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ExCLUSIF: NELSON PESSOA ses souvenirs avec kebir ouaddar INSTITUT NATIONAL DU CHEvAL le royaume des métiers du cheval TROPHéE HASSAN II DE TBOURIDA jour de gloire d’un art traditionnel HARAS DE BOUzNIKA un exemple de modernité CARTE POSTALE sur la route de rio avec kebir ouaddar
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JUIN JUILLET 2016
M A R R A K E C H - C A S A B L A N C A - R A BAT - AG A D I R - TA N G E R - F È S - E S S AO U I R A - PA R I S - LYO N
MARRAKECH.C’est sur une calèche, primée par la SOREC, que Kebir Ouaddar a pris le départ pour les JO de Rio (5-21 août).
abderrahim faddoul:
«Je rêve de porter les couleurs du haras royal» PAR JÉRÔME LAMY, (À RABAT)
CASAbLANCA.- Abderrahim Faddoul, sur Famous Mark (ci-dessus), remercie Sharif El Alami, le propriétaire de l’écurie Jalobey Racing, de la confiance qu’il lui a accordée.
PHOTO dR
PHOTO JEHAd AbdALLAH
courses hippiques
I
MEILLEUR JOCKEY MAROCAIN DU MOMENT, ABDERRAHIM FADDOUL EST UNE DES ATTRACTIONS DES COURSES HIPPIQUES AU ROYAUME. LA PÉPITE DE JALOBEY RACING, QUI NE MANQUE PAS D’AMBITION, NE CACHE PAS SON RÊVE DE PORTER LES COULEURS DU HARAS ROYAL.
l flotte comme une atmosphère de banlieue chic sur Hay el Fath, un quartier paisible du Sud de Rabat, lové à six kilomètres du centre ville de la capitale marocaine. Ici, peu de bruit de klaxons, les moteurs ronronnent au ralenti, les enfants tiennent sagement la main de leurs mamans. Il faut descendre la route côtière en direction de Harhoura, et tourner le dos à l’océan, en prenant à gauche, à hauteur du grand rond-point de Hay el Fath. C’est là qu’Abderrahim Faddoul, le jockey marocain le plus en forme du moment, premier choix de l’écurie Jalobey Racing, l’une des écuries les plus en vue du Royaume, nous avait donné rendez-vous. Il nous attendait, calé dans sa voiture, garée en double file. On a remonté, en sa charmante compagnie, l’avenue Hay el Fath sur quelques centaines de mètres que nous aurions volontiers parcourus à pied, tant le quartier surnommé Rabat la douce, invite à la flânerie. Seulement, Abderrahim, 1m55 pour 51 kgs, qui souffrait des côtes, suite à une chute de cheval, souhaitait se ménager. Pour dire vrai, nous lui avions proposé de déjeuner - l’interview a été réalisée avant le mois sacré du ramadan - au Sofitel Jardin des Roses, à Rabat. Il a décliné notre proposition préférant nous offrir un thé à la menthe, chez lui, pour une immersion dans son quotidien. L’hospitalité marocaine ne s’arrête pas aux hippodromes.... Pénétrer dans l’intimité d’un grand sportif est toujours un grand voyage. Chez Abderrahim, dans son chaleureux 3 pièces, c’est un voyage au pays des souvenirs et des trophées. Le nombre de sous-verre immortalisant ses victoires lève notre dernier doute: nous sommes chez un champion. Celui-là même qui vient de remporter, coup sur coup, le Grand Prix SAR le Prince Moulay Rachid sur Famous Mark (Jalobey Racing) et le Grand Prix Mohammed V avec Striving (Atlantique racing). Celui-là même qui vient de prendre une exceptionnelle troisième place en Suède, lors du Pramms Memorial, Listed couru sur une distance de 1730 mètres, sur Famous Mark (Jalobey Racing). Pourtant, Abderrahim a commencé à monter assez tardivement. Né en 1993, entre Casablanca et El Jadida, à Bir Jdid, petite ville surnommée la Normandie marocaine, la terre des jockeys, là où Kamal Daissaoui a installé sa belle écurie - «c’est à côté de chez moi mais je n’ai jamais eu l’occasion de la visiter» dit-il -, il promène son enfance à travers les exploitations agricoles du papa. Et regarde avec envie Kacem, son frère, qui monte à cheval chez son ami Aziz Ibba, l’oncle du jockey réputé Khalid Ibba. C’est chez Aziz qu’il enfourche sa première monture. Il a quatorze ans. Cette expérience change sa vie. Il arrête l’école malgré l’inquiétude de ses parents. Il devient palefrenier. «C’est une des plus belles périodes de ma vie» confie Abderrahim. «Ce que j’ai appris à cette époque en lavant les écuries, en sortant les chevaux l’après-midi, en les tenant en main, en participant aux débourrages, me sert encore aujourd’hui dans mon métier de jockey.»
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courses hippiques A 15 ans, il quitte Bir Jdid pour rejoindre son frère, Kacem, à Casablanca qui œuvre pour l’écurie de Zakaria Hakam. Là, il fait une des rencontres les plus importantes de sa carrière. En croisant le chemin de Larbi Cherkaoui, un des meilleurs entraîneurs du Royaume, il devient un autre garçon. Larbi croit en Abderrahim comme le ciel bleu croit au soleil. «Il m’a fait monter très vite à l’entraînement» confirme Abderrahim. «C’est Larbi qui m’a appris les rudiments du métier. Je ne lui dois pas tout mais beaucoup.» Rien d’étonnant qu’Abderrahim porte actuellement, régulièrement, les couleurs de l’écurie d’Ismail Nassif dont l’entraîneur principal est un certain... Larbi Cherkaoui. «Après Jalobey Racing, Nassif est ma deuxième écurie» précise Abderrahim Faddoul qui porte aussi occasionnellement les couleurs des écuries Sedrati et Karimine. En tout cas, Larbi Cherkaoui fait tellement bien son travail que Sharif El Alami, le propriétaire de Jalobey Racing, propose un contrat d’apprenti au jeune Abderrahim, alors âgé de 16 ans. «C’est la deuxième grande rencontre de ma carrière» assure-t-il. «En tout cas, je remercie Sharif El Alami de la confiance qu’il m’a accordée».
Pour Faddoul, confiance rime avec chance. Il a l’aubaine de rencontrer les plus grands spécialistes internationaux, à l’image de Jean de Roualle. Entraineur mythique, vainqueur du Prix de Diane avec Caerlina, c’est lui qui a façonné Abderrahim, chez Jalobey Racing. C’est Jean de Roualle qui le lance pour sa première course, un Derby des apprentis, en 2011, à l’hippodrome de Casa-Anfa. Agé de 17 ans, Abderrahim prend une belle troisième place. Il prend surtout la direction de la France et de Chantilly où l’attend un autre monstre sacré, Pascal Bary, qui a eu sous sa responsabilité la jument mythique Divine Proportions montée par Christophe Lemaire. A son contact et à ceux de jockeys comme Stéphane Pasquier, Abderrahim boit du petit lait. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en France, en 2013, à Cagnes, lors du championnat de la Mediterranée du pur-sang arabe qu’il remporte sa première course (1500m), sur Djarnizam Maamora (Jalobey Racing). Il rentre au Maroc auréolé de cet exploit. Il ne bombera pas le torse pour autant. Il coiffera surtout ses adversaires sur le poteau en compilant les victoires en Grand Prix, à commencer par le Grand Prix Moulay Hassan 2011, sur le pur-sang anglais Billabong (Jalobey Racing).
pascal bary : «faddoul est le meilleur jockey marocain»
RAbAT (Quartier Hay El Fath).- Abderrahim Faddoul a posé dans son salon avec une cravache et avec le souvenir d’une victoire saluée par son petit frère Yassine. Et dans le jardin de sa résidence, c’est Khalid Ibba, le brillant jockey, qui s’est mesuré à lui en toute amitié !
PHOTOS JEHAd AbdALLAH
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Pascal Bary ne masque pas son enthousiasme. «Abderrahim est le meilleur jockey marocain» assure-t-il. «Il a une capacité d’écoute assez incroyable. C’est une éponge. Il est respectueux, très généreux et très déterminé. Plus, il affrontera les meilleurs jockeys européens, plus il progressera. En tout cas, c’est un plaisir de l’accueillir chaque année, à Chantilly, pendant quatre mois.» Abderrahim reçoit ces louanges avec la modestie qui est sa signature. «Le meilleur? Je ne sais pas...» hésite-t-il. «Je suis parmi les meilleurs. On ne compte pas plus de 10 jockeys de haut niveau, au Maroc. Mais, ça va changer. Je crois beaucoup au jeune Zouhair Madihi. Il a un énorme potentiel. L’École des Jockeys de l’Institut National du Cheval fait un super travail avec les élèves. J’adore leur donner des conseils. Je leur rappelle toujours que j’ai progressé en regardant pendant des heures des vidéos du jockey Olivier Peslier qui est la référence absolue dans l’art d’attaquer au bon moment. J’aimerais lui ressembler». Abderrahim Faddoul a d’autres envies. «Je rêve de porter les couleurs du Haras Royal» lâche celui qui se rend chaque matin à l’hippodrome de Rabat-Souissi pour monter les chevaux de Jalobey Racing. «Si je porte un jour les couleurs du Haras Royal, je peux arrêter les courses...» Comme une boutade à la mer... u
nelson pessoa:
«ouaddar peut être champion olympique»
PAR HERVÉ MEILLON, (À UCCLE, BELGIQUE) A QUELQUES SEMAINES DES JO DE RIO (5-21 AOÛT), CHEVAL DU MAROC A RETROUVÉ LA TRACE DU SORCIER BRÉSILIEN NELSON PESSOA DANS LA BANLIEUE DE BRUXELLES. A 80 ANS, L’ENTRAÎNEUR LÉGENDAIRE N’A PAS OUBLIÉ LE JEUNE KEBIR OUADDAR QUI AVAIT SUIVI DES STAGES, CHEZ LUI, EN FRANCE, SUR RECOMMANDATION DE LA PRINCESSE LALLA FATIMA ZAHRA ET DU PRINCE MOULAY ALI. IL NOUS A DIT POURQUOI KEBIR OUADDAR PEUT ÊTRE SACRÉ CHAMPION OLYMPIQUE AU BRÉSIL. «JE SERAI SON PREMIER SUPPORTER» DIT-IL.
EL JAdIdA (Parc des Expositions Mohammed VI).Lors du dernier Morocco Royal Tour, Nelson Pessoa et son fils Rodrigo suivent la prestation de Kebir Ouaddar. PHOTO dRISS bENMALEK
sports équestres : jo de rio
L’
année 1979 est une année très importante pour Kebir Ouaddar, le champion du saut d’obstacles qui sera le premier marocain à participer aux Jeux Olympiques, cet été, à Rio (5-21 août). Il a seize ans. Il est fraîchement sacré champion du Maroc juniors. Kebir n’est plus seulement un gentil garçon, élevé par la Princesse Lalla Fatima Zahra. C’est un grand espoir de l’équitation du Royaume. Ça n’échappe pas au mari de cette dernière, le Prince Moulay Ali, qui décide d’offrir à Kebir un stage, à Chantilly, en France, chez Nelson Pessoa, la star brésilienne, meilleur entraîneur au monde. Déjà, en 1975, le jeune Kebir, âgé de 12 ans, avait passé plusieurs jours dans l’Oise, auprès de Nelson, pour peaufiner son apprentissage des rudiments du cheval... A quelques semaines des JO de Rio, sur les terres de Nelson Pessoa, Cheval du Maroc a retrouvé la trace du sorcier brésilien dans sa maison cossue de la banlieue bruxelloise, à Uccle où il habite avec son épouse. A 80 ans, belge d’adoption, Nelson est en pleine forme et ne peut vivre une journée sans voir ou toucher un cheval. La légende de l’équitation s’est confiée en feuilletant Clin d’œil. Il a rassemblé sa mémoire pour se souvenir du jeune Kebir qui écoutait si sagement et doctement les conseils du maitre. Le Sorcier ira à Rio, sans son épouse Régina inquiète de l’ambiance dans son pays d’origine, mais avec son fils Rodrigo qui portera les couleurs du Brésil. Nul doute que le cœur de Nelson va battre la chamade pour son fils et pour Kebir qu’il a vu grandir. Cheval du Maroc.- Vous avez été entraîneur national de l’équipe marocaine de sports équestres. Pouvez-vous nous parler de cette expérience? Nelson Pessoa.- J’ai rencontré la Princesse Lalla Amina, tante de Sa majesté le Roi Mohammed VI, à Chantilly. Et c’est elle qui m’a invité à venir au Maroc, la première fois, pour donner des cours aux équipes marocaines, en 1970. Nous sommes devenus assez proches et j’ai accepté d’être nommé entraineur national. Nous avons participé à deux Jeux Méditerranéens à Splitz, en 1979 et à Casablanca, en 1983. Ensuite, les chevaux sont devenus un peu âgés et l’intérêt pour le sport équestre a un peu décliné. Maintenant, cela est reparti sur des bases très élevées grâce à l’impulsion du prince Moulay Abdellah. C’est formidable.
«Le Maroc est un grand pays du cheval mais pas un pays équestre. Les choses peuvent changer grâce à Kebir...» Dans sa jeunesse, Kebir Ouaddar a fait des stages, chez vous, à Chantilly. Avez-vous des souvenirs ? Absolument, dans sa jeunesse, Kebir a passé quelques temps chez nous. Il est venu à deux périodes, la première fois, il avait une douzaine d’années. C’était un garçon charmant, souriant, poli, bien élevé qui était très respectueux. Il possédait une forte capacité d’écoute et de motivation. Il dégageait beaucoup de sentiments positifs. On a gardé de bonnes relations. Il nous appelait régulièrement pour les fêtes de fin d’année et on l’aime beaucoup. Mais, cela ne fait que deux ans que l’on se revoit. On ne s’était pas revus depuis 30 ans.... Je suis content de retrouver Kebir maintenant assez régulièrement. Il est très heureux dans sa vie et il est très conscient d’avoir eu la confiance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Surtout, je suis très heureux qu’il soit qualifié pour Rio. Je serai le premier supporter de Kebir. C’est une première pour le Maroc. Je félicite Kebir, Marcel Rozier et Quickly de Kreisker car l’un ne va pas sans l’autre. Kebir peut-il être sacré champion olympique? S’il est dans un bon jour, c’est-à-dire avec la bonne intuition, Kebir peut devenir champion olympique surtout avec Quickly de Kreisker. Il est assuré de terminer dans les quinze premiers. Après, tout est jouable. C’est la compétition qui décidera. J’ai participé six fois aux Jeux Olympiques sans jamais ramener de médailles.
Est-ce votre plus grande déception? La carrière d’un cavalier est très longue et j’en connais qui ont une meilleure réputation qu’un médaillé olympique. Ce sont avant tout des jeux et la chance reste un facteur important du jeu. Enfin, Kebir a la chance d’avoir Marcel Rozier à ses côtés. Les Jeux Olympiques, il connait! Quels sont vos rapports avec Marcel Rozier? Marcel Rozier fut un grand champion. On était très copains et nos vies étaient conjointes durant de nombreuses années. Vous auriez aimé entraîner Quickly de Kreisker... Forcément, c’est un magnifique cheval de taille moyenne et c’est un des meilleurs chevaux du monde. C’est Marcel Rozier, avec son œil extraordinaire et son professionnalisme, qui a trouvé ce cheval. Et Kebir a beaucoup travaillé, il fait corps avec son cheval. Ils ne font qu’une seule et même personne. Mais Quickly est un cheval de caractère et rempli d’énergie donc pas toujours facile. Il faut donc saluer le talent de Kebir à monter aussi bien ce cheval. Pour devenir un cavalier de haut niveau, la recette est simple : beaucoup de compétitions, un bon cheval, un bon entraineur. Chez Marcel Rozier, il y a une dizaine de chevaux qui appartiennent au Haras Royal. C’est encourageant pour les années futures. Car l’objectif, c’est évidemment de trouver de nouveaux Kebir et de nouveaux Quickly UCCLE (belgique).- Nelson Pessoa, passionné par la lecture de l’interview du directeur général de la SOREC, Omar Skalli parue dans les colonnes du magazine Clin d’œil.
«Kebir était un jeune garçon charmant, souriant, poli, PHOTOS ATdS PROd bien élevé, très respectueux. Il possédait une forte capacité d’écoute et de motivation. On a gardé de bonnes relations. Il nous appelait souvent pour les fêtes de fin d’année et on l’aime beaucoup.»
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sports équestres : jo de rio Kebir ouaddar a la chance d’avoir Marcel Rozier à ses côtés. Les Jeux Olympiques, il connait ! Kebir va favoriser l’accès au haut niveau d’un bon nombre de jeunes pousses marocaines ! Nul doute que l’ascension incroyable de Kebir Ouaddar va susciter des vocations. Déjà, j’ai remarqué des jeunes très talentueux lors du dernier Morocco Royal Tour, à El Jadida, dans le cadre du salon du Cheval. Tous les Marocains aiment les chevaux. Les fantasias en sont la preuve. Le Maroc est un grand pays du cheval mais pas un pays équestre. Les choses peuvent changer grâce à Kebir Ouaddar. Le sport proprement dit de compétition est en train de se développer avec beaucoup de succès. Désormais, l’enthousiasme est à son comble dans le sillage de Kebir, c’est une belle histoire qui va durer très longtemps !
On parle de la jeunesse. Mais, vous, à quel âge avez-vous quitté Rio ? A 18 ans, j’ai commencé à voyager avec notre équipe nationale. J’ai goûté cette vie et j’ai décidé de saisir ma chance en venant en Europe pour devenir un grand cavalier. Dès que j’ai eu une proposition pour quitter le Brésil, je l’ai saisie. Je me suis marié et, le 5 janvier 1961, nous avons pris le bateau avec ma femme et les chevaux... Où vous-êtes vous établis en Europe ? Nous avons d’abord posé nos valises, à Genève, chez des amis de ma femme où on a habité pendant dix ans. Après la Suisse, on a déménagé pour la France à Chantilly, la capitale du cheval, durant 12 ans.
PHOTO ERIC KNOLL
Puis, vous vous êtes installés en Belgique, votre deuxième pays... Pour des facilités pour l’école de notre fils qui avait 8 ans, on s’est installés à Bruxelles, en Belgique qui est notre patrie maintenant. Mon premier Grand Prix important, je l’ai gagné à Bruxelles, c’était la coupe de la Reine. Nous sommes restés très attachés à ce pays... Dans votre famille, le sport équestre n’était pourtant pas héréditaire... Mon père travaillait dans l’immobilier et ma maman était la « mama » italienne qui restait à la maison. Mon père aimait bien les chevaux mais en dilettante. Il a commencé à monter tard dans sa vie à 35 ans. Par contre, à l’âge de 6 ans, pour mon éducation sportive, il m’a fait monter. Très vite, il a voulu que je cours, que je saute. Rodrigo, votre fils unique, est un cavalier réputé. Est-ce vous qui l’avez poussé à monter ? Pas vraiment, parce que c’est une vie trop dure pour un cavalier moyen et ça je le savais. C’est un métier où il faut être à un niveau d’excellence pour être heureux. A 14 ans, Rodrigo a montré qu’il avait beaucoup de talent et il a choisi d’en faire son métier. A 17 ans, je lui ai laissé mes meilleurs chevaux et il a participé aux championnats du monde junior. A 18 ans, il a monté aux Jeux Olympiques 1992 à Barcelone. C’était sa consécration. On vous a surnommé le sorcier brésilien... Ma sœur avait du mal à dire Nelson, et elle disait Neco et du coup, c’est devenu mon pseudonyme et encore beaucoup de gens m’appellent comme ça ! Mais le sorcier, c’était une invention de la presse. On m’a surnommé le sorcier parce que j’ai pu établir des relations avec des chevaux très difficiles qui ne s’adaptaient avec personne. Après, ils sont devenus champions. Un cheval, c’est un être humain. On se comprend, on se parle. Dès que je prends un cheval à la main, je ressens la communication entre nous deux. On est dans une confiance mutuelle. Vous avez mis un terme à votre carrière de cavalier à 63 ans... C’est un sport très physique et on ne peut pas monter éternellement ! Et puis, mon fils Rodrigo arrivait à être très performant et on a tout concentré sur quelqu’un de plus jeune dans la famille.
CAEN.- «Kebir Ouaddar a beaucoup travaillé depuis les Jeux Équestres Mondiaux de Caen (photo), il fait désormais corps avec son cheval» dit Nelsson Pessoa. «Quickly de Kreisker est un cheval de caractère, pas toujours facile. Il faut donc saluer le talent de Kebir à monter aussi efficacement ce cheval.»
Vous arrive-t-il encore de monter pour le plaisir ? « J’ai arrêté l’an dernier parce que j’ai eu un accident qui m’a fait souffrir des bras. Mais depuis que j’ai arrêté de monter, je vis encore plus avec les chevaux qu’avant». u
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Institut national du Cheval
le royaume
PHOTOS JEHAd AbdALLAH
SAR Prince Héritier Moulay El Hassan
des métiers du cheval CHEVAL DU MAROC A VISITÉ L’INSTITUT NATIONAL DU CHEVAL SAR PRINCE HÉRITIER MOULAY EL HASSAN OÙ LES FUTURS PROFESSIONNELS DU MONDE ÉQUIN BÉNÉFICIENT DES FORMATIONS DE POINTE ADAPTÉES AUX BESOINS D’UN SECTEUR EN PLEINE CROISSANCE.
PAR MARYEM LAFTOUTY, (À RABAT)
institut national du cheval
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oilà maintenant presque 3 ans que l’unique Institut du Cheval en Afrique a vu le jour, à Rabat. Inaugurée par Son Altesse Royale le prince héritier Moulay El Hassan, le lundi 23 Septembre 2013, et dirigée par Abdelali Chrifi Alaoui, cette pépinière des métiers nobles fêtera, après l’été, sa quatrième rentrée scolaire. Cheval du Maroc a rencontré en exclusivité stagiaires, formateurs, et comité pédagogique pour mieux appréhender les enjeux de cette nouvelle institution. Tour d’horizon… L’ambition initiale était la promotion de profils de techniciens équins très qualifiés. Après les deux premières années, le pari est gagné. «Pour la première vague, nous sommes très satisfaits des résultats» se félicite Bachir AlBouali Chaouqi, directeur pédagogique des formations à l’Institut National du Cheval, situé à Dar Essalam, à Rabat. «Plus de 80% des stagiaires ont été embauchés». Cet établissement est considéré, par beaucoup d’étudiants, comme un «vrai tremplin dans l’existence, une chance inespérée». Alors que pour d’autres, c’est «une véritable école où l’on apprend toutes les valeurs de la vie». L’institut se déploie sur une superficie totale de 72.936 m² dont 16.454 m² couverts, comprenant notamment entre ses murs, le premier et unique manège équestre du continent africain. C’est là, à Dar Essalam, que 250 jeunes marocains, filles et garçons, ont choisi de suivre un vrai cursus pédagogique afin de renforcer leurs connaissances et leurs compétences autour du monde équin et ses métiers d’avenir. Une nouvelle ouverture qui leur octroie l’opportunité de pouvoir se projeter en tant que professionnels du secteur, vers différents métiers liés aux filières relatives au cheval et à son environnement. Mouad a 23 ans. Il souhaite devenir enseignant d’équitation. «Avant mon intégration à l’institut, je n’avais jamais vu un cheval de près» confie-ttil. «J’avais déjà un diplôme de construction métallique délivré par l’OFPPT. Quand j’ai su que l’Institut du Cheval a ouvert ses portes, je n’ai pas hésité à changer de domaine.» Le cas de Mouad est assez isolé car la majorité des stagiaires entretient déjà une passion souvent familiale avec le cheval. La plupart s’occupaient des chevaux de leurs familles ou des écuries de leurs voisins. Mais Mouad ne regrette pas son choix. «Par sa nature, l’humain est épanoui quand il est en relation avec l’animal en général, et le cheval en particulier» dit-il. «Si on demande à quiconque s’il aime le cheval, la réponse est évidente : oui !»
PHOTOS JEHAd Abd ALLAH
INSTITUT NATIONAL dU CHEVAL (Rabat).L’Institut a permis à une centaine de jeunes d’échapper aux conditions de vie parfois difficiles, et de trouver leur voie dans un secteur plein d’avenir. Ce ne sont pas Abdelali Chrifi Alaoui (ci-dessus), directeur général de l’Institut National du Cheval ou bachir Albouali Chaouqi (ci-contre), directeur pédagogique qui s’en plaindront !
L’institut national du cheval est considéré, par beaucoup d’étudiants, comme un «tremplin dans l’existence, une chance inespérée...»
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institut national du cheval On connaît aussi la sienne. On sait aussi que la réussite des premiers étudiants inscrits a permis la succession d’une deuxième génération, qui sera bientôt diplômée.Les filières qui sont actuellement enseignées répondent parfaitement à des besoins spécifiques au monde du cheval, à l’image des métiers de soigneurs d’équidés, enseignants équestres, maréchaux-ferrants, assistants vétérinaires, gestionnaires d’entreprises équines, selliers harnacheurs, selliers traditionnels sans oublier la fameuse École de jockeys. Il ne faut pas omettre les filières restauration et hôtellerie, ainsi que les Espaces verts. Ces formations sont dispensées par treize formateurs, sur une durée de deux ans pour certaines. La durée peut même aller jusqu’à trois ans pour d’autres. L’objectif est de former des techniciens spécialisés, qui peuvent facilement offrir leurs compétences au profit des clubs et écuries équestres au Maroc mais également dans d’autres pays. Directeur pédagogique à l’institut National du cheval depuis 2014, Bachir AlBouali Chaouqi, nous a reçus afin de valoriser les formations de l’Institut. Ce grand passionné du monde équin, assigné par l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT), est lui-même cavalier de formation. Il a même représenté le Maroc lors de plusieurs concours complets d’obstacles. Ce qui ne l’a pas empêché de suivre une formation à l’école de Saumur, en France, où il a eu la chance d’avoir comme professeur le Maître Ecuyer Jean Louis Martin. Ensuite, Bachir AlBouali Chaouqi a été engagé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE) comme directeur de l’Equipe Nationale, avant de chapeauter finalement la mise à niveau des clubs au Maroc. C’est ainsi qu’il a été désigné directeur pédagogique de l’Institut National du Cheval. Et c’est à ce titre qu’il a accepté de détailler les formations et les perspectives offertes par ces nouvelles filières, ainsi que les conditions dont bénéficient leurs jeunes stagiaires. «Pour l’instant, les 250 stagiaires, dont la majorité sont résidents au sein de l’institut, sont répartis sur sept filières» précise Bachir AlBouali Chaouqi. Cheval du Maroc : Quels sont les critères spécifiques pour intégrer les formations à l’Institut National du Cheval ? Bachir AlBouali Chaouqi.- Il faut savoir que les métiers vers lesquels nous orientons nos stagiaires sont des métiers de passion. Après, il faut avoir au minimum un niveau baccalauréat pour accéder à ces formations. Toutes les filières demandent un niveau baccalauréat, à part les filières « gestion d’entreprises » et « assistant vétérinaire » qui nécessitent le bac. Les étudiants sont logés et nourris dans l’enceinte de l’institut. On possède un internat qui peut recevoir 120 personnes, avec une contribution symbolique accessible à toutes les classes sociales.
De nombreux formateurs sont originaires de Khenifra. Est-ce un hasard? Les 13 formateurs de l’institut sont originaires de plusieurs villes du Maroc. La plupart sont, en effet, de Khenifra, cette ville connue par l’excellence de sa fantasia. Il n’y a donc peut-être pas de hasard... L’institut enseigne également d’autres matières, informatique, arabe, français, anglais. Une très bonne opportunité pour les jeunes stagiaires et les centres qui vont les embaucher après leur formation. Cela permet d’avoir des professionnels du cheval spécialisés, qui n’ont pas uniquement un savoir-faire technique dans le monde hippique, mais aussi qui se sont imprégnés de valeurs intellectuelles et humaines lors de leur formation à l’institut. Il convient aussi de préciser que le nombre d’étudiants est limité, surtout pour les premières années. Ceci permet d’assurer une meilleure gestion des classes dans l’intérêt de l’étudiant mais aussi du professeur qui sont liés à une exigence de réussite. Comment gérez-vous l’orientation professionnelle de vos étudiants diplômés? Nous sommes en relation avec les structures équestres de tout genre notamment les clubs équestres du Maroc, les écuries de courses et la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE). 80% de nos diplômés ont été embauchés lors des deux premiers exercices scolaires de 2013 et 2014. Depuis octobre 2015, nous avons réalisé un audit sur certaines filières. Et nous avons augmenté la durée de formation d’une année ou même sur certaines filières de deux ans pour offrir aux étudiants la meilleure formation avant de voler de leurs propres ailes dans le milieu du travail. L’Institut National du Cheval témoigne forcément de la bonne santé de la filière équestre au Maroc ? Incontestablement, c’est un magnifique outil de travail et une belle vitrine pour le monde équestre du Royaume. Je suis très satisfait de la qualité des installations de l’Institut qui font l’unanimité au niveau national et international. Il est nécessaire de noter que cette école est la première du genre en Afrique et dans le monde Arabe. D’ailleurs, certains élèves diplômés travaillent actuellement au Qatar et aux Emirats. Nous gardons un lien étroit avec eux, afin d’assurer la continuité d’une collaboration pérenne et répondre à d’autres besoins si leurs employeurs en demandent davantage. A noter que Larbi Bencheikhd, directeur général de l’OFPPT, a fait récemment un voyage en Afrique avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI , afin d’étudier les possibilités de promotions des profils qualifiés que l’Institut a la capacité de former selon des besoins très spécifiques. u
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PHOTO JEHAd AbdALLAH
driss Labidi
Espace vert: c’est son pré carré !
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a passion n’a pas d’âge. Ingénieur de recherche au ministère des eaux et forêts en retraite, Driss Labidi est professeur d’espace Vert depuis plus de deux ans. Il nous a parlé de sa mission à l’Institut National du Cheval avec la foi d’un jeune premier. Pour le plus grand bonheur de ses dix-huit étudiants. «Les élèves et moi-même avons la chance de vivre dans les bras de la nature luxuriante qui compose l’enceinte de l’institut» assure cet expert reconnu. «J’enseigne aux élèves la botanique et la connaissance des plantes, les travaux agricoles de base, l’entretien des espaces verts, la notion de création de jardins, la notion de maçonnerie paysagère…»
Et Driss Labidi de préciser son rôle. «Mon ambition est de sensibiliser les étudiants par rapport à l’importance de préserver ce patrimoine naturel. Je suis forestier et je ne cache pas mon désarroi quand je vois l’évolution du climat au Maroc, sur les dernières années. La sécheresse qui nous frappe me fait mal. Avec mes élèves, j’insiste sur la dégradation progressive de la forêt marocaine. Je n’hésite jamais à leur rappeler, quand l’occasion se présente, qu’un pays sans forêts est un peuple qui meurt. Les stagiaires sont donc appelés à protéger et développer les espaces verts afin de préserver nos richesses naturelles pour les générations futures.» u
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institut national du cheval PAR JÉRÔME LAMY, (À RABAT)
École de jockeys: la fabrique des futurs champions A
ttention, ici, se trouvent les successeurs de Zargane, Faddoul, Mandihi ou autres Kandoussi. Attention, ici, se trouve peut-être le futur vainqueur d’un Grand Prix Mohammed VI. Ici, c’est l’école des jockeys, véritable fabrique de grands champions et d’individus accomplis intellectuellement. Inaugurée en septembre 2015 dans les murs prestigieux de l’Institut National du Cheval Prince Héritier Moulay El Hassan, à Rabat, l’école des jockeys offre une formation diplômante à 18 élèves cavaliers, âgés de 15 à 18 ans, dont la limite de poids est fixée à 54 kg. Et si les premiers élèves stagiaires - les premiers diplômes seront délivrés en septembre 2017 ont généralement des accointances familiales dans le monde du cheval, l’ambition est d’élargir le champ du recrutement au grand public. «Le développement des courses au Maroc est si important que c’est une obligation de former des jockeys» assure Sara Ouaddadouch, la responsable de la formation des futurs jockeys pour la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC), qui ne cache pas que la prochaine session de septembre 2016 devrait atteindre le chiffre plafond de 32 élèves. La formation permet de délivrer le diplôme Cavalier d’entraînement des chevaux de courses. «On veut inculquer à nos élèves le besoin de rigueur dans ce métier» précise David Bouland, formateur technique qui veille au déroulement des cours, dans les meilleures conditions. «D’ailleurs, les stagiaires ont très bien compris l’importance de valeurs basées sur le respect de l’humain, du cheval et de l’environnement».
L’école des jockeys, qui a déjà noué des partenariats avec l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT), dispense 70% de cours pratiques pour 30% de théorie. Enseignement général en mathématiques, français et arabe, code des courses ou hippologie, la première année; formation de suivi alimentaire pour les jockeys, de soins vétérinaires, de débourrage, lors de la seconde année, rien n’est laissé au hasard pour la réussite des élèves et de leur future carrière. «On a intégré la grande nécessité d’apprendre le Français, qui est la langue de la majorité des dialogues professionnels dans le monde des courses». Le casting des professeurs et des intervenants répond aussi à une exigence d’excellence. C’est donc David Bouland, ancien jockey numéro 1 au Qatar où il courait pour l’écurie vedette du Cheikh Abdullah Ben Khalifa Al-Tahni - il a été sacré six fois cravache d’or et a notamment remporté la President Cup à Abu Dhabi - qui occupe le rôle capital de formateur technique à l’équitation de courses. Les jeunes apprentis Jockeys nous ont accueillis les bras ouverts et ont témoigné de leur satisfaction, à l’image de la jeune Houda (18 ans), originaire de Meknès. Apprendre ce métier est surtout pour elle la concrétisation de sa passion pour le sport. «Avant l’existence de cette école, je voulais être professeur de sport» confirme Houda, qui fait de nouveaux rêves.
Aujourd’hui, Houda est reconnaissante à sa famille de lui avoir permis de profiter de cette formation. «Le cheval me permet de me dire que tout est possible» avoue Houda. «Et comme tout jockey, j’aspire à être la meilleure». Zakaria, 15 ans, a intégré l’école au début de cette année scolaire. «Dans mon village, dans les environs de Marrakech, j’ai connu le cheval à travers des voisins qui avaient une écurie» explique ce jeune passionné. «Le propriétaire a vite compris que le cheval était toute ma vie. Et dès que l’institut a ouvert, il m’y a inscrit». Comme tous ses copains, il ne regrette pas. Surtout que c’est toute la filière courses qui accompagne et encourage l’heureuse initiative de la SOREC. «Il faut également saluer la grande contribution des propriétaires d’écuries de courses qui apportent un authentique soutien» se félicite Sara Ouaddadouch. «Ils ont immédiatement joué le jeu en permettant à nos élèves de s’entraîner régulièrement avec leurs chevaux de courses au contact de leurs meilleurs jockeys. Inutile de préciser que ces mêmes propriétaires de casaques sont appelés à être les premiers employeurs de nos futurs lauréats.» u
«On veut inculquer à nos élèves le besoin de rigueur et de respect dans le métier de jockey.» David Bouland, formateur
«Le cheval me permet de me dire que tout est possible. Comme jockey, j’aspire à être la meilleure». Houda, 18 ans LLAH PHOTOS JEHAd AbdA (Meknès)
INSTITUT NATIONAL dU CHEVAL (Rabat).Autour de david bouland et Mohamed El Mejhed, les élèves jockeys travaillent dans la bonne humeur.
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la tbourida a son Jour de gloire
L’EMBLÉMATIQUE TROPHÉE HASSAN II DES ARTS ÉQUESTRES TRADITIONNELS, DONT LA 17E ÉDITION A ÉTÉ ORGANISÉE A DAR ES-SALAM, A VALIDÉ LE NOUVEAU VIRAGE PRIS PAR LA TBOURIDA QUI DEVIENT UN VRAI SPORT AVEC SES JUGES RESPECTÉS. RENCONTRE AVEC L’UN D’ENTRE-EUX, LE DOCTEUR ABDELAZIZ BZIOUI. PAR MARYEM LAFTOUTY, (À RABAT)
dAR ES-SALAM (Rabat).SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan a félicité la troupe de Fkih ben-Salah (région béni Mellal-Khénifra), vainqueur du Trophée Hassan II de Tbourida.
PHOTO dRISS bENMALEK
17e trophée hassan ii de tbourida
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es sorba s’alignent. Chaque troupe porte l’uniforme traditionnel qui représente la région dont elle est originaire. Après le signal du «Moqadem», les lignées avancent d’un seul pas, à tour de rôle. Chevaux sous commande de leurs cavaliers, chaque troupe à son tour esquisse une révérence, appelée par certains «hadda» et par d’autres «tadrija», en saluant la présence d’un mouvement unifié. Un vrai spectacle où l’harmonie est savamment mise à l’épreuve. Cet art unique, les amoureux de la Tbourida ont pu l’apprécier lors du Trophée Hassan II des arts équestres traditionnels, dont la 17e édition a été organisée du 23 au 29 mai sous le Haut Patronage de Sa majesté le Roi Mohammed VI. Sous le regard de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, qui a été accueilli à son arrivée à Dar EsSalam, par Moulay Abdellah Alaoui, président de la Fédération royale marocaine des sports équestres (FRMSE), c’est la troupe du Moqaddem Abdeljalil Bouabbadi de Fkih Ben-Salah (région Béni Mellal-Khénifra) qui a remporté la légendaire épreuve devant les sorba de Toufiq Nassiri (Settat) et de Troufi El-Alami (Sidi Bennour). Déjà, lors des demi-finales interrégionales organisées par la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC) à Meknès et Béni-Mellal, ces sorba avaient affiché de belles promesses. En tout cas, elles serviront d’exemple d’abnégation et de passion à la sorba de Zouhir Bejjat de Khénifra (Béni Mellal-Khénifra), vainqueur chez les jeunes. C’est sous l’impulsion de la FRMSE et de son Président, Moulay Abdellah Alaoui, que la Tbourida a mis l’accent sur le côté sportif. Dans sa politique de vouloir promouvoir l’activité équestre marocaine sous toutes ses formes, la FRMSE a entrepris des réformes et des règles pour que cette activité devienne un vrai sport.
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dAR ES-SALAM (Rabat).- SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan a honoré le Trophée Hassan II des Arts Équestres de sa présence. Il a remis les récompenses d’une épreuve légendaire à laquelle il a assisté aux côtés de Moulay Abdellah Alaoui, président de la FRMSE, du ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, du ministre de la Jeunesse et des sports, Lahcen Sekkouri, du ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Cherki draïss, et du général de corps d’armée Hosni benslimane.
Les juges font rarement parler d’eux mais ils sont indissociables au succès de la Tbourida. On a donc profité de cette noble occasion pour rencontrer Abdelaziz Bzioui, qui fait partie des sept juges fédéraux que compte le Maroc et dont l’expertise est louée par tous. Né à Meknès en 1956, Abdelaziz Bzioui a fait ses études supérieures à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (IAV) où il obtient son diplôme en 1984. Il est affecté aux services vétérinaires de la province de Tata. Rien ne le lie encore au cheval. En 1986, Abdelaziz est appelé sous les drapeaux, au service de la garde royale en tant que vétérinaire-inspecteur. Pour mission, il doit s’occuper des chevaux de parade de la garde royale. C’est son premier contact avec l’espèce équine, qui le lie à la créature pour le restant de son parcours. «Le cheval est une conquête de l’homme» confie-t-il. «Il est plus habile pour comprendre et pour échanger avec l’humain par rapport à d’autres animaux» .
Avec son rigoureux savoir-faire et sa passion naissante pour le monde équestre, Abdelaziz est nommé, en juin 1986, au Haras National d’El Jadida où il met son expertise de vétérinaire au profit de la reproduction équine. Il chapeaute aussi l’encadrement des éleveurs, sans manquer la participation aux encadrements des moussems et concours d’élevage. En 1993, il participe à la construction du Haras de Bouznika (voir page 79) où il est affecté comme directeur. Le démarrage de cette nouvelle entité permet au Maroc de faire un pas de géant en terme de reproduction. Ainsi, Abdelaziz met en place, avec son équipe, les nouvelles techniques et technologies liées à l’insémination artificielle, la congélation des semences et l’échographie. Jamais à court d’idées, le directeur en profite pour créer un centre de formation pour les vétérinaires marocains et étrangers, dans l’enceinte du Haras de Bouznika. En 2006, il reprend les rènes du Haras d’El Jadida où il met en place les nouvelles technologies de reproduction déjà développées au Haras de Bouznika. Mais c’est dans le monde de la Tbourida qu’Abdelaziz Bzioui va investir son savoir-faire, son énergie et sa passion. Explications d’une mutation réussie.
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dAR ES-SALAM (Rabat).«Le cheval est une conquête de l’homme. Il est plus habile pour échanger avec l’humain que d’autres animaux» confie le dr Abdelaziz bzioui, un des sept juges fédéraux de Tbourida, symbole de la professionnalisation du secteur.
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Cheval du Maroc.- Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le domaine de la Tbourida? Abdelaziz Bzioui.- En 2011, la FRMSE a créé un nouveau département, baptisé «promotion et association professionnelle», œuvrant pour l’encadrement des concours en général, les concours de Tbourida en particulier. En collaboration avec Abbas El Hamri, on nous a confié la mission de créer un règlement qui régit les concours de Tbourida. C’est ainsi que, sous l’égide de la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC) et en partenariat avec la FRMSE, nous avons commencé à organiser les concours. Au début, il était question de désigner les jurys, de mettre en place un système de vérification de notes, d’organiser l’annonce des résultats et le paiement des participants. J’ai aussi organisé de nombreux séminaires de formation pour promouvoir de nouveaux juges. Quels sont les aspects de la formalisation des concours de tbourida? Le système exige un dossier avec un minimum de quinze participants dotés d’une assurance fédérale, une licence pour monter à cheval.
On peut également parler d’une professionnalisation des juges... En effet, la formalisation des concours de Tbourida s’est affirmée par la montée en compétences des juges. A ce sujet, il convient de noter qu’il existe trois types de juges. Les «Juges stagiaires», qui sont des amoureux du cheval, amateurs de l’activité équestre en général, ayant acquis par leurs expériences quelques notions de pratique dans le domaine. Avec ce petit bagage, un juge stagiaire doit passer 8 concours régionaux sur deux ans, avant d’être confirmé en tant que ‘juge national’. A son tour, chaque juge national doit passer de nombreux concours régionaux et inter-régionaux afin de s’affirmer comme «Juge Fédéral». Seuls les Juges fédéraux sont habilités à arbitrer le trophée Hassan II. La fédération organise 20 concours régionaux, 2 concours inter-régionaux et un concours national, chaque année. Pour chaque concours régional, il faut un minimum de trois juges. Pour les concours inter-régionaux, les juges doivent être au minimum au nombre de cinq. Alors que le trophée n’exige que quatre juges fédéraux.
Comment un juge de Tbourida attribue-t-il ses notes? Pour les concours régionaux, le jugement est collégial. Les 7 juges se rassemblent pour donner leur avis sur la prestation des candidats. Pour les concours inter-régionaux et le concours national, le jugement est individuel. La notation se fait sur deux phases distinctes. La première consiste à juger le «salut» des sorba. Appelée également «hadda» ou «tadrija» selon les régions, cette pratique démontre l’homogénéité de la sorba sur le volet esthétique. La note est désignée sur une échelle de 25. Lors de cette pratique, la présentation du salut, l’habillement traditionnel, le harnachement des chevaux et même la qualité du cheval sont notés. Vient alors la deuxième phase qui consiste à noter l’exhibition de chaque troupe. A tour de rôle, les sorba, au signal de leur «Moqadem», galopent et tirent d’un seul trait. Chaque troupe doit faire 3 passages, et chaque passage est noté sur 25 points. Le juge note alors de son côté ce qu’on appelle le «jeu de la tbourida», en se basant sur les critères suivants : la qualité du départ, - la troupe doit être alignée et homogène -, la course au galop et enfin la synchronisation de la détonation.
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bÉNI-MELLAL ET MEKNÈS.- Les demi-finales interrégionales organisées par la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC), à Meknès (photo de gauche) et béni-Mellal, ont rencontré un joli succès populaire.
Quel bilan tirez-vous de la dernière édition du Trophée Hassan II ? La sorba de la région du Fqih Ben Saleh, dirigée par le moqadem BenAbad Abdeljalil, mérite la victoire. Cette troupe a beaucoup de potentiel. Elle a suivi un entraînement acharné. Sa participation régulière lui a permis de veiller à l’excellence de sa présentation. La sorba de la région du Fqih Ben Saleh a toujours terminé les épreuves parmi les meilleures.u
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club cheval
la ferme équestre de dar bouazza
mohammed el yassini, pionnier du tourisme équestre PAR MARYEM LAFTOUTY, (À DAR BOUAZZA)
PROPRIÉTAIRE DE LA FERME ÉQUESTRE DE DAR BOUAZZA, MOHAMMED EL YASSINI EST LE PIONNIER DU TOURISME ÉQUESTRE AU ROYAUME. IL A TOUJOURS SU QUE LE CHEVAL DEVIENDRAIT UNE GRANDE SIGNATURE DU TOURISME AU MÊME TITRE QUE LA GASTRONOMIE OU LE GOLF. RIEN D’ÉTONNANT QU’IL PRÉSIDE AUJOURD’HUI LA PREMIÈRE ASSOCIATION NATIONALE MAROCAINE DU TOURISME EQUESTRE (ANMTE).
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es plages, ses écoles et sa Ferme Équestre: bienvenue à Dar Bouazza ! La Ferme Équestre de Dar Bouazza est plus qu’une simple adresse dédiée au cheval, c’est un lieu de vie, un havre de paix des plus anciens de Casablanca. Certains la connaissent de réputation, d’autres y ont déjà fait escale pour quelques heures de détente. La plupart y passent la majorité de leurs moments de loisirs, tantôt seuls, tantôt accompagnés de leurs enfants. Convoitée non seulement par les familles de la grande ville, mais aussi des visiteurs venus de tout le Maroc et d’ailleurs, la Ferme s’étend sur trois hectares verdoyants dédiés au partage et à l’amour du cheval. Le propriétaire, Mohammed El Yassini et son épouse Solange y invitent tout passionné du cheval depuis plus d’une vingtaine d’années.
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Pour Mohammed, il n’y a eu qu’un seul et unique objectif, promouvoir l’activité équestre au Maroc, et la rendre accessible à tous. La Ferme Équestre de Dar Bouazza est bien plus qu’un club de détente. D’ailleurs Mohammed souligne que l’appellation «Ferme» n’est pas due au hasard. Elle a été minutieusement adoptée, afin de mieux traduire sa volonté, et celle de son épouse, de vouloir mettre à disposition de tout citoyen l’activité équestre dans toute sa splendeur. Les propriétaires Mohammed el Yassini et son épouse proposent sur leur programme équin une variété de disciplines: dressage, endurance, randonnées et cours d’équitation à cheval et à poney. A l’entrée de la Ferme, les visiteurs remarquent l’absence de portes et de gardien. En effet, l’enceinte de la ferme est ouverte à tous et se marie harmonieusement à la nature enchanteresse. Les visiteurs y sont les bienvenus.
Cavalier de talent, moniteur reconnu, Mohammed El Yassini est surtout le pionnier du tourisme équestre au Royaume. Avant que cette activité ne soit placée au rang des causes nationales, ce précurseur au grand coeur a toujours su que le cheval deviendrait une grande signature du tourisme au même titre que la gastronomie ou le golf. A la tête d’une grande équipée, c’est sur les contreforts du Haut-Atlas qu’il guidait les touristes amoureux du cheval et du Maroc. Rien d’étonnant qu’il préside aujourd’hui la première Association Nationale Marocaine du Tourisme Équestre. Cela ne l’empêche pas de jongler avec ses deux passions: «enseigner» à la nouvelle génération ce que lui a appris «l’amour du cheval» et encourager le tourisme à cheval pour promouvoir son pays. Tour d’horizon…
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dAR bOUAZZA (Ferme Équestre).«Les enfants qui montent à cheval, à la Ferme Équestre, ne font pas que du sport. En leur apprenant à se mettre en selle sur une créature aussi complexe que le cheval barbe, on participe en partie à leur éducation...» se félicite Mohammed El Yassini, ci-contre, en randonnée à Merzouga (photo du haut), fier d’être le précurseur du tourisme équestre au Maroc.
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Tous sont attirés par le cheval barbe et arabe barbe. Parce que le cheval éduque. «Il est évident que le cheval avec son ego , surtout le barbe qui reste le cheval d’école par excellence, est très sensible au tempérament de son cavalier» précise Mohammed, le regard épris de sérénité. «Savoir le contrôler est un art à part entière. Aujourd’hui, les enfants qui viennent monter à cheval à la Ferme, ne font pas que du sport. En leur apprenant à se mettre en selle sur une créature aussi complexe, on participe en partie à leur éducation...»
Il est clair que la race équine marocaine est l’une des plus intelligentes. «Le cheval n’accepte pas de se faire dominer par un cavalier plus fort, mais il est plus réceptif et protecteur quand il s’agit d’un enfant, ou d’une personne à mobilité réduite (équithérapie)» ajoute-t-il. D’ailleurs plusieurs écoles primaires ont intégré à leur programme scolaire des sorties à cheval en collaboration avec la Ferme de Dar Bouazza, pour la qualité pédagogique de la relation enfant-cheval. A ses débuts, Mohammed s’est nourri de la nature généreuse que lui a offert sa ville natale, Meknès. Un amour pour le cheval, qui l’accompagne depuis son tout jeune âge. Déjà benjamin, il savait que cet animal serait son compagnon pour la vie.
«Même si la Fantasia évolue avec lE Salon du Cheval d’El Jadida, elle est toujours considérée comme un Folklore. C’est dommage. en la modernisant et en la valorisant, on l’exporterait aisément. La filière équine n’a pas toujours fait les bons choix dans le passé...»
>> Un respect pour le monde hippique qui s’exprime par la voix du Hadith: «En tant que musulman, le prophète nous a incités à pratiquer trois disciplines : l’équitation, la natation et le tir à l’arc». Né en 1954, Mohammed fut rapidement encouragé par son père, Miloud ancien cavalier spahi. Ce dernier, travaillant à l’époque dans les haras, l’inscrivit au club équestre de Meknès, à l’aube de ses treize ans, où il fut également son premier moniteur. C’est là où le prodige de la selle a remporté ses premiers concours et ses premières médailles. Bientôt, la reconnaissance de son talent lui permit de se projeter plus loin dans le domaine. D’un tempérament vif et avec son esprit de challenger, Mohammed El Yassini avoue, aujourd’hui, que chacune de ses expériences à cheval est une prouesse unique quant à la qualité de complicité qui le lie à chacune de ses montures.
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club cheval A l’aune de cette passion qui s’est nourrie de son envie d’enseigner, Mohammed décide alors de passer de l’apprenti au moniteur. Cette fois, il était question de véhiculer son amour pour le cheval à la nouvelle génération. Un amour tenu donc de son père, qui chevaucha à ses côtés jusqu’à ses quatre-vingts ans. L’échec à l’examen du baccalauréat ne fait pas défaut à son enthousiasme. Au contraire, et sans aucune hésitation, il intègre la première vague de formation de moniteurs au club équestre de Dar Essalam à Rabat. Deux ans plus tard, en 1975, il est diplômé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres (FRMSE). Il commence à enseigner l’équitation, d’abord à Meknès, puis à Rabat, avant de s’installer à Marrakech. En 1982, suite au succès de ses cours et aux encouragements des touristes européens heureux de découvrir le Maroc durant ses randonnées dans le Haut Atlas, il participe à la création du premier centre de tourisme équestre, avec le propriétaire de la Roseraie à Marrakech. Un centre qu’il a baptisé Randonnées Equestres du Haut Atlas (REHA), et qui offrait des circuits de découverte sur l’ensemble du Royaume. Mohammed devient le premier guide du tourisme équestre dans tout le royaume. Cette réussite, Mohammed la doit à sa femme, aussi passionnée que lui par l’animal noble Ce nouvel horizon alimente son ambition. «Au Maroc, il existe deux types de pratiques : l’équitation sportive et l’équitation traditionnelle (la Fantasia)» précise Mohammed. «Même si la Fantasia se développe progressivement depuis le lancement du Salon du Cheval d’El Jadida, elle est toujours considérée comme un Folklore. C’est dommage. En la modernisant et en la valorisant, on peut facilement l’exporter. La filière équine n’a pas toujours fait les bons choix dans le passé...»
Voici une réflexion qui peine notre cavalier, lui qui a toujours essayé de se remettre en cause. Après 17 ans de monitorat, il se lance dans le dressage de chevaux pour le septième art. Ainsi, il s’aventure de concours en randonnées, de randonnées en tournages cinématographiques. Avec un succès qui ne se dément pas. «Mon père m’a dit que le barbe est un cheval qui meurt mais qui ne vieillit pas» dit Mohammed. «Il faut avoir de l’ambition pour le cheval au Maroc. Depuis la création du Salon du Cheval d’El Jadida, la filière équine a beaucoup évolué sous l’égide de la grande volonté du Prince Moulay Abdellah, président de FRMSE, et sous l’impulsion de la SOREC. Désormais, il faut profiter de la qualification de Kebir Ouaddar pour les JO de Rio pour investir encore plus dans la promotion du patrimoine équin.» Mohammed mise sur les qualités du cheval barbe et sur le sens légendaire du sourire, du sens du service, de l’accueil des Marocains pour séduire les touristes locaux et internationaux. «Il faut commencer par la promotion du tourisme équestre et l’équitation de loisirs pour les Marocains qui sont encore fort réservés par rapport à cette pratique» regrette Mohammed. «Il est urgent d’organiser ce secteur d’activités afin de donner confiance aux Marocains et l’envie d’être nos meilleurs prescripteurs.»
Quand il s’agit de cheval, Mohammed ne manque pas d’idées. A 60 ans, à l’âge de la retraite, il s’engage dans une nouvelle aventure. Il préside actuellement l’Association Nationale Marocaine du Tourisme Equestre, première dans son genre, lancée il y a quelques mois. La promotion du tourisme équestre nécessite la fusion de toutes les énergies. «Plusieurs formations ont déjà été déployées au niveau national au profit des cavaliers indépendants» explique Mohammed. «Elles ont pour objectif d’unifier la qualité de prestations proposées pour les bénéficiaires afin d’encourager le tourisme équestre dans tout le pays avec des cartes, des difficultés.» Pour Mohammed, le cheval, c’est la vie. Il ose une métaphore. «Chaque compétition peut être comparée à la vie» dit-il. «Le départ d’un parcours d’obstacles, c’est la naissance. A la fin de parcours, soit on meurt avec succès et satisfaction, soit on meurt sans atteindre ses objectifs». Moniteur-éducateur à la Ferme Équestre de Dar Bouazza et puis président de la première et unique association de tourisme équestre au Maroc, Mohammed ne s’arrêtera pas là. Il se penche sur d’autres disciplines qui ne sont pas encore connues dans le pays, à l’image du dressage académique et de l’endurance équestre. Précurseur un jour, précurseur toujours... u
dAR bOUAZZA (Ferme Équestre).La promotion du tourisme équestre nécessite la fusion de toutes les énergies. «Il faut unifier la qualité des prestations proposées pour les bénéficiaires afin d’encourager le tourisme équestre dans tout le pays avec des cartes, des plans, des degrés de difficultés» dit Mohammed El Yassini (photo) «Il faut commencer par la promotion du tourisme équestre et l’équitation de loisirs pour les Marocains qui sont encore réservés par rapport à cette pratique».
«Depuis la création du Salon du Cheval d’El Jadida, la filière équine a beaucoup évolué sous l’impulsion du Prince Moulay Abdellah, président de FRMSE et de la SOREC. il faut profiter de la qualification de Kebir Ouaddar pour les JO de Rio pour investir encore plus dans la promotion du patrimoine équin.» PHOTO dR
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haras national de bouznika
bOUZNIKA (Haras National).Le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord à se doter des plus récentes technologies en matière de reproduction équine. Pas étonnant que le Haras National de bouznika soit devenu la référence de l'élevage du cheval barbe au Royaume.
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élevage, modernité et tradition au haras de bouznikka VÉRITABLE RUCHE DE REPRODUCTION DES MEILLEURS SPÉCIMENS DU CHEVAL BARBE, LE HARAS NATIONAL DE BOUZNIKA EST L’UNE DES PLUS MODERNES INSTITUTIONS ÉQUESTRES DU ROYAUME. EN HÉBERGEANT, SUR LES TERRES D’UNE VIEILLE KASBAH MILITAIRE, LE CENTRE NATIONAL D’INSÉMINATION ARTIFICIELLE EQUINE DE BOUZNIKA ET LE CENTRE DE PROMOTION DE L’ÉLEVAGE ÉQUIN, LE HARAS POSSÈDE DES CAPACITÉS DE REPRODUCTION ÉQUINE UNIQUES EN AFRIQUE NORD. ET CE D'AUTANT QUE LA NOUVELLE EXTENSION PERMET UNE CROISSANCE DE LA PRODUCTION DES JUMENTS D’UNE VALEUR GÉNÉTIQUE TRÈS ÉLEVÉE...
PAR MARYEM LAFTOUTY, (À BOUZNIKA)
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l’ombre de l’architecture d’une vieille kasbah, pas très loin du Haras Royal se dresse un espace où l’on rencontre les meilleurs étalons arabe-barbes. Il s’agit du Haras National de Bouznika. Ancestral par son histoire, il est considéré comme l’une des plus modernes institutions équestres du Royaume. En termes d’infrastructures, il est doté des plus récentes technologies en matière de reproduction équine. Ainsi, avec ses deux centres pour promouvoir la reproduction et l’élevage, le Haras National de Bouznika s’est également donné la mission de préserver la race barbe à fin d’excellence. Construit en 1993, après la décision de sa Majesté Feu le Roi Hassan II, le Haras de Bouznika a pris siège sur les terres d’une vieille kasbah militaire. Celle-ci date du règne de Moulay Ismail. A l’époque, l’enceinte était destinée à préserver et à protéger les caravanes commerciales. A noter que l’enceinte de Bouznika est le seul haras construit en période post-occupation.
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haras national de bouznika Aujourd’hui et depuis 1994, la date de son ouverture, le Haras de Bouznika représente une vraie ruche de reproduction des meilleurs spécimens du cheval barbe. Dire qu’il domine actuellement tous les élevages des autres régions revient à enfoncer une porte ouverte. C’est non seulement sa proximité avec le Haras Royal qui a motivé la décision de sa création mais aussi la nécessité impérieuse de mettre en place un centre équestre destiné à chapeauter tous les encadrements équins du pays. Outre sa position géographique privilégiée, c’est sa superficie unique (huit hectares) qui le place au cœur de toutes les activités équestres du Royaume. Il ne faut pas oublier de préciser aussi - et ce n’est pas la moindre des spécificités - que le Haras National de Bouznika abrite dans ses locaux deux autres entités. On citera en premier lieu le Centre National d’Insémination Artificielle Equine de Bouznika (CNIAEB). Ce dernier permet de contrôler la qualité de production et de mise en place de semences congelées équines, ce qui permet de produire des semences et des étalons de haute qualité génétique. Créé en 2002, c’est le seul centre agréé par l’état marocain. Et comme les procédés utilisés sont entièrement conformes aux normes de l’Union Européenne, on comprend mieux l’importance stratégique du CNIAEB. Dès son ouverture en 2003, il fut, en effet, agréé par une commission européenne pour l’export de semences. Fierté parmi tant d’autres, le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord à se doter de pareille installation. Parmi les principales activités du CNIAEB, la manipulation de la semence congelée et l’encadrement des centres de mise en place privés méritent qu’on s’y attarde. Le CNIAEB propose également d’autres prestations, à l’échelle nationale et internationale, citons l’importation, la production, le stockage ainsi que l’expédition des semences congelées. Enfin, en second lieu, il convient de parler du Centre de Promotion de l’Élevage Équin (CPEE), au Haras National de Bouznika. Au niveau de ce dernier, on procède à la reproduction soit par semence fraiche, soit congelée.
Le Centre National d’Insémination Artificielle Equine de bouznika.
Sous l'impulsion de la SOREC, le Haras National de Bouznika a connu une grande extension qualitative et quantitative en 2015. cette évolution a permis une plus grande efficacité au travail des équipes de la SOREC. Elle a également assuré la mise à disposition des éleveurs d’une infrastructure mieux adaptée à leurs besoins.
Cela aurait été mal connaître la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC) qui préside aux destinées du Haras National de Bouznika - ainsi que de celui d’Oujda, d’El Jadida, de Meknès et de Marrakech - depuis 2011 et les instructions d’Aziz Akhannouch, Ministre de l’agriculture et de la pêche maritime, d’imaginer que ses dirigeants allaient s’endormir sur les beaux lauriers de Bouznika. Loin s’en faut ! Depuis un peu plus d’un an et demi, les locaux du Haras National de Bouznika ont, au contraire, changé de manière assez incroyable. La mise en œuvre du projet d’extension en 2014 a surtout répondu à une grande demande de croissance. Quantitativement, l’augmentation considérable de la production de chevaux, durant les cinq dernières années, a souligné une hausse de 120%. Du coup, il était nécessaire de prévoir plus d’écuries pour les générations à venir. D’un point de vue qualitatif, le nouvel objectif est la production de juments d’une valeur génétique très élevée. Ainsi, il était nécessaire d’améliorer les infrastructures et d’apporter de nouvelles technologies destinées à la manipulation des semences. Un résultat d’autant plus satisfaisant que la nouvelle extension a permis au Haras National de Bouznika de se mettre en conformité avec les normes internationales, que ce soit en termes de superficie, de luminosité, et même d’aération.
Quant aux éleveurs, ils ont désormais un exemple concret à suivre pour la bonne alimentation à offrir à leurs montures, ainsi que les plus récentes techniques d’élevage. Actuellement, le Haras compte 4 écuries. Chacune d’elles contient 24 boxes en plus d’un box de poulinage. Les écuries sont dotées également de 2 magasins de stockage d’aliments, 4 boxes d’isolement et environ 3,2 hectares de paddocks pour étalons et juments, ainsi qu’une chambre de palefrenier et une aire de douche. Le succès fut immédiat. Deux semaines seulement après l’inauguration officielle de l’extension, en 2015, le taux de remplissage était déjà de 30%. Un taux qui n’est pas anodin. L’extension du Haras a bien rempli ses objectifs à savoir fournir dans un premier temps une plus grande efficacité au travail des équipes de la SOREC. Elle a permis également de mettre à disposition des éleveurs une infrastructure mieux adaptée. Par rapport au service, la pension complète est de plus en plus proposée pour les éleveurs qui voient leurs charges de transport diminuer considérablement. Même les juments de qualité y trouvent leur bonheur. Ce qui a permis d’augmenter leurs taux de fertilité. Les travaux ont en effet permis l’augmentation des facteurs de confort et de bien-être des juments, ainsi que la mise en place d’une gestion efficiente des étalons. Pas étonnant que Bouznika renforce son image de ville balnéaire dédiée au cheval. u
bOUZNIKA (Haras National).- Outre sa position géographique privilégiée, c’est sa superficie unique (huit hectares) qui place le Haras National de bouznika au cœur de toutes les activités équestres du Royaume.
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sous le sabot
sa majEstÉ lE roi mohammEd Vi Élu propriÉtairE ÉquEstrE dE l'annÉE 2015 !
KEbir ouaddar portE-drapEau à rio ? Selon nos informations, Kebir Ouaddar devrait être le porte-drapeau de la délégation marocaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Rio. Ce serait une consécration méritée pour le cavalier du Royaume dont le comportement sportif et humain est une fierté pour le peuple marocain. Kebir Ouaddar succéderait à Wiam Dislam (Londres 2012), Abdelkader Kada (Pekin 2008), Nezha Bidouane (Athènes 2004) ou Adil Belgaïd (Sydney 2000).
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui avait acheté fin 2012 le cheval Quickly de Kreisker, étalon Selle français, a été élu propriétaire de l'année 2015 par le Jumping Owners Club. Ce club, lié à la Fédération équestre internationale, réunit les propriétaires de chevaux du monde entier. Créé en 2004, le prix du propriétaire de l'année, une sculpture en bronze, a été remis au Prince Moulay Abdellah Alaoui, président de la Fédération royale marocaine des sports équestres (FRMSE) et à Kebir Ouaddar, au nom de sa majesté le Roi Mohammed VI, lors du Jumping international de La Baule. «Ce prix récompense le dévouement et la loyauté, et nous sommes ravis qu'il revienne à Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc,
pour son merveilleux cheval Quickly de Kreisker» a précisé Ingmar de Vos, président de la Fédération équestre internationale. Cette distinction est aussi une belle récompense pour Kebir Ouaddar, premier marocain qualifié pour les Jeux Olympiques dans la discipline des Sports Équestres et pour son entraîneur Marcel Rozier qui avait découvert Quickly de Kreisker. «Sa Majesté m’avait demandé de trouver un cheval» explique Marcel Rozier. «Quand j’ai vu Quickly, j’ai flashé. Je l’ai montré à Kebir. Je lui ai dit: ‘c’est le cheval qu’il nous faut’ Il m’a répondu: ‘Marcel, je l’aime’. Il faudrait, un jour, construire une statue de bronze à Quickly, au Maroc. C’est un être humain à qui il ne manque que la parole. C’est le meilleur cheval au monde qui permet aux couleurs marocaines de briller aux quatre coins de la Planète. En tout cas, il faudra au moins le faire empailler...» u
J.L
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sEs lE maroc capitalE dEs cour dE pur-sang arabEs pour acLe Maroc a été désigné e réunion des courses de cueillir la 8 elée World pur-sang arabes, app Conference, ing Rac e Hors Arabian e st une belle C’ 7. du 8 au 14 mai 201 ail effectué trav du ce issan nna reco essionnaprof la r pou EC par la SOR élioral’am avec lisation des courses, aux et chev des ité qual la tion de aussi e st C’ s. cture celle des infrastru roc, premier Ma le r r pou neu hon un e arabe, avec pays africain et 2 pays , à organiles Emirats-Arabes Unis succédant nt, neme évé le blab ser sem dans le ents référ ainsi à des pays hippiques monde des courses terre, l’Itacomme la France, l’Angle ière édilie où s’est déroulée la dern tion.
les auC’est d’ailleurs à Rome que remis à torités d’Abu Dhabi ont général Omar Skalli, le directeur festidu eau drap de la SOREC, le t de préciser vien con Il to). (pho val uis 4 ans que le Maroc a intégré dep nnat du le circuit du champio son Altesse monde des cavalières de barak, orMu Bint Sheikha Fatima une proche ganisé par Lara Sawaya, h Mansour collaboratrice du Sheik -premier Bin Zayed Al Nayad, vice est le parqui i, Dhab bu d’ A stre mini Horse Rarain de la World Arabian us allons cing Conference. «No ssaires néce yens mo les déployer aussi soit nt eme pour que cet évén cédentes pré les que able arqu rem li. éditions» assure Omar Skal
LE JAzz Au gALOP à L’HIPPODROME CAsA-ANfA.- Jazzablanca a réinvesti ce printemps les gradins de l’hippodrome faisant ainsi vibrer la ville blanche au rythme du jazz. La 11e édition du festival a d’ailleurs été un énorme succès. Ainsi, l’hippodrome propose 3 scènes où l’exceptionnelle Melody gardot (photo) a fait l’unanimité.
Omar Skalli ne cache pas son sourire, à Rome...
fessionnels Outre des forums pro ionaux, rnat inte avec 500 délégués est au progala de rnée jou une ent le Prix gramme avec notamm arak des Sheikha Fatima Bint Mub jockeys. is rent app des et s cavalière moul s’est A Rome, Si Bouchra Mar ar Lakjal classée sixième place, Om place. ième trois e bell a récolté une mieux, On leur souhaite de faire pays, sans l’an prochain, dans leur les infradoute à Marrakech où le nouvel et es elièr hôt s ture struc au cenêtre t raien dev hippodrome tre de l’événement. u
BENNANI sMIRès REMPLACE CHAOuI à LA TêTE DE L’éTRIER.Changement dans la douceur et la continuité à l’Étrier de Casablanca où Abdeslam Bennani smirès, cavalier de l’équipe nationale, a succédé à ghali Chaoui dans le fauteuil de président. «J’avais besoin de prendre du recul pour me concentrer sur mon cabinet d’architecte» a précise ghali.
dE l’Émotion au trophÉE maroc ÉquEstrE !
Il était là. Véritable attraction de la 12e édition du Trophée Maroc Équestre, Kebir Ouaddar a attiré tous les regards au Centre International de Conférence Mohammed VI, à Skhirat. L’événement, cher à Badre Fakir, a rendu un hommage particulier à la star marocaine et à son cheval Quickly de Kreisker sous le regard du Président de la Fédération Équestre Internationale, Ingmar de Vos (photo médaillon avec Badre fakir). Cette belle soirée, honorée par la présence de la championne olympique Nawal el Moutawakel et de la star du ballon rond Aziz Bouderbala, a été parcourue par un grand moment d’émotion avec la standing ovation pour le cavalier non-voyant, Salim Ejnaini, récompensé pour sa victoire au Grand Prix du CSI Handisport à la Baule. Enfin, la jeune génération a égélement été à l’honneur à l’image de Saad Jabri et Rayane El Ouarzazi. u
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sur la route de rio
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mon destin peut basculer à rio ! » carte postale
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éjà, il convient de préciser que la qualification pour les Jeux Olympiques a été un vrai soulagement autant qu’une consécration de notre aventure assez folle. Nous ne voulions pas transmettre nos doutes, mais, avant notre départ pour le décisif Grand Prix du CSI 5* de Doha, nous avons senti une grande pression. C’est pourquoi nous sommes partis à deux, Marcel Rozier et moimême, pour nous enfermer dans une bulle. A notre retour à Bois-le Roi, Marcel a été surpris par la forme de notre cheval, Quickly de Kreisker. Du coup, il a décidé que nous allions participer au Grand Prix Hermès, au Grand Palais, à Paris, qui n’était pas dans notre programme initial... Remporter cette épreuve prestigieuse, devant les plus grands cavaliers du monde, quelques jours avant l’anniversaire de Marcel qui a fêté ses quatre-vingts ans, a été le plus grand événement de ma carrière tant sur le plan de la performance sportive que de l’émotion. Inutile de dire que cela a été compliqué de digérer cette période entre la qualification pour les JO, la victoire au Grand Palais et l’anniversaire de Marcel. Quickly a été mis au repos pour cinq semaines, le temps de faire quelques balades dans la forêt de Fontainebleau. De mon côté, j’ai passé un peu de temps, au Maroc, auprès de ma femme Noëlle et de ma fille Soukaina. J’en ai profité pour assister à la soirée de gala du Trophée Maroc Équestre. C’est toujours un grand bonheur de me retrouver, au milieu de la grande famille du sport équestre marocain et plus généralement de la filière équine.
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KEBIR OUADDAR ET SON CHEVAL QUICKLY SONT PRÊTS À RELEVER TOUS LES DÉFIS LORS DES JO DE RIO.
Cheval du Maroc a décidé de mettre ses pas dans ceux de Kebir Ouaddar et de son entraîneur, Marcel Rozier. Jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio ( 5 - 21 août ), le couple majeur des sports équestres marocains vous fait partager le quotidien de leur cheval emblématique Quickly de Kreisker, leurs joies et leurs doutes, leurs espoirs et leurs rêves. Confidences exclusives, avant l’envol pour Rio !
Marcel n’a pas souhaité faire le déplacement. Il ne voulait pas laisser Quickly de Kreisker. Marcel le considère comme son bébé. Il ne peut pas aller se coucher, un seul soir, sans passer le voir pour s’assurer qu’il n’y a aucun problème. Je vais même vous faire une confidence. Depuis quelques semaines, Marcel monte à nouveau Quickly. Cela faisait plus de cinq ans qu’il n’était pas monté sur un cheval. Seulement, dans la dernière ligne droite de notre préparation pour les JO, Marcel a souhaité maîtriser chaque détail. Il avait besoin de monter Quickly pour le respirer, le renifler, et bien sûr me donner des conseils qui pourraient être décisifs. Il n’y a pas meilleur que Marcel pour comprendre un cheval. Ainsi, par exemple, il m’a dit de ne pas placer mes mains trop hautes sur Quickly. Quickly, c’est au Csi 3* Le Touquet Paris Plage et au Jumping de La Baule que je l’ai remonté. Forcément, on manquait d’automatisme. Mais c’est au Longines Athina Onassis à Saint-Tropez, où nous avons pris une belle seconde place, que je l’ai retrouvé. Le cheval et l’homme sont prêts pour Rio... Marcel a décidé de laisser souffler Quickly jusqu’au CSIO5* de Rotterdam qui sert de répétition générale avant les JO. Pour travailler mon instinct de compétition, j’ai participé au CSI 5* GCT de Cannes avec Saphir de Talus et au CSI 2* de Deauville où j’ai remporté l’épreuve à temps différé avec Cordano Sitte Z. Forcément, c’est important pour le moral. Pour tout dire, je suis impatient de retrouver Quickly au Longines Paris Eiffel Jumping et au CSI 5* de Knokke, en Belgique, qui seront nos deux dernières épreuves avant les JO. Quickly partira le 4 août pour le Brésil. Marcel et moimême, nous nous envolerons le lendemain. Marcel essaye de ne pas me mettre la pression mais les JO, c’est un autre monde. Il faudra gérer les médias, la cérémonie d’ouverture... Il faudra surtout passer la qualification pour s’ouvrir la porte de la finale et de tous les rêves, même les plus fous. En 90 secondes, mon destin peut basculer. A ce moment-là, je penserai à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à qui je dois tout, et à tous les Marocains qui m’encourageront devant leur télévision.» u