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Éclairage: vers une stabilisation du marché de l’urée?

ENGRAIS AZOTÉS Vers une stabilisation du marché de l’urée?

Début mai, le cours de l’urée a entamé sa décrue, après avoir tenu un niveau très haut depuis mars. Mais la reprise de la demande européenne et la faiblesse de la parité euro/dollar pourraient tendre à nouveau le marché. Les suites du récent appel d’offres de l’Inde sont observées avec attention, et pourraient mener, selon certains analystes, à une stabilisation du marché mondial de l’urée.

Le 11mai, le conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer est revenu sur le prix des engrais azotés du mois d’avril. Le prix de l’ammoniac, nécessaire à leur fabrication, a augmenté tout au long du mois, en lien direct avec la hausse du prix du gaz naturel, «poussée par les problèmes d’approvisionnement liés au conflit russo-ukrainien», rappelle Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. De fait, la Russie a cessé de fournir la Bulgarie et la Pologne en gaz, «tirant les prix jusqu’à fin avril». Le cours de l’urée a évolué de façon variable selon les origines: légèrement en baisse pour les États-Unis, en hausse dans d’autres régions. Marc Zribi pointe les incertitudes d’approvisionnement toujours d’actualité à cause de la guerre, et le bas niveau de la demande. Le surplus d’engrais à base d’urée en Inde a aussi fait pression sur les prix. Quant aux prix des engrais potassiques et phosphatés, ils sont restés stables en avril après une forte hausse, et «le phosphate d’ammonium est en baisse, mais encore à des niveaux élevés». Avec une demande toujours en retrait, des surplus d’offre au Moyen-Orient et au Maghreb, et la reprise de la production en Europe, les cours de l’urée et de l’ammonitrate étaient en baisse début mai, relève Marius Garrigue sur Terrenet. Mais plusieurs éléments jouent en faveur d’un rebond des prix, selon l’expert: la demande semble reprendre en Europe et notamment en France. La parité euro/dollar très basse, quant à elle, «entraîne une hausse mécanique des coûts d’importation» et risque de pousser les prix à la hausse.

L’appel d’offres indien en faveur d’une stabilisation… ou d’une baisse des prix

L’Inde est, de son côté, revenue aux achats, pour un volume indicatif de 1,5 million de tonnes d’urée qui devront être expédiées avant le 5juillet. Les marchés mondiaux étaient

Les cours de l’urée et de l’ammonitrate étaient en baisse début mai

Après la forte hausse du mois de mars, le prix des engrais azotés a repris le chemin de la décrue en mai, mais pour combien de temps?

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depuis plusieurs semaines suspendus à cet appel d’offres pour trouver une direction, aucun autre marché majeur n’achetant activement. Toujours le 11mai, l’appel d’offres indien s’est clôturé et «un peu moins de 3 millions de tonnes auraient été proposées, relève sur Twitter Josh Linville, spécialiste du marché des engrais pour le groupe StoneX. Les résultats seront importants pour donner le ton, alors que l’hémisphère nord entre dans l’été.» Les prix les plus bas atteignent 716,50$/t C&F (coût et fret) sur la côte ouest de l’Inde et 721,30$/t sur la côte est. Des prix «supérieurs aux attentes, mais qui restent en forte baisse par rapport aux niveaux observés il y a un mois», note Deepika Thapliyal, journaliste et analyste chez ICIS (Independent Commodity Intelligence Services). Selon elle, le marché pourrait néanmoins se stabiliser après l’achat indien, «mais certains [analystes] n’en sont pas certains, vu la faible demande ailleurs dans le monde», qui pourrait conduire à une poursuite de la baisse des prix. ■

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