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EL JADIDA (Salon du Cheval).Le championnat international du cheval barbe a été un beau moment du 9e Salon du Cheval d’El Jadida. Ici, la belle épreuve de chevaux montés.
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JANVIER FÉVRIER 2017
CASABLANCA -
R A BAT - M A R R A K E C H - AG A D I R - TA N G E R - F È S - E S S AO U I R A - PA R I S - B RU X E L L E S
PHOTO DR
RÉGION SAFI-MARRAKECH.Le photographe Jéremy Durand a réalisé une exposition sur le thème «Le cheval Barbe au Maroc» à l'occasion du Salon du Cheval d'El Jadida. Un projet, lancé en partenariat avec la SOREC, dans l'objectif de mettre en lumière cette race historique du Royaume. Jéremy a rencontré plusieurs éleveurs à Benslimane, Meknès, dans le Moyen-Atlas, ou encore dans les zones plus arides entre Safi et Marrakech. C'est un cliché dans cette dernière région que nous vous proposons. "Sortie de l'arbre béni, la jument observe le jour qui disparaît un peu plus chaque seconde. Un jour de paix" a légendé Jéremy Durand qui a proposé aux éleveurs de lâcher quelques chevaux en liberté afin d'immortaliser la noblesse de leur comportement. PHOTO JEREMY DURAND
LE SALON D’EL JADIDA PASSE LA VITESSE SUPÉRIEURE
EL JADIDA (Parc des Expositions Mohammed VI).- C’est le Prince Moulay Abdallah Alaoui, président de l’Association du Salon du cheval et président de la Fédération royale marocaine des sports équestres, qui a remis à Abdellah Harith, heureux capitaine de la Sorba de la région de Casablanca-Settat, le premier Trophée SM le Roi Mohammed VI de Tbourida. PHOTO DRISS BENMALEK
EN INAUGURANT AVEC SUCCÈS LE GRAND PRIX DE S.M. LE ROI MOHAMMED VI DE TBOURIDA, LE SALON DU CHEVAL D'EL JADIDA A FRANCHI UN CAP POPULAIRE ET MIS À L'HONNEUR LES ARTS ÉQUESTRES TRADITIONNELS. LE SALON DU CHEVAL A FAIT DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE UN AXE DE DÉVELOPPEMENT MAJEUR. SA CROISSANCE, ET CELLE DE LA FILIÈRE ÉQUINE MAROCAINE DANS SON ENSEMBLE, PASSE PLUS QUE JAMAIS PAR L’ACQUISITION D’UNE NOTORIÉTÉ MONDIALE, VIVEMENT LA DIXIÈME ÉDITION !
9e salon du cheval d’el jadida PHOTO DRISS BENMALEK
Le Salon du Cheval d’El Jadida a été marquée par le succès populaire du premier GP Mohammed VI de tbourida (ci-dessus) et par la qualité du concours international du pur-sang arabe (gauche). Mohammed El Kohen, secrétaire général adjoint du Salon, Omar Skalli, directeur général de la SOREC et le Docteur El Habib Marzak, commissaire du Salon, (ci-contre, de gaiche à droite) se sont félicités du bilan de l’événement.
PAR JÉRÔME LAMY, (À EL JADIDA)
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ssai transformé. Impossible de dresser le bilan de la 9e édition du Salon du Cheval d’El Jadida sans saluer la merveilleuse ergonomie et la belle fonctionnalité du Parc des Expositions Mohammed VI. Pour la seconde fois depuis sa création en 2008, le Salon du Cheval n’a pas été organisé dans l’hippodrome Princesse Lalla Malika. Et à l’instar de la dernière édition, ce bijou, flambant neuf, a été salué par tous. D’autant que les organisateurs ont réalisé un sans faute. «Nous avons atteint tous les objectifs escomptés, et tous les ans nous avançons», a précisé Moahmmed El Kohen, secrétaire-général adjoint de l’Association du Salon du Cheval, en marge de la clôture d’un rendez-vous placé sous le thème Les arts équestres traditionnels. Véritable pépite architecturale, le Parc des Expositions Mohammed VI magnifie le mariage entre la technologie moderne, les solutions innovantes et les traditions, le savoir-faire artisanal. Ainsi qu’en atteste l’antinomie entre des halls ultra-modernes aux façades en verre sérigraphiées et les bâtiments en enduit de couleur bleu Majorelle ou les pergolas, vaste promenade le long des halls, qui sont inspirées de la circulation ombragée des souks...
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A chaque édition sa nouveauté. Celle-ci n’a pas échappé à la règle en donnant naissance au Grand prix de S.M. le Roi Mohammed VI de Tbourida. Devant le succès populaire de l’événement, toujours davantage suivi chaque jour de compétitions et le spectacle incroyable des sorbas, on peut dire que le bébé se porte à merveille et qu’on n’est pas inquiet pour sa croissance. Alignée autour de leur capitaine Abdellah Harith, qui coordonnait à grands cris la symphonie des montures et des cavaliers, la Sorba de la région de Casablanca-Settat, restera dans l’histoire du Salon comme la première troupe à avoir inscrit son nom au palmarès d’une épreuve qui va devenir un rendez-vous incontournable.
Que ce soit, lors du premier passage, la Hadda, au trot pour afficher ses plus beaux atours au niveau des chevaux, de l’harnachement, de la tenue vestimentaire ou lors du second passage, la Talqa, au galop pour dévoiler un alignement idoine, la maniabilité des fusils avec en apothéose le tir synchronisé, la Sorba de Harith a fait l’unanimité du jury, ne laissant aucune chance à la Sorba d’Abdeljalil Bouabbadi, de la région Khénifra-Béni Mellal, deuxième, ni à un autre représentant de la région de CasablancaSettat, la troupe de Troufi El Alami, classée troisième. C’est le Prince Moulay Abdallah Alaoui, président de l’Association du Salon du cheval et président de la Fédération royale marocaine des sports équestres, qui a procédé à la remise du Trophée ajoutant de la solennité à ce moment historique qui a clôturé en apothéose la saison 2016 de Tbourida, en réunissant les meilleures Sorbas de différentes régions du Royaume. A noter que les 15 des meilleures troupes du Maroc, représentant les régions de CasablancaSettat, Marrakech-Safi, Souss-Massa, GuelmimOued Noun, Laâyoune-Sakia Lhamra, Dakhla-Oued Eddahab, Tanger-Tétouan-El Houceima, l’Oriental, Fès-Meknès, Rabat-SaléKénitra et Khénifra- Béni Mellal, se sont disputé le prestigieux sacre.
A chaque édition sa nouveauté. Celle-ci n’a pas échappé à la règle en donnant naissance au GPi Mohammed VI de Tbourida. Devant le succès populaire de l’événement, on peut dire que le bébé se porte à merveille et qu’on n’est pas inquiet pour sa croissance.
9e salon du cheval d’el jadida EL JADIDA (Parc des Expositions Mohammed VI).Les Forces Armées Royales, la Direction Générale de la Sureté Nationale et l’Ecole d’Art Equestre de Marrakech ont fait partie du grand spectacle nocturne.
EL JADIDA (Parc des Expositions Mohammed VI).SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan a présidé la cérémonie d'ouverture de la 9e édition du Salon du cheval d'EL Jadida, accompagné par Aziz Akhannouch, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime et Omar Skalli, directeur général de la SOREC.
Rendez-vous festif et fédérateur, offrant une occasion unique de mesurer l’évolution de la filière équine, le Salon du Cheval d’El Jadida occupe une place particulière au sein du paysage économique, culturel et sportif marocain. Il a réussi, une fois encore, à fidéliser un public grandissant. Ainsi, plus de 200.000 visiteurs ont découvert la Tbourida et les différentes activités proposées, dont pas moins de 25.000 enfants qui ont aussi parcouru le Salon dans le cadre des visites guidées organisées par plusieurs établissements scolaires et associations éducatives en partenariat avec la direction de l'événement. Il ne faut pas oublier les 1000 chevaux, plus de 700 cavaliers ayant participé aux divers concours, compétitions et shows du Salon, issus de différents pays d’Afrique du Nord et d’Europe, les 100 exposants ou les 450 journalistes nationaux et internationaux accrédités, qui ont aussi fait de cet événement un véritable succès. Le Salon du Cheval a pris l’habitude d’honorer, à chacune de ses éditions, un pays de grandes traditions équestres. Les Émirats Arabes Unis ont été, cette année, l’invité d’honneur d’un Salon qui n’en finit pas de résonner aux quatre coins du monde. Conscient que son développement, et celui de la filière équine marocaine dans son ensemble, passent par l’acquisition d’une notoriété mondiale, le Salon du Cheval a fait de la coopération internationale un axe de développement majeur.
Une conférence-débat, organisée à l’Hôtel Mazagan Beach Golf Resort et initiée par l’organisation du cheval arabe (AHO) sous le thème "Le cheval dans la Péninsule arabe, l’intérêt accordé sous l’ère du Roi Abdelaziz et son rôle dans l’unification du Royaume de l’Arabie Saoudite", a permis de positionner le cheval comme un vecteur du développement culturel. A noter que le Maroc a remporté le Championnat International du Cheval Barbe ! Dans la catégorie Senior Femelles, le prix Gold a été décerné à Loumouh Rachid devant la Française Claire Martin. En provenance d’Afrique du Nord et d’Europe, une soixantaine de chevaux a pris part à la compétition, offrant au public, venu nombreux, une excellente occasion de mieux connaître la race Barbe, véritable symbole du patrimoine équestre du Maroc.
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Sous l’égide de l’Organisation Mondiale du Cheval Barbe (OMCB), présidée par le Maroc depuis quatre ans, le Championnat International du Cheval Barbe est présenté par l’Association du Salon du Cheval, en partenariat avec la SOREC. Ce grand rendez-vous illustre de très belle manière la mission du Salon du Cheval, toute entière tournée vers le développement de la culture équine du Royaume. Les institutions marocaines et leurs cavaleries ont également fait partie du grand show, notamment : les Forces Armées Royales, la Direction Générale de la Sureté Nationale et l’Ecole d’Art Equestre de Marrakech. Enfin, la dernière étape du Morocco Royal Tour a tenu toutes ses promesses et clôturé de la meilleure des manières ce 9e Salon du Cheval. Après les étapes de Tétouan et Rabat, le Morocco Royal Tour a pris place dans le Parc des Expositions Mohammed VI où il a écrit un grand moment de sport. Le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a été remporté par Ibrahim Hani Bisharat et son magnifique cheval gris Bowie Z. Parti en dernière position, le Jordanien de 32 ans a dépassé sur le fil, au terme d’un suspense haletant, le héros du Maroc, Abdelkebir Ouaddar en selle sur son fidèle Quickly de Kreisker.
Le Salon du Cheval a pris l’habitude d’honorer, à chacune de ses éditions, un pays. Les Émirats Arabes Unis ont été, cette année, l’invité d’honneur d’un Salon Conscient que son développement, passe par l’acquisition d’une notoriété mondiale,
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9e salon du cheval d’el jadida Le public du Salon du Cheval d’El Jadida a assisté à un spectacle magistral au cours de l’épreuve CSI3*W, circuit de saut d’obstacles international trois étoiles. Dès la reconnaissance du parcours dessiné par le chef de piste belge Luc Musette, les cavaliers ont compris que ce Grand Prix n’allait pas être une partie de plaisir. Les courbes serrées sur la petite piste en indoor et à proximité des spectateurs ont donné du fil à retordre aux quarante-trois partants. Dans une première manche très sélective où les onze meilleurs pouvaient se qualifier pour le second tour, sept couples ont réalisé le parcours sans-faute. Puis les tribunes ont tremblé quand l’entrée en piste du chouchou du public, Abdelkebir Ouaddar, premier cavalier marocain qualifié pour les Jeux olympiques de Rio et vainqueur du Grand Prix Hermès à Paris en avril dernier avec son fougueux Quickly de Kreisker, a donné le vertige au Parc des Expositions. Le couple a livré un parcours phénoménal en 40,09 secondes, prenant ainsi les commandes ! Pendant un instant, le public, en furie, à pensé que l’affaire était pliée. Mais c’était sans compter sur l’audace d'Ibrahim Hani Bisharat et son cheval de 13 ans, Bowie Z. Une joie immense pour ce cavalier jordanien qui a tissé des liens particuliers avec sa monture. «Bowie Z a commencé sa carrière avec moi il y a trois ans, sur des épreuves à 1,10 m» précise-t-il. «Personne ne croyait en ce cheval qui était très têtu. Mais j’ai pris mon temps avec lui parce que j’avais senti son potentiel et sa force. Il est puissant, c’est un battant avec beaucoup de caractère et un bon mental, il se surpasse toujours et il ne m’a jamais fait tomber...» Il l’a porté vers la victoire dans un Morocco Royal Tour qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Vivement l’année prochaine pour souffler la dixième bougie d’un Salon qui a placé El Jadida au centre de toutes les attentions et de toutes les passions.
EL JADIDA (Parc des Expositions Mohammed VI).Kebir Ouaddar a fait vibrer un public conquis par son chouchou.
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MAROC (MOYEN ATLAS).Gwladys Lecarpentier, a parcouru 3000 km, accompagnée de deux merveilleuses juments, une de selle, Toumia et l'autre de bât, Qamare (ci-contre), pour rallier Marrakech à Poitiers, réalisant un film «Aoudi, sur les traces du cheval de Berbérie». Instructrice en éthologique, elle a aussi donné des conférences sur le comportement équin durant le salon du Cheval d’El Jadida (ci-dessous).
PHOTOS JEREMY DURAND
Gwladys Lecarpentier, ambassadrice de l’éthologie L
e Salon du Cheval d’El Jadida n’en finit pas Bercée entre l'Europe et les Amériques durant ses d’innover. Il s’adresse bien sûr aux béotiens, études, elle abandonne les manèges et carrières au grand public mais aussi aux initiés, aux pas- pour se consacrer uniquement à l'équitation d'exsionnés, aux professionnels. Force est de constater térieur et aux approches alternatives d'éducation que ces derniers se sont passionnés pour la confé- des équidés. A 26 ans, elle se lance dans une expérence donnée par Gwladys Lecarpentier au sujet de dition de plus d'un an à travers l'Amérique cenl’éthologie équine, cette science qui vise à déve- trale, en parfaite autonomie. lopper l'éducation et le bien-être du cheval, au tra- Pas étonnant qu’entre 2012 et 2013, cette cavalière vers des approches comportementales. au long cours, ait entrepris un nouveau voyage de Petite-fille de l’entraîneur et crack jockey James 3000 km pour rallier Marrakech à Poitiers, retraWinkfield et jeune cavalière de concours complet, çant ainsi une partie de la conquête maure. Cette Gwladys Lecarpentier s’est expédition se concrétisera intéressée dès l'adolescence par la réalisation d'un film à son harmonie avec les cheAoudi, sur les traces du chevaux et aux conséquences de val de Berbérie... et une cette dernière sur ses résulbelle rencontre avec son tas. «Ma réflexion au sujet futur compagnon, Jéremy de la relation entre les Durand. «Ce voyage, c'est hommes et les chevaux s'arune histoire humaine surticule autour du référencetout» confie Gwladys. «Avec ment» précise Gwladys. la SOREC et le Haras Al «Certains chevaux ont une Boraq de Lisasfa, nous Gwladys Lecarpentier ascendance sur leurs congésommes réunis autour de ce nère, qui apparaît en cas de danger». beau projet afin de valoriser le cheval Barbe et reConditionner un cheval pour réaliser un objectif dorer son blason. C'est dans cet esprit que j’ai quitté n'est pas un casse-tête chinois. «Obtenir au-delà de Marrakech, fin mai 2012, pour les hauteurs de l'Atla simple confiance, être capable d'emmener sans las, accompagnée de deux merveilleuses juments, contrainte physique un animal là où seul, il n'au- une de selle, Toumia et l'autre de bât, Qamare.» rait jamais imaginé s'aventurer, requiert ce niveau L’année 2016, Gwladys l’a passée au sein du Haras relationnel que je recherche» confirme Gwladys. national d'El Jadida où elle a délivré, avec la «Gagner une telle place dans l'esprit d'un cheval est SOREC, une formation éthologique. Durant 10 d'abord un véritable honneur pour moi et l'assu- mois, quatre étudiants ont été initiés au travail à rance de plus de sécurité pour l'animal, pour l'en- pied, au débourrage et au dressage de jeunes étatourage et pour le cavalier.» lons arabe-barbe. Cette formation s'inscrit dans un Après l'obtention d’un brevet professionnel de projet ambitieux de la SOREC d'amélioration du Tourisme Équestre, Gwladys a perfectionné en bien-être des étalons de haras et de diversification 2011, sa formation au Haras de la Cense, à Roche- de leurs utilisations entre obstacle, dressage, fort-en-Yvelines, aux côtés de l'éthologiste Hélène course, endurance, trec, spectacle et fantasia. Roche. Elle a obtenu le BFEE 2. Surtout, elle pos- Désormais, Gwladys et son compagnon Jéremy ont sède de nouveaux outils pédagogiques nécessaires pris leurs quartiers au domaine de Méjanet, dans au cheminement de sa réflexion sur la relation l'Aveyron. Avec d’autres aventures équines et huentre les hommes et les chevaux. maines dans la tête...
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ANCIEN JOCKEY DE PLAT ET D’OBSTACLES AYANT COLLABORÉ AVEC LES PLUS GRANDS ENTRAÎNEURS, THOMAS FOURCY MARCHE SUR LES TRACES DE SES MAÎTRES. INSTALLÉ À ROYAN DEPUIS 2013, LE JEUNE ENTRAÎNEUR FRANÇAIS A ENGRANGÉ LES VICTOIRES AU MEETING INTERNATIONAL DE CASABLANCA. IL NOUS A PARLÉ, EN EXCLUSIVITÉ, DE SA RELATION AVEC LE CHEIKH AL THANI, ET NOUS A LIVRÉ SON REGARD SUR LES COURSES MAROCAINES.
RECUEILLIS PAR DIMITRI FERREIRA
THOMAS FOURCY: «LE CHEIKH AL THANI ÉTAIT TRÈS HEUREUX DE GAGNER AU MAROC»
CASABLANCA (Hippodrome Casa-Anfa).Vainqueur du GP Mohammed VI, Thomas Fourcy, ici en compagnie de son épouse, mesure le chemin parcouru. «Je vis un rêve. Je ne m’attendais vraiment pas à gagner autant de courses..»
Meeting international des courses de pur-sang «Les courses marocaines n’ont plus rien à envier aux courses européennes. La qualité des chevaux a beaucoup progressé. et les propriétaires marocains, à l’image de karimine et sedrati, font beaucoup d’efforts pour améliorer leur élevage. bientôt, ils pourront rivaliser au plus haut niveau.»
C’
est l’histoire d’un ancien jockey qui, en trois saisons, est passé du statut d’espoir chez les entraîneurs à celui de conquistador. De la France au Maroc, des grandes victoires sur l'hippodrome du Tumulus à Gramat à son doublé lors du Meeting International de Casablanca, Thomas Fourcy force l'admiration. Né à Doullens, entre Amiens et Reims, le 5 décembre 1979, Thomas est repéré, très jeune, par Guillaume Macaire, l’un des maîtres de l’obstacle. C'est en Charente-Maritime, à Royans, au sein de l’écurie d'Arnaud Chaille-Chaille que sa carrière prend un tournant décisif. Référence dans la profession, Arnaud reconnaît Thomas comme son successeur, lui fait découvrir les chevaux arabes et lui présente Hassan Mousli, génial éleveur de pur-sang arabes qui lui propose, en 2013, d’endosser le costume d’entraîneur. Déjà vainqueur de l’édition 2015 du Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Thomas Fourcy a conservé son titre, en novembre dernier, dans l’épreuve reine du circuit marocain, triomphant également dans le Grand Prix de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan. Et même si bon nombre de turfistes s’attendaient à ce doublé, c’est un scénario inédit auquel on a pu assister. L’ex-jockey français, qui enchaîne les succès à haut niveau (près de 20 succès dans les Groupe 1 PA), a en effet permis aux couleurs d’Al Shaqab Arabians, du Cheikh Joaan Al Thani, de s’illustrer pour la première fois dans le Royaume. La preuve que les courses marocaines sont une voie qu’empruntent, désormais, les acteurs les plus prestigieux du circuit.
Pourquoi avez-vous décidé d’envoyer plus de chevaux pour participer au meeting international de Casablanca cette année ? On avait reçu un très bon accueil, l’an dernier. Du coup, je savais où je mettais les pieds. Et j’ai donc réservé deux ou trois chevaux pour venir courir les belles courses. Quel impact votre succès dans l’édition 2015 du Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait-il eu en France ? Dans le milieu des courses de pur-sang arabes, tout le monde avait été un peu surpris que j’aille courir et gagner au Maroc. Quel est votre regard sur l’évolution des courses marocaines ? Le niveau a bien progressé. Les courses marocaines se sont vraiment professionnalisées et elles n’ont plus rien à envier aux courses européennes dans la qualité de leur organisation. La qualité des chevaux est bien meilleure qu’avant. Mais, face à la France, au Qatar ou aux Emirats, c’est encore un peu compliqué pour rivaliser. Il faut préciser que les propriétaires marocains font beaucoup d’efforts et essaient d’améliorer leur élevage. Ils achètent de belles poulinières et prennent de bons étalons. Ils pourront bientôt rivaliser au plus haut niveau. Quels sont les propriétaires d’écuries marocaines qui sont les plus proches du haut niveau ? Karimine et Sedrati investissent beaucoup. A l’évidence, ce sont de grands éleveurs avec de grandes structures. Ils sont très professionnels et peuvent avoir beaucoup d’ambitions.
Comment les professionnels installés dans l’Hexagone perçoivent-ils les courses marocaines ? Ils n’en disent que du bien puisque les échos que j’ai reçus sont excellents. Pourriez-vous courir plus souvent au Maroc ? Pour les belles courses ou pour des réunions avec plusieurs épreuves pour les chevaux arabes, oui, bien sûr. Car il faut pouvoir rentabiliser le voyage. En tout cas, je suis ouvert à toutes propositions pour venir courir au Maroc. Pensez-vous que le nouvel hippodrome de Marrakech et ses futurs meetings hivernaux séduiront les professionnels français ? Je ne peux pas vous le certifier parce que les voyages sont assez durs et assez physiques pour les chevaux. Mais il est évident que la ville de Marrakech fait rêver tous les Français... Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Cheikh Joaan Al Thani ? La collaboration date de la vente Arqana lors du week-end de l’Arc de Triomphe, en 2012. C’est lors de cet événement que le Cheikh Joaan Al Thani a acheté sa première jument pur-sang arabe en France. Le lendemain, j’étais associé avec lui dans le Derby des Pouliches et nous avons gagné le premier Groupe 1 du Cheikh. Tout est parti de là puisque Hassan Mousli, l’éleveur de la jument, lui a ensuite proposé de mettre des chevaux chez moi. La première année, je n’ai reçu qu’un seul poulain, Al Mourtajez. Puis de fil en aiguille, le Cheikh Joaan a acheté de plus en plus de chevaux et m’a proposé un contrat d’exclusivité.
Cheval du Maroc.- Comment réagissez-vous après votre exploit lors du Meeting International de Casablanca ? Thomas Fourcy.- Je suis très content d’avoir réalisé le doublé dans le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. J’étais pourtant moins confiant que l’an dernier. Ceci étant, ça n’a pas été facile car les chevaux nés et élevés au Maroc ont progressé. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à courir pour la première fois au Maroc, dès 2015 ? Je ne connaissais pas le Maroc, mais je suis quelqu’un qui aime me lancer de nouveaux challenges. En plus, ça me permettait de mettre mon cheval à l’épreuve de la compétition. C’est ce qui m’avait poussé à venir, d’autant que c’est toujours intéressant de faire gagner une course de Groupe à un cheval.
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Des liens très forts entre la SOREC et les Emirats Arabes Unis
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Le Prix The President of the UAE Cup, du Meeting international des courses de pur-sang, a confirmé une nouvelle fois le solide partenariat liant la SOREC et la Fédération Équestre des Emirats Arabes Unis. Ci-contre, Omar Skalli, directeur général de la SOREC, procède à la remise du trophée symbolisant cette coopération.
Meeting international des courses de pur-sang
CASABLANCA (Hippodrome Casa-Anfa).C’est Hassan Mousli (lunettes de soleil), l’éleveur de Al Mourtajez, qui a mis en relation Thomas Fourcy avec le Cheikh Joaan Al Thani.
Combien de chevaux entraînez-vous pour Al Shaqab Arabians, l’entité pur-sang arabe du Cheikh Joaan Al Thani ? J’entraîne cinquante pur-sang arabes, dont quarante pour le Cheikh et dix pour Hassan Mousli. Le Cheikh Joaan Al Thani intervient-il sur le programme de ses représentants qui sont placés sous votre entraînement ? Tout ce que le Cheikh Joaan veut, c’est gagner de grandes courses. Il me donne les moyens pour y arriver et avoir de bons chevaux. Après, quand il veut gagner une course, il me le fait savoir et on essaie de faire ce qu’il faut pour amener le cheval au mieux sur cette course-là. Maintenant, sur la carrière des chevaux, il me laisse gérer. Pourrait-on revoir sa casaque au Maroc ? Le Cheikh était très heureux de gagner au Maroc donc nous reviendrons, certainement, courir au Royaume. En tout cas, personnellement, j’en ai très envie. Quels sont les grands moments que vous avez vécus en tant qu’entraîneur ? Evidemment, c’est de gagner de grandes courses. J’ai réussi à en gagner en France, au Maroc et au Qatar. C’est difficile à dire parce qu’il y a eu énormément de grands moments. En tout cas, depuis que je me suis installé à Royans, je vis un rêve. Je ne m’attendais vraiment pas à gagner autant de courses avec autant de bons chevaux. Bien sûr, il y a Al Mourtajez et ses huit victoires de Groupe 1. Mais il y en a plein d’autres et je prends vraiment beaucoup de plaisir à faire ce métier.
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Comment expliquez-vous la défaite de votre crack Al Mourtajez dans la Cheikh Zayed Bin Sultan Al Nayyan Cup ? Initialement, cette course n’était pas à son programme. Mais l’entourage du Cheikh et le Cheikh lui-même m’ont demandé si le cheval était capable de courir cette course-là. Sachant qu’il avait gagné 1.600 mètres à Goodwood et que c’est un crack, je n’y ai pas vu d’inconvénients. La course s’est courue sur 1.600m, avec un train de 1.400m sur une piste légère. Il ne faut pas oublier que cette épreuve arrivait un mois et demi après la World Cup. Même si le cheval avait gagné très facilement à Chantilly, ce sont quand même de vrais combats. Donc avait-il vraiment bien récupéré ? Je ne sais pas. En tout cas, pour moi, le cheval n’était pas sur sa vraie distance. Il a été hors-jeu tout de suite et ça l’a un peu écœuré. Sa participation à la dernière étape de la Triple Couronne mondiale est-elle remise en cause ? Non, non, pas du tout. Le cheval est bien au travail et il va donc courir l’Emir’s Word, en février.
Mis à part l’Emirs’ Word, avez-vous d’autres objectifs avec Al Mourtajez pour 2017 ? On va déjà essayer de gagner l’Emir’s Word. Après on verra, car c’est un cheval qui peut peutêtre prendre une troisième World Cup. Quelles vont-être vos autres cartouches pour la saison 2017 ? Je possède un cheval comme Khataab, qui a affiché de belles promesses et qui devrait bien vieillir. Donc il devrait participer aux bonnes courses cette année. Ensuite, j’ai un cheval comme Motrag qui a gagné le Derby des 3 ans et qui ne demande qu’à vieillir. Chez les 3 ans, j’ai un joli lot de mâles et de femelles. Donc voilà, cette année, on verra beaucoup de jeunes mais pas beaucoup de vieux. Et peut-être certains, au Maroc... En 2015, grâce à Alsaker, vous aviez permis à la casaque de M’hammed Karimine de s’imposer pour la première fois, en France, à la Teste de Buch. Entraînerez-vous d’autres chevaux de propriétaires marocains, en 2017 ? Non, parce que j’ai un contrat d’exclusivité avec le Cheikh Joaan Al Thani qui ne me donne pas le droit d’entraîner pour d’autres propriétaires dans les courses de pur-sang arabe.
«Je suis très content d’avoir gagné deux années de suite et de réaliser le doublé dans le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. J’étais pourtant moins confiant que l’an dernier. mais, tout s’est bien passé. Ceci étant, ça n’a pas été facile car les chevaux nés et élevés au Maroc ont progressé. Il se sont montrés à la hauteur de l’événement.»
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PHILIPPE ROZIER S’EN VA LA TÊTE HAUTE RECUEILLIS PAR JÉRÔME LAMY
PHOTO JESSICA RODRIGUES
PHILIPPE ROZIER A DÉCIDÉ DE QUITTER SES FONCTIONS À LA TÊTE DE LA SÉLECTION MAROCAINE POUR SE CONSACRER À SA CARRIÈRE INDIVIDUELLE» AGÉ DE 54 ANS, IL VEUT METTRE TOUS LES ATOUTS DE SON CÔTÉ POUR DÉFENDRE SON TITRE OLYMPIQUE, EN 2020, À TOKYO OÙ IL ESPÈRE AFFRONTER L’ÉQUIPE DU MAROC.
sport équestre
A
uréolé de son titre olympique à Rio, Philippe Rozier est vite descendu de son piédestal pour reprendre les affaires courantes à la tête de l’équipe nationale du Maroc. Et si la première Coupe des Nations, organisée au Maroc, s’est soldée par une encourageante troisième place, à Rabat, le coach Français n’accompagnera pas les cavaliers marocains sur la route des Jeux Méditerranéens de Tarragone (22 juin au 1 juillet 2018) et surtout des Jeux Équestres Mondiaux de Tryon, aux Etats-Unis (10 au 23 septembre 2018). «En parfait accord avec la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres et son Président Cherif Moulay Abdellah que je remercie pour la confiance qu’il m’a accordée, j’ai décidé de quitter mes fonctions à la tête de la sélection marocaine pour me consacrer à ma carrière individuelle» précise-t-il. «Je pars la tête haute, fier du travail accompli, la tête remplie de souvenirs et de liens indéfectibles avec les cavaliers. Et persuadé que l’Équipe du Maroc est sur de bons rails pour occuper une belle place sur l’échiquier mondial dans les années futures.» Le futur, c’est aujourd’hui pour Philippe Rozier. Agé de 54 ans, le fils de Marcel Rozier entend mettre tous les atouts de son côté pour défendre son titre olympique, en 2020, à Tokyo où il espère affronter l’équipe du Maroc. «En 2014, à Caen, sans expérience, nous avons réalisé de belles performances aux Jeux Équestres Mondiaux» précise-t-il. «A Tryon, le Maroc a les moyens de faire beaucoup mieux et d’envisager avec beaucoup d’ambition la qualification pour les JO de Tokyo.» Cheval du Maroc.- Quatre mois après votre titre olympique à Rio, quel regard portez-vous sur cet exploit ? Philippe Rozier.- C’est un aboutissement sportif et familial. Non seulement, c’est la concrétisation de trente ans de carrière mais aussi et surtout c’est le prolongement d’une histoire familiale puisque mon père Marcel avait été sacré champion Olympique aux JO de Montréal en 1976. Deux médailles d’or dans la même famille, c’est inédit tous sports confondus. Ce n’est pas un hasard. Cela situe donc l’exploit et notre fierté d’autant qu’il faut aussi citer mon beau-père Hubert Parot, également champion olympique à Montréal avec mon père. Est-ce que le regard des cavaliers, à votre égard , a changé ? Ce n’est pas le regard des cavaliers qui a changé, c’est le regard de tout le monde qui a évolué. On ne me regarde plus comme un cavalier ou fils de... mais comme un champion.
RABAT (DAR ES SALAM).Le Président de la FRMSE Cherif Moulay Abdellah félicite Kebir Ouaddar, sous le regard de Philippe Rozier, l’entraîneur, et des cavaliers Ghali El Boukaa et Abdeslam Bennani Smires après leur belle troisième place remportée, à Rabat, dans la Coupe des Nations, qui restera comme la dernière compétition de Philippe Rozier à la tête de l’équipe nationale.
L’équipe du Maroc a terminé 3e de la première Coupe des Nations organisée à Dar Es Salam Rabat, dans le cadre du Morocco Royal Tour. C’est un résultat encourageant... Je ressens toujours beaucoup d’émotion pour ces étapes de Coupes des Nations, autant quand je monte que lorsque j’entraîne. L’équipe du Maroc est formidable. Je suis très fier d’avoir été l’entraîneur national. C’était une première au Maroc. Et c’était forcément une échéance importante pour la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres. Nous l’avons bien préparée car nous voulions être à la hauteur de l’événement et ne pas être considérés comme des touristes. Résultat, nous finissons sur la troisième marche du podium devant des nations majeures comme la France. C’est effectivement riche de promesses. Comment avez-vous procédé pour sélectionner les quatre cavaliers pour représenter le Maroc ? Derrière les valeurs sûres Kebir Ouaddar avec Quickly et Abdeslam Benanni Smirès avec Mowgli des Plains, il restait deux places à prendre. Leina Benkhraba sur Quetam des Etisses et le Colonel Hassan Jabri sur Loxy de la Reselle avaient prouvé lors des jeux Équestres Mondiaux de Caen qu’ils avaient le niveau international. Ils partaient donc avec un avantage. Mais leurs chevaux ont déclaré forfait sur blessure. J’ai donc dû changer mon fusil d’épaule.
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sport équestre Ghali El Boukaa et Ali Al Ahrach ont donc profité de la situation... Al Ahrach avait remporté la Semaine du Cheval, cet été, sur Fiston. Et El Ghali Boukaa avait réalisé une très belle épreuve, à Tétouan, sur Cool Running, lors de la première étape du MRT. C’était donc les couples en forme du moment. Je dois avouer que j’ai beaucoup hésité entre Al Ahrach et Samy Colman. Samy est le meilleur jeune qui pointe son nez. Avec son cheval, Quavala Du Hutrel, il a déjà effectué de bons Grand Prix en Europe. L’heure de Samy sonnera. Cette fois, j’avais envie de juger le comportement de Al Ahrach dans une épreuve par équipes. Il n’avait jamais participé à une coupe des Nations. Il était important de jauger sa gestion du stress, sa faculté à s’intégrer dans un collectif. J’avais aussi misé sur Youssef Salmeron. Mais son cheval Herald Van't Ruytershof n’était pas en forme. Il aura également, bientôt, sa chance. On ne sélectionne pas les cavaliers pour des épreuves par équipes avec les mêmes critères que pour des épreuves individuelles... Se battre pour un pays en oubliant les enjeux personnels n’est pas à la portée de tous les cavaliers. Je suis bien placé pour le savoir fort de mon expérience en équipe de France. L’évidence, c’est qu’il faut trouver quatre cavaliers qui sont proches les uns des autres humainement. En tout cas, cette Coupe des Nations m’a donné beaucoup d’informations pour l’avenir.
En fait, le Maroc dispose d’un contingent d’une dizaine de cavaliers pour constituer une équipe... En vérité, le Maroc dispose d’un réservoir beaucoup moins important. Les cavaliers prêts à s’engager dans une dynamique de sport de haut niveau et à se mettre à la disposition d’un système sont moins nombreux que ça. Bien sûr, le Royaume possède de bons cavaliers mais ils sont bloqués par des impératifs professionnels et personnels que je comprends aisément. Bref, ils ne sont pas assez disponibles pour rentrer dans un système fédéral dont l’objectif est de gagner des médailles. Le véritable enjeu, c’est de mesurer si les cavaliers ont l’envie ou les moyens de s’inscrire dans une logique de haut niveau et d’assumer les sacrifices nécessaires à l’image de ceux qu’a consentis Kebir Ouaddar. Le contre-exemple, c’est Abdeslam Bennani-Smirès... Effectivement, vous avez raison. Il n’est pas libre à 100% à cause de ses impératifs professionnels mais quand il se libère, il répond présent à 200%. Alors que certains ne sont qu’à 50%. Abdeslam ne monte pas de chevaux fédéraux. Il utilise des chevaux privés. Donc, il n’est pas à la disposition de la fédération. Mais il ne nous a jamais déçus. Il est là quand on a besoin de lui grâce à un mental et une technique au dessus de la moyenne. Nous gérons ses chevaux, en amont, ensemble, dans une parfaite communication...
PHOTO JESSICA RODRIGUES
«Abdeslam Bennani-Smirès n’est pas libre à 100% mais quand il se libère, il répond présent à 200%. Alors que certains ne sont qu’à 50%...»
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Choisir parmi les cavaliers n’est pas chose aisée... Au Maroc, il n’y a pas deux cavaliers dont le cas est identique. Ils sont tous différents dans leurs qualités techniques, leur gestion personnelle, le management. Evidemment, c’est le plus difficile à gérer pour les entraîneurs. Au fond, peu importe leur mode de fonctionnement, l’important, c’est de posséder des cavaliers qui vont au bout des choses. Quoi qu’il en soit, mon successeur devrait réduire le groupe pour chercher les trois ou quatre cavaliers qui seront en mesure de relever les objectifs nationaux. Une qualification par équipes aux JO de Tokyo, en 2020, est-elle envisageable? Celui qui n’a pas d’ambitions ne doit pas faire ce sport. Il faut rêver chaque jour. Au début de l’année 2016, tout le monde me prenait pour un perdant. Personne ne croyait en moi. Et, j’ai été champion olympique. Pourquoi ce qui m’est arrivé n’arriverait pas aux cavaliers marocains. Tout est possible dans ce sport. Cela passera aussi par l’acquisition de chevaux... Oui bien sûr, que ce soit pour Philippe Rozier ou pour les cavaliers marocains, c’est l’enjeu de tous. Néanmoins, l’écurie fédérale est déjà très bien garnie en jeunes chevaux de trois ans et plus. Mais on ne trouvera pas de chevaux clefs en main en claquant des doigts. Il y a une forte concurrence. Il faudra être là au bon moment et être très réactif, ainsi qu’on l’a été très récemment pour la Garde Royale... Avec Quickly et Kebir Ouaddar, le Maroc a déjà réalisé beaucoup de rêves. Aux autres cavaliers marocains d’écrire leur propre histoire. Avec des souffrances, des sacrifices, du travail et de la chance, tout sera possible.
RABAT (DAR ES SALAM).-Philippe Rozier, Ali Al Ahrach, Kebir Ouaddar, Ghali El Boukaa et Abdeslam Bennani Smires marchent en direction du podium de la Coupe des Nations.
La Fédération Internationale vient de porter à 3 le nombre de cavaliers par équipe au lieu de 4. Est-ce une chance pour le Maroc ? C’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe et une bonne nouvelle pour le Maroc. Il faut trouver trois cavaliers au lieu de quatre, trois chevaux au lieu de quatre. Je n’ai donc pas besoin de faire un dessin. Dans le sport demeure toujours une incertitude car un cavalier peut avoir un souci ou un cheval être éliminé. On appelle ça la roulette russe. Cest pourquoi tout le monde est opposé à cette réforme !
sous le sabot Le centre équestre international de Tryon.
Courses: une casaque Marcel Rozier au Maroc ? O
JEM 2018: Tryon remplace Bromont T
ryon, petite ville américaine de Caroline du Nord (2000 habitants), accueillera les Jeux Equestres Mondiaux 2018, du 10 au 23 septembre, en remplacement de Bromont (Canada) qui a renoncé suite à des problèmes de budget. «L’équipe de Tryon a proposé un très beau dossier», a déclaré Ingmar de Vos, président de la FEI. «C’est un très bel endroit et les infrastructures pour les huit disciplines sont déjà presque en place.» Le centre équestre international de Tryon, créé par Mark Bellisimo à Mill Spring, se trouve sur un site de 1600 acres au pied des Blue Montains. 1200 écuries sont disponibles. On y trouve aussi 12 carrières dont la principale peut accueillir 12 000 spectateurs. Un stade couvert peut recevoir 5000 personnes. Le terrain de cross est aussi déjà disponible. Une clinique vétérinaire est en construction. Vivement 2018 !
Marcel Rozier
n n’arrête pas Marcel Rozier. L’entraîneur de Kebir Ouaddar réfléchirait à engager une casaque sur le circuit des courses de chevaux marocaines. C’est en tout cas ce qu’il nous a confié, à Marrakech où il passait les fêtes de fin d’année. «Le monde des courses est un univers que je connais bien et qui me passionne» précise Marcel. «En France, je possède déjà une casaque bleu roi avec une croix de Saint-André et une toque orange. C’est Jean Bertran de Balanda qui s’occupe de mes chevaux de courses, à Maison-Lafitte. Je pourrais acheter un ou deux très bons chevaux, en France, afin de les engager sur le circuit marocain. En tout cas, je vais me renseigner auprès du directeur général de la SOREC Omar Skalli que je respecte beaucoup pour tout ce qu’il a apporté à la filière équine marocaine et au monde des courses en particulier.» Et Marcel Rozier de poursuivre: «Bien sûr, je suis un compétiteur. Si je m’engage dans cette aventure, ça sera forcément pour bien figurer. Mais, surtout, ça me permettrait de venir plus régulièrement au Maroc, un pays qui occupe une place si importante dans ma vie et dans mon coeur. Je dois aussi préciser que je suis séduit par tous les projets autour du nouvel hippodrome de Marrakech...»
Abderrahim Faddoul chez Karimine ! Changement de casaque sur les hippodromes ! Depuis le 1er décembre 2016, Abderrahim Faddoul n’est plus le jockey principal de Jalobey Racing. Celui qui nous confiait, dans Cheval du Maroc #3 (médaillon), rêver de courir pour le Haras Royal, a rejoint les rangs de l’écurie Karimine. Lancé par Jean de Roualle en 2011 et formé par Pascal Bary, Abderrahim Faddoul constitue un renfort de poids pour la belle troupe de M’Hamed Karimine qui ne manquera pas d’ambition en 2017...
Parade dans les rues de Casablanca
LA SOREC a organisé, le 28 novembre dernier, une parade de chevaux dans les rues de Casablanca. Des Twins Center à la Mosquée Hassan II, des élèves de l’école des arts équestres du Haras National de Marrakech ont défilé non seulement pour commémorer la 61e fête de l’indépendance mais aussi pour lancer le prestigieux Meeting International de Casablanca.
Feu hassan II et Ronald Reagan à cheval FEU Sa Majesté le Roi Hassan II était un cavalier émérite. La preuve par l’image, ci-dessus, en Virginie, en 1982, avec l'ancien Président des Etats-Unis, Ronald Reagan, Merci à la SOREC d’avoir posté cette photo historique sur sa page facebook.
MARRAKECH (HARAS NATIONAL).C’est avec modestie et beaucoup de passion que le Dr. Mohammed Chakdi, Directeur du Haras National de Marrakech, a partagé son parcours, son amour pour le cheval et ses ambitions pour la filière équine dans la région de Marrakech.
PHOTO ABDOU MOKHTARI
filière équine: haras national de marrakech
MOHAMMED CHAKDI :
« NOUS AVONS SAUVÉ LE CHEVAL BARBE »
PAR MARYEM LAFTOUTY, ( À MARRAKECH)
A L’IMAGE DES HARAS NATIONAUX DE MEKNÈS, BOUZNIKA, EL JADIDA ET OUJDA, LE HARAS DE MARRAKECH A PLACÉ LE CHEVAL BARBE AU CŒUR DE SA STRATÉGIE. NON SEULEMENT POUR PROFESSIONNALISER SON ÉLEVAGE MAIS AUSSI POUR DÉVELOPPER SON UTILISATION MODERNE ET TRADITIONNELLE.
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6 km de la sortie sud de Marrakech, sur la fameuse route de Souihla, se dresse le grand portail du Haras National de Marrakech. Nouvelle Kasbah, dont les murs épousent parfaitement le décor des palmiers-oasis sans oublier la couleur ocre qui est la signature la région. L’édifice construit sur un terrain de 31 hectares abrite actuellement une sélection de cinquante chevaux de haute qualité génétique, et de races différentes: le cheval barbe, l’arabe barbe et le pursang arabe. Outre son activité de promotion de l’élevage, la vocation du Haras National de Marrakech est aujourd’hui d’encadrer des activités équestres sur toute la zone sud et centre-sud du Maroc. Véritable carrefour du cheval sur les routes du Sud, entre le haras, l’hippodrome, l’école d’arts équestres ainsi qu’une dizaine de stations de monte, le Haras National de Marrakech est une des fiertés de la filière équine du Royaume. Comme tous les autres haras nationaux, le haras de Marrakech était l’une des principales institutions qui favorisait, sous le protectorat, l’élevage des étalons de la cavalerie. Son principal but était de répondre aux besoins de l’armée royale, en servant de remonte militaire. Ce n’est qu’à partir de 1947, quand les haras ont été pris en charge par le ministère de l’agriculture, que sa mission a évolué. Cela a permis la promotion de l’activité équestre à destination des particuliers. Depuis, le haras de Marrakech a pour mission de mettre à disposition des éleveurs de la région et de ses environs des étalons de haute qualité.
À l’instar des autres Haras nationaux, ceux deMeknès, d’Oujda, d’El Jadida et de Bouznika, le Haras National de Marrakech a été rattaché à la Société Royale d'encouragement du cheval, en 2011. Il est devenu cet outil indispensable, relais de la SOREC dans le domaine de l’élevage, œuvrant pour l’amélioration de la race équine, sa sélectivité. Une stratégie juchée sur les épaules larges d’un homme qui a dédié sa vie à la promotion de la filière équine, le Dr Mohammed Chakdi, directeur du haras national de Marrakech, depuis 2006. Natif du moyen Atlas, il découvre le monde équin, à l’âge de 14 ans. «Mon père, qui avait acheté une jument et son poulain, me confia la mission de débourrer le jeune poulain» se souvient Mohammed. «J’aurais tellement eu envie de réussir cette mission. Mais j’ai échoué...» Il ne ratera pas grand chose dans sa carrière. Dès qu’il quitte le collège, Mohammed Chakdi rejoint l’Institut agronomique et métiers vétérinaires Hassan II, où il est diplômé en 1982.Ensuite, il est recruté comme chef de service d’élevage dans la province d’Azilal. «C’était une école importante pour moi, pour débuter ma carrière» précise-t-il. «Il faut savoir que l’élevage est au centre des activités de cette province». En 1998, il fut nommé chef de service vétérinaire, à Beni Mellal. «J’assurais aussi la présidence du club équestre de Beni Mellal» précise-t-il. «C’est à ce moment que ma relation avec le cheval est devenue plus prononcée. Au club, j’ai pu approfondir les différentes activités équestres comme les randonnées, le saut d’obstacles, l’initiation en équitation».
«Dès que j’ai un problème de santé avec un cheval, le Haras national de Marrakech sait répondre à mes attentes avec rapidité, qualité et efficacité.» Ahmed Tariq, éleveur
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Après cinq belles années à Benni Mellal, il prend la direction de Marrakech où il tient, de 1998 à 2006, les rênes du service vétérinaire du Haras National de Marrakech. Spécialiste de la santé animale et de l’hygiène, il est nommé chef de service du Haras national de Marrakech, en 2006. «Avoir une vision très générale sur la filière équine a été un vrai épanouissement» confie Mohammed avec beaucoup de fierté. Mohammed a réussi à faire de sa passion un métier. «J’ai beaucoup d’affection pour le cheval» ditil sobrement. «Déjà tout petit, j’ai commencé à essayer de monter sans vraiment réussir. Au club équestre de Beni Mellal, non seulement, j’organisais les randonnées équestres, mais je participais aussi comme cavalier. L’activité me passionnait et j’ai nourri à travers ces moments uniques un grand attachement au cheval.» A l’entendre, on ne peut parler de culture marocaine, sans parler de cheval. «Notre culture, notre histoire et nos traditions, nous ramènent chaque fois au cheval» assure-t-il. «Vous savez, le cheval ne produit ni du lait ni de la viande. Et pour qu’il puisse se reproduire, il faut l’aimer et aimer l’élever». Un amour qu’il exprime aussi à travers son travail, surtout depuis qu’il dirige le Haras de Marrakech. On ne pouvait rêver meilleur interlocuteur pour découvrir le haras de la Ville Rouge, un des joyaux de la filière équine du Maroc. «Quand j’ai pris la responsabilité du Haras, j’ai eu l’honneur de pouvoir participer à sa reconstruction», confie le Dr Mohammed Chakdi. A l’époque, le temple du cheval était en plein centre-ville, à côté des Jardins de la Menara. «L’édifice était en pleine démolition» se souvient Mohammed. «On nous a alors attribué une nouvelle assiette foncière de 31 hectares, à la sortie de la ville. J’ai eu l’occasion de participer à l’élaboration des premières esquisses du plan du nouvel établissement. Deux années se sont écoulées avant la construction du nouvel haras. Quelle magnifique aventure !»
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filière équine: haras national de marrakech En 2011, elle prend un tournant capital. Sous l’impulsion tutélaire de la SOREC, le haras de Marrakech connait un développement étonnant. Il devient un haras national. Et ambitionne aujourd’hui de devenir un grand carrefour du cheval sur les routes du Sud avec la grande et unique École des Arts Équestres et le nouvel hippodrome de la Ville Ocre au charme prometteur, notamment. «Grâce à son directeur général, Omar Skalli, la SOREC a travaillé avec succès à la remise à niveau de tous les haras» explique Mohammed. «Outre les constructions qu’elle a dirigées, la Sorec a réalisé un effort considérable en matière d’équipements destinés à l’accompagnement des éleveurs». Ce n’est pas Ahmed Tariq, grand éleveur et propriétaire d’une belle écurie de courses qui dira le contraire. «Dès que j’ai le moindre problème de santé avec un cheval, le Haras national de Marrakech sait répondre à mes attentes avec rapidité, qualité et efficacité» précise celui qui dirige aussi le Domaine Tariq, route de l’Ourika, à Marrakech. «Ce n’est pas étonnant car Mohammed Chakdi est non seulement un homme de passion mais aussi et surtout un homme aux compétences évidentes et reconnues.»
Il convient aussi de préciser que le Haras National de Marrakech a mené, avec un succès qui ne se dément pas, plusieurs actions d’encouragement à la production des chevaux, notamment barbes et arabe-barbes, races autochtones, autrefois en voie de disparition. «Il y a un effort important qui a été fait pour mettre le cheval barbe au cœur de notre stratégie» confirme Mohammed Chakdi. «Et il ne s’agit plus seulement de travailler sur les questions d’élevage mais aussi et surtout sur l’utilisation moderne et traditionnelle du barbe, sans oublier sa communication».
La diversification de l’utilisation du cheval est un combat de chaque instant que le Haras national a engagé. Ainsi qu’en atteste le développement de l’école des arts équestres (voir page ci-contre). A l’évocation de l’avenir de la filière équestre, Mohammed ne retient pas son enthousiasme. «On peut déjà se féliciter d’avoir sauvé le cheval barbe» assure-t-il. «On a relevé le défi de l’encouragement à l’élevage du cheval barbe et on doit en être fier car ce n’était pas gagné d’avance. Aujourd’hui, le cheval barbe possède une renommée internationale. Les Marocains commencent à saisir les opportunités offertes par la filière équine qui a trop longtemps été oubliée. Néanmoins, nous devons continuer à doubler nos efforts afin de développer toujours davantage la filière et encourager en permanence l’élevage du cheval barbe».
le haras national de Marrakech ambitionne de devenir un carrefour du cheval sur les routes du Sud. «On y trouvera le volet élevage et reproduction mais aussi l’école des arts équestres, l’ hippodrome, un club équestre, une école de poneys, une académie de Tbourida et un centre de trek» détaille le docteur Chakdi.
MARRAKECH (HARAS NATIONAL).Mohammed Chakdi envisage l’avenir avec confiance et impatience. «Les Marocains commencent à saisir les opportunités offertes par la filière équine qui a trop longtemps été oubliée» dit-il.
PHOTOS ABDOU MOKHTARI
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filière équine: haras national de marrakech CASABLANCA (Hippodrome Anfa).L’École des Arts Équestres de Marrakech, qui a fait le show lors du du meeting International des courses de pur-sang, accompagne tous les grands événements de la filière équine depuis sa création en 2011.
PHOTO JEREMY DURAND
Forcément, les idées foisonnent et les projets ne manquent pas. Il est évident que la pleine réussite du développement du cheval barbe, à la lumière des Arts équestres, est plus qu’exemple: une voie tracée. «Maintenant, il faut explorer tous les moyens d’utilisation possibles pour pouvoir les présenter aux éleveurs» lance Mohammed Chakdi, qui mise beaucoup sur l’essor de la discipline des sports d’endurance liés au cheval. Il projette la création d’un pôle équestre autour de Marrakech avec une école de Tbourida afin de codifier cette activité ancestrale, purement marocaine. Le directeur encourage aussi la naissance de nouveaux clubs équestres, notamment au niveau de la région Sud du Maroc pour encadrer les loisirs équestres autant que l’éco-tourisme. Mohammed Chakdi a placé ce dossier, aux retombées évidentes, en première position sur son bureau «C’est un défi qui correspond à notre développement et à nos objectifs. On y trouvera les volets élevage et reproduction mais aussi l’École des Arts Équestres, le nouvel hippodrome, un club équestre, une école de poneys, une académie de Tbourida et un centre de trek», détaille le Dr Chakdi qui n’oublie pas de citer l’utilisation des chevaux pour l’équithérapie ou le cinéma. Dans le costume de directeur du Haras National de Marrakech, Mohammed Chakdi tient son plus beau rôle.
Marrakech: l’École des Arts Équestres force l’admiration ! I
ncontournable au Salon du Cheval d’El Jadida, étonnante lors du meeting International des courses de pur-sang: l’École des Arts Équestres de Marrakech accompagne tous les grands événements de la filière équine depuis sa création en 2011, dans l’enceinte du Haras National de Marrakech. L’école des Arts Equestres désire créer une dynamique socio-économique autour du cheval barbe, en contribuant à la réinsertion de jeunes en situation difficile, à travers une précieuse collaboration avec l’Association Marocaine d’Aide aux Enfants en Situation Précaire (AMESIP). «Le projet de l’école des arts équestres est d’en faire une vitrine de l’utilisation du cheval barbe afin de créer une dynamique sociale et économique tout en valorisant l’ancrage identitaire» explique le Dr Chakdi, directeur du Haras National de Marrakech. Lors du lancement de l’école, la seule formation qui y était dispensée était la voltige classique. Ensuite, le cosaque et le dressage en liberté ont complété le programme. L’école comporte, aujourd’hui, une quinzaine d’étudiants toutes disciplines confondues. «L’art équestre moderne permet de créer plus d’opportunités d’emplois pour les jeunes» dit le Dr Chakdi», très fier de compter aussi une trentaine de chevaux barbes et arabe-barbe. «Ce sont des chevaux rustiques, intelligents, calmes qui possèdent un tempérament très prononcé» confie le Dr Mohammed Chakdi. «Surtout, ils ont une capacité d’apprendre rapidement qui est assez remarquable».
La première année est une année de tronc commun, pour l’initiation à l’activité équestre. Ensuite, chaque module est dispensé durant deux années successives. «Certains anciens de la classe sont devenus des moniteurs-assistants, et ce seront eux qui formeront les prochaines générations» se réjouit le Directeur Chakdi. «Certains de nos premiers élèves ont aussi pu trouver du travail»... Ce n’est pas Chakir Sahar qui dira le contraire. Acrobate ambulant de la célèbre Place Jemaa Elfna, élève des arts équestres de Marrakech, il est aujourd’hui une des figures de proue de la grande troupe Cavalia, basée à san Francisco, aux Etats-Unis et à Winnipeg, au Canada. «Son exemple est une récompense et un moteur pour aller plus loin» confie le Docteur Chakdi. «Il faut savoir que pour lancer l’école, nous sommes allés recruter Place Jemaa Elfna où les qualités des acrobates sont reconnues dans le monde entier. Souvent, on me demande pourquoi l’école des arts équestres est basée à Marrakech, non pas ailleurs dans le Royaume. Voilà la réponse !» Actuellement, l’école travaille sur des présentations qu'elle dispensera à travers le royaume, notamment dans les haras nationaux de Bouznika, El Jadida, Meknès et Oujda. «L’ambition est de démocratiser l’art équestre, approcher le public marocain et attirer plus d’apprentis» précise le Dr Chakdi. Avec cette double dimension artistique et sociale, on n’est pas inquiet pour l’avenir de l’école des arts équestres. Et du cheval barbe...
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PHOTO PHILIPPE LEMIRE
PAR JÉRÔME LAMY, (À BENSLIMANE)
BENSLIMANE (Royal Club Equestre Le Carrefour).Brahim Aâdnan et Kebir Ouaddar affichent une belle complicité. «J’ai encore mon mot à dire au haut niveau» précise Brahim. «Je suis de la génération de Ouaddar. J’ai de l’expérience. Je n’ai plus peur, plus de stress comme au début de ma carrière internationale.»
AU CARREFOUR DU CHEVAL D’HIER ET DE DEMAIN HOMME DE CHEVAL ATTACHÉ DANS LA TRADITION CULTURELLE DU ROYAUME ET ANCRÉ DANS L’HISTOIRE DU SAUT D’OBSTACLES AU MAROC, BRAHIM AÂDNAN EST AUSSI UN VISIONNAIRE HORS PAIR. SON PROJET DE DÉVELOPPEMENT DU ROYAL CLUB ÉQUESTRE LE CARREFOUR EST D’UNE MODERNITÉ RARE.
club cheval: Royal Club Equestre le Carrefour BENSLIMANE (Royal Club Equestre Le Carrefour).La jolie sculpture en or d’un cheval qui orne l’entrée fait partie de la légende du club le Carrefour.
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arfois, il ne faut pas chercher très loin pour trouver un nom. Posé sur la route nationale 1 qui relie Casablanca à Rabat, juste après le grand rond point de Mohammedia, le Club ... Le Carrefour porte magnifiquement son nom. Et la jolie sculpture en or d’un cheval qui orne l’entrée ajoute à sa légende. Brahim Aâdnan, le propriétaire de ce joyau de la filière équine, situé sur la commune de Benslimane, n’en rajoute pas. Il sait que son passé d’homme du cheval parle pour lui. S’il faut situer ses origines familiales, dans la région de Chichaoua, du côté d’Imintanoute, c’est à Casablanca qu’il a grandi, à Tit-Mellil, entre l’aérodrome et le Royal Club Equestre Chellalate. Il aurait pu être pilote. Il sera cavalier. Car son papa, Abdeslam, a participé à la création du club, en 1957. Homme de devoir, de sacrifice, homme à tout faire au Chellalate, Abdeslam seconde Albert Sossan, le propriétaire, quand il est absent. «Mon père n’est jamais monté à cheval mais c’était un vrai amoureux de l’animal» précise Brahim. «Il a été toute sa vie au service du club même après son départ à la retraite»
Un homme suffisamment passionné, pour s’impliquer encore davantage dans l’aventure après la vente du club à un ferrailleur de Mohammedia, Haj Tahar. Quand ce dernier partage le club en trois parts égales, les adhérents sautent sur l’occasion pour louer plus d’un hectare et relancer l’activité autour d’un mini-club house et de 27 boxes. «C’est là que j’ai appris à monter à cheval à la fin des années soixante» précise Brahim avec une émotion non feinte. Le manque de moyens financiers de la famille Aâdnan n’est pas un frein à l’apprentissage de Brahim. Stagiaire la journée, il a le droit de monter les chevaux quand le club se vide. Ses dispositions ne passent pas inaperçues et madame Alioui, la monitrice, décide de s’occuper du petit Brahim, le fil du dévoué Abdeslam. «L’histoire est jolie puisque la petite fille de madame Alioui prend aujourd’hui des cours au Royal Club Équestre le Carrefour et j’ai entrainé son fils, Akim, aujourd’hui architecte, qui a été champion du Maroc junior» précise Brahim qui a arrêté l’école au niveau du brevet pour se consacrer à sa passion qui allait devenir un métier. Forcément, les parents Aâdnan sont opposés à cette décision. Il faut l’intervention de Feu La Princesse Lalla Amina pour acter la fin de la scolarité et le saut dans le grand bain de la filière équine. Brahim passe avec succès son premier degré. «Il vaut mieux être un bon cavalier pédagogue qu’un mauvais élève à l’école» lâche celui qui obtient la note de 57 sur 60.
Un projet d’une envergure unique est dans les tuyaux avec la création d’une carrière VIP, de bungalows, une salle de fitness, de courts de tennis et d’une piscine sur le terrain du club.
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Rien d’étonnant que la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE) le convoque pour un stage sous les ordres de JeanLouis Martin, instructeur de L'École supérieure du cheval et de l'équitation, de Saumur. «Une rencontre qui a changé ma vie» confie Brahim Aâdnan. Il rejoint la FRMSE avec 30 dirhams en poche. «Mes parents m’ont donné cette somme pour prendre le car et aller à Dar Es Salam» se souvient Brahim. «Je me suis débrouillé tout seul toute ma vie. Je ne leur en veux pas. Ils étaient illettrés et n’avaient pas les moyens. Ils ont toujours fait le maximum pour leurs enfants.» A l’évidence, ils ont bien fait puisqu’on compte un pilote, un ingénieur et un vice-président du Conseil Communal de Casablanca dans la fratrie Aâdnan. Sa carrière, c’est dans le monde équestre que Brahim la fera. Il devient vite responsable de la sellerie, à Dar Es salm, des écuries puis adjoint de Martin. Il est, ensuite, nommé moniteur de la FRMSE, puis instructeur. Motivé, il prend rapidement la direction de l’Institut Français de Rabat pour apprendre la langue française. «Je faisais monter des élèves totalement francophones, je devais être crédible» avoue-t-il. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Kebir Ouaddar qui accompagnait le Prince Moulay Abdellah trois fois par semaine, à Dar Es salam. «Chaque mercredi, samedi et dimanche, Moulay Abdellah arrivait, ponctuel, à 14h» précise Brahim. «A 14h10, il était sur son cheval. Kebir, l’accompagnait toujours. Il était déjà passionné, aux petits soins. Il montait avec moi à l’entraînement et en concours.»
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club cheval: Royal Club Equestre le Carrefour BENSLIMANE (Royal Club Equestre Le Carrefour).Au Carrefour, les chevaux sont rois
PHOTO PHILIPPE LEMIRE
En 1985, Brahim Aâdnan force les portes de l’équipe nationale du Maroc après sa première médaille, au championnat du Royaume, lors du concours complet, sur son cheval Farouk, un merveilleux arabe-barbe. Il franchit même 2m25 lors d’un concours de puissance. Bref, il fait l’unanimité. «J’étais tellement impliqué que je n’ai jamais été absent un seul jour» précise Brahim. «J’ai travaillé des chevaux jeunes, des chevaux expérimentés, je me suis dévoué pour la fédération. J’étais là pour gagner, pour travailler, former des cavaliers et créer une pépinière» Son engagement et son talent dépassent les frontières de Dar Es salam. Le Prince Moulay Hicham lui propose une collaboration. Il accepte ce nouveau défi. Dès 1988, il est responsable des pur-sang arabes, à Aïn Aouda et des chevaux de sauts d’obstacles, à Souissi. «Cette expérience m’a beaucoup enseigné» glisse Brahim. «J’ai encore davantage mesuré l’importance qu’il faut donner à chaque détail dans l’évolution d’un cheval.» C’est avec beaucoup d’ambition que Brahim Aâdnan retrouve Dar Es Salam et la FRMSE, en 1989, d’autant qu’on lui donne le costume de directeur technique national, une première au Maroc pour un homme âgé de 25 ans. Il s’occupe désormais de 120 chevaux - ils étaient 45 lors de ses premiers pas à Dar Es Salam - et fait montre d’un véritable talent pour mener ses élèves vers l’excellence. Surtout, il récolte une moisson de médailles dans toutes les disciplines. «Mon papa Abdeslam m’a toujours dit de faire les choses au maximum ou de ne rien faire» confie Brahim. «Cet état d’esprit, je l’ai retrouvé chez Jean-Louis Martin. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai été si proche de lui.»
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Il coupe le cordon, en 1991 et décide de voler de ses propres ailes. Son cheval Foulki devient une référence. Il le prête, en 1991, à Lamia Laraqui et à Ghali Boukaa qui multiplient les victoires. Surtout, il fait son retour à Tit-Mellil, au Royal Club Equestre Chellalate où les adhérents sont heureux de l’accueillir. Brahim leur demande un salaire mensuel de 1500 dhs. «Ils m’ont répondu que leur recette mensuelle globale était inférieure à cette somme» rigole Brahim qui propose aussi tôt de prendre la gestion du club et de ne vivre qu’avec un pourcentage du chiffre d’affaires. A l’immense majorité des membres du bureau, les adhérents lui confient les clefs du club. Ils ne le regretteront pas. «C’était mon métier, pas le leur» confirme-t-il. Brahim décharge 350 camions d’ordures. Il s’en va frapper à la porte du wali, du gouverneur, du député. Il se multiplie pour trouver des sponsors. Il revient avec dix millions de dirhams pour rénover et agrandir le club. «Mon expérience du labeur à la ferme avec mon père m’a beaucoup aidé pour ce chantier» confie Brahim très fier d’avoir bâti des dizaines de boxes et mené vers l’excellence 32 cavaliers du Royal Club Equestre Chellalate. Au total, il aura gagné 17 titres de champion du Maroc avec 3 clubs différents. Il aura été sacré sept fois champion du Royaume de clubs. En 2013, par exemple, il a gagné cinq Grand Prix de suite: GP de Chellalate, GP de la Garde Royale, GP de Temara, GP de Tetouan et Casablanca. «Mon regret est que le championnat du Maroc séniors ne figure pas à mon palmarès» confie-t-il. «Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.»
Vainqueur de 17 titres de champion du Maroc, Brahim Aâdnan a régulièrement été récompensé par son Altessse Royale Le Prince Moulay Rachid ou Feu la Princesse Lalla Amina.
Autant de succès donnent à Brahim Aâdnan des idées d’indépendance. Il en a assez de rouler pour les autres et d’être tributaire des vents parfois contraires. Il trouve un terrain sur la route nationale de Benslimane, juste après le rond point de Mohammedia. Il n’hésite pas et y jette son dévolu. En 1997, il investit ses économies pour monter une clôture autour des 9 hectares ainsi qu’un hangar, une modeste carrière et une dizaine de boxes. Les premiers chevaux arrivent au club. «Nos petites installations ne nous ont pas empêché de remporter le championnat du Maroc des clubs» constate Brahim, trois ans plus tard. Brahim est un homme de cheval et un homme d’affaires et les deux font bon ménage pour le bonheur du club. Vingt ans après, 34 salariés, dont l’énergique directrice Laurence Lemire, la dernière arrivée, font le bonheur de 460 adhérents issus de 115 familles différentes. Ces heureux cavaliers disposent de conditions d’entraînement tout à fait exceptionnelles avec 160 chevaux, des carrières de niveau international irriguées en profondeur, une forêt de quatorze hectares propice aux balades, des écoles de poney, de dressage et de saut d’obstacles. Passé la mythique statue à l’entrée, un parking spacieux assure le stationnement alors qu’un joli club-house permet de se restaurer en admirant les trophées et les photos jaunies par le temps de Brahim Aâdnan entouré de personnalités..
PHOTOS PHILIPPE LEMIRE
club cheval: Royal Club Equestre le Carrefour
BENSLIMANE (Royal Club Equestre Le Carrefour).- Toujours au top au niveau sportif, Brahim Aâdnan est fier de son club (en haut à droite) et des trophées récoltés pendant une carrière si riche.
En tout cas, le temps n’est pas figé au Royal Club Équestre Le Carrefour. C’est même déjà demain! Un projet d’une envergure unique est dans les tuyaux avec la création sur le terrain du club d’une carrière vip, de bungalows, d’une salle de fitness, d’une piscine et de courts de tennis. . Le Royal Club Équestre Le Carrefour accueille déjà une écurie de dressage avec des grands écuyers français, allemands, norvégiens ou hollandais. Mais Brahim Aâdnan voit plus loin... «Nous pourrons accueillir et loger des cavaliers européens venus en stage chez nous» précise-t-il.
«Ils pourront finir leur journée au spa et les participants aux séminaires, que nous ne manquerons pas d’organiser à l’hôtel, pourront se divertir avec l’activité cheval.»
Laurence Lemire, la talentueuse directrice du Royal Club Equestre du Carrefour
On l’aura compris, Brahim ne va pas chômer. D’autant qu’il n’a pas fait une croix sur une carrière internationale. «J’ai toujours de l’ambition» assure-t-il. «Je n’ai rien abandonné. J’ai repris l’entraînement, le pilates et le gainage...» A 53 ans , il en paraît dix de moins. «C’est le climat de Benslimane qui est exceptionnel» plaisante-t-il. Non content de posséder une prometteuse jument de 8 ans, Chandelier, Brahim s’est mis sur les traces d’un grand cheval de sept ans indispensable pour le haut niveau. «Je souhaite reprendre la compétition à un niveau international car je pense que c’est possible» confirme-t-il. «Je n’ai plus le stress de mes débuts et j’ai acquis de l’expérience .» Brahim veut oublier les années difficiles. Il ne veut plus se retourner sur un passé dépassé, sur la peste équine qui a freiné sa carrière. Il regarde devant. Et croit en plusieurs jeunes cavaliers de cette génération, à qui il faut donner une chance. «Il faut dénicher d’autres grands cavaliers pour accompagner Ouaddar qui est notre locomotive» dit Brahim. «Nos cavaliers manquent de techniques approfondies et il faut dépasser ce handicap, s’élever à un meilleur niveau d’équitation. Il faut leur transmettre le goût de découvrir la morphologie du cheval et sa psychologie. Un cavalier doit savoir soigner un cheval. .»
«Je souhaite reprendre la compétition à un niveau international. Je n’ai plus le stress de mes débuts et j’ai de l’expérience.»
Dire que Brahim Aâdnan loue le travail du Prince Moulay Abdellah à la tête de la FRMSE est un euphémisme. «D’abord, je dois préciser que Feu la Princesse lalla Amina avait fait un travail considérable, et qu’elle était aimée par tous les cavaliers» dit-il. «Ensuite, il faut convenir que Moulay Abdellah a réussi à faire en un an ce qui n’avait pas été fait en trente ans. Au niveau de l’organisation, du matériel, des installations, on n’a plus rien à envier à personne. Le Maroc peut organiser une épreuve cinq étoiles dès demain sans avoir à rougir. En fait, Moulay Abdellah est un grand homme de cheval. Il aime les chevaux et il aime gagner. En cadets ou en juniors, il allait toujours chercher les podiums même avec des chevaux très moyens. En tout cas, ça me donne encore plus envie de passer des heures à l’entraînement pour défendre les couleurs du Maroc.» Il ménagera néanmoins du temps pour sa famille, les siens dont il est si proche. Cette maman Fatima, âgée de 82 ans, qui a repris les études depuis quatorze ans. «Elle a du mal à marcher mais elle va à l’école» dit Aâdnan, admiratif. «Elle connait le coran par cœur. C’est la meilleure élève de la région de Casablanca. Elle s’est toujours débrouillée toute seule. Elle n’a jamais eu d’aide.» Cette fille, Radia, ancienne vice-championne du Maroc, cadettes, qui suit des études de cinéma à Londres. Enfin, ce fils, Adil, qui a récolté plein de médailles à poney, qui passe allègrement des barres à 1m45 mais qui «aura la liberté de choisir un métier qui le fait vibrer.» Loin du cœur ou près des chevaux, «un métier d’affection plus que de business et d’argent». Parole de Brahim Aâdnan...
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sur la route de tryon (etats-unis)
Ne pas oublier Porche du Fruitier...
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l ne faut pas tourner autour du pot. Notre fin d’année a été décevante et notre tournée lors du Morocco Royal Tour (MRT) n’a pas été à la hauteur de nos objectifs. En fait, nous devons reconnaître que nous nous sommes relâchés après les Jeux Olympiques de Rio. C’est assez logique et pour tout dire assez humain. L’explication est simple. La pression pour la qualification aux JO avait été plus forte qu’on ne peut l’imaginer et celle-ci plus difficile à obtenir que nous avons bien voulu le dire. Et il faut savoir que la décompression du cavalier se transmet aux chevaux. Il faut aussi préciser que nous avons changé de groom au dernier moment, avant le MRT, et que notre organisation a été perturbée. Il faut, enfin, confier que nous étions encore sous le coup de notre déception de Rio où nous avions les moyens de faire beaucoup mieux. Si nous nous étions qualifiés pour la finale, tous les rêves auraient été permis car nous avions le cheval pour réaliser un exploit. Nous avions donc besoin de relâcher un peu la pression afin de revenir plus fort. De toute façon, nous n’avons plus le choix. Nous sommes obligés de faire une très bonne tournée aux Emirats Arabes Unis, en février, afin de remonter au classement dans la Ranking List. C’est indispensable pour continuer à être invité dans toutes les grandes compétitions aux quatre coins du monde. 2017 peut être une très grande année. Nous espérons que cette tournée marquera les premiers pas d’un nouveau cheval dont nous avons grandement besoin pour épauler Quickly. Qu’on soit clairs, nous ne sommes pas certains que Quickly, qui sera âgé de 16 ans dans quatre ans, soit capable de participer aux prochains JO de Tokyo, en 2020. Mais nous ne sommes pas non plus certains que ce soit impossible. Nous devons donc mettre toutes les chances de notre côté. Et dans cette optique, nous avons besoin d’un cheval aux qualités semblables à celles de Quickly, capable d’avaler des barres à 1m60. Quickly est en parfaite santé. Nous nous occupons tellement de lui avec l’amour et l’attention qu’il mérite. Mais nous devons le ménager. Trop l’utiliser, c’est le condamner à une fin de carrière trop rapide. Or, nous avons besoin de lui, de son talent, de sa folie, de l’image qu’il véhicule. Il gagnera des épreuves en 2017, c’est certain mais nous devons éviter l’épreuve de trop.
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carte postale
Cheval du Maroc a décidé de mettre ses pas dans ceux de Kebir Ouaddar et de son entraîneur, Marcel Rozier. Jusqu’aux Jeux Equestres Mondiaux de Tryon aux Etats-Unis ( 10 au 23 septembre 2018 ), le couple vedette des sports équestres marocains vous fait partager le quotidien de leur fabuleux cheval Quickly de Kreisker, leurs joies, leurs doutes, leurs espoirs, leurs rêves. Confidences exclusives...
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De la même manière, il ne faut surtout pas lui octroyer de trop longues plages de repos. Quickly est comme les sportifs de haut niveau ou les hommes politiques: après un mois de repos, il a du mal à remettre la machine en route. A la maison, à Bois-le-Roi, Quickly est très calme, relax, un peu fainéant, même. Il est froid comme du marbre. Il ne rue jamais. C’est ça un crack. En fait, il a le même caractère que les très grands chevaux de course. C’est sans doute la raison pour laquelle il conserve une santé étonnante malgré son âge. En fait, il ne devient une petite bombe qu’en compétition, dans les grands moments. Si le camion part sans lui en Grand Prix, Quickly gratte dans son box. Il montre qu’il n’est pas content. Chez Quickly, tout se passe dans l’œil. Quand nous lui faisons faire trois ou quatre compétitions de suite, nous ne prenons aucun risque. Nous lisons dans son regard qu’il se sent bien, qu’il a envie. Vous l’aurez compris, nous devons trouver le bon équilibre. C’est compliqué mais comme c’est passionnant ! Pour toutes ces raisons, il est indispensable de trouver un cheval clef en main, prêt à remplacer Quickly aux JO de Tokyo s’il n’était pas en mesure d’être présent au Japon. Bien sûr, nous possédons aussi Saphir de Talus. Nous sommes persuadés qu’il a le niveau des JO mais il n’est pas aussi précoce que nous le pensions. C’est la beauté du sport mais, dans le nôtre, c’est encore plus compliqué car il faut marier le cheval et l’homme. Nous parlons de Quickly, de Saphir de Talus mais nous ne devons pas oublier Porche du Fruitier. C’est bien sûr grâce à sa Majesté mais aussi grâce à ce cheval que nous avons atteint le haut niveau et décroché nos premiers podiums à l’époque où nous voyagions avec le drapeau marocain dans le camion... Nous ne devons pas oublier. Ça n’a pas de prix. Aujourd’hui, Porche a de l’arthrite. Il ne sort plus beaucoup. Nous aimons trop les chevaux pour les surmener. Nous préférons arrêter un cheval en bonne santé plutôt qu’un cheval boiteux. Nous aimerions qu’il passe sa retraite dans les écuries de sa Majesté au Château de Betz. Là-bas, il sera choyé. Ça tombe bien car Porche est un cheval qui adore qu’on s’occupe de lui. Viendra le jour où il sera temps de bâtir une statue en l’honneur de Quickly. Mais le plus tard possible, bien sûr ! Déjà, la dernière fille de Philippe Rozier, Lilou, a prénommé Quickly le poney en peluche que le Père Noël lui a apporté. Décidément, Quickly est un cadeau du ciel.