Vivre Paris magazine Eté 2011

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Belgique/Luxembourg 6,50 € - DOM 6,50 € - Allemagne 8 € - Italie 6,50 € - Canada 13,50 $ can - USA 10,50 $ - UK 5 £ - Polynésie 1200 CFP


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› Découvertes › Art de vivre › Sorties › Déco

Édito

Trimestriel - N° 7 - Juin/Juilet/Août 2011

Rédaction : 54, rue de Paradis, 75010 PARIS. Tél. : 01 56 03 50 20. Fax : 01 47 70 51 79. redac@vivreparis.fr Directeur de la publication : Christophe BONICEL Rédacteur en chef Julien PÉNÉGRY Tél. : 01 56 03 50 23 (julien.p@vivreparis.fr). Directeur artistique : Julien BONICEL Tél. : 01 56 03 50 30 (julien.b@vivreparis.fr). Premier rédacteur graphiste : Sébastien LE BOUARD Tél. : 01 56 03 50 28 (sebastien.lb@vivreparis.fr)

L’ART DE VIVRE PARIS

Rédacteur graphiste : Christophe LE BOUARD (christophe.lb@vivreparis.fr)

Un monde.

Rédacteurs : Julia DUSSERRE-TELMON (julia.dt@vivreparis.fr) Jules ARMAND, Kali SYLLA.

“Être parisien, ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître”, déclara Sacha Guitry. Paris, terre de fantasmes, terre de possibles, terre de réussite. Combien de nationalités se croisent ici chaque jour ? La terre entière. Car la ville a cet attrait unique qui fait sa force : on y traverse le monde en vingt arrondissements. Un creuset de mixité, d’origines, de cultes, de langues, de couleurs, de saveurs, qui lui confère son rang de capitale internationale, cosmopolite et respectueuse de tous.

Premier secrétaire de rédaction : David LANG Photographes : Jean HARIXÇALDE (jean.h@vivreparis.fr), Carolina ARANTES, Marie CHAVAROT, Antoine CLAUDÉ, Moland FENGKOV, Pauline LE GOFF, Miguel TEMPLON, Laura SURROCA VILARNAU. Ont collaboré à ce numéro : Bérengère ALFORT, David BÉDART, Margarita CARTERON, David DIBILIO, Marc ELBRACHT, Alain HAIMOVICI, Patrick LE FUR, Harriet LYE, Pierre PINELLI, Élodie ROUGE.

Le monde. La période estivale métamorphose la Ville Lumière. Elle bourdonne de mille accents. Venus de tous les horizons, les étrangers la prennent d’assaut tandis que beaucoup de Parisiens la fuient. Les musées se remplissent, les galeries grouillent, les parcs sont recouverts d’un tapis chamarré de shorts, tongs et autres débardeurs. Paris prend ses quartiers d’été, tout sourire, fière d’être l’attraction la plus visitée au monde. Au centre de toutes les attentions.

PUBLICITE : CAPITALE RÉGIE 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 58 88 37 00. Directeur de régie : Yann CRABÉ yann.crabe@capitaleregie.com Directrice de publicité : Maeva GRAFEUILLE maeva.grafeuille@capitaleregie.com

Notre monde.

Chef de publicité : Claire JALMAIN claire.jalmain@capitaleregie.com

Heureux les irréductibles titis qui refusent de déserter leur ville. Ils savent que ces mois d’été sont le moment rêvé de se réapproprier Paris. Une parenthèse enchantée. Débarrassée de sa tension latente, de l’hystérie ambiante, des frustrations quotidiennes qu’elle génère le reste de l’année, elle devient un paradis sur terre. Le temps est enfin venu de la redécouvrir, si timide mais tellement généreuse, de sentir son cœur palpiter et de l’embrasser à pleine bouche. Une renaissance.

Responsable administration finance : Olivier BENCHETRIT ABONNEMENTS : ABO MARQUE, BAL 314 116, route d’Espagne, 31100 Toulouse. Tél. : 05 34 56 35 62. Fax : 05 62 48 12 63. DISTRIBUTION FRANCE : MLP DISTRIBUTION EXPORT : EXPORT PRESSE

Julien Pénégry Rédacteur en chef

VIVRE PARIS est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL au capital de 5 000 € Siège social : 35-37, rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. / RCS 517 815 908 Gérant : Christophe BONICEL Principaux actionnaires : B&B MEDIA / MAHOGANI SARL Numéro commission paritaire : 1214 K 90156 ISSN : 2106-9816

Retrouvez-nous sur www.facebook.com/vivre-paris, www.twitter.com/vivreparis

Erratum : dans Vivre Paris n° 6, Le trianon a été créé en 1894 et non en 1994 comme indiqué dans l’article page 66. L’article consacré à The English Shop page 104 a pour bonne adresse : 10 Rue Mesnil 75016.

© Trip Fontaine

et nos bons plans sur l’appli iPhone VIVRE PARIS.

IMPRIMERIE : IN PRINT Via Milano, 266 Baranzate (MI) Italie Imprimé en Italie. Photo de couverture : Bruno De Hogues / Getty Images


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Sommaire Culture

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14 > News

24 > Rencontre

Une boutique éphémère / Une agence de doublure / Un mini-centre d’art contemporain.

José Gonzales, le Monsieur Guignol des Champs-Élysées.

20 > Agenda “Hair” reprend du poil de la bête au Palace / Jef Aérosol en performance live place Stravinski.

22 > Paris émoi La Capitale vue par François Morel : “Le 16e à 11 heures, c’est Châtellerault”.

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26 > Portraits Invader, l’homme qui parsème les rues d’adorables petits monstres en mosaïque.

32 > Tendance Pour faire la fête et bien danser, rien de mieux qu’une fanfare.

32 > Reportage Sur les pas des petits rats, dans les coulisses des opéras de Paris.

En couverture

38 > L’art et Paris

Dans l’atelier de Jeanne Champion / Les galeries parisiennes / Portrait du jeune peintre Armand Jalut / Sur les traces des graffeurs / Les dix meilleures expos parisiennes de l’été.

Food&Night Life

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62 > News

70 > Bon plan

Le fromage américain Philadelphia débarque / Un cours de dégustation de café.

Les grands chefs étoilés nous refilent leurs meilleures adresses.

66 > Rencontre

72 > Enquête

Les sœurs de la Perpétuelle Indulgence, des nonnes pas tout à fait comme les autres. Amen !

Ces restaurants qui se décontractent et prennent des libertés avec la tradition. Où manger autrement ?

Balades 82 > News

96 > Découverte

Visite du “Paris criminel” / Le jardin de Gainsbourg, au-dessus du périph’.

Promenade sur les rails de la Petite Ceinture.

84 > Confidences Kitten on the Keys : “Quand je viens à Paris, j’engloutis des tonnes d’huîtres”.

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87 > Guide En vadrouille sur les pentes du 18e.

100 > Le monde à Paris L’Italie à Paname, ça vous Botte ?

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Mode&Déco

110 > News

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Chez Monsieur, un coiffeur pour hommes haut de gamme / Bubblewood, le nouveau concept store ultra-branché.

112 > Architecture Les projets urbains de la Capitale.

118 > Visite Un superbe loft new-yorkais en plein 3e arrondissement.

122 > Intérieur Dans l’intimité du décorateur Oscar Ono.

130 > Style Nos lecteurs prennent la pause au lac Daumesnil.

Périphéries 134 > News

134

138

Un resto où se faire raser en déjeunant / Une serre remplie de papillons qui vous feront tourner la tête.

136 > Agenda Le festival Django Reinhardt / Bernar Venet s’installe à Versailles.

138 > Tradition À la découverte des bords de Marne et de leurs illustres guinguettes.

144 > Escapade Virée à la ferme, à une heure à vol de vache de Paris.

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Guides

148 > Sandwicheries

Pour un déjeuner sur le pouce, sélection des meilleurs sandwichs de Paname.

152 > Bars Pour déguster en toute tranquillité, sélection des meilleurs bars à vins de la Capitale.

156 > Boutiques Pour se vêtir à volonté, sélection des meilleures secondes mains de Paris.

162 > Ali Baddou Le chroniqueur du Grand Journal nous confie ses bonnes adresses parisiennes.


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Contes du

Nord our la première fois en France, le Centre culturel canadien présente la photographe Diana Thorneycroft. La totalité de la série “Group of Seven Awkward Moments” est exposée. Soit une vingtaine de photographies qui ont marqué le milieu artistique au Canada ces trois dernières années. Présente aussi, une sélection d’œuvres d’une série plus ancienne, “The Canadiana Martyrdom Series”. L’artiste offre ainsi au spectateur une vision totalement “dépaysante” du Canada : scènes de genre, paysages, petites histoires enchâssées dans la Grande et martyres de poupées de plastique. Une image inusitée, hybride, iconoclaste d’un pays reconstruit à partir des scènes fantasmées issues d’un imaginaire collectif supposé, un imaginaire débridé où s’entrechoquent faits réels, coutumes, tabous et stéréotypes.

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© DIANA THORNEYCROFT/CENTRE CULTUREL CANADIEN

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Les Histoires Imaginaires de Diana Thorneycroft, au Centre culturel canadien jusqu’au 9 septembre. 5, rue de Constantine (7e arr.). Tél. : 01 44 43 21 90.


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30 VILLES ET VILLAGES PORTENT LE NOM DE PARIS DANS LE MONDE.

Le baromètre

DES NOUVEAUX

CONCEPTS

On y croit un peu, beaucoup, pas du tout. Vivre Paris passe les dernières tendances à la moulinette.

Les textopolitains Je te zieute, tu me zieutes… Parfois, cela peut s’avérer un peu embarrassant dans le métro. Surtout quand votre voisin de droite a la braguette ouverte ou une bonne trace de dentifrice sur la joue. Ou est tout simplement canon! Et la question se pose: comment le lui dire? Un petit textopolitain qui se détache, et hop, le tour est joué. Un message glissé, une conversation engagée et… plus si affinités. Textopolitains, dans la collection Cause Toujours, aux éditions Casterman.

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Lunettes à louer

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Il fait chaud, il fait beau. Le soleil vous éblouit et vous ne vous sentez bien qu’avec une bonne paire de lunettes de soleil sur le nez. De marque bien entendu ! Pas de bol, ça coûte une blinde et votre banquier fait grise mine malgré la chaleur ambiante. Heureusement, grâce à la Fabrique des Lunettes, pour 20 euros par mois vous pourrez changer de lunettes autant que vous voudrez et frimer en toute tranquillité. La Fabrique des Lunettes, 11, boulevard du Temple, 75003 Paris.

The situastionnist Ou comment rencontrer des gens au hasard dans la rue grâce à son Iphone, qui peut désormais tout faire… On vous raconte: vous marchez, vous êtes géolocalisé et, si quelqu’un que vous croisez a comme vous téléchargé cette appli, paf! On vous envoie un message et vous devrez accomplir une mission ensemble. Quelques exemples: demander un autographe à la personne, lui faire un câlin pendant cinq secondes, boire un verre et discuter de la Laponie…Que d’aventures ! Application “Situationnist”, sur iTunes Store.

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“Je ne prends que des femmes de ménage étrangères. Grâce à elles, j’ai pu écouler mes derniers francs” Prière de ne pas confondre avec son quasi homologue imitateur. “Laurent Gérard, Gérard comme le prénom.” C’est ainsi qu’il commence son spectacle chaque soir… Un grand échalas, mince comme une asperge, qui se déshabille au propre comme au figuré. Car oui, son spectacle, il le finit en string. “J’ai récolté un tas de compliments sur mes fesses”, se marre-t-il. À peine plus sérieux : “Une vraie mise à nu, parce que le string, c’est pas ce qui met un mec particulièrement en valeur”. Quinze ans de théâtre derrière lui, une passion pour la scène depuis toujours. Et l’envie qui le chatouille de monter seul sur les planches. Un one-man-show enfin, à la Comédie des Boulevards. Il cultive l’humour avec raffinement, grâce à un auteur entièrement à son service, puisqu’il a écrit lui-même tout le spectacle. Et ça parle de quoi ? Des hommes, de l’homme moderne, de la part féminine des mâles, de la surconsommation de la “normalité” dans notre société, de la vie, de la famille… D’abord et avant, Laurent Gérard veut mettre du sens derrière l’humour, d’autant plus quand celui-ci fait grincer. “On rit toujours d’un truc horrible qui est arrivé à quelqu’un. Le mec qui glisse sur une peau de banane, ça a dû lui faire vachement mal. Nous, on se poile !” Beaucoup d’autodérision et une galerie de personnages plus farfelus les uns que les autres, de la mère raciste et acariâtre au vacancier nudiste du Cap d’Agde en passant par le père de famille marié à tendance bi. Bref, on se marre et ça fait le plus grand bien par les temps qui courent, non ? Laurent Gérard à la Comédie des Boulevards, 39, rue du Sentier, 75002 Paris. Tél.: 0142368524. www.lacomediedesboulevards.com www.laurentgerard.com


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CHOSES QUE VOUS NE

SAVIEZ PAS SUR

LE PONT DEL’ALMA

• L’Alma est un petit fleuve de Crimée (actuelle Ukraine). Nous sommes le 20 septembre 1854 et l’armée de Napoléon III, alliée aux Anglais, a combattu les Russes avec succès. L’Empereur décide d’immortaliser cette victoire à l’occasion de la première Exposition universelle parisienne de 1855 : Il fait construire un pont qui relie l’avenue Montaigne au Champ-de-Mars. • À l’origine, il s’agissait d’un pont à trois arches avec deux piles dans l’eau. Elles étaient décorées de quatre statues de 6 mètres de haut représentant des militaires de chacun des corps de l’armée qui s’étaient illustrés lors de la bataille. Deux sculpteurs travaillèrent sur le projet : Auguste Arnaud (l’artilleur et le chasseur à pied, tournés vers l’aval) et Georges Diebolt (le grenadier et le zouave, tournés, eux, vers l’amont). • Cent ans après son érection, en 1970 exactement, le pont dut être entièrement reconstruit en raison d’un tassement de terrain. Le nouveau pont ne possédera plus qu’une seule pile, et trois des quatre statues enlevées pour réaliser les travaux ne seront pas replacées. Seul le zouave reprendra sa place. • À quoi sert le zouave ? En 1910, la Capitale fut inondée en raison d’une forte crue de la Seine qui dura quinze jours et quinze nuits. Le zouave, impassible, observa la scène les pieds dans l’eau, avant d’en avoir jusqu’à… la bouche, la crue atteignant tout de même 8,52 m. Cette sculpture a dès lors remplacé la croix en pierre installée place de Grève utilisée jusqu’ici comme mètre étalon. La Seine est déclarée en crue lorsque ce brave zouave a les pieds immergés.

Concept éphémère Ouvert il y a quelques mois à peine, le Lieu 37 est une boutique pas tout à fait comme les autres. Tous les mois à peu près, cette boutique change de A à Z. Les collections et les créateurs proposés bougent comme les tendances. Des vêtements, des jouets, des bijoux, de la nourriture, des tableaux, des chaussures… Vous pourrez y trouver tout et presque n’importe quoi ! Et si la ravissante petite robe que vous avez aperçue dans la vitrine il y a une semaine n’y est plus, pas d’affolement, la propriétaire garde toujours la carte de ses exposants. Le Lieu 37, 37, rue des Petites-Écuries, 75010 Paris. www.lieu37.canalblog.com

Débagoulez-vous l’parigot ?

Artiche : porte-monnaie • Avant-scènes (les) : les seins • Biguer : échanger • Calancher : mourir • Flube : la peur.

Remplace-moi si tu peux !

À la bourse des tafs du futur, Johanna et Alain ont certainement flairé un débouché sûr. Leur concept d’Agence internationale de remplacement (AIR) flottait dans l’atmosphère… Impossibilité d’être partout à la fois, peur de s’exposer, besoin de sens, envie de communiquer autrement, de surprendre… Que nous soyons professionnel ou particulier, la possibilité de se faire représenter lors d’une conférence de presse, d’un débat, d’un repas, etc., peut s’avérer utile. C’est ce qu’ont imaginé nos avatAIRs. Comédienne, Johanna Korthals Altes a pris goût à la performance à la faveur des Nuits Blanches en remplaçant l’artiste Olivia Rosenthal le temps d’une lecture. “Je me suis imprégnée

d’elle pour créer une figure.” Alain G i n t z b u r g e r, a s d e l a v o l t i g e AIRienne, pousse quant à lui l’exercice jusqu’à remplacer “à vie” l’artiste Yann Toma. L’idée est moins de servir de doublure que de proposer une extension au sujet. Ce jeu subtil bâti sur l’absence/présence et la représentation échappe à la scène théâtrale. Il s’inscrit dans la vie réelle, chacun se nourrissant de l’autre. “Nous sommes marqués par les remplacements effectués. Cela nous ouvre des pistes. On s’approche d’une personne, d’une pensée, d’une recherche contemporaine.” La prestation est ouverte à (presque) tous, pour peu qu’existe un vrai projet. Payable en pépettes ou en AIRgent (échange de services). agenceair.com/agendair.html

Bobos de merde dans le texte On vous les avait présentés dans le numéro 5 de Vivre Paris. Leur blog est un véritable succès. Les “Bobos de merde” ont sorti un livre qui raconte leur histoire. Mêlant vérité et fiction, il raconte le parcours bobo-parigot des deux énergumènes Benoît et Bixente. Un florilège de tranches de vie drôles et émouvantes par lequel on découvre Paris avec ses bons et ses mauvais côtés. Ou comment devenir un bobo de m… ! Bobos de merde, de Benoît Daragon et Bixente Barnetche aux éditions Privé.


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L’homme du lendemain Micadanses, c’est un lieu de coproduction, de résidence, d’accompagnement des chorégraphes et de spectacles, excusez du peu ! Un lieu dirigé depuis sa création en 2006 par le sémillant Christophe Martin, ancien critique de danse, auteur d’ouvrages, programmateur du festival Faits d’hiver danses d’auteur, à Paris et désormais en Avignon. Notre bonhomme est réfléchi, mais son caractère rond de bon vivant écarte toute aspérité d’intello coincé ou élitiste. Il manie les concepts en une langue simple. Déjà, sa physionomie bonhomme trahit cette truculence. L’art, chez lui, a commencé dès qu’il a su lire, par la littérature donc. Suivirent des études d’histoire de l’art, d’architecture. Or à 20 ans, il tombe amoureux d’une danseuse, qu’il suit en studio. La révélation. “Une question de perception,

un profond contentement, des idées qui ne passent pas par les mots. Et puis les corps, qui peuvent être tant de choses, un instrument intelligent, racé, virtuose, mou, dur… Incroyable !” Le corps et tous les corps l’intéressent. Il accueille des handicapés, sourds, aveugles, atteints de la danse de saint Guy (NDLR : maladie du système nerveux central qui provoque des mouvements involontaires) pour éveiller, émouvoir, apaiser. Il faut dire que son lieu s’y prête : trois bureaux, cinq studios, une cour pavée en plein Marais… “Une bonne pièce va laisser se déposer l’émotion dans la durée et passer par d’autres moyens, sa construction. Là réside l’intérêt de l’art.” En voilà un qui est patient. 6, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris. Tél. : 01 42 74 46 00. www.micadanses.com

Talkin’ ‘bout my générations Une histoire de famille parisienne sur trois générations, qui débute sous l’Occupation et se termine aujourd’hui. Il était une fois la famille Ormen. Le père, la belle-mère, les deux fils et toute leur descendance. Le premier tome sorti en mai commence en 1942 pour s’achever en 1958, en attendant la deuxième partie de cette trilogie. Une plongée dans le Paris en guerre, un Paris oublié, méconnu mais à la fois tellement familier. Entre réalité et fiction, des personnages inventés de toutes pièces croisent des gens célèbres au fil des grands événements de l’Histoire. À découvrir et à dévorer, toutes générations confondues. Saga parisienne, tome I : 1942-1958, de Gilles Schelesser, aux éditions Parigramme.

HAPPY FEW Tous les deux mois, dans un lieu quasi secret, un mini-centre d’art contemporain ouvre ses portes. Pour deux heures seulement et pas un centime. La porte d’un studio donne sur la cour d’un immeuble de la rue du faubourg SaintDenis. La douceur du soir qui décline légèrement. Des garçons et des filles bavardent, une bière à la main. Près du canapé, sur lequel une œuvre de l’artiste Clémence Torres semble tenir étrangement en suspension, une vidéo est projetée sur un mur. On y voit la danseuse Claire-Lise Daucher dans son studio. Il y a quelques mois, c’était Judy Minx, une activiste queer et pro sexe qui trônait nue, au même endroit, en déclamant un poème de Bob Flanagan. Et puis il y a eu les vidéos de l’Américain Ben Aqua, mais aussi Pascal Lièvre, Jessica Forde et bien d’autres. Qu’est-ce qui réunit tous ces gens-là ? Un concept simple :

CARTE. Entre édition et exposition, ce mini-lieu d’art contemporain s’ouvre tous les deux mois à des artistes, comme un terrain de création. CARTE, c’est une carte de visite : celle de Mathieu Cénac et David Desrimais, à l’initiative du projet, et celle des artistes invités. Chaque CARTE est éditée à cent exemplaires non signés, non numérotés, pour une diffusion originale. Pourquoi une carte ? Parce que c’est le seul format gratuit ; on l’échange, on la donne. Elle permet aux artistes d’y présenter leurs travaux avec les contraintes qui y sont liées. Enfin, CARTE, c’est une histoire de copains, celle de David et Mathieu. Chacun invite l’artiste de son choix, ce qui fait que chaque édition est différente de la précédente. Par son originalité et son petit côté secret, CARTE offre un joli moment de partage, bien loin des enjeux financiers du monde de l’art. www.carte-revue.com

La Corse vue par le photographe de Vivre Paris Un de nos collaborateurs vient de publier “Paysages de Corse”, ouvrage qui, comme son nom l’indique, est consacré à cette île pleine de charme de la Méditerrannée. Jean Harixçalde vous entraîne sur les plages paradisiaques, les paysages de montagnes ou de verdure et vous fait découvrir des lieux uniques et secrets. Paysages de Corse, de Jean Harxiçalde aux éditions du Chêne.


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Agenda Les étés de la danse Ce festival dédié à la danse accueille cette année le Miami City Ballet, la troisième plus grande compagnie aux États-Unis, pour 17 représentations et autant de programmes différents. L’occasion de découvrir un corps de ballet et des solistes de réputation internationale. Du 6 au 23 juillet au Théâtre du Châtelet. www.lesetesdeladanse.com

Cinéma

au clair de lune Assis en plein air avec comme seul toit le ciel étoilé, les yeux rivés sur l’écran, voilà la recette cinéphile de l’été. Les amoureux du septième art seront au rendez-vous de cette 10e édition pour voir ou revoir les films qui éclaireront la Ville Lumière. Du 4 au 22 août. Programme à consulter sur : www.forumdesimages.fr

Festival Paris Hip Hop La Quinzaine Hip Hop s’implante dans la Capitale avec plus de 30 événements artistiques. C’est le rendez-vous incontournable de cette culture née de la jeunesse urbaine. Il ne vous reste plus qu’à vivre au rythme des basses pendant 15 jours. Du 20 au 4 juillet. www.paris-hiphop.com

© Roysten Abel

Quartier d’été Ce festival pluridisciplinaire et poétique fêtera ses 21 ans du 14 juillet au 15 août. L’occasion de venir se baigner dans les paroles et les performances de pas moins de 150 artistes venus du monde entier pour vous faire voir et revoir des œuvres autrement, dans la cour d’honneur des Invalides. L’occasion également de revisiter ces paroles de la Marseillaise : “Liberté chérie, combats avec tes défenseurs”… Paris quartier d’été, du 14 juillet au 15 août. www.quartierdete.com

Jef Aerosol

L’artiste pochoiriste réalisera sa plus grande œuvre sur la place Stravinsky, marquant ainsi le lancement de la manifestation “MURS4MURS”. Intitulée “Chuuuttt !!!”, cette fresque de 350 m2, forte et accessible immédiatement, nous invite à réfléchir sur le bouillonnement parisien, ainsi que sur les nuisances sonores. Non sans un brin d’ironie et de provoc. Jef et quatre assistants réaliseront à la bombe le travail de peinture du 11 au 16 juin. Inauguration officielle le 18 juin à 10 h 30.

Tous

à poil Les chevelus reviennent sur le devant de la scène au Palace à partir du 17 juin. Associée au Sidaction et à la Fondation Pierre Bergé, la comédie musicale Hair revisite l’esprit contestataire des années 1970 avec le même message universel de liberté. Au Palace, 8, rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris. Tél. : 08 99 56 46 69.


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© Benoît Gasquet

Festival

Silhouette 10 ans ça se fête ! Le premier festival de courts métrages a grandi. Il a gagné en confiance et a fait sa place dans la vie culturelle parisienne. Pour célébrer l’événement, l’association programme une édition haute en couleurs avec une rétrospective de neuf années de courts métrages, des nouveaux films issus de leur programmation, des expositions et de nombreuses animations. Du 27 août au 4 septembre, au parc des Buttes-Chaumont et au 104. www.association-silhouette.com

Designer’s days Pour sa onzième édition, Designer’s Days rassemblera une fois de plus les plus grands noms du design mondial à travers les showrooms, magasins et workshops de la Capitale. Thématique choisie cette année : la conversation. Les échanges, les mélanges, les confrontations, le partage et l’entrée en société seront à l’honneur, soulignant que le design, comme tout art, est un langage à part entière. Du 16 au 20 juin. www.designersdays.com

Cycle estival du Quai Branly Dans le cadre d’un cycle anniversaire faisant “l’éloge de la lenteur”, le jardin du musée accueille jusqu’au 4 septembre les six campements du dispositif NOMAD imaginé par Léopold Banchini. Un été riche d’événements. 37, quai Branly, 75007 Paris. Tél. : 01 56 61 70 00. www.quaibranly.fr

Solidays Comme chaque année, Solidays vient mettre du baume au cœur et aux oreilles. Le festival accueil-lera plus de 80 concerts sur 3 jours et 5 scènes : 200 artistes dont Katerine, Cold War Kids, Pete Doherty, IAM, Stromae, Moby, Cocoon… Les pass 2 et 3 jours sont déjà écoulés, ruez-vous sur les places jours et nuits ! Le 24, 25 et 26 juin à l’Hippodrome de Longchamp.


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François

MOREL

“Je regarde toujours Paris avec les yeux d’un provincial”

La BO du Chat du rabbin de Joann Sfar, c’est lui. Le dernier album de Juliette, c’est encore lui. Trois chansons enregistrées pour l’expo “Brassens ou la liberté” à la Cité de la Musique, c’est toujours lui. C’est justement là que nous nous sommes retrouvés. Celui qui tous les vendredis à 7 h 55 assène un billet d’humeur pince-sans-rire sur les ondes de France Inter a quitté Paris pour la tranquillité de la campagne proche. Un choix volontaire et assumé. Il reste pour autant très attaché à Paname. Regard d’un homme qui est monté à la Capitale. Propos recueillis par Julien Pénégry Photo Miguel Templon

Le simple plaisir de traverser la Seine, c’est du bonheur. Le paysage est sublime, les bâtiments sont magnifiques. Avec un peu de chance, le soleil se reflète dans l’eau et ça rend l’atmosphère magique. C’est parmi les endroits les plus beaux que je connaisse. J’ai été pion avant d’être comédien. Je traversais les ponts de Paris vers 7 heures du matin, la lumière était splendide.

Je dois avouer qu’il n’y a aucun endroit auquel je suis fidèle. Je rate donc beaucoup de choses. Mais ce n’est pas forcément de ma faute. Je pense que si j’habitais à La Rochelle, je verrai plus de spectacles qu’à Paris. Ici, tout est compliqué. Si on veut aller voir quelque chose à Chaillot, autre chose aux Bouffes du Nord et pour finir découvrir la dernière production à la Colline, il faut un peu s’organiser, prendre des abonnements partout. En province, un seul suffit, on peut voir beaucoup plus. Même avec les gens que l’on aime, il faut se séparer pour mieux se retrouver. Il en est de même pour Paris. Si je devais y vivre, il me faudrait la possibilité de m’en écarter. J’ai donc décidé d’habiter un peu en dehors. J’aime l’équilibre entre les deux. Je serais très malheureux si je vivais uniquement à la campagne et, inversement, je le serais tout autant si je devais ne pas voir un arbre et faire un bon gueuleton avec des copains au soleil. Je me suis installé à 20 bornes de Paris, à côté de la forêt de Montmorency. C’est fou quand on y pense, je ne me souviens jamais de la ligne de RER à prendre et pourtant je l’utilise tous les jours. Ça cache peut-être quelque chose... Je circule beaucoup en voiture. Ce n’est pas l’idéal, mais tellement pratique. Quand je reprends mon spectacle de chansons, cela me permet les réécouter et de les réapprendre. Comme je souhaite que personne ne me voie en train de chanter mes chansons... C’est un peu narcissique, non?

Je trouve que souvent, quand il y a des Parisiens qui descendent en province, ils disent “qu’est-ce que c’est triste ici cette ville, je ne pourrais pas habiter là”. Moi, quand je traverse Paris, il y a plein de quartiers et d’ arrondissements où ce n’est pas non plus trépidant. Le 16e à 11 heures et demie, c’est Châtellerault. Un peu prétentieuse, souvent futile, mais malgré tout belle. Elle se donne des airs, elle est à la mode, elle croit décider de la mode, elle regarde de haut le monde ou au moins la France. Donc un peu agaçante. Une des choses que je déteste le plus au monde, c’est l’arrogance. Et elle l’est dans certains quartiers. Souvent virevoltante pour pas grand-chose. Cela m’amuse d’être pris dans ce tourbillon de futilités, du moment où je peux aller regarder mes arbres. Je ne suis pas blasé par Paris, c’est une ville que je continue à aimer. François Morel est sur la scène du Théâtre du Rond-Point jusqu’au 27 juin, où il entonne son dernier album “Le soir des lions”.


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