Le Dire Et L Ecrire 413

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Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature

15è année - n° 413 12 octobre 2022 www.ledireetlecrire.com « femme, vie, liberté ! » Prix attribué pour « le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle met au jour les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle »
Dossier
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Des livres

Recitatif, Toni Morrison

Suivie d’une magnifique postface signée Zadie Smith, cette nouvelle de 1983, demeurée jusqu’à ce jour inédite en volume, est la seule qu’ait jamais écrite Toni Morrison. Tous les grands thèmes qui traversent son œuvre sont là la question raciale, l’identité, la violence, la place des femmes dans l’histoire et dans la société, les pièges et les sortilèges de la mémoire… En une poignée de pages bouleversantes, aussi limpides que vertigineuses, Récitatif nous offre la quintessence d’une des voix les plus inoubliables de la littérature américaine contemporaine.

Memorial Drive, Natasha Trethewey

Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d’ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre une femme noire et un homme blanc dans le Mississippi. Suivront une rupture, un déménagement puis une seconde union avec un vétéran du Vietnam. À chaque fois, Gwendolyn pense conquérir une liberté nouvelle. Mais la tâche semble impossible. Elle est toujours rattrapée par la violence.

Dans ce récit déchirant, Natasha Trethewey entremêle la trajectoire des femmes de sa famille et celle d’une Amérique meurtrie par le racisme. Elle rend à sa mère, Gwendolyn Ann Turnbough, sa voix, son histoire et sa dignité.

L'intranquille - autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou Gérard Garouste avec Judith Perrignon (réédition 2022 en poche)

Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des juifs déportés. Mot par mot, il m’a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. A vingt huit ans, j’ai connu une première crise de délire, puis d’autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l’enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions. Aujourd’hui, j’ai soixante trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris. G . G.

Un livre qui a la puissance d’un roman, traversé par l’antisémitisme, les secrets de famille, l’art, la folie et l’amour. Un autoportrait bouleversant.

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Des livres

Leone Ginzburg. Un intellectuel contre le fascisme

Florence Mauro

Leone Ginzburg (1909 1944) fonde en 1933, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi. Il meurt de sa radicalité en 1944, assassiné par les nazis. Il a inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Florence Mauro raconte sa vie tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle.

À la fin des années 1920 à Turin s'était formé un groupe de jeunes, au lycée d'Azeglio et ensuite à l'université. Leur maître Augusto Monti disait qu'il leur enseignait Dante et la politique. Les élèves se nommaient : Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Noberto Bobbio, Massimo Mila, Vittorio Foa, Mario Lévi. Leone Ginzburg (1909 1944) est apparu très vite comme la figure émergeante de ce groupe par son attitude morale exemplaire, tant sur le plan intellectuel que politique. En 1933 il fonde, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi : en 1937 et 1938, il y installe les grandes collections, historiques, scientifiques, et les traductions de la littérature européenne : lui même, d'origine russe et russophone, traduit les auteurs russes ou révise des traductions (Gogol, Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski, Tourgueniev) tandis que Cesare Pavese traduit les textes les plus novateurs de la littérature américaine (Sinclair Lewis, Herman Melville, John Dos Passos, Gertrude Stein...).

Des Revues

Ce Cahier de L’Herne propose de visiter une œuvre qui n’a cessé de déplacer ses enjeux pour interroger de nouvelles formes narratives. De fait, loin d’être figées, l’interprétation et la connaissance de l’œuvre de Jean Echenoz se voient constamment remises en jeu par les romans successifs que l’auteur a pu faire paraître, chaque nouveau récit éclairant d’une lumière neuve les romans précédents. Le volume révèle plusieurs périodes de l’écriture de Jean Echenoz rendues lisibles grâce aux carnets personnels de l’écrivain, accessibles pour la première fois et dont la lecture modifie en profondeur la saisie de l’œuvre. Alternant les contributions de spécialistes, qui interrogent la poétique même d’Echenoz, avec des interventions d’autrices et d’auteurs qui, toutes générations confondues, rendent hommage à l’influence majeure de Jean Echenoz dans la littérature contemporaine, ce Cahier entend dessiner le portrait de l’un des romanciers qui, s’il se tient parmi l’un des plus discrets de sa génération, n’en est pas moins l’un des plus influents.

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Événements

OCTOBRE

OCTOBRE

OCTOBRE

OCTOBRE

Des mots qui restent

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(rencontres-théâtre-expositions-télévision EN
EN NOVEMBRE EN
EN NOVEMBRE EN
EN NOVEMBRE EN
EN NOVEMBRE Un film de Philippe Faucon Louisette « Louisette » ou le dernier tabou de la guerre d’Algérie : le premier film d’animation du « Monde » avec « La Revue dessinée » Un film des frères Dardenne Notes, articles, entretiens ■La saga des Cazalet, pourquoi un tel engouement ? ICI ■Pierre Michon obtient le prix de la BNF ICI ■Les Années super 8 : une critique sur France Culture, le 26 septembre 2022 ICI
Dans ce documentaire, six personnes évoquent le souvenir des langues qui ont bercé leur enfance, des parlers judéo espagnols ou judéo arabes, et le judéo persan. EN NOVEMBRE

Mon 17 octobre 1961

Tous nos livres sur les « Mémoires d’Algérie »

Une vidéo du « Monde » à propos du viol pendant la guerre d’Algérie

Il y a quatre jours, j’ai eu 19 ans. Cela fait plusieurs mois que j’appartiens au réseau Jeune Résistance : je fais de la propagande pour inciter les jeunes à refuser de partir en Algérie, je transporte des documents pour le FLN algérien, etc

Depuis un mois les Algériens sont contraints d’observer un couvre feu strict décrété par le Préfet de Police, Maurice Papon.

Malgré ma participation à Jeune Résistance, cloisonnement oblige, je ne suis pas au courant des manifestations décidées par le FLN pour le 17 octobre au soir. J’apprendrai plus tard que plusieurs militants que je connais ont été mobilisés pour ces manifs, certains pour témoigner, d’autres, médecins, pour aider les éventuels blessés pendant les manifestations.

Donc le soir du 17, je suis dans le métro, ligne 12 (à l’époque Porte de La Chapelle Porte de Versailles et appelée familièrement la Nord Sud), avec Jean Pierre, mon copain depuis la communale, pour aller au Quartier Latin, au cinéma le Champo qui projette de vieux films et est, surtout, très peu cher. Nous discutons comme toujours, totalement indifférents à ce qui se passe autour de nous.

Quand le métro entre dans la station Concorde, première stupéfaction. Le quai est rempli d’Algériens, les bras en l’air ou sur la tête, face contre le mur, et de policiers, armés du bâton blanc traditionnel de la circulation, mais aussi du long bâton

en bois appelés « bidule » et certains ont même des mitraillettes.

La rame s’arrête et des policiers armés de mitraillettes se précipitent à l’intérieur, en criant comme des forcenés et font descendre les Algériens. Les coups pleuvent sur ceux qui ne descendent pas assez vite.

Tout à coup un policier me regarde et apparemment se demande si je ne suis pas Algérien. Ce n’est pas la première fois qu’un tel scénario se produit. J’ai les cheveux très noirs et frisés et le teint mat. Jean-Pierre se place entre le policier et moi. Quelques secondes passent et le policier se décide à redescendre sans dire un mot. La rame repart.

Deuxième stupéfaction : les discussions entre les passagers reprennent comme si rien de grave ne s’était passé sous leurs yeux !

.Jusqu’à Solférino, la station suivante, le temps de trajet est long, puisque la station Chambre des députés …

La suite

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Paquito Schmidt, le 8/10/2022

Dans les rues iraniennes

« femme, vie, liberté ! »

Pour Jina Mahsa Amini

Cette jeune femme de 22 ans, iranienne originaire de la ville de Saqqez au Kurdistan iranien, est morte des suites d’un traumatisme crânien, vendredi 16 septembre 2022 à Téhéran, trois jours après son interpellation par les forces de l’ordre à cause d’une mèche de cheveux qui dépassait de son foulard.

En son honneur, une jeune chanteuse iranienne interprète une version persane de BELLA CIAO et Joan Baez chante en farsi « We Shall Overcome »

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Des livresSolidarité

peuples d

Ukraine

culture

Une anthologie établie par Ella Yevtouchenko et Bruno Doucey

partie des droits sera reversée

l'association médicale et caritative

fiche du livre

Une sélection de livres de la littérature ukrainienne.

Page 8 Le dire et l’écrire
avec les
La
contre l’invasion russe Lire ICI
Lire ICI
Une
à
France-Ukraine La
Mis à jour le 13/06/2022-version n°07 Et aussi deux numéros spéciaux de la LETTRE

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