Le Dire Et L ecrire 285

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Compte tenu des mesures sanitaires prises par les autorités françaises, toutes les manifestations, rencontres, formations sont annulées ou reportées à une date ultérieure. Pour les manifestations à l’étranger, des mesures similaires peuvent avoir été prises. Se renseigner auprès des organisateurs.


13 è année - n° 285

17 mars 2020

www.ledireetlecrire.com

À l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale célébrée chaque année le 21 mars

Une conversation inédite avec

Toni Morrison Romancière et essayiste Toni Morrison est décédée en août dernier. Elle aurait eu 89 ans le 18 février 2020.. En avril 2017, elle a accordé un entretien à Sarah Ladipo Manyika et Mario Kaiser, entretien publié en juin 2017 sur le site anglophone GRANTA.. Cet entretien est resté inédit en Français jusqu’à sa publication en février 2020 par le site AFRICULTURES. Lire aussi la tribune de Leila Slimani (page 2)

Toni Morrison, prix Nobel de littérature, parle ici de la condition blanche, du rôle de l’artiste, et de la tension entre la mémoire et l’oubli.  L’intégralité de la conversation


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Le dire et l’écrire

Une tribune de Leila Slimani L’écrivaine franco-marocaine revient, dans une tribune au « Monde » (le 10 novembre 2018), sur l’échange entre un ancien combattant et le Président de la République. Le 6 novembre, à Verdun, un vétéran s’est adressé au président Emmanuel Macron en demandant : « Quand mettrez-vous les sans-papiers hors de chez nous ? » On notera l’élégance et la subtilité de la formulation. Ce vétéran, je le connais. Ou plutôt, je le reconnais. Cette voix amère, ce ton aigre, cette façon hautaine de cracher les syllabes lorsqu’il dit « sans-papiers ». Tous les métèques de France vous le diront, tous les Arabes, les Noirs, les sans ou avec papiers vous le confirmeront : ces propos sont de plus en plus courants. Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui marmonnent sur notre passage. Ceux qui, dans le bus, trouvent qu’il y a trop de gens de couleur, qui se plaisent à répéter que leur France a changé. Ceux qui humilient, qui bousculent, qui insultent, qui refusent de vous servir, qui éructent contre l’islam. Qui se plaignent du « grand remplacement », du « cheval de Troie ». Qui nous invitent à « rentrer chez nous » quand chez nous, c’est ici. A cette question, le président a répondu que ceux qui ont droit à l’asile seraient accueillis mais que « ceux qui peuvent vivre librement dans leur pays doivent être reconduits ». « J’aime votre réponse », a plastronné notre généreux vétéran. Pourtant, il me semble qu’Emmanuel Macron aurait pu défendre avec plus de vigueur et de froideur ceux que cet homme rêve de mettre dehors. Il aurait pu lui répondre sèchement qu’on ne parle pas ainsi des gens en les résumant au vocable « sans-papiers ». Il aurait pu lui dire, puisqu’il faut défendre la « pensée complexe », que l’immigration est une question ô combien complexe parce qu’elle est humaine, douloureuse, existentielle. Il aurait pu lui rappeler que lesdits « sans-papiers » ne sont pas sans visage. Ils ne sont pas des figures abs-

traites sur qui on peut allègrement se défouler. Ils sont étudiants, nounous, chefs cuisiniers, chercheurs en sciences sociales, écrivains, gardes-malades, parents, enfants, soutiens de famille. Qui prend leur défense face au discours nauséabond ? Qui s’inquiète qu’ils soient poursuivis, méprisés dans un pays où pourtant ils s’intègrent, travaillent, aiment et tentent de survivre ? « On va continuer à faire le travail », dit le président. Pendant ce temps, ce sont tous ces immigrés qui continuent à faire le travail, jour après jour, année après année, et tout le monde le sait, et ferme les yeux sur l’exploitation dont ils sont l’objet. Vivre librement ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Vit-on librement quand on vit sans dignité ? Vit-on librement quand on a faim, quand on n’a pas d’hôpitaux où se soigner, quand les écoles où l’on inscrit ses enfants n’ont pas de toilettes, pas de tableaux noirs ? Vit-on librement quand on n’a pas d’espoir, pas de droit de manifester, de s’exprimer, de vivre sa sexualité ? Vit-on librement en Afghanistan, pays vers lequel tant de « sans-papiers » continuent d’être expulsés, voyant leur destin basculer dans l’horreur ? Posons-nous la question : dans combien de pays d’Afrique vit-on aujourd’hui en homme et en femme libre ? Partir fait partie de la vie des hommes. Comme on quitte la province pour rejoindre Paris, comme on fuit l’ennui et la désespérance, on quitte son pays pour d’autres horizons. Personne ne devrait mépriser le droit légitime de chacun à rechercher le bonheur. Personne ne devrait avoir le droit de parler avec légèreté ou condescendance des exilés, des travailleurs de l’ombre, des invisibles qui n’ont peut-être pas de papiers mais qui ont des droits. Et le premier d’entre eux est celui d’être respecté, regardé dans les yeux. Et défendu.


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Le dire et l’écrire

Des livres

Parution prévue le 2 avril 2020

Devenir biographe - Prêter sa plume pour

écrire la vie des autres

Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard (Editeur : Chronique Sociale)

Ce livre répond aux questions au fur et à mesure qu'elles se posent au cours de la réalisation d'une biographie, depuis le premier contact avec le client jusqu'à la publication, quel que soit le mode de publication (tapuscrit, autoédition, édition grand public). Les auteures commencent par proposer de mettre en place un outil du biographe le carnet de bord. Elles font ensuite une incursion dans ce que l'on appelle aujourd'hui le champ biographique pour y situer « la biographie familiale » qui est plus particulièrement l'objet de ce livre. Elles cernent les profils des personnes qui souhaitent devenir biographes et ceux des personnes qui font appel à un biographe. Elles entrent ensuite dans le concret du métier avec l'entrée en relation, le recueil du récit, les outils de la transcription et leurs différents impacts, les questions de la vérité, de la mémoire et de la transmission, les effets du récit sur le client et le biographe. À partir de la question : quel biographe voulez-vous être ? Elles traitent des notions de posture, de cadre, de déontologie et d'éthique. Elles passent ensuite à toutes les questions liées à l'écriture du récit ? : structure du texte, temps de la narration, narrateur, etc., celles liées aux méthodes du travail et de validation avec le biographé, comment finir le texte et comment finir la relation. Dans la dernière partie, elles examinent les questions liées à l'édition, les questions juridiques et l'aspect commercial du métier. Celles aussi de la formation continue indispensable si l'on veut rester un biographe compétent-. Tout au long du texte des témoignages de biographes, des propositions d'écriture, des présentations de cas, des suggestions pour un carnet de bord viennent émailler leur propos.


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Le dire et l’écrire

Des livres pour les malvoyants mais pas que...

« l’enregistrement de livres pour des non-voyants » Véronique Leroux-Hugon Conservateure des bibliothèques. Membre de l’APA (Association Pour l’Autobiographie) et du comité de rédaction de la Faute à Rousseau. Boulimique de lectures et notamment d’autobiographies

Ma page de lecture Comme d’autres font leur gymnastique je me livre à un exercice quotidien dont j’apprécie les bénéfices secondaires : en l’occurrence, il s’agit ici de l’enregistrement de livres pour des nonvoyants. La technique d’enregistrement a été mise au point par la Bibliothèque Sonore de Paris, avec le recours à un logiciel très simple, qui permet à tout moment de corriger, effacer et vérifier le projet en cours. La base de données de ces enregistrements constituée par la BSP représente un fonds considérable de livres dans lequel puiser, permettant des écoutes d’ouvrages dans tous les domaines pour les personnes habilitées à se les procurer. C’est aussi un réservoir dans lequel puiser des suggestions de lectures. Une fois l’enregistrement effectué, il est validé par une équipe attentive à sa cohérence et à sa qualité C’est de ma pratique personnelle qu’il sera question ici. L’idée m’en est venue après avoir observé une personne proche qui dans les années 70, copiait des livres sur une machine spéciale qui imprimait des caractères en braille sur de longues feuilles de carton en accordéon. J’ai gardé le souvenir de cette besogne fastidieuse, très lente mais qui était alors sans doute inventive et utile. Revenons au contemporain, à commencer par le choix des livres lus. Toute latitude est laissée au lecteur bénévole pour proposer un titre et ce choix personnel est certes subjectif mais très stimulant. Pour ma part je me régale à l’avance de proposer tel ou tel livre, en établissant avec gourmandise des listes de titres « à enregistrer », basées sur l’intérêt qu’on escompte de cette lecture. ... (l’intégralité du texte)

La vocation première d’une bibliothèque sonore est de faciliter l’accès à la lecture et aux contenus d’ouvrages écrits à des personnes ayant des difficultés dans ce domaine. Elle se destine donc prioritairement à des publics mal-voyants ou non voyants, mais encore à des publics handicapés moteurs pour lesquels l’acte de lire peut être compliqué voir impossible. Le site

Audiolib est une maison d'édition de livres audio fondée en 2008.

Nous souhaitons renouveler l'image du livre audio de langue française, et donner envie d'essayer cette nouvelle forme de lecture à un très large public, grâce à un choix de livres actuels - parmi les plus lus, à des lecteurs de grande qualité, un format moderne, un prix attractif. … Le site Des Livres à Lire et à Entendre est une association loi 1901, qui a pour objet de faciliter l’accès de tous et en particulier des non-voyants et malvoyants aux joies de la littérature. Le site

Écoutez un roman, une nouvelle, un poème d'auteur classique ou contemporain. Découvrez notre catalogue de livres audio à télécharger gratuitement et légalement. Parce que la culture doit appartenir à tous ... Partageons-la ! Le site


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Le dire et l’écrire

Des livres

Frank Sinatra : Une mythologie américaine Steven Jezo-Vannier

Des routes Carole Zalberg et Anne Gourouben Tout commence par une pierre qu'une enfant trouve, oubliée dans un tiroir. Pourquoi un caillou anodin a-t-il pris place parmi les bijoux de sa mère ? La mère alors lui raconte le souvenir d'Azria, une réfugiée débarquée un été sur une plage au beau milieu des touristes en villégiature. Carole Zalberg sait trouver les mots pour évoquer, avec grâce et simplicité, l'un des sujets les plus brûlants de l'Europe d'aujourd'hui. Alternant le dialogue mère-fille et le monologue d'Azria, Des routes met en évidence la difficulté d'expliquer et de justifier notre indifférence face à ceux qui ont tout quitté pour tenter d'échapper à la terreur ou à la misère. Les dessins d'Arme Gorouben qui, de 2015 à 2016, a longuement rencontré les vies et les routes des exilés de la "Jungle" de Calais, témoignent de la volonté de ne pas les laisser sombrer dans l'anonymat, de leur restituer cette humanité qu'on leur nie.

Un article de la CauseLittéraire

Une vidéo d’un spectacle autour du livre

Les balcons tremblent : on craint qu'ils ne cèdent sous tant d'agitation. La sécurité est débordée. Après le récital, les fans se précipitent à la porte des loges pour obtenir un autographe. Les spectatrices errent aux alentours du Paramount en guettant la sortie de l'idole naissante. Le trafic sur Times Square est perturbé, la police doit intervenir. Dans les jours suivants, la presse se fait l'écho de cette nuit mouvementée. Frank Sinatra est une révélation. Son ascension est jugée fulgurante, prodigieuse. Artiste intuitif et talentueux, Frank Sinatra a inventé les codes de la musique populaire contemporaine, album concept et 33-tours compris. Fils d'immigrés italiens engagé contre la pauvreté et l'intolérance, fervent partisan des droits civiques, self-made-man qui a chuté pour mieux ressusciter, acteur et homme d'affaires au tempérament volcanique, modèle de virilité et séducteur invétéré, il avait tout pour devenir le héros américain du XXe siècle. Ami des stars, intime des Présidents comme des parrains de la mafia, Sinatra incarne la mythologie de ce pays avec toutes ses parts d'ombre. Mais ce sont surtout sa voix, ses qualités d'interprète et son sens de la musique qui ont assis sa popularité, d'une longévité inédite, à travers des chansons comme « Fly Me To The Moon » ou « My Way ».

Un article paru sur le site EntreLesLignesEntreLesMots

Tous les livres mentionnés sur notre site depuis 2009 sont disponibles dans un fichier Excel. Au 17 mars 2020, le fichier comporte 1 121 livres et 1 074 auteur.e.s


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Le dire et l’écrire

Des livres

Chanson bretonne L’enfant et la guerre J.M.G. Le Clézio … Sans aucune nostalgie, il rend compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, en dépit des fracas de la guerre toute proche, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes au petit village de Sainte-Marine ou la beauté d 'un champ de blé face à l'océan.

Un article paru dans L’Orient Littéraire – mars 2020

Un article paru sur le site NONFICTION.fr à propos des Cahiers de L’Herne Jean Giono

Nous étions tellement fières d’ête cheminotes dans un monde d’hommes Michelle Guillot et Denise Thémines Deux cheminotes, deux témoignages, deux tranches de vie qui retracent avec beaucoup d'humanité l'univers de la SNCF…. Michelle Guillot est née en 1938 à Nice où son père travaillait aux ateliers SNCF. La guerre finie, la vie reprend son cours à Saintes, rythmée par les trains qui passent, et, à 19 ans, Michelle entre à la SNCF. Elle en sortira, sans vraiment la quitter, trente-six ans plus tard. " Le lundi 21 juillet 1969 à 3 h 56, le premier homme mettait un pied sur la Lune et moi, à 7 h 50, je franchissais la porte du 88, rue SaintLazare, à Paris, siège de la SNCF... " Avec ce récit, Denise Thémines porte sur ce monde le regard étonné, curieux et amusé de la jeune embauchée parisienne qu'elle fut voici cinquante ans.

Leros. Un exil insulaire chez les damnés Miléna Katowski Aïach

Ce livre nous donne à lire les récits de ceux et celles qui subissent l’histoire de plein fouet : une jeune fille rescapée, un jeune Yezidi disent leur jeunesse volée. Une mère et son fils vont poursuivre leur dialogue de tendresse malgré la distance. Leur parole est celle des réfugiés qui parcourent le monde, elle est mise en résonance avec les mots de ceux qui tentent de les aider. Car Leros chante aussi les adjuvants, dans les interrogations et les doutes de la jeune témoin, de l’infirmière et de la volontaire, du journaliste et de son amante, du capitaine. L’oratorio est le miroir de leurs défaillances, et conte leur vie lorsqu’ils scrutent le désespoir d’autrui, lorsqu’ils ont la tentation opportuniste d’échapper ainsi à leurs propres déroutes. Lorsqu’ils présentent à leurs amis une image d’eux-mêmes en gloire humanitaire, à défaut de construire leur humanité.

Un article paru dans KEDISTAN


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Le dire et l’écrire

L’ agenda

Rencontres

Mars (annulation) Avril Mai

Spectacles

Expositions

Formations

30 ans 1990 - 2020

Mars (annulation)

Mars (annulation) Avril Mai

Mars (annulation)

Avril Mai

Etonnants Voyageurs en 2019 Tous les débats enregistrés Les cafés littéraires en vidéo

Des formations Ateliers d’écriture - Masterclasses


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