Le Dire Et L Ecrire 310

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13è année - n° 310

24 juin 2020

www.ledireetlecrire.com

Les murs de Paris prennent la parole Sur un mur de 400 mètres de long, des grafs rendent hommage à la militante noire américaine Rosa Parks, aux droits des femmes et au respect de la différence.


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Le dire et l’écrire

Articles, entretiens

« Contre les statues, les traces-mémoires » Patrick Chamoiseau (paru le 19/06/2020 sur le site OUTREMERS 360) « La Trace-mémoires est un frisson de vie alors que le monument ou la statue est une cristallisation morte. Elle fait présence quand le monument s’érige »

Dès 1994, dans « TracesMémoires du bagne »,

Patrick Chamoiseau

s’interroge sur un sujet qui divise beaucoup, y compris chez ceux qui se déclarent anti-racistes.

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Nos monuments demeurent comme des douleurs. Ils témoignent de douleurs. Ils conservent des douleurs. Ce sont le plus souvent des édifices produits par la trajectoire coloniale : forts, églises, chapelles, moulins, cachots, bâtiments d’exploitation de l’activité esclavagiste sucrière, structures d’implantation militaire… Les statues et les plaques de marbre célèbrent découvreurs et conquistadores, gouverneurs et grands administrateurs. En Guyane, comme aux Antilles, ces édifices ne suscitent pas d’écho affectif particulier ; s’ils témoignent des colons européens, ils ne témoignent pas des autres populations (Amérindiennes, esclaves africains, immigrants hindous, syro-libanais, chinois…) qui, précipitées sur ces terres coloniales, ont dû trouver moyen, d’abord de survivre, puis de vivre ensemble, jusqu’à produire une entité culturelle et identitaire originale. La trajectoire de ces peuples-là s’est faite silencieuse. Non répertoriée par la Chronique coloniale, elle s’est déployée dans ses arts, ses résistances, ses héroïsmes, sans stèles, sans statues, sans monuments, sans documents. Seule la parole des Anciens, qui circule dessous l’écriture – la mémoire orale – en témoigne. Or la parole ne fait pas monument. La parole ne fait pas l’Histoire. La parole ne fait pas la Mémoire. La parole transmet des histoires La parole diffuse des mémoires. La parole témoigne en traces, en réminiscences, en souvenirs protéiformes où l’imagination mène commerce avec le sentiment. Et avec l’émotion C’est pourquoi l’on dit, très souvent, que dans les Amériques, les monuments (et l’histoire avec un grand H) témoignent des colons, de la force dominante, de l’acte colonial avec ce que cela suppose comme génocides, asservissements et attentats contre l’Autre. L’Histoire, la Mémoire et le Monument magnifient, ou exaltent (du haut de leur majuscule), le crime que la Chronique coloniale a légitimé. Les peuples créoles américains ont donc cette lancinance de leurs mémoires asphyxiées, de leurs histoires souterraines ; et quand ils se tournent vers les Monuments qui balisent leurs espaces, ils ne s’y retrouvent pas, où alors, vénérant ces édifices, ils s’aliènent à la Mémoire et à l’Histoire édictées par la colonisation...


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Le dire et l’écrire

Articles, entretiens

« Être noir en France » [dans l’hebdomadaire « Le 1 » - 17 juin 2020, n° 301]

Bintou Dembélé :

Raoul Peck :

"Je suis d’origine hip-hop"

"J'étouffe"

"J’aime à dire où je me situe, à l’endroit des individus et non des masses, qui n’ont ni noms ni racines. J’aime à dire que je suis Bintou Dembélé, enfant de Demba Dembélé et de Salimata Dembélé, née mibanlieue mi-campagne. J’aime à dire que je me définis mi-homme mi-femme, ni homme ni femme, donc je suis une personne queer. J’aime à dire que je suis une Afrodescendante entourée dans mon enfance de Portugaises, d’Espagnoles et d’Algériennes, confrontée au racisme des Manouches qui vivaient dans des caravanes, des skinheads qui cassaient du Noir et du Bougnoule et du pédé ..." Danseuse et directrice artistique, elle est l’une des pionnières du hiphop en France. En 2002, elle fonde sa compagnie Rualité (un jeu sur les mots « rue » et « réalité »). Ses pièces – Mon appart’ en dit long, Z.H., S/T/R/A/T/E/S… – sont jouées en France et à l’étranger. En 2019, sa chorégraphie du ballet Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, crée l’événement à l’opéra Bastille.

La suite

"Ce matin en me levant, j’étais déjà brisé. Il y a eu tant de matins comme celui-là. Et chacun de ces matins laisse des traces. Des traces qui s’accumulent. Puis, ces cauchemars en sommeil, qui reviennent à chaque déflagration. Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis me trouble à la nausée. Ce n’est cependant pas de l’Amérique dont je désire vous parler. Mais de la France. Par quelle extraordinaire magie celle-ci pourraitelle rester en dehors de ce grand déballage ? Car ce matin, en me levant, je me suis mis à pleurer. Sans contrôle, sans pouvoir reprendre mon souffle. Quelque chose venait de se briser..." La suite

Frantz Fanon Une émission sur France Culture

Il a été ministre de la Culture de la République d’Haïti entre 1995 et 1997. Entre 2010 et 2019, il a présidé le conseil d’administration de la Fémis, école nationale de cinéma française. Il a signé en 2016 le biopic Le Jeune Karl Marx, ainsi qu’un documentaire consacré à l’écrivain James Baldwin, I Am Not Your Negro. Nommé aux Oscar, le film a remporté le César, l’Emmy et le Bafta 2018 du meilleur film documentaire.


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Le dire et l’écrire

Articles, entretiens

« La financiarisation du livre est en train de produire une culture d'aéroport inepte »

« Socialism

at the corner » À propos de la réédition aux USA du livre de Vivian Gornick « Romance of American Communism »

Un entretien, le 7 mai 2020, avec Frantz Olivié, co-fondateur avec Charles-Henri Lavielle des éditions Anacharsis.

"C’est un texte fort que vous avez signé (voir ICI). Pour commencer, que représente ce secteur des indépendants et qui le représente ? Frantz Olivié : Je préférerais ne pas parler d'un « secteur » concernant l'édition indépendante. Ce n'est pas un isolat, elle n'est ni homogène ni étanche. À rigoureusement parler, l'expression désigne des maisons d'édition variées, dont le capital est majoritairement détenu par ceux qui travaillent en leur sein (gérants, salariés, associés, ou même bénévoles), dans des formes diverses (SARL, association 1901, ou, comme nous, des coopératives, etc.), et non pas par des sociétaires en attente de plus-values ou par des groupes ou consortiums à visée lucrative. Ce qui signale une capacité de liberté plus grande dans le choix des titres, elle-même suggérant à son tour une capacité de création plus importante. On convient ..." La suite de l’entretien

Sur le site EAN

Sauver les mêtiers du livre

« Monsieur le président de la République, n’oubliez pas le livre ! »

« Le spectacle vivant est la

victime numéro un du Covid-19. Nul ne sait dans quel état il sortira de cette pandémie » Lire l’intégralité de l’article de Jérôme Garcin

et Grégoire Leménager

“Le livre est en danger” : l'édition demande 500 millions € à Emmanuel Macron


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Le dire et l’écrire

Des livres

L’insoumis Judith Perrignon

Citizen. Ballade américaine Claudia Rankine « À terre. À terre tout de suite. J’ai dû aller trop vite. Non, tu n’allais pas trop vite. Je n’allais pas trop vite ? Tu n’as rien fait de mal. Alors pourquoi me contrôlezvous ? Pourquoi suis-je contrôlé ? Fais voir tes mains. Les mains en l’air. Lève les mains. » L’attaque est préméditée, assumée, d’une violence intolérable. Ou bien c’est simplement la langue qui fourche sans qu’on s’en rende compte, et le racisme parle à travers notre bouche. Citizen est un livre sur les agressions racistes. Pour dire cette réalité, Claudia Rankine choisit une forme qui n’appartient qu’à elle : tour à tour poésie, récit ou pamphlet, Citizen décrit les expériences les plus intimes, les plus ténues pour y greffer ce que dépose en nous le flux de la vie quotidienne – propos saisis dans le métro, conversations, blagues, coupures de journaux, captures d’écran -, dans un vaste collage d’images et de voix. Une symphonie parfois dissonante où les mots les plus simples sont portés par une extraordinaire énergie poétique.

« Le nom de Mohamed Ali semble désormais évoquer à lui seul le combat des hommes, l’insoumission. Comme si la vie était un ring. C’est pourquoi il fascine tant jusqu’aux générations qui n’étaient pas nées, et jusqu’au bout du monde. Il y a deux ans, France Culture me demandait de le raconter sous la forme d’une Grande Traversée, une série documentaire de dix heures. Je me suis mise en quête de témoins directs et nous sommes partis sur les routes américaines à la rencontre d’un journaliste sportif du New York Times en retraite, d’un Imam d’Indianapolis, ancien de Nation Of Islam et grand ami d’Ali, du vieux Captain Sam qui l’entraîna tout jeune à la mosquée de Miami, de la famille de son manager, des copains d’enfance restés à Louisville... Leur voix sont puissantes, tout droit sorties d’une époque folle, dangereuse, clivée et rêveuse, elles jubilent de chacune de ses victoires comme si elle avait eu lieu hier, elle souffrent encore de la mort de Malcolm X, reviennent au fondement de la foi musulmane chez une partie des Noirs Américains, se rappellent son déchirement au moment de la guerre du Vietnam, son lien au tiers-monde en plein réveil, puis comment l’amnésique Amérique se mit à l’aimer, malade et condamné au silence. J’ai aimé ces gens, me frotter à leur expérience, leur croyance. Il fallait faire un livre de cette série radio. Pour mieux revisiter ce voyage dans le temps et l’espace américain. Mieux lire ces voix. Et s’immiscer dans les oublis volontaires de nos mémoires. »

Divers Le blog de Maryse Bachet-Sargis Le Marathon des mots en ligne Hommage à Albert Memmi Des revues

Une note parue dans EAN

Une note parue dans ActuLitte

Des concours de Nouvelles ”Nuestras madres” (film repris en VOD)


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Le dire et l’écrire

Notre équipe a déjà publié

Catherine Malard

avec Annemarie Trekker -coordonatrice - Isabelle Seret, Catherine Liabastre, France Merhan et Emmanuelle Florent

Pour commander chez L’Harmattan

en collaboration avec Delphine Tranier-Brard Disponible en libraire depuis le 18 juin

Disponible en téléchargement

Pour commander directement sur le site de l’éditeur « Petit Pavé »

Pour commander chez l’éditeur « Des ronds dans l’O éditions »

BD en collaboration avec Fanny Benoit


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