MILKDECORATION.COM
featuring
Emmanuelle Simon — Gabriel Escámez — Pieter Maes Philippe Malouin — Kim Bartelt — François Champsaur Valérie Mazerat — Adam Richards
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Style et inspiration pour les tribus contemporaines
Sommaire. En couverture : Emmanuelle Simon pose dans le salon de son projet manifeste à Paris. Veste, Vanessa Bruno. Pantalon, Margaret Howell. Ceinture et chaussures, perso. Photo : Karel Balas
CAHIER MOODERN 14 News Design, déco, mode, expos, spots, food et événements à ne pas manquer, pleins feux sur les nouveautés lifestyle de la saison
HÔTEL Le Ace débarque à Kyoto EXPO Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton EVENT PAD Paris 2020, rendez-vous capital DESIGN Frédéric Pellenq présente ses nouvelles collections
32 Zoom textile Focus sur le voilage “Onward!”, de Larsen
34 Iconique Le fauteuil “925” d’Afra et Tobia Scarpa
CAHIER INSPIRATION
À Paris, son projet manifeste
46 Nithurst Farm La maison de famille de l’architecte Adam Richards en Angleterre
52 Kim Bartelt 2
Les collages de l’artiste-peintre berlinoise
56 Mouvements modernes Vestiaire néoromantique chez l’artiste Mathias Kiss
66 Studio X+L À Amsterdam, les tableaux en soie du duo de designers
72 Pieter Maes Le designer signe chez Ligne Roset
76 ValérieMazerat L’écrin brut pensé par l’architecte d’intérieur
82 Preview Philippe Malouin chez cc-tapis
Photos : SP A Space Studio ; Marina Denisova
38 Emmanuelle Simon
Sommaire. CAHIER TRIBU 86 Gabriel Escámez Le manifeste méditerranéen du fondateur de Cobalto Studio à Barcelone
96 François Champsaur À Paris, dans le Marais, le refuge
arty de l’architecte d’intérieur
104 Luca Larenza Dans le sud de l’Italie, la tanière excentrique du créateur et designer artistique
114 Studio RMGB -
des années 1940 rénovée par les architectes d’intérieur
124 Zackery Tyler Le loft-atelier tout en contraste du jeune artiste new-yorkais
À Lille, une villa
CAHIER ÉVASION
D’adresses confidentielles en lieux inspirants, la capitale suédoise dans les pas de l’artiste Siri Carlén
144 Bambino À Paris, la nouvelle
OBJETS DE DÉSIR 160 Shopping -
168 Adresses -
Décors de bain. Les marques de décoration et les éditeurs de salles de bains cassent les codes.
4
table multifacette de Fabien Lombardi
150 Maison d’hôtes Pieux, étape idéale pour escale gourmande à Montreuil-surMer. Nouveau projet du chef cuisinier
Alexandre Gauthier
156 Hôtel Hoy, refuge holistique : une ode à la slow life en plein Paris
Photos : MatthewWilliams; Papi aime Mamie Studio
134 Stockholm -
C O L L E C T I O N L’ A C C E S S O I R E - TA P I S « D I S C O » O U T D O O R - I N D O O R - C O U S S I N S « E Z E »
Auteur & Éditeur.
P A P I E R P E I N T, T I S S U , R E V Ê T E M E N T M U R A L , L’ A C C E S S O I R E 06 Nice Cosi 09 54 70 79 80 06 Cannes Urban Nest 04 93 39 75 65 13 Aix / Le Tholonet Questions d’intérieur 04 42 64 45 68 13 Saint-Rémy-de-Provence Libellule 04 90 21 19 89 17 Saint-Martin-de-Ré Sandra Dubrul 06 48 23 38 44 19 Brive-la-Gaillarde Les M Design 05 55 87 53 25
//
31 Toulouse Terra Rosa 05 62 26 47 94 33 Libourne Acanthe 05 57 25 97 67 34 Montpellier Vues d’intérieurs 04 67 60 76 34 35 Saint-Malo La Maison Générale 02 99 40 81 37 35 Montgermont VBA Décoration 02 99 23 17 41 49 Angers 68 Rue du Mail 06 50 25 72 92
S H O W R O O M - 5 R U E S A I N T- B E N O I T, 7 5 0 0 6 P A R I S 57 Montigny-lès-Metz Bleu Jasmin 06 62 29 41 66 62 Le Touquet Margot Juez 03 21 81 62 98 64 Biarritz Alta Quota 05 59 22 57 35 69 Tassin-la-Demi-Lune Amsterdam 06 11 63 63 11 69 Lyon Simone Sisters 04 78 42 30 28 74 Annecy Organdi 04 50 51 28 40
//
W W W. E L I T I S . F R
74 La Roche-sur-Foron Projection Intérieur 04 50 03 27 24 75 Paris 7e Le Bon Marché Rive Gauche 75 Paris 12e Textile Français d’ameublement 01 43 43 60 99 83 Gassin Taman Antik 04 94 97 61 53 92 Sceaux Artigala 09 53 14 92 58 98 Monaco Fashion For Floors +377 92 16 12 16
Édito.
Céramique de Quentin Marais créée pour le projet d’Emmanuelle Simon.
10 janvier 2020. Paris, 7e arrondissement. La jeune architecte d’intérieur Emmanuelle Simon nous présente son nouveau projet. Une carte blanche absolue. De l’aménagement à la décoration, de l’achat d’art jusqu’au choix des bouquets de fleurs séchées, elle signe une réalisation totale, à l’esthétique radicale, pensée dans les moindres détails. Aujourd’hui, on observe une vague de jeunes créatifs ayant la chance de créer leur projet manifeste. Des concepts orchestrés dans un jusqu’au-boutisme certain qui les invitent et les incitent à pousser toujours plus loin l’expression de leurs singularités.
Des expériences globales, aux démarches émergentes, en dehors des sentiers battus de la décoration. — Le collectif MilK Decoration
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Photo : Damien de Meideros
À l’instar de Gabriel Escámez, fondateur de l’agence de création Cobalto Studio, dont l’appartement barcelonais est une immersion totale dans son univers méditerranéen. Ou de Charlotte Gomez de Orozco, fondatrice de l’hôtel Hoy à Paris, qui nourrit depuis sa sortie d’école ce projet-miroir de refuge holistique où l’on dort, mange, pratique et crée.
TOUR DU MONDE
DEDON COLLECTION RILLY Design by GamFratesi www.dedon.de
DEDON FÊTE SES 30 ANS CHEZ RBC PARIS 06.03 – 17.04.2020
RBC PARIS 40, rue Violet · 75015 Paris · +33 (0)1 45 75 10 00 www.rbcmobilier.com
Contributeurs.
Damien de Medeiros
Marina Denisova
Mat thew Williams
Pauline Weber
PHOTOGRAPHE
PHOTOGRAPHE
PHOTOGRAPHE
JOURNALISTE
Son chez-lui Entre Paris et Maison Kamari sur l’île de Paros, dans les Cyclades
Son chez-elle Un appartement dans un palazzo florentin typique baigné de lumière naturelle, où elle aime travailler et recevoir ses amis
Son chez-lui Un loft à Brooklyn où il vit avec sa femme et sa fille de 6 ans, et d’où il voit la statue de la Liberté
Son chez-elle Une maison entre terre et mer avec une bibliothèque et un bureau donnant sur les arbres, un soir d’été
Son icône Juergen Teller
Ses icônes Françoise Hardy, Jean-Michel Basquiat, Jean-Philippe Toussaint, Pierre Huyghe, Marguerite Duras, Yves Saint Laurent
Son objet rêvé Le synthétiseur Yamaha CS-80
Ses icônes Tilda Swinton, Ludwig Mies van der Rohe, Wes Anderson
Son porte-bonheur Alexandra, sa femme
Son objet rêvé L’“Aluminium Chair” de Charles et Ray Eames
Instagram @damiendemedeiros @hermentaire
Son porte-bonheur Un petit bracelet d’amitié qu’elle a reçu à Bali
Damien collectionne les casquettes : compositeur de musique et réalisateur de documentaires et de films publicitaires, il est aussi photographe et peintre (sous le nom d’Hermentaire). C’est en dessinant l’intérieur de sa maison en Grèce, aux côtés de sa femme Alexandra Leroux, qu’il aiguise son goût pour l’architecture d’intérieur et la décoration. Depuis six ans, il est contributeur occasionnel pour Air France Magazine, et, depuis deux ans, il est aussi décorateur au sein de l’agence Emmanuelle Simon Architecture. → page 38
Son objet rêvé Le matelas parfait Son porte-bonheur Son entêtement Instagram @matthewwilliamsphotography
Matthew vit à Brooklyn, mais est né en Nouvelle-Zélande, une terre dont la beauté brute influence toujours son style. Il parcourt le monde en travaillant pour certains des meilleurs magazines d’architecture et de décoration intérieure du monde.
Instagram @_marinadenisova_
Née en Russie, Marina étudie le design à Saint-Pétersbourg, puis travaille quelques années dans un showroom de mobilier. Elle décide ensuite de poursuivre ses études à Florence en communication visuelle. Là, elle commence la photographie, d’abord comme une lubie, puis rapidement comme une activité à temps plein. Passionnée par le design, l’architecture d’intérieur et la mode, elle mène aujourd’hui en tant que freelance de nombreux travaux éditoriaux et commerciaux.
→ page 124
→ page 52
Son objet rêvé Le livre qu’elle n’a toujours pas écrit Son porte-bonheur Son fils Roméo et une bague ayant appartenu à sa mère et qui ne la quitte jamais Instagram @paulineweber_
Née à Nice, Pauline a étudié parallèlement à Sciences Po et à l’IFM. Elle a travaillé dans la beauté et la mode avant de se consacrer entièrement au journalisme. Passionnée par tous les champs de la création contemporaine, de l’art à la mode, en passant par le design et la littérature, elle écrit pour de nombreux magazines français sur des thématiques culturelles et lifestyle qui la font voyager, à droite et à gauche, par la pensée ou physiquement, mais surtout vers des contrées latines, ses pays de cœur. → page 86
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Photos : DR
Ses icônes Serge Gainsbourg, Charlotte Perriand, Jean-Michel Basquiat, Terrence Malick
N° 31 MARS | AVRIL | MAI 2020
RÉDACTION
RÉGIE PUBLICITAIRE
— Directrice de la publication et de la rédaction Isis-Colombe Combréas Directeur artistique Karel Balas — Comité de rédaction Isis-Colombe Combréas, Karel Balas, Laurine Abrieu — Rédactrice en chef Laurine Abrieu — Design graphique Jules Couartou Secrétaire de rédaction Carole Daprey Responsable éditorial web Adel Fecih Assistante design graphique Amélie Raymond — Directrice de la production Julie Planckaert - julie@fovea.fr — Magazine Laurine Abrieu, Margault Antonini, Sarah Berger, Vanessa Boz, Carole Daprey, Clara Dayet, Marie Farman, Adel Fecih, Muriel Françoise, Julie Gerbet, Charlotte de la Grandière, Elsa Le Saux, Karine Monié, Julie Pailhas, Hilary Robertson, Pauline Weber — Photo Karel Balas, Tom Birkett, Mattias Björklund, Brotherton–Lock, Damien de Medeiros, Marina Denisova, Kasia Gatkowska, Mikael Lundblad, Papi aime Mamie Studio, Christophe Rihet, Matthieu Salvaing, Omar Sartor, Monica Spezia, The Social Food, Sophia van den Hoek, Matthew Williams — Traduction Simon Thurston — Correspondante à Montréal Muriel Françoise – muriel@milkmagazine.fr — Correspondante à Stockholm Clara Dayet – clara@milkmagazine.fr — La fonte de titrage utilisée, Tomica, a été créée par l’Atelier télescopique, ateliertelescopique.com
— Directrice de la publicité Clémentine Delorme – clementine@milkdecoration.fr Cheffes de publicité Mandy Fixy - mandy@milkmagazine.fr Alice Marois - alice@milkmagazine.fr IMPRESSION
— Imprimerie FOT ZAC Satolas Green, 69330 Pusignan, France DIFFUSION / DISTRIBUTION
— Coordination Mandy Fixy — Diffusion Stand Up Presse +33 (0)6 60 90 93 41 +33 (0)6 60 18 81 46 — Distribution France Presstalis, 30, rue Raoul-Wallenberg, 75019 Paris, France Distribution internationale Export Press, 30, rue Raoul-Wallenberg, 75019 Paris, France COMPTABILITÉ
— Aurélia Blanchard, assistée de Maria Suthanthara – maria@milkmagazine.fr — MILK SARL
MilK Decoration est un magazine trimestriel édité par MilK SARL 3, rue des Pyramides, 75001 Paris, France Tél. : +33 (0)1 45 08 91 48 – Fax : +33 (0)1 45 08 91 66 RCS Paris 215 321 525 — Tous droits de reproduction réservés © 2020 Commission paritaire : 1122 K 91575 ISSN : 2262-3701
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La rédaction n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Leur présence dans le magazine implique leur libre publication. La reproduction, même partielle, de tous les articles, illustrations et photographies parus dans MilK Decoration est interdite. MilK Decoration décline toute responsabilité pour les documents remis.
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Photo : SP Marcin Rusak Studio
— Avec sa collection “Perma”, Marcin Rusak exprime un nouveau langage, de la création de la matière à l’objet fini. Ici, une étagère composée de résine blanche dans lesquels se dévoilent, tels des fossiles, des fleurs séchées.
I
MO OD E R N
Photo : Damien de Medeiros
— Parmi la sélection d’œuvres opérée par l’architecte Emmanuelle Simon dans son nouveau projet parisien, cette sculpture en grès (1990-2000) de Michel Lanos, provenant de chez Aurélien Gendras du marché Paul-Bert aux puces de Saint-Ouen.
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I N S P I R AT I ON
DESIGN
Esprit seventies.
OPENING
Kyoto calling. Le Ace Hotel débarque à Kyoto, avec en partenaires de choix le studio Commune Design et l’architecte Kengo Kuma. Niché dans un bâtiment historique agrandi d’une partie moderne pour l’occasion, le lieu met à l’honneur l’épure japonaise, grâce au talent d’artistes et d’artisans locaux. acehotel.com EXPO
Cindy Sherman. Artiste prolifique s’il en est, Cindy Sherman s’invite à la Fondation Louis Vuitton avec une rétrospective inédite qui met en scène 170 œuvres réalisées entre 1975 et 2020, dont certaines encore jamais dévoilées. L’occasion de voir ou revoir ses photographies hypnotisantes, dans lesquelles elle se transforme à l’aide de maquillage et de costumes. Du 2 avril au 31 août 2020. fondationlouisvuitton.fr
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Signé par le studio Atelier de Troupe, le fauteuil “Coda” s’appuie sur deux éléments antagonistes : d’un côté, une structure en chrome poli tout en courbes, de l’autre, une assise en cuir épais couleur camel. Une ode à la résurgence de l’esthétique Art déco dans les années 1970. atelierdetroupe.com
Photos : Stephen Kent Johnson ; SP Atemier de Troupe ; Cindy Sherman, Untitled #582 (détail), 2016. Courtesy of the artist and Metro Pictures, New York © Cindy Sherman 2019
MOODERN
MOODERN
MODERN CRAFT
Photos : Facu Aguirre ; SP Benchmark
Retour à la terre. Simples, fonctionnelles, imparfaites, telles sont les créations de Marta Bonilla. Basée à Barcelone, la jeune femme s’est mise à la céramique il y a quelques années seulement. Après s’être fait la main sur des vases, bols et carafes, elle a pris le temps de parfaire son style, qui s’inspire des techniques ancestrales, des formes de la nature ou encore des poteries des années 1940 et 1950. Parmi ses créations phares, on retrouve des lampes ornées d’un abat-jour en raphia et d’un socle dont la texture inégale témoigne du geste de la main, des amphores asymétriques juste comme il faut, des carafes en terre cuite ou subtilement émaillées… Bonne nouvelle, certaines de ses pièces sont proposées chez Sessùn Alma, à Marseille. martabonilla.com
MOBILIER
Tuiles de bois. Pour l’entreprise britannique Benchmark, le designer Sebastian Cox repense le mobilier de salle à manger en s’intéressant au contraste de textures. Ici avec ce sublime buffet, dont le cadre en frêne lisse tranche avec les portes recouvertes de tuiles de bois de châtaigner. benchmarkfurniture.com
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MOODERN GALERIE
Futurs classiques. Galeriste, architecte d’intérieur et collectionneuse instinctive, Jessica Barouch présente ce printemps, dans sa galerie du 7e arrondissement à Paris, ses nouvelles collaborations avec la crème des jeunes talents. Le canapé “Nativ” d’Emmanuelle Simon, une pièce en bois brossé aux lignes affirmées. Les tables basses “Tribu” de Frédéric Imbert, sculptées à la main dans un bloc d’argile, puis coulées en béton. Ainsi que les céramiques sculpturales de Yuko Nishikawa, comme ces suspensions sculpturales et poétiques. Une sélection moderne et inédite. galeriejag.com
TEXTILE
Coup de fil. GREEN
Faire beau ménage. S’inspirant de la nature, et mettant un point d’honneur à la respecter, la nouvelle marque néerlandaise de produits d’entretien Kinfill utilise des concentrés de produits biodégradables à mélanger tout simplement avec de l’eau dans une belle bouteille en verre. Minimaliste, efficace durable. kinfill.com
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Photos :Vincent Leroux ; SP Kinfill ; SP Dedar
Dans la nouvelle collection Dedar 2020, on demande : “Untitled”, un tissu inspiré de la tradition textile du mouvement Bauhaus, où se développe un motif sans répétition, évocation d’un patchwork ou d’une ville abstraite, dans un jeu de trames et d’armures tout en contraste. dedar.com
MOODERN EVENT
PAD Paris 2020, rendez-vous capital. — Du 1er au 5 avril 2020, le PAD Paris reprend ses quartiers au jardin des Tuileries pour sa 24e édition.
Photos : Jeroen Verrecht - Galerie Maniera
Lampe en fibre de verre, création Jonathan Muecke, galerie Maniera.
Événement fondateur pour les collectionneurs et amateurs internationaux d’art, de design historique et contemporain, mais également de joaillerie ou d’art premier, le PAD Paris n’a de cesse de se renouveler et de nous enchanter en attirant une team de marchands toujours plus exceptionnels. Ainsi aux côtés de la fine fleur des fidèles incontournables, tels que Jacques Lacoste ou les galeries Dutko et Downtown Laffanour, de nouveaux venus font leur entrée à la foire parisienne, à l’instar de l’Italienne Dimoregallery ou des Belges de chez Maniera (photo).
Cette année, l’événement a invité la décoratrice Sandra Benhamou à repenser le restaurant et le duo d’Oitoemponto à décorer le Studio PAD, qui accueille les visiteurs dès l’entrée dans une scénographie promettant déjà à ce public de passionnés un parcours exceptionnel. Save the date! Sous son immense tente posée au jardin des Tuileries, à Paris, l’incontournable foire discerne à chacune de ses éditions les aspirations esthétiques et plastiques de l’époque, offrant un point de vue unique 17
sur l’art de vivre et de collectionner aujourd’hui. À l’occasion de ce nouveau rendez-vous, MilK Decoration s’associe au PAD Paris en invitant une poignée de lecteurs à venir parcourir les allées de cette vitrine inspirante et éclectique avec notre équipe. — Plus d’infos prochainement sur milkdecoration.com et @milkdecoration_magazine pad-fairs.com
MOODERN
OPENING
Glamping dans le désert. Joyau de la collection hôtelière du groupe Aman, l’Amangiri, niché au cœur de la nature sauvage du désert de l’Utah, aux États-Unis, célèbre cette année ses 10 ans. Pour l’occasion, l’établissement élargit ses horizons en ouvrant, à 30 minutes de marche et à 5 minutes de route du resort, le Camp Sarika by Amangiri. Un campement de luxe de dix tentespavillons avec piscines individuelles privées, fondu dans les 250 hectares de nature sauvage avec ses canyons, arches et formations rocheuses couleur ocre. Une expérience de glamping version ultraluxe. Le campement comprend également un pavillon principal, avec bibliothèque, galerie d’art et cave, un restaurant, deux suites Spa, une piscine principale et un jacuzzi, idéal pour se détendre à la fin d’une journée de trekking. Ouverture prévue pour avril.
REVÊTEMENTS
L’expert du revêtement céramique Fornace Brioni célèbre cette année ses 100 ans. Un savoir-faire séculaire, que la designer Cristina Celestino s’attache à moderniser, depuis 2017 en tant que directrice artistique, à coups de nuances expressives, de lignes graphiques et d’associations de couleurs audacieuses, dans une exploration subtile à la frontière de l’artisanat et du design. fornacebrioni.it
aman.com 18
Photos : SP Aman ; Mattia Balsamini
Carreaux déco.
MOODERN
DÉCO
Tapis silhouette. Pour leur seconde collaboration, le label espagnol et le designer Jaime Hayón proposent “Silhouette”, une collection de tapis picturaux – indoor et outdoor – mettant en scène de truculents personnages aux lignes délicates. Une belle composition, brodée sur kilim, aux savoureux jeux de volume et de texture. nanimarquina.com
C R É AT I O N
Coup d’éclat. Issue de la collection “La Salle à Manger” signée Pierre Augustin Rose, cette sculpturale suspension lumineuse en plâtre se déploie tel un nuage venu des cieux. Une création architecturale répondant au doux nom d’“Éole”, en référence au dieu grec du vent. pierreaugustinrose.com
COLLAB
Planté dans le marbre. Photos : SP Nanimarquina ; Lars Pillmann ; SP Tableau et Bloc Studios
Sensibles à la même esthétique brutaliste, le studio de design et d’art floral danois Tableau et Bloc Studios, spécialiste des objets en marbre, s’associent pour concevoir une série de vases uniques, dans une volonté de convertir la matière brute en objets du quotidien. Composées d’un récipient tubulaire en acier s’appuyant sur un socle de marbre à la coupe et aux couleurs aléatoires, ces pièces illustrent la confrontation des matières dans un exercice de style remarquable. tableau-cph.com, bloc-studios.com 19
MOODERN HÔTEL
Reine des neiges. Au cœur de Val d’Isère, Mademoiselle, dernier né de la collection des Airelles, propose la vie de château au pied des pistes. L’hôtel dévoile un esprit médiéval chic, qui se mêle audacieusement à une déco Haute Époque orchestrée par l’architecte d’intérieur Christophe Tollemer. Outre ses 36 chambres et 5 appartements, le Spa Guerlain et l’immense terrasse chauffée ouverte sur les montagnes, l’établissement compte trois restaurants, dont le gastronomique Jòia, fameux concept d’Hélène Darroze décliné ici version alpine, pour une dégustation au sommet. airelles.com BIJOUX
Parures d’esthète. Pour leur première collection, Centon Edition pose un regard libre sur l’œuvre L’Ombre d’Auguste Rodin en réinterprétant les lignes, les mouvements et la silhouette de la sculpture. Un travail pictural décliné en une série de boucles d’oreilles, bagues et autres pièces d’ornement, signées et numérotées, fabriquées en laiton plaqué or.
M AN U FAC T U RE
Terre d’expression.
MODERN CRAFT
Gueule de bois.
Pour Poterie Ravel, Tristan Auer livre sa version du pot de terre. Façonné dans une terre cuite blanche, le vase “JAC” se pare de délicats reliefs en arceaux, mariant le savoir-faire unique de la manufacture au style singulier de l’architecte d’intérieur.
L’artiste-ébéniste californien Casey McCafferty façonne le bois pour donner forme à des pièces sculpturales, entre le meuble et l’œuvre d’art. Des créations aux courbes organiques, laissant volontairement s’exprimer les aspérités du travail artisanal, à l’instar de cette table d’appoint en noyer huilé. casey-mccafferty.com
poterie-ravel.com, tristanauer.com 20
Photos : Karel Balas ; Billel Louazene /Yiekim ; Dan Arnold ; Olivier Amsallem
@centon.edition
Green Une collection de couleurs authentiques du National Trust comprenant les teintes originales des maisons de Winston Churchill, Georges Bernard Shaw et Beatrix Potter. Disponible Maintenant.
Showroom Little Greene - 21 rue Bonaparte 75006 PARIS Tel: 01 42 73 60 81 paris@thelittlegreene.com « Conseils couleurs à domicile : nos experts couleurs se déplacent chez vous » Demandez un nuancier gratuit, ou trouvez le revendeur le plus proche sur littlegreene.fr
MOODERN
OPENING
Escale nippone. Réputé pour ses adresses tokyoïtes incontournables, le designer japonais Shinichiro Ogata dévoile l’essence de la culture nippone dans un lieu unique, situé dans le quartier parisien du Marais. Un temple hybride de 800 m2, où se croisent les cinq piliers clés de l’art de vivre made in Japan : la cuisine, le thé, l’artisanat, l’hospitalité et la culture. ogata.com
DÉCO
Bazar chic. C’est à la fois un retour aux sources et l’écriture d’un nouveau chapitre qu’a entamé la célèbre maison de parfums avec Le Bazar de Diptyque. Une collection hétéroclite d’objets rares, utiles et décoratifs, poétiques et uniques, réalisés en collaboration avec “les amis Diptyque”, dont Atelier Vime qui signe des miroirs et des sets de table (photo) en rotin. diptyqueparis.com
SHOPPING
Pour sa première adresse à Amsterdam, la marque australienne Aesop a fait appel à l’artisan-designer Valentin Loellmann. Dans cette boutique, nichée au rez-de-chaussée et au sous-sol d’un bâtiment du xviie siècle, le créatif a transposé son savoir-faire et son style organique afin d’imaginer un espace harmonieux, entre tradition et modernité. Des lignes essentielles, au charme intemporel, qui nuancent avec poésie l’esprit rétro de cette ancienne boutique de confiserie. aesop.com 22
Photos : SP Ogata; SP Diptyque ; SP Aesop
Temple de beauté.
MOODERN EXPO
Home stories.
Photos : © Instituto Bardi / Casa de Vidro, photo: Francisco Albuquerque ; Noritaka Minami ; © Verner Panton Design AG, Basel
— Le Vitra Design Museum revient sur l’histoire de l’intérieur privé et son évolution. Du 8 février au 23 août 2020, l’exposition “Home Stories: 100 Years, 20 Visionary Interiors”duVitraDesignMuseumexplore l’impact des évolutions sociales, politiques et techniques sur notre habitat au cours du siècle écoulé. De façon antéchronologique, l’exposition met en lumière les grands tournants qui ont marqué le design et influencé la structure des intérieurs occidentaux : l’effacement de la frontière vie privée-vie professionnelle et la diminution de l’espace habitable aux débuts des années 2000, l’avènement des intérieurs informels à partir des années 1960 et celui des lofts dans les années 1970, l’arrivée de l’électroménager au cours des années 1950, ou encore les débuts des espaces ouverts dans les années 1920. Vingt styles d’intérieur viennent illustrer ces transformations, parmi lesquels des projets d’architectes comme Finn Juhl ou Lina Bo Bardi, et d’artistes tels qu’Andy Warhol ou Cecil Beaton. — design-museum.de
Lina Bo Bardi, Casa de Vidro, São Paulo, Brésil, 1952.
Kisho Kurokawa, Nakagin Capsule Tower, Tokyo, Japon, 1972.
Le “Phantasy Landscape” de Verner Panton, présenté lors de l’exposition “Visiona 2”, à Cologne, Allemagne, 1970.
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MOODERN
DESIGN
Équilibre organique. Une base minérale et un diffuseur qui expérimente la gravité : c’est l’équation de l’applique “Beluga”, imaginée par ENO Studio. Portée par un design simple et efficace, cette lampe murale prône une simplicité discrète, des formes tout en contraste, et un potentiel qu’elle révèlera en habillant un pan de mur uni. enostudio.fr
EXPO
Rétrospective. Pour ses 30 ans, la célèbre marque allemande de mobilier outdoor Dedon présente sous la verrière du showroom parisien RBC les pièces cultes qui ont fait son succès, aux côtés de ses nouveautés. L’occasion de redécouvrir à travers une installation suspendue délicate, imaginée par le duo de designers GamFratesi, la collection de chaises emblématiques “Aiir”, conçue par le tandem lui-même. Du 5 mars au 17 avril 2020. rbcmobilier.com, dedon.de MOBILIER
Do it yourself. Coup de cœur pour le canapé ‘‘Assemble’’ de Destroyers/ Builders chez Valerie Objects, que l’on peut concevoir soi-même en choisissant les éléments (poufs, banquettes deux places, coins latéraux) les plus adaptés à son espace. Tous présentent le même dossier asymétrique légèrement arrondi, qui fait toute leur singularité.
MODERN CRAFT
Aller simple. Les vases de la collection “Mezcalienne” de Constance Guisset pour Maison Marcoux Mexico s’invitent au Bon Marché Rive Gauche. Entre formes traditionnelles et surréalisme, ces créations artisanales convoquent le meilleur du savoir-faire d’Oaxaca. Attention, pièces uniques. 24s.com
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Photos : SP ENO Studio ; SP Dedon ; SP Valerie Objects ; Francis Amiand
valerie-objects.com
PERLA
EST EN FORME, EN TRÈS BELLES
FORMES
Pour Terence Conran, notre fondateur, « un designer ne doit pas imaginer le monde comme il est mais comme il devrait être ». Peint à la main, les courbes naturelles du motif Perla épousent ainsi la rondeur de nos vases, tout en apportant poésie et sensualité au moindre de vos bouquets.
PERLA
VASE PEINT À LA MAIN
49€
habitat.fr
MOODERN DESIGN
Frédéric Pellenq, l’art et la matière.
Le designer chez Maison Dentsu.
Nous sommes ici à la galerie Kolkhoze pour découvrir tes nouvelles créations, peux-tu nous les raconter? Mesnouvellespiècess’articulentendeuxcollectionsdistinctes.D’abord,“Camarat”,une ode au sud de la France, à la Côte d’Azur, à l’été, au sable chaud. Le choix du nom s’est imposé comme une évidence puisqu’il s’agit d’un lieu de vacances que mon galeriste Thibaut Van den bergh (Kolkhoze) et moi-mêmeavonsencommun.Lacollection se compose d’un canapé et d’un fauteuil, en
noyermassifettissuKvadratbyRafSimons, singularisées par leurs ondulations, conjuguant au symbole des vagues diverses inspirations, telles que la voûte catalane présente dans l’architecture vernaculaire du village du Merlier au cap Camarat. Ensuite, la collection “Prairie”, qui marque mon intérêt pour la création américaine et qui est aussi unclind’œilauxréalisationsdeFrankLloyd Wright, l’un des architectes associés à la Prairie School. Elle comprend une chaise et une lampe, des pièces totémiques en noyer massif, très fortes visuellement tout en étant relativement sobres. Comment définirais-tu ta démarche créative? Je me sens dans une recherche continue d’équilibre afin de générer des collections constituées d’éléments qui se complètent, sans jamais se dépasser entre eux. Je pars 26
toujours de l’inspiration d’un lieu, d’une émotion, et j’attache une grande importance à considérer l’histoire, le passé, pour les faire évoluer dans la contemporanéité, au traversdesdétails,desmatériaux,deslignes. Je n’aime pas le mobilier “mode”, trop marqué en temporalité qui reflète les tendances précisesd’unmoment.J’aimel’idéequemes créations puissent évoluer dans le temps. Quelles sont tes inspirations? J’apprécie le travail des contrastes, les lignes directes et les dessins surréalistes. En références contemporaines, je pourrais citer Jacques Grange, Pierre Yovanovitch, Fabrizio Casiraghi, Rooms ou encore Green River Project. Dans les classiques historiques, Alvar Aalto, Pierre Legrain, Charlotte Perriand et Pablo Picasso. — fredericpellenq.fr / kolkhoze.fr
Photo : Herve Goluza
—En janvier dernier, l’architecte-designer Frédéric Pellenq présentait ses deux nouvelles collections. Rencontre et découverte.
MOODERN
MODERN CRAFT
Céramique déstructurée. De Belfast, en Irlande, Derek Wilson s’intéresse aux convergences entre formes utilitaires et abstraites. Tout en questionnant le principe de fonctionnalité, l’artiste-céramiste crée des objets à travers lesquels il exprime son art en explorant librement les lignes, les angles et la géométrie. derekwilsonceramics.com OUTDOOR
Chilienne moderniste.
É VA S I O N
Comme à la maison. En Belgique, Maison Jackie se niche dans un ancien monastère aux espaces baignés de lumière naturelle et à la douce palette de couleurs et de matériaux. À ce lieu idéal pour organiser événements et ateliers, s’ajoute le tout aussi paisible appartement Jackie, à Anvers, où il fait bon se ressourcer (le temps d’un week-end ou plus) dans un intérieur inspirant aux influences japonaises et touches bohèmes.
Photos : Flow Gallery / Sania Pell + Beth Evans ; SP Ferm Living ; Thibault De Schepper
jackieboheme.be
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Repérée au salon Maison & Objet en janvier dernier, la “Desert Lounge Chair” de la marque danoise Ferm Living fleure bon l’été. Idéale aussi bien pour l’intérieur que l’extérieur, cette assise se distingue par son textile tissé aux lignes graphiques du plus bel effet. fermliving.com
MOODERN
EVENT
Collectible #3.
collectible.design
ACCESSOIRES
Pièce à pa . S’intéresser à des objets du quotidien pour les sublimer, c’est le pari d’OAO Works, qui s’empare cette fois-ci du cintre pour le détourner. Entre objets pratiques et éléments de design, ces modèles en laiton dévoilent un aspect savamment imparfait. oaoworks.com
MODERN CRAFT
Matière brute. Pour célébrer ses racines arméniennes, la cofondatrice du studio new-yorkais A Space a imaginé une ligne de mobilier inspirée par le savoir-faire et l’architecture du pays. Ici, une table d’appoint sculptée dans de la roche volcanique qui s’inspire des ouvertures des monastères, et dont les courbes et les lignes l’inscrivent pleinement dans son époque. aspacestudio.com 28
Photos : SP Everyday Gallery, Antwerp / Ties Bemelmans ; Arthur Hoffner ; SP OAO Works ; SP A Space
Du 5 au 8 mars 2020, la foire internationale consacrée au design de collection du XXIe siècle reprend ses quartiers à l’Espace Vanderborght à Bruxelles pour sa 3e édition. Pionnière, radicale et singulière, Collectible est la design fair qui monte. La plateforme réunit cette année plus de 100 exposants internationaux et offre une nouvelle sélection de pièces uniques et d’éditions limitées réalisées par des professionnels œuvrant à la croisée des chemins entre design, art et architecture. L’occasion d’y voir exposer des galeries de renom comme Maniera, Valerie_traan ou la Side Gallery, qui participe à l’événement pour la première fois, ainsi que d’y découvrir le travail de jeunes créateurs prometteurs, comme celui du Parisien Arthur Hoffner.
MOODERN
MODE
Vestiaire responsable. Marque finlandaise engagée, Samuji a décidé de faire un pas vers une mode plus vertueuse en lançant Samuji Archive, qui permet à ses adeptes de louer des pièces de ses collections précédentes pendant une semaine. Son fondateur Samu-Jussi Koski espère ainsi dépasser le modèle de consommation actuel en initiant une nouvelle démarche, “où la possession ne serait plus une valeur absolue”. samuji.com
TEXTILE
Découverte en janvier dernier à l’occasion de l’événement parisien dédié aux éditeurs de tissus et de papiers peints, Paris Déco Off, la nouvelle collection “L’Accessoire” de la marque Élitis recèle de belles surprises, entre ses tapis en jute revisités, graphiques et colorés, et ses gammes textiles aux fortes qualités plastiques. Petite pépite, ce bien-nommé coussin “Atelier”, en lin imprimé, nous emballe avec son caractère pictural à souhait.
DESIGN
Table de matière. Rooms Studio donne un nouveau souffle aux objets publics oubliés de la Géorgie. La ‘‘Stone Carved Supra Coffee Table’’, fabriquée à partir de pierres naturelles et de terrazzo, incarne une représentation primitive du banquet – en géorgien, supra signifie “festin”. rooms.ge
elitis.fr
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Photos : Emma Sarpaniemi ; SP Élitis ; SP Rooms
Coussin-tableau.
MOODERN
PA R F U M
Expérimentations olfactives. Les créations de Nasomatto, “nez fou” en italien, sont dues à l’excentrique nez Alessandro Gualtieri qui, particulièrement intéressé par les substances hallucinatoires, s’amuse à imaginer des senteurs addictives, envoûtantes et radicales. Chacune des ses audacieuses essences est chapeautée d’un bouchon évocateur et singulier, en liège, noyer, ou encore chêne brûlé. nasomatto.com
U P CYC LI N G
American berbère. Marque soucieuse de son empreinte écologique, American Vintage a imaginé un projet offrant une seconde vie à un stock dormant de tissus, mués en tapis boucherouites grâce au savoir-faire de tisseuses du Moyen Atlas. Remis aux mains expertes de ces artisanes berbères, 2450 robes et plusieurs mètres de tissu sont devenus soixante tapis. Des pièces uniques à la dimension éthique et responsable, à découvrir du 26 au 29 mars 2020 à Paris lors d’une exposition-vente.
Photos : SP Nasomatto ; Studio Blanco ; Julie Liger
americanvintage-store.com
DESIGN
Métal gagnant. Pour La Manufacture, nouvelle marque de design et mode fraîchement lancée à Paris fin d’année dernière, Ben Gorham – créateur de la maison suédoise de parfums Byredo – a imaginé cette table monumentale posée sur quatre pieds désaxés, en aluminium extrudé. Le designer a pensé cette pièce forte au caractère industriel comme une grande surface de travail adaptée aux jeunes créatifs. cider.fr 31
ZOOM TEXTILE
Larsen, l’avant-garde du textile.
À la fin des années 1990, l’Américain Jack Lenor Larsen, l’un des designers textiles les plus prolifiques de la seconde moitié du xxe siècle, est invité à développer pour sa propre Maison une collection issue de ses textiles préférés. Il choisit ce travail raffiné de diagonales, suivant un principe de trame oblique mettant en valeur une chaîne de lin contrastée. Tissée à la main, cette création avait tout d’abord été expérimentée à la fin des années 1950 dans un petit atelier italien, mais cette collaboration n’a pas perduré. C’est en s’appuyant sur le savoir-faire de tisserands thaïlandais que ce voilage a pu voir le jour à nouveau. Il illustre la force de création de Jack Lenor Larsen, qui, dès les années 1940-1950, a su se faire connaître auprès d’une clientèle éclairée – stars, designers, architectes modernistes tel Frank LloydWright–,àmêmed’appréciersestissus avant-gardistes, inspirés par ses nombreux voyages, ses collections d’artisanat ancien et songoût pour les techniques traditionnelles.
Créateur : Jack Lenor Larsen (né en 1927) Nom : “Onward!” Matériaux : lin et soie, tissage à la main (Thaïlande) Date de création : 1997 Éditeur : Larsen
— Larsen est une marque du groupe Manuel Canovas, manuelcanovas.fr 32
Photos : Edward Addeo; SP Larsen
— Le voilage “Onward!”, issu des archives de la maison Larsen, porte au plus haut point le raffinement et l’audace du travail de son créateur, Jack Lenor Larsen. — Texte : Carole Daprey
COMMUNIQUÉ
À gauche, étagères Gassien ; pichet et tasse en céramique de Schneid Studio. Ci-dessous, plats en céramique de Hana Karim.
Smallable, génération green.
Photos : DR
— Sensible aux enjeux de notre époque, le concept-store lifestyle poursuit ses collaborations avec des marques engagées dans une démarche éco-responsable. —
Suspensions Schneid Studio.
Au goût des belles choses, défendu par Smallable depuis ses débuts, s’ajoute aujourd’hui l’envie de mettre en lumière des démarches toujours plus éthiques et durables. “Cela commence par une prise de conscience : consommer moins, mais mieux. C’est privilégier la qualité à la quantité, des produits qui auront une durée de vie plus longue et une empreinte écologique plus faible, des marques qui produisent de manière responsable d’un point de vue environnemental et social”, explique Cécile Roederer, fondatrice du concept-store. (D)eco-friendly Ainsi, depuis 2019, l’estampille Greenable identifie sur l’e-shop les marques qui prennent soin de la planète et des hommes. Conception exemplaire, fabrication vertueuse, matériaux bio ou recyclés : c’est près de 200 labels qui se trouvent distingués avec, en déco, des créateurs comme Schneid Studio, aux process naturels et durables, Gassien, dont les étagères sont fabriquées en France à partir de bois issu de forêts éco-gérées, ou encore Hana Karim et sa céramique artisanale. Une sélection affûtée de pièces qui conjuguent durabilité et esthétisme. — smallable.com
ICONIQUE
Le “925” de Scarpa, ou l’équilibre des forces.
Créateurs : Afra (1937-2011) et Tobia (né en 1935) Scarpa Nom : “925” Date de création : 1966 Éditeur : Cassina
Afra et Tobia Scarpa, mari et femme, se sont rencontrés lors de leurs études d’architecture à Venise en 1957. Tobia est le fils du grand architecte et designer Carlo Scarpa. Il commence sa carrière dans les pas de son père en travaillant le verre chez Venini à Murano, puis, dès 1960, fonde avec Afra son propre studio. Il signe alors une production extrêmement prolifique de meubles, luminaires ou verreries pour des éditeurs tels que Knoll, B&B Italia, Cassina, ou encore Flos. Le fauteuil “925” compte parmi les pièces les plus remarquables de sa riche collaboration avec Cassina notamment. Pour Tobia, le projet est parti d’une vision fantasque : “J’ai pensé : l’élégance d’un pétale pourrait habiter l’élégance d’une chaise ; et
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puis il faut une structure qui le soutienne et la structure devient un cube, afin de manifester la solidité de l’objet.” Si ce projet prend d’abord la forme d’une chaise – le modèle “121” lancé en 1965 –, c’est avec le fauteuil bas qu’il trouve sa meilleure expression : l’assise est abaissée et élargie, ce qui accentue sa forme enveloppante. Peu de rembourrage. Le confort repose sur la forme anatomique et l’élasticité du dossier légèrement plus incliné. — Où le trouver? Galerie Éric Chantala, à Paris, @galerie_chantala Gallery Vanlandschoote, à Bruges, Belgique, @dries_vanlandschoote
Photos : GalleryVanlandschoote; SP Cassina
— Évoquant l’association fantasque d’un pétale et d’un cube, le fauteuil “925”, dessiné par Afra et Tobia Scarpa en 1966, concilie avec élégance fluidité et géométrie. — Texte : Carole Daprey
@silveraofficial
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Photo : Karel Balas
INSPIRATION
SIGNATURE
La révélation Emmanuelle Simon. — Avec la réalisation de ce pied-à-terre parisien de 85 m2, l’architecte d’intérieurdesigner affirme son esthétique. Dans un geste libre, elle conjugue son minimalisme et ses harmonies de couleurs naturelles à une collection de pièces d’art et de mobilier finement choisis. Décryptage d’un projet manifeste. Une signature à suivre. — Texte : Laurine Abrieu – Portrait : Karel Balas – Photos : Damien de Medeiros
Architecte d’intérieur et designer diplômée de Camondo, la Franco-Israélienne Emmanuelle Simon a été à bonne école en commençant sa carrière chez Jean-Marie Massaud et Pierre Yovanovitch. Deux agences, deux écritures, qui lui ont permis d’affiner la sienne. On découvre son travail en 2017, lorsqu’elle remporte le prix du public au festival international d’architecture d’intérieur Design Parade Toulon avec son projet “La Chambre sur l’eau”. On se souvient encore du lit surmonté d’une structure en arche tressée de cordes de lin. Déjà son approche esthétique conjuguant une architecture très dessinée à l’utilisation de matériaux bruts, sur fond de tons naturels, nous faisait de l’œil. Le Spa qu’elle réalise l’année d’après pour la marque francojaponaise Evidens De Beauté confirme
son talent. Le lieu est un écrin pur de textures et de lignes franches, où se révèlent en situation les premières pièces de sa collection de meubles en raku. Quelques projets plus tard, on la retrouve entre les murs de cet appartement du 7e arrondissement de Paris, dont elle signe l’architecture intérieure et la décoration, ainsi que l’achat d’art, jusqu’au choix des bouquets de fleurs séchées. Une réalisation on ne peut plus totale, à travers laquelle elle affirme encore un peu plus l’expression de son style, subtil et contrasté, dans un langage décoratif à la poésie peu commune. Carte blanche Lorsque Emmanuelle Simon accepte le projet, le lieu est un pied-à-terre qui vient d’être rénové. Un appartement haussmannien de 85 m 2, typiquement 39
Créations sur mesure Pièce maîtresse de ce parti pris, la table basse du salon dessinée par Emmanuelle Simon en pierre de lave et raku, autour de laquelle s’articule la disposition du reste
du mobilier, du canapé arrondi détaché du mur aux autres petites assises posées autour. En face, la salle à manger-bureau arbore également deux créations originales de la designer : une table de repas en bois teinté noir, dont la forme singulière lui permet d’accueillir jusqu’à six convives, comme de servir d’espace de travail si l’on s’y installe seul ; ainsi qu’une très belle bibliothèque composée d’une structure en acier et bois, de portes coulissantes en raku et d’espaces ouverts offrant un écrin aux objets. “On a travaillé comme si on composait un tableau, de manière assez photographique,envenantajouterlespièces au fur et à mesure. Cela nous a permis d’aller àl’essentieldansnotresélection,toutesttrès choisi.” Et, effectivement, rien n’est là pour le show… ni le buffet scandinave en bois des années 1950 dont le travail de relief sur les portes amène un petit côté graphique au décor, que viennent soutenir les céramiques lumineuses aux lignes architecturales de Frédéric Bourdiec posées dessus
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Autour de la table basse en pierre de lave et raku signée par Emmanuelle, canapé de Pierre Augustin Rose et fauteuil en rotin de Dirk van Sliedregt. Appliques d’Ingo Maurer. Cabinet en pin de Goran Malmvall. Page de droite, au pied du lit, paire de chaises de Dieter Güllert et peinture à l’acrylique d’Hermentaire, galerie JAG. Suspension d’Ingo Maurer.
Photo : Damien de Medeiros
parisien avec son parquet et ses moulures, dont l’architecte d’intérieurdesigner décide de conserver le cachet et la répartition des pièces pour mieux se concentrer sur la façon d’habiter l’espace. “L’idéeétaitdedévelopperuncoloramaassez neutre, de tonalités douces, qui allaient réagir avec la lumière, et être déclinées dans un répertoiredematièresdifférentes,commele rotin du fauteuil chiné, le velours du canapé PierreAugustinRoseouencorelebambouet le papier de riz des lampes d’Ingo Maurer”, explique Emmanuelle. Une palette très élégante de teintes claires et délicates, que l’architecte d’intérieur fait contraster avec une sélection de créations, d’art comme de mobilier, aux matériaux texturés, plus bruts, afin d’éviter un total look trop lisse.
Photo : Damien de Medeiros
INSPIRATION SIGNATURE
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INSPIRATION
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Photo : Damien de Medeiros
Dans la chambre des enfants, sur la table basse de Raoul Guys, lampes en céramique de Marcello Cuneo. Tapis et coussins de Pampa, suspension de Jo Hammerborg, aquarelles d’Hermentaire, galerie JAG.
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Photos : Damien de Medeiros
comme une petite ville, ni le tapis monochrome réalisé sur mesure, où la lumière vient révéler et sublimer le jeu de matière et de relief. Efficace. Cabinet de collections Au décor Emmanuelle Simon confère une dimension “intérieur de collectionneur”, qu’elle compose à partir de pièces vintage et de créations contemporaines. Des œuvres chinées et d’autres réalisées pour le lieu. À l’instar des peintures de l’artiste Hermentaire dont le coup de pinceau vient twister le décor. La céramique est aussi largement mise à l’honneur dans cet appartement. On y retrouve, par exemple, les tables d’appoint lumineuses de Guy Bareff, les vases-volcans de Camille Tréhout, ainsi que des créations années 1950 de Jacques Innocenti. À partir de petites pièces de Pierre Digan, des éléments en céramique datant des années 1970, qui servaient autrefois à habiller les façades des maisons de manière décorative, Emmanuelle a même composé une œuvre murale du plus bel effet. Dans une dimension plus moderne, les truculentes petites pièces d’art de l’artiste Quentin Marais apportent, avec leurs formes ludiques et colorées, ce qu’il aurait pu manquer de fantaisie pour parfaire le décor. Une collection de curiosités artisanales originales qui vient signer la modernité de cet intérieur-manifeste estampillé Emmanuelle Simon. —
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La tête de lit en chêne et rotin de la chambre a été conçue par Emmanuelle, ainsi que l’applique en laiton et raku. Sur la tablelampe de Guy Bareff (Galerie Desprez Breheret), céramiques de Marie Lautrou. Linge de lit Merci, tapis Codimat. Dans la salle à manger, tabouret en grès de Martin Goerg et peintures de Jacques Neslé.
emmanuellesimon.com @emmanuelle_simon
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Emmanuelle Simon, inventaire. SON COLORAMA
SON CÉRAMISTE
Quentin Marais pour ses pièces de céramique fantaisistes et colorées
Des nuances de couleurs minérales et naturelles : sable, terracotta, calcaire…
SES ADRESSES
À Paris, les galeries Desprez Breheret et Riviera Les stands d’Aurélien Gendras et de Maison Jaune aux puces de Saint-Ouen À Palm Beach, la galerie Ponce Berga
SES MATIÈRES
La céramique, notamment le raku pour ses craquelures aléatoires La pierre de lave noire pour la possibilité de contrôler sa porosité et sa matité L’enduit à la chaux Le bois massif, de préférence le chêne Le bois exotique, notamment l’assamela
Le désert du Sinaï en Égypte, qu’elle a découvert cet hiver, pour ses accumulations de strates de sable de couleurs différentes
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Photo : Damien de Medeiros
SON VOYAGE INSPIRANT
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Photo : Damien de Medeiros
Dans la salle à manger, bibliothèque en acier, bois et raku conçue par Emmanuelle, contenant deux œuvres fantasques de Quentin Marais. Suspension des années 1960. Au mur, œuvre en céramique de Pierre Digan.
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Jeu de briques. — Dans une vallée préservée du sud de l’Angleterre, Nirthurst Farm est le fruit d’une inspiration cinématographique et d’un amour des vieilles pierres. L’architecte Adam Richards a érigé pièce par pièce sa maison de famille, jouant des contrastes de matières et de volumes. — Texte : Vanessa Boz – Portrait : Tom Birkett – Photos : Brotherton–Lock
Le West Sussex est une région riche en vestiges romains. L’architecte Adam Richards a souhaité rendre hommage à la belle petite brique rouge que l’on retrouve dans de nombreux sites de la région. Cependant, Adam – qui est derrière la rénovation du Ditchling Museum of Art + Craft – s’est avant tout inspiré du film fantastique Stalker du réalisateur russe Andreï Tarkovski (1979). Une référence surprenante pour la création d’une maison familiale. Et pourtant, le pari est plus que réussi. Le film décrit le périple dangereux d’un écrivain et d’un professeur de physique à la recherche d’une fameuse chambre exauçant les désirs secrets des hommes. Ils sont aidés d’un stalker – mot anglais signifiant traqueur – qui les mène à travers la zone interdite abritant cette pièce mystérieuse. Adam sourit encore d’avoir utilisé ce film comme fil conducteur dans l’élaboration de sa propre maison. D’apparence massive et austère, en contraste avec la douceur environnante de la campagne anglaise, Nirthurst Farm nous accueille par une petite porte menant à un vestibule, puis à une immense salle dont la hauteur sous plafond atteint 4,5 mètres. Photo : Brotherton–Lock
Entre film fantastique et ruines romaines Ici, Adam Richards a joué avec les matières, les perspectives et les volumes, usant tantôt de plafond bas, tantôt de doubles hauteurs.
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L’îlot central de la cuisine a été fabriqué à partir d’un ancien billiard en ardoise. La sculpture nuage des frères Bouroullec flotte au-dessus d’un système d’étagères Vitsœ. Fauteuils no 30 de Thonet. À droite, œuvre de Helen A. Pritchard.
La cuisine est équipée de placards réalisés sur mesure par Adam Richards Architects. Ils sont recouverts de la peinture “Dead Salmon” de Farrow & Ball.
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Photo : Brotherton–Lock
INSPIRATION
Photo : Brotherton–Lock
INSPIRATION ARCHI
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Ci-dessus, la façade est recouverte de briques d’Ibstock et de Wienerberger. L’architecte et propriétaire Adam Richards dans le salon.
Photo : Brotherton–Lock – Portrait :Tom Birkett
Page de droite, une des chambres d’amis, avec un dessus-de-lit Donna Wilson pour SCP et une tapisserie du xviie siècle au mur.
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Photo : Brotherton–Lock
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La lumière entre par d’immenses fenêtres que l’on devine au détour de longs couloirs. De l’extérieur, elles percent la façade de cette construction massive comme des yeux ouverts sur la nature alentour. Les murs intérieurs en béton brut sont ornés d’anciennes tapisseries de la collection de l’architecte. Des escaliers montent vers les étages, tandis que des passages un peu secrets mènent vers les chambres lumineuses. Deux années de construction auront été nécessaires pour mener à bien ce projet. L’équipe d’Adam Richards a d’abord érigé la structure en béton, puis il a fallu une année entière pour envelopper la façade de brique. Les Romains l’utilisaient beaucoup, en témoignent les aqueducs encore debout un peu partout en Europe. Cependant, la surface de la maison aurait nécessité près de 30000 pièces, un projet impossible. Adam
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a alors eu l’idée ingénieuse d’utiliser des briques modernes de tailles plus grandes que celles des Romains à l’époque, en les espaçant de trois fois plus de mortier qu’à l’habituel. Cela fonctionne à merveille et donne un rendu classique imprégné de Renaissance à cette construction à l’esprit somme toute brutaliste. Palais de campagne familial Les murs et plafonds ont beau avoir été laissés en béton brut, il n’en demeure pas moins une sensation de chaleur et d’élégance avec les sols en bois de pin blanchi et les finitions en laiton brossé. Nithurst Farm ne se prend jamais au sérieux. Une structure modulaire en textile créée par les frères Bouroullec, en collaboration avec Kvadrat, prend place comme un grand nuage flottant. Elle rappelle le ciel des pein-
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tures xviiie siècle du Vénitien Tiepolo. Une porte sous ce grand nuage mène à un corridor qui relie la salle à manger au salon. Des œuvres d’art contemporain ornent les murs de part et d’autre, mais la vie de famille reste au cœur du projet. Aux étages supérieurs, on trouve les chambres des trois enfants, ainsi que trois chambres d’amis qui rappellent le souhait de faire vivre cette ferme moderne de rires et de bruits. Empruntant un grand escalier derrière une double porte, on arrive à l’espace parental, deux belles pièces communicantes conçues à l’identique en haut d’une tour : his and hers… — adamrichards.co.uk @adamrichardsarchitects
INSPIRATION
ARTISTE
Kim Bartelt, œuvres de papier. — Basée à Berlin, cette artiste-peintre crée des œuvres aux formes abstraites composées de papier de soie. À la fois minimales et empreintes d’une énergie subtile, ses créations, tout en formes et textures, transmettent la qualité méditative du processus minutieux du collage. — Texte : Karine Monié – Photos : Marina Denisova
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Photos : Marina Denisova
INSPIRATION
Comment avez-vous débuté votre travail de la peinture et du papier? Enfant, mon oncle m’offrait des crayons et des couleurs aquarelle à chaque anniversaire. Dès lors, j’ai toujours fait des choses créatives. Mon baccalauréat options art et anglais en poche, j’ai déménagé à Paris pour étudier l’histoire et le management de l’art, puis la peinture à New York. Après mes études, j’ai travaillé dans la conception de décors pour la publicité et le monde éditorial. Beaucoup d’accessoires que nous utilisions étaient emballés dans toutes sortes de papier que j’ai commencé à collectionner. J’adorais leurs différentes couleurs et je les ai pris avec moi quand je suis rentrée vivre à Berlin. Ils sont restés un moment dans un sac dans mon studio et puis, un jour, j’en ai collé quelques-uns sur une grande toile. Comme c’était diffé-
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rent de ce que je faisais habituellement, j’ai donné la toile à ma sœur qui, un an plus tard, m’a fait part de l’attrait que suscitait cette pièce auprès de toutes les personnes qui la voyaient dans son appartement. Je l’ai alors reprise à mon studio pour l’étudier davantage. J’ai expérimenté un peu et j’ai ensuite découvert où acheter des papiers de différentes couleurs, ce qui m’a permis de ne plus avoir besoin de les peindre, comme au début, pour obtenir l’effet escompté. Quel est votre processus de création? Au lieu d’utiliser un pinceau imprégné de peinture, mon travail est fait de morceaux irréguliers de feuilles de papier colorées et transparentes que j’applique sur la toile avec de la colle, un procédé presque méditatif qui prend des jours, voire des semaines. Mes dernières pièces
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Ci-dessus, à droite, “Big Bingo”. Page de gauche, au sol “Weirdo”. Entre les mains de l’artiste, “BFF”.
INSPIRATION
ARTISTE
Kim Bartelt dans son atelier à Berlin. Page de droite, "Big Boy”.
J’aime la sensibilité de la texture du papier, en particulier le papier de soie, dont chaque couche demeure visible.
Quelleestvotrerelationàlamatière? Qu’appréciez-vousparticulièrement dansletravaildupapier? J’aime la sensibilité de la texture du papier, en particulier le papier de soie, dont chaque couche demeure visible. Rien ne peut être caché et aucune erreur ne peut être effacée. Les petits accidents comme les plis ou même les taches évoquent la fragilité de la vie, et en particulier la nôtre, celle des êtres humains.
Quellessontvossourcesd’inspiration? Quand j’étais étudiante, mon environnement, les gens autour de moi, la vie nocturne new-yorkaise m’inspiraient beaucoup. Désormais, ce sont mes peintures qui évoquent ces personnages : “One of Them”, “Big Boy”, “BFF” (Best Friends Forever), “Sister”, etc. Alors qu’avant je cherchais l’inspiration autour de moi, à l’extérieur, il s’agit désormais d’un processus plus intérieur. J’ai également toujours été intéressée par l’architecture et les espaces, car eux aussi véhiculent des souvenirs, une histoire. Nous sommes ici dans votre espace de travail, pouvez-vous nous parler de cet endroit? Je viens de trouver une maison d’artistes où se niche mon studio. Ses lignes sont épurées, il est très lumineux et caractérisé
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par la présence de béton, de murs blancs et de toute une série de grandes fenêtres. C’est un espace qui offre beaucoup de possibilités pour les nouvelles œuvres de grande taille sur lesquelles je commence à travailler. Pour l’instant, tout est encore bien en ordre, mais je finis toujours par être entourée d’une mer de papiers ! J’ai besoin de tous les voir en même temps pour pouvoir choisir le bon. Donc, tôt ou tard, le sol sera à nouveau couvert entièrement… — Présenté à partir du 4 mars prochain à la galerie Cadogan Contemporary à Londres, le travail de Kim Bartelt peut également être découvert chez Amélie, Maison d’art à Paris et chez Richeldis Fine Art à Londres. kimbartelt.com @kim.bartelt
Photo : Marina Denisova
se composent de résidus de mes œuvres précédentes et ma récente série “Raw” (qui signifie “Brut”) pousse cette approche encore plus loin en utilisant comme support des matières recyclées. Je collectionne des rideaux, des tissus et des toiles qui ont été jetées car ils portent en eux beaucoup de souvenirs. Cela me permet de fusionner passé et présent.
Photo : Marina Denisova
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INSPIRATION
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Mouvements modernes. — Arrêt sur images dans le repaire du fantasque artiste Mathias Kiss, où un vestiaire à l’apparente rigueur, relevée d’accents néoromantiques, vient dialoguer avec ses œuvres sculpturales. — Style : Julie Pailhas – Photos : Mattias Björklund – Texte : Laurine Abrieu
Blouse en popeline de coton et chemise en crêpe de viscose, Véronique Leroy. Pantalon en maille côtelée, Rokh. Bague “Cactus” en or rose et diamants, Cartier. Mules en cuir, Givenchy. Assise “Flodchair” en fibre de verre, design Olivier Gregoire pour Specimen Editions. Mannequin : Marie Zuelsdorf @ Supreme. Maquillage : Annabelle Petit @ ASG. Coiffure : Stephanie Farouze @ Artists Unit. Casting : Sarah Bunter. Assistante styliste : Manon Baltazard. Production : Julie Planckaert.
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Photo : Mattias Björklund
Veste et pantalon en sergé de coton et lin, Sessùn. Robe en satin, Kenzo. Mules en cuir, Nina Ricci. Miroir “Sans 90 degrés” et cubes “90 degrés” (tapis tissé par les Manufactures d’Aubusson, cubes en métal poli), créations Mathias Kiss.
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Photo : Mattias Björklund
Chemisier en coton, Margaret Howell. Veste et pantalon en coton, Paul Smith. Bague en or jaune, argent et diamants, 5 Octobre. Mules en cuir, Givenchy. Miroir “Sans 90 degrés”, création Mathias Kiss.
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Photo : Mattias Bjรถrklund
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Cardigan en mohair, robe en gabardine de coton, Miu Miu.
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Blouse en coton et jupe en viscose, Les Coyotes de Paris. Boucles d’oreilles en plaqué or et perles d’eau douce, Timeless Pearly. Le tout chez Smallable.
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Photo : Mattias Björklund
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Photo : Mattias Björklund
Robe en coton et broderies anglaises, bottes en python, Loewe. Papier peint “Grand Antique”, imprimé marbre, création Mathias Kiss, édition Beauregard Studio.
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Photo : Mattias Björklund
Robe en laine et soie, Lanvin. Blouse en soie, Dior. Bague “Cactus” en or rose et diamants, Cartier. Cuissardes en maille stretch, Balenciaga. Sac de boxe doré à l’or fin, création Mathias Kiss.
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Photo : Mattias Björklund
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Body en crêpe de soie, Chanel. Jupe en lin, pantalon en crêpe de viscose, sandales en corde, Véronique Leroy.
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Photo : Mattias Björklund
Robe cape en voile de laine, Hermès. Jupon en coton, Marni. Boucles d’oreilles en laiton plaqué or, Juliette Laloë. Bague en or jaune, argent et diamants, 5 Octobre. Sandales en cuir, Jil Sander. Sculpture “Out of Frame (90 degrés)” en marbre, prototypes “Sans 90 degrés”, création Mathias Kiss.
INSPIRATION
STYLE
Photo : Mattias Björklund
Mathias Kiss, l’art place des Vosges. Paris. Quartier du Marais, rue des FrancsBourgeois. Nichés dans un immeuble typiquement haussmannien, tourné vers la place des Vosges, les bureaux du truculent artiste Mathias Kiss se dévoilent à son image. Surprenant, iconoclaste, radical. Inclassable.Danscelaboratoirecréatif,siège de ses réflexions esthétiques et architecturales autour de la déconstruction de l’héritage classique, une pièce aux murs marbrés et à la moquette bronze jouxte un large espaceblancimmaculé,écrinidéaloùlaisser ses œuvres s’exprimer, à l’instar de son ico-
nique miroir froissé, où l’on ne trouve jamais son reflet. Moderne par nature, Mathias Kiss est un artiste contemporain affranchi qui ne cesse de nous surprendre. Son travail est à découvrir au Museo Villa dei Cedri, en Suisse, à partir du 21 mars, dans le cadre de l’exposition “Hortus Conclusus”, et au Madd-Bordeaux, à partir du 26 mars, à l’occasion de l’exposition “Playground – Le design des sneakers”, où il présente la basket qu’il a réalisée en collaboration avec le créateur de souliers Pierre Hardy. mathiaskiss.com / @mathiaskiss 65
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Studio X+L, talent double. — Dans leur atelier d’Amsterdam, les designers Xander Vervoort et Leon van Boxtel travaillent la soie pour donner forme à des œuvres textiles organiques et singulières. Des tableaux abstraits tout en courbes et en nuances, réalisés à partir de collages d’étoffes. Une esthétique précise qui se révèle aussi à travers les meubles et objets sculpturaux qu’ils imaginent. Histoire d’un souffle créatif à quatre mains. — Texte : Sarah Berger – Photos : Kasia Gatkowska 66
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Leon et Xander devant une tenture murale en soie signĂŠe X+L.
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Leurs chemins se sont liés il y a trente-deux ans. À l’époque jeunes diplômés, Leon de l’Académie des beaux-arts, Xander en danse moderne, ils n’ont dès lors jamais cessé de travailler à l’unisson. Dans la production d’art vivant d’abord, l’un en tant que chorégraphe, l’autre concevant les décors, costumes, vidéos, photographies. Un travail artisanal et créatif, déjà, pour ce duotouche-à-tout.“Commenousnegagnions pasvraimentd’argent,nousavonsenparallèle commencéàrestaurerdesmaisonspourjoindre lesdeuxbouts”, explique Leon. Le boucheà-oreille fait rapidement son œuvre et l’entreprise se développe de façon organique, jusqu’à se structurer en studio d’architecture. “Jamaisnousn’avonseudeplandecarrière,chaqueopportuniténousamenésvers uneautre.Nouscherchonsavanttoutlaliberté defairecequenousaimons,sanscompromis. C’estnotreseuletuniqueobjectif.”Résidences privées, boutiques et espaces d’exposition, le tandem autodidacte se concentre alors sur le design intérieur et la conception de meubles sur commande imaginés spécialement pour ses projets. Des pièces uniques et sur mesure suscitant l’enthousiasme, qu’ils proposeront à la vente, développant ainsi leur propre ligne.
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ensuite teints dans leur studio d’Amsterdam, consolidés par un support en crin de cheval, puis transformés en collages et tentures murales. “Chacune de ces œuvres est unique. Le tissu est si beau que la forme estsouventdéterminéeparlespiècesdetextile elles-mêmes”, précise Leon. Leur lien profond avec l’Inde se matérialise également dans leur collaboration avec le collectif d’artisans Phantom Hands à Bangalore, qui réalise des meubles en bois de manière traditionnelle. “Nousrevendons désormais certaines de leurs réalisations et concevonspoureuxdenouveauxobjets.Nous avons ainsi créé deux lampes, un claustra et unetablebasseenteckrecyclésculptéàlamain. Actuellement,noustravaillonssuruncanapé modulable, au revêtement lui aussi produit
Page de gauche, Leon au studio. La grande table de travail est entourée de chaises de Pierre Jeanneret rééditées par Phantom Hands. Au fond, œuvre de Nan Groot Antink. Ci-dessous, grande composition de soie Khadi et table d’appoint Studio X+L. Bouteille ancienne japonaise en céramique.
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La route de la soie L’histoire se poursuit au fil de leurs innombrables voyages à travers l’Inde, lors desquels ils collectent de précieux matériaux les entraînant à explorer d’autres domaines de création. Des matières premières olfactives et des huiles essentielles, qui seront la base de leur parfum signature, Parfumobscure. Des pièces de soie Khadi aussi, étoffe filée et tissée à la main, emblématique du savoir-faire indien. Les tissages traditionnels sont
Les tissages traditionnels indiens sont teints dans leur studio d’Amsterdam, consolidés par un support en crin de cheval, puis transformés en collages et tentures murales. 69
Ci-dessus, réalisation d’une tenture en soie au studio. À droite, créations X+L en bois et en laiton. Page de droite, dans le studio, impressionnant empilement de meubles en teck dont les tiroirs regorgent de soie venue d’Inde. Céramiques japonaises.
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localement,quenousprésenteronsauSalone del Mobile à Milan au printemps prochain.” Lieu de vie créatif À Amsterdam, l’atelier de Xander et Leon, une ancienne boulangerie investie par le duo vingt ans plus tôt, abrite un florilège de ces réalisations singulières. Tapisseries abstraites, mobilier en bois aux lignes architecturales, sculptures brutalistes, tables gigognes en laiton massif et luminaires japonisants signent une identité relevant tout autant de l’objet d’art que de l’utilitaire. Leon précise : “Jepensequ’aufildesannées, nousavonsdéveloppéunstylereconnaissable, quecertainsappellerontintemporel.Onretrouve dansnotretravaildesinfluencesmodernistes inspiréesparl’artetl’architecture,etnousutilisonsprincipalementdesmatériauxnaturelset des couleurs douces.” Ici, leur travail et leur vie quotidienne se mélangent sans effort. Une évidence tant chaque recoin de cet espace de 120 m2 bai-
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gné de lumière rappelle celui d’un lieu de vie.“L’usagedenotreappartement,situéjuste àcôté,s’apparenteplutôtàceluid’undressing ou d’une chambre d’hôtel. Nous nous y rendonsuniquementpourdormirouprendreune douche.Nouspassonsabsolumenttoutnotre temps au studio.” Si l’espace, ouvert et libre dans sa structure, évolue en permanence, son centre de gravité demeure la cuisine et sa longue table entourée de chaises signées Pierre Jeanneret. “Cettesituationenrez-dechausséenouspermetd’avoirunepolitiquede portesouvertes.Nosamisetclientspeuventpassertoutaulongdelajournéepartageruncafé oumangerunmorceau.” En dépit du succès grandissant, leur envie est de privilégier leur art de vivre et de créer selon leur propre tempo. “Si, à présent, nous arrivons difficilementàsuivretoutelademande,nousnesouhaitonspaspourautantquelestudiograndisse. Nousavonsenviequeleschosesrestentsimples.” — xandl.nl / @xandlamsterdam
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Ligne Roset × Pieter Maes. — Édité ce printemps par Ligne Roset, le tabouret “Monolog” reflète le questionnement du designer flamand Pieter Maes autour du caractère archétypal et intemporel de l’objet. Une pièce à l’identité sculpturale forte, qui complète son langage empreint de références archéologiques et futuristes. — Texte : Elsa Le Saux – Photos : Karel Balas
Installé depuis quelques années au cœur de Paris dans le quartier des Halles, Pieter Maes semble avoir trouvé l’ancrage géographique propice à sa réflexion. Passionné par l’archéologie et les arts premiers, il se plaît dans cette ville qui célèbre, selon lui, l’histoire et la beauté. Venu chercher une manière de bousculer ses schémas créatifs, il y forge son identité, humble et percutante àlafois.NéàAnversetdiplômédelaDesign Academy Eindhoven, il se forme auprès de designers et architectes tels qu’Ora-ïto et VincentVanDuysen.Plus récemment,c’est avecRaphaelNavotqu’ilcollaboreaudesign del’Hôtelnationaldesarts et métiers à Paris. Formes archétypales Définissant lui-même son approche du design comme principalement basée sur la 3D et moins portée sur le dessin, le plâtre s’impose à lui comme le matériau instinctif idéal pour se confronter à sa vision, tout en traduisant ses formes dans une subtile matérialité. La pierre, le bronze, le bois massif, qui sont ensuite utilisés pour son travail de formes, font écho pour Pieter à l’histoiredel’humanitéetaudéveloppement des techniques de fabrication d’objets, du Néolithique à l’âge du bronze. Des matériaux perçus comme garants d’une forme de pérennité esthétique. Pour Pieter, “nous répondonsdemanièreinstinctiveàcertaines formes,àcertainesmatièresetmotifscarilsfont partiedenotrehistoire.Lesformesarchétypales touchent notre inconscient.”
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Le tabouret est l’objet de design parfait pour exprimer la puissance d’une forme pure et son potentiel sculptural. 74
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Sur les murs blancs de l’appartement de Pieter, les dessins de sa compagne Anouk Peeters dialoguent avec les expérimentations du designer.
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Maisonhistoriqueincontournableauregard du patrimoine artisanal français, Ligne Roset est le parfait acteur du design actuel pouvant permettre aux pièces de Pieter de s’exprimer. La spécificité de l’assise “Monolog”résidedanslacombinaisond’un usinage avec assemblage high-tech et d’un travailduboistraditionnel remarquable.De manièresurprenante,labrillanceapportéeà la teinte noire du frêne fait naître à l’œil une forme d’évidence, mais cristallise également une ambiguïté. “Lacouleurdoitsouligneret renforcerleproposd’uneforme.J’aimeàpenser que,lorsquel’onregardeunedemespièces,on ne sait pas si l’on se trouve devant un vestige déterréd’unsitearchéologiqueoubienunobjet tombéd’unvaisseauspatial”,expliquePieter. Le pouvoir créatif de la science-fiction stimule et alimente depuis longtemps son univers et lui permet de mettre ses pièces en perspective. Dans l’appartement haussmannien du designer, la série de plâtres lumineux “Glyph”, reprenant la thématique
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de l’atemporel à travers le signe et l’alphabet imaginaire, côtoie ses collections de pointes de flèches, de fines attaches en bronze et de bifaces datant, pour les plus anciens, de plus de 100 000 ans avant Jésus-Christ. Les plâtrespréliminairesduprojet“Monolog”et les prototypes à leurs différents stades ponctuent l’espace et démontrent leur habilité à s’intégrer de différentes manières. Pour Pieter,“letabouretestl’objetdedesignparfait pourexprimerlapuissanced’uneformepureet son potentiel sculptural”. Ligne Roset, éditeur, fabricant et distributeur au savoir-faire mondialement reconnu, a su parfaitement transposer l’écriture plastique du designer : un socle solide pour poursuivre son exploration esthétique. — pietermaes.com / @pietermaes_ Le siège sera disponible à partir de juin 2020 dans le réseau Ligne Roset en France, ainsi qu’à l’international. ligne-roset.com / @ligneroset
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Écrin brut. — Dans le quartier parisien du Marais, l’architecte d’intérieur Valérie Mazerat signe l’aménagement d’un duplex de 70 m2 articulé autour d’un incroyable escalier d’acier, pièce maîtresse de ce projet tout en matériaux bruts et verticalité. — Texte : Laurine Abrieu – Photos : Karel Balas
Colonne vertébrale de ce duplex, l’escalier en acier se déploie comme un ruban sur les 4,5 mètres de hauteur sous plafond, sur fond de bois brut.
Le genre industriel, pour Valérie Mazerat, n’est jamais gratuit. Même si l’acier, les matières brutes et le travail des volumes singularisent son travail, ses projets sont toujours le fruit d’une réflexion spatiale et fonctionnelle profonde en cohérence avec l’histoire du lieu. On lui doit notamment l’aménagement du concept store parisien Merci, l’identité architecturale des agences et de la librairie Voyageurs du monde, le décor des bars à jus Wild & the Moon, entre autres, ainsi que des projets pour des particuliers, dont l’appartement de Françoise Dorget (MilK Decoration no 29). Une de ses dernières réalisations est celle du repaire parisien d’un couple d’Américains. Un duplex de 70 m2, au rez-de-chaussée d’un immeuble industriel en fond de cour. Un espace de 4,5 mètres de hauteur sous plafond, livré brut, que les propriétaires, une éditrice et un marchand d’art contemporain new-yorkais, ont confié à l’architecte d’intérieur Valérie Mazerat pour en
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faire leur pied-à-terre. L’idée? Façonner un lieu convivial, au cœur duquel ces collectionneurs, passionnés de céramique, se sentiraient bien chez eux à chaque visite. “Ce qui est primordial dans mon travail, c’est l’organisation de l’espace, explique Valérie. Le trait doit être très simple, évident, essentiel; il est le fruit d’une mûre réflexion. L’importance des volumes est très importante dans ma démarche, tout comme les matériaux, que je préfère bruts et le moins transformés possible.” Ruban d’acier Cette clarté dans la conception du plan et ce goût pour la matière se retrouvent de façon inhérente dans cet intérieur et notamment à travers la réalisation de l’impressionnant escalier en acier brut, dont la surface présente des traces de calamine dues à la lamination à chaud. “Souvent, dans un projet, soit on décide de faire disparaître l’escalier, soit on l’érige au rang de sculpture”, affirme Valérie. Ici, il endosse le
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L’acier, que l’on retrouve aussi dans la cuisine, constitue, aux côtés de la pierre et du bois, le matériau principal du projet.
Deux méridiennes Caravane encadrent des tables basses en métal et carreaux de céramique de Vallauris. Coussins brodés de Lindell & Co chez Ailleurs Paris. Chaise et fauteuil en rotin chinés. Au mur, photographie de l’artiste Ayana V. Jackson. Dans la cuisine, ensemble de céramiques chinées, comprenant notamment des pièces de Roger Capron et André Rozay.
rôle de pièce maîtresse autour de laquelle vient s’articuler l’espace. Avec son volume travaillé comme un ruban, son arête centrale extrêmement fine et son aspect visuel d’une légèreté surprenante, cette création est le fruit d’un savoir-faire technique très particulier que Valérie Mazerat appréhende depuis presque vingt-cinq ans aux côtés de précieux collaborateurs spécialisés dans le travail du métal. Ainsi, l’acier, que l’on retrouve aussi dans la cuisine, constitue, aux côtés de la pierre et du bois, le matériau principal du projet. Coque de bois “L’espace n’étant pas immense mais très haut, nous avons eu envie de jouer sur la verticalité, aussi bien avec l’escalier que dans l’idée d’un sol qui remonterait jusqu’au plafond”, précise Valérie. L’architecte d’intérieur imagine alorsune sortedecoquefaçonnéeàpartir de bois de wagons, des planches de chêne assez brutes, où apparaissent différentes nuances, posées du plancher jusqu’en haut des murs. “Nous avons pris le parti de privilégier le bois pour se sentir bien en toute saison. Cette idée de
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chaleur s’est imposée, tout comme les planches industrielles, telles qu’on aurait pu les trouver au sol d’une fabrique, avec des traces d’huile.” La même essence a été utilisée pour tout l’appartement, simplement traitée avec du savon de Marseille pour lui permettre de se patiner naturellement avec le temps. Un écrin idéal pour accueillir les collections de céramiques du couple, des œuvres de Roger Capron, des poteries d’André Rozay, qui prennent ici place dans un décor de pièces de mobilier chinées. “Il y a une certaine unité qui se dessine dans le décor, où tout s’articule autour d’une même période, celle de la création des céramiques que ses propriétaires affectionnent, explique Valérie. Nous n’avons pas du tout joué le côté mobilier industriel, même si le bâtiment a cette histoire. Ce n’est pas une signature que j’appose sans sens dans mes projets. Il n’y a rien qui me gêne plus que lorsque que quelque chose devient un tic, une écriture qui ne correspond à rien. L’idée dans laquelle nous nous inscrivions, à savoir un intérieur de collectionneurs, était bien différente.” — valeriemazerat.com / @valeriemazerat
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La suspension “Bell” de Normann Copenhagen surplombe l’escalier en colimaçon. Petits tableaux chinés aux Puces.
Photos : Karel Balas
Vaisselle provenant de la faïencerie de Niderviller, pichet et verre des potiers d’Accolay, bougeoir en terre cuite traditionnelle marocaine.
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Photo : Karel Balas
Table et chaises scandinaves des années 1960, suspensions italiennes en verre des années 1970. Coupe, Ailleurs Paris. Au mur, tapisserie de Jean Picart Le Doux. Tapis berbère de Soufiane Zarib.
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La ligne Philippe Malouin. — À l’occasion de la prochaine Design Week de Milan (du 21 au 26 avril 2020), la prospective marque italienne cc-tapis dévoilera ses nouveautés. Parmi elles, “Lines”, une collection dessinée par le designer britanno-canadien Philippe Malouin. — Propos recueillis par Marie Farman – Photos : Omar Sartor 82
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La collection “Lines” créée par Philippe Malouin conjugue savoir-faire artisanal tibétain et technique de teinture par trempage, révélant ainsi l’authenticité du dessin du designer. L’irrégularitéestlepointdedépart decettenouvellecollectiondetapis. Commentestnéecetteintention créative? Beaucoup de meubles sont faits de précision et de perfection. Or, j’ai toujours aimé ce qui semble avoir été produit par des humains et non par des robots. J’aime acheter des vêtements vintage au kilo et des tapis berbères, par exemple. Les tapis de la collection “Lines” ont été produits comme des œuvres d’art, ils communiquent une histoire. C’est pourquoi, lorsque j’ai commencé à concevoir ces tapis, la main était très importante.
Photo : Omar Sartor
Quelleestlatechniqueutilisée? J’ai commencé par dessiner des lignes parallèles, c’était un mouvement très simple. Pour tous ces dessins, j’ai utilisé des crayons à la cire. J’ai adoré l’irrégularité qui en résulte; ces crayons laissent un dégradé de pigments sur la page qui n’est jamais le même. Ces lignes dessinées à la main ont été habilement interprétées par une technique de teinture par trempage pour colorer la laine. Cela permettait de recréer l’irrégularité de la ligne une fois le tapis noué. cc-tapiséditedestapisalliant savoir-faire,innovationetcréativité. Entantquedesigner,lacréation d’untapisprocure-t-elledavantage delibertéquelaconceptiond’une chaiseoud’unetable? Les meubles et les tapis diffèrent totalement dans leur conception, mais ce tapis incarne mes principes de design : il est simple, sobre, minimal, tout en possédant quelque chose de “différent”, qui le distingue des autres.
Pour qui et de quelle manière avez-vous imaginé ces tapis? Comme la plupart des choses que je conçois, je les envisage pour mes amis et moi-même. Ces tapis sont destinés à être utilisés dans le salon, la cuisine, la chambre à coucher, une entrée… Le design assez simple et les couleurs primaires utilisées se prêtent à n’importe quel environnement, aussi bien commercial que résidentiel. J’aime que ces tapis soient un mélange de tissage plat et de tissage à poils. Ils gardent une faible épaisseur, tout en conservant le confort. — philippemalouin.com / @philippemalouin cc-tapis.com / @cc_tapis
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Ci-dessus, le designer Philippe Malouin parmi ses croquis et ses pistes de recherche pour l’élaboration de la collection de tapis “Lines”. Page de gauche, le graphisme minimal et les tonalités douces des tapis “Lines” mettent en valeur le savoir-faire artisanal tibétain. Le tabouret est une création de Philippe Malouin pour la marque Resident.
Photo : Karel Balas
— Aperçu du cabinet de curiosités méditerranéen de Gabriel Escámez, fondateur du studio de création Cobalto, dans son appartement de Barcelone.
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Le manifeste méditerranéen de Gabriel Escámez Texte : Pauline Weber – Photos : Karel Balas
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— Trentenaire ultracréatif, Gabriel Escámez est le fondateur de Cobalto Studio, l’agence de création pluridisciplinaire qui monte en Espagne. Passionné de céramique et fervent défenseur de la culture populaire de son pays, il nous ouvre les portes de son appartement à Barcelone, un intérieur vernaculaire au décor moderne et hétéroclite, invitant littéralement au voyage.
Le caractère rustique de cette table des années 1940 s’harmonise avec les chaises d’Olavi Hänninen. Assiette et bol en céramique de la collection “À table” de La Cobalta.
“Lacouleurcobalttransmettouteladensitéde la mer. C’est une couleur unie, très profonde. Deplus,lecobaltétaitlepigmentutilisépour revêtirlesportesetlesvoletsdesmaisonsdela Méditerranée.” La mer Méditerranée, c’est toute la source vive de Cobalto Studio, que Gabriel Escámez a fondé à Barcelone en 2016, à la veille de ses 30 ans. Bercé dès sa plus tendre enfance par l’air de la mer et ses flots apaisants, cet architecte d’intérieur et directeur artistique qui a fait ses armes à la faculté de Beaux-Arts de Barcelone et à Deià, l’École supérieure d’art et de design, n’a jamais oublié ses racines, lui qui a grandi dans un petit village du pourtour méditerranéen. S’il a, dès ses débuts, œuvré dans la mode en collaborant avec les principales revues espagnoles spécialisées en la matière, à l’image de Vogue ou Vanity Fair, il a toujours été fasciné par le folklore et l’artisanat local, collectionnant, enfant, toutes sortes d’objets hétéroclites. “Notreobjectifestd’explorerlaculturepopulaire qui entoure la Méditerranée pour en extraire l’expression artistique et la promouvoir dans unedémarchecontemporaine”,confieGabriel Escámez à propos de Cobalto Studio. “Les villagesdepêcheurs,telsqu’ilsétaientdansles années 1960-1970, sont une grande source d’inspiration pour nous.” Organisé en trois entités qui fonctionnent en symbiose, son
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studio de création couvre à la fois la direction artistique et les projets de scénographie, l’architecture et le design d’intérieur, et enfin La Cobalta, petite maison d’édition d’objets et de livres, mais aussi de lampes et de céramiques. “Sinousdevionsembrasserunstyle,ilserapprocheraitdavantagedel’architecturerationalisteavecunepointed’extravagance.Notre travailneseveutpascompliqué,maisattractif etenveloppantparunesélectiondepiècesavec lesquelles on danse au quotidien. C’est pour celaquenousprivilégionslesmatériauxlocaux quicélèbrentlaMéditerranée,àl’imagedenos céramiquesetdenotrepalettechromatique dominéeparleblancetlescouleursnaturelles. C’estunpartiprisquiseressentdanstousnos projets,etmonappartementàBarceloneenest l’illustration même.” Ce loft qu’il a complètement repensé avec son équipe durant 1 an (3 mois de recherche et 9 mois de travaux), est situé au troisième étage d’un bâtiment industriel en brique des années 1970. “Cequinousatoutdesuite charmés, c’est sa simplicité. C’était un ancien entrepôttextilediviséendeuxpetitespièces.”En plein cœur du quartier du Poblenou, il offre une vue imprenable sur Barcelone et la casa d’Antonia Serra i Mas, l’un des plus anciens bâtiments Art déco de la ville. “C’estunquartier que j’adore car il n’a jamais cessé d’évoluer,
Photo : Karel Balas
Autour de la table africaine en bois naga, tabourets artisanaux, et rockingchair signé Jordi Vilanova. Au fond, sculpture d’Apparatu. Suspension en osier des années 1960.
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qui,parsaforme,évoqueunvisagehumainà lamanièredessculpturesanthropomorphiques.” Bien décidée à approfondir son travail de recherche en matière de culture populaire méditerranéenne, l’équipe du Cobalto Studio a, dans cette lignée, développé un projet baptisé Balearics. Composée de quatre livres, cette monographie analyse les expressions culturelles autochtones de chacune des îles qui composent l’archipel des Baléares : Majorque, Minorque, Ibiza et Formentera. “C’estunprocessusquinous abeaucoupstimulés.Nousavonseulachance dedécouvrirdeplusprèscertainsphénomènes folkloriquesetdeconnaîtrelespersonnesqui participent à leur diffusion. Cette étude sera disponible sur le site de La Cobalta en 2020 et noussommestrèsenthousiasmésparleprojet.” De quoi embrasser d’un peu près plus nos rêves d’azur… — cobaltostudio.com @cobaltostudio
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delarévolutionindustriellejusqu’àaujourd’hui. Lesusinesabandonnéessesonttransforméesen lieuxdevieoùledesign,lamodeetl’innovation ontprisplace”, ajoute Gabriel Escámez. De cette surface de 160 m2 baignée de lumière, ils n’ont gardé que la cloison centrale et la toiture. Puis, ils ont ensablé les piliers en béton pour leur donner une nouvelle fonction hautement esthétisée. Micro-ciment, poteries sous tout un panel de variantes, linge de lit couleur tabac, notes de cuir et de métal, meubles en bois wengé – un arbre noir poussant dans les régions équatoriales et tropicales d’Afrique – ponctuent cet intérieur sur fond blanc. “Laparticularitédeceloft,c’estsonvolumeprismatique dénuédemursséparateurs.Voilàpourquoinous avonsimaginécecuberecouvertdecéramique vertbouteillequiagitcommeundiviseurpour lesdifférentespiècesdelamaison.”Enluidonnant cet aspect végétal et organique que l’on retrouve dans les différentes jardinières disséminées dans chaque pièce et la terrasse verdoyante, il dynamise ainsi l’espace en renforçant l’idée d’une forêt intérieure. Pour la conception du projet, Cobalto Studio a travaillé main dans la main avec des artisans locaux, comme ceux de la communedeLaBisbald’Empordà,l’undes bastions de la céramique en Catalogne, ou encore le studio de design et l’atelier de poterieApparatu.“Pournosprojetsdedécoration intérieure,nousrecherchonsuneessenceintemporelleoùl’authenticitéetlefait-maintoqués d’unetoucheexotiquesontlégion.Sculptures, meublesetobjetsduquotidiens’imposenttelsdes clinsd’œilirrévérencieuxetamusants,àl’image de ce buste en argile noire créé par Apparatu
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Page de gauche, de part et d’autre du lit (draps In Bed), fauteuil en cuir de Sergio Rodrigues et tabouret artisanal chiné chez Casa Josephine. Appliques “Poète espagnol” et tapis “Éclipse solaire” de La Cobalta. Ci-dessous, adossée au bloc central, la salle de bains est équipée d’un lavabo Roca de récupération, d’une robinetterie Dornbracht et d’un miroir ancien. Tabouret rustique français des années 1940.
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Autour de la table de Jordi Vilanova, chaises d’Olavi Hänninen. Pièce en ciment chinée aux puces de Saint-Ouen. Au mur, œuvre de Peter Matthews.
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Parmi la collection d’objets de Gabriel, sculpture “Movimiento I” en argile, collection “Mon ami”, La Cobalta. Au mur, sérigraphie de Jean Cocteau et peinture d’Alentis, années 1930.
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L’art vivant de François Champsaur Texte : Laurine Abrieu – Style : Charlotte de la Grandière Photos : Christophe Rihet
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La table et la lampe sont des créations de François Champsaur pour Pouenat. Chauffeuse chinée aux puces de SaintOuen (Maison Jaune). Au mur, œuvre de Carmen Perrin (galerie Catherine Putman).
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— À mille lieues du showroom et de l’exercice de style, l’appartement parisien de l’architecte d’intérieur François Champsaur incarne en décor les expressions sensibles de sa personnalité. Bienvenue dans son univers, refuge lumineux de ses affections artistiques et doux repaire de son goût pour la matière.
“Ce n’est pas facile de concevoir son propre intérieur quand on fait ce métier, confie François Champsaur. Commeilesténoncé, ilfautsereconnecteravecsonintérieuràsoi,à cequinousintéresseauplusprofonddenous, et ainsi faire ce dont on a vraiment envie et noncequ’onvoudraitquelesautresvoient.” Le cadre ? Paris, 3e arrondissement, un immeuble du xviie niché dans le quartier du Marais. Un appartement traversant, orienté plein sud, un premier étage sans vis-à-vis, donnant sur le jardin du musée Picasso. “J’ai tout de suite été séduit par le lieu. D’un coup, on était à la campagne à Paris.” De beaux volumes, avec une hauteur sous plafond de 4,20 mètres et de grandes fenêtres de 3,50 mètres, finissent de charmer ce natif de Marseille très sensible à la lumière. Quand il prend possession des lieux, François Champsaur travaille à revaloriser les volumes et à libérer l’espace afin de bénéficier d’un maximum de clarté. Exit les mezzanines de l’ancienne propriétaire disposées ici et là dans l’appartement. Pour les ouvertures intérieures, il conserve le 98
principe existant assez moderniste de fentes presque toute hauteur et en crée de nouvelles sur le même modèle. Il fait réparer le conduit et conçoit une superbe cheminée en plâtre. Au sol, il opte pour de très grandes planches de pin douglas de chez Dinesen, en lames de 6 mètres de long et 35 cm de large, dans une finition non vernie, très mate, simplement lavée au savon blanc. Les murs brossés révèlent des traces de matière qui accrochent la lumière. De grands rideaux en coton viennent parfaire ce décor d’une simplicité toute poétique. “Jesuistrèssensibleàlamatière.Jepensequ’elle estfondamentaledanstoutetquelesmatériaux véhiculentuneénergiequin’estpaslamême avecdesmatériauxnaturelsetavecdesmatériauxtransformés.Plusc’esttransformé,moins onaaccèsàlamatièreetmoinsilyad’énergie quipasse.Jesuisdeceuxquicherchentàenlever les filtres”, explique François Champsaur. Dans le salon, l’architecte d’intérieur a dessiné une bibliothèque où se déploie son univers. Un système de rayonnage dont la structure en acier noir mat accueille de profondes étagères en plâtre massif non verni
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Table en plâtre créée par François Champsaur. Day bed chiné aux puces de Marseille. Masque bédou de Côte d’Ivoire (Maison Intègre). Lithographie de Richard Serra (Item Éditions). Sur la cheminée, bronze d’Alfred Basbous.
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Sur l’étagère de François Champsaur, collection d’œuvres de Sébastien Kito, Artur Lescher, Dora Maar, Ettorre Sottsass. Fauteuil de Franco Albini chez Cassina.
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Chaise “DCW” de Charles et Ray Eames. Au fond, gouache de Bela Silva (galerie du Passage) et mobile de Knopp Ferro (galerie Catherine Putman). Au sol, lithographie de Paul McCarthy (Item Éditions). Applique de François Champsaur pour Pouenat.
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sur lesquelles il est venu poser objets, livres, sculptures de papier découpé, pliages, morceaux de roche ou encore végétaux secs qui composent son monde, ses inspirations. Côté mobilier, si la matière est également au rendez-vous avec des fauteuils des années 1960-1970 en cuir patiné, achetés aux Puces, une table d’appoint de sa création en plâtre, des petits tabourets en rondin de châtaigner qu’il a dessinés, ou encore une table basse et des lampes qu’il a imaginées pour le ferronnier et éditeur Pouenat, François Champsaur confie : “Jen’aijamais vraimentcollectionnédemobilierd’architecteet dedesigner.J’aitoujoursétédavantageattiré par des pièces d’art.” Œuvre majeure dans le décor de cet appartement, la création de Carmen Perrin. “C’est une pièce texturée, très envoûtante. L’artiste l’a réalisée à l’aide d’un tour de potier en marche sur lequel elle avaitposéungranddisquedeboisrecouvert d’une feuille de papier. Là, elle a usé de tout untasdecrayonsdansdestonsjauneorangé pourréalisercettepièceàl’énergieincroyable.” Lui répond une immense lithographie de Richard Serra chère à l’architecte d’intérieur.“Cetteœuvrem’aapprislarésistanceau temps.Jenem’enlassepas.” Des sculptures en plâtre non signées, une œuvre graphique en papier de Marine Hugonnier ou encore une gouache très joyeuse de l’artiste portugaise Bela Silva viennent compléter cet univers harmonieux en dialogue permanent. Et c’est bel et bien la force vive de cet intérieur on ne peut plus personnel : un mélange d’œuvres d’artistes variés, d’époques différentes, rassemblés dans un écrin façonné avec simplicité pour renforcer le plaisir et l’art de vivre avec. —
Sur le tabouret en rondin de châtaignier qui sert de chevet, lampe “Origami” en laiton de François Champsaur. Tableau de Marine Hugonnier. Page de droite, sur le bureau de George Nelson, lampe de Vico Magistretti. Fauteuil en rotin de Franco Albini, tabouret de Marcel Gascoin et cendrier d’India Mahdavi.
champsaur.com @francoischampsaur
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La tanière excentrique de Luca Larenza Texte : Sarah Berger – Photos : Monica Spezia
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Ci-dessus, dans le vestibule, un rocher découvert lors de la construction de la maison fait office de séparation pour le garde-manger. La rampe de l’escalier est ornée d’un tronc de châtaignier. Page de droite, la mezzanine surplombe le bureau et la bibliothèque.
Hors du temps. Le sentiment que procure ce repaire atypique n’est sans doute pas étranger à sa situation unique. Nichée en Campanie, dans la province méridionale italienne de Caserte, cette maison de famille campe dans la caldera d’un volcan éteint, recouvert de bosquets de châtaigniers centenaires. Une demeure singulière conçue par la tante de Luca, l’architecte Immacolata Fusco, avec la volonté évidente de gommer toute séparation entre la nature environnante et la structure même de la bâtisse. La construction, menée par l’oncle du créateur, Angelo Fusco, débute dans les années 1980 et concrétise le projet familial d’un retour aux sources. “Nous avons l’habitude de nous y réunirenfamillepourdéjeunertousensemble, inviterdesamis,organiserdesdîners.C’estun lieu extrêmement convivial, que l’on investit d’autant plus l’été et durant les vacances.” Vue de l’extérieur, la maison, érigée pour l’essentiel à partir de matériaux trouvés sur place – la pierre et le bois de châtaignier –, épouse parfaitement le relief du
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terrain au moyen de terrasses. Dans le prolongement d’une falaise herbeuse, le toit de la plus basse entité est totalement végétalisé, amplifiant l’impression d’un abri qui sortirait de terre. L’intérieur se déploie sur trois niveaux et dévoile cette même omniprésence de roche et d’essences aux teintes profondes, soulignées par des lignes brutes et rustiques. Les majestueuses poutres des plafonds et les sols irréguliers en pierre semblent avoir été façonnés au fil du temps, et l’imposant rocher, découvert lors de la construction, a été conservé dans le vestibule et intégré tel un élément d’architecture, créant le sentiment d’un site antique. Les étages sont accessibles par un escalier de pierre, longé d’un tronc de châtaignier laissant les nœuds du bois naturellement visibles. Le bureau, espace créatif et laboratoire situé au premier niveau, se caractérise par sa longue table en bois faisant face à une monumentale bibliothèque grimpant jusqu’au plafond de la mezzanine aménagée dans les combles.
Photo : Monica Spezia / Living Inside
— C’est dans le sud de l’Italie que Luca Larenza, fondateur et directeur artistique de son label de mode éponyme, s’évade du tumulte milanais pour rejoindre la demeure familiale. Une retraite excentrique où se reconnecter à la nature et exalter sa créativité.
Photo : Monica Spezia / Living Inside
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Au dernier étage, la suite aux murs lambrissés offre un panorama époustouflant, telle une cabane perchée. Bergère recouverte de tartan et coffre du xve siècle.
Adjacente à la cuisine, la salle du petit déjeuner dispose d’un coin repos composé de larges coussins recouverts de tissus ethniques, avec, au centre, une cheminée en pierres apparentes. Page de droite, coin lecture dans la salle à manger dotée d’une grande cheminée.
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D’autres détours mènent au point culminant de la villa, une vaste chambre aux murs lambrissés, telle une cabane perchée, dévoilant un splendide panorama grâce à ses larges ouvertures. Parmi celles-ci, une fenêtre de forme libre singularise la façade. Dans cette maison de vacances devenue un refuge créatif, Luca Larenza n’aime rien tant que déployer ses inclinaisons décoratives, mixant à l’envi pièces classiques, œuvres antiques et éléments de rupture. Des coussins de tissus indiens chatoyants se mêlent ainsi à des plaids à carreaux, à des tapis colorés, ainsi qu’à une prodigieuse collection de livres anciens. “Le résultat est trèsamusantetreprésentepourmoiunexercicecréatifcontinu.” L’essentiel du mobilier, inspiré par la maison elle-même ou par des idées glanées au fil de voyages, a été
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réalisé par des artisans locaux. “Il arrive souventquej’empruntequelquesobjetspour les apporter à mon studio de Milan. Un vase encéramiquedeCapodimonte,unbénitierde Caltagirone,unbureauancienouunprécieux tapispersan.Cespiècesmefontmesentirchez moi.” Les ponts entre les réalisations du styliste et l’art de vivre qu’il cultive ici sont évidents. “Iln’yapasdeséparationentrema façondetravailleràl’intérieurdemonstudio et dans les espaces où je vis. Ils n’ont jamais été de simples maisons, mais des univers me permettantd’exercermacréativité:mescollectionspeuventinfluencermesintérieurset vice versa.” On comprend dès lors pour le créateur toute l’importance de ces parenthèses pour nourrir son imaginaire. — lucalarenza.com @lucalarenza
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Le designer Luca Larenza dans le jardin de la villa familiale.
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Page de gauche, dans la cuisine, une Nativité a été sculptée dans la roche par des artisans locaux.
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Guillaume et Baptiste à la galerie Desprez Breheret. Bandeau lumineux et table de Charlotte Perriand. Chaise Jean Touret et Artisans de Marolles. Lampe céramique d’Elisa Uberti.
La justesse esthétique d’une villa d’architecte Texte : Laurine Abrieu – Photos : Matthieu Salvaing
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Applique de Guy Bareff et bougeoir Jean Touret et Artisans de Marolles, galerie Desprez Breheret.
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Depuis le vestibule meublé d’un banc Jean Touret et Artisans de Marolles, vue sur le double séjour. À droite, fauteuil de Bernard Govin. Applique de Michael Anastassiades.
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Page de gauche, dans la cuisine, chaises d’Olof Kettunen et suspension de Tobia Scarpa. Au mur, peinture de Katinka Lampe, galerie Les Filles du calvaire.
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Ci-contre, œuvre de Dordevic Miodrag.
— À Lille, les architectes d’intérieur Guillaume Gibert et Baptiste Rischmann, fondateurs de l’agence parisienne RMGB, ont remonté le temps pour rendre à cette villa des années 1940 la justesse esthétique qu’elle mérite. Le duo a ainsi composé un décor où attributs architecturaux et pièces vintage dialoguent dans une écriture décontractée pleine de modernité.
Lambersart, banlieue chic de Lille. Bordée d’imposantes demeures et villas d’architecte, l’avenue de l’Hippodrome est réputée pour la beauté de ces bâtisses anciennes. C’est dans ce repaire à joyaux architecturaux que se niche la nouvelle réalisation de Guillaume Gibert et Baptiste Rischmann, fondateurs de l’agence RMGB à Paris. Une maison bourgeoise des années 1940 que les travaux et partis pris décoratifs des précédents propriétaires ont complètement dénaturée. “L’intérieur avait été commeembourgeoisé,avecdesmoulures,de faussespoutresenbois,cegenred’élémentsqui, dansl’espritdesgens,donnentducaractèreà unintérieur,maisdontlabâtisseici,déjàtellementforteetagrémentéeparsonarchitecture, notammentavecl’incroyablemaincourantede l’escalier, magnifique avec sa verrière, n’avait absolumentpasbesoin”,expliquentlesarchitectes d’intérieur. Alors, le duo décide de réécrire ce que pouvait être cette maison en revenant à son essence même. “Ici,notre intervention a été plus chirurgicale que d’habi-
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tude.Nousavonsenlevélesélémentsentrop, gardécertains,refaitd’autresàl’identique,pour arriveràquelquechosedeplusléger.” Ainsi, tous les passages existants sont conservés, leurs encadrements en bois naturel, enfermant l’espace, sont enlevés, juste préservés pour les ouvertures donnant sur l’extérieur, limitant au maximum les interventions de bois à l’intérieur afin d’éclaircir les pièces et créer un sentiment d’alcôves. Exit également le parquet moderne en all over. La moquette refait son apparition là où il y en avaitauparavant.“Sansêtredansunelogique dereconstitution,l’idéeétaitderéinjecterson histoire à la maison et de réintégrer ce qu’on pouvaitpotentiellementimaginercommeétant lààl’époque.” Dans la salle de bains principale, le meuble en chêne avec ses poignées à l’ancienne en fer forgé est remplacé par la vasque d’origine de la maison, qui dormait à la cave depuis des années. Tandis que le calepinage du sol est conservé, mais réinterprété en mosaïque dans un colorama identique à celui des anciennes salles de bains.
Photo : Matthieu Salvaing
Page de droite, autour de la table en bois et marbre réalisée sur mesure, chaises de Pierre Guariche et tabouret de Christian Liaigre. Suspension d’Ingo Maurer.
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Photo : Matthieu Salvaing
Au salon, autour des tables basses de Gio Ponti (Jasper Maison), chauffeuses de Rodolfo Bonetto. Lampe de Carlo Nason. Près de la porte, peintures de LÊon Wuidar et chaise de Jean Touret et Artisans de Marolles, galerie Desprez Breheret.
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Côté déco et mobilier, l’idée était aussi de redonner du sens, tout en façonnant un foyer accueillant. “C’estunchallenged’intervenir dans un contexte qui n’est pas neutre. Lecadreetletonétantinfluencésparl’aspect ancien des attributs de la maison, il fallait s’y intégrersubtilement.Onnevoulaitpasd’élémentssupersignésprisjustepourêtreposéslà parcequeçafaitbien.Nousavonscherchédes piècesavecunlook,ducaractère,maisquine soientpasdesespècesd’emblèmesdudesign.” De fait, Guillaume et Baptiste ont composé un répertoire de meubles pour la plupart chinés, des créations européennes allant de la fin des années 1960 aux années 1980, une sélection pointue et pertinente de pièces dessinées sans être tape-à-l’œil. À l’instar des chauffeuses “Boomerang” de l’Italien Rodolfo Bonetto, peu vues mais tout de même intégrées à la collec-
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tion du MoMA, retapissées dans un tissu effet toile de jute. Un ensemble de tables basses Gio Ponti, ou encore des fauteuils signés Bernard Gauvin, un peu plus rares, et une banquette Knoll composent également cet intérieur chic et décontracté, où tout a été pensé dans un esprit d’échange et de partage au quotidien. “Lessalonssont très«playground»,parexemple,pourquetout soitmodulable,avecplusieurstypesd’assiseque l’on peut déplacer. Pareil pour le bureau qui devientsalleàmangerquandonlesouhaite. En fait, rien n’est figé dans cet intérieur, les canapés sont ouverts, sans accoudoirs, rien n’estcadré,niencadré.” L’expression de l’air du temps en bonne et due forme. — rmgb.fr @rmgb_architecture
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Ci-dessus, lampe de Mauro Martini et sujets en bois de Jean Touret. Dans la salle de bains, suspension d’Ingo Maurer. Page de droite, globes Raak et chaise Jean Touret et Artisans de Marolles, galerie Desprez Breheret.
Photos : Matthieu Salvaing
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Photo : Matthieu Salvaing
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L’imaginaire tout en contraste de Zackery Tyler Texte : Muriel Françoise - Style : Hilary Robertson - Photos : Matthew Williams
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Dans son loft, l’artiste Zackery Tyler peint souvent sur une table en verre Pace vintage au milieu du séjour. Armoire chinoise laquée du xixe siècle, fauteuils “JH 811” en cuir et acier chromé de Hans Wegner.
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Page de droite, les toiles sombres de Zackery impriment leur personnalité dans un élégant jeu de contraste avec un espace immaculé. Fauteuil “Diamond” de Harry Bertoia.
Pour ses toiles, Zackery Tyler utilise une palette assez réduite, principalement dans des tons noir et blanc, en jouant sur les effets de contraste. Un choix orienté par le daltonisme avec lequel il est amené à composer au quotidien. Dans son loft de Bushwick, qui lui sert également d’atelier, des pièces sombres côtoient des meubles et accessoires de décoration aux nuances beaucoup plus douces. “Mon daltonisme rendlecontrasteentrelesobjetsfoncésetclairs trèscoloré.Àmesyeux,l’espaceestenfaitassez chaleureux”, explique-t-il. Le loft de 80 m 2 se trouve dans une ancienne manufacture de tabac, juste en face d’une ligne aérienne de métro que l’on aperçoit du salon. “J’aime entendre le bruitdeswagons,c’estungrondementdoux quimerappellelemouvementautourdemoi”, confie-t-il. Lorsqu’il a pris possession des lieux qu’il loue à un propriétaire conciliant, Zackery s’est empressé de repeindre les murs et le sol en blanc pour ouvrir la pers-
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pective, et offrir à ses œuvres et à ses biens un cadre épuré qui les mette en valeur. Une cave en sous-sol lui permet de ne pas encombrer l’espace de vie et de création au minimalisme travaillé de façon pointue, un peu à l’image d’une galerie d’art. Par chance, les travaux d’installation ont été très limités. Zackery a remplacé avec bonheur le classique ventilateur du plafond (qui permet de survivre aux nuits d’été new-yorkaises chaudes et humides) par des modèles de sol plus facilement camouflables. Il a aussi changé les portes de la mini-cuisine, posé des étagères audessus de celle-ci, et suspendu récemment un rideau entre les coins cuisine, travail et repos. C’est la lumière, qui inonde le loft grâce à trois immenses fenêtres côté sud, qui a décidé Zackery à poser ses pinceaux et son lit ici. “Elle fait partie intégrante de mon processuscréatif,dit-il.J’aimevoirmesœuvres à la lumière du soleil.” Un atout de taille
Photo : MatthewWilliams/Photofoyer - Style : Hilary Robertson
— Interpellé par la forme et l’essence des choses, le jeune artiste Zackery Tyler conçoit des œuvres, souvent bicolores, profondes et radicalement structurées. Il a fait de son loft-atelier de Brooklyn un intérieur inspirant habité de meubles modernistes et d’objets de collection singuliers.
Photo : MatthewWilliams/Photofoyer - Style : Hilary Robertson
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Face au daybed “Barcelona” de Ludwig Mies van der Rohe, une table basse en marbre de Florence Knoll. Table d’appoint vintage de Warren Platner pour Knoll.
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lorsque l’on connaît la réalité des ateliers d’artistes à New York où le prix du mètre carré impose d’inévitables concessions. Pour laisser le champ libre à la lumière, le mobilier a été choisi bas et aéré, à l’instar des chaises de métal grillagées “Diamond” de Harry Bertoia. Comme les œuvres de l’artiste, les meubles vont et viennent. “Jeleschoisispourleursimplicité,carilscomposentlatoiledefonddemonespacedetravail.Commedansmestoiles,j’aimecombiner différentestexturesetformespourlesobjetsqui m’entourent, précise-t-il. Quand je finis des œuvres,jechangelesmeublesdeplaceenfonctiondecelles-ci.” Cequiamorceunnouveau dialogue entre les éléments en présence. On repère dans cet intérieur inlassablement mis en scène les créations de plusieurs autres grandes pointures du design, telles que Le Corbusier, Hans J. Wegner ou encore Eileen Grey. Lorsqu’il ne peint pas, Zackery est à la chasse aux pièces de collection, avec un penchant pour les statuettes et masques africains qui rompent l’image “lisse” des lieux en leur donnant un aspect de cabinet de curiosités. “J’ai toujoursrêvéd’allerenAfrique,c’estpeut-êtrela raisonpourlaquellejegraviteinconsciemment autourd’objetsquienproviennent”,observet-il. Le jeune surdoué, qui a notamment une de ses toiles accrochée dans une boutique Ralph Lauren à Manhattan, est déjà représenté à Londres, à Hong Kong et à Séoul. “Je travaille main dans la main avec desdesignersetdesparticuliers.J’aibeaucoup dechancequemontravailsuscite des réponses positives”, confie-t-il. —
La mini-cuisine, qui sert essentiellement aux activités de peinture de Zackery.
zackerytyler.com @zackerytyler
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Photo : MatthewWilliams/Photofoyer - Style : Hilary Robertson
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Au pied du lit, un banc vintage en bois de Harry Bertoia sert de support à des curiosités comme ce squelette de crocodile. Comme ailleurs, des antiquités singularisent le décor.
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Photo : Mikael Lundblad
— L’île de Södermalm, ancien quartier ouvrier, est aujourd’hui le cœur branché de Stockholm. Artistes, étudiants et familles, s’y croisent, ici devant la boulangerie-café Petrus.
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Stockholm dans les pas de Siri Carlén.
— Palette expressive, inspirations ludiques, goût pour l’hétéroclite. Le Stockholm de l’artiste Siri Carlén est à l’image de sa personnalité et de son art : multiforme et singulier. D’adresses confidentielles en lieux inspirants, nous avons parcouru la capitale suédoise en compagnie de l’artiste, en quête de couleurs, de motifs, de textures. — Reportage : Clara Dayet – Photos : Mikael Lundblad Nous sommes en mars et Stockholm sort tout juste de l’obscurité. Les visages des Suédois ressemblent aux tournesols de l’illustratrice et pattern maker Siri Carlén, tournés vers un soleil encore timide. Les natures mortes de Siri, qu’on a pu admirer dans plusieurs espaces d’exposition de la ville la saison dernière, valorisent avec humilité des objets simples du quotidien. Son traitement unique de la couleur et ses imprimés, librement inspirés par Henri Matisse, Pablo Picasso et Josef Frank notamment, ont rapidement suscité l’intérêt de la célèbre boutique Svenskt Tenn,
une institution à Stockholm, avec laquelle elle collabore actuellement. Quand elle ne griffonne pas au pastel sec dans son atelier de Midsommarkransen, la proche banlieue la plus en vue du moment, Siri crée, entre autres, des motifs textiles – récemment pour la marque de prêt-à-porter suédoise Hope –, réalise des vitrines et travaille sur des commandes publiques. Tour d’horizon de ses meilleures adresses en ville. — siricarlen.cargo.site / @siricarlen visitsweden.fr / @visitswedenfr
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> L’île de Södermalm,
Photos : Mikael Lundblad
ancien quartier ouvrier, est aujourd’hui le cœur branché de Stockholm. Artistes, étudiants et familles se croisent dans les cafés cosy pour leur fika quotidien.
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CITY GUIDE
MANGER Woodstockholm
Le bois est la base du design scandinave. Chez Woodstockholm, vos yeux se baladeront du sol au plafond pour admirer le mobilier spécialement conçu pour l’endroit par l’architecte et designer Lars Stensö, avant de se poser sur l’appétissant menu qui ne propose que des produits locaux et bio. La bièrevientd’unemicro-brasserie.Uneexpérience sensorielle au cœur de Södermalm. —Mosebacketorg9, woodstockholm.com/food Babette
LespizzasdechezBabettevalentamplement le déplacement dans le quartier de Vasastan, car ce sont certainement les meilleures en ville. On ajoute à cela une sélection de vins français délicieux, un staff accueillant et on obtient une adresse incontournable qui ne désemplit pas. — Roslagsgatan 6, babette.se Omnipollos Hatt
Passage obligé chez Omnipollos Hatt, pépite arty dont l’intérieur a été imaginé par les designers Fredrik Paulsen, Kristoffer Sundin et Simon Klenell. On teste les excellentes bières pression d’Omnipollo, brasserie locale fondée par le duo Henok Fentie, brasseur, et Karl Grandin, graphiste, ainsi quelespizzas,aussicréativesquedélicieuses. — Hökens gata 1A, omnipolloshatt.com Farm À gauche, vue de Södermalm. À droite, Petrus dans sa boulangerie traditionnelle éponyme.
Association entre une brasserie locale et une ferme en proche banlieue de Stockholm, Farm est devenue, en un peu plus d’un an d’existence, un lieu ultrapopulaire, malgré sasituationexcentrée.Lacarteestcomposée uniquement de produits écologiques, dont
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unegrandediversitédelégumesmijotésavec goût et simplicité. Le concept? “De la ferme à la table”, les restes étant ensuite compostés dans un but zéro déchet. Goûter la bière artisanaleetfaireunepromenadesurlajetée pour voir partir les paquebots vers la Russie. — Magasin 3, Frihamnsgatan 26, farmrestaurant.se
FIKA Bageri Petrus
Petrus, le propriétaire de cette boulangeriecafé pétrit son pain dans l’arrière-boutique avec la même passion qu’au premier jour. L’endroit,petit,esttrèsprisé:onysertducafé filtregoûteuxetlesmeilleuresviennoiseriesde la ville. Petrus est d’ailleurs le seul à proposer unepetitebriocheàlafrançaiseàSödermalm. — Swedensborgsgatan 4B, @bageripetrus Saturnus
Si vous cherchez les meilleures – et les plus généreuses–briochesàlacannelledelaville, direction Saturnus. Avec ses inspirations de café“àlafrançaise”,sonserviceirréprochable et son incroyable sol couvert des mosaïques de l’artiste Cilla Ramnek, Saturnus attire la population branchée du quartier. — Eriksbergsgatan 6, cafesaturnus.se A.B.Café
AucœurduquartierdeMidsommarkransen, A.B.Café est le point de chute de tous les artistes qui occupent les ateliers environnants et des jeunes mamans et papas en congé parental. Le décor années 1950 d’origine contribue à en faire un endroit cosy et populaire,oùlefika,caféaccompagnéd’une viennoiserie, dure parfois tout l’après-midi. — Valborgsmässovägen 34, @ab.cafe
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> Siri dans
Ci-dessus, Siri en recherche d’inspiration dans l’atelier qu’elle partage avec son père, peintre et spécialiste en couleur, sa mère, créatrice de vêtements pour enfants, et son frère et sa belle-sœur, artistes. À droite, vue du restaurant au Moderna Museet, musée d’art moderne sur l’île de Skeppholmen.
ART National Museum
Bonniers Konsthall
Le National Museum accueille ses visiteurs dans un espace entièrement rénové. Passage par la cour intérieure peuplée de sculptures, avant de découvrir le restaurant dont le mobilier a été conçu par les designers Matti Klenell, Carina Seth Andersson, Stina Löfgren et le studio Taf. Un projet ambitieux et brillamment abouti : parmi les pièces les plus désirables, les vases colonnes en verre soufflé de Carina Seth Andersson ou bien une chaise en bambou sculpturale dessinée par Matti Klenell et réalisée par le vannier Larsson Krogmakare. Le chef Fredrik Eriksson propose un menu inventif composé d’ingrédients locaux. — Södra Blasieholmshamnen 2, nationalmuseum.se
Cette institution au regard de la scène artistique suédoise met en lumière des artistes internationaux contemporains émergents comme établis, par le biais d’expositions aux thématiques pertinentes ayant toujours trait à l’actualité. Avec un agenda d’expositions rythmé par des performances et des discussions thématiques, la galerie ouvre un dialogue artistique vivant unique en ville. Impossible de repartir sans une des affiches d’exposition, éditées par la galerie et vendues à petit prix. Jusqu’au 29 mars 2020, “The Trees, Light Green: Landscape Painting, Past and Present”. — Torsgatan 19, bonnierskonsthall.se
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son atelier de Midsommarkransen, la proche banlieue la plus en vue du moment.
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> Le
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restaurant du National Museum a été récemment rénové par la jeune garde du design suédois.
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> Dans
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l’entrelacs de ruelles pavées de l’île de Gamla stan, le centre historique de Stockholm, se niche la boutique de fleurs de Christoffer.
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DESIGN
Esteriör
Photos : Mikael Lundblad
Svenskt Tenn
En haut à gauche, plat du designer finlandais Birger Kaipiainen pour Arabia, années 1970. À droite, Fikabaren à Södermalm.
Créée en 1924 par Estrid Ericson et le designer et architecte austro-suédois Josef Frank, pionnier du fonctionnalisme, la boutique Svenskt Tenn est un lieu emblématique en Suède. Sur deux étages, on s’imprègne de l’univers de Josef Frank dont le style n’a pas pris une ride depuis les années 1930. On repartirait bien avec un divan en rotin aux coussins imprimés selon les dessins originels de Josef Frank et réalisé par la vannière Erica Larsson. Les derniers partenariats de la marque – avec l’Anglais déjanté Luke Edward Hall et, plus récemment, avec l’illustratrice Liselotte Watkins – donnent naissance à des objets de décoration hautement convoités. À l’étage, le fika proposé par le salon de thé est immanquable : plateau de mignardises délicieuses, thé et café goûteux. — Strandvägen 5, svenskttenn.se
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Chez Esteriör, on trouve une sélection d’objets de décoration et de mobilier vintage et contemporain ayant pour point commun leur caractère ludique. Le couple à l’origine du projet, Zandra et Henrik, cultive une passion pour les belles choses et sélectionne avec soin chaque objet parmi les marques scandinaves telles que Oyoy, Ferm Living, HK Living, Monograph… — Åsögatan 144, esterior.se Modernity
Si vous êtes à la recherche de pièces rares – mobilier, textile, céramiques, luminaires, bijoux – signées par les plus grands designers scandinaves du xxe siècle – Hans Wegner, Finn Juhl, Arne Jacobsen, Alvar Aalto, Axel Salto, pour ne citer qu’eux –, rendez-vous à galerie Modernity, au centre de Stockholm. Fondée par l’Écossais Andrew Duncanson, qui fait partie du comité de sélection au PAD, la galerie a désormais une renommée internationale
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et expose régulièrement sur les salons d’art à Paris, à New York et à Londres. — Sibyllegatan 6, modernity.se Christoffers Blommor
Christoffer est beaucoup plus qu’un simple fleuriste à Stockholm : ce passionné aux mains vertes crée les plus beaux bouquets de la ville. Pour le rencontrer, rendez-vous danssaboutiquedeGamlastan,situéedans une rue aussi étroite que charmante. Ici, les fleurs et les plantes les plus originales envahissent l’espace avec une rare poésie. — Kåkbrinken 10 à Gamla Stan; Södermannagatan 21, christoffersblommor.se
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but non lucratif Stockholms Stadsmission revend, dans ses nombreuses boutiques qui embauchent des personnes en réinsertion professionnelle, les dons venant de particuliers et datant de toutes les époques : vêtements, antiquités, art, livres… Et on trouve de vraies perles : prêt-à-porter de bellesmarquesentrèsbonétat,jouetsrétros, mobilier signé… le tout à mini prix. Une manière de consommer intelligemment. — Skånegatan 75, stadsmissionen.se
> Woodstockholm
propose, dans un environnement arty tout bois, des plats inventifs et goûteux qui suivent des thèmes hebdomadaires ludiques.
DORMIR Hôtel Skeppsholmen
MODE Hope
En empruntant au vestiaire masculin ses coupes classiques et au workwear ses détails pratiques,avecunetoucheromantiquescandinave, la marque de prêt-à-porter Hope propose un vestiaire féminin intemporel. Elle crée aussi des collections homme, et invite sa clientèle à faire abstraction des genres afin de mixer à l’envi les pièces des deux univers. Trois mots d’ordre : diversité, créativité, expression personnelle, qui prennent tout leur sens lorsque l’on visite le flagship,quiaccueillerégulièrementdescollaborations exclusives sous forme de pop-up inspirants. — Smålandsgatan 14, hope-sthlm.com Grandpa
Desexcentriquesrobesdelamarquedanoise Ganni aux élégantes tuniques Rodebjer, en passant par le classique Patagonia et les accessoiresdelamarquesuédoiseSandqvist, on vient chez Grandpa pour acheter, mais aussi pour s’imprégner des dernières tendances. Le coin décoration grandit de saison en saison, avec une sélection de produits Hay, Moebe, Low Key Goods… — Södermannagatan 21, grandpastore.se
Idéalement situé au bout de l’île de Skeppsholmen, la plus tranquille, la plus verte et la plus petite de l’archipel de Stockholm, à seulement quelques minutes du centre ville, l’hôtel eco-friendly donnera à ses hôtes le sentiment d’un dépaysement soudain. On accède aux magnifiques bâtisses, datant du xviie siècle et dont l’intérieur a été imaginé par le fameux cabinet d’architecture Claesson Koivisto Rune, au terme d’une belle promenade au bord de l’eau. On prend son petit déjeuner avec une vue imprenable sur la baie, entouré des naturesmortesdeSiriCarlénquihabillentle restaurant. Une expérience 100% suédoise à tester en famille. — Gröna gången 1, hotelskeppsholmen.se Hôtel Frantz
Inauguré en octobre dernier, l’hôtel Frantz se situe au cœur de Södermalm. Le magnifique bâtiment en briques rouges est imprégné de l’aura du tailleur Frantz Bock, un dandyexcentriquequiordonnasaconstruction en 1647. Dans les 48 chambres, chacune de superficie différente, l’architecture intérieure est librement inspirée par les personnalités hautes en couleur qui partageaient la vie du tailleur : couleurs et textures tendance, objets de décoration choisis avec goût, mobilier design… —PeteeMyndesBacke5, hotelfrantz.com
Stockholms Stadsmission
En matière de seconde main, Stockholm est bien servie. Entre autres, l’association à
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Page de droite, Wood Stockholm / Le concept store Grandpa / Les parfums Stora Skuggan / L’hôtel Frantz.
Photos : Mikael Lundblad
ÉVASION CITY GUIDE
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Photo :The Social Food
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Bambino, table multifacette. — Fabien Lombardi, le “père” de la tribu des Faggio, signe sa sixième adresse à Paris. Bar à vins et à vinyles, restaurant et bientôt café, Bambino est un lieu de plaisirs jour/nuit multifacette aux inspirations bigarrées. Une bulle assurément hors du temps. — Texte : Julie Gerbet – Photos : The Social Food
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Bambino, c’est le petit dernier de la tribu de Fabien Lombardi. L’enfant terrible, déluré. Celui que l’on a du mal à faire entrer dans une case. Est-ce un restaurant? Un bar? Un club de musique? Un peu tout ça à la fois! Sa première adresse, L’Entrée des Artistes, ouverte en 2011 à côté du Cirque d’hiver, mettait déjà en scène vins nature, cocktails et petites assiettes, sur fond de vibes musicales. Ces piliers forts se retrouvent aujourd’hui remixés entre les murs du petit nouveau, Bambino, né fin novembre à quelques pas de là. De culture bar – il a fait le lycée hôtelier, une mention complémentaire barman et a beaucoup shaké dans les grands hôtels, du Park Hyatt Vendôme au Plaza Athénée, en passant par le Murano –, Fabien Lombardi découvre, en se frottant à la bande de l’Experimental Group au Prescription Cocktail Club, qu’un autre modèle est possible, loin de l’univers des palaces. L’Entrée des Artistes, dont la V2 subsiste à Pigalle, éclot de cette expérience, avec son associé d’alors, Édouard Vermynck. L’électron (re)prend sa liberté pour enfanter Faggio en 2015, établissement mélangeant “lapizzade[s]onvillageavecl’ambiancedeRoberta’sàBrooklyn”. L’aînée d’une grande famille, agrandie au rythme d’une naissance par an : l’osteria, la salumeria, une deuxième pizzeria àGround Control, dans le 12e arrondissement parisien, et une troisième, lancée en ce début janvier, au cœur du passage des Panoramas, dans 1e 2e arrondissement.
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Dans ce lieu de plaisirs, une grande attention est apportée à la décoration et aux détails. Ici, une fiole en forme de poisson chinée au Japon. Fabien Lombardi et une partie de sa riche collection de vinyles.
Photos :The Social Food
Expérience pointue Bambino, lieu de plaisirs multifacette, y occupe une place à part, loin de la filiation italienne. Ici, Fabien a fusionné différentes inspirations vues aux quatre coins du globe aveccetteidée majeure de“créerunlieudonnant envie de venir tous les soirs”. L’ambiance
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Photo :The Social Food
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survoltée de Romano à Tel Aviv, un des restaurants d’Eyal Shani (Miznon), les jazz cafés tokyoïtes, le principe d’un sandwich à LA… Aucun copié-collé, puisque chaque détail a été digéré et mis à la sauce Lombardi pourmieuxaboutiràcelieuinéditetpointu, conçu avec le concours d’architectes. L’esthétique oscille entre le brut et le chaleureux. La pièce maîtresse de ce décor figure derrière un comptoir à deux étages en béton coulé:unmeubleaccueillantdeuxenceintes surdimensionnées conçues sur mesure par Palladium, et une partie de la collection de vinyles du patron, soit 4000 galettes. Dans le prolongement, sous les guirlandes de piments et d’herbes aromatiques, la cuisine aux faïences ocre ouvre sur le four à bois. Et dans la salle aux murs plaqués de bouleau teinté, les luminaires vintage côtoient piliers miroitants et hauts tabourets en laine bouclette lie de vin. Tout concourt à faire de ce lieu une bulle à part. Jusqu’à la cuisine, braisée au four ou au barbecue et à picorer du bout des doigts dans cette salle en surchauffe : calzone ricotta-épinard, sandwich poulet rôti à l’aïoli à tremper dans son jus, artichaut à la juive, poulpe grillé aux olives de kalamata. Vins nature et impeccables cocktails à la pression contribuent indubitablement à la joyeuse animation. De nuit comme de jour, puisque la lumière devrait bientôt se rallumer dès l’aube, derrière les stores en teck, pour servir des infusions de café et des sandwichs à la japonaise. Le petit dernier n’est pas près de se ranger… —
La signature culinaire? Des tapassiettes axées Méditerranée passées à la braise du four à bois ou du barbecue. Pointu, jusque dans sa sélection de vins nature.
Bambino, 25, rue Saint-Sébastien, 75011 Paris @bambino_paris
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Photos :The Social Food
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Focaccia, tomates séchées et lardo
Sandwich baguette poulet rôti, aïoli et jus de poulet à ”diper“
Photos :The Social Food
Ingrédientspour4personnes: -250gdefarineT45 -12,5gdelevureboulangère -150mld’eau -40mld’huiled’olive -1cuillèreàcafédesel -2,5gdesucre -100gdetomatesséchéescoupéesenpetits morceaux -10tranchesdelarditaliencoupétrèsfin
Ingrédientspour4personnes: - lesrestesde1poulet rôti + le jus -1baguette Pourl’aïoli -1jauned’œuf -1cuillèreàcafédemoutarde -20cld’huiled’olive - lejusde1citron -1goussed’ail -1pincéedesel -1cuillèreàsoupedeyaourtgrec
1. Mélanger la farine, la levure, l’eau et l’huile d’olive, pétrir doucement, puis ajouter le sel, le sucre et les tomates séchées. 2. Laisser reposer le mélange 2 heures à température ambiante, puis l’oublier une nuit au frigo à 3° C. Le lendemain, laisser pousser 2 heures à température ambiante ou au-dessus d’un radiateur, puis cuire au four 25 minutes à 180° C. 3. Couper en rectangles et déposer les tranches de lard dessus, remettre 20 secondes au four à 180° C.
1. Désosser le reste de poulet rôti et hacher grossièrement. Réserver le jus. 2. Préparer l’aïoli en montant au fouet (comme une mayonnaise) le jaune d’œuf et la moutarde, avec 20 cl d’huile d’olive. Ajouter le jus de citron, la gousse d’ail râpée, le sel et détendre avec le yaourt grec. 3. Poêler les restes de poulet pour qu’ils croustillent. 4. Couper la baguette en quatre, puis chaque morceau en deux dans le sens de la longueur. Badigeonner d’aïoli, garnir de poulet chaud, puis servir avec le jus de cuisson.
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MAISON D’HÔTES
Pieux, une escale de gastronomes. — C’est dans son fief de Montreuil-sur-Mer que le chef cuisinier Alexandre Gauthier (La Grenouillère) a ouvert à la fin de l’année dernière sa nouvelle adresse. Pieux, une chaleureuse maison d’hôtes de quatre chambres, étape idéale pour escale gourmande. — Texte : Laurine Abrieu – Photos : Papi aime Mamie Studio
Nichée dans une petite rue du centre de Montreuil-sur-Mer, cette maison de ville est une invitation à la déconnexion.
Avec Pieux, Alexandre Gauthier ajoute un nouveau moment à la carte de son parcours culinaire en terre de Montreuil-sur-Mer. De ce charmant village fortifié de la Côte d’Opale, il est en train de faire une destination gourmande à savourer en plusieurs étapes. Dernière en date, cette maison de ville des années 1800 que le chef étoilé a transformée en demeure chaleureuse et accueillante dotée de quatre chambres où venir se déconnecter. Nichée rue des Étuves, la bâtisse n’avait pas été habitée depuis des années lorsque Alexandre Gauthier décide de l’acquérir et d’y mitonner un nouveau projet avec son équipe. Elle aurait, semble-t-il, était redécorée, et un peu dénaturée au passage, dans les années 1970, mais, fort heureusement, y persistaient de beaux éléments d’architecture qui ont immédiatement séduit le chef et sa brigade de circonstance, composée ici de Lizzie Girard, sa cheffe de projet, et Julie de Charentenay, architecte. Maison d’aujourd’hui Le trio remodèle l’intérieur de la bâtisse pour façonner une maison vivante. De
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la décoration précédente, ils décident de conserver le papier peint de l’entrée, au charme suranné, qu’ils utilisent pour élaborer la palette de couleurs qui va teinter le décor. Des tons à la fois doux et profonds, du vert d’eau de la petite – et non moins charmante – chambre “Cachette” aux jaunes lumineux des chambres “Traversin” et “Couchette”, en passant par les différentes déclinaisons de verts de la “Sous toits” perchée dans les combles, jusqu’à celui, aussi envoûtant que reposant, du salon. “Nous voulions insuffler une dimension habitée, incarnée, à la maison. On ne voulait pas que ça fasse trop « déco », explique Lizzie Girard. Nous souhaitons avant tout que les gens se sentent comme chez eux et que cette maison vive.” Gagné. Cette demeure est une parenthèse hors du temps, au salon coquet émaillé de plantes, livres, objets chinés et jeux de société. Deux banquettes signées Ilse Crawford pour Ikea garnies de généreux coussins texturés se font face près de la cheminée, assises accueillantes où s’installer pour déguster un thé ou un café à disposition. De subtiles évocations coquines, en référence à
Photo : Papi aime Mamie Studio
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MAISON D’HÔTES
Photos : Papi aime Mamie Studio
Entre ville et jardin, la lumineuse chambre “Traversin” et sa niche de lecture.
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Photo : Papi aime Mamie Studio
Charmant repaire dans le jardin d’hiver où une niche maçonnée s’articule autour d’un foyer et de son conduit en métal oxydé.
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Photos : Papi aime Mamie Studio
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MAISON D’HÔTES
La nouvelle adresse du chef Alexandre Gauthier, avec ses “chambres de circonstances”, se présente comme un lieu de séjour idéal pour découvrir ses différents restaurants et entamer un parcours gourmand des plus savoureux.
Pieux, Chambres de circonstances 1, rue des Étuves 62170 Montreuil-sur-Mer Chambre à partir de 120 € Y ALLER Compter environ 2 h 30 en voiture depuis Paris À NOTER D’avril à octobre 2020, La Grenouillère proposera un menu Ruinart, avec accords mets et champagne, dans le cadre d’un dialogue créatif et artistique engagé par la Maison champenoise.
En haut, la discrète chambre “Cachette” et sa ravissante baignoire sabot. En bas, le salon s’impose comme le cœur de la maison où se retrouver près de la cheminée.
l’histoire de la rue au Moyen Âge, ponctuent le décor de façon amusante, à l’instar des ouvrages que l’on peut trouver dans la bibliothèque ou des collages aux murs réalisés à partir d’images anciennes. À l’extérieur, le jardin d’hiver a été pourvu d’une niche maçonnée avec, au centre, un petit foyer et son conduit en métal oxydé. Dans la lumineuse salle du petit déjeuner à l’esprit bistrot, la maîtresse de maison sert, le matin, un pain délicieux et des confitures gourmandes provenant de La Grenouillère, la table gastronomique d’Alexandre Gauthier située à 1,5 km de là, accompagnés de jus de fruits Émile Vergeois, de lait local ou encore de yaourts fermiers. Séjour à la carte “Pieux, c’est un peu l’idée, l’esprit, l’atmosphère de La Grenouillère, mais en version maison, confie Lizzie Girard. Alexandre Gauthier a à cœur de développer ses activités dans son village. Il est né à Boulogne-sur-Mer, mais il a vécu longtemps à Montreuil-sur-Mer étant petit, et il cherche à en faire un village
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de destination où il propose ce qu’il aimerait lui-même trouver lorsqu’il part en vacances quelque part.” Ainsi, la nouvelle adresse du chef cuisinier, avec ses “chambres de circonstances”, se présente comme un lieu de séjour idéal pour découvrir ses différents restaurants en ville et entamer un parcours gourmand des plus savoureux. Avec Anecdote, d’abord, qui s’inspire de la carte de Roland Gauthier lorsqu’il ouvre La Grenouillère en mars 1979, et dont Alexandre fait revivre les recettes oubliées. Le parcours se poursuit avec Froggy’s Tavern, rôtisserie contemporaine, puis avec La Grenouillère aussi, évidemment, la table gastronomique du chef, et bientôt avec un nouvel établissement, futur bistrot où venir prendre un café le matin et déguster un croquemonsieur le midi, et dont l’ouverture est prévue pour l’été 2020. On y sera. — pieux.ellohaweb.com @pieux_chambresdecirconstances
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HÔTEL
Hoy, refuge holistique. — Le nouvel hôtel Hoy est bien plus que ça. À deux pas de Pigalle, ce lieu hybride cultive l’art du bien-être et le goût du temps présent, en réunissant dans un même espace chambres feng shui, studio de yoga et cuisine végétale. Une ode à la slow life pile dans l’air du temps. —
Photo : Sophia van den Hoek
Texte : Sarah Berger – Photos : Sophia van den Hoek
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HÔTEL
Photos : Sophia van den Hoek
Fraîchement installé au 68 de la rue des Martyrs à Paris, dans le très en vogue quartier de SoPi, Hoy – traduction du mot “aujourd’hui” en espagnol, mais aussi acronyme de Home of Yoga – incarne une vision avant-gardiste du refuge urbain. Cet hôtelconcept, ouvert aux Parisiens comme aux voyageurs, rassemble en un seul et même lieu toutes les facettes d’une expérience holistique autour du mieux-être, répondant avec justesse à un besoin inhérent à notre époque. Une adresse plurielle, à la fois hôtel de charme, cantine de haute volée, studio de yoga, espace thérapeutique et atelier floral, répondant au besoin de lâcher-prise et de reconnexion. Charlotte Gomez de Orozco, FrancoMexicaine de 26 ans et fondatrice du lieu, mûrit son concept depuis sa sortie de l’école hôtelière. Elle livre avec Hoy un ambitieux projet à son image, basé sur l’éveil de l’esprit, et dont la dimension responsable et éthique résonne auprès de
toute une génération soucieuse de son environnement et ouverte sur le monde. Un hôtel en conscience
Les vingt-deux chambres de l’hôtel ont été conçues tels des sanctuaires de plénitude, où dialoguent avec harmonie les principes fondamentaux du feng shui et les codes architecturaux parisiens, avec parquet, moulures et vue sur les toits. Ici, la part belle est faite aux matériaux bruts, aux essences de bois chaleureuses et aux teintes naturelles, dans une recherche d’épure et de sérénité. Une volonté que l’on retrouve dans les petites attentions, toujours liées à des rituels de bien-être : bâtonnets de charbon binchotan pour purifier l’eau en carafe – s’inscrivant dans la politique zéro plastique de l’établissement –, linge de lit et produits de soins bio fabriqués en France, enceintes en céramique en lieu et place des classiques modules high-tech, ou encore barre d’étirement et drap de fly yoga se
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Cet hôtel-concept rassemble en un seul et même lieu toutes les facettes d’une expérience holistique autour du mieux-être.
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substituant aux traditionnels écrans. Un parti pris maniant avec habileté les nouveaux codes du bien-être. Lieu de rencontres et de découvertes
Photos : Sophia van den Hoek
Pilier de ce nouveau concept, le restaurant Mesa réussit le pari d’une table 100 % végétale, créative et sans compromis, comme il en existe encore peu dans la capitale. Un principe imaginé par le tandem averti Sabrina Goldin et Stéphane Abby, auteurs du fameux Carbón à Paris. La carte, aux accents latino-américains et conçue par les fondatrices de la Plant Academy London, déroule une série d’assiettes épicuriennes et métissées, à l’instar de son Tapioca & kale chips, interprétation surprenante du chili sin carne, de son Tacos entièrement “plantbased” à base de betteraves, ou encore de son Smoked squash lié au mole de cacao, autre spécialité culinaire mexicaine par excellence. Mesa s’engage autour de produits de saison, locavores, cultivés dura-
blement, et dont les cuissons préservent les qualités nutritionnelles. Kombucha maison et vins nature viennent arroser une table saine et savoureuse, qui enchante par son souci du détail, visuel et gustatif. Les expériences bienfaitrices pour le corps et l’esprit se poursuivent à l’étage avec la salle de yoga, où l’enseigne parisienne Yuj Yoga Studio propose des pratiques de yoga flow dans une salle chauffée à 30 °C et à l’ambiance tamisée. À proximité, une chambre accueille un spectre complet de soins thérapeutiques dédiés à l’énergie et au réalignement, aux soins ostéopathiques et même à la gynécologie holistique. Ici, l’éveil des sens se fait jusque dans un bouquet de fleurs sauvages. À composer à la Floreria, espace boutique-atelier pensé par l’artiste florale nippone Chiaki Kokami. Jusqu’au bout, lieu de toutes les rencontres, y compris avec soi-même. — hoyparis.com / @hoyparis
Photo : DR
— Au mur, “Arazzi”, collection de revêtements imaginée par Matteo Brioni, en collaboration avec l'architecte Marialaura Rossiello Irvine (Studio Irvine). Système modulaire de panneaux géométriques recouverts d’argile, aux formes graphiques, qui insuffle un vent nouveau dans l’univers du revêtement mural. matteobrioni.com
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OBJETS DE DÉSIR
Décors de bain. — Les marques de décoration et les éditeurs de salles de bains cassent les codes. Lignes singulières, couleurs franches, matériaux naturels, ambiances radicales, chacun rivalise de créativité pour booster le décor de la pièce bien-être de la maison. Petite revue du genre. — Sélection : Laurine Abrieu
Façon maison de vacances Sur le lavabo en pierre, petit plateau en chêne teinté noir, 55 €. Dessus, gobelet, pot et boîte, bientôt disponibles, le tout collection “Bon”. Sur le robinet, serviette en coton bio, 15 € le set de 2. Au mur, miroir “Pond”, 135 €. fermliving.com
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Photos : SP Ferm Living
OBJETS DE DÉSIR
Photos : DR
OBJETS DE DÉSIR
Savon “Proposition no 2”, sésame, ylang-ylang et petit grain, Dessein, 22 €, dessein.co — Applique “Concentric 10”, en hêtre blanchi et laiton, design Allied Maker, 1 170 €, chez triodedesign.com — Porte-savon “Bendum”, en marbre brun de Bidasar, Ferm Living, 25 €, fermliving.com — Robinetterie, collection “Bondi”, design Studio THG, 1 333 €, thg-paris.com — Porteserviette “Norm Towel Ladder”, design Norm Architects pour Menu, 419,95 €, sur silvera.fr — Paniers à linge, en rotin et bambou, House Doctor, 225 € le set de 2, sur thecoolrepublic.com
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À l’italienne Collection “Frieze”, design Andrea Marcante et Adélaide Testa pour la marque EX.T, prix sur demande, ex-t.com
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Photo : SP Ex-t
OBJETS DE DÉSIR
Photos : DR
OBJETS DE DÉSIR
Vase “Terra Cotta”, en terre cuite, Madam Stoltz, 48 €, sur laredoute.fr — Peignoir nid d'abeille, en lin lavé, Communauté de biens, 105 €, sur smallable.com — Serviette de bain gauffrée, en coton bio, Ferm Living, 39 €, fermliving.com — Meuble commode USM Haller, composé de 7 compartiments dont 4 avec fond et équipés d’une porte abattante, création USM, à partir de 2 219 €, usm.com — Exfoliant visage, mélange moulu d’algues et d’acide salicylique naturel, Haeckels, 32 €, sur merci-merci.com
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Esprit bivouac Collection “Siwa”, design Andrea Parisio et Giuseppe Pezzano pour Cielo, avec vasque en céramique “Muschio” de la palette de couleurs “Terre di Cielo”, tiroir et structure en bois finition Roveer Sbiancato. Au mur, miroir “Siwa” en version rectangulaire, avec structure des barrettes en bois finition Rovere Sbiancato et sac porte-objets en Cuoio Naturale, ceramicacielo.it
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Photo : SP Cielo
OBJETS DE DÉSIR
Photos : DR
OBJETS DE DÉSIR
Serviette de bain “Frotté Stripe”, en coton, design Amanda Borberg pour Hay, 45 €, hay.dk — Vasque “Colors 1250°”, Azzura Ceramica, prix sur demande, azzurraceramica.it — Grappe de savons du Moyen-Orient, assemblés de manière artisanale à base d’huile d'olive et d’huile essentielle de laurier, Floating House Collection, 37 €, floatinghousecollection.com — Tapis rond “Peroline”, en jonc naturel, diam. 180 cm, Habitat, 99 €, habitat.fr — Tabouret “Caballè”, en cuir et métal, design Simone Fanciullacci pour Rabitti 1969 by Giobagnara, 996 €, rabitti1969.com
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Adresses. 1, 2, 3
DonnaWilson donnawilson.com
In Bed inbedstore.com
MarcanteTesta marcante-testa.it
Roca hoca.co.uk
5 Octobre 5octobre.com
Dornbracht dornbracht.com
Item Éditions itemeditions.com
Marché Paul-Bert paulbert-serpette.com
Rokh rokh.net
Margaret Howell margarethowell.fr
Marcin Rusak marcinrusak.com
Marie Lautrou pmpm.fr
Ruinart ruinart.com
Marni marni.com
s
a
ef
jk
Ailleurs Paris ailleurs-paris.com
Evidens De Beauté evidensdebeaute.com
AyanaV. Jackson ayanavjackson.com
Allied Maker alliedmaker.com
Faggio faggio.fr
Amélie, Maison d’art amelie-paris.com
Farrow & Ball farrow-ball.com
Michael Anastassiades michaelanastassiades.com
Froggy’sTavern froggystavern.fr
Anecdote Restaurant anecdote-restaurant.com Apparatu apparatu.com AtelierVime ateliervime.com
g Galerie Catherine Putman catherineputman.com Galerie Desprez Breheret benjamin-desprez.fr
Jasper Maison jaspermaison.com Jil Sander jilsander.com Juliette Laloë juliettelaloe.com Kenzo kenzo.com
Ingo Maurer ingo-maurer.com Menu menudesignshop.com Merci merci-merci.com Miu Miu miumiu.com
Knoll knoll.com
SCP scp.co.uk Sessùn sessun.com Sessùn Alma sessun.com Bela Silva belasilva.com
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Smallable smallable.com
Nina Ricci ninaricci.com
Specimen Editions specimen-editions.fr
Kolkhoze kolkhoze.fr
Yuko Nishikawa yukonishikawa.com
Stora Skuggan storaskuggan.com Studio Irvine studio-irvine.com
Kvadrat kvadrat.dk
b
Galerie du Passage galeriedupassage.com
Balenciaga balenciaga.com
Galerie JAG galeriejag.com
Alfred Basbous alfredbasbous.com
Galerie Les Filles du calvaire fillesducalvaire.com
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Normann Copenhagen normann-copenhagen.com
Beauregard Studio beauregard.paris
Galerie Riviera galerieriviera.com
La Cobalta lacobalta.com
Ronan et Erwan Bouroullec bouroullec.com
GamFratesi gamfratesi.com
La Grenouillère lagrenouillere.fr
p
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Pampa pampa.com.au
Byredo byredo.com
Aurélien Gendras aureliengendras.com
Lanvin lanvin.com/fr
Thonet thonet.de
Paul Smith paulsmith.com
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Givenchy givenchy.com
Véronique Leroy veroniqueleroy.com
Carmen Perrin carmenperrin.com
Martin Goerg martin-goerg.de
Les Coyotes de Paris lescoyotesdeparis.com
Peter Matthews petermatthews.org
Olivier Gregoire oliviergregoire.com
Lindell & Co lindellandco.com
Phantom Hands phantomhands.in
Cartier cartier.fr
h
Valentin Loellmann valentinloellmann.de
Pierre Augustin Rose pierreaugustinrose.com
Casa Josephine casajosephine.com
Haeckels haeckels.co.uk
Loewe loewe.com
Pierre Hardy pierrehardy.com
Cassina cassina.com
Hermès hermes.com
Vitsœ vitsoe.com
Chanel chanel.com
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Ponce Berga ponceberga.com
House Doctor societyoflifestyle.com
Madam Stoltz madamstoltz.dk
Pouenat pouenat.fr
Wienerberger wienerberger.fr
Christian Liaigre liaigre.com
Marine Hugonnier marinehugonnier.com
India Mahdavi india-mahdavi.com
Helen A. Pritchard helenpritchard.info
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Maison Dentsu @maisondentsu
r
Maison Intègre maisonintegre.com
Ralph Lauren ralphlauren.fr
Maison Jaune maisonjaune.org
Resident resident.co.nz
Manufacture d’Aubusson aubusson-manufacture.com
Richeldis Fine Art richeldisfineart.com
Cadogan Contemporary cadogancontemporary.com Caravane caravane.fr
Codimat codimatcollection.com
d Dinesen dinesen.com Dior dior.com
Ibstock ibstockbrick.co.uk Ikea ikea.com
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Photo: Karel Balas
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