13è année - n° 324
30 octobre 2020
www.ledireetlecrire.com
Retour à la case confinement
« C’est la culture
qu’on assassine ! »
Avec le confinement, toutes les activités culturelles prévues, au moins jusqu’au 1 décembre, sont annulées. Un petit nombre d’entre elles pourront peut-être se dérouler partiellement en ligne. Les informations de nos pages « agenda » sont donc à vérifier.
Après avoir annoncé en juillet dernier, le « retour des jours heureux », l’exécutif a décidé un nouveau confinement généralisé. Et comme en mars, la culture est une nouvelle fois considérée comme une consommation « non essentielle ». Cinémas, théâtres, salles de spectacles ont donc à nouveau fermé leurs portes. Les libraires ont aussi été obligés de fermer boutique. Acheter un livre en librairie a été jugé « moins essentiel » qu’acheter des clous dans une quincaillerie ou du vin chez un caviste, qui tous les deux sont autorisés à rester ouverts. Et pour couronner le tout, accueillir quelques clients à la fois dans une librairie de quartier est considéré comme plus dangereux pour la santé des Français que de déambuler par centaines dans et autour du rayon « librairie » d’un hypermarché. Pour la culture en général, les décisions restrictives prises, ont un air de déjà vu, mais elles surviennent à un moment où tout le secteur est déjà fragilisé et à une période d’activités souvent importante, voire cruciale : fêtes de fin d’année, prix littéraires, etc.
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Le dire et l’écrire
Pendant le confinement, fermeture des librairies
« Pas de librairies, pas de prix »
Quelques heures avant l’allocution du président, le Syndicat national de l’édition (SNE), le Conseil Permanent des Ecrivains (CPE) et le Syndicat de la Librairie française (SLF) avaient lancé un appel dans un communiqué commun : « laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel ». Les trois syndicats faisaient valoir que « plus d’un quart des livres sont achetés dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année ». « Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ? » Lettre de l’Académie Goncourt au lendemain de l’allocution du Président de la République [voir ICI] Didier Decoin, le président du jury du Goncourt, se dit « consterné » par cette fermeture, « surtout pour le moral de la population ». « Il me semble que les livres sont plus qu’un moyen de distraction, ce sont des outils pour mieux comprendre le monde, notamment les pandémies. » Eric-Emmanuel Schmitt, membre du jury du Goncourt, estime que le « confinement est, dans certains domaines, une mise à mort ». « Si on annonçait [le Goncourt] la semaine prochaine, ça profiterait à Amazon uniquement ou à la grande distribution, et ça tuerait le réseau des librairies qui compte sur le Goncourt chaque année pour exister et pour attirer les gens ». Les prix l’Interallié, le Medicis et le Renaudot ont pris la même décision que le Goncourt. En revanche le jury du Femina décernera son prix le 2 novembre comme prévu.
La totalité des magasins de l’enseigne FNAC a levé le rideau vendredi 30 octobre, invoquant la revente de matériel informatique. Toutefois, l’ensemble des rayons, disques et livres compris, sont ouverts au public…!
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Le dire et l’écrire
Pendant le confinement, fermeture des librairies
Malheureusement la situation n’a pas changé. Article déjà reproduit dans la Lettre n° 306-27 mai 2020
« Monsieur le Président, n’oubliez pas le livre ! » Extraits d’un article paru le 23 mai 2020 sur le site « ActuaLitté » 500 millions €, c’est la somme nécessaire pour « traverser cette crise, non sans dommages, mais avec l’assurance de pouvoir simplement redémarrer ». La pétition, adressée au président, souligne la nécessité de travailler communément avec les services de l’Etat à un « plan de relance d’ampleur ». Et d’énumérer plusieurs modalités : « [U]ne politique résolue de soutien à l’offre, subventions, prêts, exonération de charges sociales et de taxes… et par une amplification ponctuelle de la demande, avec des commandes massives par les bibliothèques et des opérations d’envergure liées au Pass-Culture et au Chèque Lire. » Le projet fédère l’ensemble de la chaîne : auteurs, éditeurs, libraires, qui depuis deux mois, sont en relation directe avec le ministère de la Culture, « dans un vrai esprit de concertation ». Mais pour que les échanges aboutissent, assurent-ils, il faudra « une aide à la hauteur des 500 millions d’euros de pertes que la filière va subir ». La filière déplore d’ailleurs que le 6 mai, durant la présentation remarquée pour sa remarquable orientation jambon/fromage, le président n’ait choisi « de ne plus parler des livres ni de celles et de ceux qui les écrivent, les traduisent, les éditent et les vendent ».
Comment se faisait-il que depuis l’heure d’une invitation à la lecture originelle, plus un mot ne soit adressé à l’attention de la filière ? Les chiffres sont pourtant là pour démontrer que la crise a fait de sérieux dégâts : fermeture des librairies, avec perte « de la quasi-totalité de leur chiffre d’affaires et de plus de 80 % pour les maisons d’édition ». Les autres métiers n’ont pas moins souffert — diffusion, distribution, imprimeurs, « lourdement impactés ». Et en première ligne, les auteurs, « privés de ventes de livres et de rencontres rémunérées, connaissent une perte de revenus sans précédent ». Illustrateurs, traducteurs, tout le monde a été frappé, avec cette conclusion : « Le monde du livre est en danger. » «L’Etat se doit d’empêcher l’effondrement de cette filière vitale pour toute notre société ; et elle tient sa force des talents et des structures les plus divers. [...] Vous avez eu raison d’inviter les Français à lire pendant cette période de confinement. Aidez-nous maintenant à ce qu’ils puissent continuer à le faire à l’avenir, au nom des mêmes valeurs de qualité et de diversité, en maintenant en vie un secteur fragile, aujourd’hui en grand péril. » Et la situation est d'autant plus tendue qu'en milieu de semaine, le ministre de la Culture, Franck Riester, a donné chaud à toute la profession : à l'Assemblée nationale, il annonce 100 millions € « notamment pour les éditeurs », avant de se rétracter étrangement sur Twitter dans la foulée ... L’intégralité de l’article
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Le dire et l’écrire
Pendant le confinement, fermeture des librairies
Après le 1er confinement, un redémarrage encourageant
Derniers achats avant le confinement : des librairies prises d’assaut partout en France
Clients nombreux et masqués, et libraires soulagés. Tel était le bilan, lundi soir, de la première journée de réouverture des librairies, placée sous le signe du plaisir partagé. L'article de LivresHebdo
Le déconfinement a dopé les ventes de livres Les niveaux de ventes de la 20ème semaine ont dépassé ceux de 2019 à la même période.
Le Monde du 29/10/2020 à 15h10
Les clients au rendezvous dès le 1er jour
Pendant ce 2ème confinement
L'article de LivresHebdo
"Click & collect" : un bilan en demi-teinte A l'heure de la réouverture, les librairies qui ont pratiqué le retrait de commandes pendant le confinement dressent un bilan contrasté de cette solution de repli, souvent plus symbolique que rentable. L'article de LivresHebdo
Achetons nos livres sur les sites de librairies indépendantes
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Le dire et l’écrire
Des livres
La filière Philippe Sands … Intrigues politico-religieuses, espionnage, traque et vie cachée d’un criminel, décès énigmatique, dévotion filiale et passion amoureuse, secrets d’alcôve et trahisons : faisant la lumière sur le parcours incroyable d’un haut dignitaire nazi en fuite, l’enquête méticuleuse de Philippe Sands dresse un tableau saisissant de l’échiquier politique à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à l’aube de la guerre froide.
Les trois photos...et quelques autres, pour l'Algérie Georges Bonnand Ce récit est un essai, un souvenir vivant, l'histoire fragmentaire d'un artilleur parachutiste, appelé sous les drapeaux vingt-huit mois de service, dont douze sur la terre algérienne vivant ses derniers mois de guerre.
Par l’auteur de « Retour à Lemberg »
A l'occasion de sa 6e édition du prix « Envoyé par la Poste » qui a récompensé Dima Abdallah pour son livre "Mauvaises herbes", la revue FLORILETTRES n° 213 - octobre 2020 a interviewé l'auteure. L'entretien La fiche du livre
Livre de Félicien Hantz [Félicien Hantz, Carnets de guerre, transcrit et annoté par Morgane et Alain Viry, Éditions Temps d’Antan, chez l’auteur, Poligny, 2020, 100 p. ill.] Le site Autobiosphère a le plaisir de proposer la lecture d’un texte inédit. Il s’agit d’un carnet tenu par Félicien Hantz, un habitant de la Bresse (Vosges), déporté comme beaucoup des habitants de son village en Allemagne pour y effectuer le STO. Sa captivité a duré six mois, du 9 novembre 1944 au 28 avril 1945, et il a tenu, au jour le jour, un carnet pour consigner la monotonie de sa vie de prisonnier. Le livre est disponible en
téléchargement gratuit sur le site AUTOBIOSPHERE
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Le dire et l’écrire
Alain Rey 1928 - 2020
Extraits d’un article paru le 28 octobre dans « LE MONDE ». … Alain Rey participa à cette « entreprise imaginative et invraisemblable » [création du Grand Robert] aux côtés de Josette Debove, sa future épouse. Celle-ci, lexicographe, sémiologue et universitaire, est morte en 2005, après une vie commune et une collaboration de cinquante années. Le couple n’a pas eu d’enfants, mais les nombreux ouvrages auxquels ils ont contribué constituent une postérité sans égal. Et tout d’abord le « Grand Robert », dont la première édition (1953-1966), sous l’autorité de Paul Robert… En 1967 parut la première édition du Petit Robert (sous la triple houlette d’Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez... Incontestable nouveauté par rapport à son concurrent, le septuagénaire Petit Larousse illustré : une plus grande ouverture au français du Québec ou de Bruxelles, une aptitude à capter l’air du temps, à intégrer les mots de tous les jours, y compris les onomatopées ou les mots argotiques. Alain Rey, grand et L’intégralité de l’article éclectique lecteur, n’hésita pas à illustrer les définitions par des exemples issus de la littérature vivante, de Céline à Frédéric Dard en passant par Raymond Queneau. Le Petit Robert est, à sa D’autres informations manière, un enfant de Mai 68...