Le Dire Et L Ecrire 393

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15è année - n° 393

30 mars 2022

www.ledireetlecrire.com

La « beat generation » une poignée de jeunes gens épris de liberté, assoiffés d'expériences et de voyages, va bouleverser la littérature et annoncer la contreculture et la libération sexuelle (*)

Pour le centième anniversaire de la naissance de Jack Kerouac, la presse et l’édition redécouvrent l’auteur de « Sur la route », livre de chevet de toute une génération. Pour l’occasion, Gallimard publie un inédit en français « L’océan est mon frère ». Quant à Denoël il réédite « Anges de la désolation » déjà publié en 1998. On peut aussi lire ou relire les œuvres des autres membres de la « beat generation ». Jack Kerouac 1922 - 1969

Voir notre dossier datant de 2016 ICI Ecouter sur Radio Canada l’émission «

Sur les traces de Kerouac » (4 fois 50 minutes) ICI (*)

La citation provient d’un article des InRocKs - numéro spécial 79 / 17 juin.2016 Le sens du mot beat est incertain : il peut signifier « battu », « vaincu » ou « battement » (par allusion au jazz), ou encore exprimer la « béatitude ». On retrouve cette racine dans beatnik (nik, gars) ; beat peut s'employer seul comme adjectif. Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Lawrence Ferlinghetti, jeunes écrivains groupés à San Francisco en 1950, se baptisèrent eux-mêmes la Beat generation, la génération vaincue, la génération du tempo.


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Le dire et l’écrire

Des livres Un inédit et une réédition de deux livres de Jack Kerouac (1922-1969) L’océan est mon frère, Jack Kerouac Inédit en français Bien avant de devenir célèbre avec la publication de Sur la route, avant même de publier The Town and the City (qui allait être son premier roman officiel), Jack Kerouac était marin. L'Océan est mon frère, resté jusqu'ici inédit, est le fruit de cette histoire d'amour avec l'océan. C'est le récit des aventures et fortunes diverses de Wesley Martin, marin solitaire et taciturne, qui voue à l'océan « un amour unique et étrange », et de Bill Everhart, intellectuel passionné, à la recherche d'une vie simple et d'une liberté fondamentale. Deux des facettes de la personnalité complexe de Jack Kerouac. Décidant sur un coup de tête de s'embarquer sur un navire marchand, ils se retrouvent à bord du S.S. Westminster en partance de Boston. En route pour le Groenland, ils conversent de tout, boivent du whisky, jouent aux cartes, évitent de justesse les torpilles allemandes, se plongent dans la contemplation de la vaste solitude qui les entoure, s'interrogent sur leur destination et la possibilité de l'atteindre. Kerouac tisse les fils de cette intense histoire de marins en temps de guerre pour en faire un portrait épique de l'amitié et de la fraternité, pour engager une méditation sur les moyens d'échapper à l'emprise grandissante de la société et, surtout, sur la puissance indomptable, sauvage, de l'océan.

Anges de la désolation, Jack Kerouac Réédition « Anges de la Désolation, je l’ai écrit à la lueur des bougies… C’est comme une cérémonie religieuse. » C’est l’été 1956 et le narrateur, double biographique de Kerouac, est isolé dans une cabane nichée sur le flanc du pic de la Désolation, dans les montagnes du nord-ouest des États-Unis. Voulant fuir l’agitation de la ville, il espère trouver dans ces deux mois de solitude extrême un moyen de se reconnecter totalement à son art. « Je pourrais devenir fou là-dedans », constate-t-il cependant rapidement. S’engage alors un combat méditatif et poétique contre la solitude. Lorsque le narrateur redescend de sa vigie, il se gorge frénétiquement du monde. Le lecteur découvrira, réjoui, des conversations insensées à San Francisco, de l’herbe et des putains à Mexico, des femmes aimées et des amis jaloux à New York, de l’opium à Tanger, Paris et Londres. Récit foisonnant et magistral, ce texte a été qualifié par les aficionados de « chef-d'œuvre inconnu » de Kerouac. Il préfigure Sur la route, écrit l’année suivante.

Sur Radio Canada


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Des livres

Lettres retrouvées (1969-1989) Marguerite Duras Michelle Porte Il existe peu de lettres de Marguerite Duras, encore moins de lettres intimes. Voici donc un ensemble rare : la correspondance qu’elle échangea avec la cinéaste Michelle Porte, témoin de plus de trente ans d’amitié et de complicité professionnelle. Duras y raconte ses difficultés à exister en tant que cinéaste ; elle évoque aussi ses voyages, ses amitiés, ses découvertes artistiques, ses doutes. Émouvante ou drôle, profonde ou futile, vindicative ou compatissante : Duras nous révèle des facettes peu connues de sa personnalité. Ces lettres nous montrent aussi une créatrice en perpétuelle effervescence, pour qui l’art est indissociable de la vie. Duras développe une écriture qui brouille volontairement les frontières entre cinéma et littérature, entre la voix et l’écrit : vaste espace de liberté dont cette correspondance témoigne.

Donbass : un journaliste en camp raconte Stanislas Asseyev Un camp de concentration aujourd'hui en pleine Europe Journaliste et bloggeur ukrainien, Stanislas Asseyev a couvert le conflit du Donbass en écrivant sous pseudonyme. Il a été enlevé en mai 2017 et accusé d'espionnage. Détenu dans une ancienne usine transformée en centre d'art contemporain, avant de devenir une prison, il a été libéré en décembre 2019 sous la pression de Reporters sans frontières, d'Human Right Watch et de l'OSCE. Un témoignage puissant sur une barbarie moderne et européenne

Douars et Prisons, Jacqueline Guerroudj Livre-témoignage en deux grandes parties, qui rend compte du parcours de l’engagement d’une femme européenne, Jacqueline Guerroudj, pour l’indépendance de l’Algérie, de la prise de conscience à l’action concrète. Brillante élève de Simone de Beauvoir à Rouen, Jacqueline Guerroudj occupe en 1948 son premier poste d’institutrice dans la région de Tlemcen. Dans la première partie de l’ouvrage (refuser l’inacceptable), elle décrit avec beaucoup de précision la vie, les difficultés, les répressions, la misère que connaissent les familles algériennes dans ces petits « douars » loin de tout, et surtout loin de la « civilisation » française. Elle raconte sa rencontre avec de nombreux communistes du PCA (Parti Communiste Algérien), décrit leurs luttes et leur engagement. On découvre la façon dont ces paysans ont su accueillir parmi eux, accepter, une femme, une européenne, ont su l’intégrer dans leurs luttes. La réalité du colonialisme apparaît, à travers des portraits de femmes, de familles, d’enfants. L’auteure dit avoir écrit ce récit à partir de ses souvenirs. Ce n’est donc pas un essai historique, ni une étude sociologique, ni un pamphlet politique, c’est tout cela en même temps. Vient ensuite le récit de son expulsion vers la France, puis, de retour à Alger en 1956, c’est le temps de l’engagement politique dans les rangs des combattants pour la libération, puis dans le FLN. Elle participe, entre autres actions, à la préparation de l’action de Fernand Yveton (communiste français guillotiné). Arrêtée en 1957, condamnée à mort pour « association de malfaiteurs », elle entre dans la prison de Barberousse, où se trouve déjà son mari. Là commence la seconde partie (Faire reculer les murs). C’est un regard acéré, mais humain, sur les conditions que l’État français a imposé à ces femmes et ces hommes, dont de nombreux algériens d’origine européenne, avec la description de ces détails inhumains, la nourriture, les dortoirs, les mises à mort par la guillotine. Mais c’est aussi un formidable hymne à la fraternité, à la volonté de vivre, à l’amitié, entre ces femmes, d’origines si diverses qui partageaient la même volonté de liberté. Suivront les descriptions de ses différents transferts de prison en prison, descriptions toujours agrémentées de détails, de portraits, de remarques, dont le jubilatoire paragraphe : « quelques recettes pour réussir sa vie en tôle ».


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Le dire et l’écrire

Des livres

Le goût de l’écriture, Textes choisis et présentés par Laurence Biava Née il y a quelque 6000 ans, l’écriture est un joyau. Les premiers écrits furent d’abord des retransmissions de langue parlée mais ils abordent aussi de nombreux aspects de la civilisation. Puis l’écriture progresse, utilise de nouvelles règles. Naissance de l’alphabet, plus tard de l’imprimerie. Il s’agit de transmettre des savoirs, mais aussi de raconter des histoires. Dès lors les écrivains questionnent : à quoi sert d'écrire, d'où vient l'envie, d'où naît le désir ? Voyage au cœur de l’écriture en compagnie de ceux qui la connaissent le mieux et lui doivent d’exister : Denis Diderot, Nicolas Boileau, Gustave Flaubert, Ferdinand de Saussure, Guillaume Apollinaire, Georges Perec, Pierre Bergounioux, Louis Aragon, Charles Juliet, Roland Barthes, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Daniel Pennac, Virginia Woolf, Camille Laurens, Annie Ernaux, Julien Gracq et bien d’autres…

Vie d’un esclave américain, écrite par lui-même Frederick Douglass Réédition « Dès ce moment je compris le chemin qui mène de l'esclavage à la liberté. » Les luttes pour l'égalité et la justice portées au XXe siècle par Rosa Parks, Martin Luther King ou Malcolm X, et plus récemment par Black Lives Matter, ont une longue histoire qui débute avec le combat pour l'abolition de l'esclavage. Les militants noirs y tiennent une place essentielle. À l'époque, Frederick Douglass est le plus célèbre d'entre eux. C'est en 1845, avec le récit de ses années d'esclavage, qu'il acquiert la notoriété. Soutenue par d'indéniables qualités narratives, cette autobiographie est aussi la meilleure introduction à un homme qui a laissé son empreinte sur des champs aussi divers que la politique, la littérature et la philosophie, le journalisme et l'art oratoire. La présente édition de l'autobiographie de Frederick Douglass est enrichie du récit - inédit en français - de son évasion, un récit qu'il n'accepta de faire qu'en 1881, vers la fin de sa vie.

Du 22 au 24 avril À l'occasion du 75e anniversaire de l'indépendance de l'Inde, les lettres indiennes seront mises à l’honneur par le Festival.

Communiqué « Aucune Région ou SRL n’organisera un stand collectif d’éditeurs au Festival du livre de Paris »


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Le dire et l’écrire

Evénements (rencontres-théâtre-expositions-télévision-cinéma)

En mars En avril

En mars En avril

En mars En avril

En mars En avril

d’Angers Rencontre

avec Etienne Davodeau

[le 31 mars]

"Qui

a peur de Marcel Proust ?"

[le 7 avril]

En mars En avril


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Le dire et l’écrire

Articles, notes, entretiens, vidéos

Les jeunes et la lecture Enquête IPSOS pour le CNL

Comment le français "sans accent" est devenu la norme

À propos de « Guerre » (un inédit de Céline), un article de DIACRITIK

Des formations Pierre Ahnne Une note de lecture à propos du livre réédité de Pierre Kretz « Quand j’étais petit, j’étais catholique »

Proust : « La vraie vie, c’est la littérature » Le 31 mars 2022 à Angers, une journée d'écriture proposée par l'Association le BouillonCube et animée par Renée Combal-Weiss

Histoires de femmes Les 4, 5 et 6 avril formation du RISC animée par

Lise Poirier Courbet

Ecrire à Barcelone Du 15 au 20 mai formation proposée par Aleph Ecriture et animée par

Isabelle Pleskoff

Des formations thématiques Proposées par Aleph Ecriture

Écouter la soirée de solidarité « Aux bonheurs des lettres »


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Le dire et l’écrire

LETTRE spéciale UKRAINE

Une LETTRE spéciale, mise à jour au fur et à mesure des informations qui nous parviennent, sans attendre le mercredi, jour de parution de la LETTRE hebdomadaire. Lire ICI

Dernières mises à jour (version 05 – 30 mars 2022) :  « L’histoire du bilinguisme en Ukraine et son rôle dans la crise politique d’aujourd’hui » [Page 51]  Appel à la libération des prisonniers politiques (CGT Culture, le 24 mars 2022) [Page 47]  « Le destin du pays est dirigé par la folie d’un seul homme » [Page 49 ]

Une sélection de romans, de témoignages sur notre page UKRAINE


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