
3 minute read
L’agrivoltaïsme, un enjeu au cœur des objectifs énergétiques
from Terre-net Le Magazine n°98
by NGPA
PHOTOVOLTAÏQUE ET TERRAINS AGRICOLES Un enjeu au cœur des objectifs énergétiques
L’agrivoltaïsme consiste à allier productions agricole et électrique tout en répondant à une problématique agricole. Par exemple: l’ombre procurée par l’installation bénéficie à la culture et favorise sa productivité.
Agrivoltaïsme… le terme sans définition précise ainsi qu’un flou réglementaire ont entraîné une mission d’information « flash » à l’Assemblée nationale. Dans son rapport du 23 février, plusieurs recommandations ont été formulées en vue de développer le secteur sans porter atteinte au métier d’agriculteur, ni favoriser l’artificialisation des terres ou générer de blocages du point de vue de l’acceptabilité sociétale.
Pour atteindre son objectif de 40% d’énergies renouvelables en 2030, les pouvoirs publics misent entre autres sur le développement du photovoltaïque dans les exploitations agricoles. Au-delà du déploiement déjà dynamique sur les toitures des bâtiments et sur les surfaces dégradées ou artificialisées, des installations sur des terres cultivables pourraient contribuer à l’atteinte des objectifs fixés dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Un double enjeu de recherche d’espace et de préservation des terres se présente donc. Maintenir la qualité des sols et considérer les impacts sur les récoltes s’avère nécessaire, qu’il s’agisse d’interactions directes entre les deux productions (alimentaires et énergétiques) ou des conséquences potentielles au niveau économique, social, territorial et environnemental de cette association. Plusieurs types de projets peuvent respecter ces critères, et leur déploiement pourrait contribuer à rattraper le retard pris par la France dans l’atteinte des objectifs en matière de développement des énergies renouvelables.
Évaluer la pertinence des projets sur les terrains agricoles
Parmi eux, l’agrivoltaïsme, associant production agricole principale et production photovoltaïque secondaire, semble prometteur. À noter que d’autres projets, dits «de couplage d’intérêt potentiel pour l’agriculture», ont été identifiés et démontrent un équilibre entre les deux activités. Face à l’intérêt croissant de la filière photovoltaïque pour les terrains agricoles, l’Ademe a réalisé une étude nationale dont l’objectif était de dresser l’état des
«Agrivoltaïsme»: synergie connaissances sur le sujet en vue d’aider les parties prenantes à évaentre production agricole luer la pertinence des projets. La première phase a démontré que et production électrique sur la les résultats obtenus sur les renmême surface d’une parcelle dements agricoles en sous-face des structures dépendent des
conditions pédoclimatiques des installations, des espèces et variétés cultivées – qui ont des besoins en ensoleillement et en eau variables –, et des caractéristiques des structures (taux de couverture, orientation des panneaux, hauteur…).
L’agrivoltaïsme doit répondre à une problématique agricole
Les données ont ensuite été complétées par une enquête auprès d’exploitants disposant de ce type d’installations. Celle-ci a permis de réaliser des fiches techniques pour présenter aux parties les principaux impacts observés sur l’agriculture, les incidences sur les résultats économiques des exploitations, le bilan des forces et faiblesses, et les pratiques jugées d’intérêt ou à limiter, pour chaque système étudié. Une définition plus précise de l’agrivoltaïsme a ainsi été proposée: elle repose sur la notion de synergie entre production agricole et production électrique sur la même surface d’une parcelle. L’installation photovoltaïque doit apporter une réponse à une problématique agricole. Par exemple, le système agrivoltaïque peut consister à installer des modules photovoltaïques (mobiles ou non) au-dessus d’une production végétale pour la protéger d’un ensoleillement excessif, limiter le stress hydrique par un effet d’ombrage ou réduire les risques liés aux conditions climatiques (grêle, gel…). Ainsi, tout en produisant de l’énergie, ce type de dispositif peut, dans certaines configurations, se montrer bénéfique pour la culture en place. Afin d’arriver à ces conclusions, l’Ademe s’est entourée d’un comité d’experts multidisciplinaires (production photovoltaïque, agriculture, aspects socio-économiques, enjeux du foncier agricole, environnement, biodiversité…) composé d’une quarantaine de personnes et d’un comité de pilotage incluant le ministère de la Transition écologique et celui de l’Agriculture et de l’Alimentation. ■
CHAMPS-INNOVATION
L’AVIS DE L’EXPERT
Jérôme Pavie, expert de l’Idele
Obligation de maintenir la double activité
L’apparition d’un débouché tel que l’agrivoltaïsme fait craindre que la manne financière issue des centrales photovoltaïques ne fasse passer au second plan le maintien de l’activité agricole. « L’enjeu consiste à ce que l’un ne concurrence pas l’autre, insiste Jérôme Pavie. Un certain nombre de contraintes pèsent sur les développeurs pour garantir que les choses se coordonnent. » La loi impose, par exemple, le caractère réversible des installations solaires. Les projets d’agrivoltaïsme doivent passer par un nombre important d’étapes juridiques et de validation. Deux à trois ans sont nécessaires pour aboutir. « L'un des leviers de développement serait sans doute d’assouplir ces démarches ou de raccourcir le temps d’instruction des dossiers », conclut l’expert.


