14è année - n° 339 www.ledireetlecrire.com
13 janvier 2021 Comme écartant du pied ce qui fut Sans un regard en arrière L’année s'en va [Un haiku de Senkaku transmis par une lectrice]
6,7 millions de Français.e.s déclarent avoir été victimes d’un inceste (*) Des témoignages pour en finir avec l’aveuglement de la société face aux violences sexuelles intra-familiales
Parution en 2008 Parution en 1999 (*) en 2020 : enquête INED et sondage IPSOS
Parution en 1986
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Le dire et l’écrire
Des livres
Nœuds de vie Julien Gracq
La familia grande Camille Kouchner " Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. " C.K. C'est l'histoire d'une grande famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l'été. C'est le récit incandescent d'une femme qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire la familia grande. Camille Kouchner, 45 ans, est maître de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre.Camille Kouchner, 45 ans, est maître de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre.
Du point de vue de la littérature (un article critique de « En attenant Nadeau » - 9 janvier 2021) L’effervescence suscitée par la parution de La familia grande de Camille Kouchner a conduit En attendant Nadeau à réfléchir à la dimension littéraire du témoignage et à sa capacité à réparer la blessure. La littérature n’a de sens qu’à mettre des mots sur l’impensable. Ici, malheureusement, si l’impensable a bien lieu, ces mots manquent. ... L’intégralité de l’article
"En 1980, au moment de la parution de En lisant en écrivant, Angelo Rinaldi, dans « L’express », souligna que Julien Gracq figurait parmi les contrebandiers habiles à faire passer les « frontières séparant les époques ». Plus de 40 ans après, ce constat reste d’actualité, comme si le temps avait eu peu de prise sur ses fragments, toujours devant nous. Ce qui est frappant avec les textes inédits de Julien Gracq, rassemblés ici, par Bernhild Boie, son éditrice en Pléiade, c’est qu’il est aussi étonnant dans le grand angle (ses centres d’intérêt sont aussi bien historiques que géographiques) que dans le plan rapproché (tous ses textes sur des paysages ou des événements) ou le gros plan (certains textes sur des écrivains, des villes ou des phénomènes littéraires). Gracq est un observateur pénétrant, sensible, perspicace. Aucune nostalgie ou lamentation dans cette vision du monde. Avec une liberté de ton et de regard inimitables, il nous invite à revoir à neuf nos propres jugements sur l’histoire, les écrivains, les paysages, l’accélération du temps, la détérioration de la nature, le passage des saisons, les jardins potagers, la vieillesse, le bonheur de flâner comme celui de lire...."
Là où nous dansions Judith Perrignon Detroit, 2013. Ira, flic d’élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s’est déroulée son enfance. Tant d’espoirs et de talents avaient germé entre ces murs qu’on démolit. Tout n’est plus que silence sous un ciel où planent les rapaces. Il y a quelques jours, on y a découvert un corps – un de plus. Pour trouver les coupables, on peut traverser la rue ou remonter le cours de l’Histoire. Quand a débuté le démantèlement de la ville, l’abandon de ses habitants ? La prose puissante de Judith Perrignon croise ici les voix, les époques, les regards, l’histoire d’une ville combative, fière et musicale que le racisme et la violence économique ont brisée fera-t-elle au prix de leur héritage culturel ?
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Le dire et l’écrire
Des livres
Change ton monde Cédric Herrou
Être noir, on ne fait pas avec. On est noir, un point c’est tout. Jeffrey Colvin Explorant les notions d’identité, de transmission, de relations interethniques, Africville retrace sur trois générations l’histoire de la communauté noire américaine et canadienne à travers la saga familiale des Sebolt. Années 1930. Kath Ella Selbot refuse de suivre son destin tout tracé de fille de couleur et quitte Africville, village fondé par d’anciens esclaves en NouvelleEcosse, afin de poursuivre ses études. Après une histoire d’amour marquée par le deuil, elle donnera naissance à un fils, Omar, qui sera rebaptisé Etienne. Années 1960. Etienne, dont la pâleur de la peau lui permet de passer pour un blanc, s’est éloigné de ses origines et vit en Alabama. Alors que le mouvement des droits civique fait rage, il n’ose y participer et reste déchiré entre ses racines noires et la peur de perdre la vie qu’il est en train de construire. Ce n’est qu’à sa mort que son fils Walter découvrira son héritage familial. Le jeune homme décide alors de retrouver ses ancêtres et de se réconcilier avec un passé marqué par la peur et la discrimination...
« J’étais perché sur ma montagne, avec mes poules et mes oliviers, quand le monde est subitement venu à moi. Des ombres remontaient à pied ma vallée de la Roya, entre l’Italie et la France, risquant leur vie. Au début, je détournais le regard. Puis, un jour, j’ai recueilli une famille, et ces ombres sont peu à peu devenues ma lumière. Elles fuyaient la guerre, la misère, la dictature, avaient croisé la mort dans le désert en Libye, échappé à la noyade en Méditerranée. De leur pas si déterminé, elles me questionnaient : faut-il rejeter l’autre parce qu’il est différent ? À partir de 2016, j’ai accueilli des milliers d’exilés. J’ai aidé ces voyageurs de l’ombre à poursuivre leur chemin et à obtenir des droits, mais je n’avais pas anticipé la violence d’État qui me frapperait en représailles. Notre action ne faisait pourtant que pallier ses renoncements. J’ai subi des gardes à vue, des procès, des perquisitions, des saisies. Le plus souvent, l’État était en tort et fut condamné. Des centaines de fois. Jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel consacre le principe de fraternité, un progrès capital. Ces années ont changé ma vie. Citoyen lambda éloigné du militantisme, je ne suis pas un héros, juste un Herrou têtu et décidé, sans leçons à donner, à part celle-ci : avant de changer le monde, chaque citoyen a le pouvoir de changer le sien. » Cédric Herrou
Sons - Vidéos Judith Perrignon : "J’aime que les livres expliquent les courants de l’histoire" A l'occasion de la sortie de son livre "Là où nous dansions", un entretien sur FRANCE CULTURE (4/01/2021)
300 vidéos de la Maison de la Poésie
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Le dire et l’écrire
La rentrée littéraire 2021 ►493 romans prévus pour les mois de janvier
et février ►340 romans français (329 en 2020) dont 63
premiers romans (-8 titres) et 153 romans traduits (+1) ►1559 essais, documents, enquêtes et
témoignages Un article de LivresHebdo
Les Français et la lecture pendant le confinement ► Un tiers des Français s’est mis à lire
davantage ► La hausse la plus importante concerne les moins de 25 ans (42% déclarent avoir plus lu) ► En cas de nouveau confinement, 85% des Français sont hostiles à une nouvelle fermeture des librairies L'intégralité du sondage
Les prix littéraires 2020 Récapitulatif sur le site de la FNAC avec toutes les fiches
des livres
COMMUNIQUÉ
« 2020, un bilan en demi-teinte » ►L'activité globale de la profession est
en recul en 2020, comparativement à 2019, de 3,3%. Cette relative faible baisse, après trois mois de fermeture administrative, s'explique par un retour très massif des lecteurs en librairie à la suite des deux périodes de confinement : +32% en juin, +35% en décembre. ►A l'exception de la littérature, de la bande dessinée et du pratique, soit à eux trois la moitié des ventes en librairie en 2020, tous les autres secteurs subissent une baisse. ►L'effet taille est manifeste : plus le CA (chiffre d’affaires) est important, plus l'activité se rétracte. Les librairies de plus de 4 M€ de CA baissent moyenne de plus de 9%. L’intégralité du communiqué du Syndicat
de la librairie française (05/01/2021)
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Le dire et l’écrire
Entretiens, notes , articles
Entretien de Georgia Makhlouf (in L'Orient Littéraire - 8 janvier 2021) avec Sara Omar, auteure de "La Laveuse de mort" Sara Omar a fait une entrée tonitruante dans le monde des lettres. Son premier roman La Laveuse de mort, publié en danois, a connu un immense succès populaire et critique, a été traduit dans de nombreuses langues, a été lauréat du Prix des lecteurs et du Prix des Droits de l’homme et a valu à son auteur d’être élue « Femme de l’année » par le magazine Elle en 2018. … Née et élevée au Kurdistan, Sara Omar a fui la guerre à la fin des années 1990 et a passé plusieurs années dans un camp de réfugiés avant de s’installer au Danemark. Son roman s’inspire de faits réels et s’ouvre sur des scènes d’une violence saisissante, que ce soit celle de la mutilation d’une très jeune femme jugée impure par son propre père, ou celle de la naissance de l’héroïne principale, Frmesk. Accouchement long et douloureux, déshonneur pour la famille en raison de son sexe et marque du mauvais œil sur le corps même de la petite : une mèche de cheveux blancs orne son crâne chauve. Frmesk, apprendra-t-on, signifie larmes.... L'intégralité de l'entretien La fiche du livre sur le site de l'éditeur
Un article dans la VIE DES IDEES (30/12/2020), à propos du livre de Serge Martin, "L’Impératif de la voix, de Paul Eluard à Jacques Ancet" Serge Martin propose de remplacer la notion de style par celle de voix, plus propre à rendre compte de ce qui fait la singularité d’un auteur. Une voix de l'écriture « Voix » est le mot par lequel on désigne ce qui appartient en propre à une écriture singulière, non à une autre. Mais, aussitôt, il convient de distinguer la voix du style. Par « style », on catégorise l’écriture à travers un ensemble de procédés par lesquels se démarque une singularité littéraire, selon l’établissement, aléatoire, d’une loi de l’écart par rapport à une norme linguistique. La « voix » ne réfère pas non plus exclusivement à une rhétorique, même si elle renvoie à une rhétorique personnelle, et même « profonde », pour citer Baudelaire … L'intégralité de l'article La fiche du livre sur le site de l'éditeur
Un article paru sur le blog "LIGNES DE FEMMES" (le 17/12/2020) à propos du livre de Nancy Huston "Journal de la création" (paru en 2001) Les créatrices ont régulièrement mis en lumière les problèmes qu’elles rencontraient dès qu’elles voulaient faire œuvre. Il est ironique de voir comment la métaphore de la gestation a été très souvent utilisée par des auteurs hommes pour représenter le processus de création artistique. Dans le même temps, on déniait aux femmes la prétention à faire de même, selon l’antique partage producteurs/ reproductrices. Nancy Huston, dans son Journal de la Création, parcourt les biographies de sept écrivaines et artistes L'intégralité de l'article La fiche du livre de Nancy huston sur le site de l'éditeur
Relation aux sujets en recherche biographique en éducation Un article d’Anne
Dizerbo
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Le dire et l’écrire
Des sites, des blogs
Un site de mise en liaison des bouquinistes et leurs clients Site de vente réservé aux bouquinistes de Paris pour y présenter à la vente livres, documents et objets de collection… Aucune transaction effectuée sur le site. Quand vous validez votre panier vous envoyez par e-mail un bon de commande au bouquiniste qui prendra contact pour finaliser votre achat avec accord sur les frais de port et les conditions de règlement. À tous moments de la transaction avec le vendeur vous pouvez annuler votre commande. Voir le site
Guénaël Boutouillet est auteur, critique, formateur, médiateur. Il publie textes et articles critiques sur le site remue.net (dont il est membre du comité de rédaction, pour lequel il prend en charge la mise en ligne des productions d’auteurs en résidence en région Ile-de-France). Il travaille sur Internet, anime des ateliers d’écriture et de nombreux débats littéraires, invite des auteurs pour des propositions originales en médiathèque, librairie, festivals… Son blog
L’ agenda
Le samedi 16 janvier à 19h00 sur internet, rencontre–lecture avec Laurent Mauvignier
La 5ème édition des Nuits de la lecture aura lieu du 21 au 24 janvier 2021 autour du thème "Relire le monde", dans les bibliothèques, librairies, établissements scolaires et universitaires, lieux culturels, centres sociaux, hospitaliers ou pénitentiaires… à travers toute la France.
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Le dire et l’écrire
Vassilis Alexakis
25 décembre 1943 - 11 janvier 2021 Le romancier et journaliste est mort à l’âge de 77 ans. Il écrivait aussi bien en français qu’en grec. Né à Athènes en 1943 – mais il se plaît à revendiquer Santorin, où il passait ses vacances enfant, comme son véritable lieu de naissance –, Vassilis Alexakis est un écrivain gréco-français, auteur d’une importante œuvre romanesque dans laquelle il interroge le monothéisme, l'opposition entre la religion et la philosophie, l'origine des langues et leur destin parfois tragique. Vassilis Alexakis arrive en France à 17 ans, à l’époque de la dictature militaire. Il étudie le journalisme à Lille et exerce cette profession à la radio et dans la presse écrite, notamment au Monde pendant de nombreuses années. Il est également dessinateur humoristique et auteur de pièces radiophoniques. Au sein de son œuvre, on peut citer Contrôle d’identité (1985) et Paris-Athènes (1989), tous deux publiés au Seuil puis repris chez Fayard/Stock qui publiera le reste de son œuvre. Il obtient le prix Médicis en 1995 pour La Langue maternelle et le Grand prix de l’Académie française en 2007 pour Ap. J.C.
« Les langues sont pour moi des personnages » A l’occasion de la parution en 2010 de son roman « Le premier mot », il avait accordé un entretien à Georgia Makhlouf pour la revue libanaise L’ORIENT LITTERAIRE. À lire ICI