Jours de Chasse

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C

HASSE Jours

de

N° 39

Approche sur les cerfs de Java

FRANCE

Un rêve en Sologne M 02515 - 39 - F: 9,50 E - RD

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Sommaire N° 39 printemps 2010

CHASSE Jours

de

N° 39

La terre telle qu’elle est

92 Reportage Rêve de Sologne

www.joursdechasse.com

Président-Fondateur Olivier Dassault

126 Chasseur

de légende

Eric von Otter, le baron africain

RÉDACTION

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

3-5, rue Saint-Georges - 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.11.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél. : 01.56.52.21.67 ; ghaag@figaromedias.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Delphine Pellan (Tél. : 01.42.36.92.04 ; dpellan@sordiap.fr)

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30) Services généraux : Catherine Delange (11.13)

138 Crayons et pinceaux

Arnaud Fréminet, l’aquarelle au naturel

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SERVICE ABONNEMENT

22, rue René-Boulanger 75472 Paris Cedex 10 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général : Guillaume Roquette Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 775 658 412 00140. Directeur de la publication : Guillaume Roquette Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : Lionel Berthault (Le Chasseur mauricien). Copyright 2010 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

102

ARNAUD FRÉMINET

Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)

48 52 60 64 76 82 92

L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire L’actualité de la chasse Chic et choke Le monde de la chasse À l’affût Expositions et salons Lucarne La chasse en DVD Tentations Équipements de saison… 40 … pour elle 42 … pour lui 44 Accessoires 46 Automobile Enchères Les classiques tiennent le choc Signets La chasse en librairie Confidences Xavier Legendre Aventure Cerfs sur l’Isle de France Tourisme Île Maurice, le parfum du soleil Découverte L’appel du maral anatolien Reportage Rêve de Sologne

126 138 148 158 160

Sur le terrain Tout savoir sur… 102 Une collaboration chasseursagriculteurs exemplaire 108 Les colliers électroniques 114 L’armurerie Dorléac & Dorléac, L’Atelier de l’arme fine 118 Essai Jumelles Swarovski EL 42 120 Chasse à la journée, Le château de Villette 126 La loi: les assurances de chasse Chasseur de légende Eric von Otter, le baron africain Crayons et pinceaux Arnaud Fréminet, l’aquarelle au naturel L’écrivain Ivan Tourgueniev, le chasseur mélancolique L’art et la chasse Lucas Cranach l’Ancien Visite privée Invitation à Soconné chez Dominique et Olivier Mazau

168 174

Saveurs Les recettes de famille

178

Flacons Listrac Médoc quatre châteaux, une chapelle

180 182 194

Volutes Bouquets printaniers

Tentations 174 La maison et sa déco 176 Produits de printemps

Patrimoine La forêt française se redresse Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend un encart broché Abonnement entre les pages 34 et 35 et trois encarts jetés : Trésor du patrimoine L’Homme moderne, Réabonnement et Hors-Série “Jours de Chasse”.

Parution du n° 40-printemps 2010, juin Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com

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Éditorial par Olivier Dassault

L

dans des conditions propres à apaiser les scrupules des es préjugés tiennent chaud,disait Maurice Barrès,et défenseurs de la planète, d’autres offensives antichasse c’est la raison pour laquelle certains d’entre nous ont sesontproduitesrécemment.Ilyeut,aujournaldeFrance bien du mal à s’en dépouiller, particulièrement en cette Inter une étrange chronique de l’éditorialiste politique fin d’hiver où les frimas s’attardent. Contre ces truismes de la station, Thomas Legrand, à propos des chasses et poncifs récurrents la raison et la pédagogie se révèlent dites présidentielles de Chambord.Ayant sans doute ouimpuissantstantilsontlaviedure.Ainsienest-ildesvieux blié que le droit de chasse est une conquête révolutionclichés sur la chasse.Moins ils ont de pertinence,plus ils naire, Thomas Legrand vilipendait dans sa philippique sont “ringards”, et plus ils sont brandis avec succès par le retour de l’Ancien Régime à propos des battues de les adversaires de notre passion. J’en veux pour preuve Chambord réactivées par Pierre Charron, et comparées les récentes offensives menées par quelques écologistes, aux chasses de Louis XIV ou de Louis XV. Et stigmajournalistes,ouhommespolitiques,dontonaimeraitpentisait ce passe-temps archaïque et immoral, tout juste ser qu’ils ont été mal informés ou mal conseillés.On s’en bon à favoriser le lobbying des politiques… La viruvoudrait, en effet, de les suspecter d’une mauvaise foi lence du propos et la pauvreté de l’argumentation ne flagrante… laissaient pas d’étonner chez un journaliste qui nous Comme chaque année, le mois de mars offre à tous avait habitué à autre chose que de vieux clichés fanés. les chasseurs, amis de la nature et de l’art de vivre à la Dernier en date,et non le moindre,un homme policampagne, l’occasion de se retrouver au Salon de la tique, Nicolas Dupont-Aignan qui, après avoir soutenu chasse de Rambouillet, manifestation qui connaît un et cosigné une proposition de loi visant à succès croissant depuis sa création,et dont interdire la chasse à courre, proposition nous sommes fiers d’être partenaires. Or, présentée par Maxime Gremetz et Jeancetteannée,lesalon,quidevaitsetenirdans “IL EST PLUS Jacques Candelier, retirait in extremis son le parc du château de Rambouillet, avec DIFFICILE nom après avoir reçu « un nombre incalcul’accord des autorités de tutelle, a manlable de courriels s’indignant contre le vocaqué ne pas avoir lieu. Alors que les traDE BRISER bulaire insultant de l’exposé des motifs ».Apvaux d’aménagement avaient commencé, UN PRÉJUGÉ paremment M.Dupont-Aignan ne s’était quelques dizaines de militants écologistes pas donné la peine de parcourir ceux-ci manifestaient afin de protester contre le QU’UN ATOME.” avant de donner sa signature… Dans le déroulement du salon (et de plusieurs EINSTEIN AVAIT courrieradresséàMaximeGremetz,ilpréautres sans rapport avec la chasse) au mocisait qu’il restait « en accord sur le fond du tif que le domaine de Rambouillet était RAISON. texte », s’il désapprouvait le caractère exinscrit au programme de préservation des cessif des formules. Notre champion de habitats naturels (Natura 2000). Portel’identité nationale et du souverainisme drapeau de ces opposants,le photographe semble méconnaître, lui aussi, la réalité d’un mode de Yann Arthus-Bertrand est parvenu, grâce à ses relations chasse qui appartient au patrimoine français. Comme le haut placées, à faire annuler la tenue du Salon de la montrent, éloquemment, les exemples précités, Einstein chasse dans ce parc, au mépris des autorisations préalaavait raison de dire qu’il est « plus difficile de briser un préblement accordées, du préjudice financier causé à la sojugé qu’un atome » ! Il me reste à souhaiter bon vent et ciété organisatrice et de l’intérêt économique pour la résuccès au Salon de la chasse de Rambouillet et, à vous, gion.Heureusement,par l’entremise de Gérard Larcher, chers lecteurs une agréable lecture. président du Sénat et maire de Rambouillet, une solution de remplacement a pu être trouvée, sur le site du HarasnationaldesBréviaires.Maisquedegâchis,detemps perdu, et d’argent dépensé en vain, à seule fin de satisfairelesétatsd’âmed’unepoignéed’idéologuesfanatiques et démagogues! Dans la foulée de M.Arthus-Bertrand,dont les photos de laTerre vue du ciel n’ont pas été prises,que je sache,

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Pointdemire MARC CHARUEL

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

ÉVÉNEMENT

LE SALON DE RAMBOUILLET DÉMÉNAGE

◆ On savait certains écologistes d’un sectarisme forcené, prêts à – presque – tout, le tout sous le couvert d’un angélisme apparemment béat.Témoins, les péripéties qui ont agité l’organisation de l’édition 2010 du Salon de la chasse de Rambouillet qui a failli purement et simplement nepasavoirlieu.Audébutdel’hiver,après des semaines de négociations,enparticulieraveclesservices de l’Élysée, Rambouillet Événement avait obtenu que les manifestations qu’il organise (le Salon de la chasse,du vin,du développement durable, et –nouveautécetteannée–duchevalqui a eu lieu du 12 au 14 mars) se déroulentdansledomainemême du parc du château de Rambouillet,faisantd’unepierredeux

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coups: installer ces événements surunsiteprestigieuxetrésoudre ladélicatequestiondesparkings, objet de nombreuses critiques lorsque le Salon avait lieu sur l’hippodrome de Rambouillet. Les travaux d’aménagements commencent… Las: à la fin du mois de décembre,une trentaine d’écologistesmanifestentdevant le mur du domaine avec, à leur tête,le très médiatiqueYann Arthus-Bertrand, auteur entre autres de laTerre vue du ciel… La raison de leur courroux ? Le domainedeRambouilletfaitpartie du site Natura 2000 (un programme européen de préservationdeshabitatsnaturels)et,qu’à ce titre, de tels événements ne peuvent y avoir lieu. Comme souvent, les écologistes ont agité le chiffon rouge sansavoiraucuneidéedudossier. D’abord, outre que de tels salonsneressemblentpasvraiment

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àlaconstructiond’uneusinechimique, les écologistes n’ont jamais contacté Rambouillet Événement. S’ils l’avaient fait, ils auraientapprisqueledossieravait « reçu toutes les autorisations nécessaires » ; ils ont ignoré également que « ces aménagements devaient permettre de réhabiliter l’étang et les canaux engorgés par la vase qui alimentent les marais situés en aval… »,précise le commissairegénéralduSalon,PierreEmmanuel Roubaud. Visiblement, ils n’ont cure ni de la préservation de la nature, ni de la perte des retombées économiques pour la région estimées à plus de 3 millions d’euros. Quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que ces explications n’auraient rien changé à l’affaire,car selon Pierre-Emmanuel Roubaud, « Arthus-Bertrand m’a dit que si c’était à refaire,il le referait, affirmant qu’ils avaient prévu de

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s’enchaîneràdesmachinesdechantier.» Qui plus est, lorsqu’on visite les blogs des sites “amis”, on reste stupéfait de “l’argumentaire” ; certains expliquant que c’est une honte que l’on puissevenirenhélicoptèreauSalon de la chasse.Auraient-ils oubliéquelesphotosmêmedeYann Arthus-Bertrand ne sont prises qu’à bord d’un… hélicoptère ! “Faites ce que je dis, pas ce que je fais…” Bref, ils obtiennent gain de cause:lapréfecturereculedevant “l’émotion suscitée”, et oblige Rambouillet Événement à trouver un autre site,en l’occurrence Bel-Air-la-Forêt, au sud de la ville.Lemauvaisœillespoursuit: en raison des conditions climatiques, les travaux sont retardés compromettantlatenuedesmanifestations, tant il est vrai que RambouilletÉvénementdoitrechercher un autre lieu. Site qui a été trouvé, grâce à l’entregent de Gérard Larcher,président du Sénat et maire de Rambouillet, auHarasnationaldesBréviaires, propriété du Conseil général. Pour les 40 000 visiteurs attendus,les choses ne changeront pas:plusde400exposantsseront présents sous un chapiteau d’un seul tenant de 15000mètres carrés,le tout au milieu des animations traditionnelles (messe de Saint-Hubert, démonstration d’équipages…). Cette bonne nouvelle est renforcée par la présence de 6hectares de parkings aménagés en face du haras.Voilà qui devrait tout de même limiter les crises d’apoplexie… à moinsqueYannArthus-Bertrand n’intervienne pour “utilisation exagérée de voitures”… Salon de la Chasse, du 26 au 29 mars. Haras national de RambouilletLes Bréviaires.Sur Internet: www.salondelachassederambouillet.com



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

vent anéantir les couvées, perturberl’éclosionetprovoquerune mortalité importante des poussins), une carence d’invertébrés –la nourriture de base des jeunes perdreaux –, des prédateurs en plusgrandnombre,desmoissons plus précoces (cause majeure de destruction des pontes quand ellescoïncidentaveclapériodede fin de couvaisons), une plus grandeintoxicationavecdesproduits phytosanitaires… « Des pistes de réflexion mais pas d’explications simples et convaincantes »,

avait prudemment noté l’équipe descientifiquesetdechercheurs, dontlecompterendudestravaux estparudansledernierFaunesauvage. « C’est également le cas en 2009,à cela près que l’on sait que les conditions météos n’ont pas été favorables », constate François Reitz de l’ONCFS. Quelles sont les pistes de réflexion?Fairepasserlaperdrixen espèce protégée? De l’avis unanime des spécialistes,ce serait la pire des solutions, car, plus concernés, les gestionnaires ris-

quent fort de baisser définitivement les bras.Il ne faut pas,«dramatiser,carlaperdrixgriseatoujours connu des hauts et des bas.Il faut donc tout faire pour maintenir les chasseursdansl’action,untravailde longue haleine,parfois ingrat »,explique François Reitz. Et de recommander de continuer à gérer la pression de chasse – en particulier les quotas –, à piéger, aménager l’habitat,à faire attention aux méthodes culturales… La délicate question du repeuplementestaussiabordée;selon cette étude,cette solution ne peut être que l’ultime recours «silesdensitésstagnentpendantplusieurs années après avoir chuté en dessousd’unseuildequelquescouples aux cent hectares… » On ne peut quesoutenircesactionsetcespréoccupations car la France est le dernierbastiondelaperdrixgrise en Europe de l’Ouest, et qu’elle est un des indicateurs les plus solidesdelaqualitédelafameuse biodiversité.

ÉCO-TERRORISME

chasse.Car il existe un vide juridique:en l’absence de texte adéquat, il y a impossibilité de caractériser l’infraction. Le gouvernement a demandé lasuppressiondel’amendement, tout en prenant l’engagement de prévoir un texte (car juridiquement, la création d’une contraventionrelèvederèglement,donc d’un décret, et non d’une loi). Le Conseil d’État et le CNCFS (Conseil national de la chasse et de la faune sauvage) ont émis un avis favorable au projet de décret. Le texte n’attendait plus que la signature du ministre de l’Écologie,Jean-Louis Borloo… Las: son cabinet explique, selon laSociétédevènerie,qu’ilcherche une contrepartie à accorder au mouvement hostile à la chasse (sic!),mais que tout devrait ren-

trer dans l’ordre à la fin de l’automne. D’ailleurs, Allain Bougrain-Dubourg,le président très médiatique de la LPO, avait déclaré « être étonné qu’un élu responsable [Ladislas Poniatowski] puisse s’attaquer au comportement des gens qui protègent le vivant ». Bref,en ne signant pas,le gouvernement cautionne indirectement les sabotages… Comme l’écrit justement la Société de vènerie«siunaccidentdevaitseproduire – toujours possible avec des chiens,des chevaux,le public…–, l’abstention du gouvernement seraitsévèrementjugée».Àl’heureoù nousmettonssouspresse,legouvernement, pris de remords et à quelquesjoursdesrégionales,aurait signé le décret,et la publication au Journal Officiel serait imminente. Espérons…

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PERDRIX

L’INQUIÉTUDE GRANDIT…

◆ Jusqu’où la perdrix grise serat-elle touchée ? C’est un euphémismed’écrirequelemondecynégétiqueestinquietsurl’avenir de la perdrix grise en France. Après deux années très moyennes, une année 2008 catastrophique,2009aétéànouveaumédiocre avec 4 jeunes par poule – entre 5 et 6 sont considérées comme de bonnes années. Ce n’est bien sûr qu’une moyenne car dans certains secteurs, notamment de l’Eure-et-Loir, les densités se sont effondrées, passant de 35 couples aux cent hectares à moins de dix,en l’absence de toute pression de chasse. Lorsd’uncolloquedehautetenue qui s’était déroulé l’année dernière à Amiens, un certain nombred’explicationsavaientété avancées : l’influence de conditionsclimatiquesdifficiles(froid, humiditéd’avrilàjuillet,quipeu-

TOUJOURS PAS DE DÉLIT D’ENTRAVE…

DR

◆ Le gouvernement a-t-il peur des écologistes? Tout porte à la croire si l’on en juge l’affaire du SalondelachassedeRambouillet (lire notre article page 6) et celle du délit d’entrave à l’action de chasse. Souvenons-nous. À la suite des nombreuses opérations de sabotage menées par des écoterroristes contre des chasses à courredontJoursdeChasses’était faitl’écho,lesénateurLadislasPoniatowski,profitant de la discussion de sa proposition de loi pour l’améliorationetlasimplification du droit de la chasse, avait déposéunamendementquiprévoit une contravention de cinquième classe pour entrave à l’action de

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Abgabe von Waffen nur an Inhaber einer Erwerbserlaubnis.

E

tre guide de chasse signifie être toujours prêt et exploiter chaque occasion. N’avoir qu’à viser et tirer représente un avantage décisif. C’est la raison pour laquelle j’utilise une carabine semi-automatique depuis maintenant 4 ans. Et, en outre, comme l’armement manuel, l’extrême précision et l’esthétique jouent un rôle important pour moi, j’ai choisi la Sauer 303.

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

DOMINIQUE GEST

ÉTUDE

LA BÉCASSE EN BRETAGNE

LÉGISLATION

LE PORTABLE AUTORISÉ!

◆ Sans nul doute,c’est une nou-

velle dont la chasse ne sortira pas grandi:un arrêté ministériel publié le 23 janvier au Journal Officiel autorise l’usage du téléphone portable pour la « chasse collective au grand gibier ». En d’autres termes, sauf à l’affût et à l’approche, chasseurs et rabatteurs peuvent s’appeler pour communiquer des instructions ou la directionsuivieparunecompagnie de sangliers… Ce texte a surpris une partie du monde cynégétique, car il est fort éloigné de la version qui avait été soumise au Conseilnationaldelachasseetde la faune sauvage (CNCFS): elle n’autorisait, en effet, le portable quepourlachasseenbattuedans les territoires de montagne,pour desraisonsdesécurité(chasseurs isolés, difficulté de communication“normale”d’un massif à un autre…).

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de plus en plus forte. Qui plus est, la Bretagne est une région phare dans cette chasse, car elle estunedesprincipaleszonesd’hivernage; elle concentre 20 % du tableau annuel,et que c’est dans ces quatre départements bretons qu’a été imposé le prélèvement

maximumautorisé(3oiseauxpar semaine,avecunelimitedetrente par saison et obligation de retourner les carnets de prélèvements).Qu’enressort-il?Chaque saison,c’estentre50000et55000 carnetsquiontétéretournés(soit une moyenne de plus de 85 %),

À l’origine de cette “extension”, il y a une enquête de l’ANCGG (Association nationale des chasseurs de grand gibier) lancée auprès de ses responsables départementaux sur l’utilisationduportable;enquête qui montre que 84 % des présidents de chasse“l’utilisent régulièrementoudetempsentemps” pour communiquer leurs instructions à leurs chefs de ligne ou de traque, et que 69 % des personnes ayant répondu se déclaraient “favorables à l’autorisationduportable”…Il n’enfallaitpaspluspour que le CNCFS étende l’autorisation à toutes les battues et plus seulement à celles de montagne.Unraisonnement

curieux que de s’appuyer sur ce genre d’enquête, car c’est favoriser, en grossissant le trait, les basinstinctsdecertains,alorsque lerôledesinstancescynégétiques est au contraire de fixer un cadre. Or, arguer de la sécurité pour justifier une telle mesure, apparaît bien fallacieux. Car la tentation sera grande d’utiliserunportableafindechercherun“résultat”(surtoutquand on sait que,depuis 2005,certains départements ont autorisé le déplacement des lignes en voiture

Désormais, l’usage du téléphone portable est autorisé pour la “chasse collective au grand gibier”.

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quand le gibier et les chiens sortent de l’enceinte de chasse).Où est,danscesconditions,lachasse, quandlegibiernepeutplusjouer sa partie? La Société de vènerie a indiqué depuis longtemps que « le portable n’a pas sa place dans les laisser-courre sauf pour des raisons impératives de sécurité ». Et de rappeler que la vénerie « pratique une forme de chasse reposant intégralement sur les chiens;la voix des chiens,la trompe de chasse et les cris des hommes dispensent les veneurs de tout usage du téléphone ». Dans le même esprit, la Fédération des associations des chasseurs aux chiens courants a recommandé à ses adhérents de ne pas faire usage du téléphone portable sauf pourdesbesoinsdesécurité et de recherche dechiensaprèslachasse. On ne peut qu’y souscrire. STEPHAN LEVOYE

◆ C’est un euphémisme que de dire que le chasseur du XXIe siècledoitavoirunedémarchescientifique dans la connaissance et la gestion des espèces.Aussi,il doit porter une attention toute particulière au long article paru dans Faune Sauvage, la revue scientifique de l’ONCFS, intitulé : « PMA Bécasse en Bretagne,bilan de trois années d’application ». Car la bécasse est une espèce qui peut se révéler fragile si l’on n’y prend pas garde: faut-il rappeler que plus de un million de bécassessonttuéestouslesansen France (sur les 4 millions tirées en Europe) et, qu’avec la raréfactiondupetitgibiersédentaire, elle subit une pression de chasse

permettant d’estimer qu’entre 110000 et 150000 bécasses ont été tuées (dont un tiers pour le seul département du Finistère). Et l’auteur,Yves Ferrand, un desmeilleursspécialistesdenotre oiseau,deconclurequece«maintien du PMA est une nécessité ». D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que de plus en plus de départements l’ont adopté (56 lors de la dernière saison).Mais pour Yves Ferrand,il faut aller encore plus loin,pour pouvoir suivre au mieux la pression de chasse (et donc la contrôler),et de demander«larestitutionobligatoiredescarnets pour pouvoir chasser la bécasse lasaisonsuivante».C’estpeut-être contraignant,mais c’est le prix à payer pour pouvoir continuer à chasser cet oiseau, sans toucher au capital.

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

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BIENVENUE À CLUB SEASONS VOYAGES

◆ Un voyage cynégétique dans

un pays étranger n’est quelquefois pas de tout repos.Quel chasseur n’a pas fait l’amère expérience d’un déplacement qui a tourné au chemin de croix,entre des tarifs élastiques, des guides plus ou moins fantômes, des gibiers qui l’étaient tout autant, deshôtelsquin’avaientrienàvoir avec ce qui était annoncé? Àdéfautdepouvoirsupprimer touteincertitude,onpeut,entous les cas,les limiter:c’est tout l’esprit de Club Seasons Voyages (CSV).DirigéparnotreamiPhi-

lippeGirardet(photo),etavecl’appui logistique de la chaîne Seasons, CSV veut proposer une offre de destinations en répondant aux quatre questions essentielles que se pose tout candidat à un voyage:“où,comment, pourquoi, combien?” Plus encore, CSV donne le maximum d’informationsparlebiaisduNet, « afin que le futur client puisse commander en ligne ». Aussi, pour chaque destination, toutes les prestations et les prix seront disponibles. Qui plus est, les chasseurs, qui ont déjà fait le dépla-

NOMINATION

LE NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FONDATION DE LA MAISON DE LA CHASSE ET DE LA NATURE ◆ Le 6 avril marque une nouvelle étape de la vie de la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature avec l’arrivée d’un nouveau directeur général,Yves d’Hérouville, en remplacement deJacques-FrançoisdeChaunacLanzac qui assumait cette tâche depuis 1997 avec la persévérance et l’énergie qu’on lui connaît. Yves d’Hérouville diplômé de l’ISG, du CPA et de l’IHEDN, a fait la quasi-totalité de sa carrière dans la presse essentielle-

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ment audiovisuelle,que cela soit àTF1,àLaCinq,àParisPremière (oùilfutdirecteurgénéraldel’antenne),àFranceTélévisions,avant de prendre la direction de KTO, de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense puis il sera directeur généraladjointdeTV5 Monde.Désormais,c’estunautre univers et une autre tâche qui se dressent devant lui, à la mesure du défi que se sont proposés de relever la fondation et son prési-

Jours de C HASSE ◆

cement, pourront donner leur avis, dans les limites de l’exercice, car le disciple de Saint-Hubert est souvent prompt aux critiques… En outre, pour chaque pays,les chasseurs pourront voir les films tournés par les équipes de Seasons,en trois formats possibles (52,34 et 3 minutes). « Toutes les chasses ont été testées, explique Philippe Girardet, car la pire des choses est de raconter n’importe quoi à des clients.» CSV propose une trentaine de destinations, dont une dizaine en Europe,auxÉtats-Unis,auCanada, dent Christian de Longevialle, selon les vœux de François Sommer,sonfondateur:montrersans relâche l’importance delachassedansl’histoire de la civilisation – il en a les plus somptueux outils dont on puisse rêver avec les hôtels de Guénégaud etdeMongelas–etdémontrer que,dans un universdeplusenplus artificiel, la chasse est un patrimoine “vivant” selon le terme à la mode,c’est-à-dire que le chasseurdoitêtreauxpremièresplaces

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en Amérique centrale,et du Sud (Argentine). Pour la pêche, une vingtainesontauprogramme.Signalons que pour certains pays, un partenariat a été conclu avec GP Chasse et Pêche. D’autre part,CSV veut développer à court terme des formes spécifiques de voyages sur des gibiers très “précis” – comme la possibilité de tirer des têtes bizardes –,sur des formules WeekEnd et Famille.Plus encore,dans lemêmeespritquecertainsvoyagistes dits classiques, un service “lastminute”vaêtremisenplace: des voyages à prix réduits seront proposésenraisondelicencesqui n’ont pas trouvé preneurs,ou de chasseurs qui ont annulé leur voyage (mais qui ont payé 50 % duprix)…D’ailleurs,cetteaventuredeCSV,JoursdeChasseyparticipera d’une manière directe. Pour aider nos lecteurs à trouver unedestinationquileurconviennent, votre magazine fera régulièrement des comptes rendus de voyages sur les zones de CSV, en ne dissimulant rien,sur ce qui vaetsurtoutsurcequinevapas… Sur Internet: www.seasons.fr/voyages.html

dans la gestion de la faune – car sansgibier,pasdechassedignede ce nom –, et, qu’à ce titre, il doit avoir une démarche quasi scientifique. La fondation s’est engagée depuis longtemps dans cette voielà, avec entre autres sa réserve de Bel-Val danslesArdennes.Elle doits’yengagerencore plus.Uneactionindispensable si l’on veut quelachassenesoitpas une reine morte. Ce n’est pas le moindre des défis qui attend Yves d’Hérouville. FRANÇOIS CHEMEL

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Pointdemire HOMMAGE

PHILIPPE VERRO

◆ Le monde de la vénerie et de

la chasse est en deuil: Philippe Verro a rallié un autre monde au début de janvier.Et l’on ne peut s’empêcher de juger prémonitoires les dernières pages du livre qu’il venait de publier, laVénerie à fleur de peau (lire notre critique page58):«Avecmeschiens,j’aivécu en frissonnant,dans un feu d’étincelles, le drapeau de mon territoire, de mon pays, autour du cou. » Quelques lignes avant,il écrivait: « La chasse à courre s’inscrit dans la perspective,non dans la fin.Son histoire n’a pas d’âge,elle est liée à l’homme,à la vie,à la mort,elle est l’illustrationbrutaledelapossession,

mais aussi de la gratitude,parfois delanostalgie,certainementdelavérité d’un affrontement en forme d’adoration envers la nature et la liberté.» Venu de l’écologie, l’homme étaitunchasseuretunveneuratypique, paradoxal même. Un converti,initié aux mystères,aux rites et à l’éthique de la chasse à courre par les Rouälle.Trente ans durant,il fut l’un des maîtres de la petite vénerie, ayant parcouru à pied derrière ses beagles l’équivalent du tour de la terre. Puis, l’âge venant,il avait chassé à cheval,avantd’abandonnerlecourre du lièvre pour celui du chevreuil, et les prés cernés de haies du centre de la France pour les fuPRÉCISION

FRANÇOIS BICH NOUS ÉCRIT…

DR

◆ Après la parution dans notre numéro 38 (Hiver 2009-2010) de l’article d’Olivier Dassault,« Centrafrique, attaque d’un lion » dans notre rubrique Chasseurs de légende, François Bich nous demande d’apporter la précision suivante:« Une fois le lion projeté à terre après le premier coup de feu, celui-ci se relève et s’enfuit dans les pailles… Je dis:“Il faut attendre que l’animal blessé s’arrête,s’ankylose,

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Jours de C HASSE ◆

taieshistoriquesdeChantilly.Exigeant et généreux, il tenait que la manière de bien chasser importe plus que la prise. Et si la griserie de la victoire ne lui était pas indifférente, il ne ressentait nulle amertume devant la défaite face aux ruses d’un brocard inspiré par l’instinct de survie.C’est pourquoi,àlamélancoliedeshallalis, il préférait l’allégresse des départs où tout est incertitude et promesse.Homme de la scène et de l’image, ayant réalisé plus d’unecentainedefilmsettravaillé avec les plus grands, Philippe Verro était aussi un homme de l’écrit et de la plus longue mémoire. Il avait eu pour guides les académiciensMauriceGenevoix etPierreMoinot,auteursdesplus beaux récits de chasse et de nature du siècle. Sur le papier,comme derrière ses chiens, il poursuivait l’émotionautantquel’animaldechasse, célébrant la beauté de la faune, la poésie de la nature. Et tenant la gageure d’unir en lui l’ardeur de l’action et la sagesse de la contemplation.Àsafemme,Béatrice Verro, qui a repris le fouet de Piqu’Hardi Chantilly, aux membres de son équipage, Jours de Chasse présente ses sincères condoléances. perde ses forces et ne pas aller immédiatement à sa poursuite.”Première erreur du guide qui n’a pas respecté cette règle élémentaire de chasse au gros gibier.C’est pour cette raison que je dirai plus tard:“ Il ne faut pas suivre ce guide,il faut attendre”, ce que les autres acteurs n’ont malheureusement pas fait. Plus tard,le guide se révélera incapable d’arrêter la charge du lion par inexpérience et manque de professionnalisme. Seules mes dernières balles permettront d’éloigner le lion et pour Olivier d’être évacué… »

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ERWAN LE MARCHAND/FMCN

PHILIPPE VERRO

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

BIBLIOPHILIE

DES LIVRES EN LIGNE

◆ La littérature cynégétique a quelque chose d’incommensurable,entrelesouvragesgénéraux, lesrécits,lesnouvelles,lesromans, lestraités,selonlespays,lesmodes de chasse et les époques…Aussi, leschasseurscollectionnent,achètent, vendent, revendent, rêvent selon leurs goûts et leurs tempéraments. Ils cherchent une référence, une édition, un auteur: tâche souvent impossible par manque de temps,et absence de centralisation. Erreur, car depuis quelques jours,lefondsdocumentairedela Maison de la chasse et de la nature a été mis en ligne. L’internaute pourra y trouver les activités littéraires du fonds (prix François Sommer, le Cercle des bibliophiles de la Maison de la Chasse et de la Nature, le Salon du livre…) et la recension exhaustive de ce fonds (4000 ouvrages, dont un fonds ancien et moderne de documentation et des périodiques…). Ils sont consultablessurplaceàcondition de prendre rendez-vous. Contacter Claire Maillard au 01.53.01.92.40. Email:c.maillard@chassenature.org Sur Internet:www.chassenature.org



Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

HORS-SÉRIE JOURS DE CHASSE

LA FONDATION DE LA MAISON DE LA CHASSE ET DE LA NATURE

◆ Ce n’est un secret pour personne que les chasseurs doivent

tous quelque chose à la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature, et à son fondateur François Sommer (1904-1973). C’est à cet industriel ardennais, passionné de chasse, que nous devons peu ou prou les bases d’une chasse dite“moderne”,rompant avec l’inconscience –et d’une certaine manière l’égoïsme– du XIXe siècle. C’est à lui que nous devons entre autres le plan de chasse,et le succès qui l’a accompagné, c’est-à-dire une progression exponentielledespopulationsdecervidés. C’est encore à lui que l’on doit l’obligation du tir à balles, la création du ministèredel’Environnement…comprenant avant d’autres que les disciples de Saint-Hubert doivent –s’ils veulent garder intacte leur passionêtre en même temps des protecteurs et des gestionnaires irréprochables. C’est toujours avec lui et sa femme Jacquelinequenousdevonscesomptueux musée de la Chasse et de la Nature,situé dans les hôtels de Mongelas et de Guénégaud, rue des Archives à Paris. Ce visionnaire nous a montrés, au travers des collections qu’il avait patiemment constituées, que la chasse ne peut s’épanouir sans l’allianceséculairequiexisteentreelle, l’art et la nature.Au vrai,son dessein le plus profond était de faire entrer la chasse dans le XXIe siècle sans rien renier de son passé… Cette aventure, cette entreprise, François et Jacqueline Sommer les avaientréuniesauseindeleurFondationdelaMaisondelachasse et de la nature, ses ambassadeurs (Mongelas et Guénégaud) et laréservedeBel-ValdanslesArdennes.Cettefondationestunique en son genre, et c’est pour cela que Jours de Chasse a voulu lui rendre hommage dans un nouvel hors-série.C’est l’occasion de découvrir qui était vraiment François Sommer, « une énergie opiniâtre au service apparent du passé ». Le mot d’André Malraux,son indéfectible soutien,n’a rien d’une forfaiture.Car que dire d’autre quand on regarde le sauvetage de Guénégaud et la réhabilitation de Mongelas, tout aussi exemplaire, dirigée par ses successeurs.Et l’on ne peut que se féliciter du succès de ces entreprises car la chasse pouvait-elle trouver meilleur ambassadeur que ces deux hôtels du XVIIe, symboles, s’il en est, du génie français?

Car cette fondation,c’est autant un exceptionnel musée – un nouveau parcours a été mis en place il y a un peu plus de trois ans à l’occasion de l’acquisition et de la rénovation de l’hôtel de Mongelas – qu’une réserve expérimentale située à Bel-Val (qui est à la fois un conservatoire de la faune et de la flore, une école de chasse et un laboratoire de recherche), à laquelle s’est ajouté récemment le domaine de Saint-Hubert en Loire-Atlantique. Ce désir d’être “sur le terrain” confirme, si besoin, est la vocation scientifique de la Fondation, selon le vœu de François Sommer. C’est encore un club, un lieu prestigieux où peuvent se domicilier les associations cynégétiques. La fondation – reconnue d’utilité publique – se veut « un centre de propagande artistique en faveur de la chasse et de la nature vivante », selon les mots de JacqueJours line Sommer.Aussi,il n’est pas étonde nant que la fondation ait ouvert ses portes à des expositions,ait lancé le prix littéraire François Sommer, ait soutenu des colloques, ait participé à moult manifestations. Bref, au fil des pages, la fondation nous montre que ces multiples activités, si diverses soient-elles, tendent vers un but unique : restituer dans un monde de plus en plus détaché de la vie des campagnes, la place que la chasse n’aurait jamais dû perdre. Mais écoutons André Malraux, qui avait saisi, dans une de ses fulgurances dont il avait le secret que « cette maison a une âme, cette fondation abrite un cercle et un musée,mais ce n’est pas seulement un cercle,pas seulement un musée.Ses tableaux, comme la chasse elle-même, conjuguent la vie et la mort,en son domaine libre de la vie comme de la mort. Une nature fantastique tourbillonne au cours des siècles derrière une chasse éternelle… ». Le passé et l’avenir, la civilisation et la réflexion, c’est une université de la chasse qui se dresse devant nous, « œuvre d’intelligence, de subtilité, d’ardeur et de beauté » selon les mots si justes de Paul Vialar.

CHASSE HORS-SÉRIE

De la nature à la culture

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Jours de C HASSE ◆

Attention ce hors-série n’est vendu que par correspondance. Vous pouvez le commander au prix de 12 euros à Valmonde: Service Abonnements, 22,rue René Boulanger,75472 Paris Cedex 10. Tél.:01.55.56.70.94.Fax:01.40.54.11.81. Nous vous signalons que ce numéro comporte un encart-bulletin qui vous permettra de commander ce hors-série plus rapidement.

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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

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1.Les lauréats du prix François Sommer. À gauche, Christian de Longevialle, président de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, et, à droite, François d’Orcival de l’Institut, président du jury. 2.Cédric de Fougerolles (Éditions de Montbel). 3.Bernard Fasbender (éditions du Gerfaut).

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

La remise du prix François Sommer à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature

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12. Xavier Legendre, récompensé avec Stéphan Levoye pour l’ouvrage sur le sanglier. 13. Éric Tournier. 14. Marie Fasbender.

4. Joëlle de Chaunac-Lanzac et Armelle de Longevialle.

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5. Jacques Chevalier. 6. Edmond de Mauléon. 7. Stéphan Levoye, récompensé pour son ouvrage sur le sanglier, Scrofa.

10. Christian de Longevialle remettant le prix dans la catégorie Album à Geneviève Renson 8. Delphine Gravier-Badreddine, pour Sur les traces du roi des marais (Kubik Éditions). récompensée pour la Nature 11. Renaud Denoix de Saint Marc et Jean Servat. (Gallimard). 10 9. Louis de Rohan Chabot. 8

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en partenariat avec

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Chicetchoke 13 1

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Une chasse à la Ferme de la Noue

1. Françoise Fournier. 2.Patrick de la Rivière. 3.Jean-Noël Marcelli. 4.Patrick Vuillaume. 5. Marc Valette. 6. Farid Abdelnour. 7. Jean-Alain Casagrande.

13. Patrick Célérier. 14. Martha Célérier. 3

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12.Hubert Meunier.

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11. Jean-Louis Casagrande et Christian Raimbault.

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8.Dans le froid et la neige… une ligne stoïque.

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Cocktail à la boutique des Faïenceries de Gien à Paris

1. Mme Bret. 2. M. et Mme Dambrine et Patricia de Chaisonville.

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PHOTOS : XAVIER MOUTHON

en partenariat avec

9. Thierry Rivier. 10. Jérôme Pinel.

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3. Stéphane Ravet. 4. Me Bellargent.

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5. Michel Magnan et Christophe Kodek

PHOTOS : GÉRARD CHANGEUX

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE


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L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É - A C O N S O M M E R AV E C M O D E R AT I O N


COMMUNIQUÉ

Toyota


L’âge de raison dossier réalisé par Dominique Murtoli

L

Nul mieux que confort et Le “Toy” septième fièrement son rang.

eToyotaLandCruiser(“Toy” pourlesintimes)resteletoutterrain le plus vendu au monde.Iladéjàséduitplusde cinq millions de clients depuis le début de sa carrière, il y a soixante ans. Le Japon nous livre ici la septième génération de son “roi des 4x4”. Il hérite d’un design plus affirmé et de qualités dynamiques accrues. Et s’affirme plus que jamais : baroudeur il est né,baroudeur il demeure.Mais un baroudeur au confort de pullman,qui prend soin de ses hôtes, jusqu’à sept passagers. Les aficionados vous diront que cet engin doit sa longévité à sa fiabilitélégendaire,àsaconceptionrobuste, reposant sur un châssis-échelle. Celui-ci voit même sa rigidité augmenter de 11 % sur cette nouvelle version. Autre signe distinctif de ce tout-terrain authentique: contrairement aux SUV qui roulent la plupart du temps en deux roues motrices et ne sortiront sans doute jamais des routes tracées par l’homme, le “Toy” dispose d’une transmission intégrale permanente de type Torsen,qui module automatiquementlarépartitionducouple entre l’avant à l’arrière,selon les conditions d’adhérence. Sa boîte courte lui permetd’affronterlesparcourslesplus chaotiques. En bloquant au besoin le différentiel central,voire arrière,sur la version haut de gamme, dite Lounge Pack Premium. Comme sur tout 4x4 qui se respecte,sagardeausol,dépasseles20centimètres. Il bénéficie d’un dessous de caisseprotégéetsaphysionomieluigarantit des conditions d’évolution optimales en hors-piste.Ainsi,son angle

d’approche (qui détermine la déclivité maximale que peut aborder l’engin sans toucher à l’avant) est de 32degrés.Son angle de fuite (le même,mais àl’arrière)estde25degrés.Quantàson angle ventral (qui détermine la crête la plus pentue que peut franchir le véhiculesansheurtersonsoubassement), il atteint 22 degrés. Des chiffres ahurissants comparés à ce qu’affiche l’essentiel de la production à quatre roues motrices. Le Land Cruiser peut aussi dévaler des pentes jusqu’à 42 degrés. De quoi descendre des cimes de l’Himalaya! C’est dire si les connaisseurs l’encensent. On compte parmi eux des amateurs de raids en tout genre, des professions libérales, médicales et paramédicales notamment exerçant en montagne,deschasseurs,biensûr,mais aussi des agents des corps d’intervention et de secours et, d’une manière générale, tous ceux qui assurent, sur le terrain, la protection des milieux naturels,desforêts,desparcs.Sansparler des agriculteurs, viticulteurs, responsables de chantiers et architectes, habitués des ornières et des bourbiers. Autre usage prédestiné pour ce dur à cuire: tracter un bateau ou un van.Le “Toy”reste l’allié du plaisancier et du gentleman-farmer. À la différence de bien des 4x4 de loisirs qui s’excuseraient presque de leurs dimensions,il n’a pas peur d’afficher ses mensurations: 4,76 mètres de long pour 1,88 mètre de large. Il a même pris du volume par rapport à la précédente version, gagnant près de 5centimètres en longueur et 1 centimètreenlargeur.Évidemment,sataille impose une certaine vigilance en ville


COMMUNIQUÉ

notamment en entrant sur les grands ronds-points, où chacun a tendance à jouerdescoudes.MaisnotreLandCruiser est une machine civilisée. Elle bénéficied’unedirectionprécise.Enoutre, ses équipements intègrent un dispositifd’aideaustationnementcomprenant, de série, radar et caméras de recul et, ce, dès la version de base. Sa hauteur, souslabarredumètrequatre-vingt-dix, lui autorise également l’accès à la plupart des parkings souterrains en milieu urbain.Surroute,laprisederoulis,inévitable pour un véhicule au centre de gravité si élevé, reste bien maîtrisée. Esthétiquement, le Land Cruiser septième du nom se fait plus agressif. À l’avant, son bouclier, aux feux de brouillard intégrés, souligne sa carrure d’athlète.Sacalandre,àbarreschromées verticales,gagneennervosité.Etlaproue dans son ensemble en fluidité,puisque le Cx est abaissé de 0,37 à 0,35.De quoi réduire légèrement les consommations sur les longs trajets, que son conducteur pourra d’ailleurs aborder sans la moindre appréhension, tant l’engin se fait stable et silencieux sur autoroute. À l’arrière,la porte à ouverture latérale comporte une lunette ouvrante articulée par le haut,très pratique pour charger ou atteindre des objets peu encombrants.Lesfeuxredessinésfonctionnent avec des diodes électroluminescentes etnonplusavecdeclassiquesampoules. Bref, le“Toy”se modernise. L’intérieur dégage une forme de sérénité.Le conducteur,assis très haut, jouitd’uneparfaitevisibilité,appréciable tantenévolutiontout-terrainqu’enville. Le tableau de bord, massif mais soigné,vaàl’essentiel.Sesmultiplesécrans et fonctions trahissent le haut degré de technologie embarqué. Lespassagersdudeuxièmerangdisposent,deleurcôté,d’unespaceimmense, notammentpourlesjambes.Laplacecen-

Toyota Land Cruiser 173 D-4D Dimensions L: 4760 m; l: 1885 mm; H: 1845 mm. Charges utiles Poids à vide: 2 090 kg (5 places), 2 175 kg (7places). Poids tractable autorisé: 750 kg (non freiné), 3 000 kg (freiné). Capacités Coffre: 621 à 1934 l. Réservoir: 87 l. Moteur Quatre cylindres en ligne, 2982 cm3, injection directe à rampe commune, turbocompresseur

à géométrie variable. Couple maximal: 410Nm de 1600 à 2800 tr/mn. Puissance: 173 ch à 3400 tr/mn. Freinage ABS à disques AV et AR. Boîte manuelle à 6rapports ou automatique à 5rapports. Transmission Intégrale permanente, différentiel à glissement limité Torsen avec blocage, boîte de transfert. Suspensions Avant: indépendante

à double triangulation. Arrière: essieu rigide guidé par quatre bras. Performances (boîte auto) Vitesse maximale: 175 km/h 0 à 100 km/h: 11,7 sec. Consommations (mixte, extra-urbain, urbain): 8,1; 6,7 et 10,4 l. Émission de CO2 (g/km): 214. Prix 3 portes: à partir de 36 900 €. 5 portes: à partir de 39 600 €. Pack 7 places: 1 900 €.


tralen’apasétésacrifiée.Quantauxdeux sièges de la troisième rangée,ils sortent du plancher de coffre de façon indépendante. Sur les versions les plus luxueuses(LoungeetLoungePackPremium),une fonction électrique permet de les escamoter et de les relever,en appuyant sur un simple bouton. Surleplanmécanique,notre“Toy” conserve le quatre cylindres diesel D4D de 173 chevaux, bien connu de la clientèle. Ce “coupleux” 3 litres ne manque jamais d’entrain. Ses émissions de C02 sont passées de 224 à 214 grammes au kilomètre. Sa boîte automatiqueàcinqrapportsluigarantit un agrément de conduite constant: 0 à 100 kilomètres-heure en 11,7 secondes seulement, et 12,4 secondes en boîte manuelle.Avec une consommationmaîtrisée,de8litresaux100en moyenne et 8,4litres en boîte“méca”. Une prouesse pour un engin de plus de deuxtonnes. Son prix, en trois ou cinq portes, démarre en dessous de 40000 euros. ●

L’électronique qui assiste l’homme Le Toyota Land Cruiser bénéficie de multiples aides pour faciliter ses évolutions hors piste. En voici les principales : KDSS: Système de suspension dynamique. Il permet de maintenir l’assiette en toutes circonstances. A-TRC: Contrôle actif de motricité, qui gère freins et moteur, pour mieux répartir le couple entre les roues. Multi-terrain: Contrôle électronique des paramètres de conduite selon la nature du terrain : boue et sable, cailloux, bosses, rochers (uniquement sur le haut de gamme). Il suffit de sélectionner le mode approprié. Quatre caméras, à l’avant, à l’arrière et sous les rétroviseurs, filment l’évolution de l’engin. Les images

s’affichent sur un écran large, pour des trajectoires au millimètre. L’angle des roues s’affiche également. Un régulateur de progression lente est aussi prévu. HAC: Assistance au démarrage en côte HAC, de série sur les versions à boîte auto. DAC: Dispositif d’aide à la descente. Il gère la vitesse pour empêcher le Land Cruiser de dévaler les pentes de façon incontrôlée. Le système fonctionne en dessous de 25 kilomètres-heure, à condition de ne toucher ni à l’accélérateur ni à la pédale de frein. La vitesse se régule alors aux environs de 5 à 7 kilomètresheure en marche avant et 3 à 5 kilomètres-heure en marche arrière.


Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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Une chasse au château de Vieux Maison (Loiret)

1. Sylvain Coenca, Olivier Dassault, Patrick Ricard et Alain Boucheron. 2. Jean-Dominique Comolli.

PHOTOS : CHRISTIAN POCACHARD

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3. Christian Langlois-Meurine et Jean-Pierre Vigato. 4. Le prince Jean de Luxembourg. 5. Bernard Lozé.

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PHOTOS : ALAIN DE LʼHERMITE

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Une chasse au domaine de Courtalain (Eure-et-Loir)

1. Alain Frey et Bernard Blot président de la chasse du domaine de Courtalain. 2. Jean-François Gervais (Taxi Jaune). 3. Jonathan Gervais. 4. Jean-Marie Tritant (Unibail Rodamco). 5. Gontran Thüring (Ségécé). 6. Pascal d’Halluin (Ségécé). 7. Yves Coquelet.

en partenariat avec

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14. Louis Le Duff, président fondateur du groupe Le Duff.

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13. Jean-Louis Chenaud (SCC) et Christophe Démaret (Accessite).

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8. Philippe Brillault maire du Chesnay et Gérard Devaux 9. Jean-Marie Menu.

Jours de C HASSE ◆

10. Stanislas Pytel et Antoine Berneuil. 11. André Benoit.

12. Frank Delvau et Xavier Grattepanche. 12

PRINTEMPS 2010



Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

Cocktail de lancement du fusil A400 Xplor à la Beretta Gallery

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1. Mme Munir Anastas et LouisArnaud L’Herbier. 2. Carole Voute (directrice de la Beretta Gallery). 2

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13. Munir Anastas. 14. Fabrice Bourgard (ST Dupont).

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5. Michel Maurey (champagne Julien Maxence). entouré de M.Autet et son amie. 6. Cécile Étrillard.

7. Éric Mangenot (armurier de la Beretta Gallery). 8. Anne-Sophie Rolland.

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9. Lucien Douroux.

en partenariat avec

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10. Arnaud Dauchez. 11. Franck Jullion (Château Grillet Beauséjour). 12. Mme SaisonBuisine.

PHOTOS : XAVIER MOUTHON

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Remise officielle des nouveaux permis de chasser à Marly-le-Roi

La réalisation du premier permis gravé au laser suivie par la candidate avec M. Reffay (ONCFS), J.-P. Poly (ONCFS), J. Bouchet (ONCFS) et J.Wintergest (MEEDDM).

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : N. BOUGOUIN

3. Georges Dutruc-Rosset. 4. M. SaisonBuisine.


Single Highland malt Aberfeldy 12ans une nature exceptionnelle

L’histoire d’Aberfeldy a commencé au cœur de l’Écosse, il y a plus d’un siècle, dans un véritable sanctuaire de pureté qui confère à notre Single Malt une personnalité intimement liée aux miracles d’une nature encore intacte.

Highlands

Aberfeldy

Islay Lowlands

La forêt de pins et de bouleaux qui entoure la distillerie accueille encore aujourd’hui une espèce très rare d’écureuils rouges. Ils illustrent si bien la singularité de notre whisky qu’il est devenu l’emblème de la marque. Mais pour être tout à fait complet sur les qualités d’Aberfeldy, il faut aussi évoquer le savoir faire de plusieurs générations de personnages charismatiques qui ont façonné ce grand whisky pour en faire le joyau de notre distillerie.

Secret de connaisseur Élaboré dans un environnement quasi sauvage, on peut considérer que le caractère unique du Single Malt Aberfeldy est intimement lié à une nature encore intacte. La distillerie d’Aberfeldy possède toutes les ressources naturelles locales capables d’offrir à son Single Malt le meilleur des Highlands. Le savoir faire, les secrets de fabrication et l’héritage transmis par des générations d’artisans depuis plus d’un siècle participent amplement à l’accomplissement d’un trésor de saveurs qui se retrouve dans les parfums d’Aberfeldy, aux notes subtiles de miel de bruyère, d’encens et de pain grillé.

Notes de dégustation Couleur :

intense, jaune doré.

Nez :

senteurs d'encens, miel de bruyère avec des notes fruitées d'ananas, de pain grillé et de céreales.

Finale :

épicée avec une touche amère d'orange et une fin sèche.

GAGNEZ UN SÉJOUR EN ÉCOSSE Et si vous vous envoliez pour un week end en Ecosse ? Vous serez initié aux secrets de l'élaboration du whisky par des spécialistes. Pour participer à ce jeu-concours, rien de plus simple. Remplissez notre questionnaire sur www.distillerie-de-caractere.com et rentrez votre numéro d'identifiant : 130 000 * Ce voyage pour deux personnes comprend : 2 A/R Paris / Edimbourg en avion, 2 nuits en chambre double et pension complète, d'une valeur de 3 000 €. Jeu sans obligation d'achat. Réservé aux personnes majeures. Modalités de remboursement des frais de participation, détail du lot et ensemble du règlement consultable sur www.distillerie-de-caractere.com. Conformément à la loi informatique et libertés, chaque participant bénéficie d'un droit d'accès et de modification des informations le concernant, en écrivant à : Reflex Interactive - Concours "Distillerie de Caractère" - 62 rue Jean Jacques Rousseau - 75 001 PARIS"

L ' A B U S D ' A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N .


Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

19. Le Vieux Logis à Celles-sur-Belle, une jolie demeure du XVIIIe siècle. 19

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Réunion annuelle de l’Association nationale des fauconniers et autoursiers français (Anfa) à Celles-sur-Belle dans les Deux-Sèvres

1. Six faucons chaperonnés sur leur“cage”. 2. Pierre Branda. 3. Hubert Beaufrère, autour au poing. 4. Julien Rigoreau, Daniel Royer, Charles Martin, Brigitte et Pierre Courjaret.

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18. Patrick Morel. 18

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16. Loïc Poulain. 17. Serge Prévost. 5. Pierre Robin. 6. Gilles Lassalle.

7. Rémy Marracco. 8. Cathy Pithon.

15. Rémy Gruet et Benoît Labarthe.

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en partenariat avec

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11. François Curial. 12. Philippe Justeau, président de l’Anfa.

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13. Claude Rigo-Gavriloff. 14. Sébastien Simon.

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PHOTOS : ANFA

9. Marc Jaubert. 10. Pierre Bessière et Françoise Morel.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010



Àl’affût

LES EXPOSITIONS ET LES SALONS DE PRINTEMPS par la rédaction

assister à des conférences sur la biologie du cerf.

DU 26 AU 31 MARS

LA CHASSE AU SALON DU LIVRE

Hall des Expositions Belle-Isle, 36000 Châteauroux. Tél.:02.54.22.15.98.Entrée gratuite.

◆ Pour la quatrième fois,

le monde cynégétique sera présent au Salon du livre, porte de Versailles (Paris XVe), avec la Fondation de la Maison de la chasse et de la nature. Une constance qui n’a rien de surprenant car la fondation soutient depuis de très nombreuses années la littérature cynégétique que cela soit avec le prix FrançoisSommer ou la coédition d’ouvrages. Cette présence est une manière de ne jamais oublier que la littérature de“chasse”, genre négligé aujourd’hui, reste une partie importante de la littérature ayant attiré en son sein aussi bien Jules Verne que Maupassant quand le noble déduit était le prolongement naturel de la vie campagnarde. Signalons que la fondation

DU 5 AU 6 JUIN COLLECTION KAREN B. COHEN NEW YORK

DELACROIX S’EXPOSE

◆ Il faut se rendre au Musée

Porte deVersailles, Pavillon 1,stand M 24. Rens.:www.salondulivreparis.com

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Delacroix. Car, pour quelques jours encore, des œuvres méconnues de cet immense artiste sont en France. En effet, avant de donner l’ensemble de sa collection au Metropolitan Museum of Art de New York, Karen B. Cohen, une riche Américaine, a bien voulu prêter une dernière fois les Delacroix qu’elle a le privilège d’avoir. Dans la demeure du peintre, au Musée Delacroix, le visiteur pourra admirer quatre-vingtdix œuvres, des carnets de croquis aux grandes feuilles, des copies d’après Raphaël ou Rubens aux recherches pour les grands décors muraux, des combats d’animaux sauvages aux flamboyantes scènes marocaines.On reste toujours stupéfait par son sens de la composition, du mouvement, et des couleurs. «Tout cela vit,tout cela se meut, se tord et accélère le mouvement du sang dans vos artères… C’est l’accent de la nature saisi dans ce qu’il a de plus inattendu », avait écrit Louis Boulanger sur Delacroix. Que dire de plus,

Jours de C HASSE ◆

◆ En huit ans, la fête de

la chasse organisée par le Rallye Tempête et sous la haute autorité de Marie-Hélène et Pierre-François Prioux a réussi le tour de force d’être une des plus importantes manifestations cynégétiques de l’Île-de-France (30000 personnes en 2009) et de montrer que les chasseurs ne forment qu’une seule et même famille. Cette année,

sinon que c’est un devoir d’aller admirer cette collection. Une passion pour Delacroix La collection Karen B.Cohen, Musée Delacroix, 6,place de Fürstenberg,ParisVIe. Rens.:01.44.41.86.50. et www.musee-delacroix.fr 17 ET 18 AVRIL

LE RENDEZ-VOUS DES CERFS DANS L’INDRE

◆ Le cerf, a-t-on coutume

de dire, est un seigneur, un caïd, car aucun animal d’Occident n’est plus puissant, plus rapide, et plus secret… La Fédération départementale des chasseurs de l’Indre l’a bien compris puisqu’elle organise depuis dix ans une exposition intitulée le“Rendez-vous des cerfs”. Au programme de cet anniversaire une exposition des trophées tirés la dernière saison (environ 700),de photographes amateurs, la présence de nombreuses associations cynégétiques, d’auteurs qui dédicaceront leurs ouvrages (Stéphan Levoye, Eugène Mertz…),diffusion de film (dont ceux –remarquables– de Jean-Paul Grossin…). Le visiteur pourra également

PRINTEMPS 2010

RALLYE TEMPÊTE

JUSQU’AU 5 AVRIL

ERWAN LE MARCHAND/FMCN

organise, les samedi 27 et dimanche 28 mars, des animations contées pour la jeunesse autour du thème du Grand Nord à travers l’évocation de l’ours polaire.

NATURE ET VÉNERIE EN FÊTE

elle se déroulera sur le site du Grand Parquet de Fontainebleau.Au programme de cette neuvième édition: présentation d’équipages de petite et grande véneries, concours de trompes, démonstration de dressage, de voltige, de fauconnerie, finale du championnat de France du cheval de chasse, messe de Saint-Hubert,démonstration de polo… Sans oublier un spectacle en semi-nocturne le samedi jusqu’à 21h30.

Comité départemental du tourisme de Seine-et-Marne au 01.60.39.60.39. Et sur www.tourisme77.fr


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SÉLECTION DE DVD par Humbert Rambaud

Les Ruses du cerf en vénerie

encore que la vénerie est à la fois une science et un art qui obéit à une seule règle, celle de la loi naturelle, il faut voir d’urgence le film de Seasons. Cette fois, le réalisateur a choisi de s’attarder sur les ruses du cerf, cette « sublime bête de chasse qui mérite le plus bel opéra cynégétique,la chasse à courre », écrivait avec justesse le regretté Jean-Jacques Brochier. Disonsle tout net: les 52 minutes du DVD apparaissent un peu décousues, manquant d’une certaine unité, à telle enseigne que le profane risque, à certains moments, de s’égarer dans les voies de la perplexité et de se dire que la vénerie est parfois ésotérique.Mais il en faut plus pour bouder notre plaisir. Presque minute par minute,nous suivons les péripéties d’un laissercourre – les spécialistes auront reconnu pour une large part le Rallye Bonnelles qui découple en forêt de Rambouillet, et son maître d’équipage Daniel Aubry. Rapport – on regrette toutefois l’absence d’images sur le travail du valet de limier –,attaque,récris des chiens à pleine gorge,nous sommes de plain-pied au cœur d’une chasse qui mérite bien le qualificatif d’opéra sauvage. C’est bien sûr les ruses de l’animal de chasse qui a retenu toute l’attention du réalisateur, ruses multiples et… célèbres, et ce par tous les temps! À tout seigneur,tout honneur,le film

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Un cerf rasé dans les roseaux déjoue la meute la mieux confirmée.

revient longuement sur le change.Certes,il peut arriver qu’un cerf se fasse chasser sans battre au change,mais ce n’est pas la majorité du genre.Dans des images toujours étonnantes, on voit presque le cerf de chasse mettre sur pied un animal de sa force qu’il cherche à livrer aux chiens. On reste toujours admiratif du travail des chiens – surtout ceux de change qui « valent de l’or »– pour démêler les voies, avec sagesse et hardiesse. On partage la fierté du piqueur de voir ses chiens maintenant

Jours de C HASSE ◆

leur voie avec autorité parmi de nombreux animaux. On découvre la ruse du cerf qui double sa voie devant ou derrière les chiens,qui fait des boucles pour créer un défaut pour le moins complexe.C’est encore un autre cerf qui bat le cours d’un ruisseau en le remontant,afin que sa voie soit la plus mauvaise possible pour les chiens,ou qui va au marais. Le film nous rappelle que c’est bien souvent là la meilleure défense du cerf.Dans de magnifiques images,nous voyons un cerf se cacher dans

PRINTEMPS 2010

une queue d’étang, là où il se sent à peu près inexpugnable car l’accès y est pénible pour les chiens et les veneurs, et son sentiment s’y diffuse dans de lourdes odeurs végétales. Bref, un cerf rasé dans les roseaux déjoue la meute la mieux confirmée. On compatit quand les veneurs pénètrent vaille que vaille dans le marais… Bref que de cerfs bien chassés ont dû leur salut à une queue d’étang et des roseaux. Une fois encore, la vénerie, c’est encore et toujours les chiens. « Quand ils se partagent le boulot,c’est un vrai régal de les voir », constate un veneur. Quelquefois les chiens gagnent, quelquefois pas. C’est ce qui fait toute la beauté d’une chasse à courre. Et ce DVD est là pour nous rappeler que la raison de vivre de la vénerie – et de bien d’autres modes de chasse–, ce sont les chiens. 52 minutes,Seasons,20 €.

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de la transpiration et le séchage rapide, il est antifriction, anti-échauffement. Et possède une qualité irréprochable : sa tenue impeccable.

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des beaux jours, puisque légère, la gamme des Aqua Allegoria de Guerlain fête ses dix ans et s’enrichit de nouvelles déclinaisons dont une subtile Aqua Allegoria composée par Thierry Wasser comme un conte olfactif. Un hymne à la fleur d’oranger, portant le nom de Flora Nymphea.

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Jours de C HASSE ◆

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30 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56, Avenue de veRSAIlleS 53 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14, boulevARd PeReIRe 40 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58, Avenue ChARleS de GAulle 60 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86, Avenue de l’euRoPe 00 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, RouTe de ST GeRMAIn 17 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45/47, Rue deS ChAnTIeRS 00 . . . . . . . . ZA PARIweST - 8 Rue AlfRed KASTleR 92 . . . . . . . . ZA buChelAY - 1 Rue deS GAMelIneS

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010


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d’un X1 comme on s’installe dans un classique SUV compact. Par rapport au Toyota Rav4, au Volkswagen Tiguan ou au Ford Kuga, l’engin, plus proche d’un break que d’un SUV, dégage instantanément une forme d’agressivité. Il semble codé génétiquement pour la performance, avec sa calandre chromée à double grille, reconnaissable entre mille, ce museau agressif, encadré par des feux semblables à des yeux de félin. La face avant évoque irrésistiblement celle de la nouvelle Série 7. Une fois assis, le conducteur goûte à l’ergonomie irréprochable du tableau de bord et de ses commandes, au doux

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contact du volant gainé de cuir, à la clarté des instruments, la qualité des matériaux, des plastiques, de la sellerie. Un luxe et un niveau de finitions uniques dans ce segment. Éric de Riedmatten, directeur de la communication de BMW France, peut effectivement affirmer, sans

BMW X1 xDrive 23d Dimensions Charges utiles Moteur

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Prix

L : 4 454 mm ; l : 2 044 mm ; H : 1 545 mm. Poids à vide : 1 670 kg. Charge maximale tractée : 2 000 kg. Quatre cylindres en ligne, 1 995 cc. Couple maximal : 400 Nm à 2 000 tr/mn. Puissance : 204 ch à 4 400 tr/mn. Freinage ABS à disques AV et AR. Boîte automatique à 6 vitesses. Réservoir : 61 litres. Coffre: 420 à 1 350 litres. Vitesse maximale : 205 km/h. 0 à 100 km/h : 7,3 sec. Consommation (cycle mixte) : 6,3 l. Émission de CO2 (g/km) : 167. xDrive 23d

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Jours de C HASSE ◆

risque sérieux d’être contredit, que ce tout-chemin compact est bien « le seul à pouvoir prétendre au label Premium ». En attendant l’arrivée de l’Audi Q3… BMW peut, en tout cas, savourer son avance. Rarement un véhicule nous aura procuré autant de plaisir. On en serait presque gênés, d’ailleurs, tant le concept de 4x4 de loisir a été décrié ces derniers temps.Au moins BMW tente-t-il ici de réconcilier les amateurs de conduite sportive et les défenseurs de la nature. Car l’auto se voit greffer sous le capot des moteurs à haut rendement, particulièrement économes en carburant, qu’aucun concurrent, pour l’heure, n’est vraiment en mesure d’égaler. Son seul 2litres diesel de 177 chevaux (xDrive 20 d), par exemple, jouit du privilège de l’exemption totale de malus, lorsqu’il est associé à la boîte six manuelle. Le modèle deux roues

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motrices arrière (sDrive 18 d) échappe également à la taxe Borloo, puisqu’il ne rejette que 139 grammes de CO2. Pour les besoins cynégétiques, le choix se portera forcément sur un 4x4. Et dans ce cas, pourquoi hésiter? Le xDrive 23d et son 2litres de 204 chevaux, aux rejets maîtrisés de 167grammes de CO2, constitue un excellent parti. Le grand toit ouvrant (à 1600 euros), qui équipait notre modèle d’essai, inondait de lumière l’habitacle. Sur le papier, cinq places ont été prévues, mais, en raison de l’exiguïté de celle aménagée au milieu de la banquette arrière, le confort s’appréciera surtout à quatre dans cette voiture. Et quel confort! Les sièges sont moelleux, la suspension ferme, sans être raide. Haut perché sur la route, l’on dévore des yeux le paysage, derrière les vitres légèrement fumées, bercé par la musique délivrée par une chaîne audiophile Harman Kardon.Au programme également: régulateur de vitesse de série avec fonction freinage, pour toutes les motorisations. Sans oublier l’option GPS et l’ordinateur de bord, qui se pilotent du bout des doigts, via une molette située sur la console centrale. Obligatoirement associé à une boîte robotisée, le 23d avale les kilomètres en silence, assisté de freins puissants et d’un contrôle de transmission, gage de stabilité. La direction se montre d’une précision diabolique. En hors-piste, sa transmission intégrale intelligente vous garantira une parfaite motricité, même si l’engin n’est pas taillé pour le tout-terrain. Indiscutablement, son grand frère, le X3, vient de prendre un petit coup de vieux…


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Les classiques tiennent le choc La vacation de l’Étude Coutau-Bégarie qui s’est déroulée le 5 février à Drouot-Richelieu était attendue. Ses résultats confirment la bonne tenue du marché de l’art cynégétique tout comme les dernières ventes de l’année 2009 des études MillonCornette de Saint Cyr et Thierry de Maigret. ◆ Malgré la crise, le collectionneur sait rester en alerte, comme l’illustra juste avant la fin de l’année 2009 la vente de l’Étude Thierry de Maigret. Le 24 novembre dernier, une des dernières vacations de l’année consacrée à la chasse a trouvé son public à Drouot. Cette vente a remporté un franc succès avec quelques œuvres de référence dont la plus magistrale fut un lot d’une paire d’huiles sur carton de Charles de Condamy, deux toiles de dimensions honorables (28 sur 45centimètres) respectivement intitulées le Départ pour la chasse et la Sortie du château, disputées à 12000 euros. Ce sont d’ailleurs essentiellement des

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œuvres picturales et des objets cynégétiques de qualité qui ont animé cette vacation. Présent avec neuf lots, l’artiste Paul Jouve (1878-1973) a confirmé sa bonne cote avec un Sanglier s’abreuvant, crayon et encre de Chine et rehaut de gouache blanche (24 sur 31centimètres) adjugé 1800 euros, soit son prix d’estimation. Parmi les valeurs sûres, citons aussi Édouard Mérite dont la cote est stable. Une de ses très belles Études de têtes de sangliers (31 sur 24centimètres), réalisée au fusain et à l’aquarelle, a trouvé preneur à 3300 euros, soit dix fois son estimation la plus basse. Deux de ses huiles ont été vendues à 1000 euros chacune, toutes deux très réalistes, représentant une Belette et lapin et, par ailleurs, un Rapace capturant un faisan. Une aquarelle soignée et expressive de Léon Danchin, Épagneul breton et faison, est partie à 1200 euros. Une paire d’aquarelles représentant une Scène de vénerie par René Valette

Jours de C HASSE ◆

(21 sur 34centimètres) a été adjugée 1500 euros. Une huile d’Eugène Petit, les Deux Chiens en arrêt sur un faisan (46 sur 54centimètres) est partie sous le marteau à 1000 euros, soit légèrement en dessous de son estimation. Du côté des bronzes, une imposante œuvre de Vincent Becquerel, reproduisant une Compagnie de sangliers fuyant est passée sous le marteau à 1000 euros; un bronze à patine brun-vert de P. Lecourtier représentant un Chien en arrêt sur lièvre (24 sur 27centimètres) a été adjugé

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1800 euros. Un bronze d’Arson consacré à un thème pour le moins original, Grenouille chevauchant un lièvre (long de 13,5centimètres) a atteint 1000 euros. Quelques bronzes moins onéreux valaient aussi le coup d’œil: une Plaque lièvre et faisan (30,8 sur 16,4centimètres), présentée d’après Pierre-Jules Mêne est partie sous le marteau à 350 euros, un Lièvre aux écoutes de Clovis Masson, à patine brune signé en creux sur terrasse (10,2centimètres de longueur) a été adjugé


RY DE MAIGRET PHOTOS : ÉTUDE THIER

550 euros et un Chien apportant une sarcelle de Joël Blanc (cire perdue, fondeur Landowski) a trouvé preneur à 520 euros. Parmi les objets cynégétiques, signalons un nécessaire de fumeur, rare, en tilleul sculpté (45centimètres de haut) estimé 800 euros, disputé à plus du double, 1900 euros. Côté armes, un fusil Browning cal.20.70, canons superposés de 67centimètres, (canon supplémentaire cal. 9.3x74 R) estimé à 3500 euros,a été âprement disputé à 4200 euros.

46,5centimètres) partie à 1600 euros pour une estimation entre 1500 et 2000 euros.Très belle œuvre, une aquarelle de Théodore Fort,école française du XIXe siècle peu courant en salle des ventes,représentant un Veneur Napoléon III (de 13 sur 21centimètres avec piqûres) estimée 500 euros a grimpé jusqu’à 700 euros.Parmi les œuvres un peu atypiques, citons aussi un lot de six panneaux de chêne de L.Leblanc, représentant des trophées de perdreau, bécasse, geai… (suite de panneaux datée de 1875) disputé à 4200 euros.

Une paire d’aquarelles dédiée au hibou par Paul Marcueyz, artiste disparu en 1952,a été disputée à 1400 euros pour une estimation à 300 euros. Bien représenté dans cette vente,avec huit lots,l’artiste O’Klein (1893-1985),s’est distingué avec une gravure de chiens,Tous derrière adjugée 500 euros pour une estimation à 120 euros.Riab (1898-1975) qui a connu un beau succès avec une dizaine d’œuvres vite passée sous le marteau, s’est distingué avec une forte enchère sur l’Envol des canards colverts (toile de 40 sur 80centimètres) adjugée 1300 euros.Parmi les sept œuvres de Georges Frederic Rötig (1873-1961),citons la plus remarquable,même si de petite dimension (14,5 sur 13centimètres),une aquarelle représentant des Sangliers au bord d’une rivière,estimée 800 euros et disputée jusqu’à 1450 euros.Rare en salle des ventes,une toile d’E.M.Samson,Renard pris par

PHOTOS : ÉTUDE MILLON & ASSOCIÉS

◆ Les amateurs n’ont pas eu le temps de respirer puisque le lendemain de la vente Thierry de Maigret,c’était, toujours à Drouot, au tour de l’Étude Millon-Cornette de Saint Cyr d’entrer en piste avec sa vacation dédiée à L’Art et la Cynégétique.Avec 680 lots,la vacation a représenté 135030 euros pour l’ensemble de ses 680 adjudications. Œuvre exceptionnelle reproduite en couverture du catalogue de la vacation, les Sangliers dans la neige de Karl Bodmer (1809-

1893),école suisse (toile de 100 sur 82centimètres ayant appartenu au baron Arthur de Rothschild) a été disputée à 6000 euros.Très belle enchère aussi pour une toile de 112 sur 170 centimètres intitulée le Braque devant le trophée de chasse,lièvre,chevreuil,faisans, perdreaux,fusils et trompe de chasse,de Claudius Duty (XIXe siècle) adjugée 4500 euros.Autre valeur sûre, Harry Eliott (1882-1959) était représenté par une trentaine de lots (pochoirs,aquarelles…) dont le plus remarquable fut une aquarelle représentant l’Arrivée d’une diligence dans la cour de l’auberge (62,5 sur

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Enchères

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PHOTOS : ÉTUDE MILLON & ASSOCIÉS - ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE

les chiens,a été adjugée 1300 euros.Du côté des bronzes,un lot d’une paire d’Ours costumés tenant des branchages, épreuves en bronze sur socle en marbre vert,de Fratin (1801-1864) a été disputé à 1800 euros. Le sculpteur belge, Meester de Betzenbroek (19041995) a connu un beau succès avec le passage d’un bronze à patine sombre représentant une Lionne couchée (24centimètres de hauteur),estimé 100 euros et qui a trouvé preneur à 2100 euros.Une paire de serrelivres ornée de deux éléphants en bronze patinés verts de Charles Paillet (1871-1937) est partie sous le marteau à 1700 euros et une Étude de bécasse en bronze (23 sur 13centimètres) de Pierre Émile Thorain (1903-1983) estimée à 600 euros a été adjugée plus du double,à 1300 euros. Du côté des objets de chasse, signalons une représentation de Saint-Hubert,avec cadre XVIIIe siècle,adjugée 1350 euros,un pot à tabac en ivoire parti sous le marteau à 1500 euros; un tabouret au fût formé d’un ours assis (43centimètres de hauteur) a été adjugé 3200 euros.Parmi la sélection d’armes,il faut évoquer un pistolet à silex d’officier modèle 1816 adjugé 1000 euros,un coffret contenant un revolver Tranter, cinq coups,calibre 44 et ses accessoires disputé

livres et art moderne, l’Étude CoutauBégarie a fait salle comble à Drouot le 5 février et connu des résultats somme toute honorables, avec 48570 euros pour la totalité des adjudications, soit 410 lots. C’est une œuvre abstraite qui a été l’objet de la plus forte enchère de la vacation, en l’espèce un tapis de Serge Poliakoff, Composition verte et bleue, réalisé d’après carton de l’artiste (tirage limité et numéroté 72/100, tissage laine de 265 sur 195centimètres), parti sous le marteau à 3450 euros pour une estimation à 3000 euros. Que les amateurs d’œuvres cynégétiques se rassurent cependant, quelques œuvres plus classiques dédiées à la chasse ont aussi animé la salle lors de leur passage sous le marteau. Parmi les livres, citons la Grande Meute de Paul Vialar (édition Archat 1965, exemplaire hors-commerce, illustrations de Trémois) qui a été disputé à 1000 euros. Plus exceptionnel et rare encore en salle des ventes, le Traité de vénerie d’Yauville (imprimerie royale

à 3100 euros et un fusil à répétition d’infanterie de marine,type 1884,adjugé 1050 euros.Quant aux armes de chasse,signalons un modèle à platines Franchi,impérial Monte-Carlo deux coups, calibre 12/70,canons 72centimètres, présenté dans sa valise en cuir et parti sous le marteau à 2100 euros pour une estimation à 1800 euros; et une carabine semiautomatique Browning modèle Bar battue calibre 270, canon 56centimètres, adjugée 1100 euros. ◆ Pour la première vacation de l’année 2010 sous le thème Chasse, boutons de vénerie,

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de 1788), demi-reliure marocain rouge et dorures à têtes de cerf, parti à 2000 euros, sa plus forte estimation. Du côté des objets, un lot de huit gobelets Gucci, ornés de métal argenté à tête de cerf, sanglier, renard ou lièvre, estimé 500 euros, a trouvé preneur à 1300 euros. Pour les amateurs de boutons de vénerie, signalons du côté des équipages de l’Île-deFrance, une paire de boutons de l’Equipage Schickler (18201842) partie à 150 euros (son prix d’estimation), un bouton de gilet de l’Équipage R. Guerlain (1935-1939) estimé 50 euros et adjugé 110 euros. Pour les équipages normands, rappelons qu’un bouton de tenue,Vautrait de Thuit (1805-1842) a grimpé jusqu’à 150 euros pour une estimation à 50 euros. Un bouton de tenue de l’Équipage Saint-Germain (1889-1911) a été adjugé 150 euros. Mais c’est la Bretagne qui a connu la plus forte enchère dans de cette catégorie avec une paire de boutons du Rallye La Forêt (1850-1869), estimée 150 euros et disputée jusqu’à 310 euros. Renseignements: ◆ Étude Coutau-Bégarie, 60, avenue de la Bourdonnais, Paris VIIe.Tél.: 01.45.56.12.20. ◆ Étude Thierry de Maigret, expert André Marchand, 5, rue de Montholon, Paris IXe. Tél.: 01.44.83.95.20. ◆ Étude MillonCornette de Saint Cyr, département cynégétique Pélage de Coniac 19, rue de la GrangeBatelière, Paris IXe. Tél.: 01.47.27.95.34.



Signets par la rédaction

Gibiers de poche

Cuisine & Saveurs de Frédérique et René-Miguel Roland

◆◆◆ Gibier de poche! Le terme passerait vo-

lontiers pour péjoratif, méprisant, à tout le moins condescendant, pour bien des chasseurs habitués à des tirés quasi fabuleux.Funeste prétention, car occire une grive, une alouette,un vanneau procure autant d’émotions,de palpitations – sinon plus – que bien des faisans et des perdrix, et, bien souvent, leur gastronomie les surpasse.Aussi,les Éditions de Montbel ne pouvaient que rendre hommage à ces gibiers avec leur tenue habituelle dans leur collection Cuisine & Saveurs. Comme de coutume, ils sont tour à tour passés en revue et toujours agrémentés d’une élégante mise en page et de citations

puisées aux meilleurs auteurs. Ce n’est pas une promenade gastronomique qui nous est proposée mais bel et bien des gourmandises que n’auraient pas reniées Brillat-Savarin.Que dire d’autres, en effet, d’une alouette – délicieux gibier s’il en était – en « cocotte aux truffes »,à l’armagnac? Avec la caille (celle sauvage, et non celle d’élevage d’une fadeur à faire vomir, entendons-nous bien), « qui appartient à la plus haute aristocratie de la plume » (dixit Charles Jobey), on ne peut que s’incliner devant ces oiseaux au miel, au marc de bourgogne ou encore au foie gras. L’auteur fait – avec raison – la part belle aux grives, délicieuses à chasser comme à dégus-

Le Royaume des éléphants

Trente-cinq ans de chasse en Ouganda d’Eric A. Temple-Perkins ◆◆◆ L’Ouganda avant

d’être associé, pour de très longues années, au sinistre Idi Amin Dada, fut un paradis cynégétique. Pour s’en convaincre,il faut lire les récits d’Eric A. Temple-Perkins, néozélandais de son état, qui viennent d’être réédités par les Éditions de Montbel, dans leur collection Les Aventuriers voyageurs. Car, pour témoigner de ce que fut ce pays de l’Afrique des Grands Lacs, quoi de mieux que d’avoir passé trente-sept ans à chasser concomitamment à une carrière dans l’administration

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ter (« de tous les dîners fins,les grives sont les perles »): il est bien difficile de résister à des grives aux cèpes,aux raisins, au muscat ou au genièvre… Ce petit opuscule nous réserve des surprises en nous livrant des recettes de tourterelles, de vanneaux – cela reste encore dans le domaine du classique –, mais aussi… d’étourneaux.Vues les densités incroyables dans certaines régions, cela pourrait donner quelques idées à des chasseurs gastronomes. Bref, de ce Gibiers de poche,« il ne s’achète pas,il se mérite,autant sur le terrain que dans l’assiette ». Ce n’est pas Dumas qui prétendra le contraire! Éditions de Montbel,96 pages,22 €.

coloniale britannique… Ces récits sont passionnants de bout en bout,car l’auteur ne dissimule rien, ni ses erreurs, ni ses turpitudes, à commencer par des centaines d’approches sur des éléphants dont il mettait un point d’honneur à ne chasser que les sujets les plus dévastateurs pour les plantations.Du pachyderme, il admire tout, « sa gigantesque majesté en tous points supérieurs aux autres animaux,l’intelligence, l’allure imposante,la taille, la noblesse… ». On suit ses traques plus éprouvantes, plus émouvantes les unes que les autres, notamment la dernière, sur un éléphant: il l’avoue, que cet animal n’avait fait de mal à personne, mais qu’il avait pour seul défaut d’avoir de superbes défenses. Il le traqua six semaines, le tira, « fier mais attristé de voir un aussi beau chef perdu pour son troupeau »… Toute la nature ambivalente du

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chasseur est là. La longue marche de Temple-Perkins nous emmène tour à tour aussi avec les buffles, les lions, les rhinos –ou tous rassemblés comme cette fois où il put tirer les trois en trois quarts d’heure! – et leur dangerosité respective. C’est encore des histoires de serpents – dont celle d’un cobra à gueule noire qui fut enterré chrétiennement! –, de crocodiles,avec ceux du lac Albert (qui étaient des fantômes jusqu’à ce que notre chasseur découvre leur repaire au bout de deux mois d’efforts).Qu’on ne s’y trompe pas: gérer, protéger l’Afrique fut l’un de ses combats,préoccupé par « la marche de la civilisation ».D’ailleurs, à sa retraite,il s’installera au-dessus des Grands Lacs, « vivant encore parmi les bêtes ».L’Afrique l’avait envoûté à jamais.

Éditions de Montbel, 384 pages,25 €.


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Signets Un arbre en hiver

de Xavier Patier Illustrations d’Aymar de Lézardière ◆◆◆ Comme Janus,la forêt offre deux visages. Celui de l’été, coloré, bourdonnant de vie, luxuriant.Et celui de l’hiver,silencieux,mystérieux,méditatif, dans ses « épouvantables beautés » chères à Mme de Sévigné. Xavier Patier nous propose de découvrir le second, à la faveur de ses longues flâneries mélancoliques et cynégétiques. Publié à l’occasion d’une exposition regroupant des gravures d’Aymar de Lézardière au Musée de la Chasse et de la Nature, l’auteur se livre,en campagnard et en veneur averti, à un vagabondage de l’esprit avec la sensibilité qu’on lui connaît. « La vénerie a été inventée pour mettre des couleurs dans une forêt déla-

vée par l’hiver », écrit-il, Avec lui, on marche, respire, savoure chaque instant de cette beauté dépouillée des paysages hivernaux, dans la brume, la bruine ou le gel. Poèmes et citations aux échos nostalgiques s’entremêlent pour tenter de capter une vérité mystique nichée au pied d’un étang ou dans la silhouette tourmentée d’un arbre qui semble lutter contre l’oubli.On sent l’odeur si caractéristique des sous-bois, on entend arriver un vol de ramiers. Un voyage qui évoque encore cette « joie douloureuse »,et cette « voluptueuse tristesse » que l’on ressent en écoutant le silence de la nature repliée sur elle-même.

Le Vent des pistes

d’Édouard-Pierre Decoster ◆◆◆ Entre Édouard-Pierre Decoster et l’Afrique, c’est une aventure commencée voilà plus de quarante ans, ou plutôt une passion presque charnelle et viscérale. Il nous livre ici la troisième édition de son Vent des pistes, qu’il a complété de nouveaux chapitres.Avec Decoster, ce n’est pas des récits de broussards – nous en sommes même à mille lieues –, mais des nouvelles tout d’émotions et de sensibilité. Dès les premières lignes, l’Afrique vous enlève pour ne plus vous lâcher; elle est là dans toute sa beauté, sa brutalité et ses tragédies.Tragédie de la vie animale – son récit de la mort d’un lion est de toute grandeur –, tragédie de la vie tout court avec ses souvenirs du Rwanda – qu’il a connu avant l’effroyable génocide –, de toutes ses rencontres plus étonnantes les unes que les autres. Dans la chaleur étouffante et inquiétante de la forêt équatoriale, on reste fasciné par les Pygmées… En brousse, on sent les“avertissements célestes”, on partage

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froide saison,quand « les anges se taisent ». Bref, il nous montre simplement la campagne telle qu’elle est et non qu’on voudrait qu’elle soit. Rehaussée par de solides reproductions d’Aymar de Lézardière, cette promenade poétique, à la manière d’un Chateaubriand dans les bois de Combourg,ou d’un général Chambe dans les Alpes,est une invitation à une réflexion sur la condition humaine… Reposant.

Pour Xavier Patier, la richesse, et la profondeur de nos campagnes méritent que l’on s’y attarde un peu, surtout durant la

Éditions GallimardLe Promeneur-Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, 64 pages,11 €.

la joie de Paka Doumé, heureux de la mort d’un léopard, et pourtant presque « aveugle,sans ressources et sans futur »… Ce sont des pisteurs, des odeurs, des impressions, des animaux fantomatiques, des forces qui vous abandonnent (pas très longtemps quand on vous rappelle de « le monde qui prend le métro à Châtelet au même moment »), des bouffées de nostalgie qui, quoi qu’en disent les esprits chagrins, sont une grande part du plaisir de tout voyage cynégétique. Avec Édouard-Pierre Decoster, on est face à soi-même, sans fard, sans masque, avec la cohorte de drames intérieurs. « J’avais pris conscience qu’avec la mort de la corne cassée,écrit-il à propos de la recherche d’un vieil éland de Derby,s’étaient envolées un peu de ces illusions que seuls vous apportent les rêves qui semblent toujours vous échapper ». Cette réflexion, quel chasseur ne se l’est pas faite un jour ? Et si ce n’est pas le cas, c’est presque une faute…

Édouard-Pierre-Decoster,258 pages,59 €.

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Signets Hallali

de Régis Taslé Illustrations de Matthieu Sordot ◆◆ Un roman sur la vénerie! Le fait est rare, trop rare pour ne pas être salué, car, modernité oblige, le temps de la Grande Meute ou de Roquemaure semble décidément bien loin.Mais l’exercice y est difficile, et grands sont les risques de s’y abîmer. Régis Taslé le savait en toute connaissance de cause, et cela ne l’a pas empêché de tomber dans certains écueils… Le fond de l’affaire est on ne peut plus classique: monsieur Diego, veneur envoûté et enragé par le sanglier, fait la connaissance, lors d’un laisser-courre de toute beauté mais à l’issue dramatique,avec la mort d’un chien de premier ordre, le fidèle baliveau, d’Aline de Rugles. Entre le veneur rustique et cette sorte de Diane de Chateaumorand, passionné, elle, par la vénerie du cerf, c’est un autre laisser-courre qui commence, aux accents mystérieux et tragiques… Ce roman se lit d’une traite –c’est déjà une qualité vue l’indigence d’une bonne partie des romans actuels–, mais qui nous laisse tout de même sur notre faim.

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D’abord parce que l’auteur a hésité dans le choix du genre, à savoir un roman, un pur récit de chasse, ou une nouvelle. De plus, ce qu’on peut lui reprocher, c’est que les personnages sont un peu trop taillés à la hache, pas assez fouillés, laissant le lecteur au milieu du gué.Tout va vite comme un forlonger sans relâche et sans répit, peut être trop… En revanche, l’on sent que, fort de ses quarante années au vautrait du Perche, Régis Taslé est proprement habité par les ragots de tous poils, qu’il en connaît les ruses, les défauts et les défenses. Rehaussés par les aquarelles toujours de premier ordre de Matthieu Sordot,ses récits de chasse sont pleins de verve et de rythme et nous font sentir, que les chiens sont l’âme même de la vénerie. Mais finalement n’est-ce pas eux le personnage central de son roman? Éditions de Montbel, 168 pages,28 €.

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Pur-sang et Sang impur

ouvrage collectif ◆◆ Entre mythes et légendes,contes et histoires,le cheval tient depuis des siècles une place importante dans la société des hommes. Il a toujours été là pour rehausser les heures glorieuses des princes de rang et de sang, à la guerre,à la chasse, leurs conquêtes ou leurs défaites, ou pour lui-même sujet de beauté, de passion sur les pistes d’Epsom ou de Chantilly. Bref, du cheval guerrier au cheval de trait, du cheval de course au mulet des champs… jusqu'à l’animal de loisir d’aujourd’hui. Présent dans la littérature, l’art, la mythologie et l’histoire, il demeure presque écrasant, et suscite encore passion, admiration et fantasmes. Bien avant de connaître les lois sur l’hérédité, l’homme, conscient de l’importance du patrimoine génétique chez les chevaux, a pratiqué des élevages sélectifs. La notion de race a vite fait de prendre une importance considérable, et permis de perpétuer des lignées d’animaux purs, avec des tempéraments et des qualités différentes. C’est le thème de la quatrième livraison de la collection de Jean-Louis Gouraud. Grâce à de prestigieuses contributions, cet ouvrage propose un éventail de textes,essais,nouvelles,

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chroniques centrés sur ce thème. Pur-sang et Sang impur nous renseigne sur les origines de Bucéphale, célèbre monture d’Alexandre Le Grand, nous emmène dans une fabuleuse épopée à travers l’orient du XIXe siècle au cœur des marchés de chevaux, ou nous éclaire sur les particularités du cheval islandais. Axel Kahn,généticien de renom et préposé comme rédacteur en chef de ce numéro, a su donner une vision globale,riche et variée du thème abordé. Loin des ouvrages spécialisés destinés aux cavaliers réguliers et aux professionnels,cette nouvelle livraison de la collection Cheval Chevaux, en s’appuyant sur la littérature, les sciences humaines et l’histoire, s’adresse aux profanes qu’ils soient éclairés ou non. Ce n’est pas la moindre de ses qualités. Éditions du Rocher, 210 pages,20 €.


AUCUN FUSIL N’EST AUJOURD’HUI PLUS PERFORMANT QUE LE XLR 5…IL EST AUSSI LE SEUL EPROUVE A 1630 BAR ! Aucun fusil ne possède un canon foré dans la masse avec un profil TRIBORE HP et des chokes hyperboliques d’une longueur de 82 mm pour utiliser des cartouches « acier hautes performances » dans tous les chokes, y compris le FULL ( * 1/1 ). Aucun fusil ne permet d’obtenir un gain de 6 % en densité de gerbe avec des cartouches « plomb » et de 16 % avec des cartouches « acier ». Aucun fusil n’est parfaitement équilibré comme un XLR. Aucun fusil ne reste stable en tir comme le XLR. Aucun fusil ne permet l’utilisation de montages pour optiques à la norme WEAVER identiques à ceux pour carabines. Aucun fusil n’a un cycle de réarmement plus rapide que le XLR. Pour qui a un usage intensif de son arme, pour qui fait des tirs à longues distances, la réponse aujourd’hui est XLR, le seul fusil semi-automatique éprouvé à 1630 BAR par le Banc National CIP.

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Signets Homme de brousse

Aventure, guerre et chasse en Afrique australe 1893-1921 de Philip J. Pretorius

◆◆◆ Descendant de la famille du fondateur de Pretoria, le major Philip Pretorius (18731945) était un Afrikaner pur souche, mais aussi un loyaliste, qui avait, tout jeune, pris du service dans les forces armées de la British South Africa Company de Cecil Rhodes, avant de s’illustrer comme éclaireur durant la Première Guerre mondiale contre les troupes du général von Lettow-Vorbeck en Afrique australe. Né avec le virus de l’aventure, il avait commencé, dès l’âge de 13 ans, à accompagner les expéditions de son père, qui faisait le commerce du bétail et des chevaux avec les indigènes, au Bechuanaland. À partir de ce moment, il n’allait cesser

La Vénerie à fleur de peau

pendant un demisiècle de chasser l’éléphant, le lion, le rhinocéros, et toutes les espèces de gibier, du Congo au Mozambique, se liant d’amitié avec des tribus qui n’avaient jamais vu un Blanc, parcourant des régions où aucun homme civilisé n’était passé, et se plaisant à vivre dangereusement, tant pour l’exaltation momentanée du danger que pour le souvenir qu’il en reste. D’une modestie assez rare chez les grands chasseurs, cet aventurier hors normes n’aurait jamais songé à coucher par écrit ses souvenirs si, peu avant sa mort, un de ses

de Philippe Verro ◆◆◆ Voici, hélas, le dernier livre que nous lirons sous la plume de Philippe Verro, disparu prématurément à l’aubede2010(lirenotrehommage page 16). Comme toujours avec lui,et ainsi que le souligne le titre de son ouvrage,il est question,au-delà delachasse,d’émotionsetde sensations.«Cescoupsdepoing […]/Que donne la beauté vite au cœur en passant.»,selon la formuledeCocteau,c’estaucontactdelanature que cet écologiste dans l’âme, converti à la vénerie – et il n’y a là aucune contradiction– l’a reçu. Veneur intégral, passionné, exigeant, et se voulant sans reproche, Philippe Verro était d’abord un amoureux de la vie, de son mi-

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amis ne l’avait convaincu de rédiger son autobiographie. Heureuse initiative, car

racle renouvelé, et par cela même il se résignait malaisément à la conclusion de l’acte de chasse que représente la mort de l’animal. Bien sûr,il était trop proche de ses chiens pour ne pas se réjouir de la récompense de leur travail,mais il n’échappait pas à la mélancolie des finsdepartie,àcettetristesse sourdequis’emparaitdelui devant le corps sans vie de l’animal de chasse vaincu. « Tuer un animal après une longue poursuite […] n’est jamais anodin », confie-t-il. Pour autant, cet amoureux de la nature, de la faune, de la flore,ne partageait pas l’illusion rousseauiste d’une nature idyllique et édénique,que seul l’homme aurait pervertie.Il savait qu’elle est le théâtre de l’affrontement pérenne entre la vie et la mort, de la « rivalité territoriale,de la

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les récits du major Pretorius surclassent de loin les romans d’aventures les plus échevelés. De la traque du croiseur allemand Königsberg dans le delta de la rivière Rufiji, en 1915, à la guerre menée contre un troupeau d’éléphants dangereux dans l’inexpugnable forêt d’Addo, non loin du Cap, en passant par des combats avec de belliqueuses tribus indigènes, et ses exploits d’éclaireur contre les troupes allemandes durant la Grande Guerre, ce livre extraordinaire vous tient en haleine de la première à la dernière page. Éditions de Montbel,384 pages,25 €.

férocité pour la subsistance », mais aussi qu’il est dangereux et vain de vouloir intervenir dans la loi naturelle, de prétendre changer l’étatsauvage,carletransformerserait«éteindre définitivement le monde de l’origine ». En une vingtaine de courts tableaux,Philippe Verro,d’une plume sensible et lyrique, entraîne le lecteur à la découverte d’un univers de beauté et de tragédies, de jubilation etdemélancolie,d’ardeuretderenoncement, de prédation et d’admiration, sur des cheminsforestiersquisontaussidessentiersspirituels ou philosophiques. Et conclut sur cet émouvant éloge de ce qui fut à la fois la passion et le tourment d’une vie:« La chasse à courre s’inscrit dans la perspective,non dans la fin.Son histoire n’a pas d’âge,elle est liée à l’homme,à la vie,à la mort,elle est l’illustration brutale de la possession, mais aussi de la gratitude,parfois de la nostalgie,certainement de la vérité d’un affrontement en forme d’adoration envers la nature et la liberté.»

Éditions de Montbel,89 pages,18 €.



Co n f i d e n c e s ◆

Xavier Legendre

“On peut assumer son rôle de prédateur et respecter la faune” D

octeur vétérinaire, professeur au Muséum d’Histoire naturelle,Xavier Legendre a exercé son métier durant dix ans en milieu rural, puis dans l’industrie avant de diriger, pendant vingt ans, un parc animalier. Veneur passionné, plusieurs fois champion international de trompe, vice-président de la Fédération des trompes de France, il est aussi chasseur à tir,président de l’ADCGG (Association départementale des chasseurs de grand gibier) de l’Indre et viceprésident de la Fédération des chasseurs du même département. Comment êtes-vous venu à la chasse, par tradition familiale ou par intérêt personnel ? Par instinct de prédation, encouragé par mon père, instituteur naturaliste, qui a su très tôt déclencher mon attrait pour la zoologie. Sa classe abritait une foule de bestioles issues de nos vacances en Brenne où je me suis initié à la découverte de la nature et aux mystères du sauvage.Attraper des animaux m’identifiait aux héros de mes lectures (dont le catalogue Manufrance). Les grands cervidés étaient alors plutôt rares,mais bercé par le brame,prélude à la rentrée scolaire,hanté par l’image fugitive d’un cerf mystérieux. Dévorant tout bouquin ou article à son sujet,je me suis définitivement passionné pour cet animal mythique et la forêt de Lancosme prenait dans mon imaginaire des allures de Brocéliande. Mon père justement chassait à tir en bordure et avec fierté j’ai revendiqué la charge de porte-carnier à l’occasion de chasses dominicales.Je me souviens de la quête de chiens approximatifs, du regard de lièvres au gîte, de passées sous des ciels tourmentés et surtout d’un gibier paré de la valeur inestimable du sauvage authentique. À cette époque, nous ne rations pas l’émission consacrée à la trompe de chasse présentée à la TSF par Marcel Hauriac. Ajoutons à cela le choc ressenti par l’éclat des

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chasses à courre de l’équipage Chaudenay ou les bien-allés somptueux de Guy Brousseau, piqueux du Rallye Vouzeron, qui résonnent encore dans mes oreilles : il n’en fallait pas plus pour déclencher une passion. Sorti de l’École vétérinaire, je fis l’acquisition de mon fusil auprès d’un agriculteur normand à l’issue de mon premier remplacement, puis d’un cheval: le rêve prenait des allures de réalité. Vous êtes à la fois veneur et chasseur à tir de grand gibier, ce sont deux formes de chasse très différentes. Sont-elles pour vous complémentaires ? Quelles émotions vous procurent-elles ? Elles associent forcément pour moi la complicité du couple homme-chien. J’ai vécu des instants palpitants en foulant des ronciers, aux aguets derrière mon basset Lucifer hurlant d’une gorge profonde sur la voie d’un modeste lapin, d’autres dans la magie crépusculaire des étangs avec mes labradors Lutin, Igor et ma petite Toupie rapportant toute fière de l’épaisseur d’une roselière une sarcelle improbable.Avec une complicité étonnante, ces trois chiens, indifférents aux cervidés à vue, me marquaient systématiquement tout sanglier à la bauge.Travaillant surtout“au vent”,par atavisme de retrievers,ils me conduisaient auprès du grand gibier abattu,même bien loin,m’apportant la satisfaction légitime de ne pas avoir laissé perdre ou souffrir un animal pour rien,source de grande amertume et d’un certain dégoût de soi. Mais sans conteste la pratique de la vénerie déclinée au cours d’une longue quête depuis l’aube jusqu’aux abois avec des chiens franchissant un change désormais très vif me procure les plus intenses émotions.Sans doute parce que la jubilation éprouvée est à la mesure des efforts et des difficultés rencontrées. La vénerie,“animal libre dans un contexte libre”,c’est l’occasion de nouer une relation privilégiée avec l’animal chassé pour lequel s’écrit une histoire chaque fois différente.Un trophée,si modeste soit-il,évoquera pour toujours les péripéties d’une poursuite dont l’issue reste jusPHOTOS : XAVIER LEGENDRE

propos recueillis par Bruno de Cessole

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DISCUSSION ET COMMENTAIRE LA CHASSE, C’EST AUSSI LE PARTAGE D’UN SAVOIR, LA COMMUNION, PAR-DELÀ LES DIFFÉRENCES SOCIALES, DANS UN MÊME AMOUR DE LA FORÊT, DE LA FAUNE, ET DE LA RURALITÉ.

APRÈS UN LAISSER-COURRE.

qu’à l’ultime instant improbable.C’est l’occasion“d’aller au bout”, en dépit du froid, du gel, de la nuit, non seulement pour soi mais également pour le respect dû aux chiens, aux chevaux, aux hommes qui détiennent l’expérience et le savoir,qui savent interpréter subtilement les variations du langage et des attitudes de quarante chiens,fruits de leur science d’éleveurs. J’ai aussi trouvé une certaine analogie entre la vénerie et la quête passionnée d’amis bécassiers bretons travaillant avec leurs merveilleux setters la refuite de “la” bécasse à relever, comme un piqueux travaillant son défaut. Vous êtes vétérinaire de formation.Aux yeux de certains, il pourrait y avoir contradiction entre cette vocation et celle de chasseur. Comment vivez-vous cette situation ? Comme un certain nombre de confrères,je l’assume sans l’ombre d’un problème.Mon choix professionnel a été dicté par le goût du contact avec les animaux et un besoin de ruralité. Immergé dans une clientèle rurale majoritairement composée de chasseurs, le praticien sait prendre en compte la pathologie et la douleur individuelle du bétail qu’il euthanasie parfois. Avec l’animal de compagnie s’ajoute une dimension affective, et chez tout vétérinaire“Daktari”sommeille le rêve de soigner la faune sauvage. À cela près que celle-ci est justement“sauvage”et que les tentatives de traitements individuels sont rarement suivies de succès compte tenu des aléas liés à la manipulation d’un animal libre. Là l’intérêt du groupe prime sur celui de l’individu et les mesures à prendre concernent davantage l’ensemble d’une population ou d’un territoire comme par exemple la difficile décision d’éradication des cerfs consécutive à la tuberculose en forêt de Brotonne. Cela amène évidemment à dévelop-

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per une connaissance de plus en plus approfondie de la biologie des animaux.Et,bien sûr,plus on apprend d’eux,plus on les aime.Alors,quid du paradoxe,de l’incompatibilité avec la chasse ? Si l’on sait respecter sincèrement la faune sauvage,tenir son rôle de prédateur non seulement ne me pose aucun problème existentiel mais me semble légitime.En ramenant l’histoire de la vie sur terre à l’échelle d’une année, l’homme n’y ferait son apparition que le 31 décembre à 23 heures 59 et 59 secondes! Autant dire que les gènes de nos aïeux des cavernes sont encore quasiment intacts et il faut bien admettre que ceux de la prédation n’y sont pas minoritaires. En conséquence, à l’instar de mes canines, mes gènes, je les assume. En tant que scientifique, quel jugement portez-vous sur le phénomène de raréfaction des espèces sauvages et de diminution de la biodiversité ? Selon la loi de l’évolution, des espèces s’éteignent, laissant progressivement la place,au gré de multiples mutations “réussies”,à d’autres,mieux adaptées aux variations de l’environnement.Le temps se décompte là en centaines de milliers d’années, or aujourd’hui, sur un rythme dramatique, des milliers d’espèces disparaissent,parfois avant d’avoir été découvertes et ne sont pas “remplacées”. Ignorant la subtilité fragile des écosystèmes et les interactions complexes des chaînes alimentaires, les hommes ne se préoccupent que de ce qui leur est utile et ce qui ne l’est (apparemment) pas. Par leur expansion sur la planète, ils demeurent responsables d’une catastrophe annoncée:famines, conflits, déforestations massives, urbanisme, pollution dont celle de l’atmosphère, exploitation abusive des ressources constituent une menace redoutable pour la

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Confidences XAVIER LEGENDRE EN COURS DE CHASSE ET, “LA VÉNERIE, CE SONT LES PÉRIPÉTIES D’UNE POURSUITE DONT L’ISSUE RESTE JUSQU’À L’ULTIME INSTANT IMPROBABLE.” CI-DESSOUS, RECEVANT LES HONNEURS.

biodiversité et ce dans l’indifférence ou, pire, le mépris :“La Terre en a bien vu d’autres,elle s’en remettra…”On ne modifie,hélas,pas sans conséquences les éléments d’un édifice élaboré au cours de millions d’années. Prendre en compte la biodiversité, c’est donc obligatoirement admettre la préservation du tout, mais avec en corollaire un principe: l’homme doit demeurer un prédateur dans le sens d’une action de régulation raisonnée. À nos portes, n’a-t-il pas donné lui-même aux espèces opportunistes l’occasion de nous envahir? N’est-il pas aussi responsable de la lourde menace supplémentaire de compétition causée par les espèces invasives ? Aveuglés par leur passion, les chasseurs ont-ils conscience qu’une croissance immodérée des populations de grand gibier constitue par exemple un danger du même ordre? Dommage que certains,a priori proches de la nature, se laissent ainsi griser par la démesure. Entre l’agitation alarmiste des adeptes forcenés du“principe de précaution”, les promesses mirobolantes de politiciens en quête d’électorat et l’ignorance butée ou les intérêts mercantiles à court terme,il faudrait être bien naïf pour oser croire aux lendemains radieux d’une humanité conquérante. Les terriens de bon sens ont-ils encore un espoir sur notre planète? Aux arguments de l’écologie radicale, réclamant l’interdiction de la chasse ou même l’exploitation des animaux domestiques quels arguments pourriez-vous opposer ? Fondamentalement, le débat s’articule autour du “refus”de la mort, à la une de l’info, mais qu’on tente de gommer de notre univers civilisé.Ce tabou,d’aucuns l’étendent au monde animal sur la base d’un anthropomorphisme entretenu par les médias : depuis Bambi, les films animaliers expliquent avec complaisance les angoisses métaphysiques

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des “mamans” et des soucis causés par leurs “bébés”, qu’ils soient “garçons” ou “filles”… Dans notre civilisation judéochrétienne revendiquant le vieux concept d’“utilisation” des animaux, il semble qu’en même temps que les lieux de culte se vident,un besoin de sacralisation se reporte sur l’animal, devenu l’objet d’une véritable zoolâtrie et pour lequel la notion de bien-être se confond avec les progrès du confort ambiant.Pourtant,le seul “bien-être”à consentir à l’animal sauvage est avant tout le maintien de l’intégrité de son milieu où il peut conserver son authenticité en continuant,seul,à développer les stratégies nécessaires à la survie de son espèce: un animal proie doit garder intactes ses facultés sensorielles, ses habitudes alimentaires,ses adaptations à la fuite,dans un environnement à l’opposé d’un univers aseptisé tel que l’imaginent ceux qui veulent lui imposer leur idée du bonheur. En l’absence de stimuli d’agression tels que la prédation, qui favorise l’émergence d’un stress salutaire, on ne peut s’acheminer que vers une régression. Qu’un animal,jeune ou âgé,disparaisse dans ces conditions,cédant la place à un autre,c’est l’impôt du sang à payer pour maintenir une qualité de vie conforme aux exigences de l’espèce.Ainsi,plus que la mort“insupportable”d’un animal, par la vieillesse ou la prédation dont la chasse est une forme,c’est la vie dont il a bénéficié qui importe et doit nous interpeller. Ceux qui rejettent la chasse en refusant la mort, se passionnent-ils réellement pour la“vraie”vie dans laquelle une pression de chasse modérée, loin de stresser négativement, apporte sa part de“garantie du sauvage”. Abandonnant nos divergences et nos extrémistes, nous devrions unir nos efforts sur des sujets d’intérêt commun tels que la préservation des zones humides, la libre-circulation de la faune (la trame verte) plutôt que d’assister aux excès d’un jusqu’au-boutisme sectaire préférant au nom d’une idéologie radicale le gazage de milliers d’oies sauvages à la régulation par la chasse…

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La chasse française est menacée à la fois de l’extérieur (montée en puissance des mouvements antichasse, des tenants du droit de l’animal) et de l’intérieur (vieillissement démographique, non-renouvellement des générations de chasseurs, etc.). À quelles conditions une chasse“durable” pourra-t-elle se maintenir dans les années qui viennent ? La diffusion de l’information à l’échelle planétaire en temps réel doit définitivement nous faire oublier l’adage “Pour vivre heureux, vivons cachés”. Dans une société hostile,au mieux indifférente,un avenir durable de la chasse dépend en partie de notre image de crédibilité et d’excellence, aussi: – Les chasseurs seraient bien avisés d’approfondir une connaissance parfois rudimentaire des animaux sur lesquels ils disposent du droit de vie ou de mort,de se préoccuper de leurs territoires en dehors des seuls jours de chasse. –En collaborant “intelligemment” avec l’administration, ils doivent s’imposer dans les diverses commissions,munis des dossiers adéquats. Répondre aux enquêtes, fournir des résultats,des prélèvements,constituent les apports utiles et indispensables à une défense cohérente et argumentée de leur passion. –Pour légitimer la chasse en tant qu’acte de prédation,à quoi bon des tableaux exubérants? Limiter l’impact aux capacités de consommation, familiale ou communautaire, offre ce double aspect d’apport alimentaire et fédérateur de groupes humains. Parce que le snobisme de mauvais aloi consistant à refuser toute pièce de venaison, l’indifférence de tireurs blasés par l’abondance,le triomphe désabusé du posté malgré tout ravi d’avoir“fait un gros douze”perturbent et amènent une interrogation: pourquoi tuer alors? – Si la chasse souffre d’un manque de recrutement, quelles perspectives s’offrent à un jeune passionné? La dramatique (et inéluctable?) raréfaction du petit gibier naturel doit-elle le condamner au statut de“tireur”,fixé à un poste assorti de plein d’interdits. Peut-il raisonnablement avoir accès à des territoires aux coûts de location devenus exubérants sous la pression de chasseurs-consommateurs en voulant toujours plus. Une chasse durable,ouverte au plus grand nombre,devrait proscrire l’artificialisation à outrance,favoriser la quête plus que le résultat,réhabiliter le couple homme-chien,promouvoir l’action sportive (chasse à l’arc et vénerie font de plus en plus d’adeptes), et les “chasses traditionnelles” en raison des connaissances qu’elles requièrent, revendiquer une éthique en respectant au mieux le gibier. Je ne peux donc pas m’empêcher de hurler devant l’utilisation, à la chasse, du téléphone portable : quel incroyable aveu d’incompétence ! Et quel bel argument supplémentaire offert aux détracteurs ! Une chasse durable, c’est aussi montrer que les chasseurs sont dignes de la mission qui leur a été confiée de maîtrise des populations sauvages,dans le respect des équilibres. C’est peut-être aussi reconnaître le bien-fondé de certaines causes à défendre en commun avec d’autres utilisateurs de la nature avec lesquels nous devrons cohabiter. ◆

Jours de C HASSE ◆

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Reportage

Cerfs sur l’Isle de France ◆

reportage et photos Alain de l’Hermite

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◆ À

LIONEL BERTHAULT

cette heure matinale les allées de notre palais des Mille et Une Nuits sont désertes. Le calme et la volupté.Tenus au bouton par une armée de jardinières, les jardins du Mövenpick prennent des allures de paradis terrestre. Une énigmatique musique indienne interprétée en sourdine compose avec le murmure du lagon un authentique chant des sirènes. Celles-ci se matérialisent même en prenant l’apparence des hôtesses au sourire éclatant croisées en chemin, drapées d’impeccables saris safran.Ne baissons pas la garde,car nous pourrions bien succomber à la tentation du farniente sur le ruban blanc de la plage à laquelle résolument nous tournons le dos. Car rien ne pourrait nous faire renoncer à retrouver Lionel, le grand ordonnateur de notre périple: aujourd’hui, pour nous il a organisé une rencontre avec“ses”cerfs de l’île Maurice – prononcez « cerfes » –, les célèbres spécimens de Java,importés en 1639 par le Hollandais Adrian

UNE VUE DU TERRITOIRE DE CHASSE DEPUIS

LA MONTAGNE, AU CENTRE, LE RENDEZ-VOUS DE CHASSE.

EN HAUT À DROITE, GRAND CERF EN PÉRIODE

DE BRAME, LE VOLUME DE CETTE COIFFE A POUR BUT D’IMPRESSIONNER LES ADVERSAIRES.

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Cerfs sur l’Isle de France

Van der Steel.Les enclos situés au SudEst au pied de la montagne du Lion auraient cédé à l’occasion d’un cyclone au coursdelasaisonchaude.Depuis,lescerfs ont fait souche, avant les hommes! Nous sommes à la mi-juillet et le brame devrait juste débuter sous l’effet conjuguéd’unemodificationdelalumière et d’une baisse de la température.À cette date les plus beaux sujets perdent un peu de leur méfiance coutumière pour quitter la protection de la forêt primaire. Alors en réponse à un appel irrépressible et contradictoire, ils engagent des combats mortels pour transmettre la vie. Souslavastevarangueàl’oréedel’hôtel, Lionel nous attend. Élancé, la démarche volontaire, la “boule à zéro” et ces yeux pétillants m’ont,dès notre première rencontre il y a quelques années

DÉPAYSEMENT GARANTI SOUS LA VARANGUE,

ON LÈVE SON VERRE À

Grand-Grenier

SAINT-HUBERT (À GAUCHE, Zone de chasse LIONEL BERTHAULT). CI-DESSOUS, PALMIERS ET choses”,instilléessavamment,ilveutavant CANNE À SUCRE. PAGE DE DROITE, LE DÉBUT toutinculquerlapassiondesonîle.Aussi, D’UNE APPROCHE, LE GARDE-CHASSE DE BELauboutdequelquessorties,lesroussettes, OMBRE, ET, EN DESSOUS, MAKO LE CHIEN les mangoustes,bien sûr les cerfs rusa et AVEC LIONEL BERTAULT (À DROITE).

en Turquie, rappelé Yul Brynner (le regardinquiétantenmoins!)devenuguide de chasse. Pour notre divin chauve, habitéparlefeusacré,unauthentiqueguide dechassenesecontentejamaisdurésultat pour le résultat. Il doit apporter et donner quelque chose d’autre… Grâce à une multitude de petites “leçons de

les cochons marrons,mais encore les geckos, les mouches jaunes, les goyaviers et lesfilaos,lacanne,nesemblerontplusavoir de secrets pour nous. Pour l’heure,Lionel nous salue d’un « Hé ! man… » habituel ; nous sommes heureuxdenousrevoir.Sanstarder,ilnous présente Mako son jeune chien.« Cé copainAlain,Mako,cé copain… ».En créole


SUR LA ROUTE, NOUS CROISONS RÉGULIÈREMENT DES CAMIONS DONT LE PLATEAU DÉBORDE DE FEMMES EN TRANSIT ENTRE DEUX CHAMPS DE CANNE À SUCRE… dans le texte. Juste le temps à Mako de me céder la place du passager avant du pick-upToyotaetnousvoicienroutepour lapropriétédeBel-Ombreoùilofficiedepuis quatre ans. Étonnant ce Mako. De Mako, en effet, Lionel a décidé de faire un vrai chien de sang, avec de très prometteurs premiers succès de recherche. « Bon sang ne saurait mentir », nous dira-

t-il.Au vrai,son chien est sûrement l’un des descendants des meutes qui ne durent leur survie qu’à leur talent de chasseur (comme d’ailleurs les dingos en Australie).Après le départ des premiers habitantsHollandaisen1710,cesmeutes décimèrentlescerfsdel’îleMaurice.Dernière île de l’archipel des Mascareignes après l’île Bourbon et Rodrigues à deve-

nir française en 1715 et propriété de la Compagnie française des Indes,“l’Isle deFrance”dutsupprimerlescanidés.Apparemmentpastoussil’onsefieauxnombreux chiens errants, si souvent estropiés lors des collisions automobiles, lorsque l’on se promène du côté de BelOmbre en direction de Baie-du-Cap. À la sortie de l’hôtel situé au Sud, nous prendrons à droite direction Chemin-Grenier. À Maurice, beaucoup de noms de lieux correspondent à des souvenirs métaphoriques aujourd’hui oubliés de l’époque française.Sur la route, nous doublons régulièrement des camions dont le plateau déborde presque essentiellementdefemmesentransitentre deuxchampsdecanneàsucre,latêteprotégée d’une capuche et recouvertes de piedencapedevêtementsdepluie.Nous apprendrons qu’elles travaillent depuis 3heuresdumatin,pourunejournéede… douzeheuresconsécutives…Moinsd’un quart d’heure après le départ du Mövenpick, Lionel engage son Toyota sur la gauche.Bientôt nous serpentons au milieu des pieds de canne à sucre, sur une roide piste de terre rouge semblable à la terre africaine. Soudain, un couple d’oiseauxfrôlelepare-brisesansquejepuisse réprimer le besoin d’annoncer « perdreaux!».«Onledirait,maiscesontdesfrancolins gris »,précise aussitôt Lionel.Bientôt,c’est au tour d’un lièvre de traverser la piste avant de s’évanouir dans la forêt de canne. À s’y méprendre le décor ressemble à la… Beauce! >>

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Aumomentdedébouchersurleplateau, tout change, le spectacle est à couper le souffle. Sous l’effet du soleil levant,les panicules des cannes recouvrent la montagne d’en face d’un linceul d’argent. On dirait qu’il a neigé ! Le franchissementd’uneportecanadiennenous rappelle la présence des cervidés cachés depuisleleverdujourpourruminerdans la forêt vierge, mais aussi qu’à Maurice, les territoires sont clos,et dépassent souventallégrementles5000hectares.Après avoirfaitbombancelanuitdesgraminées ligneusesetsemi-ligneusesdontellessont friandes,les hardes de cervidés regagnerontlesplainesaumilieudujour.Letemps de garer la voiture derrière le bungalow à la fois rendez-vous de chasse et camp de base luxueux de nos futures expéditions.Lebâtimentdisposedetoutconfort et l’on peut même y dormir. Il se situe au sud des 3000 hectares d’un territoire dont la forme rappelle un peu un porcépicdontlatêteinclinéeindiqueladroite. Le côté nord ouvre comme il se doit sur une varangue “maison dans le jardin et jardin dans la maison” aux colonnes de boisavecunbarextérieur.Del’autrecôté, au sud du lodge,l’océan,au premier rang duquelapparaîtlabarred’écumeblanche du lagon,frontière de la haute mer.D’un côté ou de l’autre, on s’imagine alors dans la douceur du soir au retour d’une expédition,toutàseremémorerentreamis et autour d’un verre l’approche du jour, et de rêver à quelque animal fabuleux,

LIONEL BERTHAULT

Cerfs sur l’Isle de France

sons un Mauricien,il ne manque pas de nous demander : « Première fois Maurice?»LepavillondechassedeBel-Ombre est son pré carré,ses prérogatives consistentàveilleraubien-êtredeseschasseurs. À les satisfaire avec ses délicieux caris de cerfmijotéspendantdesheuresdechasse afin qu’ils se reconstituent le jarret.

un cerf aux merrains énormes et aux“jetées” démesurées entraperçu au détour d’un sentier. Aussitôt le seuil franchi de la porte, le maître des lieux, qui répond au nom de Dinesh, nous souhaite la bienvenue avecsonlargesourire.Commechaquefois depuis notre arrivée lorsque nous croi-

APRÈS AVOIR FAIT BOMBANCE LA NUIT DE GRAMINÉES LIGNEUSES ET SEMI-LIGNEUSES, LES HARDES DE CERFS REGAGNERONT LES PLAINES AU MILIEU DU JOUR…

DES PAYSAGES À COUPER LE SOUFFLE

ON DIRAIT QU’IL A NEIGÉ. SOUS L’EFFET DU SOLEIL, LES PANICULES DES CANNES DEVIENNENT UN LINCEUL D’ARGENT. CI-DESSUS, UN GRAND CERF ACCOMPAGNÉ DE SON ”POISSON PILOTE”, LE MARTIN. PAGE DE DROITE, LE MÊME MARTIN, MAIS CETTE FOIS EN GROS PLAN, ET QUI SEMBLE NOUS SCRUTER.


Comme tous les Mauriciens rencontrés durant ces deux semaines trop vite écoulées,Dinesh est d’une indicible hospitalité doublée d’une gentillesse naturelle. À telle enseigne que le lendemain de notre rencontre il nous conviera à assister à un mariage traditionnel indien dans sa famille. Dans la salle à manger deux hommes attablés termine le petit déjeuner. Lorsqu’ils se lèvent, intérieurement nous esquissons un sourire en constatant leur parenté physique avec Don Quichotte et Sancho Pança. Le grand, sec et maigre,c’est Martin,un jeune guide tchèque et ami de Lionel;comme lui,il mérite le qualificatif d’esthète de la chasse. Quant à son compagnon replet,il a débarqué avec sa femme et ses deux jeunes enfants. C’est un amateur de têtes bizardes – biscornues en créole – qui souhaite tirer un trophée record,pour compléter une collection proprement inimaginable entre markhor de Bokhara,argali desTian Shan,mouflons rouges,cerf rouges d’Anatolie,urials,ibex… On pourraitimaginernotrehommeatteintd’uneincurableetdétestable trophéïte,pourtant il n’en est rien.Lionel me dira même sur le ton de la confidence: « C’est un vrai chasseur,un fou de l’approche,sa présence m’honore.» Roman est un révélateur de l’évolution de la chasse à Maurice. Pendant des décennies des chasseurs sont venus envillégiaturesanspouvoirprofiterdesopportunitésdechasser petit et grand gibiers. « En fait,il y a sept ans rien n’était possible par manque d’organisation »,se souvient Lionel.Pourtant s’il est un endroit au monde pour un chasseur où il est possible de conjuguer lesplaisirsfamiliauxetpassion cynégétique,c’estbienici.Tout au long,en effet,des deux saisons de l’année, soit pendant lasaisonchaudedenovembre à avril, soit l’hiver de mai à octobre, rares sont les jours

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Cerfs sur l’Isle de France MIRADOR NATUREL

BEL-OMBRE. CI-DESSOUS, OBSERVATION D’UNE PLAINE AU BIOTOPE AFRICAIN. À GENOUX DEPUIS NOTRE PROMONTOIRE, NOUS REGARDONS LES CERFS À L’ABRI DE L’UN DE AU FOND LA CASCADE DE

SES MAGNIFIQUES FILAOS COURBÉS QUALIFIÉS

“D’ARBRE À MUSIQUE” PAR BAUDELAIRE.

MALGRÉ NOTRE DISCRÉTION ET NOS SENS EN ÉVEIL, LA DEUXIÈME PRAIRIE VISITÉE RESTE VIDE ! POURTANT LE TERRITOIRE COMPTE À PEU PRÈS 2 500 ANIMAUX. où l’on ne puisse profiter de la clémence du temps. Si à Gris-Gris, on s’imagine en Bretagne à peine plus loin on se retrouve en Polynésie. C’est tout simplement unique! Trêve de rêveries,car déjà,nous emboîtons le pas de Lionel pour aussitôt prendre la direction du nord-ouest afin d’éviter au maximum l’alizé. Générale-

ment il souffle du sud-est. Ce matin, le vent est très faible, en notre faveur, élément essentiel d’une approche réussie. EndirectiondeDalsing,lapremièreprairie est vide. Discrètement, nous foulons du pied l’une des spécificités de BelOmbre:la qualité de ses pâtures.Ce sont elles qui font les beaux cerfs, des animaux au poids et aux trophées souvent

supérieursàceuxrencontrésdansl’Ouest. Là-bas,lebiotopeestdiamétralementopposé,le sol plus sablonneux a développé une savane arbustive un peu comme on larencontreenAfrique.Àrebours,ausud, « les pluies nocturnes associées à la chaleur du jour améliorent grandement la photosynthèse,donclaqualitédesherbages»,nous expliquera Lionel. Il nous avait aussi éclairésurlaterminologiepropreàMaurice pour les « cerfes ».Ainsi,la jetée,c’est le nom donné à l’andouiller le plus long destroisdechaquemerrain,composéd’un andouiller de massacre et d’une enfourchure. Bref, un beau six cors régulier de 30 pouces méritera alors le qualificatif créole de cornard ou bayard. Malgré notre discrétion et tous nos sens en éveil, la seconde prairie visitée demeure vide ! Pourtant le territoire compte environ 2500 animaux, avec un prélèvement annuel important entre 800 et 1000 cerfs « afin de faire chuter la population dans le but de l’amélioration de la qualité des trophées ». Comme pour le cerf élaphe, la gestion consiste à tirer chaque saison un tiers de jeunes,un tiers de biches et un tiers de cerfs seulement


de la classe d’âge comprise entre 2 et 3ans ainsi que les cornards, c’est-à-dire les grands cerfs de plus de 8ans (« Quand les trophées atteignent les 30 pouces »). Au détour du contournement d’une de ses parcelles à l’étonnante architecture façonnée par l’homme afin de limiter l’érosion,nous observons un premier groupe d’une vingtaine d’animaux mélangés.À genoux depuis notre promontoire, nous les regardons à l’abri de l’un de ses magnifiques filaos courbés qualifiés « d’arbre à musique » par Baudelaire.

COMPORTEMENT GRÉGAIRE

LIONEL BERTHAULT

PARMI CETTE HARDE NOUS OBSERVANT, ON DISTINGUE UN JOLI “BISCORNU” (TÊTE BIZARDE EN MAURICIEN). ET, CI-DESSOUS, SCÈNES D’APPROCHE EN FORÊT ET DE BRAME.

Dans quelque temps sur les places de brame auront lieu de furieux combats entre des animaux qui, à Bel-Ombre, pèsent jusqu’à 160 kilos. Si les luttes à mort son rares, les blessures engendrées par leurs jetées acérées comme des épées sont souvent gravissimes à cause des risques d’infection. Nous savourons à plein poumon les plaisirs d’être ici,cette sensation de nous fondre dans les éléments pour maintenant faire partie de cette nature, dont hier encore nous ignorions encore tout. Nous sommes bel et bien des « guetteurs d’ombre », chers à Pierre Moinot. Sur le sol, les nombreux volcelests attestent d’une sévère présence de cochons marrons.Lecochonmarron?Onl’oubliemais cet animal originaire d’Indonésie a également été importé en 1639 avec les cerfs de Java. Un peu éclipsé par le cerf, c’est un authentique gibier.Toujours libre car aucunedesclôturesérigéesaprèslaguerre pour contenir le braconnage du cerf –la viande la plus consommée sur l’île Maurice– et surtout les dégâts des cervidés dans les champs de canne à sucre ne peuvent canaliser les sangliers. Notre marron pèse entre 45 et 60 kilos mais peut parfoisatteindredesrecords.Pourpreuve Lionel a tiré à l’arc un sanglier de 120kilos.L’année dernière il a fait tirer un véra de 90 kilos dans sa souille. Malheureusement la balle avait glissé sur l’armure du“sanglierd’Érymanthe”.Unesemaine après jour pour jour alors qu’il récupérait près de ladite souille un cerf de 2 ans

En guise de musique,nous parviennent quelques plaintes aiguës caractéristiques des faons, pour retrouver leur mère. Maintenant, nous réapprenons à utiliser nos yeux,depuis une corne de la forêt primaire:silencieusement un autre groupe a rejoint le premier. Une cinquantaine d’animaux de toutes tailles de tous sexes se sont regroupés et à porter de main.Il s’agit d’un comportement grégaire caractéristique du cerf de Java. Aussi lors des battues, les tioulas mauriciennes entre juin, le début de la chasse et fin septembre, il faut être particulièrement vigilant lors des tirs. La fragmentation d’une balle risquerait de blesser plusieurs animaux. Une précautionquirestevraiepour le tir d’approche. De même en battue, nous vérifierons qu’il n’est pas aisé dans le feu de l’action d’établir, lorsque l’onn’estpasmauricien,ladifférenceentreunebicheadulte de 80 kilos et une jeune biche. Paslemoindresignedebrame; quelques grands cerfs, des 30poucesdeplusde8anssemblent pour l’instant cohabiter.Ilsn’ontpasencoreconstituéleurharpail. Seule particularité qui indique la proximitédubrame,lesmâlesontchangé d’habit.Depuis le marron clair,leur couleur est devenue en juin presque chocolat où l’on remarque distinctement le blancdelaservietteauniveaudelagorge.

Jours de C HASSE ◆

HIVER 2009


Cerfs sur l’Isle de France

DES CENTAINES D’ANIMAUX

PLUSIEURS MÂLES ADULTES ENSEMBLE, LE BRAME N’A PAS DÉBUTÉ. À DROITE, ATTITUDE D’APPROCHE. CI-DESSOUS, LE BONHEUR DE ROMAN ET DE LIONEL BERTHAULT AUTOUR D’UN TROPHÉE DE TOUTE BEAUTÉ. PAGE DE DROITE UN JOLI COCHON MARRON, SANGLIER QUI A ÉTÉ INTRODUIT EN MÊME TEMPS QUE LE CERF DE JAVA PAR LES

HOLLANDAIS AU XVIIe SIÈCLE.

tiréparunchasseur,deuxdétonationssurprennent les deux hommes.Julien le secondetadorableguidedeBel-Ombrevenait de tuer une seconde fois le sanglier: un bel animal de 90 kilos plein de cicatrices, une oreille esquintée, borgne, la queuecoupée,maisdebellesdentscertes usées et émoussées mais bien larges à la base. Cespenséescynégétiquessontàmille coudéesdenousavoirdétournésdenotre approche.Agréablementlesrayonsdusoleil nous réchauffent, tandis que l’alizé pousse des cumulonimbus si gros qu’ils

ne semblent pas pouvoir enjamber la montagne.Ducoindel’œil,j’observeLionel les yeux mi-clos, on l’imagine demander conseil à la terre pour s’inspirer de son parfum, mélange des odeurs génésiquesdubrameetdelaboueargileuse. Nousrepartons.L’ombred’uneroussette, le seul mammifère endémique de l’île Maurice,instinctivement nous fait baisser la tête. Vers le haut vers Valriche, là où la forêt devient plus dense avant de mériter le qualificatif de forêt vierge vers lelieu-ditCochon-Carreau,nouscroisons plusieurs très beaux cerfs. On imagine Romanbouillirintérieurement.Pourquoi Lionel ne décide-t-il pas de finaliser une approche sur l’un d’eux? Pourtouteréponse,nousauronsdroit à « pendant des semaines on ne voyait plus rien,maintenant avec le brame les gros sortent».Nousfaisonsattentionànepasnous fairerepérerdesmartinsvéritables“poissons pilotes des cervidés”. S’ils se char-

gent de nettoyer les cerfs des tiques, ils font aussi office de sentinelles. Ses sempiternelles Leica collées aux yeux, Lionel vient de tomber dans une sorted’arrêtcataleptique,tandisquenous patronnons derrière lui. À environ 400mètres, un animal couché avec des merrains longs,épais,et de quelle envergure! Les minutes d’observation semblent des heures. Roman et Lionel se parlent,nous comprenons que cette fois, c’est le bon.À bon vent pour la phase la plus périlleuse de notre approche, nous nous forlongeons en lisière d’une langue de bois en guise d’écran protecteur. Le murmure d’un ruisseau invisible nous protège d’un craquement accidentel… Courbés en deux, nous avançons, nous ramponsentrelesgoyavierslorsquenous dérangeons un énorme véra. Lorsqu’il prend son parti pour traverser la plaine, c’est nous qui devenons gibier. C’est un harpail de trente-cinq paires d’yeux qui


Nous remercions Lionel Berthault sans lequel ce reportage n’aurait pu avoir lieu.Renseignements:Le Chasseur Mauricien - Lionel Berthault, Manick Lane-Palma Road,Quatre-Bornes,île Maurice. Rens.:00.230.746.83.70.Email:leechasseurmauricien@hotmail.com

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scrutent sous les frondaisons la cause de dérangement. Un ennui n’arrive jamais seul a-t-on coutume de dire… Nous risquonsrapidementd’expérimentercetaphorismeànosdépens. En effet, en guise de solitaire, nous venions de déranger une laie, quatre marcassins qui nous lancent d’incompréhensibles injures lorsqu’ils démarrent dans notre dos. Notre nervosité augmente, même si seules les biches continueràs’interroger.Sansdoutedérangéeparlesmouches stomocks, l’une d’elle commence à se gratter, diversion inespérée,aussitôtlatensiondugroupesembleretomber.Quant à notre cerf, peut-être épuisé des suites d’un combat, il apparaît dégagé de toute contingence terrestre. Comme l’indique le télémètre des jumelles,il est précisément situé à la distanceidéaledecentmètres.Depuisunquartd’heurenous sommes immobiles recroquevillés ; les articulations deviennent douloureuses. Lorsqued’unmouvement mesuré de la tête simultanémentàunclignement d’yeuxLionelintimeàRoman de passer à l’action. Lefûtdelacarabinemaintenuparunbaliveau,laposition de Roman trahie unesolideexpérience.Imperceptiblement, il fait glisser la sécurité, simultanément sans raison humainement perceptible le grand cerf se lève.Il reste masqué par une biche qui tôt ou tard… Dans les araucarias, le cri d’un macaque fait écho à la voix de la carabine. Le silence revient dans l’amphithéâtre de Bel-Ombre. Nous le goûtons avec humilité, car c’est un seigneur qui vient de tomber… ◆

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L’ÎLE A SURGI IL Y A 7 MILLIONS D’ANNÉES

PHOTOS : MARC CHARUEL - ALAIN DE LʼHERMITE

LES HOLLANDAIS SE LANCÈRENT AU XVIIe SIÈCLE DANS LA CULTURE DE LA CANNE À SUCRE, QUI RESTERA LONGTEMPS UNE DES PRINCIPALES RESSOURCES DE L’ÎLE. CI-DESSOUS, TAXI À L’ENTRÉE DU QUARTIER CHINOIS DE PORT-LOUIS, LA CAPITALE, UN PÊCHEUR À BEL-OMBRE. ET UNE PLAGE CARACTÉRISTIQUE DE MAURICE.


TOURISME

To u r i s m e

Île Maurice

Le parfum du soleil

HERITAGE IMAGES/LEEMAGE

D

par Tristan du Solier

ans un quatrain,Baudelaire raconte une rencontre mauricienne: Au pays parfumé que le soleil caresse, J’ai connu sous un dais d’arbres tout empourprés Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés […] Pour nous, il évoque ici une métaphore de l’émotion du voyageur qui accoste pour la première fois à Maurice. Car, depuis 1841, l’année du voyage initiatique du poète, depuis Bernardin de Saint-Pierre un siècle avant,Maurice envoûte toujours autant le visiteur.Et si cette île de l’océan Indien continue de fasciner c’est parce que “la perle des Mascareignes” sertie dans la turquoise de l’anneau de son lagon est unique. “Étoile et clé de l’océan Indien”, selon sa devise,l’îleauraitsurgidesprofondeursdel’océan il y a 7 millions d’années. Depuis bien longtemps, au moins 100000 ans, le volcan originel s’est éteint. Point de passage obligé située sur la route des Indes dont quatre mille kilomètres la sépare,l’île Maurice a été très convoitée de longue date. On a coutume de dire que l’île fut découverte, mais non occupée, par les Arabes dès le Xe siècle. Cependant il faudra attendre le début du XVIe siècle pour voir apparaître sur les cartes le nom de l’île des Cygnes après les explorations dePedrodeMascarenhas.Ils’écouleraencoreplus d’unsiècleavantl’arrivéedesHollandais.Enl’honneur de Maurice de Nassau, ce sont eux qui lui donneront son nom. Exploitée outrageusement, la flore fut pillée notamment le bois d’ébène ; À GAUCHE DANS L'OUEST DE L’ÎLE, RÉCOLTE TRADITIONNELLE DU SEL, ET, À DROITE, UNE VUE DU PORT COMMERCIAL DE PORT-LOUIS. AVEC LA FORME D’UN HARICOT FORTEMENT PEUPLÉ DE 1,2 MILLION D’HABITANTS, L’ÎLE POSSÈDE LA SUPERFICIE D’UN PETIT DÉPARTEMENT FRANÇAIS. SI ELLE CONTINUE DE FASCINER C’EST PARCE QUE “LA PERLE DES MASCAREIGNES” SERTIE DANS LA TURQUOISE DE L’ANNEAU DE SON LAGON EST UNIQUE.

bien pire,le dodo à jamais l’emblème de l’île devaitdisparaîtreenmoinsdedeuxsiècles.Encontrepartie, les Hollandais se lancèrent dans ce qui resteralongtempsl’unedesprincipalesressources, la culture de la canne à sucre. En 1710 une série de cyclones et les maladies sonnèrent définitivement la retraite hollandaise de Maurice,au profit du cap de Bonne Espérance.Cinqansplustard,lesFrançaisinstalleront une base à Maurice pour protéger leurs navires des actes de piraterie perpétrés sur la route des Indes.Maurice devient alors l’Isle de France.De la rencontre des premiers colons et de leurs esclaves devait naître le créole, la langue actuelle, même si la langue officielle est l’anglais.L’Isle de France va connaître un développement considérable.Port-Louis,la capitale,voit le jour,l’industrie du sucre prospère dans le sillage de la canne, de même que celle du coton et de l’indigo. Depuis, on visite avec plaisir ce qui demeure l’un des plus beaux jardins botaniques au monde: le jardin des Pamplemousses. Après les guerres napoléoniennes, la France perd sa suprématie dans la région.Avec le traité de Paris en mai 1814, l’Isle de France redevient Mauritius. Mais la nouvelle puissance coloniale s’engage à respecter les traditions des colons français.Sans doute est-ce la raison pour laquelle les villages et lieux-dits conservent le souvenir des premiers colons normands, bretons ou lorrains.Ilss’appellentRivière-Noire,l’îleauxCerfs, Trou-d’Eau-Douce, Souillac… Après l’aboli-


PHOTOS : CUBOIMAGES/LEEMAGE - ALAIN DE LʼHERMITE

Île Maurice Le parfum du soleil

L’ÎLE MAURICE AFFICHE SES COULEURS

tion de l’esclavage en 1835,les coolies indiens cédèrent aux sirènes mauriciennes et débarquèrent dans l’industrie sucrière. Si le nom d’esclave n’avait plus cours les conditions de travail demeuraient les mêmes.Aujourd’hui,si Maurice fait toujours partie du Commonwealth,l’île est indépendante depuis 1968, et elle a acquis, en 1992, le statut de république.Aujourd’hui, les Mauriciens d’origine indienne représentent presque 70 % de la population,complétée des Sino-Mauriciens,des Créoles et moins de 2 % des descendants des colons français. Avec la forme d’un haricot fortement peuplé de 1,2 million d’habitants, l’île possède la superficie d’un petit département français.Il peut sembler aisé d’en faire le tour avec 65kilomètres de long pour 45 de large. Pourtant, lors des déplacements mieux vaut compter en heures plutôt qu’en kilomètres. Les encombrements et le réseau routier n’autorisent pas de moyennes élevées. Si l’on ajoute la conduite à gauche, la meilleure solution lors des déplacements touristiques est denégocierunforfaitauprèsdesnombreuxtaxistrèsserviables. Il serait en effet dommage de ne pas entrecouper un séjour mauricien d’escapades pour les nombreux centres d’intérêts naturels et culturels de ce jardin d’Éden. Bien sûr, on songe de prime abord à ces plages qui ont fait le tour du monde. La raison? La présence d’une barrière de corail.Comme elle brise les fureurs de l’océan,elle permet auxamateursdepratiquerentoutequiétudemoultsportsnautiques dans une eau tempérée. Pour les Mauriciens, traditionnellement le lagon représente un garde-manger naturel où navigue une myriade de poissons déguisés des couleurs du carnaval au milieu des coquillages. >>

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Jours de C HASSE ◆

Carnet de voyage Que faire avant? Un voyage à l’île Maurice peut presque se décider au dernier moment. En effet jusqu’au 30 juin, il vous suffit pour vous y rendre d’une simple carte d’identité valide six mois après le retour du voyage.Vous devrez également posséder un billet d’avion pour le retour et justifier d’une réservation ferme d’hébergement. À l’arrivée une autorisation (Landing Permit) correspondant au séjour est octroyée par les services de l’immigration. Elle devra être présentée lors de la sortie du territoire. Aucun vaccin n’est nécessaire depuis l’Europe. De plus il n’y a pas de risque de paludisme ni à Maurice, ni à Rodrigues. Comment y aller? Air Mauritius assure 2 à 3 vols

PRINTEMPS 2010

par jour depuis RoissyCharles-Gaulle, terminal 2C. Certains vols sont en accord avec Air France. La durée du vol est d’une douzaine d’heures. En juillet, période de la chasse, nous avons trouvé des billets aux alentours de 600 euros. Quelle monnaie? La devise est la roupie mauricienne; la parité est approximativement de un euro pour 41,5roupies La chasse sur place… Pour tous renseignements, contactez Martine Berthault par l’intermédiaire du site du Chasseur mauricien. Les chasseurs ne pourront pas importer leur carabine. Bien sûr, Lionel Berthault tient à leur disposition plusieurs modèles aux calibres adaptés. Où se renseigner? www.tourism-mauritius.mu www.sunresortshotels.com www.lechasseurmauricien.com


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Île Maurice Le parfum du soleil Quel que soit l’endroit où l’on séjourne,il ne faut pas hésiter à entrer dans les terres.Pour partir,par exemple,à l’assaut des 556mètres du Morne-Brabant dont le panorama est unique. Ici même où en 1835 lors de l’abolition de l’esclavage, les nègres marrons prirent peur et se précipitèrent dans le vide lorsqu’ils virentlessoldatsvenusleurannoncerleur liberté. De récentes fouilles ont mis à jourdesossementsquiprouveraientl’appartenance de cette tragédie à l’histoire de Maurice et non plus à la légende. AinsideFlic-en-Flac(lireaussici-dessous) à l’ouest,il est tout aussi facile de découvrirl’écotourismeaccompagnédes gardes forestiers du parc national des gorgesdelaRivière-Noire.Auseindupremierparcnationalmauriciencrééen1994, vous rencontrerez la faune et la flore

presqueidentiqueautempsdespremiers hommes. Ici subsistent 150 variétés de plantesendémiquesdontleboisd’ébène, le bois de natte ou le bois fer… Peutêtre apercevrez-vous le rarissime pigeon rose dont il ne subsistait seulement vingt représentants en 1975.En y admirant le vol de l’élégant paille-en-queue,on comprend pourquoi il est devenu l’emblème de la compagnie nationale d’aviation. Un jeudi ou un dimanche jours traditionnels de marché, n’oubliez pas de retenir un taxi pour pousser jusqu’à Quatre-Bornes.Là à prix modique,vous pourrezrenouvelertouteslescotonnades de votre garde-robe. Finalement où que l’onsetrouvesurl’îleMaurice,onretrouve ce sentiment de plénitude et de sérénité sans doute exacerbé par l’éternelle douceur du climat. ◆

Le Sugar Beach à Flic-en-Flac

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PHOTOS : SUGAR BEACH RESORT - ROSSI GUIDO/SIPA

A

Maurice, il peut sembler bien difficile d’échapper au charme des grands hôtels surtout s’il se nomme Sugar Beach synonyme de calme et volupté. Situé sur le lagon ouest bordé comme il se doit d’une plage de sable blanc, il semble sous la protection du Corcovado local, le Morne-Brabant. En août 2008,ce 5 étoiles a rouvert ses portes à proximité du petit village de Flic-en-Flac sur le lagon.Architectes, décorateurs d’intérieur ont accompli un travail en commun pour offrir non seulement la plus belle mais encore la plus agréable des villégiatures. Dans la plus pure tradition mauricienne, le thème choisi est celui d’une plantation sucrière. Avec“la mer omniprésente”ourlée d’une plage privée sur un kilomètre.Au milieu d’un jardin botanique de 12 hectares, 16 villas pastel s’égayent autour d’un manoir sur un gazon verdoyant au milieu des palmiers. Là un personnel est à l’écoute du moindre des desiderata des“invités”. Une grande variété de restaurants nous propose de voyager grâce à la gastronomie. C’est le restaurant traditionnel Mon Plaisir ou l’italien Citronella’s Café quand le soir à la lueur des flambeaux le lagon se transforme en lagune vénitienne. Il faut venir au bar du Tides le soir prendre un daïquiri en écoutant du séga lorsque le soleil transforme les palmiers en flamboyants. D’ici, le coucher de soleil est“le plus beau

de l’île Maurice”, a-t-on coutume de dire. Et cela n’a rien d’un mauvais slogan publicitaire. Là-bas, en direction du jardin de Mon Plaisir pourrait bien apparaître la silhouette d’Hemingway de retour de Rivière-Noire après un combat épique contre un « marlin si grand ». Une façon de rappeler qu’ici chaque année les amateurs de big game fishing viennent en pèlerinage. À Tamarin, on trouve également le plus beau spot de surf de l’île.On pratique aussi beaucoup le sport au Sugar Beach dehors ou à l’Aura Fitness équipé de machines dernier cri. Que l’on vienne au Sugar Beach en couple ou en famille, il est une institution

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

à ne manquer sous aucun prétexte: le spa dit Aura Spa. Que l’on choisisse un shiatsu ou un massage exotique pratiqué par des thérapeutes professionnels dans une suite privée tout est ici prévu pour mettre d’aplomb le corps et l’esprit. Mais la grande fierté du Sugar Beach est de posséder une institution: le plus grand et le plus beau hammam de l’île. À découvrir de toute urgence. Sugar Beach Resort Wolmar,Flic-en-Flac,Maurice Tél.:00.230.403.3300. Sur Internet:http://www.sugarbeachresort.com Email:info@sugarbeachresort.mu


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Découverte ◆

L’appel du maral anatolien

L

TURQUIE ABRITE DE SOLIDES POPULATIONS DE GRANDS CERFS. NOUS SOMMES ALLÉS LES CHASSER AU MOMENT DU BRAME DANS LE “PAYS OÙ LE SOLEIL SE LÈVE”… A

reportage et photos Guillaume Beau de Loménie

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COLLINES ET PAYSAGES D’ANATOLIE, MAISONS TYPIQUES EN BRIQUE ROUGE ET UNE MOSQUÉE DANS LA CAMPAGNE.

PAGE DE GAUCHE,

L’UN DES NOMBREUX CERFS RENCONTRÉS AU COURS D’UNE APPROCHE.

UNE APPARITION

TOUJOURS SPECTACULAIRE.

◆ A

u terme de la longue descente amorcée,quelques milliers de mètres plus haut dans un ciel immaculé,l’ancienne et morne bourgade provinciale, devenue capitale en 1923 par la grâce d’Atatürk père fondateur de la République turque,surgit brusquement sous le ventre de l’avion,au beau milieu de la steppe anatolienne. Ankara dévoile ses avenues tirées au cordeau et ses alignements de buildings aux styles disparates,impersonnels et sans grâce, sous le soleil encore chaud de cette après-midi d’octobre.Ankara,il faut bien le reconnaître,n’incite ni à la promenade,ni moins encore à la rêverie ou à la méditation, à rebours de tant de villes et de sites de Turquie. Les immensesrichessesarchéologiques,disséminéessurtoutel’étendue du vaste territoire,viennent en effet constamment rappeler au voyageur la place prépondérante de l’Asie Mineure dans l’histoire de l’Occident,et dans celle de la chrétienté,qui s’épanouit, bien longtemps avant celui-ci, sur cette terre aujourd’hui vouée à l’islam… Mais nous ne songeons pour l’heure à partir à la découverte de ce riche passé dont on peut découvrir ici et là quelques vestiges au cœur même de la ville moderne, et qui rappellent la place qu’occupa Ankara dès l’Antiquité dans l’histoire de la Turquie. Nous avons en effet rendez-vous au nord de la capitale avec l’un des gibiers les plus emblématiques de cette région de la Turquie, le cerf maral (Cervus elaphus maral). Nous devons encore pour cela parcourir près de deux cents kilomètres,et il est grand temps que nous nous mettions en chemin.L’état des routes et la nuit,en certaines régions reculées, s’allient souvent en Turquie – comme dans toute cette partie du monde – pour faire d’un itinéraire et d’une distance, même anodine, une expédition au long cours dont il est parfois difficile de prévoir sinon l’issue, du moins la durée. Aussi prenons-nous place dans l’antique Renault 12 que laTurquiecontinuedeproduirepourtant,etdontlemoteurhors d’âge,hybride de gaz et d’essence,semble prêt à chaque montée à rendre l’âme dans un dernier hoquet. Notre véhicule, peint d’un jaune vif agressif qui est la marque des taxis turcs, nous a été dépêché par Kaan Karakaya qui préside aux destinées de l’agence de chasse Shikar Safaris. Kaan, retenu par la chasse du maral et l’un de ses clients,a choisi de confier notre sort à un vieil homme dont le visage affiche ce profil turc si caractéristique, avec ce nez busqué orné d’une moustache grise fournie et en broussaille. Avec la nuit qui ne tarde plus à tomber, nous découvrons que la fonction première de la bande blanche est de guider notre homme dans cet exercice périlleux qu’est la conduite de nuit sur une route traversée par des vaches en rupture de ban, ou occupée par des camions tous feux éteints,stationnés sur… la chaussée elle-même! Ainsi,et en dépit du trafic intense,ins-

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DÉPART

POUR LA CHASSE.

ET, CI-DESSUS, KAAN KARAKAYA, L’HOMME QUI PRÉSIDE AUX

SHIKAR SAFARIS, UN VIEUX

DESTINÉES DE

PAYSAN ET UN GUIDE TURC.

NOUS NOUS

ACHEMINONS LENTEMENT JUSQU’AU

PIED D’UNE AUTRE

COLLINE AU SOMMET DE LAQUELLE NOUS AVONS ENTENDU RAISONNER HIER L’APPEL D’UN CERF QUE NOUS AVONS JUGER DIGNE D’INTÉRÊT… PAGE DE DROITE, UN DES CHASSEURS DU GROUPE ET

KAAN KARAKAYA AU COURS D’UNE PAUSE.

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L’appel du maral anatolien Alexandre le Grand traversera à son tour le détroit qui sépare l’Europe de l’Asie.À la poursuite de ses rêves de conquête,de gloire et de jeunesse, sur le chemin des Indes, il emmène ses Macédoniens et s’empare de l’Anatolie dont il chasse les Perses. Le jeune roi ne mènera jamais son rêve à son terme, maisl’hellénismeimprégnerapourtoujourscetteterre…Après la mort d’Alexandre,l’Anatolie se morcelle en plusieurs petits royaumes qui s’épuisent dans des guerres incessantes. Cette situation perdurera jusqu’à la domination romaine. Rome soumet l’Anatolie au Ier siècle de notre ère. Les Romains voient dans cette région fertile le grenier à grain de l’empire. Mais aussi un rempart contre leurs ennemies d’Orient. La paix romaine apporta sécurité et prospéritéaupaysetdenombreuses villes, telle Ankara, connurent un développementrapide.LatutelleromainecommenceàlabatailledeMagnésie en 190 avant J.-C.et s’achève avec la domination turque et la prise deConstantinopleen1453quiancre laTurquiedansl’islametdansl’Asie, en dépit des nombreuses tentatives de l’Empire ottoman pour prendre pied en Europe et étendre sur celleci sa domination… Nous en sommes là de nos réflexions lorsque, quittant la grand-route que l’heure avancée, à notre grand soulagement, a rendue presque déserte, notre véhicule s’aventure sur un chemin de gravillons. À force de lacets de plus en plus serrés, il s’élève bientôt en serpentant entre des collines que recouvrent des forêts de pins sombres,dont les phares de notre voiture, au bord de l’asphyxie, balaient lentement les troncs denses. Nous traversons des villages endormis. Aucune lumière ne filtre des maisons de briques ou de pierres. Dressé vers le ciel étoilé,le minaret de la mosquée dont,pour l’heure, nul appel à la prière ne s’élève, domine de sa flèche aiguë qui le fait ressembler à un crayon bien taillé.La route de gravillons s’est faite piste de terre. Des ornières achèvent les amortisseurs du taxi jaune.Du flanc des collines qu’entaille le chemin se sont détachés ici et là des blocs de pierre dans le seul but, semble-t-il, d’en finir une bonne fois pour toutes avec le carter d’huile ou le pot d’échappement de notre véhicule. Après de longues minutes de ce traitement, nous parvenons enfin à un vaste plateau dégagé. Dispersées sur le coteau,quelques maisons de pierres et de bois paraissent abandonnées. Pourtant, de certaines s’élève un mince filet de fumée que détaille parfois un rayon de lune.La porte de l’une de ces maisons s’ouvre bientôt et découpe dans la nuit un carré de lumière jaune. Dans le halo ce profil une silhouette que nous reconnaissons immédiatement. Petit, trapu, taillé comme un de ces lutteurs qui ont fait la renommée de cette

talle-t-ilrésolumentsonautomobileaubeaumilieudel’asphalte et roule-t-il en suivant, au sens premier du terme, la ligne peinte qui file sous sa voiture. Force est d’avouer que nous n’avons bientôt“plus un poil de sec…”, aussi une fois n’est pas coutume, c’est bien volontiers que nous remettons notre âme d’infidèle entre les mains d’Allah… En attendant,en dépit des cahots de la route et des embardées de notre chauffeur,nous pouvons évoquer longuement le cerf maral et la région qui nous accueille, que nous nous promettons, en dépit du péril, de découvrir bientôt. Également appelé cerf de la Caspienne, ou cerf noble, ou bien encore maral du Caucase, Cervus elaphus maral emprunte son nom “maral” au persan, qui signifie tout naturellement “cerf”. Pour de nombreux scientifiques,il est notable que cette appellation de“maral”ne doive d’ailleurss’appliquerqu’àceseulcerf. Pourtant, les Russes, les Kazakhs et la plupart des agences de chasse occidentales baptisent communément maral,wapiti asiatique (Cervus canadensis sibiricus),qui est le cousin,pour ne pas dire le frère jumeau,du wapiti nord-américain(Cervuscanadensiscanadensis) et qui se chasse quand à lui auKazakhstanprincipalement,maisaussienRussieetenMongolie.Plus grand et plus massif qu’un cerf élaphe commun,et sans prétendre toutefois aux dimensions du wapiti asiatique, le trophée de Cervus elaphus maral peut parfois rivaliser avec celui de ce dernier.Pourtant,lors du brame,l’appel si caractéristique des mâles, rauque et profond, au contraire de celui aigu et flûté du wapiti, ne laisse aucun doute sur l’appartenance du grand cerf asiatique à la famille des élaphes.L’aire de répartitiondumarals’étenddelamerNoireàlamerCaspienne, et englobe la Crimée, les massifs du Caucase, les territoires iraniens situés le long de la mer Caspienne et une grande partie des régions nord de la Turquie,en Anatolie. L’Anatolie qui englobe la quasi-totalité du territoire turc est aussi connue sous le nom d’Asie Mineure. En grec ancien “Anatolie” signifie “le pays où le soleil se lève”. Dans l’Antiquité,l’Asie Mineure désignait cette vaste péninsule délimitée par la mer Noire au nord,la mer Égée à l’ouest,et la Méditerranée au sud que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Turquie.L’AsieMineureparaîtvouloirsedétacherdel’Asie,comme poursejeterdanslaMéditerranée.Ainsidepuislanuitdestemps constitue-t-elle la ligne de démarcation entre l’Asie et l’Occident… Elle fut le berceau de plusieurs civilisations et fut aussi convoitée par de nombreux peuples qui l’occupèrent au cours de plusieurs siècles et qui laissèrent durablement,pour nombre d’entre eux,leur empreinte: Hittites (qui y feront une des découvertes majeures de l’humanité, le fer), Phrygiens, Perses.

ÉGALEMENT APPELÉ CERF DE LA CASPIENNE, CERF NOBLE OU BIEN ENCORE MARAL DU CAUCASE,“CERVUS ELAPHUS MARAL” EMPRUNTE SON NOM “MARAL” AU PERSAN. Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

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SÉANCE

DE JUMELAGE.

ET, CI-DESSUS, “PAUSE DÉJEUNER”, KAAN KARAKAYA,

LORS D’UNE

ET UNE GRENADE SAUVAGE. ICI ET LÀ, UN APPEL RÉSONNE ENCORE, MAIS LES ANIMAUX SE DÉROBENT.

LA JOURNÉE

SE PASSE AINSI SANS QUE JAMAIS, NOUS NE PUISSIONS TENTER UN COUP DE CARABINE, EN DÉPIT D’UNE DENSITÉ QUI NOUS PARAÎT NON NÉGLIGEABLE.

PAGE DE DROITE,

CUEILLETTE DE RAISIN SAUVAGE.

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L’appel du maral anatolien discipline en Turquie, Kaan Karakaya vient maintenant à notre rencontre.Les traits encore juvéniles et une tendance à l’embonpoint de cet homme de 40 ans ne doivent pas faire illusion. Il ne serait pas aujourd’hui à la tête de l’une des principales agences de chasse mondiales sans une énergie et une volonté inébranlable que complètent un sens aigu de la chasse et des affaires. Volontiers autoritaire, y compris avec ses clients, Kaan commande une équipe de plus de trente personnes réparties sur tout le territoire turc dont il s’est assuré l’exploitation des meilleures zones de chasse au maral, à l’ibex à bézoard et au sanglier, toutes situées en territoire libre, à l’exclusion de quelques “parcs à cochons”, mais ces derniers restent l’exception. Avec une clientèle composée pour l’essentiel de chasseurs nord-américains,Shikar Safaris est présent sur tous les “fronts”de la grande chasse de montagne et propose les plus prestigieuses destinations de grand gibier de montagne telle que l’Asie centrale, le Pakistan et l’Iran… Kaan, qui semble ne jamais douter de rien, est épaulé par des guides souvent très jeunes. Habillés des pieds à la tête à l’enseigne d’une célèbre marque d’équipement et devêtementsdechassed’outreAtlantique,certains de ces garçonsaffichentparfoisuneforme de désinvolture narquoise dont ils pensent peut-être, et bien à tort, qu’elle est la marque de leurs collègues des Rocheuses ou de la lointaine Alaska, souventtaciturnesetsilencieux.Nul doute qu’ils seraient mieux inspirés de copier leur attitude sur celles de leurs confrères plus âgés, et qui n’ont plus à faire la preuve de leur compétence, dont Kaan s’est également heureusement entouré.Ceux-là font assaut à tout instant de cette aimable courtoisie, de cette simplicité et de cette spontanéité qui est, nous aurons tout loisir de le constater, la marque de tant de Turcs, sans jamais le sacrifier à un vrai professionnalisme et une parfaite connaissance du terrain et du gibier. Puis nous faisons la connaissance de Daniel qui porte le nom d’une grande marque d’optique.Grand gaillard barbu et tonitruant, nous l’accompagnerons les prochains jours sur la trace du cerf de la Caspienne. Comme un heureux présage, dans les collines et les forêts environnantes,ample et profond, le brame se fait entendre et accompagne longtemps notre première nuit anatolienne. Le lendemain nous voit debout avant le lever du jour. Nous ne tardons à nous mettre en route,entassés dans un véhicule tout terrain.En plus de Kaan,de Daniel et du guide,se joint à nous un garde d’État qui accompagne en Turquie toute partie de chasse.Nous roulons quelques dizaines de minutes. Parvenus au sommet d’une colline qui domine les vallées alentour, dans un ciel qui commence à rosir, nous laissons notre véhicule et tendons l’oreille. Non loin un cerf maral lance son appel.Après quelques centaines de mètres de marche dans les sous-bois, nous faisons halte en lisière d’un espace dégagé, qui ressemble fort à une belle place de brame. >>

Jours de C HASSE ◆

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CE TRÈS VIEUX CERF RAVALE DEPUIS SI LONGTEMPS QUE SA RAMURE EST RÉDUITE À DEUX SIMPLES ANDOUILLERS… IL NE SERA PAS TIRÉ. CI-DESSUS, TOUJOURS L’ATTENTE ET LE GUIDE TURC EN TRAIN D’APPELER LE MARAL AVEC UN SIMPLE TUYAU EN

PVC ;

IL SE LANCE DANS UNE SUITE D’APPELS SURPRENANTS DE RÉALISME. PAGE DE DROITE, UN DES CHASSEURS EN TRAIN DE JUMELER.

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L’appel du maral anatolien

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Le jour est maintenant presque installé. Notre guide extirpe de son sac à dos un simple tuyau en PVC de faible section et se lance bientôt dans une suite d’appels surprenant de réalisme, eu égard à la modicité du moyen employé, auxquels ne tarde pas à répondre le cerf que nous avons entendu.Rapidement, il paraît se rapprocher et Daniel est déjà en position, prêt à prendre appui contre l’arbre le plus proche afin, si le guide ou Kaan lui en donnent le signal, de faire feu. Mais au boutdequelquesinstants,legrandcerfsembleneplusrépondre et paraît avoir stoppé sa progression vers nous. Quelques minutes encore, et il ne fait plus de doute que le maral a mis à nouveau entre lui et nous une prudente distance de sécurité et qu’il s’en tiendra là de sa joute gutturale avec notre guide. Nous en sommes quittes pour réintégrer notre véhicule et reprendre notre lente déambulation en suivant la ligne de crêtesetennousenfonçantplusprofondémentdanslessombres forêts qui nous entourent. Mais au fil de la matinée, le brame ne tarde pas à décroître en intensité.Bientôt et pour notre plus grande satisfaction, Kaan renonce à la voiture. Le soleil est haut et la journée s’annonce splendide. Nous entamons l’ascension d’une première colline sous un chaud soleil.Parvenus au sommet, nous découvrons un vaste plateau où la forêt a cédé la place à une herbe jaunie et des buissons d’églantines et de figuiers sauvages. Ici et là, un appel résonne encore qui guide nos pas, mais les animaux se dérobent. La journée se passe ainsi sans que jamais, en dépit d’une densité qui nous paraît non négligeable, nous ne puissions tenter un coup de carabine. Le lendemain matin, Kaan sembleavoirdéfinitivementrenoncé à l’usage de la voiture. Dans l’obscurité encore profonde,nous nous acheminons lentementenfileindiennejusqu’au pied d’une autre colline au sommet de laquelle nous avons longtemps entendu raisonner hier, à la nuit presque tombée, l’appel d’un cerf que nous avons jugé digne d’intérêt, sans que jamais nous ne parvenions à l’approcher ni moins encore à l’entrapercevoir.La tonalité et la gravité de son appel trahissent un animal âgé et nous décidons de tenter notre chance.Le cerf semble avoir élu domicile au sommet de la colline vers laquelle nous nous dirigeons.Au cours du dîner de la veille, nous avons échafaudé avec Kaan et notre guide l’idée de cette approche de nuit en escomptant que l’aube et ses appels qui l’accompagneront trahiront le grand maral. Nous progressons bientôt sur un étroit sentier recouvert d’un épais tapis d’aiguilles de pin qui amortit les bruits de nos pas. Pourtant, ici et là, des rochers roulent sous nos pieds qui nous font tressaillir et nous figer en retenant notre souffle. Nous avons renoncé à allumer nos lampes et nous scrutons la nuitàlarecherchedumoindreobstaclesusceptibledenousfaire trébucher, dans un fracas que l’obscurité semble décupler, mettantainsienpérillesuccèsdenotreentreprise.Noussommes àmi-parcoursetlesommetdelacollinesedérobeencore,lorsque nous nous figeons en entendant à quelques centaines de mètres

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QUELQUES ACTIONS DE CHASSE. LE VENT VIOLENT QUI SOUFFLE PARFOIS SUR CES ÉTENDUES PRESQUE DÉSERTES,

S’IL FAVORISE

NOS APPROCHES, IL NOUS TRAHIT AUSSI BIEN SOUVENT PAR SES SAUTES QUI NOUS SIGNALENT AUX CERFS. PAGE DE DROITE, LE TROPHÉE TIRÉ. UN INSTANT, L’ÉCLAT VIOLENT D’UNE FLAMME BLEUE ET JAUNE ÉCLAIRE LA SCÈNE… LE BRUIT D’UN ANIMAL QUI DÉTALE, ET PUIS S’ABAT, DANS UN FROISSEMENT SEC DE BRANCHES BRISÉES, NE TARDE PAS À FAIRE OUBLIER À NOTRE NEMROD BARBU ET TONITRUANT, LE

“TRÈS VIEUX MARAL”

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L’appel du maral anatolien luons maintenant dans une région beaucoup moins boisée, où l’observation et les approches sont rendues plus aisées.La pleinelunenoustrouveàlanuittombéesurdesplacesdebrame où nous comptons parfois jusqu’à six ou sept cerfs. Mais le vent violent qui souffle parfois sur ces étendues presque désertes, s’il favorise nos approches, il nous trahit aussi bien souvent par ses sautes qui nous signalent aux cerfs. Dans l’aube naissante, et par un froid de plus en plus mordant, nous accompagnons sur les bordures de champs qui s’étirent aux portes de maisons de briques orange, un paysan grisonnant dont les cerfs pillent les cultures au cours d’agapes nocturnes, laissent des coupes sombres dans les carrés de légumes qui navrent notre guide d’un jour. À l’heure bienheureuse du raki ou du thé,et alors que son tourmenteur courre encore, nous retrouvons parfoisdansquelquecafédevillage,notre paysan blotti sous sa tonnelle,auquel se joignent de vieux messieurs dignes et charmants que la retraite et l’ennui semblent avoir ancrés aux tables poisseuses de l’établissement, et qui tuent, à défaut de cerfs, le temps, par d’interminables parties de cartes ou de dominos. Mais la chasse se rappelle à nous.L’un des guides de Kaan resté sur la première zone vient nous signaler la présence, aux abords d’un point d’eau naturel,sous la forme d’un minuscule étang,d’un joli cerf dont il escompte que le trophée saura faire oublier à Daniel celui du“très vieux cerf”. Nous rejoignons la place en uneheuredevéhicule,etdansl’après-midifinissante,nousnous postons dans les taillis qui ceinturent la grosse flaque dont les berges sont festonnées de dizaines de traces fraîches. Bientôt autour de nous,les appels raisonnent dans le jour qui décroît. Nouschoisissonsdenepasyrépondrepournepasdonnerl’éveil au maral qui semble avoir établi ici ses quartiers de nuit. Enfin,alorsquelalumièreestpresquecomplètementchangée en ombre,une silhouette couronnée de bois se détache sur lecielpresquenoirquirecouvrel’immensepanoramaquis’étire devant nous. Un instant, l’éclat violent, presque douloureux, d’une flamme bleue et jaune éclaire la scène… Le bruit d’un animal qui détale, et puis s’abat, dans un froissement sec de branches brisées, ne tarde pas à faire oublier à notre nemrod barbu et tonitruant,le“très vieux maral”,qui doit goûter,dans ses collines d’Anatolie, à une retraite paisible. ◆

l’appel que nous avons appris à reconnaître. Nous devinons, plus que nous voyons,notre guide s’accroupir et s’emparer du tuyau en PVC qui interroge bientôt le brame de celui que nous n’appelons plus que “le vieux cerf”… Le silence répond à nos tentatives de dialogue, et nous ne tardons pas à comprendrequel’animalaéventénotrepauvreruseetlepiège qu’elle cache. Une pâle lueur mauve commence à percer la cime des pins lorsque nous parvenons au sommet de la colline. Le plateau semble désert. Nous tentons de nouveau quelquesappelsquinereçoiventaucuneréponse.Maisd’autres marals se signalent à nous ici et là, et nous ne manquons pas de répondre à leurs appels. À une ou deux reprises, des animaux se prennent au jeu et nous voyons venir jusqu’à nous, et à portée de carabine,des cerfs au trophée sans doute prometteur, mais auxquels,ni Kaan,ni Daniel,qui ne paraîtpasvouloirrenoncersifacilement au “vieux cerf”, ne consentent à accorder une attention. Enfindematinée,nousavonsparcouru une distance appréciable et gravi et dévalé plusieurs collines. Aussi, nous commençons de sentir le poids de la fatigue auquel vient s’ajouter la chaleur d’un soleil auquel nous ne sommes guère habitué sous nos latitudes.Cette chaleur,c’est un des plaisirs et des attraits de cette chasse d’automne sous le ciel d’Anatolie. La pause déjeuner à l’ombre des pins est la bienvenue. Lorsque nous nous remettons en marche, notre chasse se transforme en une sorte de déambulation jubilatoire que nous entrecoupons de la dégustation,ici ou là,de raisin ou de grenades sauvages que nous cueillons dans les jardins de quelques maisons abandonnées, ou sur les murs de pierres à demi effondrés d’anciennes bergeries oubliées de tous. C’est le moment que choisit le “vieux cerf” pour se rappeler à notre souvenir.Son brame se fait entendre non loin de nous sur un plateau dénudé.Nous nous gardons de répondre et nous marchons au son de son appel… Soudain il est là… En fait de“vieux cerf”,c’est un“très vieux cerf”.L’animal n’a en effet pour ainsi dire plus de bois; il a commencé à ravaler depuis si longtemps que sa ramure est réduite à deux simples andouillers comme en afficherait un daguet… Celui de droite est si tronqué qu’il ne dépasse pas quelques dizaines de centimètres à peine et offre un aspect fourchu et torve qui renforce le sentiment d’extrême vieillesse de l’animal.Daniel est déjà en position prêt à faire feu sur le vieux cerf dont le trophée semble exercer sur lui une fascination particulière.Mais Kaan s’y oppose et en dépit des injonctions de son client, il décide de laisser la vie au “très vieux cerf”. Un beau geste… Les jours suivants nous voient changer de zones. Nous évo-

Nous remercions Kaan Karakayan et l’agence Shikar Safaris sans qui ce reportage n’aurait pu se faire.B.Mehmet Pasa Sok.Aslanli Ap. no 1- 9 Etiler 34337 Besiktas- Istanbul.Rens.:00.90.212.358.60.08 et www.shikarsafaris.com Email:info@shikarsafaris.com

◆ ALORS QUE LA LUMIÈRE SE TRANSFORME EN OMBRE, UNE SILHOUETTE COURONNÉE DE BOIS SE DÉTACHE SUR LE CIEL PRESQUE NOIR QUI RECOUVRE L’IMMENSE PANORAMA. Jours de C HASSE ◆

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DES FAISANS, UN GARDE

EN TWEED, UN LABRADOR : NOUS NE SOMMES PAS EN

ANGLETERRE, SOLOGNE,

MAIS EN

AVEC DES OISEAUX AUSSI BEAUX ET DIFFICILES QU’OUTRE-MANCHE.


Reportage ◆ par Alain de l’Hermite

Rêve de Sologne LES ADMIRER EN

SOLOGNE.

◆ C

GE ́ RARD CHANGEUX

e matin de décembre après avoir fui les vicissitudes de la vie parisienne, nous savourons, avec une volupté indicible, de serpenter au milieu de la forêt solognote. Si c’est toujours un plaisir de retrouver les pins, les bouleaux et les genêtières chères à Genevoix,tant ils respirent la chasse,à longer ces propriétés qui ont essaimé sous Napoléon III, aujourd’hui, c’est un jour qui sera peut-être particulier, un de ces jours dont les chasseurs aiment à se souvenir, et raconter bien des années plustard,sanstentationdequelconquegasconnade.“Peut-être”, car au ton empreint de respect, de certains de mes camarades de chasse,nous avions saisi que nous étions conviés à une bat-

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tue de faisans, une vraie, pas cellesoùlesvictimessont numérotées d’avance, mais celles que nous avons tous imaginées en lisant et en relisant les GrandsFusilsdeGeorges Benoist,etleFusilàdeux coupsdeVialar…«Vous allez aux Morettes ! » avait interjecté nos plus proches contacts,les yeux brillants.Nousyvoilà.Passél’immense portail blanc,nous allions savoir enfin comment cette propriété de 900 hectares était l’une des très rares capablesd’offriràdescentainesde faisans naturels en battue, du très grand art. L’irrépressible envie de découvrir les Morettes avait germé neuf mois auparavant suruneîleduNigerenréponse à une question survenue lors d’une chasse aux gangas.Les oiseaux se faisaient attendre et nous devisions lorsque je risquais à Claude, solognot de toujours et africain à jamais, une question d’apparence saugrenue en ces lieux: – Quelle est la plus belle chasse traditionnelle de Sologne? – Les Morettes! Spontanée, sa réponse cingla comme un coup de fouet à la seconde même où Kapo le pisteur signalait bruyamment un premier volier.Ensuite le cours des événements me fit oublier de demander des précisions en regard d’une aussi laconique réponse.Claude l’Africain ne nous avait pas menti… C’est une impression indéfinissable qui me saisit lorsque je traverse la cour en forme de U en direction de la longère

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INFOGRAPHIE : PATRICK ROUSSET

DES BATTUES OÙ LES FAISANS FRISENT L’IMPOSSIBLE, OÙ CHACUN D’ENTRE EUX SONT MÉRITÉS, NE SONT PAS UNE CHIMÈRE. NOUS SOMMES ALLÉS


DERNIERS INSTANTS AVANT LA BATTUE

́ RARD CHANGEUX PHOTOS : GE

principalebâtienbriquedeLigny-le-Ribault, une impression d’une demeure où l’on est déjàvenu,uneimpressionsortiedel’enfance, quand le temps et la nature nous paraissait immuable. Déjà quelques chasseurs s’affaiUNE VUE DES MORETTES rent à disposer leur matériel dans l’un des DANS LE TYPIQUE deux attelages Daudin.Des remorques couSTYLE SOLOGNOT. vertes conçues pour le transport dans le THIERRY MERLE meilleur confort au gré des battues.Élancée (À GAUCHE) AVEC UN DE SES etàladistinctionnaturelle,Bénédicte,l’épouse INVITÉS, ET LES ATTELAGES de Richard le head keeper ou“garde en chef” DAUDIN QUI AMÈNERONT dudomaine,nousaccueillejusteavantdenous LES CHASSEURS DE POSTE présenter à nos hôtes, Nathalie et Thierry. EN POSTE. ICI, LE FAISAN Lorsque Thierry nous adresse un gentil EST UN SEIGNEUR, SI FIER mottrèspersonnelnousavonsvraimentl’imSELON LES PROPRES MOTS pression de retrouver un ménage ami quitté DE RICHARD, QU’IL MÉRITE quelque temps auparavant. Sans conteste, TOUS LES ÉGARDS. les Morettes ont une âme, et d’abord l’âme de la grand-mère de Nathalie. « Une maison de famille », dirait DenisTillinac,autant qu’une chasse familiale.C’est sans doute l’un des secrets des Morettes.À l’issue du petit déjeuner avant dereposerdéfinitivementnotretassedanssasoucoupe,Thierry effectue le tirage au sort.Héritage du rite anglais où chacundesneufchasseurspioche un bâtonnet retourné dans unepochettedecuir.Unefois pourtoutes,lenuméroobtenu déterminelepostetoutaulong delajournée.Pourmapart,j’ai hérité du 10.La règle retenue par Thierry consiste par rapport au numéro obtenu par le sort « à retrancher deux unités pourlepostedelabattuesuivante, etainsidesuite…»Commepour approuver ces propos les yeux de sulfure d’un grand cerf semblent revivre grâce aux flammes delacheminée.Touscestrophéesencapessuspendusauxbriques de la cimaise nous rappellent que la chasse à l’approche a aussi droit de cité aux Morettes. À l’instant du “rond” juste avant d’embarquer en direction du bois d’Yvoy, Thierry rappelle les règles de sécurité, qui, parfois, rejoignent même les règles de respect du gibier. Une façon de souligner la haute considération vouée ici aux faisans.Aux Morettes,ce sont des animaux libres qui ne se résoudront à tomber au champ d’honneur qu’après avoir chèrementjouéleurpartie,auraitsoulignéPaulVialarcetautreamoureux de la Sologne.Ainsi on se contentera de tirer devant soi sauf si l’on a blessé; on doublera alors, mais avec la certitude del’absencedetoutpickerupaccompagnédesonretriever.Surtout vulnérables au cou et au poumon, les oiseaux tirés derrière la ligne ont trop souvent les pattes cassées.Alors après un vol parfois de un kilomètre,ils subiraient une lente agonie occasionnée par un homme qui ne mérite pas de porter le nom de chasseur.Certes,personne n’est à l’abri de blesser un gibier, mais lorsque l’on a décidé de tirer ce doit être avec la certitude de tuer net! « Aujourd’hui nous ne tirerons pas par terre; nous ne tirerons pas non plus les oiseaux chanteurs.» Dont acte.


PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

On l’aura deviné:ici,le faisan est un seigneur,si « fier », selon les propres mots de Richard,si distingué auquel le qualificatif de “commun” va si mal, qu’il mérite tous les égards, choyés et protégés avec des soins jaloux. Aux Morettes, on élève les faisans jusqu’à leur complète autonomie comme un château élève sa vigne,tant il est vrai que lorsque,au cours du mois d’octobre, retentissent les premiers coups de fusils, pas un seul oiseau n’a découvert le territoire après la mi-juillet.En d’autres termes, le mot de “recharge” n’a pas cours. Bien sûr, cela restera vrai jusqu’à la fin de la saison.On imagine alors la dextérité et les prouesses aériennes développées par les faisans pour échapper aux tireurs. « Chaque oiseau a ses chances à 100 % », nous dira Richard, avec son visage d’éternel adolescent,« à condition de voler vite et haut ». On le comprend, la battue ne sera jamais du ball-trap où l’on peut tirer indéfiniment le même plateau même très difficile.Car jamais le vol d’un oiseau n’est semblable à aucun autre. Parfois il peut arriver qu’un oiseau soit sans défense, qu’il vole un peu bas et lent,on vous pardonnera une fois de le tirer peut-être deux. La troisième fois ni les suivantes, on ne vous dira rien non plus, mais sans le savoir, en secret, infamie suprême, vous subirez le jugement de vos pairs. Car, comme disent les Anglais dans cet authentique duel entre chasseurs et faisans,seuls les high birds sont dignes d’un gentilhomme. On pardonnera toujours à un hommedetirer500cartouchessans égratigner une plume,mais jamais de se déshonorer en esquintant un gibier. Le célèbre Justinien Clary, l’homme aux 300 000 pièces, remarquait lors du premier tiers du siècle dernier: « L’art de la battue a évoluéaufildutemps.Aprèsavoirprivilégié le tableau,il consiste désormais à faire tirer les oiseaux les plus difficiles.» C’est la raison pour laquelle lors d’une battue particulière un grand tireur demandera

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UNE VUE DE LA SALLE À MANGER QUI ACCUEILLERA LES CHASSEURS POUR LE DÉJEUNER.

CI-DESSOUS, NATHALIE,

LA MAÎTRESSE DES LIEUX. ANIMÉE D’UN GESTE PARFAIT, NATHALIE ENCHAÎNE SES TIRS ET SES CHANGEMENTS D’APPUIS AVEC LA GRÂCE D’UNE BALLERINE…

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PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

très appréciées comme refuge, et comme garde-manger à insectes pendant la belle saison.Tout comme les 40 hectares de cultures à gibier (moha, maïs, sorgo) utilisés de la mi-septembre au mois d’avril.Les haies aussi sont primordiales pour nicher et échapper aux prédateurs. Au moment de la chasse proprement dite,elles seront très précieuses pour canaliser les oiseaux sur les grandes plaines lors des“rapprochers”. Les “rapprochers” ? Ils sont le prélude de toute battue réussie.Ils consistent à rassembler les oiseaux piéteurs en un endroit où ils refusent obstinémentdeserendreenvuedelesfairepassersurlalignedetirpourrejoindrecette fois leur zone de prédilection.Cette action collective coordonnée par le responsabledelachasseetseschefsdeligne est la grande spécialité anglaise.“Sans bruit et sur la pointe des pieds”,le head keeper devient alors une sorte de dresseur dont les hommes sont les rênes et les faisans le cheval. Alors grâce à une vraie science de la chasse, il manœuvre ses oiseaux.Très peu en sont capables,et même les meilleurs rencontrent parfois l’échec! Précision supplémentaire: la ligne ALAIN DE LʼHERMITE

à Thierry un poste de bordure particulier. Un endroit où les oiseaux, après avoir atteint leur pleine vitesse, sortent de la lisièredepeupliersenobliquantetenplongeant.Cetiroccasionne alors des corrections en trois dimensions presque impossible à réaliser par le commun des mortels.Si le hasard récompensera notre tireur qui se trouva sous le robinet,seuls deux faisans furent tués pour trentecartouchestirées!Etpasunblessé. L’une des grandes différences entre un faisan quasi naturel et un oiseau de lâcher est leur parfaite connaissance du territoire.Aux Morettes, aucun oiseau ne vole au hasard : il sait exactement où il se dirige,sa défense est décuplée. En direction de la première battue du bois d’Yvoy, nous découvrons le biotope de la propriété.Et l’on comprend mieux ce que veut dire Richard lorsqu’il prétend que c’est d’abord à l’hommedefaçonnersonterritoire…Carlefaisanestavanttout unanimaldelisière.Aussilagéométriedescoupeslorsdel’éclaircissement des futaies – ici 70 % du territoire dont un quart de résineux – doit être étudiée afin de respecter l’ensoleillement nécessaire aux oiseaux. Quant aux jachères fleuries, elles sont

COMME AIMENT À LE DIRE LES BRITANNIQUES, DANS CET AUTHENTIQUE DUEL ENTRE CHASSEURS ET FAISANS, SEULS LES“HIGH BIRDS”SONT DIGNES D’UN GENTILHOMME… 96

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PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX - ALAIN DE LʼHERMITE

des rapprocheurs, comme lors de la battue, LES OISEAUX a la forme d’un fer à cheval. Certains chiens ARRIVENT… excellentdanscettemanœuvrecommeSpot, RICHARD, LE GARDE le fox de Richard. Les hommes de chacune EN CHEF DU DOMAINE, des ailes ou flankers sont constitués de cinq DONNANT SES ORDRES rabatteurs.C’estl’hommeleplusavancéd’en- POUR CONTRÔLER LA LIGNE viron150mètresquisignifieàRichardladen- DE TRAQUE. CI-DESSOUS, sité de faisans piéteurs. Pour cela, il observe ENTRE DEUX BATTUES, au passage des layons. Plus la saison avance LA TRADITIONNELLE et plus les faisans infatigables piéteurs ont RÉCRÉATION CONSACRÉE del’avancesurlesrapprocheurs.Enfindesai- AU CÉLÈBRE “SLOE GIN”. son,cettedistancepeutatteindre300mètres! PAGE DE GAUCHE, Nous venons de traverser une petite LES PREMIERS FAISANS plaine pour rejoindre notre peg ou piquet SURVOLENT LA LIGNE ; de poste,fiché en terre des propres mains de UN INVITÉ AVEC BÉNÉDICTE Richard. Chacun est distant de cinquante HOWSON, LA FEMME mètres.Dans la plus pure tradition anglaise, DE RICHARD. uneficheinstalléeàl’extrémitéd’unebaguette renseigne à l’encre verte dunomdudomaine,celui de la battue et du numéro du poste. Nous sommes à l’extrémité droite de l’arc de cercle des postés, un endroit stratégique et à responsabilité. Thierry m’avait eneffetdemandé:«Aucas où les oiseaux auraient tendance à trop s’échapper sur votre droite le long de la lisière,vous devrez vous rapprocher du bois pour leur barrer la route… » Dans quelques instants,nous allons savoir si le rapprocher, très souvent effectué “à l’aveugle”, a bien fonctionné. On l’ignore mais une autre fonction du rapprocher est « d’échauffer les muscles des faisans », dixit Richard, commedesathlètesavantl’effort.Aprèsplusieursminutesd’une course souvent proche de « 25 kilomètres-heure », ils peuvent décoller en pleine possession de leurs moyens et offrir aux tireurs un encore plus beau sport. Pour l’heure,le ciel est couvert,idéal; il ne fait pas froid et aucun vent ne vient fraîchir le visage. En face, toute la longueurdelachênaie-charmaiedevantlaquellesubsisteunebande de maïs est ourlée de la ligne des stoppers. Véritable barrière d’envol,leur rôle est essentiel pour faire voler correctement les oiseaux parfois aussi pour les diriger lorsqu’ils refusent la ligne. Là encore, tout est une question de doigté et d’expérience. S’ils sont trop discrets, les oiseaux risquent de se regrouper pour passer la ligne tous ensemble et au dernier moment. Dans cette hypothèse trop brutale, car trop limité dans le temps,le rôle des tireurs n’aurait pas alors la régularité et la progressivitésynonymed’unebattueréussie.Ilpeutarriverégalement aux stoppers d’être trop agités, là encore la battue risqued’êtreratéeaveclesoiseauxqui«fontretourdanslatraque». Sporadiquement nous parvient du fond du bois d’Yvoy le son caractéristique du tronc d’un arbre frappé au bâton. À part cela, rien ne trahit la moindre présence animale – ni chiens, ni faisans –, ou humaine. Soudain, un premier froissement d’aile accélère mon rythme cardiaque. Une poule a décidé de longer la lisière, bientôt suivie d’un coq magnifique


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À UNE HAUTEUR VERTIGINEUSE. LE SPECTACLE EST PARTOUT. SANS CESSE DIFFÉRENT.

PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

EN VOL, ET ENCORE

SITUÉ À CE MOMENT

puis encore une poule.Je n’ose ouvrir le bal sur de si beaux oiseaux à plus de 40 mètres avec le risque évident de blesser. Malgré leurs bras en V agités comme pour implorer le ciel,les deux stoppers à ma droite n’auront pas réussi à modifier la trajectoire et la détermination des puissants oiseaux.Alors que je décide de me déplacer vers la lisière pour barrer cette voie aérienne, Nathalie et Kévin, son chargeur, m’emboîtent le pas pour combler l’espace libre. À cet instant même, retentit vers le milieu de la plaine un premier coup de fusil. Juste le temps de nous retourner pour découvrir la chute d’un oiseau le cou plié en vol, et encore situé à ce moment à une hauteur vertigineuse. Sans doubler et dans un swing acrobatique, Philippe venait de décrocher le premiercoqdelajournée.Aussitôtsonloader,àl’élégantemoustache, situé derrière lui, lui transmet dans une chorégraphie parfaitementorchestréesonPurdeyn°2.Notrelignevientd’entrer en action. Régulièrement des groupes constitués de cinq à dix oiseaux s’envolent pour franchir la ligne des stoppers. Arrivés à leur niveau,ils prennent encore de l’altitude comme pour franchir une barrière invisible. Quelquesdizainesdemètresplusloin,lancésàplusde80kilomètres-heure sur la ligne, les oiseaux renouvellent l’opération précédente pour encore prendre de l’altitude. À l’instant mêmedefranchirlaligne,l’immensemajoritédesrescapés,semblent amorcer un léger virage pour rejoindre sans effort leur cantonnement de prédilection distant de plusieurs centaines demètres.NousvivonsendirectlesexplicationsdeThierrylorsqu’au moment du rond,il mime le comportement des faisans lors du passage de la ligne. Plus rarement un isolé refuse obstinément de prendre de l’altitude malgré les injonctions gestuelles des stoppers. Sait-il qu’aucun n’oserait le tirer? Discrètement comme Saga son fidèle et impassible labrador noir couché derrière elle,j’observe ma voisine.Vialar avait bien raison lorsqu’il affirmait que dans le tir de chasse trans-


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paraissait la personnalité de chacun. Animée d’un geste parfait, Nathalie enchaîne ses tirs et ses changements d’appuis avec la grâce d’une ballerine.Un peu plus loin,Francis,le chef d’entreprise,tire en meneur d’homme,on le sent,il veut le résultat. Et l’obtient, mais dans un autre style. Le spectacle est partout sans cesse différent, tout se conjugue pour le plaisir des yeux. La battue semble être passée en un souffle lorsque, simultanément, les deux premiers flankers de chaque extrémité apparaissent en éclaireur. Bientôt c’est au tour de Richard et de Spot d’émerger de la lisière comme un maréchal d’Empire au milieu d’une troupe de trente beaters (rabatteurs) ses grognards. Dans un tweed des meilleures maisons britanniques, notre head keeper flanqué de son fox détonne quelque peu au milieu des chasubles orange. Son unique coup de trompe annonce la fin de la battue du petit bois d’Yvoy. Le moment pour Gilles et Bénédicte et tous les “ramasseurs”,hommesetchiens,Jazz,Finch,Zoulu…deretrouver les oiseaux, dans un ballet parfaitement orchestré. Pour la

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PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

acquiert ses“trois étoiles”; une dignité sinon plus difficile que pour un restaurant en tout cas plus rare. Maintenant, nous prenons la direction de l’étang de Benoue pour une levée aux canards.À cet instant,Richard et son équipe sont déjà à pied d’œuvre pour effectuer le rapprocher delasecondebattuedumatin,“laForestière”.Initialementconçu pour la pisciculture,le territoire des Morettes possède un chapelet de douze étangs.Leur proximité permet d’alterner étangs de repos et étangs de chasse.Donc cette fois,nous occupons le poste 8, dissimulé derrière un abri de brémaille.Tout en longueur,l’étang fait penser à une sorte de canal en contrebas, une impression augmentée par le manque d’eau. En face à une centaine de mètres,Alain est posté avec son chargeur.Levés depuis l’étang voisin,les oiseaux se guident sur le ruban d’eau pour emprunter la “vallée” des postes à une distance de tir jamais inférieure à 35 mètres. Nos deux levées nous procurerons un tir de très haut niveau.Dans un doublé d’anthologie à une hauteur hallucinante, Alain avait été plus prévoyant pour le chokage de ses canons.En effet en décembre,les deux fois“six dixième”de mes excellents canons se révélerontinsuffisants.Malgrélesfortescharges.Aux Morettes,un amateur de petits calibres peut envisager de tirer quelques faisans, à condition de savoir les choisir. Rien de tel qu’un pot-au-feu arrosé d’un excellent La Lagune pour se reconstituer le jarret. À l’occasion de notre délicieux déjeuner, Thierry nous annonce la… déception de Richard pour “sa” prestation de la matinée. Malgré un sourire légèrement convenu, Thierry semble sérieux. Pourtant même le plus blasé d’entre nous n’a pas à se plaindre du spectacle unique de cette matinée. Sans doute le privilège de participer à une seule de ses deux battues a laissé à n’importe ALAIN DE LʼHERMITE

ligne des tireurs, c’est la traditionnelle récréation consacrée en Angleterre au célèbre sloe gin. Lamaîtressedemaisonproposealorsàchacund’entrenous un élégant verre de bouillon cerclé d’osier afin d’éviter les brûlures. Pour chacun, un mot gentil pour qualifier sa prestation sur la ligne. Dans le même temps s’organise un tableau provisoire en honneur au gibier. « Originaire de la meilleure sélection »,voici selon Richard le premier critère pour constituer une belle chasse. Nous pouvons enfin les toucher ces superbes faisans des Morettes.Sous l’effet de la lumière leur plumage s’irise de toutes les couleurs primaires pour redonner en cette saison des teintes à la Sologne. On comprend pourquoi il est le roi ici. Ils sont tous nés sur la propriété ou ont été élevés par Richard et son équipe dans l’une des deux volières ouvertes,à l’anglaise. Depuis l’âge de six semaines et demie(delami-juilletàlami-septembre)–l’âge de la majorité–, ils ont été l’objet de toutes les attentions. Comme pour un cépage de la Romanée-Conti,les hommes n’ont alors pascomptélesheuresconsacréesauxjeunes oiseaux. On peut dire qu’ils ont remplacé leurs mères. Nourris pendant des heures et au sifflet pour créer une sorte de réflexe de Pavlov, les oiseaux se rassemblent;un des intérêts de cette opération est de pouvoir vérifier instantanément leur état de santé et réagir en conséquence. Au fil du temps,il faudra leur apprendre à trouver la nourriture,désormais distribuée à la volée,à gratter le sol où ils découvriront des insectes. Encore leur apprendre le territoire presque mètre par mètre avant de les ramener à leur volière. On devine le sacerdoce nécessaire pour mener à bien ce travail de bénédictin. Mais c’est seulement à ce prix qu’une chasse

MAINTENANT, LE BRUISSEMENT DES AILES SE MÉLANGE AUX CHOCS DES BÂTONS ET AUX DÉTONATIONS : POUR TOUS LES PARTICIPANTS, LE TEMPS N’EXISTE PLUS… 100

Jours de C HASSE ◆

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Nous remercions Thierry et Nathalie Merle de nous avoir si gentiment accueilli.Nous signalons que,pour les battues de faisans,le domaine des Morettes est commercial pour un nombre limité de journées (devis sur demande). En outre,il est possible de faire des approches sur des chevreuils,de sangliers et de cerfs,à partir du 1er juin.En outre,le domaine offre la possibilité de se loger sur place (5 chambres d’hôte). Rens.:Bénédicte Howson (02.54.88.16.59) et www.lesmorettes.com

PHOTOS : GE ́ RARD CHANGEUX

quel disciple de Saint-Hubert un souvenir DE L’AILE ET DU SOUFFLE… impérissable. Lorsque nous nous présentons à 14h30 UN JEUNE RABATTEUR, précise au n° 4 pour la battue du “11-No- UN LABRADOR HEUREUX vembre”,nous n’imaginons pas ce qui nous ET LE TABLEAU FINAL. attend. À l’instant même où Thierry rejoint PAGE DE GAUCHE, DES sonposteaupiedd’unmiradoretfermenotre FAISANS ET LA RÉSENTATION aile gauche, apparaît la ligne des rabatteurs. DU TABLEAU ENTRE DEUX Située environ 800 mètres plus loin aux BATTUES. COMBIEN AVONSconfinsdelaplaine.Àcettedistance,nousdis- NOUS TIRÉ D’OISEAUX ? tinguons simplement de simples points PEU IMPORTE. NOUS orange. Pendant le temps du déjeuner, du- VENIONS DE VIVRE QUELQUE rant une heure et demie,Richard et ses trente CHOSE D’UNIQUE, compères ont “ratissé” 300 hectares d’un AVEC DES OISEAUX rapprocher mémorable.À cinquante mètres MAGIQUES QUI TOURNENT face à nous, les stoppers sont en place.Tout ET PLONGENT À CHAQUE peut commencer. Comment cette plaine, FOIS OÙ L’ON TIRE… sur laquelle subsistent en cette saison de rares reliefs de cultures et quelquesgraminées,peutelledissimulerlesfaisans? En guise des trois coups, c’estunbruitpresquemagique qui nous parvient. Discretetimpressionnant, le choc des bâtons rappelle celuidesbaguettesdestambours du bagad de LannBihoué! Maintenant,nous distinguonsmieuxleshommes et celui qui les mène. Comment fait-il pour instiller ses ordres à distance,pour resserrer les rangs,maintenant les écarter,accélérer et maintenant ralentir? Soudain un premier faisan décolle: heureusement,il n’est pas pour moi me dis-je dans mon for intérieur. À nouveau Philippe ouvre victorieusement le bal. Maintenant le bruissement des plumes se mélange aux chocs des bâtons, aussi aux détonationsauxquellessuccèdeimmédiatementlecliquetisdes éjecteurs.Pourtouslesparticipantsdésormais,letempsn’existe plus. Ensemble hommes et chiens, enivrés par l’odeur de la poudretutoientunpeul’éternité.Combienavons-noustiréd’oiseaux ? Peu importe, peu importe la quantité, les doublés. Nous venions de vivre quelque chose de très fort, d’unique. Une expérience avec des oiseaux magiques qui semblent lire dans nos pensées et tournent et plongent chaque fois au moment où l’on tire! Et ils étaient plus de mille à être passés audessus de nous! Seule entorse agréable au rite anglais, la présentation du tableau.Au moment de franchir définitivement le grand portail et d’être définitivement engloutis par la nuit, une interrogation ne cessera de hanter mon esprit:“Était-ce un rêve?” ◆


Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Olivier Morel d’Arleux

Te r r i t o i r e

Une collaboration chasseurs agriculteurs exemplaire

◆ Pour sauver le petit gibier sédentaire, les acteurs du GIC Scie-Varenne en Seine-Maritime se sont lancés dans des aménagements qui profitent autant aux agriculteurs qu’aux chasseurs.

Le chasseur du XXI siè-

cledoitêtreunmodèledegestionnaire et de protecteur, rompant avec ses ancêtres du XIXe et leur philosophie de “chasse-cueillette” qui ne se préoccupaientguèredelapérennité des espèces.C’est un fait que,depuis la fin des années 1970 – le mouvement s’est heureusement amplifié depuis –,quelques chasseurs courageuxetvisionnairesont pris conscience de la nécessitéd’aménagerleurterritoire pouréviterladisparitionpure etsimpledecertainesespèces sauvages. Il y avait,en effet,urgence. Entre le remembrement, la modification des méthodes culturales,l’augmentation de lavitessedesenginsderécolte, l’emploimassifetinconsidéré de certains produits phytosanitaires – productivisme agricole oblige –, allié à une pression de chasse excessive et à une insuffisance de piégeage des prédateurs, certaines espèces sauvages de nos campagnes n’y ont pas résisté,que cela soit le lièvre, le faisan et, emblématique exemple,laperdrixgrise.Face à cette situation, le départementdelaSeine-Maritimene fait pas exception à la règle. Ses plaines vallonnées de grandesculturesentreRouen

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OLIVIER MOREL DʼARLEUX

e

Patrick Dufour, président du GIC Scie-Varenne. “Faire revenir le petit gibier sédentaire.” Page de droite, une vue du territoire.

et Dieppe, si riches autrefois de perdrix grises et de lièvres, en désespéraient plus d’un… C’est justement parce que lasituationserévélaitcritique, qu’en 1998, sous l’impulsion de son premier président, FrancisDumouchele,leGroupementd’intérêtcynégétique Scie-Varenne a vu le jour (on se rappelle que le principe du GIC est une gestion commune, mais chaque propriétaire reste maître chez lui de sa gestion de la chasse). Dès sacréation,laquasi-totalitédes

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agriculteursontréponduprésents,soitentout150pourune superficietotalede13000hectaresd’unseultenant,deterres de grande culture fortement vallonnéesàcertainsendroits, encadrés de petites surfaces boisées très morcelées pour environ 1000hectares. Par chance,très peu d’agriculteurs ont refusé d’adhérer –moins de 15 % des surfaces–,limitantàpresquerien ces fameuses enclaves si justement redoutées par les gestionnaires.Laraisond’êtrede

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ce GIC est simple,et n’a rien de vraiment très original,affirme son président actuel, PatrickDufour,chasseurpassionné de petit gibier: « c’est avant tout le désir d’agir pour faire revenir le petit gibier sédentaire».Eneffet,lamoyenne des populations résiduelles était tombée à un niveau très inquiétant:8 couples de perdrix et 3 lièvres aux 100 hectares… Immédiatement, la première mesure du GIC fut de fermerlachassedulièvrependant deux saisons, puis de la rouvrir avec des quotas de prélèvementparsecteursgéographiques après comptage (cesquotasdetirreprésentent environ un tiers des populations de printemps avant reproduction). Qui plus est, en parallèle,unepolitiquesévère de piégeage est mise en place avec pas moins d’une dizaine de piégeurs agréés qui prendront en moyenne une centaine de renards par saison. Très vite, les résultats sont au rendez-vous:dès 2000,les chasseurs ont le droit de tirer 300 lièvres, puis 1400 en 2005, avant de revenir entre 1 000 et 1 100 les années suivantes, soit une moyenne de 13 aux 100 hectares ! Au vrai, ce GIC a joué le rôle de précurseurpourlagestiondu


DOMINIQUE GEST

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Sur le terrain

PHOTOS : DOMINIQUE GEST

Sur le terrain

Plantation d’une haie, ci-dessous, comptage de printemps et deux beaux lièvres. Depuis 2000, le GIC a imposé un plan de chasse pour ce gibier. Aujourd’hui, les chasseurs peuvent tirer en moyenne, chaque saison, un peu plus de 1 000 lièvres.

capucin puisqu’en 2009, la Fédération départementale des chasseurs décidait d’instituerunplandechasselièvre à l’ensemble du département de Seine-Maritime. « C’était presque le plus facile à faire,

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poursuit Patrick Dufour, car l’on sait que le lièvre est beaucoup moins exigeant en termes d’aménagements que la perdrix grise.» Justementducôtédelaperdrix, l’exercice s’est avéré beaucoupplusdélicat.Malgré un piégeage constant (en plus des renards, des centaines de corvidés–sidestructeurspour les nids et les poussins – sont éliminéeschaquesaison),etles efforts de nourrissage (des bandesdeculturesontlaissées

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sur pied toute l’année), le résultat est plus que mitigé : ainsi, les populations de perdrix sont remontées de 3 à 18couplesaux100hectaresen 2005, pour retomber à 10 couples les saisons suivantes. À l’image de ce qui s’est passé sur une grande partie de la France, la reproduction a été médiocre pour ne pas dire catastrophique, en raison, sans doute – car il faut être prudent en la matière – de mauvaises conditions météo,con-

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juguée à une forte pression delaprédation.Celanesignifie pas pour autant que la perdrix n’est pas chassée,car ces densités-là ne sont que des moyennes, car certaines parties du GIC offrent des densités convenables (plus de 20couples aux 100 hectares) tandisqued’autresn’ontquasiment plus rien. « Quoi qu’il en soit,il fallait aller plus loin,faire autre chose, pour ne pas rester sur une note médiocre », explique Patrick


Sur le terrain Sur le terrain

Un des nombreux buissons plantés qui servent de couvert pour les perdrix et les faisans contre les prédateurs ailés et en particulier le busard Saint-Martin, et à lutter contre l’érosion des sols (ci-dessous).

aménagements spécifiques étaient indispensables, avec l’idée sous-jacente que ce qui «estbonpourlefaisan,seraaussi bénéfique pour la perdrix ». Or,parchance,depuis2005, le ministère de l’Agriculture achargél’ONCFSde«contribuer au développement des pratiques agricoles favorables à la petite faune et à la biodiversité

desespacesagricolesetruraux». Onsaitdepuislongtempsque l’un des enjeux majeurs de la chasse française est son entente avec le monde agricole.

PHOTOS : DOMINIQUE GEST

Dufour. Plus loin ? C’est-àdire des aménagements plus conséquentsdevaientêtreentrepris pour augmenter la capacité d’accueil.Leur idée est de se lancer dans la réimplantationdufaisan,carmême s’il n’est pas un oiseau de bois mais de lisière, il a besoin de haies, de buissons. Or, le territoireétanttrèspeuboisé,des

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Car sans maîtrise du sol, il n’y a aucune possibilité pour aménager,modifier le parcellaire, condition sine qua non pour tenter de sauvegarder le petit gibier de plaine. C’est ainsi que l’année suivante des projets sont nés au plan national, associés à la structureAgrifauneetsespartenaires(leschambresd’agriculture,laFNSEA,laFNCet l’ONCFS). Cette “force de propositions” fera l’objet en Seine-Maritime d’une création d’emploi spécifique à la fédération. La mission de ce technicien est de mettre en placeavecl’exploitantagricole

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Sur le terrain Sur le terrain

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DOMINIQUE GEST

quilesouhaitedesmesuresfavorables à la biodiversité. En d’autrestermes,l’idéeestd’intéresser les agriculteurs,et les chasseurs, par le biais de la lutte contre l’érosion des sols –lahantisedebeaucoupd’exploitantsagricoles–,doncdes ruissellements indésirables. Ainsi, après un diagnostic environnemental gratuit établiavecl’agriculteur,despropositions d’aménagement sontsoumisesàlaFédération départementale des chasseurs pour l’établissement d’un projet définitif et éventuellement son financement. Bref, une démarche novatrice,concrète et loin des discours lénifiants d’une certaine frange de l’écologisme sur la biodiversité. Ces premières actions ont eu des échos favorables chez une trentaine d’exploitants du GIC Scie-Varenne permettant à son président PatrickDufourd’avancerenbesognedanslebutd’implanter du faisan en territoire de plaine à la faveur des aménagements spécialement décidés pour le traitement des eaux de ruissellement et de l’érosiondessols.Enl’espèce, il s’agit de la création de bandes enherbées et de haies en plaine. Concrètement,labandeenherbée stabilise le sol et favorise le dépôt des limons. L’herbejoueunrôledepeigne en ralentissant les écoulements. Quand la vitesse de l’eau diminue,la terre qu’elle transporte se dépose. La bandeenherbéefavorisel’installationd’unefauneetd’une flore diversifiée, notamment lafauneauxiliairec’est-à-dire les insectes – si important dans les premières semaines

Superbe coq faisan. Le GIC a décidé de se lancer dans la réimplantation de cet oiseau avec l’idée sous-jacente que ce qui est “bon pour ce gibier sera aussi bénéfique pour la perdrix”.

de la vie des faisandeaux et des perdreaux. Elle réduit également le transport de nitrates vers les cours d’eau. Dans le même esprit sont favorisées les implantations de haies ou de buissons (15mètres par 4 de large pour deux à trois rangs d’arbustes d’essences diverses:charme,érable champêtre, troène, noisetier, sureau, sorbier des oiseleurs). L’ourlet herbu au

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pied de la haie a aussi son utilité,s’iln’estpastraité,pour les insectes qu’il abrite. Pour les trois ans à venir, l’objectif d’implantation du GICScie-Varenneestdecent nouveauxbuissonsdecetype, financé en partie par la fédération (il faut savoir qu’une bandede3mètresdelargesur 400mètresdelongaveclaprésenceounondebosquetsaun coût qui va de 117 à 188 eu-

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ros par an, chiffres qui tiennent compte de la perte pour l’agriculteur). L’aspect économique de ces réalisations sur des surfaces auparavant ensemencées n’est certes pas négligeableetdémontrel’évolutiondesmentalitésenlamatière. Quant aux buissons, on connaît depuis longtemps l’importance de leur effet refuge pour tout gibier cherchant à échapper à un prédateur ailé comme le redoutable busard Saint-Martin. La réimplantation de faisans,elle,acommencéilyaun ansurleGIC,etils’étalerasur deuxsaisonsencore(lachasse decegibierétantferméependantcettepériode).Leplande réintroductions’estfaitparun apport de 1000 faisandeaux âgé de huit semaines chaque saison pendant trois ans. Les lâcherssefontàl’aidedeboîtes de prélâchers par groupe d’unequinzained’oiseauxoù les faisandeaux resteront une semaine… Les résultats? Trop tôt encorepourledirecarlescomptages ne se feront qu’en avril prochain. Mais si l’on se fie aux chiffres obtenus par son prochevoisin,leGICdeDunsur-Auron (que nous avions longuementévoquédansJours de Chasse n° 25),la chasse du faisan va avoir de beaux jours devant elle. Ces initiatives et ces efforts montrent que les chasseurs etlesagriculteurspeuventêtre lesmeilleursgarantsdelabiodiversité. Une entente de cet ordre,décidée dans le respect delalibertédechacundeparticiperounonaugroupement, laisse beaucoup d’espoir de voiraboutirunrepeuplement en gibier naturel. ◆


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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Humbert Rambaud

Du côté des chiens…

Les colliers électroniques

◆ Modernisme oblige, la chasse n’a pas échappé à l’électronique, y compris pour les chiens, que cela soit des sonnaillons électroniques ou des colliers électriques de dressage. Des instruments à ne pas mettre entre toutes les mains…

Qu’on le regrette ou non, c’est un fait que la chasse n’a pas échappé à la modernité dans son expression la plus brutale, qu’il s’agisse de télémétrieou,plussimplement, d’électronique en tout genre. Depuis une quinzaine d’années, quel chasseur n’a pas vu ces chiens affublés de curieux colliers, qu’ils soient électriques ou sonnaillons électroniques, objets de débats passionnés pour ne pas dire virulents. Pour les uns, c’est un non-sens et le summum de la barbarie,pour les autres,cettetechnologiepeut et doit faire partie intégrante du chasseur du XXIe siècle. Qu’en penser ? D’abord qu’une réponse uniforme est insignifiante, car chaque appareil a une utilité bien définie.Le cas le plus facile à examiner est celui des colliers de repérage pour chiens courants, qui n’appellent pas de remarque particulière, sauf à dire qu’ils évitent de longues et laborieuses recherches – surtout en terrains accidentés –, et qu’il faut en aucun cas que cet usage soit détourné pour repérer les animaux lancés. À rebours, le sonnaillon électroniqueméritequelques développements. De quoi s’agit-il ? Cet appareil (appelé beeper) émet un signal sonore en continu – pour ne 108

pas dire un odieux couinement – quand le chien, qui en est équipé, est immobile depuis quelques secondes ; et un autre “bip” retentira environ toutes les dix secondes quand ledit chien est en mouvement. On le devine : avec un tel instrument, un chasseurensous-bois,peutaisément retrouver son chien,

raison. Sans conteste en effet, le beeper pose un problèmeéthique.Dèslorsqu’on faitappel,nonplusseulement à la vue,mais à l’ouïe du chasseur pour repérer son compagnon – et le son porte plus loin que la vue ne peut percevoir –, il le retrouve beaucoup plus souvent et à une plus grande distance, beau-

quand il ne le voit plus,ou ne l’entend plus avec une cloche “classique”dustylecampane. L’utilisation de cet instrumentafaitl’objetd’âpresdiscussions, il y a quatre ans, au moment du vote de la loi chasseauParlement,nonsans

coup plus que s’il n’avait été équipéqued’uneseulecloche. Qui dit retrouver son chien à l’arrêt,dit occasion de tir plus fréquente.Or,cet appareil est utilisé pour la chasse à la bécasse, espèce au capital fragile s’il en était.

Jours de C HASSE ◆

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Une critique que n’acceptent pas certains chasseurs, dontJean-PaulKoumchasky, auteur par ailleurs d’un passionnant livre sur les Colliers de dressage (Éditions du Gerfaut). « Critiquer ce matériel, écrit-il, en prétendant qu’un beeper fait tuer plus d’oiseaux est inique,c’est le chasseur qui tueetnonl’appareilderepérage. Mieux vaut un vrai chasseur adepte des sonnaillons électroniques et respectant le prélèvement maximum autorisé qu’un tueur qui préfère les cloches.» La question se pose-t-elle vraimentencestermesseraiton tenté de rétorquer? Personne n’ignore que l’homme est, par nature, peu raisonnable,et que dans le domaine delachasse,ilnefautpasfaire preuve d’angélisme: des bécasses ont été tuées grâce au beeperalorsque,sanslui,elles n’auraient pas été tirées. À l’heure où les chasseurs doiventfairepreuvederaison, le beeper apparaît difficilementjustifiable.D’autantplus qu’àcettedimensionéthique, s’ajoute une dimension esthétique.Entendredetelssons stridents en forêt n’a rien de très poétique, sans compter que pour beaucoup de chasseurs découvrir son chien à l’arrêt fait partie d’une des nombreuses émotions cynégétiques. « Gardons-nous de rendrelachassetropartificielle…


Arrêtons l’escalade électronique », avaient dit des députés. En outre, ce sonnaillon estune“primeàlaparesse”affirme de son côté un dresseur,car,sachantquesonchien seraretrouvémêmeà500mètres, le chasseur ne sera aucunement incité à le dresser, quiauratoutloisirdefairetout et surtout n’importe quoi. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que de nombreuses chassesinterdisentàleursactionnaires,ou invités,l’usage du beeper. Ces arguments n’ontpasvraimentconvaincu une majorité de parlementaires, puisque le texte a été adopté, avec pour seule restriction qu’il soit utilisé à la chasse de la seule bécasse,au prétextequ’ilfautpenseraux chasseurs malentendants… Avec le collier électrique de dressage,apparu il y a une quinzaine d’années, c’est un autre débat qui s’engage. Comme son nom l’indique, c’est un appareil qui permet d’envoyer à distance – la portée peut atteindre un kilomètre et demi – une impulsion électrique télécommandée – avec un choix de l’intensité. À écouter ses adeptes, ce collierd’ungenreunpeuspécial aurait toutes les vertus possibles et imaginables. Ils mettent en exergue sa rapidité car il permet d’agir ins-

PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT

Setter anglais équipé d’un collier électrique de dressage. Un appareil qui est là non pour dresser mais pour améliorer, peaufiner un dressage ce qui n’est pas du tout la même chose.


Sur le terrain Sur le terrain

PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT

On ne peut et on ne doit employer un collier électrique que sur un chien déjà dressé, c’est-à-dire qu’il doit avoir compris et assimilé ce qu’on lui demande.

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tantanément et à grande distance, sur, par exemple, un chien d’arrêt qui courre à perte de vue sur un lièvre, un chevreuil,ou sur une perdrix.Plusencore,soulignentils, à la différence des hurlements,oud’unecorrection,le collier permettrait au chien de ne pas associer la décharge à son maître.Bref,à les écouter,il serait le remède miracle pour remettre dans le droit chemin tous les chiens difficiles, indisciplinés, au caractère bien trempé… C’est aller un peu vite en besogne.Lecollierélectrique peut être la meilleure comme la pire des solutions. Avec force autant qu’avec raison, Jean-PaulKoumchasky–qui fut l’un des premiers en France à l’utiliser – répète à l’envi qu’il n’est en aucun casun«remèdemiraculeuxévitantdesedonnerlapeinedefaire comprendre et d’apprendre au chien ce qu’on attend de lui », qu’il n’est « donc pas destiné à punirlechienmaisàluipermettre decomprendrequesonpropreintérêt réside dans le respect des ordres qui lui ont été enseignés ». C’est une différence essentielle. Bref, il est là non pour dresser mais pour améliorer, peaufinerundressage:cen’est pas tout à fait la même chose. Se servir, en effet, d’un collier de ce type suppose de respecter des règles. Si tel n’est pas le cas,la catastrophe peut arriver à tout moment… S’il est employé sur un chien qui ne sait rien,il ne comprendra

pas les raisons de sa faute, le remèdeserapirequelemal… « Il sera perdu,apeuré.Le collier ne sera strictement d’aucun secours»,préviennentnombre de dresseurs. Donc, on ne peut et on ne doit l’employer que sur un chien déjà dressé, c’est-àdire qu’il doit avoir compris et assimilé ce qu’on lui demande.Ainsi, pour un chien d’arrêt, il doit donc avoir du rappel, répondre au commandement assis, au down (c’est-à-dire obtenir que le chien se couche sur ordre, la base de tout dressage d’un chien d’arrêt), et être sage à l’envol, ce dernier exercice étant l’un des plus difficiles à obtenir, car il faut lutter contre l’atavisme naturel du chien qui est de poursuivre le gibier. Tout cela ne s’obtient qu’après plusieurs semaines, voire plusieurs mois d’exercices quasi quotidiens. Et c’est là,et seulement là, que le collier électrique va jouer son rôle, pour corriger des points de dressage.Ainsi, ilserviraàrenforcerlamarche au pied sans laisse (et avec laisse pour l’empêcher de tirer,détestablehabitudes’ilen est) à mieux contrôler son chien à distance. Eneffet,siàquinzeouvingt mètres, il est aisé de mettre au down un épagneul ou un setter, dans un enclos ou un jardin (c’est pour cela qu’il est nécessaire de travailler sur des terrains différents pour rompre la routine), il en est tout autrement en action de chasse. Avec l’excitation, le chien sera moins aux ordres, lecollierjoueraalorslerôlede laisse invisible. Cela peut se révéler salutaire à l’approche d’une route par exemple.


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!60 6D#4II#0 J/6JE .1/1J# F4# ; De la même manière, on sait combien il est difficile d’arrêterunchienquicourre sous l’aile,sur le poil,en dépit de la parfaite éducation qu’il a reçu. Avec le collier, il pourra être arrêté,et comprendra très vite qu’il est préférable qu’il ne recommence pas. L’exercice vaut également pour le chien qui courre derrière les voitures. Quoi qu’il en soit,un collier électrique doit être employé toujours de manière progressive et prudente. Le chasseur devra commencer par les plus basses impulsions,et voir les réactions de sonchien.C’estcequ’onappelle la psychologie canine. « Il n’y a d’ailleurs rien de plus instructif que de tester le collier sur ses propres doigts,cela calmelesesprits»,conseilleun dresseur.End’autrestermes, il faut vérifier la sensibilité du chien, en étant ridicule de prudence. Car un chien sensible, émotif, n’aura besoin que du minimum d’intensité.Si cette règle est enfreinte,onpeutlebriseràtout jamais.Dans le meilleur des cas,n’osant plus mettre une patte devant l’autre, jetant des regards apeurés vers son maître, il n’osera plus prendrelamoindreinitiative.Plus

encore, tétanisé par la peur, il pourra être perdu à tout jamais pour la chasse. On l’aura compris. Le chasseur devra toujours agir à bon escient, au moment même où son chien commet la faute c’est-à-dire jamais à contretemps,comme de lui envoyer une impulsion lorsqu’il est train de s’arrêter, ou en train de revenir : il risque de perdre sa confiance.Danslemêmeordre d’idées, il vaut mieux s’abstenir d’utiliser le collier quand on ne voit pas où est son chien, comme c’est souvent le cas en sous-bois. En tout état de cause, le chasseurdevratoujoursterminer sa chasse ou sa séance dedressagesurunenotepositive;bref,récompenserson chien s’il a réagi selon les ordres du chasseur afin de ne jamais rompre ce lien invisible qui s’appelle la complicité. « L’appareil n’est jamais responsable d’une erreur, au contraire de celui qui le manipule»rappelleavecjustesse Jean-Paul Koumchasky. Au vrai, la meilleure démonstration d’un collier bienutiliséestlajoiedevotre chien quand on lui met,synonyme de chasse, et non de punition. ◆

Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Armurerie Dorléac & Dorléac

L’Atelier de l’arme fine

◆ À Perpignan au cœur de “l'arsenal” de L’Atelier de Chasse naissent ou renaissent les plus belles carabines. Voilà pourquoi depuis un quart de siècle Dorléac & Dorléac est devenu l’incontournable rendez-vous des chasseurs les plus exigeants. Visite.

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PHOTOS : JOËL DORLEAC - ALAIN DE LʼHERMITE

S

i pour Dalí, la façade de la gare de Perpignan abrite le « centre cosmique de l’univers », c’est une autre adresse incontournabledelacapitalecatalane qui nous attend. Une légendemêmepourlesamateurs d’armes rayées du monde entier pour lesquels la juxtaposition des mots “armurerie” et “classique”signifieencorequelque chose. En face de nous: la maisonDorléac&Dorléac.C’est là, au-delà de la vitrine de L’Atelier de Chasse, derrière la boutique,dansl’“arsenal”quenaissent ou reprennent vie les plus belles carabines du monde. Elles portent des noms légendairesgravéssurl’airaindel’Arc detriomphedelachasseetrappellent des campagnes héroïques. Elles s’appellent Holland & Holland,Rigby,Heeren,Francotte,Mannlicher Schönauer et, bien sûr, Dorléac & Dorléac. Sitôt le seuil de la porte franchi, nous sommes hypnotisé par des carabines toutes plus belles les unes que lesautres.Impeccablementrangées aux râteliers, elles luisent de tous leurs feux. Avec gourmandise,ondistinguebientrois familles différentes. Déclinées dans tous les calibres du plus rare au plus commun, et dans

Une carabine .500 Jeffery Rimless assemblée autour d’une action Original Mauser Magnum et, ci-dessus, la vitrine de l’armurerie Dorléac & Dorléac.

Jours de C HASSE ◆

toutes les puissances. D’abord la plus nombreuse, celles dites “à verrou”. Nous ne savons pas sur laquelle de ces carabines concentrer notre regard. Il est tantôt accroché par le scintillement d’une inscription sibylline des chiffres d’or sur le jaspage d’un pontet. Aussitôt distrait par l’ivoire d’un guidon au curieux mécanisme, les yeux empruntent maintenant le canal bleu ardoise du canon vers la hausse à feuillets après avoir

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franchi le délicat anneau de la grenadière. Plus bas encore, une sûreté drapeau nous rappelle que seuls les mécanismes Original Mauser – système considéré, depuis le millésime 1898, de l’avis de tous les spécialistes, d’un achèvement absolumentparfait–adroitdecité chez Dorléac & Dorléac. En d’autres termes, les mécanismes utilisés ont une origine civile, parfois militaire mais en aucun cas il ne s’agit de « ré-


NOU

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Un point décisif

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Avec le Compact-Point, Carl Zeiss procure trois avantages décisifs au chasseur en battue : une visée optimisée sur le plan ergonomique, une meilleure maîtrise visuelle du champ d'action et de meilleurs résultats grâce au point lumineux particulièrement fin, clair et réglable manuellement. L'expérience du terrain et le savoir-faire en matière d'ergonomie, sont réunis en une innovation réalisée en tout point pour satisfaire les exigences des chasseurs en battue. Le viseur Compact-Point se fond avec l'arme et permet ainsi une visée efficace et rapide.

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Sur le terrain Sur le terrain

pliques contemporaines de qualité inférieure ! » apprendrons-nous. Deuxième famille, les carabines d’approche munies d’un bloctombant.Impossibledene pas aussitôt être séduit par une “drôle” de carabine, une Kipplauf Heeren. Protégé par un imposant pontet, le complexe mécanismedesdétentesneressembleàriendeconnu.Sonboîtier est incrusté d’edelweiss en or, et la sculpture du bois étiré jusqu’auboutducanonrappelle les sculptures “Forêt-Noire”. Enivrés par tant de beautés où

se mêle l’odeur d’huile de lin et de la graisse d’armes, on voyageausecretdel’Amérique àl’Autriche,duTanganyikavers l’Afrique occidentale française, on en oublie l’endroit où l’on se trouve. Enfin pas tout à fait, car, là encore, notre regard est irrésistiblement attiré par la troisième famille de carabines: ce sont les Dorléac dites “techniques”. Destinées à la chasse en montagne, elles pèsent moins de trois kilos optique comprise. Dans leur livrée blanche et noire d’acier inox et

L'équipe au grand complet: Jean-Philippe le fils de Joël Dorléac, Pierre le jeune armurier, et notre hôte et gardien du temple.

de carbone, elles veulent vous entraîner dans un crapahut endiablé au bout du monde. On en oublierait presque notre hôteetgardiendutemple,Joël, ceintdesatraditionnelleblouse verte, impeccable. À une autre époque et si un léger accent catalannetraduisaitlaproximité des Pyrénées, nous aurions pu faire face à Ferdinand Mann-

licher dans son bureau de Steyr. Même barbichette soignée, même regard d’aigle, gris bleu comme de l’acier suédois. Et surtout – nous le vérifierons –, cette même passion des belles armesparfaitementexécutées. Quelquepeuintimidéfaceàcet homme passé maître dans l’histoire et la technique des armes, nous espérons qu’il va nous livrer quelques-unes de ses connaissances encyclopédiques, fruit de cinquante années d’expérience. Joël n’a-t-il pas pour emblème le griffon cet animal mythique à tête et ailes d’aigle et au corps de lion ? Selon la légende, seuls de rares ermites réussiraient à l’apprivoiser. Les enseignements de Joël nous comblerons au-delà de nos espérances. C’est un de ses oncles qui lui inculqueralesrudimentsdel’art cynégétique,fauted’unpèresitôt disparu lorsqu’il n’a que 7ans. À cette époque, il n’est pas encore question de poursuivre les isards du Canigou en direction de la frontière espagnole. Mais aujourd’hui pendant toute la saison, pas une semaine ne se passe sans une visite aux antilopes blondes. Jean-Philippe, le fils de Joël, est aussi la victime consentante du même envoûtement. C’est luilesecondDorléacdeDorléac

PHOTOS : JOËL DORLEAC- ALAIN DE LʼHERMITE

À gauche, une carabine de grande chasse modèle Big Game Rifle et un authentique système Original Mauser.

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Jours de C HASSE ◆

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N’attendons pas davantage pour agir. Que vous achetiez un véhicule vert, que vous installiez des panneaux solaires, nous vous proposons des tarifs préférentiels. Vous pouvez aussi, avec nous, investir dans des secteurs respectueux de l’environnement. Et si vous êtes entrepreneur, Generali est là pour vous faire gagner de l’argent en polluant moins. Des petits gestes ? Non, une vraie volonté. generali-avenir.com

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PHOTOS : JOËL DORLEAC

Des exemples de la maîtrise absolue du travail du bois et du métal ou les merveilles de l’armurerie la plus artisanale.

& Dorléac. Une famille dans laquelle on est congénitalement captivé par la mécanique et la chasse. C’est d’ailleurs l’amour des armes rayées et de leurs mécanismes qui conduiront Joël à mettre ses pas dans ceux de ses prestigieux ancêtres ou ces référencesqu’ilssenommentle général Chambe, le docteur Couturier ou Alpinus. « Dans le pays,iln’yaqu’enmontagneoù on avait l’occasion de se servir d’une carabine rayée », se souvient-il. Au début des années 1960, il découvrira dans l’ouvrage Armes à feu de H.-L. Peterson l’histoire des premières carabines à « la balle tournoyante », inventéesanonymementenEurope centrale vers la fin du XVe siècle. Il admire la représentation de la plus ancienne armerayéeconnueàcejourl’arquebuseàmèchedel’empereur MaximilienIer d’Autriche.Onest encorebienloindelaperfection selon Joël, à savoir le « mécanisme à verrou le plus abouti

de l’Histoire: le Mauser 98 ». Alors qu’il travaille depuis le milieu des années 1970 dans une importante armurerie de sa ville, Joël est de plus en plus frustré.Mêmesilesarmescontinuent à bien se vendre, il constate une préoccupante baissedelaqualitédesproduits manufacturés. « Saint-Étienne commenceàpéricliter,alorsque je pensais qu’il y avait un savoir-faireancestralàprotéger», explique-t-il. Il passe à l’acte en entreprenant dans son propre atelier pendant ses loisirs de fabriquer,parpurplaisir,sespremières carabines. En raison d’une documentation française consacrée aux armes,faiblardeàsesyeux,ildécide de devenir un as en anglaisetdéchiffrela“bible”: Gun Digest, le célèbre magazine américain consacré aux armes. La signature d’un armurier de génie l’interpelle alors, il s’agit de Lenard Brownell du Wyoming. Sa spécialité: les armes “custom”,c'est-à-direlesarmes fabriquées à la main. C’est lui

lestylistedelaRugern°1à «bloc tombant ». Il s’agit d’un boîtier sur lequel est vissé un canon d’unegrandevariétédecalibres donc de puissances possibles. Le bloc fait office de culasse et peut coulisser verticalement pour libérer la chambre. Aujourd’hui, on comprend mieuxpourquoiladeuxièmefamille des fabrications Dorléac est entièrement consacrée à ce type d’armes, véritables merveilles de l’armurerie la plus artisanale. Au fil du temps une correspondance va s’établir entre Brownell et Joël. Même s’ils ne serencontrerontjamaisdesliens d’amitiés se tissent entre le maître et l’élève d’alors. « À chaque courrier, je lui soumettais une idée, il me répondait, me guidait », se souvient Joël plein d’émotion. Il sera même mandaté par notre Américain poursélectionnerlesplusbeaux noyers français comme il sied auxarmesdequalité.Ils’entend

Un modèle Small Game Light Rifle construit autour du boîtier “K”. L'élégance absolue.

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Jours de C HASSE ◆

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d’autant mieux avec Brownell que celui-ci défend envers et contre tout le classicisme et un retour aux valeurs d’avantguerre.Uneréactioncontreune certaine dérive armurière d’outre-Atlantique avec la mode californienne et ses montures aux essences tape-à-l’œil et intercalaires, des pentes inversées, des devants trapézoïdaux… Joël est convaincu par Brownell qu’il doit franchir le pas et restaurer les plus célèbres armes de sa période de prédilection,entre1900et1940.Plus encore, il ne résistera pas à se lancer dans la fabrication à partir de 1985. L’une et l’autre activité sont essentiellement “articulées” autour de la pièce maîtresseleMauser98(96pour les stalking rifles) conformé-


MERKEL ment au choix des plus grands armuriers de l’Histoire. À ce jour, le succès n’est pas démenti. Pour preuve, il faut en moyenne… trente mois pour qu’un client puisse prendre livraison de l’un des modèles de carabines classiques à répétition, rénovée ou fabriquée. Et quels modèles! Ils se nomment Small Game Light Rifle équipéeducélèbreboîtiercourt type K, Light Game Stalking Rifle traitée dans l’esprit de ces merveilleusesRigbyutiliséesen Écosse, ou encore Big Game Rifle proche de l’Original Mauser A et des grosses Jeffery… Stutzen ou équipé d’un fût classique.Àdestinationdusafariou de la battue, il existe toujours un joyau Dorléac & Dorléac adapté à tous les types de

chasse. Il faut absolument se rendre sur le site du célèbre armurier pour découvrir au jour le jour l’avancement des neuf carabines actuellement en travail; pour comprendre la minutie nécessaire à chaque étape pour parvenir à la perfection faite carabine. « Une arme forcément belle parce que libéréedetoutefioritureinutile, dira Joël, de la même veine j’ai appris avec Brownell à soigner les parties invisibles. » Auvrai,lamoindrevisd’une Dorléac est traitée comme

s’ils’agissaitdel’élémentleplus essentiel du mécanisme. À L’Atelier, il faut savoir que chaque canon est aussi tourné, chambré, assemblé précautionneusement, gage de précision. Équipé de ses organes de « viséesouvertesenparfaite concordance avec le dessin de lacrossepourlaquelleonprend ici le plus grand soin ». Inutile de demander à Joël un busc relevé,encoremoinsun“dosde cochon”, vous le fâcheriez car, selon lui, cela s’inscrit dans les dérives de l’armurerie au détriment de l’efficacité. Toujours entaillées par un meilleurouvrierdeFranceetfini à L’Atelier dans un noyer français,cescrossessontunmodèle du genre. Sans adjonction d’un busc disgracieux, elles s’adaptent alternativement aux deux types de visées. C’est l’une des grandes différences avecl’armurerieaméricaine où « trop souvent les crosses sont conçues uniquement pour tirer à l’aide d’une lunette au détriment d’une parfaiteadaptationautireur ». Ensortant,nousnous sommesditquenousavionstouché du doigt la perfection. Exagération? Voire. Car, Joël nous emmena justement dans ses Pyrénées chères à Gaston Phébus, pour une approche somptueuse sur un isard. Tout fut beau:lepaysage,letemps,l’ani◆ mal et… la carabine. L’Atelier de la Chasse, Dorléac & Dorléac 44,boulevard Georges-Clemenceau, 66000 Perpignan. Rens.:04.68.35.47.47 et www.dorleac-dorleac.com Email:dorleac.adc@wanadoo.fr

Jours de C HASSE ◆

UNE GAMME DE CARABINES BASCULANTES DE HAUTE QUALITÉ

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Essai Jumelles Swarovski EL 42

Spectaculaire de précision

◆ Swarovski s’est encore surpassé : sa nouvelle EL est sans conteste le “mètre étalon” de la jumelle haut de gamme. Élégance et performance à tous les niveaux.

◆ Netteté optimale de l’image

jusqu’à la périphérie, contours irréprochables, rendu fidèle des couleurs: c’est la jumelle de tous les superlatifs.

PHOTOS : SWAROVSKI

I

l y a dix ans Swarovski, la célèbrefirmed’AbsamauTyrol, présentaitunepairedejumelles révolutionnaires, le modèle EL. La grande particularité de ces jumellessautaitauxyeux.Letraditionnel pont situé entre les deux tubes était réduit à sa plus simple expression. Désormais l’espace libre améliorait grandement la prise en main et le maintien des jumelles et ce, sans altérer la rigidité de l’ensemble. Quant aux qualités optiques, elles frisaient l’excellence. Était-il possible de faire encore mieux? Esthétiquementlesnouvelles ELsonttoujoursaussiélégantes. Le revêtement “vert loden” est agréable au toucher et permet une excellente préhension en toutes circonstances. Mais ne nous y trompons pas: l’essentiel est ailleurs, à l’intérieur et

consiste dans l’utilisation des nouvelles lentilles “à champ plat”. “Sur le terrain”, le résultat est spectaculaire, surtout si l’on compare comme nous l’avonsfaitavecunmodèleidentique muni de lentilles traditionnelles. Pour la première fois nous constatons la disparition du phénomène de distorsion sur l’ensemble du champ visuel, même à la pé-

riphérie.Lephénomèneoptique de distorsion est un défaut bien connu des photographes: il se matérialiseparunecourburedes lignes droites du sujet observé. Ainsi avec les nouvelles EL, en l’absencededéformationdusujetobservé,iln’estplusutileune fois la mise au point effectuée de jouer avec la molette de focalisation pour préciser les contours de l’image. Ladeuxièmeaméliorationnotable concerne le pouvoir de résolution des nouvelles lentilles.Làencore,jusqu’àl’extrême

limite du champ visuel, on perçoit les plus fins détails de l’image observée. La distance de mise au point atteint la limite record d’un mètre et demi: les entomologistes apprécieront cette qualité pour l’observation des insectes! La troisième amélioration évidente, toujours par comparaison, concerne la profondeur de champ. Un élément essentiel pour vite détecter un gibier lors d’une approche. De plus, Swarovski annonce unnouveautraitementfluoréde ses lentilles haute définition pour limiter le phénomène d’aberrationchromatique.Mais ce phénomène d’irisation des contours de l’image dû à la décomposition de la lumière blanche est de longue date maîtrisé sur l’ensemble de la gamme. Il envademêmepourlecontraste des images et leur luminosité dans les environnements crépusculaires du meilleur niveau. Grâce à la grande distance oculairelesporteursdelunettes pourront désormais bénéficier de la totalité du champ visuel des EL. Avec ses EL Swarovski se trouve désormais sur la plus haute marche du podium. ◆

Fiche technique Swarovski modèle EL 42

Existent en deux grossissements 8,5 et 10. Diamètre de l’objectif 42 mm.

Diamètre de la pupille de sortie

4,9 ou 4,2 mm.

Distance de la pupille de sortie 20 mm. Champ de vision à 1 000 m 133 ou 112 m.

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Jours de C HASSE ◆

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Réglage de la dioptrie : 6 ou 8. Poids 795 ou 800 g. Boîtier en magnésium, étanche

et rempli à l’azote. Adaptateur photo “snap-shot” fourni. Prix 2 300 et 2 400 euros. Contact : www.swarovskioptik.fr



Sur le terrain

par Guillaume de Falaise

Chasses à la journée

Le château de Villette

Tenter de trouver,

en France, une chasse dite commerciale où l’on peut passer deux à trois jours de suite sans avoir une impression de déjàvu en termes de terrain et de gibiers relève d’un authentique exploit. Sans conteste, le château de Villette, dans la Nièvre, fait partie de ces rares endroits, où le beau rime avec le bon.Tout le mérite revient à Coen Stork, néerlandais de son état, et à son épouse belge, Catherine.

Àcetteépoque,leconfortétait plus que sommaire,puisqu’il n’y avait ni électricité, ni eau courante et encore moins de chauffage central. Une pre-

mière rénovation y comblera. Puis Catherine s’occupe de la décoration, avec sobriété, raffinement et confort. Coen découvre que la propriété fut

◆ C’est en 2001 que Coen et

Catherine décident d’acquérir cette propriété de 200hectares avec son château du XVIIe siècle, située au cœur du parc naturel du Morvan.

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Jours de C HASSE ◆

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un domaine de grande réputationpoursesbattuesdeperdrix rouges. Ayant pratiqué la chasse en Grande-Bretagne,ilétudielapossibilitéde redonner à la propriété son lustre d’antan. D’autant plus que le territoire qui n’a pas été abîmé par le remembrement est très vallonné et constitué de prairies encadrées de haies et coupées de ruisseaux,etseprêtedoncaux battues. Leur objectif ? Faire une chasse la plus naturelle possible. Pour s’en donner les moyens, la superficie de la chasseestétendueà1200hectares, des haies supplémentaires sont plantées,de même que de nombreuses cultures à gibier.Quant au gibier,il est lâché en été et, durant la saison de chasse, il n’y a pas ce


qu’on appelle pudiquement de la “recharge”. La perdrix rouge a été préférée en majoritéaufaisan,vusonerratisme légendaire.Malgré les efforts de tous les instants de Coen et de son garde, aujourd’hui, c’est encore la moitié des faisans qui quitte le territoire alors que 90 % des perdrix s’y cantonnent. Qui plus est, le territoire de chasse comprend quelque 17 étangs très bien entretenus et régulièrement vidés pour assainissement.Cela permet d’y élever descolvertsetaccueillirlescanardsenmigration,puisquele territoire est sur le flux migratoire qui passe par les Dombes. MaisCoenetCatherineont dû“composer”avecunanimal qui n’est pas du tout prévu dans leurs plans: le sanglier.

PHOTOS : JAKE EASTHAM

Une vue du territoire dans le parc naturel du Morvan et, en dessous, le très joli château de Villette. À droite, le propriétaire des lieux Coen Stork et son garde Ben.

La population était telle – et, avec elle, les dégâts sur leurs cultures à gibier – qu’il a fallu la contenir à tout prix: c’est pourquoi,en plus des battues au petit gibier, tout naturellement,ils organisent des battues aux sangliers. En général, le programme d’un week-end est consacré à une journée de chasse à la plume (perdrix, faisans et canards) et une journée de battue aux sangliers. Il est possible d’y ajouter ou d’intercaler une journée de visite de caves car nous sommes en Bourgogne et que, par exemple, le vignoble de Puligny-Montrachet se situe à quelques kilomètres seulement… C’estainsique,courantdécembre,nousavonsrejointun groupe de chasseurs britanniques. Pour nous y rendre, nous avons le choix, depuis Paris, de prendre la voiture (quatre heures de route), ou le train (une heure et demie de TGV). Pour notre part, nous avons choisi cette dernière solution qui évite la fatigue et les risques routiers. Coen est venu nous prendre à la gare avec son Land Roverblancet,enmoinsdetrente minutes, nous arrivons au château où nous sommes ac-

cueillis par Catherine. Pour cettechasse,nousseronshuit, cequiestlenombredepostes idéal. D’ailleurs, Coen n’accepte pas plus de dix postés et ceci très rarement,car huit fusils permettent une grande distance entre les postes et plus de convivialité pour les repas.Du reste le château n’a que huit chambres…

Mémento de poche

Territoire 1200 hectares. Département Nièvre. Types de chasse Battues faisans, perdreaux, canards, sangliers. Contact Coen & Catherine Stork. Château de Villette, 58170 Poil.Tél.: 03.86.30.09.13. Email: cstork@wanadoo.fr Sur Internet: http://battuedeprestige.com/ Prix Suivant prestations. Points forts Beauté du site, accueil familial et professionnel, très beaux gibiers variés. Points à améliorer Sans doute le français de Coen, Catherine le parle, elle, couramment.

Jours de C HASSE ◆

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Le lendemain matin, après unpetitdéjeunerroboratifqui satisfera les estomacs les plus exigeants, nous nous retrouvons dans le guns’room où chacund’entrenousasonvestiaire marqué d’une étiquette calligraphiéeànotrenom,une attention vraiment délicate. Cettepièceestchaufféeàl’ancienneavecunpoêleàboisqui répanduneodeurd’autrefois; lesconsignesdesécuriténous sontdonnéesetlespostessont tirés au sort. Nous faisons connaissance avec le garde, Ben. Il vient directement d’Angleterre et nous salue dans son costume de tweed. Ilportecravatecommesonassistant comme c’est la tradition les jours de chasse dans les îles Britanniques. Pour les premières battues, nous partons directement à

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Les chasseurs sont emmenés d’un poste à l’autre en voiture. Instantané d’une battue de perdrix rouges et de faisans et, ci-dessous, un beau rapport. Ici, les oiseaux volent vite et haut et l’organisation est parfaite.

pied, ce qui, par cette belle journée, est tellement plus agréable que d’avoir à utiliser des véhicules.Nous chasserons dans le cœur du territoire qui se trouve autour du château et n’utiliserons les véhiculesquepournous rendre à la battue précédant le déjeuner où nous attend une levée d’étang. Pour cette première traque,nous nous trouvons dans un pré situé au pied du château.“Au pied”,carnoussommes dansuncreuxlongépar un ruisseau et face à un bois séparé du château pardesculturesàgibier. À l’estimation du dénivelé qui nous fait face, les oiseaux vont passer très haut.En ce début de battue,quelques perdrix tentent leurchanceetsurprennentdes chasseurs.La densité des vols augmente et quelques faisans

se joignent à elles.Ce sont de très beaux oiseaux qui volent haut et vite. Bref, ils ont “de l’aile”.Lorsqu’àlafindelabattue nous posons nos fusils pour aider les rabatteurs et les gardes,avec leurs chiens,à ramasser le gibier, nous pouvons juger immédiatement à la taille des ergots des faisans que ceux-ci n’ont pas été lâchéscejouroulaveillecomme dansdenombreuxdomaines. Certains de ces oiseaux sont

et la prairie où nous sommes postés est bordée de hautes haies et,en surplomb,se trouvent des cultures à gibier qui vont être rabattues. Cela va êtredugrandsportcarlorsque les premiers oiseaux s’envoleront, ils devront passer audessus des haies et arriveront à la ligne à une très grande hauteur.Cette battue semble plus facile car l’on voit les oiseauxarriverdeloin.C’estsans compter avec la vitesse et la

réellement sauvages et tout le travail de Coen et de ses gardes porte ses fruits. La battue suivante se dérouleànouveaudansuncreux

hauteurdeleurvol.Ilsdoivent parcourirunegrandedistance et de telle battue ne sont envisageables qu’avec des oiseaux de grande maturité.

C’est un plaisir pour les yeux quand, vers la fin de la battue, les faisans au lieu de s’envoler à l’unité ou en petit nombre, ceux-ci rassemblés dans le rabat s’envolent en “flush” par groupe de plusieurs dizaines. Certes cela n’est sans doute pas très rentable pour la réalisation d’un tableau, mais magnifique à regarder. Une telle battue change de certains territoires où les oiseaux vous arrivent à dixmètresdehauteuret à bout de souffle… À la fin de cette battue, la pause rafraîchissement est la bienvenue. Puis nous prenons les véhicules pour parcourirquelqueskilomètres afindenousposterdans un lieu magnifique. Entre des collines,nous découvronsalorsuntrès grand étang entouré de boqueteaux, s’y trouvent des arbres certainement centenaires. Nous sommes au-dessus de l’étang et les oiseaux vont devoir prendre immédiatement de l’altitude car ils vont passer au-dessus des grandes collines situées der-

C’EST UN PLAISIR POUR LES YEUX QUAND, VERS LA FIN DE LA BATTUE, LES FAISANS, AU LIEU DE S’ENVOLER À L’UNITÉ OU EN PETIT NOMBRE, S’ENVOLENT EN “FLUSH” PAR GROUPE DE PLUSIEURS DIZAINES. UN SPECTACLE MAGNIFIQUE À REGARDER. 122

Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : JAKE EASTHAM

La femme de Coen, Catherine Stork. Partie de rien, notre hôte s’est occupée de la décoration avec sobriété, raffinement et confort. Ci-dessus, un des salons du château.

rière nous. Le paysage ressemble à certains de ces lacs de semi-montagne. Nous nousattendonstousàvoirdes colverts qui,certes,passent à limitedeportéedefusils,mais quelle n’est pas notre étonnement: des vols de sarcelles parcourent le ciel. Plusieurs d’entre elles nous surplombent avec cette légendaire montée à la verticale dès le premier coup de fusil… Il est temps de retourner auchâteaupourdéjeuner.Celui-ci sera bref et de qualité avantdefaireencoretroisbattues dans l’après-midi.Pas de temps mort. Celles-ci nous permettrontencored’avoirde très beaux oiseaux et une surprise à la deuxième battue quand nous nous rendons au posteetlevonslelongd’unpré humide cinq demoiselles qui nous saluent de leurs vols en zigzag et de leurs cris si caractéristiques:desbécassines.

Après une telle journée, ayant rendu les honneurs aux oiseaux tirés, et nous étant changé, nous sommes attendus pour l’apéritif autour de lacheminéedel’undessalons. Celui-ci sera suivi par un dîner gastronomique où Coen, grand connaisseur de vins, nous fera goûter un chassagne-montrachet et un mercurey qui nous laissera de grands souvenirs. Le lendemain est consacré à des battues de sangliers,où nos amis britanniques sont beaucoup moins à l’aise sur leur sûreté de tir. Nous réussirons tout de même à en tirer plus de vingt grâce à une organisation sans reproche. Unebonnelignedechasseurs arriverait à en réaliser plus du double mais est-ce la quantité prélevée qui compte? Durant la saison, Coen et Catherineorganisentainsiune dizaine de week-ends de chasse complétés à partir de janvier par des chasses devant soi.Aller chez Catherine et Coen est un grand plaisir. Ils vous reçoivent chez eux comme si vous faisiez partie de leurs amis ou de la famille. Mais il faut être prévoyant car les lignes sont réservées longtemps à l’avance… ◆

Jours de C HASSE ◆

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‘Soumis à autorisation’

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Philippe Le grand

Du côté de la loi…

Les assurances de chasse

◆ L’assurance de chasse est, en France, obligatoire. Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle ne couvre que la responsabilité civile. Le chasseur aura tout intérêt à prendre des garanties complémentaires…

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MARC CHARUEL

S

’assurer pour la chasse? La question paraît de prime abord incongru,car c’est une évidence même,dans la mesure où elle est tout simplement obligatoire. Le code rural prévoit en effet que toutepersonnequisouhaitefaire viser et valider son permis de chasser doit être titulaire d’une assurance dont il fixe le contenu minimum. Quel est donc ce contenu minimal? Il couvre la responsabilité civile du chasseur, pour une somme illimitée et sans qu’aucunedéchéancenesoitopposable aux victimes ou à leurs ayants droit en raison des accidents corporels occasionnés par tout acte de chasse ou de destructions des animaux nuisibles. Qui plus est, l’assurance doit couvrir dans les mêmesconditionslaresponsabilité civile encourue par le chasseur du fait de ses chiens (cela estconformeàunejurisprudence constanteselonlaquellel’accident causé par le chien en action de chasse est un accident garanti parce qu’il est un acte de chasse du chasseur lui-même)… Toutefois, on oublie souvent que la contrepartie d’une assuranceminimaleàuncoûttrèsmodeste (entre 15 et 25 euros par an) est que les risques couverts sontforcémentlimités.«Parceque laprimeestfaible,leschasseurstraitent leur assurance de chasse un peu par-dessus la jambe », confirme Roger Blinière, qui dirige le cabinet Proassur, spécialiste, entre autres, de tout ce qui touche de près ou de loin,aux activités cynégétiques. Difficulté supplémentaire : le contenu et les ex-

Le chasseur peut également assurer ses armes “en tous risques”, et ses chiens contre les dommages liés à la chasse, mais aussi contre la maladie et les accidents. Tout est une question de primes.

clusionsvarientquasimentd’une compagnieàl’autre(ellessontune trentaine à proposer une assurance “chasse”), et le chasseur a donc tout intérêt à vérifier les clauses de son contrat. Ainsi,en principe,sont exclus lesdommagescausésauchasseur par lui-même (puisqu’il ne s’agit pas de la mise en jeu de la responsabilité civile). Tout comme les dommages provenant de la faute intentionnelle ou dolosive del’assuré…D’unemanièreplus générale, l’assurance classique ne couvre que l’action de chasse, maiscertainsassureursl’étendent au transport avant et après la chasse,ainsiquelesaccidentssurvenus avec une arme de chasse en dehors de l’action de chasse proprement dite. D’autre part, sont en principe couverts les risques liés à la pratique du balltrap et à la manipulation des armes.Undispositifqui,pourRo-

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ger Blinière, « peut paraître complet,maisquipeutencores’avérerinsuffisant ».Et ce propos n’est apparemment pas une simple démarche marketing… Si l’on met de côté les produitsconçuspourlesprofessionnels (chasses commerciales,propriétaire d’un stand de tir,guides de chasse…), de nombreux assureursproposentdesassurances complémentaires pour les particuliers. Cela peut être bien sûr auprofitmêmedel’assuré(c’està-dire le versement d’un capital à la suite du décès ou de l’incapacité permanente découlant d’un accident de chasse).Mais il y a plus, comme l’assurance en responsabilité civile d’organisateur de chasse, une spécialité de Proassur.C’estuncontratsurmesure destiné aux particuliers qui donnentparexempledesbattues, pour couvrir (pour un montant d’environ 160 euros par an) plus

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particulièrement tous les bénévoles qui participent à la chasse, notamment les traqueurs. Dans le même esprit,les assureursproposentdesgarantiesspécifiquespourleschiens,garanties qui intéressent au premier chef les chasseurs en battue où les accidentsnesontpasrares.Quecouvrent-elles? Les dommages causésàseschienslorsd’unaccident dechasse(ycomprisl’empoisonnement).Mais un chasseur – ou n’importe qui d’autre – peut assurer ses chiens pour tout ce qui concerne la maladie et les accidents.Tout est possible,c’est une question de primes. Les armes –ainsiquelesaccessoirescomme les optiques – peuvent elles aussi être assurées contre la perte, le vol et les dommages (y compris pendant l’acte de chasse), à la conditiondepouvoirfournirune copie des factures d’acquisition ou l’expertise d’un armurier. Mais davantage,pour les chasseurs qui vont à l’étranger dans des pays à risques – comme le continent africain –,des compagniesd’assurancesproposentune assurancecivilependantunsafari (assurancequicouvrelerapatriement en cas de troubles), et une assurance couvrant le rapatriement des trophées du lieu de tir jusqu’audomiciledupropriétaire (c’est-à-direperte,vol,dommage, lorsdutransport,desonséjouren douane et chez le taxidermiste). Onleconstate:noussommesbien loin de la seule responsabilité civile obligatoire. ◆ Cabinet Proassur Rens.:01.42.42.33.36 et ww.proassur.com



HISTOIR

Chasseur

Eric von Otter Le baron africain par Ardina Strüwer

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S

INGULIER DESTIN

QUE CELUI DU SUÉDOIS

ERIC VON OTTER. DU JOUR AU LENDEMAIN, IL QUITTA SA TERRE NATALE POUR LE KENYA, OÙ IL SERA UN SOLDAT HÉROÏQUE ET UN CHASSEUR EFFRÉNÉ.

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de légende

uis parti enAfrique. C’est par ces quelquesmotspourlemoinslaconiques, pournepasdirelapidaires,écritssurune simple feuille posée sur son bureau, qu’Eric von Otter informa sa femme de son départ pour le Kenya. Nous sommes en 1913. Un voyage d’une nature un peu particulière puisque, s’il y avait bien une date pour l’aller, il n’y en avait aucune pour le retour… L’aventure durera dix ans, mais quasiment sans retour dans le royaume des Bernadotte, car, à 34ans,notrebaronsuédoismeurtseul,dansl’un des endroits les plus sauvages du Kenya – au fin fond dudésertdeLodwar,auTurkana. En Afrique, chez ses nombreux amis pionniers à Nairobi, on pressent déjà que c’est une légende qui est partie, synonyme d’aventure à la Stevenson, faite decourage,d’abnégationetdechasse.Car il faut se souvenir ce qu’écrivait dans sa Ferme africaine à son propos Karen Blixen,qui fut une de ses amies,dans un passageoùelleexpliquecommentlesKenyansattribuentdessurnomsswahilisaux gens en fonction de leurs qualités:« Mon ami suédois Eric von Otter était quant à lui Risase moja (“une seule cartouche”),indiquantainsiqu’ilnegaspillaitjamaisplusd’une cartouche pour abattre le gibier,et c’était un beau nom… » Un beau nom mais un étrange destin, car pourquoi avoir voulu tout abandonner,tout quitter pour d’autres cieux etd’autreshorizons,alorsque,justement,

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il semblait avoir tout, à commencer par le nom et la fortune? Pense-t-il comme les légionnaires qui chantaient: « Adieu Vieille Europe,que le Diable t’emporte à jamais »? Les Von Otter sont une vieille famille suédoise, fort riche, et possèdent entre autres lechâteaufamilialdeVästana,construitàlafindu XVIe siècle, proche de la ville de Jönköping, àenvirontroiscentskilomètres au sud de Stockholm. Qui plus est,les700hectaresqui entourent la propriété –avec en face le magnifique lac de Vättern – sont considérés comme l’un des plus beaux domainesdeSuède.Passionnéde chasse et de nature,Eric von Otter y chasse élans, cerfs et sangliers. Quelquesmoisavantsabrusquedécision, il venait de se marier et sa fille n’avait que 3 mois. Bref, il avait tout pour être heureux.Apparemment… Favorisée par la colonisation, l’Afrique avait attiré des aventuriers de tous poils qui cherchaient à échapper au froid de l’Europe,à la monotonie de leur vie, pour le sport et l’ivoire. Ces chasseursprofessionnels,ceswhitehunterss’appelleront John Hunter, Frederick Selous, Marcus Daly, Théodore Lefèvre,

UNE DÉCISION BRUSQUE

QUELQUES INSTANTANÉS DE LA VIE D’ERIC OTTER. LE RETOUR D’UNE CHASSE AU RHINOCÉROS. LE CHÂTEAU FAMILIAL DE VÄSTANA EN SUÈDE. ERIC ET SA FEMME HELGA ET, EN DESSOUS, UN AMI ET SES PISTEURS. VON


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PHOTOS : VON OTTER


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deste extraction que lui, TOUT POUR ou encore John Taylor… Le Kenya, sous domina- ÊTRE HEUREUX était impressionnée par sa nouvelle situation. Elle tion anglaise,faisait partie L’INTÉRIEUR DU CHÂTEAU s’attendait à une vie mondes territoires les plus atDE VÄSTANA. À DROITE, daineetsocialetrépidante. tirants pour ces chasseurs AVEC DES AMIS À LA CHASSE Funeste méprise,car Eric de grands animaux, pour EN SUÈDE (ERIC EST étaittoutsaufunmondain, le big five notamment. AU CENTRE DE LA PHOTO). faisant,sansnuldoute,sien Qu’on ne s’y méprenne LA VUE SUR LE MAGNIFIQUE le précepte d’un vieil arispas, Von Otter ne partait LAC DE VÄTTERN tocrate français qui affirpas dans l’esprit de deveDEPUIS LE CHÂTEAU. mait haut et fort que « le nir un chasseur professionnel. Ce départ vers ce continent en- commerce des grands de ce monde,m’hocore méconnu, c’était d’abord et avant nore,mais il m’emm… » C’était quelqu’un de solitaire, prétout échapper à une vie familiale fort férant la chasse et rêvant de grands esagitée et compliquée. D’abord,il ne se sentait pas à la hau- paces. Son couple est en train de se déteur de son rang, presque écrasé par les chirer et c’est sa mère qui lui propose de responsabilités. Depuis son enfance, sa partirtravaillerauKenya.Ellepensequ’en mère lui rappelait régulièrement qu’un partant pour l’Afrique il va pouvoir rejour,le château serait à lui.Avec une sco- trouveruncertainéquilibre.Parrelations, larité chaotique, il s’était toujours senti elle lui trouve un emploi dans une planle mouton noir de la famille et en se ma- tation de café près de Nairobi. Quand Eric von Otter arrive au Keriant les choses n’allèrent pas en s’améliorant. Sa femme Helga, de plus mo- nyaaumoisdeseptembredel’année1913,

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c’est un véritable choc pour lui, car il faut se représenter un instant ce qu’était le Kenya de l’époque: un pays de forêts denses,des régions buissonneuses et des kilomètres de déserts,où l’eau était rare, avec une richesse de vie animale inimaginable.Un pays synonyme de fièvres et de paludisme en tout genre, où il valait mieuxnepastombermalade,vul’étatdes servicessanitaires,etlepeud’avancement de la science médicamenteuse. Un pays d’autant plus hostile qu’Eric von Otter est d’une santé plutôt fragile. Mais, à n’en pas douter, il trouve en Afrique et au Kenya,tout l’espace et la liberté dont il avait été tant sevré. La ferme où il va travailler,le Swedo African Coffe Company, se trouve à quelques kilomètres de Nairobi. Planter, trier et récolter les plants de café: le travail est dur, éreintant. Sans compter qu’il recrute et forme les ouvriers agricoles; s’il le faut, il aide les blessés et les malades.L’Afrique est en train de lui ap-



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tent chasser le buffle et le porter ce qu’il a toujours IL SE SENT cherché : la proximité de LIBRE AU KENYA rhinocérosdanslesplaines de Tana. Après ce safari, la nature,la vie et la mort. ERIC VON OTTER Karen Blixen écrit à sa faAutour de la ferme, AVEC KAREN BLIXEN. mille (Lettres d’Afrique, il chasse presque quotiSES AMIS, 1914-1931, éditions Fodiennementlepetitgibier. LE CAPITAINE CHIDLAW lio) : « La vie de safari a Lesdimanches,ilpartplus ROBERTS AUX CÔTÉS quelque chose qui vous fait loin, vers les plaines de la D’UN RHINOCÉROS (1920) oublier tous les chagrins de Rift Valley pour chasser ET LE CAPITAINE HOLLAND antilopes, zèbres et buf- APRÈS UNE CHASSE AU LION. la vie et vous donne,vingtquatre heures sur vingtfles. Cela le change sûrement des terres et des forêts aux pentes quatrel’impressiond’avoirbuunedemi-bouardues autour de Västana qu’il arpen- teille de champagne – on est pénétré de la tait avec son frère Rolf. Mais une chose reconnaissance la plus profonde pour le fait ne bouge pas: son exceptionnelle capa- devivre…Celafaisaittroisansquejen’étais citédetir,aussiàl’aiseàl’armerayéequ’à pasrestéeassiseprèsd’unfeudecampetd’être là à nouveau et d’entendre les lions,au loin l’arme lisse. Sesvoisins,BroretKarenBlixen,sont danslanuit,c’étaitbonderetrouverlemonde euxaussiscandinavesetgrandschasseurs. authentiquevrai,danslequelj’aidéjàdûvivre, Von Otter devient surtout ami avec Ka- ilya10000ans.»Von Otter se pose beauren.Ils aiment discuter ensemble et par- coup de questions sur sa vie et son ave-

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nir.Néanmoins il sait au fond de lui qu’il a finalement trouvé sa place.Il remercie Dieu de lui avoir donné une nouvelle chanceetilécritàsonfrère,le22juin1914 où il lui décrit ses chevaux: « J’en ai trois à mon service.Red Flyer,Scout et Kishota. J’évite de monter le dernier car c’est un cas paresseux,maisRedFlyerestunanciencheval de course,et mon préféré.Scout est un poney somalien que j’utilise davantage pour lachasse.Jepeuxlâchermesrênesenpleingalopettireravecmonfusilsansqu’ils’inquiète. En plus,il ne trébuche jamais.À cheval, nousgardonstoujoursnosfusilsdanslesfourreaux,comme la cavalerie anglaise.On sort le fusil presque aussi vite que le revolver.» Et de conseiller à son frère s’il vient le voir de ne pas emporter d’armes car il en a une assez jolie collection entre un hammerless 465 cordite Holland & Holland (« un fusil dont on peut parler,crois-moi »)


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Chasseur de légende

Otter, malgré sa nationaL’IVRESSE et un Westley & Richards lité scandinave rejoindra 318 mauser avec lunette DES SAFARIS l’armée anglaise comme qu’ilvientdecommander. UNE DE SES TENTES la plupart des pionniers. À le lire, il a enfin trouvé AU KENYA, ET SA PETITE LesAnglais en ont besoin, la sérénité: « Si je rentrais BIBLIOTHÈQUE. carVonOtteravaitdéjàfait maintenant,la vie sauvage L’IMAGE ÉTONNANTE son service militaire dans memanqueraittoujourstrop. D’ERIC VON OTTER l’artillerie côtière en SuèC’est une vie dure,certes,et ACHEVANT UN RHINOCÉROS pas toujours tranquille,mais ET SON PISTEUR QUI S’ENFUIT de.Qui plus est,il était un des rares dans la colonie on s’amuse aussi ».En fait PRUDEMMENT. britannique à savoir maîd’amusements, racontet-il, il fera, avec Bror Blixen, « un exercice triser la nouvelle arme,la mitraillette.La de bataille en pleine nuit.La seule différence guerre l’expose à des situations de surc’est que nous avons utilisé des vraies balles! vieextrême.C’étaituneluttesansfinavec Nous avons tiré à peu près 200 cartouches. des problèmes de logistique, des négoLes boys étaient effrayés à mort car ils ont ciationsaveclestribusdéjàenguerreentre cruquec’étaitlesMasaïsquisebagarraient. elles et d’éprouvantes marches à pied à Nous avons pu compter deux coups à tra- travers les vastes terres arides.Von Otter versletoitd’unbungalowetdeuxfenêtrescas- chasse encore et toujours, pour, en premier lieu, nourrir ses hommes. La tâche sées.On s’est énormément amusé »… Deux mois après avoir écrit cette n’est pas facile car la plupart de ses sollettre, la guerre éclate en Europe. Von datssontmusulmans.Ilsrefusentdeman-

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ger toute viande qui n’était pas halal. Résultat:Von Otter est dans l’obligation de toucher l’animal de façon à ce qu’il ne meure pas tout de suite. Dans ses Mémoires publiées par sa mère sous le titre Officier et chasseur de grand gibier àTurkana,on peut lire un passage sur la complexité du problème:« De Kamolo,la marche nous menait vers le Nord et,à peu près une heure après le lever du soleil,on est arrivé au point le plus haut de la route.De là,j’avais une vue magnifique sur les plaines.Des collines recouvertes d’herbe verte, avec de profondes vallées fournies d’arbres et d’arbustes.Un terrain de première classe du point de vue chasse.De véritables terres de lion… Nous laissions derrière nous les plaines pour continuer notre marche en forêt.Il y avait encore plein de gibier.Des kongonis,des topis et des gazelles de Grant.On a croisé deux vols de perdrix. J’ai tiré deux poules mais Juma n’était pas



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content puisqu’il était musulman et n’avait pas pu participer à notre festin à Kamolo Rock.Par malheur,les perdreaux et un oribi, que j’avais tués pour moi-même,ont reçu les balles au bon endroit.Ils étaient morts juste avant que Juma ait pu chanter ses vers du Coran et leur couper la gorge.Il se plaignait de ne pas avoir mangé de viande depuis plusieurs jours.Pour le satisfaire,j’étais obligé de tuer un kongoni,mais quel dommage car lui aussi est tombé à une distance de 200 mètres. Juma est quand même parti comme une fusée.N’étant pas sûr qu’il arrive à temps,je l’ai suivi avec mes jumelles, car je doutais fort qu’il puisse réussir à écorcher le kongoni avec ses propres mains,mort ou vivant,et en plus pouvoir le nommer halal.Soudain,je vois Juma agripper les cornes de la bête et,dans la seconde qui a suivi,

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aussi pour un rapide allerretour en Suède, et tente de sauver une nouvelle fois son couple. On ne sait pas s’il y parvint ,cependant sa femme met au monde une deuxième fille quelques mois plus tard… L’armistice impose quelqueschangementsenterres africaines.Le long du Soudan,del’Abyssinie(l’Éthiopie) et de la Somalie, il y a de vastes régions désertes qu’il faut pacifier et administrer si on veut préserver la paix dans le nouveau Kenya.Von Otter est promu administrateur militaire et transféré à Turkana. Puisquesanouvellefonctionlecharge aussi du rôle de juge,les tribus prennent l’habitude de lui demander conseil pour toutetn’importequoi,notammentdelutter contre des attaques incessantes d’un groupedelions.C’estainsiqu’unjour,accompagné de son ami, le capitaine Holland,il tirera cinq lions depuis une boma (cache faite de branches).À la fin,il reste une lionne blessée qui se cache dans les buissons d’un ravin. Le biotope n’est guère en leur faveur,l’herbe est haute et les buissons sont très épais.Aidé par des indigènesarmésdelanceslonguesetpointues, il commence la battue. « Longorenio [le chef des indigènes] avec ses hommes étaient à 150 mètres de nous et après quelques secondes de bruit,de cris et de lancers de pierres, IL VISE ET TIRE la lionne s’est montrée avec un rugissement qui nous a JUSTE tous convaincus de sa très Juma a fait une énorme traUN DE SES PISTEURS AVEC mauvaise humeur.Subitejectoire avec couteau et fusil UN ÉLAND DU CAP (1920) dans les mains pour atterrir ET DE RETOUR D’UNE CHASSE ment,après un hurlement, la lionne a attaqué Holland droit dans un buisson plein À L’ÉLÉPHANT. ERIC VON de front.J’ai entendu deux d’épines. Le kongoni était OTTER FUT SURNOMMÉ coups de carabine avant de bienvivantetjesuispersuadé RISASE MOJA (“UNE SEULE voirmonamifaireunsautgique ce n’était pas les vers du CARTOUCHE”) POUR gantesque vers une ronce. Coran que Juma a dit quand SES QUALITÉS DE TIREUR. Voilà la lionne, partant il a fait son tour en l’air.» En novembre 1915,Von Otter passe comme une fusée jaune à moins de 25 mètres officier à la King’s African Rifles et,l’an- de distance.Pour moi,c’était maintenant née suivante, il reçoit la croix de guerre ou jamais si je ne voulais pas la rater.Je n’ai (the Military Cross).Malheureusement, presque pas senti la déflagration de mon fusa santé se détériore.Il est atteint de dy- sil.Laballeatraversélesvertèbresdelalionne, senterie et d’une grave forme de palu- qui est allée atterrir exactement à l’endroit disme.Comme tous les soldats malades, où Holland s’était trouvé quelques secondes il est renvoyé dans son cantonnement et auparavant.Je pouvais respirer de nouveau pendant la dernière année de la guerre et Holland a pu sortir de sa cache dans les Von Otter réside à Nairobi. Il en profite ronces,sain et sauf,exception faite de ses

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de détente de ma carabine, “À 25 MÈTRES, vêtements en lambeaux et j’ai hésité… Jusqu’à quelle de ses égratignures.» LA LIONNE” distance pourrais-je le laisEric von Otter était ERIC VON OTTER ET aussi un grand passionné LE CAPITAINE HOLLAND AVEC ser les approcher ? Mais quand Moya a expliqué à de photo. Il s’intéressait LEURS CINQ LIONS (1919) grands gestes que tout le surtoutauxtribus,comme CHASSEURS D’HOMMES monde ne pouvait pas grims’il savait qu’elles étaient QUI FURENT TIRÉS DEPUIS per dans le même arbre, je été appelées à disparaître, UN AFFÛT. UN AUTRE laissais l’appareil et me saiet son appareil l’accomDE SES PISTEURS AUX CÔTÉS sis de mon fusil.Le rhino acpagnaittoujourslorsdeses D’UN JOLI BUFFLE. célérait.Je me devais de visafaris. Un exercice quelquefois de haute voltige. Lors d’un de ser une partie de son cerveau.La balle part, ses safaris à Shaba, aussi nommé“le pa- puis ses jambes fléchissent et il s’effondre,la radis des animaux”, il découvre un ma- balle est bien logée dans en pleine tête.J’ai gnifique rhinocéros. Il prépare son boî- compté les pas entre le rhino et moi-même: tier pour l’immortaliser. Seul problème 63! Ensuite 14 pas entre le rhino et l’arbre. et de taille:son animal se dirige droit sur Meshommesfontlafêtecommeàchaquefois les porteurs qu’il a laissés sous un arbre. quand le grand gibier tombe mais je ne parSes hommes paniquent,crient à telle en- tage pas leur joie.Tout aurait pu être évité seignequel’énormerhinoleurfoncedroit s’ilsavaientseulementpuseretirerousetaire.» Ces mêmes rhinos lui jouèrent, un dessus. « À ce moment-là,j’ai remarqué qu’il se trouvait parfaitement dans l’angle jour,un mauvais tour,tant il est vrai qu’il de mon objectif.Avec mon doigt sur la queue frôla la mort. La scène se passe à Sam-

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buru,Eric von Otter chassait pour le dîner des perdrix.Il s’apprête à tirer quand Bogo lui retire brusquement son fusil.Il le jette par terre et lui passe sa carabine. Von Otter comprend qu’il se passe quelque chose d’anormal. Il enlève la sécuritéetseretournelentementpourdécouvrir un énorme rhinocéros s’approcher à plein galop à moins de 200mètres. Il garde son calme,charge sa carabine,le rhino est maintenant à 20 mètres. Il le vise, tire,la première balle ne lui fait pas « plus d’effet qu’une piqûre d’insecte ». Il parvient à recharger, le rhino n’est plus qu’à 10mètres, il tire, et la balle frappe son front.L’animal trébuche,la tête s’enfonce dans la poussière.« Il m’est déjà arrivé quelques fois, dira-t-il, surtout pendant la guerre,de sentir une vague de peur en tirant.Pas cette fois-ci.Peut-être que mes nerfs n’ont pas eu le temps de réagir.» Ces quelques scènes extrêmes ne doiventsurtoutpasfaireoublierqu’Eric


“MAINTENANT, L’AFRIQUE, C’EST FINI”

LE LIT OÙ ERIC VON OTTER MOURUT LE 17 AOÛT 1923, DERRIÈRE SES TROIS ARMES : SON HOLLAND & HOLLAND, SON MANNLICHER ET SON FUSIL À CANONS LISSES. EN DESSOUS, SA TOMBE À LODWAR AU KENYA.

von Otter reste un chasseur dans l’âme, et comme de très nombreux white hunters et broussards, il a une passion viscérale,presquecharnelleaveclesbuffles. Ses récits de chasse sont nombreux, tout aussi passionnants les uns que les autres,« des souvenirs,écrira-t-il simplement,qui me lient à cette vie qui m’appelle et me fascine ». Pour lui, ce continent, c’est la“mère patrie”. Von Otter est un chasseur, certes, mais il n’est en aucune manière un tireur effréné à la Foà. Chose assez rare pourl’époque–qui,ilfautlereconnaître, se soucie peu de la pérennité des espèces à l’exception notable de personnalités comme Theodore Roosevelt –,il sera toujours très respectueux de la natureetfaisaitattentionàsafaçondechasser.Le comte Lyndon raconte à son sujet dans son roman The Desert and the Green: « C’était le meilleur tireur que j’ai jamais rencontré,aussi doué avec son fusil

qu’avec son pistolet.Je n’oublierai jamais le jour où lors d’un safari,lorsqu’on n’avait plus de viande,Eric,doutant de mes capacités au tir,a pris l’initiative de tirer sur une horde de gazelles de Grant,malgré la malaria qui l’affaiblissait.En temps normal, onnepeutpass’approcherdesanimauxdans un terrain désert,mais Von Otter a tué le plus grand mâle d’un seul coup et il a eu le temps d’en tuer un autre avant que la horde disparaisse.J’étais si impressionné que j’ai mesuréladistance.380mètres!Pasmalpour un homme malade! » En effet,Von Otter est malade. Durant l’été 1923, son état desantés’aggrave.IlnepeutquitterLodwar,où il est stationné.Une pluie incessante,causant des inondations,empêche l’approvisionnement du camp et il faut rationner. Ses récits de ces derniers mois sont tout simplement poignants, car il sent, il sait que ses forces l’abandonnent à jamais.Un soir,« on me demande si on allait

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partir en safari bientôt.Et comme dans une vision, les souvenirs se sont dessinés dans matête.Lecampement,lessilhouettesnoires autour du feu flamboyant et des conversations plaisantes.Le doux ventdelanuit,lecielétoilé…Mais ce temps n’est plus.Le soleil et la chaleur m’ont enlevé toute ma force.L’Afrique,c’est fini.J’ai eu le palu deux fois et le médecin m’a ordonné de partir d’ici.Il est peutêtre encore temps.Mais je ne peux pas et je ne veux pas quitter mon poste.Pour l’instant,je reste.» Il y a une photo émouvante du lit de Von Otter à Lodwar. Un lit simple contre un mur bâti de fumier de vache et de boue blanche. Derrière, ses trois fusils apposés contre le mur: son Holland & Holland,son Mannlicher et son fusil à plomb.C’est aussi là, sur ce lit, que Risase moja, celui qui n’avait besoin qued’unecartouche,décède.La dernièremaladie,lafièvrenoire, frappe Von Otter la veille de son départ de Turkana et une semaine avant son départ d’Afrique. On est le 17 août 1923 et Eric Von Otter a 34 ans. Ilestenterrélelendemainàl’aubeàLodwar.Il repose entouré de palmiers à côté d’uneautretombed’unamiofficier.Juste avant sa mort, il note dans son agenda: «Dehorsleventsoufflepar-dessuslaplaine. De grands nuages de sable tourbillonnent dans le ciel et s’abattent sur la terre, formant une brume de couleur bleuâtre.Cela me donne un sentiment inexprimable de solitude.Encemomentmême,c’estl’étéàVästana.Qu’est ce que je ne donnerais pas pour voir nos arbres verts,l’herbe et les fleurs… un été sans cette chaleur dévorante.» ◆ Le château de Västana appartient aujourd’hui à Fredrik von Otter,le petit-fils de Rolf,le frère d’Eric von Otter.Il a transformé une partie du château en hôtel et une des chambres est dédiée à Eric von Otter,on y trouve également plusieurs de ses trophées africains. Sur Internet: www.vastanaslott.se

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CERF À LA REPOSÉE ARNAUD FRÉMINET SUR LE TERRAIN,

ET PAGE DE DROITE,

EXÉCUTANT DE PETITS CROQUIS SUR SES CARNETS À DESSIN.


Crayons

et

Pinceaux

Arnaud

Fréminet L’aquarelle au naturel par Virginie Jacoberger-Lavoué PHOTOS : ARNAUD FRÉMINET

Arnaud Fréminet a du caractère. Du qualificatif d’artiste animalier, il s’en défend vigoureusement, préférant les termes d’« illustrateur passionné de chasse et plus encore de la forêt, de la nature ». Dans son atelier, petit mais lumineux, de Voisins-le-Bretonneux, dans les Yvelines, on saisit très vite que le propos n’a rien d’une boutade.

◆ F

P

LUS QU’UN ARTISTE,

ARNAUD FRÉMINET EST LE TÉMOIN DES VRAIES CAMPAGNES, D’UN CONTACT INTIME AVEC LA NATURE ET D’UN CERTAIN ART DE VIVRE.

réminet, c’est d’abord une émotion, et des impressions. Dans des paysages, des sous-bois d’un automne qui jette ses derniers feux, ou d’un hiver que n’aurait pas renié Villon, il nous livre des instants que l’on a imaginés cent fois,même si on ne les a vus qu’une fois.C’est juste,vrai,entouré d’une indéniable poésie.On regarde,admiratif,cette compagnie de sangliers qui se défile sans un bruit, sans faire bouger une fougère durcie par le gel, ou ce brocard apparemment surpris au pied d’un bouleau,ou encore cette scène de brame au lever du jour où l’on n’entrevoit que des ombres… On observe toujours et encore ces colverts qui surgissent, partant vers des terres inconnues, cette compagnie de perdreaux gris dans cette lumière d’arrière-saison, quand les morsures du froid sont encore loin… Et puis, il y a la vénerie qui occupe une place à part. « J’aime autant la pratique que l’art de vivre qui s’y rattache »,confie-t-il.Ce n’est plus un attachement,c’est un feu sacré. Il retrace, ressent, toutes les péripéties d’un laisser-courre, avec comme dénominateur commun une indéniable nostalgie, renforcée par la technique de l’aquarelle.On sent presque l’odeur des sous-bois, l’effort des chiens,le blanc de transpiration des chevaux… Il plaît parce qu’il voit juste, serait-on tenté de dire pour expliquer son succès. Il plaît parce qu’il livre des instants si fugitifs que l’on aimerait qu’ils durent une éternité. Son parcours depuis son enfance explique l’authenticité et la délicatesse de son trait.S’il est né à Paris voilà près de cinquante ans,il n’a jamais vraiment goûté aux tribulations de la vie parisienne. Il a été “déclaré” très tôt sur le noble déduit, une passion familiale pratiquée dans l’Oise puis, plus tard, à Rambouillet. Il commence à suivre des

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Arnaud Fréminet

chassesàcourrevers7anset,dèsl’âgede10,ilpeintàlagouache ce qu’il observe et même à montrer son travail lors de ces chasses. De là à pouvoir en vivre… Se définissant comme un autodidacte, il sera formé par un grand-père qui était artiste-peintre à la gouache et un peu à l’huile.C’est lui qui lui offrira sa première boîte de gouaches et il héritera à sa disparition de tout son matériel. Un grand père qui lui apprendra la technique, sans penser alors faire de lui un artiste, mais il gardera en mémoire certains de ces précieux conseils comme de ne jamais oublier que « la peinture mérite beaucoup d’attention et plus encore de travail ». Ses maîtres? Ce sont d’abord les peintres de Barbizon pour leur réalisme et leur naturalisme et la phénoménale Rosa Bonheur pour son don de saisir tant le caractère de chaque espèce animal que la beauté de la nature environnante.

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Mais,pour l’heure,Arnaud Fréminet est à mille coudées des sous-bois et de leurs hôtes. Diplômé de la très exigeante Union centrale des arts décoratifs,il exercera,en effet,le métier de directeur artistique dans plusieurs agences de… communication. Figure de la publicité flamboyante des années 1980-1990, il terminera même sa carrière dans le domaine très peu artistique du “hors-médias” (technique qui utilise, entre autres, les nouvelles technologies). Ces digressions commerciales l’aideront, souligne-t-il aujourd’hui, à la présentation de ses œuvres comme d’exploiter les nouvelles techniques de communication, d’avoir un site fort complet et un blog qu’il alimente régulièrement et qui lui permettent, dit-il, « de toucher une clientèle plus vaste, des jeunes passionnés de représentations animalières,des collectionneurs étrangers de diverses origines ».Ses années de“pubards”ne l’empêcheront pas de continuer de dessiner et peintre.Au contraire, puisqu’il découvrira l’aquarelle en 1985 et son acharnement à exceller dans l’exercice de cette technique fut tel qu’il organisa sa première exposition personnelledèsl’annéesuivante. En 1999, il tourne la page de sa vie de publicitaire, et entend désormais embrasser la carrière desbeaux-arts,soutenuencelapar des collectionneurs fidèles et des galeries (comme celle du Centre du Monde, en Haute-Marne) qui souhaitent montrer son travail,et encouragé par le succès rencontré lors de manifestations comme le Game Fair de Chambord. L’exercice ne sera pas facile, car Arnaud Fréminet ne veut à aucun prix tomber dans le système des commandes. Il veut travailler « librement »,car « si on me demande d’exécuterunecommandetropprécise,montrait se fige et je ne parviens pas à mener une composition honorablement »,confie-


PHOTOS : ARNAUD FRÉMINET

t-il. Les expositions vont s’enchaîner, à la maison de Decauville à Voisins-le-Bretonneux,au Salon de printemps de Senlis, au Game Fair de Chambord, au Festival international de l’art animalier à Romorantin, au Musée vivant du cheval de Chantilly, à la Galerie Entre Sable etBruyèreàSaint-Benoît-sur-Loire. Sans oublier une présence on ne peut plus régulière au Salon de la chasse de Rambouillet. Entretemps,ilremporteraquelquestitres prestigieux comme en 2007 le premier prix du Centenaire de la Société de vènerie. « Une vraie reconnaissance et un tournant dans ma carrière » reconnaît-il tout en gardant le triomphe modeste.Son succès ne se démentira pas. Mais succès ne veut pas dire vie mondaine. Paris ne l’attire décidément pas, il s’y rend,avoue-t-il,le « moins souvent possible » et uniquement lorsqu’il s’agit d’assister à quelques vernissages, d’inaugurer une exposition ou rencontrer quelques clients fidèles. Qu’aime-t-on chez Fréminet ? Indiscutablement, une réelle sensibilité campagnarde et cynégétique, fruit d’heures et de saisons passées sur le terrain.Dans ses dizaines d’aquarelles, des yeux avertis auront reconnu à maintes reprises le superbe massif de Rambouillet. Et pour cause, cette forêt à qui la chasse doit tant, c’est un peu son repaire, son « fief » comme il l’appelle. Il y vient depuis quarante ans en toute saison et il y « travaille le plus souvent possible », explique-t-il. Et cela se voit; le béret vissé sur la tête, il exécute des petits croquis sur ses carnets à dessin, un travail qu’il compare à celui « du musicien qui,quel que soit son niveau,quel que soit son

CI-DESSUS, LE TRAVAIL DE L’AQUARELLISTE SUR UNE SCÈNE D’HALLALI. CI-DESSOUS, UN DE SES CARNETS À DESSIN QUI NE LE QUITTENT JAMAIS SUR LE TERRAIN. PAGE DE GAUCHE, TRÈS BELLES TÊTES DE LABRADORS. CHAQUE SCÈNE SE NOURRIT D’UN SENS AIGU DE L’OBSERVATION.

talent, se doit de réviser ses gammes quotidiennement ». Au vrai, chacune de ses scènes se nourrit d’un sens aigu de l’observation, de ces mille détails qu’il a pu et su capter. Car pour lui, une scène est un tout qu’elle soit un débuché de vigoureux ragots,d’un chevreuilàlareposée,d’unebécasse s’envolant dans les gaulis.« J’ai toujours eu l’émotion pour guide mais j’aimelajustesse,laprécisionpaslesreprésentationsquisontsurjouéesouteintées d’envolées lyriques trop personnelles », aime-t-il à répéter.Chaque espèce reproduite évoque avec justesse sa propre agilité, grâce, force ou densité. Regardons ses sangliers pour lesquels on sent que notre artiste a une affection particulière. En quelques touches,il sait les faire vivre,tour à tour inquiets, furieux, rassurés, aidés en cela par un solide talent de paysagiste:lerendudelaneige,desfougères,desqueuesd’étang est de premier ordre, parce qu’il sait transmettre ce qui est imperceptible.Ainsi, dans ce vol de perdreaux, il a su rendre le labour gluant,cette terre qui vous colle si bien aux bottes… Et que dire de son cerf perdu, non dans le massif de Rambouillet, mais dans un moor écossais. À y regarder de plus près,riennemanque:noussommesenautomne,carlabruyère n’est plus en fleur; le cerf, plus chétif et au trophée modeste,

“J’AI TOUJOURS EU L’ÉMOTION POUR GUIDE, J’AIME LA JUSTESSE, PAS LES REPRÉSENTATIONS QUI SONT SURJOUÉES OU TEINTÉES D’ENVOLÉES LYRIQUES BIEN TROP PERSONNELLES…” Jours de C HASSE ◆

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PHOTOS : ARNAUD FRÉMINET

Arnaud Fréminet

de mes premières exécutions d’aquarelles pour l’édition fut consacrée à la représentation des équipages de la vénerie mais si vous regardez mes scènes de chasse qui reproduisent un instant de chasse à courre, qui saisissent sur l’instant une action, ou qui cernent l’animaldansuneattitude,vouscomprendrezvitequemesaquarellesséduisentautant de veneur que d’autres chasseurs. Cen’étaitpaspréméditémaisj’ensuisassez fier car cette approche explique aussi pourquoi je ne me suis pas laissé enfermerdansungenretropcodifié»,expliquet-il. Là,c’est un bien-aller avec des chiens qui se récrient à pleine gorge,un hallali au milieu d’une futaie de chênes, sur un étang gelé, de multiples bâtl’eau… Traité avec intensité et force détails, le paysage est là encore jamais anecdotique,toujours empreint d’une infinie nostalgie. Veneurs, chevaux, chiens… rien n’est artificiel, le ton est exact, il n’y a pas d’approximation, ni d’erreurs. « Mais je ne peins jamais de bêtes blessées », explique-t-il. Et à de très rares

SCÈNE DE VÉNERIE DU CERF. CI-DESSOUS, HALLALI SUR UN ÉTANG GELÉ. ARNAUD FÉMINET SUIT TOUJOURS – AUJOURD’HUI À VÉLO – DE NOMBREUX LAISSER-COURRE. IL EMPORTE SON MATÉRIEL AVEC LUI, IL OBSERVE ET REPRODUIT MENTALEMENT DES SCÈNES PRÉCISES.

est bien d’Écosse, avec ce loch dans le fond, dans cette brume qui monte inexorablement… Même sens du détail et du trait juste dans ses portraits de chiens que cela soit ses labradors si expressifs, ses fox dont on devine tout le mordant, ou ses teckels à poil ras au regard si malin… Ses scènes de vénerie méritent qu’on s’y arrête un instant. Il suit toujours – aujourd’hui à vélo – de nombreuxlaisser-courre,notamment ceuxduRallyeBonnellesquidécouple en forêt de Rambouillet. Il emporte son matériel avec lui, il observe,reproduit mentalement et à sa façon des scènes précises, qui, pour quelques-unes d’entre elles, ne sont pas sans rappeler certaines toiles de Charles-Olivier de Penne. « L’une

TRAITÉ AVEC INTENSITÉ ET FORCE DÉTAILS, LE PAYSAGE EST ENCORE LÀ, JAMAIS ANECDOTIQUE, EMPREINT D’UNE INFINIE NOSTALGIE. VENEURS, CHEVAUX, CHIENS… LE TON EST EXACT.

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PHOTOS : ARNAUD FRÉMINET

Arnaud Fréminet

l’impressiondepoésieetdenostalgie.Jamaistropacadémique, il ne s’embarrasse pas de détails superflus,en donnant du relief à ses œuvres par touches successives. De plus, afin de ne pas le contraindre à une exécution rapide de ses compositions, notre artiste utilise la technique de l’aquarelle “sèche”. S’il travaille les aquarelles par étapes avec une techniquebiendéterminée,forceestdeconstater que ce qui guide Arnaud Fréminet dans le traitement du sujet est avant tout un élan de liberté.« Je ne trouve le bonheur de créer avec exactitude que lorsque j’ai la liberté de tout faire, toutentreprendre,d’avoiravantl’exécutionlaplace de contempler et de reproduire à ma façon ce qui me touche », explique-t-il. Chez lui, l’emploi de rehauts de blanc est une habileté à dessiner les contours,marquer les contrastes,densifier les clairs-obscurs. « Souvent je trouve la vérité de l’animal,de son attitude en travaillant sesombres»,concède-t-il.Danscesaquarelles, certains détails attirent l’œil, parallèlement la minutie de son trait donne du relief à chaque œuvre. Aujourd’hui, il ne cache pas vouloir s’essayer à l’huile. « J’affectionne depuis longtemps l’aquarelle, des formats qui n’ont rien de démesurés mais je concrétiserai cette année sans doute mon désir de passer à l’huile sur des toiles de dimensions plus importantes », espère-t-il. >>

BROCARD AUX AGUETS DANS CETTE LUMIÈRE QUI N’APPARTIENT QU’À L’ÉTÉ. CI-DESSOUS, JOLI CHAMOIS. ET, PAGE DE GAUCHE, COMPAGNIE DE SANGLIERS DANS UN HIVER FRAPPANT DE RÉALISME. “SOUVENT, JE TRAVAILLE LA VÉRITÉ DE L’ANIMAL, DE SON ATTITUDE EN TRAVAILLANT SES OMBRES…”

exceptions,il ne peint pas non plus de scènes montrant l’animal traqué.Bref,il préfère « les péripéties plus posées d’un laisser-courre,en tout cas qui méritent d’être immortalisées sur une toile,etcellesauxquellesonn’apastoujoursletemps d’observer lorsqu’on chasse ». On le devine : à l’évidence,Arnaud Fréminet n’aime guère les choses trop établies, ne voulant pas se laisser enfermer dans un genre. De son goût pour la vénerie, on devine un talent à reproduire de minutieux détails mais l’on devine aussi à observer l’énergie ou la belle intensité de ses compositions,une certaine facilité d’exécution lorsqu’il tient son sujet. « J’aime la rapidité d’exécution lorsque je peins une aquarelle grâce à mes carnets, mon travail préparatoire,je sais où je vais.Par ailleurs,je réalise également beaucoup de photos en chasse pour saisir l’instant,un vrai travail préparatoire qui donne beaucoup d’idées et de liberté puisque je me sers de ce support pour observer mais jamais comme un modèle »,confiet-il. À n’en pas douter, sa technique de l’aquarelle facilite

“JE NE TROUVE LE BONHEUR DE CRÉER AVEC EXACTITUDE QUE LORSQUE J’AI LA LIBERTÉ DE TOUT FAIRE, TOUT ENTREPRENDRE, D’AVOIR AVANT L’EXÉCUTION LA PLACE DE CONTEMPLER.”

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PHOTOS : ARNAUD FRÉMINET

Arnaud Fréminet

porain.Il ne déteste pas aller voir le travail d’un artiste animalier contemporain dans une galerie parisienne ou en faisant une petite escapade dans le temps, en se rendant au Musée d’Orsay mais, à rebours, il n’a guère le goût de l’art moderne non figuratif, et surtout ne lui parlez pas de “l’artvidéo”,«desaberrations»,ditl’artistequi est membre d’Artémis,une association d’artistes animaliers. Défenseur de la liberté de créer, il n’est pas convaincu que la simplification des formes soit la panacée en matière d’art contemporain. Il n’aime rien tant que l’épaisseur des forêts et on n’est guère étonné d’apprendre qu’il éditera bientôt un ouvrage illustré consacré à la forêt de Rambouillet. Au fond, Arnaud Fréminet est un témoin,un témoin d’un certain art de vivre, d’une certaine élégance, d’une histoire qui, ancrée dans le passé, a su se projeter dans l’avenir,letémoind’uncontactprolongéavec la nature et ses créatures,avec le silence et le vent de la campagne, les parfums de la végétation et les murmures de la forêt. ◆

POSE DE CANARDS, À DROITE, ENVOL D’UNE BÉCASSE, ET CROQUIS SUR L’UN “JEAN-PIERRE RÊVE-T-IL OU DORT-IL ? CELA REVIENT AU MÊME.” “JE RÉALISE BEAUCOUP DE PHOTOS EN CHASSE POUR SAISIR L’INSTANT, UN VRAI TRAVAIL QUI DONNE BEAUCOUP D’IDÉES ET DE LIBERTÉ.” DE SES CARNETS OÙ L’ON PEUT LIRE :

Artistefécond,ilmèned’importantsprojets (série d’œuvres,édition…) de front dans le domaine de la chasse tout en s’accordant de salutaires digressions (il a réalisé tout une série de jolies marines qui ont également trouvé son public).Là encore,sa technique est classique,mais ses œuvres ont leur propre liberté d’expression. On ne peut les citertous,maisonnepeutpassersoussilence laVéneriefrançaiseetbelge(ÉditionsdeBourfontaine, 1998), son très beau Changements de forêts (qui est un hommage aux cinquante équipages de grande vénerie de ces vingtcinq dernières années, où l’on peut réellement admirer à la fois l’œil du veneur et la sensibilité de l’artiste), Souvenirs de chasse deFullerFarrer(ÉditionsdeMontbel,2004), ou encore Laissons-les faire (qui retrace toute l’histoire de la famille Roualle avec la vénerie)… Toujours très libre,son travail a pour autant peu de chance deselaisserinfluencerparlescourantsàlamodedel’artcontem-

Plus d’informations sur son site: www.arnaud-freminet.com Et sur son blog:http://billebaude.over-blog.com

“J’AFFECTIONNE DEPUIS LONGTEMPS L’AQUARELLE, MAIS JE CONCRÉTISERAI CETTE ANNÉE SANS DOUTE MON DÉSIR DE PASSER À L’HUILE SUR DES TOILES DE DIMENSIONS IMPORTANTES.”

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PréParez la nouvelle saison

La saison de chasse se termine, vos armes vont rejoindre leur « râtelier » et attendre la prochaine saison ! Avant ce repos bien mérité, il est indispensable de procéder à une vérification générale de tout le mécanisme, ce qui nous permettra de tout contrôler. Opération peu coûteuse, évitant bien souvent des catastrophes. Profitez de cette période d’accalmie, notre atelier composé de 3 armuriers tous diplômés de « l’Ecole de Liège » est à votre disposition.


ECRIVAIN

Portrait ◆

Ivan Tourgueniev Le chasseur mélancolique

HEF-D’ŒUVRE

DE LA LITTÉRATURE DU XIXe SIÈCLE,

“MÉMOIRES D’UN CHASSEUR” RÉVÉLA EN OCCIDENT ET DANS L’EMPIRE DES

TSARS LA CONDITION DES PAYSANS RUSSES.

AU-DELÀ DE SA CONTRIBUTION À L’ABOLITION DU SERVAGE, LE LIVRE RESTE UN HYMNE MAGNIFIQUE À LA NATURE ET À LA CHASSE.

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◆ M

onsieur Tourgueniev,donc,costumé en chasseur,va de village en village à la poursuite d’un gibier dont il ne paraît pas se soucier beaucoup,mais chemin faisant il rencontre des gens de toutes les classes,de tous les caractères,qu’il aime à faire jaser;il décritleursfaçons,leursgestes,attrapequelque chosedeleurhistoire,puisilpoursuitsachasse en laissant à son lecteur le soin de commenter et de conclure.L’ensemble de ces vingtdeux petits tableaux de genre,habilement variés de composition et de couleur,tous très finement travaillés […] donne une idée assez exacte de l’état social de la Russie.C’est ainsi que Mérimée rendait compte, en juin 1854,dans la Revue des Deux Mondes du livre d’Ivan Tourgueniev,dans la traduction approximative d’Ernest Charrière. « Selon toute apparence, ajoutait-il, imprudemment,l’auteurn’estpointunnemrod.» Curieuse bévue, et qui démontre assurément que Mérimée, en dépit de ses multiples qualités, n’entendait rien au“noble déduit”. Tout au long des Mémoires d’un chasseur,la chasse,il est vrai,apparaît surtout comme le prétexte de récits consacrés à la vie des paysans russes et aux relations qui les unissent à leurs seigneurs. Ainsi s’explique l’erreur du critique et sans doute est-ce la raison pour laquelle le traducteur jugea de bon aloi de changer le titre du livre en Mémoires d’un seigneur russe ou Tableau de la situation actuelle des

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noblesetdespaysansdanslesprovincesrusses, afin, commentait sarcastiquement Mérimée,« de ne pas induire en erreur MM.les sportsmen qui espéraient y trouver des renseignements sur les ours et les gélinottes… ». D’ours, le lecteur ne trouvera effectivement pas trace dans le livre de Tourgueniev–bienquelegéantrussel’ait,semblet-il,chasséencompagniedesonamiLouis Viardot,aux côtés duquel il traqua aussi l’élan – mais de gélinottes, certes oui, et de tout le gibier à plumes qu’il est loisibledetirer,carTourguenievétaitd’abord un chasseur de petit gibier.Une passion qu’il contracta dans sa jeunesse sur les terres familiales du domaine de Spasskoïe, dans la province d’Orel, au sud de Moscou.Ilyétaitné,en1818,d’uneunion qui fut malheureuse entre un officier des Chevaliers-gardes,gandin égoïste et calculateur,etd’unefemmeplusâgée,autoritaire, fantasque, et fort riche. Mariage d’intérêt de la part de Serguei Petrovitch Tourgueniev, qui n’avait pour luiqu’unenoblesseancienne,unphysique avantageux, mais un modeste domaine avec une centaine de serfs,tandis que sa femme,VarvaraPetrovnaLoutovinovétait héritièredevastesterrespeupléesde5000 âmes. Bien qu’il fût le préféré de sa mère, IvanSergueïevitchTourgueniev,quiperdit son père à l’âge de 16 ans, n’eut pas, semble-t-il,unejeunesseheureuse.Veuve

PHOTO : AISA/LEEMAGE

C

par Bruno de Cessole



PHOTOS : THE GRANGER COLLECTION NYC/RUE DES ARCHIVES - AKG-IMAGES

Ivan Tourgueniev

D’UN AMOUR À L’AUTRE

PAULINE GARCIA, ÉPOUSE DE LOUIS VIARDOT. CÉLÈBRE CANTATRICE ET MUSICIENNE, ELLE FUT – AVEC LA RUSSIE ET SON PEUPLE – L’ÉGÉRIE ET LE GRAND AMOUR DE TOURGUENIEV, JUSQU’À LA MORT DE CELUI-CI.

aigrieetcapricieuse,VarvaraTourgueniev régnait d’une poigne de fer sur la maison familiale, soumettant domestiques etpaysansauxpunitionscorporellesalors enusage,commeentémoignelanouvelle, Deux gentilshommes campagnards. Dans deux autres nouvelles,l’Odnodvorets Ovsianikov et le Brigadier,Tourgueniev évoquera les exactions et les violences de sa famille maternelle, qui s’estimait très au-dessus des lois, et se plaisait à terroriser la région d’Orel. Auprès d’un serf de la maisonnée, il acquit le goût de la lecture et de la littérature, tandis qu’un autre serviteur, Athanase, chargé d’approvisionner en gibier la table du domaine,l’initia à l’observation de la faune, et aux plaisirs de la chasse, tradition familiale à l’honneur chez ses ancêtres et chez son père. Le personnage d’Iermolaï de Mémoires d’un chasseur,qui accompagne et guide le narrateur dans ses randonnées cynégétiques, fut en grande partie inspiré de ce veneur rustique. De l’aveu deTourgueniev,les «heures passées à l’affût,dans une observation rêveusedelanature»furentlesmeilleurssou-

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venirs d’une jeunesse plutôt triste. En 1832, le jeune garçon partit pour Moscou où il fut pensionnaire avant d’entrer à l’université de Saint-Pétersbourg. Il complétasesétudesparuncursusdetrois ans à la faculté de philosophie de Berlin, où il se lia,entre autres,avec Bakounine. Ses biographes datent de ce séjour son adhésion aux convictions des “occidentalistes”,persuadés que le renouveau de laRussiepassaitparl’écoledel’Occident, contre le camp des slavophiles, attachés à la vocation religieuse de la “troisième Rome”.Cesera,plustard,l’undesdrames delaviedeTourguenievqued’êtreconsidéré comme un parangon de Russe en Europe et comme un fils de l’Occident en Russie. De retour dans sa patrie en 1841, après un voyage en Italie, Tourgueniev s’attelle à une thèse tout en s’adonnant avec plus de constance aux partiesdechasseetauxamoursancillaires. D’une liaison avec une paysanne de ses domaines naquit une fille, qui sera envoyée en France et deviendra l’enfant adoptif de ses amis Viardot. Cependant, la littérature l’attire davantage que le service de l’État, où il est entréen1841.Adressésàdesrevuesrusses ses premiers poèmes reçoivent un accueil mitigé, mais en 1843 son poème Parasaestaccueilliavecélogeparlegrand critique Belinski.En cette même année,

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le jeune homme fait connaissance, au cours d’une partie de chasse, de Louis Viardot,jovialbourguignonpassédubarreauaujournalisme,auteurdenombreux ouvrages sur la peinture et les musées,et traducteurdesgrandsécrivainsespagnols puis russes. Deux ans auparavant, Viardotavaitépousélacantatriced’origineespagnole Pauline Garcia, sœur de la Malibran, qu’il accompagnait dans ses tournéeseuropéennes.LouisViardotétait, d’autre part,un chasseur enthousiaste et joignait l’agréable à l’utile en agrémentant ses voyages en Espagne, en Angleterre,enHongrie,enAllemagneetenRussie,deviréescynégétiques,qu’ilracontera, plus tard, dans ses Souvenirs de chasse dans toute l’Europe, où l’écrivain russe apparaît sans être nommé… Cette rencontre devait être capitale dans la vie de Tourgueniev qui s’éprit de Pauline Viardotaupointdedemeurer,jusqu’àsamort, le chevalier servant de la cantatrice. Attachant ses pas à ceux de son égérie,il la suivit dans ses tournées à l’étranger et prit ses quartiers auprès d’elle, tantôt à Paris,tantôt à la campagne,dans le domaine de Courtavenel, où il chassaitlaplumeencompagniedeLouisViardot. Ce curieux ménage à trois perdura de longues années, à la satisfaction, semble-t-il,detouteslesparties.En1847, fâché avec sa mère qui, n’admettant ni



Ivan Tourgueniev

UN NID DE GENTILSHOMMES

CI-CONTRE EN BAS, LE DOMAINE DE SPASSKOÏELOUTOVINOVO (ET, AU-DESSUS, PHOTOS DES ENVIRONS). LIEU DE NAISSANCE DE L’ÉCRIVAIN ET SA RÉSIDENCE PRÉFÉRÉE LORS DE SES SÉJOURS EN RUSSIE, IL Y DÉCOUVRIT, À L’ADOLESCENCE, LES PLAISIRS DE LA CHASSE ET CEUX DE LA RÊVERIE DANS LA NATURE.

ses amours avec une artiste ni sa décision de quitter le service del’État,l’avaitprivédemoyens de subsistances,IvanTourgueniev quitta la Russie pour l’étranger. Il ne revint dans sa patrie que trois ans plus tard, pour se réconcilier in extremis avec sa mère mourante.Au décès de celle-ci, il hérite d’une grande fortune, qui lui permet de vivre désormais à sa guise. Mauvais gestionnaire,il se laisse gruger par ses paysans, à l’exemple des seigneurs insouciants qu’il mettra en scène dans ses récits,mais s’efforce d’améliorer le sort des serfs de ses domaines. Entre Spasskoïe et Saint-Pétersbourg, il mène une vie mondaine, travaille aux nouvelles qu’il a commencé

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d’écrire en France, songe vaguement à se marier,entretient une liaison avec une servante,etseconsacresurtoutàlachasse, d’autant plus qu’un article nécrologique trop élogieux sur Gogol lui vaut un mois de prison puis un exil sur ses terres.C’est

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alors qu’il met la dernière main auxnouvelles,commencéeschez les Viardot dans leur château de Courtavenel,qu’il réunit et publiesousletitredeMémoiresd’un chasseur (1852). D’emblée,lesuccèsestimmense et place Tourgueniev aux premiers rangs des écrivains russes de l’époque. Dans la dédicace d’undesesrécitsàsonamirusse, George Sand reflète fort bien l’impressionproduiteparlelivre: «Quellepeinturedemaître!Comme on les voit,comme on les entend et les connaît ces paysans du Nord encore serfs à l’époque où vous les décrivez,et tous ces campagnards, bourgeois ou gentilshommes,avec lesquels une rencontre de peu d’instants,quelques paroles échangées vousontsuffipourtraceruneimage palpitantedecouleuretdevie![…] C’est un monde nouveau où vous nousfaitespénétrer,etaucunmonumentd’histoire ne peut nous révéler la Russie,comme ces figures si bien étudiées et ces mœurs si bien vues […]Vous êtes un réaliste pour tout voir,unpoètepourtoutembellir,ungrandcœur pour tout plaindre et tout comprendre.»


UNE PASSION DÉVORANTE

COMME IL LE CONFIA SOUVENT, LA CHASSE FUT LA GRANDE PASSION DE L’ÉCRIVAIN (À GAUCHE, PORTRAIT EN CHASSEUR, DE NICOLAS DIMITRIJEVITCH ORENBURSKI, ET, EN DESSOUS, DANS SA VILLA DES FRESNES, PAR IAKOV POLONSKY). EN RUSSIE COMME EN FRANCE, IL CHASSA SURTOUT LE GIBIER À PLUME.

PHOTOS : ZUMA PRESS/MAXPPP - AKG-IMAGES - PATRICK IAFRATE

Plus tard,Tourgueniev se flattera du rôle majeur joué par son livre dans la décision d’Alexandre II d’abolir le servage. En réalité, le tsar Nicolas Ier s’y étaitdéjàrésolu,etl’empereurAlexandre, convaincu, par ailleurs, du bien-fondé de ce décret, n’aurait que déféré aux recommandationsdesonpère.Toujoursestil que l’ouvrage de Tourgueniev prédisposa favorablement le public à cette réforme.Surlesvingt-deuxnouvellesqui le composent,la moitié d’entre elles évoquent le problème du servage, et sur un modeplusironiquequepamphlétaire.Le caractère de Tourgueniev – bienveillant et conciliant, sceptique et modéré – ne l’inclinait point, du reste, aux attaques frontales. Lorsqu’une seconde édition du livre fut envisagée en 1858,le censeur – l’écrivain Ivan Gontcharov, futur auteur

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Ivan Tourgueniev

L’ATTIRANCE DE LA STEPPE

S’IL AIMAIT LES PAYSAGES DE LACS (CI-CONTRE LAC DE PLESCHEEVO) ET LES BOURGS, OÙ IL SITUAIT CERTAINES DE SES NOUVELLES, TOURGUENIEV AVAIT UNE PRÉDILECTION POUR LES ESPACES SANS LIMITES DE L’HABITAT HUMAIN.

PHOTOS : ZUMA PRESS/MAXPPP - PHOTO12/ALAMY - ROGER-VIOLLET

DE LA STEPPE, OÙ S’EFFACENT LES SIGNES

C’EST AUSSI LE LIEU

DES CHASSES AUX LOUPS (CI-DESSUS, TABLEAU

DE

SVERTCHKOV). PAGE DE DROITE, ALEXANDRE II AFFRANCHISSANT LES SERFS (1861).

d’Oblomov – écrivit dans son rapport que « l’auteur ne se propose nullement d’apitoyer intentionnellement le lecteur sur la condition des paysans vis-à-vis des propriétaires […] Il dépeintsurtoutdespersonnagestypiques appartenant à diverses classes;il a en vue une représentation poétiquement exacte des caractères,sans la moindre intention affectéedepeindresousunjourfavorablelesuns plutôtquelesautres.»Plustranchant,Dostoïevski décrétera,lapidaire: « De la littérature de propriétaire foncier… » Le jugement n’est pas faux, car le point de vue du narrateur est celui d’un gentilhommecampagnard,appartenant, mêmes’ils’endistingueparunplusgrand raffinement, à cette caste de hobereaux qui vivaient dans leurs domaines,les faisaient valoir tant bien que mal,et tuaient le temps en beuveries, en débauches, au jeuouàlachasse.Chasseurlui-même–en 1852, il écrit à son ami Serge Aksakov,

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auteur de Mémoires d’un chasseur de la province d’Orenburg:« J’ai abattu cette année304piècesdegibier,soit69bécasses,66bécassines,39 bécassines doubles,33 coqs de bruyère,31 perdrix,25 cailles,16 lièvres, 11 râles des genêts, 8 poules d’eau, 4 canards,1 bécasse sourde,1 courlis.À deux, nousavonstuéenviron500pièces…»Tourgueniev emprunte spontanément la panoplie et le mode de vie des bas-de-cuir russes pour narrer ses rencontres et dépeindre la société rurale de son époque. À première vue, l’action de chasse tient assez peu de place dans ces récits:à l’exception d’Ermolaï et la Meunière, qui décrit avec précision,et une fine sensibilité

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à la nature, la chasse de la bécasse à la croule, et de Lgov, qui relate avec humour une malheureuse partie de chasse au canard, « gibier peu attrayant », sur lequel on se rabat quand les bécasses n’ont pas encore fait leur apparition ou lorsqu’on se lasse de courir les chaumes après les perdrix. Dans la nouvelle intitulée Lébédiane, l’écrivain expose les plaisirs et les désagréments, vite oubliés, qu’il trouvait à poursuivre le gibier d’un bout à l’autre de sa province: « Un des grands avantages de la chasse consiste à passer continuellement d’un lieu à l’autre,occupation des plus agréables pour un oisif.À dire vrai,ce n’est


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pas toujours plaisant », car on s’égare, on dégringole dans des ravins,on traverse des ruisseaux marécageux,on roule sur la mer poussiéreuse des grandes routes, on s’embourbe, et on doit se contenter pour nourriture de lait, d’œufs et de pain de seigle. Rien à voir avec ces parties de chasse à l’ours, aux environs de Novgorod,dont se souvient avec nostalgie Louis Viardot, et pour lesquelles, afin de sustenter cinq compagnons aguerris, les traîneaux avaient été remplis «d’uncôté, de bouteilles de bordeaux, de bourgogne,dechampagne,demadère,de cognac,de l’autre,de côtelettes,debiftecks,depoulardes, degalantines,desaucissons,groupés autour d’un magnifique pâté defoiegras,etcouronnésdefigues deSmyrne,deraisinsdeMalaga, et d’oranges du Portugal ». Rien de tel dans les récits de Mémoires d’un chasseur. Tout à sa passion, le narrateur se montre suprêmement indifférent au confort, affrontant l’ennui ou les dangers des grandschemins,lesmauvaises auberges grouillant de puces ou de punaises, buvant et mangeant ce qu’on lui offre, une cruche de kvass, des concombres salés et un quignon de pain,dormant s’il le faut,dans une grange,sur un tas de foin, ou à la belle étoile, autour d’un feu de bergers… Nemrod rustique, en Russie tout du moins, car il goûtait et recherchait,en France,les grandes chasses à l’anglaise,Tourgueniev laisse entrevoir dans ses récits une connaissance approfondie des chiens d’arrêt et de leur dressage,une bonne maîtrise des armes et du tir et,surtout,une vraie science de la faune et de la forêt, des climats et des saisons. >>

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Ivan Tourgueniev

UN RUSSE À BOUGIVAL

LA PIÈCE OÙ IL AVAIT COUTUME D’ÉCRIRE. CI-DESSUS LA “DATCHA” QUE TOURGUENIEV FIT CONSTRUIRE À BOUGIVAL, DANS LES ANNÉES 1870, ET OÙ IL MOURUT EN 1883. À DROITE, L’ENCRIER SUR SA TABLE DE TRAVAIL. PAGE DE DROITE, RETOUR DE CHASSE DE SVERTCHKOV. QUI D’AUTRE QUE LE CHASSEUR CONNAÎT LE PRIX DE RETROUVER, À LA NUIT TOMBÉE,

L’IZBA OÙ L’ATTEND LA TABLE DRESSÉE ET LA CHALEUR DU FEU ?

Ilsaitreconnaîtrelechant du roitelet et du loriot, le cri angoissant du héron et celui, siparticulier,«moitiésifflement, moitié coassement » de la bécasse.Ilsaitqueleschienspeuvent sourire et que, lorsque les canards barbotent et que l’herbe sent plus fort,la pluie est proche. Du chasseur atavique, il possède l’acuité des sens,la patience,l’endurance, l’artdesedissimuler,desetaire etd’écouter,etcesqualitéssont celles qu’il déploie dans la traqueoul’affûtd’unautregibier: l’espèce humaine, qu’il inscrit à son tableau de chasse d’écrivain.D’un regard vif et sûr, il saisit l’apparence, la vêture, d’un roulier, d’un maquignon, d’un meunier, d’un pâtre ou d’un laboureur, comme il reconnaît d’emblée un coq de bruyère ouunegélinotteàleurplumage;etcomme il évoque les trilles du rossignol, il excelleàcapterlesvoixdesesinterlocuteurs, à interpréter leurs changements de ton. Ainsi que le note avec perspicacité Pierre

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Moinot dans l’admirable préface à l’édition en livre de poche de Mémoires d’un chasseur, c’est le regard du chasseur qui unifie ces histoires simples et fortes,éternelles, au-delà de leur intérêt historique du moment.Art du portrait, vérité psychologique,refus de juger et de conclure –on garde en mémoire les chutes singulières,elliptiques,dechacundecesrécits–

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ont assuré la juste renommée du premier grand livre de Tourgueniev. Avec, bien sûr, un don inouï de peintre de paysages et une très rare sensibilitéàlanaturequin’est jamais, sous sa plume, idyllique et mièvre,simple spectacle esthétique,mais théâtre de l’affrontement éternel entre la vie et la mort. C’est dans Kassiane, récit de la rencontre inopinée, après un accident de voiture, du narrateuretd’unsimpled’esprit, sorte de saint François d’Assise rustique,que Tourgueniev exprime la contradiction du chasseur,acharné à tuer ce qu’il aime.Au cours d’un échange assez vif entre le narrateur,qui vient de tuer un râle des genêts, et Kassiane, celui-ci reproche au chasseur d’avoir pêché en tuant une créature du Bon Dieu,qui a droit à la vie jusqu’au terme fixé: « Le sang, le sang est une chose sainte! Le sang ignore le soleil de Dieu et craint la lumière du jour.C’est ungrandpêchéd’exposerlesang àlalumière!»Paradoxequ’explicite ainsi Pierre Moinot:« Car le chasseur vit dans un vertige suicidaire où chaque coup de feu n’est qu’un apprentissage de sa fin,une parodie de sa propre destruction.» Avec sa finesse de chasseur d’âmes, etsamélancolienatived’«hommedetrop», transposéedanscetteadmirablenouvelle qu’est le Hamlet du district de Stchigry, Tourgueniev a bel et bien compris que


La preuve par 3

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la chasse n’est pas seulement un divertissement,même pascalien, mais le moment et le lieu où se posent à l’homme les questions philosophiques les plus hautes. L’homme, cependant, avait assez de pudeur et d’élégance pour ne pas insister sur cet aspect, et c’est sur un éloge de la nature et de la chasse que s’achève son livre, avec cet épilogue intitulé « la Forêt et la steppe », où il invite le lecteur non chasseur à partager l’essence de sa joie. Qui, s’il n’est pas chasseur, connaît l’enchantement des départs au printemps,avant l’aube,lorsqu’on monte dans la télégue et que s’ébrouent et piaffent les chevaux de volée,et que le cœur bondit en vous comme un oiseau? Qui, à part un chasseur, peut éprouver l’excitation « de courir les taillis à l’aurore,un matin de juillet,lorsque l’air est imprégné de la fraîche amertume de l’absinthe,mêlée au parfum miellé du blé noir et du trèfle,et que la tête chavire sous la profusion des odeurs »? Qui d’autre,savoure à son prix,après une journée passée à poursuivre le gibier, le réconfort, à la nuit tombée, de regagner l’izba où l’on passera la nuit,et l’on distingue,en approchant, à travers les vitres,la table dressée,la chandelle allumée,et le souper préparé ? Qui, encore, à l’arrière-automne, lors du passage des bécasses,rend mieux hommage à la beauté de la forêt, lorsque la terre humide rebondit sous les pas et qu’on suitlalisièreensurveillantsonchien,et«c’estalorsquedesimages chères,des figures aimées,vous reviennent à la mémoire,et que des impressionsendormiesdepuislongtempsseréveillentàl’improviste»? Qui,toujours,connaît le plaisir hivernal de « chasser le lièvre à travers les monticules de neige,respirer l’air coupant et glacé,fermer les yeux sous le scintillement du givre,et admirer la teinte verte du ciel au-dessus des bois roux » ? Qui, enfin, ressent mieux l’exaltation de courir la steppe, « la steppe immense et sans limite », et de voir s’effacer peu à peu les signes de l’habitat humain tandis que « l’imagination prend son vol et plane comme un oiseau »? Ces sensations-là, ces moments suspendus où l’on se sent « pleinement maître de son passé,de ses sentiments,de son âme entière », nul autre que Tourgueniev, le chasseur mélancolique et passionné, n’a su les restituer dans une langue aussi ailée, et comme frémissante de vie. ◆

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REGARD

L’

Art

et la

Chasse

Lucas Cranach l’Ancien

D

ANS UN

STYLE

MÉDIÉVAL,

CRANACH NOUS

LIVRE UNE SCÈNE POLITIQUE ET

CYNÉGÉTIQUE DE PREMIER ORDRE.

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La chasse au cerf par Antoine Briand

L

orsqu’il peint ce tableau de cour de grandes dimensions, Lucas Cranach l’Ancien est déjà pictor ducalis à la cour du prince électeur de Saxe,Frédéric III le Sage.Sur cette toile exécutée en 1529, Cranach a choisi de représenter unescènedanslaquellefigurentl’empereurMaximilien Ier, le prince électeur de Saxe Frédéric II le Sage et son frère Jean le Constant.Cette scène n’a pu avoir lieu que plus d’une dizaine d’années plus tôt puisque Maximilien Ier qui figure sur la toile est mort en 1519 et Frédéric le Sage en 1525. Ce tableau, une des nombreuses versions peintes par Cranach l’Ancien ou reprises par son fils, Cranach le Jeune, est une synthèse de l’art et des traditions médiévales à un moment oùlestechniquesdelaRenaissancesontdéjàmonnaie courante en Europe.Son manque d’assimi-

lationdelarévolutiondelaRenaissancepeutpeutêtres’expliquerparl’isolementdeCranachquivivait à Wittenberg, haut lieu de la Réforme. On remarque que ce tableau est, en effet, construit comme une tapisserie sans bordure, évoquant les verdures.Il en donne d’ailleurs l’impression : l’horizon est dans la partie haute et, plutôt qu’une seule scène, le spectateur assiste à une multitude de scènes qui sont autant de moments de la chasse au cerf, sujet lui-même répandu dans l’art de la lisse médiévale. Le décor est également plus proche des enluminures ou des miniatures médiévales que des perspectives Renaissance; il en respecte d’ailleurs les canons. Il suffit de se reporter au Livre de chasse de Gaston Phébus pour se rendre compte que Cranach suit l’exemple des maîtres des siècles précédents: la perspective en vol d’oiseau n’est pas une référence,on aperçoit le village aupiedduchâteaumaisl’arDÉTAIL D’UN CERF POURSUIVI rière-plan ne respecte pas PAR UN CHIEN. SELON les lignes de fuite. TOUTE VRAISEMBLANCE, LE CHIEN Enoutre,cetteœuvretransREPRÉSENTÉ ICI EST UN LÉVRIER. met une image de la société CETTE RACE DE CHIEN ÉTAIT et un message politique.La EMPLOYÉE À LA CHASSE À VUE chasse est la distraction des DU LIÈVRE, DU CHEVREUIL, DU CERF, grands de ce monde et une DU SANGLIER ET DU LOUP. LA SCÈNE démonstrationdeleurpuisDE CHASSE EST ICI UNE BATTUE sance. On peut les identiOÙ L’ON POUSSE LES ANIMAUX fier par le chapeau qu’ils DANS UN VÉRITABLE ENCERCLEMENT, portentetleurrôleactifdans OÙ ILS N’ONT GUÈRE DE CHANCE D’EN RÉCHAPPER. LES CÔTÉS la chasse (à cheval et armé ÉTAIENT GARNIS DE TIREURS d’unerapière,àpiedetarmé IMMOBILES, ARMÉS ET DISSIMULÉS. d’une arbalète): ils sont représentés en hommes de

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AKG-IMAGES/ERICH LESSING

CE GENRE DE CHASSE D’UN INTÉRÊT SPORTIF TRÈS LIMITÉ ÉTAIT PRATIQUÉ DANS L’ANTIQUITÉ, LES ROMAINS L’INTRODUISIRENT EN GAULE. D’APRÈS DUCHARTRE, LE RÔLE DE CES BATTUES ÉTAIT ENTRE D’AUTRES “D’OFFRIR DES RÉJOUISSANCES BRUTALES MAIS APPRÉCIÉES, MÊME DES DAMES”…

pouvoir et de richesse, devant le château des Saxe dans l’expression même d’un attribut royal, la chasse au cerf. Cranach y montre toutefois son goût pour la nature.Il avait pour habitude de multiplier les études d’après nature et il existe encore de nombreux exemples de croquis pris sur le vif de cerfs ou de biches.On peut imaginer également trouver dans les branches des arbres, la forme et la couleur des bois des cerfs chassés. La chasse ici représentée est avant tout une chasse germanique qui ne cherche pas à forcer un animal avec des chiens courants,mais à l’encercler.Elle n’est pourtant pas une chasse utilisant des filets à larges mailles (les toiles) tendus entre les buissons: les cerfs s’y précipitaient et s’y retrouvaient prisonniers,ne restait plus qu’à les achever à coups d’épieu.La chasse au filet était encore très usitée mais celle décrite par Cranach est une battue qui est, certes, un exercice apprécié des chasseurs (à la sportivité toute relative) mais aussi et surtout une chasse distrayante car facile à observer pour un public en retrait,commelemontresurcetableaulabarquechargéededames. Ce type de chasse permet pourtant aux dames de ne pas être seulement spectatrices. Cranach les a représentées armées d’arbalète, dans un tableau très proche, celle de la chasse au cerf offerte à Charles-Quint (Cranach a peint au moins quatre scènes de chasse au cerf présentant le même décor et une construction similaire). Le spectateur comprend, aussitôt qu’il a jeté un œil sur la toile, que les cerfs ont été poussés par les cavaliers et les

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piqueux jusqu’au bord de la rivière. L’on assiste en effet à la fin de la battue : les innombrables cerfs ont été rejetés vers l’eau et sont dès lors en vue des arbalétriers. Les arbalétriers,comme il est visible sur le tableau de Cranach,suivent les bords de la rivière et sont postés de façon à être visibles lesunsdesautres.Lesrabatteurs,àpiedouàcheval,repoussent et guident les cerfs vers les tireurs. Chez Cranach, les arbalétriers sont postés et guettent le gibier,ils sont secondés par un serviteur qui leur tend les carreaux pour qu’ils puissent les charger sur leur arme. Les épisodes de chasse se multiplient : la curée, le bâtl’eau, la poursuite, le combat entre le cerf et les chiens. Les scènes sont également multiples : les arbalétriers rechargent leurs carreaux ou visent un cerf qui arrive,le prince électeur, reconnaissable à son chapeau,dégaine son épée,les piqueux, armés d’une pique, transpercent les flancs des cerfs. Cette œuvre est une réussite en ce que Cranach l’Ancien y a excellé à représenter avec minutie une scène panoramique de chasse au cerf telle qu’elle était pratiquée en Allemagne au XVIe siècle et une scène historique puisqu’elle réunit trois personnages politiques majeurs dans l’histoire du Saint Empire romain germanique et dans celle de la Réforme. Elle est en revanche anachronique du point de vue de l’histoire de l’art car elle reste ancrée, en termes de technique picturale et de sujet, dans la plus grande tradition médiévale. ◆

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V

isite privée ◆

Invitation à Soconné chez Dominique et Olivier Mazau reportage de Véronique André, photos de Donald van der Putten

SOCONNÉ SEMBLAIT ENDORMI SOUS SON BEAU MANTEAU BLANC.

MAIS LA JOYEUSE

ASSEMBLÉE MENÉE PAR LA FAMILLE

MAZAU

ALLAIT BIENTÔT FOULER LA OUATE OMNIPRÉSENTE LE TEMPS DE QUELQUES BATTUES.

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LA FERME ACQUISE PAR HENRY COTTIN POUR SA FEMME, MARTINE, PETITE-FILLE DE L’UN DES PLUS GRANDS PEINTRES ANIMALIERS DU XXe SIÈCLE, EST LE RÊVE DE BIEN DES CYNÉGÈTES. AUJOURD’HUI,DOMINIQUE, LEUR FILLE, PERPÉTUE LA TRADITION DE CONVIVIALITÉ AUTOUR DE LA CHASSE.

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Invitation à Soconné

Du château féodal dans l’Aisne à cette maison

solognoteauxportesdeChambord,onretrouvelemême engouement pour la nature et le même regard familial surlachasse.ÀSoconné,dansunevraiefermesolognote, point d’escalier monumental,de vestibule ou de grands couloirs,mais des salons sous influence d’aquarelles,de poutres centenaires et de cheminées sculpturales.Aux murs quelques trophées, qui rappellent de jolis instants.Dans un coin,un fouet de chasse à courre,au débotté,unjolibric-à-brac,etdanslabibliothèquedeslivres sur l’art cynégétique et sur la Sologne. La nouvelle génération fait l’ambiance,conforme à l’idée qu’on se fait d’une chasse entre amis, et même si le réveil a sonné un peu tôt pour certains la passée du matin a dénoué les paupières.Les ancêtres de la famille: Christian“l’ancien”, Pierre et Jean de La Verteville, ou Antoine et Karl Reille ne sont plus à présenter car leurs œuvres sont dans le rêve de tous les veneurs. Il en est pour preuve les aquarelles parfois dans un style caricatural,qui rappellent des chasses mémorables passées le plus souvent à Montpoupon. On reconnaît, sur la plupart des aquarelles, la tenue de chasse de l’équipage de Touraine du Rallye Montpoupon: rouge à parements amarante.Ces aquarelles se retrouvent sur tous les murs de la maison comme un clin d’œil bienveillant… omniprésence des ancêtres. Le territoire s’étire sur 60 hectares de pures terres de Sologne.Peu de jardins entourent la maison très vite on accède à l’étang de 6 hectares avec son île centrale, et les bois se divisent en taillis,et grandes futaies,un enchevêtrement de bouleaux,chênes et résineux.Nous assistons à la chasse de la Saint-Valentin, une chasse engourdie par la neige et le froid d’un mois de février rude, une première pour les pages Visite privée en presque

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CI-DESSUS, À GAUCHE, DEVANT L’ÉTANG DURABLEMENT GELÉ AYMAR LAFONT BARNY, DOMINIQUE, AXELLE, DIANE ET OLIVIER MAZAU PRÊTS À PARTIR LE LONG DE L’ALLÉE DES GRANDES PENTES. À DROITE, LA JEUNE GARDE, À L’ÉCOUTE DES CONSIGNES DE CHASSE, AVANT LE DÉBUT DE LA BATTUE. CETTE ANNÉE,

PENDANT LE “ROND”, OLIVIER MAZAU EST PLUS PRÉCIS QUE JAMAIS, SEULS SANGLIERS ET CERVIDÉS PEUVENT ÊTRE TIRÉS. PRÉCAUTION DE SAISON : PRENDRE GARDE DANS L’ALLÉE DES TERRIERS RENDUE TRÈS GLISSANTE CAR EXPOSÉE AU VENT.

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Invitation à Soconné

AU DÉBUT DE LA BATTUE SAPINIÈRES, ON AFFRONTE LE FROID AVEC LE SOURIRE. AUX CÔTÉS D’OLIVIER MAZAU, CI-DESSOUS, YVES DE KERAUTEM, PLUS LOIN, ET, À DROITE, AVEC JEAN-LOUIS LANSIER ET ARNAUD LAFONT BARNY. DES


UPSIE, UNE JEUNE BRAQUE ALLEMAND, TRÈS EFFICACE POUR RAPPORTER RAMIER OU BÉCASSE.

CI-DESSUS, QUELQUES SCÈNES

APRÈS LA BATTUE OÙ L’ON SE RETROUVE AU PIED DU GRAND ARBRE, ET ENCORE

UPSIE

À L’ÉCOUTE DE SON MAÎTRE.


Invitation à Soconné dix ans. Inutile de préciser que le gibier à tirer était limité. Le grand gibier – sanglier, cerfs et chevreuils – était seul autorisé. Les battues furent rapides car ce temps glacial et les crissements des pattes des chiens sur la neige nous parvenaient dans un bruit assourdissant dans le lointain. La joyeuse équipée était toute heureuse de se retrouver dans la maison autour d’un feu de bois avant le déjeuner,pendant que Dominique,la maîtresse de maison,s’activait aux fourneaux aidée de Ghislaine Lansier fille du marquis Bouhier de l’Écluse, et de ses amies, Dominique Chabannes et Florence Lafont Barny. ◆

UN JOLI BRIC-À-BRAC AU DÉBOTTÉ À L’ENTRÉE DE LA MAISON. EN HAUT À DROITE, SUR UNE COMMODE FAMILIALE QUELQUES TROPHÉES CÔTOYENT DES AQUARELLES DE KARL REILLE ET DE CHRISTIAN DE LA VERTEVILLE. UPSIE SE LAISSE CÂLINER PAR LA JOLIE AXELLE, À DROITE, IL FAUT REMPLIR LES FLÛTES AVANT DE PORTER UN TOAST À CETTE DÉLICIEUSE JOURNÉE PASSÉE ENTRE AMIS.

ET DOMINIQUE QUI S’APPRÊTE À GOÛTER LES SAVOUREUSES TERRINES APPORTÉES PAR

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JEAN-LOUIS LANSIER.



DANS LA SALLE

À MANGER AUSSI L’ART CYNÉGÉTIQUE EST À L’HONNEUR :

TROPHÉES, AQUARELLES, ASSIETTES PEINTES À LA MAIN.


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Invitation à Soconné par

CE GRAND CUISINIER TRÔNE SUR LA VILLE ROSE AVEC

Les recettes de famille

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Dans ce coin de Sologne, les effluves de cuisine embaument les pommes, la pâtisserie et les confitures. À toutes saisons, Dominique, la maîtresse de maison, est“au chaudron” et a fait de ses gourmandises sa spécialité. Nous l’avons vérifié. Michel Sarran, lui, a pris en main le plat. Les dieux étaient, ce jour-là, avec lui à Soconné, voici ses secrets.

Velouté retour de chasse Pour 6 personnes 2 oignons,500 g de champignons de Paris, un demi-litre de bouillon,1 litre de lait, 1 citron,2 cuillères à soupe de crème fraîche, 1 cuillère à soupe de persil haché, 250 g de beurre,sel et poivre. ◆◆◆

Faites fondre dans une casserole 250 g de beurre.Ajoutez un petit oignon haché et les champignons de Paris coupés en tout petits morceaux. ◆◆◆

Salez,poivrez,saupoudrez d’une cuillère à soupe de persil haché.Remuez bien les champignons dans le beurre chaud. Couvrez et laissez cuire à feu doux un quart d’heure. ◆◆◆

Ajoutez le bouillon et le lait. Faites cuire à feu doux sans bouillir Quelques minutes avant de servir ajoutez le jus d’un citron puis deux cuillères à soupe de crème fraîche et mixez pour le velouté.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

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Saveurs Invitation à Soconné

Gigue de chevreuil à la Médicis Pour 6 personnes Une gigue de chevreuil de 3,5 kilos, un litre de vin de Loire, 2 carottes,2 oignons, 1 bouquet garni,3 cuillères à soupe de confiture de groseille, 50 g de groseilles pour la garniture, sel,poivre pour le gratin, un morceau de potiron, 600 g de patates douces, 3 cuillerées à soupe de crème fraîche, noix de muscade,sel,poivre. ◆◆◆

Préparez la marinade avec le vin, les carottes, les oignons,le bouquet garni,sel

170

et poivre et laissez mariner la gigue deux jours. ◆◆◆

Faites rôtir la viande 45 minutes à four moyen (180 °C) en arrosant souvent avec la marinade et en la retournant à mi-cuisson. ◆◆◆

Pendant la cuisson,préparez le gratin en coupant le potiron en cubes et les patates douces en rondelles. Faites-les cuire 10 minutes à la vapeur ; puis mettez-les dans deux plats

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

beurrés à gratiner, en superposant la crème fraîche, la noix de muscade, le sel et le poivre. Enfournez pendant 10 minutes. ◆◆◆

Une fois la gigue sortie du four, faites la sauce en mélangeant au jus déglacé la gelée de groseilles et 3 cuillerées à soupe de groseilles éclatées. Coupez dans le filet des tranches bien rondes et les disposer artistiquement à cheval sur une portion de potiron.



Saveurs Invitation à Soconné

Tarte frangipane et poires au vin Pour 6 personnes

◆◆◆

500 g de sucre,1 litre de vin rouge, 500 g d’eau minérale, 1 bâton de cannelle,1 gousse de vanille, 6 petits fonds de tarte,160 g de beurre, 60 g de sucre,60 g de poudre d’amande, 1 œuf,20 g d’amandes effilées, 250 g de crème liquide.

Pour la tartelette frangipane

Malaxez le beurre en pommade avec le sucre et la poudre d’amande.Incorporez l’œuf.Faites cuire à blanc les fonds

◆◆◆

Pour les poires au vin Faites réduire le vin rouge jusqu’à obtenir 700 g puis ajoutez l’eau et le sucre.À ébullition,faites infuser durant 5 minutes la cannelle, et la gousse de vanille fendue et grattée.Enlevez la cannelle. Coupez les poires en deux dans la largeur,et pochez-les dans le vin épicé durant 20 minutes. Coupez la partie gironde des poires en petits dés et faites les cuire durant 30 minutes dans le vin épicé. Égouttez-les puis faites réduire le reste de vin épicé à consistance de sirop.

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SOCONNÉ.

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

de tarte puis garnissez-les de dés de poire au vin.Recouvrez de crème frangipane et d’amandes effilées.Faites dorer sous le grill.Ajouter les poires entières au moment de servir.


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HARAS NATIONAL RAMBOUILLET LES BREVIAIRES du 9 au 11 avril 2010

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du pain grâce à ce livre. L’auteur – Jacqueline Ury, critique gastronomique – a écumé l’Hexagone et quelques pays étrangers pour élaborer un vrai petit précis d’économie domestique international, grâce auquel on peut utiliser son pain rassis tout en se régalant de la façon la plus gourmande qui soit ! Indispensable…

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30 % syrah, 20 % carignan, issu d'une sélection de vignes de coteaux sur schiste, élevé 12 mois (40 % cuve bois-60 % cuve béton) présente une robe rubis, des arômes de fruits noirs et rouges touchés de poivre, des tannins fins, un ensemble subtil à la persistance élégamment minérale. Il mérite de figurer sur les meilleures tables et s’accorde avec chic sur un canard rôti.

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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé,à consommer avec modération.

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Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010


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Cabinet Henri d’Ormesson

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Flacons

VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

CHÂTEAU FOURCAS HOSTEN, CHARTREUSE DU XVIIIe SIÈCLE. CETTE PROPRIÉTÉ FUT ACQUISE EN 2006 PAR RENAUD ET LAURENT MOMMÉJA, DE LA FAMILLE HERMÈS.

Listrac-Médoc

◆ Au début du XXe siècle, le vignoble de Listrac compte 1380hectares.La commune est donc, à l’époque, l’un des plus importants centres viticoles de la presqu’île médocaine. Mais la crise des années 1930 va sensiblement modifier cet ordre établi. Quelques vignerons, en prenantleschosesenmain,réussissent alors – grâce à un travail de fond – à faire reconnaître la notoriété de leurs vins, poussantainsil’appellation–environ

Nez fruité, mûr (fruits rouges, pruneau), note balsamique, touche réglissée, épices douces. Bouche ample et aromatique, structurée, avec des tannins veloutés et des notes réglissées marquées. Un vin dense et harmonieux, doté d’une belle fraîcheur. www.château-lestage.com

178

centrale(oùdominelemerlotqui confère rondeur et fruité) font la richesse de ce terroir. Cabernetfranc(quiapportelanoteflorale) et petit verdot (qui ajoute la touche épicée) complètent l’assemblage. Dans leur jeunesse,les vins de Listrac sont charpentés, denses, avec du volume.Au fil du temps, ils évoluent en prenant de l’ampleur et de l’élégance. Ce sont des vins puissants, structurés et bien construits.

700hectares aujourd’hui – à accéder à l’AOC en 1957. Situé entre Moulis et SaintJulien,Listracculminefièrement à 43 mètres, ce qui lui vaut la dénomination de “toit du Médoc”!Troismagnifiquescroupes de graves pyrénéennes à l’ouest –majoritairementplantéesdecabernet sauvignon (qui donne toute son impétuosité au vin de Listrac)– ,une croupe de graves garonnaises à l’est et un plateau sur socle calcaire sur la partie

Nous avons aimé… Château Lestage 2004

CHÂTEAU FOURCAS HOSTEN

Quatre châteaux, une chapelle

Château Fourcas Dupré 2005 Nez subtil, discrètement épicé, avec des notes de floral poivré et de torréfaction. Bouche à la matière dense, aux arômes de réglisse à la violette, de cacao et une finale à la fois puissante et fraîche. Un vin élégant et d’un bel équilibre.

Château Fonréaud 2006

Nez fondu, épicé, dans lequel se mêlent fruits noirs et réglisse, avec une note mentholée. Bouche puissante, équilibrée et fruitée, où l’on retrouve les arômes du nez et qui persiste longuement sur la fraîcheur. Un vin expressif, structuré, séduisant.

Château Fourcas Hosten 2007

www.fourcasdupre.com

www.château.fonreaud.com

www.fourcas-hosten.com

Jours de C HASSE ◆

Nez fin, au léger boisévanillé, avec des notes de torréfaction, d’épices douces et une touche florale poivrée. Bouche harmonieuse, sur le fruit mûr, aux tannins bien enrobés, avec une longue finale réglissée et fraîche. Un vin exubérant et riche.

PRINTEMPS 2010

Voilà dix ans, quatre exploitations médocaines en appellation Listrac – animées par une volonté commune de rigueur et la même exigence de qualité – décident d’unir leurs forces afin d’offrirauxamateurslemeilleur de leurs propriétés respectives, c’est-à-dire des vins séduisants et complémentaires, tous dotés d’un bon rapport qualité-prix. Venus d’horizons différents, les châteaux Fonréaud (32hectares) et Lestage (42 hectares), appartenant à la famille Chanfreau depuis 1963 (avec aujourd’hui Jean et sa sœur Caroline Chanfreau-Philipponauxcommandes),lechâteauFourcasDupré(46hectares)propriétédePatrice Pagès et le château Fourcas Hosten (47 hectares) acquis par Renaud et Laurent Momméja en 2006, ont choisi de mettre en valeur, ensemble, un terroir qu’ils estiment privilégié.À eux quatre, ils représentent le quart delasurfaceactuelleduvignoble del’appellationListrac-Médoc. Les quatre membres du Quatuor de Listrac font partie de l’Union des grands crus de Bordeaux et de l’Alliance des crus bourgeois, et n’ont pas d’autre ambition que celle de partager leur passion des grands vins et de faire reconnaître la qualité du travail de leurs propriétés. Démarchesquis’inscriventdans lebilanpositifdesdixansdeleur alliance et qu’ils entendent bien continuer à assurer le plus longtemps possible…


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Volutes par Jean-Claude Perrier

Bouquets printaniers Où l’on revisite le catalogue des havanes, du plus tendre au un peu plus corsé.

CUBA

EL REY DEL MUNDO Choix Suprême Hermoso Prix : 4, 8 et 20 €.

◆ Dégusté à l’aveugle, ce petit cigare très tendre pourrait presque passer pour un dominicain, avec son bouquet de foin coupé, ses arômes herbacés, sa bonhomie. Idéal pour un après-midi champêtre.

QUAI D’ORSAY Imperiales Churchill Prix : 12,90 €.

◆ Dans une marque un peu méconnue, dont les trois vitoles sont fabriquées exprès à Cuba depuis plus de trente ans pour le marché

français, le module le plus impressionnant, par la taille seulement. Car ce gentil géant, avec ses notes tendres et herbacées, sa combustion linéaire, accompagnera agréablement une balade en forêt. Pas un dîner de gibier ! HOYO DE MONTERREY Épicures n° 2 Robusto Prix : 12,90 €.

réduite, ce long cigare élégant est plus piquant et plus complexe qu’il n’y paraît. À redécouvrir, d’autant qu’il bénéficie d’un bon rapport qualité-prix. POR LARRANAGA Petit corona Mareva Prix : 5,50 €.

◆ Classique des classiques, ce robusto est un des cigares les plus connus, les plus vendus en France et dans le monde. Il doit sa réputation à son équanimité, à sa délicatesse, à sa combustion tranquille, linéaire, sans surprise, hélas.

◆ Encore une marque presque oubliée, avec une gamme limitée. Servi en cabinet de cinquante, ce petit corona n’est pas inintéressant. On lui trouvera, au deuxième tiers, quelques arômes un peu rustiques, un peu terreux, bien cubains. On n’est pas chez Partagas, mais quand même.

GLORIA CUBANA Médaille d’or n° 2 Dalias Prix : 11,30 €.

CUABA Divinos Petit bouquet Prix : 5,50 €.

◆ Dans une marque devenue confidentielle avec sa gamme

◆ Un tout petit cigare bien dans l’air du temps, ramassé, à déguster quand on ne dispose pas de trop de temps, après déjeuner par exemple. Mais assez présent, dans un registre rustique lui aussi.

SAINT-DOMINGUE EL CREDITO Série R n° 6 Prix: 7 €.

◆ Un gros bonhomme

débonnaire, dans un format inusité: cepo du Sublimes, longueur du Siglo VI, de belle apparence sous sa cape maduro équatorienne. Son corps lui assure un tirage abondant, qui lui permet de développer ses arômes herbacés, un peu piquants, caractéristiques des dominicains. Pour amateurs seulement.

DAVIDOFF Special C Culebras Prix : 33,60 €.

◆ La célèbre et prestigieuse marque est la seule à fabriquer cette curiosité, mise au point, à l’origine, par les planteurs cubains pour leur consommation propre : trois cigares tressés, torsadés, entrelacés. Servis dans un plumier de cèdre, parfaits pour partager avec des amis lors d’un moment de détente.

PLÉIADES Petit Belicoso Obus Prix: 33,60 €.

◆ Toute nouvelle vitole de la marque française dans sa série spéciale “Vingtième anniversaire”, ce tout petit obus démarre à toute vitesse, chauffe pas mal et pique un peu. Pour amateurs de sensations fortes et rapides. CETTE SÉLECTION A ÉTÉ ÉTABLIE AVEC L’AMICALE COMPLICITÉ DE

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P

atrimoine ◆

La forêt française se redresse dossier réalisé par Marie de Greef-Madelin

A PRÈS

LES TEMPÊTES ,

LES COURS DU BOIS ONT CHUTÉ MAIS LE PRIX DES FORÊTS A AUGMENTÉ DE

70 %

EN DIX ANS !

P LACEMENT

DÉFISCALISÉ ,

LA FORÊT RESTE UNE VALEUR REFUGE DE PLUS EN PLUS PRISÉE PAR LES PARTICULIERS .

182


COMPAGNIE

DE SANGLIERS. UNE FORÊT ÉQUILIBRÉE, COMPOSÉE MAJORITAIREMENT DE BOIS FEUILLUS, AVEC UNE BELLE DENSITÉ DE GRANDS ANIMAUX,

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L’HECTARE.

EN TRAIN DE CUBER

À la fin décembre 2009, seuls 14 millions de mètres cubes sur 40 ont été récoltés et 4 millions ont été stockés. Pour les propriétaires, la perte est sévère. Contrairement à 1999 où la demande espagnole avait facilité l’écoulement des stocks de bois,le contexte économiqueestparticulièrementdifficile.Le marché du bois,constitué aux deux tiers par les débouchés dans la construction, est en panne.Après avoir fortement augmentéentre2005et2007,lesprixdubois, toutes essences confondues, ont chuté de 25 %. Phénomène exceptionnel, le chênefrançais,considérécommel’undes meilleursdumondeavusescoursfondre de 20 % sur un an. À l’origine, le ralentissement du marché de l’habitat conjugué à la baisse de la demande viticole,le chêne étant traditionnellement utilisé pour la tonnellerie. Utilisés principalement pour l’emballage, les peupliers connaissent également une année difficile, pénalisés par les bois blancs d’importation en provenancedespaysdel’Est.Danslesrésineux, le douglas, surtout utilisé pour les charpentes,souffreluiaussiduralentissement

économique. L’afflux de pins maritimes a entraîné un engorgement du marché. Mais les industriels du bois reprennent confiance. « La baisse de la production en résineux dans les pays nordiques a permis uneremontéedescours.Depuisdébutdécembrelespropriétairesforestierssemontrentplus optimistes », confirme Jean-Yves Henry, directeur général adjoint de la Société forestière de la Caisse des dépôts. Avec16millionsd’hectaresdeforêts, la France constitue la troisième superficie forestière d’Europe et la première réserve de bois. Mais, en dehors des années de tempête, seuls 60 % des arbres susceptiblesd’êtrecoupéslesont.Desorte quelaFranceimporteplusdebois(7milliards d’euros pour un milliard de troncs d’arbres)qu’ellen’enexporte.Danslabalancecommerciale,leboisestresponsable de6milliardsd’eurosdedéficit,justederrièreleposteénergétique.«Malgrélerisque climatique,le bois va avoir une valeur économiquecroissantegrâceauxobjectifsdeproduction fixés par le Grenelle de l’environnement et par le gouvernement », juge Éric Toppan, à la Forêt privée française. Un des objectifs des pouvoirs publics est de

PHOTOS : ABRINGARD DENIS/SUNSET - NICOLAS LARENT - ARENYSAM - AKG-IMAGES/GISELA STAPPENBECK

◆ L

a forêt est source de mythes depuisl’Antiquité.Selonlalégende,Horace auraitplacésouslaprotectiondeladéesse Dianelesforêtsdel’empireromain.Mais la déesse elle-même aurait été bien en peine de redresser par enchantement les arbres frappés par Lothar et Martin, les deuxtempêtesdedécembre1999:entrois jours, près de deux millions d’hectares de bois furent balayés et 140 millions de mètres cubes mis à terre.L’équivalent de quatre années de récolte… Le reboisement en hêtres, chênes, peupliers,noyers,résineux… s’est peu à peu organisé à travers la France. Des millions d’euros ont été consacrés à la reconstitution de la forêt. Un travail remarquable et colossal: que ce soit en région Centre,dans le Grand Ouest ou en régionparisienne,quasimentaucunezone n’est restée en l’état. Alors que la forêt se régénère,neuf ans plus tard,le 24 janvier 2009,la tempête Klaus,s’abat sur le Sud-Ouest.Desventsaussiviolentsqu’en 1999 mais, cette fois, très localisés, arrachentlamoitiédelaforêtdesLandes.Environ300000hectaressontdévastés.Trois arbressurquatre,pourl’essentieldespins maritimes,sonttouchés,couchant40millions de mètres cubes. Face à l’urgence de la situation, les responsables politiques s’emparent des préoccupations des forestiers.Le 19 mai 2009, Nicolas Sarkozy présente à Urmatt (dans le Bas-Rhin) un vaste plan d’aide à la filière bois. Les pouvoirs publics mettent en place de nouvelles exonérationsfiscalesetinvitelespropriétaires à une gestion dynamique. Mais la lenteurdesprocéduresetlaréticencedesétablissements bancaires, alors frappés de plein fouet par la crise financière, freinent les travaux de coupe et de stockage.

UN ARBRE.

APRÈS LES TEMPÊTES 1999, LES AFFLUX

DE

DE BOIS ONT ÉTÉ STOCKÉS PUIS ÉCOULÉS DANS LA CONSTRUCTION EN

FRANCE MAIS AUSSI À L’EXPORT, PRINCIPALEMENT VERS L’ESPAGNE.

MAIS, EN 2009, LA TEMPÊTE KLAUS A FRAPPÉ EN MÊME TEMPS QUE LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE, FREINANT LES DÉBOUCHÉS.


PLUS ENCORE QUE LA PRÉSENCE D’UN BÂTIMENT,

QU’IL SOIT PAVILLON

OU RELAIS DE CHASSE,

LES INVESTISSEURS RECHERCHENT UN OU PLUSIEURS ÉTANGS SYNONYMES DE GIBIER D’EAU.

CI-DESSOUS,

L’ORGANISATEUR

D’UNE BATTUE DONNE SES CONSIGNES.

le moment très rares », racontePhilippeGourmain, expert au sein du cabinet Rousselin-Gourmain,qui gère près de 30 000 hectares de forêts. Les investisseurs financiers font aussi le pari de la forêt comme placement judicieux.Alors que les marchés monétaires ne rapportentquasimentplus rien,quelesobligationspâtissent du risque d’une hausse des taux et que les marchés actions,malgré leur rebond en 2009,montrent des signes de volatilité de plus en plus forte,les investisseurs redécouvrent lesvertusdeladiversification.«Nosclients ontàcœurdediversifierleurpatrimoineàhauteur de 5 à 20 % dans la forêt », témoigne Benoît Léchenault, responsable d’Agri France,filialespécialiséedeBNPParibas. Depuis la crise financière de 2008,la forêt apparaît plus que jamais comme une valeur refuge. « Le krach boursier de 2008 a entraîné une forte demande des investis-

XAVIER MOUTHON

multiplier par dix l’usage du bois dans la construction en France. Bref,le bois constitue pour les industriels un matériau du futur. Il y a deuxans,legroupeLouis-Dreyfus,spécialisé à l’origine dans le négoce de matièrespremièresagricoles,s’estlancé dansunvasteprojeteuropéend’exploitation de bois.Après deux ans de négociation,il a acquis 4000 hectares de forêts à Lanouée,devenant le premier propriétaire forestier de Bretagne. Le prix de vente a atteint le niveau record de 18 millions d’euros, soit 4500 eurosl’hectare,dujamaisvu.L’andernier, plus discrètement, un groupe russe a acquis,toujours en Bretagne,un massif de près de 3000 hectares, pour un montant gardé secret. Des dizaines d’opérations de taille moyenne témoignentaussidel’intérêtcroissantdesinvestisseurs. « Des fonds étrangers,des groupes de producteurs d’Europe du Nord –notamment des Danois –,observent le marché des forêts en France.Des groupes énergétiques ont également manifesté leur intérêt mais les acquisitions restent pour BROCART

PHOTOS : AKG-IMAGES/BILDARCHIV MONHEIM - DELFINO DOMINIQUE/SUNSET

À LA REPOSÉE.

PAR LE PLAISIR QU’ELLE PROCURE, CHASSE, PROMENADE… LA FORÊT EST CONSIDÉRÉE

COMME UN BIEN RARE QUI SE TRANSMET DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION.

184

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

seurs », observe Stéphane Ledentu chez European Forest. Investir dans la forêt, en direct ou par le biais de groupements forestiers, peut rassurer face aux aléas des marchés financiers. Les Caisses d’épargne,déjàpropriétairesdeplusieurs centaines d’hectares, ont renforcé leurs positions l’an dernier,en vue de revendre despartsdesociétécivileauxparticuliers. À la Caisse des dépôts,les experts soulignent que la demande de parts de groupement forestier (un nouveau produit a été lancé l’été dernier) a rencontré un vif succès auprès des particuliers. En moyenne, 250 000 hectares de forêt changent de mains chaque année, dont 100000 par héritage ou donation. Autant dire que le marché des forêts est très étroit.« Les Français considèrent la forêt comme des bijoux de famille qui ne se vendent pas mais qui se transmettent de générationengénération»,constateÉricToppan.Selon l’enquête menée par la Forêt privée française, la première motivation des propriétaires est d’ordre familial, la seconde est le plaisir que procure la forêt et,dans une moindre mesure,la rentabilitéduplacement.«Faceàlademande, le marché manque de vendeurs,tant pour les petites forêts de 10 à 50 hectares que pour



BELLE GRUME DE CHÊNE. PHÉNOMÈNE

EXCEPTIONNEL,

LE CHÊNE FRANÇAIS, CONSIDÉRÉ HISTORIQUEMENT COMME L’UN DES MEILLEURS DU MONDE, A VU SES COURS FONDRE DE EN UN AN.

les moyennes et grandes surfaces » observe Henri d’Ormesson, dont le cabinet est réputé pour les expertises, ventesetacquisitionsdeforêts.«Enmatière de belles forêts de production,la demande reste supérieure à l’offre.Le déséquilibre du marché s’est vérifié en 2009. Cela est moins vrai pour les forêts à vocationcynégétiquecarlademandeatendance à se tasser »,renchérit l’expert Philippe Gourmain.Plus que de vouloir à tout prix gagner de l’argent, ceux qui investissent dans la forêt ont à cœur de

ne pas en perdre.En moyenne,le rendementd’uneforêt,quis’obtientenrapportantlenombred’annéesnécessairespour produire le bois au montant de la récolte finale,s’élève de 2 à 3 %.Un niveau faible mais qui constitue une sécurité en ces tempsdevolatilitéfinancière.«Laforêtrepose sur une inépuisable réserve de bois;elle ressemble de ce point de vue à une rente perpétuelle », juge le Danois Carl Christian Juel Nielsen,qui dirige avec son père JN Holding, spécialiste européen de l’investissement forestier.

LE RENDEMENT D’UNE FORÊT SE SITUE PHOTOS : PHOTOJOJO - PHOTOPQR/LA REPUBLIQUE DU CENTRE

ENTRE

2 ET 3 % PAR AN. UN NIVEAU CERTES FAIBLE MAIS QUI CONSTITUE UNE SÉCURITÉ EN CES TEMPS DE VOLATILITÉ FINANCIÈRE.

186

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

20 %

D’autant que, si le prix du bois a chuté, celui des forêts ne baisse pas. La hausse des prix a été de 7 % en 2008. L’indice pour 2009 ne sera connu qu’en mai et, selon les professionnels, il sera encore en légère progression. Sur les douze dernières années, les prix des forêts ont augmenté de 70 %! Une forêt vaut en moyenne 5500 euros l’hectare (en dehors des transactions sur le pourtour méditerranéen). Mais pour les forêts de qualité ou très recherchées par leur emplacement,le prix peut doubler. «Nousvenonsdevendredansl’Yonneuntrès beau massif de 300 hectares, essentiellement peuplé de chênes,à 10000 euros l’hectare », indique Henri d’Ormesson. « Il existe même des transactions à plus de 10000 euros l’hectare.De l’ouest de Paris jusqu’à la pointe bretonne,le Grand Ouest reste très demandé », constate Jean-Yves Henry. Malgré la faiblesse des transactions,l’année 2009 s’est caractérisée par unedemandemarquéepourlesforêtsdu Grand Ouest, principalement en Bretagne, et en Indre-et-Loire. Le prix moyen d’un hectare dans la région de Tours a ainsi flambé de 4500 euros en 2007 à environ 7000 euros aujourd’hui. À travers l’Europe,il existe aussi des opportunités.Parmilesrégionsforestières prometteuses,la Roumanie dispose d’un solide potentiel. « J’estime le potentiel de valorisation à près de 300 % sur dix ans! » s’exclame Carl Christian Juel Nielsen. Une analyse partagée par Stéphane Ledentu. « Les forêts y sont trois fois moins chères pour un même volume de bois;les investisseurs nordiques l’ont bien compris et y sont très actifs,notamment via des fonds luxembourgeois », raconte l’expert qui dispose d’une filiale en Roumanie. La suite de notre article page 188. >>


CERF ET CHASSEURS LORS D’UNE BATTUE LA VALEUR CYNÉGÉTIQUE D’UNE FORÊT DÉPEND

AU GRAND GIBIER.

DE LA POPULATION DE GRANDS ANIMAUX SUR LE TERRITOIRE DE CHASSE

PHOTOS : MAGALICE - XAVIER MOUTHON

ET DU NOMBRE DE BRACELETS ATTRIBUÉS.

La chasse, un autre revenu forestier

◆ C

e qui est rare est cher… Chaque année, seulement 300 forêts à vocation cynégétique changent de propriétaire. En dehors des critères classiques de valorisation (valeur foncière et d’actualisation des revenus du bois), la valeur d’une telle forêt dépend du revenu cynégétique,c’est-à-direduloyerdesterres tiré de la chasse. Les prix varient généralement de 20 à 100 euros l’hectare,en fonction du capital gibier et de l’emplacement de la forêt. Comme dans toute fixation de prix, l’évolution des loyers dépend de l’offre et de la demande. Souvent utilisées, les mises en adjudications permettent de confronterlespropriétairesauxlocataires et de fixer un prix de marché. L’évaluation du nombre de grands animaux, la quantitédebracelets(notammentdecervidés), l’existence ou non d’un étang et degibierd’eau,etéventuellementlaprésence d’un bâti, détermine la valeur locative.

« Nous procédons par adjudication et entoutetransparence»,expliqueJean-Yves HenrydelaSociétéforestière.Aprèsavoir progressé de 5 à 10 % chaque année, les loyers sont arrivés à un pic,voire commencentàdécroître.»Lacrisefinancièrede2008 a frappé toutes les classes de revenus, et a fait hésiter les candidats à s’engager sur la durée d’un bail de 3, 6 ou 9 ans. Pour sa part, Bernard de Polignac, auteurdulivreDiagnosticetaménagement des territoires,estime que la fixation d’un loyeràl’hectaretrouveseslimitescomme moyen d’appréciation. Il préfère établir le loyer sur le prélèvement possible engrandgibier.Mais,endehorsdelaSologne ou des zones où les loyers sont très élevés,l’expert estime que de nombreuses locations se concluent sur des basesprochesde900eurosparchevreuil prélevé,plus environ 400 euros par sanglier (en moyenne annuelle). Ce qui amène par exemple à un loyer de 4700 euros pour une forêt de 100 hec-

Jours de C HASSE ◆

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tares disposant d’un prélèvement de 3 chevreuils et de 5 sangliers. À 47 euros l’hectare, ce loyer sera ensuite majoré en cas d’existence d’un ou plusieurs étangs, d’un pavillon de chasse, et en fonction de son emplacement et de son accessibilité. Second facteur, la situation géographique de la forêt. Plus on se rapproche de Paris,plus le loyer sera élevé.Les bois situés à moins de deux cents kilomètres de la capitale accessibles pour une journée de chasse, se louent fort chers, à environ100eurosl’hectare.«Les territoiresfacilementaccessibles depuisunegrandevillesontrares et le seront de plus en plus du fait de l’urbanisation, de la concurrenceavecd’autresloisirs etdumorcellementdeshéritages. Ils vont continuer à être très demandés », estime Bernard de Polignac. Les chasseurs recherchent au minimum des terrains d’une cinquantaine d’hectares, idéalement d’un seul tenant et composés majoritairement de feuillus, jugés plus favorables au grand gibier. En outre,pourl’organisationdesjournéesde chasse,la présence d’un bâti,idéalement unpavillonouunrendez-vousdechasse, fera également monter les prix. Ensuite, la réputation de certaines régions, à commencer par la Sologne ou les Vosges, favorise la location à des chasseurs au pouvoir d’achat conséquent.Historiquement,lesterritoiresde chasse en Sologne,qui se négocient jusqu’à 10000 euros l’hectare, voire plus, sont parmi les plus recherchées. Mais d’autres régions sont de plus en plus prisées.« L’Indre-et-Loire regorge de très beaux territoires sauvages,comme àChâteau-la-Vallière.Situéesàdeuxheures de Paris par leTGV,ces chasses de qualité, agrémentéesdetrèsbeauxétangs,fontgrimper les prix », juge Henri d’Ormesson. À rebours,en Bretagne et en Normandie, les prix sont également tirés vers le haut, en raison de belles densités de bécasses. M. de G.-M.

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L’assurance au cœur des débats

DE CHASSE À LA BÉCASSE ONT FAIT MONTER LES PRIX DES FORÊTS PRINCIPALEMENT

NORMANDIE BRETAGNE. EN GÉNÉRAL,

EN

ET EN

POUR LE PETIT ET LE GRAND GIBIERS, LE PRIX DE LA LOCATION VARIE DE

20 À 100 EUROS L’HECTARE.

Maiscommentévaluerleprixd’un hectare? Le prix du sol et celui du bois – par actualisation de la production future – constituent les deux principaux critères de valorisation.Pour calculer le prix d’une forêt de moins de 10hectares(85%destransactions),une règle ancienne établissait que la valeur globale était composée pour les trois quarts du prix du sol et pour un quart celui du bois. Compte tenu de lavolatilitédesprixentrelesdifférentes essences,cette règle ne s’applique plus en l’état. « La chasse offre une rente annuelle,généréeparuncapitalfonctionnant à un taux que nous fixons de 7 à 10 %. Plus l’activité de chasse est menacée,par exemple en zone périurbaine,plus le taux decapitalisationestélevé,prochede10%», explique Philippe Gourmain. Sur la

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based’unrendementannuel de 10 %, ce même hectare vaudra1000eurosenfoncier. Reste enfin l’aspect fiscal. Certains investisseurs recherchent aussi dans la forêt unproduitdeplacementparticulier, qui, par la longueur de son cycle,bénéficie d’une fiscalité aménagée. Vue de l’extérieur, la forêt peut être considéréecommeuneniche fiscale.Commeilfautjusqu’à centcinquanteanspourproduire du bois, cette récolte n’est pas fiscalisée au jour de la coupe (ce qui découragerait les propriétaires d’effectuer les travaux),mais est imposée au prorata chaque année. L’administration estime la valeur finale d’un peuplement et détermine chaque année l’impôt équivalent à l’annualisation de cette valeur finale. Autre avantage fiscal, pour éviter que la forêt soit découpée à chaque héritage,elle bénéficie d’une fiscalité sur le foncier. Dans le calcul de l’ISF, la valeur de la forêt est prise en compte pour un quart. Si elle était imposée dans son intégralité, la tentation serait forte de la démembrerenvuedeminimiserl’impôt. Or,le drame de la forêt française est son découpage entre petits propriétaires.Sur les 3,5 millions de propriétaires (qui possèdent 11 millions d’hectares), 2,4 millions disposent moins de un hectare.Ce démembrementconstitueunfreinaudéveloppement de la filière bois. ◆ PHOTOS : ALAMY - LABEAUNE CHRISTIAN/SUNSET

BÉCASSE DES BOIS. LES PASSIONNÉS

Jours de C HASSE ◆

PRINTEMPS 2010

◆ Les tempêtes Lothar et Martin ont coûté cher aux assureurs: près de 7 milliards d’euros de dégâts assurés. Et celle de Klaus, 1,54 milliard d’euros. Les indemnisations ont représenté plus de quarante ans de cotisation. Depuis dix ans, les garanties ont été divisées par deux et les tarifs ont plus que doublé. Ce qui explique qu’à peine 0,5 % des propriétaires choisissent d’assurer leur bois. Selon les espèces de bois, le coût de l’assurance s’élève entre 0,3 et 1,5 % de la valeur de la forêt (0,7 % en moyenne). Il peut ainsi atteindre 35 euros l’hectare par an pour une parcelle estimée à 5000 euros. Pour les pins maritimes, les primes avoisinent 1,5 % de la valorisation. Autant dire qu’avec un rendement moyen de 2 %,la quasi-totalité des revenus sert à payer l’assurance. Dans le cadre de la loi de modernisation agricole pour 2010,l’État réfléchit à subventionner de façon temporaire et dégressive le montant des primes d’assurances. En cas de sinistre, il prendrait en charge le nettoyage et le reboisement audelà d’un certain niveau de sinistre à condition que le propriétaire soit assuré. L’objectif est de quadrupler le nombre d’assurés,ce qui permettrait dans un second temps de diminuer le coût des primes d’assurance. « On peut parier sur une baisse des primes d’assurance car l’augmentation des surfaces assurées permettra aux compagnies de réaliser des économies d’échelle », explique Jean-Yves Henry. « De plus en plus,nous incitons les acquéreurs à solliciter des devis d’assurance », raconte Philippe Gourmain. « Mais pas un propriétaire n’a la même appréhension du risque climatique ; les uns refusent de subir un tel risque et optent pour l’assurance,les autres estiment que le coût est prohibitif », conseille Philippe Gourmain. Les pouvoirs publics réfléchissent également à la possibilité pour les investisseurs de constituer une épargne de précaution. Il s’agirait d’un compte d’épargne forestière, défiscalisé, que les producteurs pourraient débloquer en cas de sinistre.Une chose est sûre:confronté aux aléas climatiques de plus en plus violents,le producteur de bois,comme tout agriculteur, a plus que jamais besoin de stabiliser ses revenus. M. de G.-M.


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Depuis de nombreuses années, l’activité forestière est considérée comme un investissement à faible volatilité, avec un retour sur investissement régulier sur le long terme et qui, durant les 50 dernières années, a généré une rentabilité supérieure à celle des principaux indices boursiers. tels que le Standard & Poor 500 par rapport au « National Council of Real Estate Fiduciaires » La faible volatilité et la nature non corrélée d’investissements en exploitations forestières constituent un contrepoids idéal à la volatilité de la valeur des actions et des obligations, permettant de réduire les risques liés à la possession d’un portefeuille classique.

RENTABILITÉ

ANNUELLE/DURÉE DE L’INVESTISSEMENT:

Nombre d’années

1 3 5 10 15

S&P 500 Au 30 Déc. 2008

NCREIF Timberland Indice au 30 Déc 2008

-39,3% -10,6% -4,3% -3,2% 4,4%

9,2% 13,3% 13,8% 8,8% 10,0%

Rétrospectivement, les investissements dans des portefeuilles d’actions variées ont régulièrement été dépassés par des investissements dans des forêts.

Compte tenu de la nature de longue durée d’un investissement dans une forêt, ce genre d’actif est loin d’avoir atteint son apogée en Roumanie. Un certain nombre de fonds de pension et d’investisseurs institutionnels ont déjà fondé des sociétés mixtes ou des joint ventures dans la région, qui achètent activement des forêts. De notre point de vue, la valeur des forêts en Roumanie devrait doubler

pour atteindre le niveau des forêts de qualité similaire dans le reste de l’Union Européenne et des Etats-Unis, indépendamment de la valeur du terrain où elles se situent. A l’heure actuelle, la Roumanie est l’un des rares pays d’Europe de l’est où les investissements directs en domaines forestiers sont les bienvenus, et le seul pays où se trouvent des forêts bien dimensionnés et sans enclaves. De plus, une tradition très ancienne en Roumanie d’une bonne gestion sylvicultrice se retrouve dans ses forêts de bonne qualité, aux rendements importants. La chasse fait également partie des traditions et coutumes de la Roumanie, dont les étendues montagneuses comptent la plus importante population d’ours en Europe, ainsi que beaucoup d’autres gibiers. En tant que conseil en investissement en forêts Juel Nielsen Forest and Agriculture Investments vous propose: ✓ L’identification et l’évaluation de domaines forestiers ✓ Un service complet du début à la fin de la transaction ✓ La gestion de votre futur domaine forestier Notre société, d’origine danoise et avec une succursale à Bucarest, bénéficie de plus de 10 ans d’expérience dans les transactions de domaines forestiers en Europe de l’est.

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Affaire d’orthographe…

◆ Je suis étonné à la lecture

du reportage sur « L’île mystérieuse » en Écosse que

le gibier grouse soit nommé au masculin. J’ai vérifié sur le Larousse ainsi que sur le Dictionnaire de la chasse,

de la faune et de ses habitats

(Hatier), le nom de cet oiseau est bien de type féminin: on dit donc“une grouse”. Dr Gabriel Condom, Mussidan.

Cher lecteur,vous n’êtes pas le seul à avoir fait cette remarque et,en réalité, tout le monde a raison! Quand on lit cette bible qu’est le“Dictionnaire de la chasse” de Pierre-Louis Duchartre, ce tétras est du genre féminin. À rebours,quand on parcourt la traduction de l’ouvrage de William Arkwright, consacré aux pointers, il est du genre masculin. D’ailleurs,le mot“grouse”, tel que définit par le dictionnaire“Harrap’s”, est invariablement masculin ou féminin.

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Encore une couverture qui sert la chasse

◆ Bravo pour votre couverture consacrée à Cecil Aldin de votre dernier numéro. C’est coloré, d’un humour typiquement britannique… Voilà qui nous change de la grisaille économique.Vous avez cent fois raison, car la chasse doit nous faire oublier pour un temps toutes les tracasseries quotidiennes. L. Cochet.

Le Sud n’est pas oublié

◆ Dans votre dernier numéro, vous avez décidé d’ouvrir vos colonnes à une société de chasse communale dans les Bouches-du-Rhône (« Les rouges retrouvent la garrigue ») et je vous en félicite. C’est une société de chasse courageuse qui a une véritable éthique. Sans aucun doute, voilà qui rétablit un peu l’image de la chasse dans le Sud-Est, écornée par les poncifs

en tout genre: fusils manipulés par des hordes de tartarins, assoiffés de viande, et concluant leur journée de chasse par un tir de casquettes cher à Daudet! G. Ladry.

Merci M. Decoster

◆ Je ne suis jamais allé en Afrique, et je n’irais probablement jamais. Pourtant, l’entretien que vous a accordé ÉdouardPierre Decoster m’a fait rêver, parce qu’il sent tout et ne cache rien. Il rompt avec cette obsession de la trophéïte qui ne rehausse pas la chasse et les chasseurs. Il a le respect du gibier qu’il soit tout petit ou très grand. Il nous fait comprendre que la chasse est un tout dont le tir n’est vraiment que l’ultime conclusion. Ce n’est pas le but qui est important, c’est la « manière », dit-il. C’est un mot à méditer car trop souvent les chasseurs ont l’obsession du résultat. C’est parfaitement détestable.

Jours de C HASSE ◆

V. Chainet.

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