Vivre Paris N°2 Printemps 2011

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Belgique/Luxembourg 6,50 € - DOM 6,50 € - Italie 6,50 € - Canada 13,50 $ can - USA 10,50 $ - UK 5 £ - Polynésie 1200 CFP


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Édito

Trimestriel - N°2 - Mars/Avril/Mai 2010 Rédaction : 54, rue de Paradis, 75010 PARIS. Tél. 01 56 03 50 20 / Fax : 01 47 70 51 79. redac@vivreparis.fr Directeur de la publication : Christophe BONICEL Rédacteur en chef : Thomas LE GOURRIEREC Tél. 01 56 03 50 23 (thomas.lg@vivreparis.fr). Rédacteur en chef adjoint : Julien PÉNÉGRY Tél. 01 56 03 50 37 (julien.p@vivreparis.fr).

Graine de

Directeur artistique : Julien BONICEL Tél. 01 56 03 50 30 (julien.b@vivreparis.fr). Premier rédacteur graphiste : Sébastien LE BOUARD Tél. 01 56 03 50 28 (sebastien.lb@vivreparis.fr)

CHAMPIONNE

Rédacteur graphiste : Christophe LE BOUARD (christophe.lb@vivreparis.fr)

Vous n’avez jamais remarqué ?

Rédacteurs : Nadir CHOUGAR (nadir.c@vivreparis.fr), Anne-Lise DURET (annelise.d@vivreparis.fr), Julia DUSERRE-TELMON (julia.dt@vivreparis.fr) Edwige SENNER (edwige.s@vivreparis.fr) Calie Tribert (calie.t@vivreparis.fr)

Cette propension que nous, Parisiens (purs jus ou d’adoption) avons à nous ébaubir dès que nous dénichons un bout de pelouse en ville. La ruée vers l’or vert... Chaque parcelle de nature irradie la capitale, le moindre petit parc devient l’oasis salvatrice du citadin bédouin arpentant sans relâche le béton. Lorsque la mairie décide d’installer un jardin éphémère sur le parvis de l’Hôtel de Ville, ou quand le Salon de l’agriculture, grand-messe de la botte de foin, débarque Porte de Versailles, c’est l’événement. Et, si La Bellevilloise, espace multiculturel du 20e, décide de loger dans ses murs une prairie géante et synthétique (sic !), on parle de concept rafraîchissant.

Premier secrétaire de rédaction : Nicolas DAVID Secrétaire de rédaction : Julie MICHON Photographes : Jean HARIXÇALDE (Jean.h@vivreparis.fr), Gwen LEBRAS, Pierre MOREL, Arnaud PAOLETTI, Bruno PELLARIN, Delphine CALVET, Lucie de TALLANO, David BOUREAU, Ludovic COMBE.

Plus question, donc, de nous limiter au pot de bégonias arrimé à la fenêtre. L’élan général vise à reverdir l’ensemble de la capitale, à faire en sorte que foisonne la nature aux côtés du béton. Tenez, l’esquisse du Grand Paris, par exemple, tient compte de ces résolutions et incorpore de spectaculaires projets. “La biomasse devra s’introduire partout, envahir nos immeubles”, s’enthousiasme l’architecte Jean Nouvel. Trames vertes, toitures végétalisées ou jardins suspendus seront de la partie. Et devraient, selon les dires, contribuer à faire baisser la température de deux degrés dans une capitale qui progressera encore au tableau d’honneur des villes vertes d’Europe.

Ont collaboré à ce numéro : Clotilde Aubin, Arnaud Barbé, Vincent Berthe, Jean-Laurent Cassely, Matthieu Chalot, Grégory Curot, Olivier Desvaux, David Dibilio, Anaïs Duret, Patrick Le Fur, Erwann Lelong, Michel Nadroj, Pierre Pinelli, Anne Pauly, Julie Rolland, Elodie Rouge, Ariane Servat. PUBLICITE : CAPITALE RÉGIE 35-37, rue Gallieni, 92100, Boulogne-Billancourt Tél. 01 58 88 37 00.

Pour le moment, Paris fait figure

Directeur de régie : Yann CRABÉ yann.crabe@capitaleregie.com

d’élève appliquée, besogneuse. “Doit poursuivre ses efforts”, pourrait indiquer son bulletin d’évaluation. Une étude dévoilée il y a peu, en marge de la Conférence sur le climat de Copenhague, lui octroyait la dixième place du classement des capitales vertes d’Europe, sur trente villes. Devant Londres, Madrid ou Rome. Derrière l’inoxydable trio scandinave de tête, cependant. Difficile, pour le moment, de venir taquiner Copenhague, Stockholm et Oslo : leurs habitants, depuis plus de trente ans, déboulent en ville à vélo, font tournoyer les éoliennes et bâtissent des éco-quartiers. Sûr que Paris, néanmoins, parviendra vite à glaner quelques points et progresser au classement. Il y a, c’est certain, de la graine de championne dans notre capitale…

Directrice de clientèle : Maeva GRAFEUILLE maeva.grafeuille@capitaleregie.com Responsable administration finance : Olivier BENCHETRIT ABONNEMENTS : ABO MARQUE, BAL 314 116, route d’Espagne, 31100 Toulouse. Tél. 05 34 56 35 62 / Fax : 05 62 48 12 63 DISTRIBUTION FRANCE : MLP DISTRIBUTION EXPORT : EXPORT PRESSE VIVRE PARIS est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL au Capital de 5 000 € Siège Social : 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. / RCS 517 815 908 Gérant : Christophe BONICEL Principaux actionnaires : B&B MEDIA / MAHOGANI SARL

Thomas Le Gourrierec Rédacteur en chef

© Trip Fontaine

Numéro commission paritaire : 1214 K 90156 IMPRIMERIE : IN PRINT Via Milano, 266 Baranzate (MI) Italie Imprimé en Italie Photo de couverture : Getty Images / Dag Sundberg Musée du quai Branly


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Culture 12 > News

24 > Spectacle

Vestiges d’Hollywood / Le cirque à papa Le Comte de est mort. Bouderbala / Les 26 > Environnement aventures de Camille. Les nouveaux trublions de l’écologie. 20 > Agenda John Butler Trio au 28 > Dossier Zénith / Alice au Six expos disséquées pays des merveilles par des pros de l’art. s’expose / Charlie Hebdo au musée 34 > Portraits Tronches de Parigots, de l’érotisme. quatre Parisiens 22 > Rencontre racontent leur ville. Le Paris démystifié d’Arnaud Fleurent38 > Portfolio Serial tricoteuses. Didier, révélation musicale de 2010.

Food&Nightlife

42 > News

54 > Reportage

Le cocktail fou du Plaza Athénée / La pizza que les Italiens nous envient / Le top 5 des burgers made in Paris.

Immersion dans ces rades où on lève le coude jusqu’au petit matin.

50 > Dossier Paris-Berlin : la Ville Lumière branchée sur courant alternatif.

52 > Confidences

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Bitures d’anthologie avec Gustave Kervern, reporter au Groland.

58 > Portrait Le mariage francochinois d’Adeline Grattard.

60 > Dossier Les plats végétariens reprennent des couleurs.

66 > Rencontre Alain Passard, l’homme qui murmurait à l’oreille des légumes.

Balades 70 > News

86 > Reportage

Embarquez pour la Cosmic Cruise / Maison Deyrolle, l’Arche de Noé retrouvée.

Petite révolution dans le 20e avec la création d’Eden bio, le premier quartier écolo et social.

74 > Découverte

92 > Dossier

Cinq spots bucoliques.

Paris à la sauce tandoori.

76 > Guide

L’irréductible 5e.

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Mode&Déco

100 > News

Pharrell Williams designer / Les puces du design / Le recyclage amuse la galerie.

104 > Dossier Paysagistes, urbanistes, architectes : les hommes verts débarquent.

110 > Réalisation L’incroyable cabane du baron perché.

114 > Découverte Un coin de garrigue dans le ciel du 16e.

116 > Visite J’ai garé mon loft au garage / Mon appart zen.

124 > Série Sous les étoiles, avec Charlotte de Turckheim, dans un cocon immaculé ou sur un lit chinois : les Parisiens font de beaux rêves.

128 > Style Nos lecteurs prennent la pose.

Périphéries 134 > News Le musée des vampires sort les crocs / Troc vert : belles plantes cherchent preneurs.

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136 > Agenda Le panthéon du jeu vidéo / Les Plastiscines à Vauréal / Auvers côté jardin.

138 > Reportage Ferme de Nanterre : nature heureuse.

140 > City Guide Boulogne-Billancourt, l’art du mouvement perpétuel.

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Guides

150 > Restaurants

Guide des restaurants gastronomiques à prix microscopiques.

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154 > Bars Whisky, vodka, rhum : comptoirs à breuvages uniques.

156 > Hôtels Une nuit bien au chic.

Mon Paris...

162 > Marie Colmant

Rencontre avec la journaliste de l’Édition spéciale de Canal plus, pour qui Paris s’écrit en lettres capitales.


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Salle supérieure du Proctor's Theater, Newark, New Jersey. © Yves Marchand et Romain Meffre / courtesy Polka Galerie


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Le jour

d’après Depuis 2001, le duo de photographes français Yves Marchand et Romain Meffre, évolue dans les décombres de bâtisses abandonnées. La photographie semble être pour eux le moyen le plus logique et le plus démocratique pour conserver un petit peu de l’état des choses, des lieux et des histoires. Des premiers vestiges qu’ils ont shootés dans la banlieue parisienne aux palaces cinématographiques de l’âge d’or hollywoodien, ils s’attachent à faire de chaque ruine un spectacle vivant, émouvant et captivant. Plus qu’anecdotiques, ils en font les héros de leurs aventures. Vestiges d’Hollywood. Jusqu’au 1er avril dans le Salon du Panthéon, 13, rue Victor-Cousin, 75005. Tél. : 01 56 24 88 80. Entrée libre. www.polkagalerie.com


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STATIONNEMENT

INEDIT !

L’INCROYABLE HISTOIRE

DU COMTE DE BOUDERBALA (LE COMTE EST BON) Le noble le plus drôle de l'Hexagone, le Comte de Bouderbala, tour à tour basketteur, slameur et désormais comédien de stand-up, pose ses vannes au théâtre du Petit Gymnase jusqu'au 26 juin.

30 % sportif

40 % self-made-man

30 % Ricain

Dans le cadre d’un échange universitaire, Le Comte se retrouve dans le Connecticut, “le Deauville des Ricains”, pour porter les couleurs de la prestigieuse université de UConn, dont il est aussi diplômé en “business”. Il s’entraîne avec de grands joueurs (huit sont en NBA aujourd’hui), foule le parquet du Madison Square Garden et dribble devant plus de 20 000 personnes. Une carrière prometteuse, avortée par une blessure.

C’est avec le slam qu’il fait ses premières scènes. Mais ses textes, “beaucoup trop dépressifs”, le poussent à écrire des blagues. Il commence au Réservoir, avec le Comic Street Show. Mais ce n’est pas assez. Il monte le collectif Barre de Rires et passe furtivement au Jamel Comedy Club. Toujours pas suffisant. Ce qu’il veut ? Son propre spectacle. Il l’écrit, le monte, le traduit en anglais (bientôt en italien) et part à la conquête de l’Amérique.

À New York, Le Comte écume les scènes ouvertes du Bronx, de Harlem ou de Brooklyn, et est récompensé pour un slam - une déclaration d’amour à Oprah Winfrey. “Pourquoi les Français ne seraient-ils pas aussi bons que les Américains ?” Son spectacle, drôle, acerbe, rempli d’autodérision, est un carton. Entre Paris et New York, Le Comte poursuit son rêve, affine son style, peaufine ses vannes et allonge son CV... www.theatredugymnase.com

Jean-Claude Michel, tout juste retraité, a trouvé une bonne place : il gare l’art dans le parking dont il est propriétaire. Ancien peintre et collectionneur, Jean-Claude donnait des couleurs à son garage de la rue Lauriston en y accrochant régulièrement les œuvres qu’il aimait. Dans la foulée, l’association L’art au garage est fondée en 2002, associant une démarche humanitaire à la création contemporaine. Le garage vendu et la soixantaine arrivée, le bonhomme ne s’est pas rangé des voitures. Il a créé dans les mêmes locaux la Galerie G, et y expose, depuis 2009, des artistes chers à son cœur. Atypique et démocratique, poussez la porte de fer de la toute nouvelle Galerie G. Allumez vos lanternes ! L’art au garage, c’est l’émotion sans la prétention, l’art sans l’artifice. www.lartaugarage.com Galerie G, association L'art au garage, 63, rue des Lilas, Paris 75019 (Métro Place des Fêtes). Tél. : 01 32 40 15 10.

250 000

Il s’agit du nombre de Parisiens réveillés par le bruit tonitruant d’une moto circulant durant la nuit, selon France Audition.

Hors-circuits, un vidéoclub en marge Marre des blockbusters fades et survendus pour vos soirées pizza ? Allez donc faire un tour chez Hors-circuits, rue de Nemours. Ce vidéoclub propose à la location et à la vente ce que le cinéma indépendant produit de meilleur. C’est en détaillant les rayonnages qu’on mesure l’étendue de nos lacunes. Mais Stéphanie Heuze, fondatrice du lieu nous rassure aussitôt : “Notre idée, ce n’est pas d’être élitiste mais d’être des passeurs, de décomplexer, de propager cette diversité du cinéma.” Et cette diversité est vertigineuse : cinéma expérimental, films d’animation, documentaires, raretés de la blaxploitation, cinéma bis italien, films érotiques... “Cette boutique nous permet aussi de satisfaire nos lubies de collectionneur, confesse Stéphanie Heuze. Mais on reste

attentifs idéologiquement. On n’a ni La Chute du faucon noir (film belliciste de Ridley Scott, ndlr) ni des Walt Disney”. Chez Hors-circuits, il y a un rayon jeunesse parce que “l’éducation à l’image, c’est important. Les parents sont à la recherche de films de qualité pour contrecarrer la télé.” La renomée de ce vidéoclub est telle qu’institutions et particuliers font régulièrement appel à ces défricheurs pour des recherches de pointe. “Ces investigations nous permettent de découvrir de nouveaux catalogues, c’est un échange”, explique Stéphanie. Pour encore plus d’interactivité, Horscircuits organise des rencontres-débats ouverts à tous où cinéastes, spécialistes et public, peuvent échanger. Assez rare pour être souligné. www.horscircuits.com


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CHOSES

QUE VOUS NE

SAVIEZ PAS SUR

L’OLYMPIA

Liza Minelli a traîné en culottes courtes dans les coulisses de l’Olympia. Elle n’était qu’une enfant quand sa mère Judy Garland la confiait aux époux Coquatrix, Bruno et Paulette, avant de monter sur scène. La petite fille appelait alors Bruno Coquatrix “papa”. Paulette, qui n’avait aucune intention d’avoir d’enfant, confie, “si elle avait osé m’appeler maman, elle aurait reçu une beigne.” - Toutes les superstars internationales sont passées par l’Olympia. Toutes, sauf Elvis Presley. Lorsque les démarches furent entamées pour faire venir le King, son imprésario le colonel Parker demande une somme colossale. Non pour qu’Elvis vienne chanter, mais pour que le manager accepte seulement de le lui demander ! - Sidney Bechet a saccagé l’Olympia en 1955. Descendant de scène au milieu d’un concert, le saxophoniste traverse la salle avec ses musiciens en continuant de jouer. Le cortège sort sur le boulevard des Italiens, puis retourne à l’intérieur en amenant toutes les personnes glanées dans la rue. L’affluence provoque une bousculade qui dégrade sérieusement le lieu. - Bruno Coquatrix a fait refaire les dents d’Édith Piaf. La prenant sous son aile aux prémices de sa carrière, il l’avait confiée à un ami dentiste car il trouvait sa dentition épouvantable. Des années plus tard, en décembre 1960, elle jouera douze semaines d’affilée pour sauver un Olympia au bord de la faillite. Merci la Môme.

BEAT TAKESHI KITANO À partir du 11 mars, la prestigieuse fondation Cartier invite le japonais Takeshi Kitano. Ou Beat Takeshi, c’est selon. Connu dans le monde entier pour ses films, l’homme est une espèce à part : tour à tour acteur, animateur TV, peintre, écrivain, comique et bien sûr cinéaste. Il s’est lancé dans le projet Gosse de peintre, en donnant à l’exposition un caractère autobiographique : vidéos, peintures,

décors, objets insolites, des jeux, des attractions, des gags, des leçons de choses… Un parcours qui fait voyager le visiteur dans son univers fantasque et souvent méconnu du public européen. Un mélange de toutes les personnalités de Kitano. L’exposition est en réalité une gigantesque installation qu’il nous invite à découvrir au gré de nos envies. Une exposition avant tout dédiée aux enfants mais où petits et grands y trouveront chacun leur “conte”. Du 11 mars au 12 septembre à la fondation Cartier, 261 boulevard Raspail, 75014. http://fondation.cartier.com

LA QUESTION HAUTEMENT PHILOSOPHIQUE Pourquoi les policiers parisiens furent les premiers à être nommés “poulets” ? C’est l’un des sobriquets les plus répandus pour désigner la maison poulaga (encore un joli surnom). Son origine remonte à 1871, quand Jules Ferry, alors maire de Paris, cède à la préfecture de Police, en quête d’un lieu où installer son siège, la caserne de la Cité. Un bâtiment qui fut construit à la place de l’ancien marché... aux volailles de Paris !

LES AVENTURES DE

CAMILLE Fermé, l’auditorium du musée du Louvre ? Pas quand on a un passedroit. Celui de Camille s’appelle talent. De fait, l’interprète de Ta douleur a carte blanche, le temps de trois dates (à 20 h 30). L’occasion pour elle de mélanger à sa façon cinéma muet et musiques actuelles. Pas avare de déguisements, la belle nous fait découvrir trois facettes de son univers.

> CAMILLE ET LA MAISON HANTÉE On commence par l’épouvante, le 19 mars. Pour cette date, l’artiste invite l’improvisateur vocal Reggie Watts à jouer les fantômes pour une ambiance lugubre avec revenants et squelettes, entre Méliès et Segundo de Chomon.

> CAMILLE À PANAME Le temps d’enfiler sa plus belle robe et, le 9 avril, Camille revisite le Paris glamour et sans paroles. Assistée de Simon Dalmais, pianiste et compositeur, et de Saul Williams, chantre du slam américain, elle nous baladera entre les parisiennes et les gavroches, les soirées mondaines et les quartiers populaires.

> CAMILLE AU CIRQUE On remonte le chapiteau pour la soirée du 11 juin, qui réinterprétera l’ambiance des cirques et fêtes foraines ayant inspiré le cinéma. La belle sera alors accompagnée de Clément Ducol, chanteur, danseur et arrangeur à qui Camille, mi-clown, mi-Monsieur Loyal, donne carte blanche. Des soirées à l’image de l’artiste, originales et créatives. Il ne vous reste qu’à faire votre choix. Tél. : 01 40 20 55 55. www.louvre.fr


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DES SOUVENIRS QU’ON VOUDRAIT OUBLIER epuis que vous habitez la Capitale, vous êtes devenu snob et avez tendance à fuir les lieux où le tourisme de masse fait rage. Vous préferez d’ailleurs ne pas vous souvenir du jour où, en voyage scolaire, vous avez vu la tour Eiffel pour la première fois. Vivre Paris vous fait revivre vos premiers émois touristiques avec une sélection de quatre “souvenirs” qui disent tout le charme de la ville que vous découvriez alors…

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Warholienne et presque cool, une cravate à imprimés “Joconde” en soie bleue et blanche, 15 € (1). Amusantes, des sucettes rondes et acidulées à la gloire des deux monuments parisiens les plus célèbres, 3,50 € pièce (2). Kitschissime et délirante, la tour Eiffel en baguettes de pain, un objet étrange qui tente de cumuler deux symboles, 9 € (3). Rigoureux, beige, et de bonne facture, un minicoussin tapissier “arc de triomphe”. Idéal pour une tante un peu sévère, 19 €, (4).

L’HISTOIRE EXTRAORDINAIRE

LE FAUX

PARIS ’étonnante stratégie d’un “faux Paris” a bel et bien été planifiée durant la première guerre mondiale. L’état-major français conçut en effet de bâtir un Paris artificiel à l’aide d’effets spéciaux pour leurrer les bombardiers allemands. L’entreprise fut confiée à un magicien de la lumière, l'ingénieur électricien Fernand Jacopozzi, celui-là même qui illuminera la tour Eiffel, en 1925. Les premiers essais furent menés en août 1917, au nord-est de Saint-Denis, dans la région de l’Orme de Morlu, là où une boucle de la Seine imitait à merveille celle qui traverse Paris. Lampes à acétylène, éclairages de couleurs différentes et effets de lumières en tout genres furent ainsi utilisés pour simuler avenues, gares, locomotives et autres éléments d’infrastructure.Du grand cinéma ! Le temps manqua hélas pour expérimenter ces leurres lumineux : l’armistice mit fin à ces projets “cameronesques”.

© Olivier Desvaux

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À SUIVRE... 2010

2011

2012

2013

2014

2015

Ouverture de la Cité de la mode et du design sur les quais de Seine.

Lancement du système de voitures électriques Autolib’ (3 000 véhicules).

Naissance de la fondation LouisVuitton pour l’art contemporain.

Construction de la tour Triangle, 180 m de haut, porte de Versailles.

Réouverture du cinéma Le Louxor situé dans le 10e arrondissement.

Fin de l’édification, à la Défense, de la tour Phare, 300 m de haut.


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18 Culture GUEULES D’ATMOSPHÈRE

SÉLECTION WEB

Mention très bien au site Brèves de Trottoirs, qui propose des instantanés de vie de Parisiens saisis au vol. En regardant les petites vidéos réalisées par Thomas Salva et Olivier Lambert, on découvre les parcours touchants d’Élie, le papy danseur de la place d’Italie, de Patrick, boursicoteur SDF, ou bien de Violette, qui tient depuis cinquante ans une boutique de fleurs dans la Capitale. La réalisation est impeccable, le graphisme du site soigné. Joli projet. www.brevesdetrottoirs.com

335 000

comme le nombre de poteaux qui jalonnent les trottoirs parisiens. La boule qui les surmonte permettait jadis d’y menotter les contrevenants.

Frédéric Beigbeder, dans The Daily Telegraph, à propos des Parisiens :

“NOUS SOMMES TOUS DES CASANOVA,

QUEL QUE SOIT NOTRE ÂGE.”

Moulin Rouge Alain Weill retrace dans un livre les 120 ans de l’histoire du Moulin Rouge. Des danseuses aux chefs, en passant par les costumières et les metteurs en scène, tout nous est conté de ce lieu mythique, depuis sa création en 1888 jusqu’à nos jours. Photos, affiches, révélations et anecdotes jalonnent cette plongée dans l’envers du décor. Un documentaire accompagne l’ouvrage et nous entraîne dans les coulisses du célèbre Moulin.Un tour d’horizon complet dans l’univers du Music-hall. 120 ans de Moulin Rouge, éditions Seven Sept, 35 .

WALL STREET ART FOUS DU BIKEPOLO L’équipe parisienne de bike-polo est plutôt du genre rock n’roll. Menée par l’artiste pop Marc Sich, cette bande de fous furieux du guidon utilise habilement des bâtons de ski en guise de maillets et Paris comme terrain de jeux.

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Né il y a une dizaine d’années aux États-Unis, il se pratique généralement sur un vélo à pignon fixe, ou sur un fixie. Les règles sont simples : trois joueurs par équipe, trois points à marquer dans le but adverse et l’interdiction de poser le pied au sol.

L’association Paris Bike Polo se retrouve ainsi plusieurs fois par semaine dans un skatepark du quartier de Stalingrad, sous le métro aérien, pour croiser le maillet. Ni cheval ni piscine, juste des amis, des vélos et du fun ! parisbikepolo.wordpress.com

Nos collaborateurs Jean Harixçalde et Pierre Pinelli publient aux éditions du Chêne un magnifique ouvrage sobrement intitulé La Corse et dédié (vous l’aurez deviné) à l’île de Beauté. À dénicher dans toutes les bonnes librairies.

Par la fenêtre, il s’est introduit dans les lieux dédiés à l’art. Mais sa véritable place est dans la rue. Le graffiti y retourne à l’occasion de l’opération “un musée à ciel ouvert”, qui se tient jusqu’en juillet 2010. Sur une bâche de 2 000 m2, couvrant un immeuble en travaux à l’angle de l’avenue Wagram et de la rue Prony, sont exposées une soixantaine d’œuvres signées de talents reconnus (pionniers de la scène new-yorkaise) ou en devenir. Au cours de cette exposition conceptuelle, 72 artistes seront invités à réaliser un graf en live. Ces toiles seront ensuite vendues aux enchères le 18 novembre chez Artcurial, au profit de l’association Paris Tout P’tits, qui intervient auprès des familles démunies avec des enfants en bas âge.


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Agenda

Alice Il était une fois

À l’occasion de la sortie du film de Tim Burton, Alice au pays des merveilles, la galerie Arludik expose les dessins originaux d’artistes sélectionnés par le réalisateur. Du 4 mars au 17 avril à la galerie Arludik, 12-14, rue Saint-Louis-en-l’île, 75004. www.arludik.com

Diagonales

Dans le cadre de Diagonales, une réflexion sur la place du son et de la musique dans la création couvrant vingt lieux d’art contemporain en France, le Centre national des arts plastiques (CNAP) fera un stop à Paris, avec projections vidéos et concerts, au 104. Du 7 au 9 mai.104, rue d’Aubervilliers, 75019. www.cnap.fr

Le dessin à l’honneur

John Butler Trio Le prolifique combo australien sort fin mars April Uprising, un sixième album (en douze ans) qui brasse rock et folk. Le 28 avril à 19 h 30, au Zénith. 211, avenue JeanJaurès, 75019. www.zenithparis.com

© Disney Enterprises, Inc.

En mars, pendant une semaine, Paris sera à l’heure du dessin, avec trois salons spécialisés. - Le salon du dessin. Du 24 au 29 mars, au Palais de la Bourse (entrée rue Vivienne), 75002. www.salondudessin.com - Le salon du dessin contemporain. Du 25 au 28 mars, au Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001. www.salondudessincontemporain.com - Chic Dessin. Du 26 au 29 mars, à l’atelier Richelieu, 60, rue de Richelieu, 75001. www.chic-artfair.com

Erotique Charlie...

Le musée de l’Érotisme organise une exposition sur Charlie Hebdo autour de trois thèmes : “Tarzan s’envoie en l’air”, “Les couv’ de Charlie” et “Le sexe dans toutes les langues”. Jusqu’au 5 mai, au musée de l’Érotisme. 72, boulevard de Clichy, 75018. www.musee-erotisme.com


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Vinyl, disques et pochettes d’artistes

© Bettina Rheims Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont,

La collection de Guy Schraenen est présentée à la Maison rouge. Entre les enregistrements, les pochettes et les revues, ce sont près de 1 000 objets du XXe siècle qui seront exposés. Jusqu’au 16 mai, à la Maison rouge, 10, bd de la Bastille, 75012. www.lamaisonrouge.org

Electro-Chamanisme

Ce Before mêle arts méditatifs, chamanisme et playlist électro. Au programme : paroles, images, musique et improvisations corporelles. De quoi se mettre en transe avant de poursuivre la nuit ! Soirée Before, le 8 mai de 18 h à 21 h, musée du quai Branly. 37, quai Branly, 75007. Tél. : 01 56 61 70 00. www.quaibranly.fr

Rose, c’est Paris

C’est le titre d’une exposition et le portait imaginaire mais personnel de la Capitale par Bettina Rheims et Serge Bramly. On suit les aventures fictives d’une “Fantomas” dans un Paris en noir et blanc. Du 8 avril au 11 juillet, BNF Richelieu. 58, rue de Richelieu, 75002. www.bnf.fr

Yves Saint Laurent Cette première rétrospective consacrée au styliste de génie reprend 307 modèles haute couture créés entre 1958 et 2002. À ne pas manquer. Du 11 mars au 29 août, au Petit Palais. 5, avenue Dutuit, 75008. www.petitpalais.paris.fr

© Alexandre Guirkinger

Nature urbaine Pour sa 7e édition, le festival Jardins Jardin propose des principes innovants permettant à la nature de s’intégrer de façon harmonieuse à la ville. Du 4 au 6 juin, au jardin des Tuileries, 75001. www.jardinsjardin.com

Space for Fantasy Cinq artistes d’horizons divers ont été invités à concevoir des œuvres spécialement pour cette exposition. Le but ? Un cadavre exquis entre art, mode et design. Du 25 mars au 22 mai, à la Galerie des Galeries, 1er étage des Galeries Lafayette, 40, boulevard Haussmann, 75009. Tél. : 01 42 82 81 98. www.galeriedesgaleries.com


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ARNAUD

FLEURENT-DIDIER “JE NE SUIS PAS UN VRAI AMOUREUX DE PARIS. CE QUE J’APPRÉCIE,C’EST TRAVERSER CETTE VILLE.” RÉVÉLATION MUSICALE DE CE DÉBUT D’ANNÉE, ENCENSÉ PAR LA PRESSE, ARNAUD FLEURENT-DIDIER LIVRE SUR DES SONORITÉS D’UN HÉRITAGE EXISTENTIALISTE À LA GAINSBOURG ET POLNAREFF, UN VÉCU PONCTUÉ PAR SES VISIONS D’UN PARIS RÊVÉ, PASSÉ ET PASSANT. IL NE RESTAIT PLUS QU’À DÉCOUVRIR CELUI QUI DÉAMBULE DANS LA CAPITALE COMME IL L’ENTONNE DANS “JE VAIS AU CINÉMA”, ENTRE BATIGNOLLES ET LA PLACE CLICHY. ERRANCES INTIMES. INTERVIEW : JULIEN PÉNÉGRY PHOTO : GWEN LEBRAS

Je n’ai aucune fascination pour Paris ! Et pourtant ce quartier de la place Clichy, je l’aime beaucoup parce qu’il est bigarré. Rien n’est fantoche. Pendant 6mois, tu as des travelos brésiliens, ensuite ils partent. Ensuite c’est le tour de la drogue, puis tu n’en as plus. Et ça passe aux poussettes à trois roues dans les squares. Tu ne sais pas pourquoi. Ça change sans arrêt.

J’ai eu un très bon contact avec Paris la première fois que j’y ai mis les pieds. C’était déjà dans ce coin. Pendant un temps, j’ai vécu à Montmartre. J’y suis resté deux ans, mais je ne suis pas fan de ces quartiers comme le Marais. Ici, quand je rentre du boulot à 22h, je passe devant le Wepler. Comme je ne possède pas de télé à la maison, c’est ma télé. Hop, je me fais un film pourri, j’en ressors une fois fini, je continue 5 minutes et je suis chez moi. Le coté hyper pratique qu’a cette place est génial. Je ne suis pas un vrai amoureux de Paris. Ce que j’apprécie, c’est traverser cette ville. Notamment le dimanche matin, je vais dans un cinéclub qui est rive gauche en vélib’. Qu’il fasse beau ou pas, il se passe quelque chose de magique qui disparaît à partir de midi. Depuis quelques temps, j’aime bien l’Opéra. Quand je finissais mon disque, à 19h25, je regardais sur opéradeparis.fr, ce qu’il y avait au programme. Cinq minutes plus tard, j’enfourchais un vélo, je descendais prendre un billet, et hop, j’étais à l’Opéra. Ce qui me plaît le plus en fait dans Paris ce sont les idées clichées: la tour Eiffel et le Louvre. C’est juste beau. Je suis mélancolique d’un Paris idéal où quand tu rentrais dans n’importe quel café, il y avait de la vie. On ne connaîtra jamais ça. Ce n’est pas un véritable manque, je trouve tout simplement pourri que nous ne puissions plus trouver des bonnes tomates place Clichy, qu’il faille marcher vingt minutes pour trouver une baguette correcte ! Je n’ai peut-être qu’à changer de quartier ?

Mais je n’y arrive pas. Je déteste Montparnasse, Bastille me gave. Je ne comprends pas non plus le 11e. J’ai un tas de copains dans cet arrondissement, mais qu’est-ce qu’ils y foutent? Il n’y a rien à y faire ! Pour moi un vrai Parisien, c’est un provincial qui est monté à Paris. Un Parisien qui fait de la musique a envie de conquérir le monde, un provincial est là pour conquérir le Fouquet’s. Paris est fait de gens comme ça.

C’est une ville détestable mais que j’aime vraiment. Je me sens Parisien. J’ai été dépucelé à Paris, dans tous les sens du terme.


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