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Belgique/Luxembourg 6,50 € - DOM 6,50 € - Allemagne 8 € - Italie 6,50 € - Canada 13,50 $ can - USA 10,50 $ - UK 5 £ - Polynésie 1200 CFP
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› Découvertes › Art de vivre › Sorties › Déco
Édito
Trimestriel - N° 6 - Mars/Avril/Mai 2011
Rédaction : 54, rue de Paradis, 75010 PARIS. Tél. : 01 56 03 50 20. Fax : 01 47 70 51 79. redac@vivreparis.fr Directeur de la publication : Christophe BONICEL Rédacteur en chef Julien PÉNÉGRY Tél. : 01 56 03 50 23 (julien.p@vivreparis.fr). Directeur artistique : Julien BONICEL Tél. : 01 56 03 50 30 (julien.b@vivreparis.fr).
GRAND ÉCRAN
Premier rédacteur graphiste : Sébastien LE BOUARD Tél. : 01 56 03 50 28 (sebastien.lb@vivreparis.fr) Rédacteur graphiste : Christophe LE BOUARD (christophe.lb@vivreparis.fr)
Silence.
Rédacteurs : Nadir CHOUGAR (nadir.c@vivreparis.fr), Anne-Lise DURET (annelise.d@vivreparis.fr), Julia DUSSERRE-TELMON (julia.dt@vivreparis.fr) Edwige SENNER (edwige.s@vivreparis.fr) Calie TRIBERT (calie.t@vivreparis.fr)
Du classique Hôtel du Nord de Marcel Carné en 1938 à Minuit à Paris, la nouvelle comédie de Woody Allen qui sortira le 11 mai prochain, la Capitale n’a jamais cessé d’attirer les projecteurs de cinéma. Plus qu’un riche décor où s’épanouissent les histoires et les acteurs, Paris est elle-même une actrice née. Une actrice capable de jouer tous les rôles. Tour à tour intrigante, révoltée ou passionnée, la Capitale crève l’écran au point de décrocher les premiers rôles plus souvent qu’à son tour. Il n’y a qu’à voir Paris, je t’aime d’Olivier Assayas ou le Paris de Cédric Klapisch pour s’en convaincre.
Premier secrétaire de rédaction : David LANG Photographes : Jean HARIXÇALDE (jean.h@vivreparis.fr), Carolina ARANTES, Jérôme BONNET, Remi FERRANTE, Pauline LE GOFF, Arnaud PAOLETTI, Alain POTIGNON, Thierry VALLETOUX, Laura SURROCA VILARNAU. Ont collaboré à ce numéro : Bérengère ALFORT, Jules ARMAND, Jean-Laurent CASSELY, Jad CHACRA, Marc ELBRACHT, Alain HAIMOVICI, Sandrine LENORMAND, Anne-Solène LESCAILLE, Harriet LYE, Pierre PINELLI, Élodie ROUGE.
Moteur... Le cinoche aime Paname et Paname le lui rend bien. La ville offre à ses habitants la chance pratiquement exclusive de pouvoir s’enrichir d’un cinéma au pluriel. Des salles pleines, des records d’entrées, un foisonnement de festivals et d’événements : partout et toute l’année, les cinémas sont à la fête à Paris. Et les cinéphiles. Avec 376 écrans, tous les quartiers ont leur toile. Des multiplexes aux salles d’art et d’essai les plus confidentielles, chaque spectateur trouve son bonheur. La municipalité met les moyens pour défendre et accroître encore cette offre, mais aussi pour attirer les cinéastes, notamment en facilitant les tournages. Paris en tête d’affiche, c’est une visibilité assurée auprès des touristes du monde entier. La plus belle des cartes postales.
PUBLICITE : CAPITALE RÉGIE 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 58 88 37 00. Directeur de régie : Yann CRABÉ yann.crabe@capitaleregie.com Directrice de publicité : Maeva GRAFEUILLE maeva.grafeuille@capitaleregie.com Chef de publicité : Claire JALMAIN claire.jalmain@capitaleregie.com Responsable administration finance : Olivier BENCHETRIT
Action ! Ville Lumière. Incidemment, l’expression fait sens ! Que de chemin parcouru depuis ce jour de décembre 1895 où Auguste et Louis Lumière organisèrent la première projection publique payante du cinématographe. Aujourd’hui, la 3D révolutionne le septième art, faisant littéralement entrer le spectateur dans la trame du dernier blockbuster à l’affiche. Encore loin du générique de fin, Paris et le cinéma inventent de nouveaux décors à leur histoire d’amour. Et vous, vous avez votre ticket ?
ABONNEMENTS : ABO MARQUE, BAL 314 116, route d’Espagne, 31100 Toulouse. Tél. : 05 34 56 35 62. Fax : 05 62 48 12 63. DISTRIBUTION FRANCE : MLP DISTRIBUTION EXPORT : EXPORT PRESSE VIVRE PARIS est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL au capital de 5 000 € Siège social : 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. / RCS 517 815 908 Gérant : Christophe BONICEL Principaux actionnaires : B&B MEDIA / MAHOGANI SARL
Julien Pénégry Rédacteur en chef
Numéro commission paritaire : 1214 K 90156 ISSN : 2106-9816 Retrouvez-nous sur www.facebook.com/vivre-paris, www.twitter.com/vivreparis
Erratum : dans Vivre Paris n° 5, les recettes présentées en page 96 sont issues de la créativité de Claudia, la chef du restaurant O Corcovado, 7, rue Simon Le Franc, 75004 Paris.
© Trip Fontaine
et bientôt, nos meilleurs adresses sur l’appli iPhone VIVRE PARIS.
IMPRIMERIE : IN PRINT Via Milano, 266 Baranzate (MI) Italie Imprimé en Italie. Photos de couverture : Alain Potignon & Jean HARIXÇALDE
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Sommaire 26
Culture 14 > News
24 > Tendance
Remportez un homme aux enchères / Le duo Les Chanteuses sort son premier album.
Le recyclage a la cote chez les artistes.
20 > Agenda Expo : Brassens vu par Joann Sfar / “Gomorra” sur les planches du Palace.
22 > Paris émois
26 > Portraits Alban Tenebrifer, la compagnie Vatra, Mister Diva et l’homme tatoué : rejouez la parade des monstres !
32 > Rencontre
Arnaud Rebotini : Paris selon Ayo : DJ schizophrène. “J’aime les Parisiens”.
72
En couverture
34
34 > Paris fait son cinéma
Entretien avec Charlotte Rampling, présidente du festival Paris Cinéma / Dans les coulisses d’Intouchables, le prochain film de Nakache et Toledano avec François Cluzet et Omar Sy / Les petits boulots du septième art.
Food&Night Life
94
66
60 > News
70 > Portrait
Le top 5 des couscous / Un bar éphémère ouvre bientôt ses portes.
Gontran Cherrier, le fournisseur des grandes maisons ouvre sa boulangerie.
66 > Rencontre
72 > Enquête
Julien Labrousse, l’ancien noctambule prend un mi-temps et métamorphose le Trianon.
Nouveaux lieux, nouveaux concepts, le thé et le café font leur révolution.
Balades 98
80 > News
94 > Paris d’avant
Des polars 100 % Paris / Un parc tout en plastique envahit l’Observatoire du BHV.
Plongée au cœur des maisons closes parisiennes.
82 > Confidences
Un tour en Angleterre sans passer la Manche.
Nicolas Bedos : “Je me sens blasé de Paris”.
85 > Guide
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Catapultage dans le 13e, un arrondissement en marge.
98 > Le monde à Paris
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Sommaire Mode&Déco
108 > News
Le Salon du vintage / Mister Lëkki remet au goût du jour les mobiles des années 90.
112 > Série Dernier volet d’une série consacrée aux lits les plus fous de la Capitale.
116
116 > Dossier Spécial design : les nouveaux lieux / les objets / les designers qui montent
122 142
Périphéries 138 > News Visite des sous-sols de Pontoise / La truffe dans tous ses états à Neuilly.
140 > Agenda Une table d’hôtes dans un restaurant étoilé / La 56e édition du Salon d’art contemporain de Montrouge / Le festival Chorus.
142 > Reportage
144
132
Visite guidée du premier palace pour chiens de France.
144 > Escapade Le Consulat de la Boirie, votre chambre d’hôtes dans un micro-état imaginaire à deux heures de Paname.
Guides
150 > Restaurants
Vivons heureux, mangeons cachés. Sélection de terrasses planquées.
157
154 > Bars Vus au cinéma : les rades de Klapisch et autres films cultes.
157 > Disquaires Pour dénicher le bon son d’antan, une sélection de survivants.
162 > The Two Nouvelles coqueluches rock-folk, le fils de Jean-Michel Jarre et la fille de Philippe Starck nous lâchent leurs bons plans parisiens.
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Culture
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Un monument au
Grand
Paiais a 4e édition de Monumenta aura lieu en mai et juin au Grand Palais. Après Anselm Kiefer (2007), Richard Serra (2008) et Christian Boltanski (2010), c’est au tour d’Anish Kapoor d’investir les 13 500 m2 de la nef. L’artiste britannique né à Bombay relève le défi et investit l’espace sous les 45 mètres de hauteur de la grande verrière avec une œuvre conçue spécialement pour l’occasion. Elle ne sera révélée au public que le jour de l’inauguration, le 11 mai. En attendant, pour les petits curieux, il faudra patienter et essayer d’imaginer tant bien que mal ce que ce sculpteur de génie a bien pu nous concocter pour l’occasion. Seules informations qu’il a bien voulu laisser filtrer : un seul objet, une seule forme, une seule couleur. Rappelons tout de même que ce sera sa première grande exposition à Paris depuis trente ans !
L
© ANISH KAPOOR DANS LE GRAND PALAIS – SEPTEMBRE 2010. PHOTO FARIDA BRÉCHEMIER TOUS DROITS RÉSERVÉS MONUMENTA 2011, MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION.
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Du 11 mai au 13 juin dans la nef du Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. www.grandpalais.fr
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33 SOIT LE NOMBRE DE PONTS ILLUMINÉS LA NUIT À PARIS.
Le baromètre
DES NOUVEAUX
CONCEPTS
On y croit un peu, beaucoup, pas du tout. Vivre Paris passe les dernières tendances à la moulinette.
Les guides de poche sauce GQ
90%
En mal de bons plans ? Le magazine masculin GQ arrive à la rescousse avec “Quew”, des guides de poche thématiques par quartier. Deux pour l’instant sont disponibles, avec chacun leur couleur : rouge pour le Marais et vert pour Saint-Germaindes-Prés. Une sélection pointue d’une centaine de bonnes adresses vous y attend. Gratuit, bilingue français anglais, disponible aussi sur Internet et sous peu comme application iPhone. www.quew.fr
La grève, on sait la faire, mais sait-on que l’expression trouve son origine place de l’Hôtel de Ville ? Jusqu’en 1830, la place de l’Hôtel de Ville était appelée place de Grève. Les ouvriers, les insurgés, les révolutionnaires avaient alors l’habitude de s’y rassembler pour exprimer leur mécontentement. Ce lieu était également connu pour avoir été la scène de nombreuses exécutions, dont celle de Ravaillac,
LA MINUTE
HISTORIQUE l’assassin d’Henri IV. Quant à l’Hôtel de Ville, dont l’ancêtre était la maison aux Piliers, il fut achevé deux siècles plus tard, sous le règne de François Ier.
La Défense contre-attaque Vous vous sentez un peu perdu au milieu du quartier de la Défense ? “Là pour toi”, une application téléchargeable sur votre smartphone, a été conçue pour vous aider. Interactive et ludique, elle distille infos générales et bons plans. On peut également, via les “contribulles”, apporter ses idées ou faire part de ses besoins. Le hic, c’est que pour le moment les contributeurs manquent à l’appel… www.lapourtoi.fr
40%
Se payer un Jules À l’occasion de la Saint Jules, le 12 avril, le site “Tonjulesauxencheres” sera lancé officiellement. Comme son nom le laisse craindre, il s’agit d’un site de rencontres où vous, Messieurs, mettez aux enchères votre propre personne… Et ces demoiselles de miser sur vous pour vous “remporter”. Euh… comment dire? www.tonjulesauxencheres.com
10%
Brin de folie Princesse du Bénin, ancienne architecte et désormais humoriste… Rien ne semble freiner l’ascension de Naho Da Piedad. Pétillante, extravagante, débordante d’énergie, quelques mots qui résument parfaitement son spectacle intitulé “Follement Folle”. Noire aux formes voluptueuses, cette femme de 36 ans joue à merveille avec son public, qui le lui rend bien. Pendant une heure, Son Altesse dépeint une société pleine de préjugés, balayant avec humour et sans fausseté les sujets d’actualité. Du rire, de la sincérité et des pas de danse rythment ce one woman show du début à la fin. Si bien qu’on ne voit vraiment pas le temps passer. Jusqu’au 2 avril au Théâtre des Feux de la Rampe, 2, rue Saulnier, 75000 Paris. Tél. : 01 42 46 26 19.
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CHOSES QUE VOUS NE
SAVIEZ PAS SUR
LE MONT-DE-PIÉTÉ
• C’est à Pérouse, dans l’Italie du XVe siècle, que le premier “Monte du Pietà” vit le jour à l’initiative d’un moine recollet, Barnabé de Terni. La création du Mont-de-Piété de Paris sera autorisée par Louis XIII en 1637. On la doit à la détermination de l’un de ses médecins, Théophraste Renaudot. • Une dette de jeu contractée par le fils de Louis-Philippe serait à l’origine de l’expression “ma tante”, pour désigner le Mont-de-Piété de Paris. Honteux d’avoir laissé sa montre en gage, François Ferdinand d’Orléans aurait en effet prétexté l’avoir oubliée chez sa chère tata… • C’est par décret, le 24 octobre 1918, que l’organisme de prêt sur gage s’est mué en “caisse de crédit municipal”, actant ainsi la diversification de ses activités. Le Mont-de-Piété de Paris est alors devenu le Crédit municipal de Paris. • Le griffon, ou grype, fut choisi comme emblème par le premier Mont-de-Piété, à Pérouse. Un animal mythologique doté d’un corps de lion, d’ailes et d’un bec d’aigle qui gardait les mines d’or d’Apollon dans le désert de Scythie. Ce cerbère est toujours l’emblème du Crédit municipal de Paris.
Verbiage
Il y a mille et une façons de “manger” dans le lexique parigot. On connaît les classiques “bouffer”, “se goinfrer”, “damer”… Mais encore ? Galimafrer, jaffer, mastéquer, morfiler, tortorer. Bon appétit !
Délire de copines Les Chanteuses se mettent à nu ! Elles le sont, en tout cas, sur la pochette de leur premier album, intitulé avec dérision “Dernier album”. Victoria et Priscilla, les deux bombes incendiaires de ce duo bastonneur, décochent un rock déjanté, irrespectueux et sulfureux. Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par elles. Bonnes joueuses. Mais qui sont-elles ? ’est la guerre. L’une est brune, l’autre blonde. La première hispano-helvète, la seconde parigote. En fait, elles sont les deux meilleures amies du monde, se sont rencontrées en cours de comédie et se sont vite trouvées des passions partagées : la fondue, les douches communes et un appart vers Odéon. Et la musique, dans t o u t ç a ? L’ h i s t o i r e c o m mence avec l’envie de proposer un programme court et décalé pour la téloche, où elles jouent des sketchs entrecoupés de morceaux des Ramonès. De fil en aiguille, elles en viennent
C
à pousser elles-mêmes la chansonnette. Résultat des courses, le titre “Secoue ta tête”. Une écoute aura suffi pour que tout s’enchaîne. Des paroles écrites par un certain Octave Parango, un humour cash, une légèreté assumée et huit morceaux plus tard, une galette. Ni les rockers canadiens de Porn Flakes, ni Jimmy Darling, que l’on retrouve partout, n’ont pu résister à leur charme ravageur. Elles s’amusent de tout et le scandent haut et fort. De “Le Père Noël n’existe pas” diffusé pendant les fêtes de fin d’année (tant qu’à faire) à “Festival de Cannes”, elles n’y vont pas avec le dos de la cuillère en matière de dérision pour se payer la tête des clichés. Alors un conseil : prenez tout ça au cinquième degré. Car pour elles, tout n’est qu’un pur délire de copines. Nos Chanteuses sont vraiment loin d’avoir chopé “La grosse tête”. Disponible chez tous les bons revendeurs.
Ciseaux & tacots Non, vous n’êtes pas dans une boutique de modèles réduits mais chez Bruno, coiffeur de son état. Installé depuis une vingtaine d’années non loin des Grands Boulevards, dans le 10e arrondissement, il vous coupe les cheveux dans ce drôle d’endroit aux murs recouverts de petites voitures, camions et tracteurs. Auparavant, ce sont les nains de jardin et les raquettes qui avaient droit de cité. Lassé, ce grand enfant dans l’âme a finalement choisi de se tourner vers les petits bolides colorés et régressifs à souhait. Les fidèles du salon se prêtent au jeu et certains aident même Bruno à compléter sa collection.
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Philippe le libraire
Oubliez le vendeur de BD carrément geek des Simpson, hautain et dédaigneux. Philippe est sympa, et aime à faire partager sa passion aux chalands du canal Saint-Martin. Après avoir été pâtissier pendant quinze ans, Philippe en a eu marre de ce métier trop physique et routinier. Alors après avoir travaillé dans des librairies du Quartier latin, il décide en 2006 d’ouvrir la sienne. Il ne voulait pas de beaux rayonnages, puisque “ce qui fait ma librairie, ce sont les bouquins ; quitte à ce que ce soit un peu le bordel, autant en montrer le plus possible”. Il a donc flâné, récupéré de-ci de-là quelques meubles, comme ce canapé laissé par l’ancienne locataire – une boutique de lingerie érotique. Chez Philippe, on trouve surtout des BD d’éditeurs indépendants, un grand choix de bons artistes et de beaux livres. Mais aussi quelques CD, un DVD, un tee-shirt… Philippe aime aussi que s’organisent des rencontres avec les auteurs et éditeurs qu’il affectionne, voire même quelques petits concerts. Aux bédéphiles lassés de ne trouver dans les grandes librairies que des blockbusters type Persepolis, on ne peut que conseiller d’aller se balader du côté du canal Saint-Martin, partager leurs coups de cœur du moment et bouquiner sur le canapé de Philippe.
Ça déménage !
Au 27, rue Jacob, les bonnes pages et les belles lettres n’ont pas dit leur dernier mot. Du changement dans l’air. Après avoir accueilli pendant 65 ans les éditions du Seuil, cet immeuble du XVIIIe siècle qui abrita l’atelier d’Ingres voit arriver de nouveaux locataires : les Arènes et L’Iconoclaste, deux maisons d’éditions, mais aussi les revues “XXI” et “6 mois”. Au rez-de-chaussée, c’est la révolution : un espace à livres ouvert, totalement escamotable, a été conçu pour accueillir des écrivains, organiser des débats, des rencontres, des conférences et des expositions. Ouvert à tous, ce lieu pourra se transformer au gré des envies et des événements organisés autour des auteurs et de leurs univers. L’inauguration aura lieu fin mars. Les rats de bibliothèques apprécieront, les autres viendront s’y cultiver pour frimer en société… 27, rue Jacob, 75005 Paris.
Amis de la poésie,
bonsoir !
Le Cercle des poètes est un honnête restaurant aux allures de maisonnée médiévale. Outre la bonne chère, les Rosnay, propriétaires des lieux, aiment partager leur amour de la langue et des mots. Du lundi au samedi, à partir de 22 heures, le Cercle accueille les férus de rimes riches pour un récital hors du temps. Aragon y avait ses habitudes et, depuis la guerre, les plus grands noms de la poésie s’y pressent. Moyennant une modique participation (5 euros), on s’offre en guise de digestif un panaché de litotes, métaphores, oxymores et autres allitérations qui sifflent comme des serpents sur vos têtes. 30, rue de Bourgogne, 75007 Paris. Tél. : 01 47 05 06 03.
Mille bornes Fans de jeux d’arcade, soyez les bienvenus à Néo Legend, dans le 12e arrondissement, un concept store qui a vu le jour il y a quatre ans grâce à trois copains d’enfance, Raphaël, Rémi et Robin. Sur les murs, des œuvres d’artistes indépendants, des affiches et des figurines mangas annoncent la couleur. Les geeks comme les nostalgiques, ont les yeux qui pétillent et les mains qui frétillent dans ce lieu qui leur est entièrement dédié. Ici, on teste et on
achète de splendides machines multijeux tout droit venues du Japon. Près de 2 000 jeux anciens ou récents ont été insérés au cœur de ces engins, des bornes d’arcade classiques, vintage ou ultramodernes. Mais attention, ces consoles grandeur nature ne sont pas accessibles à toutes les bourses. Néo Legend, 71, rue Crozatier, 75012 Paris. Tél. : 01 44 63 06 23. www.neo-legend.fr
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Agenda
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Éternels Shadocks
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pidou !
Après le succès des “Shadocks et Compagnie… en musique !”, venez découvrir ou redécouvrir les p’tits déj musicaux de la Péniche Opéra avec Femmes poupées ou femmes fatales, “Le Retour des Shadocks et Compagnie… les pin-up n’ont jamais cessé de traen musique !” Un spectacle pour tous, vailler l’imagination des grands garçons. une bande dessinée lyrique, des La Gallery Paris propose une rétrospantomimes opératiques, une cantate pective de toutes ces demoiselles, réelles animalière, une boîte à joujou musicale ou fictives, des années vingt aux années et animée… Que vous ayez 7 ou 77 ans, soixante. Cette exposition leur rend venez rire et chanter ! hommage à travers de nombreux portraits Tous les dimanches matin à partir vintage. Dita Von Teese n’a qu’à bien de 11 heures. Face au 46, quai de la Loire, se tenir ! Du 28 avril au 12 mai 2011. 75019 Paris. Tél. : 01 53 35 07 77. 14, rue Charles V, 75004 Paris. www.lagparis.com
Twinkles
© Joann Sfar
On ne présente plus Miss Van, artiste mondialement célèbre issue du street art. Ses œuvres ont été exposées dans les plus grandes galeries de Paris, New York, Los Angeles ou encore Shanghai. Cette fois-ci, la jeune femme innove avec une nouvelle exposition, Twinkles : douze fresques sombres et malicieuses. Saisissante par son univers aux nombreuses facettes, elle revient à l’assaut du public parisien après trois ans d’absence. Du 19 mars au 30 avril 2011 à la Galerie Magda Danysz. 78, rue Amelot, 75011 Paris.
Gare à Brassens
Gomorra Après le film de Matteo Garrone sorti en 2008, “Gomorra” s’installe sur les planches. Tirée de l’œuvre de Roberto Saviano, la pièce contemporaine débarque au Palace. Après avoir été jouée en Italie puis lors du Festival de théâtre de Berlin, elle sera donnée à Paris dans sa langue originale. Que ceux qui ne parlent pas napolitain se rassurent, le spectacle sera sous-titré en français. Du 19 au 30 avril 2011. 8, rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris. www.theatrelepalace.fr
La Cité de la musique tenait à faire découvrir le chanteur moustachu sous un angle inédit. Le dessinateur Joann Sfar et la journaliste Clémentine Deroudille, commissaires d’exposition pour l’occasion, transmettent leur passion pour Brassens à travers un parcours en forêt ludique et didactique. Documents inédits, manuscrits et carnets, archives sonores et télévisuelles, photos, guitares… Le visiteur se promène ainsi de découverte en découverte. Brassens ou la liberté, du 15 mars au 21 août. 221, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris. www.cite-musique.fr
Ça décoiffe Après le triomphe du film de John Waters, Hairspray débarque enfin sur les planches parisiennes. Cet hymne joyeusement subversif à la gloire de la tolérance et de la liberté va souffler son vent de bonne humeur au Casino de Paris. La comédie musicale a réuni des milliers de spectateurs à Londres et à New York. Un succès fou qui ne devrait pas se démentir dans la Ville Lumière. À partir du 26 avril 2011. 16, rue de Clichy, 75009 Paris. www.casinodeparis.fr
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Nomades
2011
Ce festival pluriculturel vous convie durant trois jours à élargir votre palette artistique. Naviguez entre cinéma, chants poétiques, expo photo, récitals de flûte, lectures… Partez à la rencontre d’interprètes aux horizons éclectiques venus pour vous faire vivre des instants festifs et conviviaux. Du 20 au 22 mai 2011 à la Maisonette. 65, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003 Paris.
Stanley Kubrick
© Warner Bros. Entertainment Inc.
La Cinémathèque française met à l’honneur le cinéaste Stanley Kubrick. Deux étages, pas moins, sont consacrés à ce génie du septième art. L’occasion de revenir sur son parcours et les grands films qui l’ont marqué : d’“Orange mécanique” à “Eyes Wide Shut” en passant par “Shinning”. On entre dans l’univers clair-obscur de ce réalisateur hors pair à travers des archives : scénarios, correspondances, documents de recherches, photos de tournages, costumes et accessoires… Du 23 mars au 31 juillet 2011. 51, rue de Bercy, 75012 Paris. www.cinematheque.fr
Gay
attitude
Découvrez Océanerosemarie, ou la vie d’une jeune lesbienne dont personne ne croit à l’homosexualité. À contre-courant des clichés véhiculés, elle aime les femmes, le rouge à lèvres et les robes à fleurs. Du club de foot féminin aux boîtes ultra-branchées, de “L World” à l’inévitable coming out parental, elle dresse le portrait des gens qui croisent sa route et narre sa “lesbiennitude”. Joyeuse et décomplexée, elle vous fera mourir de rire dans ce one woman show qui décape. La Lesbienne invisible, jusqu’à fin juin 2011 au Théâtre du Gymnase. 39, rue du Sentier, 75002 Paris. www.theatredugymnase.com
Robotique Découvrez la nouvelle exposition d’Amatome, alias Franck Fesquet. Pour la première fois, ses droïdes seront exposés dans la Capitale. En façonnant le métal et des objets détournés, cet artiste-sculpteur crée des personnages humanoïdes uniques, entièrement articulables et interactifs grâce à des jeux de lumière. Ces sculptures à l’esthétisme parfait renvoient aux interrogations universelles sur l’ambiguïté de la relation homme-robot. God is a computer, du 18 avril au 7 mai au Cadre d’Olivier. 6, rue de la Cerisaie, 75006 Paris. www.amatone.com
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22 Culture
AYO
“C’est ici que je suis devenue ce que je suis”
Le 7 mars sort son troisième album, intitulé Billie Eve, clin d’œil au terme believe (croire) et hommage à Eve, sa fille née en juillet dernier. La chanteuse allemande s’apprête à remonter sur scène pour plusieurs dates parisiennes. Elle qui vécut à Paris il y a quelque temps se réinstalle pour de bon. Un choix de vie motivé par un amour inconditionnel pour la Capitale. Elle revient, les yeux pleins de tendresse, sur son Paris. Propos recueillis par Julien Pénégry Photo Jean Harixçalde
Avant de quitter New York, j’étais persuadée d’avoir tout vu. J’ai débarqué dans la Capitale comme après neuf mois de grossesse, vraiment prête à accoucher en studio. Et surtout à partager ma musique de façon honnête, comme si je m’adressais à quelqu’un que je connaissais bien.
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J’aime voyager. J’ai souvent la bougeotte, je ne reste jamais bien longtemps dans un pays ou dans une ville. Mais je pense que je vais m’arrêter un bon moment ici car je m’y retrouve. Avant, j’étais toujours en déplacement d’une ville à une autre: une vie totalement psychédélique. Aujourd’hui, j’habite Paris. Paris: la clé d’un moment de ma vie. C’est ici que je suis devenue ce que je suis, sûre de moi. J’ai pu y vivre ma musique, l’expérimenter, trouver ma voix aussi. Je me sens chez moi, à ma place. Dès le début, je me suis sentie complice avec cette ville. J’étais seule, avec ma guitare. Des personnes m’écoutaient et me jetaient de l’argent. Il faut malgré tout être chanceux, ici, pour réussir. L’autre jour, à la gare de Lyon, j’ai aperçu une femme qui dormait sur le trottoir avec ses quatre enfants, ça m’a fait mal au cœur.
Cette capitale offre un vrai melting-pot ; il y a un tel mélange de cultures. Parfois on se trouve dans un quartier et on n’a pas l’impression d’être à Paris. La rue Saint-Denis est un bon exemple, elle est remplie d’afros. Par contre, j’ai horreur du 16e. J’y ai vécu un temps. L’appart’ typique parisien. Mais le quartier est ennuyeux, totalement mort. Je préfère les endroits qui bougent, comme la rue Saint-Denis, Oberkampf... Le centre, ce que les Parisiens appellent la “petite couronne”, j’adore! On peut y marcher tranquille, personne ne vous remarque ni ne vous épie. Et c’est beau... On peut découvrir tellement d’endroits magnifiques ici. Une promenade sur le canal Saint-Martin, c’est magique. Et la mosquée, les guitares, les djembés... L’ambiance est absolument extra. Ma prochaine découverte, c’est le Rosa Bonheur. Tout le monde m’en parle. Je dois absolument y aller. Les Parisiens? Ce que j’aime chez eux, c’est qu’on peut les comprendre avec le cœur. Ils aiment la nature, l’art, le design, la musique. Ils ont le goût des belles choses. Chacun d’entre eux a un visage vraiment différent. C’est selon les quartiers où ils évoluent. Par exemple, dans le Marais, les gens ont l’air plus libres. Je me sens cool, légère dans le 3e. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi d’y vivre. Par contre, quand je prends la ligne 1 pour aller bosser, je suis déjà plus agressive.
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TOMBÉS DANS LE PANNEAU Deux artistes, deux univers, et pourtant une même passion : le recyclage. Pas n’importe lequel, seul le métal les intéresse. Costa et Kidimo. Le premier travaille des panneaux de signalisation et des plaques de rue. Le second s’occupe de lettres qui, dans une autre vie, composaient des enseignes de magasins. Texte : Julia Dusserre-Telmon Photos : DR a folie du métal vous envahit, passez faire un tour à l’atelier Kidimo. Le bonheur est là, à portée de main. Dans cet antre, l’artiste s’échine à donner une nouvelle vie à des lettres venues du monde entier. Composez et décomposez ces lettres comme vous le voulez. Un bon moyen d’apprendre l’orthographe aux enfants ! De toutes les tailles, de toutes les formes, de toutes les couleurs, il y en a pour tous les goûts. Kidimo détourne, assemble et recompose le mot, ou même, pourquoi pas, la phrase de votre choix. Toutes les compositions sont des pièces uniques que vous ne risquez pas de retrouver sur les murs de votre voisin.
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Césarisés Costa, son truc à lui, c’est la mosaïque. Enfin, la mosaïque constituée de panneaux routiers et autres plaques de rues, et même celles du métro parisien. Il les coupe, les scie, les tord et les
assemble sur de la tôle pour en faire des sortes de tableaux. Ne suivez surtout pas la direction indiquée, vous risqueriez de vous perdre ! Autodidacte, il voue une passion à César, duquel il s’inspire pour créer ses pièces. Il détourne même certains panneaux pour en faire des meubles, des chaises, des tables, des guéridons… Un travail sensible et plein d’humour qui donnera sans nul doute une touche de gaieté et de folie à votre intérieur. Même si ce dernier travaille en province, on peut facilement découvrir ses œuvres, régulièrement exposées dans les galeries parisiennes. Ce sera le cas du 17 au 31 mars à… l’atelier Kidimo ! Hé oui, les deux artistes s’associent, avec le concours de la galerie Art Jingle Contemporary et de l’atelier Mirabelle, dans une seule et même exposition intitulée “Métalliques”. Un véritable foisonnement créatif d’art et de vintage. Allergiques au métal, s’abstenir.
Atelier Kidimo, 227, rue Saint-Denis, 75002 Paris.
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