Le Dire Et L Ecrire_309

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13è année - n° 309

17 juin 2020

www.ledireetlecrire.com

Un été littéraire L'équipe des Bouillons, celle du Dire et l'écrire et nos libraires de Contact se sont associés pour vous concocter une sélection de livres pour l'été Lire ICI

Des manifestations littéraires maintenues, transformées ou reportées Voir la liste (d’après livreshebdo.fr)

Mot d'ordre de l’édition 2017 du festival du livre de Colmar


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Le dire et l’écrire

Des livres

L’Algérie en héritage

Hugo Pratt, trait pour trait

L’Âne mort

Martine Mathieu-Job & Leïla Sebbar

Thierry Thomas

Chawki Amari

Pour celles et ceux qui ressentent vivement l’arrogance de la culture officielle, la lecture de Corto Maltese est jubilatoire. Car découvrir cette bande dessinée, c’est pénétrer dans un monde où rien ne s’exclut, où tout coexiste : l’enfance et la vieillesse, l’action et le détachement, l’amour et l’envie de s’y dérober, l’utopie et le pragmatisme, les comportements chevaleresques et l’avidité (Corto et Raspoutine…), la bouffonnerie et la mélancolie, les militaires et les magiciennes, les civilisations du passé et celles du présent, les voyages dans l’espace et les voyages dans le temps. L’art d’Hugo Pratt se moque de la distinction entre réflexion et divertissement, entre culture noble et populaire, ces distinctions qui fondent notre éducation. À chacune de ses planches, ces catégories, sinistres cloisonnements, volent en éclats.

Au coeur des monts Djurdjura avance un vieux break bleu avec, à bord, Lyès, Mounir et Tissam, trois Algérois en fuite et, dans son coffre, un âne mort. Cet étrange trio roule en direction des montagnes kabyles, comme la promesse d'un refuge où déposer les secrets qui les hantent et dissimuler leur compagnon d'infortune. Panne après panne, virage après virage, leur périple aussi intense que rocambolesque est ponctué de considérations philosophiques et questions existentielles à mesure que le chemin des trois vagabonds croise celui d'Amel aux fausses bonnes idées, Slim qui passe ses journées à pousser des pierres du haut des falaises, ou Izouzen, mystérieux libraire retiré dans son sanctuaire, au milieu de centaines d'ouvrages et des sépultures de ses épouses successives. De cette épopée fascinante et furieusement poétique jaillit une réflexion tragique sur le temps qui passe et qui échappe, nous attirant inexorablement vers les profondeurs et la noirceur de l'âme humaine, au plus vrai et au plus juste de la littérature et du monde d'aujourd'hui.

Issus de culture musulmane, juive ou chrétienne, parfois de couples mixtes, une quarantaine d’auteurs, nés pour la plupart en France après 1962, disent comment l’Algérie de leurs parents et grands-parents est inscrite en eux. Récits, poèmes, scénarios, dessins et photographies raniment des souvenirs familiaux, fragmentaires ou non, déplorent ou comblent les silences, occultent, tissent ou réinventent des liens avec l’histoire ancestrale. Les sentiments de perte et d’exil tenaillent encore ces héritiers qui, souvent disposés à la réconciliation, forment aussi la mémoire vive de l’Algérie en France. Une mémoire féconde.

Une note parue dans EAN, le 3 juin 2020

Cet essai romanesque est la célébration de cet univers sans frontières. Il évoque Hugo Pratt, que l’auteur a connu, à travers l’exploration de son art : il cherche à retrouver un disparu à travers la beauté de son trait. Enfin, il est une interrogation sur l’amour de la bande dessinée, sur ce qui le fonde.

Une note parue dans EAN, le 3 juin 2020


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Le dire et l’écrire

Des livres

Soit dit en passant

Pétitions

Sauver les mêtiers du livre

Woody Allen Né en 1935 à Brooklyn, Woody Allen se lance dans le show-business à l’âge de seize ans en rédigeant des gags pour des chroniques dans différents journaux de Broadway, avant d’écrire pour la radio, la télévision, le théâtre, le cinéma et le New Yorker. Il quitte ensuite la solitude du bureau de l’écrivain pour devenir humoriste dans divers clubs, puis le célèbre réalisateur que l’on sait. Durant les quelque soixante ans de sa carrière cinématographique, il a écrit et tourné cinquante films dont il est souvent aussi l’acteur principal. Il a reçu de nombreuses récompenses nationales et internationales, et a vu des statues érigées en son honneur (sans jamais d’ailleurs comprendre ce qui lui avait valu pareil hommage), et ses films ont été mis au programme d’écoles et d’universités dans le monde entier. Dans Soit dit en passant, Woody Allen parle de ses premiers mariages, l’un avec un amour de jeunesse, le second avec la merveilleusement drôle Louise Lasser, qu’il continue d’adorer. Il décrit aussi son aventure avec Diane Keaton, qui s’est transformée en l’amitié d’une vie entière. Il revient sur ses relations professionnelles et personnelles avec Mia Farrow, qui ont amené à la réalisation d’un certain nombre de grands classiques, avant d’être suivies par une rupture orageuse dont se sont repus les tabloïds. Il confie qu’il a été le premier surpris quand, à cinquante-six ans, il a entamé une amourette avec Soon-Yi Previn, alors âgée de vingt-etun ans, qui devait conduire à une grande histoire d’amour, passionnée et retentissante, et à un mariage heureux de plus de vingt ans. Sur un ton souvent désopilant, d’une honnêteté absolue, plein d’intuitions créatives mais traversé de perplexité, c’est le récit d’une icône américaine qui vous dit tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans jamais oser le demander.

Sauver les bouquinistes de Paris

Pour une intermittence des arts et des lettres : une utopie concrète et réalisable

Photos Patrick Riou Photographe durant plus de 40 ans , il a notamment

immortalisé la vie culturelle de la ville de Toulouse


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Le dire et l’écrire

Articles, entretiens

« Le racisme est un virus », par Dany Laferrière [paru dans BIBLIOBS du 10 juin 2020] Bon, soyons clair, le racisme naît, vit et pourrait même mourir un jour. Il est contagieux, et se transmet d’un être humain à un autre. Toutefois sa rapidité de contagion varie selon le lieu ou la situation. On peut d’ailleurs créer de toutes pièces des situations qui augmenteraient sa vitesse et sa puissance, alors que d’autres la diminueraient. À certains moments on annonce de nouvelles vagues à l’horizon. On s’en étonne alors que des signes avantcoureurs avertissaient de l’imminence du danger. Le chômage, la misère, la violence urbaine, l’absence de courtoisie, sont des agents capables d’accélérer son éclosion dans un lieu où sa présence était embryonnaire. Mais le racisme a cette particularité de ne jamais naître à l’endroit où on se trouve. C’est un virus qui vient toujours d’ailleurs. Si le chômage fait soudain rage, on pointe alors du doigt les nouveaux venus qui conservent en eux, semble-t-il, ce gène de la misère qui permet au racisme de féconder. C’est en voyant un malade qu’on apprend l’existence du virus, sinon il reste invisible. Ce qui fonde l’idée que le malade est responsable de la maladie. Si le Blanc pense que c’est avec le Noir que ce virus est arrivé en Amérique, le Noir croit, lui, que c’est la cupidité du Blanc à vouloir exploiter son énergie qui le garde encore vivant. Il n’y a pas de Noir sans Blanc comme il n’y a pas de Blanc sans Noir. Chacun devant son existence à l’autre. Voilà un nouveau produit identitaire aussi américain que le hamburger. Une identité créée par un virus. On aimerait assister à cette naissance en laboratoire. … La suite

Pour en savoir + Le plaidoyer de l'auteure afroaméricaine Kimberly Jones pour les Noirs défavorisés (Nouvel Obs, le 11/06/2020)

L’anti-esclavagisme au temps des Lumières À propos du livre de Marcus Rediker, Un activiste des Lumières. Le destin singulier de Benjamin Lay, Le Seuil Un article paru le 11 juin 2020 sur le site laviedesidees.fr



















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