIER LOMBARD. “LA CHASSE

LES

D’ailleurs, pour être admis compagnon du tour de France,tout ouvrier doit réaliser un “chef-d’œuvre” d’un remarquable niveau technique et notamment ce qu’on appelle la pièce maîtresse qui révèle en quelque sorte l’identité de la personne. Lorsque j’ai dû présenter la mienne en 2003,j’ai choisi le gibier,mais pas n’importe lequel : exclusivement du gibier de montagne. J’ai ainsi présenté trois plats froids pour la plume,à base de tétras-lyre,de bartavelle et de lagopède et trois plats chauds pour le poil, avec du chamois, du bouquetin et du mouflon. Les juges n’avaient jamais vu cela,car il est en effet fort rare de servir de tels gibiers, inconnus des mornes plaines. Pour moi, la cuisine de gibier est le prolongement naturel de l’acte de chasse. D’ailleurs quand je tire un grand animal, je prends une extrême attention à ne pas abîmer la venaison ! C’est une déformation professionnelle. Dans le restaurant, nous avons une carte dédiée au gibier, et exclusivement du gibier sauvage,que cela soit des grands animaux comme du petit gibier, comme de nombreuses espèces de canards.Qui plus est,comme nous sommes en Suisse,nous pouvons présenter à nos clients des gibiers que l’on ne peut proposer en France. Je pense aux tétras, à la bartavelle à la bécasse, et du bouquetin (dans ce dernier cas, la législation suisse permet d’acheter directement aux chasseurs). Nous faisons également des soirées sur le thème du gibier,très appréciés par nos clients. Cela ne vous dérange pas de servir certaines espèces comme la bécasse, qui, certes, sont autorisées à la vente en Suisse, mais qui ne le sont pas en France par mesure de protection ?

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Jours de C HASSE ◆

EN MONTAGNE EST VRAIMENT UNIQUE.”

Entendons-nous bien. Nous ne faisons pas n’importe quoi.Ce n’est pas parce que nous servons quelques bécasses par an que nous allons mettre l’espèce entière en danger. En revanche, nous n’hésitons pas à retirer de notre carte une espèce, si sa pérennité est menacée : nous l’avons fait pour la raie et le thon rouge. Justement, quels gibiers ont vos préférences ? Évidemment,au sommet,je place le lièvre cuisiné à la royale. Puis, dans des plats un peu plus légers, il y a la côtelette de mouflon simplement grillée,le chamois de cinq à sept ans pour les pièces entières, le cerf sika (dont les filets sont remarquables) que je mets bien au-dessus du cerf élaphe… Dans le petit gibier, la bartavelle reste une reine, comme les bécasses, les bécassines, les grives (la musicienne est la plus goûteuse),et les sarcelles et les siffleurs. Avez-vous des projets ? Après la Cuisine du gibier à poil d’Europe, je suis en train de préparer l’équivalent pour le gibier à plume,ouvrage qui devrait sortir à l’été 2013, où vous trouverez les recettes de 80 oiseaux, dont quelques-unes sont inattendues, comme celle à base de macareux (cela est possible, grâce à la législation islandaise qui autorise sa chasse !). Je veux toujours parler de chasse, de cuisine et de saveurs oubliées. J’ai fait mienne les propos de Brillat-Savarin : « le gibier fait les délices de nos tables ;c’est une nourriture saine,chaude,savoureuse, de haut goût,et facile à digérer […] ». ◆ Plus sur :www.violierbenoit.com et www.philippe-rochat.ch

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halieutique et Cynégetique Vente le jeudi 24 et vendredi 25 mai 2011 - 14h

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Découverte ◆

Fantômes du Nouveau Monde

reportage et photos Bruno de Cessole

Rien de plus commun et de plus abondant que le cerf

de Virginie ou “white tail”, l’équivalent américain de notre chevreuil européen. Soumis à une forte pression de chasse, l’animal est toutefois très méfiant, et lorsqu’une température anormalement élevée pour la saison aggrave la difficulté, la chasse se révèle une gageure.

NATURE MORTE AU MIRADOR…

PAGE DE

DROITE, JEUNE CERF DE

VIRGINIE, RECONNAISSABLE À SA QUEUE DE COULEUR BLANCHE SUR L’ENVERS,

D’OÙ LE NOM AMÉRICAIN

“WHITE TAIL” QU’ON ÉTATSUNIS. LA ROBE DU CERF DE VIRGINIE PRÉSENTE LE MÊME CONTRASTE, BRUNROUX SUR LE DOS, BLANC SUR LE VENTRE, LA GORGE ET AUTOUR DES YEUX. PEU DE

LUI DONNE AUX

DE CERVIDÉS SONT AUSSI

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FIRST LGHT/ALAMY

ÉLÉGANTS ET GRACIEUX.



Fantômes du Nouveau Monde

Autrefois, la lenteur des moyens de transport permettait au voyageur d’anticiper par l’imaginationcequil’attendaitàl’arrivée,d’apprivoiser peu à peu l’exotisme à venir ; aujourd’hui,hélas,levoyagen’estplusuneaventure, mais un déplacement banalisé, et la diversité du monde,réduite comme peau de chagrin,laisse voir presque partout le même désolant spectacle de l’uniformité occidentale.Rienàdire,donc,duvolParis-AtlantaniduvolAtlanta-Charlottesville, raverser l’océan,changer d’aéroport et d’avion,s’of- LE PROPRIÉTAIRE, BANG si ce n’est,une fois sur le sol des Étatsfrir un assez long périple en voiture, rester plus d’une se- COLLINS, ET SA FEMME Unis, la minutie suspicieuse des maine sur un territoire de chasse à raison de six heures par ET SERGE (À DROITE), contrôlesdel’Immigration,etlesouci jour à l’affût et en revenir bredouille, sans avoir rien vu, est NOTRE GUIDE QUÉBÉCOIS, des transferts de bagage d’un avion à une mésaventure assez rare, mais qui fait partie des souve- AVEC SON ÉPOUSE. nirs de tout chasseur ayant un peu bourlingué à travers le AU-DESSUS, VUE DU LODGE l’autre.Ces formalités remplies,arrivée tardive à Charlottesville : pas le monde. DE CHASSE DE “PARADISE temps d’aller voir la ville,dîner somJ’avais déjà connu une expérience de ce genre au Zim- VALLEY”. LA ZONE mairedansunsnackaudécorpseudobabwe sur la trace de buffles inapprochables en raison de la DE CHASSE S’ÉTEND SUR pression des braconniers et de la présence des lions (Jours 3 800 HECTARES DE FORÊTS folklorique, et récupération bienvedeChassen°29)maisjenepensaispaséprouverpareillemésa- ET ACCUEILLE EN MOYENNE nuedudéficitdesommeilauquelvous condamnent les vols de nuit. venture aux États-Unis avec un gibier aussi commun que le 230 CHASSEURS PAR AN Lelendemain,à11 h 30,monguidede cerf de Virginie.Comme quoi,tout peut arriver à la chasse et POUR UN PRÉLÈVEMENT c’est, du reste, ce caractère aléatoire qui fait son charme et DE 200 CERFS DE VIRGINIE. chasse Serge, accompagné de sa femme,passemeprendreàl’HôtelMason attrait.Si le résultat est assuré,pourquoi chasser des animaux libres sur un territoire ouvert ? Aux obsédés du tableau et de la tro- riott, dans un gigantesque pick-up qui occuperait phéite, les parcs clos et le gibier agrainé comme de la volaille en batterie, aumoinstroisplacesdeparkingeuropéennes.Serge voire“boosté”aux hormones, offrent de quoi satisfaire ces penchants élé- est un Québécois francophone d’origine italienne mentaires.La chasse au snark ou au dahu est un sport autrement plus exi- qui possède une pourvoirie à quelques centaines geant et qui réserve des émotions plus subtiles. Et d’une certaine façon, de kilomètres au nord de Montréal. Il y fait chasc’est bel et bien une chasse de ce type qui m’attendait en Caroline,dans ce ser notamment l’ours noir et l’orignal. À l’auVieux Sud cher à Erskine Caldwell et à William Faulkner, autant qu’im- tomne,il guide des chasseurs canadiens et français perméable à l’“obamania” qui s’abattit, telle une épizootie, sur les gogos en Caroline-du-Sud, pour le cerf de Virginie, sur un territoire privé. De Charlottesville au lodge de progressistes du monde entier, avant qu’ils ne déchantent.

◆ T

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CAROLINE DU NORD

Chassez et restez connectés !

Greenville

CAROLINE DU SUD Columbia Zone de chasse

GÉORGIE Charleston

0

50 km

Savannah

chasse, dans le comté de Bamberg, en Caroline-du-Sud, trois heuresd’autoroutesontnécessaires.Lespaysagestraversésn’offrent aucun relief : alternance de champs de coton et de petites forêts, maisons typiques du Vieux Sud, en bois, longues et basses, avec des vérandas couvertes. Au crépuscule, nous atteignons Paradise Valley. Éclairé par la lumière blanche d’un projecteur un grand hangar métallique attenant à deux maisons en bois traditionnelles,nous accueille.Auxmurss’exposeunecollectiondetrophéesdecerfs de Virginie,tirés sur le domaine,et quelques autres trophées : wapitis, lynx, et surtout dindons naturalisés, en position de vol,en couple,ou isolés,d’une taille impressionnante.Ces volatilesàlatêterébarbativeetauplumageaussirembourréqu’un édredon king size sont au monde des oiseaux ce qu’un bombardier lourd de la Seconde Guerre Mondiale est à un Cessna monomoteur. En dépit de leur apparente lourdeur, ils constituent pour les Américains, un gibier prestigieux et convoité. Meublent l’espace du vaste hall un billard,une table de pingpong,un écran de télé géant,toujours allumé,une table d’hôte et quelques canapés autour d’une table basse jonchée de magazines sportifs et cynégétiques. Après avoir pris possession de ma chambre – courtepointe et rideaux en tissu“camo”ne vous laissent pas ignorer qu’on est dans un lodge de chasse ! –, je rejoins le groupe des chasseurs :quatre Français,qui repartent le lendemain,et plusieurs chasseurs américains, certains avec leurs enfants, ados boutonneux ayant abusé des sodas et des cookies caloriques, et qui arborent l’air dégoûté et perpétuellement somnolent propreàcetâgeingrat,sansoublierunsympathiqueSud-Américain qui répond au nom emblématique de Gerónimo Predator.Après le dîner – et il faut se faire aux habitudes américaines :pas de repas ritualisés comme en Europe,chacun va se servir à la cuisine, à l’heure qu’il veut, prend couverts et assiette, et va s’installer à la table commune–, Bang Collins nous fait un exposé sur les méthodes de chasse et les règles en usage à Paradise Valley. Bang est un délicieux gentleman sudiste et septuagénaire, qui accueille pour la première fois, et non sans appréhension, des chasseurs européens sur son domaine. Son fils,

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Fantômes du Nouveau Monde

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CHASSEURS PASSENT BEAUCOUP DE TEMPS À TIRER SUR DES CIBLES.

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Tom est un géant barbu, décontracté, fou de chasse et de tir, et qui ne quitte guère son colt magnum que pour aller se coucher. Pendant vingt ans,notre hôte a fait chasser sur ses terres et alentour – d’une superficie de 1 500 hectares – un certain nombre de locaux réunis au sein d’un club privé.Puis,il y a huit ans,il a transformé son club en chasse commerciale, à la semaine ou pour le week-end. En raison de la qualité du territoire et des animaux, de sa réputation de bon gestionnaire, il a attiré des chasseurs de toute la région, de Caroline-du-Sud et du-Nord,mais aussi de Floride,du Tennessee,et du Texas. L’an dernier, il a accueilli 235 chasseurs pour le cerf de Virginie, 150 pour le sanglier,et 55 pour de dindon.Les prélèvements ont été de quelque 200 cerfs sur l’année, et de 34 dindons. Les zones de chasse s’étendent sur 3 800 hectares, en grande partie loués à divers propriétaires privés, avec des baux de cinq ans renouvelables.Les forêts sont composées de chênes, de pins, de sycomores, d’hickorys, d’érables, de trembles, de peupliers et debouleaux.Leterritoireestdiviséentroisparties :unepartieopen(1 000hectares) où le tir est autorisé sur les cerfs, les daguets et les biches ; une par-

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tie où on ne peut tirer que les mâles dont le trophée mesure au moins 15points. Dans la dernière partie, seuls les trophées de 17 points minimum sont autorisés au tir. Des pénalités punissent les infractions. Quelque 150 miradors sont disséminés sur la zone, aux abords des clairières, à la lisière des bois et des champs, le long des couloirs des lignes électriques. La saison de chassepourlecerfdeVirginies’étend entre le 15 août et le 1er janvier.Pour le dindon, du 15 mars au 1er mai, tandisquelesanglierestouverttoute l’année. Le mois de novembre est considéré comme le meilleur momentpourchasserlewhitetail.Nous apprendrons, à nos dépens, qu’il est des exceptions à cette règle… Sur le terrain la difficulté est de juger correctement les trophées.Sur les têtes naturalisées,Bang nous apprend à prendre des repères : sur l’animal de face, si les bois ne dépassent pas les oreilles ouvertes, le trophée est inférieur à 15 points. S’il les dépasse, on est dans les bonnes mesures, mais il faut savoir que le nombre d’andouillers ne suffit pas à estimer l’âge d’un cerf. Et encore faut-il que l’animalseprésentedefacepourêtretiréenconnaissance de cause.Si ce n’est pas le cas,siffler pour attirer son attention est un vieux truc éprouvé.Bang et Tom nous mettent en garde : certes, nous avons droit dans notre forfait au tir de onze animaux durant la semaine,mais ce chiffre inclut biches et daguets,pasuniquementlesanimauxcoiffés.Enoutre, les cerfs sont très méfiants à cause de la forte pression de chasse et d’un milieu très peuplé.Les zones


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urbaniséessontcontiguësauxespaces boisés. Il s’avère donc très difficile de voir les animaux à distance de tir raisonnable. L’odeur humaine les alerte et les fait fuir presque immédiatement.RaisonpourlaquelleSerge nous enduira de produit destructeur d’odeur humaine chaque matin. Et, bien sûr, pas question de fumer sur le mirador… La seule méthode de chasse pratiquée est l’affût.Il est impossible de faire une approche avec de bonnes chances de succès. Et la battue n’est pas en usage. Les chasseurs français quinousavaientprécédésnousavaient prévenus :lesanimauxétaientfuyants etd’uneprudenceextrême,nes’aventurant jamais en avant de la lisière desbois.Eux-mêmesn’avaienteuque très peu d’occasions de tir, et jamais sur de beaux trophées.Avec un petit sourire en coin,ils nous souhaiteront plus de chance qu’ils n’en ont eue… Premier jour de chasse : réveil à 4 h 30.Sur les conseils de Bang,je m’abstiens de me raser,et d’abuser du savon… Le mâle civilisé et parfumé produit, d’après lui, un effet particulièrement répulsif sur les cerfs de la région. Je me résigne donc à me laisser pousser la barbe jusqu’à la veille du départ. Ces ablutions expédiées,je retrouve le groupe des chasseurs autour de la table d’hôte devant des mugs de café et des assiettes de muffins,d’œufs brouillés et de bacon frit. Excellent régime pour le cholestérol, mais nos amis américains n’en ont cure, qui rajoutent gâteaux sucrailleux et sodas à répétition.Et comme le proclame fièrement la plaque d’une de leurs voitures “Mangez davantage de bœuf” car “l’Ouest n’a pas été conquis avec de la salade”.Après avoir hérité d’une 30/06 équipée d’une lunette européenne, prêtée par Tom, je rejoins les voitures pour gagner la zone de chasse.Une trentaine de kilomètres plus loin,mon chauffeur me largue au pied d’un mirador, dans une forêt de pins, avec la consigne de n’en pas bouger avant qu’il ne repasse me prendre vers 11 heures du matin. J’al-

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lume ma lampe torche, coupequelquesbranches de pin dont je frotte mes DE CHASSE. IL EN EST DE vêtements et escalade TOUTES SORTES, DEPUIS l’échelle, avec armes et LA SIMPLE ÉCHELLE bagages, exercice moins MÉTALLIQUE JUSQU’AU facile qu’il n’y paraît MIRADOR “FAMILIAL”. quand il faut ouvrir la À GAUCHE, D’UN PAS porte ou soulever la DÉCIDÉ, GERÓNIMO bâche qui obture l’enPREDATOR SE DIRIGE trée.DesmiradorsdePaVERS SON AFFÛT. radise Valley, en un peu plusd’unesemaine,j’enconnaîtraidetoutessortes : simples échelles métalliques avec une plateforme exiguë amarrées à un arbre, miradors tout en bois semblablesàceuxd’Allemagneetd’Europedel’Est, miradors familiaux pour chasseur chassant en famille, miradors hauts de 5 à 8mètres, ou simples affûts posés à même le sol. Monpremierestdutypegermanique,quim’est familier et me rappelle des souvenirs de jeunesse à guetterlescerfsaubrâmedanslesforêtsallemandes. Je m’installe, dépose mon sac à dos, retire les jumelles,cale la carabine,dissimule en partie les deux fenêtres de tir avec les branchages, et commence d’attendre.Le jour ne se lève pas avant 7 heures du matin.J’entendsdescoyoteshurlerlamentablement, auxquels répondent des abois courroucés de quelques chiens. Puis, c’est le vol silencieux d’une dameblanchequifrôlemaplateforme.Pourunmois de novembre,il fait étonnamment doux,autour de 7 °C,nul besoin donc de remuer les pieds pour les réchaufferetlesgantsnesontmêmepasnécessaires. Indéniable avantage pour les longues heures d’affût nocturne à venir les jours suivants. >> L’UN DES 150 MIRADORS DISSÉMINÉS SUR LA ZONE


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pour commencer à chasser. Seule Lentement,l’obscuritéseretiredevantunpetitjourbrumeux, VUE D’UN MIRADOR. contrainte :acheter à 16 ans un perque viennent dissiper les premiers rayons du soleil levant. De- LES ANIMAUX ONT mis de chasse.Les enfants peuvent vant moi, s’offrent deux couloirs de tir. Avec le télémètre, je COUTUME DE VENIR commencerà10ans,voireavant,avec prends les mesures des distances possibles et les mémorise grâce Y VIANDER À L’AUBE àquelquesrepèresvisuels.Uneballeestengagéedanslachambre, ET EN FIN D’APRÈS-MIDI. leur père. Et, de fait, ça tire de partrois en réserve dans le magasin.Tom m’a prévenu de l’extrême À GAUCHE, DEUX CERFS tout… Les jours suivants,alors que je trompe l’ennui d’une attente sans sensibilité de la gâchette. Un simple effleurement et le coup DE VIRGINIE. part. Je serai prudent. Au gibier d’entrer en scène. Las, comme LA PRESSION DE CHASSE cessedéçue,j’entendraidescoupsde feu en rafale. Nullement des chassœur Anne du haut de sa tour,je ne vois rien venir… Les heures À LAQUELLE ILS SONT seurs, mais des tireurs s’exerçant passent, le soleil monte dans le ciel bleu, et pas un animal ne SOUMIS LES RENDENT dans leur jardin… Ici, le droit, insfranchit les deux couloirs de tir. Respectueux des consignes, je EXTRÊMEMENT crit dans la Constitution, à possém’évertue à ne pas faire un mouvement intempestif, à retenir MÉFIANTS. der une arme est sacré ! une envie soudaine d’éternuer, voire un autre besoin naturel. Surlesdeuxheuresdel’après-midi,départpour Bien évidemment, je ne songe même pas à allumer une cigarette, et j’ai pris la précaution de ne pas emporter un livre ! De temps à autre,je ferme un nouveau mirador. Cette fois-ci, je suis dissiles yeux,fatigués de scruter en vain le paysage,pour les rouvrir en espérant mulédansunbouquetd’arbresaucentred’uneclairière,avec trois fenêtres de tir possibles.Plein d’esqu’une silhouette s’inscrive enfin sur ma rétine. Rien de rien. Sur le coup des 11 heures, un ronronnement de moteur m’avertit de poir, je me concentre et attends. Une heure passe, la relève.Tom descend m’interroge du regard. Je lui réponds par un geste puis deux,puis trois,et pas un animal en vue… La éloquent. Mes compagnons de chasse n’ont pas plus été favorisés que lumière décroît puis la nuit tombe. Je désarme la moi. Cela atténue un peu la déception… Retour au lodge. Brunch rapide carabine, ramasse mon paquetage et descends me puis je vais m’installer sur la véranda avec un grand verre de thé glacé, la dérouiller les jambes, guettant la lueur des phares boisson locale, avec le mint-julep ; il ne manque qu’un rocking-chair pour de la voiture qui doit me ramener au camp. La s’imaginer dans la peau d’un personnage de Faulkner.Alors que je ferme voici : à la tête de Tom, je devine que mes compales yeux sous l’éclat du soleil,une détonation brutale me fait sursauter.Sur gnonsdechassen’ontpasétéplusheureuxquemoi. le pas de tir, trois gamins tirent sur des cibles, sans surveillance. Impen- Effectivement,non seulement ils n’ont pas eu l’ocsable en France, mais la législation américaine est souple : pas d’âge légal casion de tirer mais ils n’ont rien vu. >>

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ANORMALE POUR LE MOIS DE NOVEMBRE EXPLIQUE QUE NOUS N’AYONS PAS VU DE

GIBIER, CELUI-CI NE SORTANT QU’À LA NUIT.

Sur le chemin du retour,mon voisin,un habitué,qui vient tous les ans, tient à m’expliquer les beautés de la chasse au dindon,un“must”.Contrairement à ce que je pensais,il ne s’agit pas d’un tir de DCA sur un bombardier,mais d’un jeu subtil,où,en compagnie d’un guide qui imite l’appel de la femelle, la difficulté consiste à attirer un mâle,sur ses gardes,à s’approcher de vous. Une série de manœuvres qui peut durer une heure et plus. « Very exciting ! » m’assure-t-il. Le seul inconvénient : la présence des serpentsàsonnette,quipullulent.Raison pour laquelle lui et ses fils portent de grosses bottes rembourrées, les snail boots, même en cette saison où les reptiles sont moins actifs. Gerónimo, mon compagnon sud-américain, qui déteste les serpents, en frissonne d’inquiétude rétrospective. Lui non plus, n’a rien aperçu. Apparemment il se passe quelque chose d’anormal. Le lendemain, changement de biotope : forêt de feuillus, chênes et bouleaux, comme en Île-de-France, mon mirador borde une petite mare et un ruisseau, qui abrite, je ne l’apprendrai qu’au moment du retour de sympathiques alligators, dont la population, ces derniers temps, s’est tellement accrue qu’on en retrouve barbotant dans les piscines… Une fois de plus,je ne verrai rien,à l’exception de trois rapaces qui viennent se percher sur un arbre voisin et semblent me narguer.Le même scénario se renouvellera les jours suivants,au désespoir de nos hôtes qui voudraient tellementnousvoirreveniravecuntrophéehonorable.Àcettefin,ilsn’épargnent aucun effort : changement de zones, changement d’horaires – nous nous passerons de déjeuner pour aller entre midi et deux heures tenter un affût qui se révélera tout aussi vain–, utilisation d’appeaux, pour imiter la chevrette en chaleur, emploi de sachets d’urine de biche en rut, accrochés au mirador et qui parfument agréablement nos vêtements…

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Jours de C HASSE ◆ P R I N T E M P S

2011

Las,comme je le dirai à Bang,les cerfs de Caroline-du-Sud doivent être insensibles au charme féminin ! Et rire sous cape en nous regardant, à la lisière des bois,nous morfondre sur nos miradors. Allons, n’exagérons pas, tout de même, j’aurai vu, en tout et pour tout,deux écureuils jouant à cachecache,au pied de mon affût,une douzaine de dindons se pavanant comme les grosses dames de Faizant sur un chemin, une biche imprudente que je ne voulus pas tirer et, un matin, alors que j’étrennais mon appeau,un de ces fameux cerfs de Virginie, sorti en trombe des profondeurs de la forêt, avec l’air de dire « Mais où sont les filles ? ». Letempsdeconstaterqu’ilsetrouvaità300mètres de distance, il avait réintégré l’abri protecteur des bois, me laissant méditer l’aphorisme du philosopheOrtegayGasset :«Onnechassepaspourtuer, on tue,quelquefois,pour avoir chassé », et vérifier les vertus métaphysiques de l’attente… ◆ Nos remerciements s’adressent à Bang et Tom Collins pour leur hospitalité et à Joël Simonneau et à LCP (Tél. :06.10.45.28.31) sans qui ce reportage n’aurait pu se faire.


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To u r i s m e

Charleston L’élégance du Vieux Sud par Bruno de Cessole

Riche de trois siècles d’histoire, fière de ses maisons coloniales et de ses plantations environnées de jardins luxuriants, la ville au charme colonial préservé est le joyau de la Caroline du Sud.

◆ À

EN HAUT À GAUCHE : ALLÉE DE CHÊNES CENTENAIRES ORNÉS DE MOUSSE ESPAGNOLE. EN DESSOUS, MAISON DE BOIS DU VIEUX SUD AVEC LE DRAPEAU AMÉRICAIN À L’ENTRÉE. BEAUCOUP ARBORENT LE DRAPEAU CONFÉDÉRÉ… SCÈNE DE RUE. ESCALIER SUSPENDU À LIMON DE NATHANIEL RUSSELL HOUSE. VUE DU BOULEVARD LONGEANT LA BAIE DE CHARLESTON ET, CICONTRE, LA PLANTATION DE DRAYTON HALL, LE PLUS ANCIEN BÂTIMENT DE STYLE PALLADIEN DES ÉTATS-UNIS

CLAY TEAGUE

BRUNO DE CESSOLE

DR

flâner,à pied ou en voiture à cheval,dans les rues de Charleston on ne pourrait croire que l’ÉtatdeCarolineduSudestl’undespluspauvres des États-Unis. Non pas que la ville respire le luxe ostentatoire et le “bling-bling”, mais elle évoque des traditions de bon goût et d’élégance, une absence de démesure,que l’on rencontre rarement enAmérique du Nord.Sauf dans leVieux Sud, au passé colonial survivant, dont témoignent les demeures néoclassiques,aux péristyles ornés de colonnes corinthiennes,aux étages ceinturésdevérandasouvrantsurl’Océan,et,auxalentours,les plantations d’avant la Guerre de Sécession, précédées de majestueuses allées bordées de chênes centenaires avec leurs pendeloques de mousseespagnole.Lecontrasteestfrappantquand on vient de l’arrière-pays qui, lui, rappelle les descriptions d’Erskine Caldwell dans le Petit Arpent du bon Dieu : champs de coton,encerclés de bois, bourgades endormies, vieilles maisons de bois qui gardent belle allure malgré leur vétusté et, partout, l’affirmation d’une différence

teintée de provocation,que symbolise le drapeau confédéré arboré avec insolence sur les plaques desvoitures,voireaumâtpatriotiquequi,souvent, précède les maisons des champs ou des villes. Ce n’est pas en vain que le huitième État fondateur des États-Unis fut le premier à voter à l’unanimité la sécession le 20 décembre 1860, tout comme il fut le premier à déclencher,à Fort Moultrie,la guerre d’indépendance contre l’Angleterre.Cette tradition rebelle subsiste toujours, et la Caroline du Sud passe aujourd’hui pour le foyerderésistanceàl’administrationObamadont l’indice de popularité est ici, à rebours du reste des États-Unis, particulièrement faible. La ville fut bâtie au XVIIe siècle, sur une péninsule entre les rivières Ashley, Cooper et Wando, par des colons britanniques débarqués en 1670,auxquels se joignirent dix ans plus tard des huguenots français. En l’honneur du roi d’Angleterre, elle fut nommée Charles Town et gagnalesurnomdeHolyCityenraisondugrand nombre de clochers d’églises qui hérissaient


PHOTOS : MAC DONALD/ALAMY - BRUNO DE CESSOLE

Charleston L’élégance du Vieux Sud

FIÈRE DE SON PASSÉ

son ciel. À l’endroit où s’installèrent les premiers colons, Charles Town Landing, un parc reconstitue ce que fut la colonie britannique de 1670. Comme beaucoup de cités portuaires Charleston est un patchwork d’influencesdiversesqui,aucoursdessiècles, se sont mélangées pour donner à la ville son caractère distinctif.Anglaises, caribéennes, françaises, allemandes et africaines,ces influences ont imprégné l’architecture, le style de vie, et jusqu’à la cuisine.Sansoublierlamusique,puisque c’est ici même, dans les années 1920, lors de la vogue du jazz,que fut inventé le charleston,que Joséphine Baker et sa Revue nègre firent découvrir en Europe vers 1925. Du passé de leur ville, les habitants de Charleston sont, à juste titre, fiers et entretiennent une tradition d’ouverture aux touristes qui se pressent,en nombre, dans la ville et ses alentours, tant pour

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l’intérêt des monuments et de l’urbanisme que pour les événements qui animent la saison comme le Festival de Spoleto, l’Annual Taste of Charleston, festival gastronomique, l’Annual Fall Tour of Homes and gardens, qui ouvre au public les demeures et jardins privés les plus remarquables,le ColonialTrades andHarvestDay,quifaitrevivrel’époque de la colonisation, le Christmas 1860 a CandlelightTour,quireconstitue,àNoël, l’atmosphère et les traditions d’une maison patricienne, Edmondston-Alston house, les festivals de musique et de théâtre, sans oublier les compétitions de golf et les plaisirs de la plage, le long d’une côte parsemée de stations balnéaires,chic,commeHiltonHead,oupopulaires, telle Myrtle Beach.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

À l’encontre de la plupart des villesaméricaines,ilestpossible et même recommandé de circuler à pied pour découvrir les monuments et les demeures les plus intéressants.On peut aussi le faire dans une voiture à cheval ou bénéficier de l’assistance d’un guide qui vous expliquera en détail l’histoire du siège de la ville lors de la Guerre de Sécession. Parmi les monuments publics,on ne manquera pas le County Courthouse, tribunal bâti en 1753, avec son fronton triangulaire et ses colonnes de temple grec, le grandioseCustomHouse,toujoursdans la tradition du“greek revival”,l’hôtel de Ville, dans le style Adam, l’Old Exchange, élevé entre 1767 et 1771, sur les marches duquel la Caroline du Sud proclamasonindépendanceparrapport à la Couronne britannique en 1776, les églises Saint-Michael, Saint-Philip, et la French Huguenot, avec son cimetière attenant où sont enterrés les colons d’origine française. Dans la baie de Charleston,les forts Moultrie et Sumter,points de départ de laguerred’indépendanceetdelaGuerre de Sécession, méritent la visite, tout comme Patriot Point,où l’ancien porteavions USSYorktown évoque les souve-



PHOTOS : AKG/BILDARCHIV MONHEIM/- EYEFETCH.COM - BRUNO DE CESOLE

Charleston L’élégance du Vieux Sud

PARTICULARISME SUDISTE

nirs de la Seconde Guerre Mondiale, et des guerres de Corée et du Viêtnam. En parcourant les rues de la ville, comme Murray Boulevard, East Bay Street, Wentworth Street, King Street ou Queen Street,on admirera le bel alignement des maisons de style géorgien, Renaissance,ou néoclassique,l’éventail desfaçadesdetouteslescouleursdel’arcen-ciel, pourpre, saumon, rose, jaune paille,vertolive,etladélicatessedesgrilles de fer forgé qui précédent les porches d’entrée.Parmi ces demeures,dont bon nombresontouvertesàlavisite,onmentionneraAiken-RhettHouse,inchangée

depuis les années 1850, Calhoun Mansion, la plus vaste demeure privée de Charleston, de Saussure House, datant des années 1700, qui offre de ses deux étages de vérandas la plus belle vue sur la baie et le port de Charleston, Joseph Manigault House, où se déploie une exceptionnellecollectiondemeublesdu XIXe siècle, Battery Home, surmontée d’un belvédère qui servait de point de repère aux navires, Nathaniel Russell

Carnet de voyage

Comment y aller ? Par Air-France : plusieurs vols par jour avec correspondance à partir de New York,Washington,Philadelphie ou Atlanta.Compter un jour de voyage, compte tenu de l’attente entre les transferts.Autres compagnies : US Airways et American Airlines, avec transferts à partir de Miami,Atlanta,Dallas. Se loger et visiter la région De l’hôtel de luxe aux bed and breakfeast, on trouve tous les types d’hébergement à Charleston. Des circuits organisés permettent de visiter la ville mais aussi la région,avec,notamment,la visite des plantations. Quel climat ? Subtropical. La meilleure saison est le printemps ou l’automne.

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House,de styleAdam,élevée entre 1803 et 1808,et remarquable par son élégant escalier à limon suspendu,qui présente le décor intact d’une demeure néoclassique avec son mobilier et ses tableaux d’origine britannique ou française… Aux environs, le Bas-Pays (LowCountry) offre des paysages de marécages et de mangrove, de marais salants,et de forêts subtropicales,tels que les connut le grand peintre et naturaliste John Audubon.Complétant le circuit urbain de Charleston, celui des plantations, moins célèbresquecellesdeLouisiane et du Mississippi, mais qui les valent bien pourtant, offre un saisissant voyage dans le temps, avant la Guerre de Sécession. Ainsi Drayton Hall, chefd’œuvre de style palladien, construitvers1738,etseule plantation des rives de l’Ashley River à avoir survécu aux ravages de la Guerre civile ; Magnolia Plantation, édifiée en 1676,deux fois détruite par les troupes fédérales, reconstruite en 1873, et toujours en possession de la famille qui la fit construire, avec ses jardins romantiques du début du XIXe siècle, et ses centaines de buissons de camélias et d’azalées ;MiddletonPlace,domainedu XVIIIe siècle,qui s’enorgueillit du plus ancien parc à l’anglaise des États-Unis ; Boone Hall Plantation, lieu de tournage de films, avec sa spectaculaire allée de chênes centenaires, et ses logements de brique destinés aux esclaves, où l’on découvrira l’histoire des Noirs en Amérique et la culture Gullah que développèrent les esclaves fugitifs. Sid’autresvillesdeCarolineduSud, Columbia,Summerville,méritentundétour, nul doute que Charleston, à elle seule, justifie un séjour. ◆


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reportage et photos Guillaume Beau de Loménie

C’EST DANS LES MONTS TAURUS QUE NOUS SOMMES ALLÉS APPROCHER LE BÉZOARD L’UNE DES CHÈVRES SAUVAGES LES PLUS ÉTONNANTES.

DANS

ORCHAPE

UN PAYSAGE SOMPTUEUX.

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◆ L

a route qui va d’Adana,chef-lieu de la province éponyme où nous venons de nous poser en provenance d’Istanbul,à Silifke,dans la province voisine de Mersin,s’enfonced’aborddanslesterres. Mais,à mi-parcours,lentement elle s’incurve. Bientôt, d’un seul coup, sur la gaucheduchemin,lescollinesjaunescouvertes d’orangers d’un vert sombre font place à la mer. Le regard se perd alors aux confins d’un horizon incertain qui vibre sous les assauts des vagues de chaleur que déverse un soleil implacable sur la Méditerranée. Longtemps,la route suit la côte dessinant mille méandres. Et, comme à regret, elle bifurque à nouveau. De part et d’autre de la voie, les vergers et les vil-

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lages qui se succèdent accaparent maintenantl’œilduvisiteur.Lacampagnecède la place aux faubourgs de Silifke.La ville millénaire, créée au IIIe siècle avant Jésus-Christ, oscille entre tradition et modernité. Les échoppes de boulangers, de marchands de fruits côtoient de célèbres enseignesoccidentales.Au-delàdelaville, frangés de la lumière jaune d’un soleil déclinant,nous devinons dans le lointain lespremierscontrefortsdemontagnesqui abritentl’undesfleuronsdubestiaireturc, etlebutvéritabledenotrevoyage,lachèvre ægagre, encore appelée “chèvre à bézoard”,dunomdecetteconcrétion,peutêtre d’origine végétale, ou encore composée d’une accumulation de poils, et que l’on trouve parfois dans l’estomac


UN TROUPEAU DE CHÈVRES À BÉZOARD.

ON L’IGNORE SOUVENT, MAIS CES ANIMAUX SONT À L’ORIGINE DE NOS CHÈVRES DOMESTIQUES.

CI-DESSOUS,

UN DE NOS GUIDES TURCS EN TRAIN DE JUMELER.

de ces animaux.Le profane l’ignore souvent, mais notre bézoard n’a rien du fameux ibex : c’est une chèvre… et non un bouquetin (Capra ibex)… L’airederépartitiondecettecurieuse chèvre prend naissance dans le massif montagneux des Taurus situés au sud de laTurquie le long du littoral de la Méditerranée.Lachèvrequel’onyrencontre, et objet de notre convoitise aujourd’hui, est dite “chèvre ægagre des Taurus”, du nom de ce massif que,pour l’heure,nous n’avons fait que deviner. L’aire se poursuit d’ouest en est, en Iran, depuis la frontière turco-irannienne en Azerbaïdjan,puis le long de la mer Caspienne ensuite (massifs des Zagros et de l’Elburz) et enfin jusqu’à la frontière avec le Turk-

ménistan (massif du Kopet-Dag).Ainsi y rencontre-t-on successivement, les chèvres ægagres dites“des Zagros”,puis cellesduKopet-Dag,l’uneetl’autreétant égalementappeléelocalementpasang.Enfin,elle s’étire depuis les Zagros du sudest (région de Shiraz) jusqu’au Balouchistan, des deux côtés de la frontière irano-pakistanaise,et jusqu’à la province du Sindh, et du désert du Thar, pour ce qui concerne ce dernier pays. Cette fois encore, c’est en compagnie de Kaan Karakaya, qui nous avait ravis il y a quelques mois avec une fort bellechasseaumarald’Anatolie(Joursde Chassen°39),quenoussommesvenusforcerl’élégantcapriné.Pourl’instant,l’heure de l’apéritif a sonné.Nous sommes ini-

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La chèvre des Taurus Istanbul

TURQUIE

Trabzon

Ankara Izmir Zone de chasse

Tigre

rate

h Eup

Adana

ksu

Silifke 0

300 km

SYRIE

IRAK

CHYPRE

tiés par Kaan et ses guides aux plaisirs du raki, forte et limpide eau-de-vie anisée que les Turcs baptisent parfois sur le ton de la plaisanterie aslan sütü ce qui signifie “lait de lion”… L’accompagnent maints amuse-gueule où se mêlent pistaches, olives vertes et noires grosses comme des œufs de caille,houmous que parfume un mince filet d’huile d’olive et salade de tomates finement hachées, rehaussées de fines herbes odorantes. Le jour décline et, petit à petit, Silifke s’illumine. Sur l’éperon rocheux qui domine la cité, les murailles de la forteresse byzantine qui veille sur la ville depuis des temps immémoriaux s’éclairent. Construite au XIIe siècle, elle fut un temps occupée par les chevaliers de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem.À l’époque des croisades,en effet, la Cilicie devint le point de passage obligé pour nombre des armées de croisées qui se rendaient à Jérusalem. C’est au cours de la troisième croisade emmenée par PhilippeAuguste,Richard Cœur

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de Lion d’Angleterre et Frederick Barbarossa,empereurd’Allemagne,quesurvintàquelqueskilomètresdel’endroitoù nous nous trouvons ce soir la mort de celui-ci dans des conditions qui restent encore mal expliquées. Au cours de l’avancée vers la ville de Jérusalem, Frederick Barbarossa, âgé de 68ans,âgecanoniquepourl’époque,remportedeuxbataillescontrelesmusulmans, enparticulieràIconium,aujourd’huiKonya, à deux cents kilomètres au nord de Silifke. Le 11 juin 1190, il parvient sur lesbergesdelarivièreGöksu,connuealors sous le nom de Saleph, et qui se jette dans la Méditerranée toute proche après avoir traversé Silifke.Il semble qu’après la bataille, Frederick ait voulu se rafraîchir.C’esticiquelesrécitsdivergent.Pour certains, le vieux roi est entré dans l’eau pourunbainquivaluiêtrefatal :soncœur n’y résiste pas. D’autres rapportent que l’empereur engagea son cheval dans les eaux bleues (Göksu signifie“eau bleue”) de la rivière. Mais le vieux soldat impa-


tient est encore tout équipé avec son attirail… Affolé par le courant violent qui ledéséquilibre,sonchevalperdpied.L’impérialcavalier,emportéparlepoidsdeson armure, se noie avant que l’on ait pu lui porter secours. Son fils, Frederick de Souabe forme le projet fou,au regard de la distance qui les en sépare encore,d’enterrer malgré tout son père à Jérusalem. Mais le corps, trempé dans le vinaigre, ne se conserve pas… Aussi le cadavre de Barberousseest-ildémembré,dépecé.Ses chairs sont ensevelies dans la cathédrale d’Antioche, ses os dans la celle de Tyros et ses entrailles à Tarsos. Aujourd’hui, à une quinzaine de kilomètres de Silifke, on peut voir sur la route qui longe la rivièreGöksuunestèlequirappellelamort de l’empereur à l’endroit supposé du drame… Le lendemain nous voit de bonne heure sur la route qui conduit aux premierscontrefortsdesTaurus.Notrechasseurdenationalitéaméricaineestunvieux monsieur disert et que tout semble ra-

de colline et entamons sur des pistes de terrel’ascensiondesmontagnesquenous découvrons enfin,dans la lumière du soleil levant. Ici encore le décor est somptueux. Notre chemin serpente maintenant au milieu de forêts de pins noirs. Entre les troués, nous apercevons par endroitslavalléequenousvenonsdequitter et la rivière fatale au grand et imprudent Frederick Barbarossa. Nous faisons halte à proximité d’un joli verger où poussent des oliviers dont certains offrent, à notre contemplation admirative et respectueuse, des troncs maintes fois centenaires et torturés par le temps. Les arbres sont plantés en terrassesurdelargesgradinsdeterrerenforcés de pierres brutes. Ils s’échelonnent jusqu’au fond d’une ravine rocailleuse dont l’autre versant grimpe en pente abrupte sur plusieurs centaines de mètres. La pente paraît s’arrêter, comme coupée net, au pied d’une formidable muraille de roche quasi verticale qui s’élève elle aussi à plus de deux cents mètres de haut. Notre petit groupe se répartit en silence en se dissimulant au pied de quelques oliviers.Il flotte dans ce vallon verdoyant une brume que le soleil n’a pas encore réussi à dissiper et dont la caresse humide nous fait frissonner.Commence pourtant le lent et minutieux jumelage de la zone,sans lequel il ne saurait y avoir de chasse au bézoard, comme à tout gibier de montagne, digne de ce nom et raisonnablement menée. Nos guides turcs ne tardent pas à s’animer.Ilssepressentàtourderôlederrièrelesdeuxtélescopesqu’ilsontdéployé en arrivant et, entre deux observations, s’efforcentdenousdésignerl’objetdeleur effervescence. Des bézoards sont, en effet, au pied de la muraille de pierre qui nous fait face. >>

vir.Il est vrai que notre itinéraire est magnifique. Notre route surplombe bientôt la rivière Göksu qui déroule ses méandres entre des falaises jaunes à pic. Puis nous rejoignons le cours de la rivière bleue. Elle traverse maintenant de petits villages ceints de plantations d’orangers, de mandariniers et de citronniers dont les branches ploient sous lepoidsdefruitsénormes.Lesarbressont plantés si serrés que leur feuillage entremêlé forme de véritables voûtes sous lesquelles la lumière ne passe qu’à grandpeine.Des paysans poussent devant eux depetitsâneschargésd’énormespaniers, ici et là, au bord des routes, commencent d’apparaître les premiers étales de marchands de fruits. Aux oranges, se mêlent des bottes d’oignons habillement tressées,dessacsdepistachessavoureuses et de savants empilements de bouteilles remplies d’un miel sombre et épais dont nous aurons l’occasion de nous régaler. Nous laissons derrière nous les ag glomérations qui s’échelonnent à flancs

ENTRE DEUX AVERSES, UNE HALTE AVEC FORCE BROCHETTES, DANS UN DES VILLAGES.

LES ACCOMPAGNENT OLIVES VERTES ET NOIRES GROSSES COMME DES ŒUFS DE CAILLE, TYPIQUES DE

TURQUIE.


La chèvre des Taurus Mâles et femelles paissent une herbe qui semble pourtant bien chiche. Aussi n’est-il pas rare de voir un animal se dresser sur ses antérieurs et tendre le cou vers les branches les plus basses de quelque arbuste au feuillage gris vert. Ce sont de superbes animaux dont le poilgrisclairprésentedesrefletsjaunâtres. Cette subtile combinaison leur assure un camouflage presque parfait.En dépit de la distance, nous distinguons parfaitement le plastron d’un gris plus foncé, presque noir, qui caractérise l’espèce. Il couvre le poitrail et le haut des antérieursetseprolongesurledosetlanuque, jusqu’àlabasedescornesparuneraiefoncée qui prend la forme d’une croix au niveau des omoplates. Deux ou trois mâles au trophée fort honorable semblent devoir se partager en cette période du rut les faveurs d’un groupe de sept ou huit femelles. Mais ils ne semblent pas avoir pour l’heure d’autre appétit à satisfaire que celui de leurestomac,rendanttouteapprochesur ce terrain, au demeurant difficile, plus qu’aléatoire. Cette période du rut est pourtanteneffetunprécieux“auxiliaire” du chasseur.Tout à leur cour, les mâles au comble de l’excitation n’ont de cesse de poursuivre la femelle sur laquelle ils

UNE CHÈVRE À BÉZOARD PRISE À PLUS DE UN KILOMÈTRE DE DISTANCE. CI-DESSOUS, LES MONTAGNES OÙ SE SONT DÉROULÉES LES APPROCHES AVEC, EN ARRIÈREPLAN, LA RIVIÈRE OÙ EST MORT BARBAROSSA.

ont jeté leur dévolu… Ainsi nombre de mâles d’ægagres, à défaut de périr par là où ils ont pêché, sont-ils cueillis par la balle du chasseur en pleine entreprise de séduction. Parfois encore, les mâles,pris par quelque joute d’une rare violence qui les voit se jeter tête baissée, au sens le plus strict du terme, et heurter de toutes leurs forces les cornes ou le crâne de leur adversaire,ignorants totalement alors de ce qui les entoure, sourds et aveugles à tous dangers, laissent au chasseur tout loisir de les approcher à portée de tir dans des conditions impossibles en temps normal…

etdemettreunterme,certesbrutal,mais radical à la querelle. Les heures passent lentement que distrait seul un premier pique-nique. Amir, l’un de nos guides, jovial et bon enfant, nous mitonne sur un maigre feu de bois dissimulé par des rochers de savoureuses saucisses grillées. Là-haut, en dépit de nos précautions,les ægagres ont depuislongtempsdevinénotreprésence. Preuve s’il en était besoin de l’extraordinaire acuité visuelle de ces animaux. Toutetentatived’approcheestmaintenant vouée à l’échec.Nous retournons au véhicule et sommes à nouveau bien-


tôt sur la route de terre, et poursuivons notre découverte de cette magnifique région. Nous parvenons au sommet des montagnes. Sur un vaste plateau,ici et là,une bergerie de pierre s’élève. Elles sont ceintes de champs et de prairies recouvertes d’une herbe encore verte. De place en place, des milliers de pierres blanches affleurent à la surface d’une glaise ocre, grasse et collante, et qui alourdit chaque pas.Nous marchons jusqu’à un à-pic :devant nous,les montagnes s’étirent maintenant à perte de vue, doucement baignées de la lumière rousse d’un soleil déclinant.Attentifs à ne faire rouler aucune roche sous nos pas, nous nous calons dans quelque anfractuosité. Nous reprenons le minutieux jumelage… Nous ne tardons pas à nouveau à découvrir de petits groupes de chèvres à bézoard. Ce ne sont ici que des femelles qu’accompagnent des petits de l’année. De très jeunes mâles à peine coiffés paraissent les encadrer sans grande conviction.Les animaux sont nombreux pourtant, et il semble surprenant que quelques mâles adultes ne se mêlent pas aux groupes. Dans cet

SCÈNE DE JUMELAGE SOUS LES OLIVIERS. BIENTÔT DANS NOS TÉLESCOPES, NOUS APERCEVRONS DES ANIMAUX AU PIED DE LA MURAILLE DE PIERRE QUI NOUS FAIT FACE.

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La chèvre des Taurus espoir, nous restons là jusqu’à ce que la nuit rende toute observation impossible, ettouttirimprobable,voiredéraisonnable. Aveclapénombre,lefroids’installebrusquement. Il nous rappelle que, même si les rivages de la Méditerranée ne sont pas loin, nous n’en sommes pas moins au mois de novembre… La journée du lendemain nous ramène d’ailleurs à une réalité que nous aurions volontiers continué d’ignorer. Dans la nuit encore noire,alors que nous nous réunissons pour le petit déjeuner, la pluie crépite en rafales sur les vitres de la salle à manger. Nous n’en prenons pas moins le chemin de la montagne. Mais il était dit que cette journée serait décevante. Et elle le sera en effet. Dans les montagnes, les nuages bas interdisentlamoindreobservation.Laroche souvent friable, et glissante, rend tout déplacement périlleux. Les premières heures passent assez monotonement. Nous sommes confinés dans notre véhiculedontlesvitresdégoulinantesdepluie et recouvertes de la buée de nos respirations ne contribuent pas à faciliter notre observation. Nous profitons des rares

accalmies pour nous en extraire, non sans soulagement. Nous nous lançons alors sur des chemins détrempés et glissants au bout desquels, après quelques centaines de mètres,une trouée nous dévoile de mornes amoncellements d’une ouate grise et gorgée d’eau… Nous décidons de mettre un terme à l’expérience et de prendre le chemin du retour et de l’hôtel. Demain sera un autre jour… Et demain est en effet un tout autre jour ! Le soleil est de nouveau de la par-

AUTRE JUMELAGE. CI-DESSUS, SUR UN CHEMIN PLUS QU’ESCARPÉ. GRÂCE À LEUR

ACUITÉ VISUELLE, LES BÉZOARDS DÉCÈLENT UNE PRÉSENCE HUMAINE À DES KILOMÈTRES.

tie et paraît décidé à ne pas ménager ses efforts pour se faire pardonner son infidélité de la veille… Au bout de la route deterrequenousconnaissonsbienmaintenant, nous laissons les voitures et empruntonsunétroitsentierquiseperddans lavégétation.Auboutd’unquartd’heure demarche,lesentierdisparaîttotalement. Nousdécouvronssoudainsousnospieds d’énormes blocs de pierre taillés renversés en tous sens, ou parfois encore dans un semblant d’alignement. Parfois sur-


git une frise,ou une rosace à demi effacée par le temps. Tout à coup,un large trou béant s’ouvre dans la roche et dévoile sous nos pas une vaste cavité aux parois sommairement taillées à coups de burin ou de pic. Nous nous perdons en conjectures sur la nature de cet orifice, réservoir d’eau ou geôle sommaire ? Non sans émotion, nous réalisons que nous venons de pénétrer dans les ruines d’une forteresse oubliée. Encore quelques mètres et nous parvenons à une sorte de promontoire rocheux que ferme un muret à hauteur d’homme, taillé à même la roche. Nous comprenons alors le choix de cet emplacement par les hommes qui ont un jour occupé ce site.Nous sommes au sommet de la muraille jaune que nous avons eu il y a deux jours tout loisir d’examiner. Depuis cet observatoire que d’en bas rien ne laisse soupçonner, se dévoile à perte de vue un paysage magnifique dont aucune vallée, aucun coteau, aucune route ne paraissent pouvoir échapper à la vigilance d’un guetteur… Avec d’infinies précautions,et avec cette sensation àlafoisenivranteetterrifiantequeprocurel’abîme,nous nous penchons sur le mur de roche.Fascinés,nous découvrons l’à-pic du sommet sur lequel nous nous trouvons.D’un mot bref,Kaan Karakaya nous incite à laprudence.Dudoigt,ilpointelesolàdeuxcentsmètres en dessous de nous, et dessinant dans l’air d’avant en arrière,deux arcs de cercle au-dessus de sa tête,il nous rappellelebutpremierdenotreprésenceenceslieux…

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

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La chèvre des Taurus Alorsnousnouscoulonsàplatventrejusqu’à quelques éboulis dans le muret de pierre.Cramponnés à nos jumelles,nous scrutons le sol et la pierraille que nous dominons presque verticalement. Nos chèvres sont au rendez-vous. Le groupe desfemellesparaîts’êtrerenforcédenouvelles arrivantes, et aux trois mâles de l’autre jour s’est joint un quatrième animal que nous sommes unanimes à trouver digne de nos mortifères visées… Maisàcettedistance,etsouscetangle, lesanimauxparaissentvéritablementminuscules et inatteignables. D’ailleurs,

notre chasseur semble d’un coup se résigner et renoncer à tenter un coup de carabine,certes difficile,mais ô combien royal.Kaannel’entendpasdecetteoreille! S’ensuit une discussion animée dont il ressort – nous ne tardons pas à le comprendre – que notre homme n’a toujours pas réussi à identifier l’animal que notre guide désigne à son coup de carabine.De longues minutes passent à nouveau en explications chuchotées mais qui n’en sont pas moins véhémentes. L’exaspération ne tarde pas à poindre de partetd’autre,celui-ciden’êtrepascom-

KAAN KARAKAYA, DE L’AGENCE SHIKAR SAFARIS, QUI A ORGANISÉ LA CHASSE. DEVANT LUI, LE CHASSEUR AMÉRICAIN ET SON JOLI TROPHÉE.

CI-DESSOUS, AUTRE VUE DE LA ZONE DE CHASSE.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011

pris, celui-là de ne pas comprendre… Alors que nous envisageons de plus en plus sérieusement la fin piteuse de notre entreprise, le miracle se produit. Notre nemrod se fige sur sa lunette de tir.Puis illèveunpoucevictorieuxquenousn’attendions plus,et son visage,rendu écarlateparl’effortetlaconcentration,sefend d’un large sourire… S’ensuivent encore de longues recommandations de la part de Kaan sur la façon d’ajuster,à cette distance et sous cetangleimprobable,cecoupdecarabine quinel’estpasmoins…Lacorrectionqui


en résulte défie l’entendement et la logique. Mais les lois de la physique et de la balistique ne souffrent pas ici le doute… La visée doit impérativement se prendre en dessous de la cible,et du point à atteindre.Le vieux chasseur se cale comme il le peut. Sa carabine qui repose sur son sac dépasse dans le vide de près de la moitié. Son canon pointe presque à la verticale vers le sol.En bas,le mâle se présente soudain dans le sens de la longueur… La configuration ne peut pas être meilleure. Le coup de feu, pourtant si attendu, nous arrache un sursaut.Les animaux détalent dans un nuage de poussière et dans le claquement des sabots sur la roche. Le mâle est en tête. En quelques secondes la place est vide.Nous restons cois. Mais le vieux chasseur, tout à l’heure si peu sûr de lui, presque désemparé et prêt d’abandonner, estformel;saballeafaitmouche…Nousn’avonsd’autre choix que de nous en assurer.Pour retrouver l’endroit où se tenait le grand mâle, et pour en identifier, parmi les rochers et les éboulis, la trace qu’aucun sang ne signale,il nous faut deux heures d’une parfois périlleuse descente par un sentier aussi vieux que les ruines que nous laissons. Harassés, ruisselants, griffés et déchirés par les ronciers,nous sommes soudain assaillis dans le creux d’une faille étroite par une puissante odeur de suint reconnaissable entre toutes. Encore quelques pas,et nous découvrons enfin,gisant sous le soleil,terrassé par la balle qui le perce et le traverse de part en part entre les deux omoplates, le corps sans vie du grand ægagre des Taurus. ◆ Nous remercions Kaan Karakaya et l’agence Shikar Safaris sans qui ce reportage n’aurait pu se faire.B.Mehmet Pasa Sok. Aslanli Ap.no 1- 9 Etiler 34337 Besiktas- Istanbul. Rens. :00.90.212.358.60.08 et www.shikarsafaris.com Email :info@shikarsafaris.com

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Reportage

en Corse

Le ciel, la terre,

LE MAQUIS C

HASSER SUR CE

“GALET ROSE POSÉ

MÉDITERRANÉE” DÉGAGE QUELQUE CHOSE DE CAPTIVANT. RÉCIT D’UN PÉRIPLE HAUT EN COULEUR. SUR LA

reportage Guillaume de Falaise


MIKE LANE/ALAMY

◆ C

’est quand même autre chose que la Beauce. Regardez, sentez, respirez, vous n’avez pas ça, vous, sur le continent. La voix est calme, fière et sans appel. Les mots sont soupeséspourfairecomprendreauvisiteur,àl’abominableprofane, l’insigne honneur qu’il a d’être là en ces temps et en ces lieux. Le visiteur en question a très vite saisi qu’une approbation discrète valait mieux qu’une contradiction,mêmeminime.Car,danslesproposdeJean-Louis, notre garde sorti tout droit d’un personnage de Colomba avec ses yeux de jais, son physique d’homme d’honneur et sa crinière à la Kessel, pas une once d’interrogation, le ton péremptoire n’autorise aucune objection. Ce matin-là du mois de novembre,même les espritsmalfaisants,leverbehaut,revenusdetoutàforce d’avoir cru tout voir, ne pouvaient que mettre chapeau bas devant le spectacle qui s’offrait à nous : la Corse,ce « galet rose posé sur la Méditerranée », selon les mots si justes et si sensibles de Saint-Exupéry, dispensait ses plus belles lumières.Entre ciel et terre,un mariage de rêve, celui d’un massif montagneux, fier, secret,avec cette mer si généreuse,entrecoupés dans le lointain de falaises empourprées… Dans ce maquis, sorte de tapis végétal parfaitement diabolique, si inextricable qu’une vache y perdrait son veau, où émergent quelques pins maritimes et autres chênes, refuge légendaire de quelques bandits ou indépen-

DE CE PROMONTOIRE, LA PANORAMA EST ÉPOUSTOUFLANT DE BEAUTÉ.

CI-CONTRE,

PERDRIX ROUGE ET SANGLIERS CORSES.

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Le ciel, la terre, LE MAQUIS NOUS

ÉTIONS IMPATIENTS DE VOIR DE PRÈS LES MYSTÈRES CYNÉGÉTIQUES DE

CETTE ÎLE MÉFIANTE EN DIABLE, QUELQUEFOIS IRASCIBLE MAIS SI GÉNÉREUSE. ◆ dantistes de tout poil et de toutes obédiences, nous sommes sagrandestupeur,s’inquiètedesavoir«silesafarinocturnes’était définitivement seuls, presque perdus dans cette montagne bienpassé»…Exagération ?Sansnuldoute,maissansnuldoute au-dessus de Figari… À nos pieds, un pointer, les yeux im- aussi,cela fait partie des légendes que l’on transmet de généplorants qui ne demande qu’à repartir, ne comprenant déci- ration en génération, en en grossissant les traits un peu plus dément pas cette halte prolongée, et deux perdrix rouges. tous les ans… Aussi,étions-nousimpatientsdevoirdeprèsles“mysUne légère brise caresse une dernière fois leurs plumes centères cynégétiques” de cette île indomptable ; médrées de noir sur leurs flancs, le tableau est unique, seulefiante en diable, quelquefois irascible mais si gémenttroubléparleventetlesouffledenotrechien… néreuse qui n’a jamais plié que cela soit face aux La Corse, murmure-t-on, est une belle et fieffée Italiens ou aux Barbaresques… ensorceleuse. Elle l’est… BASTIA Évidemment pour les pinzutu que nous sommes Que de choses ont été dites sur la chasse –terme un peu ironique qui signifie “pointu” et en Corse. Il est vrai que c’est une institution, Calvi qui viendrait des tricornes que portaient les viscéralement ancrée chez les Corses. Offisoldats de Louis XV qui avaient été envoyés en ciellement, il y a près de 17 000 permis de Corse en 1764–,approcher des cynégètes insuchasser dûment recensés, soit presque un laires, toujours un peu sur leurs gardes, n’est homme sur sept, impensable et inimagipas une tâche aisée.Aussi,quand l’occasion s’est nable sur le continent. Alors forcément, Corte présentée d’arpenter le domaine de Murtoli, une telle passion n’engendre pas la ménotre hésitation n’a duré que quelques brefs lancolie, et favorise toutes sortes de léinstants.Car quoi de mieux que cette propriété gendes avec des personnages mystérieux, pour apprécier tous les contours et toutes ombrageuxetd’unesusceptibilitéextrême, AJACCIO les saveurs de la chasse en Corse ? Sous la de chasses où la légalité a été quelque peu Mer oubliée, avec des dates d’ouverture et de Méditerranée férule de Paul Canarelli, ce domaine situé dans la vallée de l’Ortolo,mérite sans fermetureunpeuélastiques…Lesanecdotes aucune hésitation le qualificatif de paravont bon train comme ce jour où il y a fort dis perdu avec ses 2 000 hectares et ses huit longtempsuncontinental,respectableentout Sartène Porto-Vecchio kilomètres de côtes… En moins de vingt mipoint,jouissant d’une honorable position,avait Zone de chasse nutes, c’est-à-dire le temps d’aller de étéinvitéparundesesamis.Lanuittombée,alors Figari l’aéroport de Figari, à l’entrée de la proqu’il venait à peine d’arriver, il avait été invité à Bonifacio priété, nous avons changé de monde : celui chasser sur-le-champ le sanglier corse. Tétanisé, d’une certaine modernité a cédé le pas à ce terrorisé de voir débarquer la maréchaussée, et avec elle la honte et le déshonneur,le pauvre continental n’en qui ne semble pas avoir bougé depuis la nuit des temps. avait pas mené large. Heureusement, ce soir-là, il n’avait rien « C’est une adresse on ne peut plus discrète.Elle fait briller les yeux vu.Mais l’histoire ne s’était pas arrêtée là.Le lendemain,à un des plus blasés », m’avait dit un ami qui a découvert Murtoli déjeuner, où il y avait un certain nombre de notables il y a plusieurs saisons,et qui y revient en « pèlerinage », selon locaux, le commandant de gendarmerie, à ses propres mots. Très vite,nous comprenons le sens de ces mots sur un de ces sentiers caillouteux tracés à travers 0

30 km

UNE DES BERGERIES DU DOMAINE

MURTOLI. UN PARADIS PERDU DE 2000 HECTARES DE

ET HUIT KILOMÈTRES DE CÔTES.

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AUTRE VUE DE BERGERIE, SOUVENIR D’UNE TRANSHUMANCE QUI N’A PLUS COURS, AUJOURD’HUI SUPERBEMENT AMÉNAGÉE ET, CI-DESSUS, LE RESTAURANT SITUÉ DANS UNE… GROTTE !

le maquis, avec ces fleurs, ces arbres touffus, ces senteurs de myrte, de lavande, d’immortelle et de ciste et, en contrebas, leseauxdelaMéditerranéesinuantentreleschapeletsderoches roses.Ce n’est pas sans raison que la Corse avait été surnommée par les Grecs “Kalliste”,“la plus belle”… Au détour d’un énième virage surgit une bergerie de pierre. Suspendue au-dessus de la mer, elle se dresse, fière et solitaire. Sa sœur jumelle, un peu plus loin, se fond dans le décor qui peut se révéler d’une incroyable dureté,à l’abri des pins et des chênes verts. Elles sont une dizaine, réparties sur cette propriété qui revit depuis quelques années grâce à Paul Canarelli, un enfant du pays. C’était le domaine de son grand-père. « Paysan sans le sou,maquignon à ses heures,il avait acheté quelques terres dans la vallée de l’Ortolo pour y élever ses vaches.Nous étions très proches et je venais ici avec lui dès que je le pouvais,Quand il est“parti”,mon chagrin a été immense et je me suis investi sur ses traces. Petit à petit, j’ai racheté deshectaresdemaquis», se souvient-il d’une voixposée,légèrementtraînante,aveccette caractéristiqued’avalerlesfinsdephrases. Depuis une dizaine d’années, avec l’aide de Valérie son épouse, il a relevé pierre après pierre les anciennesbergeries,ruines sansâgeetsanstoit,

rongées par la végétation, souvenirs d’une transhumance qui,en maints endroits,n’a plus cours.Elles sont aujourd’hui redressées et transformées en maisons d’hôtes, qui cachent des intérieurs magnifiquement aménagés.Escaliers escarpés, poutres,plafondsetplanchersenchâtaignier,solsdeterrecuite, s’associent avec élégance à un mobilier simple.Rien d’ostentatoire dans cette restauration. Ici, le luxe est ailleurs, dans la masse verdoyante des maquis environnants,dans ces rochers, ces criques, ces plages vierges avec, comme vigie, cette tour génoise du XVIe siècle plantée à flanc de montagne pour prévenir les razzias barbaresques. L’oisiveté, nous laissons ça aujourd’hui à d’autres. La “saison” est terminée, le calme a repris ses droits, le touriste est retourné à ses occupations

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Le ciel, la terre, LE MAQUIS EN CORSE, LA FAUNE SAUVAGE EST QUELQUE CHOSE DE VRAIMENT PATRIMONIAL, UNE RESSOURCE DE LA TERRE, TOUT AUTANT QU’UN TERRITOIRE SANS MAÎTRE. ◆ ou à ses désœuvrements. Enfin, serait-on tenté d’ajouter. L’air est connu : le chasseur n’aime pas la gêne, c’est un être un peu sauvage, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ! Pour notre périple, nous sommes à la bergerie A Liccia, en plein maquis, à une quinzaine de minutes de piste en voiture de la mer. De nos chambres et de la salle de bains,nous voyons le maquis descendre jusqu’au rivage,au traversdevallonsdeverdureencaissésdans la montagne.En cette saison,le restaurant de la plage n’est plus ouvert et nous utiliserons celui de la grotte. Une grotte à flanc de colline a été aménagée pour être transformée en restaurant.Ici pasd’électricité…L’éclairageestproduit par le feu dans la cheminée et une quantité impressionnante de bougies. Pour ce dîner, nous dégusterons un risotto aux truffes d’Alba, un clin d’œil à l’Italie voisine… « Il y a trois choses,sur lesquelles un homme sage ne doit jamais compter, la faveur des grands, la fidélité des femmes et les beaux jours de l’hiver, voire de l’automne.Avis aux chasseurs et aux amoureux ». Que d’Houdetot avait raison ! Car le lendemain matin, nous sommes réveillés vers 6 h 30 par un orage qui éclate au-dessus de la bergerie.La Corse a pris un nouvel aspect. À travers la fenêtre de la chambre, la mer est noire et couverte d’écume.La maison dans le maquis accrochée à la AU BORD DE LA MER, AU PETIT GIBIER. À GAUCHE, JEAN-LOUIS, LE GARDE. CI-DESSUS, UNE PERDRIX ROUGE SE LÈVE DEVANT LE POINTER À L’ARRÊT.

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montagne prend de plein fouet les trombes d’eau, entrecoupées d’éclair.Un spectacle irréel et magnifique.Après un petit café vite expédié,nous partons pour le rendez-vous qui se situe au restaurant de la grotte, à cinq minutes en voiture.Il est 8 h 30 et JeanLouis,legarde,estlà,accompagnédePierrot, sorte de Maître Jacques du domaine, toutendiscrétion,occupantlesfonctions dejardinieretdegarde.Pendantcesdeux jours de chasse, ils seront nos yeux et nos oreilles et partageront avec nous de nombreuses histoires du territoire et répondront sans lassitude à toutes nos questions.Pasunnomdefleur,d’arbuste, d’oiseauoud’animalsauvageneleurest étranger. À eux deux, ils représentent la gentillesse et l’hospitalité de cette Corse du Sud. On le sait, on le sent, sous le couvert d’une austérité un peu grave, dans l’amitié et la parole donnée, ils sont d’une fidélité sans faille. Chez eux la faune sauvage est quelque chose de vraiment “patrimonial”, une ressource de la terre, tout autant qu’une terra nulliu, un “territoire sans maître”. En partageant le petit déjeuner avec Jean-Louis, il nous dresse le panorama de la journée. Selon toutes vraisemblances, avec la pluie de la nuit et l’orage de ce matin, les perdreaux vont chercher à se sécher.« Ils vont donc,avec le lever du jour,descendre vers les dunesarbustivesquilongentlebord de mer.Nous irons donc là-bas.» Puisnousexpliquequ’àMur-


PHOTOS : GUILLAUME DE FALAISE

toli, il y a toujours eu une assez jolie population de perdrix sauvages,dans un biotope typique qu’elles affectionnent,à la fois sec et rocailleux.Elles y trouvent le gîte et le couvert.S’il y a un manque, dans la vallée sont plantées des cultures à gibier qui feront l’appoint pour les oiseaux –mais aussi les sangliers ! « Des oiseaux presque impossibles qui se cantonnent dans desendroitsquilesonttoutautant»,nouspréviendraJean-Louis. Aussi, c’est la raison pour laquelle, au milieu de l’été, le territoire est“rechargé”selon l’expression consacrée, mais il n’en demeure pas mois que trois mois plus tard, ces mêmes oiseaux ont presque le souffle et le coup d’aile de leurs congénères sauvages. Ici,à Murtoli,la battue est un mot inconnu,la“rouge”ne se chasse qu’au chien d’arrêt. Aujourd’hui, Jean-Louis est accompagné d’Eva,une jeune pointer d’un peu plus d’un an. SCÈNES DE CHASSE AU PETIT GIBIER. ICI, AUX GRIVES ; EN HAUT, À LA PERDRIX Ce sont des instants égoïstes,car ils sont si rares,en ces temps ROUGE APRÈS UN ORAGE D’UNE RARE VIOLENCE : LA CORSE AVAIT PRIS UN où le nemrod penche trop souvent vers la facilité.De la grotte NOUVEL ASPECT, BIEN PLUS TOURMENTÉ QUE CELUI DES CARTES POSTALES. pour se rendre à la côte que nous voyons depuis la terrasse, nous sommes obligés de faire“par les travers”,un gymkhana elles le font souvent.Une bourrasque l’oblige à opérer un vien voiture.À pied d’œuvre,nous sommes saisis par la beauté rage pour repasser au-dessus de nous,déjà à plus de 25 mètres des lieux : le maquis très dense sur la colline devient un peu de hauteur et elle file dans le vent à une vitesse vertigineuse… moins inexpugnable en arrivant sur la plage. Les dunes sont Mon premier coup est derrière et je la fais tomber du second parsemées d’arbustes et d’arbres de petites tailles. Le vent en prenant plus d’avance. La perdrix tombe dans un roncier souffle en rafales, et je crains que le travail du chien ne soit et, grâce à la chienne, nous la localisons sans difficultés. Nous voilà repartis et,après plusieurs dizaines de mètres, contrarié et les envols des perdrix brutaux et rapides ! Face au vent, Eva se met en action : sa quête est appli- nous nous rapprochons de la mer.Après l’orage de ce matin, quée et sérieuse.C’est un plaisir d’avoir un chien aux ordres… le ciel est très couvert,le vent fort et la mer présente des rouNous n’avons pas marché plus de 5 minutes quand soudain leaux qui s’écrasent sur la plage. Nous sommes loin, très loin elle tombe dans un arrêt cataleptique, les muscles frémis- del’imageclassiqued’uncielbleu,d’unemerd’huileetdecousants. Je m’approche, Jean-Louis fait couler son chien… La leur turquoise qui caresse doucement les côtes rocheuses perdrix ne tient pas et se lève en prenant de la hauteur comme dentelées,dominées par l’incroyable lion de Roccapina,cette

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Le ciel, la terre, LE MAQUIS LES COUPS DE FUSILS CLAQUENT, SANS RÉSULTAT ! CES PERDRIX SONT DIABOLIQUES. VOILÀ QUI PERMET DE VÉRIFIER À NOUVEAU QUE “C’EST LE VENT QUI FAIT L’OISEAU”. ◆ monumentale sculpture naturelle en position couchée qui se découpe entre terre et ciel. Notre regard hésite en permanence entre ces paysages, et la quête d’Eva toujours aussi méthodique. Mais qu’il est difficile pour un chien à poil ras de chasser dans cet environnement… Elle réussit néanmoins à bloquer des oiseaux devant un buisson,mais c’est Jean-Louis qui lui fera faire le tour pour trouver une ouverture.En quelques secondes,deux perdrix se lèveront en direction opposée. On devrait plutôt dire qu’elles s’arrachent du buisson et sont immédiatement à 35mètres. Les coups de fusils claquent mais sans aucun résultat ! Ces perdrix sont vraiment diaboliques avec ce vent.Voilà qui permet de vérifier une fois encore que “c’est le vent qui fait l’oiseau”. Eva qui travaille avec efficacité,nous gratifie toute cette matinée de très beaux arrêts… Pour la suite, votre serviteur serabeaucoupmoinsadroit.Décidément,ElzéarBlazeavaitraison : «Votre chien tombe en arrêt et plus rien n’existe pour vous… » Nos pas nous ramènent maintenant vers le maquis, la vallée de l’Ortolo et un de ses étangs. Tout autour des prairies inondées par les pluies de ces derniers jours.« Sarcelles », annonce Jean-Louis. Dans le ciel, en effet, sept sarcelles venant de la mer montent en chandelle en nous voyant. Elles font le tour de l’étang et vont se poser au lointain. Nous décidons de nous poster,dos à la mer,derrière un bois qui longe l’étang. Jean-Louis va essayer de les faire se lever en faisant un grand tour.Nous attendons plusieurs dizaines de minutes quand soudain deux nouvelles sarcelles nous surprennent en arrivant par-derrière depuis la mer. Elles sont à près de 45 mètres et, avec l’effet de surprise, hors de portée quand nous les voyons. Jean-Louis n’arrivera pas à relever les autres sarcelles mais quel spectacle…

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À LA PASSÉE AUX CANARDS. CET APRÈS-MIDI, NOUS ALLONS PRENDRE

LE MAQUIS AU-DESSUS DE LA PLAGE. JEAN-LOUIS NOUS EXPLIQUE

QUE LES PERDRIX REMONTENT VERS LES HAUTEURS POUR Y PASSER LA NUIT.

De retour à la grotte, des agapes nous attendent, car le plaisir de la chasse se retrouve aussi dans l’assiette et dans le verre. Au programme, des toasts de rillettes de canard, de sanglier mais aussi au brocciu (le fromage frais corse),à la tapenade et au figatellu (saucisse fraîche comprenant du foie de porc,dont la recette est l’un des secrets les mieux gardé de l’île), sans oublier une perdrix cuisinée à la perfection suivie d’un sorbet à la mangue. Le cuisinier du domaine est un ex-


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Le ciel, la terre, LE MAQUIS CELA CHANGE DE NOS FORÊTS DE FEUILLUS ET DE RÉSINEUX OÙ, GÉNÉRALEMENT, LE SEUL ET UNIQUE PAYSAGE VISIBLE AU POSTE EST UNE ALLÉE BORDÉE D’ARBRES ! ◆

GUILLAUME DE FALA

ISE

pert pour préparer tous ces produits. Cet après-midi, nous allons “prendre le maquis” qui est au-dessus de la plage. Jean-Louisnousexpliquequelesperdrixremontentdelaplage vers les hauteurs dans l’après-midi pour y passer la nuit. Danscettevégétationinexpugnableàbase d’arbousier, de calicotome épineux, de ciste, de lavande, de myrte, de romarin, dethuya–oncomprendpourquoionpeut s’ycacherpendantdesannées !–,nousprofitons grandement des parfums, mais la marche secoue nos jarrets.Difficulté aussi pourrepérerlachiennequandelleestàl’arrêt. Jean-Louis l’a équipée d’un beeper ou sonnaillon électronique.C’est peut-être le seul moyen dans cette végétation de localiser un chien, même si cela ôte toute poésie à la chasse ! Nous allons continuer comme cela une grande partie de l’aprèsmidi que nous terminerons dans la vallée enlongeantdeshaiesdanslesprairiesetnous lèverons quelques faisans magnifiques ayant beaucoup d’aile. À 20 heures, nous retrouvons Paul pour l’apéritif et une discussion passionnante sur les chasses qu’il organise comme celle du lièvre pour laquelle il a deux chiens créancés ou celle de la grive.Ce soir,il a fait apprêter un agneau de lait,élevé sur le domaine,cuit plus de cinq heures dans le feu de la cheminée… Rendez-vous est pris pour le lendemain matin à 7 h 30 pour un petit déjeuner qui sera suivi de battues de sangliers, un monument s’il en est ! Dès potron-minet,nousretrouvonsneufautreschasseurs, tous corses.Le domaine n’organise que 5 à 10 jourCI-DESSUS, UN DES SANGLIERS TIRÉS CE MATIN-LÀ. LA LÉGENDE DES PETITS SANGLIERS N’EST PAS TOUT À FAIT EXACTE. MON POSTE SURPLOMBE LA VALLÉE ET LA COLLINE D’EN FACE EST COUVERTE DE MAQUIS. L’INTÉGRATION DANS LE PAYSAGE EST TOTALE.

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nées de battues aux sangliers par saison, selon la bonne ou moins bonne reproduction. Les meilleures années, environ 150sanglierssonttirés.Jean-Louis,toutendonnantlesconsignes de sécurité et de tir, nous explique que la battue du matin se fera sur la colline en face.Nous serons postés sur la crête et les chiens seront lâchés depuis la vallée pour remonter.Nous montons en voiture pour gagner le haut de la colline et sommes individuellement amenés à chacun de nos miradors pour que les angles de tir nous soient précisés. De manière générale,il est hors de question de tirer vers le bas.En effet,il vaut mieux… Mon poste surplombe la vallée et la colline d’en face est couverte de maquis. L’intégrationdanslepaysageesttotale.Plus loinsurladroite,àquelquescollines,j’aperçois la villa A Liccia que nous occupons au milieu de cette mer verte de maquis qui nous entoure. Surmagauche,laMéditerranéeet,plusàgauche,uneautre colline se jetant dans la mer et surmontée du lion de Roccapina. Cela change de nos forêts de feuillus et de résineux où, généralement, le seul paysage visible au poste est une allée bordée d’arbres ! À rebours,nous ne verrons pas arriver les sangliers et la faible largeur des allées va rendre le tir difficile. Je comprends maintenant pourquoi il ne nous a pas été conseillé de venir avec des carabines équipées de visées optiques. Le fusil ou la carabine en visée ouverte sont les seules armes utilisables car l’on ne peut pas tirer audelà de… 10 mètres. Une vingtaine de chiens courants–porcelainesetbleusd’Auvergne– sont lancés. Quelle musique ! Ils sont seulscarilestimpossibledelessuivre dans ce maquis. Il faut leur faire confiance, ils reviendront après la


SCÈNES DE LA BATTUE DE SANGLIERS. LE TEMPS PASSE À CONTEMPLER LE PAYSAGE, À OBSERVER UN VOL DE PALOMBES, ET À ÉCOUTER LA VOIX DES CHIENS.

chasse car généralement après trois heures dans ces collines, ilssonnentd’eux-mêmeslaretraiteetregagnentnaturellement la route de leur chenil. Trèsvite,sortunegrosselaie.Elleadûêtreinforméequ’aujourd’hui il a été demandé de les préserver et de ne tirer que lesgrandsmâlesetlesbêtesrousses,carellepasseaupetitpas… Elle n’a pas été lancée par les chiens car je les entends encore bien loin en bas de la colline. Les récris lui ont sans doute suggérédecontinuersondéplacementversdeslieuxplustranquilles. Le temps passe à contempler le paysage, à observer un vol de palombes et à écouter les voix des chiens qui se rapprochentous’éloignent.Ilfautrestertrèsconcentrécarcen’est pas toujours les voix des chiens qui annoncent l’arrivée d’un sanglier. Le moindre bruit dans le maquis ou le mouvement d’un buisson peut être un indice. Les voix de deux chiens se rapprochent et trois perdreauxs’envolentàunevingtainedemètres.Unbuissonbouge légèrement devant moi… Une masse noire surgit. Un grand mâle, j’épaule et tire un peu comme pour un lapin car l’allée est fort étroite et l’on m’a autorisé à le faire sans réellement respecter l’angle de 30 degrés car mon poste n’est pas aligné avec mon voisin. Le sanglier boule et je l’achève d’une seconde balle quand il est au sol. Durant la dernière heure, je suivrai les voix des chiens sur la ligne des postés à droite et de nombreux coups de carabines et de fusils seront entendus.

Au bout de trois heures, la battue prend fin et je peux enfin descendre pour voir de plus près ce sanglier. Il est important pour la Corse,car il fait 75kilos et a trois centimètres de défenses. La légende de petits sangliers n’est pas totalement exacte. Il y a des territoires quasiment inaccessibles et qui sont très rarement chassés. D’où des bêtes noires d’importance : il y a quelques années un sanglier de 135kilos a été tué et les chasseurs ont mis plus de trois heures pour le ramener avec des cordes au bord d’une piste pour le charger dans une voiture. Nous aurons à douze chasseurs tiré douze animaux dont trois de plus de 70kilos. Le soir, dans le soleil qui est revenu dans le ciel et les rochers, nous sommes empreints d’une infinie nostalgie, celle de devoir quitter une île foncièrement hospitalière, celle d’une invitation permanente au voyage dans une sauvagerie extrême.Au fond, tout ce qui fait la chasse. ◆ Nous remercions Valérie et Paul Canarelli sans qui ce reportage n’aurait pu avoir lieu.Domaine de Murtoli et Domaine de chasse de la vallée de l’Ortolo : 04.95.71.69.24,www.encorse.com et www.murtoli.com.Séjours de chasse commercialisés par Club Seasons Voyages : 01.42.27.47.47 et www.clubseasonsvoyages.fr Nous remercions également Camille Moirenc pour sa collaboration photographique (www.camille-moirenc.com).

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Olivier Morel d’Arleux

Te r r i t o i r e

27 hectares et une gestion au cordeau

JOHN MACTAVISH/ALAMY

DAVID TIPLING/ALAMY

◆ Au prix d’un piégeage constant, d’aménagements intelligents et de repeuplements qui le sont tout autant, un propriétaire a fait de son territoire un exemple au cœur du Berry.

Pour la plupart des chasseurs,il est un paramètre sur lequelilsbutentsouventpour gérer convenablement le petit gibier, a fortiori dès qu’il s’agit de perdrix et de faisans, c’est celui de la superficie. Maints exemples, qu’ils envient secrètement, illustrent la nécessité d’avoir de vastes territoires de plusieurs centaines d’hectares. À moins, c’estl’échecquasiassuré,pensent-ils Et pourtant pas toujours, pas en toutes circonstances. Témoin, l’expérience menée par Jean-Yves Boulithe sur seulement 27 hectares, 102

COQ FAISAN ET

PERDRIX ROUGES.

L’ANNÉE

DERNIÈRE, SUR MOINS

DE TRENTE HECTARES, VINGT-

CINQ FAISANS ET UNE VINGTAINE DE ROUGES ONT ÉTÉ TIRÉS. CELA N’A RIEN D’UN MIRACLE, MAIS RELÈVE D’UNE GESTION PARFAITEMENT PENSÉE ET… APPLIQUÉE.

etseulementdepuistroisans, où,lors de la dernière saison, 25 faisans naturels ont été tirés ainsi qu’une vingtaine de perdrix rouges.Des tableaux presque dignes d’un Tartarin de la grande époque. Et pourtant, ni Daudet, ni Pa-

Jours de C HASSE ◆

gnolnesontpassésparlà,dans ce coin de l’Est solognot,non loin de Menetou-Salon. Lorsqu’on y arrive, ce sont desvénérésirasciblesquivous accueillent, comme pour en interdire l’accès. Les merles se chamaillent, des ramiers s’exercent en vols planés successifs.Ausol,despointsnoirs sedéplacentauloin,pourdisparaître à nouveau, et réapparaissent un peu plus loin encore.AuChêne-Rocher,on se croirait presque dans la campagne anglaise. Jean-YvesBoulitheaacquis cette propriété voilà quatre ans. Chasseur, il se désespé-

PRINTEMPS 2011

rait du“gibier de tir”,et voulait“redynamiser”, cette surface, aussi modeste soit-elle. Certes,il restait quelques faisans, mais « rien de bien transcendant ». Ce qui est frappant lorsqu’on visite le territoire pour la première fois,c’est son ordonnancement, à bien des égardsexemplaire :unparfait quadrilatère au débouché d’une forêt. Le premier travail a été de clôturer efficacement,par un grillage de 1,30 mètre, « pour éviter autant que faire se peut l’intrusion de sangliers dont on connaît le vorace appétit ». En


PHOTOS : J.-Y. BOULITHE

parallèle, le territoire est sérieusement piégé.Jean-Yves Boulithe confie cette lourde responsabilité à un agriculteur voisin qui piège toute l’année. L’air est connu : la présence de gibier attire nécessairementetforcémentles prédateursdetoutesespèces. Dèslapremièresaison,c’està-dire en 2007,50 becs droits sont éliminés, ainsi que huit renards et trente mustélidés, principalement à la boîte à fauves avec des appelants vivants.Des chiffres qui restent d’ailleurs, hélas, constants, d’une saison sur l’autre, sauf pour les renards qui tendent à diminuer. Danslemêmetemps,leterritoire est repeuplé en oiseaux.Depuis2007,huitcouvées de perdrix rouges et autant de faisans (70 oiseaux pour chaque espèce) sont élevées par des poules naines. Tout ce petit monde est installé dans lanature,lespoulesrestant dans des cages en bois, et prévenant les faisandeaux et les perdreaux à la moindre alerte. « Au départ, explique Jean-Yves Boulithe,j’avaismislespoules naines dans la volière anglaise,donc à ciel ouvert. Mais j’ai dû arrêter car mes poules étaient systématiquement prises par des autours des palombes.» D’où le système de la cage en bois où la poule est enfermée toutes les nuits. Encomplément,environ70 faisandeaux de huit à douze semaines sont installés dans une volière anglaise d’environ3 000mètrescarréset130 autres sont mis dans des boîtes de prélâchers en fin

d’été par groupe de huit, et qui resteront environ une semaine.Ces opérations seront répétées à chaque saison… Cela,presquetoutlemonde peut le faire a-t-on envie de dire… Il est indéniable que les vrais problèmes commencent après,quand il faut retenir ces oiseaux sur un si

Jours de C HASSE ◆

JEAN-YVES BOULITHE, LE MAÎTRE DES LIEUX ET, AU-DESSUS, UNE VUE

AÉRIENNE DE SON TERRITOIRE : UN VÉRITABLE JARDIN PARFAITEMENT ORDONNANCÉ.

modeste espace, car faisans et perdrix rouges sont de légendairesetd’infatigablespié-

PRINTEMPS 2011

teurs. « Et c’est là où nos aménagements ont été essentiels », répète Jean-Yves Boulithe. On le croit aisément quand on observe sa propriété : un véritablejardin,parfaitement penséetrepensé !Enhaut,un légerplateauquidécrochesur une pente assez forte à l’orée d’une forêt avec un point d’eau,alimenté par des sources toujours à niveau et, en bas, un étang. Presque toutes les anciennes haies ont été conservées, composées à la fois d’épines noires, de charmilles, de noisetiers,desureau,entrecoupés d’arbresrabougris,delierreet de houx. Qu’on ne s’y méprenne pas,les haies peuvent être des lieux de nidification, des réservoirs à insectes, des zones de protection contre le froid et la pluie, à la seule condition d’être entretenue.

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Sur le terrain PHOTOS : J.-Y. BOULITHE

Sur le terrain

CI-CONTRE, POULE NAINE ET UNE COUVÉE DE FAISANDEAUX. CI-DESSUS, DES FAISANS VÉNÉRÉS SOUVENT IRASCIBLES. EN HAUT, LES CULTURES QUI FOURNIRONT UN COMPLÉMENT INDISPENSABLE DE NOURRITURE AU GIBIER.

Ainsiont-ellesétérégénérées, profilées pour redonner de la vigueur aux pieds et assurer de ce fait une bonne protection contre le vent. Qui plus est, des arbustes à fruits du

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type aubépines, pruneliers, sorbiers des oiseaux (le bien nommé !) ont été plantés,offrant ainsi en période hivernale un apport naturel à tous les oiseaux qu’ils soient gi-

Jours de C HASSE ◆

biers, passereaux ou autres turdidés.Etquimieuxqueces haies, bien conçues et bien taillées,pourprotégerlegibier contre un prédateur ailé ou des machines agricoles. « À

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lamoindrealerte,constateJeanYves Boulithe, tout disparaît à l’intérieur du couvert.» En outre, tout du long de lapente,suràpeuprès300mètres de long, des bandes cultivésde10à15mètresdelarge ontétéplantéesousemées,soit de maïs,de blé noir,de choux, de millet, de sorgho à grain oufourrager,detrèfleincarnat ou même de mélange fleuri « pour le coup d’œil et les papillons ». Autre aménagement important : les rares haies supprimées ont été remplacées par des sortes de buissons en formedeplots.Aunombrede huit, de 30 sur 5 mètres de largechacun,ilsformentainsi un refuge discontinu dans la pente, car ils resteront sur



Sur le terrain PHOTOS : J.-Y. BOULITHE

Sur le terrain

CI-CONTRE, UNE DES DEUX VACHES HIGHLANDS DONT LE PIÉTINEMENT ET LES BOUSES FAVORISENT LA PRÉSENCE DES BÉCASSINES.

CI-DESSUS, LE LONG

DE L’ÉTANG, OÙ L’ON DISTINGUE

TOUS LES AMÉNAGEMENTS. ET, UN PRUNELIER. UN APPORT NATUREL DE NOURRITURE.

pied tout au long de la saison – comme les bandes de maïs d’ailleurs – et, de fait, constitueront des refuges même en hiver quand les autresculturesseserontécrasées sous le poids de la neige par exemple. De fait, les oiseauxpeuventàtoutmoment se mettre à l’abri des prédateurs ailés, notamment de l’autour des palombes. Quant aux cultures en ligne, elles fourniront, selon le

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temps de maturité des différentes espèces, un complément de nourriture par passages successifs de broyeurs sur certaines portions,nourriture au sol toujours très appréciée des perdrix rouges et des faisans (sans compter les pigeons qui viennent y faire bombance en bandes impressionnantes). Mais cette nourriture n’est qu’un complément, car pas moins de 25 agrainoirs fixes

Jours de C HASSE ◆

(soitpresqueunparhectare !) répartis sur tout le territoire sontapprovisionnéstoutesles semaines. Signalons également que le traitement phytosanitaire est quasi inexistant… Dans ces conditions, il n’est guère surprenant qu’une biodiversité exceptionnelle ait pu se développer à telle enseigne que de nouvelles espèces sont apparues comme l’aigrette ou le martin-pêcheur totalement absents jusque-là. Il est bien entendu évident que la contrepartie d’un territoiredemodestedimension, comme le Chêne-Rocher,né-

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cessite d’exercer une faible pression de chasse.«C’estbien simple,explique-t-il,j’organise une seule battue par saison avec quelques amis. » Autre effet néfaste :vu la disposition des parcelles, les quatre ou cinq traques organisées poussent forcément le vol des oiseaux vers les extérieurs sur des tireurs postés en contrebas… Un phénomène qui n’affole pas outre mesure Jean-Yves Boulithe, car « le soir même,


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Sur le terrain PHOTOS : J.-Y. BOULITHE

Sur le terrain

UN COQ FAISAN BRANCHÉ. ET, CI-DESSUS, LE MARAIS OÙ L’ON APERÇOIT LES PANIERS POUR LA REPRODUCTION DES CANARDS

(15 COUVÉES

DE COLVERTS ONT ÉTÉ OBSERVÉES LA DERNIÈRE SAISON).

au plus tard le lendemain, ils sont revenus ». Les raisons ? Il ne faut jamais oublier que ces oiseaux ont été élevés sur place et qu’ils ont de ce fait une tendance naturelle à retrouver les lieux de leur jeunesse,surtoutquandilyaune nourriture plus facile à trouver que sur d’autres parcelles voisines. Ilfautd’ailleursobserver, tous les soirs, les faisans qui se branchent dans la futaie à l’extérieur pour revenir dès le lendemain. De plus, 90 colverts sont tirés à la passée sur un étang situé en bas du territoire visiblement très fréquenté par des anatidés qui y trouvent

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calme et nourriture. Bref, ce complément aquatique permet de renouveler, sans dérangement excessif des oiseaux cantonnés dans les cultures toutes proches, des passées pour tirer une petite centaine de colverts tous les ans. De plus, un marais d’un demi-hectare prolonge cet étang par une zone pâturée

Jours de C HASSE ◆

pardeuxvachesderacehighlands à demeure dont le piétinement et les bouses favorisent le développement de vers, d’insectes et de graminées,donc la présence de bécassines et autres limicoles, voire quelques sarcelles. Tous ces chiffres font rêver car, au total, sur 27 hectares, environ 150 faisans résident en permanence. Aussi, que

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reste-t-il à faire dans ce jardincynégétique ?«Beaucoup, beaucoup de choses, pour le rendre encore plus attirant pour la faune,et qu’il soit encore plus favorable à la reproduction naturelle afin d’arrêter tout repeuplement » affirme Jean-Yves Boulithe. En effet, aujourd’hui,cette reproduction naturelle se limite à quelques couvées,aussibienpourlefaisanquepourlaperdrixrouge. Au programme des prochaines saisons :repercer des allées dans les deux hectares de gaulis et de ronciers,désépaissir la végétation basse, en limiter la hauteur, casser les berges de l’étang,les aplanir afin de faciliter l’implantation d’une végétation favorable aux oiseaux d’eau et aux limicoles sur une surface inondéefaible.S’illepeut,acquérir des hectares supplémentaires…C’esttoutlemal qu’on lui souhaite. ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

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Du côté des chiens…

Chiens d’arrêt et gibier de tir

◆ Pour les uns, faire chasser du gibier d’élevage aux chiens d’arrêt est une horreur absolue. Pour d’autres, c’est un impératif afin de “faire” un bon chien et de préserver les races… En réalité, c’est une affaire de circonstances et de nuances.

Doit-on et peut-on faire chasserànoschiensd’arrêtdu gibier d’élevage ou plutôt ce qu’on appelle pudiquement du gibier de tir tout juste sorti des volières de l’éleveur ? Poser cette question, et déjà les esprits chagrins s’échauffent. Pour eux,il n’y a pas l’ombre d’un doute, pas une seconde d’hésitation,c’estunnon-sens, unehorreurabsolueàlalimite de l’obscénité, indigne d’un chasseur qui se respecte. Leurs arguments ne sont passansfondements.Eneffet, qui peut nier qu’un faisan ou un perdreau d’élevage n’a pas les mêmes défenses que son congénère né et élevé dans la nature par ses parents, qui saura ruser devant les chiens, partir à bon escient, jouer sa partie, pour un vol de 600 à 700mètres ?Quin’apasvuun jour de malheureux oiseaux aux ailes rognées, refuser de s’envoler ou,quand ils le pouvaient,devoir se reposer car à la limite de l’asphyxie au bout de cent mètres ? Faut-il reprocher que la définition de l’acte de chasse consiste à chasser un gibier naturel dans son biotope naturel ? Bref, à les écouter, ce gibier-làneméritequ’unsouverain mépris, qu’il faudrait interdire toute forme de lâchers. Et d’expliquer que les passionnés de chasse au chien d’arrêt ne doivent faire “tra110

vailler”,aux dires de certains, leurs compagnons que sur du gibier qui, par définition, ne peutfairel’objetd’unélevage, comme les bécasses et les bé-

Qu’en penser ? Tout est affairedenuances ;uneréponse unique serait forcément lapidaireetexpéditiveparceque letempsbénidesElzéarBlaze,

Setter gordon à l’arrêt. Pour avoir un chien d’arrêt digne de ce nom, vu la raréfaction du gibier naturel, “on est donc, à son corps défendant, obligé de se servir du gibier artificiel”…

cassines.Ce n’est qu’ainsi,affirment-ils, que l’on “peut faire”de grands chiens et non avec des ersatz de gibier…

Jours de C HASSE ◆

des Alphonse d’Houdetot et autres Ernest Bellecroix appartient au passé. L’époque n’estplusaugibierabondant,

PRINTEMPS 2011

aux couverts très présents, à uneagriculturepeuintensive, peu agressive et à un nombre restreint de permis de chasser… Las. En moins de cinquante ans,le visage cynégétique de la France a changé, avecpourcommenceruneraréfaction – pour ne pas dire une disparition en maints endroits – du petit gibier sédentaire et, en plaine, une quasi-absence de couverts à la saison de la chasse. Aussi, les chasseurs au chien d’arrêt ont été logiquement obligés de s’adapter… Dans l’absolu,l’idéal est de pouvoirdisposerdegibiersau comportement sauvage, être maître de l’exploitation agricole afin de laisser gîte et couvert au gibier. Mais, hélas, qui peut aujourd’hui réunir ces conditionssurleterritoirefrançais : pasgrandmonde,pournepas dire personne… Aussi pour avoir un chien d’arrêt digne decenom,avoirrecoursaugibierd’élevagen’estpasquede la facilité,c’est une nécessité. « On est donc,à son corps défendant, obligé de se servir du gibier artificiel », reconnaissait déjà l’abbé Godard il y a plus de quarante ans dans sa bible (Je dresse mon chien d’arrêt) ; d’ailleurs,pour montrer l’intérêtqu’ilportaitàcettequestion,ilyavaitconsacréunchapitre entier.


PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT

Séances de dressage sur du gibier artificiel. Qu’il s’agisse de pigeons (ci-dessus), de faisans, de perdrix, le gibier d’élevage devra être volant “pour faire comprendre au chien que son rôle se borne à indiquer le gibier, mais qu’il ne peut s’en saisir”.

Nécessité vitale donc,le gibier artificiel l’est dans la phase de dressage et d’entraînement du chien, même si on a à sa disposition couvertsetgibierssauvages.Ainsi, l’AnglaisSteveRobinson,qui a remporté au Royaume-Uni le très relevé championnat du chien d’arrêt avec ses setters irlandais – qui a pourtant à quelques kilomètres de chez lui les meilleurs moors à grouses dans le Northumberland(plusde2000oiseaux tirés l’été dernier pour le seul jour de l’ouverture !) – commence toujours le dressage des jeunes chiens avec du gibierd’élevagecar,dit-il,«ilfaut toujours aller du plus simple au pluscompliqué,sansjamaisbrûler les étapes ». N’oublionspaseneffetque si le chien arrêtait les jeunes couvéesdegrouses,ilpourrait

les dévorer, ce qui serait la pire des leçons. AussiSteveRobinson n’amènera ses élèves sur du gibier sauvage que lorsqu’ils marcheront au pied,sans laisse et obéiront au commandement “assis”. L’utilisation d’un gibier d’élevage présentemoultatouts :ilestàdisposition, on peut le mettre dans une boîte d’envol afin qu’il ne piète pas sur des centaines de mètres.Avec l’avantage d’avoir une émanation constante,lechienpourral’arrêter facilement et prendra confiance en lui (et c’est à ce moment-là que l’on pourra ouvrir la boîte, le chien toujours en laisse, et travailler ainsilasagesseàl’envol).Sans boîte d’envol,le gibier d’éle-

Jours de C HASSE ◆

vage aura toutes les chances de piéter à toute vitesse, ce qui fera entrer le chien dans unesurexcitationdemauvais aloi, avec le risque que cela se termine par une coursepoursuiteduplusmauvaiseffet. En tout état de cause,le faisan,laperdrixoulepigeondevront être parfaitement volants, indispensables « pour faire comprendre au chien que son rôle se borne à indiquer le

PRINTEMPS 2011

gibier, mais qu’il ne peut s’en saisir », selon les termes de l’abbé Godard. Qui plus est, avecquelquesastuces,leditgibier pourra être récupéré : ainsi notre homme d’Église a fait dans son ouvrage de longuesdigressionssurlamanièred’attacherfaisansetperdreaux par d’astucieux systèmes, systèmes qui ne les empêchaientpasdevoler,mais qui permettaient de les récupérer ! >>

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Sur le terrain PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT - LO/SAGAIN JEFFREY S. ADAMS/ALAMY

Sur le terrain

Séance de dressage avec un pigeon, un épagneul breton et, ci-dessous, arrêt sur perdrix grise. Pour une majorité de chasseurs, avoir recours à du gibier d’élevage est bien souvent le seul moyen de faire travailler leurs chiens.

Une fois la leçon assimilée, le chasseur va pouvoir augmenterladifficulté.«Dèsqu’on a obtenu des résultats corrects, il faut abandonner et travailler sur gibier en liberté et si possible naturel », signale notre abbé.

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S’il peut avoir à sa disposition du gibier sauvage, c’est lameilleuresolution.Mais,encore une fois,il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Pour la perdrix grise, c’est presque mission impossible de les chasser au chien d’arrêtcar,àl’époqueoùl’onpeut les chasser,il n’y a quasiment plusdecouverts.Ilrestelefaisan et tous les gibiers migrateurs, comme la caille, la bécasse et la bécassine… Mais, en tout cas,pour ces derniers,

Jours de C HASSE ◆

c’est assez aléatoire. La caille ne reste que jusqu’à la fin du moisdeseptembre.Quantaux bécasses et bécassines, la régularité n’est pas leur fort, étant dépendantes du climat, et du biotope… Dans ces conditions,là encore, avoir recours à du gibier d’élevage, chez soi, ou sur des chasses à la journée, estbiensouventleseulmoyen pour une grande majorité de chasseurs de faire travailler leurs chiens. Et l’on sait que

PRINTEMPS 2011

lesdits chiens ont besoin de voir et d’arrêter du gibier régulièrementpourgarderforce et moral et le propriétaire de pouvoir entretenir leur dressage. Est-ce de la chasse ? Si l’on s’en tient à une définition stricto sensu,il est évident quelaréponsenepeutqu’être négative. À y regarder de plus près, laréponseméritedanslesfaits d’êtrebeaucoupplusnuancée. Pour qu’un gibier d’élevage présente un intérêt pour le chiend’arrêt,ildoitêtreenpremier lieu bien volant,c’est-àdireavoirdusouffleetdel’aile, résultat d’un bon éleveur et d’une bonne souche. Mais la qualité d’un gibier provient égalementdubiotopeetdurelief du terrain. Il est certain, en effet, qu’une plaine rase sans couvert ne fera qu’inciter faisans et perdrix à piéter à toute vitesse, tout comme une futaie très claire. À rebours,des couverts – du type cultures à gibier –, du taillis, desfougèressontdesbiotopes dans lesquels les chiens peuvent réellement chasser… Les sceptiques vont s’en donner à cœur joie en affir-


mant qu’un faisan ou un perdreau d’élevage n’aura jamais la défense de son congénère sauvage car il dispose par définition moins de souffle et ne connaît guère le terrain (surtout s’il a été lâché quelques heures avant la chasse). C’est sans doute aller un peu

gammes pendant des années sur du gibier naturel… Autre question et non des moindres : un chien d’arrêt trop habitué à de la vulgaire “cocotte”est-ilincapabled’arrêter un gibier réellement naturel, comme par exemple la bécasse ? Le docteur-vétéri-

Coq faisan à l’envol. Le gibier artificiel est l’un des moyens pour garder le moral d’un chien et d’entretenir son dressage.

vite en besogne. Tous les gibiers ont un atavisme, celui dedéfendrelepluschèrement leur vie pour échapper à un prédateur. Ainsi, un jour, un chasseurlâchasixfaisansdans une pièce de betteraves d’une trentaine d’hectares ; où bout d’une heure,seuls… deux furentlevés !Pourtantleschiens étaient des sujets de compétition, qui avaient fait leurs

naire Luc Gressens affirme sanséquivoque :«Sivotrechien fait preuve d’un peu d’intelligence, s’il a été dressé, il va s’adapter à un nouvel environnement et à un nouveau gibier sansdifficultés.»Les exemples ne manquent pas de chiens qui n’avaient jamais chassé le moindregibiersauvageetqui ont très vite arrêté bécasses, bécassines, grouses… Voilà

Jours de C HASSE ◆

qui fait mentir ceux qui affirmentqu’unchienbécassier, pour être efficace, doit avoir arrêté 1 000 oiseaux… Danslemêmeordred’idées, qui n’a pas entendu certains nemrods expliquer que leur chienquinechassequasiment que la bécasse refuse obstinément de se commettre à chasser faisans et perdrix d’élevage.Comme si un chien était capable tel un œnologue de choisir les millésimes… Autrequestionsoulevéepar le gibier artificiel : la qualité de la sélection des chiens.Personne n’ignore que les field trials ont été conçus pour sélectionnerlesmeilleurschiens donc les meilleurs reproducteurs. Ces compétitions ont lieusoitsurgibiernaturel(perdrix grises au printemps, sur bécassesoubécassinesl’hiver), soit sur du gibier artificiel… Rien ne vaut le naturel crient les puristes. Là encore, c’est une affaire de nuances. Concourir sur des perdrix grises au printemps,dans des blés en herbe,sur des oiseaux en couple, c’est bien un peu artificiel car ce ne sont pas desconditionsdechasse.Pour labécasseetlabécassine,étant des migratrices,il est très difficile d’obtenir une régularité des oiseaux,donc de pouvoir juger les chiens d’une manièreéquitable.Aussi,legibier artificiel (fait toujours dans de bonnes conditions) a toute sa place pour juger un chien. On l’aura compris,le gibier d’élevage est une nécessité pour garder nos chiens d’arrêt, sinon ils disparaîtraient corps et biens, ou seraient transformés en une génération en de pitoyables chiens d’exposition. ◆

PRINTEMPS 2011

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

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PHOTOS : PATRICK IAFRATE

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epuis la Belle Époque, rien ne semble avoir vraiment changé au cœur du quartier Vivienne. Comme il y a cent ans, àproximitédupalaisBrongniart, les mêmes hommes vêtus du mêmecostumesombresepressent à leurs affaires. Concession à la modernité, le grondement du moteur à explosion a remplacé la poésie du piaffement des chevaux. Aussi devons-nous accélérer le pas dans cette maussade matinée parisienne, car nous avons rendez-vous avec une respectueuse institution à l’angle de la rue Vivienne et de la rue Saint-Marc, l’Armurerie de la Bourse. « 37, rue Vivienne »… L’Armurerie de la Bourse inaugurée en 1820 est la plus ancienne armurerieparisienne toujours en activité depuislarécentefermeture de Fauré-Le PageauPalais-Royal. Elle a accueilli des noms prestigieux Au vrai, les chasseursl’ontsansdoute oublié, mais elle abrita en 1850 les célèbres fusils Lefaucheux. Ici en 1852, l’arquebusier Casimir Lefaucheux, père en 1827 du fusil basculant verrouillé par un verrou en T manœuvré par lacélèbrelonguequeue,s’éteindra à peine âgé de 50ans. Un

peuplustard,en1907,l’adresse de la rue Vivienne devint celle de la succursale parisienne de l’armurier stéphanois VerneyCarron. Ilesttoutjusteplusde9heures au moment de franchir la porte du temple Lefaucheux, grande

Jours de C HASSE ◆

ouvertesurlarue.Aussitôtnousdécouvrons une sorte de caverne d’Ali Baba dont l’espace semble trop exigu pour contenir le foisonnementdemarchandises. Qu’il s’agisse des faisceaux d’armes rutilants bien en sécurité et au garde à vous sur leurs râteliers, d’optiques, d’accessoires ou de vêtements ; « le stock est déterminant », nous expliquera Yves Golléty, le maître des lieux. Car « les clients d’aujourd’hui tournent et bougent énormément, ils veulent les choses tout de suite ».

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Yves Golléty le maître des lieux, devant un râtelier d’armes fines. Ci-contre, l’armurerie à l’angle de deux rues. Le nom de l’ancien propriétaire Verney-Carron est religieusement conservé.

Depuis son bureau vigie situé en balcon face à l’entrée, Yves Golléty vient aussitôt nous rejoindre. Quinquagénaire élégant, Yves a la distinction toute britannique et a indubitablement quelque chose de l’acteur LambertWilson.Aprèsdix-sept années passées chez Alex boulevard de Courcelles, il concrétisera un rêve d’enfant, celui d’ouvrir sa propre armurerie, voilà presque vingt-deux ans.



Sur le terrain Ceseral’ArmureriedelaBourse. Une véritable vocation pour celui qui ne compte pas un seul chasseur parmi ses aïeux ! Avec son associé Thierry Obriot, le grand ordonnateur de l’atelier, ils ont fait du 37, rue Vivienne, lapremièrearmurerieparisienne avec, en 2010, un chiffre d’affaires de 3,6 millions d’euros. Si le marché de la chasse représente à lui seul plus de la moitié de ce résultat, il n’est pas outrageusement majoritaire. Car en effet, l’une des grandes forces de cette armurerie est d’être spécialisée dans le tir à la cible et l’arme de poing. Ainsi, « sept personnes peuvent être occupées chez nous àlongueurd’année»,constate Yves. Ce n’est un secret pour personne,l’activitédel’armurerie bat son plein seulement quatre mois par an, entre octobreetjanvier. «Bizarrement, sans doute avec la conjugaison des impôts et le retourdevacancesd’été,septembre n’est pas un bon mois », ajoute-t-il. Autre caractéristique : crise etmondialisationobligent, le client est impatient et quelquefois surprenant. Cela n’a rien d’une exagération, si l’on en juge l’anecdote savoureuse qu’a pu observer le personnel de l’Armu-

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

Sur le terrain

rerie de la Bourse, il y a presque un an. Au printemps 2010, avec l’irruption d’un volcan islandais dont personne ne sait prononcer encore le nom, une personnalitéphilippine–nousn’ensauronspasplus–setrouvabloquée àParisetdécrétal’Armureriede la Bourse comme une escale incontournable de sa promenade quotidienne.Lechiffred’affaires de l’armurerie devait augmentertrèssensiblementavantlare-

On peut apercevoir Chantal, au service des clients, ici philippins. À la cimaise, on admire un remarquable vitrail Art Déco allégorie de la chasse et des métiers de l’armurerie.

prise du trafic aérien ! Depuis sans qu’il soit possible de décrypter ce mystère, une chose estcertaine,lesPhilippinssesuccèdent rue Vivienne ! Détail du canon à l’adresse de la Maison de l’inventeur Lefaucheux. L’Armurerie de la Bourse abrita ce célèbre arquebusier en 1850. À gauche, une jolie 6 mm Flobert symbole de la France des concours de tir familliaux d’autrefois.

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Pour preuve, le jour de notre visite, nous assistons les yeux écarquillés à une heure relativement matinale à un spectacle improbable et unique. Quatre hommes dont les yeux en amande ne font aucun doute deleursoriginesasiatiquessemblentdéterminésàrenouvelerla totalité de leur garde-robe ordinaire. Tout du moins si l’on se réfère à leur accoutrement de “ville” digne de guérilleros bon teint et composé de rangers et tenues “camouflage” ! Tandisquel’ensembledupersonnel est sur le pont pour satisfaire leurs moindres desiderata, les épouses resteront en retrait drapées d’impeccables tailleurs. Sacs Hermès derniercrietescarpinsLouboutin, des uniformes civils qui détonnentencontrepointdeceux des maris…


Ancienne bascule à faux corps VerneyCarron et, ci-dessus, Thierry à l’administration du livre de police.

Quoi qu’il en soit, l’Armurerie de la Bourse possède une clientèlebeaucouppluscosmopolite que d’autres grandes armureries parisiennes, notamment en provenance du Moyen-Orient, d’Indonésie ou du Brésil. Selon Yves, cela s’expliqueraitdufaitdesasituation géographiquedansunquartier d’affaires. Pour preuve, « chez Alex,jeconnaissaislenomd’au moins 90 % de mes clients ; ici, il n’est pas rare de vendre une carabine 3, 4… voire 6 000 eu-

ros à un chasseur que nous rencontrons pour la première fois ! » La carabine ! Voilà bien la grande affaire de l’armurerie contemporaine avec la généralisation du plan de chasse etl’obligationdutiràballe.Mais selonYvesGolléty,inconditionnel de Blaser, « les innovations comme la R93 ou plus récemment la R8 sont si rares… ». Comme les nouveautés arrivent au compte-gouttes, le marché de l’armurerie reste un peu atone même si la « qualité intrinsèque des carabines a évolué ces dernières années ». C’est aussi le cas de l’optique,

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Sur le terrain Sur le terrain

etparticulièrementdelalunette de tir « aujourd’hui presque systématiquement associé à la carabinedechasse». L’arrivéed’un modèle de battue comme la Swarovski Z6 « a donné un nouveau souffle au marché en ouvrant de nouvelles perspectives en tir de battue. », en particuliergrâceaugrossissement6qui offre la possibilité, dans des circonstancesbienparticulières,de tirer des balles d’achèvement délicates, ou de tirer loin en battue, car il permet de mieux identifier les cervidés. Yves Golléty ne cache pas que, pour les armes lisses, la situationestplussensible.Certes, il a vendu une paire de très jolisBoss,ilyaquelquesmois,mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Baisse du nombre de permis de chasser, raréfaction du petit gibier… le chasseur français renouvelle de moins en moinssonarmelisse.Quantaux armes fines haut de gamme, le marché est « très très difficile actuellement, y compris en petits calibres, même si nous avons récemment vendu cette paire de Boss », reconnaît-il. Autre casquette d’importance, Yves Golléty est président de la Chambre syndicale des armuriers. Forte de 450 membres, la Chambre syndicale repré-

PHOTOS : PATRICK IAFRATE - ALAIN DE L’HERMITE

Afin d’accéder à la mécanique, Yann dévisse la sous-garde d’un juxtaposé. Ci-dessous, cent ans d’histoire mondiale de la chasse à tir resurgissent avec ce Lefaucheux signé Le Page-Moutier.

sente 75 % des armuriers français. Son rôle est primordial dans la mesure où il consiste à défendre l’armurerie et établit le lien avec l’administration. Bref, « faire en sorte que la réglementation soit la moins

contraignante aux utilisateurs légaux des armes ». Ainsi la Chambre syndicale a pu éviter l’obligation d’un certificat médical annuel pour les chasseurs de même l’obligation d’un coffre-fort pour les armes. Bien sûr commercialement, au lendemain du vote de la nouvelle loi qui a simplifié les catégories d’armes –de 8 à 4– les re-

tombées devraient être positivespourl’armurerieenFrance. Notammentgrâceàlafindel’interdiction de vente de certains calibres, considérés jusque-là comme armes de guerre, tel le 30/06 « idéalement adapté aux carabines semi-automatique très développées chez nous ». Ainsi, les chasseurs pourraient bien être tentés de remplacer leurs .300 Winchester magnum par des armes plus légères et àlamunitionmoinschèreetprésente partout. On l’imagine du fait de ses fonctions, on rend également visite à Yves pour glaner des conseils sur les nouvelles législations.Récemmentcefutlecas pour “les zones humides” et l’utilisation du substitut du plomb. L’occasion parfois de vendre un fusil superposé ou semi-automatique à chokes amovibles pour tirer de l’acier sans risque de détériorer son joli juxtaposé à platine. Et l’avenir ? « Sans doute y aura-t-ilencoredesdisparitions d’armureries, si nous sommes encore exposés à de nouveaux changements législatifs plus contraignants », prévient Yves Golléty. Tout le monde a en mémoire les années 1990 quand, avec le durcissement de la réglementation, la moyenne du nombre de carabines vendues par an a été divisée par trois, passant de 300 000 à 100 000 unités. Nous n’en sommes pas là,etleschasseurspeuventfaire confiance à Yves Golléty pour défendreleursintérêts,afinque le 37, rue Vivienne poursuive ◆ son histoire. L’Armurerie de la Bourse, 37,rue Vivienne,Paris IIe. Rens. : 01.42.36.79.83, www.armureriedelabourse.com et info@armureriedelabourse.com

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Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Essai Fusil Blaser F3 Sporting

Esthétique et endurant

◆ Désormais arrivé à maturité, le F3, conçu par la célèbre marque allemande Blaser, rivalise avec les meilleurs fusils de sport au monde. À un prix compétitif.

◆ Modèle Diplomate élégant et précis. Bois de grade 7, chokes en titane, détente réglable, guidon lumineux surplombant sa bande fuyante… Rien ne manque à l’appel. Pas même une bascule bien née, indispensable pour supporter les cadences infernales du tir sportif.

fier la masse en fonction du souhait ou de l’utilisation de l’arme, et également de la modification de l’équilibre. On peut imaginer un chasseur ôter les deux masses du balancier de crosse pour alléger son Sporting lors d’une utilisation à la chasse. On leconstate :Blaserasouhaitéoffrir une encore plus grande modularité aux utilisateurs de ses armes lisses selon leurs desiderata. Ainsi avec l’expérience, le tireurleplustatillonpourraprécisément trouver l’équilibre idéal de son F3. Nous disposions également lors de cet essai d’un second jeu de canon en calibre 20. Ils se sont parfaitement adaptés à la bascule sans aucun dysfonctionnement mécaniqueetaveclamêmelonguesse. Surlemodèlequenousavons essayé la crosse d’origine longue de 370 millimètres est également bien dessinée, disponible aussi en modèle gaucher. Elle possède un renflement à la paume de la poignée pistolet pour une meilleure préhension.Maisavanttout,unfusilest fait pour tirer, qu’en est-il de la balistique ? Afin de tester l’arme, nous noussommesrendusàLamotteBeuvron à l’école de chasse de Courgenou.Icitouslesparcours sont tracés pour pratiquer le “plus beau sport” comme disent les Anglais. Des machines anglaises systématiquement dissimulées procurent des tra-

jectoires très proches de celle du gibier. Danscecadreidyllique,notre F3 effectuera des prouesses entre les mains de plusieurs émérites nemrods. Ses départs excellents,commec’estlarègle chez Blaser, mesurés à 1,4 kilo, serviront sans broncher une excellentecanonnerieéquipéede chokes 0,5 et 0,625 c’est-à-dire demi et trois quarts. Idéal pour le tir de chasse à toutes les distances.Esthétiqueetendurant, précis et confortable, le F3 est une belle réussite, un excellent compagnon de chasse capable de procurer beaucoup de plaisir à ses utilisateurs, là est bien l’essentiel.

Fiche technique Fusil superposé à éjecteurs équipé d’une bascule basse à verrouillage inférieur

Âme des canons en calibre 12 18,6 mm. Longueur disponible

71, 76, 81 ou 86 cm. Livrés avec 5 chokes internes Briley. Éprouvé billes d’acier. Disponible en calibres 20 et 28. Poids du modèle testé, 3,8 kg avec des canons de 81 cm et la crosse munie du système interne de réglage de balancier. Bois poncé huilé. Prix à partir de 4 600 euros en version Sporting. Importateur Rivolier, ZI Les Collonges BP 247, 42173 Saint-Just-Saint-Rambert. Tel : 04.77.36.03.40 Email : info@rivolier.fr Sur Internet : www.rivolier.com

PHOTOS : RIVOLIER

L

a pratique du tir sportif à l’arme de chasse ou “parcours de chasse” peut permettre au chasseur de retrouver son biotope de prédilection et de pratiquerunedisciplinediablement amusante entre ami ou en famille. À cette fin, Blaser, la célèbre marque allemande inventeur de la carabine R93 et plus récemment de la R8, a créé le F3. De quoi s’agit-il ? En découvrant le F3, la première impression est esthétique. La fameuse bascule basse, une invention française de la finduXIXe siècle,luiprocureune grande finesse doublée d’une indéniableélégance.Labascule noire de notre modèle Diplomate renforce favorablement cet aspect flatteur. De même que le noyer poncé huilé aux jolies veines, sans oublier le bronzage mat du canon. Noussommesimpatientd’assemblernotrenouveau“jouet”, de relier la longuesse au canon monté sur sa bascule. Aussitôt nous vérifions le poids et l’équilibre. Nous ressentons une impression de densité de l’arme dans son ensemble, de sérieux made in Germany. En fait, la crosse et le devant de notre fusil sont respectivement équipés de balancier et decontrepoids.Leurrôleest double : d’une part modi-



Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Guillaume de Falaise

Chasses à la j ournée

La chasse de la Planquette

Aux seuls noms

de Somme et du Pasde-Calais, le regard des chasseurs change : c’est un autre monde qui surgit devant eux, celui des sauvaginiers et de leurs chasses quasi fabuleuses, des récits et des écrits de Brossin de Meré et autres Valicourt. Mais ces terres de migration – et, hélas, d’invasions – recèlent d’autres mystères comme de pouvoir accueillir des battues de faisans et de perdrix rouges. Reconnaissons que, lorsqu’on nous avait parlé de telles chasses, notre curiosité était teintée pour le moins d’un certain scepticisme même si on nous avait promis des oiseaux exceptionnels.

◆ De Paris, pour se rendre au domaine de la Planquette, il faut compter près de trois heures de route,puisqu’il faut encore faire une quarantaine dekilomètresaprèsAbbeville, pourserendrenonloind’Hesdin dans le pays des sept vallées. Une région faite de rivières, de chemins creux et de bocages,de vallées,de bois et de forêts,d’anciennestourbières et d’oseraies, une terre mille fois traversée par des troupes

en guerre, tour à tour anglaises, françaises et espagnoles,au point d’influencer l’architecture et jusqu’au mode de vie de certains hameaux. Un pays où l’eau a donc modelé les paysages qui déclinent toutes les couleurs de lanatureetoùl’Authie,leBras de Brosne,la Canche,la Créquoise, l’Embrienne, la Lys, leSurgeon,laTernoiseet,bien sûr, la Planquette (le but ultimedenotre–petit–périple)

drainent cette terre. Lorsqu’on y parvient, on est immédiatement frappé par ce paysage de grands vallons jalonné de bois sur les coteaux tant il est vrai que l’on se croirait presque en Angleterre. On commence à comprendre pourquoi on nous a parlé d’oiseaux volant trèshauts…Cedomaineaété lapropriétédeRaymondWibaux, membre de la famille Wattine. Après son départ, ses enfants ont décidé de


GUILLAUME DE FALAISE

Une vue du domaine de la Planquette dans le Pas-de-Calais. Un biotope vallonné qui permet de faire passer faisans et perdrix rouges (en haut, à droite) à des hauteurs presque impossibles.

été aménagé le rendez-vous de chasse. En plus des facilités de débotté, il offre aux chasseurs et à leurs invités unegrandesalleavecunemagnifique cheminée,un bar et une grande table pour le déjeuner. Les murs sont décorés de trophées africains. Signalonsqu’unpanentieraété remplacé par une baie vitrée donnant vue sur les collines vallonnées… Lerendez-vousavaitétéfixé à 9 h 30 et du café et des croissantsnousattendent.NousfaisonsconnaissanceavecXavier et ses amis.Au total,nous serons dix postés. Le domaine organise ces battues pour 8 à 10 chasseurs maximum afin qu’une distance suffisante existe entre chaque poste (un bon point car trop de chasses accueillent trop de fusils avec pour conséquence des lignes trèsserrées,etlesentimentque l’ontirel’oiseaudesonvoisin). La grande majorité de notre ligne est originaire du Nord etleuraccueilfortchaleureux. À peine le temps de faire connaissance que Xavier nous présente l’histoire de la propriété et nous explique le déroulement de la journée :trois battues ce matin, déjeuner, puis deux autres battues dans l’après-midi.Etnousconseille de prendre environ 75 cartouches par battue. Les affaires sont rondementmenées :à10 h 30,changés et équipés,nous prenons place dans une remorque, bien que des véhicules personnels,s’ilssonttout-terrain, puissent être utilisés. Quelquesminutesdetrajetetnous arrivons à l’entrée d’un vallon encaissé d’une vingtaine demètresdelarge.Dechaque côté,desboismontentsurdes

Jours de C HASSE ◆

PHOTOS : TEETOR/ALAMY - BIRDPIX/ALAMY

maintenir et de développer l’activité cynégétique. C’est Xavier Segard, son gendre, quienaprislaresponsabilité. PascalPenetestsondirecteur dechasse,chassequ’ilconnaît dans ses moindres recoins, puisque son père occupait déjà la même fonction sur ce même domaine… La propriété s’étend sur 700 hectares et comprend plaines et bois mais aussi quelques petits étangs et marais. Xavier a dans ses projets d’agrandir les étangs afin de les rendre plus propices à la chasse des canards. En arrivant, difficile de ne pas voir le très grand bâtiment de ferme,mais c’est de l’autre côté de la route qu’a

collines.La cime des derniers arbres, visibles, doit être à presque 40 mètres… Cela promet. Un coup de trompe annonce le début de battue. Après quelques minutes d’attente, durant laquelle nousentendonslesrabatteurs faire un rapproché, les premiers claquements d’ailes d’un faisan retentissent.L’oiseau apparaît à au moins à 40 mètres de haut. Grande hauteur et grande vitesse… Plusieurs coups de fusil le saluent mais il vole jusqu’à la colline opposée. Cela ne va pas être simple.Je tire mon premier faisan et je suis derrière. Il va falloir allonger le swing. Le deuxième est un peu mieux, mais pas suffisamment devant. Le troisième est cassé net ! Cela va continuer pendant toute la battue. Je comprends pourquoi il nous a été conseillé

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de prendre soixante-quinze cartouches… Les plus grands domaines anglais de battue n’ont rien à envier à la Planquette. En plus de la dizaine de rabatteurs, deux d’entre eux sont détachés de la ligne de battueetdédiésauramassagedes oiseaux avec leurs retrievers. Ils vont en quelques minutes ramener le gibier et notammenttouslesdésailés.Untrès bon point. Les derniers faisans sont à peine ramassés que nous sommesànouveaudanslaremorquepourrejoindrelabattue suivante.Cette fois,je suis dos à un étang et face à une colline plantée de feuillus et de conifères. Quelques instantsaprèslecoupdetrompe, les rabatteurs se mettent en action et le premier faisan s’élance bien au-dessus du sommet des arbres et longe

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Sur le terrain

PHOTOS : GUILLAUME DE FALAISE

Sur le terrain

Départ pour la chasse et, à droite, Xavier Segard, le gestionnaire du domaine. Au total, ce sont cinq battues qui sont organisées pendant la journée : trois le matin, puis deux dans l’après-midi, après un déjeuner de grande qualité.

la lisière. Le premier poste tente sa chance sur ce traversard mais avec la distance et la vitesse, il ne fait que le saluer.Ce n’est qu’au troisième poste que l’oiseau sera arrêté. Un autre faisan s’élève et vole dansmadirection.Sahauteur doit être dans les 40 mètres et il me faudra une seconde cartoucheetforcermonswing pour l’amener au sol. Et cela va continuer jusqu’aux trois coups de trompe signalant la fin de battue. Nous nous regroupons et l’ambiance est joviale malgré nos déconvenues de tir. Les oiseaux sont réellement dif-

sus des arbres.Pour nous détendre avant la battue suivante il nous est offert une coupe de champagne, la variante française du sloe gin,

ficiles et dans de telles conditions il est impossible d’espérer des résultats de tir comme pour des oiseaux qui ontdelapeineàvolerau-des-

bien que nos amis insulaires voisinsremplacentdeplusen plus entre les battues cette boisson très britannique par unecoupedenotrebreuvage. Les plaisanteries vont bon train,carlachasseestunsport d’humilité où il ne faut surtout pas se prendre au sérieux.Et l’on sait que le qualificatif de “belles battues” sous-entend une parfaite organisation, d’excellents oiseaux et beaucoup de manqués royaux ! À la Planquette, ne nous voilons pas la face,les oiseaux proviennent de deux “origines”.Pourlesfaisans,uncertainnombreestlâchédansdes volières anglaises, à huit semaines, au mois de juillet : autant dire qu’au mois d’octobre,ils n’ont plus rien d’oiseaux d’élevage ! Dans le même esprit, les perdreaux rouges sont placés cette fois

QUAND LA PREMIÈRE PERDRIX APPARAÎT, LA HAUTEUR ET LA VITESSE DE SON VOL NOUS SURPRENNENT COMPLÈTEMENT. LE TEMPS DE SE RETOURNER ET L’OISEAU EST DÉJÀ TROP LOIN.IL VA FALLOIR CUEILLIR LES PERDRIX DEVANT ET ÊTRE TRÈS RAPIDE. 124

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011



PHOTOS : GUILLAUME DE FALAISE

Instantanés de battue. Les oiseaux ont du souffle et du jarret, et il est donc difficile d’espérer des moyennes faramineuses. Et quand il y a du vent, ils deviennent réellement diaboliques.

à la fin de l’été dans des boîtes de prélâchers pendant quelques jours avant d’être mis dans la nature. Là encore, quelques mois plus tard ; ils ont du souffle et du jarret. À rebours, vu le nombre de chasses, il est inévitable que les gestionnaires soient dans l’obligation de “recharger” à intervallestrèsréguliersleterritoire… Justement,àproposdeperdreaux rouges,ils serontl’objet de la battue suivante, qui se déroule,cette fois,non loin du rendez-vous de chasse. Nous sommes dans un très grandvallondeprairies,àmipente et faisons face à la crête d’une des collines.Les postes ont été aménagés afin que nous ayons nos pieds à plat, car personne n’ignore qu’il est très difficile de tirer convenablement avec les pieds dans une pente. Dans notre

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Mémento de poche Territoire 700 hectares. Départements Pas-de-Calais. Types de chasse Battues de faisans, de perdreaux (rouges). Chasses devant soi avec chiens. Prix Suivant prestations. Points forts Accueil de très grande qualité ; battues variées ; très beaux gibiers. Points à améliorer Une présentation de tableau – “à la française” (au sol) – à chaque fin de battue serait plus apprécié par les chasseurs français. Contact Chasse de la Planquette 62770 Rollancourt. Joindre Xavier Segard ou Pascal Penet, au 03.20.72.38.02.

dos, une autre colline partiellement boisée.Le biotope n’est pas sans rappeler celui de l’Angleterre, notamment des Costswolds. La vue est impressionnante car si nous sommes à une trentaine de mètres face au sommet de la colline,le vallon s’enfonce sur une centaine de mètres

Jours de C HASSE ◆

avant de repartir sur une autre colline. Quand la première perdrix apparaît, nous n’en croyons pas nos yeux, car la hauteur et la vitesse de son vol nous surprennent complètement. Le temps de se retourner, mais l’oiseau est tellement loin que le tir est sans réussite. Il va falloir cueillir les oiseaux devant et être très rapide.Malheureusement,rapidité ne rime pas toujours avec efficacité, mais que de beaux oiseaux ! Certains montent,d’autresépousentle terrain,mais tous avec beaucoup d’aile.C’est avec regret que nous entendons les trois coupsdetrompe,carnousaurions aimé que cela continue un peu plus longtemps. L’heure du déjeuner a sonné. Dans le pavillon, nous nous retrouvons autour de la grande table. Détail du menu : il nous est servi un remarquable carré d’agneau du domaine, cuit au barbecue !Lacuisineetlesvinssont aussi de très grande qualité. Après ces agapes – mais tout demêmetrèsraisonnables !–, nous repartons pour les deux

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dernières battues qui seront chacuneungrandmomentde plaisir. Une battue de perdreaux dans un autre vallon et la dernière, sans doute la plus difficile car le rabat nous fera voler faisans et perdrix. Cette belle journée s’achèveraparlaprésentationdutableau et les honneurs au gibier. Le tableau est disposé à la verticale, dans une pièce couverte du pavillon de chasseetsinousdevionsfaire une suggestion nous recommanderions de le faire au sol, comme cela est de coutume en France. Nous aurons dans cette journée tiré environ 200 oiseaux et plus de 1 000 cartouches, soit 5 cartouches pour un oiseau. Cela démontre, s’il est nécessaire, la qualité des battues et des oiseaux.Pour nous rassurer de nosrésultats,Xaviernousfait remarquer que ce jour il n’y avait pas de vent et quand il y en a, le vol des oiseaux est encore plus diabolique… à quelques encablures de la Manche, pourquoi faudraitil la traverser, alors que nous avons mieux chez nous ? ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Philippe Le grand

Du côté de la loi…

Les dégâts du gibier

◆ Ce sont les fédérations départementales des chasseurs qui gèrent, au nom de la collectivité publique, les dégâts agricoles des grands animaux selon un régime d’indemnisation très encadré.

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HOLGER EHLERS/ALAMY

C

’est un spectacle qui affecte la quasi-totalité des provinces françaises. Qui, en effet, n’a vu ces prairies, ces maïs, ces vignes sévèrement secouées ? Rien à faire, saison après saison, conséquence de l’explosion des populations de grands animaux, les montants des dégâts de ces animauxsuiventlesmêmescourbes: pouratteindreprèsde34millions d’euros en 2008-2009 (derniers chiffres connus), dont plus de 80 % sont imputables aux seules bêtes noires… Cette affaire des dégâts n’est pas une nouveauté.À la suite des prémices du plan de chasse lancé en 1963, le législateur a pris les choses en main. Il avait d’abord supprimé,en 1968,la possibilité detirerlesgrandsanimauxautitre deladestructiondesbêtesfauves. Commel’écritjustementJacques Guilbaud dans la Chasse et le Droit,«lescervidéspayaientunlourd tributaudroitd’affûtdontl’exercice était provoqué au moins autant par la convoitise cynégétique de l’agriculteur que par la légitime défense de ses récoltes ».D’où depuis cette date, un régime légal d’indemnisation, contrepartie d’un plan de chasse qui, par définition, limite les prélèvements. C’est donc à l’administration au sens large de prendre en compte les dégâts et,à plusieurs reprises,preuve s’il en était de la sensibilité du sujet,la réglementation a été modifiée en profondeur notamment par les lois du 26 juillet 2000 et du 23 février 2005.Aujourd’hui, ce n’est plus l’ONCFS qui est chargé de l’indemnisation au nom de la col-

Sanglier. Les bêtes noires concentrent 80 % des dégâts du grand gibier.

lectivité publique,mais les fédérationsdépartementalesdeschasseurs. Précisons d’emblée que cette procédure exclut l’indemnisationdesdégâtsforestiers(qui a fait l’objet d’une réglementation particulière). Seules donc les terres de production végétale pourront être prises en compte. Concrètement, pour qu’un agriculteurpuisseprétendreàune quelconqueindemnisationildoit réunir de multiples conditions. En premier lieu, il doit prouver quelesditsdégâtssontimputables aux seuls grands animaux, et qu’ils ne doivent pas venir de son propre fonds. En d’autres termes, s’il y a un plan de chasse sur les terrains concernés,etqueceplann’estpas oumalexécuté,ilyauraprésomption de faute : une indemnisationtotaleseraenprincipeexclue. Si les animaux ne sont pas sou-

Jours de C HASSE ◆

mis à un plan de chasse – mesurequineconcernedanslesfaits que les sangliers –,la victime devra démontrer qu’elle n’a pas encouragé la venue de sangliers,en agrainant en permanence ou en semant des cultures destinées à les attirer… La jurisprudence est plus qu’abondante. Dans le même esprit,il y aura présomptionderesponsabilitési la victime a refusé de protéger lesculturesalorsmêmequelafédération des chasseurs proposait des mesures de protection. En fonction de son degré de responsabilité,lavictimepourravoir son indemnité subir un abattement de 80 %. Signalons qu’en tout état de cause,un dossier ne sera pris en compte qu’à partir de76eurosdedégâts–chiffrequi neconcernequel’exploitation(le cumuldesdossiersestpossible)–, et qu’un abattement forfaitaire

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de 5 % s’applique quelle que soit l’indemnité reçue.Quant au calcul de l’indemnité,deux cas sont àdistinguer.Silesdégâtsconcernentdessemis,lavictimepourra, soit établir un constat provisoire et attendre la récolte, soit choisirl’indemnisationimmédiateen vue de ressemer. Àrebours,silesdégâtstouchent des récoltes sur pied, l’indemnitéseraégaleaunombredequintaux non récoltés multiplié par un prix fixé par une commission départementalesuivantletypede culture (elle est composée de représentantsdumondeagricoleet de chasseurs). Précisons que les cours des céréales sont fixés par une commission nationale qui propose une fourchette de prix, qui dépendent de l’évolution du marché mondial (c’est notammentpourcetteraisonquelesdégâtsontaugmenté,aveclahausse ducoursdublétendreetdumaïs grain). Concrètement, son dossier rempli est envoyé à la fédération départementale où sont situées les parcelles concernées, qui enverraun“estimateur”désignépar la commission départementale. Une notification est adressée au réclamant, qui a dix jours pour faire connaître son choix. Il faut noter que le plaignant atoujoursledroitd’exercerunrecours contre l’auteur du dommage. Fondée sur l’article 1382 du code civil, elle suppose donc un dommage, une faute et un lien de causalité entre les deux (souvent un voisin qui a favorisé plus que de raison la présence de grands animaux). ◆


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HISTOIR

Chasseur

de légende ◆

Bror von Blixen-Finecke Baron de l’extrême par Ardina Strüwer

I

L AIMAIT

PASSIONNÉMENT L’AFRIQUE,

LA GRANDE CHASSE

ET LES FEMMES.

PORTRAIT D’UN PERSONNAGE HORS DU COMMUN.

◆ U

n soir de l’hiver de 1946,le baron suédois Bror von Blixen-Finecke disparaît dans un banal accident de voiture en Suède, sur une route enneigée, enallantàunbalmasqué.Banaletpresque stupide pour un homme qui avait tout vu et tout connu. Il avait déjà frôlé la mort à plusieurs reprises,lors de chasses au lion,au buffle ou à l’éléphant.Il avait survécu à un tas de maladies tropicales, survolé l’Afrique de l’Ouest une huitaine de fois en avion monomoteur pour se rendre en Europe, traversé le désert de Sahara en voiture… Mais son destin avait fini par le rattraper à 60 ans, sur une route verglacée,à deux pas où il était né,dans le sud de la Suède.L’histoire est bien cruelle,car,pour le profane,elle n’a retenu dans les filets de la postérité que sapremièrefemme–ilsfurentmariéspen-

dant dix ans–, la légendaire Karen et sa ferme Africaine. Mais sait-on que sans son mari,Karen ne serait,sans doute,jamais entrée dans la légende… Au vrai,le baron Blixen fut l’un des chasseurs blancs les plus réputés de son époque.Il chassa à côté d’Alan Black,de Philip Percival et de Denys Finch Hattonetcomptaparmisesnombreuxclients EdouardVIII,ErnestHemingwayouencoreGeorgeVanderbilt.Cetépicurieninfatigable,pleindecharme,fêtardendiable, grand séducteur,était aussi un immense chasseur. Il était capable de tirer entre les deux yeux un buffle en pleine charge toutensedemandants’ilprendraitungin ouunwhiskyàl’apéritif.D’ailleurs,quand, à la fin de sa vie, on demandait à Karen Blixen ce qu’elle aimerait revivre, elle répondait : « Partir encore une fois en safari avec Bror.» Bror von Blixen-Finecke et son frère jumeau Hans naissent en 1886 dans le manoirdeNäsbyholm,ausuddelaSuède. Le domaine est un des plus célèbres territoires de chasse de Scandinavie à telle enseignequelesfamillesroyalesdeSuède et du Danemark y viennent régulièrement.Lesétudesnepassionnentguèreles deux frères, en tout cas bien moins que les chevaux, les chiens, la chasse et les armes.Dans l’introduction de son autobiographie African Hunter – parue en 1938–,Bror écrit qu’il ne sait plus à quel âge il avait commencé à chasser mais BROR, KAREN ET LES DEUX LIONNES QU’ILS TUÈRENT LORS DE LEUR PREMIER SAFARI EN 1914. À LA FIN DE SA VIE, LORSQU’ON DEMANDA À KAREN CE QU’ELLE AIMERAIT REVIVRE, ELLE RÉPONDRA SIMPLEMENT : “PARTIR ENCORE UNE FOIS EN SAFARI AVEC BROR.”

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QUELQUES PHOTOS DE LA VIE DE BROR VON BLIXEN. AVEC SON FRÈRE HANS VERS 1898. CI-DESSOUS À GAUCHE, EN 1890 LES DEUX FRÈRES, TOUJOURS DANS LEUR PAYS NATAL. CI-CONTRE, BROR AVEC HEMINGWAY À MIAMI À BORD DU BATEAU DE L’ÉCRIVAIN EN 1935. CI-DESSOUS, BROR ET SA DEUXIÈME FEMME, COCKIE DANS LEUR COTTAGE À BABATHI.

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À DROITE, DICK COOPER, UN DES FIDÈLES AMIS DE

BLIXEN. CI-DESSUS, LA VOITURE AVEC

BROR ET CHARLES MARKHAM REMONTERONT DU CONGO À PARIS ! À GAUCHE, BROR VON BLIXEN FERA LAQUELLE

SIR

CHASSER DES CLIENTS RENOMMÉS COMME

GALLES (À DROITE).

LE PRINCE DE

EN 1928, LE SAFARI GALLES

DU PRINCE DE

IMPRESSIONNA PAR LE NOMBRE DE VÉHICULES QUI LE COMPOSAIT.

EN 1930, ÉDOUARD VIII REVIENDRA AU KENYA POUR CHASSER

L’ÉLÉPHANT CETTE FOIS ET DEMANDERA À CE QUE

BROR SOIT

DE NOUVEAU SON GUIDE.

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Bror von Blixen qu’il avait plus « tendance à se saisir d’un de miel sur les rives du lac Naivasha, ils des années 1920. C’était là qu’on se refusilquedesejetersurunlivre».Pendantque passent l’essentiel de leur temps à chas- trouvait entre deux safaris. Les nostalson frère Hans von Blixen rentre dans la ser.Leur premier safari dure un mois,ils giques de la Vieille Europe pouvaient y cavalerie (il obtiendra la médaille de sont accompagnés de neuf porteurs et jouer au golf et au tennis ou déguster de bronzeendressageauxjeuxOlympiques de trois chariots tirés par des mules.Pour grands millésimes. Les soirées privées de 1912),Bror choisit sans enthousiasme Karen,c’est la première expérience sous au Muthaiga faisaient l’objet de critique des études d’agronomie pour plus tard la tente et sa première chasse aux grands surtout de ceux qui n’y avaient pas acreprendre la ferme familiale de Stjärne- animaux.Brorluiapprendàtireravecune cès. On parlait d’orgies, de duels, d’une holm.C’estenrencontrantunejeuneDa- carabine, une Mannlicher Schoenauer faune décadente.Bref un lieu idéal pour noise, Karen Dinesen, que sa vie bas- 256.Dans une lettre adressée à son frère, Bror von Blixen ! Après s’être amusé à jouer au parcule.Karen tombe d’abord éperdument Thomas Dinesen, elle raconte : « Dans amoureuse de son frère Hans, mais ce- ces régions,on est facilement tenté de tirer de faitpropriétairefermierpendantquelques semaines, le jeune agriculteur lui-cinerépondpasàsapassion. trouve d’autres occupations au Aprèscerejetunpeuhumiliant, prétextequelescaféiersmettront Karen part pour Paris afin de plusieurs années avant de venir perfectionner son français et y à maturité.En réalité,il part pour étudier l’art. À son retour, un en apprendre plus sur la vie sauan après, Bror lui déclare sa vage. À sa sœur, il raconte : « Je flamme. À la veille du Noël me sens libre comme l’oiseau.Je me 1912,Bror,alors âgé de 27 ans, réjouis de toute la splendeur de et Karen se fiancent. Du point l’Afrique.De mettre pied dans un de vue de Bror, ce mariage ne pays qui n a jamais été labouré pouvait qu’apporter des avanavant,demarcherdansdesforêtsqui tages, Karen partageait sa soif n’ont jamais connu ni la hache ni la d’aventure et, avec l’argent de scie.» C’est évident que son obsa belle-famille, il allait poujectif ne se trouve pas dans les voir réaliser ses rêves. caféiers et qu’il fuit l’ordinaire En se mariant, il fuyait la pour l’extraordinaire. morosité et le triste sort qui Hélas,cette vie idyllique va s’arl’attendait –la direction d’une rêter brusquement avec l’arriferme laitière au fin fond de la vée de la guerre. La nationalité Suède. Karen, de son côté, rede Bror provoque une certaine jetait la perspective d’une vie LES PREMIÈRES ARMES DE KAREN suspicion chez les Anglais, qui fadeetbienréglée.Brorluioffre AVANT LEUR PREMIER SAFARI, BROR APPRIT À KAREN À MANIER se demandent si les Suédois ne un titre de baronne et une pa- CORRECTEMENT SA CARABINE, UNE MANNLICHER SCHOENAUER 256. sont pas pro-Allemands. Blixen rentéaveclaplushautenoblesse, etlafamilleroyaledeSuède.Aussi,quand trop loin,mais Bror m’en a dissuadé avec et ses compatriotes feront de nombreux leur oncle en commun, le comte Mo- fermeté et il s’est révélé très doué pour me efforts pour montrer leur loyauté et esgens Friis, leur vante les beautés de permettre d’approcher le gibier.Et pourtant, pérer rejoindre l’armée britannique.Son l’Afrique orientale britannique,qu’il ve- à plus de 400mètres,j’ai mis une balle dans ami suédois, Éric von Otter (voir Jours de Chasse n° 39), a, lui, été pris dans les nait de découvrir lors d’un safari, les le cœur de gnous et de topis… » Les pluies furent abondantes ce pre- King’sAfricanRifles,maisBlixendoitatnouveaux fiancés décident d’y aller.Bror part en éclaireur et quelques mois plus mier printemps et ils réussirent à plan- tendre, avant qu’on ne l’engage comme tardilsachètentdesterresàdixkilomètres ter une bonne quantité de café. Pour les officier de renseignement. Puis il est nouveaux mariés, la vie est belle. Il y a chargé d’établir une ligne de communide Nairobi, pour planter le café. L’endroit est idyllique avec ses éten- des safaris,des chasses et des dîners,sans cationentrelafrontièremassaietNairobi, dues de forêt vierge, sa faune et sa flore. oublierlessoiréesauMuthaigaClub.Bien mais l’unité est dissoute au bout d’un La vue de la ferme est à couper le souffle plus encore que les deux hôtels de la an. Bror von Blixen partage de nouveau avec les cinq sommets des collines du ville,le Norfolk et le New Stanley, le Mu- son temps entre la chasse et le Muthaiga. Ngong qui dominent majestueusement thaigaàl’extérieurdeNairobijouaunrôle Il passe de moins à moins par la ferme ; le paysage.Après quelques jours de lune déterminant dans la légende du Kenya mais Karen tombe malade et est obligée

“JE ME SENS LIBRE. JE ME RÉJOUIS DE TOUTE LA SPLENDEUR DE L’AFRIQUE. DE METTRE PIED DANS UN PAYS QUI N ’ A JAMAIS ÉTÉ LABOURÉ AVANT, DE MARCHER DANS DES FORÊTS QUI N’ONT JAMAIS CONNU NI LA HACHE, NI LA SCIE.” Jours de C HASSE ◆

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Bror von Blixen de rentrer au Danemark pour se faire soigner.Elle souffre de syphilis.Très vite, lemalaisevas’installeretmarqueuntournantdanslecouple.Karenresteplusd’un an chez sa mère au Danemark. Lorsque Bror la rejoint, son oncle Aage Westenholz,actionnaire de Karen Coffee Company, entre en conflit avec lui et pointe du doigt sa mauvaise gérance de l’exploitation et ses multiples infidélités. Mais en 1917,le couple repart plein d’enthousiasme pour le Kenya, le nou-

veau nom pour l’Afrique orientale britannique.La région est confrontée à une terrible sécheresse et la récolte est dérisoire.Les émoluments versés par la KarenCoffeeCompanyleurpermettenttout justedevivre.Enplusdeleursproblèmes à la ferme, la mort soudaine et tragique de Hans, le frère jumeau de Bror, dans un accident d’avion est reçue comme un choc. L’harmonie du couple est bouleversée. Bror veut quitter Karen pour CockieBirkbeck.Karen,desoncôté,s’estlaissé séduireparDenysFinchHatton.Enl’apprenant, Bror l’encourage à aller le retrouver au Caire, où il fait sa formation de pilote. Karen ne veut néanmoins pas divorcer même si Bror ne vit pratiquement plus à la ferme.Elle a depuis longtemps accepté cette situation, et veut à

tout prix garder son titre de baronne.La sionnellecommechasseurblanc.Lesdeux famille Dinesen n’est pas de cet avis : les hommes font plusieurs expéditions enDinesen acceptent de continuer à inves- semble en Ouganda, au Congo, au Tchad et au Niger. Ils tir dans la plantation seulerecueillenttoutunecolment si Bror ne remet plus UN BUFFLE lection de poissons et les pieds à la ferme. PRINCIER de plantes de la rivière En 1922, ils divorcent. LE PRINCE DE GALLES Bror von Blixen abandonne AUX CÔTÉS D’UN JOLI BUFFLE CongopourleMuséum d’Histoire naturelle de de tous ses biens à l’excep- (CLICHÉ PRIS PAR BROR VON Londres – et c’est à la tion de ses fusils. Ses créan- BLIXEN LUI-MÊME). BROR fin de ce voyage,près de ciers le poursuivent sans re- CONFIERA QUE LE PRINCE Kano au Niger, qu’ils lâche tant et si bien qu’il fut DE GALLES FUT L’UN ont l’idée folle de traDES TROIS verser le désert du SaCHASSEURS haraenvoiture.IlsveuLES PLUS lent atteindre l’Europe ENDURANTS sans avoir à passer par QU’IL AIT le Kenya. Ils achètent à CONNUS. unAméricain,unesorte de camionnette de livraison, davantage bâtie pour les routes des États-Unis que pour le désert. Le gouverneur de Tchad tente de les faire renoncer en expliquant combienleurprojetétaitinsensé,notamment, à cette époque de l’année, en raison des tempêtesdesablefréquentesetdespoints d’eauasséchés.Ilsn’enontcure:enquinze jours,ilsparcourent4500kilomètresentre Kano et Le Caire,à travers le Sahara par des températures au-dessus de 50 °C à obligé de se cacher dans la réserve mas- l’ombre.Ils se perdent plus d’une fois et sai (« Je me trouvai les mains vides,tout seul pour peu meurent de soif avant d’arridans la brousse.Mais au moins,j’avais en- ver à Alger. Presque immédiatement, core mon fusil »).Heureusement,Bror n’a ils prennent la direction de Paris où pasdedifficultésàtrouverdesclientspour Cockie, la nouvelle fiancée de Bror, les ses safaris. Un de ses amis proches, le attend au Ritz… Detellesaventurescréentdesliens… gouverneur sir Robert Coryndon, le recommande à un riche Anglais excen- D’ailleurs,certains de ses clients devientrique,sir Charles Markham.Ce dernier dront des amis,comme Dick Cooper,un arrive au camp de Blixen en pleine nuit, autre Anglais richissime, qui voulait formulel’intentiondefaireunsafariàtra- tirer un lion à l’arc. Ce safari faillit mal vers l’Afrique, d’une côte à l’autre. Cal- tourner.Cooper vise le lion,l’atteint mais mement, Blixen lui indique qu’il n’y a le blesse seulement ; la bête disparaît et pas de routes qui traversent l’Afrique de Blor von Blixen demande à son assispart en part. Markham ne se démonte tant de grimper dans un arbre pour le pas pour autant et lui répond qu’il a localiser. Le lion resurgit, se jette sur Blixen qui lui met une balle dans la poideux ans devant lui ! Un salaire pendant deux ans ! Un trine. Malgré cette nouvelle blessure, le cadeau tombé du ciel pour Blixen. Ce lion poursuit sa course et une seconde safari est le début de sa carrière profes- balle est nécessaire pour l’achever. >>

LA

B ROR VON B LIXEN EST TELLE QU’UN JOUR, UN DE SES CLIENTS IRA MÊME JUSQU’À LUI DEMANDER DE S’ENGAGER PAR ÉCRIT À NE PAS COUCHER AVEC SA FEMME DURANT LE SAFARI ! 134

RÉPUTATION D ’ IRRÉSISTIBLE SÉDUCTEUR DE

Jours de C HASSE ◆

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Bror von Blixen Blixen devient très vite un chasseur au lion renommé n’hésitant à aller dans les endroits les plus inaccessibles. Plus tard, il écrira que tout ce qu’il savait du lion provenait du lionceau orphelin qu’il gardaprèsdeluipendantplusdesixmois. Il se distingue en tout point des autres chasseurs. Il se refuse à se prendre au sérieux, ne ressemble en rien à la figure hollywoodienne du chasseur blanc. La seule chose qu’il partage avec les chasseurs héroïques : une irrésistible séduction.Un jour,un client lui demande même des’engagerparécritànepascoucher avec sa femme durant le safari… On est en 1928,Blixen vient de se marier avec Cockie. Dick Cooper, son client devenu ami, vient d’obtenir 5 000acres à Babathi, près d’Arusha, au Tanganyika. Il demande à Blixen de l’aider à s’en occuper.Cela tombe bien car lecoupleestsanstoitetsans revenus.Lafermeestd’une beauté extraordinaire. En novembre de cette même année,le prince de Galles, Édouard VIII,estenvisite semi-officielle dans la région pour chasser. Il aime l’approchedulionetFinch Hatton lui propose d’aller voir Bror von Blixen, considéré comme un expert hors pair. Ils font connaissance et deux jours plus tard partent pour un safari. Ils sont bientôt sur les traces d’un beau lion et le traquent pendant plusieurs heures. Verslemilieudelajournée,lestracessont de moins en moins visibles,mais Blixen repère le lion se reposant sur un plateau dominé par des herbes hautes. Sa tactiquehabituelleconsisteàplacerplusieursrabatteursendemi-cercle,derrière le lion pour qu’ils poussent le gibier vers le client. Mais cette fois-ci, Blixen n’a pas assez d’hommes et il doit rabattre lui-

même et laisse le prince avec Finch Hat- avoireffectuélaliaisonAngleterre-Améton.Il contourne le sommet où se trouve rique seule à bord de son monomoteur) lelion,entredanslesbroussaillesetlance qui pratique les vols de reconnaissance. des cris pour effrayer le lion qui surgit Dans son livre Vers l’Ouest avec la nuit, droit sur le prince. Édouard VIII tire elleraconteuneanecdotedechasseàl’éléavec un .350 double Express prêté,rate phant. Les éclaireurs Wakamba engagés son premier coup, mais achève le lion à pour un safari avaient signalé un grand troupeau, composé de 150 mètres avec la seconde plusieurs mâles intéballe. Le successeur du LOCALISER LES trône est impressionné par ANIMAUX DU CIEL ressants,àunetrentaine dekilomètresducamp. l’audace de Blixen et dé- BROR EST AVEC UN CASQUE Blixen repère le troucritd’ailleursl’épisodedans ET DES LUNETTES DE PILOTE). peau de l’avion.Il grifsonagendaSafariSportand LE SURVOL DES TERRITOIRES fonne une petite note Travel in East Africa. LUI PERMETTAIT DE REPÉRER LES et la passe à sa pilote : ANIMAUX AVANT « Regarde, le gros mâle D’ENTAMER est énorme.Retourne au UNE APPROCHE camp.» À PIED : Quelques heures plus UNE ÉTHIQUE tard ils continuent les DISCUTABLE. observations du trouC’ÉTAIT UNE peauàpieds.BlixendeAUTRE ÉPOQUE. mande à Markham de le suivre : « Il nous fallut un peu plus d’une heure pour exécuter un demi-cercle de 50mètres.C’était deux grands mâles,avec de belles défenses,d’au moins cinquante kilos,peut être plus.[…] L’un des mâles leva latête,puissatrompeetseretournapournous faire face.[…] Il était allé par hasard chercher pâture dans un endroit que nous venions de quitter,et nous avait sentis.[…] Le gros mâle était à trois mètres de nous environ.Blix se mit debout et leva son fusil avec Après le safari princier,Bror von Bli- une expression de tristesse ineffable.» L’éléphant émet un barrissement xen gagne encore en réputation.Tout le monde veut faire un safari avec le même furieux, déploie ses oreilles et lève la chasseur qui a rabattu pour le prince. trompe.Markham croit le moment opSes origines aristocratiques lui donnent portun pour tirer mais Blixen reste sans un avantage supplémentaire :les Anglais bouger d’un centimètre. L’éléphant ont l’impression qu’ils sont avec l’un de avance encore. Blixen ne fait pas le leurs et les nouveaux riches américains moindre mouvement mais lance une liadorentêtreencompagnied’unmembre tanie de jurons. L’éléphant avance encoreetcettefois-cilesimprécationspleude l’aristocratie. Blixen a une autre passion :la chasse ventensuédois.Markhamtrembledetout à l’éléphant,pour lui l’animal le plus fas- son corps, Blixen reste de marbre. Au cinant et le plus intéressant d’Afrique. second barrissement de l’éléphant, plus BrorvonBlixen,lepremier,utilisel’avion alarmant, tout le troupeau d’éléphants pourlocaliserlesanimaux.Ilnepilotepas se met en branle et décampe. De retour au camp, pas une seule lui-même. C’est la célèbre Beryl Markham (elle sera la première personne à parole n’est échangée.S’effondrant dans

SES ORIGINES ARISTOCRATIQUES LUI DONNENT UN AVANTAGE SUPPLÉMENTAIRE POUR TROUVER DES CLIENTS : LES ANGLAIS ONT L’IMPRESSION D’ÊTRE AVEC L’UN DES LEURS, ET LES AMÉRICAINS ADORENT ÊTRE AVEC UN MEMBRE DE LA NOBLESSE. 136

Jours de C HASSE ◆

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IMAGES TIRÉES DU FILM

“OUT OF AFRICA” OÙ MERYL STREEP JOUAIT LE RÔLE DE KAREN ET KLAUS MARIA BRANDAUER CELUI DE BROR. CI-DESSOUS, BERYL MARKHAM, LE PILOTE DE BROR.

BROR DURANT LA PREMIÈRE GUERRE, AGENT DE LIAISON ENTRE LA FRONTIÈRE MASSAI ET

NAIROBI. CI-DESSUS, AVEC EVA DICKSON EN BROUSSE, UNE DE SES DERNIÈRES CONQUÊTES.

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RÉSULTAT D’UN SAFARI DE BROR. CI-DESSOUS EVA DICKSON. TOUS CEUX QUI RENCONTRERONT

BROR SERONT MARQUÉS PAR LE PERSONNAGE TEL

ERNEST HEMINGWAY

QUI DIRA DE LUI QU’IL EST

“UNE FIGURE

QU’ON NE PEUT OUBLIER”.

BROR VON BLIXEN AVEC

SON PREMIER ÉLÉPHANT.

CI-DESSOUS ET À DROITE, BROR EN 1943 DE NOUVEAU SUR LE CONTINENT EUROPÉEN ET SON HÔPITAL MILITAIRE MOBILE (CI-DESSOUS).

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Bror von Blixen son fauteuil pliant devant les tentes,Beryl lance finalement : – Qu’est-ce que tu attendais donc pour tirer ? –Ne dis pas de bêtises.Tu sais aussi bien que moi pourquoi je n’ai pas tiré. Ces éléphants sont pour Winston. – Je sais bien.Mais qu’aurions-nous fait si l’éléphant avait chargé ? En réalité, un chasseur expérimenté connaît la différence entre une charge simulée et une charge réelle. Quand un éléphant attaque, il ne crie pas et il ne s’arrête pas.Au contraire,il fonce,la tête baissée, presque dans ses genoux. Voilà pourquoi Bror n’avait pas tiré. En 1930,le prince Édouard VIII retourne au Kenya pour une chasse à l’éléphant.Il arrive par bateau à Mombasa, continue par le trainversNairobietdescend à Tsavo. À l’apparat des safaris somptueux, il préfère la traque à pied. Il amène aussi sa propre caméra pour filmer.À Jipi,près des montagnes, ils découvrent des tracesd’unéléphantavecdes défenses exceptionnelles. Denys Finch Hatton, Bror von Blixen et le prince suivent les traces de l’éléphant dans une chaleur épouvantable.En quatre jours,ils ont parcouru soixante-dix kilomètres sans avoir jamais aperçu leur proie. Ils sont épuisésetilneleurrestetout juste que quelques gorgées d’eau.Finch Hatton est persuadé que l’éléphant mâle n’est pas loin. C’est alors qu’unmâle«grandcommeune maison » est repéré. Il fait signe au prince d’avancer pour pouvoir avoir une vue plus dégagée afin de tirer. Mais le prince marche sur une branche sèche qui se brise.L’éléphant détale alors comme une fusée… Blixenreviendralonguementdanssabiographie sur ce safari et confiera que le prince fut un des trois chasseurs les plus endurants qu’il connut. L’Américain Alfred Vanderbilt fut également un client de choix de Blixen. Sur la piste d’un éléphant mâle depuis un mois sans avoir pu l’approcher d’assez près pour pouvoir tirer, après avoir accidentéunavion,détruittroisvéhicules,

Blixen s’attend à ce que Vanderbilt le li- Dickson, qui aimait la course automocencie, mais le milliardaire lui demande bile et qui passait son temps à battre les àlaplacecombiendetempsilluifautpour records de vitesse. Mais en 1938, Eva réussir à tirer un grand éléphant.Blixen Dickson, qui participe à une course aus’engage sur deux mois. Ironie du sort, tomobile sur la route de la Soie, trouve Brorrevientpeudetempsaprèsaumême la mort près de Bagdad. Bror est proendroit avec d’autres clients. Il s’est as- fondément choqué.Winston Guest,ami socié avec le célèbre guide Philip Perci- etancienclientdesafari,veutaiderBlixen val et, en huit jours, ils arrivent à avoir qui sombre dans la misère et lui propose quatreéléphants…BlixenetPercivalfon- uneplacedegardedechassesurdesterres qu’il loue à Gardiners deront la compagnie de safaIsland à Long Island ris Tanganyika Guides. Ils DES GUIDES (NewYork).Ilestchargé deviendront les meilleurs RECONNUS chasseurs blancs de l’Afrique BROR AVEC PHILIP PERCIVAL, de gérer les faisans et de l’Ouest. Leurs safaris ne LE CÉLÈBRE GUIDE. LES DEUX de surveiller la colonie d’oies sauvages qui pasproposaient que deux “for- HOMMES FONDERONT sent sur l’île. Bror acmules” : le safari première LA COMPAGNIE DE SAFARIS cepte. Lorsque la Seclasse, pour lequel les clients TANGANYIKA GUIDES, ET condeGuerremondiale DEVIENDRONT éclate, Bror von Blixen TRÈS VITE rentre en Europe pour LES MEILLEURS s’engager auprès des CHASSEURS Anglais, mais sa natioBLANCS nalité suédoise lui en DE L’AFRIQUE empêche. Mais il rasDE L’OUEST. semble suffisamment d’argentpouracheterunhôpitalmilitaire mobile qu’il amène en Norvège où les combats entre Allemands et Norvégiens fontrage.LesAllemandsprennentledessus et Blixen doit fuir en passant la frontière suédoise. Il passe les dernières années de sa vie sà Näsbyholm.Il chasse sur les terres familialesetécritsabiographiesursesannéesenAfrique:AfricanHunter.Le2mars 1946, Bror von Blixen, sa nouvelle fiancée Ruth et son ami Corfitz Beck Friis sont invités à un bal masqué. Il a neigé, la route est glissante,la voiture dérape et vient s’écraser contre un arbre. Blixen est tué sur le coup. C’estpeut-êtresonfilleulUlfAschan qui participa au tournage au Kenya du filmOutofAfrica–oùKlausMariaBranavaient à leur disposition jusqu’à trois dauer joue le rôle de Blixen–, qui a réavionsetuneéquipe ;etlesafarideuxième sumé le mieux la vie de Bror von Blixen classe, qui était simplement un moins dans son livre The Man who Women Loved : « Il fut un homme plus grand que la somptueux. Ernest Hemingway sera un client vie.Toujours dépensant généreusement,il de ses safaris.Il tisse des liens avec Blixen prit ce que la vie avait à lui offrir et il accepqui se fera même inviter sur son bateau, tait l’aventure où il la trouva.» ◆ le Pilar, pour des parties de pêche dans Pour en savoir plus :Bror von Blixen a Great les Bahamas. Les deux hommes auront Adventurer d’Anastassia Arnold (1992) : descontactsréguliers.Hemingwayécrira Baron Blixen,the Man whom Woman Loved, à son sujet : « Le baron est une figure qu’on de Ulf Aschan (1986) ;et Bror von Blixen, ne peut oublier.» Lors du séjour sur le Pithe Africa Letters,St Martin’s Press (1988). Ces deux derniers livres ont permis d’enrichir lar,Blixen avait embarqué avec une noul’iconographie de cet article. velle conquête, la jeune Suédoise Eva

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“SANGLIERS DANS

UNE BAUGE MOUSSUE”.

S’IL Y A DE LA SENSIBILITÉ DANS SES ŒUVRES, IL N’Y A JAMAIS DE MIÈVRERIE OU DE FLATTERIE.


Crayons

et

Pinceaux

Estelle

Rebottaro La sensibilité animale par Virginie Jacoberger-Lavoué

PHOTOS : ESTELLE REBOTTARRO

P

S

ON TRAIT EST PRÉCIS,

AUTHENTIQUE, SANS JAMAIS SE DÉPARTIR D’UNE INDÉNIABLE POÉSIE.

ESTELLE REBOTTARO A CETTE QUALITÉ, RARE, D’AVOIR UN VRAI STYLE.

eindre n’est autre que ressentir, estimait le grand paysagiste anglais John Constable et il ajoutait même que la peinture « n’est que la constante recherche des lois de la nature ». Lorsqu’on s’arrête un instant sur l’œuvre déjà abondante d’Estelle Rebottaro, ce propos revient comme le ressac, inlassablement comme ces goûts, ces saveurs qui s’imprègnent presque à notre corps défendant dans l’esprit et l’œil du profane. Notre jeune artiste sent la vie animale, telle qu’elle est, et non telle que les urbains la voient. On ne peut qu’admirer les têtes si expressives de ses korthals, qui respirent tout à la fois l’intelligence, la passion et la rusticité : ils sont là prêts à partir pour la chasse, à affronter les taillis et les ronces, protégés par leur poil dur. De la même façon, on ne peut rester insensible à ses springers, tendus vers une chose, plaire à leur maître. Ses bécassines méritent aussi quelques lignes : en peu de traits, nous pouvons imaginer toute la fragilité et la vitesse de nos petites migratrices.Tout comme cette chevrette avec ses chevrillards, en alerte, dont elle a su saisir l’œil inquiet, inquisiteur, presque agressif. C’est encore la légèreté avec ce renard mulotant, et la force avec cette meute de loups et leurs yeux de braise.

O

n l’aura compris, Estelle Rebottaro ne cède jamais à la facilité. Et s’il y a de la sensibilité dans ses œuvres, il n’y a jamais de mièvrerie ou de flatterie. Elle veut échapper à toute représentation un peu trop convenue et y parvient parfaitement car tout détail est d’une parfaite authenticité. Si certains de ses fidèles clients sont des amoureux presque transis de ses oiseaux, d’autres ne jurent que par ses grands animaux. Ses cerfs forcent en effet l’admiration, avec leur dimension à la fois grandiose et tragique de la vie.Regardez l’attitude et le regard de ce cerf, il porte toute l’empreinte de la grandeur et de la tragédie animale. >>

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Estelle Rebottaro POUR ESTELLE, IL N’Y A PAS L’OMBRE D’UN DOUTE : LES SORTIES DE CHASSES AVEC SON PÈRE, DANS LE BERRY, SES HEURES D’OBSERVATIONS SONT À L’ORIGINE DE SA VOCATION D’ARTISTE…

PHOTOS : ESTELLE REBOTTARRO

◆ “CHEVRETTE NEZ

AU VENT” ET, CI-CONTRE,

“PERDRIX GRISE”. LA VIE ANIMALE TELLE QU’ELLE EST NON TELLE QUE LES URBAINS VOUDRAIENT LA VOIR.

SUPERBE “CERF” ET, À DROITE, “BROCARD DANS LES FOUGÈRES”.

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Il y a une sorte de regard acéré et de puissancecachéequiéclairentsesœuvres.Letrait est si précis, authentique, mais sans jamais se départir d’une indéniable poésie,qu’il ne peut émaner, pense-t-on de prime abord, que d’une artiste à la formation longue et fastidieuse. On l’imagine même volontiers élève appliquée des Beaux-Arts,tant sa technique paraît aboutie et maîtrisée. Nous en sommes pourtant à mille coudées… Car notre jeune artiste animalière est une autodidacte pur sucre. Bref, en paraphrasantunhumoristeanglais de la fin du XIXe siècle,“elle s’est faite toute seule, et elle ne s’est pas ratée”… C’est dans le Berry, cher à George Sand, où elle a vu le jour en 1974, qu’Estelle Rebottaroapprendàobserverlafaunesauvage auprès d’un père chasseur,fin connaisseur de chaque espèce. Au hasard de leurs billebaudes dans cette campagne dont elle reste très fière mais aussi de leurs longues promenades, il lui apprend les actes de ce grand théâtre qu’est la nature,les us et coutumes de nombre d’espèces, leurs grandes habitudes et leurs petits travers, les terriers fréquentésetceuxdéjàabandonnés,les“coulées”entout genre (plus tard, elle suivra nombre de chasses à l’approche). Pour Estelle, il n’y a pas l’ombre d’une hésitation, ses chasses, ses sorties bucoliques, ses observations,« primordiales pour la peinture animalière »,ont été à l’origine de sa vocation. Le dessin, elle le pratiquera aussi instinctivement que remarquablement dès l’âge de 5ans. Enfant, elle aura une passion pour les papillons et tous les insectes ; elle aura aussi son herbier et reproduira des fleurs, puis ce sera au

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Périnet, l’instrument de la passion… … la passion d’un instrument PASSION DE LA QUALITÉ

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PHOTOS : ESTELLE REBOTTARO

Estelle Rebottaro

“RENARD MULOTANT” ET, CI-DESSOUS, UNE TRÈS BELLE TÊTE DE “LYNX”. PAGE DE DROITE, “LIÈVRE ET PAILLE”, TRÈS BEAUX PORTRAITS DE “DEUX SPRINGERS” ET DE DEUX “MARTRES”. C’EST TOUT À LA FOIS UN RENDU PARFAIT, DE LA DENSITÉ, DE L’INTENSITÉ, TOUT EN N’ÉTANT JAMAIS UNE SIMPLE REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE. TOUT L’ANIMAL EST LÀ, AVEC SA PERSONNALITÉ, SA SENSIBILITÉ.

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tour des mammifères sauvages. Le dessin occupera ainsi presque l’essentiel de ses loisirs ; studieuse, elle passera son temps libre à dessiner. Mais l’élève si appliquée issue d’une famille où personne n’a embrassé la carrière des Beaux-Arts, se laisse gagner par l’exigence des études dites classiques.Elle est contrainte, avant son bac, de mettre un peu de côté le dessin, ne songeant presque plus qu’à être une étudiante parfaite. Elle abandonne son rêve d’être un jour vétérinaire car au fil de ses lectures, elle se sent davantage littéraire. Ceseradoncl’histoireetleslettres,khâgneethypokhâgne, en passant par l’histoire religieuse avant de s’intéresser à l’histoire de l’art. Elle achève brillamment sa thèse d’histoire puis presque sur un coup de tête, se rend compte enfin que sa vie n’est décidément pas là. Estelle reprend alors crayons et pinceaux et se consacre entièrement au dessin animalier. Après quelques essais encourageants, elle franchit définitivement le pas en 1999 et s’installera dans un tout petit atelier, un deux-pièces désuet à Bourges.Tout va désormais aller très vite. Cette année-là,elle exposera dans une galerie de Nançay en Sologne,L’Arche de Noé,qui organiseleFestivaldel’artanimalier.Jusqu’en 2005, elle enchaînera aussi les grandes manifestations comme le Salon de la chasse de Rambouillet,et aussi à l’étranger, avec le Festival international de Bruges (2003), celui de Enschede (Pays-Bas) en 2001, 2002, 2003. En parallèle, forte d’un public d’amateurs éclairés, elle organise des expositions privées. À Paris, ses collectionneurs – presque des mécènes ! – tels Isabelle et Jean-Michel Monnier organisent plusieurs expositions privées avec succès.En province,elleexposegrâceausoutiendeHubert-Louis Vuitton, en collaboration avec le sculpteur Dany Continsouzas.Elledevientaussitrèsproched’autres artistes animaliers comme Emmanuel Frachon (lire Jours de Chasse n° 16) ou Laurent Terreyre.

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De ce choix délibéré,il ne faut pas y voir une quelconque sensiblerie mal placée. Mais plutôt par passion de l’animal. Estelle reconnaît qu’elle passe « énormément de temps à travailler un sujet,trop sans doute ». La raison ? « Mon travail est très proche de l’illustration et je le revendique comme tel.Je suis très attachée au dessin,à l’exigence du trait.» Tout cela lui demande une grande concentration, à la fois pour la réflexion et pour l’exécution ; c’est sa manière d’apprivoiser chaque espèce reproduite. Elle pratique de ce fait beaucoup l’étude avec un animal dans diverses postures sur une même planche et dans ce cas aussi son exécution est « lente, très lente ». Souventaussielleappréhendel’animalsous le prisme du portrait mais toujours avec un souci de réalisme car elle dit avoir « peu le goût de la tendance anthropomorphique ». Quant à sa rigueur de travail, elle n’est pas sans rapport, affirme-t-elle, avec son parcours personnel, notamment ses études littéraires. Pourautant,Estellereconnaîtque,pourdessinerunanimal,unoiseau,l’observationnaît de son enfance est essentielle pour « sentir son sujet », mais trop souvent fugace (« on est souvent trop loin de l’animal ; on ne maîtriseparlalumière,l’œilestparasitéparlapluie, l’obscurité ou l’environnement des bruits… »). Aussi, pour ne rien oublier, pour être au plus prêt de la nature, le recours à des photographies est un choix qu’elle assume (« En tant qu’artiste,on n’est pas toujours prompt à reconnaîtrequepourquel’illustrationsoitcrédibleonaitbesoindesupports commodes,tels des photographies,des vidéos ou des animaux na-

Dans le monde de l’art animalier en plein renouveau, Estelle Rebottaro, à l’image d’un Matthieu Sordot (lire Jours de Chasse n° 5), apporte quelque chose de nouveau, à telle enseigne qu’une de ses œuvres se reconnaît entre cent,et que l’on peut dire à ce titre qu’il y a un “style Rebottaro”. Justement quel est-il ? C’est tout à la fois un rendu parfait, de la densité,del’intensité,toutenn’étantjamais une simple reproduction photographique. Par quelques savantes touches, tout l’animal est là, avec sa personnalité, sa sensibilité. Ce n’est pas un lièvre qui se dresse devant nous,c’est le lièvre qu’elle a vu,observé,touràtourauxaguets,augîte,entrain de « philosopher » selon l’expression si savoureuse de La Fontaine.Et ce qui est vrai du lièvre, l’est tout autant de ses bécasses et de leurs yeux de velours, de ses chiens courants et leurs regards froids,de ses compagnies de sangliers vermillant dont on entend les grognements de satisfaction… Si, aujourd’hui quelques-unes de ses œuvress’appuientsurundécornaturel,elles sonttoujoursresserréessurl’animal,comme saisidansl’instant,oùl’onsent,grâceàd’infimes détails, la puissance, la fragilité. Presque toute la faune est là – même celle d’Afrique avec ses têtes de lions ou de léopards – qu’il soit petit gibier – avec une inclinaison pour le gibier d’eau –, ou grand gibier. Mais les spécialistes auront noté que pas une de ses œuvres ne représente une scène de chasse, même si souvent « mes clients m’en ontdemandé»,souligne-t-elle.D’ailleurs,ellenechassepasellemême, car « tirer ne m’a jamais tenté ».

LES SPÉCIALISTES AURONT NOTÉ QUE PAS UNE DE SES ŒUVRES N’ÉVOQUE UNE SCÈNE DE CHASSE, MÊME SI SES “CLIENTS EN DEMANDENT”. D’AILLEURS, ELLE NE CHASSE PAS ELLE-MÊME. Jours de C HASSE ◆

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Estelle Rebottaro ESTELLE RECONNAÎT QU’ELLE PASSE “ÉNORMÉMENT DE TEMPS À TRAVAILLER UN SUJET,TROP SANS DOUTE”.CAR ELLE AVOUE ÊTRE “TRÈS ATTACHÉE AU DESSIN, À L’EXIGENCE DU TRAIT”.

À GAUCHE, TRÈS BELLE “BÉCASSE”, OÙ L’ON PEUT ADMIRER LE MIMÉTISME PARFAIT. “À DROITE, TÊTE DE “RENARD”. SON PÈRE LUI APPRENDRA LES ACTES DE CE GRAND THÉÂTRE

“TROIS TÊTES DE CE N’EST

LIÈVRES”.

PAS UN LIÈVRE QUI SE DRESSE DEVANT NOUS, MAIS LE LIÈVRE QU’ELLE A VU, OBSERVÉ…

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turalisés). « L’animal sauvage ne pose pas, poursuit-elle. Si l’on souhaite atteindre un certain niveau de détails, il faut « s’aider de supports » : « J’estime que pour une certaine justesse zoologique les croquis sur le vif ne suffisent pas à moins d’avoir à l’exemple de Xavier de Poret et de quelques autres artistes animaliers des animaux en semi-liberté chez soi ;ce qui a longtemps été mon rêve.» Xavier de Poret ? Comment ne pas songer à une certaine filiation en regardant l’œuvre de ce grand artiste (lire Jours de Chasse n° 1) ? Parfois au regard d’une toile – on pense entre autres à son lièvre dans un chaume –, on se dit même que notre illustratrice a beaucoup appris en étudiant le travail de cet animalier. En réalité, elle n’a découvert Xavier de Poret qu’elle affectionne particulièrement, que tardivement.Aussi, si cela ne peut-être une filiation, il y a une indiscutable proximité.Au fil des ans, son style va quelque peu évoluer. Une sorte de nouveau souffle se perçoit d’ailleurs dans son travail. Outre le portrait de l’animal, elle soigne sur la toile la mise en situation avec plus d’attention portée aux végétaux, enchevêtrements de ronces, branchesmortes,graminées…Satechnique semble aussi plus aboutie. Elle aime, dit-elle, « la technique à l’encre de Chine, travailler les effets par jeu de couches d’encre et de transparence ». Souvent, elle utilise également du papier de couleur et elle affectionne de mélanger les crayons, de prendre à la fois un noir,un brun et un blanc notamment pour travailler un modelé,convaincre dans le rendu d’un pelage soyeux… Et pour les plumes ? Elle marie volontiers encre et aquarelleoucrayonetpinceau,délicatement, par touches successives comme pour magnifierl’effetd’unenvol.On comprendaussiqueleprocessus soit long. Maissavieprivéereprend le dessus, sa très belle reconnaissancenel’empêche

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PHOTOS : ESTELLE REBOTTARO

QU’EST LA NATURE.



Estelle Rebottaro SON STYLE A UN PEU ÉVOLUÉ : OUTRE LE PORTRAIT DE L’ANIMAL, ELLE SOIGNE LA MISE EN SITUATION AVEC PLUS D’ATTENTION PORTÉE AUX VÉGÉTAUX, AUX BRANCHES MORTES…

PHOTOS : ESTELLE REBOTTARO

À GAUCHE, “ESTAMPE DE SARCELLE ET SON REFLET” ; CI-DESSUS,

UN REGARD SAISISSANT D’UN “LÉOPARD”. CROQUER L’ANIMAL DANS L’INSTANT, SANS ANTHROPOMORPHISME AUCUN.

pas de partir pour Londres en 2005 où elle restera quatre ans. Sa carrière est un peu mise entre parenthèses, pour éleversesdeuxenfants.Ellepeintmoins et se prend de passion pour l’histoire de l’art, en particulier « celle des enluminures,celledelapeintureoccidentaledes XIVe et XVe siècles,la calligraphie chinoise maisaussilesestampesjaponaises».Voilàbien ce qui explique la nouvelle orientation de ses dessins animaliers qui intègrent du texte. Bien avant de découvrir et de se passionner pour la peinture chinoise, elle était acquise à l’idée que « la peinture est une écriture ». Plus encore, elle aime l’idée qu’une image puisse illustrer un texte et inversement.Ainsi, son travail s’oriente,depuis peu,par de l’ajout subtil de texte dans le dessin.Qu’on ne s’y méprenne pas : ce texte n’est pas là pour fournir des explications, des commentaires ou des légendes, mais se veut une « réelle complémentarité avec le dessin », précise-t-elle. Pour servir cette approche peu commune, Estelle Rebottaro dilue encres, aquarelles, pigments, utilise crayons, plumes, feutres sur des supports papier variés. C’est aussi pour cela que, depuis quelques mois, elle recherche des encadrements moins conventionnels, en matières naturelles, bois, écorces. Dans le même esprit, elle met un soin tout particulier au rendu des matières, fourrures du renard, ou du loup, au bois perlé d’un brocard dans la force de l’âge, soies d’un vieux solitaire, œil humide si particulier de la bécasse, le poil cotonneux du lapin… « Je m’applique, réfléchis pour chaque choix esthétique, à la matière employée.En exagérant un peu,je voudrais presque qu’on ait envie de toucher, explique-t-elle.À rebours,elle reconnaît ne pas attacher une importance particulière à la perspective telle qu’elle est définie par les écoles d’art depuis plusieurs siècles – avec les notions de monofocal et de lignes de fuite… C’est pourquoi, convient-elle, elle préfère parler « de justes et d’atmosphériques proportions » (c’est d’ailleurs pour cette raison que presque aucun bâtiment n’apparaît dans ses œuvres). >>

“PHOTO DE FAMILLE” : UNE TRÈS BELLE MEUTE DE LOUPS.

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Estelle Rebottaro ESTELLE VEUT S’ATTELER À UN PROJET AMBITIEUX, UN VASTE BESTIAIRE SAUVAGE, POUR EXPLIQUER LA SIGNIFICATION DE TOUT UN VOCABULAIRE ANIMALIER TOMBÉ EN DÉSUÉTUDE.

CI-DESSUS, “TROIS MONTAGNES”, LE GRAND GIBIER DE MONTAGNE : BOUQUETIN, CHAMOIS ET MOUFLON. À DROITE, “DEUX JEUNES LIONS” ET, CI-DESSOUS, “MEUTE DE CHIENS COURANTS”.

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« Il me faut la vie dans toute sa densité »,disait le peintre allemand,Otto Dix.Il y a sans aucun doute de cet élan chez la jeune illustratrice qui sait nourrir son art de lumineuses inspirations,elle qui a depuis longtemps comme livre de chevet Toute beauté est singulière de François Cheng. Estelle Rebottaro voit encore plus loin, puisqu’elle veut s’atteler à un projet d’édition très ambitieux, un vaste bestiaire sauvage pour expliquer, en mêlant dessin et texte, la signification de tout un vocabulaire animalier un peu en désuétude,telle la“rabouillère” – terrier de lapines construit avant une portée –, ou d’expressions étonnantes comme“œil de lynx”– attribué pourtant à un félin qui n’est pas réputé pour sa vision hors du commun mais pour son odorat. Entre-temps, l’artiste s’est aussi documentée sur l’art de l’estampe et les techniques de lithographie. Car jusqu’iciseslithographiesétaienttoutestravailléescommedesestampes, rehaussées à l’aquarelle, donc uniques, et tirées à cent exemplaires. Elle ne bénéficiait pas de la technique classique. Estelle Rebottaro va également s’orienter versdestraitementseneaux-fortes. Mais son grand chantier sera l’acquisition d’un immense atelier de travailetd’expositionàBourges, en face de la cathédrale,dans unebâtisseclassée.L’artistene changera pas pour autant de méthode et son travail restera en partie un « travail de chambre » ditelle, tant l’exercice est exigeant, solitaire, dans sa quête de perfection. Et cette quête passe par l’étude littéraire d’Esope, de La Fontaine ou plus proche de nous de Maurice Genevoix.Certains documentaires animaliers peuvent aussi l’inspirer comme le très beau film de Jean-Paul Grossin Quand le cerf perd sa tête. Parfois, elle exprime le besoin de se replonger dans les Grotesques de Léonard de Vinci dont elle admire « leur petitesse,leur minutie »,ou dans « l’atmosphère cotonneuse,très suggestive » de Robert Hainard,ou encore dans l’œuvre de l’artiste Hollandais Rien Poorvielt (lire Jours de Chasse n° 5)… « Jamais pour les copier,mais pour les admirer et s’imprégner ». Au fond, pour son ouverture, sa réflexion et son esprit mesuré, Estelle Rebotarro est un personnage du XVIIe siècle.Elle sait que la qualité d’illustrateur ne s’obtient que de longues luttes et après de multiples tâtonnements. ◆ Estelle Rebottaro, 2,rue des Juifs,18 000 Bourges.Email : estelle.rebottaro@gmail.com

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PHOTOS : ESTELLE REBOTTARO


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Portrait ◆

Nicolas Prjevalski Le rêve tibétain par Guillaume Beau de Loménie

V

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EXPLORATEUR, CHASSEUR, CET OFFICIER DU TSAR PASSERA QUINZE ANS À ARPENTER DES RÉGIONS DE L’ASIE CENTRALE, DE LA CHINE, DU TIBET ET DE LA MONGOLIE, PARMI LES PLUS MYSTÉRIEUSES

INIMAGINABLES ET INSENSÉS.

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DU GLOBE.

◆ A

u panthéon des explorateurs de la seconde moitié du XIXe siècle,ceux de l’Asie centrale, de la Chine, du Tibet et de la Mongolie vont contribuer superbement à repousser les limites d’un monde dont les cartes comportent encore bien deszonesblanches.Ilss’appellentÉvaristeHuc,Bonvalot,Chaffanjon,leprinced’Orléans ou encore Dutreuil de Rhins pour ne citer que quelques Français ; ou pour les étrangers, Forsyth, Littledale, Kreitner, ou encore Sven Hedin… Mais au nombre de ces derniers, il est une race vraiment à part, au point d’éclipser prédécesseurs et concurrents : les explorateurs russes. Et le premier d’entre eux se nomme Nicolas Prjevalski.Le premier ? Le terme n’est pas trop fort.Voyageur, explorateur, découvreur… ce Russe-là sera insatiable en tout, pour ne pas dire boulimique. À la fois passionné et de chasse et de nature –comme seul le conçoivent les authentiques chasseurs – mais aussi zoologiste, botaniste, géographe,géologue,ethnologue… pendant quinze ans,cet officier du tsar, descendant d’un Cosaque zaporogue, établi en Pologne au XVIe siècle, va parcourir les steppes, les déserts, les forêts, gravir les sommets les plus inaccessibles, franchir les torrents,les fleuves,les lacs,se heurter à des peuplades insoumises,en révéler d’autres quasi inconnues,côtoyer la maladie,la faim,le froid,la chaleur,éprouver la trahison de ses amis et le découragement… mais, pour mieux repartir, toujours et encore. Quinze années ! Nicolas Prjevalski aura donc passé en voyages très exactement trois mille trois cent quatre-vingts jours, soit neuf ans et trois mois, et parcouru la distance fabuleuse de trente et un mille cinq cent soixante-cinq kilomètres, à cheval, à dos de chameau, à pied… Notre homme s’affirmera comme le premier explorateur–etl’undesplusprolifiques– àrévéleraumonded’unemanièrescientifique des régions alors parmi les plus mystérieuses de la planète. Sans conteste, l’affaire qui aura le plus de retentissementestla“redécouverte”dans les plaines de la Dzoungarie du petit chevalquel’oncroyaitéteint,Equusprzewalskii.Cettedécouvertenedoitpas éclipsercelleduchameausauvagedans le désert de Lobnor, ou encore celle de la gazelle qui porte également son nom,Procapra przewalskii,dans la région de l’immense lac Qinghai. Prjevalskiseraencoreàl’originedel’une despremièresvéritablesdescriptions

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Nicolas Prjevalski

guerre de Crimée. Mais la prise de Sébastopol marque la défaite Russe et signale la fin du conflit. Cinq années d’une vie de garnison sans relief vont suivre. Elles comptent semble-t-il comme les plus mornes dans la vie de Nicolas,mais vont sans doute, paradoxalement, forger le destin du futur explorateur. Il dévore tous les livres de voyages et de chasse. Et lorsque le service le lui permet, il chasse,comme un forcené… En 1860, n’y tenant plus, il demande son transfert dans les nouveaux territoires de l’Amour en Sibérie orientale,récemment concédés à la Russie par la Chine,et qui sont les plus inexplorés du vaste Empire russe. La réponse ne se fait pas attendre : trois jours aux arrêts de rigueur… Ce refus n’en renforce que plus encore sa détermination et en dépit du peu de goût qu’il en a, il se lance à corps perdu dans les études qui lui apparaissent alors comme le seul moyen de parvenir à satisfaire ses désirs.Il intègre l’académie militaire de Saint-Pétersbourg où les cours de géographie,d’astronomie et de navigation ne peuvent que satisfaire l’apprenti explorateur. En 1862, Prjevalski qui n’a pas digéré le refus de sa hiérarchie de l’envoyer dans l’Amour, écrit un mémoire intitulé Rapport militaire et statistique sur la région de l’Amour, compilation de toutes les informations géographiques, botaniques, militaires et civiles existantes sur ces territoires, en particulier ceux,encorequasimentinconnus,situésentrelesfleuvesAmour

DANS LE MAUSOLÉE DÉDIÉ À NICOLAS PRJEVALSKI, LA CARTE DE SES QUATRE EXPÉDITIONS ; CE MONUMENT SE TROUVE DANS LA VILLE DE KARAKOL DANS LE KIRGHIZSTAN, VILLE OÙ NOTRE VOYAGEUR A DISPARU EN 1888. CI-DESSOUS, PRJEVALSKI, ALORS JEUNE OFFICIER.

PHOTOS : DR

de l’argali, seulement connu jusque-là par l’évocation qu’en fait Marco Polo. On l’aura compris. Nicolas Prjevalski, c’est un destin hors du commun. On sait peu de chose sur les premières années de sa vie si ce n’est qu’il perd son père en 1846. Sa mère s’emploie à donner au jeune Nicolas et à ses deux autres fils, en dépit de sesfaiblesressources,lameilleureéducationpossible. Mais peu enclin aux études, Nicolas ne vit pleinement qu’au cours des mois d’été où la majeure partie de ses journées se passe en courses interminables dans les bois et les marais. Il voue très vite une réelle passion pour la chasse,et sa mère lui fait cadeau en 1851, alors qu’il n’a que 11 ans, du fusil de son père. Nicolas et Vladimir, son second frère, n’ont pas d’argent pour les munitions. Aussi utilisent-ils les feuilles de plomb dans lesquelles, à l’époque, le thé russe est emballé pour faire des balles, et ils s’efforcent de récupérer les munitions tirées pour pouvoir les réutiliser.Cet été-là,il n’en tue pas moins son premier renard… En 1855,à 16 ans à peine,Prjevalski s’engage dans l’armée. Sans doute le jeune homme ambitionne-t-il de participer à la

JEUNE, IL VOUE TRÈS VITE UNE PASSION POUR LA CHASSE, TANT IL EST VRAI QUE SA MÈRE LUI FERA CADEAU, ALORS QU’IL N’A QUE 11 ANS, DU FUSIL DE SON PÈRE. 154

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Nicolas Prjevalski

Russie qui va le conduire jusqu’à Irkoutsk, au seuil de son rêve. Nicolas Prjevalski, organise la première de ses longues expéditions. La mission que lui assignent les autorités militaires et la Société de géographie est énorme : inspecter les positions des deux bataillons qui défendent le nouveau territoire de l’Oussouri tout au long des frontières mandchoue et coréenne,collecter des informationssurlescommunautéscosaqueetchinoise, reconnaître les routes terrestres et fluviales depuis l’Oussouri et la côte jusqu’aux frontières mandchoue et coréenne,apporter aux cartes les corrections qui s’imposeront et, enfin, mener des études scientifiques et des collectes de spécimens de la faune et de la flore. Cette mission confiée à un seul homme concerne un territoire aussi vaste que la France… Avant de partir il écrit à un de ses amis : « Mon sort est certes enviable,mais mes responsabilités sont terribles :je suis sur le point d’explorer des régions que pour la plupart aucun pied d’Européens civilisés n’a jamais foulées.» Son ami Koecher renonce à la dernière minute à partir,tiraillé entre son désir d’aventure et l’amour qu’il voue à sa fiancée. Il est remplacé par Nikolaï Iagounov. Le 7 juin 1867,l’expédition peut enfin prendre le départ.Il a 28 ans. Prjevalski a compris que son destin d’explorateur se trouve d’abord aux confins de l’immense Empire russe et,au-delà,au cœur de l’Asie centrale méconnue,de la Mongolie,de la Chine enfin… Avant lui, on ne connaissait de celles-ci que les récits dequelquesraresvoyageursdontcertains,telsceuxdeGuillaume deRubrouckouencoreMarcoPolo,remontaientauMoyenÂge. L’un des buts que se fixe Prjevalski est de rejoindre Lhassa, la ville sainte du Tibet. Il n’y parviendra jamais. Les difficultés inhérentes au climat, au relief, aux distances, se conjugueront bien souvent à l’hostilité marquée des populations à l’encontre de l’étranger… Pour l’heure, Prjevalski n’emmène que trois compagnons de voyage,et une poignée de soldats pour escorte.L’expédition

PRJEVALSKI (ASSIS À DROITE SUR UNE MALLE DE VOYAGE) AVEC LES MEMBRES DE SA TROISIÈME EXPÉDITION (1879-1880). À DROITE, LORS DE CE MÊME PÉRIPLE, L’EXPÉDITION RETROUVANT UN COSAQUE QUI S’ÉTAIT PERDU AU COURS D’UNE CHASSE AU YAK. CI-DESSOUS, PRJEVALSKI EN JEUNE CHASSEUR.

PHOTOS : DR

et Oussouri et l’océan Pacifique, et annexés par la Russie,contre la volonté de la Chine,en 1858 et 1860. Ce document connaît un grand succès y compris hors de l’académie militaire et vaut à Prjevalskiunepremièrereconnaissancedelapart de la Société impériale de géographie de SaintPétersbourg. Ce mémoire marque aussi indubitablement le premier pas de Prjevalski dans la carrière d’explorateur. Mais en dépit de ce succès, il renonce à poursuivre les études entreprises à l’académie. Il n’en est pas moins admis au sein de la Société de géographie dont sa vie durant il sera un fidèle correspondant. Prjevalski renoue avec une vie de garnison qui le conduit bientôt en Pologne, alors sous le joug russe. Il continue de caresser des rêves d’expéditions. Mais bien des secrets de l’Afrique sont maintenant mis à jour. Baker et Speke ont percé ceux du Nil, tandis que Livingstone s’est consacré à la région du Zambèze. Aussicommence-t-ildesongeràl’Asieoùlesintérêtsrusses paraissent plus évidents.Avec l’aide d’éminents professeurs,il se lance dans l’étude de la zoologie et de la botanique. À la fin de 1864, il fait une demande de mutation au sein d’une école de cadets qui vient de voir le jour à Varsovie, en Pologne. Sa demande est acceptée. Il est nommé professeur d’histoire et de géographie. Après dix-huit mois à Varsovie, Nicolas Prjevalski se sent prêt.Son destin se met en place.Grâce à l’intervention d’un officier général, Prjevalski est enfin affecté dans les territoires de l’Est sibérien.En novembre de 1866,il quitte Varsovie pour toujours. Muni de lettres de recommandations, il entreprend en compagnie d’un ami,Robert Koecher,le long voyage de plus de huit mille kilomètres à travers l’immense

“JE SUIS SUR LE POINT D’EXPLORER DES RÉGIONS QUE, POUR LA PLUPART, AUCUN EUROPÉEN N’A JAMAIS FOULÉES”, ÉCRIT-IL, JUSTE AVANT SA PREMIÈRE EXPÉDITION. 156

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n’a que peu de moyens, et l’équipement scientifique ne se À peine quitte-t-il Ourga, que Prjevalski commence ses compose que d’un thermomètre, d’une boussole et d’une observations et ses collections. Dans le désert de Gobi, il précarte. Elle est par contre amplement pourvue en poudre et lève corbeaux, vautours, alouettes de Mongolie dont il dit munitions… Il traverse le lac Baïkal,combinant déplacements d’elle qu’elle est « le meilleur chanteur des déserts d’Asie centrale ». àchevaletnavigationssurlarivièreChilkaetsurlefleuveAmour Puis ce sont les lièvres nains « dont le cri ressemble au glapissetout en assumant une mission de reconnaissance militaire. Il ment du rat » et enfin les antilopes ou gazelles de Mongolie parvient en juillet 1867 à Khabarovsk,au confluent de l’Amour (Procapra gutturosa), dont il découvre les énormes difficultés et de l’Oussouri.Il poursuit sa route malgré les pluies d’été di- de la chasse car de petite taille,rapide et furtif,sur les immenluviennes et les innombrables piqûres de moustiques qui ré- sités planes du désert de Gobi. Après Pékin, l’expédition reduisent à néant ses rêves idylliques de nuits sous les étoiles. monte au nord jusqu’au lac Dalai Nur, aujourd’hui Ta-Hai, Prjevalskiacommencéàprendredesnotes,àpréleverdeséchan- qui est un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs. Prjevalski y tillons et des spécimens. De plantes en particulier. Mais aussi chasse des dizaines d’espèces tout en explorant les rives du lac. d’oiseaux qui abondent sur les berges du fleuve.Il atteint le lac En mai 1871,l’expédition fait route à l’ouest,vers Kalgan,puis Hanka, non loin de la frontière avec la Mandchourie… C’est le fleuve Jaune. un paradis pour les migrateurs. Il chasse à n’en plus pouvoir Chemin faisant, il rencontre pour la première fois des arépauler… C’est de cette époque que remontent les premiers galis (Ovis ammon).À nouveau,il fait l’expérience d’une chasse contacts de Prjevalski avec les Chinois. Ceux qu’il rencontre pleine de difficultés (« frappés même mortellement,ils s’élancent à alors vivent le long de l’Oussouri dont ils pillent les gisements travers les rocs et les précipices avec une telle rapidité qu’ils sont soud’or et les forêts alentour. Prjevalski ne voit en eux que des vent perdus pour le chasseur »). Il s’essaie à faire flotter un morprédateurs et les juge arrogants,xénophobes et cruels… ceaud’étoffeàl’extrémitéd’uneperche,techniquemongole,qui L’expédition parvient aux ripermet d’approcher les animaux vages du Pacifique en septembre. plus près, ceux-ci étant attirés par Prjevalski franchit la frontière coladite étoffe. réenneetpousseunereconnaissance Passé le fleuve Jaune,Prjevalski exjusqu’à la forteresse de Keiko. Il plore d’abord le plateau des Oratteint Vladivostok qui n’est alors dos, puis le désert de l’Alan-Chan. qu’unvillagedequelquescentaines Il affronte des brigands mongols d’habitantsàpeine.Aprèsquelques et se heurte à la cupidité et à la mésemaines,il prend le chemin du refiancedescommerçantschinoisqui, tour. Pour la première fois de sa sur ordre des gouverneurs de provie, il est alors confronté au tigre vince ou des lamas, refusent soude Sibérie. Des paysans mentionvent de lui vendre les denrées dont LES CHEVAUX DE PRJEVALSKI. nent un animal qui tue des cheil a besoin.Aussi « la chasse devenait ILS LES DÉCOUVRIRA EN DZOUNGARIE. vaux. En compagnie d’un soldat alors notre unique ressource mais nous de son escorte, il se met en chasse. fûmes parfois contraints d’observer L’un de ses propres chevaux, mort de fatigue, lui sert d’ap- un jeûne sévère »,écrit-il.Il découvre aussi les ravages qu’exerce, pât… Malgré ses efforts, le tigre réussit à prendre la fuite, et déjà, la médecine traditionnelle chinoise à l’origine aujourPrjevalski doit renoncer. d’hui de la disparition ou de la mise en danger de tant d’esSa route le ramène au lac Hanka qu’il atteint à nouveau au pèces animales (« il nous fut impossible d’abattre aucun cerf,car les début de mars de 1868.C’est la période de la migration qu’il a Mongols font à cet animal une guerre acharnée pour en vendre les manquée l’année précédente. Il identifie cent vingt espèces bois aux Chinois.[…] J’ai ouï dire que cette denrée joue un grand différentes,et se nourrit pendant des semaines d’oies et de ca- rôle dans la pharmacopée de la Chine,on lui attribue aussi des vernards… Après cette première expédition,il se voit décerner la tus aphrodisiaques… »).Il chasse bientôt la gazelle à goitre (Gamédaille d’argent de la Société de géographie de Saint-Péters- zella subgutturosa), puis le mouflon bleu (Pseudois nayaur)… Il bourg. découvre enfin dans le désert de l’Alan-Chan une nouvelle esMais déjà Prjevalski ne songe qu’à repartir. La deuxième pèce de lézard, baptisé aujourd’hui Eremias prjevalskii. Mais à expédition qu’il met en place est plus ambitieuse. Elle sera court d’argent, il est contraint de rejoindre Pékin, où il parplus longue aussi : presque trois années, de novembre 1870 à vient en décembre 1872. Il en repart quelques semaines plus septembre 1873. Elle démarre à Irkoutsk en Sibérie, puis re- tard, en mars 1873, après avoir reconstitué son matériel et sa joint Kiakhta, non loin de la frontière avec la Mongolie. En troupe. passantparOurga,aujourd’huiOulan-Bator,capitaledelaMonCette fois-ci l’expédition parvient jusqu’au lac d’eau salée golie, elle s’achemine ensuite jusqu’à Pékin qui sera le véri- Kokonor,aujourd’hui le lac Qinghai,dans la province du même table point de départ de cette nouvelle entreprise. nom.Le lac est situé dans l’Amdo,l’une des régions tradition-

PRJEVALSKI SAIT QUE SON DESTIN D’EXPLORATEUR SE TROUVE AUX CONFINS DE L’EMPIRE RUSSE ET, AU-DELÀ, AU CŒUR DE L’ASIE CENTRALE MÉCONNUE. 158

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spéculations de la part des géographes, dont certains n’hésitent pas à douter purement et simplement de l’existence.Il est vrai que le Lob-Nor n’a pas été visité par un Occidental depuis Marco Polo… C’est cette voie de pénétration vers le Tibet, le long du fleuve Tarim,que choisit Prjevalski. L’expédition ne tarde pas à connaître maintes difficultés du fait de la rébellion musulmane qui sévit dans la région. Mais rien ne peut le détourner de sa mission. Les spécimens de faune et de flore se comptent bientôt par dizaines. Même si selon ses dires, la région du Tarim est la pire région de chasse qu’il n’ait jamais vue… Il va pourtant faire l’une de ses premièresgrandesdécouvertessurleplanzoologique,etconfirmerl’existencedechameaux sauvages dont il y a tout lieu de penser qu’ils ne proviennent pas d’animaux domestiques. Il chasse à nouveau le tigre,dans le bassin du fleuveTarim.Lestracessontnombreuses,mais les rencontres plus rares. Enfin, il aperçoit son premier tigre en décembre 1877. Mais l’animal lui échappe.Et l’on ne peut que restersongeuretnostalgique,aujourd’hui,endécouvrant la présence à cette époque du grand félin sous ses latitudes. Enfin,cet homme qui se passionne pour la chasse des grands animaux n’en découvre pas moins au cours de cette expédition une nouvelle espèce de… gerbille ! Mais la situation politique empire et Prjevalski doit s’arrêter en chemin en mars 1878. Lhassa lui échappe une nouvelle fois… Le bilan scientifique de l’expédition n’en est pas moins considérable, et ses découvertes lui valent d’être honoré par les sociétés de géographie européennes. Quant à la Société de géographie de Londres, elle loue en lui le plus grand contributeur à la connaissance de l’Asie centrale depuis Marco Polo. Moins d’un an plus tard, Prjevalski repart.

CI-DESSUS, NICOLAS PRJEVALSKI EN TRAIN D’ÊTRE CHARGÉ PAR UN YAK ;

IL N’A COMME MOYEN DE RIPOSTE QUE LA CROSSE DE SON FUSIL… PUIS,

LA CARAVANE AFFRONTANT UN ORAGE EN DZOUNGARIE ET, PAGE DE DROITE,

UN CAMPEMENT TIBÉTAIN NOMADES PRÈS DU LAC QINGHAI, LORS DE SA TROISIÈME EXPÉDITION. CI-DESSOUS, STATUE DE PRJEVALSKI À SAINT-PÉTERSBOURG.

DR

nelles du Tibet. Ce n’est pas encore Lhassa, mais Prjevalski écrit :« le rêve de ma vie est réalisé ». Le lac de quatre mille cinq cents kilomètres carrés est aussi un sanctuaire ornithologique. Et dans ses eaux saumâtres, Prjevalski découvre une nouvelle espèce de carpe (Schizopygopsis Prjevalski). Dans les plaines qui entourent le lac,il rencontre aussi des troupeaux d’onagres.Sa quête d’espèces animalesetvégétalesleconduitdeplusenplus loin. Un jour, il rencontre l’ambassadeur du Tibet à Pékin.Celui-ci l’invite à le suivre jusqu’à la ville sainte,Lhassa.Mais à nouveau à court d’argent,Prjevalski doit y renoncer. Il se lance alors à la recherche du fleuve Bleu et décide d’en reconnaître le cours supérieur.Ilchasseleyaksauvagedansdesconditions météorologiques épouvantables,et il est fasciné par la résistance de l’animal et ses charges aveugles lorsqu’il est blessé. Il chasse à nouveau l’argali et la fragile antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii).Le fleuve Bleu marque le terme de l’expédition, faute de moyen, à vingt-sept jours de marche seulement de Lhassa… Pourtant, l’expédition est un succès et, à son retour en Russie, il est fêté en héros, et nommé lieutenant-colonel. Il rapporte des milliers de spécimens de la faune et de la flore.Il songe déjà à repartir. C’est chose faite en mai 1876. Ce sera l’expédition au Lob-Nor qui couvre quelque 21 000 kilomètres carrés. À l’époque, cette région est l’objet de bien des

AU

COURS DE SES EXPÉDITIONS, PRJEVALSKI CHASSERA L’ARGALI, L’ANTILOPE

DU

TIBET, LE YAK SAUVAGE DONT IL SERA IMPRESSIONNÉ PAR LA RÉSISTANCE.

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Comme pour les précédentes, l’expédition bénéficie du soutien de la Société de géographie de Saint-Pétersbourg et de l’armée impériale.Le but officiel de cette mission était « l’exploration du Tibet contrée généralement très peu connue ». Au mois de février 1879,l’expédition rejoint d’abord Orenbourg, puis Zaïssansk, aujourd’hui situé en territoire kazakh, à mi-chemin entre la pointe méridionale du lac Zaïssan et de la frontière chinoise. À peine a-t-elle atteint la Dzoungarie,en territoire chinois,au nord de la province actuelle du Xinjiang, que des hommes montrent à Prjevalski la peau d’un cheval sauvage, un cheval d’une extrême méfiance, « qui n’habite nulle part en dehors du désert de Dzoungarie, c’est un fait que je puis aujourd’hui certifier ».Prjevalski lorsqu’il écrit ces lignes n’en dit guère plus, et il ne semble pas mesurer la portée de sa découverte. L’expédition s’achemine ensuite vers l’une des plus fameuses étapes de l’ancienne route de la Soie. Dunhuang, à l’époque Sa-Tcheou,est aujourd’hui mondialement connue pour les grottes de Mogao,à quelques kilomètres de la ville. Plusieurs centaines de grottes dont les plus anciennes remontent à plus de 1 600 ans abritent des peintures religieuses qui en font l’un des sites les plus riches de la religion bouddhiste. Mais Prjevalski ne s’attarde guère. Il n’est pas le bienvenu et les autorités chinoises ne ménagent pas leurs efforts pour entraver sa route.Il quitte l’oasis et se dirige vers le sud. Il veut rejoindre le bassin du Qaidam.Il franchit une chaîne montagneuse qu’il baptise chaîne de Humboldt en l’honneur du célèbre géographe allemand. En dépit des difficultéscroissantesduesaurelief,àlamauvaisevolontédesesguides qui tentent d’égarer l’expédition,au climat,Prjevalski n’a de cesse de poursuivre ses recherches. Il continue inlassablement de chasser tant pour nourrir ses hommes et lui-même que pour enrichir ses collections. Il rencontre pour la première fois un grand cerf de montagne « qui se distingue de ses congénères de Sibérie par son museau et sa gorge blanche ». Il propose de la baptiser Cervus albirostris, mais la science le nommera Przewalskium albirostris : c’est le cerf de Prjevalski ou encore le cerf à lèvres blanches. Il chasse à nouveau les mouflons bleus. Ou encore les perdrix (Megaloperdrix himalayensis). Mais l’une de ses chasses

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fronte des cols à plus de 5 000 mètres. Puis face à l’hostilité de plus en plus marquée des tribus nomades, il oblique vers leTsaïdam,et a sa suite le Lob-Nor qu’il a parcouru quelques années plus tôt. Il chasse et participe à des battues d’ours. Il fête le nouvel an russe,le 13 janvier 1885, en chassant avec ses Cosaques les gazelles du Tibet dont la viande est la bienvenue. Les températures sont impitoyables et atteignent presque – 40 °C. Ce sont les pires froids jamais affrontés au cours de toutes ses expéditions. À la fin du mois de mars 1885,il traverse le désert duTaklamakan et atteint Aksu dans le bassin duTarim.Ilrencontreànouveaudestraces de tigre, chasse le sanglier et le faisan. Enfin,iltraverselesTian-Chanetparvient ennovembrede1885àKarakolàlapointe orientale du lac Issyk-Köl aujourd’hui au Kirghizstan… Son rêve du Tibet ne le quitte pas. Il met à profit les trois années suivantes pour préparer une nouvelle expédition. À la fin 1888, il est à Frunze, aujourd’hui Bichkek. Il accélère les préparatifs de l’expédition.Pourtant,il se montre souvent mélancolique, inquiet,impatient… En dépit des contretemps qui le rendent de plus en plus irritable,il insiste pour aller chasser lelongdelarivièreTchou,entreFrunzeetlelacIssyk-Köl.Après une journée bien remplie,assoiffé,il entreprend de boire l’eau de la rivière en dépit des recommandations de ses compagnons de chasse qui lui rappelle la récente épidémie de fièvre typhoïde. Prjevalski n’en a cure. Les premiers symptômes de la maladie se manifestent alors qu’il atteint Karakol. Prjevalski n’accepte qu’à contrecœur d’être hospitalisé. Il meurtenquelquesjours,nonsansavoirexprimélesouhaitd’être enterré sur les rives du lac, dans ses habits d’explorateurs et – dernierréflexedechasseurssurlepointdeparaîtredevantl’Éternel–, après qu’on l’eut photographié dans son cercueil avec son fusil favori. ◆

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DU LOB-NOR. CI-DESSOUS, LE MAUSOLÉE DÉDIÉ À PRJEVALSKI DANS LA VILLE DE KARAKOL. L’EXPÉDITION DE 1876 AU LOB-NOR VISERA UN TERRITOIRE

QUI N’A PAS ÉTÉ VISITÉ PAR UN OCCIDENTAL DEPUIS MARCO POLO…

PHOTOS : ROBOROVSKY-OVERSEAS MISSIONARY FELLOWSHIP

favorites est celle du yak sauvage qui lui vaut parfois quelques émotions lorsqu’à court de munitions il est chargé par un taureau blessé. Parvenue enfin à la frontière historique du Tibet, l’expédition est attaquée par l’une des tribus de la région qui ne reconnaît ni l’autorité de Lhassa ni celle de la Chine. Des escarmouches seproduisentquicoûtentlavieànombre d’entre eux. À deux cent cinquante kilomètres de Lhassa, des soldats tibétains barrent la route de l’expédition et l’enjoignent de faire demi-tour… Prjevalski ne peut qu’obtempérer, si près du but à nouveau. En mars 1880, il est à nouveau au lac Kokonor, puis à Xining, capitale de la province.Il tente de découvrir la source du fleuve Jaune, mais doit rebrousser chemin. Il rapporte 408 spécimens de mammifères, 3 425 spécimens d’oiseaux, 976 reptiles et batraciens, 423 poissons, 6 000 insectes, et 12 000 plantes.Il est à nouveau fêté en héros,et reçu par le tsar. En 1883, il repart ! Il n’a pas oublié les sources du fleuve Jaune et se promet cette fois-ci de les atteindre. Il retrouve les rives du lac Kokonor. Il s’enfonce vers le sud en direction de la chaîne des Buerhanbudashan.En mai de 1884,il atteint les deux lacs mitoyens que traverse le cours naissant du fleuve. Il découvre sur l’une des collines qui dominent la région où le fleuve prend sa source un obo tibétain, sorte d’autel en plein air, amas rituel de pierres souvent décoré de drapeaux ou de rubans votifs.Prejvalski procède à des relevés que gêne le mauvais temps. Pendant près d’un an, il poursuit son exploration. Il décide d’explorer le bassin du fleuve Bleu,et af-

JUSQU’À

LA FIN, IL NE CESSERA DE POURSUIVRE SES RECHERCHES, CHASSANT

INLASSABLEMENT POUR NOURRIR SES HOMMES ET ENRICHIR SES COLLECTIONS.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011


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L’

Art

et la ◆

Chasse

Titien

L

E PEINTRE

ITALIEN A CHOISI

D’IMMORTALISER LA SCÈNE QUI

PRÉCIPITE LA FIN TRAGIQUE

D’ACTÉON. UNE COMPOSITION SOMPTUEUSE.

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Diane et Actéon par Antoine Briand

L

es dieux peuvent être d’une grande cruauté quand un mortel les offense ; les châtiments qu’ils infligent sont d’une brutalité sans nom. Nombreuses furent les victimes de la colère de la déesse Diane. Parmi elles, figure Actéon, dont le sort funeste a inspiré de nombreux auteurs, en littérature comme en peinture. Actéon, fils d’Aristée et d’Autonoé, est un excellent chasseur. Il exerce son art entouré des meilleurs chiens de Grèce. Or, voici qu’au soir d’une fructueuse journée de chasse, il surprend la déesse Diane, la chasseresse, entourée de ses nymphes, se baignant. L’affront est grand, la vengeance de la sœur d’Apollon ne le sera pas moins.Actéon sera transforméencerfetsameutedecinquantechiens,fière de montrer à son maître que nul gibier ne lui résiste, va s’élancer et montrer son plus beau talent.Leschiensvontempaumerlavoie,forcerpuis tuer et dévorer le chasseur sans le reconnaître.

Ovide,auteur du récit dans les Métamorphoses (3, 138-252),prend soin d’identifier les chiens d’Actéon par leur nom, leur ascendance ou leur origine géographique : ainsi ce sont Mélanchétès, Thérodamas et Orésitrophos qui portent les premières blessures.Le reste de la meute va achever puis dévorer Actéon. Les chiens, cherchant du regard l’approbation de leur maître pour une si belle prise, sont inquiets de ne pas le trouver. Pour les apaiser, le centaure Chiron qui avait enseignéàActéonl’artdelachassemodèleraunestatue à sa ressemblance. Cetépisodesanglantdelamythologieseprête particulièrement bien à la représentation picturale. C’est ici Titien qui en est de ce Diane et Actéon (National Gallery of Scotland). Dans l’une des sept “poésies” consacrées à la mythologie et peintespourleroiPhilippeIId’Espagne,ilachoisi non pas de représenter la transformation d’Actéon, comme beaucoup d’artistes l’avaient fait avant lui et comme il le fera lui-même à la fin de DÉTAIL DU CHIEN D’ACTÉON. sa vie, mais la scène qui LE CHOIX DU CHIEN POUR est à l’origine de celle-ci. CE TABLEAU SEMBLE ASSEZ Titien a peint le moment FANTAISISTE. D’ABORD PARCE précis de la rencontre inQUE DE TELS CHIENS N’EXISTAIENT attendue entre Diane et PAS DANS L’ANTIQUITÉ. ENSUITE, Actéon. L’intensité draPARCE QUE SA RACE PARAÎT matique est là car le desDIFFICILE À DÉTERMINER. tin d’Actéon se joue sous EST-CE UN CHIEN COURANT ? nosyeux.Lepeintredans C’EST PROBABLE MAIS PAS CERTAIN. cette scène nous rappelle D’APRÈS LA ROBE, À POIL DUR, la caractéristique de la IL TIENT DU GRIFFON. CELA N’A RIEN D’ÉTONNANT, CAR mythologie tout autant À L’ÉPOQUE LES RACES N’ÉTAIENT que la tragédie grecque : PAS VRAIMENT DÉFINIES. onnepeutéchapperàson destin.

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LEFTERIS PITARAKIS/AP/SIPA

DANS CE TABLEAU PEINT ENTRE 1556 ET 1559, TITIEN A SU FAIRE COMPRENDRE QU’UN DRAME SE JOUE : ACTÉON SERA TRANSFORMÉ EN EFFET EN CERF PAR DIANE, PUIS SERA FORCÉ ET DÉVORÉ PAR SA PROPRE MEUTE.

Le peintre a représenté Actéon,jeune chasseur,accompagné de l’un de ses chiens. Il occupe la partie gauche du tableau : il vient d’arriver et le rideau qu’une nymphe tente de rabattre ne l’a pas empêché d’entrevoir la déesse au bain. La surprise caractérise l’attitude d’Actéon : son arc est à terre, il vient de le laisser tomber,le mouvement de ses jambes est interrompu par le spectacle et sa main dressée démontre à la fois la surprise et la crainte. Il est conscient qu’il n’aurait jamais dû interrompre cette scène.Il a reconnu Diane au croissant qui orne son front. La réaction d’Actéon n’est pas celle d’un voyeur content de surprendre des jeunes files nues dans un cadre qui lui est habituellement interdit : il sait qu’il n’a pas sa place dans cette scène.La séparation des deux mondes est soulignée par les détails utilisés par Titien : les vêtements d’Actéon sont grossiers, son chien est un chien de chasse, à poil long, peut-être du type griffon mâtiné d’un chien aux origines plus incertaines comme c’était souvent le cas au XVIe siècle, alors que la déesse est accompagnée d’un chien délicat,l’ancêtre du caniche,assistée d’une servante et entourée de nymphes. Le chasseur a surpris la déesse dans une scène intime et familière, dans un décor sans magnificence, une de ses nymphes lui essuie même les pieds. Les nymphes occupent le second plan : le voile bleu couvrant l’une d’elle associe les compagnes de Diane au fond

Jours de C HASSE ◆

bleu du ciel. Elles s’agitent, se cachent, se superposent pour ne former qu’un tout, à l’exception de celle penchée vers le pied de la déesse et qui n’a pas encore pris conscience de la présence du jeune homme. La scène principale est l’instant de la confrontation surprise entre Diane et Actéon et pourtant, par certains détails, le spectateur sait que tout est déjà joué.Les deux protagonistes sont liés par la même couleur : le rouge. Il est, en effet, commun au chasseur et à la déesse. L’évolution de la scène sera sanglante. C’est au premier plan que le sort se joue, mais peut-être est-il déjà scellé tant les regards sont éloquents.Ce jeu des regards occupe une place importante dans ce tableau car avoir vu la déesse dénudée vaudra à Actéon sa condamnation. Les yeux de tous les protagonistes de la scène se croisent. Le regard de Diane, plein de colère, est dirigé vers le chasseur : elle a déjà décidé du sort de l’imprudent. Actéon, quant à lui, n’observe pas la déesse, il ne doit pas appuyer son observation : ses yeux se posent, sans doute, sur le massacre de cerf posé sur la colonne. Il y voit sa fin. Ce sera également par ses yeux, selon Ovide, qu’Actéon découvrira sa transformation : en contemplant son reflet dans l’eau, il verra les bois sur sa tête. Titien a su donner au spectateur l’intime sentiment qu’un drame se joue. Il lui fait saisir avec génie que la suite des événements sera tragique et d’une cruauté sans nom. ◆

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Vi s i t e

privée ◆

Une chasse chez le comte Carl Eduard

von Bismarck

reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten

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C’EST DANS CETTE SOMPTUEUSE FORÊT DE SAXE QUE CARL EDUARD GRAF VON BISMARCK, (ICI, AU CENTRE AVEC OLIVIER DASSAULT ET ENTOURÉ D’OUSSAMA KADDOURA, À GAUCHE, ET PATRICK GUERRANDHERMÈS, À DROITE) ORGANISE CHAQUE ANNÉE QUELQUES GRANDES CHASSES PRIVÉES.

CARL EDUARD GRAF VON BISMARCK COMTE DE BISMARCK EST L’ARRIÈREARRIÈRE-PETIT-FILS DE L’ANCIEN CHANCELIER D’ALLEMAGNE OTTO VON BISMARCK. LUI AUSSI HOMME POLITIQUE, IL NOUS REÇOIT SUR LES TERRES FAMILIALES POUR UNE TRÈS BELLE CHASSE AUX SANGLIERS.


Une chasse en forêt de Sachsenwald

◆ C

’est dans la forêt de Sachsenwald (ou forêt de Saxe), au Nord de l’Allemagne à une toute petite heure entre Hambourg et Lubeck que Carl Eduard von Bismarck organise cinq à six chasses aux grands animaux par an pour ses amis et la famille Bismarck venant pour l’occasion du monde entier. La forêt est dense et bien entretenue, elle est composée de larges percées du nom de Koenigsallee (“allée royale”),Stangenteich ou encore Saupark (“parc à cochons”) qui favorisent la circulation des compagnies de sangliers,comme des grands cervidés. Et, depuis six générations, elle est régulièrement chassée. Formée essentiellement de résineux, elle s’étire sur à peu près 7 000 hectares et appartient aux Bismarck depuis 1871. C’est à cette date que le kaiser Guillaume Ier donne la forêt de Saxe à Otto von Bismarck en reconnaissance de ses services (notamment en raison de la victoire sur la France en 1871). Otto von Bismarck restaure une ancienne gare de la ligne Berlin-Hambourg qui s’y trouve pour en faire un manoirqu’ilnommeFriedrichsruh(sonmausoléeestd’ailleurs à côté de ce manoir). Il faut savoir que tous les environs“respirent”la famille Bismarck. Au village, quatre hôtels restaurants sont gérés pour la famille, certains produits comme l’eau plate et l’eau gazeuse porte leur nom : la Fürst Bismarck est une eau minérale exploitée par le groupe suisse Nestlé dont la source

UNE FOIS LE ROND

FORMÉ, LES INVITÉS ÉCOUTENT

ATTENTIVEMENT LE PROGRAMME DES BATTUES, PRÉCISÉ

PAR CARL EDUARD. LES TRÈS NOMBREUX RABATTEURS PARTIRONT PLUS DE TRENTE MINUTES AVANT QUE LES CHASSEURS NE SE POSTENT.

168



Une chasse en forĂŞt de Sachsenwald


fut découverte par Otto von Bismarck ; elle a fêté ses cent ans en 2006. Le musée, les jardins du pavillon et le mausolée de la famille font partie de la Fondation Otto-von-Bismarck.Cette entité s’est fixé pour mission la sauvegarde de la mémoire et du patrimoine de la famille Bismarck. Mais revenons au manoir, il est divisé en deux parties bien distinctes, et demeure la première résidence du prince et de la princesse von Bismarck et de leur fils le comte Carl Eduard et sa femme Nathalie. C’est derrière ce bâtiment dont les murs sont peints en jaune pâle, cette couleur bien distincte de la région, que le rond se forme au petit matin pour écouter les ordres. Les invités du comte von Bismarck se disposent en cercle, c’est alors que le programme est annoncé de manière nette et précise. On chassera le sanglier, il y aura deux battues le matin et une l’après-midi qui seront menées sur les terres du manoir. Quatre groupes partiront à distance imposée par les sonneries de trompes de chasse et mettront exactement une BAS-RELIEF QUI

TRÔNE DANS L’ENTRÉE

DU CHÂTEAU,

PRIS EN PHOTO PAR

OLIVIER DASSAULT. OÙ L’ON PEUT VOIR OTTO VON BISMARCK ET LE KAISER

GUILLAUME Ier. CI-DESSUS,

UN PORTRAIT D’OTTO VON

BISMARCK

ET, À DROITE,

UN DES NOMBREUX

“BOURRUS” DE LA COLLECTION FAMILIALE.

CELUI-CI

EST UN BISCUIT.

PAGE DE GAUCHE, TABLEAU DE CHASSE AU FLAMBEAU.


Une chasse en forêt de Sachsenwald demi-heure à se poster. La chasse s’achèvera par le salut des chasseurs au gibier autour des torches. Ici, nous nous rendons compte que la chasse est élevée au rang d’art à part entière. Les gestes sont sobres et concis, à l’allemande, pas de place à la discussion. La chasse au sanglier en forêt est ici très réputée, mais aussi celle au petit gibier.Carl Eduard y a d’ailleurs participé pour la première fois à l’âge de 8 ans ; il tira à cette occasion son premier lapin aux côtés de son grand-père le comte Léon Lippens. Depuis Carl Eduard est réputé pour être une fine gâchette. Nombreux sont ceux qui vantent son talent à la chasse aux faisans et aux sangliers. Carl Eduard nous confiera qu’il aime par-dessus tout chasser la perdrix rouge aux ÉtatsUnis. Après la journée de chasse, l’ensemble de la famille Bismarck et tous les invités se retrouveront à une soirée de gala. Mais surtout et avant tout,le menu du déjeuner de chasse a retenu notre attention, un moment de convivialité inoubliable. Tout ce petit monde avait rendez-vous à la ferme Stangeinteich (“ligne des étangs”) où le chef avait concocté une daube de sanglier Bismarck. Les cent vingt rabatteurs, quant à eux, se chargeaient de préparer le gibier. Durant ce week-end annuel et international de passionnés de grands animaux, pas moins de quatre-vingt-dix sangliers furent présentés au tableau.Deux jours durant lesquels la chasse permettait ainsi de réunir une famille et d’honorer la mémoire du plus célèbre d’entre eux : Otto von Bismarck (1815-1898),chancelier du royaume de Prusse de 1862 à 1870 et chancelier de l’Empire allemand de 1871 à 1890. ◆


LA TABLE DU DÉJEUNER JOLIMENT DÉCORÉE DE ROUGE. CI-DESSUS, OLIVIER DASSAULT PRÉSENTANT

“JOURS DE CHASSE” À UN COUSIN

BISMARCK VENU DES ÉTATS-UNIS. EN HAUT ET CI-CONTRE, UN DES ÉTANGS ET LA FERME QUI ACCUEILLE LE DÉJEUNER.

PAGE

DE GAUCHE EN HAUT,

IVO PITANGUY, FILS DU CÉLÈBRE CHIRURGIEN ESTHÉTIQUE BRÉSILIEN.

EN BAS, LES CONVIVES SE RASSEMBLENT.



Saveurs

Une chasse en forêt de Sachsenwald par

Véronique André

Notre chef entre en cuisine H.K. HACKMACK, LE CUISINIER DE LA FAMILLE QUI MET EN SCÈNE DÉJEUNERS DE CHASSE ET DÎNERS DE GALA.

PAGE DE GAUCHE,

UNE DES QUATRE GRANDES TABLES DU DÎNER.

Au déjeuner, le chef H.K. Hackmack nous avait proposé après un bon bouillon, une daube de sanglier aux airelles.Après la dernière battue et avant de rendre les honneurs au gibier du jour, les invités étaient réunis autour d’un feu pour un copieux goûter fait de beignets à la confiture et arrosé de vin chaud… Le dîner de gala international venait clore les festivités culinaires avec un velouté d’herbes croûtons chauds, un filet mignon sauce à la sauge et une tarte au chocolat et à la chantilly. En voici les secrets.

Velouté d’herbes croûtons chauds Pour 4 personnes 4 oignons,750 g de feuilles d’épinards,de mesclun,de cresson, de pissenlit,de roquette,un demilitre de bouillon de légumes, 2 cuillerées à soupe de ciboulette et de persil,2 cuillerées à soupe de menthe et de cerfeuil ciselés, huile d’olive,sel et poivre blanc. ◆◆◆

Lavez et essorez la salade et faites-la bouillir dans le bouillon de légumes.Émincez les oignons,faites-les suer avec un filet d’huile d’olive et ajoutez-les à la cuisson ◆◆◆

Assaisonnez et portez à ébullition.Ajoutez le persil, le cerfeuil et la menthe, poursuivez la cuisson pendant 1 minute.Mixez la soupe et laissez refroidir.Placez au réfrigérateur.Servez avec des croûtons chauds saisis.

Jours de C HASSE ◆

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Saveurs

Une chasse en forêt de Sachsenwald

Filet mignon de veau à la sauge Pour 4 personnes 2 oignons,1 kilo de mignon de veau,100 cl de lait,2 bâtons de cannelle,20 feuilles de sauge,4 gousses d’ail,1 kilo de pommes de terre à purée,huile d’olive,beurre,sel, poivre.1 kilo de girolles nettoyées. ◆◆◆

Épluchez et émincez les oignons.Dans une cocotte.Saisissez le veau de tous côtés.Ajoutez les oignons et faites mijoter à feu doux pendant 5 minutes. Mouillez avec le lait.Ajoutez les bâtons

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de cannelle,les feuilles de sauge, les gousses d’ail non épluchées. Couvrez et cuisez au four à 205 °C pendant une heure.

Mélangez pour détendre la purée. Rectifiez l’assaisonnement avec le sel et le poivre.

◆◆◆

Saisissez au dernier moment les girolles dans une poêle et servez à l’assiette. Retirez la cocotte du four.Égouttez le filet mignon et coupez des tranches. Filtrez le jus de cuisson.Servez le filet mignon arrosé du lait de cuisson. Accompagnez de la purée de pomme de terre et des girolles juste saisies.

Pendant ce temps,épluchez,lavez, coupez et cuisez dans une sauteuse d’eau salée pendant 20 minutes les pommes de terre.Égouttez et écrasez-les à la fourchette.Prélevez une demi-louche de lait de cuisson du mignon.Versez dans la purée et ajoutez 1 noix de beurre.

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PRINTEMPS 2011

◆◆◆



Saveurs

Une chasse en forêt de Sachsenwald

Tarte au chocolat à la Chantilly Pour 4 personnes Pour la ganache 250 g de chocolat noir à dessert,100 g de sucre,3 jaunes d’œufs,20 cl de crème fraîche liquide,20 cl de lait écrémé. Pour la pâte 120 g de farine, 50 g de beurre allégé,150 g de fromage blanc,2 cuillères à soupe de sucre en poudre, 1 pincée de sel fin. ◆◆◆

Préchauffez votre four à 180 °C,coupez le beurre allégé en petits morceaux. Dans un bol,versez la farine, le sel et le sucre.Mélangez, ajoutez le beurre et le fromage blanc et formez une boule de pâte. ◆◆◆

Réservez une heure au frais, puis étalez-la sur un plan de travail fariné.Garnissez un moule et enfournez-la pendant 10 minutes.Sortez la pâte du four quand elle est à peine dorée.Dans une grande casserole,versez la crème fraîche et le lait,portez à ébullition,puis ajoutez le sucre et le chocolat coupé en carrés. ◆◆◆

Remuez hors du feu jusqu’à ce que le chocolat soit fondu. Ajoutez les jaunes d’œufs et versez cette préparation sur la pâte et remettez le tout dans le four pour 10 à 20 minutes.Laissez refroidir la tarte avant de la démouler sur le plat de service.

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Jours de C HASSE ◆

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des “jus”, a inventé la machine expresso portable. Petite et légère (460 g), elle permet de savourer un expresso en pleine nature. Il suffit d’injecter de l’eau chaude (de votre Thermos) et de pomper pour que la pression monte à 16 bars. 99 €.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2011



Flacons

VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

Minervois

MINERVE, VILLAGE HAUT PERCHÉ À LA VUE

◆Délimitée par le canal du Midi au sud et la Montagne Noire au nord, l’appellation Minervois –AOC depuis 1985– s’étend sur 5 000 hectares (que se partagent deuxcentvingtcavesparticulières et trente caves coopératives qui produisent 170 000 hectolitres par an), entre les hauts de Narbonne et les portes de Carcassonne.Ellecouvresoixanteetune communes : quarante-cinq dans l’Aude et seize dans l’Hérault. La région tire son nom du site de l’antique cité de Minerve,célèbreaussidansl’histoireduLanguedoc car ici eut lieu un acte décisif de la tragédie cathare… Le climat est à dominante méditerranéenne, mais on note des influencesocéaniquesdanslapartie occidentale. Les hivers sont plutôt rigoureux sur le causse qui culmine à une altitude supérieure à 300 mètres.Une série deterrassesalternantgalets,grès, schistes et calcaires voisine avec des zones de marnes calcaires et de grès,tandis que des veines de schistes et de marbre rose marquent le nord-ouest.En altitude, les plateaux calcaires dominent.

D’UN DAMIER DE VIGNES ALIGNÉES DANS LES COLLINES.

AOC MINERVOIS

Fleurs des Causses

IMPRENABLE, EST COURONNÉ

Sur ces différents terroirs (qui s’étagent de 50 à 500 mètres), adaptésàchacund’eux(selonleur expositionetlanaturedeleursol), la syrah, le mourvèdre, le grenache, le carignan, le cinsault et le picpoul,ainsi que des cépages moinsconnuscommelelladoner pelut,leterretetl’aspiran,entrent dansl’assemblagedesvinsrouges qui représentent 94 % de la production (4 % pour le rosé). En

ce qui concerne les vins blancs (seulement2%delaproduction), ce sont les marsanne,roussanne, maccabeu,bourboulenc(oumalvoisie),clairette,grenache blanc, vermeille (ou rolle) et muscat à petitsgrainsquilesrendentsiparticuliers… Cette grande variété decépagespermetd’élaborerune largegammedevinsdanslestrois couleurs, ainsi qu’une petite quantité de vins doux naturels.

Domaine La Rouviole 2007 Cuvée Baroque rouge De beaux arômes confiturés, de cassis et de réglisse. Un équilibre harmonieux entre fruits très mûrs et fraîcheur, une jolie complexité dans le déroulé de la palette aromatique. L’expression structurée et la rondeur sans excès d’un terroir de grès. Pour ceux qui prônent la maturité. www.larouviole.fr

Château Laville-Bertrou 2007 Minervois-La Livinière rouge Un nez complexe où les fruits noirs (mûre, myrtille) et la réglisse se mêlent au boisé exotique et à l’encens. Une bouche d’une grande maturité, dense avec des notes confites. Une finale fraîche, pleine de vivacité. Pour ceux qui aiment se laisser séduire en douceur. www.gerard-bertrand.com

Jeunes, les vins rouges sont structurés,charnusavecdelasouplesse et de l’élégance. Ils présentent des arômes fruités (cassis), floraux (violette), avec des notes épicées (cannelle) et de vanille.Avec le temps,ils prennent desarômesdecuir,deraisinssecs etdepruneaux,tandisquelestannins se polissent et que la bouche acquiert de la corpulence. Les vins blancs,selon les zones d’exposition du vignoble, sont ronds, fins, avec des arômes floraux (acacia), d’agrumes et parfois de fruits exotiques. Ils sont frais,vifs,nerveuxenbouche,avec une touche d’amande fraîche.Ils se boivent dans leur jeunesse. Les vins rosés ont des arômes depetitsfruitsrouges(framboise, groseille), ils sont nerveux, acidulés, avec de la rondeur et une bellepersistancedanslafraîcheur. Comme les blancs, ils sont destinés à être bus jeunes. Depuis 1996,une initiative de leur syndicat incite les vignerons à observer une procédure destinée à une identification parcellaire. Ils s’engagent ainsi –trois ans à l’avance – à sélectionner les parcelles les plus propices à produire des AOC, induisant de ce fait une réelle traçabilité,non négligeable dans une région produisant beaucoup d’autres vins à dénominations variables.

Nous avons aimé… Domaine des Homs 2007 Gravières de Sancastel rouge Mûr, concentré, avec de la matière et une certaine corpulence. C’est l’expression la moins flatteuse de la syrah, droite et un brin austère, mais qui se tient bien et va droit au but. Pour ceux qui préfèrent les vins directs. www.domainedeshoms.com

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PRINTEMPS 2011

Château Villerambert-Julien 2007 Cuvée Classique Château rouge Très floral, très aromatique, sur fond de notes d’épices douces et de fin boisé. On retrouve ces arômes en bouche, dans une belle concentration et avec une finale longue et persistante, soulignée par des notes fraîches et poivrées. Pour ceux qui veulent être interpellés… www.villerambert-julien.com


BILLAR

Périgord

DS

CHEVI

O TTE LL

Chevillotte présente

150ans

18

60 - 2010

Inspiré d’une table de jeu du XIXe siècle, le Périgord fait revivre l’esprit et la poésie de nos styles régionaux les plus représentatifs et les plus prestigieux. Volumes et couleurs font de ce modèle en Noyer de France massif une pièce de collection digne de satisfaire les amateurs de beaux meubles les plus exigeants. Dans sa robe dorée, il révèle en son coeur une grande table de billard, capable de restituer les effets les plus subtils.

Show-room 27, Boulevard Malesherbes 75008 Paris • Tél. : 01 47 42 12 10 • www.chevillotte.com


Flacons

VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

◆ La célèbre maison, initiatrice des vins à fines bulles de Loire, fête son bicentenaire, après un long parcours semé d’embûches mais gratifiant, dû à l’esprit visionnaireetausensdel’entreprise de son fondateur.Lorsque JeanBaptisteAckerman naît en 1790, ses parents – un modeste couple de Bruxellois – ne se doutent pas que leur fils sera au point de départ d’une saga qui trouvera son point d’orgue en Val de Loire… Car c’est dans cette région de France,àSaumur,quecet“étranger”posera ses valises en 1811. Le terroir est riche,avec un sol crayeuxdominéparletuffeauqui donneauxvinsunetendancenaturelle à prendre mousse… Mais c’est vers le négoce qu’il centre d’abordsesactivités :ildéveloppe un fructueux commerce de vins, devient un notable influent et épouse,en1829,ÉmilieLaurance, la fille d’un important négociant de vins. Les deux familles s’associent, leur maison de négoce porte leurs deux noms pendant un certain temps. Conscientdupotentieldesvins de Saumur, il va procéder à des expérimentations – selon la méthode champenoise – destinées

Nous avons aimé…

MAISON ACKERMAN

Ackerman Magnifier la finesse

“PAS DE JOYEUX DÎNER DE CHASSE SANS L’ACKERMAN-LAURANCE DRY ROYAL !”, PROCLAMA SON CRÉATEUR…

à magnifier leur capacité d’effervescence. En 1838, il obtient la reconnaissance de ses travaux parlacommissiondedégustation de l’Exposition d’Angers. Les Champenois ne l’entendent pas de cette oreille et ce qui est considéré comme une concurrence commerciale va entraîner la maisonAckerman dans un long procès qui durera au-delà de la mort deJean-Baptiste…Aujourd’hui, l’étiquette des bouteilles de vins de Saumur arbore la mention « Méthode traditionnelle ».

Aprèslerachatdesvastescaves de Saint-Hilaire, en 1840, JeanBaptiste se lance dans une productionàgrandeéchelle.En1876, celle-ci atteindra 1,5 million de bouteilles.Toujoursàlapointedu progrès,ilserendtrèsvitecompte del’importancequevontprendre les transports dans l’acheminement des marchandises et participe à l’essor du chemin de fer dansl’Ouest.En1849,laligneParis-Saumur est inaugurée. À sa mort, en 1866, son fils Louis-Ferdinand lui succède.

X Noir

Crémant de Loire Grande Réserve

Saumur Grande Réserve

100 % pineau d’Aunis

60 % chardonnay, 20 % chenin, 20 % cabernet franc

60 % chenin, 20 % cabernet franc, 20 % chardonnay

Robe : saumonée, lumineuse et chatoyante, bulle fine et légère Nez : fin et fruité, bonbon à la cerise, gelée de coings et de pommes, avec une touche florale de rose. Bouche : ensemble d’une belle maturité, avec des notes acidulées et une grande fraîcheur. La bulle est élégante, la longueur persistante.

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Robe : or pâle, brillante, bulle fine et abondante Nez : fruité sur les agrumes, floral sur l’aubépine et le sureau, avec une touche d’amande fumée. Bouche : sur des notes briochées, suaves, dans un ensemble équilibré et d’une belle élégance.

Jours de C HASSE ◆

Robe : bouton-d’or, éclatante, bulle fine et abondante, cordon persistant. Nez : fruité (pomme, poire), notes de tilleul, touches de pain grillé et de noisette. Bouche : riche, harmonieuse, belle maturité, finale persistante et fraîche. Idéal sur un brochet au beurre blanc.

PRINTEMPS 2011

L’utilisation de la publicité s’intensifie, les ventes s’envolent, les exportations progressent. Pendant longtemps, Ackerman représentera 30 % de la production totale des vins à bulles de Saumur. Avec la crise du phylloxéra,laproductionbaisserajusqu’en 1914, au décès de LouisFerdinand,poursestabiliserdans les années 1950.Les vins de Saumur brut sont AOC en 1936. Aujourd’hui, Ackerman produit 23 millions de bouteilles et gère, outre la marque éponyme, Rémy Pannier, De Neuville et DonatienBahuaud.Lesvinssont traités à l’instar des grands crus avec,pour la gamme Grande Réserve, un vieillissement d’au moins deux ans sur lies, pour magnifier la finesse des bulles. LeValdeLoireestlepremierproducteurdebullesenFranceaprès la Champagne et Ackerman en esttoujourslepremieropérateur. Sur Internet : www.ackerman.fr



Volutes par Jean-Claude Perrier

Voici une sélection printanière de cigares à déguster dehors à des températures plus clémentes. Des cigares de plein air pour les beaux jours.

CUBA

COHIBA Behike, BHK 54, laguito n° 4, 36 €.

◆ Le“must du must”,

dit-on dans les galeras cubaines. À l’origine, les trois vitoles de la nouvelle gamme Behike de Cohiba (BHK 52, 54 et 56) ne devaient être fabriqués qu’à 100 exemplaires, en coffret de luxe à prix d’or. Lesquels se seraient arrachés, d’où la décision des Cubains de poursuivre l’exploitation, certes au compte-gouttes.Twistés à la tête, les BHK bénéficient d’une quatrième feuille de tabac pour la sous-cape, et d’un cepo plutôt large, d’où ils tirent leur appellation : 52, 54 et 56 mm. Du point de vue des saveurs, on reste dans les tonalités de la marque, classicisme et élégance. Ce cigare de grand luxe est servi en boîte de 10, et il n’est pas sûr que toutes les civettes en aient dans leurs caves.

MONTECRISTO Grand Edmundo, Série Limitée 2010, cañonazo, 16,50 €.

◆ Dans cette nouvelle gamme

de la marque, inaugurée par l’Edmundo puis le Petit Edmundo, et plus soignée que les traditionnels n° 3 ou 4, le dernier-né est ce Grand Edmundo, son vaisseau amiral.

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PATRICK IAFRATE

Vitoles de plein air

Un beau cigare généreux et régulier, pour un aprèsdînerau coin du feu, un single malt dans son verre. Au printemps, pour les soirées les plus fraîches.

QUAI D’ORSAY Grand Corona, grand corona, 8,80 €. ◆ C’est le moment de

revisiter cette marque cubaine fabriquée pour le marché français, qui fut la pionnière du“nouveau goût” qu’affichent aujourd’hui les marques cubaines les plus light, lesquelles ont espoir, un jour, de conquérir l’eldorado américain. En attendant, ce cigare tendre, herbacé, aimable, est parfait pour un après-midi de chasse.

TRINIDAD Coloniales, corona, 12,80 €.

◆ Twisté lui aussi à l’ancienne,

ce cigare appartient à la nouvelle liga de la marque. Encore un cigare de saison, vert, tendre, herbacé, agréable et régulier. Pour l’heure du cocktail, par exemple. HOYO DE MONTERREY Especial, gordito, 12,10 €.

◆ Réédition de l’édition limitée

2004 pour cause de succès, ce cigare appartient à la nouvelle liga de la marque, conçue elle aussi plus“légère”, “aérée”que l’assemblage traditionnel, celui de l’illustre Épicure n° 2. On obtient donc un cigare facile à déguster, régulier, sans nervosité aucune.

Jours de CHASSE ◆

CETTE SÉLECTION A ÉTÉ ÉTABLIE AVEC L’AMICALE COMPLICITÉ DE

RÉGIS COLLINET ET DE SON ÉQUIPE,

LE LOTUS, 4, RUE DE L’ARCADE, PARIS VIIIe. TÉL. : 01.42.65.35.36.

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

PLÉIADES El Puro,Toro et Belicoso Especial, toro et belicoso, 11,50 et 9 €.

◆ Comme pour concurrencer

directement Davidoff sur son créneau du haut de gamme, la marque dominicaine Pléiades, réservée au marché français, dont les vitoles habituelles ne sont pas très palpitantes, vient de créer sa gamme El Puro dont, ainsi que son nom l’indique, les cigares, tripe, sous-cape et cape, sont entièrement constitués de tabac de Saint-Domingue. Et servis dans une édition limitée à 1 000 boîtes. De beaux cigares, bien fabriqués, à qui il ne faut pas demander plus que de la légèreté, avec des notes herbacées, voire un peu piquantes.

PRINTEMPS 2011

DAVIDOFF Puro d’Oro, Magnificos, canonaçau, 13 €. ◆ 100 % dominicaine,

la gamme Puro d’Oro n’a rien à voir avec les autres cigares de la marque. Réservée aux vrais amateurs, que ne rebute pas leur côté herbacé, voire astringent. Ce cigare d’un beau format (celui de l’Edmundo) se présente sous cellophane, avec une bague dorée à son pied. Un peu bling-bling.

HONDURAS

FLOR DE COPAN Linea Puro, Robusto robusto, 7,60 €. ◆ Avec son module

impressionnant de corona gorda, sa superbe cape Cameroun qui lui donne un peu de corsé, ce beau cigare équilibré est l’un des classiques de sa gamme et de sa marque, apprécié des amateurs de cigares dominicains, réputés plus“légers”que les cubains.



P

atrimoine ◆

Très chères forêts… dossier réalisé par Marie de Greef-Madelin

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A & J VISAGE/ALAMY

LA FORÊT DE

TRONÇAIS ET,

PAGE DE GAUCHE, UNE VUE AÉRIENNE DE FORÊTS EN

AUVERGNE. POUR

LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS

1830, LA SURFACE FORESTIÈRE FRANÇAISE DIMINUE POUR ATTEINDRE

16,9 MILLIONS D’HECTARES. DANS CERTAINES RÉGIONS, NOTAMMENT LES VOSGES, DES PETITES PARCELLES SONT COUPÉES ET NON

LE DÉSÉQUILIBRE ENTRE L’OFFRE ET LA DEMANDE S’ACCENTUE. IL EST DONC DE PLUS EN PLUS DIFFICILE DE TROUVER UNE FORÊT BON MARCHÉ.

◆ D

ans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, Jules César nommait la Gaule « Gallia comata » (la “Gaule chevelue”) en raison de l’étendue de ses forêts naturelles. Elles couvraient alors les deux tiers du territoire pour s’étendre sur environ 37 millions d’hectares. La forêt représente aujourd’hui moins de la moitié de la forêt gauloise, mais le double de celle de 1830.Toutefois,phénomènenouveau,aprèsuneprogression continue pendant cent cinquante ans, la forêt a cessé de gagner du terrain en 2008.Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, les sols boisés ont reculé en un an de 28 000hectares pour atteindre 16,94 millions.Ces chiffres s’inscrivent dans un contexte mondial d’inquiétude.La forêt perdrait quotidiennement quelque 350 kilomètres carrés de couverture à travers la planète.Selon l’Onu,qui a déclaré 2011 Année internationale de la forêt, il faudra trois cents ans pour reconquérir un cinquième des terres touchées par la désertification en Chine,pays au monde le plus touché par ce fléau. Peut-on pour autant s’inquiéter de la situation forestière dans notre pays ?

La France reste aujourd’hui le troisième paysd’Europepoursasurfaceforestière, derrièrelaSuèdeetlaFinlande,avecprès d’un tiers de surface recouverte de forêts. « Cette diminution de la surface forestière a surpris la profession », souligne Philippe Gourmain, expert forestier. La perte de surfaces s’explique par les opérations conduites par les collectivités publiques, à commencer par les grands ouvrages autoroutiers ou ferroviaires.Mais on ne peut mettre en cause directement l’urbanisation, un phénomène qualifié de « catastrophe » l’an dernier par Nicolas Sarkozy (lorsqu’il rappelaitquel’équivalentd’undépartement était enlevé à l’activité agricole tous les dix ans), ou la construction de lotissements sur des massifs forestiers. «Ilestfauxd’incriminerl’urbanisation. Ce ne sont pas les lotissements qui gagnent sur les forêts.En France,on peut faire sauter un bosquet mais on ne peut pas raser uneforêt !»poursuitPhilippeGourmain. Grâce aux règles strictes d’urbanisme, ilestinterditdedéfricherpourconstruire des logements neufs. Il y a certes des exceptions. Comme en Moselle, où le nouveau Center Parcs, baptisé les Trois Forêts, a reçu les autorisations nécessairespouraménager435hectaresdefo-

rêts et construire 870 logements inaugurés l’an dernier. Dans le Tarn ou dans l’Aveyron,les experts observent que des parcelles reboiséesaprès-guerreretournentenprairies.Dansleszonesdeproductiondefromages, par exemple de Roquefort, les éleveurs ont un besoin croissant de surfaces enherbées. Ils profitent généralement d’une coupe rase pour demander une autorisation de défrichement et transformer leur parcelle. Dans l’Est de la France, dans les Vosges, de petites parcelles appelées hagis,boisées en épicéas et situées en périphérie des villages, appartenant à d’anciens ouvriers agricoles, sont coupées et non reboisées,faute de volonté de la part des nouvelles générations. « Un certain nombre de propriétaires nesontpasmotivéspourengagerdesdépenses de reforestation, observe Bernard de Polignac,ingénieuragronomeetexpertimmobilier. Les tempêtes de la dernière décennien’encouragentpaslesinvestissements forestiers.» « Le tournant majeur a eu lieu en 2008, le déséquilibre entre l’offre et la demande de massifs forestiers est alors survenu.Aujourd’hui,c’estlararetéquicompte avanttoutpourjugerd’unmarché»,affirme de son côté l’expert Henri d’Ormesson.

PHOTOS : BLICKWINKEL/ALAMY - EMMANUEL LATTES/ALAMY

REBOISÉES.

CERF ÉLAPHE. LA POPULATION DE GRAND GIBIER DÉTERMINE AVEC LES PEUPLEMENTS FORESTIERS LA VALEUR CYNÉGÉTIQUE D’UNE

FORÊT.

SELON LES

EXPERTS, LA VALEUR D’UN HECTARE

S’ÉTABLIT À

3 170 EUROS, MAIS

PEUT SE NÉGOCIER JUSQU’À

15 000 EUROS.


LES PROPRIÉTAIRES FORESTIERS DOIVENT PRÉSENTER À L’ADMINISTRATION FISCALE UN

“BILAN

PHOTOS : PASCAL SAURA/SIPA - FOREST-ONLINE

DE GESTION”

À DIX ANS, QUI ATTESTE DU BON ENTRETIEN DES PARCELLES, S’ILS VEULENT RECEVOIR LE CERTIFICAT DONNANT DROIT AUX ABATTEMENTS FISCAUX.

Lesforêtsàvendre,qu’ellessoient de 10 ou de 1 000 hectares, font défaut tandis que les acheteurs,en quête de valeur refuge depuis la crise financière de 2008, sont de plus en plus nombreux. Ce qui explique la chute destransactions(–21%en2009).Déjà très morcelée, la forêt française appartient aux trois quarts à des particuliers. À chaque succession, les surfaces sont un peu plus divisées entre les héritiers,qui restent souvent attachés à leur coin de“forêt-jardin”. Les propriétaires croient en la valeur de la forêt pour la sécurité financièrequ’elleprocure.Depuisquelques mois, des sociétés foncières spécialisées dans l’acquisition de massifs forestiers se créent à l’attention des particuliers.Ainsi,la Foncière forestière, crééeparChamplainressourcesnaturelles(filialedelaFinancièredeChamplain) a levé l’an dernier 2,5 millions d’euros auprès d’investisseurs en vue d’acquérir au moins 500 hectares de forêts françaises dans les prochains mois.«Ceprojetréunit340actionnaires,

qui ont déboursé en moyenne 7 500 euros chacun »,confie Vincent Arnaud,gérant de Foncière forestière. La rentabilité envisagée est de 2 à 4 % par an.Fort du succès de la première opération,il envisageunesecondelevéedefondscetteannéepourpoursuivresesinvestissements forestiers. Qu’ils s’agissent d’institutionnels oudeparticuliers,deFrançaisoud’étrangers(lesBelgessontainsitrèsprésentssur le marché),les forêts de production sont perçues comme un outil de diversification du patrimoine. Elles permettent de viser une rentabilité, issue des ventes de bois, supérieure à 2 % l’an. Quant aux forêts d’agrément,elles sont recherchées pour leur surface et pour la qualité cynégétique. Leur prix est donc fixé non seulement en fonction de la production de bois mais aussi de la population de gibier (lire notre encadré page 198). La demande des acquéreurs se concentre en priorité sur les forêts situées à moins d’une heure trente de Paris, de 150 ou 200 hectares avec si possible un ou plusieurs étangs, voire une

LES FORÊTS DISPOSANT D’UN ÉTANG SONT LES PLUS RECHERCHÉES.

LA DEMANDE

SE CONCENTRE EN PRIORITÉ SUR LES FORÊTS SITUÉES À MOINS DE DEUX

PARIS : SOLOGNE, EN TOURAINE, EN CHAMPAGNE… HEURES DE

194

FOREST-ONLINE

EN

Jours de C HASSE ◆

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maison aménagée. Les propriétés avec un château,trop lourd d’entretien,sont en revanche moins demandées. «Laforêtestuninvestissementpérenne, décorrélé des marchés financiers, qui permet de disposer d’un fonds de portefeuille diversifié»,analyseVincentArnaud.«Depuis de nombreuses années,jusqu’aux années 1980,les institutionnels ont massivement acquis des forêts. Le décret du 25 octobre 2002 a ensuite contraint bon nombredecaissesderetraiteetdeprévoyance à revendre leurs actifs forestiers.Aujourd’hui,la clientèle des institutionnels est de retour, à laquelle s’ajoutent les investisseurs privés attirés par la fiscalité et par la notion de bien tangible », constate de son côté Henri d’Ormesson. Loindeconstituerunenichefiscale, l’investissement forestier permet de bénéficier d’un régime forfaitaire sur l’imposition des revenus. Sur l’ISF et les droits de donation-succession,un abattement des trois quarts de la valeur est accordé. À condition toutefois que les propriétairesprésententunbilandegestion sur dix ans (décret du 19 mai 2010). Seulslespropriétairesquigèrentraisonnablementetentretiennentleurforêtreçoivent de l’administration le certificat donnant droit aux abattements fiscaux. En augmentation continue depuis 1997,lavaleurd’unhectaredeforêtaprogressé de 0,9 % en 2009 pour s’établir en moyenne à 3 170 euros. Cette légère hausseestd’autantplusremarquableque la valeur des massifs dépend essentiellement de la valeur des terres agricoles



LE PLAN DE MAÎTRISE DES SANGLIERS VA-T-IL AFFECTER LA VALEUR LOCATIVE EN MOYENNE, LES LOCATIONS DE CHASSE SE CONCLUENT EN ÎLE-DE-FRANCE SUR LA BASE DE 400 EUROS PAR SANGLIER ET 900 EUROS PAR CHEVREUIL.

PHOTOS : BLICKWINKEL/ALAMY

DES FORÊTS ?

et des cours du bois,qui avaient chuté de 20 % en 2009. Les prix des forêts en 2010 seront publiés par la Fédération nationale des Safer (Société d’aménagementfoncieretd’établissementrural)enmai.Maisd’oresetdéjà, les experts parlent d’une augmentationspectaculaire,del’ordrede7%sur un an. « Il existe une microbulle financière sur le prix des forêts.Une forêt estiméeà8 000euros,miseenventeà9 500euros pour prendre une marge de sécurité,se vend aujourd’hui au prix,sans négociation », constate Philippe Gourmain. Phénomène nouveau, de plus en plus de forêts de production s’échangent à plus de 10 000 euros l’hectare. « Si on réalise un travail d’expert sur certains biens d’agrément, de tels niveaux de valorisation ne peuvent se justifier que par une estimation de la valeur cynégé-

tique », renchérit Henri d’Ormesson. En Sologne, difficile, selon les experts, d’acquérir des bois sous ce seuil psychologique. Même constat en Touraine et dans l’Aube, à leur tour atteinte par la flambée des prix. En Champagne, une forêt très riche en bois s’est récemment vendue à 15 000 euros l’hectare ! Dans les régions moins prisées, de grandesdisparitéssubsistent.EnLozère, l’hectare se négocie environ 1 500 euros.Enmontagne,uneforêtde1 200hectares, dont 600 de cailloux, donc inexploitable, est en vente à 1,8 million d’euros. Par comparaison avec nos voisins européens,les terres françaises sont encore parmi les moins chères, notamment par rapport aux prix pratiqués en Belgique, en Allemagne ou en Angleterre,ce qui contribue également à attirer les investisseurs.

DEPUIS L’AN DERNIER, LES FORÊTS DE RÉSINEUX SONT PLUS RENTABLES.

POUR

LES MEILLEURES QUALITÉS, LES PRIX ONT AUGMENTÉ DE

13 % POUR PHOTOS : ZICH/SIPA

LE DOUGLAS ET DE

25 %

POUR L’ÉPICÉA.

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L’attachement des propriétaires est d’autant plus fort que les revenus des bois sont appelés à progresser. Toutes lesessencesprofitentactuellementd’une importante revalorisation. Entre octobre 2009 et octobre 2010, pour les meilleures qualités, la hausse atteint jusqu’à 8 % sur le hêtre, 18 sur le peuplier, 13 sur le douglas, 25 sur le sapin épicéa et 20 sur le bois à palette. Seuls les pins maritimes demeurent encore dans une situation critique. « Nous vendons couramment des premières éclaircies d’épicéa ou de douglas,de 20 centimètres de diamètre ; ce qui valait entre 5 et 10 euros, nous le vendons aujourd’hui entre 15 et 20 euros ! confie PhilippeGourmain.Ledéveloppementdubois énergie crée des tensions dans l’approvisionnementdel’industrie»,ajoute-t-il.Ces tensions constituent une aubaine pour les propriétaires qui peuvent ainsi espérer améliorer leur rendement. À Urmatt (Bas-Rhin) en mai 2009, Nicolas Sarkozy a rappelé qu’en 2020, près d’un quart de notre consommationd’énergiedevraitémanerd’énergies renouvelables,leboisconstituantuntiers de cet objectif.Contrairement aux idées reçues, couper un arbre ne tue pas la forêt.L’arbrequigranditabsorbeduCO2 et le fixe dans le bois, ce qui justifie son appellation de puits de carbone. Une forêt bien gérée est ainsi plus efficace au stockage de carbone que des arbres qui meurent et se décomposent en rejetantlestockdeCO2 accumulépendant leur croissance. Créé en octobre 2009,le fonds Bois, financéparleFondsstratégiqued’investissement, apporte son soutien financier à la filière des scieries et de distriLa suite de notre article page 198. >>


LES FORÊTS D’EUCALYPTUS AU BRÉSIL

ONT UNE PRODUCTIVITÉ RICHE ET RAPIDE.

Entretien avec…

Stéphane Ledentu “Cap sur la forêt brésilienne”

Le fondateur d’European

Forest, Stéphane Ledentu, propose aux investisseurs trois axes de développement. En France, il commercialise des massifs forestiers situés dans le Nord et le Centre, dont le rendement atteint entre 2,5 et 4,5 % grâce aux revenus de la chasse et de l’exploitation forestière. En Roumanie, où le prix des forêts est trois fois inférieur à celui de la France, il propose d’investir, via la société Cerasus Avium, dans des parcelles forestières qui procurent un rendement de 9 % l’an, auquel s’ajoute un fort potentiel de plusvalues à la revente. Mais c’est au Brésil, où Stéphane Ledentu a créé en 2008 la société SLB do Brasil, que les investissements semblent les plus prometteurs. Les forêts d’eucalyptus, à croissance rapide, ont un potentiel de rendement de 12 % par an, tout en préservant l’environnement. Stéphane Ledentu s’en explique pour Jours de Chasse.

À quand remonte votre intérêt pour les forêts brésiliennes ? En2008,nousavonsacheté280hectares de terres agricoles dans la province du Paraná, au sud du Brésil en vuedeparticiperàlareforestation.Nous avonsreplantéseulement60%delasurface acquise pour ne pas altérer les ressourceshydriques.Surles40%restants, l’objectifétaitdereconstituerlaforêtprimaire. L’eucalyptus est vite apparu comme l’essence la plus appropriée.La variété retenue l’Eucalyptus Urograndis a une croissance très forte,de l’ordre de 55 mètres cubes par an et par hectare. Cetteproductivitéricheetrapide(lapremière coupe intervient quatre ans après la plantation) permet de répondre à la demandecroissantedel’industriepapetière. En 2009, nous avons acheté dans la même région une ferme de 350 hec-

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PHOTOS : SLB DO BRASIL

CI-DESSOUS, STÉPHANE LEDENTU (AU CENTRE), SUR LE TERRAIN.

tares, ce qui nous a permis de valider notre procédé d’exploitation.Encouragéspardesexpertsforestiers,nousavons créé avec deux actionnaires brésiliens et un actionnaire français SLB do Brasil afin de proposer aux investisseurs internationaux de nous rejoindre en associationavecSLBDéveloppementdurable. Depuis, nous avons acheté une ferme de 1 500 hectares,pour un investissement de 15 millions d’euros. Nous avons conservé le même concept initial :recréerlaforêtd’origineenplantant des eucalyptus sur 60 % de la surface. Quel rendement peut espérer l’investisseur ? Le “ticket d’entrée” pour un particulier ou une entreprise, est d’un minimum de 30 000 euros.L’investissement, réalisé par l’intermédiaire de sociétés de gestion françaises, permet de devenirpropriétaired’actionsdesociétédont l’objectif de rentabilité est de 10 % par an. Sachant que la coupe de l’eucalyptus intervient au bout de douze ans, les revenussontcapitaliséschaqueannéejusqu’à cette échéance.Au terme des douze ans, l’investisseur reçoit 200 % de revenus augmentés de son capital de départ. J’ajoute que l’investissement est couvertparlaMiga(filialedelaBanquemondiale) contre les risques géopolitiques : la non-convertibilité de la monnaie, des devises,les risques de guerre civile,d’expropriation.Cedernierpointestencours de validation auprès de cet organisme. Outre sa rentabilité économique, l’eucalyptus est réputé pour sa capacité à piéger le carbone… Pour un investisseur, planter des forêtsd’eucalyptuspermetdebénéficier de tous les avantages liés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.En 2012,lesentreprisesfrançaisesquipourront présenter un bilan carbone neutre serontexonéréesdelataxecarbone,sous réserve de la fiscalité en vigueur,au prorata de leurs investissements.Ainsi,une société qui consomme 1 100 tonnes de CO2 pourra couvrir en totalité ses émissions de gaz à effet de serre si elle investitdans20hectaresd’eucalyptusauBrésil. Propos recueillis par Marie de Greef-Madelin

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CERF AU BRAME. OUTRE LE PLAISIR DE LA CHASSE AUX GRANDS ANIMAUX, LES FORÊTS SONT DE PLUS EN PLUS PRISÉES POUR LA DÉFISCALISATION QU’ELLES PEUVENT APPORTER ET LE REVENU FINANCIER ISSU DE LA VENTE DE BOIS.

bution de produits certifiés. Ces efforts du gouvernement portent leurs fruits.Les scieries qui liquidaient l’an dernierleursstocksaccumuléslorsdes tempêtes de 2009 ont repris leur politiqued’achat.Lademandeintérieure en bois de feuillus augmente.Les exportations de chênes et de hêtres,no-

PHOTOS : ARTEGA PICTURES/ALAMY - PHOTO12-GILLESTARGAT - DARRINGTON/ALAMY

Le capital gibier ◆ Les forêts,qui se louent pour la chasse entre 20 et 100 euros l’hectare par an,répondent à des critères spécifiques d’estimation. Leur prix dépend en théorie de la valeur des peuplements forestiers et de l’actualisation par modèle mathématique des revenus futurs des bois, selon qu’ils soient jeunes ou mûrs. À l’estimation du sol forestier s’ajoute une plus-value liée à la valeur de la chasse.Celleci est également appréciée par la capitalisation du revenu futur tiré de la location de la chasse. « Une grande partie de la valorisation d’une forêt ne dépend plus des arbres qui y poussent.Une chasse sur un territoire en taillis va pouvoir se louer plus cher qu’une belle futaie ;la plus-value chasse sera plus importante pour un mauvais taillis », déclare Bernard de Polignac auteur du livre Diagnostic et aménagement des territoires.Cette analyse aboutit au fait qu’un forestier qui déploie de gros efforts financiers de replantation en résineux, peut se retrouver vingt ans plus tard en

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tamment vers la Chine, sont reparties. En résineux, la France exporte davantage de grumes vers l’Allemagne. Mais le déficit commercial de la France,qui importe plus de bois qu’elle n’en exporte, reste important. Dans la balance commerciale, derrière le poste énergétique,leboisreprésente6milliards

d’eurosdedéficit.Ensoutenantsafilière, laFrancepeutnonseulementréduireses importations de bois de qualité mais aussi créé des emplois supplémentaires. Selon le rapport Puech, le secteur forestier représente actuellement 80 000 emplois et pourrait en créer 80 000 supplémentaires. ◆

possession d’un patrimoine qui ne vaut pas plus cher que s’il l’avait laissé en friche. Pourquoi ? Parce que dans vingt ans, les résineux auront étouffé la végétation basse,autrement dit le sous-étage, et qu’il n’y aura plus ni abri, ni nourriture pour le gibier. L’expert explique combien, pour les forêts de chasse, les jeunes peuplements sont favorables au grand gibier. Lui-même, propriétaire forestier en Anjou,a agrandi ses bois en bordure l’an dernier,en y ajoutant une large bande de un kilomètre, le long d’un ruisseau. « Le chevreuil aime les bordures de forêts plus que les grands bois », rappelle Bernard de Polignac.En plantant 12 hectares, il espère accueillir trois familles supplémentaires de chevreuils sur son territoire. Ainsi, les experts forestiers font face à ce paradoxe : une mauvaise forêt en Sologne vaut aussi cher qu’une belle forêt de chênes ou de hêtres située dans le Bassin parisien. Et de même, les très belles forêts de Seine-et-Marne ne valent pas plus cher que les mauvais massifs fores-

tiers solognots.« Ce paradoxe s’explique par la nature des acquéreurs qui achètent des forêts en Sologne avec la chasse comme préoccupation première,alors que les propriétaires de massifs forestiers en Seine-et-Marne intègrent davantage le revenu financier que peut apporter la forêt », poursuit Bernard de Polignac. Il estime dans son ouvrage que les locations de chasse en Île-de-France se concluent en moyenne sur la base de 400 euros par sanglier (et de 900 euros par chevreuil).Élément nouveau,le plan national de maîtrise des sangliers,mis en place à l’été 2009 pour réduire les dommages causés par cette espèce, conduit à s’interroger sur son impact en termes de valorisation des parcelles de chasse.Si les objectifs de réduction de la population de cette espèce sont atteints, les valeurs locatives des forêts pourraient être affectées. Une forêt où l’on pourrait prélever un,deux ou trois sangliers de moins aux 100 hectares, pourrait à court terme perdre un peu de sa valeur locative.Mais il est trop tôt pour en mesurer l’impact réel,d’autant qu’une population de sangliers, si elle est bien gérée, peut se reconstituer facilement.

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Forum

PAROLES DE LECTEURS Écrivez-nous à rambaud@valmonde.fr

Des chasseurs irresponsables

◆ Bravo pour nous avoir

annoncé la très mauvaise saison bécassière en raison d’une mauvaise reproduction. Je trouve que trop de chasseurs ont eu un comportement irresponsable – notamment ceux du littoral–, en ne se limitant pas volontairement.Trop de fédérations n’ont pas été assez fermes, en matière de suspension et d’interdiction. Pourquoi, en effet, ne pas avoir décidé de fermer la chasse à la bécasse en novembre, mois qui enregistre, en moyenne, les plus importants prélèvements ? Le monde cynégétique ne peut plus se permettre de faire dans la demi-mesure. Il en va de notre survie. P. Laffont.

Un faste que l’on regrette presque

◆ C’était une très bonne idée de consacrer un long article à Napoléon III. Et l’on comprend bien que

la chasse sous le second Empire, qu’elle soit vénerie ou chasse à tir, était une affaire d’État, au sens politique du terme, afin de défendre les intérêts de la France. Nos deux derniers présidents de la République, par manque de courage, ont supprimé ces chasses, tétanisés par la peur des écologistes ! B. Pruvost.

La Beauce de Ten

◆ Un grand merci à Étienne Fougeron, alias Ten, pour son superbe album d’aquarelles –dont vous avez fait le compterendu dans vos pages Signets– évoquant d’une manière très émouvante sa Beauce natale. Quand on parcourt ce bel ouvrage, c’est tout notre passé qui rejaillit. Cela a l’immense mérite de s’attarder sur nos origines, sur nos ancêtres, chose devenue trop rare de nos jours, où l’on célèbre avec frénésie le culte du progrès et de l’éphémère. A. Couzou.

Fromentin, ce génie ◆ Lorsqu’on arrive à la fin

du reportage que vous avez consacré à Eugène Fromentin, on est suffoqué par son génie, à la fois un très grand écrivain avec son Dominique, et un très solide artiste. On ne peut que tomber sous le charme de ses scènes de chasse en Algérie. Des lumières, des atmosphères, qu’il a su rendre ! G. Mallet.

À propos de One Voice

◆ Votre bref article sur One Voice fait froid dans le dos. Décidément, ces écologistes ne reculent devant rien pour détruire nos traditions, et faire interdire la chasse. La Société de vènerie a bien eu raison de répondre point par point. Il ne faut pas céder à ces écologistes un pouce de terrain ni répondre à leur provocation ; en visant la chasse à courre, c’est la chasse tout court qu’ils veulent toucher. L. Rossignol.

Carnet d’adresses des pages Tentations

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