Denis Jutzeler, On nous tue en silence

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Denis Jutzeler • On nous tue en silence

« En février 2010, Fernand Melgar me confie l’image du film documentaire Vol spécial. Avec l’équipe de tournage, je me suis immergé durant deux mois dans un univers carcéral singulier, un centre de détention administrative : Frambois. À la fin du tournage, je propose aux détenus qui m’y autorisent de les photographier. Je voulais prendre le temps de leur dire au revoir et leur témoigner un regard personnel, silencieux, au-delà des mots. Garder une trace de leur peur, de leur colère, de leur dignité et de leur espoir malgré tout. Sans artifice, dans l’éclairage naturel, je leur ai demandé de se confier librement à l’image.

Denis Jutzeler

On nous tue en silence

Ces portraits nous fixent, non pas pour nous juger, mais pour exprimer ce qui se vit silencieusement, dans les vingt-huit prisons administratives de Suisse. » Denis Jutzeler est photographe et chef-opérateur. En 2010, il a reçu le Swiss Photo Award dans la catégorie « Free ».

isbn 978-2911087-80-6 • 09/11 • prix en France : 15 €

van Dieren Éditeur, Paris


Ouvrage édité par : Francesco Gregorio, Denis Jutzeler, Arno Renken, Elise Shubs. Ont collaboré à l’édition : Christian Indermuhle, Fernand Melgar. Cet ouvrage a été publié avec le soutien de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Lausanne. Remerciements : Patrick F. van Dieren, Lydia Dimitrow, Yves Erard, Pierre Gisel, Géraldine Theumann, Antonin Wiser. Pour en savoir plus sur le film Vol spécial de Fernand Melgar (Climage), consultez : www.volspecial.ch

© 2011 Denis Jutzeler et Van Dieren Éditeur. Aucune image de ce livre ne peut être reproduite par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation écrite expresse du photographe ou de l’éditeur.


Denis Jutzeler

On nous tue en silence

van Dieren Éditeur, Paris


Im Februar 2010 betraute mich Fernand Melgar mit der Bildgestaltung des Dokumentarfilms Vol spécial. Für zwei Monate bin ich mit dem Drehteam in die Welt eines sehr speziellen Gefängnisses eingetaucht: Frambois. Eine sonderbare Stille umgibt diesen Ort, der Gegenstand noch keiner Untersuchung oder Studie gewesen ist. Die einzige detaillierte Darstellung, die mir vorliegt, ist die, die mir Fernand Melgar im Regie-Dossier zu seinem Dokumentarfilm zur Verfügung gestellt hat. Ich zitiere hier daraus die Elemente, die auch für meine Erfahrung maßgebend waren: « Frambois ist ein Gefängnis für Ausschaffungshaft, das sich seit 2004 im industriellen Stadtrandgebiet von Genf befindet, in der Nähe des Flughafens, von Blicken abgeschirmt und fernab von öffentlichem Interesse. Achtundzwanzig kantonale Haftanstalten führen neben dem Strafvollzug auch die Ausschaffungshaft durch. Die Inhaftierten sind abgewiesene Asylbewerber oder illegale Einwanderer, die auf die Rückschaffung in ihr Herkunftsland warten. Diejenigen, die sich weigern, das Land freiwillig zu verlassen, werden in Handschellen gelegt, gefesselt, mit einem Helm und einer Windel ausgestattet und mit Gewalt in ein Flugzeug gesetzt. In dieser Extremsituation hat die Hoffnungslosigkeit einen Namen: vol spécial (Ausschaffungsflug). Frambois ist ein spezieller Fall, da es die erste Einrichtung in der Schweiz ist, die sich ganz der Durchführung von Zwangsmaßnahmen widmet. Auf der Grundlage des vom Schweizerischen Bundes-


En février 2010, Fernand Melgar me confie l’image du film documentaire Vol spécial. Avec l’équipe de tournage, je me suis immergé durant deux mois dans un univers carcéral singulier : Frambois. Un curieux silence entoure ce lieu qui n’a fait l’objet d’aucune enquête ou étude. La seule réflexion détaillée dont je dispose est celle que présente Fernand Melgar dans le dossier de réalisation du documentaire. J’en extrais ici les éléments qui ont été déterminants aussi pour mon expérience : « Frambois est un centre de détention administrative situé depuis 2004 dans la banlieue industrielle de Genève, à proximité de l’aéroport, à l’abri des regards et dans une relative indifférence. Vingt-huit pénitenciers cantonaux pratiquent, en plus du pénal, la détention administrative. Les détenus sont des requérants d’asile déboutés ou des sans-papiers, en attente d’un retour dans leur pays d’origine. Ceux qui refusent de partir volontairement seront menottés, ligotés, casqués, pourvus de couche-culotte et installés de force dans un avion. Dans cette situation extrême le désespoir a un nom : vol spécial. Frambois est un cas à part, car c’est le premier établissement en Suisse entièrement dévolu aux mesures de contrainte. Se fondant sur le principe de non-cohabitation entre détenus pénaux et administratifs décrété par le Tribunal fédéral et confirmé par la loi, les trois cantons concordataires (Vaud, Genève, Neuchâtel) ont essayé de créer un régime de déten-


gericht beschlossenen und von der Gesetzgebung übernommenen Prinzips des Nicht-Zusammenlebens von Strafgefangenen und Ausschaffungshäftlingen haben die drei Konkordatskantone (Waadt, Genf, Neuenburg) versucht, einen gelockerten Haftbetrieb zu schaffen, durch eine größere Bewegungsfreiheit der Häftlinge innerhalb der Mauern. Der Ort täuscht allerdings über nichts hinweg. Umgeben von Gitterzäunen, von Stacheldraht und ausgestattet mit Kameras, unterliegt er einer strengen Überwachung. Zellen, verschlossene Türen, verriegelte Fenster, Sicherheitskontrollen: So sieht die Welt von Frambois aus. Im Inneren, in den zweiundzwanzig Einzelzellen und in den Gemeinschaftsräumen, warten die Inhaftierten, unsichtbar für die Zivilbevölkerung, auf ihre Ausschaffung. Diejenigen, die hier inhaftiert sind, sind in einer sehr speziellen Lage. Sie sind im Gefängnis, aber ihre Haft hat keinerlei strafrechtlichen Hintergrund. Sie ist ausschließlich eine Verwaltungsmaßnahme. Im Rahmen der Zwangsmaßnahmen ist es gesetzlich erlaubt, eine Ausländerin oder einen Ausländer ohne Aufenthaltsbewilligung ab dem Alter von fünfzehn Jahren für eine Dauer von bis zu achtzehn Monaten zu inhaftieren, um ihre Ausschaffung zu gewährleisten. So kann jeder beliebige Ausländer ohne legalen Status, das heißt: so ungefähr 150.000 Personen in der Schweiz, von einem Moment auf den anderen verhaftet werden, ohne einen anderen Gesetzesverstoß begangen zu haben. Diese Ausschaffungshaft hat niemals zum Ziel zu bestrafen, sondern ausschließlich, eine Rückschaffung


tion plus souple, en favorisant une circulation à l’intérieur des murs. Le lieu pourtant ne trompe pas. Ceint de grillages, de fils barbelés et truffé de caméras, il est sous haute surveillance. Cellules, portes fermées à clé, fenêtres barrées, lieux de fouille : voilà à quoi ressemble l’univers de Frambois. À l’intérieur, dans les vingtdeux cellules individuelles et les espaces communs, les détenus, invisibles pour la société civile, attendent leur renvoi. Les personnes qui y sont incarcérées ont un statut singulier. Elles sont en prison, mais leur détention n’a aucun motif pénal. Elle est uniquement administrative. Légalement, une étrangère ou un étranger en situation irrégulière peut être emprisonné dès l’âge de quinze ans en mesures de contrainte, pour une durée allant jusqu’à dix-huit mois, afin de garantir son renvoi de Suisse. N’importe quel étranger sans statut légal, soit environ 150.000 personnes en Suisse, peut ainsi être incarcéré à tout moment sans avoir commis d’autre infraction. La détention administrative n’a jamais pour but de punir, mais uniquement de garantir un renvoi. Si elle a un statut différent de la détention pénale, la détention administrative est par certains aspects plus dure. Lors d’une condamnation pénale, chaque jour est un pas vers la liberté. Ce n’est pas le cas ici. Les détenus n’ont aucune perspective. Dans bien des cas, l’incarcération a de graves conséquences : dépressions, automutilations, grèves de la faim, tentatives de suicide.


zu gewährleisten. Aber auch wenn sie somit einen anderen Status hat als der Strafvollzug, ist die Ausschaffungshaft in einigen Gesichtspunkten noch härter. Bei einer strafrechtlichen Verurteilung ist jeder Tag ein Schritt in die Freiheit. Das ist hier nicht der Fall. Die Inhaftierten haben keinerlei Perspektive. In vielen Fällen hat die Haft schwerwiegende Konsequenzen: Depressionen, Selbstverstümmelungen, Hungerstreiks, Suizidversuche. Die beiden einzigen Möglichkeiten für die Insassen, die Haft zu verlassen, sind, gemäß der geltenden Terminologie, entweder die Abschiebung per “Ausschaffungsflug” oder die “mise au trottoir” (wörtlich: “auf die Straße gesetzt”). Bei der Abschiebung durch den Ausschaffungsflug kann der Stress, die Angst, die Verzweiflung des Häftlings zum Einsatz heftiger Mittel führen: Knebelung, Spritzen, gewaltsame Ruhigstellung. Von Körperverletzung durch Polizeigewalt wurde berichtet. Drei Menschen sind schon in der Schweiz gestorben. In Ausnahmefällen, am Ende der langen Monate in Gefangenschaft, können einige Häftlinge nicht abgeschoben werden, aufgrund des Fehlens eines Rückübernahmeabkommens mit ihrem Herkunftsland. Sie werden also “auf die Straße gesetzt”, eine Formulierung, die nicht ihre Freilassung, sondern eine Art von Aussetzen bedeutet. Mit der einzigen Anweisung, die Schweiz innerhalb von achtundvierzig Stunden zu verlassen. Einmal draußen, nicht wissend wohin, ohne Geld, werden wohl nur wenige aus der Schweiz ausreisen. Ohne legalen Status haben sie


Les deux uniques possibilités de sortir pour les détenus sont, selon la terminologie administrative, soit l’expulsion par “vol spécial”, soit la “mise au trottoir”. Au moment de l’expulsion par vol spécial, le stress, la peur et le désespoir du détenu engendrent parfois des mesures violentes : bâillonnement, piqûre, immobilisation forcée. Des violences policières avec coups et blessures ont été rapportées. Trois hommes sont déjà morts en Suisse. Exceptionnellement, au terme de longs mois d’incarcération, certains détenus ne peuvent pas être expulsés, faute d’accord de réadmission avec leur pays d’origine. Ils sont alors “mis au trottoir”, terme administratif pour désigner, non pas leur libération, mais une sorte d’abandon. Avec comme unique consigne de quitter la Suisse dans les quarante-huit heures. Une fois dehors, ne sachant pas où aller, sans argent, bien peu partiront de Suisse. Sans statut légal, ils n’ont aucune chance de s’en sortir et tenteront de survivre tant bien que mal. Mais à chaque instant, ils peuvent à nouveau être arrêtés et, comble de l’absurde, remis en mesures de contrainte. » ✯ Au cours de ces deux mois passés à filmer le quotidien des détenus, j’ai noué des liens avec eux. Ils me confient leur peur du retour. Leur biographie est unique. Ils ont ici en Suisse des amis, une famille, des projets de vie. Mais ils appréhendent aussi tous ce moment sans date, sans aucun avertissement ni


keinerlei Möglichkeit, das Land zu verlassen; sie werden versuchen, so gut es geht zu überleben. Dabei laufen sie aber Gefahr, jeden Moment wieder festgenommen und, als Höhepunkt der Absurdität, von Neuem den Zwangsmaßnahmen unterworfen zu werden. »

✯ Im Laufe dieser zwei Monate, in denen ich den Alltag der Insassen gefilmt habe, habe ich Bindungen zu ihnen geknüpft. Sie vertrauen mir ihre Angst vor dem Zurückkehren an. Ihre Biographien sind einzigartig. Sie haben hier in der Schweiz Freunde, eine Familie, Lebensentwürfe. Aber sie fürchten gleichzeitig alle diesen Moment ohne Datum, ohne jegliche Benachrichtigung oder Vorwarnung, wenn man kommen wird, um ihnen mitzuteilen, dass der Ausschaffungsflug da ist, jetzt, sofort. So, ohne ein Wort des Abschieds, werden sie verschwinden. Ich habe während der gesamten Zeit der Dreharbeiten eine tiefgreifende Ungerechtigkeit, ein Schamgefühl im Angesicht dieser Behandlung verspürt, die diese Männer in einem schrecklichen Schweigen ertragen müssen, unsichtbar und in einer allgemeinen Gleichgültigkeit. Ein Schamgefühl, aber auch das Bewusstsein für eine Aufgabe: diesen Ort sichtbar machen und diese Gesichter, verstehen, was eine Haft bedeutet, wenn nicht die geringste Straftat begangen worden ist – und das ohne die Möglichkeit für den Inhaftierten, die Dauer seiner Gefangenschaft zu erfahren. Am Ende der Dreharbeiten biete ich denen, die es mir erlauben, an, sie zu fotografieren. Ich war schon in Gefängnissen in Konflikt-


signe précurseur, où ils se verront signifier que le vol spécial est là, maintenant, tout de suite. Alors, sans se dire au revoir, ils disparaîtront. J’ai ressenti tout au long du tournage une profonde injustice, une honte à l’égard du traitement que ces hommes subissent dans un silence terrible, invisible et dans une indifférence générale. Une honte mais aussi la conscience d’une tâche : donner à voir ce lieu et ces visages, comprendre ce qu’implique un enfermement alors qu’aucun délit n’a été commis ; et cela sans la possibilité, pour la personne incarcérée, de connaître la durée de sa détention. À la fin du tournage, je propose à ceux qui m’y autorisent de les photographier. Il m’était revenu en mémoire, pour avoir filmé dans les prisons de pays en conflit, au Caucase, en exYougoslavie, au Rwanda, que les détenus nous remerciaient de leur accorder, en les filmant, notre attention, de leur donner une identité et presque une garantie de vie : ils ont un corps, un visage, ils existent. Je voulais prendre le temps de leur dire au revoir et leur témoigner un regard personnel, silencieux, au-delà des mots. Garder une trace de leur peur, de leur colère, de leur dignité et de leur espoir malgré tout. Sans artifice, dans l’éclairage naturel, je leur ai demandé de se confier librement à l’image. Une fois de retour chez eux, ils garderont les traces de leur incarcération, la honte qu’elle représente. Ils se souviendront de leur séjour en détention comme d’une injustice ineffaçable.


ländern, im Kaukasus, in Ex-Jugoslawien, in Ruanda, an Filmprojekten beteiligt gewesen, und hatte mich daran erinnert, dass die Inhaftierten uns dankbar gewesen waren dafür, dass wir ihnen, indem wir sie filmten, unsere Aufmerksamkeit zugestanden, dass wir ihnen eine Identität gaben und damit fast eine Bestätigung, dass sie leben: dass sie einen Körper haben, ein Gesicht, dass sie existieren. Ich wollte mir die Zeit nehmen, um mich von ihnen zu verabschieden und um ihrer mit einem Blick zu zeugen, persönlich und still, jenseits von allen Worten. Eine Spur bewahren ihrer Angst, ihrer Wut, ihrer Würde und ihrer Hoffnung trotz allem. Ohne Kunstgriff, in natürlicher Beleuchtung, habe ich sie darum gebeten, sich ungezwungen dem Bild anzuvertrauen. Einmal zurückgekehrt, werden sie die Spuren ihrer Gefangenschaft mit sich tragen, die Schande, die diese bedeutet. Sie werden sich an ihren Aufenthalt in Haft erinnern wie an eine unauslöschliche Ungerechtigkeit. Diese Portraits fixieren uns, nicht um über uns zu urteilen, aber um auszudrücken, dass es sich still lebt, in den achtundzwanzig Ausschaffungsgefängnissen der Schweiz. Denis Jutzeler Aus dem Französischen von Lydia Dimitrow.


Ces portraits nous fixent, non pas pour nous juger, mais pour exprimer ce qui se vit silencieusement, dans les vingt-huit prisons administratives de Suisse. Denis Jutzeler



























Moi, je m’appelle Shamal. Je suis originaire de la ville de Souleimaniye dans le Kurdistan irakien. Nous Kurdes, jusqu’à maintenant, nous sommes opprimés. Pourquoi personne ne nous vient en aide ? Jusqu’à maintenant, nous sommes sans pays. Mon rêve est de voir le Kurdistan devenir un pays. Comme tous les autres pays. Mais aujourd’hui, nous ne sommes soutenus par personne. Je demande une reconnaissance du monde entier. Merci beaucoup. Shamal, mars 2010, Frambois.





Wünsche an den lieben Gott und für Veränderungen in der Schweiz Als Erstes wünsche ich mir, dass alle Menschen gesund bleiben, dass Frieden in allen Ländern herrscht, ohne Krieg, ohne Leid und ohne Schmerz. Dass die Schweiz mich nicht nach Kosovo zurückschickt. Ich wünsche mir auch, dass ich mit S. und ihren Kindern für immer zusammen leben kann. Ich wünsche mir auch sehr für die Schweizer, dass sie sich zum Guten ändern, nicht so viel auf die Politik hören und uns Ausländern noch eine Chance geben. Wir Ausländer haben es sehr schwer, wir haben nicht so viele Rechte und müssen viel leiden. Wir müssen mit Angst in der Schweiz leben, zum Beispiel: Wird mich die Schweiz zurückschicken oder nicht? Wir dürfen nicht ins Ausland reisen, Urlaub machen. Ich wünsche mir von Herzen, dass die Schweizer Bevölkerung uns diese Angst nehmen wird und das so sehen wird wie ich. Ich bin der Meinung, jeder Mensch sollte und müsste dieselben Rechte haben. Und nicht dass ihr sagt: Nein, der ist schwarz, oder: Nein, der ist Ausländer. Derjenige, der so denkt, ist in meinen Augen ein Rassist, das sollte nicht so sein. Gott hat uns gemacht, und wir Menschen müssen alle zusammenhalten, uns gegenseitig helfen und nicht uns gegenseitig hassen. Das sind meine einzigen Wünsche für Veränderungen in der Schweiz. Jeton, März 2010, Frambois.



Bonjour joli monde, Je vous parle depuis la prison. Avant tout je souhaite au monde entier la paix, la beauté et la fraternité. En tant que Kurde, comme tous les peuples libres, je voudrais parler ma langue maternelle, vivre ma culture, faire de la politique... Mon beau pays, ma belle Mésopotamie, berceau de l’humanité ! Mais je vous parle depuis ici, depuis l’exil avec des mots douloureux. Je veux vous dire que les pays capitalistes ont d’abord divisé mon Kurdistan en deux, puis en quatre parties. Ils ont laissé d’autre pays gérer sans pitié mon peuple innocent. Depuis, il y a des massacres dans l’ensemble du Kurdistan à l’égard de mon peuple. Le monde entier regarde et laisse faire sans agir. Cela fait 6 ans que je suis immigré en Europe. Trois ans en Allemagne et trois ans en Suisse. Pour finir je veux souligner ceci : j’aurais voulu venir en Europe avec le passeport kurde, en tant que touriste, mais pas comme un immigré que je suis. Je rêve d’un monde plein de beauté, de paix et d’amour. Mes respects. Riza, mars 2010, Frambois.


Oh my Home… When shall I see my Home? When shall I see my beautiful Land? I’ll never forget my Home… Julius, mars 2010, Frambois.

















Disgrace to racist Day and night Black and white One love to everyone Emmanuel, mars 2010, Frambois.
















La grande vertu d’un homme, c’est de s’améliorer en humanité. Abdoul, mars 2010, Frambois.
















Dieudonné, écrou 1290, originaire du Bénin, 14 mois de détention

Alain, écrou 1253, originaire de RDC, 12 mois de détention

Abdoul, écrou 1154, originaire d’Afrique de l’Ouest, 10 mois de détention

Jeton, écrou 1289, originaire du Kosovo, 3 mois de détention

Kamalandwa, écrou 1310, originaire de RDC, 1 mois de détention

Moussa, écrou 1244, originaire du Mali, 15 mois de détention

Riza, écrou 1251, originaire de Turquie, 5 mois de détention

Julius, écrou 1247, originaire du Nigéria, 4 mois de détention


Wandifa, écrou 1126, originaire de Gambie, 16 mois de détention

Bakany, écrou 1305, originaire de Gambie, 5 mois de détention

Shamal, écrou 1237, originaire d’Irak, 8 mois de détention

Ebrima, écrou 1279, originaire de Gambie, 6 mois de détention

Jordan, écrou 1273, originaire du Nigéria, 4 mois de détention

Fatmir, écrou 1302, originaire du Kosovo, 1 mois de détention

Joshua, écrou 1292, originaire du Nigéria, 8 mois de détention

Subal, écrou 1260, originaire du Bangladesh, 6 mois de détention


Ce livre est le neuvième de la collection « par ailleurs riponne » (direction : Groupe de la Riponne)

déjà parus : Groupe de la Riponne, Europes intempestives, 2006. Christian Indermuhle, Cristallographie(s), 2007. Christiaan L. Hart Nibbrig, Voix fantômes, 2008. Martin Steinrück, La mise en évidence, 2009. Bernhard Waldenfels, Topographie de l’étranger, 2009. Mario Vegetti, Le couteau et le stylet, 2010. Maxime Laurent, Les puits, 2010. Jacob Rogozinski et Michel Vanni (éd.), Dérives pour Guy Debord, 2011. à paraître : Arno Renken, Babel heureuse, 2011. Groupe de la Riponne, Gilles Deleuze, peut-être, 2011. Kurt Flasch, Imprimerie et histoire de la philosophie. Les médias contre le progrès, 2011. Olivier Bosson, L’échelle 1:1, 2011. Maocosmique, 2012. dans la collection « rip on / off » (direction : Christian Indermuhle et Thibault Walter)

Zbigniew Karkowski, Physiques sonores, 2008. GX Jupitter-Larsen, Saccages, 2009. Michael Gendreau, Parataxes, 2010. David Dunn, Extractions des espaces sauvages, 2011.


Ce livre, le neuvième de la collection « par ailleurs riponne » dirigée par le Groupe de la Riponne à Lausanne, a été mis en pages par Flandes Indiano, à Santiago de Chile. Il a été achevé d’imprimer dans l’Union européenne, suivant les normes Imprim’vert, le 9 septembre 2011 sur les presses de l’Imprimerie France Quercy à Mercuès (Lot, France).

isbn 978-2-911087-80-6 • dépôt légal septembre 2011


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Denis Jutzeler • On nous tue en silence

« En février 2010, Fernand Melgar me confie l’image du film documentaire Vol spécial. Avec l’équipe de tournage, je me suis immergé durant deux mois dans un univers carcéral singulier, un centre de détention administrative : Frambois. À la fin du tournage, je propose aux détenus qui m’y autorisent de les photographier. Je voulais prendre le temps de leur dire au revoir et leur témoigner un regard personnel, silencieux, au-delà des mots. Garder une trace de leur peur, de leur colère, de leur dignité et de leur espoir malgré tout. Sans artifice, dans l’éclairage naturel, je leur ai demandé de se confier librement à l’image.

Denis Jutzeler

On nous tue en silence

Ces portraits nous fixent, non pas pour nous juger, mais pour exprimer ce qui se vit silencieusement, dans les vingt-huit prisons administratives de Suisse. » Denis Jutzeler est photographe et chef-opérateur. En 2010, il a reçu le Swiss Photo Award dans la catégorie « Free ».

www.vandieren.com

isbn 978-2911087-80-6 • 09/11 • prix en France : 15 €

van Dieren Éditeur, Paris


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