Année 11 - n° 221
29 mai 2018
www.ledireetlecrire.com
Détenues Niniovitch II, novembre 2014, Roanne © Bettina Rheims
Encouragée par Robert Badinter, la photographe Bettina Rheims a réalisé en 2014 une série de portraits de femmes incarcérées, intitulée « Détenues ». Ce projet, soutenu par l’administration pénitentiaire, confronte l’univers carcéral avec celui de la création artistique ; dans un dialogue complexe, il interroge la construction et la représentation de la féminité dans les espaces de privation de liberté et d’enfermement. Le château de Cadillac, près de Bordeaux en Gironde, a été de 1818 à 1952 un lieu d’incarcération de femmes
De ces rencontres, volontaires, sont nés des portraits saisissants qui nous renvoient au regard que nous portons sur la détention. ⧫ Après Paris, l’exposition de Bettina Rheims se tient du 1 juin au 4 novembre 2018 à Cadillac en Gironde
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Le dire et l’écrire
Les Bouillons d’Angers Des livres pour l’été et de la musique à danser
Livres
Camille Claudel de Colette Fellous … Pour bâtir ce voyage vers Camille Claudel, Colette Fellous a multiplié les recherches, accédé aux archives, observé sans répit les œuvres, convoqué les heures claires et les jours noirs. Un livre choral qui donne un nouvel éclairage au « cas Camille ».
Mémoires 1 et 2
L’été est tout proche. Il est temps de préparer quelques bons livres qui sauront baliser ces heures longues qu’offrent les jours vacants. Nous vous invitons à une plongée intense en littérature avec des auteurs qui embarquent, surprennent ou provoquent, tout en nous touchant par leurs histoires et leur style. Une dizaine d’ouvrages, nos récents coups de cœur, vous seront présentés, prêts à glisser dans vos valises. Et pour terminer la saison en gaîté, après le buffet, vous aurez plaisir à danser avec le joyeux groupe Kam Digamn. Vive les vacances !
Le 14 juin 2018 à 19h30 au QUAI (Cale de la Savatte - Angers) ⧫
de Simone de Beauvoir Le tome I contient : introduction, chronologie, note sur la présente édition ; Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge, La Force des choses (première partie) ; Autour des œuvres de Simone de Beauvoir : extraits du Journal, notes et documents ; notices, notes et variantes. Le tome II contient : chronologie ; La Force des choses (deuxième partie), Une mort très douce, Tout compte fait, La Cérémonie des adieux ; Appendices : entretiens et conférence ; Autour des œuvres de Simone de Beauvoir : extraits du Journal, notes et documents ; notices, notes et variantes ; bibliographie, Index.
Détails de Marcel Cohen Détails, qui s'inscrit dans le prolongement de la trilogie des Faits (publiée entre 2002 et 2010), témoigne une nouvelle fois chez l'auteur, mais sous un angle légèrement différent, du sens tout à fait unique de l'observation, de l'introspection et de l'Histoire. En faisant du détail d'un paysage, d'une situation, d'une oeuvre d'art, l'essentiel, il renverse le point de vue habituel et réveille singulièrement le regard et la pensée de son lecteur.
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Le dire et l’écrire
Livres
Fraternités de Philippe Papin Un vieil homme s’en retourne au Vietnam, son pays natal, afin de comprendre les drames de son histoire familiale et personnelle. Ni autochtone, ni colonial, c’est lui, Do Thai de son nom de guerre, le Juif français persécuté qui a rallié le communisme avant d’achever sa course en paria du Parti.
Présentation
(http://www.petite-egypte.fr/portfolio/les-fraternites/)
Le vieil homme qui raconte son histoire est un Juif français né à Hanoi, où il a grandi en marge de la société française d’Indochine. En 1940, avec l’établissement de « Vichy sous les tropiques », sa famille est persécutée, son frère meurt, ses parents sombrent dans la prostration. A l’après-guerre, par ressentiment, par dégoût de voir la colonie se réinstaller, et surtout par affection envers les habitants d’un pays qu’il considère comme le sien, il rejoint la révolution vietnamienne. Il fraternise avec l’ennemi et, sous le nom de « Do Thai » (« Juif » en vietnamien), rejoint le maquis d’Hô Chi Minh. Mais, là, rien ne se passe comme il l’avait imaginé. Il se fait d’abord rééduquer dans un centre de formation, puis on l’oblige à s’ensanglanter les mains dans une brigade chargée d’imposer la réforme agraire dans un
village. Il devient « cadre » du Parti, la position la plus enviée mais qui exige une dureté qu’il ne possède pas. En 1954, il devient directeur d’une maison d’édition chargée de la propagande. Très vite, ses illusions s’envolent. En 1956, non sans scrupule, il passe du côté de la dissidence des « Cents Fleurs ». Quand celle-ci est réprimée, il est expulsé, échoue en Tchécoslovaquie puis, dix ans plus tard, après le vote de la loi sur l’amnistie des « traitres », arrive en France pour la première fois. Il s’y ennuie à mourir. Et c’est à la fin de cette étrange existence qu’il entreprend le voyage qui fait la trame de ce roman et lui permet de découvrir pourquoi et comment il a été protégé pendant des années par un dignitaire du Parti, Lê Van Bao, qui a veillé sur lui pour des raisons de fraternité, au sens propre du mot.
Pff ! ça sert à quoi la poésie ?! de Jean-Marie Henry, Alain Serres & Laurent Corvaisier
Note de lecture de Régine de la Tour Est-ce qu’un poète peut tomber en panne de poésie ? interroge Jules, 11 ans ? Vous trouvez ça vraiment actuel de faire de la poésie ? demande Tom, 12 ans. « Les poètes connaissent-ils leurs poèmes par cœur ? » Dans cette anthologie pour enfants, la trouvaille de Jean-Marie Henry et Alain Serres c’est, qu’au-delà du choix des textes, ils donnent la parole aux enfants et aux poètes qui tentent de répondre à leurs interrogations aussi impertinentes que spontanées. Véritable initiation à la découverte des mystères et des merveilles de la poésie, le recueil est organisé autour de trois thèmes : « La poésie est-elle vraiment utile ? » ; « Ça se fabrique comment, un poème ? » et ... [la suite]
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Le dire et l’écrire
Livres
Le chagrin d’aimer de Geneviève Brisac … Ma mère ne voulait rien savoir de son passé. Il a fallu que j’enquête et que je l’invente. Que je trouve les mots pour la retrouver. C’est ce livre, Le chagrin d’aimer. Je suis passée par la cour du roi de Grèce et par les collines de Fiesole. Par un atelier d’écriture, une maison de retraite, plusieurs voitures, un supermarché, des quantités de paquets de gauloises, une machine à écrire. Autant de circonstances, par-delà les guerres, les destructions, les irrémédiables pertes, où ma mère se battait avec ce qui fait la vie ordinaire : la nourriture, l’argent, le travail, l’amour. J’ai tenté d’en savoir un peu plus sur elle, sur moi. Chemin faisant, j’ai compris que ce n’était qu’un début. » G. B.
Raffut
Winter is coming
Vie de David Hockney
de Philippe de Jonckheere … Dans ce roman autobiographique, Philippe De Jonckheere relate la façon dont, peu à peu, le déroulement des faits se reconstitue, et retrace l'enchaînement des procédures qu'il doit accomplir, jusqu'à la confrontation au tribunal lors du procès en comparution immédiate intenté au jeune agresseur d'Emile. Il décrit les sentiments et les questions qui l'étreignent, passant de la colère à l'empathie, de l'appréhension à l'indulgence, en essayant toujours de mettre de côté ses a priori pour comprendre où se situe la complexe vérité des paroles, des actes, et de leurs conséquences ...
de Pierre Jourde … Un des trois fils de Pierre Jourde, Gabriel, est mort à vingt ans. Le récit évoque la dernière année de ce jeune homme plein de charme et de joie de vivre, doué pour les arts plastiques et la musique. La figure radieuse de « Gazou » hante le récit de la maladie : les anecdotes du bonheur enfui ponctuent l'élégie. Un texte poignant sur le deuil et l’amour paternel.
de Catherine Cusset « Peut-être n’éprouveraitil plus jamais de passion comme celle qu’il avait sentie pour Peter, peutêtre n’y aurait-il plus d’union parfaite, mais il restait la perfection de l’amitié, la beauté des cyprès sur les collines et la joie que donnait le travail. Et s’il oubliait Peter, s’il réussissait à vivre sans lui, ce dernier ne reviendrait-il pas ? Personne n’était attiré par la tristesse et la mélancolie. Mais par la gaieté, la force, le bonheur, oui. »
Les « oubliées » de Mai 68 Des livres, pas si nombreux que cela, sur les femmes en Mai 68
Et aussi quelques livres pour raconter Mai 68 aux enfants Et les autres livres sur ceux et celles qui ont fait Mai 68
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Le dire et l’écrire
Livres
Ils nous ont quittés
Philip Roth 1933- 2018 Hével de Patrick Pécherot
Dans l’épaisseur de la chair
… 2018. Gus se confie à un écrivain venu l’interroger sur un meurtre oublié depuis soixante ans. Il se complaît à brouiller les cartes et à se jouer de son interlocuteur. Quelles vérités se cachent derrière les apparences ? Mémoire et mensonges s’entremêlent dans le dédale d’une confession où tout semble illusoire, fuyant, incertain …
de JM Blas de Roblès C’est l’histoire de ce qui se passe dans l’esprit d’un homme. Ou le roman vrai de Manuel Cortès, rêvé par son fils – avec le perroquet Heidegger en trublion narquois de sa conscience agitée. Manuel Cortès dont la vie pourrait se résumer ainsi : fils d’immigrés espagnols tenant bistrot dans la ville de garnison de Sidi-BelAbbès, en Algérie, devenu chirurgien, engagé volontaire aux côtés des Alliés en 1942, accessoirement sosie de l’acteur Tyrone Power – détail qui peut avoir … Rappel
Il y a 70 ans Le « Refus global »
Un dossier
Documents sonores Vous avez manqué les Assises Internationales du Roman Lyon 21-27 mai 2018
Avec l’aimable autorisation des organisateurs de « AIR 2018 », écoutez sur notre site les 18 documents des différents sujets abordés pendant les 7 jours du festival
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Le dire et l’écrire
L’agenda
Articles
Mai 68, vu de Beyrouth Mai 68, encore et encore Par Farouk Mardam Bey On se rappelle probablement du discours prononcé le 29 avril 2007 par un certain Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République, dans lequel il se proposait, s’il était élu, d’« effacer les séquelles de Mai 68 ». La première, selon lui ou plutôt selon sa « plume », était le relativisme intellectuel et moral, qu’il interprétait comme le refus de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le beau du laid ; la deuxième, la haine du pouvoir, quel qu’il soit, au sein de la famille, de l’école, de l’entreprise, de toute institution sociale ; la troisième, l’individualisme forcené et ce qu’il
charrie : l’égoïsme, l’hédonisme, la recherche du plaisir immédiat, libre de toute entrave. Le futur président n’hésita même pas, ce jour-là, lui l’admirateur de Reagan et de Thatcher, à considérer le triomphe du capitalisme sauvage dans les années 80 comme l’une des conséquences de Mai 68 ! On pouvait déjà à l’époque déceler aisément les ingrédients de
cette soupe indigeste : la critique par Luc Ferry et Alain Renaud de l’ainsi nommée « pensée 68 », l’analyse par Gilles Lipovetsky de la société postmoderne qui se caractériserait par un néo-individualisme de type narcissique, à quoi s’ajoutaient des éléments de la diatribe de Régis Debray contre ses anciens camarades, gauchistes assagis, par laquelle il justifiait son ralliement à François Mitterrand. La mode était depuis . …. [la suite]
Juin 2018
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