Jours de chasse

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Instants sauvages

Jours de CHASSE

Jours de C HASSE ◆ ÉTÉ 2010

NUMÉRO 40

Jours

de

N° 40

HASSE

C


la

montre du leader

L’Oyster Perpetual Day-Date est la référence de l’élite mondiale. Créée en 1956, elle fut la première montre à indiquer non seulement la date, mais aussi le jour de la semaine en toutes lettres. Ce calendrier est désormais proposé dans un choix de 26 langues. Reconnue dans le monde entier et portée par les plus grands, la Day-Date, disponible exclusivement en platine et en or 18 ct, représente la quintessence de l’innovation et du prestige. Aujourd’hui, la Day-Date II, majestueuse avec son diamètre de 41 mm, donne une nouvelle dimension à la collection et répond ainsi à tous les styles de réussite. L’histoire continue sur

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Sommaire N° 40 été 2010

N° 40

ARGENTINE

Avec les gauchos de la Sierra

M 02515 - 40 - F: 9,50 E - RD

3-5, rue Saint-Georges 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.12.85 www.joursdechasse.com

Président-Fondateur Olivier Dassault

86 Reportage

BRUNO DE CESSOLE

Les derniers chasseurs de Mandchourie

3:HIKMPB=ZU^ZUX:?k@a@e@k@a;

Quand les beagles récrient au lapin

120 Chasseur de légende

RÉDACTION

Rédacteurs en chef : Bruno de Cessole (11.35) Humbert Rambaud (11.56)

ADMINISTRATION GESTION DÉVELOPPEMENT

3-5, rue Saint-Georges - 75009 Paris Tél. : 01.40.54.11.00 - Fax : 01.40.54.11.81 Secrétaire général, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (11.62)

PUBLICITÉ

Directeur commercial : Jérôme Pinel (Tél. : 06.08.77.99.89 ; jerome.pinel@valmonde.fr) Maquette-planning : Gill Haag (Tél. : 01.56.52.21.67 ; ghaag@figaromedias.fr) DIFFUSION ET ABONNEMENTS Service diffusion : Valérie Dubuy (1159), Corinne Landry (1158) Ventes au numéro Ventes au numéro – Inspection des ventes : Sordiap : Delphine Pellan (Tél. : 01.42.36.92.04 ; dpellan@sordiap.fr)

5 6 18 28 30 32

Numéro de commission paritaire : 0613 K 79921 - ISSN 1622-8979

ADMINISTRATION Directeur administratif et financier : Éric Baracassa (11.30) Services généraux : Catherine Delange (11.13)

SERVICE ABONNEMENT

22, rue René-Boulanger 75472 Paris Cedex 10 Tél. : 01.55.56.70.94. Fax : 01.40.54.11.81. Imprimé par Assistance Printing en CEE.

GROUPE VALMONDE Président: Pierre-Yves Revol

Vice-président : Olivier Dassault Directeur général : Guillaume Roquette Conseiller du président : Jean-Jacques Schardner Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 euros Actionnaire majoritaire : Sud Communication RCS : Paris B 775 658 412. Siret : 775 658 412 00140. Directeur de la publication : Guillaume Roquette Photo du bandeau : Olivier Dassault. Photo de couverture : Walter Arlaud. Copyright 2010 - Jours de Chasse. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

Émile Gromier, photographe chasseur

PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Reportages : Guillaume Beau de Loménie Armurerie et optique : Alain de l’Hermite Tentations-Enchères : Virginie Jacoberger-Lavoué (11.34) Visite privée et saveurs : Véronique André Secrétaire général de la rédaction : Éric Lerouge (11.91) Maquette : Fabrice Fournier (premier rédacteur-graphiste 11.83), Nicolas Lemay (11.84) Directeur de l’iconographie : Marc Charuel (11.94) assisté de Patrick Iafrate (11.92) et Patrick Rousset (11.93) Infographiste : Florence Binoche-Giboreau (11.67) Responsable production : Nicolas Gigaud (11.87)

60 Découverte

Sierra de la Ventana, entre pentes et pampa

Jours de CHASSE

CHINE

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Instants sauvages

TRIMESTRIEL JUIN JUILLET AOÛT 2010

96 L’Éditorial d’Olivier Dassault Point de mire L’actualité de la chasse Chic et choke Le monde de la chasse À l’affût Expositions et salons Lucarne La chasse en DVD Tentations Équipements de saison… 32 … pour elle 34 … pour lui 36 Accessoires 40 Automobile

42

Enchères De Paris à Toulon, les ventes s’animent

48 56 60

Signets La chasse en librairie

70 76 86

Tourisme Argentine, charme provincial

Confidences Tony de Almeida Découverte Sierra de la Ventana, entre pentes et pampa

Aventure Oroqen, les derniers chasseurs Reportage Quand les beagles récrient au lapin

Sur le terrain Tout savoir sur… 96 À Montachery, les faisans s’installent 102 Les field trials en question 106 L’Atelier Verney-Carron, au firmament de l’artisanat 112 Essai, lunette Zeiss Duralyt 114 Chasse à la journée, le château de Janvry 118 La loi: la chasse accompagnée

120

132 142 156 158

Chasseur de légende Émile Gromier, photographe chasseur Crayons et pinceaux Walter Arlaud, instants sauvages L’écrivain Auguste Flaubert, traqueur de sensations L’art et la chasse Une tapisserie du Louvre Visite privée Invitation à La Colombière dans la famille Bray Devillez

166 170

Saveurs Les recettes de famille

174 176

Objets d’art ST Dupont-Jours de Chasse

180 186

Volutes Cigares au soleil

Tentations 170 Les douceurs de l’été 172 La maison et sa déco

Flacons 176 Maison Delas 178 Rosé, dans les jardins de l’été

Forum Les lecteurs ont la parole

Ce numéro comprend deux encarts brochés STDupont et Abonnement “Jours de Chasse” entre les pages 66-67 et 98-99 et deux encarts jetés Réabonnement et “Le Figaro”.

Parution du n° 41-automne 2010, septembre Jours de Chasse sur Internet : www.joursdechasse.com

ALAIN DE LʼHERMITE

CHASSE Jours

de


lancel.com

French légèreté…

Place Vendôme - Minuit

“Premier Flirt ”


Éditorial par Olivier Dassault

V

singularité parmi la presse cynégétique.Sur un autre contioici venir le temps de remiser fusils et carabines au rânent, l’Amérique latine, la chasse demeure, aussi, une traditelier, de ranger bottes, carnier, et piboles, en attendant la tion et une culture, même si en Argentine, après la dispariprochaine ouverture.L’été,certes,n’est pas la saison favorite tiondestribusindiennes,cettetraditionestplusrécente.Vaste du chasseur, qui préfère voir la forêt se parer d’or et de comme cinq fois la France, ce pays possède une juste répucuivre et les premières gelées blanches couvrir les prés et tation pour la chasse à la sauvagine.Pour autant,le grand giles labours, mais la passion serait-elle aussi vive et durable bier–indigène,commelepumaetlepécari,ouimportécomme si une interruption de quelques mois ne venait pas en susle cerf élaphe,le sanglier et l’antilope cervicapre– offre l’oppendrelecours?Cetempssuspendu,nouspouvonsleconsaportunité de chasses très sportives dans des paysages splencrer à nous préparer pour la rentrée, nous entraîner au tir dides,aux horizons illimités,à l’égal de l’Afrique.Et les gauou à la marche, pratiquer la chasse photographique ou, chos,ces“cow-boys latinos”,perpétuent un mode de chasse dans un tout autre registre, à lire les parutions récentes des aux chiens courants et à cheval, qui n’est pas sans évoquer, éditions de Montbel, ou relire quelque classique de l’art en plus rustique, nos chasses à courre bien françaises. cynégétique.Et,puisquelemot“lecture”vientsousmaplume, Aujourd’hui oublié,le docteur Gromier – l’un des rares pourquoi ne pas commencer par celle de ce quarantième chasseurs en qui Jean d’Orgeix se plaisait à reconnaître un numéro de Jours de Chasse? maître– fut un des grands noms de la chasse dans l’Afrique Un mot,d’abord sur la couverture.Elle vous surprendra française. L’article de Guillaume Beau de Loménie rend un peut-être,car elle n’est pas l’écho d’un reportage particulier. hommage amplement mérité à ce coureur de brousse éméJ’espère, cependant, que vous apprécierez autant que moi le rite,quifutégalementunpionnierdelachasse grand talent de peintre animalier de Walter photographique et l’auteur d’une dizaine Arlaud,etsesportraitsdebécasses,promesses de livres remarquables sur la grande faune de bonheurs à venir.Autre nouveauté: le reL’AMOUR DE LA VIE africaine, que l’on peut toujours consulter portage de Luc Richard et de Constantin de SAUVAGE avec fruit.Mon dernier mot sera pour GusSlizewicz sur un peuple de chasseurs de taveFlaubert,dontpeudelecteurssaventqu’il Mandchourie, les Oroqen, menacés d’exTÉMOIGNE AVEC fut, comme le montre l’article que nous lui tinction tant par l’emprise croissante de la ÉCLAT QUE LA dédions, un chasseur d’une espèce particuvie moderne que par la volonté politique du lière.Durant son voyage en Orient,en comgouvernement chinois. À chaque fois qu’un CHASSE EST, AUSSI, pagniedesonamiMaximeduCamp,iltromOroqenmeurt,lesautoritéss’emparentdeses UNE AVENTURE pait l’ennui des escales en tirant tourterelles, armes de chasse, de façon à ce que la transchacalsetcrocodiles.Maisc’est,d’abord,dans mission ne puisse plus s’effectuer, condamSPIRITUELLE. sa vie d’écrivain que l’auteur de la Légende nant ainsi à une mort lente ces chasseurs node saint Julien l’Hospitalier révéla les qualités mades chez qui se maintiennent encore,mais du vrai chasseur:l’acuité de l’observation,le pourcombiend’années,lestraditionsdeleurs goût de la quête,la patience de l’affût,l’amour de la vie sauancêtres. Jusqu’alors, nous n’avions pas publié d’articles sur vage,témoignant avec éclat que la chasse est,aussi,une avenles dernières tribus du monde, de l’Arctique à l’Afrique, de ture spirituelle, que tous peuvent partager, sans arme. Il me l’Amazonie à l’Asie,pour qui la chasse est un mode de vie et reste à vous souhaiter un très bel été et à vous donner renmême de survie. Il me semble important de le faire car rapdez-vous en septembre pour l’anniversaire des dix ans de pelerquelachassefutetresteunenécessitévitaleautantqu’une Jours de Chasse. Bonne lecture! culture pour des populations telles que les Inuits ou les Bochimans,c’est,d’une certaine manière,légitimer notre propre passion,même si nous autres,urbains“civilisés”,ne sommes plus soumis à la nécessité de la chasse alimentaire.Par ailleurs, la publication de tels reportages renforce notre parenté avec des revues – National Geographic ou Geo – auxquelles nous avons été,parfois,comparés,de même que nos articles dédiés aux peintres, et aux musées, soulignent notre communauté d’intérêts avec les grandes revues d’art, et marquent notre

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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE par la rédaction

GRANDS ANIMAUX

LE CHEVREUIL EN BAISSE, LE SANGLIER EN HAUSSE

rable montée:pour la cinquième année consécutive, selon les statistiques établies pour la saison 2008-2009 par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le nombre de grands animaux tirésafranchilabarresymbolique du million,soit une hausse d’environ3%(précisonsquecechiffre comprendcerfs,chevreuilsetsangliers, à l’exclusion des grands animaux de montagne).Comme les précédentes saisons, avec un totald’unpeuplusde48000réalisations, les tableaux de cerfs augmententdemanièretrèssensible(7%contre1,9,lasaisonprécédente).D’ailleursentreizeans, les prélèvements de cerfs ont été multipliéspardeux!Faut-ilyvoir une nouvelle poussée des populations toujours en phase d’expansion?Apparemmentnon,selon Benoît Guibert,responsable de la grande faune à la FNC. Cette progression du tableau serait à mettre à l’actif d’une poussée des prélèvements d’animaux en début de saison,dans les massifs récemment colonisés. À rebours, pour le chevreuil, une autre tendance se confirme: pour la deuxième année,les réalisations sont en baisse, de 501000 à 488000. Ainsi, douze départements – dont les Landes, le Haut-Rhin, l’Aisne et l’Ain– ont enregistré une baisse de plus 10%destableaux.Commentexpliquer cette diminution constantealorsquelespopulationsde chevreuiln’avaientcessédegrimper jusqu’en 2006,atteignant les 510000animauxtirés?Bienqu’il faille faire preuve de mesure en

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JUNIORS BILDARCHIV/SUNSET

◆ Celaressemblefortàuneinexo-

la matière, on peut avancer plusieursexplications.D’abord,une « désaffection » de chasseurs « saturés » – bien à tort– par la chasse de cet animal, qui ont donc décidédeleverlepied;ensuite,parce qu’en maints endroits, les biotopesn’ont«pluslesmoyensdesupporter de nouvelles populations ». Ainsi,silesplansdechassenesont pas réalisés,c’est peut-être parce que les chevreuils ne sont plus là. Parallèlement, la population a chuté en raison d’une mortalité due justement à une surpopulation. Or,qui dit surpopulation par rapport au milieu, dit risque de manque de nourriture et, au bout du compte, des chevreuils plus sensibles à des facteurs externes comme des parasites… Toutefois,pour les prochaines saisons,commelerappelleBenoît Guibert,lenombred’animauxtirés peut repartir à la hausse dans les Associations de chasse communalesagréées(Acca),avecl’ap-

plication de la loi de 2005 sur les indemnisations sylvicoles. Rappelons,eneffet,que,pourlespropriétés intégrées dans les Acca (c’est-à-dire celles de moins de 20hectares,dontlespropriétaires ne peuvent donc tirer aucun revenu cynégétique de leur bois), lelégislateuralogiquementprévu une procédure d’indemnisation et de prévention des dégâts sylvicolesdontleschevreuilssontles principauxresponsables(enparticulier sur les jeunes pousses). À la condition toutefois que les minimaduplandechassen’aient pas été atteints. Autreenseignement:letableau de sangliers continue de repartir à la hausse avec près de 570000 animaux tirés, soit un bond de près de 10 %! (en trente ans, les prélèvements ont été multipliés par dix). Cette forte augmentation est d’abord à mettre à l’actif d’une hausse des populations – donc à une progression des tableaux – due à une

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bonne glandée – qui favorise la prise de poids des sangliers,donc à une puberté“avancée”pour les femelles de 10 à 6 mois (elle est en âge de procréer à 35 kilos). En parallèle,cette forte progression est sans doute le premier résultat tangible de l’encouragement des fédérations départementalesàfairetirerdavantagede bêtes noires pour limiter les dégâts agricoles et les collisions automobiles. Trente et un départements affichent une hausse de plus de 20 % dont le Doubs (60 %), les Deux-Sèvres (59 %) et la Haute-Marne (54 %). L’année prochaine, les statistiquesserontlesplusinstructives, car ce sera l’année de la mise en œuvre du“plan sanglier”décidé par le ministère de l’Écologie,en fait une incitation très forte pour faire baisser drastiquement les populationsdeteloutelcanton… Car l’on sait que les trois quarts des dégâts sont concentrés sur 10 % des communes.


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

CHERCHENT FAMILLES ADOPTIVES…

◆ C’est à n’en pas douter ce

qu’on appelle un raisonnement par l’absurde ! Selon la chaîne américaine CNN, l’Indonésie envisagerait d’autoriser l’adoptiondetigrespardesparticuliers afin d’enrayer le braconnage du plus grand félin de la planète dont la survie est de plus en plus menacée.Contreleversementde quelque100000dollars(soitenviron 79500 euros), un citoyen indonésien serait ainsi autorisé à prendre en pension, dans son jardin, et pourvu que celui-ci couvreauminimumunquartde lasuperficied’unterraindefootball, un couple de tigres de Sumatra (Panthera tigris sumatrae) dont l’espèce est particulièrement en danger. Le gouvernement indonésien expliqueenvisagercettesolution après le succès d’une expérience similaire mise en place pour enrayer la disparition d’une autre espèce menacée, le Leucopsar rothschildi… ou étourneau de

INVESTISSEMENT

DES FORÊTS MOINS CHÈRES

◆ La baisse des prix du bois et la crise économique ont rattrapé lemarchédesforêts.L’andernier, selon l’indicateur de la Société forestière(groupeCaissedesdépôts), la valeur du marché a diminué de 27 %, à 860 millions d’euros, passant sous la barre du milliard d’euros pour la première fois depuis trois ans.Seuls 93 000 hectares ont changé de mains, contre près de 120 000 en 2008. Cette chute intervient aprèsquinzeansdehaussecontinue des transactions. Le prix moyen à l’hectare s’établit à

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Rothschild. Cet oiseau est victimedel’explosionducommerce des espèces exotiques, et frôle l’extinctiondepuisplusieursannées, ce qui lui a valu son clas-

et feront l’objet d’un suivi régulier. La perte de leur habitat naturel, due en particulier à la déforestation, mais surtout le braconnageaveuglequiviseàali-

sementenannexeIdelaconvention de Washington,c’est-à-dire une interdiction totale de son commerce.Selonlesautoritésindonésiennes, les tigres et leur éventuelle progéniture resteront la propriété intégrale de l’État,

menterenpotionsla“médecine” traditionnelle chinoise, responsable de la mise en danger de dizaines d’espèces animales à travers le monde voire de leur disparition,ontentraînélaquasiéradicationdecefélindontlapo-

pulationestsansdouteinférieure aujourd’hui à 400 individus. Mais en Indonésie, ce projet estloindefairel’unanimité.Seul problèmeetdetaille:letigren’est et ne sera jamais un étourneau! Les organismes en charge de la protection du félin dans son milieu naturel, mais également du suivi des tigres en captivité,s’insurgent contre l’idée que les tigres dont ils ont la responsabilité puissent se transformer en de vulgaires animaux domestiques et dans un environnement totalement inadapté. De son côté, le WWF, par la voix de sa représentante en Indonésie, Dian Kosasih, déclare que « la seule voie possible pour la conservation des espèces passe par leur protection dans leur milieu naturel».Aussi,plutôtquechercher à tout prix des “parents adoptifs”, le gouvernement indonésienferaitmieuxdesedonnerles moyens de préserver ses tigres, enluttantcontreladéforestation et le braconnage.Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce qui est valable en Indonésie, l’est pour toute l’Asie…

4 950 euros contre 5 380 euros l’an dernier, soit une baisse de 8 %.« Nous préférons parler d’une stabilisation des prix,nuance Robert Levesque à la Fédération nationaledesSafer.L’indicebi-annuel,pondéréenfonctiondeszones géographiquesetquiexclutlestransactionsnonreprésentatives,aaugmenté de 0,9 % en 2009 ». Seule certitude, les prix sont restés très disparates d’une région à l’autre. Plus les forêts sont éloignées des centres urbains, plus la demande est faible et les prix sont tirés vers le bas. Les forêts de montagne, les plus difficiles à exploiter, se négocientà2400eurosenmoyenne.

À l’opposé,en Île-de-France,les prixsontrestésstables,à5000eurosl’hectareenmoyenne,lesparcelles de chasse situées dans un rayon de deux cents kilomètres autour de Paris restant très prisées. Lescoursvarientaussienfonction de la taille de l’exploitation. Les petites forêts de moins de 10 hectares, historiquement les plus chères,correspondent souvent à des achats de proximité de la part de propriétaires de résidences principale ou secondaire. Étroitement liée à l’évolution du marché immobilier urbain,leur valorisation a sensiblement diminué. En revanche,

les grandes forêts de plus de 50 ou 100 hectares ont vu leur prix résister, faute de vendeurs (seulement265transactionssurl’année). « Les propriétaires de grandes forêts préfèrent ne pas vendre plutôt que d’accepter une baisse des prix»,constateRobertLevesque. Quoiqu’ilensoit,encestemps troublés sur les marchés financiers, la forêt reste avant tout une valeur refuge. L’investissement forestier, soutenu par les avantagesfiscauxnotammentau regard de l’ISF,s’est apprécié de 80 % depuis 1994. Pas question pourautantdecéderàlapanique: la forêt est par nature un investissement de long terme.

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TIGRES

Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2010


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

◆ « Cher Olivier,

Nous nous connaissons depuis longtemps.D’abord,jevoulaistedire sincèrement que Jours de Chasse est un magazine magnifique.Mais j’ai été surpris à la lecture de ton éditorial dans ce magazine. Est-ceêtre“démagogue”et“idéologuefanatique”quedevouloirprotéger un coin de forêt que l’organisation de salons,qu’ils soient de la chasse,du vin,des arts,du jardin ou du développement durable,allaitdétruire.Cetteclairièreenpleine forêt n’était pas manifestement un endroit pour installer une tente de 15000 mètres carrés et recevoir des dizaines de milliers de visiteurs et leurs voitures. Comme toi et comme de nombreux chasseurs, je suis soucieux de la protection des habitats de la faune et de la flore.Aux côtés d’asPERDRIX GRISE

OPÉRATION SAUVETAGE

◆ Quand on dit que le chasseur doit être un gestionnaire exemplaire avec une démarche scientifique, ce ne sont pas de vains mots…Témoin,l’initiative lancée par une vingtaine de fédérations départementales en collaboration avec l’ONCFS sur la perdrix grise, sur douze territoires.«Ilyaurgence»,explique Benoît Chevron, président de la Fédération départementale des chasseurs de Seine-etMarne, qui participe à l’opération. En effet,depuis deux saisons consécutives,la reproduction de ce gibier emblématique des grandes plaines a été médiocre pour ne pas dire catastrophique. Ainsi,les densités du printemps

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sociationsdeprotectiondela nature,je me suis donc opposé en janvier dernier à la destruction de cette clairière parce qu’elle abrite des espèces protégées.Chassables ou non, les espèces vivent dans un milieu naturel. Si on détruit un milieu,on détruit l’espèce qui en dépend. Tu ne trouverais rien d’extravagant à demander à un bûcheron de ne pas couper l’arbre où niche une espèce d’oiseau rare. C’est ce que jemesuiscontentédefaireen manifestant en janvier dernier. C’était simplement du bon sens et j’assume mes actes. Le Salon de la chasse et lesquatreautressalonsorganiséspar la société Rambouillet Événement ontbieneulieucommeprévuet,grâce notamment à Gérard Larcher,président du Sénat et maire de Rambouillet, ils ont été accueillis dans

d’excellentes conditions au Haras national des Bréviaires. Tu sais tout autant,cher Olivier, que je ne suis pas contre la chasse. Pourquoilaisserpenserlecontraire? En forêt de Rambouillet, comme

2009 avaient été les plus faibles depuis les années 1980. « Nous voulons savoir pourquoi car, aujourd’hui,nousnepouvonsémettre que des hypothèses », poursuit Benoît Chevron. Cette étude

s’orientera dans plusieurs directions : « mieux connaître les causesdemortalitédesadultesentre le printemps et l’été, analyser les facteurs affectant la qualité de la reproduction,et appréhender l’im-

ailleurs,les chasseurs régulent les populations de cervidésetdesangliersqui n’ont pas d’autres prédateurs. Je ne suis pas contre les chasseurs.Pour preuve quand des écologistes m’ontdemandédesigner unepétitioncontreleSalon de la chasse au Haras national des Bréviaires, j’ai refusé de la signer. Je suis même en trainderéfléchiràlacréation d’une association avec des chasseurs pour lutter contre tout ce qui mèneraitàtermeàl’éradication des cervidés en forêtdeRambouillet.Car certainsreprochentàlagrandefaune de“provoquer”desaccidentsdelacirculation ou de venir brouter dans lesmassifsdefleurs…etvoudraient les chasser définitivement.» Yann Arthus-Bertrand WITT/SIPA

YANN ARTHUSBERTRAND NOUS RÉPOND

JUNIORS BILDARCHIV/SUNSET

RAMBOUILLET 2010

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pact des produits phytosanitaires et des pratiques agricoles ». Aussi, pour cela, sur chaque territoire,quinze poules de perdrix sauvages vont être capturées et équipées d’émetteurs.La télémétrie permettra de suivre leurs déplacements, donc de connaître l’emplacement des nids, le domaine vital d’activités des oiseaux, les causes de mortalitégrâceàlarécupération des cadavres. Dans le même temps, chaque agriculteur exploitant un terrain d’étude indiquera les données techniques de chaque parcelle (taille, culture, noms et dosage des produits phytosanitaires…) Lespremiersrésultatssontattendus pour l’automne, et en principe, l’opération doit durer deux saisons. On ne peut qu’y souscrire.


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

◆ Quel est l’impact des rapaces sur le gibier? C’est l’objet d’un dossier fort complet de nos confrères de la Revue nationale de la chasse, et qui vient fort à propos.Depuis la protection totale des rapaces en 1972,le débat prend un peu plus d’ampleur chaqueannée,avecautantdepassionqu’auXIXe siècle(ilsuffitde lirelechapitreconsacréaux“nui-

depuis plusieurs années un aménagementaustatutd’animalprotégé dont bénéficient les rapaces. Que faut-il en penser? Avant tout que c’est une affaire de nuances et de connaissances. Que les populations de rapaces aient augmenté,c’est un fait indéniable;leurprotectionétaitindispensable – sous l’action efficace de Michel et Jean-François Terrasse –,sous peine de les voir disparaître corps et biens, en raison à la fois d’agissements de

charbonnier, qu’un épervier puisse prendre un lapin – le rapport est en effet de 230grammes contreunkilo!–,lesautourspeuventparfaitementprendrefaisans, lapins,ramiers…,les faucons pèlerins peuvent s’attaquer à des perdrix, des faisans, et les buses et busards également à des perdrix. Laquestionn’estpastellement de savoir ce qu’ils prennent mais pourquoi ils les prennent. Il ne faut jamais perdre de vue que,

sibles” par Elzéar Blaze, dans son Chasseur au chien d’arrêt), ce qui n’est pas peu dire.À écouter, àentendrecertainschasseurs,certains présidents de fédération, les rapaces seraient responsables debiendesmaux–etnotamment l’autourdespalombes(notrephoto) et le busard saint-martin– et en premier lieu d’anéantir leurs chasses en faisant bombance de faisans, de levrauts, de perdrix. Aussi,ilsdemandentinstamment

chasseurs irresponsables – pensant qu’un bon rapace était un rapace mort – et des ravages de produits phytosanitaires (dont l’effroyable DDT). Ilestégalementindéniableque les rapaces – en tout cas ceux qui ne sont pas des charognards comme l’autour, l’épervier… – opèrent des prélèvements sur la faune sauvage.Même s’il est impossible, comme certains chasseurs l’affirment, avec la foi du

comme tous les animaux sauvages, le rapace est un opportuniste, et qu’il ira donc vers les proies les plus faciles,qui lui permettront d’économiser le maximum de forces. On le devine, à ce petit jeu, les faisans d’élevage peuvent payer un tribut important; de la même manière, personnenecontestequelesbusards saint-Martin poursuivent inlassablementdesperdrixgrisesetfinissent par les prendre.

PRÉDATEURS

HAMBLIN MARK/SUNSET

L’IMPACT DES RAPACES

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Jours de C HASSE ◆

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Ungibiersansdéfenseousans couverts… Voilà sans doute, les raisons d’une prédation “anormale”car,commeleconstateavec raisonPhilippeJusteau,président de l’Association nationale des fauconniers et autoursiers français, et chasseur à tir: « ces prédateurs ont toujours existé,y compris à une époque où le petit gibier abondait dans nos plaines ». De son côté, Jacques Hicter, agriculteur de l’Aisne chez qui nous avionsfaitunreportagepourson exemplaire gestion de perdrix (Jours de Chasse n° 3), explique qu’« il faut s’accommoder de cette nuisance et agir en amont,en prévenant le danger ». Tous sont unanimes à dire que les aménagements “antirapace” telsquelesbuissonsartificielssont une réponse efficace… En outre, légaliserl’éliminationdecertains rapaces, c’est assurément ouvrir la boîte de Pandore,car la quasitotalité des chasseurs sont « incapables de faire la différence entre un épervier et une crécerelle,et ne savent pas à quoi ressemble un autour…»,affirmePhilippeJusteau. Les chasseurs ne doivent jamais oublier également que les rapaces ont une place dans la chaîne alimentaire des animaux, avec son rôle d’éliminer les plus faibles. Et que le plus efficace des autours fera toujours moins demalqu’unfusildéraisonnable. Bref, ce débat ne doit en aucun cas masquer les propres turpitudes des cynégètes.Au fond,en exagérant un peu, les chasseurs pourraientavoirla“philosophie” d’il y a cinquante ans de ce propriétaireanglais,dontlegardefaisait état de dégâts commis par un autour: – Combien prend-il de faisans par an, lui demande-t-il? – 150, réponds le garde. –Ehbien,vouslâcherezcemême nombre en plus…


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Pointdemire REGARD SUR L’ACTUALITÉ DE LA CHASSE

LES AIDES AUX ASSOCIATIONS ÉCOLOGISTES

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◆ Aux yeux de l’État, défendre

ÉTUDE

LA GENETTE EN FRANCE

◆ Ce ravissant petit carnivore de la famille des viverridés,à la robe gris fauve tachetée de brun noir surlesflancsestpourlemoinsdiscret. Pourtant il est en grand nombre et a priori en progression… C’est ce qui ressort d’une passionnante étude parue dans ladernièrelivraisondeFaunesauvage, la revue de l’ONCFS.Si sa présenceestattestéedepuislongtemps en France – elle est originaire d’Afrique du Nord même si l’on spécule encore sur les raisons et sur la date de sa venue en Europe –,l’étude nous renseigne sur son aire de répartition,et sur son évolution. Entre les premières données recueillies au XVIIIe siècle par Buffon, et celles récoltées aujourd’hui par les services de l’ONCFS, des fédérations départementales des chasseurs et le réseau de l’Unapaf, plus de 18000 informations ont été récoltés (entre les animaux trou-

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vés morts, les victimes de collisions, les captures accidentelles…). Il en ressort qu’en raison notamment de sa protection depuis 1972, la genette est présente dans plus de 7 000 communes, soit plus de 63 départements (« mais de façon marginale pour une vingtaine d’entre eux »). C’est « au sud-ouest d’une ligne Nantes-Nîmes » que l’on rencontreprincipalementcetanimalqui fait d’ailleurs preuve d’un grand éclectisme dans son biotope: la genette est présente aussi bien dans la plaine que dans la moyenne montagne (jusqu’à 600-700 mètres). Qui plus est,signe d’une certaine expansion de l’espèce,elle a été signalée dans la plaine où dominent les champs, ce qui semble contraire à ses habitudes puisqu’elle vit surtout dans les arbres.Parailleurs,conséquence de la déprise agricole, elle a étendu son territoire dans le Rhône et la Loire, et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis une trentaine d’années.

Jours de C HASSE ◆

lanatureetl’environnementn’a pas de prix. Ou plutôt, il en a un : 28 millions d’euros. C’est très exactement la somme qui a été allouée aux associations écologistes pour la seule année 2008 – soit une augmentation de… 40 %! –, comme le révèle laréponseduministèredel’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, enréponseàunequestiondusénateurdesHautes-Alpes,Pierre Bernard-Reymond (UMP) et d’un député de la Somme,Stéphane Demilly. La réponse du ministre,JeanLouis Borloo, est pour le moins alambiqué: il explique que ces subventions « correspondent à un effortparticulierdesoutienàdesassociations auxquelles sont confiées des missions de service public dans le domaine de la préservation de la biodiversité»et,d’autrepart,ilaffirme « la volonté d’apporter auxdites associations le soutien nécessaire afin qu’elles contribuent efficacement à un nombre importantdecommissionsconsultatives, ouvrant ainsi la voie à la mise en œuvre du dialogue environnemental prôné par le Grenelle de l’environnement ». En revanche, pas un mot sur les bénéficiaires et les montants qui leur ont été attribués, tels qu’ils ont été demandés par le président de la FNC, CharlesHenri de Ponchalon. Entoutétatdecause,cessubventionsontdequoisurprendre. Carceschiffres,sontrévélateurs de l’état d’esprit du gouvernement vis-à-vis des écologistes. L’air est connu : la paix contre des subsides.Que l’État – donc

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le contribuable – aide certains mouvementsdeprotectiondela nature, cela peut difficilement être accepté au moment où ce même État prône la rigueur budgétaire. D’autre part, il est tout aussi surprenant que l’État aide ces associations dont l’action sur le terrain n’est pas l’évidence même,certainesétantviscéralementantichasse.Surtoutquand onsaitque,danslemêmetemps, les instances cynégétiques (ONCFS,FNC)viventsurleurs propres deniers grâce à l’argent

ISABELLE SIMON/SIPA

SUBVENTIONS

des chasseurs (la FNC alimentant une partie du budget de l’ONCFS), et mènent des actionsconcrètessurleterrainavec des résultats tangibles. Mieux ou pire,une partie de toutes les redevances que payent les chasseurs alimentent le budget de l’État,doncindirectementlesassociations écologistes… Pour l’instant,Charles-HenridePonchalon n’a pas reçu de réponse du ministre.



Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE par Daphné Gossip

21. Laurent Charbonnier (LCP Productions) et Édouard-Alain Bidault (FDC du Maine-et-Loire). 21

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3

Assemblée générale de la FNC à la Maison de l’Aveyron à Paris

1. Guy Harlé d’Ophove (FDC Oise) et Charles-Henri de Ponchalon, président de la FNC.

2. Christine AndréMignon (FNC). 3. Henri Sabarot, président de l’ONCFS et Gilles Douillard (FNC Vendée). 4. Yves Butel (FDC de la Somme),Alain Esclopé (FDC des PyrénéesOrientales) et Pierre Migot (ONCFS).

20. Bernard Baudin (FDC des AlpesMaritimes), Rémi Beaufrère (ONCFS) et Jocelyne Koe (ONCFS). 20

4

18. Charles Ottavy (FDC de la Vienne) et Dominique Martinneau (FDC de la Charente). 6

5. M Cabanes 7 8 et Thierry Cabanes 6. Patricia Barthillat et Thierry Coste 7. Charlotte Dunoyer (FNC), Didier Béteille (FDC du Tarn(Lobbying et Stratégies). (FDC de l’Aveyron) et Valérie Laignan-Mercer. et-Garonne). 8. Paul-Joseph Ettori (FDC de Corse-du-Sud) et Jacques Avrange (FDC de l’Ardèche).

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9. Jean-Paul Widmer (Actéon). 10. Pierre de Boisguilbert (FNC). 11. Muriel Guillaume (FNC).

en partenariat avec

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18

19. Éric Tournier et Antoine Berton. 17

14. Jean-Pierre Poly (ONCFS), Robert Putz (FDC de Haute-Saône) et JeanPaul Debrie (FDC du Doubs). 15. Pierre Menez (FDC du Finistère). 16. Me Arnaud de Chaisemartin et Françoise Peschadour (FNC). 12. Benoît Chevron 14 (FDC de la Seineet-Marne) et Alain Durand (FDC de la Seine-Martitime). 13. Frédéric Herbet (Afevest) et Philippe Dulac (président de la Société de vènerie). Jours de C HASSE ◆

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19

17. Jean-Marc Pachet (FNC) et Jean-Marie Huguenin (FDC de la Haute-Marne).

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PHOTOS : PATRICK IAFRATE

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Chicetchoke PHOTOS : PATRICK IAFRATE

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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9. Mathieu Besson (Canal Plus). 10. David Douillet. 11. Claude Bébéar.

Le lancement de Club Seasons Voyages

1. Philippe Girardet et Barbara Vermette Club Seasons Voyages). 2. François Baroin, ministre du Budget. 3. Tancrède de la Morinerie (Seasons). 4. Guillaume Desenfant.

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7. Thierry Daguenet (Ruag Ammotec). 8. Frédéric Gerand (Deer Hunter).

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5

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5. Didier Gavens. 6. Marc-Antoine Gélibert (Valmonde). et Arthur Montarras (Domaine de chasse). Ier Festival du film de chasse à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature

1

7. Christophe Bannier (Humbert Beretta).

1. Jacques Martin-Lalande, Jacques Hicter (trophées Espèces et milieux), Siméon Mirzayantz, Éric Turquin, Michaël Raimon et Thomas Bounoure (trophée du Public).

2

2. Yves d’Hérouville, directeur général de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature.

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3. Victor Scherrer, président du CIC et du jury du Festival.

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en partenariat avec

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4. Me Pelage de Coniac. 5. Étienne Blanc (député de l’Ain). et Bernard Lozé. 6. Jean-Luc Raimon (Kettner Voyages).

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Chicetchoke PHOTOS : MARC CHARUEL - PH. PETIT TESSON

LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

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15. Mme CharlesHenri de Ponchalon. 16. Daniel Aubry (Ficevy). 17. Bertrand de Courcy. 18. Pierre-Emmanuel Roubaud, commissaire général du salon.

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Le Salon de la Chasse de Rambouillet au Haras des Bréviaires

2

3

1. Un décor toujours aussi somptueux. 2. Olivier Dassault. 3. Pierrick Mazodier (Groupe Humbert). 4. Yvan Pham (Interchasse) et Arnard Lanquest (Cogefi).

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14. Bernard Gerand (Deer Hunter) et Mme Desjeux.

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10. Pierre Sévery (Swarovski). 11. Carole Voute (Beretta Gallery). 12. Edmond de Mauléon.

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5. Yves Leforestier (Orchape) et Jean-Pierre Labalette. 6. M. et Mme Antoine Cohen-Potin.

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en partenariat avec

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7. Stéphane Manara (Leica) et Till Cussmann (Browning). 8. M. et Mme Jacky Brusson (Armurerie Jeannot).

13. Munir Anastas, Jean-François Gervais et Fabrice Bourgard (ST Dupont).

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9. Christophe Hameline et Hervé Neubauer.


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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

1

Le Salon de la Chasse de Rambouillet (suite)…

1.Olivier Dassault et Benoît Valette (Cartier). 2. Gérard Larcher, président du Sénat, et Jean-Louis Blanc (GDF-Suez). 2

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20. Christian de Longevialle et Natacha Dassault.

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18. Claude Tendil (Groupe Generali) et Philippe Baijot (champagne Lanson). 19. Bertrand Otto et Arnaud Van Robais (Rivolier).

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5. Roger Blinière (ProAssur), Bernard Harang (Loire Auto), Sid Safa (Christensen Arms), Laurent Hervieu (GMT Import) et Stéphane de Buhren (Tocqueville Finance). 8

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en partenariat avec

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6. Georges Dutruc-Rosset (Paris HSV). 7. Christophe Polis (Masaï Gallery).

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8. Claire Toutain. 9. Mme Sanchez. 10.Arthur de Soultrait (Vicomte Arthur). 11. Alain Francès (Mettez) et Hubert de Cerval. 12.David Godfrey (Barbour).

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13. Thierry Morin et Caroline Després. 14. Thierry Flecchia (Flinvest). 15. Le taxidermiste Michel Vaillier. 16. Pierre Verney-Carron. 17. Vincent Chapuis.

PHOTOS : MARC CHARUEL - PH. PETIT TESSON

3. Jean-Jacques Schardner (Valmonde). 4. Bruno Julien-Laferrière (Banque Transatlantique).


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Chicetchoke LES VOIX ET LES VISAGES DU MONDE DE LA CHASSE

Cocktail de départ de Jacques-François de ChaunacLanzac de la direction du Club de la Maison de la Chasse et de la Nature

1

1. Jacques-François de Chaunac-Lanzac, une superbe Kipplauf en mains offerte par les membres du Club, et Louis de Rohan Chabot. 20

20. Gérard Larcher, président du Sénat et Christian de Longevialle, président de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, entourent Jacques-François de Chaunac-Lanzac.

2. Renaud Denoix de Saint Marc, de l’Institut, président du Club de la Maison de la Chasse et de la Nature.

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3. M. et Mme de la Harpe et Mme Charles de Menthon.

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17. M. et Mme Jean de Roquencourt. 6 18. François d’Orcival, de l’Institut, 4. Mme Louis et son épouse. de Rohan Chabot. 5. Jean-François Chiron. 6. M. et Mme Jean-Claude Bourgeac. 7. Yves Salmon.

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11. Sophie le Dauphin, Béatrice Hayter, Katrine Steiner, Florent Amingues et M. le Dauphin.

16. M. et Mme Geoffroy de Roquencourt et M. et Mme Lepic.

8. Gérard Tendron et Olivier Chavane de Dalmassy. 9. Bertrand d’Espouy et Amaury de Galard-Terraube. 10. Mme Christian de Longevialle.

14. Claire Maillard et Marie-Christine Prestat.

en partenariat avec

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12. Gérald de Roquemaurel. 13. M. et Mme FrançoisXavier Clédat.

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15. Nathalie Bougouin (ONCFS) et Françoise Chiron.

PHOTOS : PATRICK IAFRATE - ERWAN LE MARCHAND/FMCN

19. Mme Jacques-François de Chaunac-Lanzac et sa fille Gwenola.


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LES EXPOSITIONS ET LES SALONS D’ÉTÉ par la rédaction

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JUSQU’AU 26 SEPTEMBRE

PORTRAITS DE CHIENS

les plus modestes – ont toujours voulu immortaliser leur animal favori. Personne n’a oublié Gaston Phébus entouré de ses chiens, LouisXIV et Tane, sa chienne d’arrêt, Lamartine et ses lévriers… Plus proche de nous, Jean de Beaumont, Christiane Guerlain avaient une vénération irrationnelle dès qu’il était question de leurs chiens, raconte Robert FlamentHennebique, lui-même n’échappant à ce travers, son chien, « faisant facilement le treizième à table »! C’est tout l’esprit de l’exposition du photographe Antoine Schneck au Musée de la Chasse et de la Nature, qui a immortalisé soixante chiens appartenant au monde des affaires, de la politique et du spectacle… Entre Alphonse Mitterrand, Diego Donnedieu, Thélème Pingeot (photo) et Uma Adjani… C’est une meute impressionnante, amusante qui se dresse devant nous, même si elle n’est pas du même pied!

Rens. :01.53.01.92.40 et www.chassenature.org

Concert :10 euros,gratuit pour les moins de 12 ans.Signalons que les billets donnant accès au concert permettront de suivre la visite du château et du musée Foudras de 14 à 16 heures.Tél.:03.85.49.41.90.

DU 6 AU 8 AOÛT

de la Chasse et de la Nature. Dans le cadre somptueux de ces hôtels particuliers, sera organisé un concert à partir de 19 heures.Au programme: un concert du groupe Bon Swing, Bon Genre et les sonneurs du Club Périnet qui joueront ensemble plusieurs morceaux de jazz, ainsi que des fanfares de vénerie. Tél. :01.53.01.92.40.

DU 3 AU 5 JUILLET

EXPOSITION ENTRE SABLE ET BRUYÈRE ◆ Un vrai rendez-vous.

Pour la dixième édition de leur exposition,

la Galerie Entre Sable et Bruyère sous la direction de Patricia Orblin-Moreau,s’installera une nouvelle fois à l’espace culturel de Sully-sur-Loire. Cette manifestation devrait rassembler près de 200 œuvres de quatorze artistes – dont plus de la moitié sont des animaliers –, toujours de solide facture. On retrouvera entre autres Pierre Couzy, Maryse de May, Guillaume Alba, Stéphane Alsac, Blaise Prud’hon… L’artiste invité d’honneur sera David Jamin, lauréat du premier prix2009. La présidence du salon sera assurée par JeanNoël Cardoux, vice-président du conseil général du Loiret. Rens. :02.38.58.49.47 et www.entresableetbruyere.com

LE 21 JUIN

GUÉNÉGAUD EN MUSIQUE

LE 4 JUILLET

à l’occasion de la Fête de la musique, cuivres et percussions retentiront dans toute la France, mais aussi dans la cour de la Fondation de la Maison

◆ L’indémodable Foudras

TROMPES À DEMIGNY

◆ Le jour de l’été,

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en aurait sûrement soupiré d’aise s’il avait su qu’un concert de trompes allait se tenir à Demigny, son ancienne demeure.

Jours de C HASSE ◆

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LA FÊTE DE LA CHASSE À CARROUGES

◆ Plus de quinze ans

d’existence, près de 80000 personnes, il ne faut pas manquer la Fête de la chasse et de la pêche qui se déroule

STÉPHAN LEVOYE

ANTOINE SCHNECK

◆ Les grands de ce monde – et

Pour la quatrième édition de la Biennale Foudras, sous l’égide de la Société des gentilshommes chasseurs, un concert sera donné à 17 heures par le groupe Jazz à courre, qui mêle avec brio fanfares et jazz.

dans le parc de Carrouges dans l’Orne, au nord-ouest d’Alençon. Une fois encore, ce grand rassemblement fera briller de mille feux l’ensemble des campagnes et des chasses de France, avec la présence de 7000 chiens, des présentations d’attelage, une messe de SaintHubert, un feu d’artifice… C’est à ces grands rassemblements que l’on mesure que la chasse peut et doit rester le prolongement de la vie des campagnes.

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SÉLECTION DE DVD par Humbert Rambaud

◆◆◆ Voilà un DVD que tous

les propriétaires de retrievers devraient voir et… méditer. Nonobstant une certaine mode, qui confine à l’ignorance et à la négligence,toutes les races de chiens de race correspondent à une fonction bien définie: à commencer par les retrievers qu’ils soient labradors ou golden retrievers –qui ont été patiemment sélectionné par nos voisins britanniques pour trouver et rapporter un gibier mort, ou blessé. Car, en matière de rapport, pas un chien ne peut égaler ces retrievers. Mais, le rapport, cela se travaille et cela s’appelle le dressage: c’est tout l’objet de ce passionnant DVD où le réalisateur a choisi de suivre deux dresseurs professionnels, Laurence Maudet et Thomas Bouy. Pas à pas,avec force conseils et menus détails,ils nous

montrent le dressage du jeune chien, de 2 à 18mois; avec un leitmotiv, la patience, la répétition, et ne jamais terminer une séance sur un échec afin que le chien ait toujours confiance en lui. De 2 à 4mois, nous assistons aux premiers éléments de dressage, comme l’accoutumance au coup de feu (en fait, un pistolet à blanc de faible puissance), et la“socialisation” –si essentielle– avec son environnement. De 4 à 6mois, ce sont les premiers commandements, le déclenchement du goût du rapport, l’accoutumance à la laisse, le premier travail à l’eau… Ces travaux seront poussés, améliorés de 6 à 10mois, avec la marche en laisse (puis sans), le rappel,

le travail des directions… Puis, jusqu’à 18mois, ce sera au tour de la sagesse au pied d’être travaillée, de même que l’arrêt à distance,le travail et le rapport cette fois dans de multiples directions, pour aboutir à une situation de chasse: le marking (la faculté qu’à un retriever

consécutivement, nuit un peu à la qualité de l’ensemble. Il n’en demeure pas moins

que c’est fort bien filmé, dans des lumières de premier ordre.Avec l’archer, nous suivons une approche passionnante, presque angoissante, qui se terminera par une flèche superbement décochée sur un sanglier respectable. « Une chasse inespérée », dira notre archer tant il a la « culture de la bredouille ». Changement de forêt avec le vautrait, où tout concourt à la difficulté, à commencer par un biotope accidenté, délicat pour les chiens et les chevaux. Succès

◆◆ Depuis des siècles, le sanglier envoûte, fascine, comme si un culte lui était dédié. Témoin, ce film d’une petite heure qui lui est consacré. Le réalisateur a choisi de sortir des sentiers battus pour nous emmener au pays de Gaston Phébus, les Pyrénées où nous sommes invités à suivre trois chasses : à l’arc,à tir – en battue– et à courre (avec le Rallye Comminges Barousse). Le choix de présenter les chasses en parallèle, et non pas

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AUSLOOS/SIPA

À la poursuite de la bête noire

à se souvenir des zones de chute du gibier), le travail à l’aveugle et le franchissement d’obstacles… Là, le retriever utilisera au maximum ces qualités, qui demandent un travail de longue haleine, comme devraient subir tous les chiens de chasse. On regrettera toutefois de ne pas assister à un travail de leurs chiens au cours d’une vraie chasse, comme de ne pas avoir indiqué que ces séances de dressage doivent être toujours courtes afin de ne jamais rebuter le chien. Ce ne sont que vétilles, car, pour certains, ce film leur permettra de découvrir ces chiens dans leur puissance et leur intelligence, celui du chien de rapport dans son acception la plus noble. RICHARD AUSTIN/REX FE/REX/SIPA

Dresser son retriever

Jours de C HASSE ◆

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59 minutes,Seasons,20 €.

là encore, où l’on admire le travail du chien et du piqueur, et où l’hallali s’achève dans un clair-obscur à la Georges de la Tour.Avec la battue, l’air est un peu plus connu : une chasse de montagne, populaire, acrobatique, indispensable pour maintenir la vie des campagnes, dans des paysages à couper le souffle, et où la bête noire « il faut se la gagner ». Les chasseurs mettront quelques sangliers à leur tableau, et la journée s’achèvera par une ripaille de bon aloi que n’auraient pas reniée Uderzo et Goscinny. Bref, le sanglier continue d’être le rêve de tout chasseur au bois et apporte autant de joies qu’il y a mille ans. 52 minutes,Seasons,20 €.


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MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR ELLE par Diane Cernay Retrouvez toutes nos adresses en page 186

POLO LATINO TOM JOULE

SAC WEEK-END LANCEL ◆ Nommé le Paris Cab, ce petit sac

week-end Lancel est en cuir grainé moka. 769 €.

◆ Féminin comme

vous l’aimez, ce polo Tom Joule (95 % coton et 5 % élasthanne) barrée d’une bande rouge prône les vertus d’un sport qui nécessite adresse, style et stratégie. 69 €, tailles XS à XXL.

HUILE SENSORIELLE AUX TROIS FLEURS DE LIÉRAC ◆ Les laboratoires Liérac ont mis

SAC FÉLIX D’ALEXANDRE MAREUIL

toute leur expertise de l’hydratation, dans cette huile protectrice nourrissante et non grasse. Elle est en outre multi-usages (visage, corps et cheveux).

VESTE JADE DE CLUB INTERCHASSE

◆ Interchasse a sélectionné une très belle

veste Jade, en coton cordura rehaussé de velours disponible chez de nombreux revendeurs.

26 €, en flacon de 100 ml.

1100 €, existe en plusieurs coloris.

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BOTTES IRIS LE CHAMEAU

◆ Pour cet été, Le Chameau propose

les bottes Iris dans des coloris vitaminés (ici, le bleu Klein). Elles sont en caoutchouc naturel doublées de jersey. 80 €.

Jours de C HASSE ◆

ESPADRILLES TREADZ

◆ Jacarandá,

◆ Nouveau sac en cuir 48 heures.

D’inspiration vintage, il se compose d’une partie supérieure pour vos vêtements et d’une partie inférieure pour vos chaussures ou affaires de toilette. En bandoulière ou à la main, il vous accompagnera dans toutes vos destinations cynégétiques.

199 €, taille : XS à XXL.

ÉTÉ 2010

c’est le nom de ces espadrilles en toile de chez Treadz qui puise son inspiration en Argentine et en Espagne. Semelle extérieure en caoutchouc, intérieure en cuir, doublure et surpiqûre bleu ciel, le confort prend ses quartiers d’été.

39 €, 9 coloris.


“Le Meilleur de l'Autriche”

Depuis 1847

Chasse, Styles anglais & autrichien 12, Boulevard MALESHERBES 75008 PARIS www.mettez.com frances.mettez@wanadoo.fr Tél. : 01 42 65 33 76 - Fax : 01 42 65 00 07


Tentations MODE, PARFUMS ET ACCESSOIRES POUR

LUI

MOCASSINS ROMA DE CROCKETT & JONES ◆ Confortable, résistant, élégant…

cet été, chaussez vos pieds de ce veau velours tobacco, navy ou marron foncé. 215 €.

CHEMISE MANFRED DE CLUB INTERCHASSE

◆ L’intérieur du col et des poignets de cette chemise sont en micro-daim pour plus de confort, les boutons sont cachés sous le col. Discrétion et distinction. 69 €, tailles S à XXL.

CHAPEAU EN CUIR LA QUERENCIA ◆ Quelle tenue !

POLO LATINO TOM JOULE

Ce chapeau en cuir graissé est imperméabilisé, fabriqué par le dernier grand chapelier d'Argentine qui coiffa Eva Perón elle-même.

◆ Tom Joule incarne l’esprit d’un sport et ça se voit. Ce polo 100 % coton coloris Ink Blue est une réussite.

90 €, tailles S à XXL, divers coloris.

70 €, tailles XS à XXL.

VESTE SAN ROSSORE DE BERETTA ◆ Cette veste en coton était utilisée à la fin

des années 1800 par les gardes chasse à San Rossore. Les détails sont en amaretta, la “fausse doublure” est détachable et les boutons en noyer (comme celui des crosses des fusils Beretta). 546 €.

VESTE VICOMTE A.

◆ Adoptez les signes distinctifs

de Vicomte Arthur : matières admirablement taillées, souplesse du lin et du coton et couleur vive pour plus de légèreté. 295 €.

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Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2010



Tentations ACCESSOIRES

LEICA V-LUX 20

GUÊTRES EN CORDURA RIP-STOP

◆ Voici le premier appareil photo

numérique avec fonction GPS intégrée. Ce boîtier Leica d’excellence offre des prises de vue en format paysage ou macro. La stabilité d’image est exceptionnelle et le mode vidéo donne des séquences HD impressionnantes ! 549 €.

◆ Ces guêtres extensibles

sont en cordura naturel. Équipées du Traction system pour la robustesse, elles vous permettront de parcourir plaines et bois sans difficultés par tous les temps. Riserva le fabricant italien que distribue Éliosport, a également pensé à l’aspect pratique : l’ajustage est automatique. 139 €.

CEINTURES SHIPTON & HENEAGE

◆ Cet été, optez pour une mode chic et pragmatique. Le veau velours maintient la boucle, la ceinture en élastique épouse votre taille, et l’ardillon, lui, passe à travers la tresse élastique. Inventif !

75 €, disponibles en sept coloris.

DAGUE MUELA D’AGORA-TEC

◆ Équipée d’une lame

de 240 mm en acier inoxydable 440, d’un double tranchant avec gouge centrale, d’une garde double quillon acier et laiton, d’un manche en bois de cerf avec empreintes de doigts, cette dague vous accompagnera dans toutes vos chasses aux grands animaux.

110 €, avec gaine en cuir.

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TIMEWALKER GMT DE MONTBLANC ◆ Typée sport sans

ostentation, cette montre Montblanc en acier prend toute son envergure sur un bracelet CATALOGUE SIMAC en alligator ◆ C’est parce que Simac est un hardi noir mat. défenseur de la chasse qu’il dédit Entièrement son dernier catalogue à tous les nemrods “automatique”, et à tous les passionnés de nature. Qualité, ce cadran ne fait esthétisme, nouveautés… les marques que 43 mm de diamètre Krieghoff et autres Caesar Guerini pour un effet maximal. vous feront rêver de longs instants.

2080 €.

Jours de C HASSE ◆

Disponible sur simple demande.

ÉTÉ 2010


Qualité Equilibre Raf finement Un superbe fusil à platines avec bascule arrondie.

Disponible dans tous les calibres € à partir de

5 700

ARMURIERS DÉPOSITAIRES RIFFAUT 14290 ORBEC - 02 31 32 80 25 LE COUREUR DES BOIS 18700 AUBIGNY SUR NERE - 02 48 58 18 30 VOUZELAUD ARMURIER 28160 BROU - 02 47 37 05 95 LA CHASSE 34000 MONTPELLIER - 04 67 65 84 24 NATURE & PASSION SOLOGNE 41200 ROMORANTIN - 02 54 76 88 00 FOULQUIER 45000 ORLEANS - 02 38 88 59 45 J. DENYS 50600 SAINT HILAIRE - 02 33 49 42 88 A LA SAUVAGINE 59153 GRAND FORT PHILIPPE - 03 28 23 01 15 ETS GILLES 61100 FLERS - 02 33 66 56 29 ARMURERIE JAMES 71400 AUTUN - 03 85 52 29 86 ARMURERIE DE LA BOURSE 75002 PARIS - 01 42 36 79 83 ARMURERIE ALEX 75008 PARIS - 01 42 27 66 39 ARQUEBUSERIE MELUNAISE 77000 MELUN - 01 64 39 53 03 ARMURERIE JEANNOT 92300 LEVALLOIS PERRET - 01 47 57 53 20 PARIS NORD ARMES 95500 GONESSE - 01 34 45 91 00

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Tentations ACCESSOIRES

SAC DE VOYAGE BERETTA

MAGLITE LED XL100

◆ La légendaire lampe torche

◆ Quand Beretta met toute son

Mag Lite n’en finit plus de cumuler les qualités : cinq modes d’éclairage, réglage de la puissance, joints d’étanchéité aux deux extrémités, interrupteur tactile pour un poids avec les piles de 104 grammes. Et aujourd’hui, elle mise sur le rouge, le bleu, le noir et l’antracite.

ingéniosité au bénéfice de l’élégance et de la robustesse, il invente un sac de voyage cuir (pour le style) et canvas (pour la solidité) qui en charmera plus d’un. 321 €, dimensions 70 par 38 par 35 cm.

74,90 €, garantie dix ans.

CASQUE BLUETOOTH PELTOR WS

◆ Le nouveau casque électronique antibruit SportTac WS Peltor distribué par Rivolier utilise la technologie Bluetooth pour faciliter la communication tout en vous protégeant. Vous êtes ainsi joignable à tout moment et vous restez en permanence en contact avec vos interlocuteurs. 399 €.

ANORAK STALKER DE DEERHUNTER

◆ Ultraléger et ultrasilencieux,

l’anorak Game Stalker 100 % Polyester Stretch lavable en machine vous protège du vent et des intempéries, tout en étant extrêmement respirant, grâce à la membrane Deer-Tex. Idéal en début de saison, pour l’approche ou la chasse au gibier d’eau ! 133 €, tailles S à 3XL.

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Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2010

CATALOGUE TUNET

◆ Cette nouvelle édition présente

l’ensemble des nouveautés Tunet cartouches, armes, optiques mais aussi accessoires où la gamme a été fortement renouvelée et approfondie (accessoires pour le chien et pour le chasseur, cuirs, bagagerie…). Disponible sur simple demande.


AUCUN FUSIL N’EST AUJOURD’HUI PLUS PERFORMANT QUE LE XLR 5…IL EST AUSSI LE SEUL EPROUVE A 1630 BAR ! Aucun fusil ne possède un canon foré dans la masse avec un profil TRIBORE HP et des chokes hyperboliques d’une longueur de 82 mm pour utiliser des cartouches « acier hautes performances » dans tous les chokes, y compris le FULL ( * 1/1 ). Aucun fusil ne permet d’obtenir un gain de 6 % en densité de gerbe avec des cartouches « plomb » et de 16 % avec des cartouches « acier ». Aucun fusil n’est parfaitement équilibré comme un XLR. Aucun fusil ne reste stable en tir comme le XLR. Aucun fusil ne permet l’utilisation de montages pour optiques à la norme WEAVER identiques à ceux pour carabines. Aucun fusil n’a un cycle de réarmement plus rapide que le XLR. Pour qui a un usage intensif de son arme, pour qui fait des tirs à longues distances, la réponse aujourd’hui est XLR, le seul fusil semi-automatique éprouvé à 1630 BAR par le Banc National CIP.

XLR 5

XLR COMPOSITE

LES ARMES FABARM SONT DISTRIBUÉES PAR LES SOCIÉTÉS RUAG AMMOTEC FRANCE ET UNIFRANCE XLR 5 : 1449,00 € XLR COMPOSITE : 1229,00 € EXISTENT AUSSI EN VERSION “GAUCHER INTEGRAL”


Tentations AUTOMOBILE par Julien Leclerc

Infiniti FX Label prestige Ce Sport Utility Vehicle de grand standing est l’engin de tous les superlatifs. Et il roule désormais au diesel. Lexus est à Toyota: un label de prestige qui concentre le meilleur du savoir-faire japonais. Le FX n’est pas un 4x4 ordinaire.Avec ses deux énormes sorties d’échappement chromées, sa grille de calandre béante, ses jantes gigantesques, ses pneus surdimensionnés, ses vitres fumées et son regard de félin, ses doubles optiques à projecteurs directionnels, il dégage une incroyable agressivité. La volonté de domination est évidente. Au dernier salon de Paris, les jeunes hôtesses censées mettre en valeur les modèles sur les stands avaient l’air de moustiques à côté de ce mastodonte. L’Infiniti FX reléguerait presque les Porsche Cayenne et autres Audi Q7 au rang de fairevaloir. Il faut avoir l’âme d’un gagneur pour oser prendre le volant d’un tel engin. Mais une fois le pas franchi (au sens propre comme au figuré, car il faudra se hisser jusqu’au siège), l’heureux élu n’aura pas à le regretter. Certes, l’ambiance, sur fond de cuir noir, peut paraître un brin austère. Mais quelle débauche de luxe et de technologie! Sur notre modèle d’essai, les sièges avant électriques étaient climatisés. Chaque occupant à l’avant a droit à son propre bouton de fermeture de porte,

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MARTIN MEINER/ INFINITI

◆ Infiniti est à Nissan ce que

bien voyant.À bord,en tout cas, l’habitabilité est remarquable, même si le coffre n’est pas en rapport avec les proportions de la bête. Ce FX a tout d’un salon première classe, d’où l’on peut admirer, dans un silence de cathédrale, le paysage qui

Infiniti FX 30d AT Dimensions Charges utiles Moteur

Performances

Prix

L : 4 870 mm ; l : 1 930 mm ; H : 1 680 mm. Poids à vide : 1 980 kg. Six cylindres en V, turbo, 1 995 cc. Couple maximal : 550 Nm à 1 750 tr/mn. Puissance : 238 ch à 3 750 tr/mn. Freinage ABS à disques AV et AR. Boîte automatique à 7 vitesses. Réservoir : 90 litres. Coffre: 410 litres. Vitesse maximale : 210 km/h. 0 à 100 km/h : 8,3 sec. Consommation (cycle mixte) : 9,1 l. Émission de CO2 (g/km) : 240.

76 350 €

FX 50

56 850 €

FX 37 FX 30d

environ

56 000 €

défile. Le GPS à écran tactile se montre intuitif. L’écran présente l’avantage de pouvoir afficher les vues des multiples caméras logées dans les flancs du véhicule, afin d’éviter les pièges lors des manœuvres de stationnement. Nous avons apprécié également le système de freinage anticollision par détection radar. Il est associé à un régulateur de vitesse dit “intelligent”, qui ajuste automatiquement la distance de l’auto par rapport à celle qui précède. Le FX dispose d’une chaîne hi-fi Bose, dotée de onze haut-parleurs, qui ne demandent qu’à faire“parler les watts”. Côté motorisations, ce nippon a mis les petits plats dans les grands.Trois blocs sont proposés, dont un tout nouveau diesel. Le gros V8 essence du FX 50 propulse ce 4x4 de 0 à 100kilomètres-heure en 5,8 secondes.Assisté

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ÉTÉ 2010

par une boîte auto à sept rapports, avec palette au volant, il développe 390chevaux. Sa belle carrosserie et ses pneus route limitent évidemment les évolutions hors des sentiers battus. Dommage, car le couple passe et rien ne semble pouvoir lui résister. Le freinage puissant de ce modèle n’est pas un luxe. Mais le FX 50 est un glouton: 15 litres aux 100 au minimum. Sans parler du malus fiscal… La marque a donc prévu une première alternative, avec le FX 37, un V6 essence de 3,7litres de cylindrée. Porté à 320 chevaux, tout de même! Autre version, le V6 3.0 turbodiesel de 238chevaux. Ce moteur très“coupleux”arrive à point nommé pour relancer les ventes. Il consomme moins de 10 litres aux 100 et atteint 210kilomètres-heure en vitesse de pointe. Le FX 30 conserve l’atout de l’exclusivité, dans un monde automobile qui tend à tout égaliser au nom de la rationalisation.


L’empreinte de Club Interchasse

Pour ceux qui veulent tout !

L'élégance, le confort, la résistance, l'imperméabilité... et la marque. Avec la nouvelle gamme de bottes et de chaussures Club Interchasse, ceux qui veulent toujours tout vont être comblés !

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Jura

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L'instinct, la passion... et le style. * Prix publics conseillés

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Enchères PHOTOS : ÉTUDE RICHARD MAUNIER-THIERRY NOUDEL-DENIAU

par Virginie Jacoberger-Lavoué

De Paris à Toulon, les ventes s’animent Les ventes d'art cynégétique ont fait florès à Paris comme en province. Retour quatre vacations programmées à Toulon, à Rambouillet et à Paris. ◆ Citons d’abord une très belle vente d’art cynégétique de

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l’étude Richard MaunierThierry Noudel-Deniau, à Toulon le 13 mars.Le total des adjudications des 314 lots a été de 141365 euros. Particulièrement bien représenté dans cette vacation –avec pas moins de dix œuvres, toute de grande qualité–,

Xavier de Poret a connu un très grand succès.Ainsi, son Comte de Coulombiers à cheval arrivant au château (56,5 sur 38,5centimètres) a été adjugé 8200 euros pour une estimation haute à 5000 euros. De même, sa très belle Étude de chiens courants a trouvé preneur à 5500 euros. Quant à son Jeune chevreuil dans une clairière (fusain et pastel, 56,5 sur 39centimètres), il a fait un heureux à 5800 euros. Dans un autre genre,un Georges Frédéric Rötig (Sangliers en sous-bois,huile sur toile, 73 sur 100centimètres) est parti à 5400 euros. Notons également, un Alfred Andrieux (18791945) très présent dans la vente et son huile sur toile de dimension honorable (60 sur 74centimètres) intitulé Dans les hautes herbes et présentant un faisan dans un paysage printanier qui est passé sous le marteau à 1500 euros. Riab a toujours des amateurs, témoin son Faisan et Poule faisane (30,5 sur 21,5centimètres) vendu 800 euros. On ne peut passer sous silence les bronzes de Righetti dont celui représentant Deux gazelles pygmées (17,4centimètres de haut, 48,1 de long) s’est envolé à 6800 euros, largement au-dessus de son prix d’estimation. Parmi les trophées, citons une très belle paire de pointes d’éléphant à monture argent repoussé de 84centimètres de hauteur, du Viêtnam, circa 1900 avec une longueur de socle

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de 120,5centimètres, qui est partie à 1400 euros mais aussi un exceptionnel éland de Derby présenté en cape et adjugé 380 euros. Du côté des armes à feu,la plus forte enchère a été réalisée par un fusil Chapuis à faux corps,calibre 20/70 n° 40636 canons juxtaposés de 70 centimètres et crosse anglaise en très beau noyer, longtemps disputé et parti sous le marteau à 2000euros soit le double de son estimation la plus haute. ◆ Programmée le dimanche 28 mars, la vacation intitulée “Taxidermie et Trophées” de l’Étude Cornette de Saint Cyr s’est tenue dans le cadre du Salon de la chasse de Rambouillet au Haras des Bréviaires dans les Yvelines. Souvent exceptionnels –provenant pour l’essentiel de la collection Roger Hassenforder–, les 153 lots ont atteint pour cette vacation 172882 euros. Le public de la vente a tout de suite été conquis par un rare macaque mâle naturalisé sur une branche (d’une hauteur de 90centimètres pour l’animal et de 172 pour l’ensemble de l’œuvre): estimé 500 euros, ce lot s’est envolé à 1750 euros. Une paire de défenses d’éléphant d’Afrique tout à fait exceptionnelle de 24,5 et 27,5kilos s’est envolée à 6250 euros, tandis qu’un buffle Caffer Caffer naturalisé en cape (97centimètres d’envergure) est parti sous le marteau à 2062 euros, un autre d’une


une vive émotion au passage d’un très rare tigre blanc (long de 130centimètres) qui, estimé 40000 euros, a grimpé jusqu’à 46249 euros et constitue la plus forte enchère de cette vacation. ◆ Avec 464 lots présents et très peu d’objets non vendus, la vacation de l’Étude Thierry Maigret programmée le 31 mars en salle 2 à Drouot, a connu également un joli succès. Le total des adjudications de cette vente de chasse s’est établi à 145790 euros. C’est un trophée de chasse qui a récolté la plus belle enchère: une impressionnante paire de défenses d’éléphant d’Afrique (tiré en République centrafricaine) de respectivement 34,8 et 33kilos, vendues avec Cites et date de prélèvement

PHOTOS : ÉTUDE CORNETTE DE SAINT

envergure de 107centimètres a été adjugé 2250 euros. Mais ce sont surtout les fauves qui ont fait sensation: une tête de lion à crinière originaire de Zambie et naturalisée en cape gueule ouverte (75centimètres de hauteur et 80 de profondeur) a été longuement disputée à 5500 euros. Puis, un lion de Tanzanie naturalisé gueule ouverte et marchant (longueur de 200centimètres sur 155 de haut) a trouvé preneur après une longue enchère, à 6250 euros. Plus rare encore, une lionne d’Afrique, également originaire de Tanzanie, naturalisée couchée en entier sur un socle partiellement naturel, long de 230centimètres, a été disputée et adjugée 6375 euros. Plus exceptionnel encore en salle des ventes, un très beau lion naturalisé en position couchée,tête haute, a suscité de nombreuses enchères avant de partir à 18749 euros. Autres surprises, un black lechwe (118centimètres de hauteur) naturalisé entier a été adjugé, 5625 euros. Entretemps, la salle a connu

(1955) a été disputée jusqu’à 9000 euros soit plus que son estimation la plus haute (entre 6000 et 8000 euros). Parmi les œuvres cynégétiques d’exception, remarquons une très belle aquarelle gouachée de Karl Reille, intitulée Veneurs en forêt (datée de 1926, de 14,5sur 10centimètres) adjugée 1500 euros, une aquarelle de Charles de Condamy (23,5 sur 15,5centimètres) représentant Deux chiens de meute assis et partie sous le marteau

Jours de C HASSE ◆

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à 1000 euros et aussi une aquarelle d’Henri de Linarès, représentant un Pigeon (47 sur 31centimètres),datée 1950 et couronnée du grand prix de Paris qui a trouvé preneur à 800 euros, soit une excellente affaire par rapport à la cote de cet artiste animalier. Parmi les œuvres également accessibles, signalons encore une grande

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PHOTOS : ÉTUDE THIERRY MAIGRET

Enchères aquarelle de Riab (51 sur 53centimètres) représentant un Setter gordon et Faisan,adjugé 900 euros. Plus exceptionnelle, une très belle huile de Félix Clouet (?-1882) présentant une Nature morte au colvert et au lapin (80 sur 62centimètres), œuvre datée de 1870, a été disputée à 1600 euros. Un grand pastel (113 sur 154centimètres) de J.Pinchon (18711953) sobrement intitulé Scène de vénerie a été disputé à 4000 euros soit plus du double de son estimation la plus forte, 1500 euros. Les amateurs de bronzes et de sculptures ont été eux aussi comblés. Ainsi, une terre cuite originale de Maximilien Fiot, représentant un Sanglier debout, signée en creux sur terrasse de 23 sur 40centimètres

de longueur, estimé 2000 euros, est partie sous le marteau à 2200 euros. Du même sculpteur, un bronze représentant Deux biches (haut de 21centimètres sur 44 de longueur) a été adjugé 1400 euros.De G. Carnari, une paire de rares trophées cynégétiques en bronze sur médaillon de bois représentant une Perdrix et huppe a atteint 1400 euros. Plus remarqué, un très élégant Lévrier d’Alfred Dubucand, bronze à patine brune nuancée (haut de 31centimètres) a grimpé jusqu’à 2300 euros et un beau bronze d’AntoineLouis Barye, son fameux Cheval attaqué par un lion (haut de 39centimètres et long de 35) a été disputé à 2500 euros.Toujours très côté,Pierre-Jules Mêne s’est distingué au passage de son Sanglier attaqué par quatre chiens, bronze à patine brune haut de 27centimètres et long de 49,estimé 4000 euros et parti

sous le marteau à 6200 euros. Plus accessibles, puisque adjugés tous deux 1400 euros, un bronze de D. Coutinsouzas, reproduisant une Bécasse faisant la roue, et un ensemble de régules patinés façon bronze sur médaillon ovale en chêne de l’École française du XXe, Une bécasse,une sarcelle et une perdrix,ont fait des heureux.Du côté des objets cynégétiques, on a remarqué une belle série de miroir aux alouettes dont un modèle mécanique à mouvement alternatif,doté d’une tête d’oiseau à facettes taillées de couleurs adjugé 380 euros pour une estimation à 180 euros. Parmi les objets d’art de la table, une terrine “gîte à lièvre”,en terre vernissée jaune, a trouvé preneur à 520 euros et un petit gîte à lièvre en terre vernissée brune, 280 euros. On peut encore noter dans la catégorie objets, un superbe appelant datant de 1960 –une sarcelle d’été–, parti sous le marteau à 300 euros et une sarcelle d’hiver, appelant en liège également daté des années

1960, adjugée 320 euros. Autres enchères importantes, les lots d’armes ont aussi très vite échauffé la salle, notamment un fusil à platines Holland&Holland calibre 12 avec crosse anglaise en noyer veiné, fabriqué en 1910 et présenté dans sa valise de cuir qui a bondi à 5300 euros pour une estimation la plus haute à 2000euros. Le lot suivant était aussi intéressant puisqu’il s’agissait d’un fusil Beretta à platines,calibre 12/70,modèle S 3 estimé 2000 euros et parti sous le marteau à 2700 euros. Un peu plus cher, le dernier lot constitué d’une très belle paire de fusils à chiens extérieurs et percussion centrale numérotés de 1 à 2 (avec canons frappés NB pour Nicolas Bernard) a été disputé à 3500 euros. ◆ Pas exclusivement consacrée à la chasse, la vacation du 9 avril de l’Étude Coutau-Bégarie à l’Hôtel Drouot a été un vrai succès avec un total des adjudications qui s’est élevé à 477300 euros pour 290 lots dont 81 lots de chasse. La plus forte enchère a été remportée par une œuvre de Paul Jouve, un crayon et huile sur papier (43 sur 53centimètres) représentant



PHOTOS : ÉTUDE COUTAU-BÉGARIE

Enchères Deux panthères noires, présentée avec une lettre de l’artiste animalier concernant son achat. Estimée 8000 euros, elle s’est envolée à 26000 euros renforçant considérablement la bonne cote de l’artiste.Autre record, une très belle et très rare huile sur carton de Charles de Condamy de bonne proportion (sur carton de 37 sur 53centimètres) intitulée le Mail coach et son relais a grimpé jusqu’à 14500 euros pour une estimation la plus haute à 8000 euros.Autre valeur toujours très sûre, Karl Reille s’est distingué dans cette vente avec une très belle gouache, Hallali de cerf au Rallye de Bonnelles (31 sur 48centimètres) partie sous le marteau à 5500 euros. Toujours du côté des œuvres cynégétiques, il faut noter une très

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raffinée aquarelle du baron Finot (1826-1906) intitulée Cheval à l’écurie (12 sur 17,5centimètres) adjugée 1300 euros, une Scène de chasse à courre de E. Pechaubes (18901967),huile sur toile de grande dimension (50 sur 100centimètres) qui a trouvé preneur à 1600 euros et une très rare huile sur toile de Charles Hermann-Léon (18381907) intitulée Ferme de sanglier (44 sur 36centimètres) qui a grimpé jusqu’à 2400 euros. À peine plus accessible, une gouache représentant un faisan par P. Marqueyz (datée de 1925 et de 18,5 sur 25,5centimètres) a été adjugée 2000 euros et une très délicate huile sur toile Bécasse en sous-bois de Conty (École du XIXe)

est partie sous le marteau à 1900 euros. D’excellente facture, une immense huile sur toile (147,5 sur 114centimètres) de 1871 (École française du XIXe) intitulée Nature morte au gibier sur un entablement et chiens a été adjugé à un prix tout à fait raisonnable, 3000 euros pour une estimation entre 3000 et 4000 euros. Difficile de ne pas remarquer du côté des objets, une très jolie paire d’appliques avec trompe de chasse en bronze ciselé, estimée 2500 euros et adjugée le double. Un

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baromètre à décor d’animaux de chasse de la fin XIXe siècle a été acquis 1100 euros pour une estimation à 700 euros. Parmi les bronzes, on a très vite noté un rare et beau bronze de Ferdinand Pautrot (1832-1874) représentant des Chiens à l’arrêt sur des faisans (long de 41centimètres) adjugé 1500 euros, et un Lapin des Flandres du même artiste (13,5centimètres de longueur) parti à 1400 euros puis un bronze à patine de Jules Moigniez (1835-1894) intitulé la Nichée qui a trouvé preneur à 1310 euros.Très originale, une Bécasse en vol d’Yves Louis Castel,bronze de 50 sur 35centimètres, a grimpé jusqu’à 2200 euros. Côté armes, signalons, un express juxtaposé (fabrication de la maison Simpson et Cie à Suhl,calibre 7.8) adjugé 1100 euros et un fusil à canons superposés calibre 12/70, fabriqué par Merkel Frères, qui a trouvé preneur à 1200 euros. Renseignements: ◆ Étude Maunier-NoudelDeniau, expert André Marchand, 54, boulevard Georges-Clemenceau et rue Saint-Bernard, 83000 Toulon. Tél.: 04.94.92.62.86. ◆ Étude Thierry de Maigret, expert André Marchand, 5, rue de Montholon, Paris IXe. Tél.: 01.44.83.95.20. ◆ Étude Cornette de Saint Cyr, expert André Marchand 46, avenue Kléber, Paris XVIe. Tél.: 01.47.27.11.24. ◆ Étude Coutau-Bégarie, expert Éric Angot 60, avenue de la Bourdonnais, Paris VIIe.Tél.: 01.45.56.12.20.


AU MOMENT CRUCIAL… ! Z6 : UNE PRECISION EXCEPTIONNELLE A LA CHASSE

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Signets par la rédaction

L’Écuyer mirobolant

de Jérôme Garcin ◆◆◆ « Cette histoire est totalement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre », avait dit Boris Vian. Jérôme Garcin a lui aussi inventé une histoire vraie,celle d’Étienne Beudant,né à Paris le 30 décembre 1863, décédé à Dax,le 12 janvier 1949,surnommé l’“Écuyer mirobolant” ou le “Mozart de l’équitation”. Qu’on ne s’y méprenne pas: ce livre est bien plus qu’un livre sur l’équitation, c’est une leçon de vie, le destin d’un homme qui a consacré sa vie entière pour comprendre les chevaux.Fait de rigueur,de patience, de sensibilité et de finesse. C’est aussi une leçon de morale, comme pourrait l’être la chasse. Au vrai, Beudant force le respect. Issu du rang, il s’était élevé par son seul mérite,dans la carrière militaire,

mais avait dans le même temps compris que l’avancement était difficilement compatible avec sa passion pour les chevaux. Heureusement, il eut la chance de servir sous les ordres de Kerbrech,grand écuyer, adepte de Baucher. Ses dons,son génie,il les mit en pratique en Afrique du Nord, montant n’importe quel cheval, surtout les pires. Comme le peintre animé par l’unique obsession d’apprivoiser la lumière, Étienne Beudant, n’aura de cesse de trouver l’harmonie parfaite avec ses chevaux, en usant d’un seul artifice : l’autorité de la douceur.

Un chasseur vous parle

d’Alexander J. Lake ◆◆ Alexander Lake (1893-1961), un des plus célèbres guides de chasse, nous avait passionné avec ses Trophées d’Afrique (Jours de Chasse n° 33), il récidive avec Un chasseur vous parle, toujours réédité par les éditions de Montbel dans leur collection Les Aventuriers voyageurs.Avec cette nouvelle livraison, nous changeons de genre, car nous tenons-là davantage des péripéties de la vie d’un broussard,que de pures aventures cynégétiques. Son récit a de quoi “secouer”tant il est vrai que nous sommes –trop– habitués à une vie plus aseptisée! Bien sûr, il est question de

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Retiré à Dax,il mourut en 1949. Avant d’être totalement infirme,il dressera la jument Vallerine,au prix de sacrifices qui dépassent l’entendement. Cette histoire, Jérôme Garcin nous la livre avec l’écriture et la sensibilité qu’on lui connaît, et une très grande capacité d’imagination, car Beudant n’avait pas laissé grandchose. Il nous fait sentir et ressentir l’existence d’une vie dédiée aux chevaux. À travers l’art équestre,on découvre une leçon de vie, de stoïcisme pratique, presque une philosophie. Gallimard,180 pages,15,90 €.

chasse, de sa vie de chasseur professionnel (« pour chaque balle qui rapporte,il faut parcourir à pied,une moyenne de quarante kilomètres »), de l’art de piéger des singes en les soûlant,de face-àface avec des serpents ou des scorpions à fouet. Lake parle intelligemment du“courage”des nemrods (« le drame n’existe que pour ceux qui l’inventent »), de leur philosophie suivant leurs origines (« les Américains mettent avant tout l’accent sur la victoire;pour les Anglais, c’est le gibier qui compte avant tout;quant aux Français,ils sont des chasseurs émotifs,inclinant à laisser échapper un gibier qui éveille leur sympathie »), et de ces jugements quelquefois“entiers”! On partage la vie des ethnies (avec un Noir qui tuera armé de sa seule hache un éléphant,un crocodile, un buffle!),des récits

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saisissants sur les techniques de chasse des chiens sauvages, des trafics et d’aventuriers en tout genre (« beaucoup de chasseurs professionnels sont affligés d’une soif chronique,de sorte que,pour une tournée,ils vous racontent tout ce que vous désirez entendre »). C’est encore des histoires de sables mouvants, de sorciers,de leurs poisons et de leurs remèdes qui vont à l’encontre de bien des idées reçues. On plonge dans des rivalités ethniques, avec des esprits qui se promènent… Le lecteur dialoguera avec des commerçants de comptoirs, avec des babouins, apprendra –presque– tout sur l’art d’accommoder le gibier… En un mot, c’est l’Afrique dont on comprend qu’elle puisse marquer à jamais. Éditions de Montbel, 333 pages,25 €.



Signets Gibiers de montagne

Cuisine et saveurs de Jean-Luc Planes

◆◆◆ La gastronomie du gibier

de montagne! Voilà bien un sujet qui intrigue car méconnu, secret presque inaccessible si ce n’est par quelques récits épars dont on a retenu que la cuisine de la marmotte répandrait une odeur épouvantable pendant huit jours de suite… Pouvait-il en être autrement tant sa chasse est à l’image de sa cuisine,difficile, exigeante, où, selon la jolie expression d’Alpinus, « les victimes ne sont jamais numérotées d’avance »? Aussi,on ne peut que remercierleséditionsdeMontbeldans

leur collection Cuisine et saveurs de lever une partie des mystères grâce au talent de Jean-Luc Planes, chasseur et cuisinier de renom au pays de Gaston Phébus.Bienplusqu’unsimplelivre de cuisine, Jean-Luc Planes, nous offre du rêve à l’état brut toujours agrémenté de haltes littérairesfortàpropos,qu’elles émanent de Mme de Sévigné, de Louis Pergaud, de l’inusable Charles Jobey, du général Chambe qui a marqué tant de générations de chasseurs avec son merveilleux Propos d’un vieuxchasseurdecoqs. Nousdécouvronsungigotdechamoisen croûte de sel, un carpaccio de filet d’isard à la truffe et au foie gras, un tartare de cèpes et filet

Les Bécassines en France

de Patrice Février ◆◆◆ Et s’il n’en reste qu’un, ce serait sans nul doute Patrice Février pour défendre la bécassine! En effet, qui d’autre que le président du CICB pouvait réussir l’exploit de livrer un énième –le sixième– ouvrage sur les flèches d’argent. Cela n’a rien de péjoratif car le sujet n’arrivera pas à satiété. Car explique l’auteur en substance et avec raison, rien n’est figé dans la nature et sur ses recherches. Plus encore, Patrice Février a compris que la chasse a quelque chance de briller de tous ses feux à la condition que le chasseur se comporte comme un gestionnaire irréprochable ayant une démarche scientifique qui ne l’est pas moins. Il le prouve en ne voulant rien laisser au hasard que cela soit sur l’étude de nos trois espèces de bécassines, et leur avenir où l’on peut être raisonnablement optimiste. Car si les chasseurs ne peuvent, par définition, maîtriser certaines données (à commencer par les changements climatiques susceptibles de modifier les migrations), ils peuvent en revanche influer sur les capacités d’accueil des bécassines. En effet, après moult recherches, on sait aujourd’hui ce qu’il faut faire –et ne pas faire– pour les attirer. Patrice Février passe en revue les aménagements possibles et imaginables, exemples à l’appui (comme ceux réalisés dans la vallée du Drugeon,ou chez des particuliers…); il montre

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d’isard.Nousrêvonsausymbole des Alpes, parce qu’il en est un des seigneurs les plus éclatants,

à ce coq de bruyère « au vin et pied de cochon », ou encore au lagopède à la catalane.Dans un registre plus terrestre,le lecteur appréciera les secrets d’une moussaka au mouflon, d’une marmotte aux cerises ou d’une barigouledelièvrevariable…Au fil des pages,nous nous laissons emporterparlapoésiedelamontagne. Finalement comment ne pas être d’accord avec le général Chambe qui répétait à l’envi « qu’en montagne,tout effort reçoit sa récompense,toute négligence son châtiment,que toute défaillance se paye».N’est-cepaslecasdetoute cuisine un peu élaborée? Ne devrait-ce pas être le cas de toute la chasse? Montbel,96 pages,22 €.

que rien n’est irréversible, et dénonce avec raison l’inaction de l’État qui n’a rien fait pour favoriser justement la réhabilitation et le maintien de ces zones humides. Or, alors que la valeur patrimoniale et écologique desdites zones est reconnue, la fiscalité qui y est attachée est toujours aussi peu incitative. Pire: les propriétaires sont même encouragés à les drainer! Quant à la chasse, Patrice Février la revendique haut et fort. Car l’état des populations le permet et à la condition qu’elle soit « intelligente »,c’est-à-dire trouver « un juste équilibre » entre la pratique de la chasse et un repos suffisant pour les oiselles, afin de savoir comment et combien de fois il est loisible de chasser sans que le gibier déserte les lieux. Puisant aux meilleures sources, l’auteur n’oublie décidément rien, ni l’équipement (celui de fashionable est à déconseiller!), ni « l’état physique du tireur », ni les tableaux records (symbole d’une époque révolue), ni les chiens sans lesquels la chasse perdrait une grande partie de son âme. À n’en pas douter, ce livre est une nécessité, car c’est avec ces travaux que l’on peut continuer à chasser ce merveilleux petit gibier avec plaisir et avec élégance.

CICB,304 pages,25 € (plus 2 € de port). Disponible auprès du CICB,5,avenue des Chasseurs,Paris XVIIe. Sur Internet:www.cicb.asso.fr

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Signets

Sur la piste des animaux en danger

d’Henri Quinque ◆◆◆ Voilà un ouvrage que tout homme épris de nature –qu’il soit chasseur ou non– doit avoir dans sa bibliothèque. Plus qu’un ouvrage naturaliste, c’est avant tout une formidable leçon de choses, une leçon de vie que nous livre le Dr Henri Quinque avec un enthousiasme désarmant. Ce chirurgien a une passion viscérale pour le monde animal. À 4 ans, il apprivoise une tourterelle puis cette passion ne le quittera jamais, à telle enseigne qu’il fondera le Conservatoire des animaux en voie d’extinction (Cavex). Par sa persévérance, son goût du vrai, sa constance à montrer la vie telle qu’elle est, il n’est pas sans rappeler l’Espagnol Félix Rodríguez de la Fuente, grand fauconnier, immense et inlassable

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défenseur de la nature (notamment des loups). De l’île de Marajo, à la Guyane en passant par l’Afrique, les Caraïbes et la Nouvelle-Calédonie, nous découvrons la vie des colibris, du périophtalme, des coqs de roche, du serpent fer de lance des Caraïbes, ou encore du singe-lion, et les drames qui les menacent. Le docteur Quinque ne livre pas de discours écologiste lénifiant et pontifiant. Témoins, ses récits et ses passionnantes réflexions sur le continent africain. Il nous parle longuement de tous ces animaux qu’il a cherchés, repérés, aimés, protégés, dont le cagou de NouvelleCalédonie (l’UICN classe cet oiseau aux mœurs étonnantes dans le groupe des douze oiseaux les plus en danger de disparition immédiate). Le Dr Quinque n’écarte pas le débat sur la chasse, tant il est vrai qu’il a lui-même chassé, et affirme être toujours plus intéressé par la quête que par la prise. Pour lui, elle ne peut être comprise et admise que si elle ne met pas en danger la survie de l’espèce (c’est pour cela qu’il s’élève, avec force et avec raison, contre la chasse de la tourterelle au mois de mai en France). Et puis, écrit-il « avec un peu de recul…,il me semble que si j’étais un animal,je préférerais être abattu à l’improviste par un chasseur plutôt que par des tueurs professionnels d’un abattoir… » Bref, ce livre est bel et bien un hymne à la vie. Pour se procurer le livre du Dr Quinque, appeler le 01.34.09.08.68 ou écrire à hp.quinque@wanadoo.fr

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La Haute Quête du chamois

de Jacques Puthod ◆◆ L’on dit souvent que la montagne ensorcelle ses victimes pour ne plus les lâcher. Pour se convaincre que cela n’a rien d’une légende,il suffit de lire Jacques Puthod.Cet avocat est tout à la fois envoûté, fasciné par les cimes et les chamois.Au fil des pages, fruit de douze ans de courses cynégétiques et alpestres, dans un style alerte mais qui manque quelquefois de “souplesse”, il rappelle qu’on ne naît pas chasseur de montagne, on le devient. Car la montagne est là, impressionnante, indomptable,qui ne pardonne rien.La quête du chamois, « l’antilope rochassière » cher auDrMarcelCoudurier,nevientqu’après, qu’après la souffrance et l’effort. Jacques Puthod fait sienne la définition du chasseur de chamois d’Henri Meunier: c’est celui qui « associe dans les mêmes images la contemplation presque mystique et émerveillée des beautés de la montagne et la vision magique de la bête de chasse,celui qui découvre et choisit dans son haut domaine l’animal de proie,celui qui le met à merci aux termes d’une approche aboutie au plus près aux prix d’efforts et de volonté pour lui donner la mort, dans le temps d’un éclair,d’une balle sûre… » Aussi avec notre montagnard, on escalade, on souffre mille morts, avant de pouvoir commencerl’approche.Onpartagesesjoies qui font oublier ses peines pour une balle mal placée,une erreur de jugement… On reste admiratif de ces descentes affolantes avec un chamois dans le sac,après plus de dix heures de course. On rit et on sourit de ces escapades néo-zélandaises (avec ce guide qui reste en short même par des températures polaires!), ou russes… La montagne et sa chasse ne pardonnent rien,elle met le chasseur à nu.Comme ledisentsibiendeschasseursdemontagne: “On voit ceux qui reviendront, et les autres…”Avec l’ouvrage de Jacques Puthod, cela n’a rien d’une exagération!

Markhor,294 pages,22 €.



Signets À cœur et à cri

de Monique de Rothschild ◆◆ Indéniablement,“Madame Monique”, comme l’appellent les familiers de la forêt de Compiègne est une“nature”.Fille du baron James de Rothschild, fondateur de l’équipage Par Vaux et forêts,élevée,en partie, dans l’extraordinaire domaine des Vaux de Cernay, elle s’est “déclarée” à la chasse dès l’âge de 8 ans.Depuis,elle a créé son propre équipage,La Futaie des amis, en 1961, a découplé au moins 1800 fois, élevé trois ou

quatre générations de chiens,et pris plus de un millier de cerfs. À ses yeux,la vènerie n’est ni un divertissement ni un passetemps, mais une passion, une nécessité. Une passion qu’elle s’est efforcée, notamment au sein de l’Association française des équipages de vènerie,de démocratiser.Dans ces souvenirs, recueillis par Dom Ludovic Lécuru, Monique de Rothschild raconte avec verve, et sans langue de bois,son enfance,son engagement dans les Forces françaises libres,sa participation

Le Longue Piste de l’ivoire de Frederick Selous

◆◆◆ La plus grande réserve de chasse du monde,en Tanzanie,

porte son nom, en hommage à ce grand chasseur britannique qui y mourut au combat, le 4 janvier 1917, contre les troupes du général allemand von Lettow-Vorbeck durant la Première Guerre mondiale. Frederick Courteney Selous était né à Londres, en 1851, dans une famille de huguenots français établis en Grande-Bretagne depuis trois générations. Son père était président du London Stock Exchange et rien ne prédestinait le jeune garçon à devenir l’un des plus fameux chasseurs professionnels de tous les temps. Dès l’enfance, il se passionne pour les récits des explorateurs et s’entraîne à dormir à même le sol afin de s’endurcir, en vue de sa future existence d’aventurier en Afrique.Alors que ses parents souhaitaient lui voir embrasser la carrière de médecin,à 19 ans,en 1871, il prend le large pour l’Afrique du Sud, avec l’intention de gagner sa vie comme chasseur d’éléphants.Avec 400 livres en poche,il débarque à Port Elizabeth, achète un cheval, une carabine double de calibre10, un petit fusil à deux coups, et s’enfonce, avec un compagnon de voyage, au cœur du pays. Dans le pays matabélé (actuel Zimbabwe),il demande au roi Lobengula l’autorisation de chasser l’éléphant sur son territoire. Éclat de rire du potentat indigène qui lui rétorque: « As-tu jamais vu un éléphant? Ils ne tarderont pas à te chasser du pays,mais tu peux toujours montrer ce que tu es capable de faire… ». Pour sa première expédition, il s’adjuge en trois mois quatorze éléphants, soit 450 livres d’ivoire, représentant un profit net de 300 livres.

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à l’Exposition mondiale de la chasse à Budapest,en 1971,et sa relation viscérale à la forêt, aux chiens et aux cerfs.Vifs, truculents, émouvants, ces souvenirs de quarante-cinq ans de vènerie ne plairont pas forcément aux confrères de l’ex-maître d’équipage, mais séduiront le chasseur lecteur ordinaire que le rude bon sens de “Madame Monique” réjouira. Ainsi: « On ne peut pas mélanger la vènerie qui a toutes les raisons d’exister,avec une idéologie.À la chasse,on ne triche pas.Dans une idéologie,si.

On falsifie la réalité.Un cerf qui gagne,gagne.À partir du moment où il n’y a pas de tricherie,qu’y at-il à contester? »… Montbel,144 pages,39 €.

Retournant voir le roi, Selous lui annonce que ses éléphants ne l’avaient pas chassé du pays mais qu’à l’inverse il en avait tué plusieurs.Réponse du roi: « Bien,tu es un homme maintenant,quand vas-tu prendre femme? ». Le mariage, Selous ne devait pas y penser avant la quarantaine,bien qu’il eût plusieurs enfants avec des femmes africaines, en revanche, jusqu’en 1890, hors quelques brefs séjours en Angleterre, il devait chasser avec ardeur l’éléphant, le lion, le buffle, le rhinocéros,et bien d’autres gibiers pour les musées et les collections privées, tout en explorant les régions peu connues au nord du Transvaal et au sud du bassin du Congo. Dans sa préface, Selous, évoquant la longue liste des animaux tirés au cours de ses dernières expéditions, se justifie en écrivant: « d’aucuns y verront peut-être le registre d’un épouvantable massacre,mais il faut rappeler que j’étais suivi d’une foule de sauvages affamés,sans compter les hommes que j’employais et qui dépendaient de moi pour leur nourriture quotidienne,tandis qu’au cours de certaines de mes expéditions ma carabine pourvoyait seule à mes besoins quand il s’agissait d’obtenir de la part des indigènes tout ce que des groupes mieux équipés auraient pu payer avec du calicot ou de la verroterie.» En lisant son livre, écrit sous la forme d’un journal de marche, le lecteur contemporain ne laissera pas, il est vrai, d’être surpris ou choqué par l’aveu de pratiques aujourd’hui réprouvées. À ces réserves près, et nonobstant le caractère répétitif des scènes de chasse, le livre de Selous est un intéressant témoignage, truffé d’anecdotes souvent tragiques,sur les débuts de la grande chasse en Afrique de l’Est. Montbel,464 pages,44 €.

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Co n f i d e n c e s ◆

Tony de Almeida “Chasser le jaguar fut inoubliable” À

lafindesannées1960,TonydeAlmeidacrée,avec Richard Mason et Bert Klineburger, Amazon Safaris, uneagenceconsacréeàlachassedugrandgibierauBrésil, buffles d’eau, cerfs des marais, puma, et, surtout, jaguar.Au cours des décennies suivantes, il a guidé dans lesmaraisduMatoGrossoetduPantanal bolivien la plupart des grands chasseurs américains et européens, désireux d’affronter le plus impressionnant et le plus beau félin d’Amérique du Sud. Sonlivre,Onça,lesjaguarsduMato Grosso,écrit directement en anglais, a été publié en 1988 aux États-Unis, oùils’estvenduà10000exemplaires. Les éditions de Montbel viennent de le traduire en français. Dans des pagesremarquables,tantparleurintensité dramatique que par les descriptions d’un milieu et d’un fauve fascinants,Tony deAlmeida raconte saviedechasseurprofessionnel,mêle avec saveur anecdotes et récits, et contribueàfairemieuxconnaîtreun splendidefélin,aujourd’huiprotégé. Tony de Almeida,comment êtes-vous devenu chasseur,par imprégnation familiale ou par choix? Mon père – il était importateur de produits étrangers,notamment de vins français, au Brésil – n’était pas chasseur, ce n’est donc pas par “héritage” familial que je suis venu à la chasse. Mes parents m’ont envoyé faire mes études en Angleterre jusqu’à l’âge de 20 ans et, lors de mon séjour là-bas, j’ai suivi des chasses à courre au renard. De retour au Brésil, je me suis mis à chasser pour mon plaisir,et le seul animal qui m’attirait, me fascinait, c’était le jaguar, le fauve le plus impressionnant de l’Amérique du Sud. La chasse du jaguar a été pour moi un must:c’est une chasse très sportive,très dangereuse aussi,car on est au contact proche du félin.Par chance,

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je n’ai été blessé qu’une seule fois. Je craignais davantage la nervosité du client et le risque d’une balle dans le dos… Aviez-vous entendu parler de Sacha Siemel,alias“Tiger Man”,le grand chasseur de jaguars dans le Brésil des années 1930,ou lu son autobiographie,“Tigrero”,parue en 1953? J’ai eu l’occasion de le rencontrer,quand j’étais jeune,à São Paulo,où il faisait une conférence. Plus tard, j’ai chassé le jaguar sur les lieux mêmes où il avait son camp de chasse,et j’ai fait connaissance, sur le ranch du major Alfredo Ellis, de Lauro,un métis brésilien d’une soixantaine d’années qui avait été le bras droit de Siemel durant les dix années où celui-ci campait sur la rivière Miranda. Auprès de lui, Lauro avait appris à affronter le jaguar à l’épieu, comme l’avaient fait nos lointains ancêtres de la préhistoire.Sous une apparence placide, Lauro cachait des nerfs d’acier et n’avait pas que des fauves à son tableau de chasse,mais aussi des hommes,notamment des braconniers.Le soir,près d’un feu de camp, je l’écoutais raconter des histoires de chasse fascinantes. La manière dont il avait livré combat,armé de sa lance, à une demi-douzaine de jaguars, et notamment un avec qui le combat avait duré une demi-heure. Après avoir été chargé sans relâche, Lauro avait fini par l’avoir, alors qu’à bout de forces il pouvait à peine soulever son arme.Ces histoires ont, sans doute, joué un rôle dans ma décision de devenir à mon tour chasseur de jaguars. Justement: vous avez d’abord chassé par plaisir, puis vous êtes devenu chasseur professionnel. Pourquoi cette orientation? Mes premières chasses dans le Mato Grosso,ce territoire aux gigantesques étendues vierges, grand comme une fois et demie la France,m’ont attaché viscéralement à la vie sauvage et libre. Pourtant, les conditions de vie y sont éprouvantes: ÉDITIONS DE MONTBEL

propos recueillis par Bruno de Cessole

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des températures extrêmes,une humidité permanente,un biotope dense qui rend difficile la progression,des insectes aussi variés que redoutables, moustiques, taons, frelons, abeilles, tiques, fourmis et tarentules. Cela dit, les maladies comme la fièvre jaune, la malaria, la bilharziose, y sont presque inexistantes. Pour en revenir à votre question, pourquoi suis-je devenu professionnel? Sûrement pas pour faire fortune ou mener la belle vie,car il existe des moyens plus faciles pour cela. Non, je dirai que c’est pour l’excitation de la chasse, l’amour de la nature et de la faune sauvage.Après tant d’années,je ne le regrette pas et j’ai eu la vie à laquelle j’aspirais. Comment s’est passée cette conversion? En 1968, j’ai invité un ami anglais, Richard Mason, avec qui j’avais passé quelque temps en Angola, où il était guide de chasse, à s’associer avec moi pour organiser des safaris au Brésil.J’avais contacté aussi le grand taxidermiste américain, Bert Klineburger pour qu’il nous aide à démarrer. Nos débuts ont été difficiles,d’abord consacrés à la chasse au buffle d’eau asiatique dans les marécages de l’île de Marajo,à l’embouchure de l’Amazone. Cette chasse était excitante et réellement sportive,mais les conditions étaient si ingrates que les clients, dès la première heure, commençaient à maugréer et renâcler.Si bien que nous avons échangé l’île de Marajo pour les marais du Pantanal,dans le Mato Grosso,et le buffle pour le jaguar. Très vite, nous nous sommes aperçus que la diffi-

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culté principale était d’avoir une meute de chiens créancés sur le fauve puis de pouvoir la renouveler, car un jaguar au ferme massacre ou blesse une partie de la meute, avant que guides et chasseurs n’aient le temps d’arriver. Comment chassiez-vous? De deux manières différentes. La première peut être comparée à vos chasses aux chiens courants. On relève des traces fraîches, on met les meilleurs limiers sur la voie, puis on lâche le reste de la meute. Les chiens filent alors comme des torpilles en hurlant à pleine gorge,et nous les suivons,en galopant à cheval si le terrain le permet, ou à pied, et il faut alors se frayer un chemin à la machette dans le pombeiro, un taillis sombre et impénétrable, jusqu’au moment où on atteint le jaguar au ferme.C’est le moment de vérité.Tant que le fauve n’a affaire qu’aux chiens ce sont eux qui subissent ses attaques, mais dès qu’il aperçoit le chasseur il change de tactique et de“cible”.Le danger c’est qu’on est à courte distance et le jaguar charge à une vitesse folle.Il faut pouvoir le stopper avec une arme à très forte puissance d’arrêt,comme le pistolet 357 Magnum,que nous avions coutume d’utiliser. Si le jaguar se réfugie sur une branche,le chasseur peut le tirer plus facilement,encore que j’ai souvent été surpris de voir des clients, qui tiraient fort bien un gibier à 200mètres en milieu découvert,rater un jaguar à 20mètres.Il faut dire que les grondements du fauve sont terrifiants et que le milieu très

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ÉDITIONS DE MONTBEL

DANS L’ÎLE DE MARAJO, À L’EMBOUCHURE DE L’AMAZONE, À LA CHASSE DU BUFFLE D’EAU ASIATIQUE. PAGE DE GAUCHE, TONY DE ALMEIDA AVEC LE FAMEUX JAGUAR DONT LE CHASSE SE TERMINA DANS UNE GROTTE.


Confidences

PHOTOS : ÉDITIONS DE MONTBEL

TONY DE ALMEIDA AVEC SA FEMME CRISTINA. CI-DESSOUS, UN IMPRESSIONNANT ANACONDA DE 121 KILOS ET DE 5,7 MÈTRES, TIRÉ DANS UN RUISSEAU. EN BAS, UN JAGUAR RECORD.

fermé génère un certain stress.L’autre manière de chasser le jaguar est moins éprouvante mais suscite aussi une bonne dose d’émotions, c’est la chasse à l’appel. Il ne s’agit plus de galoper, nager ou ramper pour l’atteindre, mais d’attendre qu’il vienne à vous, en imitant son feulement. Provoqué sur son territoire, il y a de bonnes chances pour qu’il vienne combattre un rival ou rencontrer une partenaire.Nous utilisions pour cela toute une collection de calebasses, avec des succès variables.Au préalable, il faut construire, sur une portion de piste dégagée, un affût dans un arbre et le dissimuler. Une heure avant le coucher du soleil,on rejoint la plateforme,on s’installe et on commence à appeler:un ou deux grognements longs et profonds, suivis d’une dizaine d’autres, brefs et saccadés, qui s’achèvent, parfois, en un feulement rauque. Il arrive que le jaguar ainsi provoqué se précipite en feulant sans relâche,alors que d’autres,plus prudents,prennent leur temps et s’approchent en silence,jusqu’à surgir tout près,inopinément.Beaucoup, enfin,ne viennent pas du tout.Aujourd’hui,là où on peut encore le trouver,en Bolivie,on chasse en bateau,la nuit,à l’appel, et une semaine suffit, alors qu’autrefois il fallait compter au moins deux semaines. La chasse du jaguar,espèce considérée comme en danger de disparition,est désormais interdite dans la majeure partie de son aire de répartition. Cette interdiction a-t-elle été bénéfique? Depuis vingt ans, le nombre des jaguars a été multiplié par quatre, en raison de l’arrêt du braconnage pour la fourrure, mais aussi de l’interdiction de la chasse, notamment au Brésil. N’est autorisé que le tir d’élimination des animaux convaincus d’avoir causé trop de dégâts dans les troupeaux, car le jaguar est grand amateur de bétail.Sur 2000 veaux qui naissent sur une estancia,les jaguars prélèvent 400 à 500 têtes par an, et on peut comprendre le mécontentement des éle-

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veurs.C’est un fauve qui ne mange qu’une petite partie de ses proies: le poitrail, les joues,mais il laisse les deux tiers,l’arrièremain et toute la tripaille. Il ne revient qu’une fois sur l’animal qu’il a tué, c’est pourquoi il est difficile de l’éliminer par le poison,contrairement à ce qui a été dit.Au Brésil,il n’existe aujourd’hui que trois ou quatre autorisations de tir par an, d’où le déplacement des derniers chasseurs de jaguar en Bolivie,où cette chasse est encore licite.Je ne fais plus tirer que deux ou trois fauves par an.Autrefois,j’avais ma propre meute, actuellement j’utilise les meutes bien entraînées de deux chasseurs locaux. Votre pays,le Brésil,a interdit toutes les formes de chasse.Pensez-vous que cette mesure est la plus efficace pour le maintien de la faune sauvage et la sauvegarde de la biodiversité Au Brésil, toutes les chasses sont interdites, même celle du petit gibier,de la sauvagine par exemple.Cela n’a pas causé de problèmes car les chasseurs, trop peu nombreux, ne pouvaient constituer un lobby, alors que le lobby écologiste est très puissant. Ainsi, les pigeons représentent une vraie calamité pour les cultures. Or, bien que des études scientifiques aient montré que leur chasse pouvait être autorisée, le gouvernement a refusé.On les empoisonne donc ou on écrase les nichées avec des tracteurs… Pourtant,partout dans le monde, ce sont les chasseurs qui financent la protection du gibier,favorisent sa réintroduction,et le défendent contre les braconniers.Comme le disait le présidentTheodore Roosevelt,grand chasseur à qui l’on doit la création de la plupart des parcs nationaux aux États-Unis: « le véritable esprit de la chasse et du sport,loin d’être incompatibles avec l’amour de la nature et de la vie sauvage,lui offre plutôt la meilleure garantie de leur sauvegarde ». À mon sens, la pression humaine sur l’environnement est beaucoup plus pernicieuse pour la faune sauvage que la chasse, et c’est un mouvement, hélas, inéluctable. ◆ Onça! Les Jaguars du Mato Grosso, de Tony de Almeida,traduit par Catherine Mas-Mézéran de Saint Martin,éditions de Montbel,456 pages,38 €.

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DĂŠcouverte â—†

Sierra de la Ventana

Entre pentes et pampa reportage et photos Bruno de Cessole

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Au sud de la province

de Buenos Aires, dans une région de montagnes arides coupées de vallées verdoyantes, le grand gibier offre l’opportunité de chasses tantôt difficiles tantôt amusantes mais toujours sportives. À pied ou à cheval, à l’approche ou dans la tradition des gauchos.

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Sierra de la Ventana Entre pentes et pampa

L’Argentine, je l’avais

découverte il y a neuf ans à l’occasion d’un voyage de chasse qui m’avait mené de l’extrême sud de la Patagonie, du côté de la frontière avec le Chili, jusqu’aux environs de Córdoba, dans la provincedeSantiagodelEstero, en passant par les rives du Paraná et les marais de la régiond’EntreRíos,nonloin descélèbreschutesd’Iguazú. Le gibier recherché était le gibieràplume:oiesdeMagellan,canards, sarcelles et tourterelles, la variété de la sauvagine justifiant à elle seule le voyage. Cette fois-ci, la destination et le gibier sont différents: cerfs, antilopes et sangliers de la sierra,à sept cents kilomètres au sud de Buenos Aires, dont la province s’étend sur une superficie égale près de la moitié de celle de la France. À l’aéroport nous attend Sean,dont la famille possède, dans la Sierra de la Ventana,l’estancia sur laquelle nous allons chasser. Notre hôte, la soixantaine alerte, est blond aux yeux bleus, porte un prénom écossais,un nom suédois et parlecouramment,outresalanguenourricière, l’anglais, le français et le portugais. Bref,un véritable Argentin,à cette exception près que ce voyageur cosmopolite a quitté son pays à 18 ans pour bourlinguer à travers l’Europe où il s’est finalement fixé, à Barcelone, avant de retourner voici quelques années à peine dans sa patrie.En marge de son activité principale,àBuenosAires,Seangèrel’estancia familiale, vouée à l’élevage extensif de bovins de race hereford (8000

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CHASSEURS, GUIDES ET MAÎTRE DES LIEUX SE RETROUVENT PRÈS D’UN CORRAL. CI-DESSUS, AU MILIEU DE SON PARC, DESSINÉ PAR CHARLES THAYS, L’ESTANCIA OÙ NOUS SÉJOURNERONS

SIERRA VENTANA. À GAUCHE, LA SALLE À MANGER, DE STYLE TRÈS BRITANNIQUE. DANS LA DE LA

têtes) et de chevaux criollos (300 têtes). Parallèlement, sur les 10 000 hectares de la propriété et les 20 000 hectares voisinsenlocation,ilorganisedeschasses avec,pour principaux clients,des Américains, suivis par des Européens. Curieusement, l’Argentine, pourtant si vaste et si riche en gibier à plume et à poil, ne possède pas une forte traditioncynégétique.Jusqu’auXIXe siècle les tribus indiennes pratiquaient une chasse alimentaire à l’aide d’arcs ou de boleadoras, sortes de lassos courts terminés par trois bourses de cuir renfermant chacune une pierre ronde ou une boule de métal,qu’ils lançaient du haut de leurs chevaux sur les gibiers qu’ils poursuivaient, guanacos (lamas sauvages) ou nandous (de la famille des autruches).Les immigrants européens, espagnols, allemands, anglais, français et italiens ont apporté avec eux les traditions de chasse de leur pays,de même qu’ils ont introduit cerfs et sangliers du Vieux Continent, ou encore les antilopes cervicapres du continent indien. Au sud et au nord de Buenos Aires, la

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pampa offrait l’opportunité de chasser devant soi le lièvre, le perdreau rouge, le chachalaca, variété de faisan, et, bien sûr, le gibier d’eau dans les zones de marais. Dans la cordillère andine, et notamment en Patagonie,le cerf élaphe, ciervo colorado,s’est acclimaté avec succès au biotope, mais on le trouve aussi dans la pampa et les régions de collines du sud de la région de Buenos Aires. De nos jours,la chasse est moins pratiquée par les Argentins qu’il y a deux ou trois générations, et le pays compte davantagedepêcheursquedechasseurs. Cette faible pression cynégétique, la densité de la faune sauvage et la splendeur des paysages, sont une invitation à venir chasser en Argentine, lorsque la saison s’achève en Europe. Même si la durée du voyage peut paraître longue. Surtout lorsqu’un trajet de six à sept heures en voiture vous attend avant de rejoindre la Sierra de la Ventana… Armes et bagages dédouanés,nous embarquons dans le pick-up de Sean en direction du sud. Mes compagnons de chasse sont au nombre de trois : Pierre,


LA PLUS CLASSIQUE DES BALLES ET UNE DES PLUS EFFICACES AU MONDE !!! la soixantaine, chasseur émérite, homme de cheval confirmé,et jusque récemment cavalier de compétition, habitué de l’Afrique et amoureux de l’Argentine ; Mathieu et Gwenaëlle, sa femme,la quarantaine,viticulteurs en Provence, et tous deux chasseurs de montagne passionnés. Avec ses 2 mètres et quelques centimètres,Mathieu n’est guère avantagé dans les transports en commun et, par prudence, voyage en tenue de chasse afin d’être à pied d’œuvre au cas où ses bagages se seraient égarés. Douze heures d’avion suivies de six heures de voiture représentent pour lui une épreuve plus sévère que pour les bipèdes de taille raisonnable que nous sommes, et l’on mesure, à cette aune, à quel point doit être impérieux son amour de la chasse… Passés les faubourgs de Buenos Aires l’autoroute perce tout droit l’immensité plate de la pampa.De part et d’autre des voies les pâturages, naguère prédominants, cèdent peu à peu la place aux champs de soja et de maïs. Rompant la monotonie du trajet,des portiques de bois précédant une longue allée bordée de hautsarbresannoncent,deloinenloin,

une estancia.Et de temps à autre,une sorted’autelhérissédehampessurlesquels s’accrochent des mouchoirs rouges – témoignage de piété des gauchos – attire l’attention des passagers pris de somnolence. En fin de matinée, nous quittons l’autoroute,peu encombrée,et sur laquelleoncroiseencoredescyclistesinsolites ou de magnifiques semi-remorques des années 1950, pour faire halte dans la petite ville d’Azúl. Se dérouiller les jambes s’impose mais aussi se restaurer et faire quelques achats car pendant une semaine nous serons à l’écart de toute vie urbaine. Au déjeuner, nous faisons honneur à notre premier repas argentin, empanadas, bife de lomo, dulce de leche, arrosé de malbec, puis nous reprenons la route après avoir fait l’acquisition de couteaux de gaucho traditionnels. À mesure que nous approchons de la Sierra de la Ventana la monotonie de la pampa s’efface devant un relief plus accentué,collinespuischaînesdemontagnes aux sommets arrondis et pelés. En fin d’après-midi,au bout d’une dizaine de kilomètres de piste ravinée par les pluies, nous parvenons à l’es-

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Sierra de la Ventana Entre pentes et pampa DANIEL, LE DRESSEUR DE CHEVAUX DE L’ESTANCIA, CHASSEUR DE SANGLIERS ET DE PUMAS. CI-DESSOUS, LE MÊME AVEC SON FILS, LUCAS, À DROITE DES DEUX FILS DE MARIO, ET DE SA MEUTE DE DOGUES ARGENTINS.

tancia.Unemaisonbassecentréeautour d’un patio autrefois découvert, au milieu d’un parc exubérant dessiné par le paysagiste qui créa les principaux jardins de BuenosAires.Elle fut construite au début des années 1920 par la famille Tornquist d’origine suédoise à qui le gouvernement avait donné en concession des terres immenses dans la région. Fort riches, les Tornquist avaient fait édifier un somptueux casino qui fut inauguré par le prince de Galles en 1910, et qui disparut dans un incendie, ainsi qu’un“château”,terme pompeux pourunegrossevillabourgeoise,quiappartient toujours à leurs descendants. Les bagages débarqués, nous prenons possession de nos chambres respectives puis nous procédons avec Mario, notre sympathique guide polyglotte, au tir rituel de vérification sur cible. Dans la soirée, nous faisons connaissance avec Manuel et Sebastián,les fils de Mario, ainsi qu’avec Gonzalo, qui nousguiderontdurantnotreséjour.Tous trois sont,comme Mario,des joueurs de polo, sport devenu national, introduit par les Anglais au XIXe siècle, et dont le foyer d’origine se situe non loin de

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là, dans la ville de Coronel Suárez. Le lendemain matin, nous nous scindons en deux groupes :Pierre,Mario et Sean vont de leur côté explorer une partie du territoire de l’estancia tandis qu’avec Mathieu et Gwenaëlle nous partons à la billebaude,à cheval,sous la conduite de Gonzalo. Il fait encore nuit lorsque nous montons à cheval et prenons la

piste.Lespremiersmomentssontconsacrés à nous familiariser avec nos montures qui ne connaissent pas le langage habituel des aides : les gauchos n’utilisent guère les jambes, éloignées des flancs du cheval par l’épaisseur des peaux de mouton qui recouvrent la selle et les rênes ne sont tenues que d’une main. Les allures sont déconcertantes, petit trot assis ou galop rassemblé assezlentetcurieusementpeuconfortable. Ce sont des allures de travail qui visent à économiser le cheval et le cavalier quand on doit rester toute une journée en selle. Cela dit, les criollos sont des montures faciles, qui ne bougent pas d’un pouce quand on les abandonne sans les attacher, et dont le pied très sûr, qui ignore le ferrage, autorise des descentespérilleusesparmidespierriers montagneux devant lesquels renâcleraient nos chevaux européens. Le jour se lève,découvrant un paysage splendide, une longue vallée verdoyante, vouée aux pâturages et à la culture des aliments pour le bétail, bordée par des montagnes usées et pelées qui évoquentlesmoorsécossaisenplusarides, ettraverséeparunerivièreàtruites.Dans ces montagnes où il semble difficile de se dissimuler, le grand gibier, pourtant, a ses remises,ne descendant dans la val-


lée qu’à l’aube ou le soir pour viander. Mais, en dépit d’arrêts répétés pour explorer à la jumelle les pentes et les couverts, nous n’apercevons que quelques guanacos et une horde de chevaux sauvages.Pas de trace de cerfs ni de sangliers. Nous quittons la piste pourescaladerlesflancsdelamontagne puis reconnaître quelques “canyons”, maisenvain.Ilcommenceàfairechaud et la sueur mouille la robe des chevaux, particulièrement celui de Mathieu, qui n’a pas encore connu de cavalier d’un tel gabarit,et peine un peu. Aussidescendons-nousdechevalpour continueràpied.Enfindematinée,nous gagnons un corral où nous relâchons nos montures qui, soulagées, se roulent gaiement dans la poussière.Pierre, Sean et Mario nous rejoignent bientôt

en 4x4, sans avoir vu d’animaux de leur côté. La période du brame vient de s’achever et les cerfs semblent avoir quittéleslieuxpourdeszonespluséloignées et sauvages,la Blanqueada ou la Sofía.Quantauxsangliers,lespeonesdisent en avoir peu vu dans la vallée où ils ne descendent qu’à la nuit. Cette première reconnaissance nouspermetdeprendrelamesured’une dimension inconnue des Européens: l’espace.Chasser sur quelques milliers d’hectares coupés par le réseau routier, limités par l’expansion de l’habitat, n’a rien à voir avec les dizaines de milliersd’hectaressurlesquelsilestnormal d’évoluer au “pays des six continents”.Legibiern’estpasmoinsabondant,maisilestforcémentmoinsvisible, et la faculté des animaux à se fondre dans un paysage quasi lunaire ne cessera de nous étonner. Comme chaque jour à venir, nous revenons au hunting

lodge pour déjeuner et nous reposer un peu avant la chasse de l’après-midi. C’est avec Felipe,le neveu de Sean, ingénieur agricole qui travaille dans le commercedesfruitsavecl’Islande,que je vais tenter ma chance, tandis que mes trois compagnons partent de leur côté avec un autre de nos guides. Postés dans une bande boisée qui s’étend entre la rivière et les contreforts de la montagne nous attendons,à bon vent, le passage éventuel d’animaux au gagnage.Las,lachancen’estpasavecnous, et au bout d’une heure et demie d’attente, nous décidons de changer de poste. C’est alors que Felipe aperçoit dans ses jumelles une harde de daims noirs (zainos) de l’autre côté de la vallée. Parmi eux, un mâle au trophée passable. Pour ne pas nous faire éventer,nouscommençons une approche en traversant la rivière puis en grimpant à flanc de montagne pour redescendreverslavallée.Au momentoùnousentamons lentement notre descente,debuissonen buisson,la harde nous repère et s’esquive,défilant devant nous à quelque 400 mètres… Après un ultime détourlelongdelarivière afin de vérifier si les daims n’y sont pas remisés nous regagnons l’estancia. Pour sa part, Mathieu a été plus chanceux;alorsqu’ilschassaientlesanglier,ilsontfaitfuiruncarpincho,cerongeur géant, habitué des marais et des bordsderivière,quipeutatteindre80kilos. Autrefois cantonné dans le nord del’Argentine,ils’estpeuàpeurépandu au sud de Buenos Aires. On le chasse àlarencontre,moinspourl’intérêtsportif que pour sa peau qui fournit un cuir très recherché en maroquinerie. Réfugié dans un profond terrier,il n’a pas été facile de le tirer et, moins encore, d’aller le chercher. Chemin faisant, Mathieu s’est embourbé jusqu’à la taille dans un bourbier où l’animal avait coutume de se soulager, et dégage un parfum plus puissant mais moinsattractifqueceluidesdanseuses de tango autochtones… Pesé, le carpincho accuse 70 kilos et ses incisives

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Sierra de la Ventana Entre pentes et pampa

EN HAUT, UNE HARDE D’ANTILOPES CERVICAPRE DANS UN CHAMP CI-DESSUS, MARIO, NOTRE GUIDE PRINCIPAL ET, À DROITE, PIERRE OBSERVANT LES ANTILOPES DANS SES JUMELLES. PAGE DE DROITE, UN JOLI TROPHÉE, TIRÉ À 131 MÈTRES.

DE SOJA.

ridiculisent celles de nos ragondins européens.Poursapart,postédanslamontagne, Pierre a tiré une chèvre à quatre cornes,gibier étonnant et d’une remarquablelaideur.Peuimporte,cespremiers succèsserontleprétexteàfairesauterles bouchons des bouteilles de champagne apportées de France. Le lendemain,nous irons de l’autre côtédelamontagnechasserlesantilopes cervicapres dans une zone de plaines parmi les champs de soja.À vol d’oiseau, la zone est proche, mais par la route une bonne trentaine de kilomètres nous en séparent. Le paysage est très différent de la sierra d’où nous venons.Une vaste plaine où les champs de soja et demaïscomposentunemosaïquebrune

et ocre, barrée à l’horizon par les montagnes. C’est au milieu des champs que se déplacent les hardes d’antilopes. La cervicapre est originaire d’Asie, de l’Inde, du Népal et du Pakistan, où elle est aujourd’hui considérée comme menacée d’extinction et protégée. Jadis très abondante, elle a été réduite à une très faible population en raison de la chasse dont elle a fait l’objet – les maharadjahlachassaientàl’aidedeguépards dressés à les rattraper à la course– etsurtoutdel’extensiondel’agriculture etdel’habitathumain.Ellevitenhardes, composéesd’unmâleadulte,defemelles et de jeunes.De la taille d’un chevreuil, le mâle arbore une robe noire et blanche, etdemagnifiquescornesanneléesetspi-

ralées pouvant atteindre 70 centimètres. Il mesure autour de 85 centimètres au garrot pour une longueur de 120 centimètres et un poids d’une quarantaine de kilos. Cette gracieuse antilope, à la courserapide(pasloinde80kilomètresheure) effectue,comme les impalas,des bonds impressionnants, de plus de 5 mètres de longueur. Elle a été introduite en Argentine au XIXe siècle et a rapidement colonisé les vastes étendues herbeuses de la pampa. Dans l’estancia où nous chasserons, plus d’un millier de mâles ont été tirés ces dernières années. Parvenus sur place, nous nous séparons, Matthieu et sa femme d’un côté, avec un guide local, Pierre avec Mario, et moi-même avec un peón de l’estancia. Traversant un champ, nous parvenons en surplomb de la plaine

COMME LE CERF ÉLAPHE ET LE SANGLIER, INTRODUITS D’EUROPE PAR UN ARGENTIN D’ORIGINE FRANÇAISE AU XIXe SIÈCLE, L’ANTILOPE CERVICAPRE A ÉTÉ IMPORTÉE D’INDE, À LA MÊME ÉPOQUE, ET A COLONISÉ LES ÉTENDUES HERBEUSES DE LA PAMPA. 66

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piquetée de points blancs et beiges se déplaçant paresseusement parmi les plants de soja. La harde est au moins à 300 mètres. Dans mes jumelles, je compte une quinzaine d’animaux, pour la plupart des femelles et des jeunes.Devant,etdécaléverslagauche, le mâle est un peu moins loin, peutêtre à 250 mètres. Mon guide me fait signe que je ne peux m’approcher davantage sans me faire repérer. Une clôture,à trois mètres,gêne ma vision dans la lunette,je rampe donc jusqu’à elle,appuie le fût de la carabine contre un poteau, cadre l’animal dans le réticule et lentement appuie sur la queue de détente. Tir trop bas… L’antilope ne demande pas son reste et détale en bonds prodigieux. Pierre et Mario, aprèsavoirlonguementguettéunmâle au superbe trophée,immobile comme

une statue mais trop éloigné pour être tiré, n’ont pas été plus heureux. À MathieuetGwenaëlle,retrouvésàl’estancia en fin de matinée,revient la couronne de“rois de la chasse” : deux antilopes, dont l’une se révèle être celle au trophée record qui a échappé à Pierre une heure auparavant. Ainsi tourne la chance ! Mais il est temps de passer à table: le mouton que le gaucho dépouillait à notre arrivée était destiné à notre déjeuner. Toute la famille, du patriarche aux petits-enfants,nous accueille dans la vaste cuisine où flambe un feu d’enfer.Découpéavecmaestria,le“méchoui” nous est offert en deux services, précédé des habituelles empanadas, et escorté de salade,sous le regard indifférent d’une tête de puma fort mal naturalisée. Après le café, Sean, Fe-

lipe,Mathieu et Gwenaëlle nous faussent compagnie pour une dégustation de vins locaux dans une bodega de la ville voisine,tandis que Mario et moimême échangeons l’approche du matin pour l’affût de l’après-midi. Nousnousinstallonsnonloind’un passage dans une clôture où Mario a repérédescouléesd’animaux,dressons un écran de branchages, et attendons que la patience soit récompensée.Durant plusieurs heures, nous observerons les allées et venues d’une harde en contrebas de notre affût sans que lesanimauxprennentlepartideserapprocher. Finalement, vers les cinq heures du soir,un mâle solitaire surgit là où on ne l’attendait pas et passe au trot devant notre affût à moins de 200 mètres. Je le suis dans la lunette delacarabine,tandisqueMariomefait signed’attendre.Unsifflementetl’animal,surpris,stoppesacourse.Je saisis l’occasion et tire. Balle de cou.L’antilope s’effondre sur place. Alertéparlecoupdefeu, Felipe ne tarde pas à nousrejoindreàborddu pick-uptandisquenous mesuronsladistancede notre affût à l’antilope: 131 mètres. Situation assez rare car les cervicapres, méfiants et sur l’œil, sont le plus souventtirésàdesdistances plus importantes.Le seul à n’avoir pas récolté de trophée, Pierre, aura sa revanche deux jours plus tard, dans la montagne, où d’ordinaire les cervicapres sont en petit nombre, mais en tirant à près de 300 mètres. Le soleil darde ses derniers rayons lorsque nous prenons la route du retour. Voulant emprunter un raccourci, Felipe, qui n’a pris cette piste depuis des années,nous égare et c’est à la nuit tombée que nous parvenons à l’estancia. Au passage,nous aurons fait halte dans une ferme où l’on nous montrera le cadavre décapité d’un gigantesque cerf,de la taille d’un maral,braconné la nuit précédente. La chasse n’étantpasvéritablementréglementée en Argentine,où il n’est pas besoin de permis, les braconniers agissent en touteimpunité.Abandonnantlescorps

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Sierra de la Ventana Entre pentes et pampa ÉPISODES DE LA CHASSE À COURRE DU SANGLIER : CI-CONTRE, LE GROS MÂLE TIRÉ PAR PIERRE. EN DESSOUS, DANIEL L’ACHEVANT. ON VOIT AU-DESSUS L’UN DES CHIENS BLESSÉ PAR L’ANIMAL. À DROITE, L’AUTRE SANGLIER, SERVI AU COUTEAU APRÈS QU’IL A ÉTÉ MIS AU FERME PAR LES CHIENS.

sur place, ils n’emportent que les têtes, pour vendre les trophées ou les exhiber chez eux, comme témoignage de leur “machisme”. Cette pression du braconnageexpliquesansdouteladifficulté à approcher les cerfs qui,dès le lever du jour, ne s’attardent pas dans les vallées et regagnent l’asile de la montagne où, en milieu découvert, ils décèlent facilement toute intrusion. Mais cela est une autre histoire, que nous raconterons dans unautrenumérodeJours de Chasse. Si la chasse aux cervicapres s’était révélée plaisanteetplusdélicate que prévue, la chasse aux sangliers à la manièredesgauchosdevait nous réserver les plus fortes émotions et les plus belles images, la veille de notre départ de la sierra. Parmi les gauchos de l’estancia, l’un d’entre eux, Daniel, le dresseur de chevaux, a coutume de chasser le sanglier et le puma (une dizaine par an sont ainsi prélevés ce qui suggère une densité importante) à cheval avec une meute de dogues argentins. À la demande de Felipe et de Mario, il avait accepté de se mettre avec chiens et chevaux à notre disposition. C’est ainsi qu’au petit matin nous gagnons en voiture une partie du domaine nommée El Colonial, où de gros sangliers ont leurs remises.Escarpée et sauvage, cette zone n’offre pas de pâturages pour le bétail, et a conservé son aspect originel. Chemin faisant, nous dépassons Daniel, son jeune fils, Luca, âgé d’une douzaine d’années,ainsi que Manuel et Sebastián qui amènent nos chevaux. Devant, eux, les dogues argentins jettent des tâches blanches dans les herbes encore couvertes de gelée blanche. Bientôt nous sommes au lieu de rendez-vous. Une charmante petite maison de style colonial, à l’abandon, et qui excite chez Pierre des rêves de retraite rousseauiste. Nous avons demandé à monter sur d’autres selles que

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les selles de gauchos, aussi les chevaux qu’on nous destine ont-ils été gratifiés desellesaméricainesoudesellesdepolo. Tandis que nous nous préparons, j’observenotre“meute”,plushomogène que ce à quoi je m’attendais :les dogues, presque blancs, sont de taille moyenne mais taillés en force,et impressionnent par leur gueule carrée aux puissantes mâchoires. Ils sont au nombre de sept accompagnés d’un chien de berger de type colley et d’un bâtard de greyhound et de dogue. À l’exception du colley, ces chiens,qui ne sont pas criants,chassent à vue,débusquent le gibier,sanglier ou puma, et le lancent jusqu’à ce qu’il se mette au ferme. Au chasseur, alors, de jouer son rôle. À l’horizon, du côté de l’estancia d’où nous venons,un banc de brume flotte juste au-dessus du sol, éclairé par le soleil levant.Devant nous,

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s’étire une vallée étroite parcourue par un río que cachent roseaux et hautes herbes de la pampa dont les panaches vaporeuxondulentauvent.Lapiste,une route inachevée percée au début du siècle par les Tornquist, longe la rivière sur quelques kilomètres puis s’interrompt. Nous poursuivons à travers un ancien marécage,puis nous grimpons le long de la sierra jusqu’à un plateau du haut duquel s’offre une vue époustouflante sur la plaine où nous avons chassé, quelques jours auparavant, les cervicapres. En contrebas, un marécage forme une vaste bauge où les sangliers ont leurs habitudes. La pente est raide, semée de pierres, et c’est merveille de voir comment nos chevaux tâtant du sabotlespassages difficiles,serétablissant, parfois,d’un coup de rein,négocient la descente.


Déjàlesdoguessontautravail,parcourant en tous sens le marécage couvert de roseaux. Daniel, Luca et Sebastián sont aux chiens, Pierre et Manuel sont descendus de cheval pour observer par où sortira le sanglier.Avec Gwenaëlle, nous fermons un côté de l’“enceinte”.Soudain,lesroseauxs’écartent et une masse noire s’élance poursuivie par les dogues. Pierre épaule et lâcheunpremiercoupdecarabine,puis deux autres. Le sanglier est touché. Daniel a lancé son cheval au galop, il faut arriver vite avant que les chiens, dans leur emportement, ne soient décousus par le sanglier. Il saute de cheval, tire son couteau et se précipite dans la mêlée pour achever l’animal sur lequel s’acharnent les chiens.Couvert d’une carapace de boue séchée, le sanglierestcolossal,160kilosselonDaniel. Dans la bagarre, undogueaétéblesséet perdbeaucoupdesang et le cheval du gaucho saigne au niveau du boulet.Avectroisballes danslecorpslesanglier a vendu chèrement sa vie. Après les photos d’usage, nous constatons que notre animal souffrait d’une maladie et que sa chair est impropre à la consommation. Dommage pour Daniel qui bon an, mal an tire de ses chasses une tonne de saucisson! Seule la tête sera emportée,accrochée à la selle de Sebastián qu’elle fait dangereusement glisser.Les chiens se remettent à quêter, et très vite lancent un autre sanglier sur lequel je tire deux balles avant qu’il ne s’évanouisse sur les pentes de la sierra. Des traces de sang semblent indiquer que je l’ai touché mais un calibre de 243 n’a pas dûluifairegrandmal.Entretemps,Manuel et son cheval ont fait une chute, et nous craignons pour son bras. Le dogue blessé ne pouvant plus marcher, Daniel le hisse sur sa selle et nous prenonslecheminduretour.Arrivéaurendez-vous, Mario qui était demeuré sur place – une grave blessure survenue au cours d’un match de polo lui interdisant de remonter à cheval – nous signaleavoirconnaissanced’ungrossanglierdansunevalléeadjacente.Laissant

Pierre et Gwenaëlle,je repars avec Manuel, Sebastián et Luca, tandis que Daniel et sa meute contournent par la montagne. Au bout de la vallée, nous abandonnons nos chevaux pour escalader une falaise et faisons la jonction avecDaniel.Trèsexcités,leschienstournent en tous sens avant de partir au galop.Nous nous lançons derrière eux etbientôtdesgrondementsférocesnous annoncentqu’ilsontmisaufermel’animal de chasse au flanc de la falaise que nous venions d’escalader. Aussi vite que nous pouvons nous dégringolons les rochers pour arriver sur le lieu du combat. Le sanglier est campé sur une corniche, un dogue le tient par les écoutes, un autre le mord au cuissot l’empêchant de reculer.Manuel me tend un couteau et, par deux fois,jesersl’animalaudéfautdel’épaule.

Quelquesultimesmouvementsde lutte et il tombe,salué par les hourrahs enthousiastes de Manuel et Sebastián. Nous vidons le sanglier sur plac – moins gros que celui tiré par Pierre, il est plus armé– puis le redescendons, non sans mal, dans la vallée. Ainsi s’achève, sur une journée exceptionnelle, notre séjour dans la Sierra de la Ventana que nous quitterons à regret tant l’hospitalité de nos amis argentins, l’intérêt des chasses et la grandiose beauté des paysages ont répondu à nos attentes. ◆ Nous remercions l’agence Estancia,Jesús, Armelle,à Paris,Mario,en Argentine,Pierre Mauvernay et,bien sûr,María Rosa Kemlin, sans qui ce reportage n’aurait pas été possible. Pour tous renseignements sur un voyage de chasse en Argentine consulter le site (www.estancia.fr). Estancia,7-9,rue des Deux-Portes, 78000Versailles.Tél.:01.39.20.04.18. Email:chasse@estancia.fr

Jours de C HASSE ◆ É T É

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LE POLO, UNE GREFFE RÉUSSIE

ACCLIMATÉ EN ARGENTINE EN 1875 PAR LES ANGLAIS, LE POLO A FAIT UNE PERCÉE REMARQUABLE DANS CE PAYS À TRADITION ÉQUESTRE.

LES MEILLEURS JOUEURS

PHOTOS : CHRISTOPHER PILLITZ/ALAMY - PABLO ANELI/APR./SIPA

BRUNO DE CESSOLE

DU MONDE SONT ARGENTINS.


Argentine

TOURISME

To u r i s m e

Charme provincial par Bruno de Cessole

Entre mer et montagne, le sud de la province de Buenos Aires

offre la pureté de ses paysages, et le pittoresque de ses

traditions, tournois de polo, “jineteadas” des gauchos, fêtes

de “las Carbonadas” et de l’omelette géante, en hommage

à la plus importante colonie d’origine française en Argentine.

PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE - DAVID R. FRAZIER PHOTOLIBRARY INC. ALAMY

NATACHA PISARENKO/APR./SIPA

G

rand comme cinq fois la France,le“pays des six continents” a tant de facettes qu’on ne saurait le réduire au seul « vertige horizontal » de la pampa, selon la formule frappante de Drieu la Rochelle. À elle seule, la région de Buenos Aires est si vaste qu’elle offre, des plages de la côte atlantique aux collines qui marquent la frontière avec la Patagonie,de quoi satisfaire la curiosité des touristes. Certes, on n’y trouvera pas de “monuments” naturels comme les chutes d’Iguazú, le Perito Moreno ou les décors grandioses de la cordillère andine, mais l’exceptionnelreflète-t-ilvraimentl’espritd’unpays?N’estce pas plutôt dans l’ordinaire des paysages et des petites villes qu’il se concentre? À cet égard,le sud de la province de Buenos Aires permet de se faire une juste idée de l’Argentine profonde.Cette région qui bénéficie d’un climat maritime et de températures modérées est un refuge estival des Portègnes (les habitants QUELQUES ASPECTS DE LA VIE PROVINCIALE : DE GAUCHE À DROITE, UN “ASADO” TRADITIONNEL ; GAUCHOS AU REPOS, DISCUTANT EN BUVANT DU “MATÉ” ; COIFFÉ DU BÉRET BASQUE, UN GAUCHO RASSEMBLANT UN TROUPEAU DE CHEVAUX ; EXCURSION EN BUGGY DANS LA PAMPA ; TROUPEAU DE MOUTONS EN PATAGONIE, LES OVINS Y SONT PLUS NOMBREUX QUE LES HOMMES.

de Buenos Aires) quand la capitale connaît une chaleurtorride,entredécembreetfévrier.Ilsviennent alors y respirer l’air frais de la montagne, une montagne peu élevée dont les sommets culminent à moins de 1300 mètres. La Sierra de la Ventana est une très vieille formation géologique, qui abonde en fossiles, et qui offrit à Charles Darwin lors de son expédition à bord du Beagle, l’occasion d’enrichir ses collections. Avec leurs sommets pelés et arrondis, ces montagnes font penser aux moors d’Écosse ou aux Cévennes, et invitent aux randonnées, à pied et-ou à cheval. L’écotourisme est, du reste, la principale raison de se rendre dans cette partie de la province de Buenos Aires, d’où, à partir de l’aéroport de Bahia Blanca il est possible de rejoindre par les lignes intérieures Bariloche,Calafate,Valdés,Río Gallegos et Ushuaia. DanslepérimètreforméparlesvillesdeTornquist, Pigüé, Coronel Suárez, Coronel Pringles,


PHOTOS : PABLO ANELI/AP/SIPA - BRUNO DE CESSOLE

Argentine Charme provincial

ÉLEVAGE EXTENSIF

le visiteur a le choix entre diverses activités: de la pêche à la truite à l’escalade, de l’excursion pédestre à la balade à cheval,en passant par les spectacles de polo, sport dans lequel les Argentins sont passés maîtres, fournissant les meilleurs joueurs du monde. S’il est né en Perse au Ier siècle avant J.-C., c’est en Inde qu’il s’est développé et que les Anglais l’ont découvert au début du XIXe siècle avant de l’importer en Grande-Bretagne vers 1870,où il fut tout de suite à l’honneur dans la haute société insulaire. À peine cinq ans plus tard,des émigrés anglais,ingénieurs travaillant à la construction du chemin de fer,et exploitants agricoles l’acclimatèrent aux environs de BuenosAires.Lapremièrerecensiond’un match de polo, dans l’estancia Negrete, date de 1875,la création du Hurlingham Club,homonymedupremierclubdepolo britannique,se place en 1888,et en 1922 vit le jour l’Asociación argentina de polo qui regroupait les clubs de l’ensemble du pays.Aux jeux Olympiques de Paris en 1924 et aux Jeux de Berlin en 1936, c’estl’Argentinequiraflalamédailled’or. Un succès rapide, qui s’explique par les atoutsnaturelsdupays:devastesespaces,

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la tradition équestre des gauchos et une race de chevaux indigènes,les“criollos”, petits,endurantsetmaniables,croisésavec des pur-sang anglais pour la vivacité et l’influx nerveux. Aujourd’hui, l’Argentine compte 5000 joueurs, 300 clubs et un millier de terrains de polo. C’est dans la province de Buenos Aires que cette activité s’est d’abord diffusée et presque toutes les bourgades comptent un club et des artisans spécialisés dans l’équipement d’un sport qui n’est nullement, comme en Europe, réservé à une élite “argentée”. Si le haut lieu reste Buenos Aires et son mythique terrain de Palermo,où se tient le championnat national de la mi-novembre au début de décembre, la province offre l’occasion d’assister à des matchs plus“rustiques”mais non moins spectaculaires, comme à Coronel Suárez, où siège le Club Esperanza, fondé en 1949.À côté des tournois de polo,les amateursdespectacleséquestresnemanquerontpaslesjineteadas,démonstrations de courage et d’adresse des gauchos,dévoilant leur capacité à rester en selle sur desétalonsencoresauvages,ouàslalomer au grand galop entre des obstacles va-

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riés. Quant à ceux qui voudraient s’offrirunerandonnée,plusoumoinslongue, à cheval, bon nombre d’hôtels ou d’estancias de la région mettent à disposition des touristes chevaux et guides. Si les petites villes ou bourgades de laSierradelaVentana,commePigüé,Saavedra,Goyena,ArroyoCorto,Dufaur,Colonia San Martín, ne présentent pas un intérêt architectural marquant,elles possèdentlecharmepersistantdesanciennes villes coloniales de la “Frontière”. Pour laplupart,ellesfurentfondéesentrelemilieu et la fin du XIXe siècle, voire dans lespremièresannéesduXXe siècle,etmarquentlaprogressionduchemindefer,des routes et de la colonisation d’un pays qui ne comptait au moment de son indépendance que 300000 habitants! Par rapport à l’immensité du territoire la faiblesse du peuplement était telle que la Constitution et des lois spécifiques encouragèrentl’immigration.Desagentsfurent mandatés en Europe afin d’inciter des candidats au départ. Le gouvernement offrait le voyage en bateau et, sur place, un petit pécule ainsi qu’une trentaine d’hectares,six têtes de bétail,deux chevaux et des semences. Conditions : les émigrants devaient avoir une famille nombreuse, être de religion catholique ets’engageràresterdéfinitivementenAr-


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PHOTOS : BRUNO DE CESSOLE

Argentine Charme provincial

FÊTES GASTRONOMIQUES

gentine. C’est ainsi que des familles basques, aveyronnaises et savoyardes s’embarquèrentauHavrepourvenirpeupler le plus grand pays d’Amérique latine après le Brésil. Cette immigration française, bien inférieure à celle des Espagnols et des Italiens,compta une centaine de milliers de personnes, soit 3 à 4 % du total. Entre1870et1914,l’Argentinepassa de la sorte de 1,7 à 8 millions d’habi-

tants. La région de la Sierra de la Ventana détient la particularité d’abriter la plus importante colonie d’immigrants français, qui a pour capitale la ville de Pigüé, dont le nom en langage indigène signifie, opportunément,“lieu de rencontre”.Elle fut fondée,en 1884,par un groupe de quarante familles originaires del’AveyronsouslaconduitedeClément Cabanettesavecl’assistancedeFrancisco IssalyetEduardoCasey.En1891,uneSo-

Carnet de voyage Comment y aller? Air France (www.airfrance.fr) et Aerolíneas Argentinas (www.aerolineas.com.ar). De Buenos Aires, il existe des vols intérieurs pour l’aéroport de Bahia Blanca sinon, par autoroute, il faudra parcourir sept cent cinquante kilomètres. Se loger et visiter la région Oficina de turismo de Saavedra-Pigüé. Tél.: 00.54.(02923)47.6278. Email: turismopigue@datafull.com Sur Internet: www.visitepigue.com.ar Quel climat? Maritime et tempéré. La saison chaude s’étend d’octobre à avril et la saison froide de mai à la fin septembre. L’été correspond à l’hiver de l’hémisphère nord, le printemps, à l’automne. Quelle monnaie? La devise est le peso argentin. Un euro vaut à 4 à 5 pesos.

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ciedad francesa devint un lieu de rencontre pour les habitants de Pigüé qui voulaient maintenir le souvenir de leurs origines. L’histoire argentine a conservé le nom de quelques-uns de ces immigrantsquicontribuèrentàsacolonisation et à sa prospérité.Ainsi,Pierre Luro,qui, arrivéen1837,fitrapidementfortunedans le transport et l’élevage (en 1863, il possédait400000hectareset100000têtesde bétail) et fut l’un des pionniers de la colonisation du sud de la province de Buenos Aires. Un village, Pedro Luro, perpétue son souvenir, et celui de son petit-fils, Pedro, qui, le premier, fit venir d’Europe,cerfs élaphes,sangliers,et faisans, et créa un coto de caza. Le gibier qui peuple aujourd’hui la pampa et les sierras de la province descend des animauximportésparcechasseurpassionné. Unautreimmigrantfameuxn’est autrequeCharlesThays,arrivéen 1889, qui conçut et créa plus de 200parcsd’estancias,notamment ceux de la famille Tornquist,sans compter les jardins publics de Buenos Aires et de bien d’autres villes d’Argentine.C’est à ce paysagiste talentueux que l’on doit aussi le développement de la culture de l’herbe à maté,la boisson nationale des Argentins. Parmi les célébrités locales,on se garderad’oublierlepeintreNuma Ayrinhac, dont la famille immigra de l’Aveyron en 1884 et s’établit à Pigüé. En 1918, après être retourné en France pourétudierauxBeaux-ArtsàParis,ilrevint en Argentine, se partageant entre Pigüé et Buenos Aires, et s’imposa par ses grandes peintures de paysages.Il réalisa aussi, dans les années 1940, le portraitduprésidentPerónetdesonépouse, Eva Duarte.Dans la ville de son enfance, il est l’auteur de plusieurs sculptures monumentalesengommage,notamment, àsesfondateurs.Afindecommémorerses origines, et d’entretenir les liens avec la France, Pigüé (jumelée avec Rodez et Saint-Côme)afaitdejuilletleMesdeFrancia tandis qu’en décembre la Confrérie des chevaliers de Bessières, devenue depuis la Cofradía mundial de los caballeros de la omelette gigante, organise la plus gigantesque “omelette-party” du monde: 15000 œufs, qu’une quinzaine de cuisiniersentoqueblanchetournentdansune poêle de près de trois mètres de diamètre. En plein air, bien entendu… ◆


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MO, LE CHASSEUR OROQEN, À LA CHASSE QUELQUE PART

MANDCHOURIE. ICI, UN DICTON DIT QU’UN OROQEN, C’EST “UN HOMME, EN

UN CHEVAL ET UN FUSIL.”

UNE LISTE À LAQUELLE

IL FAUDRAIT AJOUTER LE CHIEN…


Aventure ◆

Les derniers chasseurs LES OROQEN VIVENT PAR ET POUR LA CHASSE DEPUIS LA NUIT DES TEMPS. NOUS LES AVONS SUIVIS EN MANDCHOURIE, DANS DES CONDITIONS EXTRÊMES.

◆ M

reportage Luc Ric hard et photos Constantin de Slizewicz

o le chasseur progresse en silence dans la forêt de bouleaux.Son cheval est habitué à ces flancs de collines d’une traîtrise absolue où les sabots peuvent glisser à chaque instant sur des troncs morts couchés le long de la pente. Partout la neige dissimule le terrain accidenté à travers lequel il serait impossible de progresser à pied. Pour chasser les animaux qui peuplent la taïga,un cavalier oroqen ne reste pas à pied sur les sentiers.C’estdanslesmontagnesetàchevalquetoutsepasse… Ici, en Mandchourie, un dicton dit qu’un Oroqen c’est “un homme, un cheval et un fusil”. Une liste à laquelle il faudrait ajouter le chien, tant ce dernier est inséparable du chasseur. Une définition inouïe,presque inconcevable pour nous autres sédentaires modernes qui nous sentons perdus sans l’automobile et le téléphone portable… Mo arrive maintenant sur un promontoire qui domine la vallée. Il est rejoint par une meute de onze petits molosses couleur fauve, qui se regroupent en silence. Le vaste espace qui s’offre à lui en cette matinée de mars est encore couvert de neige. Les collines tapissées de bouleaux blanc et noir, de mélèzes, d’ormes et de chênes descendent en pentes douces vers un terrain dégagé. L’été, cette plaine est parcourue de rivières qui serpentent entre les jeunes bouleaux et les aulnes.Les marécages d’où jaillissent de hautes fougères donnent refuge aux moustiques, fléau de la saison chaude. Aujourd’hui, tout est gelé et recouvert de neige. En Mandchourie, l’hiver est une saison étincelante.Tous les matins, de grands ciels sans nuage sont lavés par une petite bise tranchante.Au plus froid de l’année, la température descend souvent en dessous de – 40 °C. Encetteveilledeprintemps,lefroidestsupportable,ilfaitentre…

0 et – 20 °C.Nous sommes au nord de la province chinoise du Heilongjiang, non loin du fleuve Amour et du point le plus septentrional de la Chine. Pour Mo, l’Oroqen, le chien et le cheval sont les compagnons d’un mode de vie entièrement tourné vers la nature sauvage et la chasse.Son équipement est simple,efficace.Pour dépecerlegibieretl’attacheraucheval,unehachetteetunecorde sont accrochées à sa selle en bois. En guise de tapis, une couverture. Dans le fourreau de sa ceinture, un long et large couteaudechassequ’ilalui-mêmefabriqué.Lemanche,policomme de la pierre, a été prélevé d’une fourche de bouleau, ce qui lui donne une meilleure résistance au froid. L’étui est aussi en bouleau, serré de bagues de cuivre. Pour se protéger du froid, Mo porte une chapka kaki de l’armée chinoise.Sur sa veste de treillis,il a noué autour de la taille une cartouchière,avec le minimum indispensable, comme du fil et des aiguilles pour recoudre les blessures des chiens après un assaut contre quelque animal féroce. Sur son pantalon, Mo a enfilé des jambières en peau de chevreuil,confectionnées par son épouse avec les peaux de précédentes chasses.Et en bandoulière dans son dos,notre regard est attiré par un fusil de guerre semi-automatique,une baïonnette repliée sous le canon. Il s’agit d’une version chinoise du SKS (carabine à rechargement automatique Simonov),un fusil d’infanterie qui équipa l’armée de l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’en 1990. Son chargeur peut recevoir dix cartouches de calibre 7,62 et l’arme,bien que courte, est d’une bonne précision. En Chine, on l’appelle le “modèle 56”, année de la mise en service de la version chi-


UNE VIE DE NOMADES

NOTRE REFUGE DE FORTUNE :

UNE PETITE MAISON ABANDONNÉE, AUX MURS EN TERRE ET AU TOIT EN RONDINS COUVERTS DE TERRE.

COMME “CONFORT”: UN POÊLE,

DES PLATEFORMES SURÉLEVÉES POUR DORMIR, UNE COUETTE EN PEAUX

DE CHEVREUIL COUSUES ENSEMBLE…

Les derniers chasseurs noise. Ces fusils ont été distribués aux Oroqen au début de la période des “réformesetdel’ouverture”décidéeen1978 par le successeur de Mao, Deng Xiaoping.Ce dernier souhaitait que la situation des ruraux s’améliore, et pour les Oroqen cela signifiait la reprise de la

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Dans l’autre, la droite, il tient une branche qu’il enfonce dans les volcelests laissés par le gibier dans la neige. Si elle chasse comme activité principale… Jus- est dure, la trace est ancienne. Si elle est tement,nousn’avonspasquittélachasse. légère et poudreuse, alors l’animal n’est D’une pression de la jambe, le cavalier pas très loin. Mo lève la tête,plisse les yeux et refait repartir sa monture garde la forêt.Il s’arrête devant une trace quis’enfoncedansles différente des autres. En obserbois. Avec sa main vant les contours du volcelest, gauche, Mo a saisi Heilongjiang il juge l’animal.Toujours en siles rênes et oriente lence,il regarde les arbres alenavec dextérité son Zone de chasse tours. Sur une grosse branche, cheval entre les à trois mètres de hauteur,le bois arbres. clair est à nu, rogné. L’écorce et lesmoussesquilerecouvraientont été arrachées. C’est frais, récent et c’est bel et bien l’élan que Mo et ses compagnons suivent depuis plusieurs jours. C’est a priori un jeune mâle qui doit peser dans les 250-300 kilos. Les chiensseraidissentsanslâcherunseulrécri qui alerterait l’animal. Ce dernier a peut-êtremoinsd’uneheured’avancesur le chasseur et sa meute. Il va falloir remonter la piste, en espérant que le vent ne change pas de direction. Mo se met en route à travers une forêt de bouleaux. Les troncs sont épais comme le bras et il faut les écarter d’une main pour éviter la chute. Les chiens avancent en file in-


dienne dans le sillon tracé par le cavalier et sa monture. Un peu plus loin dans la forêt,Mo est rejoint par un autre chasseur à cheval,Wang, son équipier. Sans un mot, pointant le sol et la forêt de la baguette qu’il tient, il l’informe de la situation. L’autre jette à peine un regard et repart. Il sait ce qu’il doit faire: traquer l’animal et le rabattre vers le chasseur Oroqen. Les deux hommes se connaissent bien. C’est Mo qui a appris à Wang l’art de la chasse, il y a vingt-cinq ans. Bien que Wang soit chinois han, il connaît la forêt comme un coureur des bois oroqen. Pendant plusieurs heures, Mo, Wang et les chiens suivent l’élan dans un silence presque total.De loin en loin,au grédesreliefs,lesdeuxcompagnonsdechassepeuventsevoir. Soudain,Wang distingue au loin la croupe blanche de l’élan. Celui-ci n’a guère plus de deux ans,mais il est déjà énorme. La distance est encore trop grande pour tirer,même à terre. LechevaldeWangs’élancedansunenchevêtrementd’arbres serrés,detroncsmortsetdebuissons.Quelquessecondesplus tard, un grand craquement retentit. Une branche vient de désarçonnerlechasseur.Modonnequelquesvigoureuxcoups

de talon à sa monture pour couper la route de l’élan qui, alerté, essaye maintenant de fuir. Devant lui,le terrain est plus dégagé.Le cheval prend le galop pour couper la route de l’élan. Mais il est trop tard. D’une étonnante vélocité,l’animal sauvage a déjoué le stratagème. Lorsque les chasseurs se rejoignent, il est déjà loin. D’un commun accord, ils décident de rentrer au refuge d’où ils sont partis le matin même.La route est longue,et le moralsansdouteunpeubas.Paspourlongtemps,carlameute de chiens croisera un jeune sanglier – et déjà d’une corpulenceplusquerespectable–,qu’elleattaquerasanslamoindre hésitation et immobilisera. Inutile d’user une cartouche : Wang le servira avec son couteau de chasseur,le videra puis partagera la carcasse en deux morceaux qu’il attachera de part et d’autre de sa selle. Qui sont donc les Oroqen, si ce n’est qu’ils sont à mille lieues de nos modes de vie? Du point de vue ethnolinguistique,lelangagedecepeupledenomadesappartientaugroupe deslanguestoungouses.Ilyacinqsièclesenviron,ilsontquitté laSibérie,traversélefleuveAmouretsesontinstallésenMandchourie. Jusqu’au XIXe siècle, ils étaient les seuls habitants de ces contrées sauvages,avec de rares autres peuplades.Ces quelques milliers d’hommes et de femmes étaient dispersés sur un territoire immense, le massif des monts Xing’an, partagé entre deux provinces chinoises: le nord de la Mon-

Jours de C HASSE ◆

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DANS LA TAÏGA…

SCÈNES DE CHASSE SUR LES TRACES D’UN ÉLAN. L’HIVER EST UNE SAISON ÉTINCELANTE. LES GRANDS CIELS SANS NUAGE SONT LAVÉS PAR UNE PETITE BISE TRANCHANTE.

LA TEMPÉRATURE PEUT – 40 °C. AU

DESCENDRE SOUS

PRINTEMPS, LE FROID EST SUPPORTABLE, IL FAIT ENTRE…

Les derniers chasseurs golie intérieure et le Heilongjiang – ce nom désigne le“fleuve du Dragon noir” ou fleuve Amour. Ces contrées étaient couvertes de forêts, regorgeant de sangliers, de chevreuils, d’élans, de lièvres, de lynx, de singes, sans oublier les ours noirs et les tigres… Une nature qu’ils vénéraient et dont ils vivaient, y prélevant juste le nécessaire.Leur vie,simple, était – et est toujours – d’une dureté que

nous,occidentaux,avonsdelapeineàimaginer. Avant la sédentarisation, ces “coureurs des bois” vivaient en tribu qui regroupait trois à cinq familles,liées par le sang,sedéplaçantensemble.Desgroupes de quelques dizaines de personnes, une centaine au maximum. Ils s’abritaient dans des sortes de tepees,habitations coniques, en rondins couverts de peaux et

0 ET – 20 °C!

d’écorces de bouleau, aisées à déplacer. En été,les tepees étaient plantés près des points d’eau. Les tribus déménageaient touteslesdeuxsemainesenviron,etchangeaientainsideterritoiredechasse.Quand l’hiver était trop rude,ils abandonnaient lavienomadepourdescabanesgrossières en rondins et en terre. « Lorsque j’étais jeune,il n’y avait pas de chemins de fer,pas de route.Nous ne faisions alors rien d’autre que chasser »,se souvient Guo Baoliu, un homme d’une soixantained’annéesduvillaged’Alratan qui nous recevra dans une pièce décorée de photos de chasse. Bien que d’origine dau’er – un autre peuple –,il est aujourd’hui l’une des mémoires vivantes de la cultureoroqen,quiestdevenuelasienne. Jusquedanslesannées1950,lesOroqen pratiquaient le chamanisme et croyaient aux esprits de la forêt. Ainsi, l’oursétaitunanimaltotémique.«Lesours et nous sommes apparentés.Nous leur donnons un nom particulier,amarra,ce qui signifie“grand-père”,explique Guo Baoliu. Nous aimons raconter qu’un jour,un chasseur,pris dans une tempête de neige,a trouvéunecaverned’ours.C’étaitbienaménagé et confortable.Il s’y est couché et endormi.Quand l’ours est revenu,il a laissé le chasseurtranquille.Ensemble,ilsonthiberné.


Célestin

UNE AFFAIRE DE STRATÉGIE MO ET WANG

SE CONCERTENT.

SANS UN MOT, POINTANT

LE SOL ET LA FORÊT DE LA BAGUETTE QUE

MO

TIENT, IL L’INFORME DE LA SITUATION.

SON ÉQUIPIER A COMPRIS : TRAQUER L’ANIMAL POUR LE RABATTRE…

À la fin de l’hiver,lorsque le chasseur s’est éveillé,ilavaitl’impressionqu’uneseulenuit s’était écoulée.Et dehors,la neige fondait, le printemps arrivait.Il est revenu parmi les siens,qui l’ont regardé stupéfaits.Ils le croyaient mort et lui avaient déjà donné des funérailles… Lorsqu’ils étaient tués à lachasse,ilsavaientdroitàdesfunérailles.» Guo Baoliu n’est pas près d’oublier le jour où il a occis, avec un autre chasseur,quatreoursdansunemêmetanière. Une joie incommensurable car l’ours servait à tout:la graisse pour frire les aliments, la viande pour se nourrir –la partie supérieure de l’animal pour les hommes, la partie inférieure pour les femmes–,les peaux – tannées d’une seule pièce – pour des couvertures.À la différence des autres gibiers,ce sont les hommes qui travaillaient les peaux,cela étaitinterditauxfemmes.Lesosetlatête de l’animal étaient conservés et suspendussurunepetiteplateformeconfectionnée en hauteur, dans un arbre. Les Oroqen chantaient au cours de ces funérailles éoliennes auxquelles avaient

droit les ours. Encore aujourd’hui, les Oroqen vénèrent Bainasha, le dieu de la montagne. Mais ils ne pratiquent plus les funérailles éoliennes en suspendantlescercueilsdeleursmortsdans les arbres. Le cheval du chasseur, son compagnon de chasse,devait suivre son maître dans l’au-delà:la tête coupée de l’animal était placée au côté du corps du chasseur, et sa peau recouvrait le cercueil. Les dernières funérailles éoliennes auraient eu lieu dans les années 1980. Pour l’heure, point de tepees, ni de funérailles,mais un refuge qui a été rejoint par Mo et son compagnon de chasse. Pendant la journée, les deux autres chasseurs qui occupent l’abri n’ont pas chômé.Ils ont coupé du bois, cassé de gros éclats de glace d’un lac gelé proche. La glace, une fois fondue dans un grand saut en fer près du feu, servira à préparer le repas ou à abreuver les animaux.Alors que Mo et Wang mettent pied à terre et dessellent les chevaux, les deux autres sortent des

Jours de C HASSE ◆

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De bon matin…

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UNE PROGRESSION DIFFICILE PENDANT PLUSIEURS MO, WANG

HEURES,

ET SA PETITE MEUTE SUIVRONT L’ÉLAN, DANS UN SILENCE PRESQUE TOTAL.

DE LOIN

EN LOIN, AU GRÉ DES RELIEFS, LES DEUX

COMPAGNONS PEUVENT SE VOIR…

Les derniers chasseurs bassines avec une pâtée chaude pour les chiens. Ceux-ci se jettent dessus en aboyant. Pendant une journée de chasse en hiver, un cheval peut arpenter vingtcinqkilomètresenterrainaccidenté.Pour un chien, qui ne cesse d’aller et venir dans la neige, cette distance est à multiplier par quatre : une centaine de kilomètres parcourus dans la journée!

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Le refuge de fortune occupé par les chasseurs est une petite maison abandonnée, aux murs en terre et au toit en rondinscouvertsdeterre.Lorsqu’ilssont arrivés ici, cinq jours plus tôt, la porte tenait encore mais les carreaux des fenêtres étaient tous cassés. Un des murs de l’abri s’était effondré. Les chasseurs ont condamné une pièce,puis tendu des

bâches en plastique qu’ils ont cloué sur les ouvertures béantes, isolant de l’extérieur l’espace restant où ils se sont préparésàvivreunedizainedejours.Unpoêle d’une extrême simplicité a été installé sur le sol en terre.Celui-ci était fabriqué avec un demi-bidon en tôle de cent litres dans lequel des ouvertures ont été pratiquées:unepremièrepourl’évacuationde la fumée, une seconde pour l’alimenter avec des bûches et faire cuire une marmite sur le feu. Une troisième, plus petite, au niveau du sol, pour laisser l’air pénétrer. Dansl’abri,leseulmobilierestconstitué de deux plateformes en rondins surélevés pouvant accueillir chacune plusieursdormeurs.Leschasseursontétendu dessus des couvertures,des sacs de couchage et une épaisse couette en fourrure fauve et soyeuse:des peaux de chevreuils cousuesensemble.Elleaétéfabriquéepar la mère d’un chasseur qui nous expliquera : « Avec une telle protection, nous pouvons dormir dans la neige sans craindre la morsure du froid,même à – 40 °C.» De nos jours, les chasseurs oroqen consomment une partie du produit de leur chasse et revendent le reste aux Chinois, d’autant plus friands des animaux sauvages qu’ils deviennent rares. Mais


avant les années 1950, presque tout ce dont avaient besoin nos “coureurs des bois” était tiré du gibier, et le reste était échangé contre les peaux.Les cerfs,les chevreuils et les élans procuraient nourriture,peaux et fils tressés avec les tendons séchéspourfabriquerdesvêtementsd’unerésistanceaufroid bien supérieure aux matériaux synthétiques d’aujourd’hui. La corne et les os avaient aussi des usages multiples: bijoux, boutons pour les vêtements, outils fabriqués avec un éclat de tibia d’élan… Cette vie immuable,les Oroqen semblent l’avoir connue pendant des siècles, ignorant presque les empires russes, chinoisoujaponaisquis’affrontaientdanslarégion.Lalangue oroqen ne possède pas d’écriture. Ce sont donc les autres peuples qui ont fait le récit de leur histoire. En 1945, le Mandchoukouo créé par les Japonais redevient la Mandchourie chinoise.Avec l’avènement de la République populaire de Mao Tsé-toung,la Chine étendit son contrôle sur la région.Tout au long du XXe siècle,des Chinois sont arrivés en Mandchourie. À partir de l949, ils s’y installent par millions et continuent le travail commencé par les Russes et les Japonais.Ils bâtissent des routes,des voies de chemin de fer, des villes, des industries. Ils développent les ressources, et exploitent la taïga si riche en bois résineux. Dans les années 1950, le pouvoir communiste va contraindrelesnomadesoroqenàquitterforêtsetmontagnes pour se sédentariser et devenir agriculteurs.Puis,pendant la Révolution culturelle (1966-1976),toutes les chamanes oroqen – des femmes uniquement – seront défroquées ou simplement éliminées par les gardes rouges. Une seule a survécu,elle est aujourd’hui âgée de 80ans.Jusqu’à récemment,

elle était exhibée dans les fêtes folkloriques organisées par les autorités… Danslesannées1980,lesOroqenontpureprendrelapratique de la chasse et ont été employés comme gardes forestiers.Aujourd’hui, l’exploitation des forêts est confiée à des entreprises d’État chinoises, qui emploient seulement des Chinois Han.Comme de nombreux autres peuples minoritairesdeChine,lesOroqenseretrouventmarginaliséssurleur propre territoire quand bien même ils bénéficient des avantages donnés aux 56 “minorités nationales” chinoises officiellement reconnues. À Alihe, en Mongolie intérieure, un musée leur a été consacré, où l’on peut voir des arcs de chasse et fusil à silex utilisés il y a plus d’un siècle,ainsi que

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UN SANGLIER POUR RÉCOMPENSE SUR LE CHEMIN DE RETOUR,

LA MEUTE CROISERA UN SANGLIER QU’ILS ATTAQUERONT ET COIFFERONT SANS LA MOINDRE HÉSITATION, QUE

WANG

SERVIRA AVEC UNE ÉTONNANTE DEXTÉRITÉ. PAGE DE DROITE, UN BEAU PORTRAIT DE

WANG.

Les derniers chasseurs des mannequins costumés qui présententdesscènesdelaviequotidienned’antan. En outre, les derniers locuteurs de la langue oroqen sont en train de disparaître.Seulsquelquescouplesâgésdeplus de 50 ans pratiquent encore la langue. Leurs petits-enfants, en revanche, ne la parlent pas, et comprennent, au mieux, quelques mots. Officiellement,le nombre d’Oroqen seraitenaugmentation–6000à8000personnes.En réalité,en raison des mariages mixtes très fréquents, de l’abandon du mode de vie traditionnel et de la généralisation du mandarin, les descendants de la génération qui a connu la vie antérieureàlasédentarisationsesontpresque complètement assimilés aux Chinois Han.Ironie de l’Histoire,le dernier tigre de Sibérie de la région a été abattu par un Oroqen dans les années 1950, qui a offert sa peau à MaoTsé-toung.Aujourd’hui, c’est au tour des Oroqen de disparaître comme les tigres. Du côté de l’artisanat, il ne reste plus qu’une poignée de vieilles femmes qui savent encore travailler les peaux de chevreuil

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pour en faire des vêtements de chasseurs. Qui plus est,le mode de subsistance de ce peuple chasseur est en train d’être

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interdit. Ainsi, depuis 1994, la chasse a été prohibée dans le district d’Alihe, officiellementpourpréserverlesressources naturelles, notamment la faune de la région. Un faux argument quand on sait que les Oroqen sont l’un des peuples les plus économes en vie animale de la planète.« Au début des années 1990,il y avait


encore les deux tiers des animaux qui peuplaient les forêts dans les années 1960.Entre les années 1990 et aujourd’hui,un tiers supplémentaire du gibier a disparu.» Pourquoi les forêts se dépeuplent-elles?Leschasseurseux-mêmesavancentdeuxcauses. La première, c’est la réduction des surfaces boisées. Certains bois sont abattus pour être transformées en terrains cultivables.Les forêts qui subsistent subissent des abattages intensifs et sont de plus en plus clairsemées, malgré une législation récente (1998) qui régule leur exploitation. Les écosystèmes où vivent les animaux sauvages sont tout simplement en train de disparaître. Le braconnage intensif est l’autre cause majeure de la disparition du gibier.Bien qu’illégale,la pose de pièges est pratiquée par les Chinois Han qui

s’installent toujours plus nombreux dans la province.Enfin, ceux qui en ont les moyens ou le pouvoir – riches Chinois, policiers ou fonctionnaires locaux – pratiquent la chasse en ignorant les restrictions et interdictions qui s’imposent aux Oroqen. Ce n’est pas tout. Lorsque le détenteur d’une arme de chasse décède, celle-ci est saisie et détruite. « Confisquer les fusils des Oroqen,c’est les condamner à disparaître! » juge Mo avec émotion, tout en mimant un étranglement. « Fusil, chien,cheval et couteau sont nos outils de production, explique Wei Chun,un habitant Oroqen d’Altaran. Sans fusils,pas de chasse possible.Donc plus de peaux et d’artisanat.Les chasseurs vendront leurs chevaux et n’auront plus les moyens d’entretenir des meutes de chiens.» Le vieux chasseur est ému. Nous le sommes aussi. L’instant a maintenant quelque chose d’irréel. Les hommes s’assoient sur des rondins de bois et passent à table.Lesabatsdujeunesanglier(lefoie,lecœur,lespoumons) chassé le jour même ont été bouillis dans la marmite. L’artère aorte du sanglier, considérée comme un mets de choix, un fortifiant, est offerte aux invités.Avant de commencer à manger,Motrempeunebrindilledanssonverred’alcoolblanc et l’agite vers le ciel et la terre en marmonnant quelques mots. Une prière à Bainasha et aux éléments – sol, feu et air– pour remercier de la chasse du jour.Une scène qui appartient peut-être déjà au passé. ◆

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Reportage

en Sologne ◆

Quand les beagles récrient au lapin reportage et photos Alain de l’Hermite

DÉCOUPLER SUR LE LAPIN À LA FIN DE L’HIVER A QUELQUE CHOSE DE DÉLECTABLE ET D’AMUSANT EN DIABLE.

QUI PLUS EST AVEC LE RALLYE DE L’ÉPINE EN SOLOGNE.

◆ G

oûter à des chasses de printemps a un parfum indéfinissable, que l’on retrouve toujours avec délectation,comme un fruit défendu.L’hiver s’en est allé,et le printemps ne veut pas encore prendre définitivement pied. Les odeurs et les senteurs ne sont plus aussi acérées, et la lumière commence à réchauffer les esprits. Plaisir trop rare, plaisir oublié pour ne pas dire nostalgique, car la chasse de printemps a été – avec raison pour cause d’une saine gestion– écornée,interdite, au premier chef celle des migrateurs que nos aïeux regrettent les trémolos dans la voix. C’était le temps où l’on ne comptait guère et l’on gérait peu.

Aussi, pour trouver ces quelques plaisirs d’antan, il faut être veneur, car ils peuvent assouvir leur passion jusqu’au 31 mars… Il était bien difficile de résister à l’invitation de suivre un laisser-courre à la fin de ce même mois, d’une vénerie haute en couleur, pleine de rebondissements, de musique,celledulapin,«amusante en diable » avait résumé l’inénarrable d’Houdetot, plaisir presque tropraredepuisquelefunesteprofesseur Delille leur a inoculé le virus de la myxomatose.« Il faut vous dépêcher.Nous chasserons encore trois fois.» Chantal lieutenant de louveterie de son état n’a pas eu besoin d’insister…C’estellequiprésidedepuisplusdedixansaucôtédeClaude son mari à la destinée du rallye de l’Épine. Toutes affaires cessantes, nous avons répondu à cet irrépressible appel, pour retrouver le plus vite possible le théâtre des exploits de Raboliot et de sa fidèle Aïcha. Depuis le franchissement de la Loire à Orléans il tombe des cordes. Nous sommes un peu inquiets… car chacun sait que le lapin, être délicat, déteste se mouiller. En ce début de printemps,entre Ligny et Villeny les abords familiers de la départementale solognote commencent tout juste à changer d’habits. Dans quelques jours après l’éclosion des premiers bourgeons,la forêt va retrouver des couleurs vert tendre inhabituelles en Sologne pour nous, chasseurs à tir. Brutalement à droite, une pancarte typique, sorte de point de ponctuation

PAGE DE GAUCHE LE DÉPART DE LA SECONDE CHASSE. AU PREMIER PLAN, LE BEAGLE SAVOIE. CI-DESSUS, UN LAPIN DE GARENNE.

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Quand les beagles récrient au lapin

deux maisons basses sans étage se font face. Depuis celle de gauche, un homme vient à notre rencontre. De taille moyenne et dans la force de l’âge, il marche d’un pas souple et volontaire qui peut dissimuler une activité physique régulière. Comme le mimétisme de son regard d’aigle ne saurait camoufler la passion dont il fait profession : Francis est fauconnier. Brigitte son épouse nous apprendra qu’à cette époque de l’année une soixantaine de rapaces couvent sous les volières contiguës et également dans leur maison d’en face. Elle nous fera le plaisir de nous conduire dans sa cuisine pour nous présenter deux nouveaux nés.Deux jeunes chouettes effraies dans leur couveuse sont sous la garde… du chat de la famille. Désormais à l’intérieur confiné de notre rendez-vous de chasse,nous découvrons un univers semblable à une description de Foudras. De ces petites masures écrins d’impérissables anecdotes où les intrépides veneurs se reposaient après avoir été surpris par la nuit à la poursuite d’un grand vieux loup. Un vigoureux feu de cheminée crépite et anime les canines impressionnantes de la hure d’un solitaire suspendue au mur. Non loin de là, une photographie nous rappelle une vieille connaissance,un cerf qui répondait au curieux surnom de… Camel. Son nom lui venait de son faciès particulier qui lui donnait le profil d’un chameau du fait de son prognathisme inférieur.Ce cerf“portait plus de vingt”,c’est l’un des plus beaux trophées CIC tirés hors parc depuis le début de la classification.Si Camel bramait sur le territoire des Chaises,il

LES CHIENS PARTENT QUÊTER À LA BILLEBAUDE. OÙ

À DROITE, LE RAPPORT FRANCIS DONNE DE PRÉCIEUX CONSEILS.

LA VÉNERIE DU LAPIN EST UNE VÉNERIE HAUTE EN COULEUR, PLEINE DE PLAISIR, DE REBONDISSEMENTS ET DE MUSIQUE.

routier indique « Les Chaises »…À peine le temps d’un coup de volant réflexe pour engager notre véhicule sous la hêtraiecharmaie,noussommesmaintenantabritésparlesgrandsarbres; nous retrouvons notre Sologne dans sa beauté naturelle, avec ses brémailles,ses bruyères“parfois plus hautes qu’un homme” auxquelles succèdent les genêtières. Ses chênes rabougris où s’égarentquelquesbouleauxnepeuventrivaliseravecleursfrères de la forêt d’Orléans voisine, malgré les efforts acharnés des plus habiles sylviculteurs. Mais c’est cette forêt qui attire “l’homme de chasse”depuis plus de mille ans quand Hugues le Grand au Xe siècle découplait à proximité des mêmes refuges d’épines noires où prospèrent les grosses bêtes. Désormais nous brinquebalons sur le chemin de sable tandis que nos roues déclenchent des gerbes d’eau au franchissement de chaque ornière.L’hiver nous suit encore comme une ombre. Par enchantement, la pluie vient de cesser et laisse la place à des volutes de brumes. Une belle enseigne peinte fixée sur un support de bois en forme de bonde solognote marque le terme de notre voyage. En plus d’une petite maison à colombage, deux oiseaux de proie figurent aussi sur le tableau. Dans la cour où nous sommes garés face au chenil

UNE BELLE ENSEIGNE PEINTE, FIXÉE SUR UN SUPPORT DE BOIS EN FORME DE BONDE SOLOGNOTE, MARQUE LE TERME DE NOTRE VOYAGE.EN PLUS D’UNE PETITE MAISON À COLOMBAGE, DEUX OISEAUX DE PROIE FIGURENT AUSSI SUR LE TABLEAU. 88

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Célestine

avait perdu la vie à quelques lieues de là du côté de Villeny lors d’une excursion automnale le jour d’une battue où nous étions. Nous nous sommes tout de suite sentis bien aux Chaises, car ici tout respire l’authenticité et la sincérité. Nous sommes à mille coudées des mondanités de la chasse. C’est Jean le grand ordonnateur de la chasse qui “invite” le Rallye de l’Épine à découpler dans la voie du lapin sur le territoire. Immuablement le rendez-vous a lieu en début d’après-midi, en fin de saison. Jean nous présentera Chantal et Jean. Nous pouvions enfin mettre un visage sur leurs voix.Les découvrir en chair et en os selon le plus pur respect des traditions ceints de leur tenue de veneur.Elle se compose d’une cravate de vénerie ornée d’une épingle au bouton de l’équipage de l’Épine, c’est-à-direun“lapinassisauxécoutes”;lemêmeboutonferme un gilet ventre de biche, sur une culotte bleu vert. Ici,pas de faux-semblant,ni d’enthousiasme faussement habillé : nous sommes là pour le lapin et les chiens. Le lapin… soupirent déjà quelques fashionables mal intentionnés, et surtout mal informés. Car, en paraphrasant le grand Elzéar Blaze à propos du lièvre,tout le monde a un immense plaisir à chasser le lapin, qu’il soit « grand seigneur ou plébéien, académicien ou épicier », car ce gibier est celui dont les « ruses variées à l’infini ont le plus agité mon cœur,tant par le plaisir de les déjouer que par la peine d’être vaincu par elles ».Tout est dit ou presque.Les historiens retrouvent aux alentours de la Grande Guerre les premiers équipages dédiés au lapin.Ainsi en 1914 la comtesse de Saint-Innocents fait office de pionnier et découple ses beagles dans le parc de son château.Aujourd’hui, si une cinquantaine d’équipages possèdent un authentique certificat,ilavaitfalluattendre1992pourl’officialisation.Pourtant, nous sommes à mille coudées d’une vénerie au rabais. Sans doute ne possède-t-elle pas le côté spectaculaire de la

À PEINE LE TEMPS D’UN COUP DE VOLANT RÉFLEXE POUR ENGAGER NOTRE VÉHICULE SOUS LA HÊTRAIE-

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Quand les beagles récrient au lapin

lanaissancedel’équipagedel’Épine, double homonymie du biotope favoriduditéquipageetd’unbreuvage concocté à base de jeunes pousses d’épines noires au mois de mai par nos amis. Au départ, Chantal et Claudereconnaissentavoireuunpeu de chance. D’abord il y a eu la rencontre avec un veneur réputé qui les renforcera dans leur choix et leur inclination naturelle pour les beagles (« De petits chiens courants vifs et rapides,avec leurs trois couleurs ils nous rappellent nos chiens de grande vénerie »). Il s’agit du deuxième groupe de chiens très apprécié dans la voie du lapin (avec les bassets notamment aux ÉtatsUnis, le second pays où l’on pratique cette chasse). Uneautreopportunitédécideradéfinitivementnosfuturs maîtres d’équipage à choisir des beagles. Un équipage démontait et leur offrait quelques chiens: onze ans après, la fidèlePolkaesttoujourslàpourtémoignerdel’époquehéroïque. Si statutairement un équipage doit découpler un minimum de six chiens, le rallye découple entre dix et quinze chiens, précisément quarante-cinq fois par an,deux fois par semaine à partir du 15 septembre. Pour eux, une quinzaine de chiens est un bon compromis.Au vrai, avec une meute plus importante, donc avec une chasse plus étendue,les chiens de queue auraient tendance à prendre le lapin un peu « par hasard », surtout quand on sait que sa feinte favorite est de revenir sur sa voie. Nous n’en sommes pas encore là. À 13h45 précises Francis, Chantal et Claude font la présentation de la chasse du jour non sans avoir salué la vingtaine de personnes pré-

CHANTAL SONNE LA VUE. CI-DESSUS, TROIS VENEURS ÉCOUTENT LES CHIENS CHASSER, À DROITE, CLAUDE COURT, LES CHIENS SONT REMIS À LA VOIE. PAGE DE DROITE, ASCOT EN PLEIN TRAVAIL. “DE PETITS CHIENS COURANTS VIFS ET RAPIDES”, NOUS CONFIERA CHANTAL.

grande vénerie ne serait-ce que du fait de la taille de l’animal chassé et de ses capacités physiques? Néanmoins le courre du lapin s’inscrit absolument dans la pure tradition de la vénerie. Pour Chantal, si l’on devait comparer le courre du lièvre et celui du lapin, « leur chasse est très proche avec la distanceenmoinsetleterréenplus.Pourlereste,lelapintapeauchange, double ses voies,passe l’eau,se cache,grimpe… ». Bref, avec un modeste budget, une poignée de chiens et quelques territoires bien choisis, on peut éprouver « toutes les sensations d’une authentique vénerie ». Et c’est bien là l’essentiel. Aussilongtempsqu’ilss’ensouviennent,ChantaletClaude ont « toujours été passionnés par la vénerie sous toutes ses formes. Dans leur enfance,ils suivaient l’équipage de Cheverny » (aujourd’hui d’ailleurs, Claude fait le pied pour cet équipage). Ils découpleront pendant vingt ans dans la voie du lièvre dans un équipage d’amis.«Vingt années d’immense plaisir.» Mais,ils veulent plus, car la passion est trop forte. Ce n’est, en effet, un secret pour personne que si un jour l’occasion se présente, un authentique veneur voudra tôt ou tard posséder sa meute de chien. « L’amour des chiens,voilà notre raison d’être », reconnaissent-ils.Voici pourquoi il y a onze ans, fut célébrée

UN PREMIER RÉCRI NOUS PARVIENT, SUIVI BIENTÔT PAR TOUTE LA CHORALE DES BEAGLES.SUR LE CHEMIN, UN DES SUIVEURS SONNE LA VUE.EST-CE L’ANIMAL DE CHASSE ? POUR S’EN CONVAINCRE,CHANTAL SE PORTE AU-DEVANT DE LA MEUTE… 90

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Chassez et restez connectés !

sentes. Ces “suiveurs” prévenus par le bouche-à-oreille sont d’une fidélité et d’une passion à toute épreuve… D’ailleurs dans notre for intérieur pendant la présentation, nous imaginons la chasse à venir comme une succession de lancer presque aussitôt interrompu par le terré du lapin. Pour preuve, ne venions-nous pas d’apprendre la nécessité de boucher certains terriers préalablement à “l’attaque”. Celle-ci doit avoir lieu dans une jeune sapinière distante de seulement quelques centaines de mètres de la maison. D’ailleurs cette proximité et la faible superficie nécessaires –rarement plus de 10 hectares– facilitent souvent les veneurs à trouver des territoires d’accueil. La vénerie du lapin est,en effet,peu dérangeante pour les autres gibiers. Les jeunes coupes avec une végétation dense composée de ronces,de genêts,de fougères… représentent le biotope idéal pour ce type de chasse. Certes, le sentiment y est plus tenace.Mais l’animal peut aussi développer toute une panoplie de ruses dont l’une des plus efficace est de reculer sur sa voie avant de se caler. On imaginealorslesang-froidnécessaireaulapinpourlaisserpasser la meute au-dessus de lui au risque de se faire gober.Mais aussi la satisfaction du lapin à repartir tranquillement dans le dos des chiens après avoir doublé sa voie.Selon les spécialistes : « Certains vieux lapins ont tellement bien compris la leçon qu’enchaînant double sur double ils deviennent inchassables. » Nous voici partis en direction de la jeune sapinière pour attaquer à la billebaude nos premiers lapins. Jean et Claude marchent en tête,piboles rutilantes en bandoulière. Discrets selon les instructions de nos maîtres d’équipage (« voir sans être vu,entendre sans être entendu »), les suiveurs restent en retrait.Tout du moins pour l’instant… Pendant ce temps,Francis du fait de sa parfaite connaissance du territoire a pour rôle de rendre possible la chasse « sur terre ». En d’autres termes accompagné de quelques comparses, il est allé boucher les terriers. Pour lui, cette phase a un autre aspect primordial plus méconnu: « faire l’état des forces en présence ». En se rendant sur les lieux d’habitations, en ob-

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Quand les beagles récrient au lapin

Tous les autres chiots seront donnés de préférence à des amis.Les petites chiennes,sont élevées « à la maison »; cette proximité avec l’homme est essentielle pour obtenir des chiens qui « ne soient pas craintifs et que l’on puisse rattraperfacilement».Autredifférence avec les équipages de grande vénerie, les jeunes au lieu d’être ameutés vers la seconde année le sont dès l’âge de six mois. Epson et Épine,deuxsœurs,ontaussiétéconduitesàleurpremièrechasse dès leur sixième mois. Plus précoce, Épine se déclarera à sa deuxième ou troisième chasse, en clair « elle récrie aux lapins », tandisquesasœurpluschiot«joueencoreaveclesfeuilles».Deux moisplustard,Epsonserévélerafinalementsupérieuràsasœur et chacune tiendra parfaitement sa place dans le « paquet de chiens » avant même la fin de la saison. Justement, un premier cri nous parvient suivi bientôt par toute la chorale des beagles.«Taïaut,taïaut… » le long du chemin entre une petite rivière, l’Arignan et la sapinière, un des suiveurs annonce la vue.Est-ce l’animal de chasse? Pour s’en convaincre,Chantal se porte au-devant de la meute.Son rôleestaussiprécisqu’essentiel,carsisonmarimèneleschiens, elle doit surveiller,anticiper la chasse,renseigner.Vérifier par exemple s’il n’y a pas un départ sur un autre animal, sur un chevreuil… Aujourd’hui, le risque de change est important sur un territoire riche en lapins.Ou bien plus grave,le risque de la proximité des routes. Une autre tâche importante consiste pour Chantal à jouerlerôlerelationnelaveclessuiveurs.Parexemple,accueillir

LE COURRE DU LAPIN EST UNE VÉNERIE À PART ENTIÈRE. CI-DESSUS, ÉPINE ÉCOUTE AVANT DE RALLIER ET, À DROITE, DES SUIVEURS DISCIPLINÉS ÉCOUTENT ET ATTENDENT LE PASSAGE DU LAPIN.

PAGE DE DROITE, LA PASSION

N’ATTEND PAS LE NOMBRE DES ANNÉES…

servant des indices subtils comme les grattis ou volcelests,on peut se faire une idée précise des populations,de leur état sanitaire… Pour Chantal, cette première phase de la chasse peut même être comparée à « faire le bois en grande vénerie ». À notre grand étonnement, moins d’un quart d’heure plus tard Francis nous a déjà rejoints à l’orée du bois. À l’endroit même où Chantal libère les beagles de sa voiture préalablement garée. Nous les découvrons enfin ces bouillonnants petits chiens tricolores. Ils ou plutôt elles sont quinze. « Par commodité au chenil », la meute est exclusivement composée de femelles de robes plutôt noires. Aujourd’hui, seul manque à l’appel Automne, dans l’imminence d’un heureux événement,elle est restée au chenil sous la garde d’une vieille tante. Ce qui frappe aussitôt, c’est la complicité lorsque l’on croise le regard de Vanoise, Ballade, Bruyère… Plutôt petites entre 10 et 12 kilos et d’une taille inférieure à 35 centimètres, elles ont cette aptitude à passer sous les ronces. La différence d’âge va de six mois à plus de onze ans aujourd’hui. Après avoir “rapproché les qualités des géniteurs”, par exemple choisir un mâle léger pour Automne et complémentaire de sa morphologie, ils sélectionnent « les femelles de manteau noir ».

QUEL RÉGAL, POUR NOUS, D’ENTENDRE LES CHIENS. CELA NE S’ARRÊTE JAMAIS, C’EST INCROYABLE. DES “TAÏAUT !” RETENTISSENT SUR TOUTE LA LONGUEUR DE LA SAPINIÈRE. EN BAS, PLUSIEURS LAPINS RENTRENT DANS UN TAS DE BOIS… 92

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Quand les beagles récrient au lapin

tous les chiens sont récupérés sauf Rustine.Quelquesminutesplustard, les merveilleux petits beagles prennent un lapin qui « fait des allers-retours le long de la rivière, derrière les volières».Lequatre-vingt-cinquième de la saison.Nous nous déplacerons de seulement quelques dizaines de mètres pour découpler et repartir à la billebaude. Voici le récit de la chasse tel qu’il sera écrit le soir des mains de Chantal sur le carnet du Rallye de l’Épine. « On chasse entre les deux chemins de commune : autant de lapins! Il y a toujours plusieurs lapins devant les chiens.Enfin,un a la bonne idée de traverser l’Arignan,chassé par Charmille.Claude, ayant vu cette chasse, se dit que le lapin doit être perturbé pour sauter la rivière.On arrête (avec difficulté) les chiens,on les rameute et on les remet sur ce lapin.Osé… Mais c’est bien vu: les chiens relancent le lapin et finissent par le prendre.86.Pas beaucoup de prises, mais 3 heures non-stop ! Les honneurs à M. de Baudus et à Francis Cohu. » Nous venions de chasser sur moins de dix hectares! À l’instant de la curée, notre émotion n’était toujours pas retombée.Sur cette clairière où retentissait le concert des trompes, en observant la complicité et l’amour réciproque entre ces petits chiens et les maîtres, nous étions conscients d’avoir vécu quelque chose de fort. Nous aurions voulu ne jamais les quitter ces petits beagles… ◆

ON SONNE LES HONNEURS À L'ANIMAL DE CHASSE, LA CURÉE ET ÉPINE PREND LE LAPIN. À L’INSTANT DE LA CURÉE, NOTRE ÉMOTION N’ÉTAIT TOUJOURS PAS RETOMBÉE. LA VÉNERIE DOIT TOUJOURS ÊTRE UNE FÊTE, UN PLAISIR ET, AVANT TOUT, UN MERVEILLEUX SPECTACLE…

un groupe d’enfants venu suivre la chasse. Parfois canaliser les suiveurs, mais sans jamais jouer le rôle de rabat-joie. Car la vénerie doit toujours être une fête un plaisir et avant tout, comme nous ne pouvions l’imaginer, un merveilleux spectacle. Et il est parfois bien difficile,même pour nous adultes, de contenir notre enthousiasme.Il le faut pourtant car quand « la voie est médiocre,le seul fait d’être vu ou entendu par le lapin casse la chasse… ». L’animal peut ainsi retenir son sentiment,parfoissetaperpoursefaireaussitôtgoberparleschiens. Mais aujourd’hui, la voie est excellente, avec ce temps doux et humide. « Les chiens se régalent,mais on ne voit pas grand-chose et il y a plusieurs chasses », nous explique Chantal. Du fait de la densité du couvert de ronces et d’épines, « on ne peut pas intervenir, c’est la pagaille ». Mais quel régal d’entendre les chiens. Ça n’arrête jamais, c’est incroyable ! Des « taïaut ! » retentissent sur toute la longueur de la sapinière. En bas, plusieurs lapins rentrent dans un tas de bois.Là-bas,Claude sonne la vue, puis la musique retombe très brièvement. Les chiens venaient-ils de prendre,c’est probable,nous ne le saurons jamais du fait des halliers impénétrables. Finalement

Nous remercions Chantal et Claude Langlais et le Rallye de l’Épine qui nous ont accueilli si gentiment et sans lesquels ce reportage n’aurait pu avoir lieu.

“ON ARRÊTE (AVEC DIFFICULTÉ) LES CHIENS, ON LES RAMEUTE ET ON LES REMET SUR CE LAPIN. OSÉ… MAIS C’EST BIEN VU : LES CHIENS RELANCENT LE LAPIN ET FINISSENT PAR LE PRENDRE. PEU DE PRISES, MAIS TROIS HEURES NON-STOP !” 94

Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain

par Olivier Morel d’Arleux

Te r r i t o i r e

À Montachery, le faisan s’installe

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◆ En Eure-et-Loir, du côté de Châteaudun, en pleine Beauce, les faisans ont presque remplacé les perdrix grises. Récit d’une curieuse colonisation.

C’est une image que tout chasseur un peu curieux n’a pas manqué de remarquer, celle d’une pancarte qui jalonne de part en part l’autorouteA 10 quelque part entre Allainville, Ablis et Orléans: on y voit un moulin, un épi de blé et une perdrix grise en vol, les trois symboles de la Beauce. Déjà, César avait fait 96

allusion à ces terres riches, grasses, qui allaient devenir le grenier à blé de la France, mais ces terres recelaient une autrerichesse:laperdrixgrise. À lire et à relire les vieux auteurs, à écouter les vieux Beaucerons, les densités de grises étaient proprement incroyables. Ainsi,un article de la Chasse illustrée relate dans

«unjourd’ouvertureenBeauce», une centaine de perdreaux tirés devant soi. Bien sûr, on songe à cette fameuse battue d’octobre 1936 – fameuse car y participait entre autres le roi Alphonse XIII considéré comme l’un des plus grands fusilsdesontemps–,oùenune seule journée, plus de 1300 perdrix furent tuées par seu-

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lement… huit fusils! Excessif?Assurémentavecnotreregard d’aujourd’hui. Mais à cette époque,de tels tableaux étaientmonnaiecourante,tant il est vrai que les mêmes densitésseretrouvaientd’unesaison à l’autre. Aujourd’hui,cette « plaine » chère à Vialar est toujours là, maislesperdrixgrisesontpour


PHOTOS : JUNIORS BILDARCHIV/SUNSET - OLIVIER MOREL DʼARLEUX

Les gestionnaires de la chasse, JeanChristophe Dousset et le Dr Jean-François Faure. Et à gauche, coq faisan. Chaque saison, 150 faisans naturels sont tirés pour un territoire de 200hectares.

le moins “fondu”, pour ne laisser place qu’à quelques couples d’isolés. Que s’est-il donc passé? Il faut aller voir la ferme de Montachery à Lutz-en-Dunois en Eure-etLoir, non loin de Châteaudun. Ce territoire de 200 hectaresestlaparfaiteillustration du drame cynégétique de la Beauce, du drame de la per-

drix–quifait,àbiendeségards, figure de martyr –,mais aussi des espérances qu’elle peut et qu’elle doit susciter. Autrefois, c’est-à-dire il y a une quarantaine d’années, ce domaine réputé fut le fief de Maurice Dousset,député et président de la région Centre. Située au cœur des grands domaines de Beauce, cette chasse, à l’époque de 600 hectares, était capable “d’offrir”touslesansdescentaines de perdreaux et de lièvresenbattue.Certes,cesdensitéspouvaients’expliquerpar un piégeage constant des renards, des mustélidés en tout genre, des becs droits (corneilles, pies et freux), si préjudiciables aux nids et aux jeunes couvées de perdrix. Qui plus est, si les gardes ne faisaient pas directement del’élevage,ils“aidaient”lareproduction naturelle en sauvant de la destruction les nids abandonnésàl’époquedesrécoltes,pourenconfierlesœufs àunepouledomestiquechargée d’élever la couvée jusqu’à sa réintroduction dans la nature(denosjours,ilseraitbien difficile de trouver ces couveuses dans nos campagnes pour assurer ce rôle!). À rebours, nul aménagement de territoire – bandes abris, cultures spécifiques,agrainoirs– n’était nécessaire à la conservation – voire à l’augmentation – d’un cheptel perdreau conséquent. Las. À partir des années 1980, le décrochage va être brutalencertainsendroits,lent à d’autres, mais il va être en tout cas inexorable.Si sur des territoires, des densités acceptables sont maintenues (une quarantaine de couples aux 100hectares) jusqu’en

1990, elles vont s’effondrer à partir de 2000, en dépit des efforts d’aménagement et d’une diminution drastique des prélèvements. Ainsi, à Montachery, les populations deperdrixpasserontenunpeu plusdevingtans,de45couples à … moins de 10 couples aux 100hectares.Àl’imagedudépartement, la situation s’est tellement dégradée que les chasseurseux-mêmesparl’intermédiaire de la fédération ont prudemment décrété la fermeture de la chasse de la perdrix en 2008 et 2009,pour ne pas voir disparaître les derniers couples reproducteurs. Laraison?Iln’yenapasune mais plusieurs qui peuvent avoir une influence sur la pérennité de l’espèce.De prime abord, on pense à l’augmentationdessurfacesemblavées (il n’est pas rare que certaines fassent60ou70hectaresd’un seul tenant) qui limite l’effet de lisières favorables à la nidification. On songe encore à l’emploi excessif des produits phytosanitaires, au défrichage précoce des cultures

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enfouissant aussitôt une partie des résidus de la récolte (et donc réduisant le régime alimentaire des perdrix), à la suppression par traitements des bordures enherbées des chemins,réservoirsd’insectes, si vitaux pour les poussins. C’est aussi sans compter, explique le docteurJean-FrançoisFaure,gendredeMaurice DoussetquigèreMontachery avec un de ses beaux-frères –Jean-Christophe Dousset–, avecl’arrosageintempestifdes cultures afin d’augmenter les rendements en céréales, catastrophiques pour les nids et les couvées. Etcommesicelanesuffisait pas,l’augmentationconstante de la vitesse des engins de récolte et leur utilisation nocturne (pour la moisson au phare)avale,broietoutanimal qui reste plaqué au sol, tétaniséparlasoudainetédubruit. Bref,s’ils ne sont pas équipés d’effaroucheursefficaces(installés sur le devant et sur les côtés des machines), les perdreaux seront happés par la barre de coupe. >>

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PHOTOS : DOMINIQUE GEST - OLIVIER MOREL DʼARLEUX

Vol de perdrix grises. Comme presque partout en Beauce, le territoire de Montachery a vu ses populations de perdrix s’effondrer, passant de 45 à 5 couples aux 100 hectares.

Autre constat: l’organisme Game and Wildlife Conservation Trust a publié récemment une étude passionnante qui expliquerait bien des pertes. Après avoir suivi des perdrixparradio-trackingsur un territoire de référence,des chercheurs ont constaté une disparitionparprédationprintanière de l’ordre de

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… 60%.Les scientifiques qui ontmenécetteétudeprécisent que tant que les compagnies restentgroupéesaumilieudes champs, elles ne risquent pas grand-chose,carellespeuvent voir arriver les prédateurs de loin.En revanche,à la formationdescouplesàlafinjanvier, lesperdrixrecherchentlesbordures,leshaies,lesabrisenvue de la nidification,et sont donc laproiedeprédateursailés.On ne peut donc que montrer l’importancedescouvertslaissés sur pied en hiver… À bien des égards,la chasse de Montachery a des atouts. Les terres sont exploitéesparunfer-

mier, lui-même chasseur, qui nes’opposeenprincipejamais aux améliorations cynégétiques demandées,comme de mettreenplacequelqueshectares de cultures à gibier.Qui plus est le territoire n’a jamais cessé d’être piégé: renards, fouinesetbecsdroits.Enoutre, le territoire fait partie d’un Groupement d’intérêt cynégétique de 5000 à 6000 hectares, qui permet d’entretenir de bonnes relations avec l’ensembledespropriétésvoisines.Ainsi le lièvre a fait plus querésister,grâcenotamment auxeffortsdepiégeageetàune pression de chasse raisonnable: ainsi,la population estimée est d’environ 200 capucins pour un prélèvement annuel de 50. Et les gestionnaires d’expliquer

qu’ils sont obligés d’être raisonnables dans les prélèvements car « beaucoup de lièvres sont tués sur les routes ». Surtout, phénomène nouveau, ces efforts d’aménagement ont profité à un hôte quasiment inexistant jusqu’à présent dans cette région de la Beauce: le faisan qui est en train de devenir l’espèce reine du secteur. Un comble, pour un oiseau de bois, de boqueteaux et de lisières.Pour avoir visité et parcouru le territoire où il n’y a que la plaine et quelques vagues boqueteaux, lefaisanàMontacheryn’arien d’une vue de l’esprit. « C’est bien simple,il est partout,il s’est implantépartout»,affirmeJeanFrançois Faure. On peut voir



PHOTOS : PASCAL VENDERLINDEN - BERNARD BELLON - OLIVIER MOREL DʼARLEUX

Levrauts et lièvre. Chaque saison, c’est une cinquantaine de capucins qui sont tirés sur le territoire. Un tableau volontairement raisonnable car beaucoup de lièvres sont tués sur les routes.

des dizaines de coqs qui picorent dans les blés en herbe du mois de mars,indifférents au passage des véhicules, au tintamarre du monde moderne. Et ils n’ont rien d’oiseauxdebasse-cour,quin’ont connu que l’élevage. À la moindre alerte, comme tout animal sauvage, ils coulent toujours à une vitesse stupéfiante dans les petits guérets, les chemins vicinaux et les friches adjacentes. À cette époque, on ne voit guère que les coqs sur les blés naissants, maislespoulesnesontpasloin, dissimuléesdanslesherbes… Pourtant, jamais, les gestionnaires de Montachery n’ontréintroduitdefaisans.Ils

proviennent simplement de lâcherssurdesterritoiresplus ou moins voisins, il y a une dizaine d’années. L’erratisme légendaire du faisan a fait le reste car tant qu’il n’a pas trouvé un territoire à sa guise, il piète, jusqu’à ce qu’il s’approprie un espace à sa convenance. Force est de constater en effet qu’il s’est écarté de plusenplusdesonbiotopeinitial, n’hésitant pas à s’installersurlesterresdecetterégion capable de le nourrir et de le protéger. « Surtout, affirme Jean-François Faure, on remarque qu’au bout du compte, ilapparaîtmoinsvulnérableàcertaineschosesquelaperdrixgrise.» Certes,il est tout aussi sensible que la perdrix à la prédation, au dérangement incessant de la motorisation agricole ou aux empoisonnements dus aux produits chimiques,maisc’estunfaitqu’à

bien d’autres égards,il est capable “d’utiliser” le biotope beaucoupmieuxquenelefont des perdreaux. Il fréquente, coloniseaussibienleschamps de grande culture, se réfugie dans les friches,les pointes de bois,lescarrières,lesabordsde bâtiments ou autres terrains vagues.En outre,souligne un desgardesdeMontachery,«la poulefaisaneneconstruitpasson nid en lisière de culture comme la perdrix,mais à l’abri du pied d’un buisson, d’une friche en herbe,pour se cacher le plus possible d’un rapace… ». Les chiffres sont là pour attester que le faisan s’est bien adapté. Ainsi, en quelques années, les populations ont littéralement explosé. Bien qu’elles ne fassent pas encore l’objet d’un comptage précis, on peut légitimement les estimeràenviron400oiseaux(le même constat a été fait sur les

chasses limitrophes). Ce qui permet un prélèvement d’environ150oiseauxaucoursdes deuxdernièressaisons;cesoiseauxsonttoujourschassésen battue, « avec toujours l’idée de ne tirer que les intérêts et jamais le capital ». Signalons que les propriétés voisines de Montacheryont-ellesaussiconstaté une implantation durable du gibier cher à saint Louis. Unequestiondemeuretoutefois: pourquoi, dans des conditionsdebiotopesomme toute très proches, perdrix grise et faisan ne cohabitentils pas harmonieusement en grand nombre? Au fond, les gestionnaires de Montachery et l’ensemble des Beaucerons ontunautredéfiquilesattend: faire revenir la perdrix grise dans son bastion.Le plus dur commence, car c’est une affaire qui intéresse toute la chasse française. ◆



Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Humbert Rambaud

Du côté des chiens…

Les field trials en question

◆ Les field trials, ou “épreuves sur le terrain”, ont été créés pour sélectionner les meilleurs chiens de chasse, notamment d’arrêt. Pourtant, depuis de très nombreuses années, des voix s’élèvent pour en dénoncer les dérives, néfastes pour la chasse…

ALAIN DAMPÉRAT

Field trial : cela signifie comme la meilleure des sélec- tion.A-t-on oublié que Phé“travail au champ”, par ex- tions»pourledéveloppement bus décrivit les qualités phytension “épreuve sur le ter- de l’amélioration d’une race siques et morales qu’il convenait de préférer dans chaque rain” et, au bout du compte, de chiens. Ilfautreveniruninstantsur race de chien de race ? Ces une compétition pour départager,classerdeschiensde l’origine même de ces com- sélections restèrent très“prichasse et en majorité les pétitions. Depuis des temps vées”tant que la chasse resta dans un cercle ferchiens d’arrêt.Qu’on mée.Maistoutchanne s’y méprenne pas, gea quand tout cices deux mots font toyen, du moins en parler, écrire, discuFrance, put chasser, ter âprement chasc’est-à-dire après la seurs et cynophiles Révolution. C’est de l’Europe tout endonc au XIXe siècle tière depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, que force races de peut-être encore plus chiens d’arrêt vont qu’hier. Car les field être créées ou fixées trials ont pris, en une aprèsbiendestâtongénération, une imnements,et des croiportanceconsidérable sements.L’élevagedu (il faut en effet savoir chienvadevenirplus que chaque semaine, rationnel ; la cynoce sont près de cinq philie va s’organiser. cents chiens qui arOr que cherchaient pentent plaines et leschasseurs,c’est-àbois, entre les condire les utilisateurs? cours de printemps, Conserver et perfecd’été, d’automne…), tionner les qualités àlafoisdanslemonde pratiques de leurs de la cynophilie et cechiens.Aussi, ils failui de la chasse. saient couvrir des Conducteur faisant couler son setter anglais Aussi, ils méritent lors d’un field trial de printemps. chiennes par des qu’on s’y arrête, mêchiens d’amis qu’ils me forcément de manière immémoriaux, depuis que jugeaientêtrelesmeilleurs.La succincte, surtout quand on l’homme a domestiqué des sélection se faisait à la chasse, saitquelesfieldtrialssontcri- animaux, il a cherché à con- entreamisouvoisinsquichastiqués depuis leur origine, server pour ses besoins les saient sur le même terrain, non dans leur principe, mais produitsdesparentsquirem- avec les mêmes goûts et les dans leur application. Bref, plissaient le mieux leur rôle. mêmes besoins. Disons-le comme l’a écrit le grand Jean Les chasseurs n’ont pas tout net : les chiens tarés ou Castaing, ils sont « la pire échappé à ce désir de sélec- ayantdegravesdéfautsétaient 102

Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2010

sacrifiés,ouentoutcas,étaient systématiquement écartés de la reproduction. Puis, peu à peu,des promoteurs de clubs de chiens d’arrêt vont inciter les chasseurs, utilisateurs d’une même région à organiser des parties de chasse pour comparer,juger les qualités et les défauts de leurs sujets, sans esprit de compétition, dans le but de choisir les meilleurs pour la reproduction. Pays de l’élevage par excellence,paysoùsontnéslepointeretlesetter,c’estenGrandeBretagnequefurentorganisés les premiers field trials au début des années 1860, qui étaientavanttoutdesréunions d’amateurs. Justement, ces amateurs, généralement de grands aristocrates fortunés, transformèrentces“examens” de chiens en manifestations publiques et en concours.Les épreuvesfurentréglementées, codifiées.Leschiensétanttous dessettersetdespointers,dont la quête rapide faisait la fierté des éleveurs,leurs vitesses furent exaltées. En Belgique et en France, les éleveurs ne tardèrent pas à imiter leurs collègues britanniques et dès la fin du XIXe siècle,lesfieldtrialspassionnaient de nombreux cynophiles sur le continent, comme Paul Caillard ou Ernest Bellecroix.Pour eux,par


PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT

Pointer en plein galop et deux épagneuls bretons. En théorie, les field trials jouent le rôle d’une vraie sélection en améliorant les qualités naturelles des chiens, le nez, l’arrêt, l’entreprise, l’endurance pour les chiens d’arrêt…

ces confrontations sur le terrain, les races ne pouvaient ressortirquegrandiescarelles offraient une véritable sélection et amélioraient « les qualités naturelles du chien d’arrêt: puissance olfactive,arrêt, entreprise,endurance,vitesse », selon l’abbé Godard, grand connaisseur et grand passionné de field trials. Dès l’entre-deux-guerres,ilvadevenir un phénomène. Les épreuves sont divisées entre races anglaises et races continentales, entre quête à l’anglaise(enfaitlagrandequête), à la française, de chasse pratique avec gibier tiré. Mais déjà,des critiques fusent, pour prendre encore plus d’ampleur depuis une génération.Le field trial porterait, en effet, en lui, si l’on n’y prenait pas garde, les germes d’une éventuelle dérive. De quoi s’agit-il ? Le principedecetyped’épreuve

est, pour le chien, de trouver, et si possible d’arrêter du gibier dans un laps de temps donné (un quart d’heure) ; ledit chien doit donc obligatoirement et forcément aller vite. Or,cetteconception conduit peu à peu à une uniformisation des fonctions et des aptitudes,«racesetvariétéssefondantdansun même creuset où se forgeait un chien d’arrêt moralement standardisé, et peu à peu le devenant dans sa structure,auquel une publicité,parfois de bonne foi,conférait lasuprêmeet nouvelle noblesse: le trialer » écrivait Jean Castaing,il y a plus de cinquante ans. Partant–iln’étaitpasleseul à le dénoncer –,au lieu de rechercher dans ces épreuves lamiseenvaleurdesaptitudes

des sujets à chasser selon les moyens de leur race, sur les terrainsetdanslesconditions auxquelles elles étaient destinées,les éleveurs et les propriétaires eurent pour but de remporter des concours sur des terrains et des gibiers qui ne ressemblent en rien à ceux de la plupart des utilisateurs… Sans compter que la chasse est tout sauf une épreuve de vitesse.Bref,pour

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Jean Castaing et autres Ronan de Kermadec, lui aussi grand nom de la cynophilie, il n’y avait pas l’ombre d’un doute : les field trials devenaient peu à peu une fin, et non plus un moyen de sélectionner les meilleurs sujets pour la chasse. Exagération ? Voire. Pour eux, les “fields”, comme on les appelle communément, ontquelquechosed’artificiel.

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Sur le terrain

PHOTOS : ALAIN DAMPÉRAT

Sur le terrain

Conducteur et son setter, et pointer. Un des grands travers des field trials est qu’ils exigent de plus en plus de vitesse. Or qui dit plus de vitesse, dit plus d’entreprise, plus d’influx nerveux. Et, au bout du compte, des chiens de plus en plus délicats à conduire.

Ilsprenaientl’exempledesfameuxconcoursdeprintemps (les plus cotés),qui se déroulentsurdesplainesrases,pour des chiens de grande quête, qui doivent arrêter des perdreaux (en couples à cette époque). Or, explique Castaing, cela nécessite un dressage spécial « inutile et même gênantpourlachassepratique»,

impliquant une allure forcée insoutenable… Les partisans des field trials actuels arguerontqued’autresépreuvesont été créées en terrain plus varié,ditesdechassepratique… Mais en réalité, même là,“la chance et la présentation”ont plus de poids que les qualités naturelles. Au bout du compte, toutes ces compétitions sont devenues “l’apanage des professionnels”. Que diraient aujourd’hui Jean Castaing, Ronan de Kermadec ou William Arkwright ? Ils seraient sans doute horrifiés et effondrés. Car ce qu’ils avaient dénoncé et redouté s’est accéléré de-

puis une trentaine d’années, sous l’influence, il faut bien le dire, des dresseurs italiens (contaminant la France et la Belgique), qui ont fait des field trials un spectacle et un “business” à part entière. Qu’y voit-on,du moins dans lesépreuvesdegrandequête? Des chiens qui sont des “avions”,prenant500mètres de chaque côté de leur conducteur… Certes, la raréfaction des couverts, et du petit gibier sédentaire a poussé des éleveurs à ce que leurs produits aient de la vitesse. Mais tout de même… Quoi qu’on en dise, les concours qui se déroulent dans

Conducteur lâchant son setter lors d’une épreuve. Les field trials sont indispensables. Mais il faut sans doute en réformer l’esprit. Page de droite, setter au rapport d’une bécasse.

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Jours de C HASSE ◆

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des plaines rases sont des terrains pour battues et non pas pour chasser avec des chiens d’arrêt.Cetterecherchedevitesseamodifiélacarted’identité des races de ces chiens ; qu’unpointeraillevite,qu’un setter aille vite, c’est normal (ils ont été patiemment sélectionnés par les Britanniquespourcela),maisqu’un épagneul breton, qu’un bleu d’Auvergne – chien de quête moyenne s’il en était – aillent de plus en plus vite, c’est un non-sens.Cette vitesse étant obtenuepardesretrempesde pointers ou de setters. « Dire qu’en augmentant la vitesse,le reste viendra par surcroît est absurde.À ce compte,le lévrier serait de haut nez », reconnaît un éleveur qui a préféré garder l’anonymat. La recherche du fameux “style”est tout aussi néfaste, comme le galop, le port de tête, d’exiger que les setters anglaisarrêtentcouché(alors que dans les origines mêmes de ce chien, aucun témoignage ne vient corroborer cette thèse!).Là encore,c’est une perte d’identité et une uniformisation des races.


Comme le dit justement ce même éleveur : « Les races sont si nombreuses et si variées que si vous avez le choix entre un chien qui va lentement ou un chien qui va vite,c’est une question de goût… » C’est en réalité un cercle vicieux qui s’est installé.Qui dit plus de vitesse,dit plus d’entreprise, plus d’influx nerveux…et,auboutducompte,deschiens

de plus en plus délicats à conduire.Qui n’a pas entendu des chasseurs pestant contreleursetter,leurpointer«intenable, partantàdescentainesdemètres»?Certes, il y a au départ peut-être un dressage sommaire,mais pas seulement… Signe qui ne trompe pas:lors de ces épreuves, ce ne sont pas les propriétaires du chien qui conduisent mais des dresseurs professionnels.En s’achetant un champion bardé de diplômes, le chasseur peut croirequ’ilauralemeilleurchien:cesera peut-êtrelecasmaissesrécompensesne

sont jamais la garantie de certaines qualités indispensables au chasseur. « C’est du snobisme du mercantilisme,de la prétention bien française à ignorer le passé. Nous avons fait fausse route », s’emportait Kermadec. Déjà… Certes, il ne faut pas généraliser, il y a de remarquables chiens dans ceux quiontlesmeilleursclassements,mais sont-ils utilisables par le sansgrade? Il est permis d’en douter.Faut-il supprimer les field trials puisque le doute plane? Ce serait sans nul doute une énormeerreur.Carilssont«absolument nécessaires », disait l’abbéGodard,pourdécelerles qualités cynégétiques d’un chiend’arrêt,maisilfautenréformer l’esprit. Si les cynophiles veulent élever des chiens dans le seul but deconcourirdanslesfieldtrials, c’est leur droit le plus strict. Mais à côté, il faut redonner toute la place aux chiens d’arrêtutilisablespartoutlemonde. CommeenAngleterre,celapasserait par des épreuves où les chiens devraient être obligatoirement conduits par leurs propriétaires. Il ne faut jamais oublier,disait Castaing,que«la finessedenez,quin’estpaslapuissance,jointe à l’intelligence de la chassesontbienplusprécieusesque la quête rapide et bien réglée,dont le culte,parfois,les fait pénaliser ou négliger ». De la même manière, il faut arrêter avec cette standardisation destructrice en créant des épreuves spécifiques pour chaque race, et donc avec la volonté de reconstituer ces mêmes races d’une richesse presque infinie. Tout cela afin d’avoir des reproducteurs dignes de ce nom. À rebours,il ne faut pas se cacher que cette révolution passe par une autre révolution : le retour du petit gibier sédentaire, avec des couverts afin que les chiens d’arrêt puissent travailler efficacement… ◆

Jours de C HASSE ◆

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Armurerie

L’Atelier Verney-Carron

Au firmament de l’artisanat

◆ Depuis l’année 2004 avec l’intégration des Établissements Demas, Verney-Carron a fondé L’Atelier Verney-Carron. Ici dans la plus pure tradition artisanale stéphanoise alliée à la technologie la plus avancée naissent des armes d’exception.

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PHOTOS : PATRICK IAFRATE

V

erney-Carron. Fabricant d’armesàSaint-Étienne.Trèsancienne firme. Plusieurs brevets demodification. Voilàbienuninsigne honneur d’être cité par Ferdinand Courally dans son très élitiste résumé alphabétique de l’histoire de l’arquebuserie depuis 1807. On l’aura compris: il est bien difficile de ne pas songer à ces quelques mots quand nous avons franchi les portes de la manufacture Verney-Carron, boulevard Thiers à Saint-Étienne. Aurez-de-chaussée,noussuivons une silhouette longiligne, sortedemétaphorevivantedes cinq générations qui l’ont précédé. C’est Jean VerneyCarron,lejeunedirecteur. Avant de pénétrer dans L’Atelier Verney-Carron, nous avions déjà senti le délicat fumet de toutes ses armes de luxe. Il y eut d’abord une odeur, celle de l’huile de lin des belles crosses où se mêle celle d’une graisse reconnaissable entre toutes. Maintenant, au fur et à mesure que nous avançons, nousparvientlebruitmécanique discret d’un canon qui épouse sa bascule. Surprise en entrant. Depuis les grandes verrières du toit cranté, nous nous retrouvons dans un puits de lumière.

L’entrée de la manufacture, boulevard Thiers, dans la cité stéphanoise.

Derrière les rangés d’établis alignés sur un sol à la propreté exemplaire, une quinzaine de compagnons sont concentrés sur leur ouvrage. D’ailleurs, notre arrivée semble ne modifieraucuncomportement. «Basculeur avec sa lampe, metteur à bois qui joue du ciseau… toutes les étapes de la fabrication des fusils et des carabines sontexécutéesici.Uneseuleexceptionlesgravures», nousdira Jérôme à voix basse. C’est lui le responsable de L’Atelier Verney-Carron. Justement, nous découvrons l’un des fleurons de L’Atelier : une Kipplauf Azur Legend, d’une élégance parfaite avec son canon octogonal habillé

Jours de C HASSE ◆

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Jean Verney-Carron, Jérôme Lanoue, le directeur de la production, et Pierre Verney-Carron photographiés au cœur même de L’Atelier.

d’un fût long au noyer huilé couleur de miel. Sa gravure est réalisée par un maître graveur en ornementationfineanglaisedepuis la bascule pour s’étendre aux platines. Alors on conçoit la quiétude indispensable à un tel travail artistique, difficilementcompatibleavecl’environnement animé d’un arsenal… Toujoursaufirmamentdelaproduction artisanale, nous découvrirons deux autres armes de la même qualité. Leurs chiens extérieurs qui dominent les pla-


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Sur le terrain tinespeuventsembleranachroniques, pour nous, elles symbolisent le retour d’un véritable savoir-faire: en un mot la plus puretraditionarmurière.Etcela faitpresquetroissièclesetdemi que cela dure. L’histoire de Verney-Carron ou plutôt celle de Verney tient presque d’un conte inventé dans les monts du Forez. Elle débute dès le XVIIe siècle à l’époque où les historiens sortentdel’anonymatlespremiers fusetiers.Voilàpourquoilenom de Verney-Carron est intimement lié à l’origine donc à l’histoire mondiale de l’armurerie, même si officiellement la sagaVerney-Carrondébuteà Saint-Étienne avec la naissance de Claude Verney (1800-1870) – petite anecdote, dans la famille, on s’appellealternativementClaude et Jean de père en fils. Dès l’âge de 20 ans, le patriarche Claude remporte le premier prix de la Ville au concours d’armurerie. Son chef-d’œuvre ? une crosse “à la française”enboissculpté est fièrement présentée par le magnifique musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne. La légende est en route, et désormais Claude signe ses

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

Sur le terrain

œuvres. Quand en 1830, il épouseAntoinetteCarron,ellemême issue d’une lignée d’armuriers, ils unissent leur nom

en même temps que leurs destinées, afin de supprimer le risque d’homonymie avec un autre Verney. L’espace de deux générations les Verney-Carron continuent à travailler “à la maison”, selon « la coutume artisanale et traditionnelle stéphanoise », précise Pierre, le président du directoire. Tout va changer après la Grande Guerre:lademanded’armesde chasseestconsidérable,démocratisation de la chasse oblige. En 1926, la première usine voit le jour cours Fauriel, comme il se doit à Saint-Étienne. Au côté des géants qui s’appellent Régis Darne et “La Manu”, conformément à la façon dont on Détail de la bascule en damas à l’élégant dessin moiré. Et, à gauche, une carabine Azur. Sa gravure est réalisée par un maître graveur en ornementation fine anglaise depuis la bascule pour s’étendre aux platines.

Jours de C HASSE ◆

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Tout le travail exigeant de la mise à bois et, ci-contre, basculage au noir de fumée : dans L’Atelier. Les étapes de fabrication s’enchaînent pour donner naissance à une arme unique. Le symbole d’un vrai savoir-faire dans la plus pure tradition armurière.

nommait affectueusement la Manufactured’armesfrançaises de Saint-Étienne (1885) des associés Mimard et Blachon. Il est intéressant de se souvenir du mode de commercialisation de l’époque où il n’était pasquestiond’utiliserunréseau d’armuriers. « Seule la vente directe au détail avait droit de cité », nous rappelle Pierre. Le premier catalogue annuel date de 1865; les couvertures sont illustrées en noir et blanc puis en couleurs aux titres évocateurs (« Un beau doublé » ou « Viser, c’est tuer ») pour exprimer l’excellence du produit. Déjà à l’époque, la publicité n’estpasenreste,d’ailleursestilpossibled’imaginercomment,


en1935,uneéquipeconstituée Aujourd’hui plus personne tion d’articles de pêche et de dedouzesecrétairesadresse-tn’ignore le nom de Verney-Cartennis. Sans compter que Verelle trimestriellement une ron, la plus ancienne et la plus ney-Carron lancera sa produc“lettre”, comme on dit aujourimportante fabrique française tion de bicyclette en 1936. «Cettedernièrediversification, d’hui, à… 300000 clients? en activité d’armes de chasse. à une période où peu de gens Le second mode de vente a Forte d’une centaine de salasont motorisés, aide l’entrelieu dans des succursales. Trois riés, elle fête cette année son prise à passer les dures années verront le jour: Lyon en 1872, cent quatre-vingt-dixième ande la Seconde Marseille en 1876 et Paris en niversaire et pro1907. Dans le chefd’œuvre du général Chambe (le Cor de Monsieur de Boismorand), notre intrépide chasseur de coq décrit par le menu l’armureriedesonenfance au tout début du XXe siècle. Les caricatures du directeur monsieur Jeandet et de ses clients devenus au fildutemps“les membres d’un véritable club” sont truculents et pour nous sans équivalent dans la littérature cynégétique. « À Lyon, se trouvait à l’angle de la rue des Archers… – un nom prédestiné pour une armuUn compagnon de L’Atelier “relime” une bascule d’Azur en acier forgée rerie – une grande et systématiquement en proportion du calibre choisi, jusqu’au .410. belle armurerie : l’arÀ droite, le basculage d’un superposé SL à contre-platines. murerieVerney-Carron. Vue de l’extérieur l’arGuerre mondiale », nous exmurerie Verney-Carron était pose pour l’occasion une série plique-t-on. De dures années semblable à beaucoup d’aud’armesnumérotéesde1à190, qui perdureront avec la crise tres, mais à l’intérieur il en alen particulier un superposé exterrible que traversera l’induslaitdifféremment,elleoffraitun press SX dont les contre-platrie armurière dans les années caractère particulier. Elle avait tines sont décorées d’ivoire 1970. D’ailleurs, c’est à cette une âme. » de… mammouth! Las, « la crise consécutive au époque, dans un souci d’écoContreventsetmarées,lasokrach de 1929, ne permet malnomie, que Claude Verney-Carciété a su résister aux tempêtes heureusement pas de profiter ron,troisièmedunom,quittera, au cours desquelles tant pleinement de cette nouvelle la mort dans l’âme, le siège hisd’autres ont péri. Sans doute organisation », se souvient-on torique pour emménager dans comme l’écrit Dominique Venboulevard Thiers. De nouveau, les locaux de l’atelier mécaner parce que « la société Verney-Carrons’esttoujourssinguon doit s’adapter à la nouvelle nique du 54, boulevard Thiers. larisée par ses inventions, conjoncture, et faire confiance Cela malgré la réussite du Sarefusant de copier les modèles à la fidélité des clients… En gittaire leader et « premier fusil superposé français fabriqué inventés par d’autres ». En effait d’adaptation, ce sera une fet,quelchasseurn’apasenméen grande série ». diversification dans la distribu-

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moire le succès du premier fusil automatique français en 1954?Plustarden1967,cesera le célèbre Sagittaire, décliné ensuite autour d’une bascule en alliage léger ou modèle “plume”.Sansoubliersaversion express en 1989. Et que dire du nouveau superposé Super 9sortien1993,etde la carabine à verrou Impact Plus qui a vu le jour en 1996? En 2000, ce sera l’Impact Auto, « la première et la seule carabine automatique de chasse fabriquée en France ». Si l’on devait demanderauxspécialistesdu monde entier quel est le un point commun à toutessesarmes,laréponse serait certainement “l’excellence de la pièce maîtresse : la canonnerie”. Historiquement dès le rachat du célèbre canonnier Jean Breuil en 1963,HenriVerney-Carronpeutdésormaismaîtriser toute sa chaîne de fabrication. À ce moment,Verney-Carronpénètre vraiment dans l’ère de la production industrielle moderne.Nouslevérifierons,car,qu’ils soientlissesourayés,lescanons Verney-Carron sont fabriqués àSaint-Étienneselonleprocédé le plus moderne du martelage à froid. Aujourd’hui fort de cet héritage,indispensablepourlaproduction d’armes de chasse de qualité, les Verney-Carron ont voulu revenir vers le haut de gamme sur-mesure. Conséquence de cette nouvelle stratégie, L’Atelier Verney-Carron voit le jour après le rachat en

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Sur le terrain 2004 des Établissements Paul Demas, mondialement célèbre pour leur express juxtaposé, et pour leur bascule brevetée en acier forgé équipée de trois crochets de canons parallèles. Quasiment indestructible, le basculage de la carabine Azur peutenvisageralorstouslescalibrespossibles,ycomprisleterrible .600NE en modèle Safari (disponible dans trois niveaux de finition, cette carabine représente l’arme africaine dans la plus pure tradition). Qui plus est, afin de proposer une offre vraimentcomplèteàsesclients, L’Atelier fabrique à la commande un modèle de carabine à répétition autour dusystèmeMauser98Magnum : la Vintage Safari Luxe est disponible d’origine en calibre .375 H&H et .416 Rigby. Que ceux qui ne sont pas des broussards se rassurent : la gamme des modèles Azur, c’est-àdire juxtaposés, est proposée en expressdanslaplupart des calibres européens (canon de 20 en option) et cinq niveaux de finition. Même chose pour l’Azur enversionar-

PHOTOS : PATRICK IAFRATE

Sur le terrain

me lisse. Nous constaterons avec délice la présence du calibre 16 au catalogue de L’Atelier même pour la gamme superposée SL. Un juxtaposé a particulièrementattirénotreattention: le modèle Azur en calibre 28 (.410 disponible), avec sa bascule traditionnelle ou rondeproportionnéeaucalibre, c’est un régal non seulement pour les yeux mais aussi pour la balance et l’équilibre. On l’a oublié mais avec la fabrication d’armes prestigieuses, Verney-Carron ne fait que renouer avec ses premières amours. Dans son remarquable ouvrage Platines,LaurentBedu nous rappelle « que cette firme futpendantdenombreusesannées une productrice remarquéed’armesjuxtaposéesàpla-

Deux exemplaires des catalogues Verney-Carron de 1933 et de 1931. Aux premières couvertures en noir et blanc en 1865, succéderont d’abord la bichromie puis la quadrichromie.

tines ». Dans la vitrine musée à l’étage de la manufacture, nous découvrirons des armes exceptionnelles.Cesontcesmodèles au mécanisme Holland démontable à la main qui se nomment Hélicobloc ou Héluduplex en référence à leur verrouillage. L’Hélice-Grip permettait alors un verrouillage multicrochets digne du plus hermétique des coffres-forts. Également, comment ne pas tomber amoureux de ce merveilleux fusil à double détente avec ses trois canons

juxtaposés où deux tubes de calibres 28 entourent un calibre 20 équipé d’un chien rétractable ? Et l’on rêve de posséder la version de cette arme lorsque L’Atelier Verney-Carron décidera de la remettre en chantier. Une journée bien singulière s’achevait, celle du renouveau de la fabrication en série de l’arme stéphanoise de qualité. Onnepeutqu’enféliciterlesdirigeants, souhaiter que le succès soit au rendez-vous et montrer que le savoir-faire français ◆ n’est pas un vain mot… Verney-Carron,54,boulevard Thiers,42002 Saint-Étienne. Rens. : 04.77.81.01.21 et www.verney-carron.com Email:l.atelier@verney-carron.fr

Deux armes exceptionnelles symboliques de deux époques. Une arme lisse à trois canons un 20 et deux 28, qui date du début du XXe siècle ; et à gauche, la carabine rayée monocanon Azur Legend à chien externe.

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Jours de C HASSE ◆

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Génération responsable


Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Alain de l’Hermite

Essai Lunette Zeiss Duralyt 1,2-5x36

Retour aux fondamentaux

◆ Moins d’options et de finitions, sans renier la solidité et l’excellence, le tout à un prix compétitif : c’est le pari réussi de Zeiss avec sa Duralyt.

PHOTOS : ULLA HEBGEN/ZEISS

C

’est toujours un événement quand Zeiss présente une nouvelle lunette –la Duralyt–, tant il est vrai que le célèbre manufacturier allemand nous a toujours habitués à l’excellence depuis quelques décennies. À encroirelesingénieursdeWetzlar, il s’agit de la « meilleure lunettedeviséeenmatièrederapportprix-performances Madein Germany ». À rebours, on devine déjà l’inquiétude de ceux qui imaginent une nouvelle optiquegavéed’électronique,parfois si éloignée de leur préoccupation du terrain. Qu’ils se rassurent, la Duralyt est tout l’inverse. Un seul exemple,lorsdevotreprochain voyage en Afrique, vous n’aurez plus à penser à vous équiper d’une réserve de piles. En clair conformément au souhait decertainsglobe-trotters,leréticule lumineux a disparu. Remplacéparunréticule6leplusuniversel,carjugéplusconfortable et plus précis que le réticule 4. Qui plus est, puisqu’il est invariant,leréticulenemasquerapas la cible avec le grossissement.

Onl’acompris:aveclalunette Duralyt, la démarche de Zeiss est de renouer avec les fondamentauxdel’optiquedechasse, en restant fidèle à sa réputation de solidité et d’excellence. Car –nous le vérifierons– l’assemblage des lentilles au traitementtraditionnelmulticouche autour d’un mécanisme d’une onctuosité sans pareille n’a rien à envier avec les meilleurs modèles de la collection. Toutefoisafindelimiterlecoûtdeproduction, certaines options ou certaines finitions ne sont pas disponibles avec les Duralyt. Ainsi le tube central de 30 millimètresseratoujoursassemblé à la carabine au moyen de colliers; le rail interne n’est donc pas disponible. De même des traitements de pointe pour faciliterleruissellementcommele Lotu Tec ou bien encore l’ultime technologie des verres à composés fluorés ne sont pas disponibles. Enfait,lagammeDuralytvient compléter la collection Zeiss avec trois modèles. Un premier modèle léger, la Duralyt 1,2-

5x36, dont le large champ et le réticule bien visible même au plus faible grossissement le prédispose à la chasse en battue.Occasionnellement,legrossissement 5 permet de l’utiliser de jour à l’approche lors de tir à moyenne distance. Bref, un modèle relativement polyvalent. La deuxième Duralyt est une lunette 2-8x42, aussi compacte que la précédente.L’augmentationdelaluminosité du fait du plus grand diamètre d’objectif et son grossissement la destinent naturellement aux chasses crépusculaires. Troisième modèle,lalunette3-12x50: si son objectif lumineux la destineauxamateursdela chasse au mirador dans des conditions de faible luminosité, elle est aussi parfaite encomplémentd’unelégèrecarabine de montagne. Nous avons testé le modèle 1,2-5x36. Comme ses deux sœurs,elleinaugureunnouveau revêtement Eloxal gris foncé et mat. Cette patine est en par-

faiteharmonieavec les crosses synthétiques de certaines carabines actuelle. L’absence de la troisième tourelle d’alimentation du réticule lumineux ajoute même un équilibre à l’ensemble. Au stand, le réglageserévélerad’une précisionidentiqueaux lunettesZeissquenous connaissons. Lors de l’exercicedusangliercourant, nous retrouverons instantanément la spécificité des lunettes de battue Zeiss: la grande pupilledesortie.Ellepermet de trouver rapidement l’oculaire pour gagner quelques dixièmes de seconde primordiaux en tir de battue, complémentaire d’un grand champ visuel. La lunette Zeiss Duralyt est d’ores et déjà une réussite, car à ce niveau de prix elle représente une réelle alternative aux “points rouges”, la polyvalence en plus.

Fiche technique Lunette destinée à la battue et à l’approche en milieu boisé Grossissements 1,2 à 4,7. Diamètre de la pupille de sortie 16 à 7,6 mm. Champ de vision à 1000 m 30 à 8,5 m. Réglage de la dioptrie

+2 à – 3

Distance oculaire

90 mm.

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Réglage par clic

1 cm à 100 m.

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Sur le terrain

par Guillaume de Falaise

Chasses à la journée

Le château de Janvry

Il est une habitude dont

se passerait une majorité de chasseurs franciliens: c’est celle d’être contraint de se lever dès potronminet,de faire une à deux heures de voiture pour accéder –enfin!– à un territoire de chasse.Dans ces conditions,ces mêmes chasseurs pensent trop souvent à la route qui les attend au retour, et son corollaire, les embouteillages.Aussi, quand on peut disposer d’un territoire à trentecinq kilomètres de la capitale,dans la vallée de Chevreuse en Essonne, c’est une chance.Ce lieu, c’est Janvry dont les propriétaires –la famille Reille– ont décidé d’ouvrir aux chasseurs pour des battues de petit gibier, lors de la dernière saison.

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◆ Disons-le tout net :n’avoir qu’une demi-heure de route pour se rendre à Janvry est un luxe indéniable.En ce samedi d’octobre, le rendezvous avait été fixé à 10 heures au château ; une heure qui peut paraître incongrue mais qui présente l’avantage de voyager de jour en plein hiver. Le château duXVIIe siècle – aux mains de la même familledepuis1798quil’aré-

cemment rénové – se situe au cœur même du petit village et nous arrivons sans encombre aux grilles de la propriété pour nous garer dans la cour. Après avoir placé nos affaires dans le débotté, nous sommesaccueillisparlamaîtresse de maison qui nous reçoitdanssessalonsprivés:un des grands plaisirs. Trop de domaines reçoivent les chas-

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seurs dans une annexe, généralement trop anonyme, sans âme. Chez les Reille, c’est tout le contraire. Les chasseurs peuvent profiter d’un rez-de-chaussée décoré avecgoûtoùsemêlentœuvres d’art et photographies familiales. L’ambiance est immédiatement différente car l’on n’a plus le sentiment d’être un client, mais d’être reçu chezdesamis,voiresafamille. À 11 heures, nous nous installons dans la grande salle à manger dont la table a été superbement décorée (nous regretteronstoutefoisdenous avoir donné rendez-vous à 10 heures,pour passer à table une heure plus tard:cela agacera quelques chasseurs; en réalité, l’organisation peut tout à fait s’adapter aux désirs de tel ou tel groupe). Ce n’est que vétilles car ce déjeuner très au-dessus de la moyenne nous permettra de


faire connaissance avec les autres chasseurs. Ce jour-là, nous serons dix dans la ligne (il faut savoir que, avec raison,lesReillen’acceptentpas plus de fusils). Une heure et demie plus tard (là encore, nous avons trouvé que le déjeuner était un peu long), nous sommes dans la cour du château pour recevoir les consignes de sécuritéettirerausortlescartes de nos postes. Pour le transport d’une traque à l’autre, tout est prévu:pour les chasseurs,uneremorque;pourles fusils et cartouches,un autre véhicule.Aprèsavoirtraversé un grand champ, nous nous arrêtons à l’orée de la partie boisée de la propriété pour cette première battue. Première surprise en nous engageant dans le chemin auprèsduquelnousavonsétédéposés, le dénivelé est tel que, par endroits, des marches de

PHOTOS : ALEXANDRE REILLE

Une vue du château de Janvry et, à droite, une scène de battue. Les faisans sont à de telles hauteurs qu’il faut adopter des positions de tir acrobatiques…

terre,étayées par des rondins de bois,ont dû être disposées afin que l’on puisse se déplacersansglisser.Voilàdoncl’un des secrets de ces oiseaux de haut vol. Comme dans les meilleures chasses britanniques, les battues vont utiliser les forts accidents de terrain afin que les postés,placés dans les points bas, affrontent des faisans qui eux volent au-delà des cimes des arbres se situant au plus haut de la pente. Nous voilà installés au poste et le fameux coup de trompe nous annonce le début de la battue. Notre analyse va se révéler exacte:c’est du beau sport. Les premiers coqs,dont on entend le chant d’envol avant même de les voir, nous obligent à regarder très haut. Ils sont à de telles hauteurs qu’il faut adopter des positions de tir extrêmes,“swinguer” brutalement, dans une fenêtre très courte. Si l’on ne réussit pas à décrocher l’oiseau avant

Mémento de poche Territoire 300 hectares. Département Essonne. Types de chasse Battues faisans, perdreaux (rouges), canards. Contact Baronne Reille, château de Janvry, 91640 Janvry. Tél.: 06.14.10.19.55. Email: chateaudejanvry@gmail.com Sur Internet: http://chateaudejanvry.com Prix Suivant prestation. Points forts Proximité de Paris.Accueil de grande qualité.Très beaux gibiers. Points à améliorer S’assurer que les postes soient à une distance suffisante.

qu’il soit à la verticale du poste, le temps de se retourner et il est trop tard. Dans ce bois, nombreux d’entre nous sont surpris et le ratio cartouches-oiseaux est assez élevé. D’ailleurs, on ne peut que s’en féliciter car une battue aux faisans ne se mesure pas au nombre d’oiseaux au tableau mais au nombre de cartouchestirées.Lorsqueles coups de trompe annoncent la fin de battue, nous avons tiré de nombreuses cartouches… Il est temps maintenant de faire travailler les labradorspourleramassagedu gibierquifaitpleinementpartie de l’action de chasse. Nenousvoilonspaslaface: les oiseaux que nous avons chassés sont des faisans dits de tir. Comment pourrait-il enêtreautrementpourunterritoirequiaccueilleunevingtaine de chasses par an ? Il n’en demeure pas moins que

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cesontdesoiseauxquiontdu muscle et du souffle. Après présentation du tableau de la première traque, qui peut nous sembler légèrement décevant par rapport au nombre de coups de fusils, nous reprenons notre moyen de transport pour rejoindre la battue suivante. Nous remontons et descendons de fortes pentes à traversboisetnousnousarrêtons après une descente vertigineuseàtelleenseignequecertains ont préférer mettre pied à terre tant la déclivité est importante, rendant très inconfortable de rester dans le véhicule. Ce territoire semble réellement confirmer ses promesses. On nous informe d’ailleursquelapremièrebattue était « une mise en jambe » et que c’est avec la suivante que nous commencerons à nous affronter à des oiseaux

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PHOTOS : ALEXANDRE REILLE

À Janvry, on n’a plus le sentiment d’être un client, mais d’être reçu chez des amis… Ci-dessous, autre scène de battue. Les traques utilisent les forts accidents de terrain afin que les postés, placés dans les points bas, affrontent des faisans qui, eux, volent au-delà de la cime des arbres…

dehautvol…Nousvoilàprévenus, nous qui croyions que nousavionsdéjàcroisédesoiseaux difficiles! Cette fois, nous nous postons dans une allée, face à un coteau boisé qui culmine à plus de 60 mètres;dans notre dos, un ru précède un bois qui lui aussi remonte à l’opposé. Chacun des postes est marqué par un billot de tronc d’arbrepermettantsoitdedéposer des affaires soit de s’asseoir pour attendre le début delabattue.C’estuneparfaite trouvailleetd’unexcellentraffinementd’utiliserunélément naturel en parfaite harmonie avecleslieuxoùnoussommes. Cela change du sempiternel piquet auquel sont accrochés unnuméroetunsceauenplastiquepourlesétuisvides:cela sent trop le stand de tir d’un ball-trap! Un –léger– repro-

chetoutefois:ladistanceentre deuxfusilsnousaparuunpeu trop proche (une trentaine de mètres) : à cette distance et vu la hauteur des oiseaux,on nesaitplustrèsbienquelssont les faisans qui sont pour notre posteoupourceluidenosvoisins. Un coup de trompe retentit. L’expérience de la premièrebattuenousamèneàregarder le plus haut possible, bien au-dessus de la cime des

caractéristique du coq faisan se fait entendre. Notre regard essaye de déterminer d’où va surgir cet oiseau. Soudain,l’œil accroche un élément en mouvement dans le décor fixe de la cime des arbres et du ciel. Le fusil monte à l’épaule, les genoux fléchissent légèrement, les épaulesetlebassinsemettent en mouvement, la bande de visée se place sur l’oiseau, le mouvementrattrapelefaisan,

arbres et aussi loin que la végétationnouslepermet.Nous aurons peu de temps pour nous mettre en action dès qu’un oiseau sera aperçu.En face de notre poste, un bruit d’aileaccompagnéduchamp

le dépasse, la main se ferme, ladétentesedéclencheetsoudainl’oiseauplielesailes!Son vol est soudainement interrompu. Ce premier tir aura été une réussite.Cela ne sera pas toujours le cas et de nom-

breux oiseaux traverseront la ligne des postés pour retrouverlaterrefermeentoute sécurité. Cette nouvelle battue nous aura permis d’affronter des oiseaux qui, en moyenne, volent à 45 mètres et à grande vitesse. Nous sommes en milieu d’après-midi et il est maintenant temps de faire une pause. Après la présentation dutableauintermédiaire,nous sont offerts thé, café et gâteaux. Cela permet de parler destirsréussisetsurtoutmanqués… Nous enchaînerons avecencoredeuxbattuesdont unelevéed’étangauxcanards. Là encore,les fusils sont placés en contrebas, rendant les colverts très délicats à tirer. À notre retour, après nous être débottés et rendus à des tenuesplusenrapportavecles salons du château,nous sommesreçuspourune collation du meilleur aloi, avec des toasts de pain de campagne au foie gras accompagné dechampagne.Prendre quelquesinstantsenfin de journée de chasse pourêtrereçuestd’une grande convivialité incomparableaveclaclassique présentation de tableau,remisedebourriche et salutations. Après avoirremerciénoshôtes,nous regagnons notre véhicule. Dans trente minutes quand nous serons chez nous, une réelle satisfaction nous accompagnera… ◆

ON NOUS INFORME QUE LA PREMIÈRE BATTUE ÉTAIT “UNE MISE EN JAMBE” ET QUE C’EST À LA SUIVANTE QUE NOUS AFFRONTERONS DES OISEAUX DE HAUT VOL… NOUS VOILÀ PRÉVENUS, NOUS QUI CROYIONS AVOIR DÉJÀ CROISÉ DES OISEAUX DIFFICILES ! 116

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Sur le terrain Su r l e t e r r a i n

par Philippe Le grand

Du côté de la loi…

La chasse accompagnée

◆ À l’instar de ce qui se fait pour la conduite automobile, le législateur a mis en place un permis accompagné pour la chasse des jeunes nemrods, pourvu qu’ils aient 15 ans révolus.

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ARTHAUD/SUNSET

P

ersonne ne peut contester qu’aujourd’hui, pour un nemrodnovice,chassern’ariend’une évidence.Éloignement de la vie des campagnes, activités urbainesplusartificiellesetplusfaciles… les raisons de ne pas vouloir – ou de ne pas pouvoir – chasser sont multiples. Aussi, tout doit être fait pour attirer et former les chasseurs, afin que notre passion ne devienne pas unereinemorte.Onnepeutdonc queféliciterlelégislateurd’avoir à deux reprises,en 2000 et 2005, mis en place et élargi un “permisaccompagné”àl’instarcequi se fait pour la conduite automobile. Le principe est simple : les jeunes chasseurs au sens large duterme–c’est-à-direceuxâgés de 15 ans ou plus (soit un an d’avance sur l’âge légal pour pouvoir chasser) et les majeurs– peuvent bénéficier d’une «autorisation de chasser accompagné », autorisation qui est valable pour une saison de chasse à compter de sa délivrance et non renouvelable. Ces chasseurs novices doivent être accompagnés d’un parrain lors de toutes leurs sorties de chasse et donc n’utiliser qu’une arme pour deux. On le devine:ce permis est assorti d’un certain nombre de conditions.Du côté du chasseur accompagné, il doit avoir suivi au préalable une formation pratique élémentaire (arrêté du 5 juillet 2005), dispensée par la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Cette formation, qui touche avant tout – et avec raison – à la sécurité, se divise

Les chasseurs novices doivent être assistés d’un parrain détenteur d’un permis de chasser. L’autorisation de “chasser accompagné” est valable pour une saison de chasse et non renouvelable.

entroisparties:évolutionsurun parcours de chasse simulé avec tir à blanc, placement sur une ligne de battue au grand gibier et placement aux côtés d’un compagnon de chasse. Il faut signaler que cette formation peut être suivie dès 14 ans et demi (à rebours,la délivrance de l’autorisation ne pourra être délivréequ’auxmineursdeplusde 15 ans révolus).À l’issue de cette formation, le candidat devra compléter et signer un imprimé officiel de demande d’autorisation de chasser accompagné. Quant au parrain, il doit être en possession d’un permis de chasse validé au cours des cinq dernièresannées(lechasseuraccompagné chassera donc dans lesmêmesconditionsdevalidité que son ou ses parrains: permis national, départemental, grand

gibier,ounon),etattestern’avoir jamaisfaitl’objetd’unecondamnation relative à l’exercice de la chasse.Onpeutnoterparailleurs qu’il est tout à fait admis qu’un parrain ait plusieurs filleuls. Concernant l’assurance, c’est uniquement le parrain qui doit êtrecouvert,sapoliceétantétendue à la responsabilité civile du chasseur accompagné. Avantage non négligeable (surtout quand des parents ont deux ou trois enfants en âge de pouvoir chasser) : cette autorisation permet au jeune disciple deSaint-Hubertdechassersans avoir à acquitter, ni la cotisation fédérale, ni la redevance cynégétique.Surl’actedechasse lui-même,le chasseur accompagné peut chasser avec une arme lisse ou rayée ou un arc (mais danscecas,sonparraindoitavoir

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en outre une attestation de formation de chasse à l’arc).En revanche, cette autorisation ne donne pas le droit d’acquérir et de détenir une arme et des munitions de 5e catégorie. Dans le même esprit, signalons que les règles de la chasse accompagnée sont également applicables à la vénerie et à la fauconnerie. S’il ne fallait donner qu’un conseilàcesnovices,c’estdeprofiter de cette première saison de chasse pour suivre en même temps les formations préalables aux examens théoriques et pratiques du permis de chasse, et donc passer l’examen. Et aux chasseurs expérimentés, on ne peut que les inciter à épauler des filleuls,car conseiller,formerdes jeunes nemrods est tout aussi exaltant que d’avoir une arme à la main ! ◆


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HISTOIR

Chasseur

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Émile Gromier Photographe chasseur par Guillaume Beau de Loménie

GRAND CHASSEUR, GRAND NATURALISTE, PIONNIER DE LA CHASSE PHOTOGRAPHIQUE… LE DR ÉMILE GROMIER FUT TOUT CELA À LA FOIS. RETOUR SUR UN PERSONNAGE INJUSTEMENT OUBLIÉ. 120

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◆ Q

ui connaît ou, à tout le moins, a entendu parler aujourd’hui du docteur Gromier? Pas grand monde, hélas! Aussi ce n’est que justice que de lui rendre hommage tant il est vrai que l’homme à la mince silhouette,aux traits souvent graves,presque sévères,aeuuneimportanceconsidérable.Jeand’Orgeix,“l’Africain blanc” et l’inoubliable “guide de brousse”,commeilseplaisaitàsebaptiserlui-même, confiait volontiers qu’il fut son maître,et son inspi-


PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

rateur.François Sommer lui avait rendu un hommage appuyé dans son livre consacré à la Chasse photographique,lui qui fut tout à la fois l’un des plus fameux chasseurs parmi les “grands chasseurs”, et un photographe animalier passionné.MaisledocteurGromier,en dépit de cette reconnaissance éminente,etd’unebibliographieconséquentefortedeplusd’unequinzaine d’ouvrages, reste largement méconnu, pour ne pas dire ignoré du public, de la grande majorité des chasseurs assurément,mais encore, etplusétonnamment,des“chasseurs d’images”… Naturaliste, chasseur, photographe: le Dr Gromier fut tout cela à la fois,passionnellementetviscéralement.Pours’en convaincre, il suffit de se souvenir de quelques lignes écrites de sa main: « Dès mon plus jeune âge,je disparaissais des jours entiers dans les bois et regardais passionnément les bêtes sauvages… Plus tard,ayant pu réaliser le rêve d’aller continuer mes observationszoologiquesenAfrique,munid’une carabine et surtout d’un appareil photographique,j’ai pu réunir une documentation considérable.» Cette passion pour la nature, puisque c’est de cela dont il s’agit, fitcertesdeluiunchasseur,maisaussil’un des premiers“chasseurs-naturalistes”et encore l’un des premiers“photographes denatureetdefaune”.Celaàuneépoque ou la photographie n’en était encore qu’à ses balbutiements, rendant sa pratique

d’autant plus aventureuse et aléatoire, au regard des périls du milieu dans lequel le docteur Gromier choisit d’exercer son art. Sans hésiter, on peut écrire qu’il est digne de figurer parmi les “grands”chasseurs-explorateurs au sens noble du terme. SiÉmileGromierfutunauteurprolixe dès lors qu’il s’est agi de raconter ce qui fut la passion d’une vie, il reste extrêmementréservélorsqu’ils’agitdeparlerdelui,desonenfanceetdesesorigines. Médecin, fils et petit-fils de médecin, peut-être faut-il voir dans cette discrétion la marque de ce secret professionnel si rigoureux auquel sont tenus les disciples d’Esculape,et dans lequel Gromier a, depuis sa plus tendre enfance, baigné ? Émile Gromier voit le jour à Lyon, le 27 février 1877. Rien dans ces nombreux écrits ne nous éclaire sur ce

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INVENTE L’IMAGE ANIMALIÈRE EN HAUT, AU KENYA, EN 1911, GROMIER FAIT

SES PREMIERS CLICHÉS DANS CE QUI EST ENCORE UN VRAI PARADIS DE LA FAUNE (ICI, BUBALES DE COKE).

DES ANNÉES PLUS TARD, IL IMMORTALISE LE COURS CHARI. PAGE DE GAUCHE, AVEC UN BUFFLE.

DU

que furent son enfance, ses années d’études,les débuts de sa carrière de médecin. Une des très rares évocations de cetteenfancefigureenintroductiond’un de ses textes publié en 1955 dans la Revue de la Savoie, et consacré à la protection de l’aigle royal: « Il me souvient que, dans ma jeunesse,il n’était pas rare qu’avec deux ou trois galopins de mon âge j’en ai déniché un couple dans les escarpements même du Revard… » À n’en pas douter,le futur “zoologiste-photographe”manifeste dès son plus jeune âge une attirance prononcée pour la nature en général, pour

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PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Chasseur de légende

LES TRIBUS LE FASCINENT

IL SE PRENDRA DE PASSION POUR LES PYGMÉES OU LES TRIBUS DE “GRANDS NOIRS” ET LEURS MÉTHODES DE CHASSE TRADITIONNELLES TELS CES CHASSEURS DE GORILLE, AU FILET

ET À LA LANCE, QU’IL ACCOMPAGNE DANS LES ANNÉES

1920 AU CAMEROUN.

la faune en particulier. Après? Un longsilence,sicen’estqu’onapprend qu’à 20 ans,en 1897,Émile Gromier s’engage.Mais il est mis en disponibilité quelques mois plus tard. Sans doute à cette époque poursuit-il ses études de médecine. Devenu médecin, le jeune homme entreprend de travailler avec son père.Mais la vie d’un médecin de province ne semble visiblement pas répondre à l’idée qu’il sefaitd’unmétierpourl’exerciceduquel, au demeurant, et tout au long de sa vie, il manifestera une grande fierté,n’omettant jamais de faire figurer le nom de son titre de docteur. C’est à cette époque que son existence va basculer.Gromier répond à une annonceduMuséumnationald’Histoire naturelle qui cherche à recruter un jeune zoologiste. Bien que cette spécialité soit a priori assez éloignée de la médecine générale, il décroche le poste. Quelques mois plus tard, en 1911, nanti de fonds queluiaoctroyésleMuséum,ÉmileGro-

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mier s’embarque pour le Kenya en tant que voyageur-naturaliste, chargé de collecterpourleMuséumdesspécimensdes nombreuses espèces qui peuplent ce qui est encore alors un véritable paradis de la faune africaine. Ainsi débute sa seconde carrière, la vraie serait-on tenté d’ajouter. Celle qui fera de lui l’un des tout premiers chasseurs d’images français,au service la nature et de la faune,de leur meilleure compréhension,mais aussi et surtout de leur protection.Mais avant d’endosser ce rôle et cette passion,Gromier va laisser libre cours à l’autre de ses passions: la chasse. Installé au cœur de la vallée du Kédong, seulparfois,leplussouventencompagnie de Louis Barbezat, un voisin suisse aux

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activités mystérieuses (il aurait été en fait un inspecteur des Eaux et forêts chargé de surveiller la zone), avec lequel il se lie d’amitié,il entreprend,en chassant,d’accomplirlamissionquelui a confiée le Muséum. Barbezat, qui possède deux mules, initie Gromier à une chasse à courre pour le moins spéciale. Ensemble, ils forcent zèbres, antilopes et phacochères, qui se retournent parfois et chargentàleurtourlescavaliers!Gromier se frotte aussi à des gibiers autrement plus redoutables… Les rhinocérosabondentencoredanscettepartie de l’Afrique. Il les croise souvent et attribuedessurnomsànombred’entreeux: Don Juan, La Hargne, Mégacéros,Acératherium,Titanotherium,ou encore La Tarasque,« une sale bête,laide,hargneuse, chargeant au moindre effluve,formidablement armée » et qui, un jour, après avoir une fois de trop « fait la méchante »,finira parrejoindreelleaussilacollectiondetrophées de Gromier. Les léopards et les lions sont nombreux eux aussi, et les rencontres avec les uns et les autres sont fréquentes.Gromier s’intéresse plus particulièrement à un vieux lion solitaire dont il est capable de reconnaître parmi tant d’autres,le rugissement, et qu’il baptise à son tour Agamemnon.Avec Agamemnon,il s’es-


Quand Chasser devient un Art

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PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Chasseur de légende

PRÊT À BRAVER LE DANGER

IL EST L’AUTEUR DE PLUS DE QUINZE OUVRAGES CI-DESSUS, L’UNE DE SES PLUS BELLES PHOTOS EST SANS

CONSACRÉS À LA FAUNE AFRICAINE.

DOUTE CELLE DE CET ÉLÉPHANT PRISE À MOINS DE 10 MÈTRES, DANS UNE PLANTATION AU CAMEROUN, ET QUI AURAIT PU LUI COÛTER LA VIE.

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saieàl’artdelaphotodenature,surlemotif, et fait l’expérience des périls que celle-ci peut engendrer à une époque ou le matériel photographique et la faiblesse des optiques forcent le photographe à s’approcher au plus près de son sujet… « Faisant signe à mon boy de ne plus bouger et mon appareil photographique à la main, je rampe lentement pour me rapprocher autant que possible, raconte-t-il dans la Vie des animaux sauvages du Kénia (sic) (Durel Éditeur, 1948). J’ai bien envie de rétrograder,de renoncer à mon cliché et de profiter de l’occasion pour fusiller le magnifique monarque de la montagne.Un combat s’engage donc entre ma carcasse qui tremble et la passion qui m’étreint désormais de photographier les animaux sauvages.» Le débat cornélien entre Gromier le chasseur et Gromier le chasseur d’imagescommenceàsefairejour.Cedernierquil’emportera,sansambiguïté,mais avechonnêteté.Ainsibiendesannéesplus tard,Gromier écrira-t-il qu’« avant d’être unpurnaturalistephotographe,j’aipassépar le stade presque inévitable de tueur.Peu à peu déçu de ne garder de mes bêtes abattues que les clichés banals de leurs cadavres,j’ai eu l’idée de tenter de les photographier de leur vivant et,à ce point de vue,j’ai été,je le crois et je m’en vante,un précurseur ». Mais le chemin est encore long qui verra Gromier atteindre la notoriété que lui vaudront bientôt ses images. L’apprenti photographe se désole de sonmanquedematérieletdesfaibles performances de celui qu’il utilise. Son 9/12, « parfaitement établi pour résister aux climats des tropiques » est dépourvu de téléobjectif,appendice indispensablepourréaliserdesphotos d’animaux sauvages, y compris à courte distance. Aussi ses premiers clichés ne sont-ils pas à la mesure de ses espérances. Le soir dans sa chambre transformée pour la circonstance en chambre noire, il développe,le cœur battant,les plaques photographiques qui lui ont « été si généreusement offertes par M.M.les frères Lumière,de Lyon-Villeurbanne ». Malheureusement, les résultats sont souvent décevants. L’animal photographié n’est parfoisqu’unminusculepointnoiraumilieu de la photo, à peine discernable… Les mois passent et Gromier subit chaque jour un peu plus la magie de l’Afrique. Il sait se faire apprécier des indigènes avec lesquels il partage tant


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d’heures de traques souvent difficiles. Il parle maintenant le swahili, ce qui le rendencoreplusprochedeseshommes. Ceux-ci l’appellent le “Blanc qui marche”, en hommage à son endurance et àsonrefusdecéderàlafacilitédelachaise à porteur auquel se rendent tant de Blancsàcetteépoque,habitudequeGromier juge humiliante aussi bien pour les porteurs, que pour les portés.Ainsi parcourt-il à pied des centaines de kilomètres. Un autre surnom,“TchouiTchoui”ou“petite panthère”,fait allusion à son agilité et à sa souplesse. Mais déjà,Gromier est inquiet,inquiet de l’avenir de la faune africaine. « Quand cette contrée va être pénétrée par les automobiles,il y aura une hécatombe defauves»,dit-ilenparlantdeslions.Plus encore, il dénonce certaines pratiques qu’il juge indignes et contraires à l’esprit et à l’éthique de la chasse.Comme ce jour où il croise quatre Européens à cheval,entourés d’une meute de chiens etdeNoirsquiportentdesarmes.«Lions, attention!Fuyez,c’estprobablementàvous qu’en veulent ces chasseurs; méfiez-vous deceschiensaudacieuxquivousharcèleront

et vous feront fusiller au ferme comme un vulgaire sanglier de chez nous.» Et d’ajouter: « Ce n’est pas de la chasse,ni du sport, mais du massacre sans danger pour le chasseur.»C’estcertesunpeuoutrancier,mais c’est l’avertissement d’un homme qui a peur pour“son”Afrique. En 1912, il rentre en France et publie l’année suivante dans l’Illustration une série d’articles et de photos qui, en dépit de ses doutes lorsqu’il s’agissait de les développer, connaissent ungrandsuccès,grâceauxtechniquesd’agrandissement.L’une d’elles en particulier,un rhinocéros, est accompagnée d’un long commentaire de l’auteur sur les circonstances de sa réalisation: « Je mis au point sur le verre dépoli,sous voile noir,et pris un cliché de la bête endormie.Puis comme tout bon photographe désirant voir prendre à son sujet une attitude plus vivante,j’attirai son attention en lui criant en souahili (sic):“Allons,tuasassezdormi!” L’animalréagitaussitôtetsetourna en cornant dans ma direction.» Après cette première expédition, au vu des photos qu’il en rapporte, Gromier ne craindra pas de souligner en substance que les fabricants de matériels photographiques serontdansl’obligationdemettreaupoint des«téléobjectifsadaptésàl’instantanérapide pour la photographie des animaux sauvages ». Notre bon docteur exagère un peu car,dans le domaine de la chasse photographique, il a eu des prédécesseurs.Peu nombreux certes,mais le travail de ces hommes a eu certainement quelque influence sur l’évolution des matériels. François et Jacqueline Sommer,dansl’articleconsacréàlaphotodes grands animaux en Afrique qu’ils rédigent pour le Grand Livre de la faune africaine et de sa Chasse racontent qu’« en 1905,à la grande surprise de quelques initiés,paraissait en Allemagne un ouvrage illustré de photographies de grands animaux africains prises en Afrique orientale par C.G.Schillings ». Eu égard à la date de parution du livre, les Sommer situent la réalisation des images qu’il contient aux environs de 1900. Et avec elles,lestoutpremierseffortsdel’homme pour enregistrer les images d’animaux, et plus spécialement des grands fauves

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PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Chasseur de légende

DES IMAGES INSAISISSABLES

BARBEZAT, L’AMI DES DÉBUTS AU KENYA. À DROITE, UN BONGO, L’UNE DES ANTILOPES PARMI LES PLUS FURTIVES ET INSAISISSABLES D’AFRIQUE, UN DOCUMENT RARE MÊME ENCORE DE NOS JOURS. CI-DESSOUS : “QUI A PHOTOGRAPHIÉ LES HARGNEUX BUFFLES DU TCHAD ? QUI ? GROMIER… HOMME DE NATURE.” (F. SOMMER)

africains, que seuls alors jusque-là les récits et les dessins avaient représentés. Ensuite apparaît un anglais, le majorRadclyffe Dugmore qui se fit une spécialité des photos nocturnes au moyen d’un déclencheur actionné par l’animal lui-même pour illuminer la scène via un éclair de magnésium. Aussi peut-on dire que si Gromier ne fut pas le premier à pratiquer ce que lui-même et d’autres ensuite qualifièrent de véritable sport, il fut en tous les cas le premier français, mais également l’un de ceux qui apportèrent ses lettres de noblesse à cette activité: « Les clichés d’éléphants se font à la chaîne,à Mudanda Rock (Kenya) ou au parc Albert (Afrique du Sud). Par contre, de l’autre côté de l’Afrique,àl’ouest,seulGromieretquelques

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autres ont fixé l’image des éléphants dans leur habitat naturel,dans cette brousse serrée,ingrate […] dans la forêt profonde et sombre,[…].Plus loin encore,s’agissant des buffles,qui a photographié les buffles du Tchad ou leurs hargneux petits frères rouges de la forêt congolaise ? Qui ? Gromier et quelques autres.Toujours les mêmes,c’està-dire des hommes de la nature… »,témoignent François et Jacqueline Sommer, toujours dans le Grand Livre de la faune africaine. D’ailleurs, lors de la parution de ce remarquable ouvrage collectif en deux tomes, irremplaçable somme s’il en est sur la faune africaine, Gromier lui-mêmeécriraunarticleconsacréàl’éléphant et à ses mœurs qui dénote sa formidable capacité d’observation.

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Mais pour l’heure,Gromier est aux prises avec d’autres gibiers. En 1913 et 1914, il sert au Maroc au cours de la campagne de la pacification du pays et y gagne deux premières citations pour son courage au feu. Il n’échappe pas à la Grande Guerre. Même si l’on dispose de peu de renseignements, il semblerait qu’il fût à Verdun. De cet orage d’acier immortalisé par Jünger,outre trois nouvelles citations et la croix de guerre,il en rapportera une blessure par éclat d’obus, etuneintoxicationaugaz.C’estpeut-être à cause de ces années terribles que le DrGromier apparaîtra toujours un peu froid et très discret. Comme des millions d’hommes de cette époque,la“der des ders”a sans doute laissé en Gromier lacicatriceindélébiledesépreuvesque le médecin des premières lignes a endurées,mais aussi de celles dont il a été le témoin, au-delà du dicible. Et dans son regard,comme en celui detantd’autresdesesfrèresd’armes, dans cette retenue,convient-il peutêtrededéchiffrerlepoidsdecessouffrances? L’Afrique ne le lâche pas.Quelques années plus tard, en 1922, il est incorporé aux troupes coloniales. À compter de cette date, il va effectuer plusieurs séjours en Afrique. Ils constitueront plus tard la matière de ses nombreux livres consa-


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PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Chasseur de légende

L’AFRIQUE NE LE LÂCHE PAS CI-DESSUS, AU KENYA ENCORE, CETTE BANDE

DE COBES DE FASSA MAINTIENT UNE DISTANCE DE SÉCURITÉ ENTRE EUX ET LE PHOTOGRAPHE QU’ILS

OBSERVENT, INQUIETS. AU

À DROITE, EN PAYS M’BO CAMEROUN, LA CASE DE CHASSE DE GROMIER.

crés à la faune africaine.Mais aussi et surtout de cette somme photographique qui fera de lui l’inventeur français de la photo animalière et de son exploitation à des fins d’études, d’informationetdepréservation.C’estde cette époque-là que date sa célèbre photographie d’éléphant qui illustre son article consacré à cet animal dans l’ouvrage collectif, le Grand Livre de la faune africaine. La scène a lieu au Cameroun au début des années 1920,l’éléphant est au milieu d’herbes de haute taille, et le photographesetrouveàquelquesmètres seulement. L’éléphant tend sa trompe pour“sentir”l’homme,Gromier appuie sur le déclencheur. Eu égard à sa proximité avec le pachyderme et à l’enchevêtrement végétal,il n’a pas hésité à mettre sa vie en péril pour saisir l’instant. De 1923 à 1925, il sert au Cameroun.Puis en Guinée de 1925 à 1928,et de 1929 à 1931, en Afrique équatoriale française,dontl’unedesémanationspostcoloniales sera la République centrafricaine.C’est à Bangui,où il est basé,qu’en compagnie de deux autres médecins, il tentera en vain pendant trois jours, du

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28juinau1er juillet1930,desauverÉmile Bruneau de Laborie, inspecteur général des chasses en Afrique française, et qui vient d’être gravement blessé par un lion (voirJoursdeChassen°26,hiver2006).L’année suivante, lors d’une nouvelle mission pour le compte du Muséum en Afrique de l’Ouest, il constatera avec stupéfaction et indignation la quasi-disparitiondesrhinocéros:«Enterritoirefrançais, aucun frein ne fut mis par l’administration. C’est par milliers que ces animaux ont été détruits chez nous.» Ce terribleconstatserapourluil’occasionde dénoncerlesravages,toujoursd’actualité, hélas,de la mortifère et imbécile“médecine” traditionnelle chinoise au nom de laquelle des millions d’animaux, toutes espècesconfondues,sontmassacrésetcertaines, y compris parmi les plus menacées, sont proches de la disparition totale. Qu’on ne s’y trompe pas. Pendant toutescesannéesd’Afriqueetdebrousse,

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le photographe ne supplantera jamais totalement le chasseur.Mais si Gromier se munit le plus souvent d’une carabine lors de ses approches sur des animaux qu’ilentreprenddephotographier,l’arme reste souvent silencieuse. Mais pas toujours, comme lors d’une rencontre avec deséléphants.Ilprendrapidementuncliché de la bête dont il ne voit que l’avanttrain, mais, écrit-il dans la Vie des animauxsauvagesduCameroun(Payot,1937), « C’est au tour de la carabine de faire son office,car je n’ai guère d’espoir de trouver au Cameroun des défenses supérieures à celles de ce vieux solitaire. […] j’ai un crime de pluscontrelaNaturesurlaconscience.»Une autre fois, en Oubangui-Chari, il mettra à mal un couple de lions (la Vie des animauxsauvagesdel’Oubangui-Chari,Payot 1938). D’ailleurs les nécessités de la vie en safari, et celle impérieuse de fournir enviandelespisteursquil’accompagnent, l’amènent régulièrement à faire usage


Festival du Film de chasse «Chasse durable et biodiversité»

Les 16-18 avril 2010 Le premier Festival de Films de Chasse sur le thème « Chasse Durable et Biodiversité », organisé par les Jeunes Membres de la Délégation française du CIC (Conseil International de la Chasse et de la Conservation du Gibier) du 16 au 18 avril 2010, a été un plein succès. Au cours des trois journées, plusieurs centaines de personnes ont pu assister aux projections organisées dans l’auditorium de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature. Après délibération, le Jury présidé par Victor Scherrer a décerné deux prix :

Trophée Espèces & Milieux

Remis par les membres du jury Tancrède de la Morinerie et Etienne Blanc : décerné à « Perdreaux et Quintaux » de Pierre Sergueeff. Ce film pédagogique, réalisé avec l’aide de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, des Fédérations de chasseurs et l’Association nationale petit gibier illustre de façon très concrète les aménage ments réalisés par Jacques Hicter sur son exploitation agricole dans l’Aisne pour concilier une agriculture - le moderne et productive avec la protection de la faune sauvage et plus largement avec le maintien voire développement de la biodiversité.

Trophée Modes de Chasse

Remis par les membres du jury Bruno Julien-Laferrière et Claude Bussy : décerné à « L’Ile du buffle rouge », de Charles Vallée. "L'Ile du buffle rouge" présente la chasse du buffle de forêt et son pistage, forme de chasse parmi les plus pures et authentiques que l'Afrique peut offrir. Ce documentaire est aussi une découverte de l'écosystème de la République Centrafricaine avec une immersion à la limite de la grande forêt équatoriale. Les acteurs principaux en sont les pygmées, exceptionnels chasseurs et cueilleurs, et cette chasse est une occasion de rencontrer ces hommes si proches de la nature qui constituent « le peuple de la forêt ».

Le Trophée du Public

Attribué après dépouillement de plusieurs centaines de votes et remis par les membres du jury Christian de Longevialle et Arnaud van Robais, a été décerné à « Le cerf, Seigneur des Forêts », de Thomas Bounoure La caméra de Thomas Bounoure a suivi les seigneurs de la forêt dans leur combat pour la conquête des biches. La beauté des images, tout au long des saisons, le caractère didactique des commentaires, la qualité de la bande-son, la variété des animaux filmés, ont séduit le public du festival.

OBJECTIFS L’objectif du festival était de promouvoir les œuvres montrant que la chasse est l’incarnation même du développement durable et de la biodiversité et comme telle possède un pouvoir d’attraction réel, notamment envers les jeunes. La participation importante aux projections, l’enthousiasme des spectateurs pour l’évènement et les œuvres projetées, ont montré que ce message a recueilli l’adhésion des participants. Ce message et la qualité des documentaires visionnés auront démontré que la chasse et les chasseurs sont au premier plan dans l’œuvre de protection de la nature et depréservation de la faune sauvage et de ses milieux. Dés à présent les organisateurs se tournent vers la prochaine édition du Festival. En vue de sa préparation, les réalisateurs et autres partenaires français intéressés peuvent contacter les organisateurs Jacques Martin-Lalande (06 61 63 36 76 jacquesmartinlalande@yahoo.fr), et Michaël Raimon (06 16 35 63 39 – mraimon@free.fr ). Pour les relations internationales, merci de contacter Siméon Mirzayantz (+3816 44 60 46 78 - simeon@mirzayantz.com). Le site internet www.festivalcic.wordpress.com reste accessible.

Le Festival remercie ses partenaires :


PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VALMONDE

Chasseur de légende

“J’AI PASSÉ LE STADE DE TUEUR”

ÉMILE GROMIER NE RENONCERA PAS À CHASSER DE SUPERBES TROPHÉES QUI, TOUT AU LONG DE SA VIE AFRICAINE, NE CESSERONT JAMAIS D’ENRICHIR SA COLLECTION. À DROITE, LE RHINOCÉROS “LA TARASQUE", MÉCHANTE UNE FOIS DE TROP…

de ses armes. Sans doute est-ce en ces circonstances qu’il lui arrive d’annoncer:«C’estmonjourdeboucherie»… À maintes reprises au cours de cesannéesd’Afrique,lezoologueetnaturaliste de moins en moins amateur, sefaitaussiethnologue.AuCameroun, Gromier semble vouer un intérêt particulier aux Pygmées qu’il suit dans nombre de leurs chasses. En leur compagnie,il traque les animaux de la forêt: « Ces Pygmées chassent l’éléphant,le buffle nain,lepotamochère,plusrarementlegorille, mais à défaut de ce gros gibier,ils s’attaquent à tout ce qui vit dans la forêt »,(Vie des anthropoïdes, gorilles et chimpanzés, Amiot-Dumont,1952).Ilfautavoirconnu les difficultés à se déplacer en un milieu aussi hostile que la forêt tropicale africaine pour prendre toute la mesure des difficultésquelemédecinnaturalisteadû rencontrer pour transporter dans un tel environnement un matériel photographique encore fragile et volumineux. Si les Pygmées répugnent à chasser les gorilles,ils n’en acceptent pas moins d’apporter leur concours et leur connais-

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sance de la forêt aux“grands Noirs”des ethnies environnantes qui défendent les plantations de bananes contre les incursions destructrices des gorilles.Gromier se joint alors à ces expéditions punitives. À l’occasion,il ne renonce pas à tirer luimême un grand singe. De ces expériences, il rapporte des images rares qui sont autant de témoignages non seulement sur les tribus qu’il côtoie,maisaussisurlesdangersquiguettent une espèce animale aujourd’hui totalementprotégée.Ilrapporteégalement desphotosdebongos,lesantilopesreines de la forêt dont on connaît l’incroyable furtivité.Prisesdansdesconditionsdelumière sans doute très mauvaises, ces images qui restent rares y compris aujourd’hui,n’ensontqueplussaisissantes.

Jours de C HASSE ◆

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Gromier ne s’intéresse pas qu’aux seulsmammifères.Ilsepenchesurtoutes les formes de vie animale qu’il croise sur son chemin. Les insectes, les reptiles et les oiseaux forment des chapitres entiers de livres qu’il consacrera à ses souvenirs d’expéditions.Pour les oiseaux,outre les photos, il rédige des descriptions minutieuses du plumage et transcrit souvent en une courte partition quelques notes censéesreproduirelechantdetelleespèce ou de telle autre. L’amoureux de la nature et le naturaliste ne restent pas indifférents aux abus scandaleux que le commerce des espèces et les trafics en tout genreentraînentjusqu’aucœurdesvilles blanches de l’Afrique coloniale.En Guinée, il dénonce le trafic des singes. En 1931, il rentre en métropole et, deux ans plus tard,il quitte l’armée.Ses notes tendent à prouver que sa passiondelachasseetdelaphotoontsans doute trop souvent pris le pas sur son devoir de médecin militaire aux yeux de sa hiérarchie.Il n’en est pas moinsadmisàlaretraiteaveclegrade demédecin-majordepremièreclasse (commandant). Il s’installe dans la région de Chambéry et commence à rédiger les nombreux livres, hélas aujourd’hui totalement épuisés et non réédités.« L’Afrique ne vous oublie jamais »,a-t-on coutume de dire à ceux qui ont eu la chance de fouler une fois son sol. Aussi, il retourne enAfrique en mission pour le Muséum national d’Histoire naturelle à la veille de la Seconde Guerre mondiale à laquelle il ne prendra aucune part. Il ne recommence à publier qu’en 1948. Jusqu’à sa mort, à l’âge de 95ans, il ne cesse de prononcer des conférences et, outre ses nombreux ouvrages, donne maints articles sur la faune,en particulier celle de Savoie,pour diverses publications.Il s’éteint à Chambéryle10janvier1972.Queretenirdelui? Qu’avant tout le monde, il s’est conduit en sage,et qu’il avait compris que le chasseurditmodernedevaitsemuerenscientifique pour une meilleure connaissance de la vie animale,et que,selon la célèbre formule de Blaise Pascal, « la chasse vaut mieux que la prise »… ◆ Nous remercions Édouard Cattoir,professeur d’histoire et de géographie à la retraite, qui a bien voulu nous communiquer le résultat de ses recherches sur Émile Gromier, lesquelles nous ont été d’une aide précieuse.


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â—†

Walter Arlaud Instants sauvages

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LA MONTAGNE, LA CHASSE ET LA FAUNE WALTER ARLAUD AVEC

SON SETTER À LA CHASSE EN MONTAGNE. À GAUCHE, “CERF ET BICHES EN ÉCOSSE DANS LES HIGHLANDS”. À N’EN PAS DOUTER, WALTER ARLAUD “SAIT VOIR”, SAISISSANT PARFAITEMENT LES ANIMAUX DANS CE QU’ILS ONT

DE PLUS INTIME.

par Virginie Jacoberger-Lavoué

À

l’heure où le conformisme et l’uniformisation des goûts et des esprits envahissent tout,écrête et rase toute distinction et toute hiérarchie – et l’art animalier n’y a pas échappé –,Walter Arlaud est une vraie respiration.Regarder une de ses œuvres,c’est une extraordinaire évasion,presque un véritable voyage.

L

e dessin accroche inévitablement l’attention et retient le regard, parce qu’il s’en dégage avant tout – qualité si rare de nos jours – une infinie poésie, teintée d’une grande nostalgie. Bref, un appel au rêve et au souvenir. Avec Walter Arlaud – comme avec Xavier de Poret, Ten ou encore Mathieu Sordot –, nous sommes à mille coudées du cliché photographique, mais d’un animal, pris sur le vif dans son lieu, dans une saison, dans une impression… Que dire d’autre face à ses chamois, dont notre artiste a su saisir toute la magie et la fragilité, aux aguets sur son promontoire,dans un halo de brume qui renforce encore cette impression de vertige, d’inaccessible, avec ces neiges éternelles en arrière-plan.Vertige et rêve toujours avec ces cerfs sortis de nulle part, ou plutôt d’une montagne d’Écosse, dans le froid, le vent, ou cette compagnie de grouses, dont il a su saisir, capter, pour un instant, la beauté, la rapidité, au moment où elle va passer d’une colline à l’autre d’un seul coup d’aile, pour disparaître, telles des fantômes, dans un brouillard soudain… Fantômes encore avec ses sangliers qui passent sans un bruit, au fond d’un marais, dans un ciel d’hiver chargé, inquiétant… Comme l’écrivait un critique du XIXe siècle à propos du peintre anglais Landseer, Walter Arlaud « sait voir », saisissant parfaitement les animaux dans ce qu’ils ont de plus intime, à telle enseigne qu’il pourrait rendre compte de tous leurs gestes. Sans forfanterie aucune, il a ce petit quelque chose pour ne pas usurper le qualificatif élogieux d’artiste, mot qu’il ne revendique à aucun prix, tant il juge son parcours atypique, pour ne pas dire chaotique, en tout cas en ce qui concerne les beaux-arts. Avec une constante, qui

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Walter Arlaud

“COMPAGNIE DE SANGLIERS SORTANT DU BOIS”, “BÉCASSE AU COUCHANT” ET “CHAMOIS DEVANT LE MEITJE”. AVEC WALTER ARLAUD, TOUT EST AUTANT SENTI QUE VÉCU. C’EST POUR CETTE RAISON QU’ON VOIT TRÈS PEU DE PORTRAITS D’ANIMAUX, CAR CE SERAIT À SES YEUX UNE PHOTOGRAPHIE SANS INTÉRÊT…

transparaît, suinte, dans chacune de ses œuvres : une passion viscérale pour la nature et la chasse, « un formidable moyen d’évasion depuis maintenant trente-cinq ans », répète à l’envi cet Ardéchois d’origine, avec l’accent du Midi. Dès les premières années, aux portes de Marseille, son regard sera toujours dirigé vers ces collines, ces “barres” de calcaire immortalisées par Pagnol, et cet arrière-pays cher à Giono et à Frédéric Mistral. À l’école, même si ses résultats scolaires n’ont rien de déshonorant, il préférera toujours le fond de la classe, près de la fenêtre, pour observer les grives et les merles qui hantent les bosquets tout proches.La montagne ? Il en rêve avec les récits enflammés de tous les anciens qui « me racontaient leur vie et la profusion de gibier ». La chasse le suit comme une ombre avec un père et un beaupère totalement habité par le feu sacré. Son père, ce sera la chasse en montagne, dans les Alpes, au chamois, au sanglier et au petit tétras. « Une chasse dure,exigeante,avec ces longues

courses sur des chemins pentus et vertigineux,où il valait mieux avoir le pied sûr.» Il a tout juste 10 ans.En Provence,avec son beau-père, depuis la séparation de ses parents, il suit des

TROIS ARTISTES PEINTRES VONT LE MARQUER À JAMAIS.L’ANGLAIS ARCHIBALD THORBURN, LE

HOLLANDAIS RIEN POORTVLIET, “PAR

LA VIE QUI SE DÉGAGE DE SES ŒUVRES”, ET

XAVIER DE PORET PAR SON TRAIT QUASI ARISTOCRATIQUE ET D’UNE PRÉCISION ANATOMIQUE. 134

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chasses à la grive et au lapin (« Une véritable religion,haute en couleur, digne des récits de Pagnol »). Il passe son permis à 16 ans, et chasse tout seul en montagne (« Heureusement que mamèreignoraittouslesrisques»),car son pèreaquitté ce monde, un an plus tôt. Sa voie était en théorie toute tracée :pour rester au contact de la vie sauvage, Walter Arlaud veut être technicien cynégétique, c’est-à-dire travailler à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, « le seul métier qui ressemblait à ce que j’aspirais… » Las. Le jeune Walter qui suit des études agricoles n’y arrive pas par un mauvais concours de circonstances, dans l’obligation de gagner sa vie (« il faut bien survivre »), à son corps défendant, il travaille comme paysagiste pendant quelques années. Mais la Providence va en décider autrement. Les beauxarts vont le rattraper. Il est saisi par « une véritable révélation », affirme-t-il sans ambages, devant le travail d’Archibald Thorburn (1860-1935). Ce peintre anglais, grand spécialiste de la faune britannique,est une légende chez lui : faune sauvage (en particulier ses 268 pastels) et paysages lui vaudront une grande renommée qui dure encore aujourd’hui, ses œuvres s’arrachent à prix d’or. Mais davantage : Walter Arlaud découvre deux autres artistes tout aussi grands : le Hollandais Rien Poortvliet et Xavier de Poret, dont Jours de Chasse avaient fait les portraits (n° 1 et n° 9). Il avoue avoir été vraiment bouleversé « par la vie qui se dégage des œuvres » de Poortvielt. Quant à Poret, il a été fasciné par son trait quasi aristocratique et d’une précision anatomique. Il finit par oser franchir le pas il y a dix ans et se lance donc dans une carrière artistique « pour faire partager

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Walter Arlaud

“AIGLE ROYAL ET CHAMOIS”, CI-CONTRE, TRÈS BELLE ÉTUDE DE TÉTRAS-LYRE “MOUFLONS EN MONTAGNE”. SON INSPIRATION ? ELLE NE PEUT VENIR QUE “DU TERRAIN”. “CELA PEUT ÊTRE UNE AMBIANCE, UNE LUMIÈRE…” POUR ATTEINDRE À LA FOIS “L’ESTHÉTISME ET L’ÉQUILIBRE”.

ET, PAGE DE DROITE,

mes émotions ». Il a tout juste 26 ans, mais apparemment il n’est guère convaincu par ses premières œuvres. Il se souvient de la première qui représentait un montagnard,fusil à l’épaule, avec un petit tétras. « Pas terrible trop naïf,une technique approximative »,juge-t-il aujourd’hui.Conscient de ses limites, il décide de suivre une formation d’art appliqué, spécialisée dans les décors de théâtre (« Cela m’a fait gagner un temps fou… »). Il apprend le trompe-l’œil, la perspective, les tons et demi-tons… pour mieux sentir les instants vécus sur le terrain. Il se remet à l’ouvrage, présente quelques œuvres dans des petits marchés de villages. « Cela semblait plaire, alors je me suis dit que je pourrais peut-être continuer… » Le succès vient peu à peu, tant il est vrai qu’il se décide à se consacrer entièrement à l’art animalier. Mais là encore, pour progresser, s’améliorer, il n’hésite pas à se remettre en question, et comprend très vite « qu’il vaut mieux connaître son sujet avant

de l’interpréter », en faisant directement référence à Xavier de Poret et ses somptueuses illustrations de la faune alpestre. Lorsqu’on regarde ses œuvres,on est sûre d’une chose :

“JE PEUX OBSERVER PENDANT DES JOURS DES CERFS AU BRAME DANS LES HIGHLANDS ET ÊTRE INSPIRÉ PAR UNE GROUSE QUI DÉCOLLE SOUS MES PIEDS, OU BIEN ENCORE, DANS LES

ALPES, JUMELER PENDANT DES HEURES DES CHAMOIS, ET ÊTRE FASCINÉ PAR UN LAGOPÈDE.” 136

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Luxus

Walter Arlaud est viscéralement attiré par les sujets ou des lieux dont la sauvagerie n’est pas un vain mot, celle inquiétante, presque angoissante, que l’homme ne pourra heureusement jamais dompter. La montagne tient les premières places,les paysages grandioses, austères,les ciels tourmentés de l’hiver,que rehausse une faune «dontlabeautén’ad’égalequesarobustesse…». Chamois, mouflons, cerfs, sangliers, tétras, lagopèdes… tiennent les premières places. La connaissance et la défense de la nature n’a,chezWalterArlaud,rien d’une tartarinade quand on sait qu’il s’implique dans la gestion de certaines espèces – en particulier en participant à des séances de comptages, comme les galliformes de montagne (tétras et lagopèdes), la bécasse ou encore le chamois. Et puis il y a l’Écosse, sa « deuxième patrie », comme il l’appelle. Le mot n’est pas trop fort lorsqu’on regarde le nombre très important d’œuvres représentant l’Écosse sous toutes ses coutures : cerf, grouses, dans les moors, ptarmigans sur les sommets… Depuis près de dix ans maintenant, il se rend chaque année dans les Highlands, où il est reçu sur le somptueux domaine de Gaick qu’il peut arpenter en tous sens. « Ce que je ressens en parcourant les moors est indescriptible » : on comprend aisément ce qu’il veut dire quand on a foulé ce pays ne serait-ce qu’une fois : être entre ciel et terre, sans rien ni personne,dans des pentes quelquefois vertigineuses, avec une faune sauvage exceptionnelle… dans des lumières qui le sont tout autant. Le plus amusant est qu’à Gaick, Thorburn a beaucoup peint,de même qu’Edwin Landseer…

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Walter Arlaud

“COMPAGNIE DE PERDRIX ROUGES”, CI-CONTRE, “FAUCON PÈLERIN ATTAQUANT HIGHLANDS”. PAGE DE DROITE, “BÉCASSE SE LEVANT DEVANT UN POINTER”. L’AQUARELLE A SES PRÉFÉRENCES CAR ELLE “EST PRATIQUE EN DÉPLACEMENT”, MAIS C’EST UNE “TECHNIQUE DIFFICILE”, AVOUE-T-IL. DES GROUSES DANS LES

Walter Arlaud ne pouvait rêver mieux comme parrains… Son inspiration ? Elle ne peut venir que“du terrain”. « Cela peut être une ambiance, une lumière »… tout en soulignant que « l’inspiration ne se commande pas pour autant ». Ainsi, il « peut observer pendant des jours des cerfs au brame dans les Highlands,etêtreinspiréparunegrousequidécollesousmespieds». Ou bien encore, dans les Alpes, jumeler pendant des heures des chamois, et être fasciné par un lagopède ou un aigle royal. À côté des beaux-arts, il y a toujours la chasse, « un des meilleurs moyens pour connaître et apprécier la nature ». « Quoi de plus saisissant qu’une compagnie de sangliers ou un vieux solitaire venant vers vous dans un paysage hivernal, ou d’une bécasse virevoltant entre les branches dans un silence total.Quoi de plus beau qu’un petit tétras, un gros bleu comme disent les Savoyards, décollant dans un fracas d’ailes à vous glacer le sang, plongeant dans la pente à une vitesse ahurissante ? » Il recon-

naît être devenu, au fil du temps, plus contemplatif. Aussi, quand se lève une bécasse ou un tétras à l’arrêt de son setter anglais,il a un peu trop tendance «àadmirerlascène».«Cela m’a joué quelques tours,mais je me dis à chaque fois que la pein-

IL

COMMENCE TOUJOURS PAR UNE ÉTUDE AU CRAYON (DÈS QU’IL LE PEUT, IL RÉALISE

DES CROQUIS SUR LE TERRAIN), PARFOIS AU FUSAIN, ET LES MET SUR LE PAPIER LE PLUS VITE POSSIBLE. PEU À PEU, IL APPOSE SES COULEURS, DE LA PLUS CLAIRE À LA PLUS FONCÉE.

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ture me permet néanmoins de m’approprier le gibier… » À cet égard, il porte un jugement assez sévère sur le comportement de certains chasseurs, incapables de discipline et de raison. Cette capacité à sentir ces émotions, par la justesse, la précision, et la poésie de son trait vont faire de lui un artiste à part entière. Il expose peu, car la majeure partie de ses œuvres est vendue grâce à son site Internet. Cela ne l’empêche nullement – car il est impératif « de rencontrer de temps en temps le public » – de se rendre tous les ans au Salon de Rambouillet, au Salon de Berne et d’organiser tous les deux ou trois ans une exposition plus privée, comme dernièrement chez un grand restaurateur suisse. À l’écouter et à le voir, Walter Arlaud conçoit son métier comme une“vocation”,et a pleinement conscience de cette “vie d’incertitude”, mais qui a l’immense avantage « d’être empreinte de liberté ». « Fait de ta passion ton métier,et tu n’auras plus besoin de travailler », aime-t-il répéter. Un doux euphémisme. Il travaille beaucoup pour atteindre à la fois « l’esthétisme et l’équilibre ». Et s’il y a déséquilibre, il doit toujours être « voulu et contrôlé ». La perspective, elle est « essentielle, sans quoi pas de réalisme ». Quant à l’ambiance, « c’est le plus difficile à expliquer… ». C’est l’aquarelle qui a ses préférences, car elle est pratique en déplacement, et demande peu de matériel, tout en reconnaissant que « c’est une technique difficile où l’erreur n’est pas permise,car il est impossible d’effacer,de repasser des couches de peinture pour cacher une erreur ». Notre artiste est intarissable sur son travail : il commence toujours par une étude au crayon (dès qu’il le peut il réalise des croquis sur le terrain et s’il ne le peut pas, il s’efforce de mémoriser tout ce

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Walter Arlaud

“COMPAGNIES DE GROUSES” ET, PAGE DE DROITE, WALTER ARLAUD SUR ÉCOSSE. CE PAYS OÙ IL SE REND CHAQUE ANNÉE, EST SA “DEUXIÈME PATRIE”: “CE QUE JE RESSENS EN PARCOURANT LES MOORS EST INDESCRIPTIBLE…”.

LE TERRAIN EN

qu’il a vu et senti, et les met sur le papier le plus vite possible), parfois au fusain et, peu à peu, il appose ses couleurs, de la plus claire à la plus foncée. La peinture à l’huile ? Elle est présente dans son œuvre, souvent dans de grands formats. Une technique qu’il juge « plus longue et fastidieuse » mais qui permet des retouches, néanmoins c’est une production qui reste confidentielle, car il ne réalise que trois ou quatre huiles par an. Quoi qu’il en soit, son rendu est saisissant, que cela soit l’impression de vitesse d’une compagnie de grouses,une neige cotonneuse ou durcie par le gel, des halos de brume qui renforcent l’incommensurable et la sauvagerie… Avec Walter Arlaud, c’est tout autant senti que vécu. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’on ne voit quasiment pas de portraits d’animaux, car forcément ce serait, à ses yeux,« une photographie sans intérêt »,synonyme d’une « perte de liberté », donc tout ce qu’il peut ressentir.Autre constante

dans la conception de son travail : il peint très souvent plusieurs œuvres à la fois,car « cela me permet de prendre du recul, de reprendre d’un œil neuf une œuvre que j’ai mise de côté »… Ses bécasses, ses sangliers, ses chamois sont très demandés. De

À CÔTÉ DE L’ARTISTE, IL Y A TOUJOURS LE CHASSEUR.“QUOI DE PLUS BEAU QU’UN PETIT TÉTRAS, UN GROS BLEU COMME DISENT LES SAVOYARDS, DÉCOLLANT DANS UN FRACAS D’AILES À VOUS GLACER LE SANG, PLONGEANT DANS LA PENTE À UNE VITESSE AHURISSANTE…”

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DELTAPOINT

UNE LONGUEUR D’AVANCE

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même que ses très jolies et élégantes cartes de vœux. Sa réputation se fait jour et il devient un artiste recherché à telle enseigne qu’il participe de plus en plus aux illustrations d’ouvrages comme il l’a déjà fait pour Bécasseries de Bernard Flory ou la Cuisine du gibier à poil d’Europe de Benoît Violier (éditions du Gerfaut), chef du restaurant suisse trois étoiles de Philippe Rochat, et il travaille actuellement à l’illustration du tome II,consacré au gibier à plume (qui paraîtra en septembre 2012). Il rêve déjà à d’autres horizons,avec toujours la sauvagerie comme dénominateur commun: c’est l’Asie centrale pour le marco polo ou l’ibex, le Canada, Les Rocheuses, ou encore l’Afrique.Mais pour l’heure,un autre projet lui tient à cœur: achever un ouvrage entièrement dédié à la faune des sommets, un ouvrage qui ne sera pas seulement un livre d’images, mais de réflexions, d’opinion sur la nature, l’avenir de la montagne. Pour se « réapproprier un peu ce monde perdu ». Plus encore, Walter Arlaud, en montrant les beautés du monde animal,veut sensibiliser le public profane.En d’autres termes, il aspire à ce que le critique artistique François Fosca appelait « le désir permanent du Beau » fasse comprendre la nature telle qu’elle est et non pas ce que l’homme moderne voudrait qu’elle soit. Mais cela, on l’avait compris depuis longtemps. ◆

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ECRIVAIN

Portrait ◆

Gustave Flaubert Traqueur de sensations par Bruno de Cessole

◆ D

I

L RÊVAIT DE

CHASSER LE TIGRE SOUS DES CIEUX EXOTIQUES,

SE CONTENTA

DE QUELQUES COUPS

e Flaubert l’image usuelle que nousavonsestcelledel’ermitedeCroisset acagnardé dans sa retraite des bords deSeine,vieilourssédentairerechignant à quitter sa tanière, fût-ce même pour s’en aller rejoindre et étreindre sa “Muse”, la bavarde, collante et insupportable Louise Colet. C’est oublier quel’auteurdeSalammbônefutpastoujours un « homme assis » comme le lui reprochait Nietzsche, mais aussi un ardent voyageur, tant en France, qu’en Italie, en Suisse, en Grèce, au ProcheOrient et au Maghreb.

DE FUSIL SUR LES TOURTERELLES ET LES CROCODILES D’ÉGYPTE, MAIS FUT, SURTOUT, UN INLASSABLE PHOTOS : PATRICK IAFRATE - AKG-IMAGES/ERICH LESSING

GUETTEUR DE SENSATIONS ET CHASSEUR D’UN GIBIER INÉPUISABLE : LA BÊTISE.

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À l’encontre de sa définition du voyage dans son Dictionnaire des idées reçues – « Doit être fait rapidement » –,Flaubert, malgré la tristesse de quitter ses proches et son environnement familier, aaiméavecfougueladécouverted’autres horizons et de nouvelles figures,« la mélancolie des paquebots,les froids réveils sous la tente,l’étourdissement des paysages et des ruines,l’amertume des sympathies interrompues », au point de prolonger son voyage en Égypte jusqu’à Damas, Beyrouth et Constantinople et d’en supporter bravement les tracas et les ennuis : l’inconfort des bivouacs, les nourritures infectes ou misérables,les puces,poux et punaisesquivousdévorentdurantlanuit. Dans ces moments-là, sans doute songeait-il, avec nostalgie, à sa maison de Croisset sur la rive d’un « fleuve plus doux, et moins antique », aux peupliers frémissant dans le brouillard froid, aux vaches normandes à l’étable et à la fuméedelafermequimontelentementdans le ciel gris. Rien de plus flaubertien, selon son ami Maxime du Camp,que cette propensionmélancolique,envoyage,àrevenir par la pensée sur le décor quotidien de son existence, à se remémorer les habitudes que le départ a rompu. Ainsi,sous le ciel immuablement bleu de l’Égypte,l’écrivain se languissait des cieux pommelés de Normandie, et sous la tente rêvait de son pavillon des bords LE CABINET DE TRAVAIL DE FLAUBERT DANS SON PAVILLON DES BORDS DE SEINE À CROISSET, PRÈS DE ROUEN. PAGE DE DROITE, GUSTAVE FLAUBERT PAR EUGÈNE GIRAUD EN 1867.



PHOTOS : FINEARTIMAGES/LEEMAGE - AISA/LEEMAGE

Gustave Flaubert

DÉPAYSEMENT

DANS SA JEUNESSE, FLAUBERT RÊVAIT DES HORIZONS LOINTAINS ET DE L’ORIENT. CI-DESSUS, “CARAVANE”, PAR LE PEINTRE ORIENTALISTE FÉLIX ZIEM (1870) ET, CICONTRE, “ARABE SELLANT SON CHEVAL” PAR EUGÈNE DELACROIX.

de Seine où, les nuits d’été, il regardait pêcher les aloses. Toutjeune,pouréchapperàl’ennuiprovincialetaux âcretés lugubres du sang, il aspiraitdetoutesonâmeaux voyages lointains et se réfugiaitdanslarésurrectionimaginaire de la légende des siècles:«Oh,moiquisisouvent en regardant la lune,soit les hivers à Rouen,soit l’été sous le ciel du Midi,ai pensé à Babylone,à Ninive,à Persépolis,à Palmyre,auxcampementsd’Alexandre,aux marches des caravanes,aux clochettes des chamelles, aux grands silences du désert, aux horizons rouges et vides,est-ce que je n’irai pas m’abreuver de poésie,de lumière, dechosesimmensesetsansnomàcettesource où remontent tous mes rêves? » À son ami d’enfance Ernest Chevalier, il confiait, en1840,qu’ilavaitdû,dansuneexistence antérieure,vivreailleursquedanscepays de boue qu’est la Normandie, car il a

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toujours eu « comme des souvenirs ou des instinctsderivagesembaumés,demersbleues» et qu’il était né « pour être empereur de Cochinchine,pour fumer dans des pipes de 36 toises,pour avoir 6000 femmes et 1400 bardaches,des cimeterres pour faire sauter les têtes des gens dont la figure me déplaît, des cavales numides,des bassins de marbre » alorsqu’iln’arienque«desdésirsimmenses et insatiables,un ennui atroce,et des bâillementscontinus…».Quelques années plus

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tard,il avouait à Louise Colet que, des jours entiers au coin du feu, il s’imaginait chasser le tigre,entendant le bruitdesbambouscasséspar les pieds de son éléphant qui barrissait de terreur en flairantlesbêtesféroces,etcombien ces rêves-là rendent malheureux. Cettevocationdechasseurde tigres contrarié,Flaubert eut pourtant l’occasion de la satisfaire en partie lors de ses voyages en Orient et au Maghreb.À ce que l’on sache,il n’avait point chassé auparavant, à rebours de son vieux camarade Tourgueniev qui fut,lui,unchasseurconfirmé et enragé et,bien sûr,de son compagnon de voyage, Maxime du Camp, chasseur à tir et veneur. Sans doute avait-il connaissance des chasses locales – de Rodolphe, l’amant d’EmmaBovary,ilfaitunhobereauchasseur – sans pour autant les pratiquer et, dumoins,était-ilfamilierdesarmes,dont ilemporteraunvéritablearsenaldansson voyage en Orient.À défaut d’être un authentiquenemrod,Gustaveétaitcavalier depuis l’enfance, et cette passion pour le cheval, l’Orient, berceau des « buveurs


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de vent »,où il passera des jours entiers sur la selle, lui offrira l’opportunité de l’assouvir. Parmi les joies les plus poignantes qu’il a connues au cours de ses randonnées en Égypte,au Liban,en Algérie et en Tunisie, figurent au premier plan les chevauchées dans le désert. Jouissance d’être seul, d’aller au galop, à cheval,enpleinsoleil,avec la majesté d’un pacha. Exaltationducavalierdéboulant dans un douar à fond de train sous les acclamations des nomades saluant en lui un vrai seigneur du désert: « Je galopais, ma pelisse sur mes genoux, mon takieh sous mon chapeau. Zagarit, coupsdefusil,fantasia–lefilsducaïdenceinture rouge.Souk’aras! Souk’aras! – tout cela envolé dans le mouvement,j’ai ralenti

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devant les tentes,ils vont venir me baiser les mains,me prendre les pieds.De quelle natureétaitl’étrangefrissondejoiequim’apris. J’en ai rarement eu (jamais peut-être?) une pareille.» Dans le premier chapitre de son remarquable essai sur l’écrivain, Gustave Flaubert, une manière spéciale de vivre

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(Grasset),Pierre-Marc de Biasi amisenreliefcetteobsessiondu cheval dans l’œuvre du Normand.Il en a même recensé les occurrences: « plus de 5000 chevaux,qui hennissent et galopent, dans près de trois cents fragments narratifs », et souligné combien cet engouement nourrit la métaphoredel’écriture:pourFlaubertêtreenselleettenirlaplume seconfondent.Mêmeexultation quand la plume court sur le papier à la manière dont galope un cavalier sur un cheval bien cadencé, dans l’ivresse du mouvement et de la vitesse; mêmes risques de chute quand bronche la monture ou que le souffle de l’inspiration l’abandonne. Même fatigue au bout de la course pour celui qui a fait de l’écriture son “dada”, et qui se compare, sur la fin de sa vie, à unvieuxchevaldefiacreéreinté.Sil’équi-


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Gustave Flaubert ANTIQUITÉS LE COLOSSE

MEMNON DANS LES RUINES DE THÈBES, GEORGE CROLY ET WILLIAM BROCKEDON (1845). EN RÉALITÉ, FLAUBERT N’ÉTAIT PAS FÉRU DE LA VISITE DES RUINES, À QUOI IL PRÉFÉRAIT L’OBSERVATION DES HOMMES.

DE

GRAVURE DE

COMPAGNON

MAXIME DU CAMP PHOTOGRAPHIÉ PAR NADAR ET PHOTOGRAPHIE PRISE PAR LUI DU COLOSSE D’ABOU SIMBEL. HOMME À MULTIPLES TALENTS, ET ARRIVISTE CONVAINCU, DU CAMP NE COMPRENAIT PHOTOS : JEAN BERNARD/LEEMALE - HERITAGE IMAGES/LEEMAGE - BIANCHETTI/LEEMAGE

PAS LA NATURE SAUVAGE ET DÉSINTÉRESSÉE DE SON AMI DE JEUNESSE.

tation remplit toute la vie de Flaubert,la chasse y tient une bien moindre place.En apparence. Car l’écrivain, me semble-t-il, fut un chasseur d’instinct, autant qu’un centaure,et témoigna,dans sa vie comme dans son travail, des qualités qui définissent le bon chasseur: l’acuité de l’observation,la mobilisation de tous les sens, le goût de la quête, la patience de l’affût,l’amour de la sauvagerie et de la solitude, sans oublier l’impulsion du prédateur.Et peu importe si sa pratique de la chasse ne fut pas de longue durée. En novembre 1849,après avoir pris congé de leurs amis parisiens, Gustave Flaubert et Maxime du Camp embarquent à Marseille pour l’Orient.Tour à tour, ils parcourront l’Égypte (jusqu’en juillet 1850), la Palestine, la Syrie, le Liban,l’Asie Mineure,avant de revenir en France par la Grèce et l’Italie. En juin1851,l’écrivainestderetouràCroisset, la tête farcie d’images, de souvenirs hauts en couleur,et plus affranchi d’illusions qu’au départ. Car, sous le chatoie-

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ment d’existences, « riches de saletés,de déchirures et de galons »,il a retrouvé « cette vieille canaillerie immuable et inébranlable » de la nature humaine et « voyager développe le mépris qu’on a pour l’humanité ». Tout au long de ses notes de voyages, tantôt sec résumé d’une journée,simple aide-mémoire comparable à une photographie, tantôt développement long et fouillé,à l’écriture soignée,Flaubert fait allusion à des parties de chasse en compagnie de Maxime du Camp. Lorsque leur bateau, remontant le Nil, est au mouillage, les deux amis, quand ils ne

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sacrifient pas au rite des excursions archéologiquesouautourismesexuel,vont tirer les tourterelles,les oiseaux de proie, oumêmeleschienserrants,àmoinsqu’ils ne chassent les crocodiles ou les chacals. Leplussouvent,ils’agitdesimplesmentions, sans que Flaubert développe ses impressions ou sensations. Ainsi:« Edkou.Pendant qu’on appelle le passager,nous chassons dans le marais; Max et moi abattons à la fois cinq pies de mer,dont deux se perdent dans l’eau.C’est mon premier gibier tué »; « 6 janvier.AqueducdeJoseph.Nouspassonstoutl’après-midi à tirer des oiseaux de proie le long de l’aqueduc de Pharaon.Des chiens blanchâtres à tournure de loups,à oreilles pointues,hantent ces puants parages.Carcasses de chameaux, de chevaux et d’ânes. Une caravane passe le long des arcs de l’aqueduc pendant que je suis à guetter des vautours. Le grand soleil fait puer les charognes,les chiens roupillent en digérant ou déchiquetant tranquillement.Après la chasse aux aigles et aux milans,nous avons tiré sur les chiens:une balle qui tombait près d’eux les faisaits’enallerlentementsanscourir.»;«Sur le Nil.Vendredi.Nous amarrons au village


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Gustave Flaubert de Kafr-el-Ayyât […] Le soir,nous mettons pied à terre et nous allons à vingt minutes de là chasser les tourterelles dans un bois de palmiers qui entoure le village.Samedi.Même mouillage,chasse le matin au même endroit […] Bientôt le village tout entier marche autour de nous et nous accompagne;un jeune garçon grimpe au haut d’un palmier dénicher une tourterelle qui s’y était accrochée en tombant.Après le déjeuner,retouraumêmeendroitetplusloinencore,dansunautrebouquetdepalmiers.Toute la journée nous faisons un effroyable abattisd’oiseaux.Couchésà7heuresdusoir,nous dormons quinze heures »;« Siout.Vendredi 1er mars.À 11 heures du matin aperçu le

premier crocodile,il se tenait sur le sable au borddel’eau.Bientôtnousenvoyonsquelques autres,parmi les arbrisseaux,sur la berge, à gauche.[…] Pendant une heure et demie nous chassons vainement ; les crocodiles glissant et déboulant dans les herbes.Samedi 2.Au milieu du jour,nous voyons plusieurs crocodiles à la pointe d’un îlot.Quand

Ô JÉRUSALEM ! “CHASSE AU FAUCON

PHOTOS : JOSSE/LEEMAGE

EN ALGÉRIE : LA CURÉE” PAR EUGÈNE FROMENTIN. ET, CI-DESSOUS, VUE DE LA VILLE DE JÉRUSALEM DEPUIS LA VALLÉE DE JOSAPHAT, PAR AUGUSTE DE FORBIN (1825). “RUINES PARTOUT, ÇA RESPIRE LE SÉPULCRE ET LA DÉSOLATION ; LA MALÉDICTION DE DIEU SEMBLE PLANER SUR LA VILLE, VILLE SAINTE DE TROIS RELIGIONS ET QUI CRÈVE D’ENNUI, DE MARASME ET D’ABANDON.”

la cange approche,ils se laissent glisser dans l’eau comme de grosses limaces.Nous marchons sur cet îlot de sable pendant une heure sans rien trouver.Au bout de l’îlot,je tue un petit vautour.» À Esneh, le mercredi 6 mars, après une mémorable nuit d’amour, longuement décrite, avec la courtisane Kuchiouk-Hânem, Flaubert va chasser autour du village. Quelques jours plus tard, à Médik,le 17 mars,sur la rive gauche, sous des palmiers, il tue plusieurs tourterelles et trois oiseaux de proie, dont deux gypaètes. Plus loin, à Guebel-Abousîr,il part seul, sur un âne,pour aller à la cataracte tuer le chacal, vu la veille autour d’un crocodile mort. Mais l’âne est intraitable, n’en fait qu’à sa tête, si bien que Flaubert s’en revient à pied au bout d’une demi-heure, en longeant la rive. ÀKorosko, le 2 avril, ils aperçoivent sur un petit ro-

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Gustave Flaubert

JOSSE/LEEMAGE

vant des voyages. Redevenu sédentaire, il ne s’aventurera plus au loin, se contentant de courts séjours à Paris, à Londres ou à Bade. Vissé à sa table de travail, le cheval de sang se métamorphose en bœuf de labour, et s’attelle à l’écriture du principal de son œuvre:Salammbô,l’Éducation sentimentale, la Tentation de saint Antoine, la Légende de saint Julien l’Hospitalier, Un cœursimple,Hérodias,Bouvard et Pécuchet. En 1875, il rédigelespremièreslignesd’un conte médiéval,la Légende de saint Julien l’Hospitalier, dont il avait eu l’idée vingt ans auparavant.L’origine de ce projet?Unvitraildelacathédrale de Rouen qui l’avait beaucoup impressionné, et qui l’incitaàentreprendredesrecherches érudites sur la vie domestique au Moyen Âge et sur la vènerie. Comme toujours chez l’écrivain, les préliminaires sont plus longs que la rédaction elle-même, à peine un an et quatre mois de travail, pour une trentaine de pages. Inspirée,en partie,de la légende VÈNERIE MINIATURE TIRÉE DU “LIVRE DE LA CHASSE” DE GASTON PHÉBUS. SANS DOUTE FLAUBERT LUT-IL de saint Hubert,l’histoire de LE PLUS CÉLÈBRE TRAITÉ DE CHASSE DU MOYEN ÂGE POUR NOURRIR SA “LÉGENDE DE SAINT JULIEN L’HOSPITALIER”. Julien transpose aussi le mythe d’Actéon, incapable de cher,trois crocodiles:Maxime en blesse l’Égypte.“Inch Allah!”,comme disent les un,qui s’en va lentement:« nous le pour- Arabes ». Six ans plus tard, alors qu’il refréner son instinct de prédation, et suivons en canot sans pouvoir l’atteindre. commence d’écrire le premier chapitre puni pour cela. À l’évidence, Flaubert Le soir à 5 heures pris un bain dans le Nil ». de Salammbô, Flaubert ressent le be- s’est documenté avec soin,et sans doute Lors d’une excursion dans la vallée des soin de chercher sur place l’inspiration, a-t-il lu et annoté le Livre de la chasse de Rois, ils font la rencontre inopinée de les détails, qui lui manquent. Au prin- Gaston Phébus, le Livre du roy Modus, chasseurs d’hyènes : « Un petit vieux à temps 1858, il quitte Paris pour Mar- et quelques traités de fauconnerie, car barbe grise, figure souriante, son compa- seille et embarque pour l’Algérie. Il vi- on relève peu d’erreurs dans les parties gnon,36ans,sandales,fusilàmèche,sombre site Philippeville, Constantine, puis du récit consacrées aux chasses de Jupersonnage,plus effrayant à rencontrer que gagne Tunis par la mer, et entreprend lien. À la naissance de celui-ci, un pèleson gibier.Ils portent une petite outre pleine devisitersoigneusementCarthageetBid’eau,qui est toute leur provision pour 3 ou zerte. Dans sa relation de voyage, pas rin, de passage au château paternel, 4 jours; quand ils ont tué une hyène,ils la de traces de parties de chasse – seule- prédit à la mère de l’enfant qu’un jour mangent et prennent la peau.Le mauvais ment la mention d’une rencontre avec son fils deviendra un saint,tandis qu’au état de nos chaussures fait que nous sommes un chasseur de lions indigène puis d’un père, un mendiant balbutie : « Ah, ton obligés de renoncer à cette partie de chasse, groupe de chasseurs d’hyènes, accou- fils !… beaucoup de sang !… beaucoup de tumésàlesprendrevivantes–cequiten- gloire !… la famille d’un empereur.» Lorsqui aurait pu être curieuse ». Surceregrets’achèventlesnotations drait à prouver qu’en Égypte il chassait qu’il atteint ses 10 ans,Julien découvre cynégétiques du VoyageenOrient:«Der- plus pour accompagner Maxime du la volupté sauvage de la chasse, et son père décide de l’initier à la vènerie : « il nière journée.Navrement profond de f… le Camp que par goût personnel. Le 21 avril, il retourne à Philippe- alla chercher un vieux cahier d’écriture camp. Je sens par la tristesse du départ la joie que j’aurais dû avoir à l’arrivée… Dans ville et Constantine et,le 9 juin,il est de contenant,par demandes et réponses,tout quatre heures je quitte Le Caire.Adieu à retour à Croisset. C’en est fini doréna- le déduit des chasses.Un maître y démon-

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Gustave Flaubert

JOSSE/LEEMAGE

de mourir, lui lance par trois fois: « Maudit! maudit! maudit ! Un jour, cœur féroce, tu assassineras ton père et ta mère ! » Accablé, envahi de tristesse et de dégoût,obsédé par la malédiction du grand cerf, Julien tombe malade. Rétabli,il renonce à la chasse mais se voit contraint à reprendre l’exercice des armes. Ayant manqué tuer, par accident,son père et sa mère,il disparaît, s’engage dans une troupe de routiers, devient chef d’armée, secourt l’empereurd’Occitaniequi,enrécompense, lui offre sa fille en mariage. Par pénitence, et voulant conjurer le mauvais sort,il se refuse toujours à chasser, malgré les prières de ses amis et même de sa femme. Pourtant, la prédictionduvieuxcerfseréalisera, que Julien expiera douloureusement. Jusqu’à sa rédemption finale. Dans toute l’œuvre de Flaubert, ce court récit, d’une grandeintensitédramatique, est le seul écrit dédié à la chasse,sil’onexceptelesquelques notations du Voyage en Orient, et la définition iroLE NOBLE DÉDUIT SEIGNEUR CHASSANT LE RENARD À COURRE. AVEC SA “LÉGENDE DE SAINT JULIEN niquedu“nobledéduit”dans L’HOSPITALIER”, L’ÉCRIVAIN MONTRAIT QUE LA VÉRITABLE CHASSE COMMANDE DE RÉFRÉNER SON INSTINCT DE PRÉDATION. le Dictionnairedesidéesreçues: «Chasse.Excellentexerciceque trait à son élève l’art de dresser les chiens tour. Quand il ne chassait pas au vol, le etd’affaîterlesfaucons,detendrelespièges, garçon aimait,en sonnant de la trompe, l’on doit feindre d’adorer.Fait partie de la comment reconnaître le cerf à ses fumées, « suivre ses chiens qui couraient sur le ver- pompe des souverains.Sujet de délire pour le renard à ses empreintes,le loup à ses dé- santdescollines,sautaientlesruisseaux,re- la magistrature. » Est-ce suffisant pour chaussures,le bon moyen de discerner leurs montaientverslesbois,etquandlecerfcom- inscrirel’auteurparmilesécrivainschasvoies,de quelle manière on les lance,où se mençait à gémir sous les morsures, il seurs? Sans doute pas, mais c’est d’une trouvent ordinairement leurs refuges,quels l’abattait prestement,puis se délectait à la sont les vents les plus propices,avec l’énu- furie des mâtins qui le dévoraient, coupé autre façon que Gustave Flaubert mérite de figurer dans cet équipage.Vouée mération des cris et les règles de la curée. en pièces,sur sa peau fumante ». Est-ce bien de chasse qu’il s’agit tout entière à la quête infinie de la senQuand le jeune garçon sut par cœur toutes ceschoses,sonpèreluicomposaunemeute». du reste ? Plutôt un vertige de mas- sation, de la vérité et de la beauté artisPuis, à grand-peine et à force d’argent, sacre,uneivresseàvoirrépandrelesang, tique, la vie du solitaire de Croisset fut il fit venir des pays lointains, des tier- joints à l’orgueil de l’adresse aux armes une longue chasse, ardente et désespécelets du Caucase, des sacres de Baby- et à la gloriole du“tableau”. Un certain rée, à un but spirituel qui se dérobait lone, des gerfauts d’Allemagne, et des jour,aprèsavoircommisunehécatombe en se forlongeant sans cesse. Reste enfaucons pèlerins de Scandinavie,si bien de gibiers de toutes sortes, Julien tire fin, la traque obsédante de la stupidité que la fauconnerie dépassa la meute unvieuxcerfdetaillemonstrueuse,dont humaine,de la bêtise,« hénaurme »,infien splendeur. Cependant, aux chasses il a déjà tué la biche et le faon.La flèche niecommelamer,auxquellesl’auteurde collectives,Julien préférait chasser seul, de son arbalète se plante dans le front Bouvard et Pécuchet consacra ses deravec son cheval et son faucon,un grand de l’animal qui, enjambant les morts, nières forces. Ce gibier était, et reste, tartaret de Scythie, avec lequel il vola avancesurlechasseur.Prisd’épouvante, inépuisable et Flaubert fut l’un de ses le héron,le milan,la corneille,et le vau- Julien recule. Le cerf s’arrête et, avant plus intrépides veneurs. ◆

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Nouvelle rubrique “opportunité”


REGARD

L’

Art

et la

Chasse

Une tapisserie du Louvre

C

URIEUSE

SCÈNE

QUI EST ICI

PRÉSENTÉE, CAR CETTE CHASSE

À L’ÉLÉPHANT POURRAIT

NE PAS EN ÊTRE UNE…

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◆ C

Chasse à l’éléphant par Antoine Briand

’estunebiencurieusetapisseriequenous présentons. Elle est aujourd’hui au Louvre; on y voit des veneurs et un éléphant mort, et à l’arrière-plan, une licorne et un autre éléphant, au cœur d’une forêt occidentale. Son origine nous est inconnue, elle a été tissée par des ateliers de lisse français ou flamands, et date vraisemblablement des années 1530; signalons que la bordure supérieure ne semble pas être d’origine. Ne nous y trompons pas: sous couvert d’un certain réalisme, tout n’est qu’artifice et pure fiction. Le décor tout d’abord: il ne cadre pas vraiment avec l’animal chassé.Tous les éléments indiquentuneforêtd’Europeoccidentale,deFrance ou des Flandres. Les veneurs sont habillés à la mode flamande et s’apparentent à leurs congénères représentés sur la tenture des Chasses de Maximilien, contemporaine de notre tapisserie. Ils portent les mêmes chausses, les chevaux le

même harnachement ; l’on retrouve les mêmes chiens (des lévriers et des mâtins) et les mêmes armes (y compris la lance empennée tenue par le veneur de gauche, avec les deux lévriers en main).Lesmaisonsetleclocheraperçuenarrièreplan renforcent l’aspect occidental de la scène, outre la végétation. Nous sommes loin, très loin de la savane, ou de la forêt africaine… L’éléphant à terre a été transpercé en plusieurs endroits, et reste à l’état de cadavre. La représentation du pachyderme paraît assez réussie pour l’époque, n’étaient les défenses, disproportionnées par rapport au reste du corps. Mais davantage, les proportions du corps luimêmenesontguèreréalistes,onpourraitpresque croire qu’il s’agit d’un éléphanteau. À n’en pas douter,l’auteur du carton de la tapisserie n’avait jamais vu d’éléphant, mais a eu à sa disposition une bonne représentation de l’animal.Il en existait des spécimens vivants en Europe au Moyen Âge, qui n’étaient pas des descendants de ceux DÉTAIL DE LA LICORNE ATTAQUANT qu’Hannibalutilisapour UN ÉLÉPHANT. CET ANIMAL IMAGINAIRE franchir les Alpes mais À CORPS DE CHEVAL, AVEC UNE CORNE ceux ramenés des croiUNIQUE SUR LE FRONT, APPARAÎT À LA sades par saint Louis ou FIN DE L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE. ON DIT FrédéricII,ouencoreceQU’ELLE VIENDRAIT D’INDE ; PLINE ÉCRIT luioffertàCharlemagne. QU’ELLE EST DANGEREUSE ET FÉROCE. À observer cette scène, SI, AU DÉBUT DU MOYEN ÂGE, rien ne correspond du ELLE NE JOUE QU’UN RÔLE MINEUR, pointdevuestrictement ELLE INSPIRERA DEUX DES PLUS GRANDS cynégétique : non seuCHEFS-D’ŒUVRE DE L’ART GOTHIQUE lement, il est bien diffiTARDIF. EN OUTRE, LA TRADITION MÉDIÉVALE NOUS RENSEIGNE QUE ciledechasserl’éléphant LA LICORNE EST “DE TELLE VIGUEUR en Europe, mais on ne QU’ELLE NE CRAINT NUL VENEUR”… le force pas de cette manièredanssespaysd’ori-

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PHOTO RMN - DROITS RÉSERVÉS

CONTRAIREMENT À CE QUE LAISSE VOIR LA SCÈNE PRINCIPALE, NOUS SOMMES EN PRÉSENCE NON PAS DE VENEURS QUI ONT TUÉ UN ÉLÉPHANT, MAIS D’UNE CHASSE À LA LICORNE EN COURS QUI A ÉTÉ INTERROMPUE PAR LA DÉCOUVERTE DU CADAVRE DU PACHYDERME.

gine (Afrique et Asie). C’est une chasse d’approche, à pied, en tout cas ni à cheval, ni avec des chiens! Si l’on tient compte de la réputation d’animal de guerre et de la force de l’éléphant, alors cette scène pourrait servir d’exemple de bravoure et à louer le courage des chasseurs représentés. Pourtant, le pachyderme est réputé pour sa placidité et son intelligence et ses vertus sont reconnues au cours du Moyen Âge, il symbolise même une figure chrétienne de chasteté et de constance.Signalons que l’éléphant a d’ailleurs été représenté avec plus ou moins de réalisme,dans les églises romanes, en Saintonge, en Bourgogne ou en Alsace mais également dans des cathédrales gothiques, comme à NotreDame de Paris. Au fond, notre éléphant pourrait être remplacé par tout autre animal de chasse, sanglier, cerf, loup… Quelles ont alors été les raisons qui ont poussé les ateliers à se faire rencontrer un animal si exotique et des chasseurs occidentaux? La tapisserie est intitulée Chasse à l’éléphant mais nous pensons que le titre ne reflète pas la scène représentée.On peut constater que si les veneurs sont autour du gibier qu’ils viennent d’abattre, leurs armes ne sont pas ensanglantées. En outre, la présence d’un autre éléphant renforce l’aspect improbable sinon onirique de cette tapisserie,s’inscrivant dans cette campagne comme s’il était un animal familier…

La scène devient plus incroyable encore lorsqu’on remarque qu’une licorne est en train de transpercer le flanc de cesecondéléphant.Latraditionmédiévalenousrenseigneque la licorne est « de telle vigueur qu’elle ne craint nul veneur », et que l’unicorne est « si agressive et si hardie qu’elle s’attaque à l’éléphant » ; plus encore, elle est « le plus redoutable des animaux qui existent au monde », écrit Guillaume le Clerc de Normandie dans son Bestiaire divin (vers 1211). Le même rapporte que « l’éléphant n’a aucun moyen de se défendre quand elle attaque,car elle frappe sous le ventre si fort,son sabot tranchant comme une lame,qu’elle l’éventre entièrement ». Nous avons peut-être ici un indice pour comprendre la scène: la licorne a tué un éléphant. Nous sommes sans doute en présence non pas de chasseurs qui ont tué un pachyderme, mais d’une chasse en cours –un piqueur et des cavaliers sont enarrière-plan,d’autresàdroitesemblentcontinuerlachasse–, mais qu’elle a été interrompue par la découverte du cadavre de l’éléphant. Cette scène au milieu à gauche nous montre la licorne éventrant un éléphant au même endroit que la blessure de l’éléphant mort. Cela change tout, car les chasseurs seraient sur la piste non d’éléphants mais d’une licorne, ce quirehausseraitleurcourage,affrontantunanimalprodigieux. Si cela s’avérait exact,cette tapisserie pourrait alors faire partie d’une tenture de chasse à la licorne… ◆

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V

isite privée ◆

CETTE ANCIENNE RÉSIDENCE DE NOTABLES DE LA RÉGION NE CACHE PAS SON ÂGE ET ASSUME SES RIDES ET LES OUTRAGES

C’EST À LA COLOMBIÈRE, UNE DEMEURE DATANT DE 1818, QUE LA FAMILLE DE BRAY DEVILLEZ HABITE DEPUIS TOUT JUSTE CENT ANS.NOUS SOMMES ICI EN BORDURE DE VEXIN DANS UN DOMAINE PROCHE DE LA SUPERBE FORÊT DE LYONS, UNE FORÊT DE HÊTRES DE 12000 HECTARES. 158

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DU TEMPS.

AVEC SON FRONTON 1818

ESTAMPILLÉ DES ANNÉES

ET SES FRISES EN BORDURE DE FENÊTRES INCRUSTÉES DANS LA PIERRE, ELLE DÉVOILE

SES CHARMES À QUI VEUT LES VOIR.


Invitation Ă

La Colombière dans la famille

de Bray Devillez


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DE CHASSE ET DE PÊCHE,

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◆ O

AVANT DE FAIRE MOUCHE.

n suppose ici que le nom de“Colombière”fut donné au domaine en raison des nombreux boulins à étages creusés dans les parois de briques des dépendances. N’oublions pas que la route des colombiers cauchois n’est pas très loin. Cette route parcourt la vallée de la Durdent, celles de Valmont et de Ganzeville et sillonne à tout moment le Pays de Caux. Souvent au centre de la cour, appelée ici cour-masure,s’élevait le colombier. Cetteplaced’honneur,provenaitdudroitféodalenvigueur en Normandie. Le colombiersymbolisaitl’autorité seigneuriale, la terre noble, le fief… Leurs propriétaires lui apportaient raffinement et soin et l’on retrouvait leurs armes gravées au-dessus de la porte d’entrée. Mais revenons à La Colombière.D’incendie en révolte,de construction en restaurations, la bâtisse a traversé des époques fastueuses et troublées mais elle a conservé néanmoins l’apparence qu’elle avait à sa construction. Cette ancienne résidence de notables de la région, qui s’y succèdent, devient en 1910 possession de la famille de Bray Devillez qui y habite toujours. Restaurées au fil de temps, toutes les pièces de la maison sont aujourd’hui décorées avec goût par les propriétaires férus d’antiquité. >>

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Invitation à La Colombière L’UN DES RARES BOULINS NON MURÉS DANS LEQUEL S’ENGOUFFRENT ENCORE

DE NOMBREUX PIGEONS.

CI-DESSOUS, LE BARON MASSIMO MORI FAIT L’ÉLOGE À MARIE ODILE

ET À SON COUSIN

JEAN-BAPTISTE DES PRODUITS ITALIENS DONT IL A APPORTÉ QUELQUES EXEMPLAIRES. UN BARROLO, CE VIN ITALIEN DU PIÉMONT, DE PREMIÈRE CATÉGORIE ACCOMPAGNAIT LA DÉGUSTATION.

Dans chaque pièce de la maison une cheminée en pierre atteste du moyen de chauffage de l’époque. Tantôt dans les chambres à l’intérieur cosy, tantôt dans un petit salon à l’esprit boudoir, parfois rustique dans une cuisine. Mais la magie opère surtout lorsque le regard est attiré par une vue imprenable sur la douceur de la nature à toute heure. C’est un endroit idéal que la famille affectionne particulièrement et où de nombreuses “cousinades”sont organisées chaque année par Agnès la maîtresse de maison. La Colombière est installée à proximité d’une forêt de hêtres centenaires, riche en cervidés.Ici on chasse de génération en génération et les chasses ne se partagent qu’en famille et avec quelques amis très proches. Nous avons eu la chance de participer à l’une des premières de la saison par un temps presque printanier, d’autant plus appréciable que cette année l’hiver a été vraiment glacial sur ces terres de Normandie. >>

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Invitation à La Colombière

La palette des chasseurs était très internationale: il y avait là un antiquaire de renom, un baron italien, un homme de presse, une cousine belge et de nombreuses branches du Nord. C’est avec une organisation et une logistique parfaitement rodées que Patrick et Jean-Baptiste nous conduisirent au petit matin,en bordure de bois,à l’approche du brocard. L’ambiance était au beau fixe et chacun semblait ravi de ce début de journée, parfaitement rythmé par le jeune Jean-Baptiste. C’est lui qui commenta brièvement au reste de la famille notre sortie matinale. Et c’est encore lui qui lança des discussions passionnantes sur la chasse et la pêche en grignotant les spécialités italiennes apportées par Massimo Mori, avant de passer à table où un déjeuner animé fut servi dans la tradition familiale. ◆

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UNE “AVANT-CUISINE”

AVEC SA CHEMINÉE GIGANTESQUE.

CETTE PIÈCE CHAMPÊTRE SERT SOUVENT, EN FIN D’ÉTÉ, À L’ÉLABORATION DES CONFITURES ; L’HIVER, À RÉCHAUFFER DES CHASSEURS TRANSIS DE FROID ; ET EST PROPICE, À TOUS MOMENTS, À DE NOMBREUSES CONVERSATIONS ANIMÉES.

CI-DESSOUS, DEUX PETITS

RECOINS DE CHARME DANS DES CHAMBRES DU PREMIER ÉTAGE ET, AU MILIEU, UN JOLI MOULE À GÂTEAU DU

XIXe SIÈCLE EN CUIVRE.

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Saveurs

Invitation à La Colombière par Véronique André

CHRISTOPHER HACHE A TOUT – LE CHARME, LE TALENT, LA JEUNESSE, L’INVENTIVITÉ… – ET CE N’EST PAS UN HASARD S’IL PREND AUJOURD’HUI LES RÊNES DU RESTAURANT DU “CRILLON”. SON PARCOURS RÉCENT : SECOND D’ÉRIC FRÉCHON AU “BRISTOL”. SA LANGOUSTINE RÔTIE FENOUIL CROQUANT, SA LOTTE EN POUR LUI

Notre chef entre en cuisine Avec des amis gastronomes, il était de bon ton de faire honneur à la cuisine printanière de Christopher Hache, nouvellement arrivé au piano des“Ambassadeurs”de l’“Hôtel de Crillon”. Il nous propose, en entrée, des ravioles de morilles, suivies d’un pigeon et une Tatin d’oignons grelots et, en dessert, une tarte fine aux pommes. Suivez notre guide, c’est un orfèvre de la méthode.

MÉDAILLON NACRÉE ET SA TARTE AUX FRAISES GARIGUETTES GLACÉES SONT DIVINES.

Les Ambassadeurs-Hôtel de Crillon, 10,place de la Concorde,Paris VIIIe. Rens. : 01.44.71.15.00 et www.crillon.com

Ravioles de morilles de printemps Pour 6 personnes 700 g de morilles,4 pièces de chou pak-choï,150 g de jambon,100 g de beurre,50 g de jus de volaille,quelques brins de persil,10 noisettes,100 g d’échalote,150 g de lait entier, 20 g d’huile de noisette. ◆◆◆

Coupez les pieds des morilles, lavez-les soigneusement, Réservez 12 jolies feuilles de chou,ciselez l’échalote et hachez le chou grossièrement. Faites suer l’échalote,ajoutez le chou puis le jambon concassé. Ajoutez quelques éclats de noisettes qu’on aura gardés, conservez la farce en poche. ◆◆◆

Taillez les rondelles et cuisez-les rapidement.Faites

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tomber les morilles à couvert avec un peu de fond blanc. Choisissez les plus belles et faites-les farcir avec la farce de chou. ◆◆◆

Ciselez le persil et taillez le reste du jambon en fine julienne Faites suer les demi-échalotes ciselées,mouillez au fond blanc et faites réduire. Ajoutez l’eau de cuisson des morilles et une cuillère de jus de volaille. Passez au chinois. ◆◆◆

Poêlez au beurre les morilles farcies et tombez le chou pak-choï rapidement.Ajoutez l’huile de noisette à l’émulsion et faites mousser.

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Saveurs Invitation à La Colombière

Pigeon et Tatin de grelots

Pour 6 personnes 6 pigeons,100 g de feuilletage,600 g d’oignons grelots,250 g de pomme reinette, 1 gousse de vanille,50 g de confit de coing, 500 g de carasses de pigeon,200 g de farine, 2 œufs,100 g de foie gras,1 échalote, 80 g de beurre,20 g de sucre. ◆◆◆

Faites un bouillon de pigeon avec les carcasses et une garniture aromatique. Prélevez les filets et désossez les cuisses. Taillez le foie gras en petits morceaux. Ciselez l’échalote,faites-la suer

et mélangez à froid aux cuisses désossées et hachées.Faites une pâte à raviole avec la farine et les œufs et façonnez les ravioles de cuisse et foie gras.

◆◆◆

◆◆◆

Faites rôtir les filets,dressez au fond la compotée de pomme puis les oignons, taillez le feuilletage et déposez-la le long des oignons.

Épluchez et parez les oignons grelots, faites-les caraméliser et confire au beurre.Faites une compotée de pomme avec la confiture de coing et la vanille.Cuisez le feuilletage sans le piquer entre 2 plaques. Cuisez les carottes et les minipoireaux puis taillez-les en biseaux

Faites cuire les cuisses sous vide pendant 2 heures à 70 °C,désossez-les,taillez-les en brunoise et mélangez au foie gras. Faites une pâte avec la farine et les œufs, montez la farce de pigeon en raviole de 3 cm de diamètre.Cuisez les ravioles et servez-les dans le bouillon.

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Saveurs Invitation à La Colombière

Tarte fine aux pommes Pour 6 personnes 3 pommes granny-smith,une pâte feuilletée,20 g de sucre cassonade, 30 g de beurre.Cannelle en poudre. ◆◆◆

Pelez les pommes et évidez-les, étalez la pâte,piquez avec une fourchette à de nombreux endroits. Faites quatre cercles à l’emporte-pièce. ◆◆◆

Coupez les pommes en lamelles de 3 mm.Disposez les pommes en rosace sur chaque cercle de pâte.Saupoudrez de sucre cassonade,ajoutez un morceau de beurre et saupoudrez légèrement de cannelle. ◆◆◆

Mettez au four 20 minutes à 180 °C.Servez avec une boule de glace à la vanille.

À GAUCHE, SUR UN COIN DE TABLE L’EN-CAS DE LA MI-MATINÉE : UN JAMBON ITALIEN ET UN FOIE GRAS DES

LANDES. À DROITE,

UNE COLLECTION D’ASSIETTES

APPARTENANT À LA FAMILLE DEPUIS DES DÉCENNIES ET DES VERRES DONT L’ORIGINE NORMANDE

LAISSE SUPPOSER QU’ILS ÉTAIENT DESTINÉS À BOIRE DU CIDRE.

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DOMAINE DE BARON’ARQUES 2007

◆ Propriété de la baronne Philippine de Rothschild et de ses deux fils

depuis 1998, ce domaine constitue une référence pour les vins du Languedoc. Son millésime 2007 se situe dans la lignée. Robe rubis, nez expressif de fruits rouges et noirs mûrs, résineux, touche giboyeuse. Bouche à l’ossature élégante, et aux tannins veloutés. Ensemble équilibré, finale persistante sur la fraîcheur. Chez les cavistes.

100 BOUTEILLES EXTRAORDINAIRES ◆ Michel-Jack Chasseuil, qui a

effectué toute sa carrière chez Dassault, est propriétaire du vignoble Château Feytit-Clinet. Il publie un ouvrage qui fera référence, 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde. Une passion où il livre les secrets de cent bouteilles mythiques.

MOUTARDE REIMS CLOVIS ◆ Créée en 1976, la maison

Clovis des établissements Charbonneaux-Brabant propose des produits au savoirfaire unique dont une moutarde de Reims agrémentée de fins morceaux de concombre, pulpe d’ail et pincée d’aneth… à savourer tout l’été.

Éditions Glénat, 256 pages, 45 €.

COFFRET GARRIGUE DE LA MAISON DU CHOCOLAT

2,80 €, les 200 g.

◆ Les parfums de la Provence inspirent

cet été La Maison du chocolat avec ses coffrets Garrigue, une nouvelle collection de chocolats qui comprend notamment un Amélo (à l’amande) un Oulivado (à l’huile d’olive) et un Soledad (ganache au chocolat noir très corsé). 12 €, le coffret de 10

KRUG ROSÉ POUR L’ÉTÉ

chocolats ; et 32 €, celui de 30.

◆ Voici un rosé qui possède

l’équilibre idéal (cépages de pinot noir, meunier, chardonnay, choisis parmi les meilleurs millésimes) et un caractère affirmé, à la fois fruité, délicat et complexe. Il s’accorde à merveille avec la volaille et les gibiers légers. 210 €.

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GLENMORANGIE SONNALTA PX

◆ 46 degrés, non filtré à froid… ce single malt en “édition limitée” a vieilli dix ans dans les meilleurs fûts de bourbon puis deux ans dans des fûts de pedro ximénez, rares et exceptionnels fûts de sherry. Tout en arômes et profondeur ! 60 €. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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Tentations LA MAISON ET SA DÉCO

SIÈGE D’APPOINT VUE SUR TABLES

◆ Ce siège d’appoint est l’idée ingénieuse

par excellence. Il est idéal pour s’asseoir près de la cheminée en hiver et parfait pour les repas entre amis l’été lorsque les chaises viennent à manquer. L’assise est en peau velours marron brodée d’un canard ou d’une perdrix et le “x” en bois. 340 €.

SERVICE OISEAUX BERNARDAUD

◆ Inspiré des cabinets de

curiosité en vogue au XVIe et au XVIIe siècle, le motif se décline sur un service complet où les oiseaux aux couleurs trouvent appui sur des arbres stylisés traités en or.

VALISE PIQUE-NIQUE ALEXANDRE MAREUIL

◆ Extérieur cuir et intérieur compartimenté en cuir également, cette valise est idéale pour un pique-nique chic à quatre. Elle est équipée de 4 assiettes, 4 lots de couverts (fourchettes, couteaux et cuillères) et de 4 verres. Elle est également livrée avec 4 serviettes et un plaid en laine bouillie. Alexandre Mareuil a pensé à tout. 1900 €.

52 €, assiette à dessert.

CHANDELIERS HOUSE OF ARGENTINA

◆ Démarquez-vous des décorations ultraconventionnelles avec cette paire de chandeliers House of Argentina. Ces cornes de bœuf sont admirablement montées sur des supports en argent alpaca et minutieusement ciselés à la main. C’est l’élégance sauvage du luxe sud-américain qui s’exprime ici.

Pièces uniques. Prix sur demande.

CARTES WALTER ARLAUD

◆ L’illustrateur de ces cartes de correspondance est Walter Arlaud.

Son observation de la nature est aussi stupéfiante que son talent à la dessiner. À vous de mettre sur ce beau papier ivoire (200 g) à trame végétale les plus belles lettres. 2 € carte et enveloppe

(11,4 x 16,2 cm) et 18 € le coffret de dix. 2,50 € format 11 x 22 cm et 22 € le coffret de dix. Possibilité de personnalisation sur mesure.

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Photos:© JL Cormier

Galerie OMAGH

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Michel HAILLARD Créateur de mobilier contemporain


Objetsd’art par Diane Cernay

ST Dupont-Jours de Chasse L’art de vivre à la française ST Dupont “cynégétiques”… C’est tout le défi qu’a voulu relever cette grande maison de luxe pour célébrer les dix ans de Jours de Chasse. Pour Fabrice Bourgard, responsable des développements des produits spéciaux chez ST Dupont, cette édition limitée ne pouvait se concrétiser que sur « les briquets » et « les instruments d’écriture »,deux savoirfaire emblématiques.Sait-on par exemple que chaque briquet est fabriqué d’un seul tenant, dans un seul lingot de laiton d’un alliage“sur-mesure”,au brevet détenu par ST Dupont ? Par ailleurs, affirme Alain Crevet, président de STDupont,ce partenariat est « notre tout premier dans l’univers de la chasse et il fallait aussi que ces beaux objets incarnent parfaitement l’esprit de Jours de chasse, c’est-à-dire un certain art de vivre à la française ». Or, que peut mieux caractériser cet art de vivre qu’une ornementation de premier ordre,c’est-à-dire une gravure.Si elle est pratiquée depuis les temps les plus anciens pour orner les armes,pourquoi ne pourrait-elle, en effet, pas se transposer à un stylo et à un briquet? Il fallait donc un virtuose pour concrétiser la création de cette édition limitée ST Dupont. Ce virtuose,c’est Frédéric Krill,ar-

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tisan graveur,diplômé de l’école de Liège, qui a travaillé entre autres pour Browning et, aujourd’hui, pour Ernest Mayor à Genève.Le choix de ST Dupont ne s’est pas fait par hasard. À côté,en effet,de l’École de Liège,

Pour ce faire, Frédéric Krill dont les amateurs d’armes fines connaissent la rigueur et l’élégance de travail s’est rendu dans les ateliers de ST Dupont,et notamment à son unité de production à Faverges (Haute-Savoie). PHOTOS : JEAN-LUC DRIGOUT/ST DUPONT - PATRICK IAFRATE

◆ Un stylo et un briquet

Ci-dessus, le stylo et le briquet et, ci-contre, Frédéric Krill gravant le bouchon de ce même stylo. Une véritable œuvre d’art.

il a suivi pendant un an une spécialisation de graveur sur bijou. « C’est la première fois que je travaille pour une maison de luxe et le projet m’a d’emblée séduit par son caractère inédit »,précise-t-il.

« Dans mon métier,tout part d’une réflexion sur la matière.C’est une chance incroyable de pouvoir travailler sur des matériaux issus d’un savoir-faire unique et de très haute qualité.Ma réflexion sur la gravure s’est construite à partir de l’idée de rendre compte de ce travail de précision et de la qualité d’exécution de chaque pièce », explique-t-il.

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La rencontre de ces deux savoir-faire exemplaires s’est ainsi concrétisée par l’édition limitée à cent exemplaires (950 euros l’unité numérotée de 1 à 100) d’un briquet gravé d’un seul tenant et par l’édition limitée à cinq cents exemplaires (890 euros l’unité numérotée de 1 à 500) d’un beau stylo en noyer au capuchon gravé, sur la base d’un décor classique demi-fond creux perlé. On le voit : cet artisan a gravé tout en nuances un dessin au thème floral inspiré des platines des fusils Purdey et Holland & Holland. Une gravure délicate qui l’a obligé à travailler debout.De plus,ces objets étant plus fragiles qu’une bascule d’un fusil ou d’une carabine, il a dû imaginer un système spécifique pour les insérer dans l’étau de son établi. Quant à la gravure proprement dite,si la technique est toujours la même, le geste « devait être plus fin ». Pour ST Dupont, cette première collaboration avec un artisan de renom devrait augurer d’autres séries limitées avec des maîtres artisans ou des artistes dont une attendue dès la fin de l’année avec un grand designer. « Nous allons développer cette stratégie dans les trois ans à venir,souligne Fabrice Bourgard.C’est un formidable moyen pour ST Dupont de dévoiler à quel point son patrimoine est vivant et peut être réinterprété.» Vous pouvez commander le stylo et le briquet à Valmonde,Service Abonnements, 3-5,rue Saint-Georges,75009 Paris. Tél.01.40.54.11.59. Nous vous signalons que ce numéro comporte un encart qui vous permettra de les recevoir plus rapidement.


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VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

Maison Delas

PLACÉES SOUS LES MEILLEURES AUSPICES, LES VIGNES SURPLOMBENT

TAIN-L’HERMITAGE ET TOURNON-SURRHÔNE ET S’ÉTAGENT ENTRE LES MURETS TRADITIONNELS DE PIERRES SÈCHES.

◆ Depuis 1996, la maison Delasœuvre,sousl’impulsiond’une équipe renouvelée, afin de regagneruneplacedepremierplan sur l’échiquier du négoce rhodanien. Elle a aujourd’hui retrouvé tout son éclat et son âme, ainsi que la renommée qui va avec et distribue vingt-trois appellations de la vallée du Rhône avec trente vins, parmi lesquels les AOC châteauneuf-du-pape, côte-rôtie, gigondas, cornas, condrieu… Elle est également propriétaire de vignobles dans les AOC hermitage,crozes-hermitage et saint-joseph. C’esten1835queCharlesAudibert et Philippe Delas s’associent pour acquérir une maison denégoceàTournon-sur-Rhône. Par la suite, les deux fils Delas épousentlesdeuxfillesAudibert. Ils reprennent la succession de l’entreprise en 1924,elle devient alors Delas Frères. Henri et Florentin vont développer le vignoble familial et leurs activités denégoce.Àl’issuedelaSeconde Guerre mondiale,celles-ci con-

MCF

L’expression des coteaux

naissent un essor et les vins sont alors exportés vers Amsterdam, Londres,Bruxelles,Genève,puis aux États-Unis. Lorsque Michel Delas arrive à son tour, en 1960, à la tête de lamaison,ellealanotoriétéd’une desgrandesaffairesdenégocede

la vallée du Rhône septentrionale. Il entreprend alors d’optimiser le marché à l’export, notamment en Amérique latine, etout en continuant à acquérir des vignobles. En 1977, la maison de champagneDeutzrachètel’entreprise

Nous avons aimé… Crozes-Hermitage blanc Les Launes 2007

Nez d’acacia et d’agrume (pomelo), très fin. Bouche à la belle complexité aromatique, combinant gras et puissance. Un joli blanc de gastronomie.

Hermitage blanc Marquise de la Tourette 2006

Nez subtil et élégant, aux notes empyreumatiques

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(toasté, noisette). Bouche aux arômes de fin boisé, vanillé, au gras délicat, à la structure équilibrée. La marsanne bien vinifiée dans toute sa splendeur…

Cornas Chante-Perdrix 2005 Nez de fruits noirs confiturés (mûres), avec des arômes de garrigue et une note minérale de pierre sèche. Bouche

de belle structure, à la matière élégante.

Côtes du Ventoux rouge 2006

Nez séveux de fruits rouges, notes de résineux et d’eucalyptus. Bouche équilibrée, avec de jolis tannins sur une trame fine. Belle persistance entre fraîcheur et maturité. S’accordera bien avec un civet de lièvre.

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Saint-Joseph rouge François de Tournon 2006

Robe sombre, profonde. Nez de fruits rouges et noirs très mûrs, herbes de Provence séchées, olive noire, épices (girofle). Bouche puissante, aux tannins veloutés dans un boisé maîtrisé. Ensemble structuré, qui servira au mieux un plat de gibier.

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Delas Frères et relocalise le site de production à Saint-Jean-deMuzols, près de Tournon-surRhône. En 1993, les maisons Deutz etDelasFrèresentrentdansl’actionnariat du groupe Roederer. Ce dernier décide de leur laisser autonomie d’exploitation et indépendance et confie les rênes à Fabrice Rosset en 1996,lequel décide, avec son équipe, de recentrerl’hommeetlevinaucœur du terroir,dans un souci de qualité et de développement. D’importantsinvestissements sontréalisés:unecuverieétudiée pourlavinificationdesvinsrouges (les anciennes cuves en acier sont remplacées par de petites cuvesenbétonde85hectolitres) et un nouveau chai d’élevage où sixcentsnouveauxfûtsbourguignonsprennentlaplacedes2500 hectolitres de vieux foudres. Le travailàlavignen’enestpaspour autant délaissé. La maison Delas – qui possède en propre 30 hectares – remplace régulièrement les pieds de vigne manquants (7000 en trois ans…) et les murets traditionnels de pierres sèches qui soutiennent lesrangsdevignessontconstamment reconstruits. Enfin,un bâtiment en pierres authentiques de la région abrite un magasin d’exposition où est déclinée la gamme de tous les vins de la maison Delas à l’intentiondesvisiteurs,souventvenus du monde entier pour faire connaissance avec les vins de la vallée du Rhône.



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VINS ET ALCOOLS par Marie-Claude Fondanaux

Rosé Dans les jardins de l’été

CHÂTEAU DE LʼAUMÉRADE

cuve, c’est-à-dire que l’on isole souvent floral (rose,pivoine,iris, ◆ Le rosé est probablement le premiervindel’Histoirepuisque le jus des parties solides (peaux, violette, œillet, aubépine, fleur lanotiondecuvaisonn’estarrivée pépins…). Le jus obtenu conti- devigne…)oufruité(fraise,framque bien plus tard.Beaucoup de nue sa fermentation comme un boise, cassis, cerise, groseille, représentationsanciennes–vases, vin blanc. Les teintes finales se- pêche, poire, agrumes, litchi…), mosaïques, bas-reliefs…– sem- ront plus ou moins intenses se- mais aussi végétal (feuille de blent montrer que,dans la Rome lon les caractéristiques de l’ap- cassis, buis…), amylique (bonantique,en Grèce ou en Égypte, pellation. Le rosé de saignée bon anglais) ou épicé (poivre). lavendangeétaitdirectementap- possèdeunecertainerichessetan- Lorsquelesarômesprennentdes portée sur le lieu de vinification nique,cequilerendraplusvineux notes de confiture ou de sousbois, le vin atteint son afinquelesraisinssoient apogée et il est alors immédiatement foulés temps de le boire. ou pressés. En bouche,son intenUn vin rosé n’est pas sité et sa persistance, unmélangedevinrouge alliées à une structure et de vin blanc,pratique tanniquerelative,peud’ailleurs illégale, sauf vent lui donner du pour l’élaboration du corps – ni trop lourd, champagne rosé (quelni trop charpenté, ce ques rosés champenois qui déterminera ses sontcependantobtenus accords gastronomipar saignée…).Il existe ques : ainsi, léger et deux procédés de viniconstruitsursapalette fication : le pressurage aromatique,on le desdirectetlasaignée.Chatineraàl’apéritifetaux cun confère au vin deux buffets de l’été ;si ses profils de dégustation tanninssontplusmardifférents.Lepressurage qués et sa structure direct s’effectue sur un plusaffirmée,ilpourra raisin à peau sombre.La accompagnerl’ensemcouleur se concentre ble d’un repas. dans les peaux, par Beaucoup de vins roconséquent,la teinte du sésn’ontméritédurant jus qui s’écoule est très longtemps que le seau légère. La vinification à glace… Mais depuis du moût obtenu est la LE CHÂTEAU DE L’AUMÉRADE, CRU CLASSÉ, S’AFFIRME l’acquisition d’un stamêmequecelled’unvin COMME L’UN DES FLEURONS DES CÔTES-DE-PROVENCE. tutdevinàpartentière, blanc.Lerésultat:unvin grisdontlescaractéristiquesgus- que le rosé de pressurage. Dans le rosé est“tendance”,sa qualité tativess’apparententàcellesd’un les deux cas, la vinification s’ef- s’estamélioréeetilsembleêtreen vin blanc.Pour procéder par sai- fectuegénéralementàbassetem- parfaite harmonie avec une sognée, on vinifie les raisins – du pératurepourpréserverunmaxi- ciété “néoconsommatrice” qui privilégie le vin “de l’instant”, moins, au début du processus– mum de fruit. Un rosé se doit d’être aroma- celui des plaisirs simples et de la comme pour élaborer un vin rouge.Lorsque la couleur atteint tique.Soncharmerésidedansune convivialité.Alors n’hésitez plus palette de senteurs au caractère à surfer sur la vague“rosé”! l’intensité désirée,on“saigne”la

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Nous avons remarqué… Château de l’Aumérade Cuvée Marie-Christine cru classé AOC côtes-de-provence www.aumerade.com

Cuvée Diadema AOC côtesde-provence de la Maison Fabre (présenté en bouteille ornée de cristaux de Swarovski, la bouteille la plus chère mais la plus chic!). www.maison-fabre.com

Presqu’île de Saint-Tropez AOC côtes-de-provence. Réserve du Club Français du Vin IGP vin de pays de Méditerranée. www.cfv.fr

Les Espérelles d’Aqueria AOC tavel. GMS. Domaine de la Royère “Oppidum” AOC Luberon. www.royere.com

Ortas Les Viguiers AOC côtesdu-rhône. www.cavederasteau.com Cave de Tain Syrah vin de pays des côtes rhodaniennes. www.cavedetain.com

Terre de Figuier IGP vin de pays des coteaux de l’Ardèche. www.uvica.fr

Château Martinat AOC bordeaux rosé. www.château-martinat.com Les Hauts de Bergelle AOC saint-mont. www.plaimont.com Château Bellevue La Forêt L’Allégresse AOC Fronton. www.chateaubellevuelaforet.com

Château Court-Les-Mûts AOC bergerac. www.court-les-muts.fr Domaine Mas Amiel Le Plaisir AOC côtes-du-roussillon. www.masamiel.fr

Domaine de Vénus “Osé” AOC côtes-du-roussillon. www.domainedevenus.com

La Tour Château Grand Moulin AOC corbières. www.château-grand-moulin.com

Château de Lastours AOC corbières. www.chateaudelastours.com

Cave de l’Abbé Rous Cuvée des Peintres AOC collioure. www.abberous.com

Domaine de la Clapière “Jalade” vin de pays d’Oc. www.laclapiere.com

Domaine du Four à Chaux AOC coteaux du Vendômois. www.domaine-four-a-chaux.com


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Exceptionnelle propriété de chasse, 134 ha environ, maison de maître et dépendances, Magnifique propriété de chasse 276 ha environ en 2 parcs, belle maison de maître bois, terres, prairies, corps de ferme. Aménagement cynégétique. Très important plan et nombreuses dépendances, comprenant 166 ha de forêt de chênes de qualité et de chasse cervidés, chevreuils et sangliers 104 ha environ de terres et prairies libres. Très belle chasse cervidés et sangliers.

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Exceptionnelle propriété de 2 500 ha environ, comprenant étangs, marais, vignes, 2 mas. Exclusivité, 219 ha, feuillus, chasse, maison, Aude. Aménagement de pompage eau salée, eau douce. Grand nombre de variétés d’anatidés et 40 à 120 ha production de résineux, Cantal et Haute Loire sangliers. Il s'agit d'une des plus vastes propriétés de France, totalement isolée entre 98 ha clos production de chênes, Nièvre. Aigues Mortes et la mer, perdue dans une région touristique mais inaccessible du public. Exclusivité, 28 ha de marais dans l’Oise, idéal chasse. 76 ha production de chênes, Moselle.

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Volutes par Jean-Claude Perrier

Cigares au soleil De Cuba ou d’ailleurs, latinos en tout cas, une sélection de puros pour l’été.

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◆ En guise de salut au grand

Alejandro, maître et portedrapeau des torcedores cubains, qui vient de disparaître, voici l’une des plus belles

réussites de la marque à qui l’on a donné son nom. Un cigare équilibré, souple, généreux sans être rassasiant, aux arômes presque miellés. Parfait pour le plein air. PARTAGAS 8-9-8 Lonsdale. 12,10 €.

◆ Dans la marque cubaine la

plus“à l’ancienne”, un grand classique quelque peu oublié parce que son module, le lonsdale, n’est plus vraiment à la mode. À tort. C’est tout en finesse que ce cigare élégant laisse libre cours à sa palette aromatique riche et délicate, avec une belle montée en puissance en cours de dégustation.

JUAN LÓPEZ Petit corona

6,30 €. ◆ Un petit cigare sans prétention, très abordable, dans le genre léger, avec ses arômes de miel, un peu herbacés, acidulés. Parfait à l’heure du cocktail.

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE MACANUDO 1968, sublimes.

7,50 €. ◆ Un gentil géant de cepo exceptionnel (24 mm) qui dissimule sous sa cape sombre du Honduras ses six feuilles

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dominicaines et nicaraguayennes. Ce cocktail latino produit un cigare assez puissant et rassasiant, qui bénéficie de surcroît d’un rapport qualité-prix attractif. Il a ses fans. VEGAFINA Très petits belicosos et Très petits robustos. 3 €.

◆ Servis en boîtes mixtes

de vingt unités de chaque module, ces très gros très courts dominicains sous cape Connecticut ont juste le temps de pousser leur note qu’ils sont déjà consumés. On pourrait s’interroger sur l’intérêt de fabriquer des cigares si courts, qui rappellent l’illustre mégot de Charlot. Mais il paraît qu’il y a des amateurs, sans doute pressés.

HONDURAS CIVETTE Robusto. 7,90 €.

◆ Cette marque récente,

que l’on ne trouve que dans certaines civettes, propose un mélange de cuban criollo et corojo, sous cape hondurienne. Dans la gamme, le robusto est le module le plus évident, sa taille lui permettant d’exhaler ses senteurs de poivre, de cuir, un peu rustiques.

NICARAGUA

CUMPAY Pirámide. 6,50 €.

◆ Le module est un peu

impressionnant, mais c’est tout. Pour le reste, ce cigare est un géant doux, dont les arômes poivrés, herbacés, accompagnent fort bien une partie de chasse ou une simple balade en forêt.



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Comment l’État s’apprête

à préempter votre retraite Pour « sécuriser » le système de retraite des fonctionnaires contractuels (Ircantec), l’État est sur le point de siphonner les caisses des salariés du privé (Agirc-Arrco)* et, ce, pendant des dizaines et des dizaines d’années. Un comble ! À l’Ircantec

les retraites sont beaucoup plus généreuses (+ 60 %) ; les cotisations sont bien plus faibles (- 40 %) ; les comptes sont positifs alors que l’Agirc et l’Arrco puisent déjà dans leurs réserves !

Ircantec

Agirc-Arrco

(fonctionnaires contractuels et élus)

Rendement (2010)

(salariés du privé)

6,7 %

10,7 %

Taux de cotisation Solde prévu pour 2010

1 € cotisé = 2,14 € à la retraite

1 € cotisé = 1,34 € à la retraite

5,63 %

9,50 %

+ 221,2 millions d’€

--- 3 742,6 millions d’€**

C’est de la solidarité... mais inversée !

Les salariés du privé ne cessent de se serrer la ceinture et on leur demande, aujourd’hui, de faire de nouveaux sacrifices pour préserver un régime spécial.

AVEC SAUVEGARDE RETRAITES, AGISSEZ ! OUI, je m’oppose à ce pillage honteux de mes caisses complémentaires et je veux que la réforme 2010 sur les retraites soit l’occasion d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec les injustices. M - Mme - Mlle Nom : CP :

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Date :

Prénom :

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Ville :

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Signature :

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Coupon à retourner à Sauvegarde Retraites – 53, rue Vivienne – 75002 Paris Association Loi 1901 – Tél : 01 43 29 14 41 – www.sauvegarde-retraites.org * Cf. Art. 11 loi n° 2010-123 du 9 février 2010 ** Pour mettre en œuvre ce plan honteux, l’Etat prétexte du changement de statut de La Poste qui devient une société anonyme (SA) (les futurs embauchés de La Poste seront affiliés à l’Agirc-Arrco et non pas à l’Ircantec). Inacceptable !

Jours de chasse 06/10

Adresse :

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Forum PAROLES DE LECTEURS

Question de compréhension…

◆ Juste quelques mots pour

vous dire que la dernière couverture m’a laissé quelque peu perplexe. Non pas pour la photo – belle et étonnante – mais par le titre.Après réflexions, j’ai compris que c’était une allusion au titre du livre du très médiatique Yann ArthusBertrand laTerre vue du ciel. C’est un peu trop“deuxième degré”. Cela dit, votre revue est toujours aussi magnifique et passionnante. F. Chanet.

À propos du domaine des Morettes

◆ Votre long et très intéressant reportage sur une battue aux Morettes nécessite quelques précisions. Quand vous écrivez, à propos d’oiseaux qu’il ne faut pas tirer car le risque de les blesser est trop grand, « ils subiraient

une lente agonie par un homme qui ne mérite pas de porter le nom de chasseur ». Je trouve

cela un peu excessif, car quel chasseur n’a jamais blessé un jour? D’autre part, à propos de la technique du“rapprocher”, on peut lire que cela « consiste à rassembler

les oiseaux piéteurs en un endroit où ils refusent obstinément de se rendre

À nos lecteurs

en vue de les faire passer sur la ligne… ». En réalité,

tous les faisans sont des piéteurs par nature, donc on ne les rassemble pas, on les décantonne en les poussant hors de leur remise habituelle vers un couvert, culture à gibier, où ils iront volontiers pour les renvoyer ensuite chez eux par-dessus la ligne des tireurs. Par ailleurs, le rôle du “stoppeur” consiste à empêcher les oiseaux de sortir à pattes et surtout à faire monter les faisans déjà en vol pour qu’ils passent à la ligne le plus haut possible… O.Tarqua.

Olivier Dassault a raison ◆ Dans votre dernier éditorial, vous nous avez fait doublement plaisir. D’abord en dénonçant à propos des honteuses tribulations du Salon de Rambouillet, les agissements d’une poignée d’écologistes « fanatiques et démagogues » dont le seul but est d’interdire toute forme de chasse en France. Ensuite en fustigeant, avec raison et avec justesse, les propos d’un éditorialiste de France Inter qui, éructant contre les chasses présidentielles, n’était décidément pas sorti de la sacro-sainte lutte des classes. F. Lebon.

◆ Bien que ne le connaissant

pas, c’est tout de même avec une certaine émotion que j’ai appris la disparition de Philippe Verro. Pour avoir lu plusieurs de ses livres – dont Cruelles Beautés et Chasses

insolites d’une vénerie très discrète, c’était à n’en pas

douter un homme d’une exceptionnelle sensibilité, d’une grande élégance vis-à-vis de ses chiens et des animaux. En quelque sorte, un seigneur qui a fait honneur à la chasse française. V. Drouet.

Bravo à Xavier Legendre ◆ Je dois dire que j’ai eu un immense plaisir à lire votre entretien avec Dr Xavier Legendre. C’est réfléchi, intelligent et plein de bon sens, en particulier sur les conditions qu’il met pour le maintien d’une chasse durable. J’ai retenu quelques-unes de ses remarques comme celles de « favoriser la quête plus que

le résultat,réhabiliter le couple homme chien,promouvoir l’action sportive et les“chasses traditionnelles”en raison des connaissances qu’elle requiert, revendiquer une éthique en respectant mieux le gibier »

Des pages à diffuser dans toutes les fédérations de chasse de France et de Navarre. B. Pierret.

Précisions

Jours de Chasse est consultable sur www.joursdechasse.com Vous y trouverez différentes rubriques (sommaire, éditorial, coups de cœur, une sélection de livres…). Si vous voulez nous faire part de vos suggestions et critiques, contactez, par courrier électronique, Humbert Rambaud: rambaud@valmonde.fr

186

Philippe Verro, un seigneur

◆ Dans notre rubrique Volutes

page 180 (Jours de Chasse n° 39),le prix du Petit Belicoso-Pléiades,obus, est bien de 6,90 euros et non de 33,60 euros.

Jours de C HASSE ◆

ÉTÉ 2010

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Agora-Tec Rens.: 04.77.63.73.05, www.wedec.com et contact@agora-tec.fr Alexandre Mareuil Tél.: 05.56.06.00.21 et www.alexandremareuil.com Baron’Arques Chez les cavistes Humbert Beretta Rens.: 04.77.52.77.52 et www.humbert.com Bernardaud Rens.: 01.40.98.00.43 et www.bernardaud.fr Clovis Rens.: 03.26.49.71.25 et http://www.vinaigre.com Crockett&Jones www.crockettandjones.fr Deerhunter Tél. 01.77.01.82.00. Email: contact@bgsarl.fr Éliosport Rens.: 05.34.66.35.20 et www.eliosports.com GMT Tél.: 03.20.68.57.00 et info@gmtimports.fr Club Interchasse Tél.: 02.48.27.27.87. Glénat www.glenat.com Le Chameau www.lechameau.com La Maison du chocolat www.lamaisonduchocolat.com Lancel www.lancel.com Liérac Dans les parfumeries et les grands magasins House of Argentina Tél.: 01.42.30.72.63 et www.houseofargentina.net Shipton & Heneage Rens.: 01.45.48.57.26, www.shipton.fr et www.matthewcookson.com Simac Rens.: 05.49.85.59.75 et http://simac.fr/ Glenmorangie Chez les cavistes La Querencia www.laquerencia.fr Leica www.leica-camera.com Mag Lite Rens.: 03.20.68.57.00 et info@gmtimports.fr Montblanc www.montblanc.fr Tom Joule www.tom-joule.fr Treadz www.mytreadz.com Tunet www.nobelsport.fr Vicomte Arthur www.vicomte-a.com Vue sur tables Tél.: 01.45.27.87.59 et www.vuesurtables.com Walter Arlaud www.walterarlaud.com



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