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Désherbage mécanique: quel système de guidage de précision choisir?

Outre le guidage GPS RTK et les caméras, d’autres solutions existent pour le binage.

Les systèmes d’autoguidage par GPS RTK ou par caméra apportent à la fois confort de travail et précision, avec chacun leurs atouts et inconvénients. Les deux s’avèrent cependant très onéreux, et d’autres systèmes existent.

La correction RTK (real time kinematic) constitue le seul système GPS capable d’atteindre la précision centimétrique et de mémoriser la position de chaque passage. Il peut se montrer intéressant pour des travaux à la herse étrille ou à la houe rotative afin d’éviter les chevauchements, mais c’est surtout en binage qu’il est précieux. Principal avantage: son signal permet de travailler de jour comme de nuit. Le RTK apporte également de la souplesse. Avec un semoir six rangs, biner en six rangs s’avère normalement indispensable. L’équipement RTK permet de s’affranchir de cette contrainte, travailler avec une bineuse quatre rangs même si le semis a été fait en six ou huit rangs devient possible. Les lignes de semis ayant été enregistrées, le système de guidage se recale automatiquement au moment du

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HERVÉ MASSEROT, conseiller machinisme à la FRcuma de l’Ouest.

binage. «Souvent, on s’aperçoit que les réglages ne sont pas bons, soit sur le semoir, soit sur la bineuse, témoigne Hervé Masserot, conseiller machinisme à la Fédération régionale (FR) des cuma de l’Ouest. Cela peut aller jusqu’à 2 ou 3cm d’erreur, et cela décale tout.» Disposer d’un RTK ne suffit pas si les réglages n’ont pas été contrôlés au préalable. «Biner avec le même tracteur qu’au semis se révèle aussi préférable, la précision augmente», complète Stéphane Volant, expert nouvelles technologies à la FRcuma de l’Ouest. Par ailleurs, si la distance entre l’antenne (sur le tracteur) et les pièces travaillantes (éléments semeurs, lames de la bineuse) varie d’un chantier à l’autre, cela peut engendrer des décalages. Attention, également, aux dénivelés, «si le champ est en pente, le RTK peut se tromper, on peut avoir de l’écart», avertit Damien Legault, cultivateur bio à Vritz (Vallons-de-L’Erdre, Loire-Atlantique). Des dispositifs de compensations existent: caméra ou second GPS sur la bineuse. Attention, aussi, de ne pas perdre le signal, car cela peut engendrer de mauvaises surprises. Généralement les boîtiers GPS calculent

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pour garder la ligne, à condition que la perte du signal ne dure pas trop longtemps. Enfin, le coût du matériel suppose de bien raisonner l’investissement: minimum 10000€ côté tracteur et entre 5000et 10000 € côté outils. Sans oublier le coût de l’abonnement, de plusieurs centaines d’euros par an. En clair, pour Hervé Masserot, «si c’est juste une aide à la conduite en maïs, cela ne présente aucun intérêt».

La caméra: fiable mais chère

La caméra constitue l’outil de guidage le plus coûteux, entre 15000et 25000 €. «Au final, l’équipement double le prix de la bineuse», résume Hervé Masserot. Il est utile essentiellement pour les grandes exploitations, vu les surfaces à biner en un temps restreint. La bineuse bénéficie d’un double châssis et la caméra est installée sur la partie fixe. Les images guident les mouvements gauchedroite de la zone mobile de manière à suivre le rang. «L’aide à la conduite est intéressante et rassure le conducteur», remarque l’expert. La caméra est notamment précieuse aux stades précoces de développement cultural: elle offre précision et débit de chantier élevé. À souligner qu’elle n’aime pas les ombres et qu’à partir du stade 8-10 feuilles, elle ne fonctionne plus. De même, en cas de reflets prononcés du soleil sur sols secs, la luminosité sature la caméra et l’empêche d’identifier les nuances. Un éclairage d’appoint, souvent à leds, est généralement installé sur la bineuse pour garantir la constance de la lumière. Aujourd’hui, beaucoup de caméras distinguent les couleurs; certaines permettent d’identifier les adventices! L’évolution technologique est très rapide grâce à l’intelligence artificielle qui agit tant sur la résolution que le traitement des données. Les défauts sont donc progressivement corrigés. C’est ainsi que le mode 3D, qui a fait son apparition, peut se révéler utile lorsque le sol est jonché d’adventices. Les palpeurs sont souvent utilisés en complément de la caméra pour intervenir dans les situations plus difficiles, lorsqu’on arrive

au stade 8-10 feuilles du maïs, par exemple, ou quand le vent fait bouger le feuillage. Des tiges métalliques pilotent le vérin hydraulique du double châssis dès qu’une pression est exercée par le pied de la plante. Le coût de l’installation avoisine 7000€, il se révèle donc bien moins élevé que celui des GPS RTK ou des caméras, mais le dispositif trouve ses limites si le maïs n’est pas suffisamment développé et rigide, entre autres.

La caméra est l’outil de guidage le plus coûteux, entre 15000et 25000 €

Les cellules photoélectriques et les ultrasons: simple mais moins précis

Différents systèmes de détection par capteurs (cellules photoélectriques) existent. La société Godin frères, à La Pommeraye

1. Principal avantage du guidage au GPS RTK par rapport aux autres méthodes: il permet de travailler de jour comme de nuit. 2. La caméra, équipement très onéreux, permet de désherber jusqu’au stade 8-10 feuilles. Elle n’aime pas les ombres, mais avec le développement de l’intelligence artificielle, ses défauts s’estompent progressivement. 3. Godin frères a développé une interface capable de détecter les plantes grâce à un capteur. Installée entre le tracteur et l’outil, elle s’utilise facilement, mais n’est pas fiable à 100 %.

(Mauges-sur-Loire, Maine-et-Loire), a développé le dispositif Précizo de guidage de précision avec cellules photoélectriques. L’interface se place entre le tracteur et la bineuse. Deux cellules détectent les pieds de culture et actionnent au besoin le châssis coulissant. La précision annoncée est de 2cm. «C’est très simple d’utilisation, car il y a peu de réglages à faire, met en avant Armand Briand, technico-commercial chez Godin frères. On boulonne les photocellules avec la clé de 19, c’est tout.» Bémols: la culture doit être suffisamment développée – entre 5 à 10cm –, et la technologie ne distingue pas les adventices. Question coût, il faut compter 11300€ pour une interface adaptée aux bineuses de moins d’une tonne. Autre solution: le système de détection de la distance par ultrasons. Il connaît les mêmes avantages, et les mêmes limites.

La bineuse frontale: rustique, mais pratique

La bineuse frontale facilite le guidage, «c’est une option intéressante qui ne coûte pas cher et offre davantage de confort à l’opérateur», glisse Hervé Masserot. C’est le choix qu’a fait Damien Legault, cultivateur bio en Loire-Atlantique. Il dispose en revanche d’un GPS RTK pour semer. Le guidage se fait par la direction du tracteur, d’où le gain en précision, mais qui exige beaucoup d’attention du chauffeur. Au-delà de tous ces équipements de précision, un élément, en particulier, est à ne pas sous-estimer: la disponibilité immédiate. «Je préfère que les gars aient leur ensemble prêt à démarrer, un tracteur pour la saison avec la bineuse attelée et bien réglée, plutôt que de tout miser sur leur terminal GPS, indique le conseiller machinisme à la FRcuma de l’Ouest. Quand on n’est pas habitué au boîtier, on peut vite faire des erreurs.» ■

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