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CLIMAT
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CE QUE FAIT LA COMMUNE
THIERRY FIORILLI
Sommets internationaux, objectifs planétaires, manifestations sans frontières… Le combat contre le réchauffement climatique est mondial. Mais quelle forme prend-t-il à Uccle ?
ë l le De Brouwer © DR
M a À Glasgow, la COP 26, cette grande conférence climatique mondiale, s’est terminée le mois dernier sur un bilan mitigé. Mais toujours avec l’espoir de respecter l’accord de Paris, conclu en 2015 pour maintenir l’augmentation de la température moyenne de la Terre sous les 2° et atteindre en 2050 la neutralité carbone, soit l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et l'absorption du carbone par les forêts, les océans, les sols, etc. Quels impacts ont ces engagements internationaux sur Uccle ? Quelles sont les actions communales menées pour atteindre ces objectifs planétaires ?
Entretien avec Maëlle De Brouwer, l’échevine à l’Environnement, au Climat et à l'Énergie.
Une conférence comme celle de Glasgow a des conséquences pour la commune ?
Oui, même si ce n’est pas de Glasgow que proviennent les mesures à prendre, puisqu’on sait déjà ce qu’on doit faire : lutter contre la déforestation, une agriculture plus résiliente, finances plus vertes et éthiques… La question qui se posait à Glasgow, et qu’on se pose partout, c’est : comment faire ça plus vite et de manière plus efficace ?
On a la réponse, à Uccle ?
Quand on est entré dans la majorité, avec Écolo, après les élections de 2018, on a demandé qu’on réactualise l’agenda 2021, qui datait de 2009, année du bilan carbone de la commune, basé sur l’année de référence 2007. On avait donc une série de plans d’actions qui avaient une dizaine d’années et arrivaient à leur terme. Et une forte mobilisation climatique qui imposait ces questions dans le débat. Dont cette réactualisation des plans. Ça a été plus facile d’obtenir des moyens, budgétaires ou humains. Plus évident de déclarer l’urgence climatique dans la commune, dans une démarche partagée par tous au sein de la majorité. De son côté, la Région a débloqué plus d’un million d’euros annuel pour que les communes mettent en place un Plan d’Action Climat (PAC). On a répondu au premier appel à projets et on a été lauréat : on a reçu 150 000 euros qui ont permis d’engager une personne en charge du PAC et de payer une partie du bureau d’étude qui nous accompagne pour le plan, soit trente mesures en vigueur dès septembre prochain. Pour qu’en 2030, la commune arrive à une diminution de 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre. C’est l’étape à franchir pour arriver à la neutralité carbone en 2050. Quinze de ces mesures, maximum, seront proposées par une Assemblée citoyenne.
C’est la Région de Bruxelles, plus que l’Accord de Paris ou la COP de Glasgow, qui donne l’impulsion à Uccle ?
Elle pousse les communes dans la démarche de réduction de leurs émissions, démarche qui est celle de la Région, qui s’inscrit dans celle du fédéral, qui elle-même s’inscrit dans celle de l’Europe, qui est elle-même celle de Paris ou des différentes COP ! Donc, oui, toutes les décisions de la COP ont un impact au niveau communal. Mais à moyen terme. Une série de services « screenent » leurs projets, leurs marchés publics à travers ce regard-là. Mais il faut tenir compte des réalités. Exemple : pour les boissons des cérémonies communales, la centrale des marchés est venue avec des propositions pour un nouveau cahier des charges, porté par l’échevine Valentine Delwart, dans lequel on passait aux bouteilles en verre ; et puis on s’est trouvé face à un problème de logistique : ces bouteilles sont plus lourdes, ça impacte le transport, il faut plus d’espace de stockage. C’est réglé mais ça montre que tout ne coule pas de source. Autre exemple : on a une petite dizaine d’écoles primaires qui fournissent des repas chauds aux élèves, pour certains c’est le seul repas chaud de la journée ; on a entamé un travail avec Carine Gol, en charge de l’Éducation, pour augmenter la part de bio, la saisonnalité, le fait que ce soit local, diminuer les grammages en viande, augmenter les repas végétariens tout en maintenant un prix identique et accessible ; on a trouvé une balance, sachant que le marché se chiffre en millions d’euros, que ça a un impact écologique, que c’est un enjeu de santé, etc. Mais ça reste impossible d’avoir des cantines scolaires 100 % bio parce que le marché en est incapable. Les volumes sont trop grands.
Avenue Dupuich, petits fruitiers plantés par la commune.
« Quand on est entré dans la majorité, avec Écolo, après les élections de 2018, on a demandé qu’on réactualise l’agenda 2021, qui datait de 2009, année du bilan carbone de la commune, basé sur l’année de référence 2007. On avait donc une série de plans d’actions qui avaient une dizaine d’années et arrivaient à leur terme. Et une forte mobilisation climatique qui imposait ces questions dans le débat. »
Au parc Raspail, avec les riverains d’Uccle Centre.
Tous les échevins sont dans cette logique ?
Oui, chaque appel à projets, appel d’offres, cahier des charges : François Lambert pour le marché seniors, toujours en termes d’alimentation ; le plan de mobilité porté par Thibaud Wyngaard ; la question énergétique du bâti dont s’occupe Jonathan Biermann : le nouveau centre administratif est quasiment passif, comme l’école du Merlo, et on va y doubler la production en énergie photovoltaïque. Jusqu’au café dans l’administration, désormais bio et équitable, dans des gobelets de carton, avec touillettes en bois... Et puis la commune est engagée depuis 2008 dans le Plan Local d’Action pour la Gestion Énergétique du bâti communal. Elle a gardé une personne pour ce plan, à temps plein, sur ses fonds et avant que ce soit obligatoire.
Des actions comme Végétalisons nos rues ou Prime pour le placement d’une mare naturelle dans votre jardin, menées à Uccle, sont de celles qu’on trouvera dans le PAC ?
Végétaliser toutes les rues de la commune pourrait être l’une d’elles. Parce que planter tel nombre d’arbres va capter autant de tonnes de CO2 par an. On verra aussi les propositions de l’Assemblée citoyenne. Ils sont une centaine à avoir postulé. Pour dix places, vingt autres étant tirées au sort dans le registre de population. Et il y aura d’autres moments de participation citoyenne. Ce seront en tout cas trente actions concrètes, qui prendront en compte le fait qu’on est différemment affecté par le changement climatique selon telle ou telle catégorie sociale, selon qu’on soit homme ou femme…
Donc avec des mesures ciblées, selon les quartiers notamment ?
Oui. Comme on travaille avec Jonathan Biermann sur une demande de subsides régionaux pour un contrat de quartier durable dans le quartier du Merlo. Nous intégrons dans le dossier une série de mesures qui vont de l’isolation à la rénovation du bâti, de la possibilité d’une centrale d’achats à la maîtrise des eaux. Comme le projet Carbone aussi, subsidié par la Région et qu’on mène avec l’ULB notamment, pour recirculariser nos déchets verts. Pour l’instant, on les exporte pour qu’ils soient compostés ailleurs et on achète de la terre et du terreau alors qu’on a tout le potentiel pour les produire... Ce projet prouve aussi que la synergie entre la commune et les initiatives citoyennes peut être très simple et pertinente : au parc Montjoie, il y a un compost collectif ; avant, on exportait les déchets verts du parc ; depuis, ils vont dans le compost collectif.
Un projet comme le stade national de hockey n’a pas d’impacts négatifs ?
Si. Dès qu’il y a plus d’activités, il y a plus d’émissions. Il faudra y veiller dans le montage du projet. Dans le cadre que tracera le PAC.
UN CENTRE D’EXCELLENCE SUR LE CLIMAT À UCCLE
Fin octobre, Thomas Dermine, secrétaire d’État à la Politique scientifique, a annoncé la création en 2022 d’un centre d’excellence sur le climat, dans un bâtiment en cours de rénovation, à Uccle. Précisément rue Circulaire, où sont installés l’Observatoire royal de Belgique, l’Institut Royal Météorologique et l’Institut d’aéronomie spatiale. Le centre, financé par le gouvernement fédéral (2 millions par an), travaillera en partenariat avec les universités pour regrouper la recherche des établissements scientifiques fédéraux sur le climat.
CE QUE FONT LES HABITANTS
THIERRY FIORILLI
Plein d’initiatives citoyennes uccloises ont été lancées pour, à l’échelle locale, lutter contre le réchauffement climatique et en faveur de la sauvegarde de l’environnement. En voici trois, de différents types et émanant de différentes générations.
Les élèves du Collège Saint-Pierre, désormais Eco-school!
LES JEUNES LES ANCIENS
En 2019, un groupe d’élèves et d’enseignants du Collège Saint-Pierre montent le projet Green dans le but « de faire du collège un établissement plus respectueux de l’environnement ». Alicia Kinsinger, qui a œuvré au projet avant d’entamer ses études universitaires, nous a informés que, depuis le 29 octobre dernier, Saint-Pierre est officiellement une « Eco-school, du nom du label international qui encourage les écoles à mettre en place une dynamique environnementale avec leurs élèves. Le label est valable pendant deux ans et renouvelable. Notre combat n’a pas été facilité par la pandémie mais nous n’avons pas baissé les bras ». Et sans doute inspiré plus d’un autre établissement, scolaire ou non.
greencom.cspu@gmail.com et Green-CSPU sur Facebook et Instagram
LES FAMILLES
Pascal Castus, son épouse Isabel Frias et leurs deux filles habitent Uccle et sont « très soucieux de la propreté de notre commune et du respect de notre environnement ». Et donc, « nous avons pour habitude de nettoyer et de ramasser les déchets dans les rues où nous vivons, d’effacer les tags, de restaurer ce qui a été dégradé… » Autre mission fixée : « Encourager ces pratiques citoyennes, sensibiliser nos élus locaux et les plus jeunes dans les écoles. »
pcastus@gmail.com
Dans ses statuts publiés le 12 février 2016, l’asbl Grands-Parents pour le Climat, annonce « entreprendre et promouvoir toute action visant à donner des chances à nos descendants de vivre sur Terre dans un climat et un environnement favorables au renouvellement de la vie ». Ces grands-parents disent ne pas se sentir « coupables » ni « pessimistes » mais « responsables et engagés ». Comme ils ont « contribué, en toute bonne conscience, à la situation du monde d’aujourd’hui, avec ses bons et mauvais côtés », ils veulent « mobiliser leur génération, alerter l’opinion et les responsables politiques sur l’urgence des mesures à prendre contre le changement climatique, encourager de nouvelles voies d’organisation de la société en faveur d’un mode de vie équitable et soutenable basé sur le respect, la solidarité et la justice intergénérationnelle ». Motivés « par le lien affectif et bienveillant qui nous unit à nos petits-enfants, par notre inquiétude face aux risques pesant sur les sociétés humaines dus aux dégradations environnementales et par notre attachement aux beautés de la planète ». C'est notamment le cas de Mireille Delprat, « Uccloise, grandmère et très engagée pour l'environnement ». Et donc membre de Grands-Parents pour le Climat.