Belgique/Luxembourg 6,50 € - DOM 6,50 € - Allemagne 8 € - Italie 6,50 € - Canada 13,50 $ can - USA 10,50 $ - UK 5 £ - Polynésie 1200 CFP
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Édito
Trimestriel - N° 8 - Sept./Oct./Nov. 2011 Rédaction : 40, rue de Paradis, 75010 PARIS. Tél. : 01 53 24 99 70. Fax. : 01 53 24 99 79 redac@vivreparis.fr Directeur de la publication : Christophe BONICEL Rédacteur en chef Julien PÉNÉGRY Tél. : 01 53 24 99 77 (julien.p@vivreparis.fr).
FLUCTUAT NEC MERGITUR (1)
Directeur artistique : Julien BONICEL Tél. : 04 73 98 08 31 (julien.b@vivreparis.fr).
La Seine a de la chance, elle n’a pas de soucis... (2)
Rédacteurs : Julia DUSSERRE-TELMON (julia.dt@vivreparis.fr), Jules ARMAND, Kali Sylla.
« Nous aimions les musiques exotiques, les quais de la Seine, les péniches et les rôdeurs, les petits caboulots douteusement famés, le désert des nuits », écrivait Simone de Beauvoir dans La Force de l’âge. L’atmosphère qui règne aux alentours de ce fleuve reste un doux mystère. Témoin silencieux du passage du temps, la Seine est l’épouse discrète d’un Paris macho. Il s’est bâtit sur ses berges. Un mariage de raison mais aussi de passion. Et pourtant, la belle est triste. Les badauds semblent lui trouver plus d’attrait que son mari. Alors, le soir venu, elle se confie à son amie la lune. Elle s’accommode de tout, comme toujours. Amoureuse transie d’un Paris volage…
Premier secrétaire de rédaction : Anne Pauly Photographes : Jean HARIXÇALDE (jean.h@vivreparis.fr), Pauline LE GOFF, Juan PECES, Laura SURROCA VILARNAU. Ont collaboré à ce numéro : Bérengère ALFORT, Virginie CHAPELAIN, Antoine CLAUDÉ, David DIBILIO, Marc ELBRACHT, Alain HAIMOVICI, Maxime JACQUET, Laura MAKARY, Anne PRISO, Élodie ROUGE. PUBLICITE : CAPITALE RÉGIE 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 58 88 37 00.
La Seine a de la chance, elle n’a pas de soucis...
Directeur de régie : Yann CRABÉ yann.crabe@capitaleregie.com
Source nourricière, elle partage ses richesses avec ceux arpentent ses rives. Elle chérit les amoureux et accueille les malheureux. Lentement, elle s’écoule. Elle prend soin de sa progéniture. Elle lèche ses quais verdis à chaque passage de bateau, comme autant de blessures qu’elle tente d’apaiser. Elle ne s’en offense pas. Elle en vu d’autres.
Directrice de publicité : Maeva GRAFEUILLE maeva.grafeuille@capitaleregie.com Chef de publicité : Claire JALMAIN claire.jalmain@capitaleregie.com
La Seine s’en balance, elle n’a pas de soucis...
Responsable administration finance : Olivier BENCHETRIT
Alors comme une femme délaissée, elle se rappelle à ce Paris qui semble ne plus la regarder. Elle le nargue, monte et sort de son lit, joue les infidèles. Mettant dans une délicate situation ce zouave qui ne veut pas assister à cette scène de ménage. La jalousie la ronge. Alors, tous les moyens sont bons pour se faire remarquer. Elle menace de tout dévaster comme en 1910. La peur d’une grande crue fait réagir Paris. Il se ravise... Mais que serait Paris sans sa muse… Rien.
ABONNEMENTS : ABO MARQUE, BAL 314 116, route d’Espagne, 31100 Toulouse. Tél. : 05 34 56 35 62. Fax : 05 62 48 12 63. DISTRIBUTION FRANCE : MLP DISTRIBUTION EXPORT : EXPORT PRESSE VIVRE PARIS est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL au capital de 5 000 € Siège social : 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. / RCS 517 815 908 Gérant : Christophe BONICEL Principaux actionnaires : B&B MEDIA / MAHOGANI SARL
Julien Pénégry Rédacteur en chef (1)Il est battu par les flots mais il ne sombre pas, devise latine figurant sur le blason de Paris. (2) Extrait de La Chanson de la Seine, écrite par Jacques Prévert en 1946 pour Aubervilliers, un film d’Eli Lotar.
Numéro commission paritaire : 1214 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE : IN PRINT Via Milano, 266 Baranzate (MI) Italie Imprimé en Italie.
Retrouvez-nous sur www.facebook.com/vivre-paris, www.twitter.com/vivreparis
Photo de couverture : Jean Harixçalde
Nos bons plans sur l’appli iPhone VIVRE PARIS.
Erratum : Dans le supplément gratuit du Vivre Paris n°7, certaines photos sont issues du photographe Cyril Marcilhacy.
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© Trip Fontaine
Pour la version numérique, téléchargez l’application sur l’AppleStore.
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Sommaire Culture
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14 > News
28 > Portrait
Un complexe cinéma s’installe à la porte des Lilas / Des cours de Moonwalk / Les livres incontournables sur Paris.
Sophie, une photographe qui remet des animaux en liberté dans la ville.
22 > Agenda Le Grand Palais, temple du jeu vidéo / Les hôtels particuliers parisiens se dévoilent à la cité de l’Architecture.
24 > Paris émoi La Capitale vue par la chanteuse Irma : “Paris, c’est un Eldorado !”
26 > Rencontre
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Fanny, prêtresse d’une librairie-galerie alternative.
30 > Confidences Avant la première, la Sally Bowles et le MC français de Cabaret livrent leurs impressions.
32 > Evénement Bianca Li entraîne Paris dans le tourbillon de la danse.
34 > Bons plans Paris en mode alternatif avec le Festival d’Automne et Jerk Off.
Dossier
36 > La rentrée littéraire Portraits de libraires / Les prix Goncourt et Interallié par leurs présidents / Le centenaire de Gallimard / Cartes blanches à des auteurs parisiens.
Food&Night Life
54 > News
Le Silencio, nouveau club designé par Lynch / Le Purgatoire, espace hybride entre art contemporain et culinaire.
62 > Reportage
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Dans les coulisses du restaurant gastronomique du Shangri-la.
68 > Portrait Thierry Marx, pape de
la Street Food et parrain de la 3e édition du Festival international de la photographie culinaire.
70 > Bons Plans Le top des soirées à ne pas rater cet automne / 2e édition des Nuits Capitales.
72 > Anniversaire La chaîne Paris Première a 25 ans, ça se fête !
Balades
74 > News
90 > Portfolio
Un petit tour de manège écolo / Des taxis pour femmes débarquent à Paris.
Clichés d’un Paris dévasté.
94 > Le monde à Paris
78 > Confidences La Capitale à l’heure Olivier Barthélémy : “Je du Mondial de rugby. trouve Paris minuscule.”
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81 > Guide En vadrouille dans le frénétique 6e.
90 > Découverte Virée dans les débuts de Lutèce.
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Sommaire
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En couverture
102 > La Seine
Portfolio / rencontres avec ceux qui vivent sur le fleuve / les meilleurs spots avec vue sur la Seine / visite de la péniche du styliste Franck Boclet.
Mode&Déco
124 > News
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Les frères Campana revisitent le café du musée d’Orsay/ Le coin WC du Louvre, chic et trendy.
128 > Architecture Les nouveaux hôtels parisiens.
130 > Avant-Première Parcours dans les foires d’art contemporain CHIC ART FAIR & SHOW OFF.
132 > Rendez-vous Les fifties à l’honneur du Salon du vintage.
134 > Confidences Christian Lacroix habille la 1664.
Périphéries
136 > News
Un espace dédié à la culture vidéo ouvre à Saint-Denis.
138 > Agenda Romy Schneider consacrée à BoulogneBillancourt / L’avant-garde s’affiche à la biennale de Montrouge.
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140 > Balade
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Promenade au cœur du terroir gastronomique régional.
142 > Escapade Virée dans un village de sans-culottes, à une heure de Paris.
Guides
148 > Restaurants
Pour un repas en toute intimité, sélection de restos au format XS.
152 > Bars Pour bien finir la journée, sélection des meilleurs bars à cocktails de la Capitale.
156 > Bien-être Pour se détendre, sélection des spas les plus hallucinants de Paris.
162 > Alex Beaupain
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Le compositeur des BO des films de Christophe Honoré nous livre ses bonnes adresses parisiennes.
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Culture
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Se
faire mettre en boîte À
© RONAN JIM SEVELLEC
partir du 17 novembre, la galerie Antonine Catzeflis vous propose de découvrir l’univers extraordinaire de l’artiste breton Ronan-Jim Sevellec. Pour ce faire, ses œuvres seront dispersées entre plusieurs galeries parisiennes. Univers réalistes dans des aquariums, miniatures, maquettes extraordinaires qui reflètent en volume le monde qui nous entoure, les boîtes de Ronan Jim Sevellec intriguent et subjuguent le spectateur par la minutie et l’exactitude et de leur décor. L’artiste n’a pas de matériau de prédilection mais transforme tout ce qu’il touche en minuscule parcelle de boîte. Morceaux de bois, papiers froissés, rognures diverses, tout est bon à être utilisé et sera sculpté, coloré, modelé pour apporter sa part de réel à la composition des univers familiers, toujours à la limite de l’étrange, que l’artiste aura choisi d’illustrer. Une exposition dans et hors les murs de la galerie. Un voyage étonnant.
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Du 20 au 23 octobre dans le cadre de la foire d’art contemporain Cutlog, à la Bourse de Commerce de Paris et à partir du 17 novembre aux adresses suivantes : au Schmuck, 1, rue de Condé, 75006, à la galerie Documents de Mireille Romand, 53, rue de Seine, 75006, à la Halle Saint-Pierre, dans le cadre de l’exposition Hey ! 2, rue Ronsard, 75018, à la Galerie Antonine Catzeflis, 22 rue Saint-Roch, 75001 Paris. Informations : cutlog.org. D’autres lieux d’exposition sur www.vivreparis.fr.
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16 Culture
Le baromètre
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top DES TENDANCES On y croit un peu, beaucoup, pas du tout. Vivre Paris passe les dernières tendances à la moulinette.
Check my metro
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Disponible sur iPhone et Android, cette application ludique met en relation les usatop leurs gers du métro, qui partagent ainsi coups de cœur (un bon musicien) ou de gueule (un retard), mais surtout se préviennent en direct des soucis qu’ils constatent sur leur ligne. www.checkmymetro.com.
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Hep, c’est quoi ton 07?
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Fini le numéro de portable que l’on note sur un Kleenex ou un ticket de métro et ne parlons pas de la carte de visite, qui est totalement demodée, “So, XXe siècle”. Un petit bracelet révolutionnaire, le QR code, vient de voir le jour. Il est équipé d’un code barre et il suffit à votre interlocuteur de le scanner avec son smartphone pour avoir vos coordonnées. Oui, vous avez bien compris, un peu comme la puce de votre toutou… Par la marque Addmefor. Infos : addmefor.fr.
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Un nouveau cinéma d’ici fin 2012, à la porte des Lilas. Et il s’appelera l’Étoile Lilas, d’après le nom de son instigateur, Étoile cinémas, un réseau de salles de cinéma indépendantes à Paris qui soutiennent le cinéma d’auteur (La Pagode ou le Balzac en font déjà partie). Ce miniplexe s’intègre aussi dans le projet d’aménagement du quartier : il sera “un lieu de vie et de rencontre autour du cinéma” et permettra aussi de “gommer la limite que peut représenter le périphérique”, explique Christophe Girard, adjoint au Maire de Paris chargé de la Culture. La programmation sera donc tournée vers le cinéma d’art et d’essai, mais n’oubliera pas le jeune public pour autant. Ces 7 salles (1 500 fauteuils) seront du reste entourées de 1 000 m² d’espace commercial, pour en faire un vrai “pôle culturel et de loisirs”. Infos sur le réseau Étoile cinémas : www.etoile-cinemas.com.
Arnaud Ducret:
“Et toi, tu es de quel signe ? Poney, non ? Bah, tu lèves ta culotte de cheval et tu vas m’faire à bouffer !” Arnaud Ducret est de retour au Théâtre de Dix Heures avec son spectacle Pareil... mais en mieux. Et si on s’en tient à sa description, il fait “ 1 m 90, 90 kg, plus lourd qu’un buffle mais moins lourd qu’un sanglier”. Certes, il n’est pas tout sec, mais c’est qu’il est beau gosse, le jeune homme. Et drôle avec ça ! Il a dû en tomber des minettes avec ses blagues (mise à part celle ci-dessus qui mérite plutôt une gifle monumentale tant elle est lourde et sexiste) ! “La légende raconte qu’il a surgi du chaos le 6 décembre de l’an 1978 afin de faire rire les hommes, les femmes, les enfants, les vieux, les nains, les gays... les vieux nains gays”, dixit monsieur Ducret. Et ça marche bien car on rit franchement ! Dans son spectacle, il nous parle de sa ville natale de
Rouen, d’une enfance marquée par une éducation religieuse, de son incrédulité devant le culte rendu à “un gars cloué sur une croix” (Jésus,
© Béatrice Cruveiller
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Ciné des Lilas: complexe cité
ndrl), de l’éducation des bonnes sœurs, d’une ex, d’un prof de karaté, d’un videur de boîte de nuit... Du 15 septembre au 31 décembre au Théâtre de Dix Heures, 36, boulevard de Clichy, 75018, Paris. Tél. : 01 46 06 10 17.
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CHOSES QUE VOUS NE SAVIEZ PAS
SUR LE CHAMP DE MARS
‡ /D VWDWLRQ GH PpWUR &KDPS GH 0DUV D pWp RXYHUWH HQ HQWUH OHV DUUrWV ÉFROH 0LOLWDLUH HW /D 0RWWH 3LFTXHW Elle desservait la tour Eiffel et le champ de Mars. Elle fut fermĂŠe en 1939 car jugĂŠe trop proche des stations voisines. Depuis, elle n’a jamais rĂŠouvert et fait donc partie des stations “fantĂ´mesâ€? de Paris. ‡ /H SUHPLHU GpILOp GX MXLOOHW VŇ‹HVW GpURXOp HQ VXU OH FKDPS GH 0DUV GXUDQW OD )rWH GH OD )pGpUDWLRQ Beaucoup d’autres cĂŠlĂŠbrations rĂŠpublicaines s’y sont ensuite tenues. Elles ont ĂŠtĂŠ supprimĂŠes au retour de la monarchie, car le lieu symbolisait trop la RĂŠpublique aux yeux de Louis XVIII. ‡ /H QRP ´FKDPS GH 0DUVÂľ GDWH GH DYDQW - & Une grande bataille a opposĂŠ les Romains et les Gaulois (ou plus exactement les Parisii) lĂ oĂš il se situe aujourd’hui. Les Romains, victorieux furent nĂŠanmoins impressionnĂŠs par la bravoure du chef gaulois et de ses troupes. En leur honneur, ils dĂŠcidèrent de baptiser ce terrain du nom de leur dieu de la Guerre. ‡ 3HX UHPDUTXpH HW FDFKpH HQWUH OHV DUEUHV XQH FKHPLQpH HQ EULTXHV VH VLWXH j TXHOTXHV PqWUHV GX SLOLHU RXHVW GH OD WRXU (LIIHO Sa crĂŠation remonte Ă l’Êpoque de la construction de la “dame de ferâ€?, en 1887. Elle ĂŠtait alors utilisĂŠe par la salle des machines du pilier sud, et a ĂŠtĂŠ ĂŠtonnamment conservĂŠe.
DÊbagoulez-vous l’parigot ?
Dentelle : billet s AffĂťter ses pincettes : danser s BĂŠnard : pantalon s Floume : femme s Amiral : couteau BrĂťler la moustache : tuer s BrĂťler le dur : ne pas payer son voyage s Avoir une culotte : ĂŞtre ivre.
Pierre-Yves Le Strat Le nu dans tous ses ĂŠtats 8Q FXEH 'X QX 'X QX GDQV XQ FXEH /Ň‹DUWLVWH SKRWRJUDSKH PLVH VXU OD IDVFLQDWLRQ H[HUFpH SDU OHV FRUSV GDQV OHXU SOXV VLPSOH DSSDUHLO SRXU FH TXŇ‹LOV GLVHQW GH QRXVÂŤ 9RXV YRXOH] HVVD\HU " (QWUH] GDQV VRQ &XEH
P
ourquoi du nu ? “J’essaie de revenir Ă l’essentiel, de sortir de la reprĂŠsentation. Ce qui nous ĂŠchappe m’intĂŠresse, comme l’inconscient, ou le malaise que peut provoquer la nuditĂŠ. L’art, de nos jours, est un carcan dont je tente de m’extraire.â€? Pierre-Yves tâche par cette dĂŠmarche radicale de mettre dans ses Ĺ“uvres la valeur ajoutĂŠe du sens. Avec, parfois, une rĂŠmanence des poses du Penseur de Rodin. Le nu dans ce Cube dĂŠpasse le porno ou l’Êrotique. C’est que le lieu oĂš il advient n’est
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pas un paysage mais une forme parfaite, un endroit vierge Ă dimension humaine qui rĂŠvèle et concentre la personnalitĂŠ de chacun. Les modèles s’y (re)trouvent, comme certaines femmes qui se voient belles pour la première fois après 35 ans d’existence. Gros, maigres, petits, grands, noirs, blancs, jeunes, vieux‌Qu’importe, ce travail est d’abord sociologique, et son but ultime de crĂŠer le trouble chez les sujets. “Au dĂŠbut d’une sĂŠance, mes modèles sont perdus et moi aussi‌ Mais cette incertitude est motrice car elle permet d’aboutir Ă une charge poĂŠtique, quasi-mystique, La courbe d’une fesse par exemple ĂŠvoque la lune, avec cette forme arrondie qui fascine depuis le dĂŠbut de l’histoire de l’art.â€? Personne n’est insensible au nu. C’est pour ça que
certains sont rÊticents à entrer dÊvêtus dans le Cube et que notre artiste a le trac. La boÎte magique de Pierre-Yves rÊvèle les Êmotions et l’histoire de chacun, sa beautÊ. C’est que notre photographe est un homme à fleur de peau qui invite aux confidences. La preuve : au bout d’une heure d’interview, c’est nous qui nous mettons à parler de nous. On vous le dit, sa gentillesse vous fera peut-être vous dÊshabiller et choisir la pose que vous inspire le Cube. OÚ trouver son studio et sa boÎte à vÊritÊ ? Au fond d’une cour de la rue des Moines, dans le 17 e. Une expÊrience, gÊnÊratrice de sens... /H &XEH SHUIRUPDQFH HQ SXEOLF DX SDUF GH %HUF\ HQ VHSWHPEUH HQ SXEOLF OHV SDUWLFLSDQWV UHVWHURQW KDELOOpV ,QIRV SLHUUH\YHVOHVWUDW IU
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20 Culture
des livres
de la rentrée Parisiens, Parisiens, Vivre Paris a sélectionné pour vous trois livres absolument indispensables...
Paris pas cher 2012 On ne présente plus ce livre qui est plus que connu, mais néanmoins indispensable. Avec pas moins de 2 500 adresses, c’est plus qu’un livre, c’est une bible. L’édition 2012 a été entièrement remise à jour avec nombre de bons plans restaurants, mode, et sorties, le tout pour pas cher. En bonus, un cahier spécial “Paris gratuit” avec 300 adresses (théâtres, coiffeurs ou sport) et un chapitre “Week-end pas chers à Paris”. Des idées de parcours thématiques pour ceux qui n’ont ni beaucoup d’argent ni beaucoup de temps pour visiter la Capitale. De Anne et Claire Riou, éditions First, 14,90 €.
Moonwalking in Paris
Parisiennes Saviez-vous que 4 000 rues de Paris portent des noms masculins contre 200 seulement pour des noms féminins ? Malka Marcovich, historienne et spécialiste du droit des femmes, retrace, dans cet ouvrage, l’histoire de ces femmes d’envergure qui ont eu l’honneur d’avoir une rue à leur nom dans la Capitale : Simone de Beauvoir, Joséphine Baker, Eugénie Eboué, marie Stuart, Dalida, Lili Boulanger. Qu’elles soient sportives, artistes, prostituées, philosophes ou encore femmes politiques, elles ont, à leur manière, marqué leur époque et aidé à l’émancipation des femmes. Partez sans tarder à la découverte de ces destins d’exception en vous baladant au long des rues qui portent leurs noms dans Paris. De Malka Marcovich, éditions Balland, 24,90 €.
Voilà déjà plus de deux ans que Michael Jackson est parti rejoindre Marylin Monroe et James Dean mais la fascination demeure. À tel point que, depuis peu, Mickaël Ayari, un autodidacte passionné de 22 ans répondant au pseuso de “Mike Dancer”, s’est donné pour mission de “transmettre” le talent du maître. L’objectif de ses leçons ? Apprendre aux fans les mythiques pas du “roi de la pop”. Mike, qui a appris, tout seul face à sa télévision dès l’âge de 4 ans, à danser comme son idole, propose aujourd’hui de faire perdurer l’héritage de la star en transmettant sa connaissance de la gestuelle jacksonnienne à travers les célèbres chorégraphies de Smooth Criminal, Beat It ou Thriller. La passion et l’enthousiasme qui anime les élèves est si saisissante et sincère qu’il a même décidé de recréer les ambiances des clips, d’adopter les looks et les attitudes correspondants et aussi de vous apprendre les paroles de tous les hits de Michael Jackson. En quatre ou cinq séances vous pourrez vous aussi épater vos amis en exécutant un Moonwalk parfait. À l’Espace Sport & Danse, 40, rue Quincampoix, 75004 Paris, le dimanche de 11h30 à 13 heures.
Théâtre grec...
Retour aux sources La nouvelle saison de la compagnie de spectacle vivant Erinna sera une fois de plus placée sous le signe de l’engagement et de la réflexion, deux exigences auxquelle, sa fondatrice, Anastassia Politi, n’est pas près de déroger... etteur en scène, comédienne, chanteuse et parfois même enseignante, Anastassia Politi – originaire d’Athènes, installée à Paris depuis vingt ans – est une femme qui cherche. Dans ses créations, elle réinterprète en effet les grands mythes fondateurs dans lesquels elle perçoit un très écho contemporain (ainsi, par exemple, sa relecture du personnage de Médée dans Médéa/Fictions). Son but ? Questionner l’héritage humaniste de la Grèce, y compris dans les ateliers de mythologie-théâtre-philosophie qu’elle anime chaque quinzaine dans le 10e arrondissement. Pour sa compagnie, de nombreux rendez-vous sont déjà prévus : le 1er octobre, pendant Nuits Blanches, dans le 10e arrondissement, puis, en octobre et novembre, un récital intitulé Melina, je suis née Grecque en hommage à Melina Mercouri, à l’Espace Le Scribe-l’Harmattan (6e) et au cinéma l’Archipel (10e). La troupe sera ensuite en résidence à la ferme de Bel Ebat à Guyancourt (78), pour répéter son spectacle La Flottille, une mise en espace des témoignages sur la flotille des bateaux qui tente de rompre le blocus autour de Gaza, une pièce mêlant
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© Nicolas Meyer
Sublutetia, tome 1, La Révolte de Hutan
récit, film et chant présentée en mars 2012 au théâtre des Quartiers d’Ivry : “Une réflexion sur l’actualité d’un endroit du monde qui m’interpelle”, souligne Anastassia, pour qui le théâtre se doit d’être une tribune où la parole se libère et devient l’outil d’une résistance trop souvent mise à mal pars les temps qui courent… www.erinna.org.
Une aventure palpitante qui se déroule dans les sous-sols de Paris… pour les enfants et tous les amoureux de la Capitale. Avant cette sortie de classe, Keren et Nathan ne se connaissaient pas. Séparés de leur groupe, ils se retrouvent seuls dans le métro. Perdus puis traqués, ils s’enfoncent dans les profondeurs de Paris, au cœur d’un monde qu’ils n’auraient jamais dû découvrir… On attend avec impatience la suite des aventures de Keren et Nathan ! De Éric Senabre, éditions Didier Jeunesse, le 19 octobre.
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Agenda
HEY !
Game Story
Le musée de la halle Saint-Pierre et le magazine HEY! se sont associés pour cette exposition : une rencontre au sein de la scène culturelle alternative entre les courants de la pop culture, et les formes populaires de l’art contemporain. 60 artistes du monde entier contestent les frontières hiérarchiques qui séparent le “grand art” de la culture poulaire et vous livrent leur travail. Du 15 septembre au 4 mars à la halle Saint-Pierre, 75018 Paris. Tél.: 01 42 58 72 89. © Jeff Soto
© Création Visuel Olivier Huard
Modern art & pop culture
Le Grand Palais accueille du 10 novembre au 10 janvier une exposition qui ravira petits et grands et qui surtout marque la réouverture de la galerie sud-est. Cette exposition, c’est Game Story, ou l’histoire du jeu vidéo à découvrir de manière ludique et interactive à travers quatre-vingt jeux, consoles et ordinateurs, depuis son invention dans les années 70. Au Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. Tél. : 01 44 13 17 17.
Déshabillez-mots
Un strip-texte mené avec élégance par un duo d’obsédées textuelles… Une journaliste invite le gotha de la langue française : les mots. Tour à tour, en chair et en os, les mots viennent se prêter au jeu d’un strip-texte jubilatoire. Un spectacle à la croisée des genres – théâtre, performance, radio –, et un duo de choc. Drôlerie, irrévérence et glamour sont au rendez-vous. À partir du 11 septembre au théâtre l’Européen, 5, rue Biot, 75017 Paris. Tél. : 01 43 87 97 13.
GDA
chez
MA
© Julian Schnabel
DANYSZ
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À l’occasion du mois de la Photographie. La célèbre galerie parisienne présente le travail de Julian Schnabel. Connu entre autres pour son film Basquiat, mais aussi comme étant l’enfant terrible du mouvement néo-expressionniste des années 80, l’artiste
est une star de l’art contemporain. La photographie a toujours été présente dans ses travaux, en particulier dans ses œuvres peintes dans lesquelles il utilise des clichés anciens recouverts de peinture à l’huile. Il continue de le faire aujourd’hui avec ses Polaroïds, pour notre plus grand plaisir. Du 22 octobre au 3 décembre, 78, rue Amelot, 75011, Paris.
“Pierre
Seghers,
© DR
Polaroïds
poésie, une vie entière” Jusqu’au 17 octobre, le musée du Montparnasse retrace le parcours de l’un des grands noms de l’édition française, Pierre Seghers. Poète de la Résistance proche de Louis Aragon, parolier de Léo Ferré et Juliette Gréco, le fondateur de la Maison de la Poésie..., il a voué son existence à la poésie sous toutes ses formes. À travers des projections d’archives et de films, des poèmes, des témoignages. Partez à la découverte d’un homme engagé. Muséedumontparnasse.net
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© Photos Icare/Opéra national de Paris
Black and White tour
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Cendrillon Photoquai
Rudolf Noureev transpose ce conte de Perrault dans l’univers hollywoodien des années 30. Sa Cendrillon se rêve en star du grand écran et se voit Créée en 2007 par le musée propulsée sous les feux des projecteurs. Tour à du quai Branly, Photoquai, la tour glamour, drôle et romantique, Cendrillon est un biennale des images du monde, hommage au 7e art et un hymne à l’innocence, porse consacre à la photographie tés par l’une des plus belles partitions de Prokofiev. non occidentale. Elle expose Les places sont à les œuvres inédites ou peu réserver vite, dès connues d’une cinquantaine de le 4 octobre. photographes. Et en plus, l’accès est gratuit ! Du 25 novembre Du 13 septembre au 11 novembre, au 30 décembre en face du musée du quai Branly, 37, à l’opéra Bastille. quai Branly, entrée Debilly, 75007 Paris. operadeparis.fr Lenny Kravitz sera de retour sur Tél. : 01 56 61 70 00. scène le 29 novembre dans la Capitale avec son tout nouvel album Black and White America, le premier depuis trois ans. Une fusion réussie Élément constitutif de la personnalité architecturale de Paris, l’hôtel entre des influences à la fois rock et particulier raconte une histoire de la Capitale, à travers son évolufunk, portée par son sens mélodique tion topographique dans les différents quartiers de Paris. L’expoinné et ses riffs de guitare si particusition propose de développer cette histoire en suivant un triple liers qui sont sa marque de fabrique parcours, dont les éléments et l’esprit se complètent et s’éclairent, depuis plus de vingt ans. L’album afin de pénétrer au cœur du secret des hôtels parisiens. a été enregistré aux Bahamas et à Du 5 octobre au 19 février à la Cité de l’Architecture Paris. Merci Lenny ! et du patrimoine, 1, place du Trocadéro, 75016 Paris. Au Palais Omnisports de Paris Tél. : 01 58 51 52 00. Bercy. www.bercy.fr © Caroline Rose
Des hôtels particuliers
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Irma
“Paris gagnerait à se lâcher un peu!”
Propulsée par My Major Compagny, Irma, 22 ans, est un véritable phénomène musical. Cette jeune auteur, compositeur, interprète, passée par HEC, adore faire des concerts sauvages dans les rues de Paris. Avec le producteur de Lenny Kravitz, Henry Hirsh, elle enregistre son premier album Letter to the Lord, actuellement dans les bacs. Coiffée d’un étrange bonnet porte-bonheur, elle nous a donné rendez-vous à la terrasse du Point Ephémère pour nous parler de son Paris. Cette terre d’adoption qui a fait d’elle l’artiste la plus en vue du moment. Confessions intimes avant de monter sur les planches du Trianon, le 24 novembre 2011.
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Propos recueillis par Julien Pénégry Photo Jean Harixçalde
Ça fait huit ans que je vis à Paris. C’est une ville qui m’attirait beaucoup. Quand on grandit en Afrique Noire, et en plus dans un pays francophone, Paris, c’est un mythe! La majorité des gens au Cameroun rêvent de venir ici, c’est un peu comme un Eldorado. Moi, j’ai débarqué ici en 2003. J’avais 15 ans et au début, ça a été un peu l’enfer. J’étais toute seule, complètement perdue. Ce n’était pas la ville en elle-même mais plutôt le contexte. Mais je me suis raisonnée en me disant que c’était une chance unique d’être là. Aujourd’hui, je voyage énormément mais j’y reviens toujours. Paname est quand même une des plus belle ville du monde!
Paris, c’est une rupture. Ou plutôt une étape. Ce n’est pas ma ville natale mais ma ville adoptive. J’ai posé mes valises à Paris par la force des choses. Mais j’ai su m’y faire. À Douala, où je vivais avant, ma vie n’avait rien à voir avec celle que j’ai ici. Là-bas, c’est beaucoup plus petit, beaucoup moins électrique. Et au final, je me suis bien adaptée. Ma mère est venue me voir il y a peu et elle m’a dit: “Tu marches vite, comme une vraie Parisienne!” Comme quoi, il ne faut pas longtemps pour prendre certains tics... Les étrangers ont une image de Paris très positive. Ils pensent que les Parisiens sont décomplexés. Mais je ne suis pas d’accord. Pour avoir connu d’autres ambiances nocturnes, Paris gagnerait à se lâcher un peu. Pour sortir dans des endroits underground à Paris, il faut vraiment connaître, avoir des contacts. Alors que dans une ville comme Berlin, à tout moment, la moindre soirée peut devenir une énorme fête avec une ambiance géniale. Personne ne se regarde ni ne se juge. Ici, on se compare, on n’ose pas, on est complexé. Je sors peu à Paris. Mais quand je sors, je sors bien! Je vais boire des verres et écouter de la musique dans des bars. Surtout pas dans les clubs! J’en ai horreur, la musique y est pourrie. Moi, je suis plutôt old school. J’ai pas mal traîné à la Bellevilloise, ils ont de belles soirées hip-hop. Et puis, c’est là que j’ai commencé à jouer et que j’ai eu mes premiers contacts dans la musique. La Bellevilloise, c’est vraiment l’époque de mes débuts. Je pense que je connais bien Paris mais je suis toujours dans la surprise... Je découvre des trucs en me baladant même si je suis déjà passée cent fois au même endroit. Je crois que c’est un truc qui fait le charme de cette ville. Vivre à Paris, c’est une perpétuelle découverte!
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Paris est une ville électrique: au début c’était oppressant, tout le monde est toujours dans le feu de l’action, tout va à cent à l’heure. Aujourd’hui, c’est ce que je recherche. Et puis, tout est toujours beau. Même les endroits à touristes où je me refusais à aller. Un jour, je me suis posée sur les marches du Sacré-Cœur, j’ai sorti ma gratte et je me suis mise à jouer. La vue était splendide, il y avait des touristes partout, c’était un moment magique!
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