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OCTOBRE NOVEMBRE 2015
8e salon du cheval d’el jadida
« Le Salon du Cheval a fait de la coopération internationale un axe de développement majeur » Par le Prince Chérif Moulay Abdellah Alaoui, Président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres
équine, au Maroc, ne lon du Cheval et la filière Sa Le sa de ge na tro venablement que si le lacé sous le Haut Pa ent se développer con uv pe e qu VI ed mm internationale. C’est Majesté le Roi Moha acquiert une notoriété lon Sa l eva Ch du lon l a fait de la coopération Dieu le glorifie, le Sa urquoi le Salon du Cheva po ue aq ch e, bu tri développement majeur. d’El Jadida con ernationale un axe de int pe op vel dé au , cette année est le Portuannée depuis 2008 nsi, l’invité d’honneur de Ai le ns da e uin éq ys au Salon du Cheval ment de la filière La participation de ce pa . gal ns, itio éd s ue pour renforcer les liens Royaume. En quelq l Jadida est une occasion d’E con ren de u lie les deux pays dans le érigée en un opération existant entre co cette manifestation s’est de Plu . els nn sio ente pour le Portugal ur les profes ine du cheval et représ ma tres incontournables po do ns da es isé an org ître sa tradition équestre, eval y sont portunité de faire conna sieurs activités liées au ch l’op et les na tio na ns s, d’exhibitio le cadre de compétition au Maroc. u ut niveau. ha s trè internationales de produ 13 au 18 octobre. Le L’édition 2015 aura lieu rice ect dir ne lig te dans la gramme d’animations res ijud t len mê se l dans leque d’un salon professionnel ltu cu es, iqu lud équestres cieusement des activités es. tiv ves et récréa relles, artistiques, sporti val ité des métiers liés au che ers div la L’importance et no éco r teu sec le fiques sur et leurs retombées béné n: itio éd me itiè hu de cette mique ont motivé le thème traduit le souhait d’offrir Il rs. tie mé le cheval, arts et disteur une plate-forme de aux professionnels du sec cussions et d’échanges.
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Aziz Akhannouch, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, El Habib Marzak, commissaire du salon du Cheval d'El Jadida et Omar Skalli,Directeur Général de la Société Royale d'Encouragement du Cheval (SOREC), réunis avec le comité de pilotage de l'événement, autour des vainqueurs de la Tbourida lors de la clôture de la 7e édition (ci-dessus). C’est au Sofitel Tour Blanche, à Casablanca, que les mêmes protagonistes ont lancé la 8e édition (ci-dessous) qui se déroulera au nouveau Parc des Expositions.
Le grand O huit
PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA
Le chiffre
7
Nombre d’hectares dédiés à la Tbourida dans le nouveau Parc des Expositions
La phrase
«Notre devoir, c’est de transmettre notre patrimoine équin à la jeunesse afin d’en assurer sa pérennité» Par El Habib Marzak, commissaire du Salon du Cheval
PLACÉ SOUS LE SIGNE DES ARTS ET MÉTIERS, LA HUITIÈME ÉDITION DU SALON DU CHEVAL PERMETTRA À L’ÉVÉNEMENT MAJEUR DE LA FILIÈRE ÉQUINE MAROCAINE DE PRENDRE UNE NOUVELLE DIMENSION. LE GRAND RASSEMBLEMENT INTERNATIONAL DU CHEVAL INAUGURERA, EN EFFET, LE NOUVEAU PARC DES EXPOSITIONS D’EL JADIDA, JOYAU LOVÉ ENTRE LA FORÊT ET LA MER.
n appelle ça varier les plaisirs. Après un brillant exercice de style, en langue française, l’an dernier, c’est en langue arabe que le Docteur El Habib Marzak a présenté la 8e édition du Salon du Cheval dans le cadre moderne et luxueux du Sofitel Tour Blanche de Casablanca où le ban et l’arrière ban de la presse marocaine s’étaient pressés. Après une entrée en matière ciselée de Aziz Akhannouch, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, El Habib Marzak, commissaire du salon, a dressé le bilan des précédentes éditions, pointé les retombées économiques et balisé les ambitions du prochain Salon du Cheval qui se tiendra au nouveau Parc des Expositions d’El Jadida, du 13 au 18 octobre prochain.
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8e salon du cheval d’el jadida Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Salon du Cheval est devenu un événement majeur de la rentrée, sur la scène nationale et internationale. Non seulement la présence régulière de sa majesté le Roi Mohammed VI, de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan et de SAR le Prince Moulay Rachid offre une vraie résonance au Salon du Cheval, mais la qualité des championnats et concours a, aussi, permis à cet événement de devenir un rendez-vous sportif incontournable des compétiteurs de très haut niveau. Reste que la nouveauté, grande étape majeure dans l’histoire du Salon du Cheval, est le déménagement de la manifestation au nouveau Parc des Expositions d'El Jadida. Pour la première fois depuis sa création en 2008, le Salon du Cheval ne sera plus organisé dans l’hippodrome Princesse Lalla Malika. «Cela illustre la volonté de placer cet événement majeur dans les meilleures conditions techniques possibles pour mieux présenter la filière équine et contribuer à l'accélération de son développement» a déclaré Aziz Akhannouch, le ministre de tutelle de la filière. «D’une superficie de 46 hectares, le Parc des Expositions permettra de promouvoir l’authenticité du patrimoine équin national.» A noter que tout a été pensé pour accueillir les visiteurs dans les meilleures conditions. Ainsi qu’en atteste la création d’un parking pouvant accepté plus de deux mille véhicules.
EL JADIDA (hippodrome Princesse Lalla Malika).- SAR le Prince Moulay Rachid, entouré d’une Sorba de Tbourida composée de 15 cavaliers, lors de la septième édition du salon du Cheval d’El Jadida.
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Les ambitions du Salon du Cheval de contribuer au développement de la filière équine au Royaume se manifestent dans le choix du thème. En mettant en lumière les arts et métiers, après le tourisme équestre lors de la précédente édition, le Salon du Cheval rappelle que la filière équine doit devenir un véritable levier dans le secteur des emplois en milieu rural. «L’idée, c’est de mettre en exergue l'importance des métiers liés au cheval et de leurs rôles très positifs pour l'économie nationale» a précisé Aziz Akhannouch. Et le public ne s’y trompe pas. «Nous sommes passés d’un total de 120000 visiteurs, pour la première édition, en 2008, à une affluence record de 260000 personnes, l’an dernier» a précisé El Habib Marzak. «Le salon véhicule un immense capital immatériel avec la valorisation de la culture cheval au Maroc et la promotion de ce patrimoine. Le salon participe au développement des compétences et à la transmission aux générations futures du savoirfaire et de la passion. Le salon, qui a pris une vraie maturité, participe au développement du monde rural à travers le cheval.» Et à la sauvegarde de l’artisanat qui entre aussi dans le champ culturel marocain. «Avant la première édition du Salon, le métier de sellier avait presque disparu» a expliqué El Habib Marzak. «Aujourd’hui, les vendeurs d’harnachements équestres ont retrouvé le sourire avec des chiffres d’affaires en augmentation. Idem pour les vendeurs de fusils, de costumes traditionnels.»
Pour la Tbourida, l’impact auprès du public est charnel et affectif. «C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place une zone de 7 hectares dédiée à la Tbourida, afin d’accueillir les sorbas des différentes régions du Royaume» a confié Aziz Akhannouch. «La Tbourida, c’est notre grain de beauté, nous, les Marocains» a poursuivi El Habib Marzak. «C’est l’histoire d’amour de tout le peuple marocain. C’est notre art équestre national, par excellence. Seize régions marocaines participeront aux formidables démonstrations de Tbourida.» Pas de changenemnt, en revanche, dans la programmation des compétitions et des shows féériques qui sont la signature du grand événement d’El Jadida. Le Championnat international du cheval barbe, le Championnat national du cheval arabe-barbe, la coupe des éleveurs marocains de chevaux arabes, le concours international de modèles et allures du pur-sang arabe (show A), le concours international de sauts d'obstacles CSI 1* et le concours international de sauts d'obstacles CSI 3*W, qui constitue la troisième étape du Morocco Royal Tour, sont ainsi proposés à un public gâté. «Il convient de ne pas oublier les activités équestres artistiques, culturelles et récréatives qui mettront au premier plan le cheval barbe, élément du patrimoine culturel marocain» a précisé El Habib Marzak. Dernière nouveauté, le Salon du Cheval a décidé de mettre le Portugal, à l’honneur. Histoire de placer le cap à l’international... u
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8e salon du cheval d’el jadida
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EL JADIDA (Parc des Expositions).- Le public ne manquera pas d’être surpris par les immenses espaces, ainsi que le montrent la vue aérienne et l’aire de Tbourida.
PAR IMANE CHARHADDINE, À EL JADIDA
jean PiStre: «un eSPaCe à L’éCheLLe de La PaSSion du MaroC Pour Le ChevaL» JEAN PISTRE, UN DES ARCHITECTES DU NOUVEAU PARC DES EXPOSITIONS D'EL JADIDA, INAUGURÉ À L'OCCASION DU SALON DU CHEVAL, DÉCRYPTE SA RÉALISATION ENTRE POIDS DE LA TRADITION MAROCAINE, SAVOIR-FAIRE ARTISANAL ET OUVERTURE INNOVANTE SUR LA MODERNITÉ.
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n joyau et des promesses. Le Parc des Expositions d’El Jadida, véritable pépite architecturale, promet une révélation exclusive qui sera découverte lors de la huitième édition du Salon du Cheval (13 au 18 octobre 2015). Sa conception est le résultat d’une collaboration des plus fructueuses, entre deux cabinets d’architectes aussi passionnés qu’inspirés: le cabinet d’Omar Alaoui de Casablanca, et celui de Valode et Pistre de Paris (dont les bureaux sont également présents en Pologne, en Chine et en Russie). Né il y a trente ans de l’amitié entre Denis Valode et Jean Pistre, le cabinet de Valode & Pistre a rejoint l’équipe de travail suite au choix de la SOREC et de son directeur, Omar Skalli. A l’aune de magnifiques réalisations dans plus d’une vingtaine de pays, ce cabinet a démontré que son équipe est capable de faire de l’architecture un métier de création technique; c’est aussi une occasion d’approche sociologique quelque soient le lieu et la culture. Jean Pistre a accepté de répondre à nos questions et de parler du nouveau Parc des Expositions d’El Jadida qui pourrait accueillir prochainement le Salon de l’Automobile de Casablanca et des spectacles internationaux. Retour sur un projet exaltant.
Cheval du Maroc.- Comment est venue la proposition de collaborer sur le projet du Parc des Expositions d’El Jadida ? Jean Pistre.- Nous avons été sélectionnés par la SOREC et son directeur Omar Skalli pour participer à un concours international d’architecture. La SOREC avait apprécié nos travaux sur le Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris. A El Jadida, nous étions en présence d’un site immense à restructurer et reconstruire par phases successives. Notre démarche architecturale était à la fois de réaliser un outil d’expositions très performant et d’offrir au public des lieux conviviaux, de qualité avec une forte identité. Ce concours, que nous avons mené avec notre ami architecte Omar Alaoui, nous a passionnés. Mettre en œuvre notre savoir-faire en matière de Parc des Expositions, nous a permis de plonger à la fois dans la culture marocaine et de découvrir l’univers de cet évènement incroyable qu’est le Salon du Cheval. Parlez-nous du déroulement des travaux au Parc des Expositions d’El Jadida... Le projet du Parc des Expositions avait été conçu pour un autre site à El Jadida, et c’est au moment du démarrage des travaux que des problèmes administratifs, plus l’opportunité d’un meilleur site, l’ont fait déménager. La conception modulaire, faite de halls parallèles reliés d’un côté par une vaste promenade piétonne et de l’autre par une zone logistique, a permis que ce déménagement se réalise sans modification et donc sans perdre trop de temps. La bonne volonté et le sens de l’adaptation ont permis que l’ouverture du Salon du Cheval 2015 ait lieu au Parc des Expositions, même si beaucoup de travaux resteront à finaliser.
«Notre démarche architecturale était à la fois de réaliser un outil d’expositions très performant avec une forte identité» précise l'architecte Jean Pistre.
Quelles sont les particularités du travail architectural sur le chantier marocain ? Le Maroc est un pays où le poids de la tradition et le savoir-faire artisanal sont très forts et aussi très valorisés. C’est en même temps un pays ouvert à la technologie et aux solutions innovantes. Nous avons ressenti et très bien vécu cette double dimension tout au long des études et du chantier. Ce projet, avec d’un côté ses halls ultra-modernes de 85 mètres de largeur sans poteaux, aux façades en verre sérigraphiées et de l’autre les bâtiments des fonctions-support en enduit de couleur bleu Majorelle incarne cette dualité. Pendant la construction elle-même, la cohabitation des charpentiers avec leurs immenses grues de levage et des artisans maçons ou menuisiers reflétaient exactement l’âme de ce pays. Que promet l’inauguration du Parc des Expositions d’El Jadida aux visiteurs du Salon du Cheval ? Le public va découvrir d’abord d’immenses espaces: le parvis d’accueil, les allées ombragées, les aires pour la Tbourida et les pavillons d’expositions eux-mêmes; des espaces à l’échelle de la passion du Maroc pour le cheval et de l’ambition de ce Parc pour l’activité économique du pays. Il va aussi découvrir un espace qui nous tient beaucoup à cœur, les pergolas, vaste promenade, le long des halls. Il s’agissait de créer de l’ombre sans obscurcir et d’assurer une ventilation naturelle pour éviter la chaleur. Ces immenses ombrelles en forme d’arcs couvertes de lames d’aluminium parallèles, dont l’espacement est calculé pour le meilleur équilibre ombre-lumière, sont inspirées des circulations ombragées des souks que l’on rencontre du Maroc jusqu’à la Syrie. Ensuite, le public découvrira aussi un travail spécifique que nous avons mené sur l’évocation contemporaine de la tradition graphique marocaine.
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8e salon du cheval d’el jadida Pouvez-vous citer quelques exemples de cette mise au goût du jour de la tradition graphique marocaine? Quelques exemples, les sérigraphies des murs rideaux entrelacés d’octogones et de carrés qui reconstituent des étoiles, les murs de clôtures qui, par un effet d’optique en se déplaçant, reconstituent des étoiles à partir de carrés, ou encore, les entrées des halls qui sont signalées par des portes dont la silhouette est une retranscription contemporaine de l’arc outrepassé marocain. Enfin, le public découvrira le restaurant panoramique, depuis lequel on aperçoit la mer, en forme de disque posé sur le toit du 1er hall. Il y a le public, mais il y a aussi les utilisateurs et les organisateurs d’expositions... C’est le sujet le plus technique du dossier car nous avons mis au point un véritable outil d’expositions capable d’accueillir tous les évènements possibles, autant d’expositions classiques que de grands spectacles ou évènements spécifiques comme le Salon du Cheval. Les grands halls de 85 mètres de largeur sans poteaux offrent une liberté totale d’implantation et d’organisation des évènements. Les charpentes peuvent supporter des charges importantes : 200 kilos sur une maille de 3 mètres, soit un total d’environ 200 tonnes par hall. Cela permet de suspendre tout ce qui est nécessaire à l’installation de stands ou de spectacles. Au sol des regards permettent les branchements d’eau, d’électricité et de téléphone sur une trame de 6m X 9m. L’ensemble de ces dispositifs situe le nouveau Parc dans les meilleurs standards internationaux.
Vue sous la pergola.
Si vous deviez qualifier votre expérience au Maroc en tant que cabinet international ? Tout d’abord, le Maroc est un pays très attachant par sa culture et par la qualité spontanée des relations humaines quotidiennes. Le contexte était donc très positif et nous avions déjà pu l’apprécier lors d’autres projets que nous avons déjà réalisés ici. Ensuite, et c’est le plus important pour nous architectes, il y a une très grande curiosité et ouverture d’esprit, tant pour les concepts nouveaux que pour les innovations techniques. Donc, même si les sujets administratifs freinent parfois le bon déroulement des opérations, le dynamisme et l’engagement des responsables y pallient largement. Nous commençons de nouveaux projets en particulier dans l’hôtellerie et nous sommes donc très heureux et honorés de pouvoir continuer nos expériences marocaines. u
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«Nos clients sont surtout des cavaliers de Tbourida» dit Mohamed Chraïbi Kaadoud, fier de ses selles (médaillon)
SeLLerie
iLS font de La réSiStanCe en Médina de MarrakeCh
PAR IMANE CHARHADDINE, À MARRAKECH
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ichée au cœur de la médina de Marrakech, la sellerie de la famille Chraïbi Kaadoud donne rendezvous aux équidés pour se parer des meilleurs équipements pour monter à cheval. Artisanat pointilleux interpelant plusieurs savoirs et savoir-faire, la sellerie recèle aujourd’hui l’image d’un héritage intergénérationnel qui s’est transmis entre, au moins , quatre générations dans cette illustre famille aux racines fassiesmarrakchies. On découvre la sellerie de la famille Chraïbi Kaadoud après avoir traversé la place Jemaa Elfna, les souks des Semmarines, Jloud et autres commerçants de produits essentiellement dédiés aux artistes. Cette boutique, dont l’ouverture remonte aux âges de l’arrière grand-père, a choisi de conserver ce patrimoine plutôt que de se convertir à un commerce pour touristes. Ici, le cheval a encore le droit de se profiter des meilleures étoffes, et on en offre. Tous prix, toutes couleurs et tous styles confondus, ici le choix se veut non exhaustif quant aux produits et équipements de selleries : selles de toutes tailles, ceintures, ficelles, pose-pieds et autres sont les offrandes de cette caverne d’Ali Baba aux mille et une couleurs.
Pas spécialement spacieuse, la boutique Chraïbi Kaadoud reconnue comme unique sellerie de la médina (et de la ville) abrite un nombre incalculable d’articles. Elle fait travailler cinq personnes sur place mais le travail exige la participation d’artisans externes (femmes au foyer pour les broderies, artisans de cuir pour le perfectionnement, etc...).
L’art de la sellerie converti à la décoration d’intérieur ? Dirigée, aujourd’hui, par Mohamed Chraïbi Kaadoud, fils et ex apprenti du domaine, la boutique conserve son authenticité et retrouve vie depuis que sa Majesté le Roi Mohamed VI a redonné du souffle à l’activité équestre au Maroc. «Peu de gens s’intéressaient jusque là à l’équitation à cause du caractère élitiste qu’on lui connaît» dit Mohamed, propriétaire et artisan. «Aujourd’hui, l’activité devient plus accessible aux différentes couches de la population et n’est plus réservée aux hautes classes sociales. Le commerce reprend un nouvel essor, régénéré par un retour vers l’équitation».
Les matières premières ne manquent pas de diversité dans le domaine de la sellerie : cuir de toutes les qualités, bois (servant de supports ou d’interfaces internes), fils de toutes les couleurs (avec un inéluctable penchant pour le jaune doré) ou tissus de velours de toutes les couleurs. «Il s’agit d’une activité artisanale qui fait travailler plusieurs fournisseurs, et fait partie d’une chaîne de valeur non négligeables dans le savoir-faire manuel» précise Mohamed. «Nos clients sont surtout des cavaliers de la Tbourida ou des amateurs férus de l’équitation, en toute liberté. Il faut savoir que certaines personnes s’offrent ces achats sans avoir de cheval, tout simplement à titre décoratif.» Est-ce à penser que cela convertit l’art de la sellerie à une autre orientation : celle de la décoration d’intérieur au-delà de la dimension usuelle des selles et autres équipements? Conversion, dénaturation ou diversification ? «La sellerie reste avant tout un art dont l’exploitation ne peut être limitée» assure Mohamed. «Aujourd’hui elle connaît de nouvelles inspirations et intègre les nouvelles technologies pour une meilleure production, sans pour autant nier la valeur du travail manuel.» Un patrimoine national à préserver... u
RÉINSERTION SOCIALE, DÉVELOPPEMENT ARTISTIQUE, PROMOTION DE L'UTILISATION DU CHEVAL BARBE, L'ÉCOLE DES ARTS ÉQUESTRES DE MARRAKECH COMPILE LES AVANTAGES. RIEN D'ÉTONNANT QU'ELLE DEVIENNE LA FIGURE DE PROUE DU PÔLE ÉQUESTRE, APPELÉ À VOIR LE JOUR DANS LE NOUVEL HIPPODROME DE MARRAKECH.
PAR IMANE CHARHADDINE, À MARRAKECH
artS équeStreS de MarrakeCh :
une voLtige SouS LeS feux de La raMPe
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arts équestres de marrakech
A Caen (photo de droite), lors des Jeux Équestres Mondiaux ou à El Jadida, (photos du centre) lors du Salon du Cheval, la troupe des arts équestres de Marrakech a fait l’unanimité. Au grand plaisir du docteur Mohamed Chakdi, (ci-dessus) directeur du Haras National de Marrakech et de Khalil Reda, responsable de l’école des arts équestres. anama aux couleurs de la SOREC vissé sur la tête, cravate rose à pois bordeaux, pantalon foncé, le docteur Mohamed Chakdi en impose. Ses épaules sont aussi larges que son sourire. Sa poignée de main est franche et assurée. Le directeur du Haras National de Marrakech n’est pas stressé par le concours inter-régional des chevaux arabe-barbe qui se déroule, dans d’excellentes conditions, au haras de la ville Rouge. Pas davantage par la répétition du spectacle des arts équestres de Marrakech programmée en clôture du concours, afin de peaufiner les derniers détails avant le salon du Cheval. Reconnu comme l’un des cinq prodigieux haras nationaux du Royaume, le Haras National de Marrakech rayonne aujourd’hui sous une étoile particulière : celle d’une mise en place d’une infrastructure académique pour les arts équestres. Projet des plus ambitieux, l’école du spectacle équestre du Haras National de la ville rouge est aujourd’hui une niche qui interpelle plus d’un intervenant. Normal qu’on lui offre tous les moyens nécessaires pour faire proliférer son excellence. Entre la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC), l’Association Marocaine d’Aide aux Enfants en Situation Précaire (AMESIP) et les intervenants sportifs, artistiques et éducatifs de premier plan, l’école dédiée aux Arts Equestres joue un double rôle artistique et social qui force l’admiration.
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C’est sous l’égide du Docteur Mohamed Chakdi que le Haras National de Marrakech poursuit son essor. Les efforts du directeur et son implication ont valu à ce haras la création et le développement d’un projet d’envergure nationale et internationale, en faveur de l’activité équestre. Si l’on parle du cheval en tant que symbole emblématique de l’identité arabe à travers les mythes, les croisades et même les activités commerciales et marchandes, un gros plan particulier s’impose : celui que l’on ajuste sur le cheval barbe.«Le cheval barbe est un patrimoine unique qu’il convient de mettre en valeur» dit le Docteur Chakdi, vétérinaire. «Membre fondateur de l’Organisation Mondiale du Cheval Barbe (OMCB), dont Omar Skalli assure actuellement la Présidence, le Maroc lance une grande stratégie nationale dédiée à son développement et à sa valorisation. Le projet de l’école des arts équestres est d’en faire une vitrine de l’utilisation du cheval barbe afin de créer une dynamique sociale et économique tout en valorisant l’ancrage identitaire.»
L’école des Arts Equestres a pour ambition de créer une dynamique socio-économique autour du cheval barbe, en initiant le jeune public, en contribuant à la réinsertion de jeunes en situation difficile, d’où la précieuse collaboration avec l’AMESIP. «On ouvre aussi nos portes aux jeunes qui ne sont pas en difficulté» précise Khalil Réda, responsable de l’école et fondateur de l’école des Arts Équestres des Frères Réda, à Namur, en Belgique, en 1992, avec son frère Chkinbo. «L’idée d’un mélange des jeunes d’horizons différents autour du cheval est une belle idée. L’objectif, c’est de créer un vrai centre de formation marocain des arts équestres reconnus à l’étranger.» Celui qui se félicite de son retour au Maroc pour semblable projet ne manque pas d’ambitions: «on peut devenir une référence pour Bartabas, Cavalia et Apassionata, les trois grandes troupes mondiales de spectacles équestres.» Et le docteur Chakdi de préciser : «Plusieurs jeunes ont déjà réussi leur réinsertion sociale en trouvant du travail ici ou même à l’étranger» se félicite-il. «A ce moment-là, notre mission est remplie. L’école leur a donné des atouts, de la visibilité mais surtout la confiance en un nouveau démarrage. Il faut savoir que nous travaillons l’esprit autant que le corps puisque nous dispensons des cours de langues étrangères et des cours d’expression scénique comme au théâtre.»
«Plusieurs jeunes ont déjà réussi leur réinsertion sociale en trouvant du travail ici ou même à l’étranger. notre mission est remplie. L’école leur a donné de la visibilité et la confiance. Il faut savoir que nous travaillons l’esprit autant que le corps puisque nous dispensons des cours de langues étrangères et des cours d’expression scénique.» Docteur Mohamed Chakdi
arts équestres de marrakech
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Ce n’est pas Chakir Sahar qui dira le contraire. Acrobate ambulant de la célèbre Place Jemaa Elfna, élève des arts équestres de Marrakech, il est aujourd’hui une des figures de proue de la grande troupe Cavalia, basée à san Francisco, aux EtatsUnis et à Winnipeg, au Canada. «Son exemple est une récompense et un moteur pour aller plus loin» confie le Docteur Chakdi. «Il faut savoir que pour lancer l’école, nous sommes allés recruter Place Jemaa Elfna où les qualités des acrobates sont reconnues dans le monde entier. Souvent, on me demande pourquoi l’école des arts équestres est basée à Marrakech, non pas ailleurs dans le Royaume. Voilà la réponse !» Et si l’acrobatie est la signature de l’école, elle a pour ambition de servir de vitrine qui permettra à la fois une avancée pour le rayonnement international du Royaume en matière de spectacle équestre, et une mise en valeur du cheval barbe et de l’arabe barbe, races locales constituant une fierté identitaire. Les apprentis de l’école sont recrutés suite à une présélection de l’AMESIP, une fois recrutés ils sont sous l’orientation pédagogique d’une équipe aux compétences reconnues : Khalil, Eric, Gilles et Ali. Ces mentors permettent aux jeunes apprentis de maîtriser à la fois le dressage, la voltige et la liberté, à travers des stages et des activités régulièrement amorcés, à la fin desquels chaque apprenti choisit son orientation et en fait une spécialité.
La double dimension artistique et sociale donne à l’Ecole une envergure mais aussi une adhésion externe de différentes parties prenantes. La réinsertion sociale ne devient plus une finalité en soi, mais un moyen de redonner espoir à une tranche sociale de la population ne croyant plus aux horizons d’un quelconque avenir. Formée actuellement de six membres et quatre aspirants, la troupe de l’Ecole des Arts Equestres du Haras National de Marrakech sera présente au Salon du Cheval 2015. Un spectacle dont les préparations remontent à plus d’un an réjouira donc le public sur place, mettant en avant l’apprentissage et les performances artistiques de chaque membre de la troupe. On découvrira un spectacle dont le réalisateur est Gilles Audejean, le costumier Laurent Lamoureux et dont l’encadrement général est assuré par le professionnel Khalil Réda. Et comme la sécurité et la régularité des enchainements sont des indéfectibles priorités, le réalisateur Gilles Audejean a imaginé un spectacle à numéro introductif, dont les modalités sont à caractère évolutif alternant à la fois voltige classique et cosaque. Une double piste a été prévue en guise d’équipements de logistique (13 mètres sur 22 mètres) permettant d’exalter le public avec une chorégraphie où musiques, figures, évasions et splendeurs patrimoniales se conjugueront en toute authenticité.
«C’est avant tout un numéro évolutif, aux perspectives intéressantes, qui pourra servir de base pour de nouveaux spectacles» confie Gilles Audejean, directeur artistique, respecté en France. L’inauguration du nouvel hippodrome de Marrakech ne manquera pas de jouer le rôle d’un miroir grossissant et d’un incubateur. «Dans ce même lieu unique, on va réunir un pôle équestre qui sera la vitrine de toute la filière» précise le docteur Chakdi, avec impatience et gourmandise. «On retrouvera non seulement l’école des arts équestres, mais aussi une école de poneys, un club de tourisme équestre, une académie de Tbourida et un centre de trek». Histoire de donner naissance aux carrefours du cheval que le directeur général de la SOREC, Omar Skalli, appelait de ses vœux dans notre dernière édition (clin d’œil #40) où des foires de chevaux permettant de valoriser les produits du terroir et le travail des artisans auraient toute leur place. Vivement la suite... u
«pour lancer l’école, nous sommes allés recruter Place Jemaa Elfna où les qualités des acrobates sont reconnues dans le monde entier. Souvent, on me demande pourquoi l’école des arts équestres est basée à Marrakech? Voilà la réponse !»
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morocco royal tour
Morocco Royal Tour: un plateau très relevé !
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réé en 2010 sur Hautes Instructions de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, présidé par Charif Moulay Abdellah Alaoui, le Morocco Royal Tour sera clôturé, à El Jadida, du 15 au 18 octobre, dans le cadre du Salon du Cheval. Les chevaux et les cavaliers seront affûtés après les deux premières étapes à Tétouan (2-4 octobre) et Rabat (8-11 octobre). Organisé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres, l’Association du Salon du Cheval d’El Jadida et la Garde Royale, le Morocco Royal Tour figure parmi les grandes compétitions du calendrier équestre mondial. Il comprend cette année un concours de saut d’obstacles international CSI3*W de 24 épreuves, avec 12 épreuves comptant pour la Longines Ranking List FEI, dont trois Grands Prix CSI3*W qualificatifs pour la Coupe du monde. Depuis sa création, le Morocco Royal Tour attire chaque année des cavaliers reconnus de plus d’une vingtaine de pays, avec la participation de stars internationales médaillées aux Jeux olympiques, aux Jeux Équestres Mondiaux et dans leurs championnats continentaux. Ainsi, le Morocco Royal Tour pourra compter sur la présence du cavalier belge Constant Van Paesschen, récent vainqueur du Grand Prix dominical de Chantilly. Les Suisses Pius Schwizer, classé numéro un mondial pendant quelques mois en 2010, et Nadja Peter Steiner sont attendus. Le Saoudien Abdullah Sharbatly, vice-champion du monde en 2010 et médaillé de bronze par équipes aux Jeux olympiques d’été de 2012 à Londres sera également présent. u
EL JADIDA (Hippodrome Princesse Lalla Malika).- Abdeslam Bennani Smirès sur Mowgli des Plains, lors du Morocco Royal Tour. «Ce cheval a été mon professeur. Il m’a apporté toute son expérience. On a formé très rapidement un vrai couple» dit-il.
abdeSLaM Se fait un PrénoM
bdeslam Bennani Smirès est un homme occupé. Entre son hôtel, le Selman Marrakech, Holinco, la holding familiale qu’il a intégré, la rentrée des classes d’Ameer, son amour de fils (4 ans), et les stages de l’équipe nationale du Maroc de sauts d’obstacles, il compte son temps libre comme on compte ses derniers dirhams, à la fin des vacances. Quand on lui a proposé de déjeuner pour prendre langue au sujet du cheval au Maroc, il a fait le ménage dans son emploi du temps avec une diligence qui trahit une passion... Pas seulement parce qu’il porte la politesse comme une élégance et une éducation.
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PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA
ABDESLAM BENNANI SMIRÈS SERA UNE DES GRANDES ATTRACTIONS DE LA FINALE DU MOROCCO ROYAL TOUR QUI SE DÉROULERA À EL JADIDA (15-18 OCTOBRE) DANS LE CADRE DU SALON DU CHEVAL. ISSU D'UNE FAMILLE RECONNUE ET RESPECTÉE DANS LE MONDE DES AFFAIRES, IL A RÉUSSI À SE FRAYER UN CHEMIN DANS LE CERCLE FERMÉ DE L'ÉQUITATION MONDIALE. «IL A LES QUALITÉS POUR ÊTRE DANS LES MEILLEURS MONDIAUX. IL A UNE FORCE MENTALE EXCEPTIONNELLE QUI LUI PERMET D’ÊTRE TRÈS RÉGULIER DANS LES GRANDES COMPÉTITIONS» DIT MARCEL ROZIER. RETOUR SUR UNE TRAJECTOIRE ÉTONNANTE AVEC UN GARÇON BIEN NÉ ET BIEN ÉLEVÉ.
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On peut même parler d’amour, de relation charnelle. D’ailleurs, cet été, il n’a pas hésité à déclarer sa flamme, sur facebook, à.. son cheval, Mowgli des Plains, au lendemain de son titre de vicechampion du Maroc de sauts d’obstacles. Il n’a pas chipoté à l’instant de s’éloigner deux années du Selman Marrakech pour se consacrer exclusivement à son sport malgré la désapprobation familiale. Pourtant, dire qu’Abdeslam, né à Casablanca, en 1983, est tombé dans la marmite tout petit serait, sinon une contre-vérité, au moins une exagération inutile. C’est en lui offrant un cheval en plastique que ses parents - Najat et Abderrahmane - ont involontairement nourri la future addiction. «C’était mon doudou, il ne fallait me le retirer pour rien au monde» se souvient Abdeslam. «Et dès que je voyais une calèche, à Marrakech, je perdais la raison. Il fallait absolument que je caresse les chevaux. C’était une attirance instinctive.»
Et si les parents ne poussent pas le petit Abdeslam dans les écuries, ils finissent pas céder à ses demandes incessantes. Et l’accompagnent, chez Solange et Mohammed El Yassini, à La Ferme Équestre dar Bouazza. A l’époque, elle ne se trouvait pas exactement à Dar Bouazza mais à proximité du futur Morocco Mall. Abdeslam a cinq ans quand il commence à monter lors d’initiations loisirs. Il monte ses gammes du trot au galop. «Mes parents étaient effrayés» se souvient-il. «Ils ont tout essayé pour que je mette un terme à cette expérience à nulle autre pareille. J’ai une attitude très différente avec mon fils, Amir. Je le mets au contact des chevaux. Mais je ne le pousse pas.» Rien d’étonnant qu’il monte déjà, à poney. Rien d’étonnant, non plus, qu’Abdeslam n’ait pas cédé aux appréhensions familiales. Loin s’en faut ! Au contraire, à l’âge de 9 ans, il prend la direction de l’Ancienne route d’El Jadida et du club l’Etrier de Casablanca.
Naturellement, il intègre son école d’équitation, EquiMajic. «C’est à ce moment que je suis tombé amoureux du saut d’obstacles» confie-t-il. «Et ce sentiment ne m’a plus quitté jusqu’à aujourd’hui. Le Club de l’Etrier occupe une grande place dans mon cœur et dans mes souvenirs d’enfance. Ce sport et ce club ont été mon grand équilibre dans la vie.» En 2001, c’est même l’équilibre parfait. «A la surprise, générale, et en premier lieu à la mienne, j’ai obtenu mon bac, à Lyautey avec mention très bien» précise Abdeslam. «Et la même année, j’ai été sacré champion du Maroc juniors de sauts d’obstacles.» N’empêche, l’équilibre ne tarde pas à être rompu. Et la balance penche pour la première fois de l’autre côté. Celui de la Suisse où Abdeslam sort diplômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne après quatre années d’études. Quatre années loin des écuries, loin du bruit des sabots, des barrières qui tombent. «Pendant quatre ans, je ne suis pas monté une seule fois sur un cheval» confirme Abdeslam. «J’ai écouté mes parents qui m’ont demandé de privilégier mes études, mon avenir. Je ne voulais pas leur causer de soucis, créer un conflit. J’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse, paisible au sein d’une famille extraordinaire. C’était le moment de rendre un peu à mes parents...» Quand il rentre à Casablanca, diplôme en poche, au crépuscule de l’année 2004, il passe par le club l’Etrier avant de regagner le domicile familial. On exagère à peine... «J’ai repris tout de suite» avoue Abdeslam. «Pendant trois années, j’en ai bavé. Je n’ai jamais possédé beaucoup de bases techniques. J’ai souvent monté à l’instinct. Après une telle interruption, cette assise technique m’a cruellement fait défaut.» Jamais ô grand jamais, Abdeslam n’a eu envie de tout plaquer et de se concentrer sur le projet du Selman dont il assume la paternité de la signature autour de l’élevage de pur-sang arabes «malgré les réticences de mon père et surtout les avis négatifs de consultants en hôtellerie qui ne comprenaient pas grand chose.» Abdeslam s’accroche. «Les mauvaises performances me motivaient encore davantage» confie-til. «A l’époque, il n’y avait pas d’instructeurs qualifiés, au Maroc. Il fallait s’entraîner seul. Ça rendait le défi encore plus vertigineux. Heureusement, j’ai eu la chance de pouvoir acheter un cheval magnifique, Lorenzo. C’est lui qui m’a remis en selle.» Ça tombe bien. C’est le bon moment. Le Maroc est débarrassé du virus de la peste équine qui avait isolé ses cavaliers. «A force de se battre les uns contre les autres dans des concours locaux à cause du blocage sanitaire, les cavaliers marocains avaient fini par stagner» dit Abdeslam. «D’ailleurs, nous commençons seulement à relever la tête et à devenir une grande nation équestre».
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«L’équitation et le club de l’Etrier, à Casablanca, ont été mon grand équilibre dans la vie.»
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morocco royal tour Il serait plus juste de parler de trio entre Abdeslam, Mowgli et Philippe d’autant plus fusionnel qu’Abdeslam prend la première décision importante de ses jeunes années d’adulte. Il quitte le Maroc pour se consacrer à sa passion équine, à Bois-le-Roi, en région parisienne, chez la famille Rozier. «Je ne regrette pas une seule seconde» prévient-il. «La décision était d’autant plus difficile à prendre que mes parents étaient clairement opposés à cette idée.» Pour son père Abderrahmane, homme d’affaires reconnu et respecté qui fut Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) de 1988 à 1994, la pilule ne passe pas. Abdeslam doit faire beaucoup de pédagogie, jouer sur la corde sensible et trouver des trésors d’arguments. «Finalement, je l’ai convaincu et il m’a même encouragé à aller au bout de mes rêves, peut-être au bout d’un certain égoïsme. Je venais de réaliser le projet de l’Hôtel Selman que j’ai fait de A à Z. J’étais complètement cramé. Il n’y a pas que le business dans la vie. Cette expérience m’a fait avancer au niveau de la force mentale, de la confiance en moi dans des proportions qu’on ne peut pas imaginer. Je suis revenu plus fort. Je me suis enrichi humainement. J’ai fait la rencontre de personnes exceptionnelles. Aujourd’hui, j’ai plus de crédibilité pour motiver, drainer, convaincre mes équipes. Dans toutes les formations professionnelles de cadres auxquelles j’ai participé, on faisait le parallèle entre le businessman et le sportif de haut niveau. Ce n’est pas un hasard.» Il n’y a pas davantage de hasard au niveau sportif. Les retombées sont plus palpables. Elles sont même assez exceptionnelles. Presqu’un an, seulement, après son premier stage auprès de Philippe Rozier, Abdeslam Bennani Smirès obtient sa qualification pour les Jeux Équestres Mondiaux, de Caen. «Après ce premier stage, personne n’aurait pu imaginer un tel scénario possible» lance Abdeslam. La CASABLANCA (Villa Blanca).- Abdeslam Bennani Smirès question de son retour au Maroc ne ne regrette pas d’avoir consacré deux années de sa vie à l’équitation. se pose même pas. La réponse est «Je suis revenu plus fort. Je me suis enrichi humainement. une évidence. Il rempile pour une Aujourd’hui, j’ai plus de crédibilité pour motiver, drainer, année, à Bois-le-Roi, chez les Rozier, convaincre mes équipes» assure-t-il pour préparer la grande messe mondiale de l’équitation. Sa progression est vertigineuse. Le 5 décembre 2013, Abdeslam Bennani Smirès prend la troisième place du Prestige Trophy (CSI 2*), lors de la 5e édition du Gucci Paris Masters. Nelson Pessoa, l’immense star brésilienne de l’équitation mondiale, est sous le charme. «Il est venu me féliciter, je n’oublierai jamais ce momentlà» confie-t-il. Le 12 juin 2014, deux mois avant les Jeux Mondiaux, Abdeslam Bennani Smirès va encore plus haut. Il remporte le Prix E.Leclerc de sauts d'obstacles, comptant pour le Global Champions Tour de Cannes, une des épreuves les plus prestigieuses au monde.
Surtout, le travail énorme entrepris par le Prince Moulay Abdellah, à la tête de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE) porte ses fruits. «C’est un grand président de la FRMSE» assure Abdeslam avec beaucoup de respect dans la voix. «En fait, c’est un très grand manager qui possède une vision extraordinaire du développement de notre sport pour les dix prochaines années. C’est son ouverture vers l’international, sa gestion et sa stratégie qui font la différence et nous permettent de grandir. En plus, il faut tenir compte qu’il n’est président que depuis trois ans. J’ai été témoin des trois dernières années mais aussi des quinze précédentes. En trois ans, on a réussi à faire ce qu’on n’avait pas fait en quinze ans. Et si on n’avait rien changé dans notre politique, on ne l’aurait pas fait dans les trente prochaines années.» Impossible de citer toutes les vertus cardinales de la stratégie du Prince Moulay Abdellah. Abdeslam Bennani Smirès pointe l’encadrement sportif. «La FRMSE a recruté deux experts, Philippe Rozier et Olivier Desutter» se félicite-t-il. «Philippe est encore cavalier. c’est une chance. On est la seule équipe au monde à posséder un entraîneur qui évolue encore dans l’élite. Quand il est arrivé, je trouvais sa présence incroyable. Juste faire un stage avec Philippe Rozier aurait été un rêve. C’était une référence pour moi, une star. On le voyait à la télé. Je l’imaginais inaccessible. Et c’est devenu notre coach...» Un entraîneur dont la première décision, au début de l’année 2012, a été de faire table rase du passé pour repartir sur de nouvelles bases. «Il a décidé de rencontrer tous les cavaliers marocains intéressés par le haut niveau et de leur faire passer un test» explique Abdeslam. «Il ne voulait pas être enfermé dans une sorte de casting des anciens cavaliers fédéraux. Il suffisait de venir avec ou sans son cheval pour avoir sa chance.»
PHOTO ABDOU ZAROUALI
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Abdeslam ne manque pas de saisir la sienne. Il fait partie des dix cavaliers sélectionnés par Philippe Rozier sur la cinquantaine observée. Le jeune diplômé de Lausanne est le seul non professionnel de la liste communiquée par le fils de Marcel Rozier. «J’étais flatté et surtout très surpris» avoue Abdeslam. «Philippe m’a précisé que j’avais du talent et une base mentale très intéressante. Je ne l’ai pas forcément cru tout de suite mais je me suis dit pourquoi, après tout... En fait, il préférait lancer des nouveaux jeunes plutôt que des cavaliers plus chevronnés mais avec de mauvaises habitudes.» A l’évidence, Philippe Rozier mise sur la création d’un mini-centre de formation, stratégie maintes fois éprouvée. Abdeslam ne s’en plaint pas. Il fait naturellement partie du groupe des cavaliers que Philippe Rozier convoque pour un stage en Espagne. Il ne traverse pas seul le Détroit de Gilbraltar: il fait la route avec son nouveau cheval, Mowgli des Plains, qui avait déjà eu ses heures de gloire avec le cavalier Patrice Planchat. Pour Abdeslam Bennani Smirès , ce n’est pas encore la consécration, mais ça y ressemble franchement. Quand il participe au Sunshine Tour, à Jerez de la Frontera, en clôture du premier stage national mené par Philippe Rozier, il n’avait encore jamais participé à une épreuve de GrandPrix. «J’étais totalement novice et ça a créé beaucoup de jalousie et d’animosité» avoue-t-il. «Mais ça fait partie du sport de haut niveau. Si je n’étais pas capable de gérer ça, je n’avais rien à faire avec des champions.» Son seul talent n’est pas que mental. Lors du Sunshine Tour, où il concourt pour la première fois avec des barres de 1m45, Abdeslam Bennani Smirès est seulement devancé par... Kebir Ouaddar. «Mowgli des Plains a été mon professeur» lance-t-il. «Il m’a apporté toute son expérience. On a vite formé un vrai couple.»
morocco royal tour « Nelson Pessoa est venu me féliciter. je n’oublierai jamais ce moment-là » PHOTOS DR
PARIS (Tour Eiffel).- Belle complicité entre Kebir Ouaddar et Abdeslam Bennani Smirès lors du CSI 5* Paris Eiffel 2014. «Il faut se souvenir que Kebir a beaucoup souffert lors des ses premières courses avec Quickly. Tout le monde se moquait de lui...» confie Abdeslam qui a été un grand témoin de l’ascension fulgurante de Kebir Ouaddar.
LISBONNE (Coupe des nations 2014).- Dans le sillage de Philippe Rozier, Kebir Ouaddar, le Colonel Hassan Jabri, Leina Benkhraba et Abdeslam Bennani Smirès (de gauche à droite) obtiennent leur qualification pour les Jeux Équestres Mondiaux de Caen.
Il rejoint Kebir Ouaddar dans le cercle très fermé des cavaliers marocains s’étant adjugé une épreuve cinq étoiles. «C’est dommage qu’il soit amateur et qu’il n’ait été professionnel que deux années dans sa carrière» avoue Marcel Rozier. «Il a les qualités pour être dans les tous meilleurs mondiaux. Il a une force mentale assez exceptionnelle qui lui permet d’être très régulier dans les grandes compétitions, de faire avec ce qu’il a à sa disposition sans gamberger. Il a aussi une qualité d’écoute assez unique. C’est une vraie éponge. Et, enfin, il possède les bases d’une équitation parfaite.» C’est aux Emirats-Arabes Unis, en tournée avec Kebir Ouaddar, sous la houlette de Marcel Rozier, qu’Abdeslam s’est qualifié pour les Jeux Mondiaux. «Autant Philippe Rozier est mon mentor, autant Philippe est celui qui a eu l’audace de croire en moi; autant je lui dois tout, autant Marcel Rozier est celui qui m’a donné le plus de déclics» avoue Abdeslam. «Il possède une vraie finesse, une manière unique de faire passer les messages. Ses conseils sont gravés dans ma mémoire. Kebir Ouaddar lui doit une grande partie de sa réussite. En fait, la beauté de leur relation, c’est que chacun rend l’ascenseur à l’autre. Quand ils se sont rencontrés, Kebir Ouaddar était bloqué aux portes du haut niveau et Marcel était moins considéré dans le monde de l’équitation, il était sur une sorte de pente descendante.» Abdeslam est sans doute le témoin numéro un de l’évolution du couple Ouaddar-Rozier et de l’ascension unique du cavalier de Sa majesté le Roi Mohamed VI. «J’ai rencontré Kebir pour la première fois, en 1993, j’avais à peine plus de dix ans» se souvient Abdeslam. «Je l’admirais. C’était la star marocaine. Il remportait toutes les épreuves, au Royaume. Je faisais ma compétition, le matin, et j’attendais le soir pour avoir la chance de le voir à l’œuvre. Il me laissait monter avec son cheval avant ses épreuves. C’était tellement gentil et humain de sa part. Ça ne s’oublie pas. Kebir a toujours partagé, il a toujours essayé d’aider tout son entourage.»
Vingt ans plus tard, en 2013, Abdeslam sera un observateur privilégié du premier sacre de Kebir Ouaddar sur Quickly. «J’ai vibré avec lui, j’ai pleuré avec lui, j’ai vécu des moments uniques avec lui» dit Abdeslam, visiblement ému. «Il faut se souvenir que Kebir a beaucoup souffert lors des ses premières courses avec Quickly. Tout le monde se moquait de lui. Tout le monde disait péjorativement: qui est ce cavalier? Quand il gagné, tout le monde a retourné sa veste et est venu le féliciter. Lors de son premier succès, Kebir est parti avec le dossard numéro un et personne ne l’a rattrapé. Il sortait de nulle part et s’est imposé devant les 140 meilleurs cavaliers mondiaux. Et, dans les écuries, j’entendais: qui est ce cavalier marocain mais, cette fois, avec du respect et de l’admiration dans l’intonation. Kebir n’est pas quelqu’un de plat ou quelqu’un qui a une vie plate. Il a sa folie à lui. Vivre toute cette aventure à ses côtés a été une leçon de vie. Avant l’éclosion de Kebir, le Maroc n’était pas considéré dans l’équitation de haut niveau. Quand on gagnait, parfois, il n’y avait même pas l’hymne marocain...»
S’il retentit à Rio, lors des prochains JO, Abdeslam ne sera pas là. Pour la première fois, il n’escortera pas la destinée du frère ainé. «C’est évidemment un regret» dit-il. «Mais je n’ai pas perdu espoir pour les JO de Tokyo, en 2020. C’est un rêve plus qu’un objectif. Ça passe par une qualification par équipes. Pour cela, on doit rattraper notre retard sur le Qatar.» Abdeslam a rattrapé assez facilement le temps perdu dans le business. «Je dois remercier ma sœur saïda qui a travaillé pour deux durant mes absences» confie Abdeslam. «Je lui dois beaucoup. Quand j’ai eu besoin de ma famille, elle a toujours répondu présente.» Celui qui véhicule la réputation d’être un des célibataires les plus recherchés du Maroc construira bientôt la sienne. «Je ne suis pas encore prêt» dit-il. «J’ai une vie si remplie. J’ai déjà rencontré plusieurs âmes soeurs. Quand je me suis consacré au cheval, ça a cassé une belle histoire. Je suis persuadé qu’on ne choisit pas. Que tout est écrit.» Un peu comme la relation entre un cavalier et son cheval...u
Ali Al Ahrach a trouvé son Fiston
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n n’arrête plus Ali Al Ahrach et son nouveau cheval, Fiston. Le sociétaire du Royal Club Equestre du Détroit de Tanger s'est adjugé le Grand Prix SM le Roi Mohammed VI de sauts d'obstacles, comptant pour le championnat du Maroc séniors, organisé au Royal Complexe des sports équestres et Tbourida Dar Es-Salam à Rabat, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Al Ahrach a succédé au palmarès de cette prestigieuse compétition à Abdelkebir Ouaddar, vainqueur en 2014, après avoir bouclé les deux manches de cette épreuve en 82 sec 54/100è, avec un total de 17,34 points de pénalités. Ali Al Ahrach a devancé de justesse Abdesslam Bennani Smirès associé à Mowgli des Plains et El Ghali Boukaa sur Cool Running. «Al Ahrach a récupéré son nouveau cheval, Fiston, seulement quatre semaines avant les championnats du Maroc» a précisé Olivier Desutter, l’adjoint de Philippe Rozier, à la tête de l’équipe nationale. «Cela situe donc la portée de cet exploit et le potentiel du nouveau couple d’autant que Ali est un cavalier très jeune et très prometteur.» u J. L. Philippe Rozier et Olivier Desutter, (ci-contre) les deux experts de la FRMSE, attentifs aux belles performances de Ali Al Ahrach, (ci-dessus)
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CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- A l’image de ce magnifique emballage final dans le somptueux hippodrome de Casablanca-Anfa, en plein cœur de la capitale économique, les courses marocaines sont très populaires au delà des frontières du Royaume. «La médiatisation des courses hippiques, au Maroc, joue un rôle capital pour notre développement» dit Gérad Rivases, ci-dessous qui brandit un trophée. «Je vis au quotidien cette montée en puissance incroyable des courses au Maroc. Aujourd'hui, le haras royal est très attractif dans le monde entier. Tous mes amis, en France, suivent désormais les courses marocaines. Je suis conscient de la chance que cela représente.»
GÉRARD RIVASES, JOCKEY STAR DU HARAS ROYAL LES SABLONS, AVEC SES 4000 VICTOIRES DES DEUX CÔTÉS DE LA MÉDITERRANÉE, SERA UNE DES TÊTES D’AFFICHE DU PLUS GRAND MEETING DE L’ANNÉE, QUI RÉUNIRA LES 20 ET 21 NOVEMBRE, À L'HIPPODROME ANFA DE CASABLANCA, LES PUR-SANG ARABES ET ANGLAIS DE RENOMMÉES INTERNATIONALES. PASSIONNANT.
meeting international de courses de pur-sang 2015 hippodrome casablanca anfa / 20-21 novembre
PAR JÉRÔME LAMY, À CASABLANCA
gérard rivaSeS : «gagner une CourSe au MaroC eSt PLuS fort qu'à ChantiLLy !» PHOTOS DR
courses hippiques
CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- Gérard Rivases, qui félicite son cheval, après une victoire: une image maintes fois revue ces dernières années sur les hippodromes du Royaume. «Porter les couleurs du Haras Royal Les Sablons est un grand honneur» dit-il. «C'est mon métier depuis de longues années. C'est un immense honneur. J'ai eu aussi la chance de monter des chevaux d'exception dont Gaia, Garrogorille, Galveston. Nous avons vécu de magnifiques succès: 1000 victoires sous le règne de feu le Roi Hassan II et 2500 sous celui de Sa majesté Le Roi Mohammed VI.»
CASABLANCA (Hippodrome Anfa).- Gérard Rivases, 50 ans de carrière et de succès
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eptembre. L’été s’étire sur Casablanca et le soleil lèche les Twin Towers avec une gourmandise non feinte. Il reste quelques jours pour s'alanguir au rythme des vagues, le long de la côte. Dans le quartier d’Anfa, Gérard Rivases, jockey star du Haras Royal Les Sablons, est déjà en piste, tour après tour, sur un hippodrome dont il connait les moindres contours, les moindres pièges. «Même en vacances dans ma cabane du Cap-Ferret, l'entretien physique est important» dit celui qui n’hésite pas, avant ses épreuves, à faire un sauna ou courir autour de l’hippodrome pour maintenir son poids fétiche de 54 kgs. Le mois d'octobre pointe le bout du museau, annonciateur d'une nouvelle grande et belle saison équine, pour décupler une force et une motivation de jeune premier, à la découverte d’une concurrence nouvelle. Le jour se lève. A 66 ans, l'intensité d'une passion dévorante perdure. Comme à ses toutes premières heures, Gérard Rivases, star des jockeys, s'applique au sacro-saint entrainement matinal. Un acte de foi et d'amour magnifié par la force du temps et l'expertise nourrie depuis les années 70 lorsque son premier entraîneur Domingo Perea, lui fit connaître son homologue marocain, en charge des chevaux de feu le Roi Hassan II. Gérard Rivases ne tarde pas à rejoindre le Haras Royal. Et la magie opère rapidement. En 1972, il remporte le Grand-Prix Mohammed V des pursang arabes. «C’est le prince héritier, qui deviendra Sa Majesté Mohammed VI le Roi du Maroc, qui m’avait remis le Trophée» se souvient Gérard. «Le souvenir est ancré dans ma mémoire comme une date inoubliable dans ma vie d’homme et de jockey.» Un eldorado marocain sur les hippodromes de Souissi Rabat et d'Anfa Casablanca, qui se conjugue au présent d'une vie de jockey jalonnée d'innombrables victoires sous la casaque royale. Et au passé d’une carrière en tous points unique par sa qualité et sa longévité. Gérard passe une enfance heureuse. Il la partage entre le boulevard de la Plage du Cap-Ferret et Paris où il chope son accent de titi. Le virus du cheval, il l’attrappe, à 4 ans, au contact d’ un oncle rompu au monde des courses qui le traîne sur l’hippodrome de Saint-Cloud, dans l’Ouest parisien.
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Dix ans, plus tard, à 14 ans, c’est le temps de l’apprentissage avec Domingo Perea. Il suffira de quelques mois d’entraînement, à Gérard, pour planter sa première victoire, sur l’hippodrome du Tremblay (1965)... à 80 contre 1. C’est en 1974 qu’il entre dans la lumière. En signant la seconde place, à Chantilly, le 9 juin, dans le Prix du Jockey Club - course la plus importante de l’époque après Le Prix de l’Arc de Triomphe et Le Prix de l’Amérique -, Gérard Rivases signe un exploit retentissant. En selle sur Dankaro, cheval appartenant à Marcel Boussac, il fait le bonheur de son entraîneur Roger Poincelet. D’autant qu’il remporte la même année, sur l'hippodrome de Longchamp, le mythique Prix Lupin (2100 mètres), ancien prix de l'Empereur. Si la dernière édition du Prix Lupin s’est déroulée, en 2004, la carrière de Gérard Rivases n’a pas de limites. En France, il montera les chevaux de Marcel Boussac, Guy de Rothschild, le baron de Rédé, puis David de Rothschild avant d’entamer une carrière vertigineuse, au Maroc où il remporte près de 3500 succès sur les 4000 qui ont jalonné son parcours exceptionnel. Son activité récente est à la hauteur de sa carrière glorieuse. Il accumule les succès, au Royaume. Encore aux premières loges du classement des jockeys au Maroc en 2015, il s’est imposé deux fois, à Casablanca, associé à Radan (Prix Blinis/Pursang anglais de 3 ans) et Badawa (Prix Nisrine – la plus belle du jour), deux sujets entraînés par Joël Seyssel, entraîneur du Haras Royal Les Sablons, surnommé Le Sorcier. Gérard Rivases, garde un oeil affûté, aiguisé, rompu à l'exercice de précision. Prêt à concourir et à conquérir de nouveaux trophées. Le meeting des pur-sang anglais et arabes, retransmis en direct sur Equidia les 20 et 21 novembre prochain, ouvre justement une nouvelle saison de haute volée et l'appétence d’un champion aux 4000 victoires dont l’ambition est intacte. «Je suis prêt» dit-il, avec les yeux d’un enfant qu’il n’a jamais cessé d’être et un accent de titi parisien à couper à la cravache. Compétiteur de marque et adversaire de haut rang, Gérard Rivases attend avec impatience que la nouvelle saison s'ouvre et que les pur-sang arabes et anglais de renommées internationales se retrouvent sur le pré pour en découdre le temps d'un week-end où le vétéran tricolore ne visera qu’une seule et unique place: la première. Rencontre avec l’inoxydable Gérard Rivases.
Porter pour cette nouvelle saison les couleurs du Haras Royal Les Sablons est un grand honneur... C'est mon métier depuis de longues années. C'est un immense honneur. Sa Majesté le Roi Mohammed VI aime beaucoup ses chevaux et y porte une attention toute particulière. C'est une grande chance de les monter, dans d'excellentes conditions. Des couleurs qui vous ont porté vers de grandes victoires et des souvenirs heureux... J'ai eu la chance de vivre des épreuves et des moments exceptionnels en gagnant tous les grands prix. J'ai eu aussi la chance de monter des chevaux d'exception dont Gaia, Garrogorille, Galveston. Sa Majesté le Roi Mohammed VI partage cette passion. Nous avons vécu de beaux et magnifiques succès. 1000 victoires sous le règne de feu le Roi Hassan II et 2500 sous celui de Sa majesté le Roi Mohammed VI.
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La médiatisation des courses hippiques au Maroc avec les directs sur Equidia et le numérique joue un rôle capital à la mondialisation des épreuves... Incontestablement ! Et personnellement, je vis au quotidien cette montée en puissance incroyable des courses au Maroc. Aujourd’hui, le Haras Royal Les Sablons est très attractif dans le monde entier. Tous mes amis en France suivent désormais les courses marocaines. Je suis conscient de la chance que cela représente. Gagner une course au Maroc est plus fort qu'à Chantilly ! Quel est votre objectif pour le meeting international des courses de pur-sang arabes et anglais organisé, cette année les 20 et 21 novembre, à Casablanca? Gagner, c'est ce qu'il y a de plus beau. Il y a une émotion particulière et une grande envie. Ce sont des courses de grande intensité. On se remet toujours en questions. Je cours pour gagner. La motivation est toujours là et je sais l'importance de porter les couleurs de Sa Majesté et de tout le Royaume. Au Maroc, mon bonheur est total. Et je rêve toujours d'être devant. Les adversaires sont une grande source de motivation.
« Amenvol est un beau cheval. Son propriétaire Azzedine Sedrati s'investit totalement pour avoir les meilleurs chevaux et rivaliser avec le haras royal. C'est un grand monsieur du monde hippique. Son entraîneur, Jean-Claude Pécout, fait partie des tous meilleurs et la compétition nous a souvent amenés à de fortes oppositions et à des finishes haletants...»
A trois ans seulement, Amenvol entraîné par JeanClaude Pecout, fait partie des prétendants... C'est un beau cheval. Son propriétaire Azzedine Sedrati est plein de convictions, il s'investit totalement pour avoir les meilleurs chevaux et rivaliser avec le Haras Royal. En 2011 Skylor, monté par Abdelkader Kandoussi, s'était illustré pour remporter la 12e édition du Grand Prix. Azzedine Sedrati y croit. C'est un grand monsieur du monde hippique. Son entraîneur fait partie des tous meilleurs et la compétition nous a souvent amenés à de fortes oppositions et à des finishes haletants. Billabong, pur marocain, monte en puissance... Billabong entraîné par Pascal Bary et monté par Stéphane Pasquier, est un cheval dur, né et élevé au royaume. Son propriétaire, Abdelouahed El Alami, a de grandes ambitions pour lui. Il vaut mieux que sa récente sixième place en Europe. On ne refait pas la course. En tout cas, sur la ligne de départ, tout le monde pourra saisir sa chance...u Meeting international des courses de pur-sang, à l’Hippodrome de Casablanca-Anfa.Vendredi 20 novembre: Pur-sang arabes. Samedi 21 novembre: Pur-sang anglais. Retransmis en direct sur Equidia
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haras national d’el jadida
MohaMMed ouSSidhouM dévoiLe Le nouveL haraS d’eL jadida ! PAR IMANE CHARHADDINE, À EL JADIDA
C’
est au milieu d’une grande agitation aussi bruyante que poussiéreuse, que nous avons découvert les travaux impressionnants du chantier du Haras National d’El Jadida. Bruits de machines à la puissance du cheval de Troie, hurlements des ouvriers dans tous les sens, espaces fichtrement garnis de briques, de fils et autres matériels de construction, le tout au sein d’une tornade poussiéreuse que le vent marin adoucit sans en atténuer les échos. C’est dans cette ambiance aux animations constructives que l’équipe de Cheval du Maroc a été accueillie par Mohammed Oussidhoum, le Directeur du Haras d’El Jadida. Ce jeune fou fieffé des chevaux, vétérinaire de formation et désormais juge A à l’ECAHO (European Conference of Arab Horse Organisation), est aujourd’hui à la tête d’un des cinq haras nationaux du Royaume, celui d’El Jadida (on compte en plus celui de Meknès, Bouznika, Marrakech et Oujda). Cet homme épris des animaux a eu son coup de foudre pour le cheval durant ses années de formation. Aujourd’hui, il dirige, avec ses collaborateurs et dans sa circonscription hippique, toute une structure réssuscitée par la SOREC pour le développement stratégique de la filière équine, et ce avec une passion qui ne manque pas d’échapper autant à ses mots qu’à ses actes. A l’occasion du Salon du Cheval, la SOREC donne rendezvous aux amoureux des chevaux pour découvrir un haras dont l’infrastructure ne fait pas de compromis avec la perfection : elle l’incarne. C’est grâce à cet homme et à toute l’équipe qu’il dirige, que la SOREC a pu faire renaître le Haras National d’El Jadida, haras dont la construction remonte à l’époque du protectorat. Alors que le sablier se déversait avec toujours plus de pression, nous avons retrouvé Mohammed Oussidhoum et son équipe du chantier en pleine course contre la montre. Peu de temps restant avant l’inauguration du Haras National d’El Jadida, énormément de travaux encore à faire, un compte à rebours des plus stressants et par-dessus tout, un Salon d’envergure internationale prévu pour sa huitième édition du 13 au 18 octobre prochain. Malgré toutes ces contraintes, cet homme aussi généreux qu’acharné a accepté de nous offrir un peu de son temps précieux pour nous parler de l’infrastructure du Haras et des activités afférentes.
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Cheval du Maroc.- Qui est Mohamed Oussidhoum, l’homme à la tête du Haras National d’El Jadida dont tout le monde attend l’inauguration ? Mohammed Oussidhoum.- Un simple monsieur qui aime son travail et dont le concours de circonstances a fait qu’il a atterri à El Jadida avec sa famille depuis quelques années. Je suis vétérinaire de formation, j’ai fait mes études à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II à Rabat et j’ai eu mon diplôme en 1994. Après avoir eu mon diplôme j’ai directement intégré le Haras National de Bouznika. Mon arrivée en tant que directeur du Haras National d’El Jadida est un pur concours de circonstances. Je jouis d’une maîtrise technique assez conséquente et je suppose que cette expérience m’a valu le mérite mais surtout la responsabilité de cette position. Nous nous sommes installés ma famille et moi à El Jadida en 2012, une année avant le début de la reconstruction de ce Haras. Quelles différences voyez-vous entre les Haras Nationaux du Royaume ? Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’exercer mon métier dans tous les Haras Nationaux du Royaume. Disons déjà que nous en avons cinq dont on peut être bien fiers : Meknès, Bouznika, Oujda, Marrakech et celui là même d’El Jadida. Et tous sont inscrits aujourd’hui dans la stratégie de remise à niveau dans laquelle s’est engagée la SOREC. Le Haras Régional de Meknès est reconnu comme étant un bijou national. Il est à la fois un haras régional et une jumenterie qui constituent une réelle plateforme pour les éleveurs mais également une fierté de la ville et de la région, ne serait ce que pour sa richissime histoire. Il est l’un des plus anciens du Royaume (construit entre 1914 et 1920) et le plus appropriés à illustrer la noblesse de la filière équine au Maroc. Il faut savoir que le Haras Régional et la Jumenterie de Meknès s’étalent sur une grandiose superficie de 67 hectares dont 30 sont consacrés à l’Hippodrome. Ce dernier est déjà le théâtre de courses depuis quatre ans déjà. Le Haras National de Bouznika a une valeur affective pour vous... Le Haras de Bouznika a une valeur émotionnelle, puisque c’est le premier Haras où j’ai travaillé après avoir été diplômé. C’est sur place que j’ai pu mettre en pratique mes apprentissages, développer mes compétences et aussi découvrir la dimension managériale que je ne connaissais pas encore sur un terrain aussi exigeant qu’un Haras National.
RENCONTRE AVEC LA CHEVILLE OUVRIÈRE DU NOUVEL HARAS NATIONAL D'EL JADIDA. OUTRE SA CASQUETTE DE DIRECTEUR, MOHAMMED OUSSIDHOUM EST AUSSI UN JUGE RESPECTÉ, SPÉCIALISÉ DANS LE PUR-SANG ARABE, ET UN AMOUREUX DE LA FILIÈRE ÉQUINE QU'IL DYNAMISE AUX CÔTÉS DE LA SOREC. Globalement, chaque haras a ses spécificités... Que ce soit sur le plan de l’histoire, de la superficie ou des équipements, vous avez raison. Et ils sont tous aussi indispensables les uns que les autres, que ce soit pour les amoureux du cheval ou pour les gens non spécialement sensibilisés à l’amour de l’activité équine. Racontez-nous votre expérience dans le Haras de Bouznika ? Ce fut ma première expérience professionnelle. J’ai intégré le Haras National de Bouznika en tant que vétérinaire. Comme je l’ai précédemment mentionné, mon sujet de thèse m’a permis de maitriser les principes de l’échographie, ce qui m’a facilité la pratique de l’échographie gynécologique chez la jument: étudier l’état de la jument. Est-elle dans son cycle ? Est-elle en chaleur ? Est-elle gestante ou non? At-elle déjà ovulé ou pas encore ? Est-ce que la matrice est propre ou pas ? Nous recevions, si mes souvenirs sont bons, entre 15 et 30 juments par jour, et ce de février à juin de chaque année. Le Haras National d’El Jadida prend forme de jour en jour depuis 2013. Que pensez-vous de cette structure soumise à votre direction ? Avant de répondre à cette question, je tiens à saluer vivement les efforts déployés par la SOREC et à sa tête son Directeur Général, Monsieur Omar Skalli, pour la remise à niveau de ses infrastructures en particulier et le développement de la filière équine en général. Il s’agit d’une réelle valorisation du rôle du cheval dans l’économie nationale mais également un engagement dans la démocratisation de cette activité à fort potentiel.
haras national d’el jadida «je tiens vivement à saluer les efforts déployés par la SOREC pour lE développement de la filière équine. Il s’agit d’une valorisation du rôle du cheval dans l’économie nationale mais aussi un réel engagement dans sa démocratisation.»
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Le Haras d’El Jadida (perspective), dessiné par les soins de l’architecte du projet, Monsieur Mohammed Hariri, sera un merveilleux outil de travail pour son directeur Mohammed Oussidhoum (ci-contre et ci-dessus)
Quels seront les grands atouts du nouvel haras d’El Jadida qui promet de devenir une des grandes fiertés de la filière équine marocaine? Ce Haras, construit en 1931 par le protectorat français, sera un vrai joyau. Tout a été démoli et la reconstruction a commencé depuis les fondations. Quatre entreprises mènent en parallèle l’activité de construction et chacune s’occupe d’un volet particulier : bâtiments, aménagements extérieurs, espaces verts et paddocks. Au niveau de la structure, il faut admettre qu’elle est très bien équipée et surtout bien fonctionnelle : 4 écuries pour les étalons, 2 écuries pour les juments, un pôle élevage armé de son équipe et de son système informatique pour traiter tous les dossiers des chevaux et répondre aux doléances des éleveurs, un complexe de reproduction, des paddocks de détente, des aires d’exercices des étalons pour assurer leur bien être, etc….
Parlez-nous de votre amour pour le cheval... Héritage familial ou passion personnelle ? Sincèrement, personne dans ma famille n’est épris des animaux en général, encore moins par le cheval, si ce n’est ma femme qui est également vétérinaire. Ma passion pour le cheval s’est révélée lors de la préparation de mon projet de thèse doctorale, qui portait sur l’échographie du boulet et du paturon chez le cheval. Cet amour pour cet animal aussi noble que fier a pris davantage d’ampleur lors d’un stage que nous avons effectué au niveau de l’Ecole Royale de Cavalerie, à Témara. Pendant six mois, nous avons eu la chance de pratiquer l’équitation dans les règles de l’art. Ce fut inoubliable, avec un régime militaire, j’ai été initié aux pratiques de l’équitation : terrains variés sans étriers, sauts d’obstacles, concours complet, etc… Mais cela n’a duré que six mois : Comme quoi, toute bonne chose a une fin. (Rires !)
Vous considérez-vous comme un cavalier ? Je ne vous cache pas que le travail occupe énormément de temps dans ma vie. Il empiète même sur ma vie privée et familiale. Toutefois, dès que j’ai la possibilité de monter à cheval, je ne la rate sous aucun prétexte. Je ne dirai pas que je suis un cavalier confirmé, ce serait trop prétentieux tout de même. Je fais parfois des randonnées à cheval avec des amis et aussi de l’endurance. Et qu’en est-il de la carrière du juge Mohammed Oussidhoum ? La carrière de juge est une autre casquette, mais reste toujours inscrite dans le cadre de l’activité équine. Il s’agit de l’ECAHO (l’European Conference of Arab Horse Organizations) où l’on devient juge spécialisé dans le pur-sang arabe. Là, je viens d’avoir mon statut de Juge A en Pologne. Et si l’on enlevait la casquette de directeur de Haras National d’El Jadida et celle de juge pour ne parler que de Mohamed Oussidhoum, l’homme ? Vous savez, chacun est à soi même le plus éloigné. Mais si je suis obligé de répondre, je dirai que je suis un passionné du travail, que j’aime ma famille même si je ne passe pas beaucoup de temps avec elle. Je suis une personne très pointilleuse et je peux parfois même être enquiquineur. Je suppose que c’est dû à mon côté perfectionniste qui veut que tout soit exactement comme il faut. Si je devais parler des qualités, je dirais que je suis quelqu’un de modeste et curieux qui aime beaucoup apprendre. Je me permets aussi de mettre la dimension de la compétence et de l’expérience professionnelle dans la même liste. Si vous deviez avoir un cheval à vous, quelle race choisiriez vous ? Question très difficile, ce n’est pas si accessible que cela d’avoir un cheval. (Rires !) Mais si je devais choisir, je dirai un barbe ou un pur-sang arabe.u
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femme et cheval PAR JÉRÔME LAMY
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ésormais, elle remplit les papiers administratifs ou les fiches d’immigration, aux aéroports, avec un plaisir non feint. A la rubrique profession, elle écrit : jockey. Forcément, ça attise la curiosité de ses interlocuteurs. C’est que Bouchra Marmoul est la première femme-jockey professionnelle, au Maroc ! Et si elle est devenue spécialiste des courses sur plat, elle n’a pas moins dû sauter de nombreux obstacles pour épouser la carrière. On citera pêlemême le sexisme de la profession, les blessures physiques, le frein familial, la barrière sociale, le défi sportif, le choc culturel... «Avoir affronté toutes ces difficultés est sans doute ma plus belle victoire» confie Bouchra. Dire que rien ne la prédestinait à pareil job est un euphémisme. Celle qui a désormais les lignes d’arrivées comme horizon a passé une enfance sans perspective. Rachid, le papa, est menuisier quand Saida, la maman, est femme au foyer. Rachid se bat pour élever ses deux filles et ses quatre garçons. Bouchra est scolarisée à l’école primaire Bahbha située dans le village El Ghorba, près d’El Jadida où elle est née au printemps 1991. Le déménagement de la famille l’éloigne de l’école secondaire. Faute de moyens de transports, il faut marcher plusieurs kilomètres, quatre fois par jour, pour étudier. Elle ne rêve pas encore de galoper mais d’un vélo pour rouler. Il ne viendra pas. Elle jette l’éponge, à 13 ans, et se déscolarise. Son rêve de devenir vétérinaire, pour assouvir sa passion des animaux, s’envole. Il lui semblait plus utile d’aider Saida, à la maison. «Mes parents ne m’ont rien demandé, j’ai toujours pris mes décisions seule» avoue-t-elle. Elle devient employée de maison chez les amis de la famille. L’adolescence file, à Douar Gharbia, où elle grandit, juste derrière l’hippodrome Lalla Malika. Un douar qui a vu naître une kyrielle de jockeys, qui ont peuplé les écuries du Royaume, à l’instar de Saïd Madihi. «El Jadida, c’est un peu la Normandie française» dit Bouchra. «J’ai grandi dans cette ambiance de chevaux et de courses qui ont lieu, chaque mercredi, à l’hippodrome Lalla Malika. Je les regardais passer. Mon souhait, c’était de les caresser, même pas de les monter.»
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SabotS aiguiLLeS FEMME DE MÉNAGE PUIS FEMME D’ÉCURIE, BOUCHRA MARMOUL EST AUJOURD’HUI LA PREMIÈRE FEMME-JOCKEY DU ROYAUME. LA DOUKKALIE A MÊME REMPORTÉ UNE ÉPREUVE MONDIALE, À VARSOVIE, AVANT L’ÉTÉ...
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Que ce soit, à Abou Dhabi, avec les meilleurs jockeys du monde (1) ou le Sheikh Mansoor et Lara Sawaya, l’organisatrice du Mondial (4), ou à Londres (3 et 4), Bouchra Marmoul a parfaitement représenté le Maroc. Elle a même trouvé le temps de faire du tourisme dans la capitale anglaise (2).
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A l’automne 2008, quelques semaines avant le premier Salon du Cheval d’El Jadida, son destin bascule. Christian Vaugeois, un éleveur de la ville, a besoin de Rachid pour la construction de son stand. Le rendez-vous a lieu en présence de Bouchra, qui profite de ses faibles capacités en Français, pour lui demander du travail. Il a bon cœur et l’emploie comme femme de ménage. «Comme j’aime les animaux, je me suis vite familiarisée avec cet environnement» se souvient Bouchra. «Je voulais tout apprendre sur les chevaux. J’étais si curieuse..»
Son employeur décèle des aptitudes rares et lui donne sa chance. Très vite, il la dispense des tâches ménagères et la charge de s’occuper des écuries. Femme de ménage, Bouchra devient «garçon d’écurie». Christian lui apprend à dresser les chevaux et à les monter. «Les débuts ont été laborieux» avoue Bouchra. «Mes parents étaient choqués. Ils avaient peur pour moi. Quand je me suis fracturée la clavicule en chutant, il ont voulu que j’arrête ! Je me suis accrochée...». Christian lui apprend aussi la langue française. Il a fini par l’épouser, cet été...
Celle qu’il faut désormais appeler Bouchra Marmoul-Vaugeois s’est donnée les moyens de ses ambitions. Elle s’est entraînée en montant trois chevaux le matin, avant de s’occuper de leur entretien l’après-midi. Surtout, elle a appellé la SOREC (Société Royale d’Encouragement du Cheval) pour devenir jockey. La réponse est polie mais pas celle espérée. On l’invite à envoyer un courrier. Elle l’adresse à Omar Skalli, le directeur général. Non seulement, c’est le boss mais il possède, également, une ouverture d’esprit et une vision novatrice de l’évolution de la filière équine. «J’ai toujours pensé qu’il était dommage que le Maroc ne possède pas de jockeys féminines» dit Omar Skalli. «Et Lara Sawaya qui organise, chaque année, à Casablanca, une étape de l’épreuve Sheikha Fatima Bint Moubarak Ladies World Championship, me l’a souvent rappelé...» Bonne pioche pour Bouchra. Quelques jours plus tard, elle est convoquée, à l’ancien siège de la SOREC, à Rabat, dans le HautAgdal. Le test passé avec le responsable technique des courses est une formalité. Elle obtient sa licence, en février 2014 et entre dans l’histoire. «Deux hommes ont changé ma vie, Christian, mon mari, et Omar Skalli qui a rendu mon rêve réalité, je leur dois une reconnaissance totale» dit Bouchra. Les jockeys ne tarderont pas à la lui accorder, aussi. Dès sa première course de pur-sang arabes, à l’hippodrome Souissi, à Rabat, elle surprend son monde en s’offrant une sixième place sur douze partants. «Ma première jument de course s’appelait Lalla Saïda, je m’en souviendrai toute ma vie» dit Bouchra. Elle oubliera vite son échec dans sa deuxième course, à Casablanca. D’ailleurs, la SOREC n’hésite pas à l’engager au départ de la manche marocaine de l’épreuve Sheikha Fatima Bint Moubarak Ladies World Championship où 13 filles de 52 pays se disputent le titre mondial. «Quand j’ai vu les filles seller, monter leur cheval, je n’ai pas été impressionnée...» confie-t-elle.
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«Deux hommes ont changé ma vie, Christian, mon mari, et Omar Skalli qui a rendu mon rêve réalité, je leur dois une grande reconnaissance.»
club cheval Elle aurait eu tort de l’être. Malgré le stress de l’événement, elle s’adjuge une étonnante troisième place. «Il faut savoir que la Sud-coréenne Keumjoo Lee, qui s’est imposée, comptait 300 victoires à son palmarès, et sa dauphine, l’Allemande Tamar Hofer, 150.» A Londres, en avril 2014, lors de l’épreuve suivante, elle fait son baptème de l’air. Elle quitte le Maroc pour la première fois, découvre un autre pays, fait un peu de tourisme et monte à nouveau sur la troisième marche du podium, sur l’hippodrome de Newbury. C’est suffisant pour obtenir une invitation pour participer à la finale, à Abou Dhabi, en novembre dernier. La chance s’arrête au tirage au sort. Elle hérite d’un cheval très difficile. «Je suis sortie des boîtes en quatrième position, et j’ai gardé cette place jusqu’au bout» explique Bouchra, pas peu fière du chemin parcouru. La progression de la Doukkalie n’a pas de limites. Montant le cheval Wasilew, elle s’est imposée, au mois de mai, à Varsovie, lors de la manche polonaise de la Sheikha Fatima Bint Moubarak Ladies World Championship. Du coup, Bouchra va, encore, représenter le Maroc à la finale du Mondial qui aura lieu au mois de novembre prochain à Abou Dhabi. «Le lieu sera le même mais mes ambitions seront différentes» glisse Bouchra. La jeune championne qui n’oublie pas d’être une jeune femme de son époque aurait tort de ne pas voir la vie en lettres majuscules. Une semaine après son sacre polonais, elle a réalisé un petit exploit sur un 1900m, à Casablanca-Anfa. Elle a dompté Hyssorova, sa jument réputée coriace. Elle a surtout résisté à un faux-départ. «J’ai été la première à réussir à m’arrêter, ce qui m’a permis d’économiser ma jument et prendre un belle quatrième place» précise Bouchra. Autant de résulats probants devraient finir par convaincre les écuries marocaines de lui faire confiance. C’est son grand combat. C’est aussi celui de la SOREC qui va lui offrir un stage. «Je remercie Zakaria Loi, Stéphanie des écuries Laraki et Tarik de l’écurie Zargane qui m’ont donné ma chance et des conseils» dit Bouchra. «J’ai gagné en confiance, en expérience, en force, en souplesse. Et je ne rêve que d’avoir l’occasion de le prouver. Pour l’instant, ce métier a changé ma vie, il m’a ouvert sur le monde mais il ne me permet pas encore de payer mes factures.» u Bouchra Marmoul et Omar Skalli.
L’étrier de CaSabLanCa,
RABAT (Dar Essalam).- Vainqueur de l'épreuve 1.15 du CSI 1* du Morocco Royal Tour 2015 , à Rabat, du prix SAR la Princesse Lalla Asmaa 2015, et de la Coupe du Maroc (catégorie A) de sauts d’obstacles, en 2014, Ghali Chaoui, le Président du club de l’Etrier de Casablanca, est un des meilleurs cavaliers marocains.
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L’eLdorado du ChevaL
CAVALIER ÉMÉRITE, ARCHITECTE RECONNU, GHALI CHAOUI PRÉSIDE AUX DETINÉES DE L’ETRIER DE CASABLANCA DEPUIS DEUX ANS. RENCONTRE AVEC UN JEUNE DIRIGEANT QUI NE MANQUE NI D’AMBITIONS, NI D’IDÉES POUR CONSTRUIRE UN AVENIR À LA HAUTEUR DU PASSÉ GLORIEUX DE L’ETRIER.
PAR IMANE CHARHADDINE, À CASABLANCA
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club cheval
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ienvenue dans le nec plus ultra. llustre adresse des équidés de Casablanca et sa région depuis les années cinquante, le club équestre l’Etrier est reconnu comme l’une des meilleures adresses pour les férus du cheval à travers le Royaume. Entre les grands noms qui s’y sont formés, les infrastructures qui ne cessent de se rénover et la permanente amélioration des prestations, le Club l’Etrier ne cesse d’être sous les feux de la rampe. Beaucoup admettent avoir aimé l’équitation grâce à ce lieu aux recoins paisibles et aux chevaux sublimes. Cheval du Maroc s’est offert une échappée sur place pour rencontrer le président aux efforts applaudis, Ghali Chaoui. Cavalier émérite de sauts d’obstacles, Ghali Chaoui a posé son nom au palmarès de la Coupe du Maroc (catégorie A) de sauts d’obstacles, en 2014, sur le cheval Quatro Louvo et du prix SAR la Princesse Lalla Asmaa, en 2015, devant Ali Al Ahrach. Avec Mohamed Azzoum, Badr Khiati et Samy Colman, il a remporté, aisément, cet été la finale du championnat du Maroc des clubs, devant le club d'Oued Ykem de Soukaina et... Kebir Ouaddar. Surtout, Ghali vient de signer un exploit en remportant, avec Quatro Louvo, l'épreuve 1.15 du CSI 1* du Morocco Royal Tour, à Rabat ! Architecte reconnu, Ghali Chaoui préside aux destinées de l’Etrier de Casablanca depuis deux ans. Rencontre avec un jeune président qui ne manque ni d’ambitions, ni d’idées pour construire un avenir à la hauteur du passé glorieux de l’Etrier. Cheval du Maroc.- Etes-vous un passionné du cheval ou seulement un responsable administratif ? Ghali Chaoui.- Je suis un réel passionné de chevaux, je monte à cheval depuis l’âge de dix ans au sein même du Club l’Etrier à Casablanca. En qualité de cavalier amateur, j’ai déjà participé à de nombreuses compétitions, à la fois nationales et internationales. Pour revenir au Club et à ma position sur place, la présidence de l’Etrier constitue davantage un devoir qu’un statut. J’ai grandi au sein de ce club, j’y ai appris à aimer les chevaux et les approcher. Ce lieu m’a offert de très beaux moments qui restent indélébiles. Par conséquent il est normal de vouloir accomplir le maximum de choses possibles pour améliorer le club, lui consacrer autant de temps possible et de m’y engager : il y a avant tout une histoire d’amour qui m’y lie. Pouvez-vous nous parler de la création de cette belle adresse équine qui date des années cinquante ? C’est en effet l’un des plus beaux clubs équestres du Royaume, grâce à ses installations respectant les normes internationales et son histoire. Ce club a été un incubateur qui a produit de grands champions de l’équitation. Nous avons la chance d’avoir pour adresse la ville de Casablanca, capitale économique du Royaume. Ceci draine un grand nombre de cavaliers disposés à investir pour réussir dans ce sport. Nous recensons aujourd’hui environ 500 adhérents et attestons une capacité d’accueil de 200 chevaux.
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L’école d’équitation EQUIMAJIC connaît un grand succès. D’où est-venue l’idée de créer une école ? Lors de mon arrivée à la tête de l’Etrier de Casablanca, nous avons vite constaté les membres du comité et moi-même, l’intérêt d’avoir une formation de qualité si l’on veut améliorer la position de l’Etrier, et donner une crédibilité à notre formation de cavaliers champions. Equimajic, l’école d’équitation du Club, est placée sous l’égide de Majid Jaidi, qui est lui-même un cavalier professionnel. Son expérience, son équipe qualifiée et ses compétences lui permettent aujourd’hui d’apporter un excellent accompagnement en matière de formation de nos futurs champions.
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Ghali Chaoui vient de signer un bel exploit en remportant, avec son magnifique cheval Quatro Louvo, l'épreuve 1.15 du CSI 1* du Morocco Royal Tour, à Rabat, (photo du haut). Histoire de montrer l’exemple au sein de l'Etrier qui est un des meilleurs clubs formateurs où les petits sont chouchoutés.
Comment jugez-vous le le développement de l’activité équestre? L’activité équestre connaît un réel essor depuis l’arrivée à la tête de la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres de Cherif Moulay Abdellah Alaoui. En effet, lors de ces dernières années, tout a été mis en place en faveur d’un meilleur positionnement du Maroc à l’échelle internationale. Et, aujourd’hui, le Maroc est considéré comme une nation équestre majeure à travers le monde. La FRMSE gère les activités de la Tbourida, d’endurance, de sauts d’obstacles, du dressage et du reining. Le monde des chevaux de courses et de l’élevage connaît également une nette avancée grâce à la Société Royale d’Encouragement du Cheval dirigée de main de maître par Omar Skalli. D’importantes infrastructures sont nouvellement réalisées afin de permettre aux professionnels et amateurs d’évoluer dans les meilleures conditions. La valeur ajoutée de l’Etrier, c’est le bien-être des chevaux et des membres... Le bien-être des chevaux passe obligatoirement par la qualité des infrastructures mises à disposition. Cela va des écuries jusqu’aux pistes de travail, où il est impératif de respecter les normes internationales. Les chevaux sont des animaux extrêmement sensibles qui nécessitent une attention continue et particulière. Nous essayons également de former et de sensibiliser le personnel sur les soins quotidiens à prodiguer à nos chevaux. Quant aux membres du Club l’Etrier, ils sont accueillis dans un cadre bien agréable, en plein centre de Casablanca, donc l’accès ne doit pas poser de problèmes. Nous avons plusieurs catégories de membres : les cavaliers, les propriétaires de chevaux mais aussi des membres qui viennent seulement pour profiter du spectacle et de l’expérience unique qu’offre le cheval. u
«L’activité équestre connaît un réel essor depuis l’arrivée à la tête de la FRMSE de Cherif Moulay Abdellah Alaoui. En effet, lors de ces dernières années, tout a été mis en place en faveur d’un meilleur positionnement du Maroc à l’échelle internationale. Et, aujourd’hui, le Maroc est considéré comme une nation équestre majeure à travers le monde.»
PAR IMANE CHARHADDINE, À TAHANAOUT
MohaMed Mourabiti un artiSte aMoureux du ChevaL ! AL MAQAM N’EST PAS SEULEMENT BON UNE RÉSIDENCE D’ARTISTES OÙ IL FAIT X CIEU DÉLI LE R TRE CON REN R SE RENDRE POU MOURABITI. AL MAQAM EST AUSSI LE ROYAUME DES CHEVAUX : CINQ SPLENDIDES BARBES AUSSI PUISSANTS NT, QUE MAJESTUEUX. «QUAND J’ÉTAIS ENFA LE ET H LUT LE : SES CHO X DEU JE RÊVAIS DE CHEVAL» CONFIE LE CÉLÈBRE PEINTRE QUI A DÉCIDÉ DE JOUER LA CARTE DU TOURISME ÉQUESTRE.
TAHANAOUT (Al Maqam).Pour notre séance photos, le peintre Mohamed Mourabiti a accepté de faire visiter son atelier... à son cheval barbe. Document unique...
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star et cheval
n voila un nom qui ne manque pas d’avoir au moins une résonance dans la région de Marrakech Tensi El Haouz : Sidi Mohamed Mourabiti. Certains le connaissent sous la casquette de l’artiste dont les expositions sont tout simplement immanquables. D’autres sursautent en entendant son nom et même l’admirent quand on mentionne le concept d’une résidence d’artistes, Al Maqam. D’autres encore s’émoustillent à décrire son amabilité, sa convivialité et son sens de l’humour. Mais qui connaît sa passion légendaire pour les chevaux, excepté ses proches ? C’est ce que Mohamed Mourabiti nous a laissé découvrir lors d’une entrevue : le cheval est une passion intime dont les racines remontent au plus jeune âge. Artiste peintre et sculpteur de renommée internationale, Mohamed Mourabiti est natif de Marrakech. Après avoir grandi à Casablanca, un retour aux sources l’a convoqué à la terre des chants nocturnes, à la ville de l’art et de l’évasion, sa natale douce Marrakech. Son retour et son installation à la périphérie de la ville, loin de l’agitation urbaine et plus exactement dans la région de Tahanaout, ont permis d’offrir une proximité à ses amis et admirateurs sans pour autant le contraindre à abandonner la quiétude qu’il a choisi d’habiter, Al Maqam. Mentionnons que Mohamed Mourabiti a mené une longue carrière dans le monde de l’entreprise, avant de décider de démissionner, du poste de directeur général, pour se consacrer entièrement à l’art. Il a d’ailleurs soufflé sa quinzième bougie de contribution sur la scène artistique marocaine et internationale. Ses œuvres ont intégré plusieurs collections publiques et privées parmi lesquelles: le Musée national d’Amman, le Musée FAAP de Sao Paulo, la Fondation Sachoua Foundation à Londres ou la Fondation Viscusi Anthony Margo à New York. Les tableaux de Mourabiti se caractérisent par une économie dans l’utilisation des couleurs. Dans ses dernières peintures, il a évolué vers des tons plus cristallins, moins fougueux.
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Al Maqam n’est pas seulement une résidence d’artistes où il fait bon se rendre pour rencontrer Mourabiti ou pour se délecter de l’air du temps. Al Maqam est aussi le royaume des chevaux : cinq splendides barbes aussi puissants que majestueux. «Quand j’étais enfant, je rêvais de deux choses : le luth et le cheval» confie-t-il. Aujourd’hui, à peine 40 ans révolus, cet artiste féru de formes et de chants ancestraux collectionne déjà plusieurs instruments des plus grands compositeurs, et a TAHANAOUT (Al Maqam).choisi d’abriter au sein de sa Mohamed Mourabiti partage résidence ces charismatiques avec sa fille, Chérifa, la passion barbes si distingués. pour ses quatre étalons Entre la sensibilité dont ils et une jument qui ont fait de la résidence d'artistes font preuve à l’égard de ceux qu’ils sentent proches et la leur royaume. grâce de leurs gestes, Mourabiti est sous le charme. «Les chevaux sont des êtres d’une infime sensibilité avec lesquels le comportement se doit d’être sincère et interactif» confie-t-il. «Je m’en occupe et je les chéris comme on chérit une personne proche, tellement ils ne laissent aucune place à l’indifférence. Ivresse et sensibilité sont les maîtres mots qui régissent cette relation de l’artiste Mohamed Mourabiti avec ses quatre étalons et une juPHOTOS A. MOKHTARI ment. La concrétisation d’une passion enfouie depuis son jeune âge permet à l’artiste d’inculquer à ses on n’est pas inquiet enfants l’amour de ce noble animal. Il n’en depour le tourisme équestre. meure aucunement possessif. Mohamed envisage d’offrir prochainement à ses invités la possibilité Surtout si des personnes de monter à cheval, lors de leurs séjours à Tahaaussi engagées que l’artiste naout. Son idée est d’un romantisme digne d’un Mohamed El Mourabiti artiste comme lui : s’offrir des randonnées à cheacceptent de relever le défi val au lever et au coucher du soleil. «Évidemment, je pense surtout aux couples mais je ne priverai peravec autant d’amour sonne de ce plaisir» dit-il avec la générosité d’une et de dévouement. âme sensible, qualité qu’il nous confie retrouver Vivement un tourisme chez les chevaux . équestre à la mode Vivement donc le tourisme équestre à la mode Mourabiti qui fera renaître de si exceptionnelles Mourabiti. traditions, notamment les balades à cheval nocturnes et matinales. Si l’essor du tourisme vert est Il a trouvé un blanc qui réussit à donner de l’éclat aujourd’hui une réalité au Maroc, on n’est pas inà la lumière de ses tableaux. Par la couleur, souquiet pour le tourisme équestre. Surtout si des vent rouge brique, les toiles de Mourabiti renpersonnes aussi engagées que l’artiste Mohamed voient à la ville rouge de Marrakech, non loin de Mourabiti acceptent de relever le défi avec autant Tahanaout et de sa résidence d’artistes. d’amour et de dévouement. u