Le Dire Et L Ecrire 295

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13è année - n° 295

11 avril 2020

www.ledireetlecrire.com Le temps du confinement, la périodicité de la LETTRE est modifiée. Sa parution sera fonction de l’actualité.

COVID-19

Journal de crise des blouses blanches Un blog mis en ligne par le quotidien « Le Monde » depuis le 22 mars 2020. Les contributions sont disponibles gratuitement. « Ils sont en première ligne face à la pandémie due au coronavirus. A l’hôpital ou en médecine de ville, généralistes ou infirmières, urgentistes ou internes, les « blouses blanches » font face à un quotidien professionnel totalement inédit. Pour mieux comprendre la réalité de cette situation sanitaire exceptionnelle et ce qui se joue dans le système de santé, les journalistes du « Monde » donnent, chaque jour, la parole à des soignants qui nous racontent leur vécu dans ce « journal » de crise ». Lire les articles du blog


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Le dire et l’écrire

COVID-19

"À ceux qui rêvent d’une chambre à eux, de quatre murs, d’une porte qu’on puisse fermer…" Leïla Slimani, le 8 avril 2020 sur France Inter D’une chambre à soi, le 8 avril 2020 J’écris aux incarcérés du monde entier. Aux détenus de droit commun, aux emprisonnés politique, aux bagnards, à ceux qui croupissent dans un cachot et qui ignorent pourquoi. J’écris aux femmes cloitrées, sous des voiles ou entre des murs, aux femmes empêchées de sortir, de se mêler aux autres, de toucher et d’être touchée. J’écris aux fous qui se tapent la tête contre des murs, qui ruminent des pensées vagues, qui pleurent d’une peine dont ils ne connaissent pas le nom. J’écris à vous, qui vivez sous blocus, dans les rues de villes en guerre, dans la terreur des bombes, des attaques, de l’ensevelissement de votre monde. J’écris aux médecins qui soignent dans les souterrains de Syrie des enfants rendus fous par la solitude et le confinement. J’écris aux trois millions d’enfants qui meurent, chaque année, de faim et de notre indifférence. J’écris aux réfugiés de toutes les guerres, à ceux qui sont nés dans des camps et pour qui le monde n’est qu’un rêve, un lieu lointain et qui ne veut pas d’eux. Ces camps où des enfants de huit ans se coupent les veines car l’avenir n’est qu’un mot, vide de lumière et de sens. J’écris à ceux qui vivent enfermés entre des barbelés et des check point, aux enfants de Gaza, du Yémen et du Venezuela. A ceux qui ne trouvent plus de stylos, ni de médicaments, à ceux qui ne peuvent apaiser les cris de faim de leurs enfants. J’écris à ceux qui grandissent sous des pouvoirs qui les broient, qui les empêchent de parler et de rire et pour qui la terreur est le nom du quotidien. J’écris à nos

vieux, nos ancêtres, nos sages qu’on voit traîner parfois dans les rues de Paris, poussant un caddie à moitié vide. Ils ont les cheveux jaunes, la mine grise, ils n’ont parlé à personne depuis deux jours et à la caisse, ils entament la conversation, surpris d’entendre le son de leur propre voix. J’écris aux enfants bulles, aux malades, aux impotents qui connaissent la solitude ultime du corps, qui savent qu’il y a des douleurs qu’on ne peut partager. Des douleurs qui se logent dans les os, dans le sang, qui ronge nos chairs et que l’amour des autres ne suffit pas à apaiser. J’écris aux cadavres, ceux qui pourrissent dans la mer de mon enfance, ceux qu’on enterrent sous des pierres tombales qui ne portent pas de nom, sur les plages de Cadix, de Lesbos ou de Lampedusa. J’écris aux enfants qu’on met dans des cages, aux frontières de

la plus grande démocratie du monde et qui la nuit, cherchent les bras de leur mère. J’écris aux femmes battues qui entrent chaque soir chez elles comme on entre en cellule, terrifiées par le geôlier qui les attend, le poing fermé, la matraque à la ceinture. J’écris aux vagabonds, aux clochards, aux femmes et aux hommes qui vivent sous la pluie et le vent. A ceux qui rêvent d’une chambre à eux, de quatre murs, d’une porte qu’on puisse fermer. D’un lieu d’où ils pourraient ne pas sortir et où personne ne pourrait entrer.

Écouter la lettre lue par Augustin Trapenard


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Le dire et l’écrire

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La minute poétique Des poèmes de Catherine Malard

Menus plaisirs

11/04/2020

On peut très bien se tenir confiné Tout en goûtant des plaisirs raffinés D’Ethiopie sirotons d’abord ce petit café Mais que renferme ici ma drôle de raffinerie Moult menus plaisirs que vous ne devinez J’ai vu le nez d’un rorqual lové au creux du lavabo C’est assez lui fis-je j’aimerais ce matin me laver en solo Puis un lézard lascif et masqué étendu sur le canapé Veux-tu ne pas grignoter mes biscuits chocolatés Que fais-tu au menu s’écrie rieuse l’hirondelle Des rouleaux de printemps ça t’irait ma belle Bientôt on arrive en mai alors fais ce qu’il te plait Puisque c’est ainsi je ne fêterai pas mon anniversaire, Bonne idée une année gagnée sans en avoir l’air Mes cheveux en quatre je vais devoir couper Préparer deux sous d’allure pour habiller l’été Je scrute les bourgeons ils bâillent au grand jour C’est décidé je mets de l’ordre dans mes gloses J’hume dans le jardin la quintessence des roses Sous la poussière du temps nichent tant de choses Alors je me colle l’oreille contre un coquillage Une troque mage oui tout à fait de mon âge Oh comme on entend la mer et sans bouger Toutes ses vagues à l’âme à l’approche de l’été Où refluent les souvenirs écume sur les paupières Mais j’ai les mains mouillées j’ai renversé mon verre

Allez encore un petit doigt d’alcool bien frappé Relisant Homère je fomente d’imaginaires odyssées Tandis que le temps s’enroule au fil de pages étirées Je fais le mur pour m’évader grattant les mousses sur son dos Et grimpe si haut pour respirer de merveilleux nuages Grâce à mille livres emplis de mes plus belles rages.

Tous les poèmes

La version imprimable


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Le dire et l’écrire

COVID-19

Faire face pendant le confinement Accédez à 20 000 livres de la bibliothèque numérique de Paris [gratuit pour les Franciliens] (ICI) Des "non-confiné(e)s" ont la parole dans les Inrocks [la suite] (ICI) Les chemins buissonniers de la littérature jeunesse. [En version virtuelle, le salon du livre et de la presse Jeunesse] (ICI) Jack London, naissance d’un écrivain (ICI) Le Festival d’Avignon [l’avant programme est en ligne] (ICI)

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«journal de confinement»

La Maison du Banquet : lire, écouter, voir (ICI)

A envoyer à cette adresse :

apablog@yahoo.fr Pour lire les textes :

Cause COVID-19 La parution de « Devenir biographe : Prêter sa plume pour écrire la vie des autres » de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard est retardée

http://apablog1.canalblog.com/

Le journal sonore de Wajdi Mouawad Ouvert dès mardi 17 mars, il vous donne rendez-vous du lundi au vendredi à 11 heures pour un épisode sonore inédit de son journal de confinement.

Le festival « Etonnants Voyageurs de Saint-Malo est annulé


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Le dire et l’écrire

COVID-19

La musique classique contre le COVID-19 à la mer, en ville, à la campagne.


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