édito Gémien, Gémienne, Bienvenue dans le mois de mars. Mars, c’est une question de terminologie, un terme polysémique et polycentrique. C’est la transition entre la barre chocolatée, le voyage intergalactique et la symbolique du guerrier. Mars, c’est le mois de l’existence, le mois de la prise de conscience, le carpe diem. C’est la naissance d’Einstein et de Pluton. C’est le mois de l’action et de la réaction : c’est le retour en vacances. Le Gem In Way se lit, au soleil ou sous la pluie. Le Gem In Way se plie, se déplie, se replie : indestructible. C’est LA lecture du mois de mars. En mars, l’école rend libre. La vie associative est dans tous ses états. Altigliss arrive et la fin de l’année reprend ses droits. 2A, l’insouciance n’est plus, 1A bienvenue dans le monde de la transition scolaire et du changement soudain mais bien. C’est la renaissance de la vie associative, elle est croquée à pleines dents. L’investissement de tout le monde est foudroyant et la course à la présidence se ressent. La nouveauté est dans l’air du temps. L’euphorie du mois de mars est étourdissante. Xpression remet en question l’existence de la vie de la terre. Le mythe de Walt Disney est déconstruit pour donner naissance à une logique bien plus vilaine. Facebook, pilier de la génération X ou Y n’est pas forcément le géant américain des prochaines années. Et Tinder dans tout ça ? Le succès est décortiqué comme un insecte procréateur de rencontres. Le 8 mars, c’est la plus belle journée de l’année : la femme est aimée et sublimée. C’est pourquoi, ce numéro s’attarde sur la condition féminine en droit et en football. Merci à la vie associative toujours active : Millési’mets et Impact réinventent la petite et grande gastronomie pour plus de plaisir et plus de diversité en fruits et légumes. La parole est donnée à Enjeu, Nymphony et Planètes, qui parlent de vous, de nous, de la vie et de leurs projets. Le Gem In Way s’inscrit dans cette tendance du renouveau et d’une vitalité retrouvée. La rédaction du Gem In Way espère que cette lecture sera une expérience sensorielle intense, qui fera palpiter l’ensemble de ton système cérébral et corporel. A bientôt pour de nouvelles aventures ! Le Gem In Way
Rédaction du Gem In Way Journal étudiant de GEM
Rédacteur en chef Simon Maarek
Publication Association Xpression
Maquettistes Théo Knoepflin, Bénédicte Guyon, Gabrielle Gaté
Contact xpression@grenoble-em.com Site web www.xpression.info
Rédacteurs Saâd Alami, Léa Taïeb, Gaëlle Coutout, Sarah Monier, Pauline Grepin
Sommaire La vie de l’école
P5 P6
P7 P15
P22
P26 P32
Roots N Culture.............................................p.5 La CoMu.........................................................P.6 Une Nuit Trop Courte....................................p.7 Le cul-sec.......................................................p.8 Les autocollants.............................................p.9 PomPom, les bonnes potes.........................p.10 La césure.....................................................p.11 Newsletter de l’Espace Carrières.................p.12 Interview d’un diplômé................................p.13
Société
The struggles for democracy and stability.......................................p.15 Religions et médias.....................................p.20 Interruption Vonlontaire de Progrès...........p.22 La démocratie irréprochable, le mythe français...............................p.24 “Egalité et Réconciliation”...........................p.26 L’avenir incertain de Facebook....................p.28
Culture
Clipmania....................................................p.31 La face cachée de Disney.............................p.32 La soul : quand les voix s’élèvent.................p.34 Le jour où la musique a changé...................p.36 Frida Kahlo : souffrance et liberté...............p.37 Kevin Durant : le CR7 de la NBA..................p.38 Allez les BleuEs............................................p.40 Tinder ou le (faux) coup de foudre 2.0........p.41 Cul(ture) : le 99...........................................p.42
Assos
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Millési’mets.................................................p.44 Impact.........................................................p.45 Nymphony...................................................p.46 Planètes.......................................................p.47 EnJeu...........................................................p.48
P58
Et si..............................................................p.50 Le dessin d’Artagem....................................p.51 Un verre de trop ? Les Google glass............p.52 Le pervers narcissique.................................p.53 Des Arabes en Israel, des Juifs en Iran.........p.54 Le débat d’opinion.......................................p.56 L’origine des expressions.............................p.58 Appel au lecteur : .......................................p.59
Libre
P52 P53
école « L’école vit pour le Gémien et le Gémien pour son école », diront les 2A chevronnés. Grâce à l’immensité de son couloir associatif qui est, soyons-en fiers, le plus grand de France, GEM absorbe la vie de ses étudiants à tel point que beaucoup d’entre eux hésitent parfois à installer une tente dans le couloir asso. Cette rubrique aura donc pour mission de ta familiariser avec notre culture gémienne locale (assos, événements, etc.).
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Onze ans après sa création, Roots’n’Culture a bien grandi ! En effet, Roots a construit un concept solide avec l’organisation dans l’année de trois festivals aux identités aussi distinctes que marquées. En automne se déroule le Bass’n’Culture qui met à l’honneur et promeut les sonorités Bass.
ROOTS’N’culture
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’était l’occasion pour les amateurs du genre de se retrouver au Drak’Art et ressentir la richesse des basses devant des artistes locaux aussi bien que des têtes d’affiche internationales. Vient ensuite le Festival d’Hiver, éclectique, tant dans les styles de musique proposés (Reggae, Dub, Electro Swing, Electro Hip-Hop, etc.) que dans les salles de concert, tout en conservant une programmation de qualité. Roots, à travers ce festival, s’adresse donc à un public plus large et inclut particulièrement les étudiants du campus universitaire. Et enfin en avril, le Festival IN ! Notre plus grand festival se passe en plein air sous un chapiteau et dans une ambiance festive. L’équipe Roots travaille toute l’année afin d’amener des artistes inédits à Grenoble et d’offrir deux soirées mémorables. Rien n’est laissé au hasard dans l’organisation de sorte que le public puisse profiter pleinement de la programmation. Si les Rootseux ont une façon bien à eux de faire la fête, on n’en organise pas moins des événements de qualité !
Comme d’habitude avec Roots’n’Culture, on peut payer une partie de sa place en denrées alimentaires non-périssables, qui seront ensuite reversées à la Banque Alimentaire de l’Isère, notre partenaire depuis plus de dix ans maintenant. Ainsi, Roots’n’Culture vous donne rendez-vous les 11 et 12 avril prochains au campus de Saint-Martin-d’Hères en face d’EVE ! Le festival s’ouvre donc avec Rules of Peace : ce groupe engagé joue sur sa diversité instrumentale pour dégager une présence incroyable sur scène et proposer un reggae festif et dansant. On enchaîne avec Soom T, l’écossaise excentrique qui explose la scène underground grâce à son énergie et à un flow complètement dément. Weeding Dub prendra la suite : cet artiste qui cherche sans cesse à se renouveler construit sa musique en direct et combine avec brio l’esprit du Reggae et l’énergie de la musique électronique actuelle. Enfin, les New-Yorkais Balkan Beat Box incluent Grenoble dans leur tournée européenne pour vous proposer leur swing électrisant aux tonalités balkaniques. Le deuxième soir honore le dub et commence avec un habitué du festival : Panda Dub qui a débuté avec Roots et qui est devenu un artiste reconnu dans le milieu, revenant à Grenoble pour notre plus grand plaisir. Aux côtés de l’habituel Panda Dub se produiront deux DJs live. Le groupe-référence Kaly Live Dub fera étalage de la diversité de ses sons, issus d’une longue et riche carrière. Le trio d’Ondubground qui a déjà tourné avec Biga Ranx développe un live à la fois électronique et instrumental fondé sur le mariage de sonorités actuelles et clôturera le festival en beauté. Par ailleurs, le Festival ne souffrira d’aucun temps mort grâce au sound system qui assurera les inter-scènes !
L’équipe de Roots’n’Culture
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La CoMu arrive
Derrière les rideaux, la tension monte. Plus que quelques minutes avant le début du spectacle. 500 personnes sont confortablement installées de l’autre côté, et leurs attentes sont pour le moins élevées. Après plusieurs mois de répétitions acharnées, il est enfin temps pour nos artistes de faire leurs preuves….
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es coulisses donnent à voir un spectacle étrange mais captivant, une sorte d’introduction burlesque à la comédie musicale. Tout le monde est en costume et n’attend plus que le signal de départ. Chacun matérialise une parcelle de l’univers auquel, ensemble, ils donneront vie pendant le spectacle. La fusion entre fiction et réalité est entamée. Les danseurs ne sentent déjà plus la fatigue contre laquelle ils commençaient à lutter quelques heures auparavant. L’adrénaline a pris le dessus et même eux ne sont plus maîtres de l’énergie qui les possède. Certains massent délicatement leurs chevilles en espérant qu’elles ne les lâcheront pas en plein spectacle. D’autres répètent mécaniquement leurs pas, le regard dans le vide, imperturbables. Les chanteurs harmonisent encore et encore. L’écho de leurs mélodies impromptues remplit l’espace et leurs chants tantôt passifs, tantôt enjoués propagent une espèce de sérénité mélancolique dans l’air, rappelant à la troupe de bien profiter de chaque moment qui reste, car la fin n’est plus bien loin. Les acteurs, eux, énoncent, articulent, réénoncent. Leurs mâchoires ne sont plus que des outils qu’ils polissent et perfectionnent comme le plus soigneux des artisans. Ils
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inspirent, expirent, ré-inspirent. Leur souffle, c’est leur voix. Chaque bouffée d’air qu’ils inspirent les éloigne un peu plus d’eux-mêmes et les rapproche un peu plus de leurs personnages, si bien qu’à la fin de l’exercice, ils prennent possession d’eux et ne les lâchent plus jusqu’à la fin du spectacle. Les musiciens à défaut de pouvoir s’entraîner ou s’échauffer se voient obligés de libérer leur anxiété d’une autre manière. C’est alors en se joignant à d’autres pôles, ou en s’attaquant aux maigres réserves d’alcool de la troupe qu’ils parviennent à se désinhiber, pour ensuite animer le spectacle au rythme enflammé de leurs instruments. Même la première partie se délaisse de son insouciance habituelle. Ils seront les premiers à passer, les premiers à tester le public, les premiers à s’exposer devant 500 personnes et cela ne les laisse pas indifférents. Le temps n’est plus à la rigolade et ça se sent. D’ailleurs peut-être est-ce à ce moment que la barrière tombe définitivement entre tous les pôles, et que le sentiment de troupe naît réellement. En attendant ce moment-là, venez nombreux au pot de dévoilement du fameux thème, qui aura lieu le mercredi 2 avril.
L’équipe de la CoMu
GEM MUSICAL CONTEST Le concours de comédies musicales inter-écoles de commerce, organisé par GEM et auxquels participeront de nombreuses écoles dont HEC, ESSEC, ESCP a trouvé son jury. Vanina Mareschal : Directrice de l’école de danse et de théâtre « LE STUDIO INTERNATIONAL DES ARTS DE LA SCENE » et chorégraphe de comédies musicales, notamment « La Belle et la Bête ».
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Elodie Hec : Formée au « BROADWAY DANCE CENTRE » de New York. Chorégraphe professionnelle, qui a notamment assisté Jean Dujardin et Bérénice Béjo pour les chorégraphies du film « The Artist ».
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école Les trois soirées de la
11ème édition d’ NTC promettent d’être encore bien
trop courtes ! « Sous les ifs noirs qui les abritent, Les hiboux se tiennent rangés, Ainsi que des dieux étrangers, Dardant leur œil rouge. Ils méditent. » Charles Baudelaire, Les Hiboux
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ette année le hibou, cet animal cher à Baudelaire, est encore une fois à l’honneur à Grenoble. En effet, le festival « Une Nuit Trop Courte » revient pour sa onzième édition ! Toujours plus convivial et innovant, le festival a, cette année encore, de nombreux tours dans son sac. Tous les ans, ce festival a pour but de faire découvrir aux étudiants de GEM, à ceux du campus universitaire et au public grenoblois, des courts métrages venus de toute la planète. Il s’étale sur trois soirées qui se déroulent dans trois lieux différents avec trois ambiances et trois thèmes différents : il y en aura pour tous les goûts ! Première soirée au cinéma Le Club le jeudi 3 avril : soirée « Cultures Urbaines » Pour cette soirée d’ouverture, c’est la culture urbaine chère à Banksy qui sera à l’honneur. Des courts métrages qui mêlent culture hip-hop, rap et graffitis ont été soigneusement choisis pour concocter une chouette soirée placée sous le signe des arts de la ville. Une exposition photo et un graffeur seront également de la partie pour animer les entractes ! Rdv à 20h au cinéma Le Club pour le début de l’exposition !
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à visiter la page Facebook « Une Nuit Trop Courte » ou notre site internet www.unenuittropcourte.com
La deuxième soirée à la Salle Rouge, le vendredi 4 avril, vous enverra sans doute au septième ciel. Cette deuxième soirée rapporte toujours un franc succès grâce à son originalité : il s’agit en effet de projeter des courts métrages sur un écran installé au plafond. Les spectateurs sont confortablement allongés sur un lit de coussins et de matelas pour profiter du spectacle. Cette soirée fait voyager puisque les courts métrages sont des films d’animation venus des plus grandes écoles de cinéma d’Europe. Une clôture en beauté le samedi avec la soirée de compétition. Dans l’après-midi, les membres du jury animeront une masterclass dans la magnifique salle Juliet Berto. La soirée de clôture se déroulera un peu plus tard dans cette même salle. Tout au long de l’année des centaines de courts métrages ont été envoyés au comité de sélection de NTC : celui-ci a ensuite travaillé d’arrache-pied pour sélectionner la crème de ces courts-métrages. Ces films vont donc être projetés et le public pourra choisir ses préférés. Le jury, composé de Pierre Pineau (réalisateur de Parlezmoi de vous notamment), Diane Baratier (directrice de la photographie d’Eric Rohmer) et Rémi Parisse (réalisateur de plusieurs courts-métrages dont Pour une Pépite de plus que vous pouvez visionner sur Viméo) décernera un prix de 1 000 € pour récompenser leur coup de cœur. Des soirées sympas, riches en découvertes et à petit prix (entre 5 et 6 € selon les soirées) : que demander de plus ?
L’équipe NTC
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Et le cul-sec… Le cul-sec, phénomène récurrent du folklore étudiant, consiste, comme chacun sait, à vider son verre d’un trait. Mais que se cache-t-il derrière cet exploit désaltérant ?
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out d’abord, il faut se pencher un minimum sur cette étrange expression. En effet, pourquoi faudrait-il avoir le séant anhydre pour pouvoir boire son verre en toute quiétude ? L’expression « cul-sec », d’ailleurs passée dans le champ lexical de la fête étudiante, vient tout simplement du mot d’argot utilisé pour désigner le fond du verre (le « cul », donc). Il s’agit alors d’assécher le fond du verre en le buvant en une seule fois. Ce qui a élégamment donné naissance à l’expression. Le cul-sec est devenu incontournable dans les soirées gémiennes.
tourne comme un seul homme contre lui et tel l’arroseur arrosé, c’est lui qui doit boire son cul-sec.
Lors des soirées ou des resto étudiants (ceux en open vin), il est fréquent de remplir son verre et de lancer des culs-secs à d’autres personnes, pour des motifs assez “décalés” (comme l’appartenance à une association, une anecdote ou une absence de raison...). A mi-chemin entre l’hommage rendu pour des exploits plus ou moins louables et le jeu d’alcool, les culs-secs rythment la soirée.
Mais on aurait tort de penser que le cul-sec n’est que l’apanage des étudiants dépravés de notre jeunesse sans espoir. Il s’agit aussi d’un rituel social, qui prend beaucoup de place dans les affaires. Si en France personne ne rechigne à signer un contrat avec une bonne bouteille, dans d’autres pays, le fait de boire de l’alcool fort en finissant son verre d’un coup, est monnaie courante. Par exemple, en Chine, on ne peut vraiment commencer à parler affaire qu’après toute une série de culs-secs (« gānbēi »), selon la position sociale des gens présents. L’idée sous-jacente est qu’on ne peut être honnête avec une personne que si l’on est un peu alcoolisé.
Mais bien que le rituel reste immuable, le cul-sec dispose de variantes, pour ne pas toujours faire boire les autres de la même façon. Nous avons par exemple « le pichet » (qui comme son nom l’indique, remplace le verre par un pichet), « l’embuscade » (on remplit généreusement le verre d’un comparse tout en sachant pertinemment qu’on lui destine un cul-sec) ou encore le tant redouté « bide ». En effet, si celui qui lance un cul-sec se retrouve tout seul ou faiblit dans son élan, toute l’assemblée se re-
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D’aucuns, peu sûrs de la portée de leur voix et de leur capacité à entraîner à leur suite les autres, complotent et préparent leur coup à l’avance, en désignant d’avance la future victime. On les voit s’agiter un petit moment, attendant d’être sûrs de leur coup avant de se lancer. Mais quand ils finissent par y aller, ils disposent d’une force de frappe conséquente, qui réduit la victime à boire son verre.
De là à dire que le cul-sec gémien participe à la formation des étudiants en commerce international, il n’y a qu’un pas…
Théo Knoepflin
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Les autocollants En général, les ordinateurs customisés sont plutôt l’apanage des passionnés d’informatique et de jeux vidéo. GEM fait exception à la règle et on ne peut marcher dans l’école sans remarquer que la folie des autocollants a fait de nombreuses victimes.
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ous ne voulons pas être catalogués ni rangés dans des boîtes et pourtant, nous nous collons nous-mêmes des étiquettes. Ce ne sont pas nos peaux que nous tatouons mais bien nos ordinateurs, au point qu’ils en deviennent notre carte de visite : nous nous revendiquons d’un TD, d’une association, d’une liste ou d’un projet. Ces autocollants sont un signe de reconnaissance entre membres d’un même groupe et, pour les autres, un rappel constant qu’ils n’en font pas partie. Ils témoignent également de toutes les personnes que nous sommes susceptibles de connaître en marquant notre appartenance à une communauté. Dans l’hypothèse où notre valeur au sein de l’école passe surtout par notre réseau social, il suffirait de regarder l’ordinateur de quelqu’un pour le situer dans la « hiérarchie » étudiante gémienne.
Bien sûr, nous cherchons aussi à nous approprier un matériel prêté par l’école. Quand six cents personnes se promènent avec le même ordinateur, la confusion est facile. Les autocollants nous permettent de distinguer notre propriété de celle du voisin et certains vont même jusqu’à customiser leur chargeur. Nous personnalisons un objet que nous avons tous reçu à l’identique pour nous persuader que, contrairement à ces machines, nous ne sommes pas un simple exemplaire de futurs diplômés produits en série.
lonté de se différencier des autres : on refuse la tendance générale ou on se l’approprie différemment. En tout cas, l’absence d’autocollants gémiens, que ce soit par choix ou par défaut, nous empêche d’étiqueter ces étudiants minoritaires. Mais faire partie de la majorité et afficher sa vie au dos de son ordinateur, ce n’est pas si mal finalement. C’est la preuve que nous aimons ce que nous faisons et que nous en sommes fiers.
Pauline Grepin
Pourtant, quelques élèves résistent encore et leur ordinateur (bien souvent un ordinateur personnel, il est vrai) est vierge de toute image ajoutée. D’autres arborent des autocollants inconnus au bataillon de GEM qui peuvent représenter à peu près n’importe quoi. Peut être estce là que se trouve vraiment la vo-
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POmpOm, les bonnes potes
Gemsboks : pour beaucoup de Gémiens et Gémiennes ce nom ne signifie pas grand-chose. Pourtant, tout le monde nous connaît, nous croise tous les jours dans les couloirs. Et oui, car nous sommes les Pompom girls de l’école. Ce nom vient du Gemsbok, une Antilope qui vit en troupeau principalement dans le désert du Kalahari en Afrique du Sud.
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n vendredi soir de novembre, il commence à faire nuit. Lendemain de SAT. L’école est presque déserte. Pourtant, au détour d’un couloir, une salle est occupée par quatorze demoiselles plus dynamiques que jamais. Bienvenue à la dernière répétition des Gemsboks avant le Derby. Demain c’est le grand jour, le premier événement auquel nous participons, l’excitation est à son comble ! La concentration est difficile, mais nous répétons et répétons encore. Entre deux fous rires nous essayons d’être synchro et de dompter nos fameux pompons que nous découvrons pour la première fois. Nous nous connaissons depuis un mois à peine, mais la bonne humeur est toujours au rendez-vous et nous sommes déjà prêtes à présenter une chorégraphie à nos cher(e) s camarades Gémiens et Gémiennes. Six mois plus tard, c’est encore plus soudées et motivées que nous nous retrouvons chaque semaine. Je me souviens de ce jour de septembre où j’ai passé la sélection, moi, petite 1A fraîchement débarquée, perdue au milieu de cette grande machine qu’est GEM. Aujourd’hui, c’est d’un pas assuré que je me rends à l’entraînement, chaque semaine plus impatiente de retrouver mon équipe. Je n’avais jusque-là qu’une vague et lointaine idée des Pompom girls (sûrement comme toi cher lecteur), nourrie d’images-clichés et de stéréotypes venus de films et séries, caricaturaux envers les Pompom girls comme sur le reste de la société américaine.
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Tu ne l’imagines peut-être pas, cher lecteur, mais être Pompom c’est du sport. Et même si nous réchauffons l’atmosphère, nous devons parfois braver le froid. C’est par simple curiosité que je me suis présentée, mais quelle erreur si je ne l’avais pas fait ! Nous en avons vécu des aventures ensemble : la panique provoquée lorsque j’ai explosé mon pompon la veille d’une représentation, les chutes lors des portés, les roues ratées, les chorégraphies endiablées, sans compter les délires et les fous rires. Maintenant je sais (tout au moins mieux qu’avant) ce que c’est que d’être Pompom girl. Plus qu’une équipe sportive, nous sommes un groupe de filles qui s’éclatent, avec cette petite touche de légèreté et ce parfum de dérision. Gémien, estime-toi heureux de vivre à notre époque. A l’origine, les Cheerleaders étaient des hommes. A la fin du XIXe siècle, le Cheerleading a été inventé par les remplaçants des équipes masculines des universités américaines, pour canaliser l’agressivité des supporters. La première équipe féminine a été créée en 1923. Progressivement ont été ajoutées des chorégraphies gymniques en plus des chants et cris d’encouragement. C’est à partir des années 1960 que le Cheerleading devient un sport à part entière, avec ses règles et ses compétitions et se généralise dans les universités américaines. Le fameux pompon n’apparaît qu’en 1965.
Alice Lacroix
La césure,
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une cassure En vrai, ta césure, qu’elle commence dans un an et demi ou dans quatre mois, t’as l’impression que c’est trop loin encore. Mais un jour tu te retrouveras toi aussi face à la réalité que traversent actuellement 85% des 3A : la césure.
L
a césure c’est avant tout un changement de rythme. A présent, quand tu te lèves le matin c’est tous les jours pour 8h, et ce n’est pas optionnel. Ton emploi du temps a une forme véritable, avec des horaires fixes, des plannings, des trajets calculés, tout ça. Bref, tu entres, l’espace d’un an, dans la vie active. Ta vie devient, que tu le veuilles ou non, plus sérieuse. Après tout tu es à présent rémunéré pour ce que tu fais. Donc en théorie tu essaies de bien faire, étant donné qu’en plus tu as (normalement) choisi le domaine dans lequel tu fais ta césure, et que tu veux bien faire. Un salaire, ça se mérite, tes parents te le disaient déjà quand tu étais tout(e) jeune. Mais le changement n’affectera pas uniquement ta vie scolaire qui sera remplacée par la vie en entreprise. Pour certains la césure est même synonyme de retour chez les parents (coucou les Parisiens !), moyen économe de se loger et d’éviter de dépenser la totalité de la paye en loyer en plus de la proportion qui sert à payer costumes, tailleurs et cravates. Un autre changement qu’on sentira est celui de la fin de l’activité en association. Eh oui, en fin de 2A c’est le moment de laisser les clés aux 1A qui feront un super travail l’année prochaine. Mais que ce soit pour toi un moment douloureux ou au contraire un soulagement, ce sera en tout cas une coupure. Tu trouveras d’autres occupations que tes soirées teambuilding et tu découvriras l’afterwork
(événement très répandu dans certaines entreprises, non seulement en France mais à l’étranger, dont la pratique se résume à se retrouver entre collègues à la sortie de la journée de travail pour prendre un verre ensemble. (Enfin, tizer en costard/tailleur quoi). En bref, le Parcours Long en Entreprise (enfin, pas tant que ça, c’est six mois max maintenant) te paraît loin mais arrive vite. « Les journées sont souvent intenses et longues, mais quand tu aimes ce que tu fais, l’année passe vite » nous témoigne une césurienne en audit. « Quand tu reviens, tu savoures ta dernière année d’étudiant(e). Honnêtement je regarde la 2A avec nostalgie et la 4A sera différente, mais je la savourerai ». La coupure se ressent également quand tu as l’occasion de revenir à Grenoble de temps à autre et que tu prends soudainement conscience de tous ces changements. « En 2A l’école t’appartient et quand tu y remets les pieds en césure tu ne la reconnais plus, parce que même le bâtiment change. Mais tu ne reconnais surtout plus les gens, et ça, ça fait un petit choc à chaque fois » (dixit l’ancienne présidente d’AMD Job Service). En conclusion, la césure, c’est cool, « mais le meilleur moment de la journée reste quand même le soir quand tu sors du taff et que tu retrouves tes copains » (paroles d’une 3A).
Anna-Luisa Vogt
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Newsletter de l’espace carrières
Les fonctions commerciales un marché de l’emploi dynamique Les fonctions commerciales sont souvent boudées par les étudiants en Ecole de Commerce qui préfèrent se tourner vers des fonctions liées au marketing. Et pourtant ! Les fonctions commerciales ont le vent en poupe malgré la crise. Finie l’image du commercial plutôt mal perçue, le métier est en train de changer et demande des compétences et des connaissances variées.
Une forte demande sur le marché Parcours vente à GEM Intéressé par un parcours vente à GEM ? En plus du cours de l’emploi Chiffres à l’appui : 21%* d’une promotion du Programme Grande Ecole de GEM démarre sa carrière dans une fonction commerciale contre 19% en Marketing/Communication pour une fourchette de salaire oscillant en moyenne entre 36 000€ à 43 000€. *Baromètre d’insertion 2012, Grenoble Ecole de Management
Ajoutons que d’après la dernière enquête annuelle de l’APEC (sur le marché de l’emploi des cadres), les entreprises ont besoin de recruter environ 33 000 cadres dans le secteur de la vente pour 2014. C’est le second secteur d’activité en vue après celui de l’informatique.
Marketing et Vente : des fonctions intimement liées La fonction commerciale est complémentaire du marketing opérationnel et requiert aujourd’hui des compétences multiples. Difficile d’être un as du marketing sans une bonne connaissance du terrain. Et inversement, pour être un bon commercial, il faut connaître la théorie du marketing. De nombreuses fonctions se situent à mi-chemin entre la vente et du marketing. Par exemple la fidélisation client, reliée à la relation client, n’est plus réservée au service marketing mais intègre une part importante des missions des commerciaux.
comportement vendeur, en tronc commun de 1ère année, le stage de première année permet à chaque étudiant d’expérimenter la place centrale de la vente dans le développement de l’entreprise. Par la suite, de nombreuses spécialités vous sont proposées durant votre parcours ESC. Pour les 2A : • Vente Complexe et Offres Technologiques • Vente Stratégique B to B Grand Compte • Management Force de Vente Pour les 3A : • Négociation d’affaire • Ingénieurs d’affaire et Business Development
Les offres à pourvoir
Actuellement, 386 offres de stage dans le secteur du commerce et de la vente sont à pourvoir sur Graduate Network. De nombreuses offres de stage et d’emploi sont publiées quotidiennement, n’hésitez pas à consulter régulièrement le site et à vous créer des alertes. Et pourquoi ne pas participer au concours de vente organisée par la GP GEM Négocier pour se confronter, le temps d’une journée, à de vrais professionnels de la vente ?
Concours de vente GEM Négocier Jeudi 10 avril 2014 à GEM
GEM Négocier est un challenge de vente dans lequel les étudiants en binôme font face à des professionnels venus leur donner la répartie à travers des jeux de rôle propres à leurs entreprises. Vous travaillerez sur un cas fourni par l’une de ces entreprises. Les rôles sont répartis de la manière suivante : les étudiants sont les vendeurs, les professionnels sont les acheteurs. Cet évènement sous une forme ludique vous permettra de vous démarquer auprès de professionnels de la vente, et qui sait, peut-être de décrocher un stage ! Liste des entreprises participantes : Michelin, Unilever, Lactalis, Décathlon, Crédit Agricole, Panzani, Air France, Nestlé, HP, Hilti, Mars Petfood, Solucom De nombreux lots à la clé : deux billets A/R pour l’Europe, des tablettes Slave 7, des caméras Go Pro, … Inscriptions jusqu’au 23 mars sur http://www.gem-negocier.jimdo.com
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L’interview d’un diplômé
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Nicolas Cibert Nicolas Cibert, aujourd’hui responsable administratif à Lidl, nous a accordé quelques minutes pour nous parler de ses souvenirs gémiens et de son parcours professionnel.
Grenoble Ecole de Management, quels sentiments cela vous évoque-t-il ? Quels souvenirs gardez-vous en tant que membre de l’école ? GEM, c’est principalement la ville de Grenoble, c’est l’alliance parfaite entre le ski et la qualité des prestations : cours et intervenants. J’ai été agréablement surpris par le site et l’environnement général. J’ai aimé le dynamisme des assos et la créativité qu’elles manifestaient pour les soirées, notamment. En quelques mots, GEM, c’est une réelle opportunité de réussite, un moyen de booster sa carrière, aussi bien nationale, qu’internationale. Quel a été votre parcours scolaire dans le cadre de l’école de commerce ? J’ai intégré GEM, dans le cadre d’un master en achat et logistique, qui a duré un an et demi. Je n’ai pas pu profiter du parcours associatif et des opportunités offertes par les deux premières années en école. Votre choix de parcours a-t-il influencé votre choix de carrière ? Mon poste actuel n’a absolument aucun lien avec ma spécialisation. Cependant, dans le cadre de mon master à GEM, j’ai eu l’occasion de travailler sur des études de cas complexes, un projet de création d’entreprise, j’ai donc appris à développer un esprit de synthèse, qui me sert en
permanence en entreprise. Aller à l’essentiel est l’une des caractéristiques du monde de l’entreprise. En quoi consiste votre métier ? Quel est le résultat final ? Aujourd’hui, je suis responsable administratif. Il s’agit principalement de la combinaison du rôle de RH (gestion du personnel, formation, aide au recrutement, instance représentative du personnel) et de l’activité de contrôle de gestion (analyse d’inventaire, de ratio, de budget des différents points de vente). J’ai été recruté lors d’un forum à Lyon en 2005 en tant que responsable de réseau. Cela consistait à manager des équipes en magasin. Dès 2008, mon statut a évolué. En tenant compte de votre expérience, un conseil pour les futurs diplômés ? En tenant compte de mon expérience dans un secteur ultra concurrentiel : la grande distribution, la communication se doit d’être franche, directe et réactive. J’ai d’ailleurs un slogan qui vient directement du groupe Franz Ferdinand qui est affiché dans mon bureau : « Right Thoughts, Right Words, Right Action », qui résume cette idée. Chez Lidl, on encourage fortement la prise de responsabilités et le développement personnel. Quelle que soit son expérience professionnelle, on peut manager une équipe d’une soixantaine de personnes.
Propos recueillis par Léa Taieb
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Société Le Gémien, au-delà de son penchant naturel pour l’argent, le sexe, la drogue et le Rock & Roll, a lui aussi des opinions. Cette rubrique reviendra donc sur les grands débats de société qui agitent, ou pas, l’agora gémienne, plus communément appelée « la mezz’ ».
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The Struggles For Democracy and Stability
France and Poland’s Constitutional History and Egypt’s Revolution There is one revolution in Egypt. It refuses dictatorship and the different costume it wears every time to fool the youth and the revolutionary generation is ripped off. This article aims at clarifying that Egypt is facing no civil war, but societal and political development. This is the renaissance of a civilization aged 7000 years, and the proof is that France and Poland witnessed what is happening today in Egypt, a couple of decades/centuries ago. Question media, and do not always obey for the truth will never be prostituted. The Egyptian revolution continues.
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France nger and hunger gave birth to the French Revolution in 1789. Philosophers like Rousseau, Diderot, Voltaire, Descartes, and Montesquieu fueled the fire and called for freedom and equality. They condemned the King, the Church and the nobles who made up less than 10% of the population but had more than 90% of the country’s money. They criticized the fact that the government neglected the reality of the situation, which was that a large part of the population was dying of hunger and from diseases. In the name of liberté, égalité, et fraternité (Liberty, Equality and Fraternity), the French revolted. They demanded the downfall of the King and the separation of the Church from the government. Louis XVI was dethroned and, in 1793, was executed. France’s first constitution was written in 1791. Fifteen constitutions have been written during the course of France’s constitutional history, which indicates that their road to stability and prosperity took decades, even centuries, of political turmoil and chaos. The French Constitution of the Fifth Republic was adopted on October 4th, 1958. During that time, the heroic General Charles De Gaulle was the main figure in the inauguration of the Fifth Republic. De Gaulle is France’s symbol of resis-
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tance; he is a man who will always be respected by the French for the important role he played in the Second World War. De Gaulle led the Free French Forces in the battles against the German Nazis. After a decade of absence from the political scene, De Gaulle came back to become the first President of the Fifth Republic and to be one of the most important sources who contributed to the new constitution. The French Constitution was drafted by Michel Jean-Pierre Debre, a Gaullist politician who served as the first Prime Minister of the Fifth Republic under President Charles De Gaulle. The latter did not initially return to re-draft the constitution; the main turmoil that resulted in the return of De Gaulle was the Algerian War of Independence in May of 1958. France’s Fourth Republic was a “revival” of France’s Third Republic during the Second World War. In the Fourth French Republic, France witnessed a period of strong economic growth and, through the Treaty of Rome, joined the European Economic Community, which later on became the famous European Union in 1993. There were also many social reforms, for example, there was “a social security system that assured unemployment insurance, disability and old-age pensions, and medical care to all citizens”. The French were not op-
Société pressed – both men and women had the right to vote and express themselves freely. However, the Fourth Republic was unable to resolve the many issues in Algeria and had many failures in Indochina. This political instability that reigned at that time pushed De Gaulle to draft the new constitution of 1958 and to create the Fifth Republic. There was a referendum: 79.2 % of the voters agreed to both drafting a new constitution and creating the Fifth Republic. Since then, it has been amended seventeen times, the latest amendment was in July of 2008.
One man drafted the new constitution under the supervision of De Gaulle. Surprisingly, there was no constituent assembly for the 1958 constitution. The father of the constitution, Michel Jean-Pierre Debre had the mission of including and respecting all of France’s peculiarities with the fair, equal and revolutionary spirit of 1789. The people then had the chance to accept or refuse the document in a nationwide referendum.
Poland tanks and troops and killing 74 innocent protesters. In 1978, Cardinal Karol Wojtyla became Pope John Paul II and this increased enthusiasm and hope for a free Poland when millions gathered to listen to their new spiritual leader. Lech Walesa, an activist, created the Solidarity movement in 1980. The movement has grown ever since its creation; it organized protests against a rise in prices, censorship, oppression and, more importantly, called on the unity of the Polish populations. After long negotiations with the communists, the Solidarity movement was eventually allowed to run for parliament and for office.
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oland is an enormous and strong symbol of patriotism and resistance. In 1918, Poland became free after 123 years of colonization by the Prussians. Poland has been a victim of the Napoleonic wars and other conflicts. At the end of the First World War, and with the Treaty of Versailles in 1919, Germany – which had invaded Poland during the war – had to leave Poland, at once and give space to the Second Republic of Poland.
In 1990, Lech Walesa became Poland’s first president and announced the beginning of the Third Republic of Poland. Solidarity members had won most of the parliamentary seats, leaving none to the communists. Poland was
Twenty years later, Poland was invaded once again by the coalition of the USSR with Nazi Germany and, with the downfall of Hitler and his fascist system in 1945, Poland belonged to the Soviets only. The Warsaw Pact was signed, resulting in bad news to the Polish resistance. In June of 1956, the first strikes broke out and the Soviets silenced the uprising by bringing in
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Société finally free and independent; however, the road to a strong constitution took seven years. Yes, it is hard to believe, but only on April 2nd, 1997 was the constitution drafted and ready to be executed. To write a new constitution, the roundtable talks decided on using an amended version of the 1952 Polish Constitution. A 56-member drafting committee was appointed by the assembly to draft the initial text. As cited by the Polish newspaper Krakow Post: “This committee included delegates from the assembly, members of the constitutional court, government ministers, and the President”. In 1993, there was a new set of elections, and a new national assembly returned to the wri-
ting of the constitution. A board was appointed and had to give remarks and suggestions representing many minorities and including all of Poland’s various groups. In 1997, the constitution was approved by 451 of the 497 legislators present. A national referendum was soon proposed, resulting in a turnout of 43% of voters, 57% of which approved the draft. A constitution was finally drafted and, with time, democracy was installed. Poland’s path to democracy was a long struggle. Ask the Polish, they know better than anyone else.
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gypt has also witnessed a bumpy road regarding its constitutional path. Actually Egypt is still in the midst of it. On January 25th, peaceful youngsters went down to the streets demanding social reforms and an end to police brutality. The police’s response started with tear gas, arrests and ended with live bullets and cars running over protesters. On January 28th, thousands joined the struggle, where chants of dethroning Mubarak (the president at the time) echoed in Egypt’s Tahrir square. On the 11th February 2011, utopia filled the hearts of Egyptians when the dictator had finally resigned and confidence and patriotism had united Egyptians once again in its colonized history. The military took over and promised us a smooth transition to democracy. The Muslim Brotherhood, a repressive social group ever since its creation in 1928 started their political process, denying their ambition
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to arrive to the throne. Parliamentary elections were held where agents from political Islam (Muslim Brotherhood, Salafists) would distribute rice and oil to the needy, while liberals fought between themselves instead of uniting in working for the sake of the revolution. The military junta was watching over, enjoying the conflict and started with its series of massacres by running over Christians protesting peacefully against the burning of churches in Maspero with their tanks, or aiming at the eyes of demonstrators in the intifada of Mohamed Mahmoud. Hundreds have died under the rule of the Supreme Council of the Armed Forces led by the ruthless and inhumane General Tantawi who has been honored nowadays. That same man has aided the Muslim Brotherhood to get to power, has imposed the emergency law, military trials for civilians, and virginity tests for innocent women. This is just a brief
vague resume of Egypt’s political turmoil in the last three years where “stability” was disrupted by some ideal dreamers who have shaken the globe with their passion and courage. But under President Morsi elected in the summer of 2012, an exclusive constitution was written where the constituent assembly assembled only members of political Islam, but no women, no Christians, no Nubians and none of Egypt’s vast and different peculiarities were represented. The constitution was passed with a great number of people voting “Yes” in the referendum. The tactics of the Muslim Brotherhood are well known: “say yes to the constitution, say yes to God” and constant distributions of rice, oil and sugar to an impoverished population to buy votes. In the mean time, liberals and remnants of the old regime were packing their bags scared of the organized Brotherhood. The revolutionaries denounced injustice as soon as they appeared with many of their men dying while facing police brutality, and the military suspicious and pacific as always. After a long year of resistance and defiance against the Muslim Brotherhood’s Nazi ideologies Morsi was deposed following a three day uprising where millions of Egyptians went down to the streets. The military, the only stable institution interfered and Morsi was deposed.
Once again, the military reappeared on the political scene and tried to hide behind the curtains.
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The scene is now obvious, Egypt is back to the police state. One can conclude that a revolution, or an independent movement, and the transition of dictatorial regimes to full-fledged democracies is a long road plagued with struggle and change. The path that many currently democratic and free countries took is one that Egypt must follow nowadays. These are times of suffering, sacrifice and fighting. Unity is needed; strength is demanded. Egypt’s political turmoil and chaos is completely normal and is inscribed in the history books of countries that have sought out this change. The differences we have, and the diverse ideologies existent in Egypt, are not something bad. One should stay optimistic, but with optimism comes action. One cannot just sit down and look at the writing of history as if it is a melodramatic theatrical play. One has to be engaged with it. The unity of the French and of the Polish during their national struggles was intact and we have to seek the same unity. As Martin Luther King said: “If you can’t fly then run, if you can’t run then walk, if you can’t walk then crawl, but whatever you do you have to keep moving forward”. And this, ladies and gents, is the art of resistance.
Mourad Kamel
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Société
Religions et médias : comment vendre un sujet qui n’intéresse personne ? Lorsque les médias traitent du fait religieux, en-dehors de l’actualité notoire (élection du nouveau Pape, mort du précédent, JMJ…), ce n’est presque jamais pour parler de foi – sauf s’il s’agit de constater qu’elle est de moins en moins présente dans la population, bien sûr. Quel est l’angle d’attaque favori des journalistes lorsqu’il s’agit de religion ? Tour d’horizon.
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ire qu’aujourd’hui les religions monothéistes ne sont pas très populaires en France, c’est presque un euphémisme. Le christianisme perd ses fidèles, l’islam souffre d’être constamment assimilé à l’islamisme, et le judaïsme voit subsister des formes plus ou moins sérieuses et poussées d’antisémitisme. Et même lorsque l’on n’atteint pas ces sommets de rejet et d’intolérance, il faut reconnaître que ce qui touche à la religion n’est souvent pas de nature à intéresser le grand public. Il y voit la morale et ses leçons culpabilisantes, et un héritage vieillot, qui lui rappelle éventuellement les moments les plus ennuyeux de son enfance. D’une manière plus générale, la religion souffre d’incompréhension, ce qui mène au mieux à l’indifférence, et au pire, au rejet total. Les croyants sont vus comme des illuminés, des naïfs. Croire en Dieu, c’est aussi intelligent que croire au Père Noël ! L’humain moderne place volontiers sa confiance dans la science, mais il se montre beaucoup moins réceptif quand on lui parle d’un être supérieur qu’il ne peut ni voir, ni entendre, mais qui lui demande d’arrêter ses bêtises. Il n’aime pas qu’on lui dise ce qu’il doit faire, sans lui donner de preuve valable. Du coup, la religion, il n’a peut-être rien contre, mais il s’en fiche. Et il n’a pas besoin, ni envie, d’en entendre parler. Ce que les médias ont bien compris. Les médias, s’ils veulent être appréciés du grand public, doivent l’atteindre. Il faut parler au lecteur d’un sujet
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Société qui, soit le concerne directement, soit est susceptible de l’intéresser, soit le touche ou le choque, soit l’amuse. Ceci étant dit, on ne voit pas très bien où mettre la religion, puisqu’elle n’intéresse pas le public, et n’en concerne qu’une petite portion. Il ne reste que quelques options : l’attaquer sous un angle qui touchera le public, qui le choquera, ou qui l’amusera. De là découlent deux grandes catégories de sujets religieux dont les médias sont particulièrement friands. L’extrémisme, le religieux choquant mais d’actualité
La religion et le sexe, quand l’Eglise catholique émeut et choque Une des références les plus fréquentes à l’Eglise catholique est celle qui accompagne les sujets touchant au sexe. Pédophilie commise par un prêtre, débat sur le mariage homosexuel, sur celui des prêtres… Il faut reconnaître que les thèmes ne manquent pas. Et ils sont particulièrement vendeurs !
Ce sujet-là est facile ; depuis les événements du 11 septembre 2001, on pourrait même dire qu’il est populaire. Lorsqu’un attentat survenu en Occident est revendiqué par un groupe extrémiste religieux, on est bien obligé de préciser qu’il a été perpétré par ce fameux groupe.
En effet, « l’avantage » de ces sujets est qu’ils impliquent directement l’Eglise, et qu’ils la placent – pense-t-on – face à ses contradictions. Mieux : ils la montrent coupable, elle qui passe son temps à culpabiliser les foules ! L’opinion publique peut donc se dire choquée, s’émouvoir, et critiquer ouvertement et sans la moindre nuance.
Cependant, de cette actualité que l’on ne peut remettre en cause naît une forte tendance à anticiper les revendications, ou à faire des allusions proprement détestables. Avant de savoir avec certitude si le coupable a agi seul et de manière isolée, ou s’il s’agissait d’un ordre donné par un groupe extrémiste, les médias indiquent l’air de rien que le terroriste était musulman… (Je prends l’exemple d’un musulman parce que c’est le préféré des médias.)
Quant aux médias, ils n’ont qu’à prendre un ton mélodramatique pour évoquer les événements, souligner le malaise du pauvre évêque chargé par Rome d’exprimer les excuses publiques de l’Eglise, et le tour est joué. Une phrase de conclusion interrogeant la pertinence du célibat des prêtres permettra avec simplicité et efficacité de lancer un débat creux et d’indigner la morale bien-pensante ambiante.
Et s’il est certain que l’attentat a bien été revendiqué par un groupe extrémiste, l’on peut être sûr que le journaliste va longuement s’attarder sur ce détail. Et ce ne sera pas pour mener une réflexion sur la contradiction que peut représenter l’association religion et terrorisme, ou sur la différence entre les formes extrémiste et modérée de ladite religion. La plupart du temps, il se contente de mentionner que le terroriste pratiquait la religion ; tout au plus indiquera-t-il en passant que sa pratique était plutôt extrême. Pas d’analyse, ici, mais le simple geste de pointer la religion dans le portrait : « Vous avez vu ? Il était musulman. »
Où le manque de nuance conduit à l’amalgame Pourquoi attaquer de la sorte les journalistes qui se contentent de faire leur travail ? Informer et vendre (ou vendre et informer, mais ceci est un autre débat), n’est-ce pas tout ce qu’on leur demande ? Ce n’est quand même pas leur faute si les gens ne s’intéressent à la religion que si elle est violente ou touche au sexe. Cependant, puisqu’ils choisissent de ne l’évoquer que sous cet angle, on pourrait aussi arguer que leur déontologie devrait leur inspirer davantage de prudence, de nuance, voire de retenue. Car le manque de nuance et la tendance à la simplification des problèmes soulevés ne font que renforcer des clichés qui existent déjà. Le risque, c’est que ces clichés deviennent aux yeux de la population une image légèrement déformée de la réalité : légèrement déformée, et donc plus proche de la réalité que du cliché ! C’est ainsi que même si l’on ne pense pas que tous les musulmans sont des terroristes et des machistes, on a quand même tendance à penser que la femme musulmane est complètement soumise à son mari. Et selon le même principe, même si l’on ne croit pas que tous les prêtres sont des pédophiles en puissance, on finit quand même par penser qu’ils sont quand même un peu frustrés, et qu’être mariés ne leur ferait pas de mal. Est-ce vraiment si simple ? Je ne pense pas.
Sarah Monier
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Société
Interruption volontaire de G progrès Tunisie, Espagne, France… Vous ne voyez peut-être pas de rapport direct entre ces trois pays ? Et pourtant j’aimerais vous en présenter un aujourd’hui : la place accordée aux femmes, à leurs droits, et l’avancée des mentalités dans ces trois sociétés. Entre clichés, progression et retour à l’âge de pierre, petite vision de la femme en Europe. Et ailleurs.
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aste sujet que celui auquel je m’attaque aujourd’hui. Alors que nos hommes politiques tendent de plus en plus à intégrer le concept de parité dans le plus d’institutions possibles, la condition de la femme au sein même de la société a rarement connu autant de discrédit que ces derniers temps. Pourtant, ce n’est pas en France, mais en Espagne qu’a commencé ce drôle de mouvement
en arrière, à la mode ces jours-ci puisque vous n’avez pas pu le rater. Le gouvernement conservateur de Rajoy prévoit d’interdire l’avortement, qui ne serait donc plus possible que dans deux situations : si la santé physique ou morale de la mère est menacée, ou si elle a été violée. Bon. Si le projet de loi est plutôt massivement rejeté par la population, les voix s’élevant en faveur de ce projet
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sont malheureusement assez nom- vement ? D’autant plus qu’il ne se breuses, au premier rang desquelles cantonne pas seulement à l’Espagne, le mouvement Provida. Tout est dans mais qu’il se développe de plus en le titre. Car pour ce mouvement plus dans toute l’Europe, dont en catholique révolutionnaire, la femme France où les militants anti-avorten’est plus que bonne à donner la vie. ment ont déjà fait parler d’eux à de Bah voyons. Et comme si leur vision nombreuses reprises. En effet, ces de l’avortement n’était pas assez derniers mois, de nombreuses maniridicule, ils n’ont peur de rien et prô- festations ont eu lieu à travers le nent même l’interdiction de la mas- pays, que ce soit contre l’avortement turbation. Eh oui, désolée messieurs ou au contraire pour garantir les dames, mais vous tuez tous les ma- droits des femmes. Plus de 40 ans tins/midis/soirs (rayez les mentions après le vote de la loi autorisant inutiles, s’il y a) l’avortement, de futurs petits Cette loi ramène aux le regard des êtres humains, Français sur vous êtes donc heures du franquisme et l’IVG a bien des criminels d’une restriction accrue changé, puisaux yeux de que de moins l’Eglise. Enfin, des droits individuels de 50 % comme ils sont d ’o p i n i o n sympas quand même, les femmes favorable en 1972, nous sommes auraient toutefois une petite déro- aujourd’hui passés à plus de 75%. gation pendant leurs règles, parce Pourtant, aujourd’hui, ce droit fonqu’après tout, c’est la Nature. Trop damental est remis en question par aimable, n’est-pas ? C’est donc dans une minorité de la population. Outre ce climat que devrait être adoptée, à les événements en Espagne, c’est l’heure où est rédigé cet article, la loi aussi une loi votée récemment qui a qui, malgré de nombreuses protesta- lancé ce mouvement de lutte contre tions, n’a pas rencontré d’obstacles l’avortement. En effet, le 21 janvier au Congrès. Pour les Espagnols, dernier, les députés ont adopté une quelques années seulement après proposition de loi visant à suppril’autorisation de l’IVG jusqu’à la 14e mer le terme de « détresse » qui semaine, cette loi ramène aux heures apparaissait jusqu’alors dans les cas du franquisme et d’une restriction d’avortement. Ce vote ne concernait accrue des droits individuels. en réalité qu’un des articles d’une Mais comment expliquer un tel mou- loi plus vaste portant sur l’égalité
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hommes-femmes dans la société française. Ciel, horreur et décadence ! Et c’est là qu’intervient la Tunisie. En effet, le 26 janvier, le pays adoptait une nouvelle Constitution après la révolution qui a secoué la Tunisie entre décembre 2010 et le 14 janvier 2014. Si la Constitution de 1956 donnait déjà une place importante aux femmes, la Tunisie est aujourd’hui le pays arabe donnant le plus de droits aux femmes, et le premier à mentionner la parité hommesfemmes dans les assemblées élues. Parmi les nouveaux droits accordés aux femmes, plusieurs articles garantissent ainsi égalité en droits et devoirs, la parité dans les assemblées élues et l’égalité face au droit du travail. L’article 46 est quant à lui exclusivement consacré aux droits des femmes. Mais malgré un progrès incontestable, la situation reste critiquable. En effet, si l’égalité est garantie dans la sphère publique, rien n’est fait pour protéger les femmes dans la sphère privée. De plus, la Constitution reste souvent ambiguë sur le statut des femmes et laisse ainsi la porte ouverte à différentes interprétations, le texte retombant dès lors dans le piège de la subjectivité. Mais dans notre parallèle européen, c’est ici l’article 22 de la nouvelle Constitution tunisienne qui nous intéresse. En effet, celui-ci déclare que « le droit à la vie est sacré. Il ne peut lui être porté atteinte que dans des cas extrêmes fixés par la loi ». Là encore, la loi reste donc assez floue, laissant entendre que l’avortement pourrait être autorisé dans certains cas, sans pour autant préciser lesquels.
ritables actions contre les violences faites aux femmes, qui restent beaucoup plus nombreuses que les interruptions volontaires de grossesse. Il serait peut-être temps de se pencher sur les vrais problèmes de nos sociétés au lieu de faire du politiquement correct. Car oui, la parité n’est pas la solution, nous ne devons pas choisir
les gens pour remplir des quotas mais pour leurs compétences. Intégrer la notion de parité dans les institutions et ailleurs, c’est avant tout accentuer le fait que nos sociétés voient encore une différence cruciale de légitimité entre les hommes et les femmes.
Chloé Miraucourt
Si la place des femmes et leurs droits sont souvent au centre des discussions actuelles dans différents pays, de nombreuses choses restent encore à faire, et certains domaines devraient être placés en priorité. Il ne faut pas se voiler la face, il me semble ainsi beaucoup plus important de garantir de véritables droits vis-à-vis de son corps, ce qui passe par un accès facilité à l’avortement, les grossesses non désirées étant encore nombreuses, mais aussi de vé-
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La démocratie irréprochable : le mythe La démocratie, objet de bien des fantasmes en France où nous sommes persuadés de posséder un des meilleurs régimes en la matière, n’est peut-être pas si idyllique qu’on voudrait nous le faire croire. Car la France aime se targuer de pouvoir intervenir dans des pays sous le joug de la tyrannie au nom de valeurs républicaines. Mais dans ces périodes de trouble que nous traversons, le régime démocratique « à la française » peut-il réellement permettre de gouverner un pays à l’agonie ? Le besoin de réformes profondes et la nécessité d’une réelle vision politique sont évidents.
Le mandat présidentiel : un exemple parlant. La gouvernance d’un pays tel que la France ne peut se faire sans suivre une ligne politique et s’y tenir. Pour gouverner au mieux, encore faut-il disposer d’une certaine marge de manœuvre permettant de faire des réformes courageuses et
de mener une vraie politique de long terme qui est la seule à même de porter ses fruits. Or, dans les faits, il suffit d’observer le simple mandat de cinq ans accordé au Président de la République, pour s’apercevoir que les marges de manœuvres actuelles sont extrêmement limitées. Lorsque l’on confie un mandat à un Président de la République, c’est une marque de confiance qu’on lui accorde. Le peuple s’engage à lui laisser le temps qu’on lui a donné pour accomplir ce qu’il a promis. On ne doit pas juger l’efficacité d’un mandat présidentiel sur la seule popularité du gouvernement, mais plutôt sur son aptitude à réformer, à trouver des solutions aux problèmes de notre pays. Deux problèmes peuvent expliquer en partie pourquoi ce mandat de cinq ans apparaît comme totalement inefficace. Tout d’abord, les élections intermédiaires en plein milieu de ce mandat sont une totale ineptie. A l’approche des municipales, les présidents quels qu’ils soient ne sont plus libres de leurs actions mais restreints par des clivages partisans, avec pour objectif de faire gagner des villes à leur parti en flattant l’électorat, grâce à des dépenses publiques inexplicables ou des promesses contreproductives. Sans parler de l’année qui précède l’élection présidentielle, où les gouvernements s’empressent de se réconcilier avec l’opinion publique en baissant les impôts et en distribuant à tout va sans aucune réflexion stratégique. Le mandat de sept ans était déjà court, mais nos politiques ont eu la merveilleuse idée de le raccourcir, de véritables génies on vous dit.
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français Car le fait qu’un président, pour être élu, doive faire obligatoirement partie d’une grosse machine politique est évident. Les présidents, normalement élus par la seule volonté du peuple, se retrouvent en fait pieds et poings liés par tout un appareil politique archaïque. Que ce soit sous l’ère Sarkozy ou Hollande, les réformes doivent contenter aussi bien l’aile dure que l’aile modérée du parti concerné. Un grand écart difficilement réalisable lorsque l’on se doit de suivre une politique appelant des changements en profondeur et qui doivent donc bien souvent passer par des phases d’impopularité prolongées. Il est à la charge des politiques de savoir parfois aller à l’encontre de l’avis général. L’instauration de l’instruction obligatoire est un parfait exemple d’un choix avisé à l’encontre de l’opinion publique de l’époque.
portant qu’il serait l’expression « des problèmes de la société française » à lui tout seul).
Un régime à l’agonie, mais bien ancré.
Devant une situation aussi désespérée, certains se mettent à envisager une réponse radicale. La démocratie est-elle un régime viable en période de troubles économiques ? On pourrait brûler sur la place publique tous ces infâmes dictateurs en puissance qui remettent en cause le principe de base d’une France qui rayonne par son splendide régime. (Est-ce encore seulement le cas ?) Je pense au contraire que chacun mérite d’être entendu et qu’après tout, penser à un autre régime n’est pas une idée totalement farfelue. Il est évident que le régime démocratique est très implanté en France et je considère que c’est une bonne chose car il est le seul à même de permettre à tous les citoyens de s’exprimer. En revanche, remettre en cause son efficacité n’a rien d’aberrant car, en France, il est malheureusement très loin d’être parfait.
Mais les gens ne sont pas dupes, et les scandales récents sont là pour rappeler que les politiques ne sont en rien au-dessus de tout un chacun. Le refus de lever l’immunité politique de Serge Dassault à deux reprises. La future retraite dorée à plus de 180 000 euros par an de Jean-Marc Ayrault (cumul des retraites de sénateur, premier ministre, maire de plusieurs villes et enseignant) révélée par l’économiste français Charles Gave ou encore l’affaire de Jean Sarkozy à l’EPHAD. Jusqu’à maintenant, ces affaires sont bien souvent passées sous un certain silence, au détriment des prétendus « grands faits de société » (affaire Dieudonné où l’on croit assister à un phénomène tellement im-
En définitive, Churchill nous disait : « La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres ». Ce dicton s’applique très bien à ce que nous vivons actuellement dans notre beau pays. Une classe politique à bout de souffle s’employant à nous abreuver de « mesurettes » qui se révèlent bien peu efficaces et qui continuent de porter le discrédit sur nos élites. Un système économique qui peine à se renouveler, faute de pérennité et de grandes réformes ô combien difficiles mais néanmoins indispensables. Du chômage, vite il faut l’endiguer, il remontera dans six mois mais j’aurai sauvé ma peau.
Des solutions extrêmes à envisager ?
Clément Auguy
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« Egalité et Réconciliation » Aujourd’hui, Alain Soral figure aux côtés de Dieudonné et de Jean-Marie Le Pen sur la liste noire des personnes qu’on n’invite plus à la télévision. Ceci en raison de ses apparitions à chaque fois sulfureuses, notamment sur les plateaux de C’est mon choix (Evelyne Thomas), Tout le monde en parle (Thierry Ardisson) ou encore Ce soir ou jamais (Frédéric Taddeï), où il défend avec véhémence des positions ouvertement sexistes, homophobes et conspirationnistes.
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lain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, a emprunté le nom d’actrice de sa sœur, Agnès Soral, afin de jouir de sa notoriété. On peut aujourd’hui le considérer, juste derrière Dieudonné, comme le n°2 de « l’antisystème ». Les deux hommes se connaissent bien et sont amis. Ils avaient d’ailleurs participé ensemble aux élections européennes de 2009 sur la liste antisioniste conduite par l’humoriste. Cependant, contrairement à son homologue comique, Alain Soral ne cherche pas à faire rire les Français pour promouvoir ses idées. Militant du Parti Communiste dans les années 1990, partisan du Front National entre 2005 et 2009, il est un homme sérieux et très engagé qui n’est pas du tout là pour faire de l’humour. Parallèlement à cet engagement au FN, Alain Soral lance en 2007 son propre mouvement, Egalité et Réconciliation (E&R), un groupe de pensée politique qui se définit comme « nationaliste de gauche ». L’association s’est même dotée d’un bar, Le Local, situé dans le XVème arrondissement de Paris, plus précisément au 92 rue de Javel, au cas où l’envie vous prendrait d’aller rendre visite à ces gens. Mais faites bien attention, E&R étant farouchement opposé au « système actuel de la gauche bobolibertaire et la droite libérale » auquel vous et moi, pauvres moutons gémiens, contribuons chaque jour, vous ne serez probablement pas les bienvenus. En dehors d’E&R, Alain Soral fonde en 2011 sa propre maison d’édition, Kontre Kulture. Le slogan de cette dernière,
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« insoumission et produits subversifs en tous genres », annonce la couleur. Sont réédités, entre autres, La France juive, d’Edouard Drumont, Le Juif international d’Henry Ford, célèbre industriel également connu pour ses thèses antijuives, ou encore La Controverse de Sion de Douglas Reed, qui reprend les idées des fameux Protocoles des Sages de Sion qu’on ne présente plus. La maison d’édition ne bénéficiant d’aucune, ou presque,
diffusion auprès des grands réseaux de libraires, c’est sur internet que l’essentiel des ventes s’effectue. Kontre Kulture profite de la couverture d’E&R et contribue, dans le projet d’Alain Soral, à la formation intellectuelle et politique de ses militants. Sur le modèle du Cercle Proudhon, groupe de réflexion fondé par Charles Maurras en 1911, qui voulait réunir dans le même camp les syndicalistes anarchistes et les nationalistes, Alain Soral ne cache pas son ambition de « promouvoir le nationalisme » auprès des classes populaires et des jeunes issus de l’immigration. D’ailleurs, le slogan d’E&R n’est rien d’autre que « la gauche du travail et la droite des valeurs pour une réconciliation nationale ». Il se qualifie
par ailleurs lui-même de « national- l’antisémitisme n’est qu’une forme socialiste ». de racisme, l’antijudaïsme va plus loin Une fois qu’on sait ces choses sur et n’est jamais sans lien, l’Histoire le Egalité et Réconciliation et son chef montre, avec un projet nationaliste Alain Soral, on comprend vite que le ou religieux. Egalité et Réconciliadébat ne saurait se limiter à une sim- tion ne fait pas exception à la règle ple affaire d’antisémitisme. Ce der- puisqu’à travers son antijudaïsme, nier, en effet, n’est pas le premier c’est « l’âme de la nation française » idiot venu et ses idées ne se limitent elle-même qu’Alain Soral chercher à pas, pour le meilleur ou pour le pire, sauver. à une haine profonde et viscérale du peuple juif. Cela va beaucoup plus Longtemps l’apanage de loin et cet antisémitisme virulent et l’obscurantisme religieux, assumé, même s’il nous rappelle « les l’antijudaïsme, au début du XXème heures les plus sombres de notre his- siècle, a été mis au service de projets toire », n’est à vrai dire qu’une des politiques qu’on qualifie aujourd’hui, composantes de l’idéologie prônée avec le recul, de fascistes, dictatopar Egalité et Réconciliation. Du reste, riaux et totalitaires. Je ne reviendrai Alain Soral, je cite alors ses propres pas sur ces derniers, vous les connaismots, déclare préfésez déjà très bien. rer le terme « anti- Il se qualifie par judaïsme » au terme ailleurs lui-même Pour autant, « antisémitisme » Alain Soral faspour qualifier son de « national-socialcine et de nomhostilité envers le iste » breux Français peuple élu. le considèrent Et si les deux termes, bien évidem- aujourd’hui comme un véritable ment, se recoupent et s’influencent libre-penseur qui, contrairement mutuellement, il s’agit de ne pas les à tous nos élus corrompus, dit la confondre. L’antisémitisme désigne vérité. Il n’a pas peur de désigner une attitude hostile vis-à-vis des les vrais coupables, c’est-à-dire la Juifs en tant que peuple ou « race » LICRA, le CRIF, les francs-maçons, qu’il s’agit de marginaliser, tou- les Juifs, les homosexuels, les fémijours dans un contexte social donné ; nistes et je ne sais quels autres acrol’antijudaïsme, quant à lui, se veut nymes ou conspirateurs cornus, au plus profond et plus complexe. Il est nom de la fameuse et très à la mode avant tout idéologique, et s’attaque liberté d’expression. En somme, aux valeurs mêmes de la « pensée tous ceux qui s’opposent à ses projuive », qu’il conçoit comme un dan- pres idées. Elle a bon dos la liberté ger pour la nation, son unité, ses d’expression. Simon Maarek valeurs et ses traditions. En effet, si
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Société
L’avenir incertain de Facebook
On a fêté le 4 février les dix ans de Facebook et les chiffres du géant donnent le vertige. Pourtant le futur de Facebook n’est pas si assuré.
Une success story sans précédent
Il fut un temps où Facebook n’accueillait que les étudiants de Harvard, puis ceux des établissements de l’Ivy League. Enfin en 2007, Facebook s’offrait le monde entier comme territoire à conquérir : pari tenu. Mark Zuckerberg a créé un véritable business model et a lancé une vague d’éloges de la Silicon Valley et de tous ces petits génies qui ont révolutionné Internet. La Silicon Valley a fait rêver toutes les start-up du monde entier avec les Casual Fridays, les patrons qui ne parlent qu’en superlatifs et des croissances à deux chiffres. On pense à Google, Yahoo ou Facebook bien sûr. Joli tour de force de cet ancien d’Harvard : il rassemble aujourd’hui 1,2 milliards d’utilisateurs à travers le monde, dont la moitié se connecte plusieurs fois par jour. On compte sept cent milliards de minutes pas-
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sées chaque mois sur ce site. Avec seulement mille sept cent employés, Facebook est devenu en dix ans un géant d’Internet.
La force des liens faibles
L’utilisation de Facebook permettant aux individus de se présenter, de construire leur propre réseau social et de garder plus ou moins contact avec des personnes de tous horizons s’est révélée très profitable en termes de capital social. C’est ici la théorie de Granovetter adaptée à la nouvelle ère. Grâce aux simples connaissances avec lesquelles nous sommes liés via internet, ces « liens faibles » sont dit « forts » dans la mesure où, par leur diversité, ils nous permettent d’infiltrer d’autres réseaux.
Société La « télé-réalité » version 2.0
Ce qu’il se passe sur Facebook est pour moi comme de la télé-réalité ; on observe notre entourage en temps réel, où sont-ils, que font-ils, les histoires d’amour et les disputes, sous nos yeux et parfois sans aucune pudeur. Nous assistons à l’émergence d’un voyeurisme inédit, il prend une toute autre forme mais n’en reste pas moins pervers. George Orwell avait prédit pour 1984 le célèbre « Big Brother is watching you », en 2014 il se serait sûrement exclamé « Big Brother is eyeing your Facebook profile ». Ce Big Brother peut prendre toutes les formes : votre collègue, un employeur potentiel, votre meilleure amie de maternelle, votre ex, des inconnus… Nous sommes épiés, surveillés, jugés en permanence sur ce réseau social. Vous me rétorquerez sûrement que chacun gère sa e-reputation comme il l’entend. Si certains aiment parler d’eux-mêmes, c’est leur droit et leur choix. Le problème inhérent à Facebook c’est que vous n’êtes plus les seuls maîtres à bord. On peut parfaitement vous mentionner dans n’importe quelle situation, parfois les plus embarrassantes, et publier une photo de vous sans que vous ne puissiez rien contrôler. Le processus pour enlever de telles photos est long et inefficace, tout pour décourager n’importe quel individu. A l’heure où l’e-réputation est de plus en plus observée (notamment par les employeurs), on voit ici le droit à l’image qui vole en éclats. C’est une des raisons pour lesquelles des études diffusées par The Guardian en 2009 ont suggéré que 25% des habitants du Royaume-Uni souffraient d’une forme de paranoïa et cette proportion ne va qu’en augmentant à mesure que nous entrons dans cette sphère où la frontière entre le public et l’intime est devenu bien poreuse. Toute cette logique commence à lasser la génération Y. Facebook est critiqué pour la vente de nos informations personnelles à d’autres sites pour nous cibler. Toutes ces données volontairement partagées attirent en effet toutes les convoitises. Le ciblage est presque devenu un jeu d’enfant pour les agents du marketing : nous leur fournissons tout ce dont ils ont besoin (sexe, âge, pays, niveau d’éducation, centres d’intérêt…). Selon Zuckerberg, la génération connectée n’a pas de réticence à partager ses données avec le monde entier, on retrouve ici la mission de l’entreprise qui est de rendre le monde plus ouvert et plus connecté. Cette tendance a ses limites, un monde connecté mais jusqu’à quel point ? Rappelez-vous en 2011, Facebook avait fait la une des journaux à cause des bugs qui avait rendu publics et visibles sur le fil d’actualité des centaines de messages privés. De quoi revenir aux conversations épistolaires illico presto.
Le paradoxe du réseautage social
Viktor Mayer-Schönberg dans son livre Delete : The Virtue of Forgetting in the Digital Age soulève un autre problème : Internet est maintenant une banque de données indélébiles. Tout ce qui fut sur Facebook, l’est et le restera, quand bien même vous effacerez toutes les traces. Ce qui signifie qu’il n’y a plus de seconde chance, c’est
comme si vous portiez la célèbre « scarlet letter » à vie. Dans cette sphère, tout ce que vous dites peut avoir des conséquences. Quelques exemples surprenants : l’année dernière un Indonésien fut condamné à deux ans et demi de prison pour avoir nié l’existence de Dieu sur sa page Facebook. Durant les émeutes londoniennes de juillet 2011, deux hommes furent condamnés à quatre ans d’emprisonnement pour « incitation au désordre public ». Mais malgré tout cela, le nombre d’inscrits sur Facebook n’a jamais été aussi élevé, particulièrement en Asie ou au Brésil. Faire partie de la communauté est devenu pratiquement une norme à suivre, tous les connectés sont à la recherche d’une reconnaissance sociale : le nouveau « Je poste donc je suis » est arrivé, mais pour combien de temps encore ? Tout comme les groupes de notre tendre adolescence (« Si toi aussi tu… »), les pages Spotted, ou les Neknominations, Facebook est éphémère et depuis quelques temps le géant semble affaibli. Selon Social Bakers, le réseau social aurait déjà perdu plus de neuf millions d’abonnés sur le sol américain. Serait-ce le début de la fin ?
Gaëlle Coutout
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Culture Parce qu’une école de commerce, c’est aussi un haut lieu de culture. GEM, dont l’architecture n’a rien à envier à celle du musée Guggenheim de Bilbao, ne fait pas exception à la règle. En attendant que la Zone Art vous initie au chant, à la danse ou au théâtre, vous trouvez dans cette rubrique de quoi épanouir votre passion infinie pour les arts et les lettres.
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Breaking the Law, Judas Priest Judas Priest est probablement l’un des meilleurs groupes de heavy metal. Ils ont touché à tout (hard rock, glam, trash...) tout en gardant leur petite touche personnelle : le duo Downing/Tipton, la voix d’Halford… Bref, c’est du lourd, et c’est pour ça que je les ai choisis afin de faire un Clipmania, parce que c’est un groupe qui a des couilles, voilà.
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reaking The Law, de l’album British Steel, est donc une chanson sur la rébellion. Il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très profond quand on examine les paroles d’une chanson de Judas Priest. C’est loin d’être du Iron Maiden ou du Thin Lizzy. Mis à part les exceptions qui confirment la règle, ils ont surtout produit du texte pour adolescents shootés. Donc, inutile de se pencher dessus. Néanmoins, ça reste une chanson assez emblématique dans le rock, avec « You’ve got another thing comin’ » et « ainkiller », c’est l’une des plus connues du groupe, probablement grâce à son rythme simple (et pourtant entraînant). Bref, la première partie du clip, qui dure une minute, c’est l’introduction. On suit les membres du groupe, séparés, déguisés en prêtre avec des grands chapeaux noirs, qui vagabondent dans une petite ville américaine. Le chanteur Rob Halford fait un lipdub à l’arrière d’une décapotable. Ils sont tous en chemin quelque part, mais on n’en sait rien. Les deux guitaristes et Halford se retrouvent devant une banque...
Ouais, les guitares font office de gun
Donc voilà, c’est un braquage de banque avec des grattes. Breaking the Law quoi. Le reste du clip est une série de victimisations des employés de banque par les membres du groupe. Je ne sais pas comment on peut l’interpréter, je
Clipmania
Clipmania
Culture
ne sais même pas si c’est interprétable, juste une blague de métalleux chevelus. Halford trouve la salle du coffre, et comme il est plutôt baraque, il bousille les barreaux sans difficulté. Et il trouve ce que le groupe cherchait, un disque d’or. Ils chipent le disque et s’en vont, en continuant le lipdub dans la voiture, sur une autoroute américaine, les cheveux dans le vent, le cœur ailleurs, etc. Et c’est la fin. Bref, qu’est-ce qu’il faut retenir de tout ça ? Déjà, que Judas Priest a probablement volé son disque d’or avec British Steel, et qu’ils en rougissent à peine, qu’une Flying V peut faire office de gun (et vous n’avez pas besoin de certificat pour en avoir une, ahaha), et que Rob Halford avait nettement plus la classe quand il avait des cheveux (il ne ressemble plus à grand-chose maintenant). Plus sérieusement, c’est un clip original, doux, qui sent bon la jeunesse, les cheveux, les blues shops et les cris. Puis bon, je suis en pleine période de recherche de stage, et putain, Judas Priest c’est nettement plus vivifiant qu’un mail de refus d’une boîte d’audit régional à Dunkerque. C’était histoire de vous faire penser à autre chose (et à moi surtout, en fait), et peut être de vous donner envie d’essayer un peu Judas Priest.
Alexandre Koja
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La face cachée de Disney Tu penses connaître tous les dessins animés Disney par cœur, tu chantes les chansons sans t’en rendre compte et tu as fait de « Hakuna Matata » ta devise de vie. Pourtant, tu n’as même pas idée de ce que Disney a voulu te cacher…
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ous ne connaissons pas la vraie histoire. Disney a revisité les contes à sa manière avant de nous les montrer, et cela peut se comprendre. En vérité, les contes orignaux ne sont pas destinés à de jeunes enfants. Ils sont cruels et se finissent plutôt mal pour les personnages principaux. Etes-vous prêts à découvrir ce qui se cache derrière les dessins animés qui ont bercé notre enfance ? La Belle aux Bois Dormant ne se réveille pas grâce au doux baiser de son prince et ne vit pas heureuse jusqu’à la fin de sa vie. En vérité, le prince viole la princesse endormie et lui fait deux enfants. C’est lorsqu’un d’eux, en lui tétant le doigt, lui retire l’écharde qui l’avait plongée dans le sommeil que le sort se rompt enfin. Sa belle-mère, jalouse, tentera ensuite de la manger avec ses enfants. Pinocchio, pour sa part, n’a rien d’un gentil pantin qui rêve de devenir un petit garçon. Dans le conte, il est décrit comme un voyou, une honte et son mauvais comportement le conduit à être, entre autres, enlevé et fouetté. Il finira sa triste existence pendu au bout d’une corde par ses ennemis. Dans la véritable histoire de Cendrillon, les deux sœurs,
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qui ne parviennent pas à rentrer le pied dans la chaussure de verre, se coupent respectivement un doigt et le talon, mais le prince remarque les traces de sang qu’elles laissent derrière elles et comprend la supercherie. Pour les punir, des colombes décident de leur arracher les yeux. Ces trois exemples sont loin d’être les seuls. La Petite Sirène, Pocahontas, Blanche Neige, Bambi, Rox et Rouky, le Bossu de Notre Dame, Hercule et bien d’autres encore ont tous été modifiés par les scénaristes de la compagnie. Le problème avec les fins un peu édulcorées, c’est que le conte perd toute sa profondeur. En revisitant les histoires à sa manière, Disney modifie aussi la conclusion, les problématiques initiales. La morale de la Petite Sirène pourrait se résumer à « Si tu es une gentille petite fille, tu trouveras un mari. Par contre, si tu es une méchante castratrice, tu ne l’emporteras pas au paradis ». De plus, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins : un pacte avec le diable n’a jamais fait de mal à personne et il ne faut pas hésiter à transformer son corps pour trouver l’amour et le bonheur. Peter Pan, quant à lui, se contente de présenter
le monde merveilleux de l’enfance alors que le roman de J. M. Barrie dont il est tiré traite de sujets bien plus graves (difficultés financières, abandon). De la même manière, l’héroïne de la Belle et la Bête tombe amoureuse de son ravisseur, un personnage violent et brutal avec elle. Serait-elle victime du syndrome de Stockholm ? Disney a aussi profité de ces dessins animés pour diffuser une certaine vision de la société. Les petites filles, puis les jeunes filles n’ont qu’un seul but dans la vie, attendre le prince qu’elles ont vu dans leurs rêves. L’homme est un pilier dans plusieurs œuvres de Disney et viendra toujours les sauver. Pourtant, on peut observer une certaine évolution dans la morale des dessins animés. Dans Raiponce, l’héroïne n’est plus tant une princesse en détresse. C’est une femme moderne qui veut décou-
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vrir le monde et sortir de sa tour : elle est libre, même si Disney ne peut s’empêcher d’introduire une figure masculine de « sauveur ». Dans la Reine des Neiges, l’héroïne passe du stade jeune fille froide et recluse à celui de femme presque fatale et épanouie. Elle découvre sa féminité, elle se sent libérée et délivrée, alors que la figure masculine en prend pour son grade dans le dessin animé. Aujourd’hui, la société change et les représentations cinématographiques aussi mais chez Disney, le Happy End et la naïveté restent encore de rigueur pour l’instant. A quand le rétablissement de la vérité ?
Pauline Grepin “ N’oublions jamais que tout a commencé par une souris “. Les dessinateurs aiment à le rappeler. Il suffit de faire des arrêts sur image au bon moment pour apercevoir, dans des endroits insolites, des Hidden Mickey (des motifs aux contours semblables à ceux de la tête de Mickey). Mais il n’est pas le seul à faire des apparitions. D’anciens personnages tentent de se frayer un chemin jusqu’à l’écran. Par exemple, Dingo et Donald se faufilent dans la foule de la Petite Sirène, la Bête se cache parmi les jouets du Sultan d’Aladin et Scar se prend pour le lion de Némée dans Hercule. Là encore, ce ne sont que des exemples parmi d’autres !
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Culture Pour lire cet article, tu auras besoin d’un canapé confortable et d’un vieux vinyle de soul (l’album Otis Blue fera l’affaire) qui crépitera comme un feu de cheminée quand tu le joueras sur ton tourne-disque. A défaut, je t’ai concocté une playlist des plus grands titres Soul des années 50 à nos jours
La soul : Quand les voix s’élèvent L’ADN de la soul
La soul est née aux Etats-Unis dans les années 50 de la croisée de deux chemins musicaux, l’un profane : le rhythm ’n’ blues et l’autre sacré : le gospel. Connu d’abord sous le nom de race music (« musique des noirs »), le R&B était marqué par un rythme rapide et saccadé, inspiré des orchestres de jazz. Le gospel puise quant à lui son origine dans la réinterprétation des cantiques protestants par la communauté afro-américaine. La soul vient donc tout droit des églises, seul refuge pour une communauté noire opprimée en ce milieu de XXème siècle. On retrouve d’ailleurs de nombreux artistes de soul venant du monde religieux ; qu’ils soient anciens choristes de gospel (Sam Cooke, Aretha Franklin), fils/ filles de pasteurs (Marvin Gaye, Otis Redding), ou encore pasteurs euxmêmes (Solomon Burke, Al Green). C’est pourquoi la soul, « musique de l’âme », possède une dimension spirituelle profonde, dont le chant sert, comme au gospel, d’intermédiaire entre le monde terrestre et le monde divin. Le chant constitue l’âme de cette musique. Inspirés des chorales gospel, de nombreux groupes vocaux ont fait vivre la soul, qu’ils soient féminins : The Supremes, Martha & the Vandellas, masculins : The Impressions, The Miracles ou encore mixtes : The Staple Singers, Gladys Knight & The Pips. Portées par des voix puissantes comme celle d’Aretha
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Franklin ou par des voix plus intimistes comme Al Jarreau, les paroles prennent alors tout leur sens. L’orchestration : batterie, basse, piano, chœur, guitare, cuivres et parfois orgue, est là pour servir la voix et la sublimer. Les grands labels de soul, comme la Motown ou la Stax, avaient alors une maîtrise incroyable de l’orchestration. Un choriste venant couvrir d’une cape un James Brown en La Stax aura même transe lors d’une représentation son orchestre « maison » : les Booker dont le piano. A la sortie de l’institut, T. and the M.G.’s (à écouter : le très il sillonne le pays et travaille comme groovy Green Onion). C’est pourquoi musicien. Il commence à se faire un les grands titres soul de l’époque nom dans le rhythm ’n’ blues mais, sont d’une qualité musicale impecpetit à petit, il s’inspire du gospel cable, que ce soit au niveau des arpour composer ses morceaux. Si bien rangements ou concernant les qualiqu’en 1954, les deux styles musicaux tés vocales de ses interprètes. ne font qu’un : il enregistre I Got a Woman, considéré par beaucoup comme le premier morceau soul. Les deux pères de la soul Même si la loi n’est pas encore pas- Né en 1935 à Chicago, Sam Cooke sée, la soul a bel et bien deux pères développe très tôt un talent imen la personne de Ray Charles et de mense pour le chant religieux. Vers Sam Cooke. Ray Charles est né en 18 ans, il rejoint la formation gos1930 en Géorgie, dans le Sud des pel des Soul Stirrers. Parcourant les Etats-Unis. Il perd la vue à l’âge de 6 routes américaines, d’églises en églians et poursuit ses études dans un ses, il devient une star aux yeux de institut pour sourds et aveugles en la communauté noire américaine. Floride, où il apprend la musique et Mais Sam Cooke veut conquérir à jouer de nombreux instruments, toute l’Amérique, blanche et noire.
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En 1957, il enregistre sous un faux nom le titre You Send Me, inspiré d’un chant religieux qu’il chantait régulièrement avec son groupe. Même si la communauté noire a peu apprécié qu’il abandonne le chant religieux pour le chant profane, il va néanmoins ouvrir la voie à toute une génération d’artistes issus de l’Eglise. Son style de chant doux et délicat et ses nombreuses ballades soul inspireront de nombreux artistes, en tête desquels figure Otis Redding.
La bande-son des combats pour les droits civiques
Dans les années 60, un vent de contestation se lève au sein de la communauté noire américaine. La jeunesse noire s’approprie la soul pour en faire une musique contestataire face aux inégalités et aux injustices que subit leur communauté. Il s’agit également de rivaliser avec la musique blanche symbolisée par le rock’n’roll (qui est d’abord une musique noire soit dit en passant). C’est à cette période que Sam Cooke commence à signer des morceaux engagés politiquement (avec notamment Chain Gang et A Change Is Gonna Come). Lorsqu’en 1964 Sam Cooke
L’héritage de la soul
La soul a connu son heure de gloire entre les années 60 et les années 70. Dans les années 80, la musique disco et le développement de la pop a mis fin à l’âge d’or de la soul. Cependant, depuis les années 2000, des artistes très talentueux ont émergé et font revivre cette musique. On citera notamment les chanteuses de R&B comme Alicia Keys ou Macy Gray, la surdouée Amy Winehouse ou encore des chanteurs comme Aloe Blacc (I Need a Dollar), le groupe Gnarls Barkley (Crazy), Charles Bradley et notre frenchy Ben l’Oncle Soul. Mes deux coups de cœur vont à Michael Kiwanuka, un jeune artiste britannique dont je recommande l’album Coming
est assassiné en pleine gloire dans des circonstances douteuses, la communauté noire perd un de ses plus grands symboles. Un autre artiste suivra les traces de Sam Cooke dans ce combat pour l’égalité : Curtis Mayfield. Le titre We’re a Winner devient l’hymne du Black Power et Keep On Pushing celui du Mouvement des droits civiques aux États-Unis. Il devient alors un des pionniers de la fierté noire aux côtés de James Brown (Say It Loud – I’m Black and I’m Proud). Son nom est souvent attaché au film Superfly, tête de file du courant cinématographique de la Blaxploitation. Né dans les années 70, ce courant
vise à revaloriser l’image de la communauté noire. Les films sont alors écrits, filmés et joués par des afroaméricains à une époque où les noirs n’avaient que des rôles secondaires (souvent négatifs) et de faire-valoir.
Home, et au chanteur jazzsoul Gregory Porter, qui a remporté cette année le Grammy Award du Meilleur alMichael Kiwanuka : bum de jazz la relève est assurée vocal. Il ne faut pas également négliger l’apport de la soul dans la musique d’aujourd’hui. Elle a donné naissance au King of Pop : Michael Jackson, qui a commencé au sein des Jackson Five. Elle est aussi à l’origine de la funk, musique beaucoup plus instrumentale et aux rythmes plus synco-
pés, puis de la disco, faisant le trait d’union entre soul, funk et pop. En samplant les standards des années 1960 et 70, le hip-hop a remis au goût du jour cette musique. La musique électronique pioche également dans le répertoire soul (Avicii qui sample Etta James dans son tube Levels). Pour ma part, j’adore la musique électronique, mais elle n’a pas ce supplément d’âme, cette authenticité et cette chaleur qu’on retrouve dans la soul. Cette musique représente pour moi un refuge pour mes oreilles parfois fatiguées par le tumulte de la vie gémienne. L’essayer un lendemain de soirée, c’est l’adopter.
Curtis Mayfield : une musique au service du combat pour les droits civiques
Guillaume Lods
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Culture
Le jour où la musique a changé Fin printemps 1804 est jouée pour la première fois la troisième symphonie de Beethoven, appelée Eroica. Elle est donnée en représentation privée au palais du prince Lobkowitz. Haydn, son professeur, arrivé en cours de représentation, dit à la fin : « A partir d’aujourd’hui, tout est différent. »
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eethoven avait dédié le morceau à Napoléon, pour son œuvre dans la Révolution. En apprenant qu’il était devenu empereur, il voulut déchirer son chefd’œuvre. Heureusement, ses amis réussirent à le convaincre de ne point le faire. Aujourd’hui, la symphonie est dédiée à « la mémoire d’un grand homme ». Dans les années 1960, un groupe britannique est devenu mondialement connu. Ils ont fait le tour du monde. Ils sont surnommés les Fab Four. Un membre de ce groupe continue à chanter. J’ai bien sûr nommé les Beatles. Leurs tubes comme Help ou Let it be sont encore connus, joués et repris.
plus fort que le niveau auquel ils jouaient. Le comte de Dietrichstein a même dit à Beethoven lors de la première : « La symphonie a une structure. Ceci [le morceau] est une masse informe, de simples bruits ajoutés les uns aux autres, un amas d’idées colossales. C’est très émouvant. A certains moments, il y a des éléments du sublime. Mais ce morceau est plein de dissonances. Il n’est pas complet. Ce n’est pas ce que nous appelons une symphonie. » Beethoven a lancé le romantisme en musique avec ce morceau. Le romantisme a mis fin au classicisme, ce qui a permis ensuite à d’autres mouvements d’être lancés.
Comment passe-t-on de Beethoven aux Beatles ? Quel est le lien ? Chacun à leur manière, ils ont changé la musique. Avant Beethoven, on écrivait uniquement de la musique plaisante. Il ne fallait absolument pas choquer, pas jouer trop fort. Certains doivent penser que la troisième symphonie n’est pas très choquante, mais à l’époque, ce n’était pas le cas. Beethoven a interrompu les musiciens lors de la première fois pour leur dire de jouer plus fort, ce à quoi un musicien a rétorqué qu’ils ne jouaient jamais
Les Beatles ont lancé le rock’n’roll. Elvis avait commencé, mais les Beatles l’ont fait connaître mondialement. Dans les années 1960, ce qu’ils faisaient était nouveau et un peu contestataire. A un concert, John Lennon a dit : « Les personnes dans les sièges les moins chers pourraient-elle applaudir ? Et le reste d’entre vous faites du bruit avec vos bijoux. » Devant la reine mère. Ils ont lancé le rock and roll. Ce qui a tour à tour permis de lancer le folk, le disco…
Laurent Fitzpatrick
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frida Kahlo souffrance et liberté Frida Kahlo est une peintre mexicaine née en 1907. Elle a grandi à Coyoacan, près de Mexico. Elle a une enfance plutôt heureuse, entre autres parce qu’elle s’entend très bien avec son père, un photographe d’origine austro-hongroise. Un des tableaux les plus célèbres de Frida Kahlo est un autoportrait dans lequel son buste, nu, est recouvert de clous. Frida Kahlo, c’est une peintre mais c’est avant tout une femme dont le corps a beaucoup souffert.
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ès l’âge de six ans, on lui diagnostique une poliomyélite, sa jambe et son pied se déforment un peu, ce qui lui vaut le surnom de « Frida-la-boiteuse. » Mais l’origine des souffrances qu’elle endurera toute sa vie est un accident qu’elle a en 1925 : le bus qu’elle prend pour rentrer chez elle entre en collision avec un tramway ; elle est gravement blessée à la colonne vertébrale et au bas-ventre. A la suite de l’accident, elle reste couchée pendant trois mois, puis doit porter des corsets de plâtre. Cet accident marque une énorme rupture dans sa vie. Sur le plan personnel, puisque les souffrances causées par l’accident ne disparaîtront jamais vraiment et sur le plan artistique, puisque c’est à partir de ce moment-là qu’elle se met vraiment à peindre. Ses tableaux sont souvent biographiques : son accident, ses douleurs, son incapacité à avoir des enfants, sa relation avec son mari, le peintre Diego Rivera. Les autoportraits représentent une part importante de son œuvre. Elle l’expliquait en disant : « Je me peins parce que je passe beaucoup de temps seule et parce que je suis le motif que je connais le mieux. » Les paysages arides, désertiques, qui l’entourent souvent dans ses autoportraits représentent sa solitude. L’inspiration de Frida Kahlo, c’est Frida Kahlo elle-même, mais sans que ce soit égocentrique pour autant. Elle dit les choses de façon simple et directe, il y a une sorte de franchise qui apparaît dans le titre de ses tableaux. Par exemple, elle ajoute une dédicace en-dessous d’un portrait de son père pour dire : « J’ai peint mon père Wilhelm Kahlo, d’origine germano-hongroise, artiste et photographe de profession, être généreux, intelligent et noble, courageux, puisqu’il souffrit d’épilepsie pendant soixante ans sans jamais cesser de travailler [...] Avec adoration. Sa fille, Frida Kahlo. » Ses représentations sont toujours très libres. Par exemple, lorsqu’elle représente son accident, elle ne respecte pas du tout les règles de la perspective, ni les proportions : son corps a une taille démesurée par rapport à celle des autres passagers du bus. La liberté qu’elle a dans ses représentations peut être rapprochée du fait qu’elle a failli mourir. Elle dit d’ailleurs en en parlant : « A partir de ce moment-là, je fus possédée par le désir de recommencer à peindre les choses comme je les voyais avec mes propres yeux, et rien d’autre. » En tout cas, c’est à partir de cet accident qu’elle a peint ses œuvres les plus importantes. Comme s’il était à la fois la pire et la meilleure chose qui lui soit arrivée.
Anne-Laure Ledinot
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Culture
Kevin Durant : Le CR7 de la NBA CR7, NBA, que d’acronymes pour un titre d’article ! Pour clarifier la chose auprès de tous, CR7 est le surnom de Cristiano Ronaldo, célèbre joueur de foot du Real de Madrid et rival actuel du non moins célèbre Lionel Messi. La NBA est l’acronyme de National Basketball Association qui est la ligue de basket américaine et dont l’un des joueurs phares actuel est Kevin Durant.
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ourquoi parler de la NBA plutôt que de la ligue française (qui s’appelle la Pro A) ? Et bien tout simplement parce que la NBA est au basket ce que l’Eclair de Feu d’Harry Potter est aux balais : le nec plus ultra. La NBA c’est aussi du show permanent, des points à gogo et des défenses laxistes, ce qui permet de voir tous les soirs des actions offensives impressionnantes.
La montée en puissance
Le recrutement est particulier en NBA : les joueurs sont « draftés » après avoir été repérés dans la ligue universitaire. Je ne rentre pas trop dans les détails car c’est assez technique. Toujours est-il que depuis son recrutement (2007), Kevin Durant (KD pour les intimes) est le leader incontesté de son club, Oklahoma City Thunder (OKC), anciennement les SuperSonics de Seattle. Après une première saison en 2007-2008 avec 20 points de moyenne (honnête pour une première dans la cour
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des grands), KD tourne en moyenne à 25 points minimum par match sur une saison. Ses stats sont impressionnantes et il est l’un des acteurs majeurs de la montée en puissance du OKC. Année après année, le duo magique composé de Russel Westbrook et KD emmène leur équipe toujours plus loin dans les playoffs et toujours plus proche du titre de champion de NBA.
L’apogée
La saison 2011-2012 marque le point culminant de la jeune carrière de KD. OKC arrive en finale des playoffs mais perd malheureusement 4 matchs à 1 contre le Heat de Miami mené par l’incontournable Lebron James. Cette année-là, Durant rentre dans l’histoire puisqu’il devient le 7e joueur, seulement, à finir meilleur marqueur de la ligue pour la troisième année (consécutive en plus…). Alors comment se fait-il qu’avec ces performances hallucinantes, KD n’ait jamais été récompensé du titre de Most Valuable Player (MVP) qui désigne le meilleur joueur de la ligue ?
La concurrence
Et bien tout simplement parce qu’en face il y a un monstre du basket : j’ai nommé M. Lebron James. Avec le Heat de Miami, il arrive en finale
de NBA les trois dernières années et remporte deux titres (représentés par des bagues). Il remporte aussi les 4 des 5 derniers titres de MVP, ce qui le fait se rapprocher du recordman Kareem Abdul-Jabbar (6 récompenses). C’est pour cela que Kevin Durant me fait penser à Cristiano Ronaldo. KD et CR7 sont deux joueurs phénoménaux, techniques, précis et décisifs mais qui sont en concurrence avec deux autres joueurs extrêmement talentueux : Lebron et Lionel Messi. Lionel Messi, qualifié de joueur hors norme par le monde entier, a remporté tous les trophées individuels ces dernières années alors que Cristiano, malgré ses saisons hallucinantes avec Manchester United et le Real de Madrid, finit en général second derrière Messi. Même si Cristiano n’a rien à envier à Messi du côté de la notoriété, c’est plus souvent l’Argentin qui est cité comme meilleur joueur actuel par les amateurs de foot. Il en est de même pour les amateurs de basket qui désigne plus facilement Lebron comme LE joueur du moment.
2014 : année du changement ?
Et l’analogie peut être poussée encore plus loin car cette année Cristiano a remporté le trophée de ballon d’or et KD semble plus que jamais
Culture lancé vers le titre de MVP. En effet il est depuis début janvier le joueur incontournable de la ligue. Avec la nouvelle blessure de Russel Westbrook, il doit encore porter l’équipe d’OKC pour les maintenir en haut du classement de la conférence ouest. Pour cela, il met tout en œuvre et rentre plus de 30 points par match depuis le début de la saison (31.3 pts en moyenne) tout en étant généralement décisif durant le money time (cf encadré). L’année 2014 sera-t-elle l’année du changement de king au foot et au basket en ce qui concerne les récompenses individuelles (MVP et ballon d’or) ?
Pronostic ?
A la date où je rédige cet article tous les pronostics sont possibles. Le point important va être la forme de Russel Westbrook à son retour de blessure. En effet, même si KD est capable de porter son équipe sur de longues séries de victoire, la fin d’année risque d’être compliquée si Westbrook ne revient pas à son meilleur niveau. Quand vous lirez cet article, il sera je l’espère de retour dans la compétition et en forme. Si le duo est reformé, OKC sera de nouveau candidat au titre et à moins que KD ne se blesse ou ne rate complètement la fin de la saison, il sera plus qu’un
sérieux candidat au titre de MVP. Attention tout de même aux autres équipes qui ne vont rien lâcher. Les playoffs de cette année s’annoncent excitants car entre Indiana, Miami, OKC, les San Antonio Spurs de Tony Parker ou même Portland de Nicolas Batum, il est difficile d’annoncer un futur champion. Pour ma part j’espère que Kevin Durant finira la saison en beauté et gagnera les titres NBA et MVP qui lui manquent tant.
Valentin Mathieu Money Time : le money time est souvent le moment décisif dans un match basket. Il caractérise la fin du match, généralement les dernières secondes, lorsque le score est serré. Au basket il arrive que la victoire s’arrache au moment de la sonnerie finale de la partie, ce sont shoots aux buzzer. Lancer franc : le lancer franc est un shoot réalisé à la suite d’une faute sifflée par l’arbitre. Le joueur se place alors à 4,60m du panier et essaye de convertir un, deux ou trois shoots qui rapporte chacun un point. KD tourne à environ 88% de réussite au lancersfrancs. C’est une fois de plus une statistique impressionnante. Draft : elle représente la séance de recrutement des futurs joueurs de NBA. Chaque club choisit à tour de rôle un joueur parmi ceux évoluant dans le championnat universitaire ou à l’étranger. Cela donne parfois lieux à des échanges de « tour de draft », c’est-à-dire qu’une équipe va pouvoir choisir le joueur de son choix. Pour l’exemple, en 2007, KD fut drafté en 2e position et Lebron en 1ère position en 2003.
GIW ‑ 39
Culture
Allez les bleues ! Non, il ne s’agit pas d’une faute d’orthographe puisque nous allons parler ici du football féminin français. Certaines footballeuses françaises commencent à se faire connaître, je pense à Louisa Nécib qui a gagné deux années de suite la Ligue des Champions, en 2011 et 2012, avec l’Olympique Lyonnais.
O
ui ! Nos femmes ont gagné plus de Ligues des Champions que nos hommes. Au grand dam des Parisiens, du côté des mâles, seul l’Olympique de Marseille a remporté la plus prestigieuse des compétitions en 1993. Néanmoins, on ne parle pas beaucoup du football féminin, souvent considéré comme secondaire et, paradoxalement, peu excitant par les hommes. Cela nous permet, soit dit en passant, de relativiser quant au comportement machiste présumé des fans de football qui, finalement, préfèrent les hommes aux femmes lorsqu’il s’agit de mouiller le maillot. Mais c’est aussi et surtout la faute des Françaises qui n’aiment pas le football. La plupart d’entre elles, mais pas toutes, résument souvent le football à « onze tocard(e) s qui courent après un ballon » et ne seraient pas prêtes à aller supporter leurs homologues féminines qui, à leur façon, se battent pour l’égalité entre les sexes.
Jusqu’à très tard, les femmes n’avaient même pas le droit de porter des shorts en public. Le gouvernement de Vichy, pour ne citer que lui, avait « interdit vigoureusement » la pratique du football féminin en mars 1941.Et pour qu’il soit interdit, il a fallu qu’il existe. Les femmes jouaient déjà au football à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, notamment en Grande-Bretagne, mais non-officiellement bien sûr. Ainsi, c’est sans l’accord des fédérations officielles et pardelà les interdictions que les premières compétitions de football féminin s’organisent et certains matchs réuniront plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. En 1920, pour donner un exemple, la France affronte l’Angleterre au célèbre Goodison Park (stade de l’actuel Everton Football club) devant 53 000 personnes. Au niveau international, une première Coupe d’Europe est organisée en 1969 et la première Coupe du monde a lieu en 1970, mais toujours de manière non-officielle car jusqu’à très tard le football a été considéré comme indécent voire « nocif et dangereux » pour les femmes. Ce n’est qu’en 1984 que l’UEFA décide d’officialiser le football féminin, une décision suivie par la FIFA quelques années plus tard, en 1991. Aujourd’hui, s’il est enfin devenu officiel, le football féminin jouit encore d’une faible couverture médiatique. Certains, pourtant, le décrivent comme plus « technique et plus élégant » et les bleues, pour y revenir, se placent actuellement à la sixième place du classement mondial établi par la FIFA, même si, contrairement à l’équipe masculine actuellement classée 20ème,, elles n’ont encore jamais remporté de coupe du monde ou d’Europe.
Simon Maarek
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Culture
Tinder ou le (faux) coup de foudre 2.0 Pour la petite anecdote, Tinder se traduit par un amadou en français. Un amadou est une substance inflammable tirée d’un champignon. En clair l’amadou est un allume-feu, quel merveilleux nom pour une application de rencontre par mobile n’est-ce-pas ? Ajoutons à ça la proximité avec le nom de l’application Grindr, précurseuse des applications de rencontres géo-localisées pour mobile destiné aux gays, homosexuels et bisexuels. Tinder commence bien et la recette semble prendre.
T
inder est une application mobile de rencontre géolocalisée. Il faut l’application et se connecter avec Facebook (qui ne publiera rien de vos messages et activités sous Tinder) choisir le type de personnes que vous cherchez en précisant l’âge, le sexe des gens et le rayon dans lequel que vous recherchez (exemple homme entre 21 et 27 ans à moins de deux kilomètres de vous) et c’est parti. Un profil apparaît devant vos yeux, ici « Marie, 19 ans, à un kilomètre » accompagné d’une photo d’une jolie brune. Trois choix possibles : soit regarder d’autres photos, soit passer à la suivante directement, soit « liker ». Si jamais vous « likez » la personne et qu’elle fait de même, vos deux photos se rapprocheront et vous aurez « it’s a match » sur votre écran. La discussion entre les deux personnes commence. L’avantage de se connecter via un compte Facebook c’est que ça réduit de façon drastique les faux comptes qui d’habitude pullulent sur ce genre de sites/app. Nous avons vu pas mal de Gémiens sur Tinder, des listeux et listeuses et des césuriens et césuriennes revenus à Grenoble pour l’amphi de positionnement et j’en passe… A vous de savoir ce que vous voulez, la course au « match » commence ! Mais en quoi Tinder est-il révolutionnaire ? Pour trois raisons ; la première est que la géolocalisation
permet de faciliter les rencontres. Là c’est machin 140m de votre position « salut, un verre dans 10 minutes dans ce bar ça te va ? ». En clair, pas de perte de temps. La seconde est qu’on ne vous montre que des photos. Savoir que l’autre aime Proust, le ski, la picole, le cinéma… on s’en cogne. Les contraires s’attirent aussi et Tinder l’a compris. La troisième c’est que Tinder est presque un jeu, on « like » plus ou moins à la chaîne, le tout avec un design simple et épuré. C’est fun d’utilisation et l’appli est plus qu’intuitive. Non, ceci n’est pas une pub sponsorisée par Tinder & co. Je reste encore sceptique de ce genre d’appli, d’une parce que même si Facebook ne publie pas vos messages, on ne sait pas s’il récupère les infos dans notre dos… de deux, même si l’application semble fonctionner plutôt bien et depuis déjà un bon moment, c’est le côté superficiel et grande braderie dans cette appli qui dérange… Clairement Tinder est une application avec un TRÈS gros potentiel, mais cette appli est à prendre comme un jeu, rencontrer des gens et si l’occasion se présente d’aller plus loin, chercher à se divertir en rencontrant des gens. Si vous cherchez à vous caser sur Tinder, je reste assez dubitatif concernant votre pourcentage de chances d’arriver à l’objectif souhaité. En revanche pour un coup d’un soir, votre pourcentage est tout de suite beaucoup plus élevé…
Guillaume Deysine
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Culture
Le
99
Cul(ture) Dans cette rubrique, le Gem In Way te fait découvrir une position du Kama Sutra à travers toute la culture qui l’entoure, son application, son histoire, sa symbolique…
ou la position des cuillères Vous avez passé une bonne soirée, vous êtes fatigué et passablement alcoolisé, vous n’avez qu’une envie : vous jeter au lit pour rejoindre le royaume de Morphée. Seulement voilà, vous avez un/une partenaire ou conquête qui attend autre chose que vos simples ronflements et c’est le dilemme ! Répondre favorablement à la demande et avoir l’air encore plus cadavérique le lendemain ou s’endormir comme une masse en risquant le conflit conjugal ? Ne cherchez plus, le GIW à la solution. La position 99 ou position en cuillères est une position sexuelle où l’un des deux partenaires est derrière l’autre, son abdomen contre le dos de l’autre. Cette position peut donner lieu à une pénétration vaginale ou anale avec le pénis, les doigts ou un objet (un godemichet par exemple).
L
e nombre 99 en lui-même est une représentation figurative de cette position. En effet, si l’on considère les boucles de ces deux chiffres comme étant la tête des partenaires, le nombre 99 représente deux partenaires l’un derrière l’autre. L’observateur attentif remarquera que les partenaires sont déjà dans la position idéale pour s’endormir. Elle est aussi nommée position des cuillères, par allusion à l’emboîtement de cuillères rangées, lorsque les deux partenaires sont couchés sur le côté. Cette position, qui favorise une pénétration efficace, est notamment conseillée pour les personnes ayant des contraintes physiques limitant les positions, comme les femmes enceintes ou les personnes obèses. Elle peut également retarder l’éjaculation pour des hommes sujets à l’éjaculation précoce (ce que notre ami lecteur n’est certainement pas). La position parfaite pour les fatigués, vous avez déjà
la position idéale pour vous endormir une fois vos petites affaires terminées et cette position est bien plus calme que celles décrites précédemment dans cette rubrique qui peuvent demander jusqu’à 3 minutes d’effort et de gesticulations désordonnées intenses pour les plus endurants d’entre vous. Les experts parmi vous (le lectorat du GIW en compte beaucoup nous n’en doutons pas) peuvent carrément dormir tout en satisfaisant le ou la partenaire. Il va sans dire qu’une sacrée expérience est requise. L’avantage est flagrant, vous montrez à votre partenaire que vous n’êtes pas qu’une brute surexcitée au lit, mais êtes aussi un tendre faisant preuve de calme et d’affection. Enfin, pas trop calme non plus car si l’appel de l’oreiller est trop fort et que vous vous endormez avant la fin, attendez-vous à un mauvais début de journée. Bref, n’oubliez pas que valider, c’est bien, mais valider en sortant couvert, c’est franchement mieux.
Cyril Franck & Loïc Moundanga
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assos Eh oui ! Les assos peuvent parler et même écrire. Ainsi, les pages qui suivent leur appartiennent car le Gem In Way, c’est aussi ça : un endroit où les assos peuvent promouvoir leurs projets et leurs événements ou, plus simplement, s’exprimer sur des sujets qui les préoccupent. Si vous souhaitez participer à ces pages, contactez la rédaction à xpression@grenoble-em.com
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assos
millési’mets
Les samedis à Millé’,
c’est Pâtisserie Ingrédients Pour une vingtaine de profiteroles : 2 œufs 12cl d’eau 50g de beurre 75g de farine 150g de chocolat 20cl de crème Glace vanille
Profiteroles
Faire fondre le beurre et l’eau dans une casserole. Une fois à ébullition retirer du feu et ajouter la farine. Mélanger jusqu’à ce que cela forme une boule. Toujours hors du feu ajouter les œufs. Puis mettre dans une poche à douille et former des ronds sur une plaque recouverte de papier sulfurisé. Faire cuire 12 minutes à 200 degrés sans ouvrir le four. Couper le chocolat, le placer dans un bol. Faire chauffer la crème, puis la verser sur le chocolat et couvrir pendant 2 minutes. Une fois les choux cuits, les ouvrir pour les garnir de glace vanille et servir avec la sauce au chocolat.
Verrines Mascarpone-Framboises-Spéculos Séparer les blancs des jaunes des œufs. Battre les blancs en neige. Mélanger les jaunes avec le sucre glace et le mascarpone. Ajouter les blancs d’œufs délicatement. Ecraser les spéculoos. Mettre un peu de spéculoos au fond de chaque verrine puis ajouter quelques framboises et recouvrir de crème au mascarpone.
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Ingrédients Pour 6 verrines : 250g de mascarpone 100g de framboises 10 spéculoos 2 œufs 2 cuillères à soupe de sucre glace
Impact
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Le top 10 des clichés associés à Dolce Vita Dolce Vita se transforme. 10 clichés. 1) Des écolos moralisateurs répétant à longueur de temps d’éteindre la lumière, de couper l’eau en se lavant les dents, … Mais études RSE, sensibilisation auprès des enfants, Paniers Terroir qui vous régalent, concours Enactus, aide aux handicapés pour le permis, aide aux personnes expulsées de chez elles, cours d’informatique pour les personnes en réinsertion professionnelle, label Ecofest pour les évènements, Financ’Ethic, … Eh oui, Dolce Vita c’est tout ça !
4) Les meilleurs amis des plantes et des animaux. Nous aimons défendre la faune et la flore… Mais nos studios ne se sont pas pour autant transformés en serres ou en animaleries !
2) Ne se lavent pas. Ce cliché n’est peut-être pas le plus répandu, mais il finit toujours par arriver dans la conversation lorsque l’on parle écologie. Oui nous préconiserons toujours des douches rapides, mais le bain reste un moment de détente impossible à renier. Et étant donnée la taille de notre local, la douche quotidienne est une nécessité absolue pour survivre en communauté !
6) Le recyclage : une véritable passion pour « messieurs et mesdames Tri ». Et oui, nous recyclons, mais seulement parce que c’est nécessaire, et ce geste a beau nous tenir à cœur, ça reste une corvée pour chacun d’entre nous. Pour complètement vous rassurer, nous n’avons encore jamais organisé de soirée avec pour thème le recyclage…
3) Tous des végétariens. Nous avons probablement dans nos rangs un nombre d’irréductibles mangeurs de légumes plus élevé que la moyenne, mais la plupart d’entre nous sont adeptes de bonne viande !
5) Le vert : notre couleur préférée. Le vert, c’est joli, c’est la couleur de la nature, alors oui on aime. Mais les anciens pulls seront bientôt rangés au placard. En découvrant les nouveaux, vous n’allez pas en revenir. Parce que chez nous le style et l’élégance, c’est aussi une priorité !
7) Se prennent pour les super-héros de la Terre… Mais si vous réfléchissez bien, qui avez-vous vu cette année déguisés en super-héros verts? 8) Utopistes. Si l’on en croit la rumeur, l’économie est un concept totalement abstrait pour nous qui ne
vivons que d’amour et d’eau fraîche… Sauf que le développement durable se distingue justement de l’écologie par la prise en compte des dimensions environnementale, sociale, et économique ! 9) Victimes de la mode bobo. Oui c’est vrai, cela devient une mode bien-pensante. Tant mieux si cela peut rallier à notre cause, mais le développement durable est avant tout une idéologie, une nouvelle manière de concevoir les ressources de la planète et les rapports sociaux, et nous avons compris cela bien avant le magazine Elle ! 10) Rêvent de revenir à l’âge de pierre. Pourtant, le développement durable représente une mine d’opportunités d’innovation dans tous les domaines ! Bref, pour dépoussiérer tous ces clichés, Dolce Vita fait peau neuve. C’est vrai, le nom, la couleur et compagnie pouvaient laisser penser que ces clichés étaient vrais mais… vous allez vite comprendre que notre association a en réalité beaucoup d’IMPACT !
Impact
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nymphony
« The King of Beats »
A
cquérir le titre de légende se paie cher dans le monde de l’art. Le talent de J Dilla, pourtant reconnu de son vivant, devra attendre la mort pour qu’on lui accorde la notoriété qu’il mérite véritablement. Son nom représente bien plus que l’homme lui-même, il symbolise un style unique derrière lequel se cachent d’autres artistes de renom, style qui ne cesse pas d’inspirer des musiciens de tous les genres, comme Kanye West ou The XX. Sans le réaliser, on a tous entendu le rythme propre à J Dilla, caché quelque part dans une chanson. Il est pourtant parfois difficile de mettre un visage sur ce nom. Rappeur, il est avant tout connu en tant que producteur, et derrière son nom se trouve celui de Busta Rhymes, De La Soul, ou encore A Tribe Called Quest. James Dewitt Yancey, connu sous le
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nom de scène Jay Dee, puis J Dilla (pour ne pas être confondu avec le comédien Jay Dee) semble être né pour la musique. Ses parents sont eux-mêmes musiciens et font du rythme jazz et des mélodies classiques le quotidien du jeune James, qui plus est né à Détroit, temple de la soul, de la techno et du rap, dont il sera l’une des icônes. Musicien hors pair, c’est le « beat » de Run DMC et de Whodini qui va éveiller sa curiosité : ici le beat n’est plus là pour être harmonieux, il est une pulsation et devient le cœur de la musique. Il veut alors faire ses armes, s’essayer au beat, créer lui aussi ce rythme hors de toute mélodie qui pourtant rend la musique si singulière. « L’alchimie s’est produite » avec T3 et Baatin, les premiers membres du groupe de Jay Dee, Slum Village, grâce auquel ils ont pu créer ce savant mélange entre
rap, beat et jazz dans une harmonie qui est encore aujourd’hui qualifiée d’unique en son genre. Connaître la musique de Jay Dee, c’est le connaître lui. Son esprit pragmatique, prévoyant, à l’organisation quasi mathématique lui donne ce don du travail poussé à la perfection. Evidemment, un artiste sans contradiction n’en est pas un : ce qui attise la création de Jay Dee et son intérêt intarissable pour la musique, c’est l’imperfection, la note presque discordante qui incarne tout l’art de créer et devient même la signature du compositeur, puisque c’est en elle que réside la spontanéité et la fraîcheur de la création artistique. C’est aussi cela qui lui permet de toujours repousser les limites dans ses recherches musicales et de travailler dans un constant renouvellement. Son talent ne s’exerce pas seulement dans ses propres chansons mais avant tout dans celles des autres. En tant que producteur, il sait révéler les dons de chacun et ne tirer que le meilleur de ce que les artistes et groupes qu’il produit ont à donner. Comme ultime thérapie, il a consacré les derniers mois de sa vie à la composition. Plus qu’une icône de la musique, son nom est aujourd’hui une source d’espoir pour toutes les personnes atteintes par la maladie de sang qui l’a emporté.
Planètes
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La photo de Planètes
La scène était plongée dans l’obscurité et un unique projecteur éclairait la silhouette en mouvement, d’où ce contraste saisissant. Cette jeune fille virevolte au son d’une danse traditionnelle chinoise. Ses bras levés permettent aux rubans cousus au bout des manches de son costume de s’enrouler gracieusement autour de sa taille, tandis que son jupon multicolore s’élève au fur et à mesure qu’elle accélère sa rotation, telle une toupie. Cette photographie de danse a été prise lors d’un spectacle, dans le feu de l’action et la magie de la danse.
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enjeu
Le jeu d’alcool du mois d’ENjeu
Les hooligans ont encore une fois ouvert leur tiroir secret et ont trouvé une fois de plus, entre les chaînes, nunchakus et autres cocktail Molotov, leur livre à jeux d’alcool. Ce mois-ci donc, Enjeu vous offre dans le Gem In Way non pas un, mais deux classiques mais très bons petits jeux d’alcool pour vous enjailler lors de vos longues soirées entre potes.
Le Dealer
La Pyramide Prérequis : Un jeu de 52 cartes 2 à 8 joueurs
Prérequis : Un jeu de 52 cartes 2 à 8 joueurs
Préparation : Créer une pyramide avec des cartes faces retournées. Une ligne de six cartes avec audessus une de cinq et ainsi de suite jusqu’à la dernière ligne avec une carte. Le reste des cartes non utilisées restent face cachée sur le côté, elles ne serviront pas. Règles : Donner 4 cartes à chacun des joueurs qui les gardent chacun pour soi. On retourne chacune des cartes de la pyramide du bas vers le haut. Chaque joueur peut décider de faire boire un autre joueur en prétextant que dans les 4 cartes distribuées au début, il en a une similaire à celle qui vient d’être retournée sur la pyramide. Le joueur qui reçoit les gorgées à 2 solutions : boire ou dénoncer un mensonge. Si le joueur qui a distribué les gorgées a menti et qu’il n’a pas la carte parmi les quatre qu’il a reçues, il boit double. Si le joueur qui a dénoncé un mensonge a tort, c’est lui qui boit double. La distribution des gorgées: Première ligne sur les 6 (celles d’en bas) : on distribue une gorgée si on a la même carte (ou si on prétend l’avoir) Deuxième ligne: on distribue deux gorgées Troisième ligne: trois gorgées Quatrième ligne: quatre gorgées Cinquième ligne: cinq gorgées ou demi cul sec (dépend de la taille des verres) Sixième ligne: cul sec
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Préparation : aucune
Règles : Un joueur est le dealer, il prend le paquet. Les autres doivent deviner quelle carte va sortir. Il y a 2 essais. Le joueur dit une carte, si c’est effectivement celle sur le dessus du paquet, le dealer boit 5 gorgées sinon le dealer doit répondre par « plus » ou par « moins » par rapport à la proposition du joueur (si le joueur dit 7 et que c’est un 10 le dealer dit « plus », chaque erreur du dealer entraine 5 gorgées de pénalité). Si lors de la deuxième tentative, aidé par l’information donné par le dealer, il trouve, le dealer boit trois gorgées, autrement le joueur boit la différence entre sa proposition et la vraie valeur de la carte (exemple le joueur a dit 5 alors que c’était un 3 il boit 2 gorgées). Si après 3 joueurs d’affilés personne ne trouve, le dealer peut donner le paquet à qui il veut. Enjeu en appelle à votre bon sens et vous rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, et qu’il est interdit de forcer quelqu’un à participer contre son gré à ce type de jeu ou de le forcer à boire. Hooliganement vôtre
Enjeu
LIBRE Si vous êtes arrivés jusqu’ici, soyez rassurés : vous êtes en zone libre. Au feu les sujets pompeux et les analyses poussées, il est temps de se lâcher et de raconter n’importe quoi. Dans cette rubrique, on parlera de tout et de rien, surtout de rien. Défiant la censure, brandissant le flambeau de la liberté d’expression, nous tâcherons de vous amuser avec ces dernières pages qui sont généralement les préférées des lecteurs.
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LIBRE
ET si... les grenouilles et les crapauds
?
avaient des ailes
T
out d’abord, l’impact sur leur mode de vie serait immédiat. Il leur serait bien plus facile de quitter leur fange en volant que par leurs petits sauts disgracieux. On imagine sans peine les répercussions sur leur image dans notre culture : les figures de la grenouille et du crapaud sont omniprésentes ! La deuxième plaie d’Egypte deviendrait totalement dérisoire : une pluie de grenouilles qui s’éloignent à tire d’aile avant d’avoir touché le sol ne fait plus peur à personne. Il en va de même pour les multiples mythes de pluies de batraciens à travers l’histoire. Les princesses des contes auraient bien plus de mal à trouver leur prince : pour dénicher un crapaud, il leur faudrait scruter le ciel attentivement au lieu de simplement se baisser. Combien de contes seraient ainsi avortés faute de dénouement heureux ? Mais ce n’est pas tout : la grenouille de la fable n’aurait que faire de devenir plus grosse que le bœuf, il lui suffirait de deux coups d’ailes pour lui jeter un regard hautain. Plus récemment, on peut penser à Trevor, le crapaud de Neville Londubat dans Harry Potter : celui-ci l’égare constamment, ce n’est pourtant rien à côté de ce que ce serait avec un crapaud ailé. Enfin, les ailes permettraient à Crazy Frog de voler pour de bon en toute logique, plutôt que de léviter en chevauchant une moto inexistante. De bestioles marécageuses, crapauds et grenouilles deviendraient des objets d’admiration
au même titre que les plus beaux oiseaux. Les amoureux iraient observer les superbes vols de crapauds sauvages au soleil couchant, tandis que des chasseurs seraient en quête d’un groupe de grenouilles, trophée ultime derrière la galinette cendrée. Elles ne leur rapporteraient d’ailleurs qu’un peu de gloire mais peu d’argent, leurs cuisses devenues rachitiques car inutiles n’étant plus des mets raffinés mais des plats de pauvres. C’est alors toute l’image de la France qui en serait transformée : nous ne serions plus connus mondialement sous le nom des « mangeurs de grenouilles » (ou même « grenouilles » tout simplement aux Etats-Unis). Nul doute que ce serait remplacé par un autre surnom tout aussi flatteur et stéréotypé, faisant par exemple référence à notre absence supposée d’hygiène. On pourrait aussi trouver une utilité aux ailes des batraciens. Les crapauds ont en effet une très grande sensibilité aux tremblements de terre (d’où leur représentation dans les vases sismographes en Chine il y a plus de 2000 ans). Si les migrations de crapauds terrestres sont difficiles à remarquer, des vols inhabituels de crapauds pourraient en revanche être un avertisseur efficace de séismes. Mais au-dessus de tout cela, si grenouilles et crapauds avaient des ailes, voici ce qui serait pour moi le changement le plus important : la bave du crapaud pourrait enfin atteindre la blanche colombe.
Félix Tarbé de Saint Hardouin
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LIBRE
Le dessin d’Artagem
Eline Kleinbauer
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LIBRE
Un verre de trop ? Le Time Magazine a décerné le titre de meilleure invention de l’année 2012 aux Google Glass. Ces lunettes permettent d’afficher des informations en direct sur l’un des verres, créant ce qu’on appelle la « réalité augmentée ». Mais avant que ces lunettes ne débarquent massivement en France, une mise au point s’impose : et s’il s’agissait d’une « réalité atrophiée » ?
L
e principe de ces lunettes n’est pas en soi complexe : sur des montures est placé un petit écran en verre affichant des informations, apportant ainsi des précisions à ce que nous voyons. Il ne s’agit pas encore d’une paire de lunettes classique dans le sens où il n’y a pas de verre correcteur. Elles offrent de nombreuses fonctionnalités par l’intermédiaire d’une commande orale : prendre des photos, filmer, partager, obtenir un guidage GPS, obtenir une précision de type encyclopédique sur un élément du décor, consulter ses mails… De nombreuses autres applications sont en développement dont l’objectif reste de faciliter la vie et faire gagner du temps à son détenteur. Alors bien sûr, présentées comme cela, nous avons tous envie d’essayer ce produit du futur. Néanmoins, en interposant le virtuel si près de notre rétine, ne risquons-nous pas de nous détourner du réel ? Revenons sur le terme de « réalité augmentée », n’est-il pas tout simplement aberrant ? Comme si quelque chose pouvait être plus réel que la réalité elle-même. On ne peut tout simplement pas augmenter la réalité à moins de la déformer. A défaut, il faudrait parler de « réalité complétée » ; sauf que cet ajout d’information se fait au détriment d’une partie du réel. En nous focalisant sur ces lunettes, c’est toute une partie du lien charnel que nous avons avec le monde et autrui qui risque de se déliter. C’est un peu comme lorsque l’on va au musée et que l’on
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se contente de l’audio guide pour aborder une œuvre, sans même avoir pris le temps d’y jeter un regard innocent. Le plus important risque alors de nous échapper : la rencontre frontale et viscérale entre l’homme et son environnement brut. Bien entendu, tout n’est pas à jeter dans ces lunettes, qui restent d’une utilité remarquable. Mais justement, serons-nous capables de nous en servir seulement comme d’un outil ? Ou deviendront-elles le filtre indispensable d’une réalité que nous ne saurons plus regarder sans artifices ?
Arnaud Négrier
LIBRE
Le pervers narcissique : la nouvelle névrose des hipsters et des autres Un mal absolu, une absurdité totale et générale, le pervers narcissique touche toutes les couches de la population, même les hipsters. Il traîne une odeur de névrose apocalyptique mais tellement dans l’air du temps, qu’il faut en parler.
L
e pervers narcissique, une tendance urbaine, rurale, tellement années 2000. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi les magazines féminins s’emparent d’une pathologie en essor et en quête de notoriété ? Pourquoi ce concept psychanalytique émerge dans nos sociétés modernes et désenchantées par la crise de la pensée ? Qui est le pervers narcissique ? Il représente 2 à 3% de la population. Sa stratégie de croissance est la diffusion de la manipulation pour toujours plus d’ambition. Claude Racamier est le premier à lever le voile sur un comportement néfaste pour les autres mais jouissif pour les concernés. En 1986, le pervers narcissique est une combinaison d’un ensemble pathogène et régressif : une
obsession du moi et une surdévalorisation d’autrui. Toujours plus de moi dans un tout individualiste et aspiré par des dérives narcissiques. Il correspond à un certain type. Il ou elle a une personnalité facile à identifier. Amoureux de sa représentation et épanoui dans la séduction, ce « délinquant relationnel » frôle le harcèlement moral (dixit Michel Onfray). Le pervers narcissique anime la vie sociale d’une société aseptisée par un trop-plein de crises politico-familiales. Il normalise la violence psychique et rend perverse la moindre relation sociale. Dans son esprit, sa folie est celle des autres. Le pervers narcissique, renommé le PN, rime avec FN. La logique est la même : mobiliser les uns contre les autres. Diviser pour mieux régner. S’insérer doucement mais sûrement dans les mentalités les plus stériles. On le trouve partout, c’est un ver indéfectible de la nature humaine. Un mal transgénérationnel et bien entendu éternel. Non, ce n’est pas nouveau. C’est ancestral : l’homme est naturellement mauvais. Les institutions sont censées réguler son animalité la plus primaire et sanctionner pulsions et irrationalités. Or le pervers narcissique a grossi, en cohérence avec les valeurs d’une société désespérée par le concept de collectivité. L’ultracompétition, c’est légitimer le pervers narcissique : dévorer tout en subtilité pour vivre pleinement sa popularité. Le pervers narcissique, c’est une maladie qui vit dans la légalité la plus géniale. Elle n’est pas criminelle, mais la victime culpabilise et s’enlise dans un nid dénué de chance et de sens. Il n’aime personne. Il n’est pas nouveau. Il est juste là. Il vit. Il grossit. Il nuit.
Léa Taïeb
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LIBRE
Des Juifs dans une république islamique, des Arabes dans un état juif ? Ah t’aimes ça la polémique hein ? Et pourtant, tout est vrai, c’est à travers des livres, des reportages, ou des interviews avec plusieurs personnes que je vous soumets ce modeste article sur les Arabes israéliens et les Juifs d’Iran. Pourquoi ? Non pas pour comparer deux situations : le jeune Etat israélien avec le millénaire empire perse n’ont pas la même histoire, et j’ai peur de ne pas avoir assez de recul, mais plutôt pour te montrer que la réalité est bien plus complexe que l’européocentrisme des préjugés.
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ais commençons par des chiffres. Dans l’Etat juif, 1/5 des Israéliens sont arabes. C’est énorme. En Iran, il existe encore 10 000 Juifs qui y vivent ; pour la moitié d’entre eux à Téhéran. C’est la population juive la plus importante au Moyen-Orient en dehors d’Israël. Cependant, la tendance démographique est inverse. En effet, les Juifs étaient estimés à 100 000 habitants avant la révolution de 1979. Cela s’explique par un fort taux d’émigration notamment vers les Etats-Unis, l’Europe ou Israël. Dans l’Etat hébreu, c’est l’inverse. Les musulmans israéliens ont le taux
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de natalité le plus élevé des populations israéliennes : 4 enfants par femme (contre 2,7 pour les Juifs israéliens). De sérieuses projections estiment que la population musulmane représentera plus de 2 millions de citoyens israéliens, soit 25 % dans les quinze prochaines années. Mais qui sont ces insouciants iconoclastes? En Israël, les Arabes israéliens sont à 82% musulmans, 9% chrétiens, et 9% druzes. Mais la réelle distinction vient d’autre part. En réalité, il faut distinguer les Arabes israéliens des Arabes palestiniens. C’est cette
différence fondamentale qui nous permettra de mieux appréhender le sort de cette population. Les Arabes israéliens sont pour la plupart bien intégrés. Ils vivent correctement dans un pays avec 3,5% de chômage. Ainsi, certaines villes comme Haïfa, ou Yaffo (la 2e plus grande ville d’Israël) sont composées à 50% d’Arabes israéliens. Ils ont quasiment les mêmes droits que les Israéliens juifs ; ils ne font pas l’armée, contrairement aux Druzes et aux Bédouins, mais ont le droit de vote. Ainsi, lors de la précédente élection, le parti des Arabes israéliens a obtenu onze députés au Parlement. Or, on re-
LIBRE marque que ce parti ne défend pas un Etat palestinien, mais lutte pour les Arabes en Israël. Ainsi, on constate que les Arabes israéliens ne participent que rarement dans des mouvements politiques extrémistes comme le Hamas. Les Arabes palestiniens, quant à eux, n’ont pas les mêmes droits que les Israéliens, notamment ces insupportables checkpoints. Ainsi, les Palestiniens clament que s’ils font partie d’Israël, il faut leur donner les mêmes droits que les Israéliens, sinon, qu’on leur donne leur indépendance. En interrogeant cette population,
un témoignage m’a touché. Il vient d’une habitante de Gaza, et pour elle, « on a tort de dire que Gaza est un camp de concentration à ciel ouvert, car c’est faux. Gaza est un ghetto à ciel ouvert, mais sans la peur de la mort. » (Différence majeure avec le ghetto de Varsovie). En effet, il y a une pauvreté horrible, de la surpopulation, du chômage, une police qui protège très mal ses citoyens (inefficace devant les règlements de compte quotidiens), une terre non cultivable… Gaza est un bidonville dans un pays très développé. Devant ce désespoir, une partie de la population s’est radicalisée, et a dû trancher sur son avenir. Soit partir
dans l’Eldorado israélien, et émigrer vers Tel Aviv, soit rejoindre le Hamas qui dénonce la culture perverse américaine à travers sa modernité, sa prostitution, ses excès d’hubris. Une situation qui rappelle un congélateur de la guerre froide. Face à cette situation, le gouvernement israélien essaie d’examiner la construction d’un Etat aux frontières délimitées. Car s’il ne fait aucun doute que la Palestine doit exister, il convient de définir quel Etat pour une stabilité pacifique, et pas un mouvement qui appelle au meurtre des Juifs dans le chapitre sept de sa Constitution…
L
es Juifs qui vivent en Iran y sont depuis la libération des Hébreux prisonniers à Babylone, par le souverain perse Cyrus le Grand en 539 avant notre ère. L’égalité des droits avec les autres citoyens iraniens est reconnue dans la Constitution de 1906. Pendant le régime du shah, l’Iran est étroitement lié à Israël. Une alliance remise en cause après l’instauration de la République islamique : à partir de 1979, la lutte contre l’Etat hébreu devient l’un des piliers de sa politique étrangère. Dès lors, la situation devient compliquée. S’ils assurent vivre en sécurité, ce qui est vrai (on compte moins d’attentats visant la communauté juive en Iran qu’en France), ils ne se sentent jamais vraiment à leur place. Dans un pays avec peu d’espace de liberté, où la police reste très présente auprès des populations, les Juifs bénéficient de privilèges non négligeables comme la possibilité de fabriquer leur vin pour le shabbat alors que l’alcool est strictement interdit en Iran (l’article 179) ou avoir des écoles juives protégées par les autorités chiites, ou même se voir attribuer le statut de minorité religieuse, elle-même d’un siège au Parlement. Néanmoins, les déclarations de l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad avaient de
La synagogue de Youssef Abad, à Téhéra, quoi laisser entendre un revirement hostile. Depuis 2005, il appelait régulièrement à la disparition d’Israël. Il a désigné l’État hébreu de « tumeur cancéreuse », après avoir qualifié en 2009 l’Holocauste de « grosse tromperie », provoquant une réaction de la population comme en témoigne un Juif iranien : «Lorsqu’on est juif en Iran, le plus dur est de subir la mauvaise compréhension du problème israélo-palestinien. Beaucoup de Juifs iraniens souffrent d’animosités à leur égard à cause de cet amalgame», témoignait-il en 2012. Dans ce contexte, les voyages en Israël sont interdits. Ils sont mêmes passibles de cinq ans de prison. Enfin, les Juifs d’Iran n’ont pas accès à tous les métiers, notamment dans
l’administration et l’armée où les carrières sont limitées. Le climat nouveau engendré par les propos de Mohamed Rohani, le nouveau président est susceptible de faire évoluer la situation d’une communauté séculaire. Ses engagements laissent espérer des jours meilleurs pour ces habitants. Voilà, tu as eu un petit résumé d’une situation complexe. Ces sujets ne sont pas faciles, mais ne pas en parler contribue à notre méconnaissance du sujet. J’espère que tu as appris des choses, et que ça t’a donné envie de te renseigner sur cette partie du monde qui contrairement à la doxa populaire reste un espace serein et culturellement magnifique.
Jonathan Atlani
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LIBRE
Le débat d’opinion Des gens qui créent un débat pour un oui ou pour un non, nous en connaissons tous. Ils commencent sur les réseaux sociaux, qui les encouragent à donner leur avis à propos de tout et n’importe quoi, et leur font croire que leurs 500 amis ont besoin de savoir s’ils sont d’accord avec ce statut, s’ils aiment cette photo. Le problème, c’est quand ils se mettent à adopter la même attitude dans la vie réelle. Forts – croient-ils – de leur expérience virtuelle, ils continuent à informer leur entourage de leur (dés) approbation. Et nous forcent à tripler notre consommation d’aspirine grâce à leur arme favorite : le débat d’opinion.
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quoi reconnaît-on un débat d’opinion ? Il existe plusieurs signes permettant de différencier une discussion classique d’un débat d’opinion. Ceux que l’on remarque le plus sont bien évidemment les pires. Ce sont les protagonistes qui s’écharpent sur un sujet forcément polémique, sujet qu’ils ne maîtrisent par définition pas du tout. Ils parlent fort et vite, jurent qu’ils ne sont pas en train de s’énerver alors qu’ils sont à moitié debout et qu’ils ne s’écoutent plus depuis dix bonnes minutes. Ils se lancent à la figure des pseudo-arguments qui sont de plus en plus clichés, et vous remarquerez qu’ils ont aussi une propension impressionnante à commencer leurs phrases par le pronom « je ». Mais il existe aussi des formes plus insidieuses, à commencer par celle du « like ». Elle consiste par exemple, face à un chef d’œuvre d’architecture, à tenir des propos tels que « Je trouve ça classe », ou « Moi j’aimerais pas y vivre ». « Moi je », « je trouve », « j’aimerais ». Opinion autocentrée, affirmation de son goût personnel. Où est la pensée ? Où sont les arguments ? Quand on n’y connaît rien en architecture, quand on ne sait pas, quand on ne pense pas enfin, pourquoi parle-t-on ? Où mène ce type d’échange ? Nulle part. À la limite, on finira peut-être par enfoncer des portes grandes ouvertes (« De toute façon, ça dépend des goûts des gens ») (!). Ainsi, confronté au spectacle du débat d’opinion, on risque d’être amené à se demander pourquoi le débat a lieu. Pourquoi parler pendant trente minutes sans parvenir à la moindre conclusion, sans qu’aucun des partici-
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pants n’ait appris quoi que ce soit de son vis-à-vis, mais en cherchant à tout prix à être le dernier à vociférer ses opinions personnelles ? S’agit-il d’un besoin désespéré de briller en société ? Cela pourrait à la rigueur se comprendre. Après tout, exister dans la société du XVIIe – par exemple – passait par l’exercice de la conversation de salon. Les figures les plus illustres du siècle y rivalisaient d’esprit pour le bonheur de ces dames, dans une merveilleuse (et sans doute idéalisée) atmosphère d’émulation intellectuelle. Tout le monde était content. L’être humain a sans doute un besoin non négligeable de reconnaissance de sa valeur, de son existence ; serait-ce la raison qui le pousse à vouloir affirmer haut et fort sa pensée face aux autres ? Si tel est le cas, on ne peut pas dire que ce soit une réussite. Certes, l’individu pratiquant le débat d’opinion prouve son existence – hélas. Mais il n’affirme en rien sa pensée ! Au contraire, il semble plutôt démontrer qu’il n’a ni les connaissances, ni les arguments, ni même la logique qui lui permettraient d’avoir une pensée digne de ce nom. Quant à prouver sa valeur, n’en parlons pas. C’est là un autre des nombreux motifs qui rendent le débat d’opinion détestable. Les protagonistes cherchent constamment à prouver qu’ils ont raison. Autrement dit : que leur opinion est la seule valable. Or nous le savons depuis la Grèce Antique, grâce à Platon et ses dialogues socratiques : le mal dans un dialogue, c’est de faire passer ses opinions pour des thèses, et de chercher non pas à tendre vers la vérité, mais de prouver que l’on a raison, et que l’autre a tort. En agissant ainsi, on tue toute notion
LIBRE Je vous le donne en mille : la réponse est non. Quittons les hautes sphères platoniciennes et la frustration socratique de l’impossibilité du dialogue pour regarder la vérité en face ! Une vérité dure à entendre, mais parfois, il faut faire preuve d’un peu de tough love, comme disent nos voisins britanniques. Et la vérité, c’est que nous sommes bien trop paresseux pour élever le débat audessus du simple échange d’opinions. Trop orgueilleux pour admettre que nous ne maîtrisons en rien le sujet dont nous parlons. Nous aimons trop le son de notre propre voix pour ne pas la laisser s’exprimer, et nous aimons trop donner notre avis pour reconnaître qu’il n’y a que nous qu’il intéresse. de dialogue et d’échange. Et pourtant, l’ami Platon nous montre aussi à travers son œuvre que le véritable dialogue est davantage un idéal qu’une réalité. Ils sont bien rares, les moments où Socrate parvient à amener son interlocuteur dans le champ d’un dialogue digne de ce nom. Et si lui ne le pouvait pas, comment nous autres, petits Gémiens, le pourrionsnous ? Ne tenons-nous pas là la preuve de l’imperfection de l’humanité ?
Que faire alors face à une attitude aussi insensée ? Se montrer pessimiste (ou réaliste), et admettre que le monde est fait de cons ? Je vous propose une alternative. À ce stade de déchéance, osons la rébellion, adoptons la prudence et l’humilité, et faisons nôtre la fameuse sentence de Desproges. « L’intelligence, c’est comme les parachutes : quand on n’en a pas, on s’écrase. »
Sarah Monier
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LIBRE
L’origine des expressions (pression) « Tenir la chandelle » : Au début du XIXème, lorsqu’électricité et lampes de chevet n’étaient pas de ce monde, les couples de la haute société qui voulaient batifoler en lumière appelaient un de leurs domestiques pour tenir le chandelier et les éclairer tout en ayant le dos tourné. « Etre dans de beaux draps » : L’expression originelle était « être dans de beaux draps blancs » et qualifiait la situation des individus accusés de luxure qui étaient condamnés à assister à la messe vêtus de blanc (ce qui était censé faire ressortir la noirceur de leurs péchés). Ils étaient donc soumis aux moqueries de la foule. « A vos souhaits » : Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’habitude de répondre automatiquement cette phrase après un éternuement est d’origine religieuse. En effet, elle est synonyme de « Dieu vous bénisse » et elle fut présente aussi bien dans la mythologie que dans les croyances chrétiennes ou juives. La réaction du tout premier né aurait été d’éternuer, ainsi souhaiter la bénédiction divine et la réalisation de tous les vœux du nouveau-né est devenue tradition, l’éternuement de naissance s’assimilant par la suite à tout éternuement. « Avoir un nom à coucher dehors » Loin d’être imagée, cette expression était une réalité au sens littéral il y a de cela quelques siècles. En effet lorsqu’une personne se présentait à une auberge pour y passer la nuit, elle devait donner son nom. Si ce dernier n’avait pas une résonance chrétienne, les aubergistes les laissaient dormir dehors.
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« Battre la chamade » : Si toi aussi ton cœur bat la chamade chaque fois que ton regard croise celui de J2F, retiens qu’originellement la chamade vient de l’italien « Chiamada » qui désigne l’appel militaire. Il s’agissait du signal donné au tambour par les assiégés pour déclarer leur abandon. Un cœur qui bat la chamade est donc un cœur prêt à succomber au charme de l’adversaire. « A la queue leu leu » : Oui, cette expression a un sens rationnel à l’origine, c’est véridique. C’était un diminutif de « à la queue (du) leu (le) leu » (signifiant c’est à la queue du leu qu’on trouve un autre leu). Sachant que le « leu » désigne un loup en ancien français et que les loups se déplaçaient en file indienne, on comprend mieux l’origine de la fameuse danse… « Ne pas être sorti de l’auberge » : Voici une expression du XIXème siècle qui a été empruntée aux voleurs. Dans leur jargon, l’auberge désignait la prison : là où les voyous trouvaient gîte et couvert une fois capturés. Ainsi, utilisant cette phrase ils reconnaissaient la difficulté qu’ils auraient à s’échapper. « Prendre son pied » : A l’origine, cette expression est liée à la victoire plus qu’au plaisir. A la fin des parties de chasse, le chasseur coupait le pied de l’animal abattu et l’offrait en trophée à un de ses vaillants compagnons. Cette récompense était un honneur pour le chanceux qui la recevait et qui, ainsi, « prenait le pied ». Ceci explique cela…
Gaëlle Coutout
Page des lecteurs
LIBRE
Ce que le GIW promet, le GIW le réalise. La liberté d’Xpression ainsi accomplie, je vous laisse avec ce Gémien désireux de partager avec vous sa vision pour le moins originale de la théorie du genre. Merci d’avoir choisi nos pages !
La théorie des Genres
Le mâle Alpha est un mâle en voie d’extinction Selon les calculs des experts, il n’y en a plus que 3% alors qu’à l’état primitif de nature, il y en avait 15%...
C
’est un mâle qui, pour les femmes non manipulées par GQ, Elle, les défilés de mode et la bien-pensance Francilienne versaillaise est extrêmement recherché. C’est le mâle protecteur à l’ancienne, Maçon ou poirot, amateur de banquets, de grandes beuveries, d’exercice physique à base de fonte, très gros, chasseur, dominateur, plein de franc-parler. Le mâle aux traits du visage travaillés par sa fureur de vivre, traits bourrus, coupés a la hache du bucheron (pas le bucheron hipster à barbe, le vrai bucheron qui se foire de temps en temps et s’encule un doigt.). Le vrai Homme, mâle à l’ancienne. Le mâle α est un animal qui se trouve surtout de la côte italienne jusqu’à la côte portugaise. Normal, je rappelle que c’est sur ce terreau qu’est né l’empire romain, des hommes conquérants qui dérouillèrent la moitié de l’Europe pour dominer les cueilleurs. Terreau des conquistadors connus aussi comme los Enculadores. Renseignez-vous, Cortes le mâle Alpha Espagnol débarqua avec 1 000 Maçons andalous en Amérique, ou ils pulvérisèrent tout le continent de l’Amérique du sud. Performance sans précédent, faisant passer les 300 de Léonidas pour des baltringues en tutu. Pourquoi le mâle α ronfle? A l’état de nature, les 15 % des mâles Alpha partaient pendant la journée pour chasser le gibier. Ours, tricératops (la vraie cause de l’extinction des dinosaures) et dragons, se faisaient victimiser par des padrés virils. Pen-
dant ce temps, les femelles s’occupaient des bébés et rangeaient la caverne. Les autres mâles, dits cueilleurs, allaient ça et là en toge fine récolter des baies et des herbes de gazon et fuyaient les insectes qui les effrayaient. Puis ils jouaient à faire des roulés boulés ou à s’éclabousser avec de l’eau. Ils étaient 85% des mâles. Le soir, alors que les alphas ramenaient le manger, les cueilleurs saupoudraient en riant naïvement la viande avec leur menue récolte. Fébriles, ils mangeaient peu. A l’heure du coucher, la tribu rentrait dans la caverne. Mais quand la nuit était tombée, les prédateurs revanchards sentaient l’odeur d’homme dans leur antre et s’en approchaient pour massacrer la tribu dans son sommeil. La nature fait bien les choses. Pendant que les cueilleurs poussaient des petits cris féminins peu audibles et ressemblant à des cris de nourrisson, parce qu’ils faisaient des cauchemars sur les insectes croisés pendant la journée, les α eux, dormaient d’un sommeil lourd et…ronflaient. Avec l’écho de la caverne, les fauves au dehors pensaient entendre des grognements monstrueux, et fuyaient. Pendant leur sommeil, les dominants protégeaient aussi la Tribu. Sexuellement aussi il y a un avant et un après. Exit les caresses pré pubères, ici on aime les ponceurs, les dominateurs, les infatigables, vigoureux toute la nuit et prêts à honorer les femmes ad vitam eternam. Bon Chic bon genre, ces dominants !
Guillaume Herrero
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