Jours de Chasse

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HASSE Jours

de

ÉCOSSE

L’île mystérieuse

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N° 38


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Sommaire N° 38 hiver 2009

CHASSE Jours

de

N° 38

CHASSEURS DE LÉGENDE

Drames africains

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66 Aventure

Le thar du mont Cook BELGIANCHOCOLATE

3-5, rue Saint-Georges 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.85 www.joursdechasse.com

Président-Fondateur Olivier Dassault

142 Crayons

RÉDACTION

et Pinceaux Cecil Aldin : gentleman et peintre

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

3-5, rue Saint-Georges - 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél. : 01.56.52.21.67 ; g.haag@publiprint.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Delphine Pellan (Tél. : 01.42.36.92.04 ; dpellan@sordiap.fr)

ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE

Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)

5 6 18 32 34 36

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30) Services généraux : Catherine Delange (11.13)

SERVICE ABONNEMENT

22, rue René-Boulanger 75472 Paris Cedex 10 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général : Guillaume Roquette Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 775 658 412 00140. Directeur de la publication : Guillaume Roquette Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : “The Hunt Supper” de Cecil Aldin. Étude Coutau-Bégarie. Copyright 2009 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

47 50 54 62 66 76 82 94

L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire L’actualité de la chasse

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L’écrivain

Boganis ou le bonheur dans les bois

104

Chic et choke Le monde de la chasse À l’affût Expositions et salons Lucarne La chasse en DVD Tentations Équipements de saison… 36 … pour elle 38 … pour lui 40 Accessoires 44 Automobile Spécial montres Quelle montre pour le chasseur ? Enchères Des affaires et de belles ventes Signets La chasse en librairie Confidences Édouard-Pierre Decoster Aventure Le thar du mont Cook Tourisme Nouvelle-Zélande, sauvage avant tout Reportage Écosse, l’île mystérieuse Découverte ‘’Taïaut ! Le renard sort de la ronce”

128 142 152 164 166 174 180

188 190 192 202

Sur le terrain Tout savoir sur… 104 Les rouges de la garrigue 110 L’intelligence du chien 114 L’armurerie Alex, un tigre dans l’atelier 118 Essai Blaser et Zeiss 126 La loi Chasseurs de légende Grandes chasses, drames africains Crayons et pinceaux Cecil Aldin, gentleman et peintre L’écrivain Boganis ou le bonheur dans les bois L’art et la chasse Henri Regnault Visite privée Invitation dans la famille Porthault Saveurs Les recettes de famille Tentations 180 Produits de fêtes 182 La maison et sa déco 186 High-tech et objets Flacons Armagnac, l’alchimie des douceurs Volutes Un Noël très “puro” Dossier spécial Le tout-terrain remonte la pente Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend un encart broché Abonnement entre les pages 34 et 35 et trois encarts jetés : Club Interchasse Cariboom, Réabonnement et Winchester.

Parution du n° 39-printemps 2010, mars Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com

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Éditorial par Olivier Dassault

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ter toutes les difficultés pour exprimer leur passion, tonne-moi!:l’injonction que Cocteau lançait à Raet assurer une relève nécessaire. diguet,nous l’avons,à notre tour,prise à notre compte, À certains de nos lecteurs – peu nombreux,certes – et sans doute aurez-vous marqué un mouvement de qui ont le sentiment que Jours de Chasse ne les fait surprise en découvrant la couverture pour le moins plus rêver, je me contenterai de donner en exemple le inhabituelle de JoursdeChasse,par laquelle nous avons reportage sur la chasse du thar dans les montagnes de souhaité vous étonner : un tableau haut en couleur Nouvelle-Zélande. Une destination peu connue, un – The Hunt Supper – du dessinateur britannique Cecil animal rare, des paysages envoûtants, n’est-ce pas là Aldin, montrant des chasseurs de renards légèredu rêve à l’état brut? Pour être un territoire plus fament gais,après un runendiablé,banquetant dans l’une cile d’accès, l’Écosse n’en est pas moins un éden myde ces auberges immémoriales chères à l’Old Merry thique pour tous les chasseurs et qui en fait rêver England.Nous aurions pu choisir,certes,une autre graplus d’un. Et que dire de la Scandinavie, où vous envure d’Aldin,plus directement évocatrice de la chasse, traînera Wilhelm Dinesen, père de la romancière mais celle-ci nous a retenus à la fois par son humour Karen Blixen,et lui-même écrivain de talent,dans ses et par son caractère festif approprié à la période des Lettresdechasse,traduitespourlapremière fêtes de fin d’année. fois en français,et préfacées par le prince Et puis, pourquoi ne pas associer Hendrik de Danemark? l’humour à la chasse ? Il est habituel UN BRIN Après le rêve,voici du frisson avec l’évo– et c’est un sujet de railleries cher aux D’HUMOUR cationdesdramesetdesaccidentsquiont chansonniers– desemoquerdela“troiémaillé l’histoire de la grande chasse en sièmemi-temps”desjournéesdechasse, EN COUVERTURE Afrique.Une enquête à lire et à méditer où les disciples de Saint-Hubert,après NE NOUS A PAS pour ne pas prendre, sous prétexte de avoir affronté les intempéries, arpenté SEMBLÉ DÉPLACÉ mauvaiseséconomies,desrisquesinutiles. lesbois,ous’êtregeléaupostelorsd’une Pouravoirmoi-même,autrefois,étéblessé battue, aiment, le soir venu, à se diverPOUR CE NUMÉRO par un lion lors d’un safari en RCA, je tir au coin du feu, un verre à la main, DE FIN D’ANNÉE. puis confirmer qu’il n’y a pas de chasses en racontant des histoires dignes du aux fauves sans risques,et qu’en de telles baron de Crac, ou d’autres, plus gailoccasions il est impératif de prendre lardes, qui, naguère, excluaient la prétoutes les précautions d’usage. Revenons au rêve avec sence des dames. Vieille tradition gauloise qui n’a les pages Tentations et deux dossiers spéciaux, l’un pas totalement disparu… Un brin d’humour, donc, sur les montres d’exception, l’autre sur les véhicules ne nous a pas semblé déplacé pour ce numéro de fin tout-terrains qui, malgré la crise, remontent la pente. d’année, où les occasions de sourire ne sont pas Du dépaysement,de l’émotion,du frisson,de la beauté, vraiment légion. voici ce que votre revue vous offre pour les fêtes de L’actualité cynégétique n’offrant pas matière à un fin d’année. Permettez-moi d’y ajouter mes vœux éditorial, je me bornerai, pour ce dernier numéro de personnels pour vous et ceux qui vous sont chers. l’année, à vous présenter et commenter le sommaire. Bonne lecture et joyeuses fêtes. Puisque nous avons commencé par Cecil Aldin, ce merveilleux illustrateur du fox-hound insulaire, je poursuivrai avec le reportage sur un jeune équipage, l’Équipage de Bellande, dont les membres témoignent qu’il existe un art tout français – porté à son apogée par Louis XIII – de forcer un renard avec des chiens courants, dans la meilleure tradition de la vènerie française.J’ajouterai qu’il est toujours réconfortant de voir des jeunes se mettre à la chasse, surmon-

Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

À PROPOS DE LA BÉCASSE

◆ À l’heure où Jours de Chasse

paraît,la saison de la bécasse est déjà bien commencée et,d’après les premières indications recueillies par l’ONCFS,la saison se présentait sous les meilleurs auspices, en raison notamment de conditions climatiques au printemps favorables –chaud et humide – qui ont favorisé une bonne reproduction en Russie centrale,principalpourvoyeurde la France.Grâce aux recherches et aux bagages effectués en Russie depuis des années par les équipes d’Yves Ferrand, technicien à l’ONCFS et l’un des meilleursspécialistesdenotreoiseau, on peut estimer avec précision la qualité d’une saison: si au moins 85 % de la totalité des bécasseaux sont issus de couvées précoces, la saison sera en principe satisfaisante.Et c’est le cas cette année. D’ailleurs, lors d’un colloque quis’esttenuilyaquelquesmois, Yves Ferrand et d’autres intervenantsontdévoiléd’autresmys-

tères de notre voyageuse.Afin de pouvoirsuivredanslesmeilleures conditions des oiseaux, 120 bécasses ont été baguées et suivies pendant six hivers dans deux massifs bretons, celui de Beffou (Côtes-d’Armor)etceluidePontCalleck dans le Morbihan.Qu’at-onapprisdecetteobservation? D’abord que la bécasse est d’une extrêmefidélitéàsonhabitatd’hivernaged’uneannéeàl’autre(les troisquartsdesreprisesd’oiseaux se font à moins de vingt kilomètres du lieu de bagage). De plus, sur son lieu d’hivernage, la bécasse (sauf changement météorologiquebrutal)secomporte comme un oiseau sédentaire. Concernant les remises diurnes, l’étude montre que seulement 30 % des oiseaux utilisent qu’une seule remise, le reste en dispose de deux à trois autres au cours du même hiver (ce qui peut faire croire à l’arrivée de nouveaux oiseaux). La chasse, elle,peut amener nos bécasses à s’éloigner jusqu’à plus de un kilomètredesesremises,etlesamener dans des lieux tout à fait inhabituels.Autreenseignementde

ce passionnant colloque : la proportion de bécasses levées par un chasseur et son chien est « étonnamment constante d’une saison à l’autre » : environ 30 %.En outre, lenombredebécasses tuées est d’une pour trois levées. En d’autres termes,il faut environ une dizaine de bécasses sur un territoire pour espérer en tuer une. Ce ne sont quedesmoyennes,qui peuvent varier d’un territoireàl’autreeten fonctiondelapression de chasse. L’avenir? Il y a des raisonsd’êtreoptimiste.D’abord parce que les zones de reproduction en Russie ne sont pas menacées et se développeraient plutôtbien,toutcomme,apriori, les zones d’hivernage. La raréfaction des prairies – donc des lombrics, la nourriture de base de la bécasse – en Franceesteneffetpréoccupante.

LE SALON DE RAMBOUILLET DÉMÉNAGE

◆ L’année 2010 marquera le Sa-

londelaChassedeRambouillet. Après presque dix ans de bons et loyaux services sur l’hippodromedeRambouilletetlesterrainsyattenant,lamanifestation cynégétique la plus importante de France va prendre ses quartiers – toujours à Rambouillet – mais plus à l’ouest, et dans un lieu encore plus prestigieux, puisqu’il s’agit ni plus ni moins du parc du château,sur la route de Saint-Léger-en-Yvelines.

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Rappelons que la bécasse est, avec 1,2 million d’oiseaux tués par an, l’un des gibiers les plus chassés en France. Cette étude nousrappelleunefoisencoreque la bécasse est un capital fragile, et que les chasseurs français doiventêtreraisonnables,souspeine de se voir interdire un jour ce si beau gibier.

PATRICK IAFRATE

ÉVÉNEMENT

BERNARD BELLON

ÉTUDE

Voilà qui ne pourra que réjouir le monde cynégétique tant la chasse doit beaucoup à Ram-

Jours de C HASSE ◆

bouillet. Moins bucolique, on se souvient que l’une des difficultés auxquelles étaient con-

HIVER 2009

frontés les organisateurs était les parkings puisqu’il s’agit d’accueillir et garer les véhicules de 40 000 visiteurs, et des 400 exposants – un problème qui avait provoqué quelques sévères embouteillages et dépressions nerveuses. Cette fois, la question est en passe d’être définitivement résolue puisque les véhicules en tout genre pourront se garer juste aux abords du parc, sur les terrains militaires qui seront spécialement ouverts du 26 au 29 mars 2010.

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

HOMMAGE

PHILIPPE RAMBAUD

◆ PhilippeRambaudnousaquittés.Noslecteurs

HUMBERT RAMBAUD

le connaissaient sous le nom de Philippe Léobazel et gardent,sans nul doute,le souvenir des articles qu’il écrivit dans Jours de Chasse, notamment la chronique régulière qu’il consacraitàl’analysed’untableau sur le thème,proche ou éloigné, de la chasse.Admirable exercice de lectureetdedéchiffrementquisupposenonseulementuneconnaissance profonde de la peinturedesmaîtres anciens, mais aussi – et ce qui ne s’apprendpas–unesensibilitéd’artistehors du commun. Qui plus est, l’exercice postulait une véritable érudition cynégétique, afin de mettreenrelieflavérité, ou à défaut, la vraisemblancedutableau, sinon les libertés prises par le peintre, quand il ne s’agissait pas d’erreurs flagrantes.Ces multiples connaissancesettalents,Philippe Rambaud, tel était le véritable nom du père de notre ami Humbert Rambaud,les possédaient à l’envi. Ancien élève de l’École des Chartes,puis de l’École du Louvre,où il fut camarade de promotion de Pierre Lemoine (ancien conservateur en chef de Versailles), il avait une prédilection pour la peinture des XVIIe et XVIIIe siècles. Mais il nourrissait un intérêt non moins grand pour la musique,la littérature et l’histoire.Par goût de la liberté et pour consacrer ses moments de loisir à ce qui fut, plus qu’un passe-temps, une authentique passion –la chasse–, Philippe Rambaud choisit d’enseigner le français, le latin et l’histoire.Ainsi ne perdit-il pas, comme tant d’autres, sa vie à la gagner, se réservant le luxe de ce que les Romainsappelaientl’otiumstudiosum,letempslibre dédiéàlaculture.Pourcethumanisteàl’ancienne, celui-ci n’était pas incompatible avec le “noble

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déduit”.Lachassefit,dèssajeunesse,pleinement partie de sa vie. Il avait commencé sa carrière de nemrod dans la propriété familiale des environs de Lyon,et la poursuivit en Bretagne et en Auvergne. À ses yeux, la chasse ne se concevait pas sans chiens et, parmi ceux-ci, les chiens d’arrêt; les épagneuls bretons eurent, de toujours,sa préférence.Nulle chasse à tir,selon lui, n’égalait celle au chien d’arrêt et à la bécasse,si subtile et difficile, qu’il pratiqua longtemps. Vers lemilieudesannées 1950, Philippe Rambaud eut la révélation de cette vènerie du ciel qu’est la fauconnerie. C’estaucontactd’un des derniers fauconniers français de l’époque,AbelBoyer, fondateur de l’Anfa (Association nationale des fauconniers et autoursiers français) en 1945, qu’il découvritlesjoiesdu haut-vol et du basvol. Un mois après avoir vu dans un panier deux fauconneaux (« un véritable coupdefoudre»,écrirat-il) qui venaient d’être désairés,il avait son premierautour.Parlasuite,ilaffaîtafaucons,autours et éperviers, et se spécialisa dans le bas-vol. De larégionparisienneauxmontsd’Auvergne,chers à Vialatte, il vola lapins, faisans et cailles sauvages,aimant à dire que « si on oublie les coups de fusil,on garde toujours la mémoire d’une prise ». Sa vie,ce fut en grande partie ses oiseaux,et il collabora pendant de longues années à la revue de l’Anfa Chasse au vol. Retiré dans sa gentilhommière d’Auvergne, il consacra ses dernières années à la relecture des classiques, à la musique, à l’écriture de ses articles,àlachasse,montantenoutre,chaquejour, quel que soit le temps,ses chevaux.Résolument anachronique, Philippe Rambaud, perpétua en plein XXe siècle le modèle de l’honnête homme du XVIIe siècle et des gentilshommes chasseurs chers au marquis de Foudras. B. de C.

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ÉDITION 2009-2010

LE GUIDE DES MEILLEURES CHASSES

◆ Le disciple de Saint-Hubert reste décidément un être à part. Saisonaprèssaison,iln’aimepas tant retrouver ses territoires favoris,synonymes pour lui d’une infinie nostalgie,tout en pestant denepouvoirchasserdavantage, sur d’autres espaces. Rêver à d’autres horizons explique sans nul doute le succès des deux premières éditions du Guide des meilleures chasses de France.Fort de 448pages,latroisièmeéditionreprendlesmêmes thèmes. Département par département, l’ouvrage dresse un panorama le plus exhaustif possible des chasses dites à la journée, avec une appréciation (d’une à trois feuilles de chêne) qui dépend à la fois de la qualité de la chasse elle-même, du réceptif et du prix.Vous pouvez y trouver les adresses utiles (celles de la Fédérationdépartementale des chasseurs, du centre antipoison…) et,pour chaque territoire,la superficie, le mode de chasse, les gibiers chassés et les tarifs. Un regret : que le lecteur ne trouvepasdecommentairesplus critiques, car, dans ce domaine, tout est loin d’être parfait. Les nemrods étant souvent de fins épicuriens,ilspourronttoujours apprécier et tester les adresses hôtelières et gastronomiques Le Guide des meilleures chasses de France, Hunting International, 448 pages,24 €.Sur Internet: www.leguidedesmeilleurschasses.com


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

FDC OISE

CHIFFRES

LES ACCIDENTS DE CHASSE

◆ Quoi qu’en disent nos détrac-

teurs les plus virulents – et les moins informés–,la chasse n’est pasunepassion,unsport,quiprovoque chaque année des hécatombes dans ses rangs. Les chiffresdel’ONCFSsontlàpour nous le rappeler fort à propos. Lors de la saison 2008-2009,146 accidentsontétéenregistrés,dont 22 mortels. Plus encore, ces accidents sont en baisse constante, puisque l’on en comptait 259 dix ans plus tôt (dont 44 mortels),et 179 il y a encore trois ans.La Fédération nationale des chasseurs (FNC) rappelle que la pratique duskiaentraîné145000accidents (dont 75 cas « ont donné lieu à un pronostic vital ») sur 7,7 millions de skieurs, soit un ratio d’accidents de 1,82 % contre 0,01 % pour la chasse. Cesbaissessontd’abordetavant tout à mettre à l’actif de la poli-

DOCUMENT

LE BAIL RURAL

◆ L’avenir de la chasse française dépend en grande partie de la capacité du monde cynégétique àmainteniretàrepeuplerdemanière pérenne le petit gibier sédentaire. Or, ce maintien et ce retoursontconditionnésparl’ententeentreleschasseursetlesagriculteurs,car rien ne peut se faire en matière d’aménagements, de méthodes culturales, de préservation des milieux naturels,sans le monde agricole. Aussi,la loi d’orientation agricoledu5janvier2006aprévuune nouvelleformedebail,dénommé “à clauses environnementales”. Décrit et analysé en détail par l’ONCFSdansunpetitopuscule, ce bail « vise à imposer des pratiques plus respectueuses de l’envi-

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Simulation d’un accident, organisée par la fédération des chasseurs de l’Oise. “Soyez ridicule de prudence.”

tique de prévention menée tous azimuts à la fois par l’ONCFS et par la FNC depuis plus de dix ans: renforcement de l’exigence des connaissances et des manipulations de l’arme lors de l’examen du permis de chasser, rappel permanent par les directeurs de chasse et les chefs de ligne des règles de base lors des chasses en battue (interdiction de se déplacerdesonposte,detireràhauteur d’homme,respect de l’angle

de tir de 30 degrés),port obligatoire des gilets fluorescents, installation de panneaux mobiles d’information… Ceschiffresdémontrentqueles chasseurs français commencent vraiment à se discipliner à la chasse des grands animaux. À rebours, si ces chiffres sont encourageants, ils ne sont en aucun cas un satisfecit. Lorsqu’on examine de près les conditions danslesquellessontarrivésles146

ronnement sur les parcelles qu’il désigne ». En d’autres termes, c’est avant tout un bail rural auquel on va rajouter des clauses, c’està-dire qu’il rentre dans le champ d’application du statut du fermage (qui est la mise à disposition à titre onéreux d’un immeubleàusageagricoleenvuede l’exploiter). Les clauses particulières qui pourront figurer sont notamment le non-retournement des prairies, l’ouverture de zones embroussaillées, la limitationd’usagedepesticides, l’implantation, le maintien et les modalités d’entretien de couverts spécifiques à vocation environnementale, la diversification des assolements…

On le devine : ce bail offre la possibilité de faire payer un loyer inférieur par rapport à un bail “normal”,etcommetoutcontrat defermage,encasdenon-respect de ces clauses,le « preneur encourt les mêmes sanctions qu’en cas de défaut de paiement des fermages ou d’agissements de nature à compromettre la bonne exploitation du fonds»:lebailleurpourradoncre-

Jours de C HASSE ◆

accidents,ilsauraientdûêtreévitésàunetrèslargemajoritési,justement, ces règles de prudence avaient été respectées. En effet, lamoitiédesaccidentss’explique par une mauvaise manipulation de l’arme (la distance de tir est, en effet, en moyenne, inférieure à dix mètres) et en cours de battue (38 % des accidents concernent des postés). Qui plus est, 54 % des accidents interviennentlorsdebattues,entrèsgrande majorité au sanglier dont personnen’ignorequ’iléchauffetrès vite les esprits. C’est pour cela que la Fédération départementale des chasseurs de l’Oise a organisé une journée de sensibilisation sur ce sujetavecunesimulationd’unaccidentdansdesconditionsréelles au cours d’une battue de bêtes noires en forêt de Hez dans le but de montrer qu’il n’y a pas de fatalité. Bref, en toutes circonstances, une seule consigne: être ridicules de prudence. fuser le renouvellement du bail ou le résilier. Toutefois, ce type de bail ne peut être conclu que lors de sa signature ou lors de son renouvellement,etsurtoutuniquement sur des zones déjà « concernées par une réglementation environnementale » (zones humides, terrainsbordésd’uncoursd’eau,terrains situés dans les réserves naturellesclassées…).On peut d’ailleurs regretter que, dans son champ d’application, ce bail soit si restrictif,car c’est l’ensemble de la France agricole qui est concernée. Le bail rural à clauses environnementales. Joindre l’ONCFS au 01.30.46 .60.00 ou aller sur www.oncfs-gouv.fr

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

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ÉCO-TERRORISME

5000 VISONS “LIBÉRÉS”

◆ On savait que les éco-terro-

PLAN SANGLIER

C’EST PARTI!

◆ Cette fois,depuis le 31 juillet,

date de la circulaire officielle, le plan pour lutter contre la prolifération des sangliers est bel et bien lancé. On se souvient à la suite des plaintes des agriculteurs,etauxmultiplesincursions desbêtesnoiresenmilieuurbain –qui ont donné lieu à des faits diversonnepeutpluscocasses–, le ministre de l’Environnement, Jean-LouisBorloo,avoulufrapper un grand coup, en demandant un plan d’envergure. Il y avait sans nul doute urgence : en effet, le nombre de sangliers progresse de manière exponentielle tous les ans si l’on en juge l’évolution des tableaux: 50000 animaux tués en 1986, dix fois plus aujourd’hui. L’indemnisation des dégâts agricoles (dont les bêtes noires sont responsables à 80 %) a suivi la même courbe, pour s’établir aujourd’huiàprèsde30millions d’euros.Autre raison à ce plan: le nombre de collisions automobiles est bien plus important

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mier exploit, puisqu’elle a déjà revendiqué la libération de 17 500 visons en Espagne… Qualifiée d’entreprise terroriste par le FBI, elle a pour objet,

dixit son site français,de libérer « les animaux en causant des dégâts financiers aux entreprises qui les exploitent par le biais de destructiondebiensetdepropriété…»

que prévu (plus de 40000 accidents), or, les sangliers sont impliqués dans un tiers d’entre elles. Lanouveautédeceplan–qui, au passage, a changé de terminologie,passantàunplande«régulation » à un plan de « maîtrise » – est qu’il exige des résultats. Il prévoit d’abord une phasedeconstatc’està-dire qu’en liaison avec les fédérations etlesassociationsspécialisées, les préfets vont établir dans chaque département la liste des “points noirs” et les raisons pour lesquelles ces zones sont justement à risques: absence de pressiondechasse(commedans les réserves, les friches industrielles…) ou manque de pression de chasse qu’elle soit volontaire ou non… C’est sans doute l’opération la plus facile, car l’État pourra s’appuyer sur des études qui

étaient parues lors du colloque sanglier qui s’était tenu à Reims en 2007, qui montraient, entre autres,qu’environ 9 % des communes concentrent à elles seules les trois-quarts des dégâts agricoles.

VCHPHOTO

ristes perdaient tout sens commun en matière de cause animale et la connaissance animale est à mille lieux de leurs préoccupations. Ainsi, le Front de libération des animaux (ALF) a revendiqué la “libération” de plusde5000visonsd’Amérique (photo)d’un élevage à Saint-Cybranet-enDordogne,àlami-octobre,découpant 150 mètres de clôture, ouvrant 3 000 cages, et saccageant le système de distribution d’eau. Cetteassociation,d’origineanglaise, n’en est pas à son pre-

Jours de C HASSE ◆

Cette première phase devait être terminée au début de l’hiver avant de mettre en pratique une“politique de réduction raisonnée” qui consiste à donner les moyens les plus adaptés localement (y compris contraindre les chasseurs à une obligation de

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Dans le cas de la Dordogne, après une traque et un piégeage tousazimuts,ilrestaitencoredes dizaines de vison dans la nature. Un vrai drame.En effet,les écologistes soi-disant proches des animaux auraient dû savoir que cette espèce est une menace directe pour le vison d’Europe. Plus petit et moins agressif que son cousin et reconnaissable à sa tache blanche sur le museau,ce vison est l’un des mammifères lesplusmenacésd’Europe:ilest seulement encore présent dans quelquesdépartementsduSudOuest et au sud de Poitou-Charentes. C’est sans doute que les éco-terroristes appellent défendre la cause animale ! résultat avec l’aide de la louveterie). Pour ce faire – et c’est bien l’esprit français de vouloir tout codifié–,l’État a préparé un certainnombredefichestechniques, aussi bien sur l’agrainage que la pratique « d’une chasse efficace » (sic !). Qu’en penser ? Certains gestionnaires de chasse voient d’un mauvais œil cette notion de contraintes, étant favorable eux à une solide population de sangliers, nécessaire pour satisfaire des actionnaires exigeants. D’un autre côté, personne ne conteste l’urgence,ni l’existence de zones difficiles. Et, c’est l’un des points positifs de ce plan, l’État fait appel aux chasseurs pourrésorberceszonesdélicates. Aux chasseurs de faire donc preuve de responsabilité et de bonnevolonté.Quoiqu’ilensoit, un premier bilan de ce plan n’interviendrapasavantdeuxoutrois saisons. En outre, et quoi qu’il arrive, les chasseurs, en dépit de la nécessité de faire des tableaux, ne devront jamais oublier que le sanglier est avant tout un gibier, et qu’il se respecte comme tel.





Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

JOËLLE GRASSIN/CHG

BILAN

LA SITUATION DU DAIM ET DU CERF SIKA EN FRANCE

◆ On l’ignore souvent mais le daim (photo) et le cerf sika sont chassés en France, et pas seulementdansdesparcsetdesenclos, commenousl’expliqueuneétude parue dans le dernier Faune sauvage, la revue scientifique de l’ONCFS. Et ils sont en expansion.Ainsi,en2006-2007,ledaim à l’état libre – qui provient essentiellementd’enclosetdeparcs d’où il s’est échappé– est désormaisprésentsur446communes, réparties sur 53 départements del’Île-de-FranceauSud-Ouest (rappelonsqueseulel’Alsaceavait une population ancienne, qui existait avant 1950). Les plans de chasse ont logiquement suivi cetteévolution,lenombredebracelets attribués passant de 729 à 1980 –soit un bond de 171 %! Le cerf sika,originaire du SudEst asiatique, est reconnaissable à sa taille plus petite et à la forme de ses bois,et a,lui aussi,suivi la

même tendance, puisqu’il a été observé – sur la même période– sur 67 communes de 15 départements(contre30communesde 9 départements en 1990). De ce fait, les attributions de plans de chasseontétémultipliéesparcinq (de 75 à 396).

Cette situation peut se révéler inquiétante, affirme en substance l’ONCFS. Pour le daim, ce sont les dégâts qu’il peut occasionner sur les milieux forestiers. Mais, c’est le sika « encore plus dangereux du fait des risques de croisement avec le cerf élaphe »

qui inquiète davantage. C’est pour ces raisons que l’ONCFS explique qu’il est « indispensable d’éradiquer toute nouvelle entité de daims et de sikas et de gérer au mieuxlespopulationsinstallées,afin qu’elles ne s’étendent pas sur d’autres territoires ».

BELGIQUE

Ainsi,l’arme doit être « rendue inopérante par un dispositif de verrouillage sécuritaire ou par l’enlèvement d’une pièce essentielle à son fonctionnement » ; elle doit être « transportée à l’abri des regards, hors de portée,dans une valise ou un étui approprié à clé »;en outre,si le transport s’effectue en voiture, ladite voiture ne doit pas « rester sans surveillance »… Les différentes associations de chasse dont le Royal Saint-Hubert Club ont simplement fait remarquer que si « l’arme doit être transportée à l’abri des regards », comment remplir cette condition lorsqu’on se déplace à pied, ne fût-ce que le temps d’aller de sa voiture à l’atelier de l’armure-

rie qui n’est pas nécessairement attenant à un parking privé? De la même manière,si les valises et étuis doivent se trouver dans le coffre d’un véhicule fermé à clé, « qu’en est-il des véhicules sans coffre »? Quant à l’interdiction de laisser sa voiture sans surveillance,elle a fait bondir –pour ne pas dire hurler– les chasseurs constatant que cette règle « a été prise en méconnaissance totale du monde de la chasse ». « Il n’est pas possible de prévoir un surveillant par parking de voiture… » Bref,un arrêté « injurieux »,« inapplicable sur le terrain » selon le Royal SaintHubert Club de Belgique. Pour l’instant, les chasseurs belges n’ont pas obtenu gain de cause.

CASSE-TÊTE POUR LE CHASSEUR

ARABELLA CARTER-JOHNSON

◆ En matière d’obsession sécu-

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ritaire sur le transport d’armes, la Belgique tient les premières places, provoquant, avec raison, la colère des chasseurs.Les nouveaux textes sont, en effet, tellement restrictifs, contraignants qu’ils en sont tout bonnement… inapplicables! Qu’on en juge:en Belgique, un particulier ne peut transporter son arme que sous de multiples conditions.

En Belgique, la législation sur le transport des armes est tellement contraignante qu’elle en est… inapplicable.

Jours de C HASSE ◆

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

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Une journée de chasse au domaine des Rémillys

PHOTOS : MARC CHARUEL

1.Olivier Dassault. 2.Sophie Dupont et Susanne Flygare. 3. Benoît Valette (Cartier), Arnaud Lanquest (Cogefi) et Stéphane de Buhren (Tocqueville Finance). 18

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16.Fabrice Bourgard (ST Dupont). 17.Frank Declerck. 18. Georges Dutruc-Rosset, président de Paris-HSV et Gilles Roccia (Nobelsport). 16

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4.Arnaud Van Robais. 5.Jérôme Pinel (Valmonde). 6. Natacha Dassault. 7. Ary Vilaseca (Japauto). 8. Frédéric Bauche.

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12. Carole Voute (Beretta Gallery). 13. Bernard Harang (Loire Auto).

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9. Bertrand de Courcy. 10. AnneSophie Rolland. 11. La présentation du tableau.

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14. Bernard Gérand (Deerhunter). 15. Pierrick Mazodier (Groupe Humbert).

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Troisième édition du “Guide des meilleures chasses” chez Kettner à Paris

1. Olivier Dassault, Dominique Benoît et Arnaud Van Robais. 2. Thierry Ginon.

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8. Claude Tendil, Jean-Paul Ségura et Alain Prenat.

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3. M. et Mme Érick Berville et Pierre Pupier.

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Deuxième édition de la Coupe des Lys (Calibre 20)

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

4. Christophe Lorgnier du Mesnil. 5. M. et Mme Olivier Mazaud.

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1. Jean de la Porte des Vaux. 2. Louis-Arnaud L’Herbier et la princesse Tania de Bourbon-Parme.

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9. Sophie Damiron. 10. Mounir Anastas, Ségolène de Nantois et Guillaume Dillée.

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3. Claire Damiron. 4. Antoine Deloison et Florent Amigues. 5. Le prince et la princesse CharlesEmmanuel de Bourbon-Parme et Charles-Louis Grandpierre. 20

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6. Arthur de Soultrait et François Michaud. 7. Wafa Tranchant et Sylvie-Anne de Panisse Passis. 8. Éric Palluat de Besset, Charles de Menthon d'Aviernoz et Jean d’Harcourt. Jours de C HASSE ◆

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11. Rodolphe et Ludovic Metivier. 12. Quentin Paillard. 13. Jean-François Steiner. 9

PHOTOS : DR

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6.Philippe Baijot. 7. M. et Mme Roger Blinière.


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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

en partenariat avec

PHOTOS : PHILIPPE HIRSCH

1

15. Hubert Veltz. 16. Mme Urbain de Laubespin. 17. Mme Baudouin de Villeneuve. 18. Victor Scherrer. La Banque Transatlantique recevait à la Maison de la chasse et de la nature

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1. M. et Mme Louis de Rohan Chabot, Bruno Julien-Laferrière, président de la Banque Transatlantique.

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3. Mme Charles Paris de Bollardière. 4.Yves Burrus. 2. M. et Mme Georges Jollès.

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13. Thierry de Saint Léger. 14. Génia Constantinoff.

12. Paul Firino-Martell. 10

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5.Mme Didier Griffe. 6.Raphaël Santin. 7.Mme André Wibaux. 8. Michel de Villenfagne. 9. Philippe Bouchara.

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10.Mme Renaud Finaz de Villaine. 11.Marc-Antoine Guillen.

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

en partenariat avec

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Dîner de la Banque Transatlantique (suite)…

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1.Mme Jean de Moüy, Renaud Denoix de Saint Marc et Mme Bruno Julien-Laferrière. 2. Mme Gauthier de Tracy.

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17. Pierre Moustial, Mme Charles de Bagneux et Baudouin de Villeneuve.

3. Mme Geoffroy Pinoncély et Olivier Mellerio. 4. Mme CharlesAndré Pozzo Di Borgo et Alain Wibaux. 4

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8. Olivier Chavane de Dalmassy, Mme Claude Dieudonné et Didier Griffe. 9. Mme Jacques Edde. 10. Mme Peter Moxom et Vincent Joulia.

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11. Mme Renaud Denoix de Saint Marc et Jérôme Peyrat. 12. Vincent Redier et Geoffroy Pinoncély. 13. François Pinchon et Mme Michel Poite.

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PHOTOS : PHILIPPE HIRSCH

5. Mme Philippe-Hubert Guionin et Richard de Rosanbo. 6. Yves Derville. 7. Mme Anne Landon.

14. Fabrice de Boissieu. 15. Mme Yves Burrus. 16. Éric Plasmans, Xavier des Brosses et Dominique d’Halluin.


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Présentation du “Traité de vénerie” de d’Yauville à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

en partenariat avec

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1. Christian de Longevialle, président de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la nature. 2. Roland de Chaudenay et Amaury de Lauvencourt.

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14. Jean-Luc Van der Hauwaërt. 15. Hubert Lebaudy. 16. Charles de Bernis.

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3. Bernard de Montgolfier. 4. Jeffrey Blondes. 14

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5. Mme Jeffrey Blondes. 6. M. et Mme Gérard de Ganay.

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7. M. et M Joseph Henriot et Jacques-François de Chaunac-Lanzac, directeur de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature. me

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12. M. et Mme de Malville. 13. Geoffroy de Roquancourt.

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8. Pascale Mathiault, maire adjoint de la ville de Senlis.

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9. Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du musée de la Chasse et de la Nature.

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10. Isabelle de Courcel. 11. Philippe Dulac, président de la Société de vénerie et Mme François Bacot.


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Àl’affût

LES EXPOSITIONS ET LES SALONS D’HIVER par la rédaction

NOËL À CHANTILLY

◆ Le spectacle de fin d’année

du musée vivant du Cheval est une institution.Toujours sous le magnifique dôme des Grandes Écuries des princes de Condé transformées en théâtre équestre, le thème de cette année sera

“Le Chevalier Lancelot et la forêt magique”. Ce sont tous les ans plus de 25000 spectateurs qui assistent à ces créations équestres et théâtrales. Sous la direction de Virginie Bienaimé, c’est à un somptueux ballet équestre auquel sont conviés parents et enfants. Sur cette piste de 13mètres de diamètre, tous les airs de grande école effectués par trente chevaux et dix cavaliers-acteurs, seront au rendez-vous dans l’univers mystérieux du roi Arthur. Du grand art. De quoi réjouir autant les disciples de L’Hotte que les simples amateurs.

JUSQU’AU 17 JANVIER

LA VENDÉE ET LA CHASSE

◆ La Vendée a donné La

Rochejacquelein, Clemenceau, et le maréchal de Lattre, mais sait-on qu’elle a aussi engendré nombre de veneurs et de chasseurs? C’est tout l’objet de l’exposition organisée par le conseil général de Vendée au Logis de la Chabotterie, magnifique demeure située à SaintSulpice-le-Verdon. Au programme: une rétrospective –presque des origines à nos jours– avec objet, tapisseries, armes, peintures, gravures, bronzes des différents modes de chasse, à courre, au vol et à tir qui se sont pratiqués et qui se pratiquent encore dans ce département. Sans compter un film sur la chasse au vol, à tir et la vénerie. De plus, un parcours destiné aux jeunes a été aménagé afin qu’ils y découvrent toutes les subtilités de la chasse et de l’observation de la faune. Avec l’opportunité de suivre une chasse à courre au lièvre –à pied ou à vélo. On ne peut que féliciter le conseil général de Vendée de ces initiatives. Rens. :02.51.42.81.00 et www.vendée.com

JUSQU’AU 7 MARS

CONFÉRENCES À L’HÔTEL DE MONGELAS

◆ On connaît le somptueux

musée de la Maison de la chasse et de la nature, rue des Archives. Mais sait-on qu’il organise dans le superbe auditorium de la Fondation du même nom, situé sous l’hôtel de Mongelas, des conférences une fois par mois, le dimanche après-midi, ouvertes à tous.Le 10 janvier, ce sera autour du film leTerritoire des autres de François Bel, Gérard Vienne et Michel Fano; le 7 février, autour des Deux frères (avec sous réserve la participation de Jean-Jacques Annaud); et le 7 mars, une lecture de textes sur Gustave Courbet et la chasse, avec une projection d’œuvres à thème animalier du peintre.

Maison de la Chasse et de la Nature 62,rue de Mongelas,Paris IIIe. Tél.:01.53.01.92.40.

Rens.:0892.692.694 et www.domainedechantilly.com

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PHOTOS : FRANCOIS MORI/AP/SIPA - DR

JUSQU’AU 3 JANVIER

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JUSQU’AU 15 MARS

DES COURS DE POLO À FONTAINEBLEAU ◆ Personne ne conteste le fait

que de nombreux chasseurs soient aussi cavaliers. Mais combien sont-ils à avoir goûté aux joies du polo? Une affaire de temps et d’argent, pensentils… C’est aller un peu vite en besogne, après s’être rendus à Arbonnes-la-Forêt dans les Écuries Saint-Georges en Seine-et-Marne. En effet, Didier Lapôtre, moniteur d’équitation, dirigeant du Haras de Brennus à Thorignysur-Oreuse, propose deux dimanches par mois (durant tout l’hiver) des cours de polo aussi bien pour les amateurs éclairés que pour les personnes qui n’ont jamais pratiqué. Les chevaux sont fournis, mais l’on peut aussi venir avec sa monture… De quoi améliorer son adresse, son coup d’œil et son assiette. Joindre Didier Lapôtre au 06.70.63.72.65.



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Chambord au fil des saisons

toujours avoir tout lu et tout entendu, tant il est vrai que ce domaine a quelque chose d’universel que l’on soit cynégéte ou non. Funeste prétention, car sait-on vraiment tout de ce « résumé de l’industrie humaine », selon les célèbres mots de Charles Quint, de ses 32 kilomètres de murs, et ses 5500 hectares? Le film d’une petite heure de Seasons est là pour nous rappeler que Chambord n’a jamais failli à sa vocation, en dépit des vicissitudes de l’Histoire: cela fait quatre siècles qu’il a été conçu par et pour la chasse par FrançoisIer. Plus encore –et c’est l’un des paradoxes et l’une des curiosités–, le domaine, édifié par un Valois, a résisté à tous les régimes, qu’il a été sauvé par la République, et qu’il est envié par tous,

FRANCIS FORGET

◆◆◆ De Chambord, on croit

pour le modèle de gestion et d’organisation qui s’en dégage. C’est une « magie et une féerie que de voir le château émerger comme un songe de pierre »: comme nous le dit si joliment Dominique Venner dans son Dictionnaire amoureux de la chasse: le château n’a rien perdu de sa force comme si le temps s’était arrêté sous Gaston d’Orléans et le maréchal de Saxe, célèbres “locataires”du domaine.

Seasons nous montre que Chambord continue d’évoquer la chasse dans sa splendeur. Elle y tient toujours les premières places. Derrière ce fabuleux mur d’enceinte, les cerfs et les sangliers sont là, parfaitement gérés,répertoriés,fournissant une extraordinaire base de données scientifiques (ce n’est d’ailleurs pas sans raisons que les cerfs de Chambord sont représentés dans bien des massifs de France).

la famille, entre la draine, la plus grosse, qui passe toute l’année chez nous, la mauvis avec son sourcil blanc au-dessus de chaque œil,

et la musicienne. Puis par les façons de la chasser.Tour à tour, nous les guettons au poste – où elles sont appelées avec un chilet qui imite si bien son chant –, à la glu – ce mode de chasse remonterait aux Grecs et aux Romains (aujourd’hui, il est heureusement réglementé d’une manière draconienne), mais qui est une chasse pleine de difficultés–, ou à nouveau à l’affût mais cette fois dans de superbes lumières d’automne, dans les vignes dont nos chanteuses se régalent sans vergogne aucune. À chaque

◆◆ Personne n’en a jamais douté: la grive est l’un des gibiers les plus séduisants, l’un des plus gracieux et l’un des plus amusants à tirer, car fort délicats.Aussi, ce n’est que justice que Seasons lui ait rendu ce délicieux hommage. Dès les premiers instants, dès les premières minutes –avec un passionné à la faconde toute gasconne–, nous comprenons que chasser la grive, c’est entrer dans un“autre monde”. Un monde aux multiples facettes, à commencer par la variété de

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SUPERBILD/SUNSET

Le Temps des grives

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Sans compter l’extraordinaire biodiversité du domaine. La chasse? En théorie, on ne devrait pas y chasser car le domaine est classé en réserve, mais on y chasse pour“réguler” les populations de bêtes noires… Pas à pas, minute par minute,nous suivons ces fameuses battues,témoignages de ce que Dominique Venner a surnommé le grand brassage cynégétique du mérite républicain et du rang social entre « les diplomates,hommes d’affaires,hauts fonctionnaires, ruffians de la politique, mais aussi chasseurs ruraux fort modestes… ». Tout se termine aux flambeaux et au son des trompes, dans la nuit. Il ne manque plus que le fantôme de François Ier. À la fin de ce documentaire, on est plus encore convaincu d’une chose: Chambord reste un ensemble unique au monde. 52 minutes,Seasons,20 €.

fois, à chaque tir réussi, on admire la grâce de cet oiseau. Ce film ne pouvait passer sous silence la gastronomie. Au vrai, le réalisateur en fait une somptueuse digression, dont on sent déjà les agréables fumets de sa chair succulente… Un regret toutefois: il n’aborde quasiment pas le volet scientifique des grives, à savoir que l’état de santé de leurs populations est plutôt bon –les données existent–, car aujourd’hui, pour être irréprochables, les chasseurs doivent s’appuyer sur ces recherches biologiques incontestables. C’est à ce prix que ce si joli gibier pourra continuer d’être chassé. 52 minutes,Seasons,20 €.


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Veste confortable et silencieuse, réalisée en toile de coton avec revêtement au Téflon®, parfaitement imperméable grâce à la membrane Beretta BWB et aux coutures étanchéifiées. La doublure spéciale matelassée Beretta BTP protège du vent et du froid. Elle comporte de nombreux détails pratiques comme les poches réchauffe-mains doublées en polaire, positionnées bas pour un meilleur confort en position assise.

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Tentations ACCESSOIRES

CHAPEAU SIR HENRY DXO ◆ Pour se protéger du froid et

des bourrasques, DXO propose ces élégants chapeaux en tweed-loden avec membrane en Deertex Supreme sur la doublure.

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d’Interchasse avec ce modèle Andy, ceinture doublée cuir pleine fleur : une qualité et un raffinement irréprochables.

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2400 €. Modèle EL 8,5x42 et jusqu’à 8 dioptries pour le modèle EL 10x42. À commander dès Noël. Disponible à partir du 1er janvier.

.300 Blaser Mag, .338 Blaser Mag et .375 Blaser Mag avec ogive Nosler Accubond ou Barnes TSX/TTSX.

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◆ Afin d’éviter des coffres

de voiture et des entrées de maison maculés, ce sac à chaussures est indispensable. 20 €, en marron.

CARTOUCHIÈRE BERETTA

◆ Pour chasser devant soi, il n’y a rien de mieux que cette cartouchière artisanale en très beau cuir de veau cognac. 624 €.

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HIVER 2009


Grands Vins de la Vallée du Rhône Maison fondée en 1835

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE, A CONSOMMER AVEC MODERATION


Tentations ACCESSOIRES

COUTEAUX DE POCHE DE GERBER

◆ Le premier couteau, à gauche, est pliant à ouverture d’une seule main, son manche est en poirier et sa lame en acier inox est de 9,2 cm. Et le second couteau Gerber Profile imaginé pour la chasse se compose d’une lame de 8,9 cm et d’un crochet à éviscérer.

128 €, avec le manche poirier ; 79 €, avec le crochet.

BOTTES EARTHKEPPERS DE TIMBERLAND

◆ La marque connue pour ses très résistantes bottines en cuir propose depuis cet automne plusieurs modèles équipés de semelles Green Rubber (42 % de pneu recyclé) dont l’élégant modèle Earthkeppers. 180 €.

COUTEAUX LAGUIOLE ◆ La plus illustre

des coutelleries françaises présente des modèles joaillerie “abeilles pour un centenaire”.

242 €, le modèle Empire ; 275 €, le modèle romantique.

TROUSSE D’ENTRETIEN JOHN LOBB ET PARAPLUIE SIGLÉ “LE MEURICE” ◆ Parmi ses produits de Noël

très raffinés, l’Hôtel Meurice vous invite à glisser sous le sapin un parapluie siglé à son nom et une petite trousse d’entretien John Lobb en box et chevreau liégé. 35 €, le parapluie ; 540 €, la trousse John Lobb.

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HIVER 2009



Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc

Saab 9-3X Venu du froid

SAAB

Ce véhicule au prix serré tutoie le segment premium. Il se présente comme une alternative aux SUV un peu trop clinquants.

répartit cette fois le couple de la puissance entre les deux entre les deux roues de l’essieu essieux. Une valve gère la couleur: la 9-3X est avant arrière pour privilégier la roue la pression hydraulique tout « destinée à des gens au style qui accroche le mieux. Sur le des disques d’embrayage de vie actif qui ne désirent pas un plan esthétique, notre modèle à bain d’huile, pour coupler ou imposant 4x4 ». La plateforme d’essai est revêtu d’une belle désaccoupler progressivement qui l’accueille n’est pas robe blanche. Il est agrémenté le pont arrière. En option, Saab nouvelle. Dérivée du break de barres de toit noires, propose aussi un différentiel 9-3 Sport-Hatch, elle hérite en de nouveaux boucliers plus arrière à glissement limité qui effet d’un châssis que General enveloppants et Motors, propriétaire de renforts en plastique de la marque suédoise, Saab 9-3X BioPower XWD gris foncé au niveau a déjà employé des bas de caisse et sur l’Opel Vectra. Pour des passages de roue. satisfaire aux exigences Dimensions L : 4 690 mm ; Le véhicule est ainsi de la conduite sur les l : 2 038 mm ; H : 1 575 mm. bien protégé contre chemins non carrossés, Charges utiles les projections dans la garde au sol Poids à vide : 1 580 kg. Charge maximale tractée : 1 400 kg. les passages boueux. a été augmenté Moteur À bord, le silence de 35millimètres. Quatre cylindres est d’or. On apprécie La voiture s’est vu en ligne turbo, 1 998 cc. l’ambiance cossue greffer la transmission Couple maximal : 300 Nm à 2500 tr/mn. du 9-3X, même XWD, dite intelligente, Puissance : 210 ch à 5 300 tr/mn. si les couleurs qui répartit Freinage ABS à disques AV et AR. manquent un peu automatiquement Boîte manuelle à 6 vitesses. Réservoir : 61 litres. de gaîté. L’équipement le couple entre l’avant Performances est presque digne et l’arrière pour Vitesse maximale : 230 km/h. 0 à 100 km/h : 8,5 sec. du segment premium, conserver la meilleure Consommation (cycle mixte) : 8,3 l. avec, en série, un adhérence possible. Ce Émission de CO2 (g/km) : 199. système de navigation système comprend une Prix très intuitif, une belle boîte de transfert qui 40 000 € sono de 150 watts, fait varier la répartition

◆ Saab annonce d’emblée

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HIVER 2009

un astucieux kit mains libres Bluetooth, et même un régulateur de vitesse. La finition mériterait peut-être davantage de soin. L’idée du frein à main façon poignée d’accroche entre les deux sièges n’est pas mauvaise. Mais l’ajustement semble un peu aléatoire. Rien de bien grave cependant. La voiture, très confortable aussi bien à l’avant qu’à l’arrière, s’en sort avec les honneurs. L’habitacle conserve ce style unique hérité de l’univers de l’aviation cher à la marque. Sur les sièges, le cuir se marie au tissu dès l’entrée de gamme. Des inserts de métal sombre ornent les contre-portes, la boîte à gants et la plaque du levier de vitesses. Le volume de chargement varie entre 477 et 1331litres, selon les configurations. Sur la route, le comportement se révèle sain. Mais le freinage manque un peu de mordant. Côté moteurs, la 9-3X associe, pour la première fois, sa transmission intégrale à un BioPower à l’éthanol. Fonctionnant indifféremment au super sans plomb ou au superéthanol E85, ce 2 litres turbo développe 210 chevaux. Associé à une boîte manuelle à six rapports plutôt bien étagée, même si elle accroche légèrement, il se distingue par sa souplesse. Le constructeur proposera bientôt un 2litres essence, de puissance identique, à boîte automatique à six vitesses. Et il ajoutera à son catalogue un 1,9 litre diesel de 180 chevaux disponible uniquement en deux roues motrices. Son atout: un rejet de C02 de seulement 145grammes au kilomètre. Le diesel est accessible à partir de 38200 euros. L’essence à 41900 et le BioPower à 40000 tout rond. Plutôt attrayants.


VOLVO XC90 7 places XENIUM

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S

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Quelle montre pour le chasseur ? dossier réalisé par François-Jean Daehn

ILLUSTRATION VÉRONIQUE LEMORE

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À LA DIFFÉRENCE DES YACHTMEN OU DES GOLFEURS, IL N ’ Y A PAS DE MONTRES CONÇUES POUR LES CHASSEURS. C ERTAINES ONT DES CARACTÉRISTIQUES SÉDUISANTES POUR LES CYNÉGÈTES. 2

◆ S

ouvent amateurs de belles mécaniques,les chasseurs sont aussi souvent intéressés par tout ce qui leur rappelle leur passion.Ils peuvent être également des esthètes qui apprécient l’harmonie.La créativité en horlogerie est telle aujourd’hui qu’en cherchant parmi toutes les pièces que proposent les manufactures, on trouvera prétexte à se faire plaisir et à faire plaisir. Objet très personnel la montre se prête à la personnalisation par la gravure. Si presque toutes les montres peuvent être gravées sur le fond de la boîte,quelques montres sont particulièrement adaptées pour accueillir une gravure que l’on pourra admirer en soulevant un capot comme c’est le cas sur les montres dites d’officier. On en trouve chez Hublot, Panerai, mais la plus fameuse est la Patek Philippe Officier.Une autre

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pièce qui se prête particulièrement à la gravure est la Reverso de JaegerLeCoultre.Cette manufacture a même quelques artisans graveurs de grands talents qui savent restituer sur le métal un manoir solognot, le profil d’un labrador qu’on aime, ou même une biche… on peut tout leur demander. 1- MONTBLANC, STAR XXL GMT. CHRONOGRAPHE À TROIS COMPTEURS AVEC HEURES ET MINUTES AU CENTRE, DATE PAR GUICHET ET FONCTION GMT AU CENTRE. BOÎTE EN ACIER, 42 MM, MOUVEMENT À REMONTAGE AUTOMATIQUE. 2 490 €. 2- ROLEX DAY DATE II. DISPONIBLE UNIQUEMENT EN OR OU EN PLATINE, CETTE PIÈCE CERTIFIÉE CHRONOMÈTRE EST ÉQUIPÉE DU BRACELET AVEC FERMOIR INVISIBLE

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3- VACHERON CONSTANTIN HISTORIQUE AMERICAN 1921 EN OR ROSE, BRACELET EN ALLIGATOR, MOUVEMENT À REMONTAGE MANUEL, HEURES ET MINUTES AU CENTRE. 20 200 €.

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4- BREITLING, CHRONOGRAPHE COSMONAUTE EN ACIER, BRACELET AIR RACER, MOUVEMENT AUTOMATIQUE, CHRONOGRAPHE FLYBACK, DATE ET AFFICHAGE CONSTANT 24 HEURES, SÉRIE LIMITÉE À MILLE EXEMPLAIRES, 5 300 €.

7- A. LANGE & SÖHNE ZEITWERK BOÎTE EN PLATINE, MOUVEMENT À REMONTAGE MANUEL, HEURES ET MINUTES DIGITALES SAUTANTES, PETITE SECONDE ET RÉSERVE DE MARCHE (PRIX AIGUILLE D’OR, GENÈVE 2009), 58 800 €.

7

Une autre technique est de faire peindre sur émail le cadran de la montre. Là encore il y a des spécialistes chez Jaeger-LeCoultre mais aussi Vacheron Constantin ou Cartier. On entre dans ce cas dans une véritable commande spéciale qui aboutit à la création d’une pièce unique. Un seul poil La technique de la peinture sur émail permet de restituer le plus petit détail même sur un cadran de montre. C’est spectaculaire.L’artiste utilise souvent un pinceau qui n’a d’ailleurs qu’un seul poil. Les amateurs de break de chasse ne laisseront pas passer la très belle réédition de la légendaire Driver Watch (montre de pilote automobile), American 21 que propose Vacheron Constantin en série limitée.Attention, il n’yauraque 700pièces pour lemonde.

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6 6- RICHARD MILLE RM 016 TITALYT BOÎTIER EN TITANE FINITION TITALYT, SUR BRACELET EN CUIR ASSORTI. MOUVEMENT HIGH-TECH AUTOMATIQUE, HEURES, MINUTES ET DATE, 48 438 €.

Les esthètes qui souhaitent assortir leur montre à leur tenue, s’intéresseront à la Richard Mille Titalyt, une des rares pièces kaki que l’on peut trouver. Cet habillage sport cache une des plus belles mécaniques suisses du moment. Dans un esprit très contemporain aussi, la Santos 100 Carbone avec son bracelet en toile semble prête pour une chasse au gros en Afrique. Comble de la sophistication,la Lange Zeitwerk fait appelàunmécanismetrèscompliquépour afficher l’heure et les minutes en chiffres. Une première mondiale de l’horloger allemand primée cette année au Grand Prix de l’Horlogerie de Genève.Pour autant qu’elles soient précieuses,toutes ces montres sont prêtes pour la vie au grand air si tant est que pour une montre, le test le plus redoutable est celui du joueur de cartes abattant ses atouts ! ◆

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Enchères par Virginie Jacoberger-Lavoué

Des affaires et de belles ventes La vente du 7 octobre organisée par l’étude Coutau-Bégarie à Drouot s’est singularisée par une riche section d’art cynégétique avec des pièces de référence issues d’une succession anonyme. ◆ Organisée le 7 octobre dernier, la vacation de l’étude Coutau-Bégarie s’est distinguée par une importante section dédiée à la chasse (elle comprenait également une partie Mobilier et objets d’art). De nombreux lots dont des œuvres de valeurs sûres de l’art cynégétique étaient issus de la succession du comte de K, dont l’identité n’a pas été rendue publique. Premier lot présenté, une très paire d’aquarelles gouachées de Charles de Condamy (18471910), intitulées la Chasse au renard et la Chasse au chat sauvage, chacune de dimensions honorables (106centimètres sur 95). Preuve que la crise n’affecte pas la cote des artistes de référence de l’art cynégétique, cette paire de gravures estimée à 7000 euros s’est envolée à 16000 euros après avoir été âprement disputée. Ce fut la plus forte enchère sous le marteau parmi 500 lots qui ont totalisé 326960 euros. Les amateurs de Condamy allaient encore trouver leur bonheur avec quelques œuvres un plus

accessibles. Comme ce couple de chiens courants de petite vénerie représentée en aquarelle gouachée (19,5centimètres sur 15) qui a été adjugé 750 euros. Une originale aquarelle gouachée intitulée la Jeune Fille et le Chien (24,5centimètres sur 15,5) estimée à 1200 euros a fait un heureux preneur à 1000 euros et surtout cet intéressant Cheval au licol rouge (aquarelle de 15centimètres sur 22) est parti sous le marteau à 1400 euros pour une estimation à 800 euros. Autre valeur sûre, CharlesOlivier de Penne (1831-1897) s’est distingué lors de la présentation d’une belle huile sur panneau représentant un Relais de chiens dans un décor automnal (de 23centimètres sur 15,5). La toile estimée entre 7000 et 8000 euros Cette“Chienne saintongeoise” de Pierre-Jules Mêne a fait un heureux à 2 050 euros.

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Cet“Hallali de cerf en forêt de Fontainebleau”de Paul Tavernier est parti à 4 000 euros,et,ci-contre ce“Relais de chiens”de De Penne s’est envolé à 12 500 euros.

est partie sous le marteau à 12500 euros. Parmi les œuvres de Paul Tavernier (1852-1943), un dessin (Valet de chien et sa harde) n’a pas trouvé preneur mais une impressionnante huile sur panneau horizontal, Hallali de cerf en forêt de Fontainebleau (44centimètres sur 116) a été disputée à 4000 euros, son prix d’estimation. Une jolie aquarelle présentant des pointers en plaine, supposée de Masson, est partie à 200 euros pour une estimation

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–justifiée– à 350 euros.Autre belle affaire, une huile de Joseph Urbain Melin (18111886) intitulée Chiens de meute dans un paysage, signée et datée de 1861 (22centimètres sur 25) a été adjugé 800 euros pour une estimation à 700 euros. Curieusement, un beau dessin au crayon de Xavier de Poret (Tétras-lyre sur une branche) n’a pas trouvé preneur, tout comme une aquarelle gouachée (Scène d’attelage au bois) de Jules Finot (1826-1906), le“père”du steeple-chasing en France, et de même encore qu’une aquarelle gouachée (la Halte) de Jonny Audy (1850-1880) d’ordinaire tous prisés en salle des ventes. À rebours, une aquarelle (31,5centimètres sur 49) gouachée du baron Karl Reille (1886-1975), présentant avec sa précision coutumière


l’Équipage de la Croix du baron deWaldner a été adjugée 3200 euros, légèrement au-dessus de son prix d’estimation. Puis la salle s’est échauffée lors du passage d’une autre de ses œuvres, une gouache (19,5centimètres sur 26) consacrée à un Bât-l’eau de l’équipage Kermaingant qui a grimpé jusqu’à 4000 euros, son estimation haute. Plusieurs œuvres de Cecil Aldin (lire aussi notre article page 142) ont été présentées. Signalons que seules certaines lithographies sont parties: une assez rare présentant l’Hallali de cerf à l’équipage Halatte au comte deValon (40centimètres sur 40), adjugée 250 euros et une autre illustrant un Bienaller partie à 150 euros. Autre référence presque incontournable en salles des ventes, Édouard Mérite (18671941) dont quatre études sont passées sous le marteau avec deux œuvres adjugées: une paire d’aquarelles représentant un Coq (13centimètres sur 18) a trouvé preneur à 200 euros soit moins de la moitié de son estimation (entre 400 et 500 euros). Une Étude de chats sauvages (13centimètres sur 19,5) réalisée au crayon a fait un heureux à seulement 100 euros pour une estimation également de plus du double. Les Fox, une lithographie (38centimètres sur 54) de Léon Danchin (1887-1939) en couleur et numérotée a été adjugée à 300 euros.Très datés, plusieurs dessins et pastels mineurs d’André Margat (1903-1999) ont trouvé preneur au-dessus de leurs estimations. La plus forte enchère pour cet artiste peu connu a concerné un pastel représentant un Couple de chats

Cette paire d’aquarelles de Charles de Condamy a été adjugée 16 000 euros et cette rare trompe par Joseph Pettex Muffat a trouvé preneur à 1 800 euros.

(47centimètres sur 67,5), partie à 350 euros. Les bronzes ont, en revanche, mieux animé la salle. Un beau bronze à patine de Pierre-Jules Mêne (18101879) représentant avec force détails une Chienne saintongeoise (23,5centimètres sur 30) a été longuement disputé à 2050 euros. Cinq autres œuvres de cet artiste animalier sont passés sous le marteau. Citons, le fameux cheval Ibrahim, un bronze était un rare modèle non édité, à patine brune (11centimètres est parti sous le marteau sur 13) adjugé 550 euros et un à seulement 800 euros. Couple de lapins, très original Parmi les objets, citons une (10centimètres sur 14) disputé rare trompe de chasse à la à 610 euros. Une brebis d’après d’Orléans par Joseph Pettex Rosa Bonheur (1822-1899) Muffat (successeur de François mérite aussi d’être signalée. Périnet) disputée Ce bronze (14,5centimètres à 1800 euros, son sur 21) a atteint 600 euros. estimation la plus basse. Autre œuvre“paysanne”, Du côté de la présentation cette fois attribuée à son frère des armes qui clôturait la Isidore Bonheur, un bronze à vacation, il faut citer parmi patine brune intitulé le Muletier les armes blanches, une (35centimètres sur 33) s’est très belle dague de envolée à 4500 euros suscitant vénerie avec belle garde la surenchère de quelques à traces et masque de passionnés. Un Chien s’étirant sanglier, adjugée (de 21 centimètres de 2000 euros. Enfin, longueur) conçu par Barbienne parmi les fusils, un fondeur pour Emmanuel modèle anglais cal. Frémiet (1824-1910) a été 28/70 (canon adjugé 600 euros. Il fallait débourser un peu plus pour acquérir un très beau bronze d’Antoine Louis Barye (17951875), intitulé sobrement Chien braque à l’arrêt (12,5centimètres sur 21,5) parti sous le marteau à 1050 euros. Un peu plus “Le Muletier” accessible son d’Isidore Bonheur Cerf bramant, qui a été disputé 4 500 euros.

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de 76centimètres) est parti sous le marteau à 2000 euros et une jolie paire de fusils Merkel (cal.20.76, canons superposés de 68centimètres et crosses décorées de belles gravures animalières) a été adjugée 3500 euros. Renseignements:

◆ Étude Coutau-Bégarie,

60, avenue de la Bourdonnais, Paris VIIe. Tél.: 01.45.56.12.20.


Signets par la rédaction

Je dresse mon chien d’arrêt

de l’abbé Godard ◆◆◆ C’est un monument qu’a lu,relu,parcouru, un jour ou l’autre, tout chasseur au chiend’arrêtdignedecenom.C’estdirel’excellenteinitiativequ’ontpriselesÉditionsde Montbeldelerééditertantilestvraiquel’ouvrage de notre homme d’église, aussi passionné par ses ouailles que par ses chiens, est de la même veine, mais dans un genre différent que les ouvrages de Paul Caillard, d’Ernest Bellecroix ou encore du colonel Dommanget. Car, au contraire de tant de livres actuels sur le même sujet,Je dresse mon chiend’arrêt est écrit dans un français simple, didactiqueetpédagogique.Aprèsavoirpassé en revue les différentes races, notre bon abbé entre dans le vif du sujet: le dressage. Et de nous montrer que ce n’est pas chose impossible,à la conditionsinequanon d’avoir

ce qu’il appelle le « tact canin».Presquejouraprèsjour, tout est détaillé et expliqué: ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire,entre le rappel,le down (une « vérité essentielle »),la sagesse à l’envol, l’apprentissage de la quête, et la chasse proprement dite. Chaque phase est appuyée par des anecdotes tout aussi instructives que savoureuses et surprenantes. Au fil des pages,on comprend une fois encore que le dressage n’est pas uneforteresseimprenable,àconditiond’avoir de la patience et de la fermeté, que le canevas est connu et qu’il vaut mieux ne pas en sortir.Certes,àcertainségards,l’ouvrage,pu-

Mon dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas ◆◆◆ Pour un des biographes de Dumas, Daniel Zimmerman, cela ne fait aucun doute, « son Dictionnaire de cuisine est non seulement un chefd’œuvre de la littérature gastronomique mais la plus magistrale introduction qui ait été conçue à l’art de la cuisine ». Il est vrai que cet ouvrage –réédité par Omnia– est à l’image de son auteur: tout simplement colossal, même s’il s’agit d’une édition… abrégée! Dans sa remarquable préface,Thierry Savatier nous

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blié au milieu des années 1960,date un peu,en particuliersurlefaitque,parl’excès de field-trials, trop de races ont été poussées vers la vitesse et l’entreprise, au détriment de la maniabilité par un chasseur normal… Dérives qu’aurait condamnéessansréservesnotreabbé. Rien n’est dit –et pour cause puisque cela n’existait pas à son époque – sur l’emploi approprié du collier électrique… Quoi qu’il en soit, l’ouvrage reste irremplaçable, mais le plus difficile est à venir : l’exécution sur le terrain car le meilleur des traités ne remplacera jamais la mise en condition!

Éditions de Montbel,144 pages,22 €.

rappelle que c’est au XIXe que la gastronomie française va s’établir comme telle, et que Dumas en est le parfait reflet, et un de ses grands ambassadeurs. Car c’est bel et bien un dictionnaire que nous tenons là et non un simple recueil de recettes, avec comme objectif suprême, « d’être lu par les gens du monde et pratiqué par les gens de l’art ». Avec ses 360 entrées, ce dictionnaire est tout à la fois culinaire, littéraire, autobiographique. Cuisinier et formidable conteur, Dumas nous livre sa culture, ses voyages, sa passion pour toutes les cuisines, en les assaisonnant d’anecdotes, d’épithètes gourmandes, de digressions savoureuses (notamment sur

le gibier qu’il connaît assez bien)… Certes, les puristes trouveront des invraisemblances proprement ahurissantes, comme un brochet de 6 mètres, ou sa recette de pieds… d’éléphants, ou ce dindon sur une table romaine (alors que ce pauvre oiseau ne fut introduit en Europe qu’après la découverte de l’Amérique en 1492!). Mais s’il n’y avait pas cela, serait-ce encore du Dumas? « L’homme reçut de son estomac,en naissant, l’ordre de manger au moins trois fois par jour, pour réparer les forces que lui enlèvent le travail et, plus souvent encore, la paresse.» Avec lui, ce n’est plus un ordre, c’est une invitation à une longue dégustation.

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Signets Dictionnaire de la palombe

collectif ◆◆ À un journaliste un peu imprudent qui lui demandait ce qu’il trouvait de si exceptionnel dans un ramier, un “paloumayre” lui avait sèchement répondu, sur un ton courroucé, « Monsieur,sachez que la palombe n’est pas un gibier, c’est une culture ». Il suffit de parcourir ce Dictionnaire pour voir que ce propos n’avait rien d’une gasconnade, car c’est un formidable travail de recherche qu’ont réalisé ces éminents spécialistes que sont Jacques Gaye, Jacques Luquet

et Pierre Verdet. Pouvait-il en être autrement pour cet oiseau, chassé dans le SudOuest pour subsister dès le XVIe siècle, avant de devenir une tradition, avec ses us et coutumes. C’est une plongée dans l’Histoire, dans le rêve et la passion que nous offrent les trois auteurs, agrémentée d’une iconographie de qualité, et d’un petit précis de gascon et de basque.Avec le genre choisi – l’abécédaire –, c’est un perpétuel mouvement entre le passé et le présent auquel nous sommes conviés. Il est question de Pline l’Ancien – et son Histoire naturelle –, de “pichot” (ce qui signifie être

Mangeurs de viande

De la préhistoire à nos jours de Marylène Patou-Mathis

◆◆ Il est des livres qui tombent à point nommé,parce qu’ils donnent des repères au moment où les images s’obscurcissent et la vision se floute, parce qu’ils redonnent à la raison sa suprématie sur l’émotion. Mangeurs de viande est de ceux-là, et on ne saurait trop en recommander la lecture à tous les chantres bruyants de l’écologie radicale, partisans affamés d’une nouvelle vision de la relation entre l’homme et l’animal. Il est bon de le lire aussi pour ceux qui commencent à culpabiliser à l’idée de ne pas être tenté par le végétarisme! Marylène Patou-Mathis, préhistorienne et directrice de recherche en archéozoologie au CNRS, rappelledesvéritéshistoriquesquisemblent pourtant ne plus du tout tomber sous le sens de nos jours.D’abord que,dans les alimentsquinoussontindispensables,laviande joue un rôle clé. Depuis l’aube de l’humanité, l’homme mange de la viande, et n’y consacrant que 15 % de son temps il a pu développer d’autres activités,a contrario les herbivores s’alimentent durant75%deleurtemps.D’autrepart,pourseprocurerdelaviande, l’homme n’a eu pendant longtemps d’autres solutions que la chasse, ce qui l’a conduit à s’organiser,à se répartir les tâches,car un mammouth ne s’attrape pas exactement comme une mouche, puis à partager le festin.

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Jours de C HASSE ◆

sous le courant migratoire), d’orratza (qui désigne en basque l’aiguille à « ramender les filets »), de François Mauriac

(dont la famille possédait une palombière), de radiopalombe, de cuistot (essentiel !), de paletakaria (“jeteur de palettes” en basque)… Tout est décrit, analysée, décortiqué comme si la palombe ne supportait pas l’à-peu-près.Après avoir parcouru, picoré quelques pages encore, l’avoir fermé, rouvert, on sait pourquoi, lorsqu’arrivent les premières vagues bleues, toute une partie du Sud-Ouest s’arrête, pour ne vivre que pour la seule palombe. Puisse l’Europe ne jamais interdire cela. Éditions Sud-Ouest, 350 pages,28,50 €.

C’est le premier mérite de ce livre que de démontrer comment la chasse a engendré l’homme sociétal.Sacrilège de nos jours que de dire que la chasse a contribué à l’élaboration de nos sociétés humaines, puis par la théâtralisation de la nature et le rituel de la cynégétique au patrimoine culturel de l’humanité. Reste que cela est ici magistralement démontré. Poursuivant sa démonstration, l’auteur montre le rôle économique de la chasse et son rôle symbolique. L’animal chassé est le vecteurdecessymboles;sacralisé,ilengendre des rituels variés selon les époques et les sociétés. Ritualiser la chasse, c’est poser un certain regard sur la mort de l’animal sauvage, mais aussi sur la chair et le sang, qu’il soit de la victime ou parfois du chasseur.Un des mérites de ce livre est de donner du sens à la consommation de viande, et par conséquent à la chasse,mais aussi à l’évolution de laposturedel’hommedanssarelationàl’animal. On pourrait lui reprocher de faire trop souvent appel aux citations, de multiplier lesexemplesàtraverslesâgesetlescontinents, mais l’auteur est avant tout universitaire… Au-delà de l’aspect scientifique, on retiendra surtout que la consommation de viande est d’ordre moral. Or aujourd’hui, c’est bien un nouvel ordre moral queveulentnousimposerlespromoteursdusteakdetofuetlesadeptes du véganisme. À moins que ce ne soit un retour aux grands singes! Perrin,410 pages,22,50 €.

HIVER 2009


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Signets La Bécasse des bois

d’Yves Ferrand et François Gossmann ◆◆◆ Décidément, on ne finira jamais de parler et d’évoquer les mystères qui entourent la bécasse.Témoin,l’ouvrage de premier ordre que viennent de livrer Yves Ferrand et François Gossmann. Pouvait-il en être autrement quand deux des meilleures spécialistes de la bécasse s’associent pour rendre un hommage appuyé à notre voyageuse ? Nous tenons là un solide ouvrage qui fera date, ouvrage qui comble un manque,car aujourd’hui,le chasseur se doit d’avoir de solides éléments scientifiques pour montrer que sa passion n’altère en rien la pérennité de

telle ou telle espèce. De la bécasse, le lecteur ne pourra –presque – plus rien ignorer, aidé en cela par une riche iconographie –notamment avec les superbes images d’André Le Gall. Du nombre d’espèces de bécasses, le lecteur saura tout, celle de nos bois,mais aussi celle de Java, d’Amérique ou des îles Moluques… Il n’ignorera rien non plus de ses amours,de sa reproduction, de sa migration, de son hivernage, aidé par des textes d’une grande pédagogie, et par des planches techniques de grande qualité. Mais avec la prudence qui caractérise tout honnête scientifique, Yves Ferrand et François Gossmann savent que rien n’est jamais définitivement

Le Chien dans l’art

de Tamsin Pickeral ◆◆◆ L’homme sans le chien seraitil encore lui-même? La question mérite d’être posée lorsqu’on s’arrête un instant sur l’ouvrage magistral de Tamsin Pickeral. Car, avec le chien dans l’art, c’est l’histoire des civilisations qui se surgit devant nous.Au même titre que le cheval, le chien a, depuis sa domestication,partagé la vie des hommes, la gloire et les peines des princes de rang et des princes de sang, du gentilhomme et du goujat. Qu’il soit compagnon ou un précieux auxiliaire, l’auteur nous le montre magnifiquement avec une iconographie de premier ordre.Égypte,Assyrie,Perse, Afrique, Grèce, Rome, le chien s’est toujours retrouvé auprès de l’homme depuis l’Antiquité la plus reculée.Ainsi, les gravures rupestres du Sahara montrent des chiens de chasse qui, plus tard, seront des chiens de troupeaux. On admire ces lévriers à queue courte, que l’on vénérait en Égypte… L’homme compléta le chien, nous explique-t-elle –avec un plan quelquefois un peu difficile à suivre (pourquoi en effet consacrer un chapitre au chien domestique, ce qui est pleinement justifié pour en consacrer

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Jours de C HASSE ◆

acquis, que leurs travaux – et c’est l’une des leçons de cet ouvrage– peuvent et doivent servir de « base de réflexion sur l’avenir de l’espèce ».Là est le vrai débat et le vrai sujet: car la bécasse, soulignent-ils en substance, est un capital fragile,fragile car dépendant des modifications du climat, de ses habitats… Pourtant,ils ne jouent en aucune manière les oiseaux de mauvais augure,rappelant qu’il y a des notes d’espoir, par justement une meilleure connaissance scientifique. Ainsi, si elle perd son habitat par endroits à cause de la déforestation, elle en gagne d’autres en d’autres

lieux… Et dans cette pièce qui se joue, le chasseur européen – français plus particulièrement – a un rôle déterminant, par la connaissance qu’il doit avoir de cet oiseau et par la prudence dans ses tableaux. Bref, cet ouvrage oscille en permanence entre le rêve et la raison, et c’est ce qui fait tout son sel.

Effet de lisière Éditeur,224 pages,50€. Sur Internet:www.effet-de-lisiere.com

un autre au“chien sur le vif”?)–, en créant, sélectionnant des races. Les plus grands peintres leur rendront hommage qu’ils s’appellent Titien, Brueghel, Pisanello, Dürer,Van Eyck, Pisanello, Oudry, Desportes, Gainsborough, Stubbs… qu’ils soient chiens courants, couchants, chiens de garde ou de salon… Ils sont tous là,avec même une digression sur le“chien américain”,et le“chien moderne”. En revanche, les chasseurs que nous sommes resterons un peu sur leur faim, car le chapitre qui est consacré au chien de chasse, est un peu“léger”: l’auteur passe vite, trop vite sur le sujet, alors qu’il est un élément majeur. Elle n’explique pas qu’avec le chien, l’homme a franchi en matière cynégétique une étape majeure,que chasser avec des chiens deviendra un art (elle ne distingue d’ailleurs pas entre chiens courants et chiens d’arrêt,lévriers,les rôles qu’ils jouent).Que le lecteur se rassure: cela n’est que vétilles eu égard à la qualité de l’ensemble. C’est un livre que l’on doit avoir dans sa bibliothèque,en se disant décidément que“chasser sans un chien,est-ce vraiment de la chasse?”

CitadellesVariations,288 pages,49€.

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Signets

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Les Plus Beaux Fusils de chasse du monde de Laurent Bedu

◆◆◆ Nous pensions que la disparition du

Grand Boutet à Versailles avait sonné le glas de deux siècles de domination sans partage de la“platine à la française”. Funeste prétention! À Saint-Étienne sur le cours Fauriel, on continue à fabriquer l’Aiglon. Depuis son invention en 1913 par Aimé Cœur-Tirode, les spécialistes vous le diront, c’est l’un“des platines”les plus aboutis au monde sinon l’un des mieux fabriqués. Voilà pourquoi la lecture de Platines, le livre de Laurent Bedu est une bible, sans jamais être rébarbatif, qualité si rare de nos jours. Avec cet ouvrage de 2,8 kilos soit“le poids d’un platine”, Laurent Bedu devient l’héritier de Ferdinand Courally, soixantedix-huit ans plus tard! Il aura fallu attendre tout ce temps pour enfin savourer un ouvrage digne de figurer au côté du célèbre

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Armes de chasse et leur tir paru en 1931. Pour notre plus grand plaisir de lecteur, le résultat est à la hauteur de l’énergie dépensée par le rédacteur en chef d’Armes de chasse. Par sa documentation, on devine des rendez-vous au bout du monde glanés au secret et en dernière minute auprès d’artisans souvent si timides. Suprême récompense, c’est parfois la découverte d’archives ou d’informations que l’auteur croyait égarées pour toujours. Pendant la lecture de l’émouvante préface de Richard Lévy, le directeur des célèbres établissements Granger, se dessine en filigrane la motivation de Laurent Bedu. Parce que pour lui, il devenait impérieux de transmettre la mémoire trop souvent anonyme de tous ces artistes qu’il a découverts par son métier de journaliste.Tous ces géniaux armuriers occupés à fourbir des fusils de chasse sans relâche et sans compter leurs heures.Autant d’uniques chefs-d’œuvre qu’ils nous transmettent en héritage après leur disparition. Ces fusils, on pourrait presque les toucher du doigt, en feuilletant les 400pages, tant la qualité de l’illustration égale la sagacité du propos. Signalons que l’utilisation de l’infographie complète judicieusement les images pour nous raconter le fonctionnement de la face cachée de trente systèmes de platines.Platines est aussi un livre d’histoire où l’on voyage pendant six siècles d’armurerie à travers sept pays. Décidément, Richard Lévy a bien raison, Platines est « un ouvrage unique ».

89€.À commander chez l’auteur: Laurent Bedu, 133,rue de Rome Paris XVIIe.Sur Internet: http://platines-laurent.bedu.us/ Email:laurent@bedu.us

Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009

Terre des lions

de Laurent Baheux ◆◆◆ Voici non seulement un très beau livre, mais un livre utile pour ne pas user du terme galvaudé de“citoyen”. Chacun de ses acteurs, en effet, a accepté de reverser une partie de ses droits au WWF et à son œuvre de préservation de la faune. Du photographe exceptionnel qu’est Laurent Baheux à l’imprimeur,au relieur, au diffuseur. Un livre qui ne se veut pas seulement un hommage esthétique à l’Afrique, cette « terre où habitent les lions »,comme disaient les géographes antiques,mais une mise en garde contre les dangers qui menacent l’environnement et la faune.Il n’est pas indifférent que Laurent Baheux, dans l’introduction à son travail,cite comme source d’inspiration le livre désormais classique de Peter H. Beard, The End of the Game, paru en 1965. Le photographe américain, ami de Karen Blixen,dressait à l’époque un constat pessimiste de la situation de la faune africaine. Quelques décennies plus tard,écrit Laurent Baheux « À l’image de la planète entière,l’Afrique se meurt de jour en jour […] Engendrées par une volonté d’expansion irraisonnée,surpopulation,surproduction et donc surconsommation jusqu’à épuisement des ressources à court terme restent plus que jamais à l’ordre du jour ». Comme pour être en harmonie avec de discours crépusculaire, c’est en noir et blanc que Laurent Baheux a choisi de photographier la faune africaine.Et le résultat est époustouflant. Saisis en plein mouvement ou au repos,troupeaux de zèbres ou d’éléphants, trio de girafes ou hardes de lions,gorilles et rhinocéros,hyènes et hippos,apparaissent sous un jour inédit,et l’on dirait que le photographe a su capter aussi leur personnalité.

Altus Éditions,144 pages,36,90€.



Signets Vieille Vénerie

Souvenirs & Traditions du vicomte Henry de Chézelles, illustrations de Catherine Farvacques ◆◆ Septième volume

de la collection“Vénerie d’autrefois”, l’ouvrage du vicomte de Chézelles fut publié, la première fois, chez Hachette en 1894 et ne connut aucune réimpression. L’auteur (1832-1900) était un ancien officier, du régiment des Guides de la Garde impériale, sous Napoléon III; avec ses frères Roger et Arthur, il fut l’un des maîtres de l’équipage picard Piqu’Hardy qui découplait dans l’Oise. Dans la préface de son livre, il confie, modeste, qu’il n’a eu ni l’intention ni la prétention d’écrire un traité de vénerie,

mais seulement de réunir des souvenirs du temps passé qui se liront, peut-être, avec plaisir « quand les restes de la vieille vénerie française auront disparu de ce monde ». De fait, même s’il était trop jeune pour avoir connu la vénerie royale et princière de la Restauration, il avait eu la curiosité d’en recueillir les souvenirs auprès de veneurs des générations antérieures, de sorte que les anecdotes et les traditions qu’il rapporte remontent jusqu’à l’époque de Louis XVIII, de Charles X, et du dernier prince de Condé. Le chasseur est, souvent, un nostalgique, persuadé que les déduits d’autrefois étaient de meilleur aloi que ceux d’aujourd’hui, que les chiens chassaient mieux, que les cerfs, les chevreuils ou les sangliers

Le Roman du loup

de Claude-Marie Vadrot ◆◆ La collection de Vladimir Fédorowski aux Éditions du Rocher vaut largement La Samaritaine. On y trouve tout, y compris ce Roman du loup, dû au journaliste, spécialisé dans les questions de nature et d’environnement, Claude-Marie Vadrot.Avec une pertinence dont on ne saurait trop le louer, l’auteur cite une mémorable chronique de Vialatte sur la nécessité du loup : « Le loup, écrit celui-ci, est un besoin essentiel, le loup fut un aliment complet, il ne peut mourir entièrement.Il faut des loups,il faut du frisson noir. Sans le loup,on s’ennuierait de la vie. Il faut qu’une ombre sur le mur allonge un museau qui fasse peur… » Menacés par les préjugés, les légendes, les histoires atroces colportés sur eux depuis

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étaient plus résistants et difficiles à prendre. Chézelles n’échappe pas à ce travers, et son récit est un peu une lamentation sur le bon vieux temps jadis, quand la vénerie du roi et des princes formait une école et une pépinière d’hommes à traditions, qui essaimaient ensuite dans les autres équipages. Et de rendre hommage aux familles de gardes de la couronne, de piqueurs et de valets de chiens, qui remontaient parfois jusqu’au règne des Valois. Et de rappeler que la vénerie exclut la fantaisie mais se doit d’honorer des règles immuables… Cela dit, ce bon M. de Chézelles dispense des conseils pratiques dont on peut toujours tirer

profit et égrène quelques anecdotes qui feront sourire, comme de ce veneur qui, au soir d’une chasse exténuante, est réveillé par son valet de chambre qui lui apprend que sa femme est accouchée d’un garçon, se rendort, est réveillé à nouveau par le même qui lui annonce qu’un second garçon s’est ajouté au premier et répond « Gardez les bons, noyez les mauvais! » Éditions de Montbel,128 pages, 8planches,100 €.

des siècles, les loups ne seraient plus que 200 000 individus à travers le monde. Des survivants, donc, promis à une disparition quasi certaine si son vieil ennemi, l’homme, ne s’avise de le protéger. C’est au loup lui-même, que Claude-Marie Vadrot confie le soin de présenter sa défense dans une plaidoirie qui mobilise les mythes, des Romains aux Inuits, la littérature, du Roman de Renart aux contes de Perrault et d’Alfred de Vigny à Alphonse Daudet, l’histoire, la science, et même le charme, d’Hélène Grimaud,“la pianiste aux loups”. Un plaidoyer, étayé, mesuré, dont la conclusion pourrait être résumée par cette légende d’une affiche du dessinateur Reiser : « On ne vous demande pas de nous aimer, on vous demande de nous foutre la paix! »

Le Rocher,216 pages,19 €.


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Edouard-Pierre Decoster “Chasser en Afrique, un sublime voyage aux origines”

propos recueillis par Alain de l’Hermite

C

eux qu’on appelle communément les broussards sont unanimes à dire que l’Afrique est un continent qui vous marque,et qui vous envoûte à jamais,et que,même si vous n’y êtes plus, votre âme, elle, y reste un peu. Ce n’est pas Édouard-Pierre Decoster qui arguera du contraire,luiquinecompteplussesséjours,voyagesdans la brousse, la savane ou les forêts africaines. Desesexpéditions,ilen avait tiré un très joli livre, leVent des pistes (Éditions de Montbel, 2004), plein de poésieetdesensibilité(dont la troisième édition a été augmentée de plusieurs chapitres, sans compter la sortie prochaine d’une édition américaine). De sa conception de la chasse,de l’Afrique, de son avenir, “Eddy”Decosters’enouvre à Jours de Chasse. Chez vous,la chasse relève-telle de l’inné ou de l’acquis? Il n’y a rien de très original. Mon grand-père maternel Pierre Verspieren que j’adorais possédait une superbe propriété totalement dédiée à la chasse aux environs de Châteauroux, en bordure de Brenne.Le gibier naturel y foisonnait: sarcelles,colverts,perdrix grises et rouges,lièvres,lapins – par milliers –,bécasses, grands animaux. C’était le paradis ! Comment ne pas attraper le virus ? Plus tard, à l’adolescence, j’ai fait la connaissance d’un homme hors du commun,chasseur de légende et lieutenant de louveterie de son état : Michel Patureau-Mirand. Il m’a fait découvrir la chasse aux chiens courants, le déterrage… C’était une personne fine, cultivée, digne d’un personnage sorti tout droit des Gentilshommes chasseurs de Foudras.Avec lui,j’ai parcouru le Limousin par monts et par vaux, traquant bêtes noires, renards… et par tous temps.

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Et l’Afrique? Comme beaucoup de Français de ma génération, c’est grâce à l’armée française que j’ai foulé pour la première fois le sol d’Afrique en 1965, comme radio, sur la base d’essais atomiques d’In Amguel,en plein cœur du massif du Hoggar,dans la région de Tamanrasset. C’est là, dans cette région mystérieuse du Sahara,dans les paysages les plus insolites de la création, qu’en compagnie des farouches guerriers touareg, j’ai chassé mes premières petites gazelles dorcas.Puis,bien après,j’ai traîné mes guêtres au Sénégal, en Tanzanie,en Centrafrique,au Rwanda, au Cameroun… Qu’y a-t-il de si fascinant sur ce continent? Chasser en Afrique, c’est un retour aux sources de notre histoire la plus primitive car l’homme serait né en Afrique, sans doute dans la vallée du Rift, pas très loin du Kilimandjaro. Quelque part,nous sommes tous desAfricains.Partager la vie des pisteurs, les accompagner dans les savanes sans frontières, les forêts impénétrables, chasser selon leurs coutumes les plus ancestrales,dans une nature encore inviolée, c’est faire un sublime voyage aux origines. Justement,quels sont les pays que vous avez le plus appréciés? Toutes les régions ont leurs charmes. Des montagnes étranges du Hoggar jusqu’à la secrète forêt équatoriale, en passant par les savanes sans limites de l’Est africain et les plateaux basaltiques du centre,il n’est pas une seule contrée qui vous attire aussi irrésistiblement, quelquefois pour toujours. Cependant, je dois avouer que j’ai un penchant pour le Cameroun,ce petit pays de l’Ouest qui s’étend sur un axe nordsud des frontières sahéliennes du Tchad jusqu’aux confins du Congo. C’est un peu toute l’Afrique en un seul pays où l’on peut rencontrer une très grande diversité d’ethnies,d’ani-

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PHOTOS : EDOUARD-PIERRE DECOSTER

Le chasseur professionnel

primaire sont autant d’aventures exaltantes maux et de biotopes (dix-huit millions d’haFrédéric Dumont avec qui réveillent en vous les réflexes instinctifs bitants pour plus de 200 ethnies). La Tantoute son équipe de Pygmées que nous avons tous hérités de nos ancêtres zanie également, avec ses paysages à vous Bakas autour d’un bongo tiré magdaléniens. couper le souffle,ses réserves incomparables par Édouard-Pierre Decoster J’ai eu la chance de chasser avec d’excellents et le mythique mont Kilimandjaro, m’a dans la forêt équatoriale professionnels parmi lesquels je peux citer laissé d’inoubliables souvenirs. Et puis, dans le Sud-Cameroun. de façon non exhaustive Jean-Pierre Leroux, pourquoi le nier, l’Afrique est, de tous les Page de gauche, Decoster Marcel Tiran.Mais celui qui m’a le plus apcontinents,celui qui possède la faune la plus en Afrique du Sud cette année. pris non seulement sur la chasse et les aniriche. maux, mais aussi sur l’Afrique, sa culture, son histoire, c’est Qu’est-ce pour vous la grande chasse? La façon la plus passionnante de pratiquer la grande sans aucun doute Michel Kaouche.Je lui dois beaucoup.Sans chasse est sans aucun doute à mes yeux celle qui consiste à lui, le“voyage”n’aurait pas eu la même dimension. traquer les grandes antilopes ou les buffles en compagnie des Votre meilleur souvenir? Pardonnez-moi une réponse de Normand, mais c’est la pisteurs centrafricains ou camerounais pendant des heures, voire des jours, en s’immergeant totalement dans le milieu question piège que je me suis souvent posée sans y donner de naturel.À ce sujet,si l’on excepte l’éléphant que je ne tire plus réponse claire.J’ai tiré (j’ouvre ici une parenthèse pour précidepuis déjà une quinzaine d’années, par respect pour une ser que je n’emploie jamais le mot “récolté”, très à la mode créature que je considère comme à part,différente,supérieure, pour remplacer les verbes “tirer” ou “tuer”, ce terme de “réc’est sans hésiter la traque de l’éland de Derby, cette majes- colter”me paraissant d’une grande hypocrisie.J’estime qu’un tueuse antilope, que j’affectionne par-dessus tout. L’“éland chasseur doit assumer l’acte de“tuer”qui est inscrit dans l’ordre géant”(qui peut atteindre la tonne) est doté des sens les plus de la nature quand il est fait dans le respect des règles que cette aigus.Imprévisible,infatigable,toujours sur ses gardes,il vous même nature a édictées) beaucoup d’animaux lors de mes difentraîne dans d’interminables randonnées au travers des pay- férents safaris:des lions,des léopards,un éléphant,des buffles sages les plus surprenants, obligeant pisteurs et chasseurs à et de nombreuses antilopes… Mon premier (et dernier) éléphant tomba foudroyé d’une balle au cerveau, mais la vue de aller jusqu’au bout de leurs forces. Mais l’éland de Derby n’est pas,loin s’en faut,le seul.Pis- ce colosse gisant sans vie sur le sol et sur la dépouille duquel ter un grand vieux lion dans les bakos (ces galeries forestières) les villageois,femmes et enfants compris,s’acharnaient à coups centrafricains,remonter la trace d’un grand bongo solitaire en de machette jusqu’à ne laisser qu’une carcasse sanglante me >> compagnie des chasseurs pygmées au plus profond de la forêt laissa un goût amer.

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Confidences

PHOTOS : ÉDOUARD-PIERRE DECOSTER

Nord-Cameroun, 1994, toute l’équipe devant le “roi-lion”. “Pour les Africains, la mort du lion est un événement.” Ci-dessous, Tanzanie, 2006, gazelle girafe. Avec sa femme et le chasseur professionnel, Marcel Tiran.

Centrafrique, 1992, éland de Derby. Avec Michel Kaouche (“Je lui dois beaucoup”). Page de droite, un grand koudou en Afrique du Sud cette année avec… la relève.

Je jurais ce jour-là de ne plus en tirer d’autres et ai tenu parole malgré les nombreuses occasions qui se sont présentées. Des lions,j’en ai tiré sept ou huit,plus pour conclure de longues traques dans les savanes d’Afrique centrale que pour avoir la satisfaction d’ajouter un lion à mon actif. Depuis une dizaine d’années,je me refuse à les chasser. Comme pour l’éléphant, je considère que le lion est un animal à part, un être supérieur. En outre, leur nombre décroît. Il est d’ailleurs question d’en interdire la chasse bien qu’il soit évident que leurs pires ennemis sont plus les braconniers et les éleveurs de bétail qui massacrent et empoisonnent, mâles et femelles, sans le moindre scrupule que les chasseurs qui se contentent de prélèvements extrêmement faibles de vieux individus. Pour en revenir à ce qui serait mon meilleur souvenir, je suis tenté de vous répondre que ce fut le tir du premier merle que je tirai dans le vieux sorbier qui trônait sur la pelouse du parc de ma grand-mère, avec la carabine à air comprimé que m’avaient offerte mes parents pour mon huitième anniversaire. Mais je dois vous avouer avoir dansé de joie avec les pisteurs centrafricains lorsque tomba net mon premier éland de Derby au fin fond du nord de la République centrafricaine après une dizaine de jours d’éreintantes journées de pistage.Il y a eu aussi tout récemment mon premier bongo tiré en compagnie du jeune guide Frédéric Dumont dans sa zone de forêt au SudCameroun, ce qui démontre que, malgré l’âge et les années, passion et illusion peuvent rester intactes. Et le pire? … devrait être celui du jour où,pour très peu,je faillis trouver la mort sous la dent d’un grand lion (ce qui,somme toute, n’aurait pas été une vilaine fin pour un chasseur!).Cela se passait en 1991 en Centrafrique sur les bords de la rivière You-

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hamba.Un lion avait été légèrement blessé par un de mes amis.Au terme d’une poursuite de huit à neuf heures, de l’aube au coucher du soleil,je tombai seul face à face avec le fauve qui m’attendait tapi dans l’ombre d’un bako. Il se rua sur moi et, malgré un tir réussi au foie,parvint à m’atteindre.De sa puissante mâchoire,il broya tout à la fois ma carabine et la main qui la tenait,puis s’en prit à mon genou avant de s’effondrer raide mort, m’entraînant avec lui dans sa chute, son sang se mêlant au mien. Pour l’anecdote, alors que je regagnais la France en jet médicalisé, et bien qu’étant dans un état second,je me souviens parfaitement avoir entendu l’une des deux infirmières dire à sa collègue qu’elle regrettait sincèrement que ce fût le lion qui mourut! Avec le temps, je relativise le côté dramatique de cet accident qui me permit d’acquérir un certain détachement par rapport à la mort, et de considérer comme un don de la Providence chaque jour que Dieu me donne.Quant au lion,il n’a fait que se défendre. Je ne lui en ai jamais tenu rigueur.Il occupe aujourd’hui la place d’honneur dans ma salle des trophées. Vos regrets? Je n’en ai pas vraiment. Certes, on pourrait toujours souhaiter avoir fait plus! En France,j’ai pratiqué un peu toutes les sortes de chasse, sauf la chasse au vol, du très grand art s’il en est. J’ai fait l’impasse sur les autres continents me consacrant presque exclusivement à cette Afrique qui m’avait subjugué. Mon seul regret est de n’avoir jamais été en Éthiopie, ce prodigieux pays où vit sur les flancs escarpés des montagnes une des plus belles antilopes du continent:le nyala des montagnes. Comment voyez-vous l’avenir de la chasse en l’Afrique? Mon humble avis est très contrasté. D’un côté, il est évident que certains pays ont développé avec succès une pratique de la chasse associée au développement économique dans l’in-

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térêt de la faune et des populations. C’est le cas de l’Afrique du Sud,de la Namibie,de laTanzanie,du Botswana… D’autres par contre comme le Mozambique,la Zambie,le Cameroun, le Burkina Faso,le Bénin,la Centrafrique… luttent avec plus ou moins de bonheur contre le fléau du braconnage.Certains pays, enfin, et ils sont nombreux, ne possèdent plus qu’une faune résiduelle qui tente de survivre au milieu des guerres tribales et du braconnage le plus intensif. Cette quête aventureuse,l’avez-vous poursuivie dans les livres? Quand j’étais adolescent, la télévision en était à ses balbutiements,le cinéma était un divertissement exceptionnel.Je passais mes journées de loisir à courir la campagne à pied ou à cheval. Les soirées étaient-elles consacrées à dévorer les romans qui s’inscrivaient dans la culture naturaliste de mon époque.Très tôt je me suis passionné pour des auteurs comme J.O. Curwood, Jack London, Maurice Genevoix, Paul Vialar, Foudras, Jean de la Varende. Avec Édouard Foà que m’a offert ma mère quand j’ai eu 15 ans, j’ai découvert les passionnants récits de chasse en Afrique vécus par cet explorateur du XIXe siècle. Plus tard,Alain Fournier et son Grand Meaulnes ont réveillé en moi le romanesque qui sommeille dans tout adolescent. N’oublions pas non plus de citer le sublime ouvrage de Willy Prestre, Roquemaure. Cependant,les auteurs qui ont vraiment orienté ma vie et forgé mon âme sont Joseph Conrad et son dramatique Cœur des ténèbres, Louis-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit, qui compte de nombreuses pages très denses sur l’Afrique équatoriale où l’auteur a vécu une année ou deux, Ernest Hemingway, l’inoubliable Karen Blixen et ses récits autobiographiques de la Ferme africaine, enfin et surtout (c’est pour cela que je le cite en dernier) le fabuleux écrivain Romain Gary avec les Racines du ciel. Vous parlez d’aventure,de rêve,pensez-vous que chasser en Afrique a encore un sens? Aux jeunes et aux moins jeunes,je dis“Allez en Afrique”. Il y a encore d’immenses territoires où l’on peut chasser presque comme autrefois buffles,fauves,antilopes… N’écoutez pas les discours un peu trop passéistes et nostalgiques. Il n’y a jamais eu autant d’offres et les prix des safaris sont plutôt à la baisse. L’Afrique est éternelle, la présence des organisations de chasse est la meilleure garantie de protection de la faune.Là où la chasse ne sera plus,les espèces les plus nobles disparaîtront sans espoir de retour.Il n’y a pas de petite ou de grande chasse.Tirer un phacochère au Sénégal peut être tout aussi émotionnant que d’abattre un buffle Caffer Caffer au Mozambique.Tout est dans la manière! ◆

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La chasse aux bonnes affaires

*Jean-Pierre PAPIN est équipé en :

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Aventure â—†

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- SIMON PHOTOS : BELGIANCHOCOLATE

À vingt-deux heures d’avion de Paris

et dix heures de décalage, se trouve un pays d’une fascinante beauté, à faire rêver les cynégètes du monde entier : la NouvelleZélande. Nous y sommes allés pour le fameux thar, à la fois chèvre des Rocheuses, takin doré et bœuf musqué… par Pierre de Boisguilbert

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PHOTOS : SIMON - MOONWOVEN

Le THAR du mont Cook

◆ D

el’aéroportinternationaldeChristchurchàOmarama, au pied du mont Cook, les quelque deux cent quarante kilomètres d’une route infiniment droite, dénuée de tout trafic bien que qualifiée de“scenic road”, sont à couper le souffle: la Nouvelle-Zélande dégage une beauté fascinante.Rien ni personne ne semble l’avoir troublée, ni encore abîmée… Après vingt-deux heures d’avion de Paris,deux escales et dix heures de décalages horaires, le dépaysement est à la hauteur de nos espérances… À main gauche,d’immenses pâtures entrecoupées de lacs aux couleurs oscillant du bleu turquoise au vert émeraude. Les moutons par milliers ponctuent d’une myriade de points blancscetteimmensitéverteetquelquesbouquetsd’eucalyptus surgissent çà et là de cet incessant défilé de prairies grasses. À main droite, les collines en camaïeux de verts chatoyants ondulent en pente saccadée vers une chaîne de sommets enneigés, dont le fameux mont Cook qui culmine à 3754mètres.Il faut s’imaginer des centaines de kilomètres inhabités, où, sans aucune interruption, seuls le ruban d’asphalte et la clôture à moutondepartetd’autre

de la route témoignent du passage de l’humain! De temps à autre –c’est-à-dire tous les trente kilomètres! –,une voiture à contresens dont la présence finit par paraître incongrue, obscène, tant on s’habitue à l’immensité des espaces, et à la solitude.Aussi surprenante est cette chaîne de sommets enneigés qui ne nous quittent pas de la journée, et semble protéger ce paradis de verdure et d’eaux vives. À maintes reprises, en effet, la route est traversée de larges torrents dont les abords marécageux regorgent de limicoles et autres becs plats, tel l’emblématique Paradise Duck. La lumière se fait maintenant plus faible, le ciel s’assombrit nettement et tombent les premiers flocons de neige. Il reste deux cents kilomètres avant d’arriver à Omarama, là où il faudra emprunter un chemin de montagne pour rejoindre le lodge de chasse. La chasse ! On ne le sait pas, mais il n’y avait sur l’île,lorsqu’elle fut découverte par le capitaine Cook, aucun mammifère. Seuls de nombreuses espèces d’oiseaux, quelques reptiles et autres amphibiens peuplaient ce territoire d’une surface équivalent à la moitié de la France! Quant au fameux kiwi, l’emblème de la Nouvelle-Zélande, il en existeplusieursespècesdontcertainessonttrèsmenacées,souffrant comme tant d’autres, du développement des activités humaines,et ce bien qu’il soit totalement protégé.De la taille d’une poule il est inapte au vol, son mode de vie est essentiellement nocturne et on ne le trouve qu’en milieu forestier.C’est dire qu’on ne le rencontre jamais,tant sa seule défense est la discrétion associée à l’odorat ce qui est moins commun pour un oiseau. Que de chemin parcouru si l’on sait qu’aujourd’hui on peut chasser en Nouvelle-Zélande la quasi-totalitédesonguléseuropéens,certaines espèces asiatiques, d’autres du continent nord-américain,ainsiqu’unepetitefaune abondante.Surcettedernière,onn’oublierapasl’opossum,importéd’Australie,etdevenuunfléauaumême titrequelelapin.L’undes“sports” nationaux, donnant d’ailleurs


droit à de multiples compétitions Whangarei dans les villages,est le concours dit“vermin contest”. La règle Auckland est simple: dotés de n’importe quel type d’arme Gisborne les concurrents ont renMer de Tasman dez-vous sur la place du New Plymouth village de bon matin Nouvelle-Zélande pour le départ, et doivent revenir avant la Wellington tombéedelanuitavecle Zone de chasse plus grand nombre de Christchurch Océan Pacifique spécimensdechacunede Omarama cesdeuxespèces,avecparQueenstown fois aussi le wallaby. Il y a Invercargill même des classements pour 250 km les moins de… 14 ans ! Ces concourssontassezbienrétribués: PAGE bref,une sorte de service de louveterie DE GAUCHE, à la manière australe… UNE VUE DE LA Laissons là ces concours surprenants, pour nous concenZONE DE CHASSE. trer sur la route qui devient clairement problématique.Certes AU CENTRE, elle est droite, mais nous ne la distinguons plus tant la neige NOTRE LODGE colle et s’épaissit, ce qui est rendu encore plus vrai par l’abSITUÉ SUR sence totale de trafic. De plus, les amis néo-zélandais qui ont UN IMPROBABLE eu la gentillesse de mettre une voiture à ma disposition penPLATEAU DOMINÉ dant la semaine, ont préféré garder leur 4x4 et me confier un DE PART ET coupé de marque allemande, plus à l’aise sur les autoroutes D’AUTRE PAR d’outre-Rhin que sur la neige. Après deux embardées séD’IMPOSANTES vères,il faut préparer doucement mon épouse à l’idée de pasMONTAGNES. ser la nuit dans la voiture, ce qui n’est guère réjouissant vu la CI-DESSUS, température passée maintenant nettement en dessous de DANS LE LODGE 0 °C. L’espoir soudain ressurgit à l’apparition des premières OÙ L’ON PEUT lumières dans le lointain, et après une demi-heure de quasiAPPRÉCIER UNE gymkhana, nous finissons lamentablement contre un trottoir CUISINE RAFFINÉE de la bourgade d’Omarama. ACCOMPAGNÉE Pas de doute, nous sommes bien en juillet et l’hiver ausDE VINS LOCAUX. tral commence à frapper.Située au sud de l’océan Pacifique,

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PHOTOS : BOISGUIBERT - SIMON

Le THAR du mont Cook

la Nouvelle-Zélande est à proprement parler aux antipodes de l’Europe. Se trouvant cependant à la même latitude, son climat bien qu’inversé est similaire à celui de la France. Cette particularité en fait une destination de choix pour qui veut chasser durant l’été, et là, nous sommes servis au-delà de nos espérances ! Appelé à la rescousse par téléphone,Gary Herbert,dont j’avais fait la connaissance au Salon de la chasse de Rambouillet, nous dépêche deux guides de chasse en Land Rover qui arrivent tels des sauveurs au bout d’une heure. Le premier contact est pour nous conseiller de nous couvrir chaudement, leur vitre arrière ayant littéralement été explosée par une chute de pierre sur leur trajet d’aller ! Il faut dès lors

une petite heure de chemin enneigé, infranchissable sans 4x4, pour arriver au lodge. Contraste saisissant ! Située au beau milieu de nulle part, sur un improbable plateau dominé de part et d’autre par d’imposantes montagnes, la maison est d’un confort inattendu en cet endroit. Accueilli par notre hôte lui-même, nous dînons copieusement en compagnie d’un chasseur américain et de son cameraman. De fait, afin d’avoir des souvenirs pour ses vieux jours,cet industriel du New Jersey sillonne le monde à la recherche des trophées les plus rares, toujours avec un réalisateur qui lui monte les films de ses “exploits”. De la Nouvelle-Zélande,nous savons que les cerfs élaphes y sont abondants et, pour la plupart, très au-dessus de la moyenne de nos spécimens européens, à tel point qu’on est en droit de s’interroger sur le travail génétique qui a vraisemblablement été entrepris. D’autres espèces comme le wapiti, le cerf à queue blanche ou encore le maral peuvent aussi être chassées,mais en territoires clos uniquement.Notons à ce sujet que lesdits enclos font fréquemment plus de 3 000 hectares de montagne.Nous,nous sommes là pour l’animal mythique, le thar (éponyme de l’immense désert qui s’étend du Rajasthan au Pakistan), également appeléechèvredel’Himalaya. Il est présent sur l’ensemblede la chaîne


alpine depuis que le duc de Bedford en importa un couple à la fin du XIXe. Curieux animal que ce thar, entre chèvre des Rocheuses, takin dorée et bœuf musqué, protégé du froid par un poil long et soyeux. Gary me propose pour le lendemain de choisir entre deux modes de chasse.Le plus fréquent pour le thar consiste à monter en hélicoptère au-dessus de la forêt pluviale,de repérer des animaux sur les barres rocheuses, puis une fois au sol de tenter l’approche. De cette façon me dit-il, on est à peu près sûr d’avoir une approche à effectuer, quel qu’en soit le résultat bien entendu car celle-ci reste extrêmement délicate sur un animal sans cesse en éveil et doté d’une excellente vue. La seconde consiste à partir à pied, ce qui est paraît-il long et difficile surtout par ce temps, et ne garantit nullement de rencontrer des animaux. Elle est du reste peu pratiquée ; mais c’est tout de même celle que je choisis, par conviction d’une part, et aussi convenons-en par respect pour ma carte bancaire. Nousnousréveillonsaupetitjouralorsquelaneigetombe de plus belle et que la visibilité semble réduite à quelques mètres. C’est un sentiment apaisant que d’être enveloppé par cette douceur ouatée qui semble entourer le chalet, mais bien que cela laisse peu d’espoir d’une sortie fructueuse. De fait, après les présentations à mon guide Marcus, athlétiquestalkerpartageantsontempsentrelesAlpesdeNouvelle-Zélande et la chasse du grizzly au Canada, il est décidé d’attendre une éclaircie pour aller… tester le réglage de la carabine. Traditionnel dans toutes les chasses à l’approche, cet exercice de réglage est d’autant plus justifié ici, que le tir s’effectuecourammentau-delàde300mètresetjamaisàmoins de 150 mètres. La matinée s’écoule, et une promenade solitaire autour du lodge me permet de rencontrer notre ami américain qui,bravant la tempête de bon matin,avait quant à lui tiré un joli daim à bois palmés.Ce n’est qu’en début d’aprèsmidi, une fois la vérification de tir effectuée, que nous ten-

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CI-DESSUS, NOTRE GUIDE

MARCUS EN TRAIN DE JUMELER AU TÉLESCOPE.

PAGE DE GAUCHE, LE CHASSEUR AMÉRICAIN DANS UN ÉQUIPEMENT TYPIQUEMENT OUTREATLANTIQUE. AUTRE VUE DE LA ZONE DE CHASSE : SES PENTES ESCARPÉES SONT LE REPAIRE DES THARS.

“TRÈS VITE,

JE PRENDS CONSCIENCE QUE CELA VA ÊTRE DUR,

TRÈS DUR !”

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Le THAR du mont Cook “LA NEIGE MONTE À MI-MOLLETS, LA PENTE EST RAIDE, JE GLISSE SOUVENT ET REPERDS À CHAQUE FOIS QUELQUES PRÉCIEUX MÈTRES DE DÉNIVELÉ…” ◆

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combre la lunette, Marcus semble s’impatienter et l’animal se déplace sans cesse.Je le vois enfin.Pas de doute,c’est bien un mâle dont les petites cornes semblent dérisoires au regard du reste du corps. Grossissement maximum, je tire et… rate. Ce gros mâle nous offre alors un superbe spectacle, se jetant dans les barres rocheuses d’où il se retrouve rapidement hors de portée, avant que de disparaître totalement.Marcus m’indiquequej’étaisendessous,etquejen’ai pas tenu compte de la correction nécessaire à cette distance compte tenu du dénivelé. Marcus a sûrement raison, mais ma frustration reste la même,malgré l’immense émotion provoquée par ce premier contact. Sansplusattendre,nousrebroussonschemin pour descendre la première combe et partir à l’assaut du versant opposé. Je sollicite une pause pique-nique qui me semble indispensable,tant pour récupérer que pour me préparer au plus dur. Ce court répit nous permet d’échanger sur les approches comparées du thar et des autres grands ongulés sauvages.J’en retiens qu’il s’agit d’un animal très discret,nevivantquesurleshauteursàl’abri des dérangements, qu’il est doté d’une excellente vue,qu’il est illusoire de vouloir l’approcher de trop près.En outre, il encaisse très bien le coup de feu. Compte tenu de la quasi-impossibilité d’effectuer une recherche, tant le terrain est escarpé, il est fortement recommandé de réarmer aussitôt et ne pas hésiter à envoyer une seconde balle. Nous voilà prévenus… Nous reprenons lentement l’ascension du versant ouest. Laneigetombeànouveau,quelqueschamoisdévalentlapente T PHOTOS : BOISGUIBER

tons en quad de monter au-dessus de la barre nuageuse. Mais déjà la luminosité décline, et l’observation consciencieuse de toutes les anfractuosités et autres plateaux enneigés ne nous permet pas de voir le moindre thar. Sur la route du retour, plus bas dans la vallée se profile à l’horizon un très grand cerf trônant fièrement au sommet d’un mamelon.Portantprobablementplusde“seize”, etbienqu’àplusieurscentainesdemètres, il paraît tout simplement magique ! Nous partons avant le lever du jour le lendemain. Après une petite demiheure de Land Rover pour gravir les premières hauteurs,démarre la première vraie expérience de chasse. Marcus est grand, jeune, entraîné, il marche à bon pas et régulièrement.Très vite,je prends conscience que cela va être dur,très dur ! La neige monte à mi-mollets, la pente est parfois raide, et contrairement à lui je glisse souvent et reperds à chaque foisquelquesmètresdedénivelé.Chaque mètre se paye comptant.Enfin il s’arrête, et jumelle.Trop rapidement à mon goût, la progression reprend. Les mètres en montagne ne pardonnent décidément rien… Voilàdeuxheuresquenousgrimpons pourarriverausommetd’unpetitpicd’où nous surplombons plusieurs vallonnements encadrés par de vives arêtes. Là en contrebas, à quelque 250 mètres, une masse noire semble accolée à un buisson d’épineux que la neige a épargné. « It’s a good bull Pierre ! » me dit Marcus. Le bipode est prestement déplié, je m’allonge dans la poudreuse et tente de cadrer l’animal dans le réticule. La position est inconfortable, le souffle court, je glisse, la neige en-


SIMON

AU SOMMET, AU BOUT DE QUELQUES HEURES DE MARCHE… PAGE DE GAUCHE. L’APPARITION MAGIQUE D’UN CERF EN PLEINE TEMPÊTE DE NEIGE. C’EST L’UNE DES PARTICULARITÉS DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE : POUVOIR TIRER MOULT GRANDS GIBIERS : THARS, CERFS, CHAMOIS, SANGLIERS…

en dessous de nous alors que, par maladresse, je fais rouler une pierre ! Le froid est intense, la perspective du retour nécessitant de revenir sur notre voie chassée et rencontrer les mêmes difficultés,émoussent doucement mon enthousiasme tandis que décline le jour ! Nous décidons de rentrer. Les vins locaux accompagnent à merveille le rôti de daim, et nous refaisons le monde autour du crépitement d’un foyer revigorant. Nous pouvons contempler l’incroyable cerf qu’a tiré notre nemrod du Nouveau Monde. Certes il n’a pas eu à monter si haut, l’approche a vraisemblablement été plus classique et l’animal n’a pas pour un Européen la même magie que ce caprin des hautes cimes. Reste que c’est l’un des plus beaux spécimens qu’il m’ait été donné de voir ! Les cerfs élaphes de 13 à 15 kilos n’y sont en effet pas rares.Cela

est certainement une particularité de la Nouvelle-Zélande : on peut, en effet, y rechercher des trophées d’exception – à condition d’accepter l’idée de chasser le plus souvent en territoire clos–,comme rencontrer pendant un même séjour plusieurs espèces de cervidés européens, américains ou encore asiatiques.Onpeutaussipréférer,cequiestmongoût,lachasse en territoire ouvert, avec les aléas que cela représente mais unevariétédegibiertoutdemêmeexceptionnellesil’onajoute au thar, le chamois, le cerf à queue blanche et le sanglier. Ce dernier, à mi-chemin entre le porc revenu à l’état sauvage et le vrai sanglier, se chasse aux chiens courant de façon originale. Les chiens ayant pour mission de le mettre au ferme, le chasseur s’approchant alors pour le servir. >>

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Le THAR du mont Cook “SOUDAIN, COMME ARRIVÉ DU CIEL, IL EST LÀ. UN THAR SURPLOMBE LE VIDE À ENVIRON 200 MÈTRES DE NOTRE AFFÛT, LES DEUX SABOTS BIEN ARRIMÉS.” ◆

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aussi dure soit elle, que de risquer la momification! Nous jumelons en permanence la crête, puis la paroi qui descend par rebonds successifs jusqu’à notre cache, et ainsi de suite. C’est le dernier jour: demain à la même heure nous serons à quelque 12000 mètres d’altitude pour traverser la moitié de la planète, et la perspective d’un buisson creux se fait lancinante et triste.Soudain,comme arrivé du ciel, il est là! Solidement perché au-dessus du vide, les deux sabots avant bien arrimés à la roche pentue, un thar surplombe le vide à environ 200 mètres au-dessus de notre affût.Marcus ne l’a pas encore vu, et je lui indique sans bruit ma découverte. « OK Pierre,shoot it! » Nouvelles contorsions pour cette fois-ci tirer vers le haut ! L’image du raté de la veille me hante. Faut-il maintenant tirer légèrement au-dessus, ou plein cadre ? Le stetcher est doux,l’écho de la balle de .300WM envahit la montagne et notre animal bascule vers le vide,roule,rebondit,roule encore pour finir sa course à mi-pente, arrêté par le tronc d’un épicéa. Moment d’intense émotion, où tout se joue, où le rêve devient réalité, où la fatigue et le froid s’envolent, où les efforts et frustrations de la veille n’ont jamais existé, où tout s’apaise. Nous ne sommes plusdutoutfatigué.Aprèsunetellechute, fracassédenombreusesfoisparlesrebonds successifs, il est peu probable que notre bouc soit toujours en vie.Aussi prenonsnous le temps d’une franche accolade, puis de disserterquelqueslonguesminutes sur la distance probable du tir, sur l’âge présumé T - - SIMON PHOTOS : BOISGUIBER

Pour l’heure, que la nuit va être longue lorsque de façon obsédanterevientsanscessecettevisiond’untirraté!Etpourtant il faut dormir car à nouveau le réveil sera matinal, et la journée sportive à n’en pas douter. Je ne compte pas les moutons, mais… les thars, ce qui s’avère totalement inopérant!Ledépartestfixébienavantl’aube; la neige a cessé de tomber, et ayant indiqué à Marcus que je souhaitais éviter dans la mesure du possible une aussi longuemarchequelesjoursprécédents, il est décidé à partir en véhicule 6x6 pour accéder au pied d’une barre où nous pirscherons plus tranquillement. Au bout d’une petite demi-heure nous laissons le véhicule le long d’un torrent, et démarrons la progression. Les premières lueurs apparaissent et dessinent les contours d’une chaîne escarpée tutoyant le ciel enfin clair. Majestueuseetimpressionnantebeauté de cette façade granitée qui nous domine sur la gauche. De temps à autres un petit replat permet à un buisson d’épineux de rompre la monotonie de la pierre enneigée.Çà et là quelques conifères offrent un improbable couvert à quelques lièvres, tout de même suffisammentnombreuxpourquej’aiepuen voirunebonnedizainedepuisdeuxjours. Le jour est maintenant bien établi, et Marcus propose que nous affûtions sous une passe verticale,à l’abri d’un buisson permettant de nous dissimuler tous les deux.Le froid est intense,l’attente est longue et je finis par me demander si je ne préfère pas la marche,


SIMON

COUCHER DE SOLEIL SUR LA ZONE DE CHASSE. PAGE DE GAUCHE, L’AMÉRICAIN AVEC SON CERF ET L’AUTEUR AVEC SON THAR. “MOMENT D’INTENSE ÉMOTION OÙ TOUT SE JOUE, OÙ LE RÊVE DEVIENT RÉALITÉ, OÙ LA FATIGUE ET LE FROID S’ENVOLENT…”

de ce mâle, sur la probabilité que nous avions de le rencontrer à cet endroit, sur tout ce qui fait qu’une approche est toujours unique et tellement riche… Encore quelques efforts d’escalade, et nous voici devant lui. C’est un assez beau trophée, de six ou sept ans, lourd et massif et dont la“serviette”plantée à la base du coup s’étale en poils soyeux jusqu’à toucher le sol. Il faut un certain temps pour le faire glisser jusqu’au bas de la pente, mais les chutes et glissades ne comptent plus, pas plus que la distance ni les efforts ; et c’est de fort bonne humeur que nous atteignons la prairie enneigée où nous abandonnons notre victime le temps de regagner le véhicule tout-terrain. De retour au lodge, la première préparation du trophée est effectuée de main de maître par Marcus lui-même… Quitter les lieux devient soudain un déchirement. Avec ce pay-

sage où difficulté rime avec beauté, où les animaux sont quasi fabuleux, il est dommage d’en rester là. Sûrement aurait-il fallu prolonger de quelques jours pour tenter un chamois, un autre thar, ou pourquoi pas un grand cerf ? Peutêtre qu’un jour… ◆ Nous remercions Simon Camastral et Gary Herbert sans lesquels ce voyage n’aurait été possible,merci également à Marcus et à toute l’équipe pour le professionnalisme et la gentillesse dont ils ont su faire preuve. Pour tous renseignements:Gary Herbert’s New Zealand Hunting, Garlands Road RD 9Waimate South Canterbury. Email:gherbert@xtra.co.nz Sur Internet:www.nzhuntingsafaris.com Représentant pour l’Europe:Simon’s Hunting Adventures, Chasa Silvretta 180 CH-7550 Scuol. Tél.:00.41.81.864.19 17.

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JULIEN LEBLAY

Amarrée en plein océan Pacifique, la Nouvelle-Zélande fait figure de naufragée. Pour le touriste, c’est un sublime voyage entre l’île du Nord et celle du Sud, parcourue par une échine de crêtes culminant à plus de 3000 mètres!


TOURISME

To u r i s m e

NouvelleZélande

Sauvage avant tout

LES CROISIÉRISTES INSCRIVENT RÉGULIÈREMENT LA NOUVELLEZÉLANDE À LEUR PROGRAMME D’ESCALES. ICI, LE “SAPPHIRE PRINCESS” CROISE AU LARGE DE LA PLAGE DE TAKAPUNA AU NORD D’AUCKLAND. SUR L’ÎLE DU SUD, ON VIENT DE TOUS LES CONTINENTS POUR GOÛTER AUX JOIES DE LA PLAGE ET DES SPORTS AQUATIQUES. À GAUCHE, LES TATOUAGES D’UN MAORI, LE FAMEUX HAKA LANCÉ PAR LES ALL BLACKS (QUI ACCUEILLERONT LA COUPE DU MONDE DE RUGBY EN 2011) ET LE PORT D’AUCKLAND.

DAVID ROWLAND / REX FEA/REX/SIPA

uriosité géographique d’abord. On ne le sait généralement pas,mais la Nouvelle-Zélande, estcomposéededeuxîles;aunord“l’îleFumante”, appelée ainsi à cause de son relief volcanique.On y trouve la capitale,Wellington,et l’ancienne capitale, Auckland, bien connue des Français depuislapitoyableexpéditionduRainbowWarrior… Notons d’ailleurs que cet incident effacé de la mémoire des Français est toujours bien présent sur place.Il suffit d’annoncer sa nationalité pour s’entendre rappeler cette misérable affaire avec une ironie à peine masquée ! Au sud, l’île de Jade, un peu plus grande avec son échine de crêtes enneigées, communément appelées les Alpes néo-zélandaises. On y trouve deux villes detaillerespectable,ChristchurchetQueenstown. Autre caractéristique, c’est le pays le plus proche de l’Antarctique, et de ce fait le point de départ de la plupart des expéditions scientifiques polaires. À l’aéroport de Christchurch, on peut ainsi mettre à profit quelques heures de transit pour s’initier en situation réelle à la vie sur la banquise,à partir d’une reconstitution plus vraie que nature avec igloos, chenillettes des neiges et CARL DE SOUZA/AP/SIPA

THEMBA HADEBE/AP/SIPA

CUBOIMAGES/LEEMAGE

C

par Pierre de Boisguibert

combinaisons grands froids jusqu’à – 60 °C ! Sensations testées et garanties! Une curiosité historique ensuite. La Nouvelle-Zélande est le pays le plus “récent” de la planète,en ce sens que si les Maoris s’y sont installés à partir du XIIe siècle, ce n’est qu’en 1642 que les Européens la découvrirent.Ancienne colonie britannique,elle garde un lien étroit avec le Royaume-Uni et sa voisine la plus proche l’Australie, tout de même distante de trois heures d’avion, soit 2000 kilomètres! La culture de la Nouvelle-Zélande est indissociable de celle des Maoris. Si cette population autochtone,massacrée par les colons européens, est aujourd’hui réduite à quelque 600000 personnes, il est manifeste qu’elle imprègne toujours l’ensemble de la société.Se méfiant de tout intellectualisme, le Néo-Zélandais revendique ce côté pionnier, rural, pragmatique, impassible bien que parfois violent, et aimant par-dessus tout les animaux. Cela transpire des conversations que l’on peut avoir à la ville comme à la campagne.Lekapahakadesrugbymen,cettesorte de danse tribale destinée à impressionner l’ad-


PHOTOS : AKG-IMAGES/DE AGOSTINI PICT.LI - AKG-IMAGES/PICTURECONTACT

Nouvelle-Zélande Sauvage avant tout

COLONIALE, ART DÉCO, MODERNE, UNE ARCHITECTURE ÉCLECTIQUE LE TRAMWAY DE

CHRISTCHURCH :

UN EXCELLENT MOYEN POUR VISITER LES VESTIGES DU COLONIALISME BRITANNIQUE. CI-DESSUS, LE VIGNOBLE DE NAPIER ; DÉTRUITE PAR UN TREMBLEMENT DE TERRE, ET RECONSTRUITE DANS LE PLUS PUR STYLE ART DÉCO.

versaire, fait d’ailleurs partie de la culture théâtrale du pays que le colonialisme britannique n’a pu effacer. Ainsi bien que de nos jours la majorité réside en ville, on est frappé du lien étroit que les gens ont gardé avec la nature et les animaux.Desantibobosenquelquesorte! Sociétéhistoriquement“sansclasse’’, ce qui tend tout de même à être moins vrai, le régionalisme et l’esprit de clocher y sont très forts. Si vous êtes à Queenstown sur l’île du Sud, il est inutile de faire référence à votre meilleur ami qui habite Auckland. Celui-ci n’est évidemment qu’un Jafa ( « just another fucking Aucklander »)! Disons-le tout de suite: si l’on veut faire du tourisme en Nouvelle-Zélande,onpeutfaireunequasi-impassesurlesvilles. Aucune n’offre d’intérêt particulier,toutes sont récentes et essentiellement des centres d’affaires,seulement çà et là émaillés de quelques vestiges de l’architecture coloniale britannique. À Christchurch,seconde ville du pays avec un peu plus de 350000habitants, on ira voir rapidement la cathédrale néogothique qui a mis quarante ans à être édifiée à partir de 1864… Puis, on pourra faire un détour au Christ’s College, exemple assez remarquable de ces collèges privés britanniques de la fin du XIXe,tout d’austérité et d’ordre,et entourés des traditionnels terrains de cricket et rugby.On notera l’assez impressionnant réfectoire dont les boiseries sculptées et le parquet admirablement ciré ne doivent pas être le gage du plus grand silence lors des repas des pensionnaires.Une fois visité le jardin bota-

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nique, on peut sans scrupule reprendre la route. Queenstown,petite ville de 10000 habitants située à l’autre bout de l’île du Sud est connue comme la capitale mondiale de l’aventure. Construite sur les bords du lac Wakatipu, elle offre de spectaculaires vues sur les montagnes enneigées, et est du reste le point d’accès aux prestigieuses stations de sport d’hiver de Coronet Peak ou encore Cardrona. C’est à Cardrona qu’une clôture à mouton a été nuitamment, un beau jour de 1996, hérissée de quelques soutiens-gorge. Très vite leur nombre s’accrut sans que l’on en connaisse la provenance. La presse locale,puis nationale s’en empara,et l’affairedevintquasimentd’État.Auboutde quelques mois, ce furent plusieurs milliersdesoutiens-gorgequiornaientlespiquets en bois,et l’on accourait de tout le pays pour prendre des photos… Cela pour la plus grande joie du fermier devenu une personnalité, et du maire qui oscillait tout de même entre la satisfaction de voir arriver les touristes, et l’embarras d’une publicité d’un goût discutable.Au bout de dix ans (nous sommes en 2006) et alors que des dizaines de milliersdesoutiens-gorgeornaientlaclôture,ons’aperçutqu’elle était sur le terrain public,et le conseil régional décida de la débarrasser de cette encombrante lingerie “à cause des risques pour les conducteurs”! Après avoir traversé le lac sur un steamer d’époque, on pourra alors choisir entre le ski,le VTT,le saut à l’élastique ou encore la pêche à la mouche.À l’Ouest de la région viticole de Blenheim, s’étend le parc national Abel Tasman, probablement le plus beau du pays. Des paysages époustouflants encombrés de fougères arborescentes comme nulle part ailleurs, des plages de sable doré à l’infini; il faut deux jours au moins pour profiter de l’endroit,et les plus sportifs pourront utiliser kayaks de mer et autres bateaux à louer un peu partout. >>

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PHOTOS : JAMES D. MORGAN/REX F/REX/SIPA - HENNER

Nouvelle-Zélande Sauvage avant tout LA BAIE DE QUEENSTOWN

SUR LES BORDS DU WAKATIPU.

TROUPEAU DE MOUTONS ET MASQUE DE GUERRIER MAORI. ET TOUJOURS DES COULEURS AUSSI VIVES SUR LA PALETTE.

CLOUDIA NEWLAND

Privilégions la côte Est,où les excursions en mer permettent d’apercevoir facilement baleines, cachalots dauphins et autres globicéphales. De retour à terre et plus bas sur la côte, on observera les premiers pingouins, des albatros et de nombreux éléphants de mer. Incroyable richesse zoologique dans despaysagespourtanttrèstouristiques.Quel’onailleàlachasse ou pas, il ne faut pas rater les Alpes néo-zélandaises, et pour se faire s’attaquer à l’une de ces petites routes qui montent à l’assaut des sommets enneigés. Souvent elles longent une rivière couleur aigue-marine qui se jette dans un des milliers de lacs de même teinte. Certes on ne va pas vite, tant est grande la tentation de s’arrêter à chaque virage pour immortaliser la scène. On pourra achever le parcours dans la région des fjords.Dès le Milford Sound que domine le Milford Peak (1692mètres), on retrouve un paysage découpé qui n’est pas sans rappeler la Norvège, avec des centaines d’otaries avachies mais bruyantes sur les plages,d’où partent plusieurs treks. Dès lors le choix s’offre d’un départ depuis l’aéroport international de Christchurch vers l’Europe, ou un saut vers l’île du Nord nettement moins attrayante. Dans ce dernier cas, on visitera sans s’attarder Auckland, cité moderne et vivante où il faut tout de même sacrifier à la tradition d’un tea-time sur l’une des plages de Takapuna. Sevré de nature,descendonsviteausudverslapéninsule de Coromandel, là une nature viergeetluxurianteesttraverséedepistes en terre. Il faut aller à Hot Water Beach: on y creuse sa baignoire dans le sable et profite des eaux thermales chaudes… Les œnologues trouveront leur bonheur en traversant la région de Hawke’s Bay.Très franchement, nous avons préféré le vin australien à celui des“Kiwis”! Avant de regagner Auckland,il faut s’arrêter à Napier,détruite par un tremblement de terre, cette petite ville a été reconstruite dans le plus pur style Art Déco. On l’aura compris: la Nouvelle-Zélande est un vaet-vient prodigieux entre l’état sauvage et l’état moderne. Et c’est pour cela qu’il faut l’avoir vue une fois dans sa vie. ◆

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Carnet de voyage Que faire avant? Il n’y a pas de visa pour les ressortissants français dès lors que le séjour n’excède pas trois mois, et que l’on est muni d’un billet d’avion aller-retour. Seul un passeport en cours de validité est obligatoire. Si vous arrivez par l’Australie, cas le plus fréquent, il faut une autorisation de voyage électronique (ElectronicTravel Authority) qui vous sera délivrée par votre agence de voyage ou la compagnie aérienne au moment de la réservation. Ce visa électronique est en principe gratuit, il ne figure pas sur votre passeport. La Nouvelle-Zélande, qui n’a jamais eu de cas de fièvre aphteuse, est très vigilante sur les risques sanitaires. Il vous sera donc posé, par formulaire à votre arrivée, un certain nombre de questions ayant trait aux endroits que vous avez fréquentés récemment, et peut-être (ce fut mon cas!) subirez-vous une inspection de vos bagages pour notamment vérifier que les semelles de

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vos chaussures ne comportent pas de traces de terre! Auquel cas le service des douanes se chargera de vous les nettoyer! Comment y aller? Le voyage est long, entre 24 et 36 heures. Plusieurs compagnies proposent des vols quotidiens au départ de Paris, mais aucun vol direct. Les routes les plus fréquentes sont via Hong Kong, Dubaï et Sydney, selon qu’il s’agit de Cathay Pacific, Emirates ou Quantas. Il faut compter entre 1000 et 1500 euros en classe économique pour un aller-retour. Quelle monnaie? Le dollar néo-zélandais vaut 0,50 euro. Quelle langue? Officiellement la NouvelleZélande est un État bilingue, mais dans les faits 98 % de la population parle anglais, et il faut faire des efforts pour trouver ceux qui parlent encore le maori. Quel climat? Exactement celui de la France, mais inversé. Où se renseigner? Office de tourisme de NouvelleZélande: 7 ter, rue Léonardde-Vinci, Paris XVIe. Rens.: 01. 45. 00. 24.11 et www.newzealand.com


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Reportage

L’île mystérieuse ◆

par Humbert Rambaud

Beauté des paysages, dureté du climat, gibiers magnifiques… L’Écosse et l’île de Lewis n’ont pas failli à leur réputation. Surtout quand on l’affronte au chien d’arrêt.

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la veille au soir ? Au loin, ces moors, objets de toutes nos attentions, sont revêtuesd’unerobecurieuse,ilsnesont plus tout à fait ocre, mais légèrement teintés d’un voile gris, par certains endroits très délavés. « C’est de la neige. Je n’ai jamais vu cela à cette saison ».Luc, le grand ordonnateur de notre aventuredanslesîlesbritanniques,n’estpas révolté, encore moins anéanti, il est simplementrésigné.Maisilenfaudrait beaucoup plus pour ne pas le faire sortir. « Messieurs,le devoir nous attend.Les bécassines et les grouses sont bien dehors » : le ton se veut enjoué,mais toute sa silhouette, engoncé dans un tweed du meilleur effet, dit le contraire. « Cela va être un enfer », dit-il à voix basse, sans doute pour ne pas affoler davantage nos amis. Les amis en question ne savent plus quoi penser, ou en tous les cas, n’osent plus rien dire! Àcetavocatpromis–etarrivé–aux plushautesdestinées,etàcetagentimmobilier tout en discrétion et en puissance,la moustache avantageuse,mais d’uneélégancetoutebritannique,nous

leur avions présenté un tableau idylliquedel’Écosse:l’aboutissementd’un rêve, d’une vie cynégétique, une légende incommensurable,les dernières terres sauvages d’Europe,un mode de chasse unique –au chien d’arrêt – où la notion de sport cher aux Anglais prend toute sa dimension,pour un gibierréellementmythique–legrouse… Pour ajouter un peu plus de dépaysement,nous les avons emmenés sur l’île de Lewis,sur les Hébrides extérieures, une des cent trente îles écossaises… Nous avions même cité, dans une grande envolée lyrique,ce qu’écrivait WilliamArkwrightàproposdecepays: « Comme gaîté,cela dépasse tout »… L’humour a des limites, doivent-ils secrètement penser. À leurs regards, à leur silence –et parce qu’ils sont bien élevés–, ils nous prennent pour de mauvais Gascons, des tartarins aux petits pieds, des bonimenteurs de la pire espèce! D’autant plus que,pour arriver, ce n’est pas un voyage qu’ils ont dû affronter mais un calvaire… de plus de 24 heures! >>

TYPIQUE MOOR DE L’ÎLE DE LEWIS, AVEC CE SAVANT MÉLANGE CE REPAIRE DE GROUSES

DE TOURBE, D’EAU ET DE LANDES INFINIES.

ET DE BÉCASSINES NE PARDONNENT RIEN AUX CHASSEURS TANT LA NATURE DU TERRAIN SE RÉVÈLE TRÈS VITE ÉREINTANTE.

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ARNAUD DE CHAISEMARTIN

◆ N

ousregardonsparlafenêtredu lodge et déjà le moral est en berne. L’Écosse,murmure-t-on,celle faite de pierre, de tourbe, de landes infinies et de brouillard,est toujours inquiétante, presquedésespérante.Là,elles’estsurpassée. On a beau être rompu à ces tempschangeants,impossibles,onreste toujours surpris par ses caprices, où les plus faibles sont impitoyablement dévorés… En cette fin du mois d’octobre,dans ce jour qui peine à se lever, c’est un spectacle de désolation qui se dresse devant nous. La grêle frappe contre les carreaux, sans pitié, suivie dans les secondes qui suivent,de pluies battantes…dansuncielbas,lourd,tourmenté.Tout respire le froid et l’humidité.Tout ruisselle, dégouline… Si on lève les yeux, sur l’unique route, nous ne comprenons pas pourquoi les voitures roulent lentement commearrêtées,freinéespardesforces obscures et invisibles. Est-ce nos cerveaux embrumés par les vapeurs d’un savoureux whisky, à qui nous avons fait un hommage un peu trop appuyé


Le silence, le vent, le froid, l’Écosse

LA NEIGE ÉTAIT LÀ… NOTRE LODGE SE RÉVEILLE AU PETIT MATIN APRÈS UNE TEMPÊTE DE NEIGE ET DE GRÉSILLE. POURTANT NOUS NE SOMMES QU’À LA FIN DU MOIS… D’OCTOBRE. CI-DESSOUS, JOACHIM, PIERRE ET ARNAUD ARPENTANT LE MOOR. UNE ÉPREUVE PHYSIQUE.

par soupirer Stéphane sur l’aéroport de la principale ville de l’île de Lewis. Entre le grouillement de Roissy et Lewis, le choc est brutal. Sur la route quinousamèneaulodge,àunevingtaine de kilomètres de Stornoway,peu ou pas de voitures, le silence, le calme, le vent, avec de temps à d’autres, pour nous rappeler qu’il y a quand même des êtres humains, des maisons qui transpirent PHOTOS : ARNAUD DE CHAISEMARTIN - HUMBERT RAMBAUD

La veille aux aurores, nos amis Arnaud et Stéphane avait essuyé les plâtres d’une nouvelle organisation d’embarquement à Roissy-Charles-de-Gaulle, lejourdesvacancesdelaToussaint.Deux heures d’attente dans une ambiance d’exodeetdesauve-qui-peut,pours’entendre dire que le vol pour Édimbourg était complet. Et dire que c’est pour « fluidifier » le traficavaientexpliqué,sansvergogneaucune,les hôtesses! Vociférations,hurlements,menaces,rienn’yfit;aprèsmoult palabres et l’ingéniosité d’Arnaud, nos amis avaient pu finalement embarquer pour un autre vol en fin d’après-midi, passer une nuit à l’hôtel à Édimbourg (sans dormir pour ne pas rater le vol le lendemain matin pour Stornoway !). « C’est vraiment le bout du monde », finit

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la pauvreté, et les panneaux de signalisation en gaélique. Sur les moors que nous regardons, des pierres levées témoignentquel’îleesthabitéedepuisl’ère préhistorique, avant d’être colonisée par les Vikings au XIIIe siècle. À Garynahine, à la vue du lodge, nos amis semblent rassurés: ils ne dormiront pas dans quelques maisons de berger insalubre, au bord de cette côte où viennent se fracasser les vagues de l’Atlantique.Il est l’une de ces maisons de maître, construites à la fin du XIXe siècle,danslepluspurstyleédouardien. C’est un savoureux mélange d’un raffinement extrême et d’une rusticité de bon aloi. On sent, on voit que cette demeure a été conçue par et pour la chasse.Avec ces oiseaux naturalisés, ses gravures,sonambianceàlaEdwinLandseer,onsetrouvetransportédansunautre monde.Devant nous,on croit entendre la voix du major Matheson. LemajorJamesMatheson!Sanslui, nous ne saurions pas là.On a de la peine à l’imaginer mais l’île de Lewis lui a appartenu pendant fort longtemps –de 1850 à 1880–, ce qui représente un domainetrèsexactementde404000acres (environ 180 000 hectares) ! Certes, même s’il était grand chasseur et grand pêcheur,il n’avait pas besoin d’une telle surface.Aussi,divisa-t-ill’îleenplusieurs domaines,construisitdeslodgespourles louer,dont celui de Garynahine.Le pa-


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Le silence, le vent, le froid, l’Écosse radis des chasseurs et des pêcheurs. À telle enseigne que Lewis passait pour ce qui se faisait de mieux en termes de chasseetdepêcheausaumondanstoute l’Écosse,notamment pour la chasse devant soi. Il faut dire que James Matheson n’avait pas lésiné sur les moyens,en particulier pour la garderie.Il n’y avait pas moinsde35gardesàtempscomplet,sans compter les guillies (pour la pêche), et les poneys’man, amenés et payés par les locataires. En fait de locataires, on peut difficilement faire mieux avec, entre autres,lafamilleroyaledesIndes,quidébarquera chaque année de leur yacht pendant la saison de chasse,avec armes, bagages,personnel,setters etpointers… Hélas, tous ces domaines furent en grande partie éclatés après la Première Guerre mondiale… Cela reste tout de même raisonnable puisque, à Garynahine, aujourd’hui entre les mains d’un riche industriel londonien, nous allons évoluer sur près de 6000 hectares… Une chasse dans ces moors ne supportepaslamoindreimprovisation.Pour un profane, voir ces milliers d’hectares de landes et de tourbe sans âme qui vive, a quelque chose de rebutant, d’écœurant, d’autant plus que pour ce périple,

aucungardenousaccompagnera,lepropriétaire ayant congédié le dernier, et le nouveau n’étant pas encore arrivé.Heureusement,Lucconnaîtsonaffaire.C’est un homme des moors par excellence : il a exploré presque chaque recoin de l’Écosse, après des dizaines de séjours,

ne vivant que par elle et pour elle, le grouse.Bref,toutcequisetrouveendessous des îles britanniques est dangereux et suspect à ses yeux. Au fond, s’il fallait le qualifier, ce serait de celui d’esthète. Pour lui, la chasse se conçoit exclusivement comme un opéra sauvage,

UNE CHASSE DANS LES MOORS NE SUPPORTE JAMAIS LA MOINDRE IMPROVISATION TANT CETTE IMMENSITÉ DE TOURBE ET DE LANDES PEUT DONNER LE VERTIGE.


PHOTOS : ARNAUD DE CHAISEMARTIN - HUMBERT RAMBAUD

où la beauté est forcément de la partie. Beauté du paysage, beauté du gibier, orchestré par le travail des chiens. Là encore, chacun doit être à sa place, selon une conception toute britannique:auxchiensd’arrêt d’arrêter, aux retrievers de rapporter.À chaque voyage, c’est une“meute”qu’il emmène: pas moins de six setters irlandais, un labrador et un golden retriever. Pour l’heure, dans le gun room,imprégnéd’humidité, de graisse, de l’odeur de chienmouillé,nousscrutons lacartesurundesmurslambrissé: Luc a choisi le haut du domaine.Dehors,le grésille redouble,nous sommes déjà trempés, mais ce n’est rienparrapportàcequinous LA BEAUTÉ ET L’ENVOÛTEMENT attend.Seule consolation: à cette époque, il n’y a pas de FRANÇOIS ET L’UN DES SETTERS. PAGE DE GAUCHE, midges, ces épouvantables EN MONTANT SUR LE MOOR, UN BERGER ET SES MOUTONS moucherons piqueurs, qui, ET LA FINE ÉQUIPE DE CHASSE. AU CENTRE, LUC, en été, prennent un malin UN PASSIONNÉ DE L’ÉCOSSE ET DES GROUSES. “BREF, plaisir à s’attaquer à vos POUR LUI, TOUT CE QUI SE TROUVE EN DESSOUS DES ÎLES oreilles et à votre nez… BRITANNIQUES EST DANGEREUX ET SUSPECT…” À la sortie du village, malgré les essuie-glaces, on ne voit pas à trente mètres.Le moor nous apparaît, brutal,hostile.Àquelquesmètres,nous apercevons des éleveurs de moutons, emmitouflés et grelottant dans les parkas,bonnets sur la tête,qui tentent de rassembler leurs bêtes. Nous montons toujours,il n’y a plus rien,ni personne. Avec ce grésille, cette neige, il est bien difficile de repérer les endroits qui peuvent faire office de parking.Cette fois,nous y sommes sur ce moor.Luc rappelle à chacun la stratégie : on reste groupé à ses côtés pour ne pas perturber les chiens dans leur quête, on ne monte qu’à deux sur les arrêts,on ne met les cartouches qu’au dernier moment et on ne tente pas de faire des doublés. Le froid cingle nos visages, d’autant plus que nous avons vent de face, les tourbillons de neige sont maintenant à l’horizontale. Pierre, Joachim, François, les enfants qui nous accompagnent, ont la lourde charge de tenir les chiens. Ils sont –et feront preuve– d’un stoïcisme à toute épreuve… Luc

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Le silence, le vent, le froid, l’Écosse TERRE DES GROUSES LUC FAIT COULER UN DE SES SETTERS

SUR UN GROUSE, À SES CÔTÉS, SON GOLDEN RETRIEVER.

DANS QUELQUES INSTANTS,

L’OISEAU SERA BLOQUÉ, ET PARTIRA

DANS UN FRACAS D’AILES.

PAGE DE DROITE,

PHOTOS : HUMBERT RAMBAUD

UN GROUSE, LE GIBIER MYTHIQUE DE L’ÉCOSSE.

NOUS ENTENDONS UN GRAND CRI QUELQUES MÈTRES DERRIÈRE NOUS : LE MALHEUREUX ARNAUD VIENT DE TOMBER DANS UN TROU… ENFONCÉ JUSQU’À LA TAILLE. ne nous cache pas que ce serait un miracle si ses chiens parvenaient à bloquer un grouse ou des grouses. « Avec de tel vent,les chiens ne parviennent pas à saisir les émanations.De plus,les oiseaux sont très méfiants et fuient à la moindre alerte.» Dans ce temps apocalyptique, Luc a choisi Badger, jeune setter irlandais qui, malgré ses 2 ans, a déjà une

solide expérience de l’Écosse. Le grésille nous gifle maintenant le visage et, pour éviter les bourrasques,nous avançons tête baissée. Difficile ainsi de distinguer les lacets du chien. Au bout de dix minutes, nous entendons un grand criquelquesmètresderrièrenous:lemalheureux Arnaud vient de tomber dans untrou…Enfoncéjusqu’àlataille,notre

infortuné compagnon parvient à s’extirper de cette tourbe si fourbe.Arnaud, qui grelotte de froid, décide finalement de regagner les voitures. Tandis que sa silhouettedisparaîtdansunetempêtede neige,Stéphanelâchesobrement:«Sij’ai bien compris,c’est une chasse par élimination ? » Nous échangeons un sourire et reprenons la marche. Luc en tête avec Satin, son labrador noir sur les talons, parfaitement dressé à l’anglaise, qui prend bien soin de ne jamais dépasser son maître… Les setters font de leur mieux mais quand il n’y a rien… Une heure et demie s’écoule et après une grandeboucleautourd’unloch,nousrevenons aux voitures, la mine basse, les joues rougies par le froid,les chiens sont aussi cramoisis que les hommes. C’est aussi cela l’Écosse, des jours impossibles où tous les éléments se liguent contre nous. Nous redescendons vers le lodge, croisons les éleveurs de moutons, quelques vaches, dont les célèbreshighlandcattle,auxlongspoilscaractéristiques,etaucaractèredifficilediton. Sur ces petites routes, mieux vaut ne pas croiser d’autres véhicules,même silesconducteursbritanniquessonttou-


® FAUSTI Fine Italian Shotguns since 1948

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DEA Round Body

GAMMA

jours d’une extrême courtoisie. Le retour vers la chaleur du lodge, où du thé brûlant et un pudding roboratif nous attend,nous remet un peu de baume au cœur.Cette fois,la neige a cessé mais le vent, toujours aussi froid, n’a pas faibli. De nos fenêtres, le moor apparaît un peu plus civilisé, Luc, lui, reste toujours aussi dubitatif sur nos chances de succès. Nous repartons vers une autre partie du domaine, non loin de là où nous étions ce matin.C’est Golden Eagle qui entre en lice, vieille setter de 9 ans, au moteur indestructible. C’est son… vingt-septième séjour en Écosse. Les grouses sont désespérément absents. Nousmarchonsindéfiniment,escaladantlesmonticules de tourbe, franchissant des centaines de petitscratères,toutensuivant du regard la quête deschiens.Onacoutume dedirequelemoorestséduisant sous tous ses aspects,sous le soleil,le gel, la pluie, dans le silence et la solitude. Là, on se sent vraiment seuls… Soudain,Luc lève le bras et pointe de sa canne sculptée en bois de cerf en direction de sa chienne. À une centaine de mètres, elle s’est immobilisée, puis repart, coule à grande vitesse. Nous suivons tant bien que mal Luc qui nous dit dans un souffle: « C’est un vieux coq. » Arnaud et Stéphane sortent les fusils de leur housse, chargent. Golden Eagle repart à nouveau, pour s’immobiliser dans un arrêt cataleptique,à une vingtaine de mètres.«Vite,vite,il va se lever.» À peine Luc nous a-t-il prévenus que nous entendons « raak… raak… », le cri du grouse qui se lève.Immédiatement,il prend le vent, etfilesurlemooràunevitessevertigineusemalgrélesquatre coups de fusil.Nous sonnons la retraite,dépités,mais Luc nous rassure que de toutes les manières, nous n’aurions rien pu faire… C’est avec un plaisir certain que nous retrouvons de nouveau le lodge,et le dîner savamment préparé par Élizabeth,notre cuisinière.Visiblement,elle ne rechigne pas sur les quantités, ni sur le crème. Nous faisons honneur au fameux et redoutable haggis,la panse de brebis farcie.Pierre et Joachim, pour qui l’Écosse est une première,laissentparaîtreunemineprudente, c’est tout juste s’ils ne reniflent pas le haggis, qu’ils finiront par dévorer. Les agapes se poursuivront dans le salon du premier étage, entièrement dédié à la chasse, en devisant sur les mérites respectifs des différents whiskys… Le lendemain,les dieux sont avec nous: pas de pluie, presque pas de vent, quelques timides rayons de soleil.Cette fois,nous partons à l’opposé d’hier.Le

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Le silence, le vent, le froid, l’Écosse UN PEU DE STRATÉGIE

LUC EXPLIQUE À ARNAUD LA STRATÉGIE… CI-DESSOUS, BADGER À L’ARRÊT APRÈS AVOIR COULER PRÈS DE DEUX CENTS MÈTRES. DU TRÈS GRAND SPORT. QUELLE ÉPREUVE POUR LES NERFS ET LES JARRETS DANS PHOTOS : ARNAUD DE CHAISEMARTIN - HUMBERT RAMBAUD

LE

terrainàexplorer–environ300hectares– est en montant,toujours à perte de vue. Luc est flanqué pour cette matinée de son jeune golden retriever Faust. Il a découplé Doggey, jeune setter irlandais.Dès les premiers mètres,nous sentons que le moor va être difficile et d’une traîtriseabsolue.Surdescentainesetdes centainesdemètres,cen’estqu’unesuccession de petits monticules, parsemée de petits trous d’eau. « Ce n’est pas possible, c’est Verdun », observe Stéphane,

le souffle un peu court. Monter, descendre, descendre, monter, dans un soleil rasant, avec ces immensités à perte de vue,nous sommes vraiment dans un autre monde. « Arrêt ! » À 150 mètres, sur notre gauche, Doggey est en effet, totalement immobile, dans l’attitude d’une panthère prête à bondir. 150 mètres, ce n’est rien en terrain normal, mais sur un moor, c’est une épreuve… avec ces centaines de mottes de terre recouverte de lichen,de

“FLOW GROUND” COMME SE PLAISENT BRITANNIQUES.

À LE DIRE LES

latailleetdelaconsistanced’uneéponge de bain.C’est ainsi que nous arrivons le soufflecourt,hébété,auxcôtésduchien. Arkwright n’a pas tort quand il parle «d’uneagilitéinstinctivepourtriompherdes aspérités du terrain ». Luc lui demande de couler,il avance de quelques mètres. C’est certain, le ou les grouses sont là. Soudain,ilromptsonarrêt,avanceàtoute vitesse, pour reprendre son arrêt quelques mètres plus loin. Cette fois, le oulesoiseauxsontbloqués.Dansunfracas d’ailes, deux oiseaux partent, Stéphane et Arnaud ont la joie de les voir tomber,et de les soupeser après un rapport impeccable de Faust. Le grouse est vraiment un gibier splendide, avec ses pattes emmitouflées de blancs, son plumage marbré de brin et de roux… Là, il n’y a pas l’ombre d’un doute: ces oiseaux-là sont mérités. Car, en cette saison,lesgrousesontdel’aile,delapuissance: sous ses latitudes, il vaut mieux grandir vite pour ne pas périr! La quête repart. Cette fois, c’est Perdreau qui entre en action.La marche est tout aussi délicate. On ne peut qu’admirerletravaildusetter,battant régulièrementsonterrain.Onserend compte qu’il faut des chiens qui aient de l’entreprise sur ce type de moor car,là,sur l’île de Lewis, ce ne sont pas les densités de grouses que l’on peut trouver dans leYorkshire,où se donnent des battues presque miraculeuses (ainsi dans un domaine de 9 000 hectares, il est tiré chaquesaison…plusde12000 oiseaux!),en raison d’un“jardinage”du territoire (c’est-àdireunbrûlageannuelafinque les grouses puissent trouver desjeunespoussesdebruyère, leur nourriture exclusive). Cette chasse ne sera qu’une longuesuitedepériphéries.Le plusdurétantdesituerlechien, sarobeetlemoorseconfondant totalement. Un instant d’inat-


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PHOTOS : ARNAUD DE CHAISEMARTIN

Le silence, le vent, le froid, l’Écosse

tention,et vous ne le trouvez plus.C’est d’ailleurs ce qui se passe en ce moment. Nous avons beau scruter l’horizon, on ne voit rien. « Il est sûrement à l’arrêt », nous dit Luc.Tout à coup, nous l’apercevons, encore loin, immobile, au bord d’un fossé qui surplombe un gros ruisseau.Arrivé à sa hauteur, il coule, coule sur encore près de deux cents mètres. STÉPHANE EN TRAIN DE TIRER SA BÉCASSE ET LE LABRADOR SATIN AU RAPPORT DE CETTE MÊME BÉCASSE. “L’AFFAIRE ÉTAIT DE TOUTE BEAUTÉ ET BIEN FAITE.” PAGE DE DROITE, GROUSE EN VOL.

Quelle épreuve pour les nerfs et les jarrets dans le “flow ground” comme disent les Britanniques! Une chose est sûre,par ce temps,les grouses sont fuyantes, qui plus est, il semble bien que les densités y soient moindres.Nous le remarquerons un matin, en chassant directement derrière le lodge.Ilyaquelquessaisons,nouslevions

nombre de grouses, mais aujourd’hui, nous lèverons péniblement deux ou trois oiseaux. Nous apprendrons quelques joursplustard,parlegardevoisin,quigère un somptueux domaine (« Là-bas, ce n’est plus la sauvagerie mais la supersauvagerie », témoignera Luc), que le fils du propriétaire a un peu trop “écorné” le cheptel,il a tiré les oiseaux les plus com-


La chasse aux bonnes affaires

*Jean-Pierre PAPIN est équipé en :

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modes, près de chez lui… Aussi, pour les prochaines journées,nous décidons d’aller sur les extrémités du domaine. Nous verrons encore une fois un spectacle à nul autre pareil, une variété de faits sans nombre. Des arrêts somptueux que cela soit sur des grouses ou sur des bécassines, quelques oiseaux dans le sac, quelques loupés monumentaux et des images que l’on ne trouve qu’en Écosse,comme ce jour où, dans le lointain, nous apercevons sur un rocher un… aigle royal. C’est toujours et encore des actions des chiens.C’était le long de la route.Soudain,presque arrivés aux voitures,Badger,en laisse,prend une émanation (nous apprendrons par la suite que le grouse se tient souvent le longdesroutescariltrouvelegritnécessairepourunebonne digestion). Luc le lâche, tombe rapidement à l’arrêt, puis rien,repart à nouveau en montant sur le moor.« Il se trompe. Les oiseaux ont doublé leurs voies.Je suis sûr qu’ils sont redes-

cendus vers la route. » Luc est formel, il appelle son chien, lui montre la voie supposée.En moins d’une minute,Badger est à l’arrêt devant deux oiseaux. Luc ne s’était pas trompé… Il a une telle connaissance de ses chiens qu’il sait parfaitement quand il est à l’arrêt, si l’oiseau est tranquille ou inquiet. Quelle joie de tenir un grouse entre ses mains.Ce n’est pas Joachim qui dira le contraire, lui qui a eu l’insigne honneur, de tirer son premier grouse à 16 ans, qui plus est à une distance fort respectable, avec un père encore plus content que le fils. Ce n’est pas non plus Stéphane qui peut dire que l’Écosse est insipide. C’était l’un des derniers jours. Le moor, une fois n’est pas coutume, était accueillant: du vent juste ce qu’il faut, un joli soleil, nous venions de tirer deux grouses, le moral était au beau fixe. Soudain, surgi de nulle part, un oiseau arrive de face, nous sommes surpris, car il ne ressemble pas à un grouse. Et pour cause: c’est une bécasse! D’ailleurs,nous sommes sidérés par la lenteur de son vol… comparé à celui du grouse! Nous apercevant, elle vire sur l’aile et se pose 150 mètres devant nous.L’occasion est trop belle.Luc lâche Kelly qui, très vite, est à l’arrêt. La bécasse part, et tombe sous le coup de fusil magistral de Stéphane. Le rapport de Satin est impeccable… L’affaire a été de toute beauté et bien faite. Mais que venait donc faire cette bécasse sur ce moor? C’est l’un des mystères et pas l’un des moindres de l’île de Lewis. ◆

Jours de C HASSE ◆

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Découverte ◆ par Bruno de Cessole

“Taïaut ! Le renard sort de la ronce” ENTHOUSIASTES ET PERSÉVÉRANTS, LES JEUNES VENEURS DU L’ÉQUIPAGE DE

BELLANDE

RÉHABILITENT LA CHASSE À COURRE DU RENARD À LA FRANÇAISE.

PHOTOS : ÉQUIPAGE DE BELLANDE - AUSLOOS HENRI/SIPA

L

a chasse à courre du renard relève-t-elle de la vènerie et, plus spécialement, de la vènerie française? La question a été posée par un certain nombre d’auteurs cynégétiques depuis le XVIIIe siècle, et a suscité des réponses contradictoires. La plus répandue est que le renard est à peine digne d’être considéré comme animal de vènerie. Avec un dédain non dissimulé,Le Verrier de La Conterie dans son École de la chasse aux chiens courants (1763) écrit que la chasse du renard,indispensable pour qui veut conserver sa basse-cour et son gibier, est juste « amusante pour cette espèce trop commune de chasseurs qui n’ont pour tout savoir que la faculté d’ouvrir les oreilles au bruit des chiens ». En une formule tout est dit: « la

chassedurenardsurterreestvéritablementcelledesmauvaischiens et des mauvais chasseurs ».Fermez le ban! Quelles raisons à ce mépris écrasant ? Selon notre auteur, voilà une chasse sans difficultés, partant, sans intérêt. L’animal est si puant que n’importe quel corniaud peut empaumer sa voie ; puis, il se fait chasser de si près qu’il ne lui est pas possible de se dérober aux chiens; d’autre part, l’éventail de ses ruses est des plus étriqué,ellessebornent,leplussouvent, à quelques retours ou hourvaris, peu susceptibles d’occasionner le plus léger embarras. à tenir le fort dans un roncier,ou à prendre l’eau. En revanche, la chasse du renard sous terre,avec des bassets,est plaisante et ordinairement couronnéedesuccès.Trouveégalementgrâce aux yeux du veneur normand,la manière de le chasser à tir avec des briquets,en se postant,à bon vent, le long de ses refuites habituelles. En dépit de ce peu de considération,La Conterie condescend, toutefois, à exposer les règles à suivre pour forcer un renard avec des chiens d’ordre. À cette fin, il faut former un équipage de petits chiens de 17 à 18 pouces,vigoureux et entreprenants.Nul besoin de piqueux: « le premier petit valet qui sait sonner,crier et piquer au fort » est suffisant.Son ignorance, ajoute méchamment notre auteur, vous le conservera ! Cependant,un renard étant pour le moins aussi endurant qu’un cerf, il convient de diviser la meute en trois parts égales que l’on fera relayer à propos en cours de chasse. Dans les jours

JEUNE RENARD, FUTUR BRACONNIER. PAGE DE GAUCHE, ALEXANDRE DE BEAUDIGNIES, L’UN DES DEUX JEUNES MAÎTRES DE L’ÉQUIPAGE DE BELLANDE.

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E DE BELLANDE PHOTOS : ÉQUIPAG

“Taïaut !Le renard sort de la ronce”

TROIS MOMENTS DE LA CHASSE AU RENARD : À DROITE, LES CAVALIERS FOULENT UNE ENCEINTE AVEC LES CHIENS. CI-DESSUS, UN VENEUR EN OBSERVATION EN HAUT D’UNE CÔTE. CI-CONTRE : MAGNIFIQUE SPECTACLE QUE CELUI DES ANGLO-FRANÇAIS TRICOLORES, LE NEZ COLLÉ À LA VOIE, SUR UNE PASSERELLE.

jourd’hui – du texte de Le Verrier de LaConteriedontils’estcontentédemoderniserlestyle.Écoutonscequ’ilendit: « le renard n’est pas,à mon avis du moins, un animal de vènerie,parce que,habitant sous terre et ne pensant qu’à se terrer quand ilestchassédepuisquelquetemps,onnepeut considérer sa chasse comme étant de la vènerie,puisqu’il peut se soustraire à la poursuite sans qu’il y ait faute des chiens ou des hommes. Cependant, sa chasse est si répandue chez nos voisins anglais que quelques veneurs français essayent de temps en temps de les imiter et il peut être utile d’en dire un mot.Toutefois,je serai court,imitant en cela nos maîtres en vènerie,qui ont toujours dédaigné cet animal et l’ont considéré comme bon tout au plus à chasser avec quelques briquets et bassets ». Parmi les rares considérations originales de Le Coulteux de Canteleu, relevons qu’il recommande les chiens anglais, vitesetperçants,commelesplusappropriésàcetypedecourre. Encore faut-il – comme les renards hexagonaux se tiennent dans des bois fourrés où ils se font battre longtemps et débuchent rarement – les choisir parmi ceux qui ne redoutent pas trop les épines et les ronces… À propos de la ruse consistant, pour le renard, à se vider quand les chiens le serrent de trop près, Le Coulteux se montre sceptique. La vraie raison de la mollesse des chiens,en certains moments,étant due,selon lui,aux ruses dans les fourrés.Et de conclure: « Mais,encore une fois,la chasse du renard n’est pas une chasse de vènerie.» Entendez : le sport préféré de nos amis britanniques tient davantage du cross-country ou du point to point que de la chasse… >>

qui précèdent le courre, La Conterie préconise, si l’on est dans un pays où les terriers ne sont pas trop nombreux, de faire boucher tous ceux dont on aura connaissance, de façon à lancer l’animal au bois en découplant au début un ou deux limiers d’expérience. Lerenardlancé,ondécoupleralameutesurlavoiechaude, et,une heure après on fera donner le relais.S’il n’a pu se forlonger ou se terrer,le renard,dit notre auteur,aurait coutume de se vider, de sorte que la plupart des chiens, rebutés par cette insupportable odeur, mettraient bas ou ne chasseraient plus que mollement. Si ce “puant remède” se révèle inefficace, l’ultime ressource de l’animal serait de se jeter à l’eau, dans une rivière ou un étang,ou de se terrer sous une souche ou une cavité, d’où, le corps abrité, il tient tête courageusement aux chiens. Force est alors de le déterrer avec des pioches et des pelles. Seuls mérites reconnus au courre du renard par l’École de la chasse au chien courant : c’est une chasse utile,et peu coûteuse,mais bien moins efficace et distrayante que le déterrage. Un peu plus d’un siècle plus tard, un autre grand veneur et auteur cynégétique, normand lui aussi, Le Coulteux de Canteleu, ne dit guère autre chose. Au vrai, son chapitre XVIII sur le renard est un démarcage sans scrupule – un simple “copier-coller” dirait-on au-

POUR LE VERRIER DE LA CONTERIE,“LE RENARD N’EST PAS UN ANIMAL DE VÈNERIE, PARCE QUE, HABITANT SOUS TERRE ET NE PENSANT QU’À SE TERRER […], IL PEUT SE SOUSTRAIRE À LA POURSUITE SANS QU’IL Y AIT FAUTE DES CHIENS”. 96

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“Taïaut !Le renard sort de la ronce”

CI-DESSUS, LANCÉ, MAÎTRE GOUPIL DÉBUCHE À DROITE, LA MEUTE EN PAQUET SUR SA VOIE. CI-CONTRE : UNE DE SES RUSES PRÉFÉRÉES : PRENDRE L’EAU DANS

à bon escient. Salnove, il convient de le noter, est le seul à faire observer que si la voie du renard est très forte elle est aussi très fugace, comme il est l’un des rares auteurs à considérer sa chasse comme faisant pleinement partie de la vènerie.Il faut attendre le XXe siècle et R.Vilatte des Prugnes pour entendre le même son de cloche. Celui-ci,dans lesChassesàcourrejuge qu’il s’agit d’une «chasse fort émouvante et qui nécessite de grandes connaissances cynégétiques » car « plus intelligent que le loup et le sanglier,le renard se pose en rival du chasseur,et joute avec lui d’adresse et de ruses ». Tous les chiens, selon lui, chassent le renard avec plaisir, mais les meilleurs,pour ce courre,sont les fox-hounds,« vites et perçants, à la patte nerveuse, et à l’odorat très fin » qui ne sont pas rebutés par les ronciers. Si toutes les chasses se ressemblent peu ou prou, celle du renard, ajoute Vilatte des Prugnes, offre le plus de surprises, car Maître Goupil dispose de moyens de réserve et « accidente chaque fois d’une façon imprévue les grandes règles invariables qu’il suit quand on le force ». Entrecesopinionscontradictoires,àquiaccordercréance? Depuis une vingtaine d’années,environ,la vènerie du renard s’est développée en France, dans une voie très différente du fox-hunting britannique. À telle enseigne qu’une quarantaine d’équipages de renard, prélevant environ quatre cents animaux par an, se sont formés, regroupant, souvent, des chasseurs à tir aux chiens courants qui ont choisi cette manière de chasser comme plus difficile, plus écologique, et plus excitante,ou de jeunes chasseurs,séduits pour les mêmes ÉQUIPAGE DE BELLANDE

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Tel n’était point, pourtant, le sentiment d’un veneur plus ancien,qui fut officier de la vènerie de Louis XIII puis de celle des Savoie : Robert de Salnove. Dans sa Vènerie royale, publié en 1655, cet émule de Du Fouilloux opine, tout à l’encontre,que le courre du renard est une vraie chasse de vènerie,et qu’il revient à Louis XIII de l’avoir « mise dans son plus haut lustre ». À l’en croire, ce roi fut le premier veneur à avoir forcé“cette bête rusée”avec des chiens courants et non avec des bassets,comme cela se pratiquait auparavant. Il fut aussi l’inventeur d’une fanfare particulière pour le terré du renard. Et Salnove de rendre hommage à “Louis le Juste”pour avoir introduit l’usage de détourner Maître Goupil avec des limiers, au lieu de l’attaquer dans son terrier, et d’avoir conçu, pour ses déplacements, un charriot spécial, afin de transporter à la fois les chiens,durant les saisons où la terre est rude,et l’équipement nécessaire à cette chasse: panneaux (à placer devant les terriers ou devant les refuites), pioches, bêches et pelles. Après avoir détourné l’animal de chasse avec des limiers et marqué la brisée, le mode de chasse, selon Salnove, est le même que pour le loup. La difficulté, si le renard ne se terre ou s’il ne se fait battre dans des fourrés épineux, est le débucher,d’où la nécessité de faire donner le relais de chiens

PARMI TOUS LES MAÎTRES ANCIENS DE LA VÈNERIE, SEUL ROBERT DE SALNOVE, QUI FAIT AU ROI LOUIS XIII LE CRÉDIT D’AVOIR “INVENTÉ” L’ART DE FORCER LE RENARD AVEC DES CHIENS COURANTS, TIENT CETTE CHASSE POUR DE LA VÈNERIE. 98

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“Taïaut !Le renard sort de la ronce”

LE RENARD AFFECTIONNE LES RONCIERS ET LES FOURRÉS IMPÉNÉTRABLES. QUAND IL LE PEUT, IL CHERCHE À SE TERRER. C’EST LE CAS CETTE FOIS, IL VA FALLOIR LE DÉLOGER

intéressés par le projet, quelque vingtcinq à trente boutons furent vite réunis. Tous n’étaient pas chasseurs, et moins encore veneurs, mais l’enthousiasme était au rendez-vous. Pourquoi le choix du renard ? « C’était, répond Alexandre de Beaudignies, une vènerie peu implantée dans la région du Perche et duVendômois,il n’existait qu’un seul équipage dans le nord du département d’Eure-etLoir. De surcroît, ce type de chasse est mieux accepté par les locaux que la vènerie du sanglier et même du lièvre,car le renard est considéré comme un nuisible.» Comme pour toute aventure qui commence, les débuts furent difficiles.Premier problème: former une meute et obtenir une attestation de la part de la Société de vènerie. En s’adressant à divers équipages amis (Pique Harloup,La Billebaude, Rallye Malpaire, Rallye Court Toujours, Rallye Les Grandes Oreilles, Rallye Chanteloup), Cyril et Alexandre de Beaudignies obtinrent, comme il est de bonne tradition en vènerie, une quinzaine de jeunes chiens et de chiens de réforme. Deuxième problème : mettre dans la voie du renard des chiens créancés sur d’autres animaux de vènerie, le chevreuil, le sanglier et le lièvre. Troisième difficulté : avoir des chiens en meute et aux ordres. Avec patience et détermination,nos veneurs“jeunement” multiplièrent les sorties quotidiennes. Tant et si bien qu’en deux mois les principaux objectifs étaient atteints. Mais il fallut attendre encore quelque temps pour que la première prise récompense les chiens et les efforts consentis par les membres de l’équipage, et plus encore pour que la meute

EN DÉFONÇANT LE TERRIER ET EN INTRODUISANT UN CHIEN DE DÉTERRAGE DANS SON ANTRE.

LA MEUTE SERA ALORS À NOUVEAU DÉCOUPLÉE.

raisons, mais aussi, parce qu’il s’agit d’une vènerie moins dispendieuse que celle du chevreuil ou du sanglier, plus rare que celle du lièvre ou du lapin. Et partout bien accepté, tant, depuis la vaccination antirabique,les populations de renards ont explosé. Tout jeune équipage – fondé en 2006 – et équipage de jeunes, la moyenne d’âge de ses membres, à ses débuts, étant de 25 ans, l’équipage de Bellande (tenue bleu de France parements jaune vieil or) doit sa création à la volonté et la détermination de deux jeunes veneurs, les frères Cyril et Alexandre de Beaudignies,alors âgés de 20 et 24ans.Si leurs parents chassaient à tir, il n’existait pas de tradition familiale de vènerie. Toutefois, à l’invitation de cousins chassant avec leRallyeMalpaire(unvautraitdécouplantenAnjou),ilsavaient suiviassezdelaisser-courrepourques’éveilleleurintérêtpour la vènerie, confirmé en suivant les chasses d’un équipage de lièvre, le Rallye Courre Toujours, puis celles d’un équipage de renard, le Rallye de la Vallée du Loir. Dès lors, pourquoi ne pas monter son propre équipage? Dans une ferme familiale, à Villebout, l’espace pour bâtir un chenil était disponible, et ils étaient assurés de pouvoir chasser sur invitation dans plusieurs territoires. Encore fallait-il avoir les moyens d’entretenir une meute… En battant le rappel de leurs amis

MOINS DISPENDIEUSE QUE CELLE DU CHEVREUIL OU DU SANGLIER, PLUS RARE QUE CELLE DU LIÈVRE, CETTE VÈNERIE EST PARTOUT BIEN ACCEPTÉE, TANT, DEPUIS LA VACCINATION ANTIRABIQUE, LES POPULATIONS DE RENARDS ONT EXPLOSÉ. 100

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“Taïaut !Le renard sort de la ronce”

L’équipage chasse indifféremment mâles et femelles, mais ne chasse pas les femelles en mars, moment où elles sont pleines. La plupart du temps, le renard est lancé sur terre, sinon sous terre en le faisant déguerpir de son terrier. L’attaque de meute à mort est privilégiée afin d’inquiéter d’emblée l’animal de chasse. La durée moyenne d’un laisser-courre est d’une heure et demie à partir du lancer de l’animal,et les parcours sont,en général,d’une dizaine de kilomètres.L’équipage prend une vingtaine de renards sur quarante sorties. « La première année,se souvient Alexandre, nos chiens ont pris quatre renards,puis huit l’année suivante.À partir de la troisième année le chiffre est monté très vite.Au moment de la prise,le renard est étranglé par les chiens.Particularité :nos chiens font curée chaude avec la chair du renard, à rebours de la plupart des chiens d’ordre qui n’y touchent pas.» Selon la nature du territoire, la chasse se fait ou bien à pied, avec seulement un cavalier, ou bien dans des milieux très couverts, à cheval (avec 4 ou 5 cavaliers) ; l’idéal, pour être le plus possible aux chiens. Le reste de l’équipage se répartit les tâches. « Tous les boutons, sont là pour chasser, c’est unechassetrèscollective,quidemandeuneforteimplication,comme dans une équipe de rugby.Il n’y a pas de piqueux.Cyril s’occupe des chiens durant la semaine,et me laisse ce soin du vendredi au dimanche. Une dizaine de chiots naissent par an, les uns sont donnés,les autres assurent la relève de la meute.Le type recherchéestl’anglo-françaisdepetitevènerie :unchienrapide,trèschasseur,fin de nez,ne rechignant ni devant les ronciers ni devant les difficultés.Nous découplons deux à trois fois par semaine et nous

soit vraiment créancée, après un nombre suffisant de prises. Pour avoirconnucesaléasetvérifiéd’expérience combien il n’est pas aisé de forcer Maître Goupil avec des chiens courants, Alexandre de Beaudignies est formel : non seulement le courre du renard appartient bien à la vènerie,mais c’est une vènerie bien moins facile qu’on ne pourrait le penser.Ses particularités ? « Bien sûr,la voie du renard est forte,facile à prendre par les chiens,mais elle est fugace,et se dissipe au boutd’unquartd’heure.L’animalesttrèsrapideetpeutseforlonger. Soit il prend d’emblée de l’avance et il perd les chiens,soit il attend la meute,maintient la distance nécessaire,et épuise les chiens jusqu’à la venue de la nuit. Il affectionne les ronciers et les fourrés impénétrables,où les chiens ont du mal à percer.Quand il le peut, il cherche à se terrer.Comme on ne peut boucher tous les terriers, la veille de la chasse,il faut avoir un chien de déterrage qui le fasse gicler,alors on découple à nouveau la meute ». Sans aller jusqu’à dire avec Villatte des Prugnes que le renardestuntacticienremarquable,sesrusessontnombreuses: il peut chercher à faire perdre sa voie en se mêlant à d’autres animaux (moutons, vaches…) ou en empruntant le bitume. Dèsqu’ilenal’occasion,ilseterreouseréfugiedansdesbuses. Onenamêmevuseterrerdansun“frigo”abandonné…Quand il est serré de près, il se réfugie volontiers dans des fermes, granges,écuries ou même sur un toit.Parfois,il cherche l’eau, ruisseau dont il descend ou remonte le cours, étang, sous les berges duquel il se met en quête d’une cavité d’où il puisse se défendre.

SUR QUARANTE SORTIES, L’ÉQUIPAGE DE BELLANDE PREND UNE VINGTAINE DE RENARDS PAR AN. LA DURÉE MOYENNE D’UN LAISSER-COURRE EST D’UNE HEURE ET DEMIE ET LES PARCOURS SONT, EN GÉNÉRAL, D’UNE DIZAINE DE KILOMÈTRES. 102

Jours de C HASSE ◆

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déplaçons quelquefois hors de notre région,en Bourgogne,en Bretagne ou en Anjou ». Cette fois-ci, c’est en Bourgogne, dans la Nièvre, que l’équipage de Bellande a été invité à découpler. Une fois les chevaux débarqués et les chiens ameutés, le rapport est donné en bordure de forêt. Il est 9 heures. Le temps est calme et humide.Les habitués de ces lieux expliquent qu’un gros renard est vu près du pare-feu depuis le début de la saison. Il est donc décidé de commencer par fouler cette partie et d’attaquer de meute à mort.Quelques instants après, les chiens rapprochent, traversent le pare-feu garni de fougères, prennent une grande futaie sur un bon kilomètre avant d’arriver sur un roncier. Ils trouvent la rentrée, le rapproché semble s’échauffer de plus en plus. À 9 h 30, c’est le lancer.Un renard se fait battre peu de temps dans les ronces puis prend son parti. Le bois est clair et il n’y a plus de ronces pour ralentir les chiens. La chasse va bon train et les récrits éclatent. Les chiens débuchent et rembuchent aussitôt – sans doute que l’animal de chasse a senti qu’il ne fallait pas sortir de la forêt, les chiens étant trop près pourraient l’avoir à vue,et rien n’aurait pu le cacher en débucher. Après plusieurs minutes d’une chasse rapide et intense, les chiens gagnent un gigantesque roncier de plusieurs hectares, en bordure d’un chemin ou de nombreux membres de l’équipage sont aux aguets depuis le début du lancer. Cet énorme roncier est presque impénétrable. Les chiens peinent à avancer et prennent du retard. Les récris se font de plus en plus rares jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul. La meute est en défaut. Les avants sont faits, un chien traverse le chemin, les boutons sont formels, rien n’est passé. Baliveau continue de travailler patiemment en longeant le fossé. La meute est rappelée pour l’appuyer.Tout en s’appliquant, elle arrive à proximité d’un autre gros fourré. Les premiers chiens rentrent quand soudain taïaut ! Le renard sort de la ronce en direction d’un terrier. Les chiens, furieux, grattent les trous tant qu’ils peuvent.Tout de suite,la meute est mise à l’écart, et un petit chien de terrier entre dans le trou. Déjàbienéchauffé,lerenardenressortaussitôt.Leschiens sont remis à la voie et la chasse repart très fort. L’animal prend quelques taillis bien denses pour ralentir les chiens, et fait hourvari dans sa voie chassée, Le train est rapide, sans un seul balancer. Puis notre animal traverse un chemin, fait une boucle, le retraverse, où il est vu. Les chiens lui soufflent au poil. Hallali courant et pris aussitôt. C’est un renard mâle, il est 10 h 50. Le parcours est estimé entre huit et dix kilomètres. La curée est faite sur place. Au paradis des veneurs – car Gaston Phbus est catégorique :tout veneur est assuré de sa place au Paradis – les mânes de Robert de Salnove doivent se réjouir. La vènerie du renard à la française a trouvé en l’équipage de Bellande de dignes mainteneurs. ◆

LES CHIENS ONT PRIS. LES MEMBRES DE L’ÉQUIPAGE ET LES SONNEURS S’APPRÊTENT À SONNER LES FANFARES, TANDIS QUE LA MEUTE SOUS LE FOUET ATTEND DE FAIRE CURÉE.

SINGULARITÉ DES CHIENS

DE L’ÉQUIPAGE DE

BELLANDE :

À L’ENCONTRE

DE BIEN DES CHIENS D’ORDRE, ILS NE DÉDAIGNENT PAS LA CHAIR DU RENARD.

À GAUCHE,

LES HONNEURS SONT FAITS PAR LES DEUX MAÎTRES D’ÉQUIPAGE.

EN DESSOUS, DE GAUCHE À DROITE, MAXIMILIEN, CYRIL ET ALEXANDRE DE BEAUDIGNIES.

Nos vifs remerciements à Alexandre de Beaudignies, et à Camille de Baudreuil dont la bonne volonté et la disponibilité nous ont permis de réaliser ce reportage,dans des conditions quelque peu particulières. Merci,également aux boutons et aux suiveurs de l’équipage pour les photos fournies. Site de l’équipage:http://site.voila.fr/bellande/

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Sur le terrain par Olivier Morel d’Arleux

Te r r i t o i r e

Les rouges retrouvent la garrigue

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◆ Comment faire revenir perdrix rouges et lapins sur un territoire avec une population importante de chasseurs: c’est tout le pari réussi par la société de chasse de La Couronne-Carro dans les Bouches-du-Rhône.

Le vœu de tout chasseur? Parvenir à reconstituer, à repeupler un territoire de petit gibier naturel ou au comportement naturel. Un art tout d’exécution, car tous les gestionnaires savent qu’une telle entreprisenécessitedutemps, de la discipline, des moyens et surtout une persévérance sans faille. La société de chasse de La Couronne-Carro dans les Bouches-du-Rhône possède quelques-unesdecesqualités, lorsqu’on arpente son territoire,où les perdrix rouges et leslapinsn’ontplusriendemi104

rages,de vrais gibiers qui auraient fait la fierté d’un Pagnol ou d’un Rodríguez de la Fuente.Un vrai tour de force, carbiendesélémentsauraient pu se liguer contre une telle entreprise, presque contradictoires avec une saine gestion,à commencer par un territoire relativement modeste –550 hectares en bordure de mer– et un nombre de chasseurs conséquents (près de… deux cents!). «Nousnenoussommespasarrêtésàceschiffres,sansquoi,nous n’aurions jamais rien fait », affirme le président de la so-

Jours de C HASSE ◆

ciété de chasse de La Couronne-Carro, Cléry Fouque, sociétédontl’histoireestàbien deségardsàl’imagedecellede la chasse française.Fondée en 1939,jouxtantlesterritoiresde lachassecommunaledeMartigues,l’associationbénéficiait d’unexceptionnelterritoirede perdrixrougesetdelapins,qui plus est dans un cadre magnifique.Toutvabasculerdans les années 1950 après les ravages de la myxomatose sur le lapin. La société de chasse prend très vite la décision de restreindrelenombredejours dechassepourépargnerleplus

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possiblel’espèce.«Malgrécette mesure, se souvient Cléry Fouque, la population a continué à se clairsemer.» La perdrixrougesubitlemêmesort. Au cours des années 1970, le cheptel se raréfie pour arriver à une quasi-extinction à la fin des années 1980. Les raisons n’ont rien de mystérieux:fermeturedesmilieuxliéeàladépriseagricole,alliéeàunepression de chasse au-delà du raisonnable… Pour “occuper” les chasseurs, les dirigeants n’auront commemoyenqueleslâchers defaisansledimanche,lâchers quisesontétendusdesannées 1953-1954 à 1967. De plus, deslapinsserontlâchés,d’une manière plus ou moins anarchique.Mais,il y a une ving-


PHOTOS : B. BELLON - OLIVIER MOREL D’ARLEUX

taine d’années, les dirigeants ont décidé de s’orienter vers un repeuplement plus efficace, tant en perdrix qu’en lapins,en tout cas plus digne, sur les conseils de JeanClaude Ricci, président de l’Institut méditerranéen du patrimoine cynégétique et faunistique. Leplusfacilefutpresquede “limiter les prédateurs”.Une régulation assurée par trois piégeursquiéliminentchaque année une quinzaine de renards et 300 pies (si redoutablespourlescouvéesdeperdrix).En revanche,il n’y a pas de problèmes avec les corneillesetlesfreux,puisquecurieusement il n’y en a pas… Àrebours,unedestâchesles plus ardues fut d’ouvrir un

peu les milieux.On saisit très vite l’étendue du problème quand on s’arrête un instant surlebiotope.Trèstourmenté, voire escarpé par endroits, ce vaste plateau calcaire se voit profondément coupé par des vallées donnant passage à des routes,des chemins encaissés avec quelques zones plates propicesauxculturesd’arbres fruitiers. De petits bois, des bordures de plateaux ou de chemins plantés de pins sylvestres et de quelques chênes verts ponctuent ce paysage en désordre. Plus encore, cette garrigue arbustiveconstituéedechênes kermèsdenseetbuissonnante, agrémentée de plantes aromatiques–thym,sauge,romarin–formeuntissuvégétalqui devient vite impénétrable à l’homme et à ses chiens si on lelaissesedévelopper.Àl’origine de cette fermeture des milieux, la disparition des troupeaux de moutons,dont lesseulsvestigesvisiblesdans le vallon de la Maranne sont les murs effondrés des enclos ou les fours à charbon de bois,laisse entrevoir l’importance de l’activité d’autrefois et la mutation profonde de la région. Quant aux plantations productives, d’oliviers, d’amandiers et d’abricotiers typiques de la Méditerranée, elles ont tout simplement été anéanties par le gel du terrible hiver 1956. Seule solution (mis à part l’écobuage,c’est-à-direlebrûlage de petites parcelles tous les ans souvent employé dans les années 1970, interdit aujourd’hui),pour ralentir cette fermeture : l’huile de coude et l’emploi d’un gyrobroyeur forestier. Ainsi, ce sont entre 3 et 4 hectares qui ont été net-

Jours de C HASSE ◆

Cléry Fouque, président de la société de chasse. “Nos sociétaires ont vite compris que c’était leur intérêt d’avoir du gibier qui se défend…”

toyés, une opération indispensable car, on sait aujourd’hui que,dès que la garrigue dépasse 60 centimètres de haut, la perdrix rouge fuit le territoire. Dans le même esprit,de nouvelles parcelles serontouvertes,en“mosaïque”, afin de favoriser les zones refugespourleslapinsetlesperdrix contre les prédateurs. Leur objectif ? Nettoyer un hectare et demi tous les ans. Mais Cléry Fouque ne cache pas que c’est une entreprise difficile qui nécessite des moyens financiers. Cela n’est guère étonnant quand on sait qu’une heure de broyage revient à 150 euros, même si la fédérationdépartementaledes chasseurs en subventionne une partie.D’ailleurs,il réfléchit à la manière de faire re-

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venir ces troupeaux (chèvres ou moutons),car,jusqu’à présent, on n’a rien trouvé de mieux pour éviter que le milieu ne se ferme. Aujourd’hui,leterritoireest constituédeparcellesprivées, pour moitié de terrains communauxou“sectionnaux”(héritage lointain quand la commune louait des terres à des bergers). Mais partout où le socdelacharrueaputravailler le sol,sont nées de petites enclaves ensemencées de blé à l’automne, blé qui servira de complément de nourriture à toute la faune naturelle. Aujourd’hui,cesontainsi27parcelles qui sont exploitées à ce titre, et laissées sur pied, soit unesurfacecultivéede18hectares. En outre, pour mettre tous les atouts de leur côté,

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PHOTOS : DR - OLIVIER MOREL D’ARLEUX

Lapin de garenne. Et, ci-dessous, une vue du territoire, dont on perçoit tous les travaux d’ouverture des milieux, condition “sine qua non” pour faire revenir et maintenir perdrix rouges et lapins.

outrelaréservequireprésente 10%delasurfaceduterritoire (et ce, depuis longtemps) Cléry Fouque et son équipe ont accordé une attention toute particulière aux points d’eaupendantlasaisonsèche. Ainsi,ce sont vingt réservoirs

de 1000litres fabriqués avec du matériel de récupération industrielle qui ont été mis en place. L’originalité de cette chasse réside dans sa recherche de qualité du repeuplement à partir de souches réellement sauvages.Ainsi,pourleslapins, la société de chasse repeuple exclusivement avec des sujets originaires d’Espagne.La raison? C’est elle qui est la plus proche du lapin d’origine,qui a vu le jour dans la péninsule ibérique.«Or,plusunanimalest

proche de ses origines,et mieux il résistera aux maladies comme nousavonspuleconstater»,souligneJean-ClaudeRicci.C’est ainsi que depuis dix ans,le lapin a été réintroduit. Cette année, 400 lapins ont été relâchés, soit le double de l’annéedernière.Quantauxpertes liées à la myxomatose, elles ne frappent pas plus de 10 % de la population, « rendant de cefaitlavaccinationsuperflue». Desoncôtélaperdrixrouge –et c’est toute la fierté de la société de chasse–, est l’objet d’unapportannueldepuistrès

exactement 1968. Et de manière beaucoup rationnelle depuis quinze ans avec la réintroduction de 100 reproducteurs âgés de 6 à 8 mois, libérés sur le territoire en février et en mars. Petits et râblés,ces oiseaux ont une particularité:là encore,grâce aux recherches menées par les laboratoires Antagène, ils sont extrêmementprochesgénétiquement des perdrix rouges pures. Ils se rapprochent de la perdrix de type méditerranéen par son accoutumance à la sécheresse estivale et à sa nourriture de plantes sauva-



PHOTOS : OLIVIER MOREL D’ARLEUX - DR

Autres vues du territoire. Piégeage constant, lutte contre la déprise agricole, pression de chasse raisonnable expliquent le succès des opérations de repeuplement.

ges.L’équipedeCléryFouque a choisi M.Gidde,un éleveur de Châteauneuf-les-Martigues qui dispose justement de ses perdrix, élevées en grandesvolièresenherbéesqui leur assure un exercice quotidien (et un minimum de contact avec l’homme). En outre, comme la chasse de la perdrix ferme le 15 octobre, 400 autres oiseaux sont lâchés en novembre. En parallèle, la pression de chasse est sévèrement encadréeafindepermettreàlafer-

meture de conserver une population résiduelle conséquente. « Nos sociétaires ont compris que c’était leur intérêt d’avoir du gibier qui se défend », précise Cléry Fouque. À La Couronne-Carro, on chasse lesmercredisetlesdimanches jusqu’àlafermeturedelaperdrix et le samedi en complémentaprèscettedate.Lechasseur est limité à deux oiseaux par jour et dix par saison. Pour le lapin, il est aussi limité à deux pièces par jour, avec un quota annuel à vingt. Au total,les prélèvements atteignent entre 200 et 250 perdrix, et entre 700 et 750 lapins, avec une fluctuation annuelle de plus ou moins 10 %. Le gibier de passage

reste,lui,possibletouslesjours de la semaine, notamment la palombe au mois d’octobre qui, par fort mistral, permet des sorties exceptionnelles. Quel est le résultat? C’est assez difficile à dire, reconnaît Cléry Fouque. Les raisons ? Lors des lâchers, jusqu’à présent, les perdrix n’étaient pas sexés,ni bagués –cequidevraitêtrerectifiédès lasaisonprochaine–,cequine permetpasd’évalueravecprécision dans le tableau,les perdrixissuesdeslâchersdel’année, ou celles issues de la reproduction naturelle. Toutefois, des comptages au lever du jour effectués avec l’aide des techniciens de la fédération,fontapparaîtreque

lapopulationdeprintempsest d’environ 25 couples, soit 5 couples aux 100 hectares (il faut savoir que les meilleures densités de rouges ne dépassent guère 15 couples aux 100hectares).« C’est un minimum, précise Cléry Fouque, car certaines zones sont très difficiles d’accès.» À terme, les dirigeants de la société de chasse de Carro veulent limiter les lâchers. Cela dépend de leur persévérance dans les aménagements, de la constance dans le piégeage et de leur propre discipline. Une fois encore, cette gestion montre que rien n’estimpossible,mêmeàpartir d’une situation bien compromise. ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Humbert Rambaud

Du côté des chiens

L’intelligence du chien

L’intelligence du chien ! Déjà les regards se braquent, lesespritss’échauffent,lesréactionssefigent.Pourlesuns, partisans farouches de Descartesetdesathéoriedesanimaux-machines, il n’y a pas l’ombre d’un doute :le chien est totalement dénué d’intelligence, et n’agit qu’en simple automate, et ceux qui pensent le contraire font preuve d’un anthropomorphisme mal placé. À rebours, les tenants de l’intelligence canine sont capables de citer cent exemples oùleurschiensontfaitpreuve d’une indiscutable – à leurs yeux ! – capacité de compréhension et de déduction. Or affirment-ils en substance, qu’est-ce que l’intelligence sinon la faculté de comprendre, de déduire, de raisonner… Et de soutenir avec forcequelechienenestd’une certaine manière capable. “D’unecertainemanière”: c’est sans nul doute là l’objet de tout le débat,débat qui duredepuisl’Antiquitéetqui estexacerbédepuisplusieurs années,parlesécologistesjusqu’au-boutistes, qui veulent reconnaître l’animal comme un sujet de droit parce que, justement,ilseraitdotéderaison,doncd’intelligence.Bref, tout dépend du sens que l’on donne au concept. 110

PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT - HUMBERT RAMBAUD

◆ Le chien est-il intelligent? En aucun cas il ne faut confondre instinct et intelligence. Mais, en aucune manière, il ne saurait être question d’intelligence humaine. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux parler de “comportement intelligent”.

Setter anglais à l’arrêt. Page de droite, épagneul breton. Il y aurait chez les chiens trois types d’“intelligence”: l’intelligence intuitive (déterminée par la race), l’intelligence “adaptative” (en fonction de son entourage) et l’intelligence acquise par l’obéissance et le travail.

Au vrai, et personne ne le conteste et sans entrer dans des débats sans fin,il ne faut évidemment pas confondre instinct et intelligence.L’instinct – ou « impulsion naturelle qui pousse un animal ou un être humain à se comporter

Jours de C HASSE ◆

d’une certaine façon » peutonliredansleRobert–estinné etnesedéveloppepas.Enraisond’unenvironnementplus dur, plus hostile, qui ne pardonne rien, cet instinct (de fuite,de dissimulation…) est plus développé chez l’animal

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sauvage que chez le chien domestique.Toutefois,force est de constater que l’instinct ne suffit pas pour saisir la psychologie de l’animal. Dans certaines situations, dans certains cas, beaucoup depropriétairesdechiensont pu constater que la réaction de leurs compagnons a dépassé – et de loin – la seule notion d’instinct. Comme l’écrivait justement – et avec prudence – le professeur Edmond Dechambre dans ses Chiens (Puf,1971) :« Le temps est maintenant révolu des discussions sur la nature des facultés intellectuelles des animaux : les partisans les plus convaincus de la toute-puissancedel’instinctadmettentque celui-ci présente des imperfections,des insuffisances,source d’erreurs,de dangers,auxquels l’animal obvie grâce à une facultéparticulièrequeriennedistingue fondamentalement de l’intelligence ». Exagération, provocation? Pas seulement. Entendons-nousbien:siintelligence du chien il y a,il ne saurait en aucun cas être de l’intelligencehumainepourla bonne et simple raison que, jusqu’à preuve du contraire, entre l’homme et l’animal, il y a un abîme infranchissable dû essentiellement à l’incapacité de l’animal à penser conceptuellement et logi-



Chienne setter et ses chiots, et labradors. “Il faut raisonner à l’envers. Si tous les chiens n’avaient que l’instinct, ils seraient donc sur un même pied d’égalité. Or ce n’est pas le cas: certains comprennent plus vite, d’autres moins…” Page de droite, setter au rapport d’une bécasse.

quement. Qui plus est, le chien est dépourvu du langagetelquenousl’entendons, qu’il n’a pas d’idée sur le long terme –privilège exclusif de l’homme,jusqu’à présent!–, car il n’a pas de raison. Entoutelogique,leschiens necomprennentpresquerien au discours des hommes parce qu’ils n’ont simplement pas les capacités de le faire. Et c’est pour cela qu’il faut davantage parler de “comportementintelligent”, phénomène observable et mesurable,et n’avancer qu’à pas feutrés et avec retenue. Un professeur américain de l’université de ColombieBritannique a mis en exergue il y a quelques années – sans doute dans un souci de simplification–qu’ilyauraitchez le chien trois types “d’intel-

dévorer.Cetinstinct,l’homme le mettra à son profit,d’abord de manière primitive,puis de manière beaucoup plus élaborée,transformant la chasse en un art. Et les chiens vont se spécialiser. Le chien qui chasse en plaine se transformera en coureur (comme le lévrier); celui qui poursuit le gibier dans les terriers s’allonge et se tasse… Au fil des décennies et des siècles, les chiens vont être sélectionnés en fonction de leurs qualités physiques et morales,au premier rang desquelles“l’intelligence”.Et cela n’a rien d’un concept abstrait pour philosophes décatis. Ami de l’homme et vivant par lui et pour lui, le chien lui emprunte, écrit Paul Vialar,« sans que nous nous livrions àunepuérileanthropomorphie, des traits de naissance comme des habitudes acquises,par mimétisme et compréhension ». C’est sans doute ce que notre chercheur américain surnomme « l’intelligence adaptative».Eneffet,unchienqui, est un peu “juste” intellectuellement,ne voulant pas ou

ligence” :l’intelligence intuitive (qui serait, selon lui, déterminé par la race), l’intelligence « adaptive » (ce qu’il apprendrait de son environnement) et l’intelligence acquise par l’obéissance et le travail. Qu’en penser ? Si l’on prend le cas des chiens de chasse,c’est en partie à leurs sens et à l’instinct de conservation de l’espèce qu’ils ont développé leur capacité.Aux temps préhistoriques, il est fort probable que le chien employait sa force et son endurance à la poursuite et à la capture du gibier à découvert – comme le font encore de nos jours les chiens sauvages et les loups, qui chassent par bandes. Puis, peu à peu, le gibier devenant plus méfiant, à la force s’est adjointe la ruse. La vue et l’odorat se sont développés chez les espèces appeléesàdevenirdesauxiliaires cynégétiques au service de l’homme.Omnivoreparéducation,il est carnassier de nature et son instinct le porte à poursuivredesproiespourles

ne pouvant pas comprendre, aura été normalement écarté de toute sélection. « D’une certaine manière il fautraisonneràl’envers,sitous les chiens n’avaient que l’instinct, ils seraient donc sur un même pied d’égalité.Or ce n’est pas le cas : il y a des sujets qui comprennentplusoumoinsvite, qui s’adaptent peu ou pas aux changements. Il y en a qui ne comprennentrien.Commechez les hommes, il y a des abrutis complets », affirme nombre de dresseurs. En principe, n’auront donc été gardés que les chiens qui sont capables de comprendre,de s’adapter, et dans une certaine mesure de raisonner. Certes,il ne faut jamais oublier que les chiens, comme tous les animaux, fonctionnent par association, c’està-dire qu’ils lient un son, un geste à une action. Or, dès qu’ils sont confrontés à une situation nouvelle, ils sont très souvent perdus. Mais le “comportement intelligent” leur permet de faire des associations de manière très rapide. Les psychologues af-

NE JAMAIS OUBLIER QUE LES CHIENS, COMME TOUS LES ANIMAUX, FONCTIONNENT PAR ASSOCIATION, C’EST-À-DIRE QU’ILS LIENT UN SON, UN GESTE À UNE ACTION… 112

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : HENSOR - ALAIN DAMPÉRAT

Maroquinier depuis 1952

Présent à Nuremberg IWA 2010

firment que le“temps de mémorisation” d’un chien est court, mais que ses facultés associativessontsouventsurprenantes… Ainsi, à peine entend-il le bruit de la voiture de son maître, et elle seule,que le souvenir de son maître lui reviendra et qu’il manifestera sa joie.Ce qui est vrai de la voiture, l’est du bruit que fait le froissement de la veste de chasse, du fusil que l’on ferme… Plus encore, l’éducation, le dressage est un révélateur ducomportementintelligent (à la condition toutefois que le maître soit à la hauteur, qu’il ait de solides facultés de compréhension !).Quand un setter, un labrador, apprend quelque chose par le dressage,c’estsondegréd’intelligence qui fait qu’il comprend vite, ou plus difficilement. Les dresseurs sont unanimes à dire qu’un chien idiot est désespérant à dresser, quand ce n’est pas impossible. À rebours, un animal qui saisit vite, qui est capable d’assimiler à peu près n’importequoi,estinappréciable. Et si un chien comprend en à peine une ou deux séances sans avoir été “mécanisé” à outrance,s’ilestcapabled’un peu de raisonnement, il est

au-dessus de la moyenne.Et c’est pour cela que les chiens britanniques et leur will to please (“le désir de plaire”) sont si appréciés, parce que, justement, ils ont été choisis au cours des décennies pour leur grande capacité et rapidité de compréhension. Et c’est pour toutes ces raisons qu’un chien ne doit jamais se choisir au hasard, et qu’il fauttoujourss’attacheràexaminer soigneusement les qualités des parents et des grands-parents. Ledondelachasseéchappe, sans doute,àtouteanalyserationnelle,maispeut-êtreaussi fait-il partie de ces“comportements intelligents”… Car que dire d’autre quand on voit des chiens d’arrêt et ces retrievers comprenant avec une rapidité déconcertante ce qu’on attend d’eux, avec un geste, un mot ou un regard. Enquelquesmois,enquelques saisons, ce n’est plus un auxiliaire qui nous avons devant nous, mais un complice,et c’est ce qui fait toute la beauté de la chasse. Au fond, comme le disait Paul Vialar,« la vérité est qu’intelligence ou non, l’homme et le chien sont très près l’un de l’autredansleursexistencesparallèles ». ◆

Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Portrait Armurerie Alex

Un tigre dans l’atelier

◆ L’armurerie Alex dans le VIIIe arrondissement de Paris est une institution. C’est un nom, une ambiance, synonyme avant tout du goût pour le bel ouvrage et du travail bien fait. Passionné de chasse, Jean-Daniel Mercier lui a donné cette âme.

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PHOTOS : PATRICK IAFRATE

P

our nombre de chasseurs, le“63,boulevarddeCourcelles” à Paris est une institution. Une institution qui vient de fêter ses quarante-troisans.Àpeinefranchi le seuil de l’armurerie Alex, nous sommes saisi par la discrétion et le raffinement. Aucun objet, ni ce trophée d’un phacochère mauritanien, ni cetteoutardenaturalisée,niencore la sculpture de ce rhinocéros de Robert Godefroy, pas même cet élégant express de L’Atelier Verney-Carron au râtelier ne semblent avoir été disposés au hasard. Ici, nous le percevons, règne une âme. C’est celle de JeanDanielMercierqui,depuis le comptoir, nous sonde brièvement du regard bleu. La silhouette sportive, il a, dans la voix, un peu du timbre d’Audiard. L’homme semble inoxydable sans doute parce que la passion delaviemêléeàcelles de la chasse et du golf nes’estjamaisémoussée. Malgré, et peutêtre aussi grâce à ce jourde1992oùlamort n’a pas voulu de lui, lorsque son avion a percuté cette terre africaine qu’il aime tant. « Depuis, je cueille le jour présent », nous dira-t-il. Carpe diem… Rien, pourtant, ne pré-

La devanture de l’armurerie, et, ci-dessus, Jean-Daniel Mercier en pleine discussion avec un client. Aux commandes d’Alex depuis plus de quarante ans.

Jours de C HASSE ◆

destinait Jean-Daniel à devenir armurier sinon la passion dévorante de la chasse et… indirectement celle de l’Indochine. En effet,aumilieudesannées1960 lors d’un de ses nombreux voyages, il tombera amoureux du Cambodge avec l’opportunité de travailler là-bas pour Peugeot. La triste actualité du royaume en décidera autrement. Contraint de rester en France, il est tenté d’essayer de vivre de et pour sa passion. En effet une dizaine d’années auparavant en Algérie, son grand-père vétérinaire lui avait inoculé le virus de la chasse, en lui offrant un calibre 24. « Un clin d’œil amusant à la vogue actuelle des petits calibres no-

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tamment du 28. Sur le chemin de sa tournée des éleveurs, j’ai tiré mes premiers perdreaux à l’arrêt des pointers de mon grand-père », se souvient-il la voix nouée par l’émotion. Àl’époque,ilestclientdel’armurerie Alex située alors rue de Courcelles, depuis le début des années 1950. Le fondateur luifaitpartdel’enviedeprendre sa retraite. De céder ce qui n’était encore qu’une échoppe dequartierspécialisted’articles de chasse et aussi de pêche. Sa décision sera presque instantanée. Et la réussite ne sera jamais démentie puisque, aujourd’hui,aprèsl’acquisitionilyadix ans d’une autre armurerie, Au Coq de Bruyère (avenue des


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Accessibledepuislaboutique aux confins d’un étroit couloir, l’atelier est aussi le royaume de Philippe depuis plus de quinze ans. Également issu de l’École d’armurerie de Liège, un jeune armurier l’a rejoint récemment. L’atelier Alex est un exemple. À commencer par la propreté digne d’un laboratoire qui surprend.Toutestparfaitementordonné, rangé comme cet établi où apparaissent les seuls outils utiles à la tâche du moment.Faceàl’immenseverrière située plein ouest s’étire la verticalité des canons des armes dans une immuable chronologie. À gauche, celles en attente

Dans l’atelier, “le royaume de Philippe depuis plus de quinze ans”. Ci-dessous, à gauche, carabine express de L’Atelier Verney-Carron. Et page de droite, audessus du râtelier d’armes, le tigre, symbole d’Alex.

d’être traitées; à droite, celles qui attendent sagement le retour de leurs propriétaires. « Ici nous effectuons presque toutes les opérations. Si une pièce détachée n’est pas présente en stock, notre outillage nous permet de la fabriquer, comme ce ressort de platine à destination de ce fusil », nous

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

Ternes),notrehommefaitdirectement vivre sept personnes. Par sa faconde, Jean-Daniel est un personnage de roman. Mais il ne faut pas s’y tromper celui qui prétend « ne jamais avoir eu l’impression d’aller travailler», lorsqu’ilserendchaque matin à l’armurerie, est d’abord un grand professionnel, un grand perfectionniste. Il a su constituer une équipe efficace, avec Arnaud, son bras droit, dont on ne compte plus les saisons bien qu’il soit simplement dans la force de l’âge. Mais la grande fierté de Jean-Daniel en même temps que “sa force” est l’atelier Alex.

dira Philippe qui nous désigne un Francotte pour lequel son jeune confrère est en train d’appliquerunehuilesiccative–destinée à sécher l’huile de lin– sur la crosse. Pas moins de mille opérations importantes de réparation,oud’adaptationd’optique sur des carabines sont effectuées ici chaque année. Seules des opérations trop spécialisées ou trop insalubres en milieu fermé sont sous-traitées comme le bronzage des canons par exemple. Preuve du succès de l’atelier Alex lors de notre visite, pas moins de dix carabines étaient en attente de réglage au stand traditionnellementchaquejeudi matin! Aussi lorsque Jean-Daniel Mercieraffirme «monatelierest le meilleur », il ne faut pas entendrel’expressiond’unorgueil démesuré. Simplement, cet ancien pilote de formule 3 considère qu’avec son équipe il a atteint un degré de complicité, comme autrefois avec son mécanicien, mais aujourd’hui pour l’entière satisfaction de ses clients. La preuve, affirme-t-il « en quarante ans, pas un chasseur n’a eu à se plaindre de la conformation d’une arme ». S’il survient un problème particulier, par exemple pour la prise de cotes d’une crosse borgne, ou pour une dame dont la mor-

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Jours de C HASSE ◆

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phologie particulière lui rend le reculinsupportable,Jean-Daniel fait appel à Michel Riboulet, champion du monde de parcours de chasse et pédagogue horspair,quiinterviendra «avec un succès jamais démenti à ce jour ». Si la technique de « mise à conformation » des armes n’a pas changé depuis plus d’un

siècle, depuis l’époque glorieusedeGastinneRenette,par contre le goût des clients évolue, de même que le type de chasse. Récemment avec le développement des grands animaux, les clients de Jean-Daniel se sont équipés en armes rayées. « Depuis sa sortie, nous avons vendu pas moins de 140 carabines Blaser R93 et uniquement en modèle de luxe », annonce-t-il fièrement. Du côté des armes lisses dorénavant, seuls les calibres 20 et 28 trouvent grâce auprès des chasseurs.Uneaubainepourcertains fabricants qui, comme Chapuis avec son nouveau Progress 28 à l’élégante bascule ronde, ont su anticiper le marché. Pour ré-

pondre à cette demande, on trouvedésormaisdanscecalibre la fameuse cartouche Alex frappée du célèbre tigre, l’emblème de la maison. Tous calibres confondus, elle est vendue chaque année à un million d’exemplaires! On n’a coutume de dire que tout succès commercial possède un revers. Sans doute aujourd’huiconcerne-t-ille marché de l’occasion haut de gamme où « les petits calibres font défauts ». Mais, à rebours, cette mode permet de trouver un Lebeau-Courally calibre 12 à un prix raisonnable. Jean-Daniel reconnaît que chaque année « la chute brutale de l’activité en fin de la saison de chasse engendre quelque déprime ». La mélancolie ne dure qu’un instant car notre amphitryon en profite pour se rendre à nouveau en Afrique, son continent préféré. Mauritanie,Sénégal,Tchad,RCA,petit et grand gibiers, il a presque tout chassé. Qui sait, cette année se rendra-t-il une onzième fois en Inde à Madras chez son ami le maharajah de Pudukkottai, cette fois pour photographier les tigres et les gaurs du TamilNadu…C’estaussiceque beaucoup apprécient à chaque visite à la boutique, cette invi◆ tation au voyage. Armurerie Alex,63,boulevard de Courcelles,ParisVIIIe. Tél.:01.42.27.66.39. Au Coq de Bruyère, 78,avenue des Ternes,Paris XVIIe. Tél.:01.45.74.42.51. Sur Internet: www.armureriealex.com

Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

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◆ La carabine Blaser essayée est une Blaser R93 iC modèle Ambassadeur. À droite, le bouton d’armement couplé avec l’iC, pour Illumination Control. “Toutes les manipulations à l’instant décisif du tir se trouvent ainsi réduites à leur plus simple expression.”

Jours de C HASSE ◆

nable. En moins de trois secondes, notre animal s’est évanoui définitivement dans la nuit turque. Afin de ne pas renouvelerpareilledéconvenue,Zeiss et Blaser, les célèbres manufacturiersallemands,ontinventéle système iC pour Illumination Control. De quoi s’agit-il? Le réticule s’allumesystématiquementlors de l’armement de la carabine.Désormais,il suffit de pousser le bouton d’armement situé sur la poignée de la carabine R93 (modèle R93 iC) équipée iC au préalable et couplée à une lunette ZeissVictoryVaripoint elle aussi iC : le réticule – à l’intensité mémorisée– s’illuminera toujours. Bien sûr à condition d’avoir une pile qui fonctionne… Aveccesystème,iln’estdonc plus besoin d’actionner de la main gauche la “tourelle interrupteur” du système classique. Ainsi,leboutond’armementdevient désormais le trait d’union entre la carabine et la lunette. Toutes les manipulations à l’instant décisif du tir se trouvent ainsi réduites à leur plus simple expression. Le chasseur peut complètement se concentrer sursontiretsonenvironnement après avoir armé sa carabine

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aveclepouce.Pendantcetteaction,lesdeuxmainsrestentdans la même position. Mais sans doute plus qu’en termes d’efficacité le grand avantage de la nouveauté de l’Illumination Control est un apport à la sécurité du chasseur et de son entourage. Car aujourd’hui plus personne n’ignore l’impact de certainsélémentsperturbateurs

PHOTOS : ALAIN DE L’HERMITE

E

ncettefind’aprèsmidi,une briseiodéesouffledepuislamer Égée. Dans une demi-heure il fera totalement nuit. Maintenant, nous sommes seuls, depuis que Moustafa, le chef des traqueurs, nous a posté au col avantdedisparaîtrecommepar enchantement. Deux compagniesdebêtesroussesviennent de passer, chacune exactement au même endroit en direction du haut, et sans réaction de notre part. Volontairement, car nousconnaissonslasagacitédes gros sangliers à envoyer en éclaireur leurs congénères moins expérimentés pour vérifier la voie… Soudainlamusiquetellement espérée retentit: aucun doute, leschiensarriventprécédésd’un animal! Doucement nous effectuons le mouvement des dizaines de fois effectué au stand de tir dans l’espoir d’un sanglier monstrueux : pousser le bouton d’armement de notre BlaserR93etl’armer.Las,aumoment de la mise en joue du magnifiquesanglier,c’estlenoirabsolu dans le tunnel de la lunette. Nous avions oublié d’allumer le réticule lumineux. Impardon-

sur la concentration donc sur la sécurité. Signalons que les gauchers devraient être particulièrement intéressés par le système iC. En effet, l’ergonomie des lunettes classiques les destine aux droitiers. Carabine en mains, les gauchers devaient se livrer à une contorsion de la main droite pour atteindre la tourelle interrupteur située à gauche du tube. Comment fonctionne le systèmeiCouIlluminationControl?


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Sur le terrain Sur le terrain

PHOTOS : ALAIN DE L’HERMITE

◆ Le canon octogonal de la Blaser essayée. “La légère inertie par rapport à un canon rond peut être déterminante pour le parfait contrôle du tir de battue et éviter un néfaste “coup de bras”.

La technologie actuelle permet la miniaturisation de certaines pièces. Ainsi sans changer l’esthétique de la Blaser R93 et de la Zeiss Victory Varipoint, les ingénieurs ont implanté un émetteur magnétique dans le bouton d’armement de la première et un récepteur dans l’embase de la seconde. Le récepteur détecte tout mouvement de l’émetteur. Donc chaque poussée sur le bouton d’armement de la R93 iC illumine automatiquement le réticule lumineux. Lamanipulationinverseproduit évidemment l’effet opposé. En revanche, est-il possible d’adapter à ce système une “vieille” R93 (on évoque régulièrement le chiffre astronomique de plus de 100000 possesseurs de carabines Blaser R93 depuis son lancement en 1993)? Cela ne pose pas de difficultés. À cette fin, il suffit de

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laisser chez votre armurier la culasse de votre carabine qui l’enverra à l’usine Blaser d’Isny. Le bouton d’armement traditionnelseraremplacéparunmodèle iC. Àrebours,ilesttoutàfaitpossible d’utiliser la lunette Varipoint en mode traditionnel

“manuel”. Pour cela, il suffit de déplacer vers le haut la partie mobile de la tourelle interrupteur située à gauche sur le tube. Dès lors la lunette reste allumée pour une durée de quatre heuresmaximumencasd’oubli, afin de sauvegarder la pile d’alimentation. Dans cette position, la rotation continue de la tou-

relle vers l’avant (sens inverse des aiguilles d’une montre) diminue l’intensité lumineuse du réticule rouge. Et inversement. Rappelons que le point lumineux de la lunette Zeiss représente un modèle du genre, jamais éblouissant dans un environnementcrépusculaire,àrebours il demeure parfaitement visible même sur la neige.Réticuled’originedelaVictoryVaripoint, le réticule 0 atoujoursreprésenté pour nous le nec plus ultra des réticules destinés à la battue dans lamesureoùildégagelechamp visuel exempt des barres traditionnelles. Situé dans le second plan focal donc invariant, le réticule 0 n’augmente pas avec le grossissement. Toujours bien visible, immédiatement accrochéeparl’œilparl’intermédiaire de l’immense pupille de sortie de la Varipoint et sans aucun

Fiche technique Carabine à répétition Blaser R93 iC modèle Ambassadeur équipée d’une lunette Calibre essayé 7x64, canon octogonal de 54 cm, longueur totale 97 cm, poids 3,250 kg. Existe en 9,3x62 et .300WM. Bois grade 5 et devant ébène. Crosse à joue bavaroise double filet. Tête de culasse en titane. Prix des modèles de base: 4900 euros en calibres standards; 5190 euros en calibre magnum. Compter 15 % supplémentaires pour une carabine iC. Lunette Zeiss Victory Varipoint M 1,1-4x24 iC T* Grossissement variable 1,1-4 réticule 0 à point lumineux

Jours de C HASSE ◆

invariant ou 60 à point lumineux invariant associé à un réticule 4 variant. Pupille de sortie 6 mm au grossissement 4. Champ maximum à 100 mètres: 36 m. Longueur : 300 mm. Étanchéité à l’azote. Traitement LotuTec des surfaces externes des lentilles. Poids environ 480 g. Disponible uniquement avec rail en système iC. Prix : 2390 euros. Coût de la modification iC sur une Blaser R93: 119 euros. Importateur Rivolier SAS, ZI des Collonges-BP247, 42173 Saint-Just-Saint Rambert. Tél.: 04.77.36.03.40. Email: info@rivolier.fr Sur Internet: www.rivolier.fr

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effet tunnel, cette Zeiss aboutit alors à la quintessence de la lunette de battue. Depuis la saison dernière, un second réticule nommé 60 est proposé en complément du réticule 0 habituel. Il offre en plus du point lumineux invariant réticule0,lestraditionnellesbarres d’un réticule n° 4 situé cette fois dans le premier plan focal. Sans doute va-t-il permettre à Zeiss de rallier une clientèle traditionnelle déroutée par le réticule0,etpeut-êtretropproche auxyeuxdecertainsd’unsimple “point rouge”? L’après-midi passé au stand de Gonesse nous procurera un grand plaisir. La carabine essayée pour l’occasion est une R93 iC modèle Ambassadeur spécialement choisie par l’importateur pour le marché français.Outrelesqualitéstraditionnelles de la carabine –précision de son canon, fonctionnement irréprochable de la culasse linéaire qui permet un montage basetidéal–,notremodèleAmbassadeurestmagnifique!C’est d’abord la qualité d’un noyer merveilleusement jaspé qui attire irrésistiblement le regard dont l’extrémité du fût d’ébène rappelle les moires. Pour couronnerl’ensemble,nousdécouvronsuncanonoctogonalbronzé mat calibre 7x64. La légère inertie supplémentaire par rapport à un canon rond peut être déterminante pour le parfait contrôle lors du tir de battue et éviter un néfaste “coup de bras”. L’association de la carabine Blaser R93 iC et la lunette Zeiss Varipoint 1,1-4x24 iC est une réussite. Sorte d’osmose parfaiteentrearmeetoptiquepour arriveràl’instrumentidéaletvéritableprolongementdubrasde ◆ chasseur en battue.


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Guillaume de Falaise

Chasse à la journée

Les cerfs de Laplanque

Confortablement

◆ Ànotregauche,unegrande plaine vallonnée commence à s’animer. Les cerfs remontentdelaplaineverslesplaces de brame.Ils ont quitté leurs reposéesetontcommencéleur ascension, s’arrêtant pour se souiller et frotter leur ramure contre des baliveaux. Didier lève le doigt,me faisant signe d’écouter.Un cerf puis un second sortent du bois et se défient à distance en bramant. « Un vieux quatorze et un dixneufcorsplusjeune»,m’indique Didier.Mais nous ne sommes pas là pour eux mais pour un cerf plus exceptionnel. Un superbe grand duc arrive de nulle part et se perche au sommet d’un douglas. Quelle merveille! L’obscurité prend possession des lieux. Avecmilleprécautions,afinde nepasdérangerlamagiedecet instant, nous descendons du

miradoretregagnonslavieille Jeep Willis qui nous attend. “Mon”cerfn’estpassortimais je ne suis pas déçu.C’est mon premier soir et il reste deux jours et quatre sorties pour tenter de le tirer. Les lumières du château brillent au loin et nous nous retrouvonsdanslagrandecuisine.Un délicieux fumet embaumelapièce. Noussommes au domaine de Laplanque en Aveyron,dansleSégala,lepays des cent vallées, situé entre Albi, Rodez et Villefranchede-Rouergue.Je n’ai pas l’habitude de chasser dans un domaine clos.Dans mon esprit, lachassedansunespacelimité serésumeautirsanseffortavec ledésagrémentdebuteràtout moment sur des clôtures. Les deuxjourssuivantsvontpourtant me forcer à oublier tous mes préjugés…

DOMAINE DE LAPLANQUE

installé dans un mirador, difficile de ne pas admirer la vallée sauvage qui nous fait face entre les forêts de douglas, les futaies de châtaigniers, de chênes et de hêtres et les landes à bruyère. De grandes falaises abruptes et quelques pierriers nous rappellent que nous sommes en moyenne montagne, dans l’Aveyron. Nous tendons l’oreille, à l’écoute des premiers raires. Le brame des cerfs a commencé mais Didier, le propriétaire des lieux qui est mon guide pour cette chasse avec son fils Guillaume, m’explique que cette année les cerfs sont silencieux…

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Didier Roques Rogery est très impliqué dans le monde de la chasse. Depuis plus de trenteans,ilparcourtl’Europe à la recherche des meilleures souches de cerfs, daims et mouflons. « Contrairement au milieu ouvert,dans un domaine clos nous sommes libres de gérer la faune et la chasse. C’est à nousdedéterminerl’équilibreque nous souhaitons maintenir entre agriculture,sylviculture et présencedegrandsanimaux»,nous explique-t-il. Les animaux doivent vivre dans le calme et disposer de la meilleure nourriture pour développer des trophées d’exception. Certains y voient de la manipulation génétique. Didier hausse les épaules. Pour lui, ce résultat est obtenu grâce à une bonne sélection,à la tranquillité et une gestion bien pensée de la nature. >>

Mémento de poche

Propriétaires Didier et Guillaume Roques Rogery Domaine Château de Laplanque, 12240 Pradinas. Site internet www.francesafaris.com Contacts Email: guillaume@francesafaris.com Guillaume au 06.76.85.48.19 et Didier au 06.08.81.06.86. Aéroports Toulouse (à 2 heures de route), Rodez (à 1 heure).

Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009



Sur le terrain DOMAINE DE LAPLANQUE

Sur le terrain

Le château de Laplanque remonte au XIIIe siècle mais a été modifié au XIXe. Sur les 350 hectares du domaine, on ne chasse que des trophées d’exception ou on procède à des tirs d’élimination à l’approche ou au mirador.

Didier a passé le concours de guide de chasse ACP, a guidé de nombreux safaris enAfrique pour Club Faune. Son fils Guillaume reprend leflambeau.À30ans,ilapassé huit ans à poursuivre des étudessurlafaunesauvageen Afrique du Sud avant de réaliser sa thèse de mastère sur les cerfs en Nouvelle-Calédonie. Tous deux ont créé la société France Safaris et clos les 350 hectares du domaine familial. Le territoire est réservéenexclusivitéàunchasseurseulouaccompagné.Aucune battue n’y est organisée. À Laplanque, on ne chasse que des trophées d’exception ou on procède à des tirs d’éli-

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mination à l’approche ou au mirador exclusivement. Les chasseurs sont reçus dans le château familial. La base de la demeure est du XIIIe sièclemaiselleaété“modifiée” au XIXe. Le domaine et le château n’ont jamais été vendus et sont restés dans la mêmefamilledepuisleXIIIe. Pour la première matinée d’approche,à600mètresd’altitude, la voie lactée illumine le ciel et l’air est frais. Guillaumeprendlatêtedugroupe. Nous commençons à distinguer des animaux en bordure du bois. Guillaume imprime unrythmelent,scrutantlebois à la recherche des cerfs qui ont regagné leurs reposées.

La forte odeur musquée des grands mâles emplit l’air,trahissant le passage récent d’un cerf. Nous en croisons plusieurs marchant tranquillement dans les sous-bois.Certains portent des ramures vraimentexceptionnelles.Aucun ne porte moins que quatorzecors. Le biotope est très varié et le relief accidenté. Les mollets sont mis à rude épreuve. Le soleil se lève. Guillaume s’accroupit soudain et me montre sur une falaise couverte de bruyère en fleur des mouflons. Notre grand cerf reste invisible malgré quatre heures d’approche. Fourbus, noussommesheureuxderen-

trer déjeuner. Je me rends compte que, durant toute la matinée,nous n’avons pas vu une clôture… Après le thé, nous allons nous installer dans un miradorsituéàl’opposédeceluioù nous étions hier. Quelques brames retentissent dans la vallée.Unebichesortsuiviede son faon. Surprise ! Elle est touteblancheetsonfaonaussi. Guillaumem’expliqueraplus tard que quelques animaux naissentainsietqu’ilspensent que l’origine de ce gène provient du parc royal de CopenhagueauDanemarkoùvivent quelques cerfs blancs. La biche,inquiète,jette des regards en arrière. Dans un grand fracas de branches brisées,un cerf sort à découvert. Il s’arrête dans sa course,jette son mufle en l’air et lance un brame puissant. Langue sortie,ilcourtaprèslabiche.C’est un très grand seize cors. Un surandouillerestcasséetlepelageducerfprésentequelques balafressombres,preuvesqu’il a dû s’imposer de force pour tenir sa place de brame. Dans le bois, nous entendons deux autres cerfs qui répondent.Je prépare ma carabine et la mets en appui sur le bord du mirador. Deux deuxièmestêtess’approchent de la place. Le grand seize se lance à leur poursuite et les repousse dans la forêt puis re-


vient en courant auprès de la biche. Le jour décline. Il resteencoredixminutes.Hélas, la nuit prend possession des lieux. Didier me lance un regard dépité… Le lendemain matin,nous repartonsàl’approche.Nous allons arriver à proximité de nombreux animaux mais “mon”cerfresteintrouvable. Après des heures de d’attente,nous décidons de rentrer.Pendantledéjeuner,nous mettons au point une nouvelle tactique pour la soirée. Guillaume s’installe dans le miradordupremiersoirtandis que nous montons dans celui d’hier. Les deux plus grosses places de brame sont là.L’attente commence et au fur et à mesure que le temps passe la fébrilité me gagne. Le rut des daims a débuté et nous entendons leurs grognements. Nous sentons le mirador vibrer légèrement. Guillaumenousdemandede nousdépêcher.Legrandcerf est sorti au bout de la plaine. Nous rejoignons la vieille Jeep et allons la garer à proximité de la place que Guillaume surveillait. Le vent est bien orienté. Le grand cerf est bien là,au milieu d’une harde de biches. J’ai le temps de le regarder auxjumelles.Sontrophéeest énorme.DidieretGuillaume me confirment qu’il s’agit

bien de “mon” cerf. Il commenceàfairesombre.Lecerf est à 150mètres. Je m’allonge sur le sol,déplie le bipied Harris fixé à ma carabine. J’attends que l’animal se présente de profil, cale le réticule de ma lunette sur le défaut de son épaule, respire un grand coup,expire et lâche la balle de ma .300 Weatherby.Tous les animaux s’immobilisent et regardent dans notre direction. Je l’ai manqué! Didiermeditderéarmerauplus vite. Je m’applique et lâche masecondeballe.Àl’impact, un nuage de poussière jaillit desonpelagecouvertdeboue séchée.Lahardepartencourant et disparaît derrière un repli de terrain. L’aurais-je seulement blessé ? Je m’en veuxdéjà.Nousallonsàl’endroitoùilétaitetpassonsderrière le vallon. Le cerf n’est pas là. Nous longeons la lisière du bois. Guillaume nous appelle, un grand sourire aux lèvres. « Il est là ! » Guillaume cueille déjà deux rameaux de douglas pour rendre les derniers honneurs au cerf et féliciter le chasseur. Sa ramure est brune, massive. Il arbore trente-deux cors. Il est superbe. Didier et Guillaume sont aussi émus que moi après avoir surveillé ce cerf durant dix ans… ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Philippe Le grand

Du côté de la loi…

Véhicules à moteur et espaces naturels

◆ L’usage des véhicules, quads et autres motos dans les espaces naturels est strictement réglementé: c’est le principe d’interdiction qui prévaut.

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MARC CHARUEL

Q

u’on l’approuve ou qu’on leregrette,c’estunfaitdésormais de“société”:lanatureestdeplus en plus découverte, foulée, parcourue, traversée par une foule que l’on appelle administrativementdes“usagers”.Certainssont ancestraux qu’ils soient chasseurs,agriculteurs,forestiers,cavaliers… ; d’autres, civilisation des loisirs et du temps libre oblige, méritent le qualificatif de “modernes”. On pense aux randonneurs,aux vététistes,aux conducteurs de moto, de 4x4 et autres quads. On s’en doute, la cohabitation est quelquefois houleuse avec des propriétaires des domaines traversés,certains usagers admettant difficilement que la nature ne soit pas à tout le monde,un problème exacerbé avec les véhicules à moteur. Quel chasseur, quel gestionnaire de territoire n’a pas été dérangé un jour par une moto ou unquad,faisantirruptionaubeau milieud’unebattue,etleconducteuraffirmantlamainsurlecœur, qu’il croyait que c’était autorisé! Aussi, pour limiter les risques d’accidents et au nom de la protection de l’environnement, l’usage de véhicules à moteur est strictement réglementé par la loi du 3 janvier 1991 et la circulairedu6septembre2005.Une législation qui reste méconnue, et quand elle ne l’est pas,elle est allégrement transgressée. C’est le principe de l’interdiction qui prévaut : les véhicules ne peuvent emprunter que les

Les propriétaires privés et leurs ayants droit peuvent librement circuler chez eux. Trois cas peuvent autoriser des tiers à pénétrer chez autrui: des servitudes administratives, des missions de service public et la négociation d’un droit d’usage.

voies et routes ouvertes à la circulation publique (routes nationales,départementales,communales, chemins ruraux). Les contrevenants s’exposent à une amende de 1500 euros et la mise en fourrière de leur véhicule. Mais si cette interdiction est rigoureuse,ellen’estpasrigoriste, tout dépendant du type de territoire. Si c’est un domaine –en particulier forestier– qui appartientàl’État,lesconditionsdecirculation sont régies par le code forestier. En revanche, pour les propriétés privées, en vertu du

Jours de C HASSE ◆

droit fondamental qu’est le droit de propriété, le propriétaire est maître chez lui.Il peut donc,lui ousesayantsdroit,librementcirculerdanssapropriété.Toutefois, seuls les cas suivants peuvent autoriser des tiers à empiéter légalement sur le sol d’autrui. Il peut y avoir des servitudes administratives (comme les servitudes littorales, de halage…) et leconventionnement,c’est-à-dire lanégociationd’undroitd’usage. Àrebours,leproblèmedevient un peu plus délicat quand une voie privée suffisamment large

HIVER 2009

etcarrossablepeutêtrefréquentée par un véhicule de tourisme, car elle est présumée ouverte à lacirculationdesvéhiculesàmoteur. Aussi, là encore, son caractère fermé et privé doit être matérialiséparunpanneaud’interdiction, voir par un dispositifdefermeturedetypebarrières ou plot. En revanche, une jurisprudence constante admet que la présence de signalisation ou de dispositifsdefermeturen’estpas nécessaire pour de simples sentiersoulayonsnonaccessiblesou très difficilement circulables pour des véhicules non adaptés… Et les juristes de prévenir qu’ilfauttoujoursprévoirlepire, et le pire,c’est l’accident,comme la chute de branches sur le véhicule en infraction. C’est pour cette raison que le propriétaire devra toujours vérifier si son contrat d’assurances couvre ce type de risques. En tout état de cause,quel que soit le terrain (public ou privé), les véhicules utilisés pour des missions de service public (missions de police,pompiers),pour des travaux d’installation ou d’entretien d’électricité ou de télécommunications, ou encore ceuxutilisésàdesfinsprofessionnelles de recherche, d’exploitation ou d’entretien des espaces naturels,peuvent librement circuler.Delamêmemanière,signalonsquelemaireoulepréfetsont en droit d’interdire certaines voiesenprincipeouvertesàlacirculation pour protéger des sites dits remarquables (au nom de latranquillité,delaprotectiondes espèces…),interdictionquipeut parfaitement concerner un propriétaire privé. ◆ Pour en savoir plus, lire“La circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels”, éditée par l’ONCFS ou consulter www.ecologie.gouv.fr/Vehicules-amoteur-dans-les.html



HISTOIR

Chasseurs

de légende ◆

Grandes chasses Drames africains par Quentin Brienne

◆ L

es drames de la grande chasse en Afrique fascinent les chasseurs du monde entier, les curieux de tous poils et les voyeurs de toutes sortes. Que de fantasmes,quedelégendes,quedepeurs ont-ils suscités et continuent-ils de le faire… Que de récits, que d’écrits sur le sujet.Il faut lire ou relire les Coureurs de brousse,le superbe livre de Christian Le Noël, lui-même ancien guide de chasse, qui évoque la mémoire d’un grand nombre d’entre eux Ils ont pour nom Charles Baldwin, Édouard Foà, Frederick Selous,“Karamojo” Bell, Cumming,PetrusJacobs,Théodore Lefebvre, Chrétien, Bruneau de


Même s’il est presque impossible d’établir des statistiques précises,a fortiori quand les faits remontent à plusieurs décennies, s’ils sont par définitionépars,onpeutavancersanscrainte desetromperquelesdramesenAfrique sont rares,voire très rares vu le nombre d’animaux tirés depuis près de deux siècles, que cela soit au cours d’expéditions coloniales, ou parallèlement et plus tard au cours de safaris quand la chasse va devenir professionnelle puis sportive. Chasseurs, guides, pisteurs payeront un lourd tribut à leur passion de l’Afrique. Christian Le Noël qui fut l’un des leurs les évoque.Ainsi de Marcel Vincent, tué en 1950 par un lion au cours d’une chasse et d’un tournage en RCA aveclecinéasteAlbertMahuzier,etdans des conditions qui soulevèrent bien des questions. Ainsi encore de Roger Ristori tué par un éléphant au Camerounen1966,oud’ÉdouardTirantuélui aussi par éléphant en RCA, en juillet 1974. Ou encore de Jean Poitevin, tué par un buffle blessé en février 2003. Ajoutons pour notre part le nom de N’Duendé, guide de chasse tanzanien tué lui aussi par un buffle blessé au dé-

UN PARFAIT MIMÉTISME

UN LION DISSIMULÉ DANS LES PAILLES RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE… PAGE DE GAUCHE, ILLUSTRATION EXTRAITE D’UN DES OUVRAGES D’ÉDOUARD FOÀ SUR SON EXPÉDITION EN AFRIQUE EN 1891, AVEC, ICI, UN PISTEUR VISIBLEMENT TRÈS MAL EN POINT. EN

but des années 2000 en pays masaï. Il nousavaitsouventaccompagnéen1992 lors de nos premiers pas dans le milieu delagrandechasseetalorsquenous“tenions” pour le compte de Club Faune l’un de ses camps. Et pourtant, « il ne faut pas exagérer l’importancedecettefintragique»,prévient Albert Mahuzier,dans son livre au titre plutôtprovocateurTornadesetchassestragiques,lorsqu’ildécritlamortdesonami MarcelVincent.LegrandJeand’Orgeix n’affirmait pas autre chose,quand il se disait « agacé par les propos relatifs aux charges d’animaux féroces »,dans son dernier – et savoureux– livre Histoires africaines.Àlarencontredesanimauxdebrousse (Éditions du Markhor).« À en croire certains,ilexistederrièrechaquebuisson,chaque arbredelabrousseafricaine,unterriblefauve prêt à se précipiter sur tout humain passant imprudemment à sa portée.En plus des tartarinadesrépanduesparlebouche-à-oreille, Hollywood n’a pas manqué de nous confirmer la chose.Dans tout film ayant la brousse africaine pour décor, à un moment, la jolie jeune première effectue innocemment une petite promenade autour du campement,et bien évidemment encore se trouve souvent nez à nez avec le lion ou le léopard de service qui immédiatement avance sur elle avec des yeux brillants de gourmandise… » Tout est dit ou presque.Ce serait une erreur de croire que d’Orgeix – et bien d’autres– nie les accidents.« La liste est longue », dit-il, et il y a eu et il y aura toujours des accidents… parce que l’Afrique“c’est autre chose”. >>

PHOTOS : JDC

Laborie,WillemPretorius,AndréFélix et combien d’autres.Tous connaîtront des chasses où ils frôleront la mort.Certainslarencontrerontvraiment… Que les aventures datent du XIXe, ou du XXe siècle, les accidents et les incidents sont là comme une ombre.Mis bout à bout,que de morts jonchent la forêt équatoriale de l’Afriquefrançaise,quedecorpsmutilés, lacérés dans la savane du Kenya ou de Tanzanie. Que de charges furieuses, d’attaques intempestives dans des pailles hautes comme deux hommes,ou dans des bakos impénétrables… Et que dire des éléphants fousetdeslionsmangeursd’hommes? À la lecture de ces expéditions, elles ressemblent à une suite ininterrompue de mémoires d’outre-tombe. Qu’en est-il vraiment?

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : THE GRANGER COLLECTION NYC/RUE DES ARCHIVES - DR - JDC

Chasseurs de légende

NE PAS FAIRE D’ERREURS…

CI-DESSUS, THEODORE ROOSEVELT AU COURS DE SON FAMEUX SAFARI, LE CHASSEUR PROFESSIONNEL FREDERICK SELOUS ET LE GÉOGRAPHE ÉDOUARD FOÀ. TOUS ESSUIERONT DES CHARGES FURIEUSES D’ÉLÉPHANTS, DE BUFFLES, DE LIONS…

Les dictionnaires de la langue française s’accordent sur le sens premier du mot accident: « événement fortuit,imprévisible,inattendu […]. Sans prétendre ici àunedigressionsémantique,ilestnotoire qu’aucun chasseur de grand gibier digne de ce nom ne saurait pourtant se lancer, nous semble-t-il,sur les traces d’un animal par essence et par définition sauvage, en ignorant, voire en négligeant le fait que la nature même de ce gibier, sa “sauvagerie”,et par là même son imprévisibilité,à l’opposé de celle d’un animal domestiqué,apprivoisé,voire dressé,fait de lui une source potentielle et parfois fatale de drames. Et que ceux-ci n’ont à tout le moins rien“d’inattendus”et certainement pas“d’imprévisibles”… Plusqu’unsimple“accident”,comme le commun l’entend,nous inclinons plutôtàpenserqu’ilnes’agitqued’uneconséquence normale résultant de cet affrontement “à mort” qu’est somme toute la chasse du grand gibier. En effet, même sicetaffrontement,aufildesâges,desprogrèsdelabalistiqueetdel’armurerie,s’est

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soldé de plus en plus par la mort quasi inéluctabledugibier,lagrandechasseafricaine reste une activité qui comporte des dangers qu’il serait absurde de négliger. À ces drames en puissance, il y a un dénominateur commun: une erreur, une imprudence qu’elle émane du chasseur,duguideoudespisteurs(lirepage140 l’article d’Olivier Dassault). En principe,un animal sauvage n’attaque jamais l’homme spontanément, il le fuit. Pour la grande majorité des ani-

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maux, y compris les plus dangereux, un atavisme millénaire leur fait prendre la fuite à l’approche de l’homme. Il existe toutefois un certain nombre de circonstances au cours desquelles des animaux sauvages présentent d’emblée un danger mortel pour l’homme, y compris si celui-ci ne manifeste à leur égard aucune intention malveillante. Mais il y a toujours une raison. C’est le cas d’une femelle avec son ou ses petits, qu’elles soient éléphantes,rhinocéros ou lionnes, même si cette particularité pourrait s’appliquer à bien des animaux en apparenceplusinoffensifs,maisaccompagnés de leur progéniture. Quant à l’hippopotame, lui barrer la route quand il retourneàl’eau,sonélémentnaturel,estl’un des plus sûrs moyens pour un homme, chasseur ou non, d’alimenter les chroniquesnécrologiques…Onnerésistepas à une tonne lancée. L’autre circonstance, source de tous les drames, est celle dans laquelle l’animal est,hélas,blessé par le coup de carabine ou de fusil du chasseur. Dès l’instant en effet, que l’homme, en chassant, infligeàl’animaldesblessures,certesavec l’intention, in fine, de le tuer, le plus “inoffensif”des gibiers ou perçu comme tel pardeschasseursinexpérimentésoutrop sûrs d’eux, et pourvu que son état et un certain nombre de circonstances s’y prê-


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QUAND LE LION CHARGE…

ÉDOUARD FOÀ FACE À UN LION, ET, EN MÉDAILLON, BRUNEAU DE LABORIE QUI SERA ATTAQUÉ ET MORTELLEMENT BLESSÉ PAR UN LION, QU’UN DE SES PISTEURS VIENT DE TIRER.

tent (configuration du terrain, relâchement de l’attention du chasseur), devient susceptible de rendre coup pour coup à l’homme qui le traque.Parfois de lafaçonlaplusinattenduevoire“fortuite”, parfois avec l’intention délibérée d’en finir avec son persécuteur. N’importe quel broussard confirmeraquetoutanimalestpotentiellement dangereux, du plus léger au plus puissant, parce que sur ce continent, pour vivreetsurvivre,cesmêmesanimauxont développé une puissance et une résistance proprement hors du commun. Ainsi de l’oryx ou encore du guib harnaché, dont les cornes acérées viennent chercherleventreoul’artèrefémoraledu chasseur qui s’approche trop confiant, et dont Charles Baldwin,dans ses récits de chasse Du Natal au Zambèze 18511866,écritqu’ilsedéfendavecfureurune fois qu’il est blessé. Ou bien encore du bongo acculé,et qui charge pointes baissées,etmêmeducynocéphalequeladouleuretlacolèresansbornepeuventrendre capable de déchirer un homme, voire un léopard, réputé son plus farouche ennemi,à l’aide de ses crocs redoutables

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et de ses griffes. John Hunter, quant à lui, évoque des cobes à croissant, des sables et même des phacochères livrant des combats désespérés… Or, avec certains animaux, le mot dangerprendtoutsonsens.«EnAfrique, lesanimauxlesplusdangereuxpourlechasseur sont le buffle, l’éléphant, le lion et le rhinocéros.Je les cite dans l’ordre alphabétique », écrit Eric Temple-Perkins. On peut lui faire confiance lui qui a appartenuàl’administrationcolonialeanglaise et qui, à partir de 1919 et pendant près de trente-sept ans, chassera en Afrique de l’Est tout ce qui se peut concevoir en matière de gibier. De son côté, Russel Barnett Aitken qui fut tout à la fois un sculpteur de renom, un conservationniste convaincu, l’un des premiers directeurs du WWF,et pendant plus de

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quarante ans un chasseur de grand gibier passionné, écrit dans Great GameAnimals:«Desmilliersdelivres ontétéécritssurl’Afriqueetsongrand gibier, et la plupart glorifient un sinistrequartetd’animauxqueleschasseurs appellent“The Big Four”,éléphants,rhinocéros,lions et buffle du Cap.Il n’est pas étonnant que ces animaux,troismassifspoidslourdsetunerugissante masse de muscles, de dents et de griffes puissent avoir une sale réputation lorsque l’on considère que des corps sans nombre reposent de leurs faits parmi la brousse dans des tombes solitaires.» Mais la question de savoir lequel est le plus dangereuxdesquatre–cinqsil’onajoute le léopard– est l’une des plus épineuses qui soient,et qui dressent les uns contre les autres aussi bien les experts, que les chasseurs de moindre expérience. Ce vieux débat n’a et n’aura,on s’en doute, jamais de réponses définitives et tranchées,tant il est vrai que dans cette matière, tout est une affaire personnelle… Est-ce l’éléphant? Pour Aitken,cela ne fait pas l’ombre d’un doute… « L’animal le plus dangereux au monde,pour autant que j’ai pu en juger moi-même,est celui qui,sous l’effet de la colère,est capable de provoquer le plus de dégâts possibles.En vertu de ce critère,aucun animal ne peut rivaliser avec l’éléphant d’Afrique », poursuit-il. Aitken a sans conteste parfaite-


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LA FORCE DE L’ÉLÉPHANT

CHASSE À L’ÉLÉPHANT ET ÉLÉPHANT CHARGEANT AU MOZAMBIQUE. LA COLÈRE D’UN PACHYDERME BLESSÉ PAR BALLE DÉPASSE ASSURÉMENT TOUT CE QUE L’ON PEUT IMAGINER EN TERME DE VIOLENCE.

ment résumé ce que peut représenter la colère d’une telle montagne de chair et d’os.Car la colère d’un éléphant qui s’emploie àsevengerdeladouleurquevient de lui infliger la mauvaise balle du chasseur dépasse assurément tout ce que l’on peut imaginer en termes de violence destructrice. Ce n’est pas François Levaillant,qui deviendra un des plus fameux ornithologues de son temps menant de 1781 à 1784 plusieurs expéditions en Afrique australe,qui soutiendra le contraire.Des pachydermes,celui qui sera l’un des premiers Blancs à franchir le fleuve Orange vers le Nord et à s’aventurer dans ce qui estaujourd’huilaNamibie,écritdansson Voyage dans l’Intérieur de l’Afrique: « À la vérité,qu’unétourdisoitasseztémérairepour attaquer un éléphant en rase campagne,et il est mort s’il manque son coup.» Sans doute parle-t-il d’expérience,car il raconte encore:« Je n’étais qu’à vingt-cinq pas.Je portai mon fusil qui pesait trente livres,outre mes munitions.Je ne pouvais être aussi dispos que mes gens,qui ne s’étant pas laissé emporter si loin, avaient d’autant plus d’avance pour échapper à la trompe venge-

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resse.Je fuyais,mais l’éléphant gagnait à chaque instant sur moi.Plus mort que vif, abandonné de tous les miens,il ne me restait que le parti de me coucher et de me blottir contre un gros tronc d’arbre renversé.» Levaillant s’en tire… mais il revient de loin. Il faut dire que l’animal vient d’encaisser une quinzaine de coups de fusil, et a quelque raison de vouloir se venger… Chrétien aura moins de chances. Il nechasseraquesixmoisen1902,surl’Oubangui,ettueraunecentained’éléphants pourleurivoire.Ils’apprêteàallervendre celui-ci,mais décide de rajouter un dernier éléphant à son tableau de chasse.Ce sera le dernier de sa courte carrière.L’éléphant blessé le tue dans sa fuite. Plus tard,WillemPretoriusdontlafamilleavait fondé Pretoria la capitale de l’Afrique du Sud, subira le même sort. Chasseur d’ivoirejusqu’en1936enRCA,puisplanteur,il sera piétiné par un éléphant blessé

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quis’acharneraplusieursheures sur son corps avant que, prévenu du drame, son fils Marcel ne mette en fuite l’animal, sans toutefois réussir à l’abattre. Lesanecdoteseffroyablesne manquent pas.Comme celle racontée dans Nouvelles de brousse (Éditions de Montbel), où ce chasseur qui sera chargé,attrapé aveclatrompe,etmassacréàtelle enseigneque,cequirestaitdeson corps, pouvait tenir dans une boîte d’allumette! Pourtant, et c’est l’avis de TemplePerkins,unemajoritéd’auteursetdechasseurspensentquelelionestbeletbell’animal le plus dangereux de la brousse. Le grand Frederick Selous le place ainsi au premier rang. Viennent ensuite selon lui, l’éléphant et le buffle à égalité, et enfin le rhinocéros. L’éléphant, que Selous a chassé d’abondance – il en tuera six cents entre 1871 et 1896 – lui a pourtant valu maintes sérieuses alertes. Mettons à part le cas de lions mangeurs d’hommes,racontés aussi bien par John Henry Patterson –qui pourchassa et tua les fauves qui attaquaient les indigènes qui construisaient la ligne de chemin de fer dans laTsavo au XIXe siècle– que par John Taylor,qui se spécialisa un temps sur ce gibier si particulier.Car ces mangeurs d’hommes n’étaient pas un gibier ordinaire, ne répondant à aucune règle (sauf d’aimer la chair humaine),


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LA PUISSANCE DU BUFFLE

CHASSE AU BUFFLE ET BUFFLES D’AFRIQUE. CI-CONTRE, JEAN D’ORGEIX : CE GRAND GUIDE QU’IL FUT SE DIRA TOUJOURS “AGACÉ PAR LES PROPOS QUE CERTAINS TIENNENT

AU SUJET DES CHARGES D’ANIMAUX FÉROCES”…

contraignant les chasseurs à employer toutes les moyens possibles et imaginables. Il n’en demeure pas moins que leurs récits donnent une exacte ampleur de la puissance et de la férocité d’un lion. Àlachasseproprementdite,latraque d’un lion blessé est aussi l’une des plus terriblesquisoient.C’estlahantisedetout guidedechasse,etdetoutchasseurdigne de ce nom… Delaleu de Trèvières dans sonlivredesouvenirsQuinzeansdegrandes chassesdansl’empirefrançaistémoigneque « la recherche des fauves blessés est l’opération la plus délicate et la plus dangereuse que le chasseur ait à effectuer.C’est alors qu’arrivent en général les accidents graves ». Sa vitesse décuplée par la douleur et la rage font du lion blessé une terrible machine à tuer, capable de franchir une centaine de mètres en quatre secondes et en faisant des bonds de quinze mètres.Même si le chasseur a la chance de placer sa balle au bon endroit,le poids de l’animal lancé à pleine vitesse, toutes griffes dehors et crocs en avant,a de fortes chances de lui laisser de terribles souvenirs,voire de ne plus lui en laisser du tout…

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L’explorateur Livingstone en a fait l’expérience.En1843,ilestenAfriquedepuis trois ans et il a entamé son périple à traversl’Afriqueaustrale.Unjourdesvillageois lui demande de les aider à se débarrasser de lions qui terrorisent la population des environs. Les choses ne se passent pas pour le mieux… L’un des lions,blessé,charge Livingstone,le saisit àl’épauleets’apprêteàletuerlorsquel’un des hommes qui l’accompagnent apparaît. Le lion lâche l’explorateur et se rue sur l’Africain qu’il blesse à la cuisse.Un troisième homme surgit qui est chargé à son tour et cruellement mordu,« mais au même instant les balles qu’il avait reçues produisantleureffet,iltombafrappédemort. […]Nonseulementj’avaiseul’huméruscomplètement écrasé, mais encore j’avais été morduonzefoisàlapartiesupérieuredubras».

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Bruneau de Laborie s’en tirera lui beaucoup moins bien (Jours de Chasse n° 26). Nommé inspecteurgénéraldesChassesaux colonies, il parcourt l’Afrique inlassablement,enchassant,par devoir ou par plaisir,à pied ou à cheval, comme il le fait depuis1892!En1930,ilestchargé, à 60 ans, de recueillir des trophées pour l’Exposition coloniale qui doit se tenir à Paris l’année suivante. Le 20 juin 1930,ilentameladernièrejournée de chasse de son existence.Quelques heures plus tard, il est attaqué et gravementblesséparunlionqu’unpisteurvient detirer,endépitdubonsensetdesordres reçus de n’en rien faire… Bruneau de Laborie meurt à Bangui plus d’une semaine après le drame, avec courage en dépit d’immenses souffrances dues à la gangrène qui s’est installée dans son bras blessé et aux deux amputations qui en résulteront, sans pouvoir le sauver. L’éléphant,lelion,lesplusdangereux? John Hunter, au nom si prédestiné, qui futl’undesplusfameuxguidesdechasse de l’Afrique de l’Est et mena une carrière de près de cinquante ans au cours de laquelle il fit tirer plus de mille quatre cents ans éléphants,n’est pas de cet avis. Dans son livre de souvenirs Professional Hunter. Un guide de chasse au Kenya, il


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KRISTIAN SEKULIC

consacre un chapitre entier à la question en Afrique, aurait pu être la dernière. pénétrant à la base de cette corne,engende savoir quel est l’animal le plus dange- L’animal blessé charge Foà à plusieurs drant un énorme abcès provoquant peu à reux.Sa réponse est sans ambiguïté: « Si reprises avant que celui-ci ne parvienne peu la chute de toute la corne ».Pour d’Orgeix,« la rapidité du déclenchement de cette chassé dans de bonnes conditions,le lion est à l’abattre. C’est encore André Félix. Admi- charge et sa violence frénétique étaient dues lesecondanimalleplusdangereuxd’Afrique, quel animal est donc le premier? Pour moi, nistrateur en chef en Centrafrique à Bi- trèscertainementauxsouffrancesquecetanic’est le léopard.Je sais que bien des chas- rao,il est aussi un excellent chasseur.En mal avait endurées ». Bref. On l’aura compris : tous ces seurs blancs ne seront pas de mon avis,mais 1955,ouvrant une piste,il tire un buffle. je m’en tiens à mon verdict. […] Le léopard Chargé, encorné, il meurt dans l’avion animaux peuvent se révéler un jour danqui charge bondit toujours à la face de qui l’évacue.On pense à la terrible con- gereux.Toujours le même Foà tiendra à l’homme,cherchant à arracher les yeux de frontation qui faillit coûter la vie au Bé- jour le sinistre décompte des blessés et sa victime de ses griffes antérieures […] tan- nin,ilyaquelquessaisonsàYannLeBou- des morts dans les rangs de ses pisteurs dis que ses pattes de derrière sont actives elles vier,guide de l’agence Club Faune,avec et porteurs, soit à la suite de rencontres aussi.D’habitude,il enfonce en même temps un buffle blessé qui éventra proprement inopinées, soit à la suite d’actions de les crocs dans le cou ou dans l’épaule.» Per- notrecamarade,avantquecelui-ci,endé- chasse.Le total fait froid dans le dos: « 6 hommes tués dont 3 sur place,et sonneeneffetnecontestequ’un 11 blessés dont un est resté estroléopardenfuriesoitd’uneforce pié,et 5 ont été très grièvement et d’un courage inimaginable. atteints ».Du triste bilan,il resPrêt à un déchaînement de fusort que les buffles et les éléreur… D’ailleurs, les guides phants sont responsables de 5 de chasse savent bien qu’au des tués, le sixième étant immoment d’approcher l’animal putable à un lion,et 7 des blesblessé,ils doivent protéger leur sésauxéléphants.Dequoidoncou au moyen d’un chèche… ner raison avant l’heure à Et le buffle, objet de bien Barnett Aitken… derécitsetdelégendes?LàenMaislagrandechasseetses“accore, bien des avis divergent. cidents” ne sauraient se résuSelous estimait que sa dangemer à de tels drames. Tous ne rosité est grandement surestisont pas si terribles et tous ne mée. Pour un autre chasseur, connaissent pas d’aussi tristes suivre un buffle blessé sous issues.Etderappelercequedicouvert « est la plus dangereuse sent de nombreux guides que action qu’un chasseur puisse enle plus grand danger dans la treprendre ». Pénétrer à la suite brousse, c’est le chasseur ! d’un buffle blessé dans des Quant à d’Orgeix,à propos de “pailles” de deux mètres de sachargedebuffle,ilécrira:«La haut où la vue ne porte pas à morale de cette histoire,c’est aux plus de cinquante centimètres chasseurs qu’elle s’adresse. Elle est en effet une expérience démontre à quel point il faut tout éprouvante.Aussi,lorsquel’on faire pour éviter de blesser les compte soi-même au nombre grands fauves tant ils peuvent desesrelationsquelquesguides devenirdangereuxparlasuitelorsqui,dans la pratique du même exercice,ontchèrementpayéde PRÊT À UN DÉCHAÎNEMENT DE FUREUR qu’ils se retrouvent face à un homme.» leur sang leur sens du devoir “LE LÉOPARD QUI CHARGE BONDIT TOUJOURS À LA FACE ◆ et du métier bien fait,la moinDE L’HOMME, CHERCHANT À ARRACHER LES YEUX DE SA VICTIME Nous remercions Éric et dre ondulation des hautes DE SES GRIFFES ANTÉRIEURES TANDIS QUE SES PATTES DE DERRIÈRE Cédric de Fougerolle,des Éditions herbes,lemoindrecraquement SONT ACTIVES ELLES AUSSI…” et de la Librairie Montbel,qui ont de la paille sèche vous font rebien voulu mettre gracieusement monter le cœur dans la gorge et trans- pit de ses terribles blessures, et avec à notre disposition nombre des ouvrages forme votre bouche et votre langue en l’aide de son premier pisteur, ne réussît qui ont servi à la rédaction de cet article.Citons parmi d’autres: une sorte de buvard desséché… Ils sont enfin à tuer le buffle. le Royaume des Éléphants,d’EricTemple-Perkins: Même le grand d’Orgeix essuya un Professional Hunter,un guide de chasse nombreux les chasseurs et les guides à avoir essuyé la charge d’un buffle. On jour une charge terrible, après une ap- au Kenya,de John Hunter; Du Natal au Zambèze songeaugéographeÉdouardFoàquifut proche sur un buffle.Il dut le tirer à huit 1851-1866,de Charles Baldwin; chargé par le Muséum d’histoire natu- mètresetdemi!Pourtant,l’animaln’avait les Coureurs de brousse, de Christian Le Noël; Pisteurs noirs,Chasseurs blancs,de Joseph Poth; relle d’une mission d’exploration en pas été touché. Mais d’Orgeix avait re- Grandes Chasses coloniales; Afrique en 1891.Sa première chasse au marqué que ce buffle n’avait qu’une le Safari la Gachette, buffle, peu de temps après son arrivée corne, « conséquence d’une [vieille] balle de François et Jacqueline Sommer.

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Centrafrique, attaque d’un lion

“Je n’étais pas prêt à affronter les chats”

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nsafariafricainestenmêmetemps uneévasionversd’autreshorizons,etunautre mode de vie, c’est la prise de conscience de cequ’estunretouràl’étatnatureldel’homme. Je l’ai découvert lors de mon premier safari, celuiquifutleplusdangereux.Celafaitmaintenant plus de vingt ans.Nous étions partis, avecFrançoisBich,chasseurtrèsexpérimenté, et François Weber, un de mes vieux compagnons de route pour huit jours en Centrafrique. C’était un safari bon marché ce qui nous a plu au premier abord et nous a appris par la suite que c’était de mauvaises économies. Le camp était assez rudimentaire et nouvellement construit, nous étions d’ailleurs les premiers clients. Nous devions avoir un guide d’un certain âge et d’une certaine expérience, en outre pilote d’avion, un pro complet et réputé pour son excellence:Christian Le Noël, il venait justement d’organiser ce camp. Ce dernier, qui amenait d’autres clients, avait été retardé par un orage,mais avides de profiter de notre safari,c’est donc avec un autre guide plus jeune que nous avons commencé notre séjour, il s’appelait Besson. Mauvaise décision: il était sympathique et nous avons voulu le garder avec nous lorsque Christian Le Noël est arrivé,ce qui fut une erreur monumentale. Lorsqu’un guide vous est affecté, il ne faut pas en changer. Surtout que nous n’avions que deux guides pour trois. Toujours par souci d’économies,nous alternions les sorties seuls et à deux. L’avant-derniermatin,FrançoisBichvoulait absolument tirer un lion. Moi, je préféraistireruncéphalopherougeouàdosjaune, cettepetiteantilopepasplusgrandequ’unlabrador.D’autant plus que,j’avais été frustré deux jours auparavant de ne pouvoir le faire quandl’occasions’étaitprésentée,carcen’était pas mon tour! Je n’étais pas chaud pour tirer un lion lors de mon premier safari, pour moi c’était trop tôt. Un lion, cela se mérite. J’aurai dû me fier à mes intuitions:je n’étais pas encore prêt pour affronter les“chats”.

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par Olivier Dassault Malgré mon peu d’enthousiasme, nous partons quand même, sous la pression et l’insistancedeFrançois.Aprèsunepetiteheure demarche,nousdécouvronsdestracesdelion assez fraîches ; nous pistons pendant trois quartsd’heure…lorsque,dansdespetitsbois clairsemés –à 50 mètres de visibilité– deux lions couchés! François, épaule immédiatementavantdesefaireréprimanderparlejeune guide qui lui dit: « Attendez,attendez.Ça ne se tire pas comme ça ». Par le bruit,alertés,les lions se lèvent doucement,nous regardent et tranquillements’envont.Pensantqu’onn’allait pas les rattraper, ni leur courir après, je propose de retourner vers mes petites antilopes,mais suis rabroué par le guide me certifiant que les lions allaient certainement se reposerplustard.Jecommençaisàavoirfaim, et je n’étais pas chaud pour continuer… Mais… le groupe déjà en marche, nous repartons. Au bout d’une heure,nous sommes tétanisés par un énorme bruit. Nous dirigeant dans sa direction, nous découvrons un lion accroupi sur un énorme buffle dont seule la queue bougeait encore. Nous étions à bon vent, nous nous approchons, François s’accroupit, épaule, et… clic… pas de détonation, il avait oublié d’enlever la sûreté de sa carabine. Vexé mon ami se retourne vers moi: – Je ne le sens pas, me dit-il. Vas-y Olivier. – Non à toi. – Mais si. – Mais non. Là le guide s’énerve : « C’est pas fini cet échange d’amabilités,vous vous croyez dans un salon de thé? » Je me dévoue donc, le guide sommedem’appliquer,jem’appuiesursacarabine à la verticale pour viser,j’épaule,et… clic… rien… Le guide hurle: « Quand on tire un lion,on n’oublie pas la sécurité… » Le sort s’acharnait sur nous.« Ne vous inquiétez pas », lui criais-je.Je vise,j’épaule,je tire,le lion est projeté sur le côté, tombe, on a même le temps d’apercevoir une grosse tâche rouge

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sur l’épaule. Je recharge pour tirer à nouveau et me fais encore rouspéter par le guide: « Non,non,vous allez abîmer le trophée »… Le grandfauveserelève,blessé,s’enva…Leguide alors tire, le rate ! Quant à moi, je retire, et dans la précipitation me mets la lunette dans l’œil!Lelions’éloignecommesiderienn’était. Je comprends par la suite que le lion était de trois quarts sur sa proie,j’aurais dû tirer derrièrel’épaulepourquelaballeatteignelecœur, et non dans l’épaule.Et c’est là,qu’une autre histoire commence. Noussuivonsdestracesdesangpeuabondantes; mon ami François suggère de laisser le guide le retrouver,seul.Je ne suis pas d’accord, je veux participer à la recherche de mon animal blessé.Nous voici donc en ligne dans la savane après avoir laissé derrière nous le buffle agonisant. Nous marchons depuis quelques minutes,quand d’un seul coup,un bruit de galop nous fait nous retourner,c’est le buffle qui,pour nous remercier de lui avoir sauvé la vie, nous chargeait! Les trois carabinescrachentleursfeux…lebuffletombe… Il est mort. Nousarrivonsversunpetitbois,etlàFrançois refuse catégoriquement de continuer: « C’est trop dangereux,le guide doit y aller seul, c’est le rôle du pro.» Et moi de répondre… « Tu as vu sa tête.Il est blême.Le bois n’est pas très dense,c’est moi qui l’ai blessé je ne veux pas le laisser y aller seul.» Nous voilà donc dans le bois, et la marche recommence pendant plus d’une demi-heure. Soudain les pisteurs hurlent:« Bwana,Bwana,Simba! » Le guide épaule, tire une balle, deux balles, je ne vois rien, mais comprends alors que le lion blessé a été rejoint par son frère. Je me tourne vers François pour lui dire: « Là,si il y a un second lion blessé,on retourne à la voiture.»Maislespisteursnousconfirmentqu’il n’y en a qu’un seul et que c’est bien le même. Nous reprenons donc notre marche quand, soudain, dans une clairière sur la droite, en ombrechinoise,lelioncherchesaproie.D’un seul coup d’un seul, nous nous tournons


OLIVIER DASSAULT

position de me faire un branvers lui et dans un vacarme de card, me hisse sur les épaules feu,les trois carabines envoient d’un pisteur, il faut faire vite, leursprojectilessurcetteombre car mon état est quand même qui grogne pour la première inquiétant. fois.Je veux retirer.« Attendez, Je me dis que tout cela n’est me dit le guide. Vous allez abîpasvraietquejevaismeréveiller mer le trophée! » de ce cauchemar effroyable.Un Alors que le lion a poursuivi autre pisteur était parti devant son chemin, nous attendons chercher notre voiture, nous le quelques instants, puis nous retrouvons en une demi-heure. dirigeantverslelieudel’impact, En moins d’une heure, nous nous constatons qu’il y a cette étions rentrés au camp, et là, fois un peu plus de sang.Nous miracle encore. Le guide Noël nousmettonsàlesuivre(lesang) était rentré déjeuner avec ses quinousfaitrevenirsurnospas. clients,l’avionétaitlàaussi.Dans Heureux de se rapprocher enmon état à demi-conscient, je finducamp,jeneréalisepastout le prie de m’emmener imméde suite que nous allons nous diatement à Bangui craignant trouveràmauvaisvent.Aubout les conséquences d’une infecd’un quart d’heure, un coup tiongalopante.«Nousarriverons de tonnerre éclate alors qu’auà Bangui de nuit et je ne sais pas cun nuage ne semble voiler atterrir sans visibilité », me ditl’éclatducielbleu.Cen’étaitpas il confus. « Peu importe,je vous l’orage, ni un mirage… c’était expliquerai ! » lui répondis-je. bel et bien le rugissement du Je fus donc opéré le soir même lion qui démarrait sa charge. DEUX ANS APRÈS SON ACCIDENT, OLIVIER DASSAULT AVEC UN LION parunmédecinmilitaire.Etun Personne ne peut imaginer un TIRÉ EN ZAMBIE EN 1985, CETTE FOIS DANS DE BONNES CONDITIONS. Falcon d’Europe Assistance bruit plus effrayant! “LA CHASSE AU LION S’APPREND, C’EST UN ART QUI S’ACQUIERT…” m’évacua le lendemain vers Les pisteurs ont disparu, je ne les ai même pas vu s’enfuir,obnubilé par male.Au même moment,le guide qui n’avait l’hôpital américain de Paris où je fus récette masse qui court, parallèle à nous, car il plusdeballesdanssacarabine,prendàsacein- opéré de la main par le célèbre chirurgien: chargeait notre odeur, sans nous avoir vus. ture son arme de poing,un magnum 375,un le PrVilain. Mon ami François Bich, resté sur place, Le guide le tire comme un sanglier cou- peu cow-boy.Il lui tire dans l’arrière-train,le rant… mais notre lion continue… et,le voilà lion rugit, lâche prise et se retourne vers retrouva le lion mort à deux cents mètres de qui réalise d’où viennent tous ses tracas, et François et le guide.Sur les coudes,je me re- mon accident avec onze impacts de balles. se met à bondir vers nous en zigzag à travers cule, glisse, rampe en arrière et sors mon La bête de plus de 300 kilos s’était battue les arbres. François est gêné par le guide et pied de ce cauchemar.François qui avait en- jusqu’à son dernier souffle. Aujourd’hui, je sais que la chasse au lion manque de lui tirer dans le genou. Sa balle, fin remis des balles dans sa carabine le tire à finalement,atterrira dans un arbre.Le guide bout portant dans la crinière ce qui aurait s’apprend.C’est un art qui s’acquiert.Il faut n’a plus de balles dans sa 458, quant à moi, dû le terrasser, mais pas du tout, le lion s’en faire un repérage avant de se lancer dans une telle aventure,poser des appâts et ne pas héprudent,j’attends qu’il soit à 20mètres pour va en rugissant, effrayant. Il faut savoir que quelques heures plus siter à construire un blind pour observer, et le tirer. Le lion ne s’arrête toujours pas, il bondit,je fais un pas en arrière,trébuche sur tôt François, ayant ses balles qui s’entre- peut-être alors seulement tirer.La tension et une racine, (ce qui me sauve la vie), car les choquaientbruyammentdanssespochesles l’émotion durent beaucoup, beaucoup plus jambes en l’air, le lion m’attrape un pied au avait enroulées de papier toilette.Je me sou- longtemps.L’on sait que de nombreux chaslieu de l’épaule ou du cou. Il le secoue et là, viens donc de cette vision de mon ami en seurs ont été blessés par des buffles ou même inconscient que j’étais, je veux lui ouvrir la train de dérouler son papier pour récupé- des éléphants, leur proportion est faible par gueule tel Tarzan, pour qu’il me lâche, mais rer ses balles de carabine pendant que le rapport aux accidents de lions. Car ceux-ci, là,j’effleure à peine ses moustaches que d’un lion me broyait la cheville! Totalement sur- en général, tuent! Il faut avoir palpé le lion coup de griffes acérées, il me sectionne une réaliste ! J’avais comme chaussures de mortpourenévaluertoutesapuissance.D’un marchedesPataugasmontantesbienserrées coup de patte,le lion vous déchiquette,vous partie de la main. Les choses se compliquent,mais je réali- ce qui m’a protégé et a empêché les crocs lacère. Ses griffes vous empoisonnent. Cesai plus tard qu’une des nombreuses balles du lion de traverser et de déchirer les chairs. lui-ci n’a pas réussi à m’avoir, ni à entamer qu’il avait reçues lui avait endommagé la Seule la pression m’avait ouvert la jambe. mon capital chance,par contre il m’a fait rémâchoire et l’empêchait de serrer à la nor- Je me relève à cloche-pied, refuse leur pro- fléchir… ◆

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“A FALL’S A HAWFUL THING”, UN DES DESSINS LES PLUS CONNUS ET LES PLUS DRÔLES D’ALDIN.

PAGE DE DROITE, CECIL ALDIN TRAVAILLANT

SUR UN TABLEAU DE DILIGENCE.

EN BAS, “A LIKELY SPOT” (“UN BON ENDROIT”): L’ECCLÉSIASTIQUE, L’ENFANT ET LE CHAT NOIR SERONT

DES PERSONNAGES RÉCURRENTS DU PEINTRE. EN DESSOUS, “DÉPART POUR LA CHASSE”.

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Cecil Aldin

Gentleman et peintre

par Virginie Jacoberger-Lavoué

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n doit à Cecil Aldin (1870-1935) la renaissance de la peinture animalière.Figure de l’art cynégétique,il est loué pour ses représentations de chevaux et de chiens souvent humoristiques.Avec le Français Harry Eliott, il est l’illustrateur animalier le plus prisé par les collectionneurs de gravures. DR

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ecil Aldin ou la joie de vivre. Nulle définition ne correspond mieux à ce Britannique pur sucre.Son œuvre,son sens de la composition, son trait se reconnaissent entre mille. Qui ne connaît, qui n’apprécie sa passion pour la vie dans les campagnes anglaises,le fox hunting en tête, son goût prononcé pour les compositions géorgiennes… Qui n’a pas souri et ri à ses scènes de chasse à courre, où notre regard est attiré par moult détails plus savoureux les uns que les autres, entre ces cavaliers bien en chair au teint rougi, ces ecclésiastiques joufflus ou encore ces chasseurs buvant force pintes… Mais qu’on ne s’y méprenne pas: Aldin, s’il force quelquefois le trait vers une certaine caricature, est d’abord et avant tout un formidable observateur de la vie animale et de la vie tout court:tout est senti, ressenti,tout est exact avec souvent une infinie poésie.Qu’ajouter,en effet,lorsqu’on détaille ces chevaux,ces grands hunters irlandais,dont on perçoit tout l’influx nerveux,ou ces chiens au regard si expressif,tour à tour tracassés par des puces,en train de se disputer quelques victuailles, intrigués par le comportement d’un cheval,ou d’une fierté incommensurable au rapport d’un faisan. On devine –et on partage!– l’angoisse de ces cavaliers qui vont affronter les sévères embûches d’une chasse au renard. On apprécie de la même manière son sens de la précision dans ces attelages –notamment le courrier d’Édimbourg à pleine vitesse–, ces scènes de polo ou de courses de chevaux… De son vivant, il eutsesinconditionnels;d’outre-tombe, il les a toujours si l’on en juge les succès de ses œuvres en salle des ventes, à telle fin que sa cote se maintient à un excellent niveau… Ce n’est,finalement,qu’un juste retour des choses tant Aldin n’a vécu que pour la chasse, la campagne et la peinture.Chez lui,elles seront si étroitement mêlées qu’au bout du compte, on ne sait plus s’il peignait pour pouvoir financièrement chasser, où s’il chassait pour peindre, et immortaliser ses sou-

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Cecil Aldin

“LE PASSAGE DU RUISSEAU” ET “UN VENEUR PERDU”. PAGE DE DROITE : “ANGEL INN”, L’UNE DES NOMBREUSES ŒUVRES OÙ ALDIN MET EN SCÈNE DES DILIGENCES. LORSQU’ON OBSERVE ATTENTIVEMENT LE DESSIN D’ALDIN, NOTRE REGARD EST ATTIRÉ PAR MOULT DÉTAILS PLUS SAVOUREUX LES UNS QUE LES AUTRES.

venirs! Lorsqu’on regarde un instant sa vie, on reste frappé qu’Aldin n’a jamais varié de ses passions, avec une foi et une constance inébranlable.Bien qu’il n’y eût aucune tradition cynégétique dans sa famille –son père était un entrepreneur et un investisseur immobilier–, Cecil Aldin est attiré dès le plus jeune âge par la représentation de chevaux et de chiens. Il est né à Slough dans une bâtisse familiale au joli nom de Wellington Lodge qu’il quittera pour Londres à peine âgé de un an. Il dira avoir eu, dès sa plus jeune enfance, une fascination pour les chevaux à bascule en bois, exposés dans les vitrines des boutiques de jouets de Londres! Il aime tout particulièrement ceux aux robes peintes avec exagération, en particulier ceux qui ont de grosses tâches pommelées dessinées dans des tons criards. Ce souvenir fut si marquant que, lorsqu’il devint des années plus tard père, il « sculpta et peignit pour ses enfants,des chevaux à bascule au profil si grotesque et si comique », raconte Roy Heron dans la passionnante biographie qu’il lui a consacrée dont l’édition anglaise est parue en 1990 et l’édition française cinq ans plus tard, sous le titre Cecil Aldin,peinture et vénerie (Ibis Distribution). Danssatrèsironiqueautobiographie(autitrepourlemoins désarmant: Il serait temps que je sois mort!), Cecil Aldin se sou-

vient « d’un petit enfant roux,à la haute fenêtre d’une maison de Kensington Gardens,guettant les charrettes des fournisseurs qui s’arrêtaient à la porte de service,afin de pouvoir en dessiner les poneys qui y étaient attelés ».On entre dans sa vie comme dans un roman de Charles Dickens. Parmi ses premiers dessins, il y a déjà des scènes humoristiques où le cheval désarçonne son cavalier par exemple. « Consciemment ou non, écrit Heron, l’avenir d’Aldin se décida dans la nursery ». D’abord parce qu’il parcourt les périodiques auxquels ses parents sont abonnés, se familiarise avec les œuvres de peintres et d’illustrateurs fa-

LA CHASSE ET LA PEINTURE SERONT SI ÉTROITEMENT MÊLÉES CHEZ LUI QU’ON NE SAIT PLUS S’IL PEIGNAIT POUR POUVOIR FINANCIÈREMENT CHASSER, OÙ S’IL CHASSAIT POUR PEINDRE.

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meux qu’il s’agisse de Leech, Phiz, ou Cruikshank ou encore, pour les scènes de chasse ou d’attelage d’Alken et de Pollard. Il observe son père qui peint en amateur, et dessine lui aussi « vautré sur le sol ». Le jeune Aldin sera durablement influencé par les dessins de Caldecott,tout en couleurs et en gaîté: il aura la même joie de vivre,le même foisonnement de tons pour exprimer l’exubéranced’unenaturechampêtreetpeut-êtrebienaussiunecertaine idée du comique de situation.« Il se délectait à en copier et recopier les dessins », poursuit Roy Heron. Déjà, toujours selon son biographe,sa démarche artistique est « empreinte de sensibilité » et ne le quittera jamais. La raison? Dans son enfance, il fut accusé à tort de cruauté envers un chien,qui le marquera à vie. « Depuis cet événement mémorable,je n’ai plus jamais été capable de noyer même un chaton et,plus tard,bien que la chasse ait occupé une place importante dans ma vie,il m’a toujours été très pénible de voir tirer sur un animal », déclara-t-il. Pour autant, son parcours artistique ne fut pas vraiment linéaire. « Il fallait que je sois bigrement optimiste dans mes jeunes années car mes essais dans le dessin animalier ne me laissaient guère l’espoir de subvenir à mes besoins et moins encore de m’offrir des chevaux et une meute », concédera-t-il.Aldin n’est pas un élève très brillant,ni même studieux.À la fin de ses études à 15 ans, il doit convaincre ses parents de poursuivre une carrière artistique alors que sa mère très pieuse,rêve qu’il revête l’habit de clergyman (“prêtre”dans l’Église anglicane). C’est auprès de son père qu’il trouve le soutien nécessaire etintègrel’atelierd’AlbertMoore,unpeintreclassiquesiconventionnel que l’expérience se révélera désastreuse.Après quatre semaines à peine d’apprentissage,Aldin abandonne son maître sans regret pour entrer à l’École nationale de formation artistique qui devint plus tard le Collège d’art royal. Cette fois est la bonne. Timide, assez solitaire, Aldin trouve tout de même

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PAGE DE DROITE, “A DOG IN A GREEN COLLAR”, UN DE SES INNOMBRABLES CHIENS.

une certaine complicité avec ses camarades d’études,de futurs artistes de renom comme l’architecte Edwin Lutyens ou les artistes William Llewellyn et Richard Jack,qui,tous,admirent sa technique. Trèsvite,ilsaitimmortaliserunescènedevénerieenquelques coups de crayons; il sait aussi donner corps au portrait en le structurant d’un trait puissant. C’est aux chiens et non aux chevaux qu’il doit sa première commande. Une dame fortunée de Leatherhead, qui l’a observé travailler dans une exposition canine, lui commande, en effet, un portrait à l’huile de sonterrier.CetteMmeMooreserasiheureusedurésultatqu’elle l’invitera six mois dans sa propriété, mi-manoir, mi-ferme, pour qu’il réalise les portraits de ses chiens, de ses chevaux et de ses animaux de concours.Des mois qui furent décisifs pour sa carrière. Mme Moore lui permit pour la première fois de vivre de son art et plus encore d’avoir confiance en son talent, dont il se sentit toujours redevable.Emily Moore et Aldin restèrent proches jusqu’à la disparition de celle-ci,finalement son premier mécène. Soucieux de toujours se perfectionner, Cecil Aldin suivra les cours d’été de Frank Calderon, qui dirige une école d’ana-

tomie et de peinture animalière.Une rencontre là aussi déterminante. L’élève observe des moulages d’animaux puis ira au zoo de Londres pour,comme tant d’autres,mieux comprendre l’anatomie en étudiant un sujet,un carnet de croquis à la main. Et n’oubliera jamais ses conseils: « toujours considérer son modèle,comme étant un être vivant,animé de mouvements ». À cette époque, Aldin a à peine une vingtaine d’années, et sa vision de la chasse et de la campagne est surtout livresque. Sans moyens, il vit de peu. C’est dire que ses premières chasses avec des chiens « galeux » (dixit Heron) puis avec un équipage spécialisé dans la chasse de la loutre (spécialité anglaise s’il en était) ne sont guère prestigieuses.Il ou-

CECIL ALDIN N’OUBLIERA JAMAIS LES CONSEILS DE FRANK CALDERON, UN DE SES MAÎTRES : “TOUJOURS CONSIDÉRER SON MODÈLE COMME UN ÊTRE VIVANT, ANIMÉ DE MOUVEMENTS.” 146

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blie ces meutes peu décentes en se plongeant le soir dans la lecture et l’observation d’ouvrages qui influenceront son style,ceux d’Handley Cross.Il en retirera une devise: à savoir qu’un peintre ne peut“sentir”fidèlement une scène de chasse que s’il y a participé activement. Il paiera cher son volontarisme: les chasses à la loutre impliquant d’aller souvent dans l’eau pour le moins froide lui déclencheront de redoutables crises de rhumatismes. Mais Aldin ne semble jamais désespérer de rien, car de retour à Londres (justement pour se soigner!),il envoie à tour de bras ses dessins à des magazines (il ne faut pas oublier qu’à l’époque la photographie n’existait pas). Il hante entre autres le zoo de Londres, et ses dessins lui valent sa première commande d’illustrations pour un ouvrage,un des chefs-d’œuvre de la littérature anglo-saxonne,le Livre de la jungle de Rudyard Kipling.Il signa aussi les illustrations de The Pall Mall Budget qui parut en feuilleton.Parallèlement,pendant sa période dite “bohème” qui n’en demeure pas moins active, Aldin trouve son mentor en la personne du peintre Walter Dendy Sadler. Sadler lui apportera son goût prononcé pour les vieilles maisons et les décors géorgiens de l’époque dorée des diligences. Mais la chasse manque vite à Aldin.Chaque fois qu’il le peut, il quitte Londres, pour s’évader dans le Kent ou parcourir à cheval les herbages du Shires. En 1890,Aldin se résout à louer un appartement pour y ouvrir un atelier dans le quartier des artistes de Chelsea puis lorsqu’il épouse Marguerite Morris (la fille d’un fourreur de la City), il s’installe à Bedford Park surnommé par quelques méchantes langues comme“la confrérie du pinceau de la bohème”. Pas de doute, Aldin n’a plus rien du grand timide qu’il était jadis.Désormais,on l’apprécie pour son talent manifeste mais aussi son humour décapant. >>

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Cecil Aldin

s’intéresse à ses dessins de presse.Aldin est devenu très proche des artistes Tom Browne,Lance Thackeray ou Dudley Hardy. Ce petit monde s’amuse follement, se fréquente à Notting Hill qui n’est pas encore un quartier à la mode. On s’y retrouve lors de soirées à thèmes, dédiées à l’épopée de Dickens ou l’époque géorgienne. En 1858,Aldin devient membre fondateur du Club de dessin de Londres. Sa mission est d’« organiser une classe hebdomadaire de dessins pour tous ces adhérents, suivie d’un repas » et résume son étatd’esprit:travailetbombance! C’est à cette époque qu’il participeàsapremièrechasseàcourre, sur un vieux poney gris… Le fox hunting va devenir une passion qu’il n’abandonnera jamais à telle enseigne,nous raconte Heron, que « sa femme supporta cette“maladie”et ses escapades cynégétiques avec un stoïcisme exemplaire ». Son idéal? Gagner de l’argent pour chasser, posséder quelques chiens et faire vivre décemment sa famille. Il y arrive de fort belle manière, et il plaît de plus en plus. Bref, il devient un vrai correspondant de chasse. Dessins au crayon ou gravures, les illustrations d’Aldin sont de plus en plus drôles, elles ridiculisent les veneurs qui ne sont pas toujours d’excellents cavaliers mais sans trop d’ironie,plutôt avec

“HALLALI DE CERF EN FORÊT D’HALATTE” (UNE DES RARES GOUACHES FAITES CECIL ALDIN LORS DE SON VOYAGE EN FRANCE): IL N’AURA QUE PEU DE GOÛT POUR LA VÉNERIE FRANÇAISE, CELLE DU CERF EN PARTICULIER. CIDESSOUS : “SCÈNE DE CHASSE À LA PERDRIX DANS LES CHAUMES DE SEPTEMBRE”.

PAR

Lacavalerie,lechevalàl’écurie sont autant de sujets dans lesquelsilexcelle.Ilcollaboretoujours à des magazines. Surtout, les animaux du zoo maintes fois reproduitsserévèlentcommeun formidablepasseportpourl’édition. À 25ans, Aldin signe plusieurs projets dont les planches d’unouvrageintitulélaChasseau lion en Somalie, puis Une année de chasse et d’histoire naturelle pour lequel il produit trois dessins. À la fin du XIXe siècle, il profite de la révolution industrielle et des avancées techniques dans son art et déborde d’activitécommed’autresartistesanglo-saxonscapablesdeproduire desdessins,destableauxetdesaffiches.Pourcesartistes,la“belle époque”est résolument active. Depuis son premier dessin publié –représentant des chenets dans une cheminée aux armes de Hollist – et exécuté alors qu’il n’a que 20 ans,pas une année passe sans que ne paraissent de nouvelles œuvres dans des revues ou dans des livres.L’année de ses 25 ans est l’une des plus prolifiques si on

L’HUMOUR ET LE SENS DÉCORATIF DES ŒUVRES DU PEINTRE-CAVALIER EXPLIQUENT AUSSI L’ENGOUEMENT AUTOUR DES COURSES, PUIS DE L’IMAGE DE LA VIEILLE

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Cecil Aldin le sens de la parodie et un sincère attendrissement pour la vanitéhumainecommel’illustreparfaitementundessindecrayon, encre et aquarelle intitulé A fall’s a Hawful thing. Ses planches de sporting pictures sont criantes de vérité. À l’arrêt ou sautant une barrière, ses chevaux ne peuvent qu’être loués pour leurs justes proportions, leurs bons aplombs. Soupers de chasse, meutes, départs de course, son trait s’affirme. Sa percée sur le marché de l’art anglo-saxon arrive alors qu’il n’a que 30ans: les éditeurs Lawrence et Bullen décident de publier la série The Fallowfield Hunt. « Aucune série d’estampesn’aatteintunsuccèségal,niinspiréleséditeursdansleurstextes publicitaires », remarque un critique de l’époque lors de la sortie de The Fallowfield Hunt dont les six estampes racontent avec un peu d’ironie le déroulement d’une journée de chasse. Deux personnages reviendront souvent: un savoureux ecclésiastique accompagné d’un enfant sur un âne. Sa série est un tel succès que les faussaires de tous poils copient Aldin, qui sera contraint de se rendre aux États-Unis pour protéger ses créations! Truffées de péripéties, ses estampes sont appréciées d’un public qui ne se limite plus aux seuls cynégètes. L’humour et le sens décoratif de ses œuvres expliquent aussi l’engouement autour de sa série sur les courses,puis de celle sur la vieille Angleterre. Là encore l’expérience du peintre-cavalier, veneur mais aussi en attelage (il attelait lui-même) fait la diffé“THE PARSON”. rence.Pas une approximaEN HAUT, “ROOK tion, ni une erreur… Il SHOOTING collabore à diverses revues AT DINGLEY DELL”: LE CHIEN S’ATTEND VISIBLEMENT AU PIRE.

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et devient une figure de la décoration intérieure alors encore peu développée… Toute bonne maison doit avoir“son”Aldin. Sa renommée est telle que la famille royale d’Espagne choisira pour ses nurseries une frise murale d’Aldin. Ildevintaussi“correspondantdechasse”pourlepériodique cynégétique intitulé Land &WaterIllustrated. « Cela paiera mes dépenses », dira-t-il à son éditeur. Cette nouvelle activité est surtout pour lui un formidable prétexte pour participer à des chasses plus prestigieuses et plus… onéreuses. Il chasse avec les équipages South Berks –il en deviendra plus tard le maître d’équipage– ou les Southdown,les Garth,les Old Berkeley… Aldin ne s’arrête jamais. Il expose même à Paris et découvre les chasseurs français.Le comte de Vallon maître d’équipage de la forêt d’Halatte l’invite à chasser mais Aldin n’aura que peu le goût pour la vénerie française et celle du cerf en particulier. Son œil retient toutefois l’allure deschiensdeGascogne,l’ancêtredebiendes meutes anglaises. Maître d’équipage (enfin!) des Peppard Farmers’Harriers,Aldinchasseraaussiavec une quinzaine d’autres équipages. Ses grandstableauxdesHuntingCountriessont très demandés par les veneurs outre-Manche puis sa reconnaissance gagne du terrain en France. Cette fois, il est considéré comme un peintre de chasse,et plus seulement comme un auteur d’estampes brillantes mais légères. Les veneurs anglais le plébiscitent car ses scènes de chasse sont parfaitement identifiables, tout comme les équipages et même chaque décor champêtre. Il ne peignait pas sur le vif, mais sa mémoire était si bonne que le résultat était probant. Il dessinait d’abord les chasseurs en buste, revenait étudier le paysage, et rentrait à l’atelier finir le tableau. Au fil du temps et au gré de ses commandes,sa technique devient aussi plus subtile.Aldin affectionne le pastel pour les portraits et l’aquarelle pour le paysage. « J’ai toujours été soucieux d’apporter de la variété dans mes activités », répond-il à ceux qui se demandent s’il est vraiment allé jusqu’au bout de son talent.Il n’avait pas le goût des grands formats,de l’huile… HIVER 2009


Au fond,il peignait au jour le jour et non pour sa postérité.La guerre de 1914 allait modifier bien vite ce décor et cet art de vivre qu’il aimait tant.Pendant quatre années,c’est à peine s’il touche ses pinceaux. La naissance de ses petits-enfants le réconforta un peu et il eut la consolation de voir deux de ses tableaux de guerre achetés par le musée impérial de la Guerre. La paix revenue, Aldin s’accorda de nouvelles échappées dans l’Exmoor. Il chevauche la région tout en prenant des notes et finit par publier un ouvrage consacré aux Randonnées équestres.Il chasse (toujours et encore) dans la région et assiste parfois à des matchs de polo qui sont aussi l’objet de gravures. En 1920, la mode est aux courses et Aldin y consacre une série de quatre scènes dont le célèbre CanalTurn,qui illustre l’un des plus fameux obstacles du Grand National de Liverpool.Il redevient un artiste très actif, écrit et illustre en 1828 un ouvrage de référence, The Romance of the Road qui évoque en détail l’histoire des attelages et des cochers d’antant… « Ces portraits de chevaux ne représentent peut-être pas le summum de l’art mais ils proposent une telle anthologie des chevaux de harnais,des voyageurs,des courriers,des gardes et des cochers qu’aucune enluminure contemporaine ne saurait égaler », estime son biographe. Ce qui resta toujours vif et intact chez Aldin fut sa passion pour le fox hunting. Plus qu’un coup de crayon ce qu’il voulait transmettre à ces descendants fut « l’art noble de la chasse »,

“NELL, SPRINGER RAPPORTANT UN COQ FAISAN”. “THE HUNT SUPPER”:

UNE FIN DE CHASSE JOYEUSE ET TUMULTUEUSE DANS UN DÉCOR GÉORGIEN :

PUNCH CHAUD, CHANTS ET CHIENS HURLANTS. CI-DESSOUS, “A BOWL OF PUNCH”, CETTE FOIS LA PRÉPARATION DU PUNCH. TOUT UN PROGRAMME…

écrit-il dans Ratcatcher to Scarlet, qui rappelle les règles de bons usagesdecelle-ci.Sonsecondlivre, Desuiveuràmaîtred’équipage(1933), est bâti comme un guide du chasseurnovice.Modesteetcritiqueenvers lui-même en matière d’équitation,il n’en restait pas moins un bon–etcourageux–veneuradepte des courses point to point, où l’on était assuré de mordre la poussière assez souvent. Mais à la fin des années 1930,Aldin souffre de plus en plus d’arthritisme, il est souvent fatigué et fait une mauvaise chute qui l’oblige à être un temps hospitalisé. Il s’offre une retraite au soleil, à Majorque mais souffre toujours de rhumatisme. Victime d’une crise cardiaque et hospitalisé à Londres, il meurt dans une clinique en 1935. Que voudrait-on que l’on retienne de lui? Qu’il ait été un peintre, un illustrateur de fox hunting, de la vie des campagnes anglaises,ou un chasseur et un cavalier passionné,qui est allé au bout de lui-même? Comme l’a écrit Heron, il « aimerait que l’on se souvienne de lui tel qu’il était,c’est-à-dire assez vieux pour avoir atteint la notoriété d’artiste et de maître d’équipage,mais assez jeune pour se montrer à la hauteur de la direction de l’équipage ». ◆

ALDIN AFFECTIONNE LE PASTEL POUR LES PORTRAITS ET L’AQUARELLE POUR LE PAYSAGE. IL N’AVAIT PAS LE GOÛT DES GRANDS FORMATS, NI DE L’HUILE ET DÉFENDAIT LE TRAIT. Jours de C HASSE ◆

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ÉCRIVAIN

Portrait ◆

Boganis

ou le bonheur dans les bois

UTEUR

DE “LETTRES

DE CHASSE” QUI SONT UN CLASSIQUE DE LA LITTÉRATURE SCANDINAVE,

WILHELM DINESEN MÉRITE D’ÊTRE CONNU AUTREMENT QUE POUR AVOIR ÉTÉ LE PÈRE ET LE MENTOR DE LA ROMANCIÈRE

KAREN BLIXEN.

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◆ T

u reviendras,le Nord t’attire vers les forêts où se trouve le bonheur.Quand le soleilsouritetlesjourss’allongent,tuarrives: lanaturedoitsuivresoncours.Quandlaneige a fondu et la forêt est parée,tu dois suivre lesloisirrésistiblesdeFreya…»Danscebref poèmeintercalédanssesLettresdechasse, Wilhelm Dinesen a condensé ce que représentait à ses yeux l’appel de la vie sauvage, la séduction d’un septentrion qui rivalisait avec le Grand Nord américain de Jack London, et la conscience aiguë des lois de la nature. Mais qui, hors de son pays natal,connaît Wilhelm Dinesen alias Boganis ? Personne ou presque,alors que le nom de sa fille,Karen Dinesen, baronne von Blixen, est connu de tous les amateurs de littérature et de cinéma,en raison,surtout,du succèsdesfilmsadaptésdeseslivres,Out of Africa et le Festin de Babette. Le père de Karen Blixen était né en 1845 au Danemark, au sein d’une famille aristocratique de grands propriétairesterriens.Ilétaitlefilsd’AdolphWilhelm Dinesen (1807-1876), qui, en tant que volontaire étranger, prit part à la conquête de l’Algérie dans les troupes deLouis-Philippe–etdeDagmarAlvide von Haffner, appartenant à une lignée d’officiers de haut grade. C’est au château de Katholm, dans le Jutland, que Wilhelm Dinesen grandit, manifestant, dèsl’adolescenceuntempéramentderebelleetuneoppositionrésolueàsonpère, dont il avait, pourtant, hérité du caractère. Il semble bien, en effet, que le côté aventureux et non conformiste de Wil-

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helm Dinesen (et, plus tard, de Karen Blixen) caractérisait déjà le jeune officierdanoisqui,àsonretourd’Algérie,relatasescampagnesenprenanthautetfort le parti d’Abd el-Kader et des Arabes qu’ilavaitcombattusauxcôtésdesFrançais. Ceux-ci, écrivait-t-il, savent comment conquérir un pays,mais ne savent comment le préserver ensuite.Et le mémorialisteromantiquedeporterauxnues les coutumes,les traditions,et la conception de l’existence des Arabes du désert, qui ne vivent que dans l’instant présent, libres, sans souci de l’avenir, et dontunchevalfringantetdebellesarmes composenttoutelarichesse.Unefemme, l’ombre d’un arbre, une source fraîche constituentleurstrésorsetleurplusgrand plaisir réside dans l’ivresse de la bataille. Quelques années avant son embarquement pour l’Algérie, le jeune officier avait fait le voyage d’Italie en compagnie de son compatriote Hans ChristianAndersenqui,malgréquelques heurts avec son compagnon, confessait son admiration pout le caractère entier etdéterminédecelui-ci.Uncompliment qui aurait pu s’adresser à Wilhelm Dinesen. Sur les traces de son grand-père et de son père,mu par un idéalisme voué à être rapidement déçu, le futur Boganis avait,très jeune,embrassé la carrière des armes. En 1864, à l’âge de 18 ans, il participa, en tant que sous-lieutenant, à la guerre des Duchés contre la Prusse, et s’illustra à la défense de Dybbol qui vit la défaite des troupes danoises.Longtemps après, en 1889, il témoignera de

ÉDITIONS MICHEL DE MAULE

A

par Bruno de Cessole



PHOTOS : ÉDITIONS MICHEL DE MAULE

Boganis

UN AVENTURIER DANS L’ÂME WILHELM DINESEN, SA FEMME ET TROIS DE SES ENFANTS, DONT KAREN, DANS LE DOMAINE DE

RUNGSTEDLUND. ET LORS DE SON SÉJOUR À CONSTANTINOPLE, EN 1877. À DÉFAUT DE COMBATS, IL Y CONNUT MAINTES AVENTURES FÉMININES.

cetteexpériencedansunlivre,laHuitième Brigade. La guerre finie, le sous-lieutenant se retrouve en garnison à Copenhague, où il se morfond en attendant une nouvelle occasion d’aventure. La déclaration de guerre entre la Prusse et la France, en 1870, va la lui fournir. Comme la plupart de ses compatriotes, et même des Scandinaves dans leur ensemble, le jeune officier place tous ses espoirs dans une victoire française qui permettrait au Danemark de recouvrer ses provinces perdues lors de la guerre des Duchés.Plein d’enthousiasme,Wilhelm Dinesen sollicite la permission de rejoindre,sous l’uniforme l’armée française. Se heurtant à un refus, il démissionne et s’embarque pour Dieppe le 27 novembre 1870.À peine débarqué,il rallie les troupes de Napoléon III, et se voitaffectécommecapitainedanslecorps

d’armée du général Billot.Rapidement, il prend conscience de l’incurie des responsables militaires et se trouve plus ou moins laissé à lui-même. Blessé devant Belfort,faitprisonnier,ilparvientàs’évaderetgagneBordeaux,puisParis,laveille de l’insurrection de la Commune. Témoin attentif, sans préjugés, et clairvoyant,ilnesefaitpasplusd’illusionssur les communards que sur les versaillais, mais, peu à peu, ses sympathies vont à ceux que leurs divisions, l’absence de chefs,etl’impréparationmilitairevouent à l’échec. Peu après la victoire des versaillais, Wilhelm Dinesen,« las de corps et d’âme » rentre dans son pays. Deux ans plus tard, il publie Paris sous la Commune, témoignagedepremièremain,etéquitable, sur cette révolution qui, à ses yeux, reflétaitdavantageladétestationdurégime

impérial que l’aspiration à une société sans classes. Si le livre choqua les milieuxconservateurs,ileutl’heurdeplaire augrandcritiquedanoisGeorgBrandes, celui même qui fut le premier à saluer le génie de Nietzsche. Encettemêmeannéede1872,poussé par son goût de l’aventure et des vastes espaces, Dinesen quitte l’Europe « aux anciens parapets » pour le Nouveau Monde.Mais,bien loin d’être attiré par NewYork,Washington ou La NouvelleOrléans, ce sont les étendues sauvages de la Prairie qu’il va parcourir et dont il vas’éprendreaupointdes’yfixerpresque deux ans,parmi les tribus sioux et pawnees du Wisconsin,qui lui donneront le surnom de Boganis, dont il fera plus tard son nom de plume.Au contact des Indiens et d’une nature que la civilisation faustienne n’a pas encore asservie

À L’ADOLESCENCE, CE FILS DE FAMILLE ARISTOCRATIQUE DE GRANDS PROPRIÉTAIRES TERRIENS MANIFESTA UN TEMPÉRAMENT DE REBELLE, UNE ATTIRANCE POUR LES VOYAGES, L’AVENTURE, ET UN ATTRAIT POUR LA VIE LIBRE AU SEIN DE LA NATURE. 154

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Boganis AU DANEMARK WILHELM

PHOTOS : IMAGEBROKER/ALAMY - ÉDITIONS MICHEL DE MAULE - AKG IMAGES/NORDIC PHOTOS

DINESEN AVEC SON ÉPOUSE INGEBORG WESTENHOLZ, EN 1881. CI-CONTRE, PAYSAGE MARITIME DU DANEMARK, EN DESSOUS, LE DOMAINE DE RUNGSTEDLUND, ACQUIS EN 1879, OÙ IL INITIA SES ENFANTS À LA NATURE ET À LA CONNAISSANCE DE LA FAUNE.

et mutilé,vivant en trappeur et en chasseur,Wilhelm Dinesen découvre sa voie et sa véritable personnalité. Celle d’un “homme des bois”, d’un émule des héros de Fenimore Cooper,dont il partage l’aversion pour les conquêtes de la civilisation industrielle et la nostalgie de l’Éden perdu. Rappelé au Danemark par l’annonce de la mort prochaine de sa mère,Boganis quitte ses amis“peauxrouges”avec regret.Il dédiera,plus tard, un nouveau livre, Souvenirs d’un voyage enAmérique,àsonaventuredigneduWalden de Henry DavidThoreau,où il s’élèvera contre la politique délibérée d’élimination des Indiens par les autorités américaines et les pionniers sans scrupuledela“Frontière”.Ainsimettait-ilses pas dans ceux de son propre père, qui

exaltait autrefois la liberté et la farouche indépendance des Arabes contre le nivellement de la colonisation française. Et traçait-il la voie qu’empruntera, au siècle suivant, Karen Blixen dans sa défense et illustration des Masaï et des Kikuyu du Kenya. De retour dans le château familial de Katholm, Wilhelm Dinesen renoua avec la routine et les soucis de la vie“civilisée”:l’administration d’un domaine, l’engagement dans la vie politique, et l’écriture de ses souvenirs de voyage. À la mort de son père, en 1876, il n’eut de cesse que de reprendre la route et de courirl’aventure.Destination:laTurquie, avec le désir de participer aux luttes menées par les Turcs contre les Russes.Espoir déçu,mais il demeurera deux ans à

Istanbul,déployant,fautedecombats,ses talents de stratège amoureux dans la sociétécosmopolitedelacapitaleottomane. Àsonretour,en1879,ilfréquentelahaute société de Copenhague, où il se fait apprécier par son esprit et sa culture,mais moinsparsesidéesnonconformistesqui le font pencher du côté des libéraux.Le château de Katholm étant passé entre les mains de son frère aîné,Laurentzius, il acquiert un domaine rural à Rungstedlund (aujourd’hui musée KarenBlixen) puis se marie, en 1881, avec Ingeborg Westenholz, fille d’un armateur prospère,dont il aura cinq enfants,trois filles (Karen étant la deuxième) et un fils,Thomas.Sa vie se partage alors entre ses activités politiques – il est élu député en 1892 et siège au Parlement en

PAR IDÉALISME CHEVALERESQUE, LE JEUNE DINESEN EMBRASSA LA CARRIÈRE DES ARMES. IL Y CONNUT L’AMERTUME DE LA DÉFAITE D’ABORD DANS L’ARMÉE DANOISE, EN 1864, PUIS DANS L’ARMÉE FRANÇAISE, EN 1870, FACE AUX PRUSSIENS. 156

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CHASSE DE LA MAISONNETTE Ce domaine de chasse de 700 hectares niché au carrefour du Maine et Loire et des Deux-Sèvres, riche de 7 étangs vous surprendra par ses prestigieuses battues de canards. Des oiseaux de « haut vol » acclimatés au territoire dû au savoir-faire du propriétaire assurent des chasses organisées en battues vives en perdreaux et faisans. Le grand gibier quant à lui vous promet des émotions fortes ! Les huit lignes de tir équipées de miradors vous permettront de pratiquer en toute sécurité la chasse aux chiens courants. L'approche du chevreuil vous est également proposée au cœur d'une forêt bien percée.

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Boganis

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SUÈDE.

SI BOGANIS CHASSA EN ALGÉRIE ET EN AMÉRIQUE, SES TERRITOIRES DE PRÉDILECTION FURENT CEUX DE LA SCANDINAVIE, DU DANEMARK, DE LA SUÈDE ET DE LA NORVÈGE, OÙ IL TRAQUA GRAND ET PETIT GIBIERS, NOTAMMENT LE GRAND TÉTRAS (À DROITE).

indépendant, hors de tout parti politique– et la gestion de son domaine, où il initie ses enfants à la connaissance de la nature et de la faune. Entre la petite Karen et son père, une relation privilégiée se noua,que la disparition tragique de Wilhelm Dinesen interrompit précocement. L’enfant n’avait que 10 ans lorsqueBoganis,nesupportantpasl’idée de déchoir sous l’effet de la maladie,mit fin à ses jours,le 27 mars 1895,dans son appartement de Copenhague. Six ans auparavant, il avait publié un livre qui est resté un classique de la littératuredanoise,etdontGeorgBrandes salua,à sa parution,la fraîcheur d’inspiration et la qualité d’écriture.Ces Lettres de chasse (1889), suivies de Nouvelles

Lettres de chasse (1891) et de Dernières Lettres de chasse (1894) se lisent toujours avec intérêt et plaisir, tant l’auteur a su évoquer de façon exacte et lyrique le sentiment de la nature,l’amour de la vie libre et sauvage,les paysages de la Scandinavie,et les loisirs des chasseurs et pêcheursnordiques.Deceslettres,quisemblent avoir été écrites au fil de la plume en rentrant d’une éprouvante mais aussi exaltante journée de chasse aux tétras ouauxbécasses,émaneunedilectionprofonde et sincère pour la solitude du Waldgänger au milieu des forêts,et pour la paix merveilleuse que procure l’immersion dans la sauvagerie. Comme autant d’étapes marquant le passage des saisons, les tableaux et

poèmes en prose de Boganis font pénétrerlelecteurdansl’intimitédespaysages et dans la familiarité des animaux qui les hantent de leur présence furtive et éblouissante. Rien n’est plus artificiel, souvent, que le lyrisme à propos de la nature, et l’on devine, dès les premières lignes,si l’auteur a peint sur le motif ou s’ilapuisésesconnaissancesdanslasèche nomenclaturedesencyclopédies.Àl’évidence,l’auteurdesLettresdechassen’était pas un promeneur en chambre ni un nemrod de bibliothèque.Pas une de ses notationsquin’éveillechezlelecteur“rustique” l’écho de la vérité. Tout ce qu’il écrit, tant sur les caractères des saisons que sur les mœurs des animaux sauvages sonne juste, et ne saurait être mis endéfaut.Àsescôtés–commesurlaseule photo où on le voit à la chasse, botté, le feutre sur la tête, le fusil à la main et la gibecière en bandoulière, foulant d’un pas alerte les fougères d’un sous-bois –, le lecteur l’accompagne du mitan de l’été au cœur de l’hiver, du moment où il décroche son fusil du clou et prépare lui-même ses cartouches pour l’ouver-

AVEC

UNE ÉTONNANTE PRESCIENCE , L’ AUTEUR DE

“LETTRES

DE CHASSE ”, QUI

SAVAIT TOUT DE LA NATURE, METTAIT EN GARDE SES CONTEMPORAINS CONTRE LA DISPARITION PROGRESSIVE DES ESPÈCES ET LA DIMINUTION DE LA BIODIVERSITÉ.

158

Jours de C HASSE ◆

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Boganis

PHOTOS : MISHA 3T/BEST PICTURES/MAXPPP - BLICKWINKEL/ALAMY - DR

EN AMÉRIQUE LA CABANE OÙ IL PASSA PRÈS DE DEUX ANS DANS LE

WISCONSIN, SE LIANT D’AMITIÉ

AVEC LES TRIBUS INDIENNES, QUI LUI

BOGANIS (“NOISETTE” OU “NOIX SAUVAGE”). À LEURS CÔTÉS, OU SEUL, VIVANT DE LA CHASSE ET DU PIÉGEAGE, IL POURSUIVIT LES BISONS ET L’OURS (CI-CONTRE), S’INDIGNANT TOUTEFOIS DONNÈRENT LE SURNOM DE

DES MASSACRES EN MASSE DU ROI DE LA

ture de la chasse au canard jusqu’à celui, mélancolique, où, au mois de mai, il remise son arme, et donne à son chien l’autorisationdedormirtoutsonsoûl.En sa joyeuse et vivifiante compagnie, il éprouve les extrêmes des saisons,les étés de canicule, où les marais et les prairies sont asséchés, où les rivières se traversent à gué, où le soleil brûlant conjugué au souffle incessant du vent évapore trop vite la rosée matinale, et les chiens ont du mal à prendre et garder la voie du gibier, jusqu’aux premières chutes de neige et l’on découvre alors les volcelests du chevreuil,du lièvre,ou du renardbienmarquéssurlapelliculeblanche encore immaculée. On est avec lui lorsque,tous sens en éveil, il écoute et démêle les bruits de la forêt, s’efforçant de discerner et d’in-

terpréterlechantd’unoiseauousonsoudainsilence,lecraquementd’unebranche au passage d’un chevreuil ou d’un élan, ou l’envol d’une bécasse. On le suit, au petit matin, debout avec le soleil, appelant son chien qui cabriole de joie,franchissant troncs et rochers, broussailles et touffes de bruyère, l’œil aux aguets, jusqu’aux lieux où petits et grands tétrasontleurshabitudes.Puis,lagibecière garnie de deux petits tétras, d’un grand coq et d’une bécasse, faire une pause vers midi, au bord d’une rivière gazouillante, pour mastiquer un morceau de pain, un morceau de rôti froid, arrosés d’une rasade de schnaps ou d’aquavit,avant de fumer un cigare,de s’allonger ou de dormir,pour ensuite chasser à nouveau jusqu’au coucher du soleil, et revenir alors, le corps las mais l’âme en

PRAIRIE.

liesse, déguster un copieux dîner (un tronçon d’anguille d’au moins 30 centimètres,unpetittétrasentierrôti,unquartier d’agneau, et une bouteille de vin par convive!). Ah, la bonne vie que celle de ce Viking égaré au XIXe siècle! Car les plaisirs de Boganis, ce ne sont pas les battuesmondainesoùdepseudo-chasseurs, habillésencostumedecarnaval,fusillent sans gloire des volatiles d’élevage,chasse si artificielle que « les gens se sont lassés de les tirer,et même de les consommer », non, c’est la chasse devant soi, seul avec son chien,c’est observer sa forêt,repérer les endroitsquidevraientêtrereplantés,ceux qu’il faudrait éclaircir, c’est écouter le murmure d’un ruisseau, regarder les gouttelettesd’eautomberdesplaquesde neige suspendues sur les versants nord;

C’EST EN AMÉRIQUE, DANS LES VASTES ESPACES DE LA PRAIRIE, QUE WILHELM D INESEN DÉCOUVRIT SA VÉRITABLE PERSONNALITÉ D’“ HOMME DES BOIS ”, D’ÉMULE DES HÉROS DE FENIMORE COOPER OU DE HENRY DAVID THOREAU. 160

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HIVER 2009


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Boganis NATURALISTE WILHELM DINESEN NE FUT PAS

UN CHASSEUR ORDINAIRE, MAIS PLUTÔT UN POÈTE DE LA NATURE,

CHANTRE DES PAYSAGES DE

SCANDINAVIE (CI-CONTRE ET

CI-DESSOUS) ET OBSERVATEUR COMPÉTENT DES MŒURS DES ANIMAUX

DANEMARK).

PHOTOS : BELPRESS/MAXPPP - ROBERT HARDING PICTURE LIBRARY LTD/ALAMY - TOP-PICS TBK/ALAMY

SAUVAGES (CI-CONTRE EN BAS, CERF AU BRAME, AU

c’est cueillir du cresson dans les sources, s’imprégner de bon air,se réchauffer au soleil, voir naître la lumière de l’aube, découvrir au printemps les lois de la nature qui poussent chaque oiseau à trouver de la nourriture, chaque plante à faire pousser ses bourgeons; c’est marcher jusqu’à n’avoir plus froid et se coucher sur un talus pour profiter des premiers rayons d’un soleil printanier,;c’est observeravecmélancolielamigrationdes oies vers le Sud, aux premiers froids, et se réjouir de l’arrivée des cigognes, annonciatrices des beaux jours… Wilhelm Dinesen,on l’aura deviné, ne fut pas un chasseur comme les autres, mais un poète de la nature, pour qui la chasse était l’occasion de renouer avec la sauvagerie originelle et la condition de l’homme primitif. Ce poète, cependant,était un vrai chasseur,sachant tout de la faune et,à ce titre,inquiet de la raréfaction des espèces et de la diminution de la biodiversité, qu’il annonça en Cassandrelucide,etcontrequoiils’évertua de lutter par des propositions de loi et une réglementation sévère. « Il existe encore, écrivait-il, certains endroits sur le continent noir et ailleurs aussi,peut-être,

162

où le chasseur n’a pas besoin de se soucier d’autre chose que de tirer le gibier.Mais les nouveaux moyens de transport et les armes modernes vont bientôt venir à bout de tout gibier si l’on n’instaure pas une stricte protection.Le bison a été exterminé en Amérique,labaleinevadisparaîtredel’océanArctique,lerhinocérosetlelionnesurvivrontpas au siècle prochain.Le gibier doit être géré.» Pour ce bas-de-cuir qui ne confondait pas, comme certains, la chasse avec laguerre,letableaudechassen’avaitguère d’importance,seulescomptantàsesyeux les émotions suscitées par l’acte cynégétique:l’ardeurdevivre,lanostalgiedes paradis perdus,l’envie soudaine de partir, ailleurs, très loin de la civilisation du progrès et des chemins de fer… Ainsi, chassant le renard à l’affût, au clair de lune,parunenuitdegrandgel,oulechassantsousterreavecdesfox-terriers,posté près de la sortie d’une galerie, Boganis, se laisse entraîner par le flux de sa rêverie, et un poème s’esquisse, tandis que, furtif, le renard s’esquive, narguant le chasseur qui oublie de tirer: « Les heures se traînent et passent lentement.Les pensées suivent un étrange parcours dans des royaumesetdespayslointains.Seretrouvent

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dans les mots“il était une fois”les anciens souvenirs de soupirs,de chants,de danse,de vin et de filles,de tempête et de calme,de près et de loin,de pierres gravées de runes, de cavaliers désarmés, de sang bouillonnant,de désir sauvage qui trépigne,qui soupire,qui veut ardemment. L’envie de partir,le mal du pays,et voilà que surgissent crayon et cahier pour parler de fête,de femmes,de choses et d’autres,du présent et du passé,d’accolades hardies,de baisers sauvages,de nuits sans sommeil,de disputes sanglantes […] Rengainé le couteau! Oubliés les chiens! Maître Renard ne craint plus rien.Donne-moi un signe,serremoi la main,que je sente que je suis bien en vie.Fais-moiunsourire,mêmeesquissé,faismoi voir ton ombre sur la vitre.Je te donnerai tout ce que possède un homme:mon angoisse,messecrets,matranquillité,mapaix, moncourage,majoie,mabouche,moncorps et mon sang.» ◆ Lettres de chasse, de Boganis traduit par Eva Sauvegrain et Éric Choppin de Janvry,préface du prince Henrik de Danemark, postface du professeur Marc Auchet, illustrations de Chantal de Crissey, Michel de Maule éditions,198 pages,20 €.



REGARD

L’

Art

et la

Chasse

Henri Regnault

Nature morte de gibier

NI VRAIE

NATURE MORTE,

NI VRAI TABLEAU DE CHASSE,

CETTE ŒUVRE EST AVANT TOUT UN

REMARQUABLE EXERCICE

DE STYLE.

164

D

par Antoine Briand

ès le premier regard, cette toile nous offre un spectacle curieux,pour ne pas dire désarmant, parce qu’au fond, malgré son titre, elle ne correspond à aucun genre.Ici,tout sent l’artificiel et les artifices.Ce n’est ni un tableau de chasse,ni une nature morte proprement dite.Celle-ci pourrait être qualifiée de pastiche si l’on n’y décelait un vrai goût de la composition et de la couleur. C’està24ansqu’HenriRegnault(1843-1871), élève de Cabanel et grand prix de Rome (1866), apeintcetteœuvred’untrèsgrandformat(192centimètressur218),propriétéaujourd’huidelaFondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, et exposée au château de Chambord. Le genre de la nature morte, dans lequel les peintres flamands ont excellé avant d’être égalés sinon surpassés par les peintres français aux XVIIe et XVIIIe siècles,n’avaitpluslesfaveursdespeintres contemporains de Regnault. Qu’y voit-on? Au centre,un assemblage hétéroclite qui ne correspond, il faut bien le dire, à aucune réalité cynégétique.Tirer et pêcher dans la même journée des cygnes un renard, une perdrixgrise,unhérondescanards,ainsiquequelques

poissonsetunecréatures’apparentantàunpoulpe, est inconcevable, sauf sous la plume d’un Dumas.En revanche,ils font l’objet d’un habile traitement de couleurs. Le poil du renard est bien rendu, se mêlant presque à la tenture devant laquelle il est suspendu. Les ailes des cygnes sont unprétexteàdémontrerl’habiletédupeintredans le rendu des divers dégradés de blanc, que l’on retrouveégalementdansletraitementdelanappe. Bref, on saisit vite que le gibier a un caractère composite rendant artificielle la réunion de ces animaux. Dans cette nature morte,vénerie et trophées ne passent qu’au second plan. Le chasseur n’est pas représenté. Son existence, plus que sa présence, est évoquée seulement par la gibecière et le fusil posés contre la chaise.C’est d’ailleurs leur présencequijustifiecetassemblage.Lespectateur comprend donc qu’il n’est pas chez un chasseur et que la scène représentée n’est pas plus un retour de chasse. Le spectateur, face aux étoffes servant de fond au tableau et à la chaise, sinon néogothique au moins hispanisante,comprend aussi que l’artiste se sert du sujet comme prétextepourdémontrerlestaDÉTAIL D’UN DES DEUX LÉVRIERS lents de coloriste qui firent sa NOIRS. CES CHIENS, FORT BIEN réputation.En cela,ce tableau EXÉCUTÉS, NE SONT PAS LÀ POUR estunenaturemorteclassique. ÉVOQUER LA CHASSE, PUISQU’ILS L’attention un instant portée SONT INTERDITS COMME AUXILIAIRES sur le centre du tableau, vers DEPUIS LA LOI DE 1844 (PARCE l’amoncellement des déQUE, SANS DOUTE, CETTE RACE pouilles,sereportebienvitesur RAPPELAIT TROP L’ART DE VIVRE les animaux vivants qui, eux, DE L’ANCIEN RÉGIME). D’AILLEURS, n’ont peu – c’est le cas des léLE PEINTRE LES A REPRÉSENTÉS vriers– ou aucun lien avec la SE DÉSINTÉRESSANT DU GIBIER, chasse–c’estlecaspourlesperPOURTANT À LEUR PORTÉE. EN RÉALITÉ, REGNAULT A PEINT ICI roquets– (il convient de rapSES PROPRES CHIENS COMME IL L’A peler que la nature morte pouSOUVENT FAIT SUR D’AUTRES TOILES. vait représenter des animaux vivants,à condition que ceux-

Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009


FONDATION DE LA MAISON DE LA CHASSE ET DE LA NATURE

CE TABLEAU NE CORRESPOND À AUCUNE RÉALITÉ CYNÉGÉTIQUE CAR TIRER OU PÊCHER DANS LA MÊME JOURNÉE DES CYGNES, DUMAS.

UN RENARD, UNE PERDRIX, UN HÉRON, DES CANARDS, DES POISSONS EST INCONCEVABLE SAUF SOUS LA PLUME D’UN

cinesoientpasconsommables.C’estlecas,enFrance,àl’époque de Regnault, pour les perroquets et des chiens). L’attitude des chiens mérite qu’on s’y intéresse un instant tant il est vrai que c’est presque un tableau à part. Les deux lévriers noirs ne sont pas là pour évoquer la chasse ou le chasseur puisque ces chiens sont interdits comme auxiliaire de chasse depuis la loi du 3 mai 1844 (à l’origine de cette interdiction: le fait que cette race de chiens rappellerait trop la chasse et l’art de vivre de l’Ancien Régime ; on se souvient que les lévriers étaient utilisés pour la chasse à vue du lièvre mais aussi du sanglier ou du loup; on les retrouve chez Uccello, Pieter Bruegel ou encore dans la Diane chasseresse de l’École de Fontainebleau). Pour souligner que ces chiens ne sont plus des chiens de chasse, le peintre les a représentés se désintéressant du gibier, pourtant à leur portée, au contraire de celui peint par Chardin dans le Buffet,conservé au Louvre. Regnault, passionné d’animaux et excellent cavalier, a peint ici son animal de compagnie favori,auquel ses biographes ont souvent fait référence et que l’on retrouve sur plusieurs de ses œuvres (dans,par exemple,le Portrait de Madame FouquesDuparc, Musée national du château de Compiègne). Cazalis, ami du peintre et auteur d’une biographie de lui (Henri Regnault,sa vie,son œuvre), mentionne que ce lévrier noir a ac-

Jours de C HASSE ◆

compagné son maître au long de ses pérégrinations qui feront de lui un peintre orientaliste. Les perroquets,des aras macao au corps rouge et aux ailes bleues et jaunes,sont une très habile manière pour l’auteur de montrer son talent de coloriste, vanté par Théophile Gautier pour qui Regnault est « un coloriste de premier ordre ce qui ne l’empêche pas de bien dessiner ».Mais les trois oiseaux sont aussi représentés en hommage aux artistes de natures mortes qui, de Snyders à Desportes, ont souvent peint le perroquet pour les coloris de son plumage. Comme dans de nombreux tableauxdescontemporainsdeRegnault,àcommencerparCourbet, il faut attribuer leur présence, ici, à la couleur. La symboliquedecetoiseau,quecesoitcelledel’éloquenceoudelabeauté de la vie dans certaines cultures, n’est pas la raison première de sa présence ici. Notre toile, construite à partir de la droite sur le noir des lévriers, les teintes claires du gibier posé sur la table à la nappe blanche,s’achève sur la gauche par une explosion de couleurs des deux perroquets aux ailes déployées,surmontés du troisième qui équilibre la partie supérieure gauche de la toile. Qu’en retenir alors? Que ce tableau respire l’artifice,mais qu’il n’en demeure pas moins un remarquable exercice de style, auquel le gibier se prête magnifiquement. Ce n’est donc pas la moindre de ses qualités. ◆

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DISCRET ET TYPIQUE, LE DOMAINE EST COMPOSÉ DE PLUSIEURS MAISONS À PEINE SÉPARÉES LES UNES DES AUTRES PAR DES HAIES.

LE “PATRIARCHE”, MARC PORTHAULT, A FAIT CONSTRUIRE UN PARCOURS DANS LES ARBRES POUR SES PETITS-ENFANTS, ENTRE LE PAVILLON DE CHASSE ET L’ÉTANG.

LES BOIS PERCÉS D’ALLÉES ENTOURENT LA MAISON.

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V

isite privée ◆

Invitation aux Éolides dans la famille Porthault

reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten

RÉMI PORTHAULT, UN JEUNE

ENTREPRENEUR AU NOM SYNONYME DE RAFFINEMENT, NOUS A OUVERT LES PORTES DE SON DOMAINE CYNÉGÉTIQUE EN BORDURE DE LA FORÊT DE RAMBOUILLET.

À

une bonne demi-heure de Paris et à une quinzaine de kilomètres de Rambouillet, le village d’Émancé est un lieu authentique des Yvelines entouré de bois giboyeux, réputés pour être un vivier d’animaux de toutes plumes et de tout poil. Ici le maître mot est chasse, au cœur de grands chênes, des résineux et des peupliers où se cache une faune aussi variée et riche que ces grands arbres qui lui servent de logis. Le domaine des Éolides, propriété de la famille Porthault depuis trois générations jouxte les 14550 hectares de la forêt de Rambouillet dont un grand nombre de parcelles sont réservées à des chasses privées et commerciales

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Invitation aux Éolides qui laissent au lecteur supposer l’effervescence à chaque week-end. A contrario la chasse d’Émancé est une chasse familiale. C’est Daniel Porthault qui acquiert en 1920 ce domaine qu’il nomme du titre du poème symphonique du compositeur organiste César Franck (1822-1890): les Éolides. Un programme poétique où l’élégance a sa place. C’est ici que, depuis vingt ans, le même groupe d’amis se retrouve six fois par an pour des journées de chasse haute en couleur. Uniquement entre hommes,ce sont toujours les mêmes gâchettes qui participent à cinq ou six battues de haut niveau. Rémi Porthault qui nous avait convié à participer à cette journée très privée, la seconde de la saison, nous a fait l’éloge de ce groupe de choc où éclats de rire étaient à l’égal du succès des tirs de la matinée dont Jours de Chasse a été le témoin. Rémi est le petit-fils des fondateurs de cette maison mythique que fut Porthault; il reprend le flambeau des grands fabricants de linge de maison avec une toute nouvelle enseigne au nom Des jours, Des nuits depuis 2007. Cet homme au coup

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AVANT TOUT, LA SÉCURITÉ !

RÉMI, CI-DESSOUS, DONNE LES CONSIGNES… QUE PASCAL, DAMIEN, FABRICE, OMBLINE, LE PETIT ANTOINE, YVES, RÉGIS ET STAN ÉCOUTENT. LES CHIENS TAG, RUMBA ET OPALE, QUANT À EUX, TRÉPIGNENT D’IMPATIENCE.

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GÉNÉRATION CHASSE DAMIEN, TOUT JUSTE 16 ANS ET PLEIN D’ÉNERGIE, A APPRIS DE SON PÈRE TOUS LES SECRETS DE LA CHASSE. IL NOUS CONFIE QUE JAMAIS IL NE FAIT DE SORTIES DANS LES BOIS ENVIRONNANTS SANS SON CHIEN

TANGO.

COULEURS ET POÉSIES BUCOLIQUES

OMBLINE, DANS LA FLEUR DE L’ÂGE, CHÉRIT SON PÈRE QU’ELLE AIME ACCOMPAGNER À LA CHASSE. POUR AUSSI PRENDRE LE TEMPS D’ADMIRER CES VIOLETS ET CES ROSES QUI PARSÈMENT LES CHAMPS. Jours de C HASSE ◆

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Invitation aux Éolides

de crayon bien ciselé signe ses créations qui s’inscrivent dans la grande tradition du textile de luxe. Exit les draps de nos grands-mères,l’exigence de qualité et le raffinement de la finition sont un héritage familial. Rémi est un amoureux des détails dans son travail comme dans sa vie privée.Père de deux enfants, Damien (16ans) et Ombline (15 ans) qui sont eux aussi des amoureux de la nature, et connaissent les bois comme leur poche. Ils sont à bonne école dans une famille où ils deviennent la troisième génération de chasseurs. Inutile de vous dire que la table est à l’apogée du raffinement, et le mélange des deux styles des trois générations est un ravissement pour les yeux.Après

SOUS LE VOL DE COLVERTS, UNE BANDE D’AMIS

À GAUCHE, BRUNO FRANCK, AMI DE LA PREMIÈRE HEURE, NE CACHAIT PAS SON ENVIE DE RETROUVER LA JOYEUSE BANDE MÊME SI SON ARRIVÉE FUT TARDIVE ! À DROITE STANISLAS, YVES ET RÉGIS AVEC À LEURS PIEDS RUMBA ET OPALE, TOUJOURS ATTENTIFS.

LA JOIE DE SOUFFLER DANS LA PIBOLE LE PETIT DIABLE ANTOINE, FILLEUL DE RÉMI, N’AVAIT PAS SA LANGUE DANS SA POCHE ET PAS MIEUX QUE LUI POUR FAIRE DU BRUIT AU RABAT.

ÊTRE PRÉSENT SUR NOS PAGES L’A MOTIVÉ TOUTE LA JOURNÉE. À GAUCHE, OMBLINE ET DAMIEN SE SONT REJOINTS, POUR ÉCHANGER LEURS PREMIÈRES IMPRESSIONS DE CHASSE.

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Invitation aux Éolides

une battue de petit matin au chemin de la Rivière, les chiens rabattent et lèvent dans les maïs une colonie de faisans bien dissimulée, nous sommes à la lisière du Bois-Curé qui sera l’une des deux battues de l’après-midi, avec celle de la Petite-Garenne. En attendant,nous rabattons par un temps frais la battue de la Haie des braconniers avant de finir par celle du Centre, de très jolis passages de hauts faisans, un beau vol d’une compagnie de perdreaux ont bien excités les chiens qui ne savaient où donner de la tête au rapport. Le tableau en est une preuve. Quelques grives, canards et pigeons s’ajoutent aux faisans de la matinée. C’est après cette journée de toutes les sensations automnales que notre équipée s’est retrouvée autour des recettes familiales et de leurs secrets culinaires. ◆

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CÉLÉBRER LA CHASSE, TOUT UN ART

DANS LE SALON

CERTAINS TROPHÉES RAPPELLENT LES CHASSES LOINTAINES.

RÉMI AIME

AUSSI CHASSER LE GRAND GIBIER EN AFRIQUE. C’EST PRÈS D’UN BON FEU DE BOIS QUE LA JOYEUSE BANDE TERMINERA LA JOURNÉE AUTOUR D’UN REPAS CONCOCTÉ PAR

LINE

QUI CONNAÎT DEPUIS PLUS DE VINGT ANS LES PETITES

“FAIBLESSES” DE CHACUN.

LA TABLE EST CET ENDROIT PRIVILÉGIÉ

APRÈS UNE JOLIE

JOURNÉE AU TABLEAU, ET PENDANT QUE

RÉMI

PRÉPARE LE PLAN DE TABLE AVEC

LINE

LA CUISINIÈRE,

FABRICE OUVRE UNE DES BOUTEILLES QU’IL A APPORTÉES POUR CÉLÉBRER LES RETROUVAILLES. TOUS SE REMÉMORENT LES MEILLEURS INSTANTS.

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Saveurs

Invitation aux Éolides par Véronique André

SYLVAIN RUFFENACH VIENT D’ARRIVER À LA “MAISON BLANCHE”, PRESTIGIEUSE

Les recettes de famille

ADRESSE DES FRÈRES

POURCEL. APRÈS DEUX ANS PASSÉS À NEW YORK AU “DANIEL” CHEZ DANIEL BOULUD, TROIS ÉTOILES AU MICHELIN, CET ALSACIEN DE NAISSANCE Y CONÇOIT DES ASSIETTES DE TRÈS BELLE FACTURE.

CES LANGOUSTINES

AUX CHÂTAIGNES, SON BAR

SAUVAGE-TARTE AUX CÈPES OU SES CANNELLONI DE GIROLLES SONT UN ENCHANTEMENT.

Maison Blanche,15,avenue de Montaigne,Paris VIIIe. Rens. : 01.47.23.55.99 et www.maison-blanche.fr

Si Line, la cuisinière maison depuis vingt ans, est la reine de la Tarte Tatin, aux pommes du domaine, ce sont des recettes de famille que nous propose Rémi, des recettes revisitées par Sylvain Ruffenach de la “Maison Blanche”à Paris. Il entre dans les cuisines des Éolides et réinterprète un pressé de perdreau et des poitrines de canard.

Pressé de perdreau au foie gras Pour 6 personnes 2 perdreaux,3 échalotes,1 cl d’huile d’olive, 1 verre de cognac,300 g de terrine de foie gras,150 g de pousses d’épinard,poivre, vinaigre,thym. ◆◆◆

Désossez les perdreaux,fumez les poitrines au fumoir pendant 30 minutes. Ciselez les échalotes,faites revenir avec thym et huile d’olive,réservez. ◆◆◆

Sautez les foies et cœurs au beurre, déglacez au cognac et hachez au couteau.Ajoutez les échalotes et les cuisses hachées au hachoir, bien assaisonnez. ◆◆◆

Taillez la terrine de foie gras en bâtonnets et enveloppez-les

d’épinards blanchis au préalable. Montez la terrine avec farce,foie gras et filet de perdreaux,assaisonnez.Enveloppez

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de papier film et laissez cuire au four vapeur à 85 °C pendant 45 minutes. Pressez la terrine une fois cuite.

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Saveurs Invitation aux Éolides

Duo de rôti poitrine de colvert et pommes Pour 6 personnes 5 colverts,100 g de graisse de canard,1 verre de vin rouge, 350 g de cèpes,1 paquet de pâtes à ravioles,1 chou rouge, 3 pommes,2 cuillères d’huile d’olive,1/4 de pot de crème, 1/4 de litre de lait,thym,sel,poivre. ◆◆◆

Désossez les canards,levez les filets et faites confire les cuisses à la graisse de canard.Laissez raidir les foies au beurre et déglacez.Détaillez en petits cubes, ajoutez la chair des cuisses et les cèpes sautés, assaisonnez.Montez les ravioles avec cette farce et cuire au moment de l’envoi.

Crémez,laissez réduire légèrement,ajoutez le beurre, le lait et émulsionnez avec un mixer. Disposez la mousse obtenue sur les ravioles. ◆◆◆

Émincez le chou rouge,revenez avec un peu de graisse de canard, déglacez au vin rouge et ajoutez le poivre long concassé. Compotez tranquillement sur le coin du feu et rectifiez l’assaisonnement. Taillez les pommes en quartiers et snackez légèrement à l’huile d’olive.

◆◆◆

◆◆◆

Réalisez un bouillon avec les carcasses de canard et la garniture aromatique,passez et laissez réduire au 3/4.

Faites rôtir les poitrines de canard au beurre avec une branche de thym,et servez aussitôt cuit.

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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Saveurs Invitation aux Éolides

Tarte Tatin des Eolides Pour 6 personnes

10 pommes,150 g de beurre,150 g de sucre en poudre, 250 g de pâte brisée,cannelle. ◆◆◆

Dans une casserole,mettez le beurre et le sucre en poudre, mélangez bien,faites un caramel brun puis retirez-le du feu.Épluchez,épépinez et taillez en quartiers les pommes. Disposez les quartiers de pomme sur le caramel refroidi et faites-les cuire 5 minutes à feu vif. ◆◆◆

Abaissez la pâte brisée sur 3 ou 4 mm d’épaisseur en un disque légèrement supérieur au diamètre du moule. Recouvrez les pommes de pâte. ◆◆◆

Cuisez à 180 °C jusqu’à cuisson complète de la pâte brisée. La pâte est presque cuite et le caramel commence à remonter sur les côtés.Au terme de la cuisson, recouvrez le moule avec un moule plus grand, et démoulez votre Tarte Tatin tant qu’elle est encore chaude.Après il sera trop tard !

AVANT DE GOÛTER À TOUS CES METS FINEMENT CUISINÉS,

RÉMI AVAIT

SORTI SA DERNIÈRE COLLECTION DE SETS DE TABLE.

UN JOLI LIN “PETITES

BLANC APPELÉ

PERLES” COMPOSÉ DE BRODERIES

AU POINT DE BOURDON DE SON PROPRE CRU. (Venez consulter ses délicats et ravissants tissus sur son site : www.desjours-desnuits.com)

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Fait pour les propriétaires forestiers et les passionnés de la forêt, Forêts de France est un mensuel qui répondra à toutes vos questions de propriétaire,de sylviculteur et de gestionnaire. FORÊTS DE FRANCE, C’EST AUSSI :

• le tableau des cours des bois sur pied, • des fiches sylviculture, fiches sanitaires et matériels à conserver, • les expériences menées par d’autres forestiers, • les travaux à faire dans votre forêt, • et des informations locales, les réunions et formations qui vont avoir

lieu près de chez vous.

www.foretpriveefrancaise.com

Retrouvez Forêts de France sur :

RETROUVEZ CHAQUE MOIS DES ARTICLES POUR COMPRENDRE LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA FILIÈRE FORÊT BOIS.


Tentations LES PRODUITS DE FÊTES

ABERLOUR 1879

◆ Coffrets d’inspiration maroquinerie pour ces Aberlour 16 ans d’âge et 12 ans d’âge. L’alliance du savoir-faire des maîtres selliers aux puristes du whisky écossais

MALLE DE VOYAGE DU CHOCOLATIER CHAPON ◆ Cette malle prestige

du chocolatier Chapon possède quatre tiroirs garnis de napolitains, de dômes au sel et de gingembre ou d’autres chocolats selon votre choix.

58 €.

35 €, le 16 ans d’âge ; 27 €, le 12 ans d’âge.

COGNAC LOUIS XIII RARE CASK 43.8

◆ Philippe Starck associé à Baccarat ont fait

naître cette sublime carafe de cristal noir. 786 exemplaires de ce cognac rarissime extrait du tierçon n° 43.8 on été réalisés. Le tierçon est le nom de certaines barriques à Cognac. 10 000 €, chez quelques cavistes.

MILLÉSIMES DE TAILLEVENT SUR VOTRE MOBILE

◆ Pour 79 centimes, il est possible

d’avoir sur votre mobile l’avis des sommeliers de Taillevent des vins de Bordeaux, Bourgogne, Champagne,Alsace… Et pour les millésimes compris entre 1945 et 2007, un classement présenté en tableau peut aussi être consulté. L’application est disponible en français, en anglais et son contenu évoluera dans le temps, comme les grands vins !

KRUG GRANDE CUVÉE

◆ Exceptionnel, le Krug Grande Cuvée est composé de cinquante

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé,à consommer avec modération.

à quatre-vingts vins, de vingt à vingt-cinq crus et de six à dix millésimes.

En formats 37,5 cl, 75 cl, un et 3 litres en coffret. 150 €.

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Tentations LES PRODUITS DE FÊTES

FOIE GRAS D’OIE MI-CUIT DE COMTESSE DU BARRY ◆ Présenté en bocaux

de 180 g (foie gras) et 100 g (de gelée), ce foie gras entier mi-cuit et sa gelée de sauternes aux épices. Un classique signé par une maison plus que centenaire. 52,50 €.

GRANDS CRUS MILLÉNIUM

COFFRETS NUIT D’ÉTOILES

◆ Proposé par les Châteaux&Domaines Jean-Eugène Borie, le coffret Millénium est un hymne au millésime 2000 avec pour trio gustatif (Château Ducluzeau, Château Lalande-Borie et Château Croix de Beaucaillou). 150 €.

◆ La Maison du chocolat

innove avec des coffrets qui ont pour thème la féerie de Noël. Les chocolats proposés s’accordent à cette poésie puisqu’ils ont pour noms Dentelle (praliné feuilleté), Vent d’est (ganache noire et pain d’épices), Prune d’or (ganache lait et mirabelle de Lorraine)…

MAISON GÉLAS, ARMAGNACS MONOCÉPAGES

39,50 €, le coffret de 32 pièces ou 310 g ; 64,50 €, le coffret de 54 pièces ou 500 g.

◆ Toute la pureté et

la personnalité des eauxde-vie non filtrées dans la nouvelle gamme proposée par Philippe Gélas. À déguster avec un foie gras d’oie ou un dessert chocolaté…

COFFRET DÉCOUVERTE

◆ Garni de trois bouteilles, ce coffret Red Latitudes Estates

&Wines met à l’honneur les cépages de l’hémisphère Sud. Avec un Terrezas Los Andes Reserve Malbec, un Cloudy Bay pinot noir et un Cape Mentelle cabernet merlot. 69 €.

CHIVAS GRIFFÉ LACROIX

◆ Le Chivas 12 ans d’âge s’habille d’élégance grâce au talent

de Christian Lacroix. Édition limitée en flacon de 150 cl. 130 €.

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56 €, la bouteille de 75 cl. Coffret de trois armagnacs sur demande.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.


Le site de vos chasses www.domainedechasse.fr www.hunting-domain.com Appréciez les richesses de la chasse, ses univers… Domaine de Chasse recense les territoires de chasse en France et à l’étranger Profitez des offres et promotions des domaines de chasse Echangez vos commentaires et appréciations sur les domaines où vous avez chassé Découvrez les professionnels de la chasse, leurs produits, appréciez leur savoir faire Boutique en ligne : achetez vos articles de chasse Consultez nos ventes de propriétés et actions de chasse La communauté Domaine de Chasse: retrouvez vos partenaires de chasse, partagez vos photos Déposez gratuitement vos annonces La Chasse est notre passion, partageons la !

«Vos commentaires sur les domaines permettront d’améliorer leurs prestations, et guideront d’autres chasseurs dans leurs choix»

Arthur Montarras Fondateur de Domaine De Chasse

Contactez nous : domainedechasse@gmail.com


Tentations LA MAISON ET SA DÉCO

RÉFRIGÉRATEURS LG ◆ LG propose le plus grand

réfrigérateur américain d’un volume utile de 617 litres ! Il contient un grand espace congélateur et un distributeur d’eau et de glace. Il se décline en deux versions : Platinum II simple et Platinum II Swarovski avec poignées strass.

TIMBALE DE PUIFORCAT

2289 €, le modèle classique ; 3299 €, le modèle Swarovski.

◆ Tout or, cette timbale

Reflets est une nouveauté Puiforcat.

155 €.

SERVICE TANIA DE BOURBON

◆ La princesse Tania de Bourbon-Parme a complété

pour Haviland la ligne Onze de cœur. On peut maintenant la découvrir en blanc et platine. 105 €, l’assiette plate ; 69 €, l’assiette à dessert ; et 169 €, la tasse à café.

◆ Bleu, rouge

ou verre, ce modèle de verre en cristal intitulé Tommy est soufflé à la bouche et taillé à la main.

265 €, l’unité.

PLAID SNÖA ET PEIGNOIR ET SERVIETTES

◆ Chez Ikea, Noël voit rouge avec la ligne

de linge de bain et d’intérieur Snöa.

19,95 €, le plaid ; 35 €, le peignoir ; 19,95 €, le lot de quatre pièces de serviettes de bain de 50 sur 100 cm.

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VERRES EN CRISTAL DE SAINT-LOUIS

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Proche Château la Vallière, Indre et Loire (37)

Proche Troyes, Aube (10)

Exceptionnelle propriété de chasse de 304 ha environ dont 280 ha de forêt, 23 ha de Exceptionnelle propriété close de 276 hectares environ, dans la Forêt d’Orient compreterres, comprenant maison de maître, maison de gardien, divers bâtiments agricoles. nant : belle maison de maître avec de nombreuses dépendances, jardin, piscine, 166 hecBelle chasse : cervidés, sangliers, chevreuils. tares environ superbe forêt de chênes, 104 hectares environ de terres et prairies libres. Très belle chasse, cerfs et sangliers.

Exclusivité Cabinet Henri d’Ormesson 17, rue d’Orléans - 92200 Neuilly sur Seine - www.henridormesson.com Tél : 01.41.43.04.75 - Fax : 01.47.22.05.49 - cabinet@henridormesson.com

DIVERSES FORÊTS, • EXCLUSIVITÉ, 275 ha, Loir et Cher, proche Blois, chênes. • EXCLUSIVITÉ, 250 ha, Yonne, proche Sens, chênes et résineux. • EXCLUSIVITÉ, 56 ha, Yonne, proche Joigny, chênes, résineux, divers. • EXCLUSIVITÉ, 85 ha, Yonne, chênes et résineux. • EXCLUSIVITÉ, 92 ha, Yonne, chênes de qualité. • EXCLUSIVITÉ, 76 ha, Yonne, chênes. Parc de Chasse, 100 ha environ, Nièvre, chênes et divers. 69 ha, Indre et Loire, proche Château la Vallière, terres et bois. Forêt 76 ha, Moselle, proche Metz, chênes.

Cabinet Henri d’Ormesson

17, rue d’Orléans - 92200 Neuilly sur Seine - www.henridormesson.com Tél : 01.41.43.04.75 - Fax : 01.47.22.05.49 - cabinet@henridormesson.com

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Tentations HIGH-TECH ET OBJETS

ÉCRAN PLAT LCD LED

◆ Ce modèle LG de la série SL 9000 offre outre une

excellente qualité d’images, la comptabilité USB 2.0 (photos, musique, vidéo…). Très design et bien pensé puisqu’il possède aussi une fonction basse consommation d’énergie.

1399 €, en 42 pouces ; et 1699 €, en 47 pouces.

LIVRE D’OR ALEXANDRE MAREUIL

◆ Un bel écrin pour conserver un souvenir de ses invités de chasse. Ce livre d’or Alexandre Mareuil au format A4, à bordure dorée se compose de 144 pages. 90 €.

SÉRIE LIMITÉE LEICA CAMERA M7 HERMÈS

◆ Habillé d’un cuir Hermès,

TÉLÉPHONE PORTABLE LG CHOCOLATE BL 40

◆ Dernier-né de la collection Black Label Series

de LG, ce téléphone allie design et technologie et comprend la navigation optimisée avec l’interface S-Class 3 D et écran LCD haute résolution de 10 cm. 499 €.

ce modèle est une édition très exclusive du boîtier argentique Leica M7 Hermès. En colori étoupe ou orange, chaque modèle est limité à 100 pièces 9500 €.

CARTES DE BATTUE TANIA DE BOURBON

◆ La princesse Tania de Bourbon-Parme, passionnée de chasse et de tir, a eu la riche idée de concevoir de superbes cartes de battue.

300 €, les deux cents cartes de battue. Personnalisation à la demande aux armes et aux blasons d’un domaine.

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Flacons

VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

Armagnac

Nous avons remarqué… Les classiques

◆L’armagnacestlaplusancienne eau-de-vie de France. Les premiers écrits commerciaux ne le citent qu’en 1461 pour en réglementer la vente,mais l’aygue ardente est déjà connue sous le nom d’aqua ardente.Il en est fait mentiondèsleXIVe siècledansunouvrage provenant de la bibliothèque du Vatican. Son auteur, Vital Dufour, à la fois médecin et prieur d’Eauze et de SaintMont,en révèle toutes les vertus thérapeutiques. Mais c’est en 1909 qu’il prend le nom de son appellation, et en 1936 qu’il accède à l’AOC.Il est obtenu par la distillation de vins blancs issus essentiellement des cépages ugni blanc, colombard, folle blanche,baco blanc et,dans une moindre mesure,de clairette de Gascogne, graisse, jurançon blanc, mauzac (blanc et rosé), meslier saint-françois. Ses terroirs se définissent en trois régions. Le Bas-Armagnac –régiond’Eauze–s’étendsurune partie des départements des Landes et du Gers et représente 57 % des plantations;les sols sablo-limoneux,dits sables fauves, confèrent fruité,légèreté et délicatesse. L’Armagnac-Ténarèze –autourdeCondom–comprend le nord-ouest du Gers et le sud du Lot-et-Garonne; les sols argilo-calcaires donnent des eauxde-vie plus corsées, à la richesse plus marquée et qui ont besoin d’un vieillissement prolongé.Le Haut-Armagnac ou Armagnac Blanc (des zones calcaires qui

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CHÂTEAU DE LAUBADE

L’alchimie des douceurs

Maison Castarède à Lavardac. Ses eaux-de-vie sont aromatiques, équilibrées et fines. Très beau vingt ans d’âge, fondu, où se mêlent le cacao, le fruit confit et le zeste d’orange. Tél.: 05.53.65.50.06.

Château de Laubade à Sorbets. La famille Lesgourgues produit des nectars aux arômes de vanille et de cacao, avec un léger rancio, une bouche ronde et harmonieuse. Élégant millésimé 1990 qui a décroché une étoile dans le dernier Guide Hachette. Tél.: 05.62.09.06.02.

À découvrir

À LA SORTIE DE L’ALAMBIC, L’EAU-DE-VIE EST INCOLORE MAIS DÉJÀ FOUGUEUSE ET DOTÉE D’UNE RICHE PALETTE AROMATIQUE, FRUITÉE ET FLORALE.

affleurent dans cette partie de la région) couvre l’est du département du Gers et une partie du Lot-et-Garonne. L’élaborationdel’armagnacest restée plutôt artisanale et se dérouleentroisphases:vinification, distillation,vieillissement.Levin de distillation est obtenu de manièretraditionnelle,maissoufrage etchaptalisationsontinterdits.La distillations’effectueenhiver,dès la fin des fermentations (avant le 31marsdel’annéequisuitlavendange mais,depuis deux ans,un décretdecampagneramènecette date au 31 janvier) et se déroule soit à la propriété – parfois avec un alambic ambulant –,soit dans un atelier de distillation. L’essentiel des eaux-de-vie d’Armagnac est distillé dans un alambic armagnacais (breveté en 1818) en cuivre pur, martelé ou laminé et dont la caractéristique

Jours de C HASSE ◆

principale est le fonctionnement en continu. Le vieillissement sous bois – dans des fûts de chêne ou “pièces”de400litres–luiconfère une belle complexité,alliée à une certaine douceur qui tempère les ardeurs du breuvage… Durant cettephase,troisphénomènesnotables se produisent:l’extraction des composés tanniques de la pièce;l’évaporation d’une partie de l’eau-de-vie et la baisse du degré alcoolique (à peu près un demi-degré par an), la fameuse “part des anges”;l’évolution des arômes combinés du bois et du vin, due à la lente oxydation de l’armagnac au contact de l’air à travers le fût. Enfin, on procède aux“coupes”en assemblant plusieurs eaux-de-vie d’origines et d’âgesdifférents,afind’atteindre le degré idéal de consommation (40 % en volume minimum).

HIVER 2009

Château de Castex d’Armagnac. Ici, rien n’est mis sur le marché avant quinze ans d’âge. Impressionnante collection de millésimes anciens encore disponibles à la vente (1936, 1944, 1966…) et un très beau 1989, fin et élégant, aromatique, puissant sans lourdeur. Tél. 05.62.09.66.02.

Château Garreau à Labastide d’Armagnac. Possède son propre alambic et distille ses eaux-de-vie. Le XO quinze ans d’âge a un nez de pruneau confit, de vanille, avec des notes cacaotées. La bouche fait preuve d’une puissance maîtrisée et la finale persiste sur la finesse d’une belle palette aromatique. Tél.: 05.58.44.84.35.

Insolite et nouveau

Maison Gélas à Vic-Fezensac. Outre une gamme classique, Philippe Gélas a produit une curiosité: Single White (Single: une seule distillation de vin blanc; White: pas de vieillissement en fût de chêne) à base de baco et folle blanche. Les arômes de poire dominent, avec des notes cumin, genièvre et menthe sauvage. Force mais douceur et fraîcheur. Tél.: 05.62.06.58.95.

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Volutes par Jean-Claude Perrier

Un Noël très “puro” Des havanes en coffrets cadeau, quelques raretés, et même un clin d’œil pour nos amis fumeurs de pipe !

CUBA

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

◆ Deux grandes marques

de havanes se sont mises en frais pour proposer à l’amateur un coffret élégant et pratique, et un autre hors normes.

H. Upmann, six Connaisseur N°1, robusto Prix: 150 €. Ils sont présentés

dans une trousse de cuir qui peut devenir ensuite une trousse de voyage, munie d’un humidificateur (photo ci-dessous).

Cohiba, quinze Reserva Siglo VI, cañonazo, Gran Reserva 2003. Prix: 855 €

le coffret, soit 57 € la pièce. Ils sont servis dans une luxueuse boîte laquée vernis noire (photo ci-dessus).

Des cigares vintage d’exception, à un prix aussi exceptionnel. Signalons que le tirage est limité à 5000 unités pour le monde entier… ◆ Plus abordables, deux autres coffrets, toujours disponibles. Cinq pirámides avec humidificateur: Cohiba, Montecristo n° 2, Belicoso de Romeo y Julieta, P2 de Partagas et Hoyo de Monterrey. Le premier et le dernier n’étant pas disponibles en France. Prix: 82,50 €. Et cinq robustos avec humidificateur aussi: Cohiba, Exhibición n° 4 de Romeo y Julieta, D4 de Partagas, Epicure n° 2 de Hoyo de Monterrey et Robusto de Montecristo, lequel n’existe plus autrement sur le marché. Prix: 76 €. Il faut se précipiter sur les derniers exemplaires du Sancho de Sancho Panza, gran corona, qui n’est plus fabriqué à La Havane, donc en voie d’extinction. C’est un superbe havane classique de grand format, idéal

pour un réveillon, avec ses arômes subtils et roots à la fois. Prix: 20,20 € (disponible uniquement sur demande dans les meilleures civettes). Autre rareté moins onéreuse et vintage, le Selección N°2 de Juan López, un robusto tendre aux arômes très herbacés, non bagué, fabriqué en juillet 2001. Une affaire. Prix: 9,30 €. ◆ Nos amis fumeurs de pipe sont nombreux parmi les chasseurs.Voici, à leur intention, une nouveauté en France, le Partagas Picadura Negra Granulada, coupe large. Un tabac très puissant, que les amateurs expérimentés mélangent à du tabac blond afin d’en atténuer le mordant tout en préservant sa nervosité. Prix: 4,80 € la tablette de 110 grammes.

HONDURAS

◆ Pour terminer sur un autre

terroir, deux nouveaux pirámides dans la marque Flor de Selva. Le Barrocco “clair”, aux arômes denses et concentrés sous sa belle cape Connecticut. Prix: 7 €. Et le Barrocco 1989, tripe Jamastran et Jacuelpa, sous-cape et cape maduro noires, vieillies à l’eau, qui donnent au cigare un goût un peu plus piquant, poivré. Ce cigare se veut un clin d’œil décalé à l’anniversaire de la chute du mur de Berlin, symbole de la liberté triomphante. Maya Selva, patronne de la marque, a voulu concevoir un cigare hors normes, à découvrir lors d’une longue soirée d’hiver. Prix: 7,50 €.

CETTE SÉLECTION A ÉTÉ ÉTABLIE AVEC L’AMICALE COMPLICITÉ DE RÉGIS COLLINET, LE LOTUS, 4, RUE DE L’ARCADE, PARIS VIIIe. TÉL. : 01.42.65.35.36.

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Jours de CHASSE ◆

HIVER 2009



D

ossier spécial ◆

Le tout-terrain remonte la pente D U “ DOWNSIZING ” À L’ HYBRIDATION , LES CONSTRUCTEURS DE TOUT- TERRAINS RIVALISENT D ’ ASTUCES POUR RÉDUIRE LES CONSOMMATIONS ET RENOUVELER LEUR PUBLIC .

SOMMAIRE Page 192

Le tout-terrain remonte la pente Page 196

dossier réalisé par Dominique Murtoli

Hervé Neubauer directeur général de Neubauer SA

“La révolution verte viendra en son heure” Page 197

BMW

Le rêve en prime

◆ Le BMW X1, sans doute le plus abouti des SUV compacts. Doué de qualités exceptionnelles, il brille aussi par son confort.

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Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009


◆ L

e choc a été rude. Sur l’ensemble de l’année 2008,les ventes de 4x4 ont chuté en France de près de 30%.Lenombred’immatriculations est passé de 138000 en 2007 à 101000 l’an dernier.Et l’année 2009 ne laisse guère présager de meilleurs résultats. La part de marché de ce type de véhicule est ainsi descendue sous la barre des 5 %.En cause: le bonusmalus écologique. Bien sûr, puis la fortehausseduprixducarburantl’an dernier.Etpuisdanslafoulée,lacrise, lavraie,avecsacohortedemauvaises nouvelles, à commencer par la difficulté d’accès aux crédits et le grippage de la machine du leasing. Les gros 4x4 ont été les plus sévèrement sanctionnés. Les constructeurs engagés dans une course au gigantisme ont été totalement pris à contre-pied. Le symbole de ce revers de fortune reste laventecetteannéedeHummer,connue pour ses tout-terrains dérivés des modèlesdel’arméeaméricaine.JohnnyHalliday et Karl Lagerfeld devront désormais s’adresser aux Chinois s’ils veulent continuer à rouler dans ces monstres

AUDI

◆ L’Audi All Road Quattro. Racé, polyvalent, cet engin de haute technologie reste une alternative crédible aux SUV de nouvelle génération. Sa suspension pneumatique montée de série peut faire varier la garde au sol de 6 centimètres.

assoiffés de carburant.General Motors a officiellement annoncé le 9 octobre avoir cédé Hummer à la SichuanTengzhong Heavy Industrial Co Ltd (80 %), ainsi qu’à l’homme d’affaires Suolang Duoji(20%).Uneopérationquidevrait, dit-on, sauver 3000 emplois aux ÉtatsUnis. Si la marque parvient à renouveler sa gamme. Elle se prépare, pour l’heure,àpasserses“petits”tout-terrains H3 et H3T au biocarburant E85. Arrivée sur le tard sur ce marché des Sport Utility Vehicles (SUV), la Francealimitélacasse.Plusde3431Renault Koleos se sont écoulés sur les neuf premiers mois de l’année. Avantage de ce modèle fabriqué par Samsung, filiale coréenne de l’ancienne régie: il est disponible en deux ou quatre roues motrices.LegroupePSAaévité,desoncôté, des investissements lourds sur ce segment, en se contentant de “rebadger” un tout-chemin japonais,le Mitsubishi Outlander. On lui a greffé des moteurs tricoloresetsubstituéquelqueséléments dedécor.Lesventesdansl’Hexagonesur lesneufpremiersmoisdel’annéenesont pas ridicules : 1 814 Peugeot 4007 dif-

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fusés et 1 712 Citroën C-Crosser immatriculés. On est loin toutefois des objectifs de vente imaginés au départ. Carlos Ghosn, l’emblématique patron de Renault, n’a pas dit son dernier mot.L’anprochain,Dacia,filialeroumaine de la marque au losange, devrait produire un SUV “low-cost”, le Duster. Il laisseralechoixentredeuxetquatreroues motrices. Muni d’un antidérapage en option, il reprendra les moteurs essence du populaire Nissan Qashqai (1,6 litre de 110 chevaux et 2 litres de 140 chevaux) et des diesels Renault (le 1.9 dCi de 130chevaux et un inédit 1.6 dCi de 110chevaux à l’appétit d’oiseau).Le tout pourunprix“canon”autourde15000euros seulement.Voilà qui devrait aiguiser les appétits des chasseurs… Pour contourner l’obstacle fiscal, les constructeurs adaptent à la transmission intégraledestechniquesréservéesauxberlines traditionnelles. Land Rover, par exemple,vient d’équiper son Freelander 2 d’un Start & Stop,ce qui en fait le tout premier 4x4 doté d’un système d’arrêt et dedémarrageautomatiquedumoteurqui économise le carburant. >>

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Dossier spécial 4x4

PHOTOS : DOMINIQUE FONTENAT/MERCEDES - LANDE ROVER

◆ Le Mercedes GLK Blue Efficiency. Moins de 7 litres de consommation. La marque fait la chasse aux particules nocives. Et l’astucieux Freelander 2, premier tout-terrain doté d’un système d’arrêt et de démarrage automatique du moteur.

Les fabricants se livrent également au downsizing.On loge alors sous le capotdesmoteurspluspetits,moinsgourmands et donc moins polluants. Mais seuls les motoristes les plus doués, disposant de blocs à fort rendement, sont à même de fournir des véhicules plaisants à conduire.BMW notamment en sort avantagé. Son X5 3.0d, capable de développer 235 chevaux pour “seulement” 218 grammes de rejet de C02 par kilomètre, lui permet de conserver sa place de leader dans le segment des 4x4 premium.Même son provocant X6 s’écoulera à près de 2000 exemplaires cette année. Plus modeste, le X3 18d joue la sobriété avec, pour 143 chevaux sous le pied, une consommation moyenne de 6,2litres et un rejet affiché de 165gram-

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mes de C02 au kilomètre. Soit 200 petits euros de malus à peine. Mieux! Le nouveau X1,révélation de l’année 2009, peut,avec le même moteur,en 4x4,descendre à 150 grammes de rejet. Sur ses breaks de chasse,la marque à l’hélice accouple, pour la première fois,sa technologie xDrive (concurrente de la transmission Quattro Audi) à sa Touring 320d.Pour une consommation moyenne de 5,6 litres et un rejet de 146grammes au kilomètre.Vincent Salimon, le directeur de ventes de BMW France, ne cache pas sa fierté: « BMW récolte les fruits de toutes ces années d’effort », se félicite-t-il. Chez Mercedes également,la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre se traduit en chiffres dans la gamme tout-terrain. L’angu-

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leux GLK, très prisé des amateurs d’“off-road”, parvient, dans son exécution 220 CDI Blue Efficiency,à descendre sous la barre des 7 litres de consommation. Pour une puissance de 170 chevaux ! Mercedes est également passé maître dans les systèmes de dépollutiondesmicroparticulesémisespar lesdiesels.SatechnologieBlueTecaainsi été créée pour limiter le rejet de ces molécules nocives,notamment d’oxyde d’azote(NOx),quiconstituentl’unedes plus importantes menaces pour l’organisme humain. Reste la mutation de l’hybride à laquelle les pouvoirs publics incitent fortement, notamment en France. Jusqu’alors, Lexus, enseigne de luxe de Toyota, tenait le haut du pavé sur ce créneau,avecsesRX400hetmaintenant 450h.Mais les constructeurs allemands BMW,Mercedes,PorscheetVolkswagen veulent, à leur tour, investir ce segment prometteur.BMWtenteunX6présenté comme « le modèle hybride le plus performantdumonde»(485chevaux.).D’abord commercialisé aux États-Unis, débarquera-t-il un jour en France? Mercedes annonce, de son côté, un ML450 Hybrid. Mais il sera réservé, dans un premier temps, au marché américain et pourrait même ne jamais arriver de ce côté-cidel’Atlantique.Porscheveutégalementlanceruneversionhybridedeson Cayenne.Peut-être au premier semestre 2010. Son système d’alimentation devrait lui permettre de parcourir 137 kilomètressursonseulmoteurélectrique. N’oublions pas non plus le futur Touareg Hybrid de Volkswagen, qui devrait sortir des chaînes de montage à peu près à la même période. De toute part, les constructeurs rivalisent d’audace pour sauver la famille SUV.Avec ou sans sièges en cuir,le 4x4 est voué à poursuivre sa route. En tout état de cause,il faudra toujours des mécaniques rustiques pour emmener sur ses terres le forestier ou le gentlemanfarmer. ◆ La suite de notre dossier pages 196. >>


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Dossier spécial 4x4

Entretien avec…

Hervé Neubauer “La révolution verte viendra en son heure”

GROUPES DE DISTRIBUTION AUTOMOBILE DE LA RÉGION PARISIENNE,

HERVÉ NEUBAUER JETTE SON REGARD DE PROFESSIONNEL SUR “L’EXCEPTION AUTOMOBILE FRANÇAISE”. Qu’est qui vous frappe dans l’évolution du marché du 4x4 en France ? Le climat d’autoflagellation entretenu par nos politiques devient inquiétant. Ce n’est pas tant la crise que la fiscalité verte qui atteintdepleinfouetlesvéhiculesdeluxeetdeloisir.Cesegment constituepourtantlelaboratoiredetouteslesévolutionstechnologiques qui font progresser l’automobile de masse. La France taxe donc le rejet de CO2. Alors qu’en Allemagne, on se focalise sur le filtre à particules.Y a-t-il une pollution ou des pollutions ? Il ne faudrait pas que pour des motifs mal identifiés l’on casse chez nous un secteur économique vital.Il faut huit ans en moyenne pour développer un cycle de production automobile, de la conception à la fin de diffusion d’un modèle. Méfions-nous des solutions trop brutales imposées par les technocrates ! Comment vous adaptez-vous à ces contraintes ? Nous avons du mal. Car les gros modèles, qui offrent les marges les plus importantes, sont les plus pénalisés. L’État se prive d’ailleurs d’une source substantielle de revenus, puisque, dans une voiture, un cinquième du prix est représenté par la TVA.

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Jours de C HASSE ◆

Mais la prime à la casse n’a-t-elle pas plutôt protégé le secteur ? Cette prime ne durera pas.Comme distributeur, je préférerais une situation à l’espagnole avec un tassement des ventes qui corresponde à la réalité du marché. Au lieu de quoi on nous impose un système artificiel.Et inique de surcroît! On nous oblige à reprendre des épaves qui nous coûtent énormément en termes logistiques pour que les clients les remplacent par des voitures à faible marge. De nombreux consommateurs y trouvent leur compte et, avec, certains constructeurs.Maispaslesdistributeurs. N’est-ce pas simplement la fin d’une époque ? On ne peut se résigner lorsque l’on emploie près de un millier de personnes. Neubauer,c’est vingt marques diffusées en France, parmi lesquelles Peugeot, Volkswagen, Mini, BMW, Rolls-Royce, Ferrari, Maserati, Lotus, Jaguar, Infiniti, Alfa Romeo, Lancia, Fiat,Abarth, Land Rover, Daihatsu, Nissan. Notre enseigne séculaire s’est installée sur tout l’Ouest parisien, du cœur de la capitale jusqu’à Chambourcy, en passant par les Hauts-de-Seine. Nous disposons d’une cinquantaine d’implantations et écoulons 25000voituresparan.Or,danslecontexteactuel,leprixmoyen des véhicules a déjà baissé de plus de 10 %. Et, avec, notre chiffre d’affaires. Comment s’y résoudre? La révolution verte semble vous laisser perplexe… La révolution verte viendra en son heure. Il faut laisser le temps au temps pour que ces nouvelles techniques arriventàmaturité.L’Étataurabeauvouloirforcerlemouvement à coups de primes, ce sont les constructeurs qui imprimeront le rythme. Il est inutile de prendre à partie le client, en voulant presque lui donner mauvaise conscience. Tout le monde est écolo.Mais quand le prix des technologies vertes s’affiche en concession,le consommateur se replie généralement sur les solutions classiques. Le marché alternatif n’est pas mûr. Propos recueillis par Dominique Murtoli PATRICK IAFRATE

CODIRIGEANT, AVEC SON FRÈRE ÉRIC, DE L’UN DES PRINCIPAUX

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Le rêve en prime VOICI NOTRE SÉLECTION DE NOUVEAUTÉS. POUR

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CHEMINER DANS LA BOUE EN TOUTE SÉCURITÉ.

◆ L

es quatre roues motrices ont de la ressource! Jours de Chasse a recensé quelques-uns des modèles les plus séduisants, disponibles actuellement en concession ou dans quelques semaines.

PHOTOS : LEXUS - RANGE ROVER

Pour l’adrénaline… 1. Range Rover Sport Supercharged Sa puissance? 510 chevaux! Le cœur de la bête est le V8 5 litres de la Jaguar XKR,suralimenté par compresseur.Son couple phénoménal dépasse les 600 newtons-mètres. Elle couvre le 0 à 100 en 6,2 secondes. Son prix ? à partir de 82450 euros.Presque raisonnable quand la concurrence s’affiche, pour des prestations équivalentes,à plus de 100000 euros.La marque britannique devenue propriété de l’IndienTata maintient son rang dans le segment des 4x4 de luxe.L’exté-

rieur change à peine.L’intérieur a été modernisé. Avec des commandes plus intuitives et des matériaux plus doux. L’électronique est de premier ordre:aides à la conduite,suspensions pilotées,GPS et surtout,un fabuleux programme Terrain Response,qui permet à cet engin de franchir, avec ses pneus de route, n’importe quel obstacle en hors-piste.

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Pour la planète… 2. Lexus RX 450h Le 450h associant propulsion thermique et moteurs électriques porte cette technologie hybride à un degré de raffinement inégalé. Le confort à bord est digne de celui des plus belles berlines. Vous roulez dans un monde de silence, relaxé, détendu. Le compte-tours est ici remplacé par un indicateur de dépense d’énergie et de rechargement des batteries. Qui font leur plein de watts en roulant,grâce à la force cinétique de l’accélération ou de la décélération.En outre,l’énergie du freinage est récupérée.Une fonction EV (Electric Vehicle) permet de rouler quelques kilomètres en mode tout électrique, en dessous de 40 kilomètres-heure.Cette Lexus dispose de deux moteurs électriques,un par essieu. Le moteur thermique les relaie pour relancer la machine. Avec son V6 3,5 essence de 249chevaux, la puissance cumulée atteint 299 chevaux quand les moteurs électriques poussent de concert. Sans forcer, il consomme 6,3litres en moyenne pour une émission de CO2 de 148grammes.Son prix:à partir de 67300 euros. >>

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Dossier spécial 4x4

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PHOTOS : MAZDA - SAAB - TOYOTA - LADA

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Pour la distinction… 3. Saab 9-4X et 9-5 break Le constructeur venu du froid n’est pas à court d’idées.Il annonce d’un côté un nouveau SUV très chic, le 9-4X (notre photo) et, de l’autre, une remplaçante à la vieillissante Saab 9-5 lancée en 1997.Ce 9-5,en version 4x4, se veut spacieux et très luxueux.L’ambiance à bord empreinte à l’univers de l’aéronautique. Tradition oblige, puisque Saab est aussi connue pour ses avions de chasse.La marque ne lésine pas sur les équipements: suspensions pilotées,système de reconnaissance des panneaux de signalisation, et bien d’autres astuces pour faciliter la conduite. La version à transmission intégrale sera dotée d’un V6 essence 2.8 turbo de 221 chevaux. Elle passera de 0 à 100 kilomètres-heure en seulement 6,9secondes. Accrochez vos ceintures! Pour la piste… 4. Toyota Land Cruiser Il roule sa bosse sur les cinq continents depuis 1951. Le Toyota Land Cruiser de huitième génération reste la star incontestée de la planète tout-terrain,en raison de sa robustesse. Sa mécanique éprouvée (le 3.0 D-4D de 173 chevaux) ira de pair avec un confort et une insonorisation en nette amélioration. La porte arrière à ouverture latérale cède le pas à un hayon,doublé d’une vitre articulée pour pouvoir charger le coffre même entre deux voi-

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tures lors d’un stationnement en ville. La technologie embarquée fait également un bond,à coups de navigateurs à disque dur et de suspension variable adaptative. Commercialisation : début 2010, à partir de 32350 euros.

Pour la route… 5. Mazda CX-7 Il était temps! Le CX7, si joliment dessiné, arrive enfin en France avec une motorisation diesel.Son 4 cylindres 2.2 de 173 chevaux lui va

comme un gant. Reine de l’autoroute, cette auto peut s’aventurer en tout-chemin.Sa ligne a bénéficié en 2009 d’un léger toilettage. Il faut rendre justice à ce superbe crossover qui n’a pas eu en France le succès escompté.Car,outre des qualités dynamiques remarquables,cette voiture, très sécurisante, bénéficie d’un confort de pullman et d’innombrables équipements:antipatinage,assistance au freinage d’urgence,GPS haut de gamme. Prix: à partir de 36950 euros. D. M.

Et parce qu’il pourrait disparaître un jour… Lada Niva GPL ◆ Certes, le Niva n’est pas

un jouvenceau. Il occupe le terrain du 4x4 depuis trente ans, doué d’aptitudes hors piste unanimement saluées. Mais voici que le modèle se convertit au GPL. De quoi réduire les émissions de C02 de son 1,7 litre essence de 233 grammes au kilomètre à 199 grammes. Rouler plus propre pour un investissement rapidement rentabilisé, c’est le secret de cet engin rustique qui se cède, dans cette configuration, pour seulement 12 880 euros.

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Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009

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Forum

PAROLES DE LECTEURS Écrivez-nous à rambaud@valmonde.fr

La Varende avait tout compris…

◆ Bravo pour cette belle

et longue évocation de Jean de la Varende.Vous avez cent fois raison que dire que de la chasse – en particulier la chasse à courre – et des chevaux, il avait tout senti et tout compris. Sans doute parce qu’il avait une parfaite connaissance du monde des campagnes, où les différences s’effacent toujours devant une passion commune: la chasse. Merci encore de nous l’avoir rappelé de si belle façon. P. Monager.

À propos de Catherine Farvacques

◆ Le portrait de Catherine Farvacques intitulé « Aventurière de l’art animalier » me laisse un sentiment un peu mitigé. D’un côté, j’admire son sens du détail et de la précision

qui sont réellement hors du commun. Quel travail pour y parvenir! Mais d’un autre côté, je trouve que par certains aspects son œuvre ressemble trop, beaucoup trop à une photographie, laissant peu de place à la poésie et à l’imagination, qui est pourtant une partie importante pour ne pas dire essentielle des beaux-arts.

V. Doreau.

Sur l’utilisation des chiens

D’accord…

◆ Je suis tout à fait d’accord avec votre dernier article sur les chiens. En effet, quel spectacle de voir dans la quasi-totalité des chasses au petit gibier, des chiens de tous pieds et de toutes origines, pour la plupart pas dressés, se terminer dans une anarchie la plus totale, où les faisans et les perdrix partent en tous sens…

Pour ma part, je ne vais plus dans ces chasses avec mes chiens, deux setters anglais: ils en reviennent totalement détraqués. À chaque chasse, son type de chiens. La chasse au chien d’arrêt est une passion de solitaire. Qu’on se le dise!

A. Jonquères.

… Pas d’accord

◆ Je dois dire que j’ai été surpris pour ne pas dire agacé par l’article « De la bonne utilisation d’un chien… ». Je chasse depuis très longtemps une à deux fois par semaine avec un groupe d’amis. En tout, nous partons avec cinq à six chiens (quatre chiens d’arrêt et deux labradors), tous ensemble et cela se passe plutôt bien. Nous voyons de beaux arrêts que nous allons servir à tour de rôle… Je ne vois pas où est l’anarchie dont vous parlez…

G. Payberet.

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