13è année - n° 297
16 avril 2020
www.ledireetlecrire.com Le temps du confinement, la périodicité de la LETTRE est modifiée. Sa parution sera fonction de l’actualité.
COVID-19
Edgar Morin : « Nous devons :
vivre avec l'incertitude » « Je ne dis pas que j’avais prévu l’épidémie actuelle, mais je dis par exemple depuis plusieurs années qu’avec la dégradation de notre biosphère, nous devons nous préparer à des catastrophes. » ...
La pandémie du coronavirus a remis brutalement la science au centre de la société. Celle-ci va-t-elle en sortir transformée ? Edgar Morin : Ce qui me frappe, c’est qu’une grande partie du public considérait la science comme le répertoire des vérités absolues, des affirmations irréfutables. Et tout le monde était rassuré de voir que le président s’était entouré d’un conseil scientifique. Mais que s’est-il passé ? Très rapidement, on s’est rendu compte que ces scientifiques défendaient des points de vue très différents parfois contradictoires, que ce soit sur les mesures à prendre, les nouveaux remèdes éventuels pour
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« Nous devons vivre avec l’incertitude »
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répondre à l’urgence, la validité de tel ou tel médicament, la durée des essais cliniques à engager… Toutes ces controverses introduisent le doute dans l’esprit des citoyens. Vous voulez dire que le public risque de perdre confiance en la science ? E.M. : Non, s’il comprend que les sciences vivent et progressent par la controverse. Les débats autour de la chloroquine, par exemple, ont permis de poser la question de l’alternative entre urgence ou prudence. Le monde scientifique avait déjà connu de fortes controverses au moment de l’apparition du sida, dans les années 1980. Or, ce que nous ont montré les philosophes des sciences, c’est précisément que les controverses font partie inhérente de la recherche. Celle-ci en a même besoin pour progresser. Malheureusement, très peu de scientifiques ont lu Karl Popper, qui a établi qu’une théorie scientifique n’est telle que si elle est réfutable, Gaston Bachelard, qui a posé le problème de la complexité de la connaissance, ou encore Thomas Kuhn, qui a bien montré comment l’histoire des sciences est un processus discontinu. Trop de scientifiques ignorent l’apport de ces grands épistémologues et travaillent encore dans une optique dogmatique La crise actuelle sera-t-elle de nature à modifier cette vision de la science ? E.M. : Je ne peux pas le prédire, mais j’espère qu’elle va servir à révéler combien la science est une chose plus complexe qu’on veut bien le croire – qu’on se place d’ailleurs du côté de ceux qui l’envisagent comme un catalogue de dogmes, ou de ceux qui ne voient les scientifiques que comme autant de Diafoirus (charlatan dans la pièce Le Malade imaginaire de Molière, Ndlr) sans cesse en train de se contredire…
L’intégralité de l’entretien 06 avril 2020
Entretien avec Francis Lecompte, journaliste
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La minute poétique Des poèmes de Catherine Malard
T’as pas voulu voir Wuhan Tu rêvais de visiter la Chine Tu as contourné Wuhan Le covid était là en premier Des mois que ça a duré Mais pas chez nous Personne dans les rues Mais pas chez nous Tous masqués Mais pas chez nous Seulement pour la Mi-Carême Ça sera une belle fête Tu rêvais de voir Venise Et toute l’Italie Même les Etats-Unis Tu peux faire grise mine Le covid en tête de gondole Mais pas chez nous En France pas de pandémie Jadis oui la grippe espagnole Il y a si longtemps La peste et le choléra Mais pas chez nous Seulement dans les livres Ou derrière les écrans Mais pas chez nous Aïe c’est arrivé Fièvres à tous les paliers Plus personne ne rigole Aïe c’est chez nous.
15/04/2020
Tous les poèmes
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Faire face pendant le confinement Le confinement actuel entraîne fermetures de musées, salles de spectacles, annulations de festivals et grandes réunions publiques culturelles. Nos pages « agenda » sont donc obsolètes. Aussi nous avons créé des pages spéciales COVID-19 qui vous proposent des activités culturelles de remplacement (voir ICI) Ramer au fil de l’eau Un article à propos du dernier livre de Michel Julien « Intervalles de Loire », paru dans EN ATTENDANT NADEAU (ICI)
La pratique du livre dans l’idéal socialiste Un article de Sylvain BOULOUQUE à propos du livre "Bibliothèques en utopie. Les socialistes et la lecture au XIXe siècle" de Nathalie Brémand (ICI)
Déjà plus de 30 textes gratuits Lire les numéros parus
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Récit d’enfance et de jeunesse Une note de lecture de Françoise Simonet-Tenant, parue dans AUTOBIOSPHERE le 14 avril 2020, à propos du livre "Une petite fille si fragile" de Jacqueline Paulhan. (ICI)
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Nos 30 ans : une aventure littéraire Le festival Etonnants Voyageurs est annulé. Vous pouvez retrouver ses documents écrits, sonores et visuels sur son site (ICI)
Ça peut pas faire de mal Reprise des lectures de Guillaume Gallienne (ICI)
L’’APA invite à mettre en ligne votre «journal de confinement» A envoyer à cette adresse :
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7 récits, 7 jours Des lectures proposées par le site OuiDire (ICI)
Toutes les « Lettres d’intérieur » lues, sur France Inter, par Augustin Trapenard
Pour lire les textes :
http://apablog1.canalblog.com/
Le journal sonore de Wajdi Mouawad Ouvert dès mardi 17 mars, il vous donne rendezvous du lundi au vendredi à 11 heures pour un épisode sonore inédit de son journal de confinement.
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Montreuil : #MusiqueAuBalcon Pour aider les habitants à vivre la période de confinement et imaginer de nouvelles formes de partage autour de la culture pour tous, la Ville de Montreuil soutient les initiatives musicales, entre voisins, qui naissent dans tous les quartiers, sans rassemblement, depuis les balcons et fenêtres des nombreux artistes résidant dans la ville. Karine Huet s'est emparée de son accordéon pour offrir, depuis son appartement, une quinzaine de minutes de réconfort aux habitants confinés.
Jean-Baptiste LAYA, guitariste et compositeur de jazz, joue, accompagné de ses fils Gabriel, 11 ans et demi à la guitare, et Marceau 9 ans à la basse. Musicien et guitariste d’influence manouche, tzigane et jazz, il a notamment collaboré avec Christian Escoudé et feu Marcel Azzola.