Le Dire Et L Ecrire 304

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13è année - n° 304

13 mai 2020

www.ledireetlecrire.com Avec ce numéro, notre Lettre redevient hebdomadaire et paraîtra à nouveau chaque mercredi. Mais compte tenu de l’impossibilité de garantir un agenda fiable des différents événements culturels, nous maintenons, sur notre site, les pages Covid-19.

La colère d’Ariane Mnouchkine

Extraits de l’interview de Télérama, reproduite par Mediapart, le 9 mai 2020

Quel est votre état d’esprit ? J’ai du chagrin. Car derrière les chiffres qu’un type égrène chaque soir à la télévision, en se félicitant de l’action formidable du gouvernement, je ne peux m’empêcher d’imaginer la souffrance et la solitude dans lesquelles sont morts ces femmes et ces hommes. La souffrance et l’incompréhension de ceux qui les aimaient, à qui on a interdit les manifestations de tendresse et d’amour, et les rites, quels qu’ils soient, indispensables au deuil. Indispensables à toute civilisation. Alors qu’un peu d’écoute, de respect, de compassion de la part des dirigeants et de leurs moliéresques conseillers scientifiques aurait permis d’atténuer ces réglementations émises à la


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Le dire et l’écrire

La suite : La colère d’ Ariane Mnouchkine.

hâte, dont certaines sont compréhensibles mais appliquées avec une rigidité et un aveuglement sidérants. Vous êtes en colère ? Ah ! ça oui ! Je ressens de la colère, une terrible colère et, j’ajouterai, de l’humiliation en tant que citoyenne française devant la médiocrité, l’autocélébration permanente, les mensonges désinformateurs et l’arrogance obstinée de nos dirigeants. Pendant une partie du confinement, j’étais plongée dans une semiinconscience due à la maladie. Au réveil, j’ai fait la bêtise de regarder les représentantsperroquets du gouvernement sur les médias tout aussi perroquets. J’avais respecté la rapidité de réaction d’Emmanuel Macron sur le plan économique et son fameux « quoi qu’il en coûte » pour éviter les licenciements. Mais lorsque, dans mon petit monde convalescent, sont entrés en piste ceux que je surnomme les quatre clowns, le directeur de la Santé, le ministre de la Santé, la porte-parole du gouvernement, avec, en prime, le père Fouettard en chef, le ministre de l’Intérieur, la rage m’a prise. Je voudrais ne plus jamais les revoir.

Que leur reprochez-vous ? Un crime. Les masques. Je ne parle pas de la pénurie. Ce scandale a commencé sous les quinquennats précédents de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Mais appartenant au gouvernement qui, depuis trois ans, n’a fait qu’aggraver la situation du système de santé de notre pays, ils en partagent la responsabilité. En nous répétant, soir après soir, contre tout bon sens, que les masques étaient inutiles voire dangereux, ils nous ont, soir après soir, désinformés et, littéralement, désarmés. Alors qu’il eût fallu, et cela dès que l’épidémie était déclarée en Chine, suivre l’exemple de la plupart des pays asiatiques et nous appeler à porter systématiquement le masque, quitte, puisqu’il n’y en avait pas, à en fabriquer nousmêmes. Or nous avons dû subir les mensonges réitérés des quatre clowns, dont les propos inoubliables de la porte-parole du gouvernement qui nous a expliqué que, puisque ellemême — la prétention de cet « elle-même » — ne savait pas les utiliser, alors personne n’y parviendrait ! Selon de nombreux médecins qui le savent depuis longtemps mais dont la parole ne passait pas dans les médias-perroquets au début de la catastrophe, nous allons tous devoir nous éduquer aux masques car nous aurons à les porter plusieurs fois dans notre vie. Je dis cela car dans le clip qui nous recommande les gestes barrières, le masque ne figure toujours pas. Je suis de celles et ceux qui pensent que son usage systématique, dès les premières alertes, aurait, au minimum, raccourci le confinement mortifère que nous subissons. … L’intégralité de l’interview (site Mediapart)


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Le dire et l’écrire

Articles, entretiens

Un entretien avec Camille Laurens à propos de son livre « Fille », (cause Covid-19, la publicaThéâtre « Corona-compatible » Thomas Jolly, directeur du QUAI à Angers "On en parle peu mais ce virus provoque un symptôme, apparu chez tout le monde : l’impossibilité de la projection. De soi. Dans le temps et dans l’espace. Cette faculté est pourtant constitutive de notre espèce. Elle a généré, les mythes, la fiction, la réalité imaginaire… l’art. Et pour le partager, des lieux d’art : les théâtres. Et les politiques s’en sont saisis et, dans un début de 20e siècle éraflé par deux grandes guerres, une femme, Jeanne Laurent, a décidé que ces lieux devaient consteller l’entièreté du territoire français pour permettre à tous et toutes d’accéder, par l’art vivant, à son besoin de projection. Et c’était un projet nécessaire dans un pays meurtri. L’institution est née. Comme nulle part ailleurs sur le globe. Pour exister, elle n’est elle-même que projection : projection de spectacles dans le temps (ce qu’on appelle une saison), projection budgétaire, projection de jauges de public, lui même amené à projeter ses venues au théâtre par la contraction d’un abonnement, retro-plannings, plans de communication… autant d’outils qui permettent à ces institutions de se projeter...." L'intégralité de l'article

tion du livre est retardée au 13 août 2020) "Le point de départ du nouveau roman de Camille Laurens, Fille, dont la parution chez Gallimard est imminente, est lexical. Le titre peut désigner, selon le dictionnaire, une personne de sexe féminin, un enfant de sexe féminin, une femme non mariée, ou une prostituée. L’effet de syllepse fonde pour la narratrice le fait que « la fille est une éternelle affiliée, (elle) ne sort jamais de la famille (…). » « L’unique mot qui te désigne ne cesse jamais de souligner ton joug. » Les premiers mots du livre sont prononcés dans une maternité normande, dans les années soixante : « c’est une fille » ; ils cristallisent une déception parentale assumée. Le récit, qui s’étend sur une soixantaine d’années, dessine à travers le parcours de Laurence une vaste fresque sociale et culturelle d’une époque au cours de laquelle la construction traditionnelle du féminin est remise en cause..." L'intégralité de l'interview

La moleskine du diable Pierre Ahnne "Je ne serai jamais un véritable écrivain car je n’ai pas de petit carnet. Un véritable écrivain a un petit carnet à couverture de moleskine dans lequel il inscrit de petites notations, lumières, visages, dialogues entendus dans le métro. Il ne se sépare jamais de ce petit carnet. Grâce aux notations qu’il y note..." L'intégralité de l'article

« Écrire l’histoire, ça s’apprend ! » Entretien avec Alain Bellet "Le roman historique continue d’être très prisé, comme le confirme les nombreuses adaptations récentes à l’écran (d' « Au revoir là-haut », de Pierre Lemaître au succès des « Enquêtes de Nicolas Le Floch », de Jean-François Parrot). Écrire un récit historique nécessite un travail particulier, et le romancier doit parvenir à plonger son lecteur dans l’époque voulue. Il nous parle ici du roman historique..." L'intégralité de l'entretien


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Le dire et l’écrire

La minute poétique de Catherine Malard

La tirade des oiseaux

A grandes enjambées Les voilà qui décampent Au ras du sol ils sont tout empressés Ayant chanté comme cigales pendant toutes ces années Nous les piafs rigoleurs accrochés aux culs-de-lampe Rossignols martinets et bruants masqués Sous la houlette magistrale d’une élégante grive Palabrons depuis longtemps sur l’homme à la dérive Nous voilà de nouveau tout épouvantés Où vont-ils de la sorte Celui-ci va travailler Sous son costume bien repassé Tête baissée on le voit venir avec ses gros sabots Tapageur et tonitruant non mais quel culot Aura-t-il l’idée de lever le nez S’abandonnera-t-il à tendre l’oreille Et celle-ci qui s’en retourne à sa porte Ivre de grand air voulant se mettre au vert Elle en avait oublié les enfants Qui trépignent tant pour aller à l’école Vous les gens d’en bas un peu de calme moins de tapage Tous aveugles et sourds las quelle désespérance Gare à vous et réfrénez vos carrioles Laissez-nous épanouir nos ramages Nous vous attendons pour la grande Conférence Auriez-vous oublié la délicatesse Guère aisé de vivre en société Cela demande deux doigts de politesse Que de cohabiter avec d’autres espèces Il va vous falloir accomplir bien des prouesses Engager avec nous une nouvelle révolution Vous disiez avoir l’amour de la nature

9/05//2020

On a vu de quelle façon On a donc mis l’abeille en vigie Artistes paysans chercheurs tous au défi De vous empêcher de filer à toute berzingue Pourriez-vous s’il vous plait C’est tout de même pas sorcier Marcher désormais Sur la pointe des pieds Le monde est devenu par trop brindezingue Voyez nos petits dans leurs douillets abris Pendant la couvée on ne vous a pas embêtés On a pris de la place on s’est esbaudi On a vocalisé pour vous enchanter Mais dites-nous dans vos maisons encloses Dites-nous vraiment qu’avez-vous appris Pas même à effeuiller la rose Aucune leçon de la confinerie Goûter le temps le regarder couler On vous observe gardant vos distances Vous dresser à contre cœur derrière vos barrières Vous regarder par-dessus vos masques Ce que vous pouvez être drôles Encotonnés et tout bâillonnés Alors que vous ne rêvez que de frasques Vos becs les bavards le virus vous les a bel et bien cloués Fini de vous serrer et de vous embrasser Il vous faut vous espacer pour votre santé N’avons-nous pas à chercher ensemble Comment réenchanter notre monde Et pas de vœux pieux c’qu’on veut c’est du sérieux Surtout pas de belles paroles à la ronde Ensemble bâtissons une nouvelle utopie Vous les humains et nous la gent ailée La version Le monde n’en sera que plus ragaillardi Et de nos actes solidaires entonnons la rhapsodie. imprimable


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Le dire et l’écrire

Des livres

Il est juste que les forts soient frappés Thibault Bérard

Mrs Dalloway Virginia Woolf Nouvelle édition de poche et en E-book. Une journée dans la vie d'une femme. Vivant dans la haute société anglaise, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'héroïne s'interroge sur ses choix pourquoi n'a-t-elle pas épousé l'homme qu'elle aimait vraiment, qui lui rend visite ce jour-là ? -, ses souvenirs, ses angoisses pourquoi est-elle si frappée par la mort d'un ancien militaire qui ne s'est pas remis de la guerre, pourtant un parfait inconnu pour elle ? Crise existentielle qui mène à un dédoublement de personnalité, aux portes de la folie. Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, mais aussi de se reconnaître soi-même. Comment s'émanciper du carcan social, comment assumer son identité ? Publié en 1925, Mrs Dalloway est le chef-d'oeuvre de Woolf et l'un des piliers de la littérature du XXe siècle. Dans ce roman poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et d'une narration incisive, les impressions deviennent des aventures.

Lorsque Sarah rencontre Théo, l'alchimie est immédiate. Elle, l'écorchée vive, la punkette qui ne s'autorisait ni le romantisme ni la légèreté, se plaisant à prédire que la Faucheuse la rappellerait avant ses 40 ans, va se laisser convaincre de son droit au bonheur par ce fou de Capra et de Fellini. Dans le tintamarre joyeux de leur jeunesse, de leurs amis et de leurs passions naît Simon, le premier fruit de leur amour. Puis, Sarah tombe enceinte d'une petite fille. Mais bientôt, comme si leur bonheur avait provoqué la colère de l'univers, à l'euphorie de cette grossesse se substituent la peur et l'incertitude tandis que les médecins détectent à Sarah un cancer qui progresse à une vitesse alarmante. Chaque minute compte pour sauver Sarah. Le couple se lance alors à corps perdu dans un long combat, refusant de sombrer dans le désespoir. Un récit d'une légèreté et d'une grâce bouleversante, entre rire et larmes, dont on ressort empreint de gratitude devant la puissance redoutable du bonheur. Présentation sur WEB TC CULTURE

Un article de SENSCRITIQUE.com (25 mars 2020) Deux émissions sur Franca Culture (1) et (2)

Pendant le confinement, les jurys littéraires "se sont réunis" et ont délibéré


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Le dire et l’écrire

Le temps du déconfinement

La javanaise Le temps d'une chanson, un grand chœur virtuel s'est formé autour de Jane Birkin pour chanter "La Javanaise" de Serge Gainsbourg à l'initiative de Radio France et du Théâtre du Châtelet. La vidéo, dévoilée samedi 9 mai, met à l'honneur 640 participants confinés chez eux.

Proposition d’écriture de Michèle Cléach: « Suggestions pour franchir le temps du confinement »

Les Assises du Roman En version « virtuelle » du 11 au 17 mai 2020

Appel à contributions

J'avoue j'en ai bavé pas vous Mon amour Avant d'avoir eu vent de vous Mon amour Ne vous déplaise En dansant la Javanaise Nous nous aimions Le temps d'une Chanson À votre avis qu'avons-nous vu De l'amour? De vous à moi vous m'avez eu Mon amour Ne vous déplaise En dansant la Javanaise Nous nous aimions Le temps d'une Chanson Hélas avril en vain me voue À l'amour J'avais envie de voir en vous

Cet amour Ne vous déplaise En dansant la Javanaise Nous nous aimions Le temps d'une Chanson La vie ne vaut d'être vécue Sans amour Mais c'est vous qui l'avez voulu Mon amour Ne vous déplaise En dansant la Javanaise Nous nous aimions Le temps d'une Chanson


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