Giw 50 - Septembre 2014

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édito Gémiennes, Gémiens, Le mois de septembre est une période très particulière à GEM, un curieux mélange de joie et d’appréhension. Quand on est 1A ou AP2A, fraîchement débarqué au milieu des montagnes, c’est un mois où se concentrent à la fois l’excitation de la nouveauté et le stress engendré par cette nouveauté. Mais ne vous inquiétez pas trop quand même : vous vous demandez peut-être si vous avez fait le bon choix en venant à GEM… la réponse est OUI. Car si vous nous demandez à nous autres 2A comment nous vivons le mois de septembre, nous vous dirons surtout que la rentrée est synonyme pour nous de retrouvailles, avec nos potes, nos assos (et leurs locaux : 2 mois de séparation, psychologiquement ça peut être dur)… On se remet dans le bain, les SAT vont reprendre, we are BACK ! Merveilleux sentiment d’invincibilité. Au milieu de toute cette agitation, le Gem In Way fait sa rentrée, lui aussi. Et c’est avec une fierté toute particulière que je vous le présente, car il commence l’année avec son 50e numéro ! L’aventure a commencé en 2008, et elle se poursuit inlassab lement depuis, avec la motivation toujours intacte de vous donner à vous, chers lecteurs, un journal de qualité. En espérant que vous prendrez autant de plaisir à le lire que nous en avons eu à le préparer ! Bonne année à tous ! Sarah Monier, rédactrice en chef

Rédaction du Gem In Way Journal étudiant de GEM

Rédactrice en chef Sarah Monier

Publication Association Xpression

Responsable Maquette Pauline Grepin

Contact xpression@grenoble-em.com

Rédacteurs Gaëlle Coutout, Thomas Sghedoni, Elodie Wanang, Alexandra Wegmann


sommaire P8 P10

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La vie de l’école

L’agenda de l’inté.................................................p.5 Bienvenue aux minorités.....................................p.6 Je veux une asso..................................................p.8 Les étapes vers les assos....................................p.10 Un sécheur sachant sécher................................p.11 Bienvenue dans l’école du futur.........................p.12 Intranet, Wifi et GEM.........................................p.13

Société

Des odeurs dans l’espace...................................p.15 Total, immersion dans un grand groupe français.................................................p.16 L’opération Ajax..................................................p.18 Les armes aux US...............................................p.20 Beauty in process...............................................p.22 Ces dates qui ont fait la France..........................p.23

Culture

Assos

Libre

Clipmania : Papa don’t preach...........................p.25 Les journées du patrimoine, édition 2014..........p26 La rue de l’avenir................................................p.27 Efface-moi si tu peux..........................................p.28 Maintenant t’es Dauphinois...............................p.30 I’m a Barbie Girl, in a Barbie World....................p.32 Barbie, un monstre à tête d’ange.......................p.33 Cul(ture) : le Compas.........................................p.34 Nymphony..........................................................p.36 Enjeu..................................................................p.37 Millési’mets........................................................p.38 Artagem.............................................................p.39 Impact................................................................p.40 Ainsi font, font, font, les petites marionnettes.........................................p.42 Deviens comme Dieu, regarde les Simpsons......p.43 Le blues de septembre.......................................p.45 Le mariage de chasteté......................................p.46 Pokémon, plaidoyer évolutionniste contre théories créationnistes.........................p.48 Grenoble vue par un Grenoblois........................p.49 Le glossaire du Gémien......................................p.50


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école

1A Prépare-toi, 2A Souviens-toi Maintenant que les concours, oraux, admissibilités sont derrière toi, tu vas pouvoir profiter de l’école comme il se doit. Et tout cela commence par… une intégration digne de ce nom.

Tout d’abord, nous souhaitons la bienvenue à tous les 1A qui sont en train de découvrir ce à quoi ressemble la vie en école de commerce. Tu as déjà pu découvrir le village de rentrée, discuter avec certains 2A et peut-être boire quelques phulalas mais le meilleur reste à venir. Durant ces premières semaines, les Gémiens vont tout mettre en œuvre pour t’intégrer de la façon la plus agréable qu’il soit.

Du 10 septembre au 1er octobre

Tous les soirs, un pot est organisé par une asso de l’école. C’est l’endroit idéal pour rencontrer des étudiants, qu’ils soient 1A ou 2A.

12 septembre

Alors que ta première semaine en école viendra de se terminer, c’est au Colocathon que tu te rendras. Une soirée mémorable (ou non pour certains d’ailleurs) pour les participants. Tu iras de coloc en coloc découvrir les 2A qui y habitent ainsi que les jeux qu’ils t’auront concocté.

13-14 septembre

Pas de répit, c’est un weekend sportif qui s’annonce. Une sortie canyoning organisée par ICO le samedi ainsi qu’une randonnée équestre organisée par le BDS (Bureau des Sports) le dimanche.

17 septembre

Au programme ? La montée du lieu phare de Grenoble, j’ai nommé la Bastille, organisée par le BDS de nouveau.

18 septembre

La journée d’intégration par les asso sera le moment de découvrir toutes les asso grâce aux activités proposées par ces dernières au sein de l’école. Tout cela après avoir fait ta B.A. de la semaine en participant à la Sol’Inté de SOS (Savoir Oser la Solidarité) : tu aideras leurs projets en vendant divers goodies dans le centre-ville de Grenoble.

19 septembre

La semaine d’intégration se clôturera en beauté avec la soirée 6 to 6 organisée par Nymphony. Le principe est simple : la soirée dure de 18h à… 6h.

20-21 septembre

Le week-end s’annonce encore bien animé. Le samedi ICO organise sa deuxième sortie, au Lac de Paladru cette fois. Le moment idéal pour chiller au bord de l’eau, faire le lézard au soleil, discuter tranquillement avec les Gémiens. Après cette journée de repos, le BDS vous remet au défi le dimanche avec l’organisation d’une randonnée à pied.

25 septembre

Le jeudi arrive à grand pas… Jeudi = SAT (Soirée A Ticket pour les non-initiés). Cette SAT est la première d’une longue série. Un conseil ? Range tes talons, robes, chemises, le dress code : bottes en caoutchouc et habits adéquats car tu pourrais vite regretter de t’être mis sur ton 31 (et puis tu seras grave sexy tout de même, ne t’en fais pas). Comme tu le vois, tu n’auras pas le temps de t’ennuyer. Profite de ces premières semaines comme il se doit. Et encore une fois, bienvenue à toi. Désormais, tu es des nôtres.

Gaëlle Coutout

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école

Bienvenue aux

Bienvenue aux campagnards Si, comme moi, tu prends le bus depuis la sixième à travers champs (et que, si tu le rates, le suivant est dans une heure), que les chevaux du haras voisin passent devant chez toi, ou encore si tu manges les légumes de ton potager, alors oui, ici, à GEM, tu auras parfois l’impression d’être regardé comme un alien. Car, tu l’apprendras vite, le non citadin (ou plus exactement le non parisien) se fait assez rare dans les couloirs. Mais,

comme on dit, « ce qui est rare est cher », tu es donc précieux petit campagnard. Alors, face aux piques que pourrait te lancer ton petit camarade de la capitale, ne te laisse pas faire, et souviens-toi de cet humble dicton pour le remettre en place, non mais.

Bienvenue aux citadins Habitué à la rumeur des voitures, à prendre le tram ou le métro, familier des paysages d’immeubles et des vitrines, tu n’es pas à proprement parler minoritaire à GEM ! Mais je pense à toi qui ne connais pas la Nature et qui dois te sentir un peu perdu au milieu de nos belles montagnes. Comme elle doit te paraître loin, ta capitale chérie ! Ne crains rien : même si le wifi gémien te fera peut-être croire que tu as définitivement atterri au milieu de la cambrousse, il n’en est rien. Dans la ville,

Welcome to Anglophiles You may come from a literary prep school where you studied Shakespeare all day long with joy and pride. You may come from a foreign country where you could spend your life listening to the beautiful music of this language. Or you may just be an “Anglophile” and simply be in love with the Anglo-Saxon

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culture. In which case, lucky you! You have just arrived in a school where the BDE actively celebrates US culture, where foreign and French students live side by side, and where you get the chance to study all courses in English if you wish.

tu pourras avoir la fibre (parfaitement, monsieur) et vivre dans un studio comme tout étudiant normalement constitué. Et si TA ville te manque vraiment trop, on n’est qu’à cinq minutes de la gare, à GEM... Et peut-être que tu rentreras souvent les premiers temps, mais je te promets que tu te sentiras vite chez toi parmi nous. Et qu’un jour de brouillard en novembre, toi aussi tu te surprendras à paniquer en ne voyant pas les montagnes au loin.


minorités

école Alice Lacroix, Guillaume Deysine & Sarah Monier

Bienvenue aux nains Si toi aussi tu es timide même en-dehors des entretiens de motivation, s’il t’arrive d’être nerveux voire grincheux quand tu es confronté aux profs… Si tu n’aimes pas être pris pour un simplet… Tu as ta place à GEM ! Nous avons hâte de te découvrir, de voir qui tu es. Allons-nous avoir affaire à un dormeur flemmard ou à un joyeux larron ? A un allergique qui ne peut s’arrêter de faire atchoum quand vient le printemps ? A un éternel stressé

dont la peau devient blanche neige sous la pression ? On espère surtout que tu as le sens de l’humour et que nos bons mots te feront rire. Car bien sûr, nous ne sommes pas tous dotés des mêmes attributs… mais il serait dommage de se vexer si quelques centimètres te font défaut. A la manière d’un Tyrion Lannister, tu peux toujours te servir de ta tête et de ton esprit pour compenser !

Bienvenue aux Passerelle On vous fera peut-être croire que vous n’avez pas votre place ici, ou pire, que vous l’avez volé à d’honnêtes prépas… Vous entendrez peutêtre de petits rageux qui essaieront de clasher votre filière. Mais si je m’adresse à vous ici, c’est pour vous dire que vous n’êtes PAS une minorité. Vous représentez à peu près un tiers de la promo, un tiers avec lequel faut compter ! Alors laissez tomber ceux qui sont trop déçus parce qu’ils visaient HEC :

vous, vous savez pourquoi vous êtes là, et vous allez vous éclater plus qu’eux ! Pendant qu’ils pleurent sur les parisiennes, profitez de votre année. Bientôt on arrêtera de vous demander ce que vous avez fait l’an dernier, on vous demandera quelles sont vos assos, et vous verrez que vous serez aussi bien intégrés qu’eux – voire mieux, puisque vous n’aurez pas perdu de temps à vous lamenter.

Bienvenue aux roux Camarades, relevez la tête : votre heure est arrivée. Vous avez peutêtre subi moqueries (la rouxtine quoi), insultes, jalousies maladroitement déguisées… Mais GEM est le lieu où vous pourrez prendre le pouvoir. (Je parle d’expérience.) Et puisque nous n’avons pas d’âme, ne nous encombrons pas de pitié ou autres « sentiments ». Inspi-

rons-nous de notre père le Diable, et levons-nous pour enflammer tout ce que nous toucherons. Camarades, soyons la flamme haute qui brûle à GEM, symbole de puissance et de réussite. On nous remarque, autant en profiter ! Camarades, je vous souhaite la bienvenue. Soyez fiers de porter nos couleurs.

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école « T’as pas d’asso, t’as pas d’asso... » Marre d’entendre les 2A te rappeler ta condition inférieure ? Pas d’malaise, les recrutements arrivent. La vraie question est : comment être certain(e) de faire le bon choix ?

Je ve une a

JE VEUX UNE ASSO... professionnalisante S’amuser, c’est bien, capitaliser, c’est mieux ! Il existe à GEM différentes associations qui peuvent permettre à leurs membres d’acquérir des compétences ou une expérience facilement valorisable sur un CV. En tête de file, on trouve bien sûr la JAÏ, notre Junior Entreprise, mais aussi AMD Job, le GEM Store, Job Odyssey, ou encore Planètes et l’Espace (voir aussi les assos événementielles).

JE VEUX UNE ASSO... engagée JE VEUX UNE ASSO... sportive Certains d’entre vous aiment peut-être tellement le sport que ça ne leur suffit pas d’en pratiquer : vous voulez aussi pouvoir en parler toute la journée, organiser des événements autour de ça, et permettre aux autres d’en pratiquer. A GEM, il y en a pour tous les goûts : le BDS, à la fois spécialiste et généraliste, Altigliss, qui se concentre sur les sports d’hiver, et ICO, qui réussit le tour de force de permettre aux Gémiens de faire des sports nautiques à la montagne.

En toi sommeille un indigné qui ne demande qu’à s’exprimer, un battant prêt à tout pour défendre la cause qui lui tient à cœur. Tu cherches une asso qui partage tes valeurs et ton sens des responsabilités. Tu te feras peut-être une place dans l’un des nombreux projets internationaux ou locaux de SOS, ou en t’engageant aux côtés d’ImpAct, ou en débattant chez Gem En Débat, ou en écrivant avec Xpression.

JE VEUX UNE ASSO... où on crée quelque chose Et pourquoi pas ? Sache qu’Xpression n’est pas la seule chanceuse à publier un journal ou à diffuser quelque chose auprès des Gémiens. La Zone Art publie à elle seule 3 journaux (Artamag, Voix Off et le magazine d’Avant-Garde), sans parler de Micro-Ondes qui anime des émissions de radio qu’elle diffuse ensuite sur le net, du pôle théâtre qui crée des spectacles, ou de Jam’In, de la CoMu, de Nymphony, qui créent de la musique. On le sait moins, mais Traders a également son journal, le Crack 40. Millési’Mets tient un blog et crée de bons petits plats lors de cours de cuisine particulièrement appréciés des Gémiens.

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école On te l’a assez répété : à GEM, il y a des assos pour tous les goûts. Et quand on dit ça, on pense évidemment aux activités diverses et variées que pratiquent et organisent les vingt-quatre locataires du couloir. Ce à quoi on pense moins, ce sont les différences de nombre de membres, les opportunités liées aux assos, certaines caractéristiques que d’autres n’ont pas. Cher 1A, fais la liste de tes envies, nous avons fait la liste des assos qui pourront faire ton bonheur.

eux asso !

JE VEUX UNE ASSO... qui organise des fats événements Faire partie d’une équipe de malade, organiser un événement qui vend du rêve à tous les Gémiens, pouvoir mettre sur son CV que cet événement a rassemblé près de 1000 personnes... ce n’est plus un rêve, ça peut être une réalité si tu intègres une asso comme Altigliss, le Gala, Roots’N’Culture Nymphony Records ou la CoMu (3 pôles de la Zone Art). On citera aussi les assos qui ont le bonheur d’organiser seules ou accompagnées les fameuses Soirées A Tickets : Aloha, Altigliss, AMD, le BDS, SOS, la JAI, Job Odyssey, Enjeu.

JE VEUX UNE ASSO... culturelle L’art, tu le pratiques, tu l’aimes, tu veux en parler, tu n’as pas l’intention de le lâcher parce que tu es en école de commerce – et tu as bien raison ! Ami à l’esprit ouvert et acéré, tu pourras trouver ton bonheur bien sûr dans l’un des 9 pôles de la Zone Art, mais aussi pourquoi pas, à Xpression ou à Gem En Débat, voire au Dahu, qui célèbre à sa façon la culture grenobloise.

JE VEUX UNE ASSO... où on fait la fête, où il y a

une trop bonne ambiance, avec qui passer mes journées. Je veux un local où manger et dormir, je veux un week-end d’inté de malade, je veux du cœur cœur love et de la tize. Lucky you! S’il y a bien une chose sur laquelle tu es sûr de ne pas te planter, c’est celle-ci : quelle que soit l’asso que tu vas intégrer, sois sans crainte : on peut déjà te dire que tu vas bien t’y intégrer. Le vrai problème sera bientôt de la quitter pour aller en cours/dormir/faire ta vaisselle (rayer la mention inutile).

JE VEUX UNE ASSO...

gémienne

Toi, ce que tu veux, c’est une asso qui agit dans l’école, pour l’école, avec l’école. S’il est vrai que la très grande majorité des assos agissent pour l’école, avec des événements destinés aux Gémiens, certaines vont bien plus loin que d’autres dans la démarche. On citera notamment l’Espace, qui travaille en étroite collaboration avec l’administration, le BDE et les étudiants, le GEM Store, temple dédié aux goodies de l’école, Aloha, au service des étudiants internationaux, et le Gala, qui organise quand même un événement pour les diplômés.

Sarah Monier

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école

Les étapes vers les assos

On le répète, en école de commerce, une partie importante de la vie étudiante et de la formation passe par les assos. Et à GEM, c’est encore plus vrai qu’ailleurs ! Si tu veux rejoindre une asso gémienne, tu devras passer moult étapes. Décryptage !

Q

uelles que soient tes motivations - te faire des potes qui partagent au moins une passion avec toi, t’investir dans un projet qui te passionne, mettre en application tes cours théoriques dans des cas pratiques - tu as peut-être déjà repéré quelle asso t’intéressait. Certaines jouissent en effet d’une plus grande notoriété que d’autres (Altigliss est connue bien au-delà de Grenoble), et d’autres sont communes à toutes les écoles (toutes ont en effet un BDA, un BDS, une asso de solidarité, une asso de gastronomie, etc.). Sinon, ton premier contact avec l’asso surviendra pendant la semaine d’intégration. La journée des sports à la Bastille du BDS. Le Sol’inté de SOS. Et la journée d’intégration par les assos (où tu dois venir déguisé et en groupe, pour passer par différentes assos qui te font faire des petits jeux sympas). Mais tu seras probablement assez déboussolé par cet univers tout nouveau, et ce n’est pas le meilleur moment pour découvrir ce que font véritablement les assos au quotidien. L’intégration se termine par le fameux WEI (Week-End d’Intégration). Organisé par le BDE, il te faudra choisir le bus d’une association pour y aller. Les inscriptions se font

Des étapes tu devras franchir.

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dans les locaux des assos, et certains font la queue dès 8h du matin pour être sûrs d’avoir une place dans le bus de l’asso de leurs rêves ! Mais si tu n’as pas de place dans un des bus que tu convoitais, rassure-toi : ils vont tous au même endroit. Et tu ne seras pas recruté au nombre de limousins que tu peux enchaîner. Après le WEI, vient enfin le moment des recrutements : après une grande phase de découverte des assos, il est temps d’y entrer ! Les assos organisent des amphis de présentation, afin de clarifier leurs projets et les postes auxquels tu pourras postuler.

« Oui, on ne recrute pas n’importe comment dans les associations gémiennes » Pour postuler, tu devras remplir des fiches de candidature (tout cela est bien sérieux), et passer des entretiens. Oui, on ne recrute pas n’importe comment dans les associations gémiennes. Tu vas devoir passer d’inquiétants et angoissants entretiens, afin que des étudiants à peine plus âgés que toi puissent déterminer si tu es autorisé à rejoindre leur projet ou non. Mais pas de panique ! Les entretiens sont en fait une occasion de faire connaissance avec les étudiants déjà présents dans l’asso, pour déterminer si tu pourras travailler avec eux, et surtout le plus important (mais plus nébuleux) si tu as le fameux «esprit de l’asso». Ce concept est flou, mais il permet de savoir si tu pourras faire partie de cette confrérie étudiante. La vie associative en école vaut vraiment le coup, autant pour pouvoir participer à la vie de l’école et monter des projets passionnants que pour rencontrer des gens ! N’hésite pas à postuler, ton expérience gémienne n’en sera que plus riche.

Théo Knoepflin


école

Un sécheur sachant sécher… Le temps du labeur et des concours passé, tu es maintenant un Gémien. Et qui dit Gémien dit vie gémienne. Et elle est mouvementée, si bien qu’il arrive parfois (souvent) d’oublier qu’il y a aussi les cours, auxquels nous sommes « tenus » d’assister…

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ais le sommes-nous réellement ? L’idée est en tout cas terrifiante lorsqu’on avait prévu de profiter à plein temps de la vie grenobloise qui, au moins en théorie, rimait jusqu’ici et très logiquement plus avec grosse soirée et grasse matinée qu’avec comptabilité et MQAD. Tout d’abord, commençons par détruire certains mythes. Le « zéro » au-delà des trois cours manqués n’est rien d’autre qu’une fiction mise au point par l’administration pour répandre la peur et contraindre la foule à aller en classe. Ce qu’on sait moins, c’est qu’on peut sécher les cours et mener une vie heureuse à GEM. Pour autant, je vous l’accorde, cette vie n’est pas sans risques. Très vite, en effet, il arrive au sécheur ce que j’aime appeler le déni du sécheur, qui consiste à s’auto-rassurer en se répétant « qu’au pire, on verra de quoi parle ce module plus tard, que ce n’est pas grave… ». Généralement, après quelques temps, ce déni prend une forme plus aboutie qui est la suivante : « au pire, j’irai au rattrapage ». D’ailleurs, après celle du « zéro », c’est avant tout la peur du rattrapage qui motive le Gémien à se rendre en classe. En effet, beaucoup craignent le rattrapage plus que tout et ils t’en parleront comme s’il s’agissait d’une punition divine ou d’une maladie vénérienne. Tu seras donc mis à l’écart, ô misérable sécheur, simplement parce que tu refuses de cautionner ce système de la peur et de la punition qui nous renvoie aux heures les plus sombres

de notre école primaire, lorsque la maîtresse menaçait d’un « zéro » tout élève qui se montrait trop turbulent. On en attendait un peu plus de nos grandes écoles mais, après tout, nous sommes encore de grands enfants (et de grands paresseux). Mais toi qui n’es pas venu à GEM pour les cours, retiens ces quelques préceptes qui te permettront de sécher en toute tranquillité : - Les seuls cours qu’il ne faut pas manquer plus de trois fois sont ceux de langues et de théâtre. Pour tous les autres, il n’y a normalement aucun souci à se faire (après tout dépend du professeur). - Sécher un contrôle continu entraîne automatiquement un « zéro », c’est là une erreur de sécheur débutant et inexpérimenté. Elle peut te coûter un rattrapage de droit au deuxième semestre. Idem, bien évidemment, pour une épreuve de rattrapage. - Toujours envoyer un mail au professeur dont on a manqué le cours, quitte à inventer une excuse bidon. Le sécheur est un paresseux, mais un paresseux gentleman. - Enfin, ne jamais culpabiliser. Certains iront jusqu’à te rappeler le prix (exorbitant) de ces cours que tu manques. L’argument n’est pas valable puisqu’aller en cours pour passer deux heures sur Facebook n’est pas plus utile et « rentable » que de ne pas y aller.

« Ce qu’on sait moins, c’est qu’on peut sécher les cours et mener une vie heureuse à GEM »

Respecte toutes ces règles et, si tout va bien, on se voit au rattrapage ! Un sécheur

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école

Bienvenue dans

l’école du futur ! GEM n’est peut-être pas encore la Grande Ecole de Magie (voir Gem In Way n°49 pour davantage de précisions), mais avec son esprit d’innovation elle vend néanmoins du rêve. Petit tour d’horizon de l’école du futur.

de renouveau incessante de la capitale des Alpes). « Ville internet » nous informe le panneau complété d’une série d’arobases lorsque nous entrons dans Grenoble. Bon, le wifi est quand même pourri, je ne veux pas te faire de faux espoirs.

A

GEM, « innovation » prend un grand « I ». Le concept est au centre de nombreux cours, de tout discours officiel et d’une longue liste de plaisanteries entre étudiants (« innovons, tentons le thé au lait à la machine à café ! ») L’esprit de l’innovation qu’on peut mettre en parallèle, sans le confondre pour autant, avec une vision futuriste est également transmis visuellement, comme avec notre entrée top design (qui ne sera pas du tout pour te rappeler le métro parisien, pas si futuriste que ça) ; car à GEM, l’innovation, nous la vivons. Ainsi, cette conscience de l’innovation et de la vision futuriste est une qualité que chaque gémien se doit de cultiver. Tu prêteras donc particulièrement attention à toute apparition des termes « internet », « nouvelle technologie », et, bien sûr, l’indémodable « innovation ». D’ailleurs, je suis certaine que tout comme moi tu as été frappé(e) dès tes premiers pas à Grenoble par l’aspect futuriste (enfin, moderne) de cette ville, Grenoble 2. 0. (qui rime avec « toujours en travaux », démontrant la capacité

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Revenons-en à GEM. 1A, pendant tes oraux on a pu te torturer avec la question : « pour vous, qu’est-ce que l’innovation ? », et, suant dans ton tailleur trop serré, tu rêvais de pouvoir desserrer ta cravate pour pouvoir avaler ta salive et articuler : « l’innovation, alors, je dirais, enfin, voilà, chacun sa définition, en tout cas quelque chose de NOUVEAU ». Certes. Mais encore ? Si tu n’avais pas encore compris l’idée à l’époque de ton admissibilité, les cours et auditos seront là pour t’aider à l’intégrer pleinement, ou pour t’embrouiller dans une liste de définitions toujours nouvelles. Parce qu’en réalité c’est vraiment un peu chacun la sienne.

« Evoluer horizontalement dans l’école du futur » Et si à GEM les objets futuristes fourmillent, ils démontrent aussi qu’innover pour innover n’est pas toujours garant de progrès. Les superbes bornes interactives sur lesquelles tu te jettes, déjà en retard, pour pouvoir te ruer en cours - dans la bonne salle - élève assidu(e) que tu es, sont juste un exemple de la technologie qui te lâche toujours au pire moment. Mais, heureusement, les cours de management de l’innovation ou bien encore des technologies de l’innovation ainsi que les présentations officielles t’éclairciront tous les aspects de l’innovation. C’est dans la liste fournie par ces cours que j’ai d’ailleurs choisi ma définition préférée : « évoluer horizontalement dans l’école du futur ». Libre à toute interprétation.

Anna-Luisa Vogt


école

Intranet, wifi… et GEM Paradoxalement à l’école de l’innovation, les légendes sur le wifi sont légions et les préjugés sur l’intranet, tenaces. Faisons une petite enquête des divers réseaux et outils informatiques de notre chère école pour démêler le vrai du faux.

« Le légendaire wifi gémien […] fait entrer les étudiants dans des rituels vaudou superstitieux »

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A tu as dû découvrir, peut-être avec effroi l’intranet gémien lors de ton inscription. Cette usine à octets, fort éloignée des designs sobres et épurés du web dit « 2.0 », peut faire peur la première fois. Pourtant tu devras l’appréhender toute ta scolarité, et tu finiras peutêtre même par lui trouver un charme propre aux anciens sites web tous manuellement codés en HTML. Cependant avant d’accéder à ce puissant réseau encore faut-il pouvoir s’y connecter. C’est là qu’entre en jeu le légendaire wifi gémien. Globalement il est haï de tous, il te fera pester un nombre incalculable de fois. Il fait entrer les étudiants dans des rituels vaudou superstitieux pour améliorer leur connexion : en gros on voit des étudiants errer de bloc en bloc, de salle en salle en essayant frénétiquement de trouver un meilleur signal en agitant leur PC dans les airs. On comprend mieux pourquoi les PC sont légers maintenant…

Il faut dire que la connexion de 200 Mbps de l’école est relativement puissante, sauf si l’on prend en compte que potentiellement 3000 appareils peuvent y être connectés en même temps, cela donne alors un débit de 6ko/s par personne, soit moins qu’une bande passante Edge (téléphone non 3G) ; tout de suite on est moins tenté de télécharger une série en HD. Une fois connecté on peut accéder à la puissance d’internet. Enfin au moins à une partie, il ne faudrait pas qu’un public à 99% majeur puisse explorer des sites où l’on peut… tenez-vous bien, rire ! Ou encore accéder à des contenus un peu « olé olé ». Et non, pas de porno au fond de la classe, désolé le petit pervers, si si je t’ai vu (si t’as besoin de matos contacte le 0600000000). La rentrée, c’est aussi le moment excitant où l’on doit remplir une foule de « campagnes ». Choix d’orientations, de spécialités, de cours, … bref tout plein de choses à remplir avec des cases, des validations, des validations de validations et des dizaines de mails de notre chère administration nous expliquant promptement les démarches ésotériques réservées au monde des formulaires. On peut quand même se targuer de ne pas avoir à les faire sur papier et qu’internet, malgré la solitude qu’il inspire lorsque nous remplissons nos cases désormais électroniques, nous simplifie amplement la tâche. Cependant la crainte de l’erreur existe toujours et il faudra se montrer attentif si l’on ne veut pas être convoqué dans l’antre administrative du rez-de-chaussée. Mais n’exagérons rien, le wifi gémien sauve la vie de beaucoup d’étudiants chaque année, il permet d’avoir une connexion quand il n’y en a plus chez soi et en dehors de certains pics d’affluence, il reste fonctionnel et au final on s’y habitue ; on finit même par l’apprécier.

Julien Bretin

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Société

Des odeurs dans l’espace

Qui n’a jamais rêvé petit d’être cosmonaute ? La NASA ou encore l’Agence Spatial Européenne, que de grandes choses à accomplir pour ces agences qui nous font fantasmer et qui joueront un rôle grandissant dans l’avenir. Mais si la « conquête spatiale » est, à terme, l’un des grands buts de l’humanité, que sait-on vraiment de l’espace ?

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ous avons effectivement bien des préjugés sur ce qu’on appelle en cosmologie « l’espace », c’est-à-dire les zones de l’univers situées au-delà de notre atmosphère. L’un d’entre eux, que nous devons très probablement à la représentation très poétique que nous nous faisons des corps célestes, est le suivant : l’espace est inodore.

Le sujet a donc beaucoup intéressé les Américains qui ont été jusqu’à employer des chimistes pour recréer cette odeur dans la Station Mir et ainsi habituer les cosmonautes aux senteurs de l’espace. L’expérience a rencontré des limites dans la mesure où nous n’avons encore qu’une connaissance très faible du fonctionnement de notre odorat dans l’espace.

A vrai dire, il ne l’est pas du tout. Bien au contraire, l’espace aurait une odeur bien particulière. C’est en tout cas ce que rapportent des astronautes américains qui, après plusieurs sorties dans l’espace, ont remarqué que leurs combinaisons et leurs outils dégageaient une certaine odeur qu’ils n’avaient pas avant. Ces derniers se sont d’ailleurs montrés assez précis quant à l’odeur qu’ils avaient découverte sur leur équipement, puisqu’ils auraient senti et identifié des odeurs de « steak brûlé », de « métal chaud », de « fumée de soudage », ou encore de « souffre ». Au grand dam des fans de Star Wars, on peut alors tirer la conclusion suivante : l’espace ne sent pas bon. Il pue la viande brûlée et le métal en décomposition. Malgré tout, et pour consoler les adorateurs de Georges Lucas, l’un des cosmonautes, Don Pettit, a beaucoup apprécié l’odeur qu’il a qualifiée d’« agréable et douce sensation métallique ». Son témoignage est disponible sur internet.

Pour autant, les « simulations olfactives » se poursuivent et de plus en plus loin. Des scientifiques, dans ce sens, cherchent actuellement à recréer les odeurs qu’on pourrait rencontrer sur Mars ou sur la Lune. Tout ceci fait rêver : à défaut de pouvoir s’y rendre, on pourrait au moins sentir l’odeur qu’on trouverait un peu partout dans le système solaire. Des études qui avancent et qui donnent d’ailleurs des conclusions étonnantes puisque des chercheurs ont prouvé, suite à l’analyse des molécules qui le composent, qu’un nuage au centre de la Voie Lactée avait de grandes chances de sentir le rhum et la framboise. On en déduit que l’odeur n’est pas la même selon l’endroit où on se trouve dans l’espace et qu’en allant plus loin, on pourrait en découvrir de très agréables. Et si la Lune sentait la fraise, et Mars le pain sortant du four ? Voilà de quoi faire baver les astronomes les plus gourmands parmi nous.

«On peut alors tirer la conclusion suivante : l’espace ne sent pas bon. Il pue la viande brûlée et le métal en décomposition»

Simon Maarek

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Société

Le job d’été chez Total :

immersion dans un grand Avoir un père qui travaille chez Total, ça offre la possibilité de travailler un mois dans le groupe – une sorte de piston revendiqué, et présenté comme « a once in a life-time opportunity », diraient les Américains. J’en ai profité cette année, et j’ai passé le mois de juin au département Achats de la Direction Industrielle de la branche Raffinage/Chimie. Rendez-vous à la tour Coupole à la Défense le lundi à 9h, et roulez jeunesse.

L’intérimaire, cet être hybride Dans la théorie, les jobs d’été chez Total sont des contrats intérim bien cadrés, qui contiennent une interdiction formelle de dépasser les 35h par semaine – pas d’heures sup’ – et prévoient principalement des petits travaux administratifs. Le mien indique « archivage et classement ». Dans les faits, mon tuteur repère immédiatement ce qu’il appelle mon « profil école de commerce », s’empresse de me demander si je sais utiliser Excel (je dis oui sans réfléchir, je m’en mordrai les doigts plus tard, seule face à des instructions en hébreu qui parlent de tableau croisé dynamique) et m’annonce que je vais être intégrée à une équipe de projet informatique, parallèlement à des travaux de traitement de données sur Excel. Concrètement, on me fait comprendre que si je veux travailler, il y a du travail, et que je peux profiter de ce « job

d’été » pour acquérir une vraie expérience qui soit intéressante pour moi. Tout le mois se passe donc en équilibre entre le statut d’intérimaire (il ne faut pas trop lui en demander la pauvre) et de stagiaire (tu ne vas quand même pas compter tes heures !).

Bon sang, mais c’est comme à GEM Premier choc : les (très) nombreuses ressemblances entre la vie à Coupole et celle que l’on mène à GEM. Outlook règne en maître sur la tour et ses occupants, écrasant tout le monde sous le poids de ses dizaines de mails quotidiens et de ses réunions incessantes. Sauf que chez Total, on est un niveau au-dessus : les réunions se font non seulement en face à face, mais aussi par visio conférence (comprenez : à distance mais avec une caméra), et surtout – comble de l’horreur – par « conf call » : conférence téléphonique avec haut parleur. Le must et le truc le moins pratique de l’univers. Ajoutez à cela le téléphone classique et le chat interne de Total (via Microsoft Lync), qui remplace les messages Facebook, et vous aurez une assez bonne idée du bazar que représente la communication interne au sein du groupe. Quand on n’est pas en réunion et qu’on arrive à bosser

« Premier choc : les (très) nombreuses ressemblances entre la vie à Coupole et celle que l’on mène à GEM »

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Société

groupe français (très très rare), on retrouve la domination du PPT, qui sévit autant dans la tour qu’à GEM, partagée ici avec Excel (plus rare à l’école). Mais là où c’est très étonnant, c’est qu’il y a dans chaque équipe un individu qui ne maîtrise pas ces outils. Le reste de la troupe file pendant qu’il se débrouille comme il peut, perdant du temps avec des choses très simples (la vitesse de frappe sur clavier peut faire vraiment peur). Avant de commencer ce job, je pensais sincèrement qu’il existait un fossé énorme entre le travail qu’on effectue à GEM et celui qui peut être effectué en entreprise – surtout dans un groupe tel que Total. Mais en réalité, non seulement les pratiques sont assez semblables, mais les difficultés aussi, et les dysfonctionnements sont relativement les mêmes : des retards chroniques, des problèmes de communication, des gens qui n’arrivent pas à s’entendre, des problèmes de salle, des problèmes de wifi (véridique !)… Quand, en réunion, mon tuteur a voulu m’expliquer ce qu’était un GANTT et pourquoi c’était embêtant d’être en retard dessus, j’ai bien ri. T’inquiète, je connais…

La grande et belle famille Total Le tableau que je dresse prête peut-être à rire. Mais la très grande différence qui existe entre l’école et la vraie vie, ce sont les enjeux. Dans un groupe tel que Total, un projet à 10 000 €, ça fait sourire. C’est négligeable. Quand on est un homme, un vrai, on brasse des millions, on gère des plannings où chaque journée coûte plusieurs milliers d’euros. On gère des projets qui ne concernent pas son petit département, mais la branche entière (le groupe est composé de plusieurs branches : Raffinage/Chimie, Marketing/Services, Exploration/Production…). Avec impact direct sur les résultats financiers de Total France (qui ne sont pas bons, ce n’est pas un secret). Il y a chez Total le souci d’impliquer chacun de ses employés, de les rendre attachés au groupe, et soucieux de son avenir. Quand le grand patron fait un communiqué vidéo pour annoncer des changements dans la hiérarchie,

il parle des personnes concernées comme de vieux amis (« Christelle a fait preuve d’un grand sens des responsabilités lors de sa mission »). Des écrans sont installés dans les couloirs et le hall d’entrée pour communiquer sur ce qui se passe au sein du groupe, que ce soit en France ou à l’étranger.

« Chez Total, on doit être fier d’appartenir à un grand groupe français, et se montrer digne de lui » La culture de groupe fait partie de l’ADN de la boîte, qui se veut une « famille » (le terme est utilisé) plutôt qu’une entreprise. On différencie bien les associés externes des « vrais » employés. Mais au cas où, dans l’ascenseur, on fait preuve de civilité avec tout le monde. Bonjour, bon après-midi, bonne soirée, bonne journée, bon courage. On ne se connaît pas mais on se serre les coudes. On est fier d’appartenir à un « grand groupe français » et on se montre digne de lui. (Ce qui n’empêche pas les ragots de couloir, les querelles de pouvoir et les petites piques derrière le dos, je m’empresse de le préciser.)

Mon bilan J’espère que vous aurez compris que ce « témoignage » ne visait pas à vous convaincre que Total c’est le rêve, ni à vous en dégoûter. Je finirais simplement par un conseil donné par mon tuteur là-bas : travailler dans un grand groupe comme celui-ci, dans une grande tour de bureaux comme celle-là, alors qu’on est à peine diplômé, c’est aller un peu vite en besogne. Il faut être armé pour se confronter à cet univers, il ne faut pas être naïf, ni trop ambitieux. Sinon on se fait dévorer tout cru. A bon entendeur…

Sarah Monier

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Société

L’Opération Ajax

Ou comment les Etats-Unis d’Amérique se sont pris un des plus grands retours de bâton géopolitique de l’histoire !

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n 2012 sortait le film de Ben Affleck « Argo », lauréat de l’Oscar du meilleur film 2013. Ce que ce film avait aussi de remarquable, malgré l’inévitable touche patriotique (on parle quand même du mec qui flingue du Japs en chemise Hawaïenne dans Pearl Harbor), c’est de sortir du placard une histoire oubliée, et néanmoins fondamentale pour comprendre en partie la position de l’Iran vis-à-vis de l’Occident, et des USA en particulier. Pour la plupart d’entre nous, l’histoire commence lors de la crise des otages en 1979, où 52 citoyens américains ont été retenus captifs pendant 444 jours, au sein de l’ambassade des Etats-Unis, durant la révolution Islamiste. En a résulté un refroidissement considérable des relations entre les deux pays et un état de quasi-guerre qui n’a commencé à se détendre qu’avec l’élection du modéré Rohani l’année dernière. Mais pour les Iraniens, l’histoire commence dès

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les années 50. En 1951, l’Iran porte à la dignité de premier ministre Mohammad Mossadegh, président du « Jebhe-ye Melli », sorte de « Front National socialiste ». L’Iran sort d’une occupation Anglo-Russe non provoquée (1941-1945), qui n’a été menée que pour sécuriser le pétrole du pays afin d’alimenter le front Russe. Et bien évidemment, à la fin de la guerre, les Anglais, s’ils ont libéré le pays, ont épargné aux Iraniens la lourde tâche de gérer leurs ressources pétrolières. Celles-ci sont toujours aux mains de l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC, future BP) dirigée par l’Amirauté britannique. Dans ce contexte, Mossadegh demande la conduite d’un audit des comptes de l’AIOC qu’il suspecte de ne pas payer toutes ses redevances à l’Etat. Devant le refus de la société de coopérer, Mossadegh rehausse ses demandes, puis nationalise alors carrément l’ensemble des actifs iraniens de l’AIOC. Les Anglais vont donc aller pleurer dans les jupes d’Oncle Sam qu’un salaud de musulman, à tendance Rouge en plus, lui a piqué leur jouet.


Société

Fun Fact En 1988, à la fin de la guerre, l’Iran et les USA se testent régulièrement, les premiers en tirant sur les seconds dès qu’ils violent leurs eaux territoriales. L’USS Vincennes, à l’intérieur des eaux iraniennes, vient secourir son hélicoptère qui venait d’aller narguer d’un peu près les garde-côtes iraniens. Tout à coup, l’opérateur voit un spot sur son radar, l’identifie comme un F-14, et l’USS Vincennes l’abat. C’était un A300 d’Iran Air, dans son couloir aérien. Résultat des courses : 290 morts, dont 66 enfants, le capitaine du Vincennes médaillé et Bush qui assure que jamais les USA ne s’excuseront. Eisenhower adore l’idée d’organiser un coup d’état afin de renverser un gouvernement démocratiquement élu pour établir une dictature plus sensible à ses intérêts (ça deviendra une tradition US, un peu comme Thanksgiving, allez donc demander aux Guatémaltèques ou Chiliens ce qu’ils en pensent). En 1953, l’opération Ajax est lancée, dirigée depuis l’ambassade des Etats-Unis. Le gouvernement est reversé, le Shah d’Iran recueille alors les pleins pouvoirs et installe un régime dictatorial. Le bilan du Shah à la tête de l’Iran est relativement contradictoire. Oui, sous son règne, le pays va vivre un essor économique sans précédent (semblable à la Corée du Sud de Park). Un important train de réformes économiques, sociales et culturelles passe, notamment concernant l’éducation (école obligatoire pour les filles !). Mais en définitive, le volet politique ne profite qu’à une petite élite et l’écart avec les masses se fait abyssal, alors que le rythme soutenu du volet social mécontente rapidement la population la plus traditionnaliste. Pour ne rien arranger, la censure est reine, le pluripartisme interdit, et la police secrète « Savak » possède les pleins pouvoirs. Ainsi, dès 1977, d’imposants mouvements de contestation apparaissent à travers le pays, et en 1979, on rattrape le fil de l’histoire connu : révolution islamiste et crise des otages. Les gardiens de la révolution admettront plus tard que la seule raison de cet assaut était de débusquer d’éventuels agents de la CIA pour prévenir un

scénario semblable à 1953. L’histoire d’amour entre les US et l’Iran aurait pu s’arrêter là, mais si la Maison Blanche ne pouvait plus intervenir depuis l’intérieur, elle le fit depuis l’extérieur. En profitant de la crainte du monde arabe d’un irrédentisme chiite de la part de l’Iran et de la volonté de Saddam Hussein de faire main basse sur la région pétrolière du Khuzestan, ils fabriquèrent un conflit entre l’Iran et l’Irak. Commence alors la plus grande guerre conventionnelle depuis la Seconde Guerre Mondiale, et l’Irak se retrouve financé massivement par les USA, et bien qu’étant le pays le plus puissant de la région, n’arrive pas à gagner et décrète un cessez-le-feu. L’Iran ne le reconnaitra pas et envahira à son tour l’Irak afin de réduire sa puissance et répandre son modèle de république islamique. Cet épisode a cristallisé l’aversion actuelle des Sunnites de la région (Qatar et Arabie Saoudite en tête) contre l’Iran.

« Le régime des Mollah a beau être détestable, leur défiance et leur radicalisation est malheureusement compréhensible »

Alors, bien évidemment, le régime des Mollah est contraire aux principes de la démocratie, radical dans sa vision de l’Islam, d’Israël, ou des femmes et de notre point de vue, il est détestable. Néanmoins, étant donné ce qu’ils ont subi de l’Occident, leur défiance et leur radicalisation est, si malheureuse, compréhensible. Il convient de garder ça en tête avant de se dire « Putain, ces Arabes font chier… ». D’autant plus que si vous dites à un Iranien qu’il est Arabe, sa réponse va vous faire drôle.

Thomas Sghedoni

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Société

Les armes aux US : Une tradition devenue fardeau Vaste débat qui fait couler de l’encre depuis des décennies, qui renaît à chaque nouveau drame et pourtant la politique de l’autruche paraît faire des émules.

Un contexte bien différent

Une société divisée

Aux Etats-Unis, porter une arme est un droit constitutionnel. Le deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique stipule bien que l’autodéfense par les armes est essentielle : « a well regulated militia being necessary to the security of a free State, the right of the People to keep and bear arms shall not be infringed. ». Il est donc ancré dans l’identité de tout citoyen qui se respecte. Les chiffres sont d’ailleurs bien révélateurs : 300 millions d’armes à feu pour 318 millions d’habitants. La culture des armes à feu est adoptée par 40 % des ménages américains. (En France, le nombre d’armes à feu en circulation s’élève à un peu plus de trois millions, du moins dans l’économie non-souterraine).

Ce thème ne cesse de creuser le fossé entre les partisans de l’éléphant et les défenseurs de l’âne. Les deux partis ont une conception bien différente de cet amendement. Selon les Républicains, le port d’armes est un droit inaliénable semblable à celui de la liberté d’expression ou la liberté de culte. En revanche, de l’autre côté de l’échiquier, les Démocrates préconisent une limite de ce droit qui ne pourrait être exercé que dans le cas d’une milice bien organisée. La guerre entre les camps est féroce. Ainsi, deux sénateurs démocrates du Colorado se sont vus destitués de leur fonction suite à leur vote pour un durcissement de la loi sur les armes.

Obama élu meilleur vendeur d’armes du pays Ce cher Barack s’était donné comme objectif de résoudre ce problème majeur durant son second mandat. C’est un échec cuisant et le résultat est diamétralement opposé à ce qu’il prévoyait. Craignant une possible évolution vers le durcissement de la loi, de nombreux Américains se sont rués dans les magasins d’armurerie pour s’équiper avant qu’il ne soit trop tard. L’effet Barack est loin d’être unanime…

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Société Des lobbies surpuissants Les lobbies les plus puissants sont la National Rifle Association (NRA) et la Gun Owners of America (GOA). Ces derniers exercent des pressions sur les sénateurs républicains pour faire renoncer ceux qui approuvent la vérification des antécédents des propriétaires d’armes à feu. La NRA ne compte que quatre millions d’adhérents (soit moins d’1,5% de la population) et pourtant ils ont une influence indéniable sur la politique américaine. Dotés de plus de 220 millions de dollars, ils tirent les ficelles des marionnettes républicaines pour ne pas céder à la tendance soutenue par le président.

Les drames se suivent et se ressemblent

A chacun son arme

Newton, Aurora, Columbine et malheureusement la suite est bien trop longue pour être développée. Les tueries se succèdent et pourtant rien ne bouge. Pour protéger ces victimes potentielles (les enfants notamment), la NRA ne souhaite pas massifier les contrôles mais installer des gardes armés dans chaque école... Un fou peut bien se procurer une arme quand il le souhaite, même dans les pays où le port d’une arme est limité me rétorquerez-vous. Certes, cependant les accidents sont décuplés par l’accès illimité aux armes. Un chiffre révèle bien la situation : 30 000 morts par an. Pourtant, il existe une corrélation entre les tueries et les ventes d’armes. Après le drame de Newton, les ventes d’armes à feu ont connu une croissance inédite. La possession d’armes paraît être la seule réponse au sentiment d’insécurité pour une majorité d’Américains.

Grand, petit, rose, il y en a pour tous les goûts. Comme si ces petits bijoux étaient de véritables jouets. Les fabricants d’armes essayent de plus en plus de séduire les femmes : pistolet ultra-léger en titane à crosse rose bonbon, taser en peau de léopard, les armes deviennent un véritable accessoire de mode. Elles ont même leurs propres groupes, elles font alors partie des « Pistol Packing Ladies » ou des « Shootings Divas ». Que ce soit par affirmation de soi féministe ou par peur de l’insécurité, la mode est au flingue. Néanmoins, les enfants ne sont pas en reste. Il existe, en effet, un véritable business florissant dans la vente d’armes pour enfants de quatre à dix ans. Ce qui paraît totalement impensable en Europe est une réalité aux Etats-Unis avec la marque Crickett. Cette dernière vend la gamme « My Little Rifle » aux garçons, filles, ainsi que des manuels de tir. Vaste programme.

Gaëlle Coutout

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Société

Beauty in process Avec la Coupe du Monde, les yeux de celui-ci se sont une nouvelle fois tournés vers l’Amérique du Sud et les millions déboursés là-bas. Zoom sur une somme pas moindre qui sert chaque année un but unique, la fabrique de la beauté.

I

l n’y a pas de personnes moches, il n’y a que des personnes pauvres, ou trop paresseuses. Tel est le nouveau credo de plus d’un concours de beauté des rues de Rio de Janeiro, Caracas ou Sao Paulo. En effet, l’Amérique Latine, à mesure que son pouvoir d’achat augmente, présente au monde son plus beau visage. Retouché. Désormais plus de la moitié des jeunes femmes de la classe aisée du Brésil ou du Venezuela consulte pour corriger ce que la nature ne leur a, d’après elles, pas offert en quantité assez importante, ou au contraire trop importante. Egalement en forte augmentation : le nombre de « Beauty Schools », établissements enseignant le maquillage et la féminité aux jeunes vénézuéliennes, et ce dès l’âge de quatre ans. La discipline y tient une place importante, après tout il s’agit de préparer la nouvelle génération aux concours de beauté nationaux et internationaux. Le Venezuela est d’ailleurs réputé être le « berceau des

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miss ». Le pays peut se vanter de 8 Miss Univers et 6 Miss Monde, autant qu’aucune autre nation. Quand on pense à la somme qui chaque année trouve le chemin des portemonnaies des femmes – et hommes – sud-américains aux caisses des docteurs des nouveaux canons de beauté, elle se chiffre probablement à des centaines de millions. Mais à côté on condamne les millions qui coulent dans une façade de stade plutôt que dans un hôpital. Quelles explications peut-on trouver à ce phénomène ? Examinons le rapport entre les pays émergents et le culte (démesuré) de la beauté. Si le Brésil et le Venezuela sont les représentants les plus célèbres, les pays arabes émergents, en tête le Liban, encouragent eux aussi tout médecin à reconsidérer sa vocation de cardiologue pour la chirurgie esthétique. Pourtant, dans un pays comme le Venezuela, où plus d’un tiers de la population vit dans la pauvreté, comment expliquer les sommes astronomiques, pour le niveau de vie local, déboursées pour quelque chose d’aussi éphémère et en soit non essentiel à la survie que la beauté ? Comment expliquer qu’il est possible d’obtenir un crédit pour du botox mais pas pour un semestre d’études à l’étranger ?

« La beauté EST un facteur important pour la survie » Parce que justement, dans ces pays, la beauté EST un facteur important pour la survie, sociale avant tout. Elle détourne l’attention des tracas de la vie de tous les jours. Pour les femmes, surtout, elle constitue également un capital à cultiver. Celle qui veut du pouvoir doit prouver qu’elle en est digne, par son physique, la perfection de ce dernier étant bien souvent son seul espoir d’ascension sociale, comme l’analyse Mirian Goldenberg, anthropologue brésilienne. Personne n’y échappe. Pas même Dilma Roussef.

Anna-Luisa Vogt


Société

Ces dates qui ont fait la France

2014, les 70 ans du débarquement, mais pas que ! 2014, c’est aussi les 800 ans de Bouvine ! Une époque où l’Europe n’avait pas grandchose à envier à Westeros.

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epuis le début de l’été, on ne parle que de ça, des 70 ans du débarquement, d’Omaha Beach et de savoir si Poutine et Obama seront capables de ne pas s’écharper sur l’estrade (remarquez, ça collerait au thème). Mais ce sont aussi les 800 ans de Bouvine, une date qui a fait la France, au moins autant que de D-Day. Remettons les choses dans leur contexte. En 1214, cela fait près de 40 ans que notre bon roy Phillipe II Auguste se bat pour réparer l’immense connerie qu’a fait son père en divorçant d’Aliénor d’Aquitaine au motif qu’ils n’arrivaient pas à avoir de fils. La Duchesse était allée se remarier avec le roi d’Angleterre et apporte en dot environ 1/3 du royaume (Aquitaine, Auvergne, Poitou…). Elle aura d’ailleurs avec lui comme fils Richard Cœur de Lion, pas le pire roi qui soit, comme quoi, quand on veut, on peut.

ces territoires durant son temps sur le trône, et la royauté monte réellement en puissance. Ainsi, en 1214, le roi d’Angleterre Jean Sans Terre (le méchant dans Robin des Bois) et le Saint-Empereur germanique se mettent d’accord pour casser définitivement la figure à cet encombrant roi de France qui commence à faire de son pays une puissance avec laquelle il faut compter. En l’espace de 3 semaines, l’héritier du trône rouste les Anglais à la Roche-aux-Moines le 2 Juillet, et le 27, Philippe écrase les Allemands à Bouvine, au terme d’un chef d’œuvre tactique. Les deux dirigeants défaits rentreront dans leur pays, se prendront une guerre civile à cause de leurs échecs et laisseront la place à la France pour devenir la plus grande puissance du continent jusqu’à l’éclatement de la guerre de 100 ans, 125 ans plus tard.

Toujours est-il qu’au début du règne de Philippe, l’Angleterre va des Pyrénées à l’Ecosse et que la France, dans tout ça, est bien peu de choses. Mais par une gestion habile, il va réussir à récupérer quasiment l’ensemble de

Les conquêtes territoriales de

On pourrait se demander : quel est l’intérêt de se souvenir d’un truc aussi vieux ? D’abord, quand on bat les Anglais, quel que soit le domaine, c’est suffisamment jouissif pour devoir s’en souvenir, surtout que s’il faut compter sur le rugby maintenant, on n’est pas près de s’enjailler de nouveau. Philippe Auguste Ensuite, cette bataille marque le moment où la France passe réellement d’une royauté un peu brumeuse ballotée par les chefs de guerres que sont les ducs à la naissance d’un état centralisé concret et un début d’unité nationale. Enfin, ça nous rappelle que même dans des situations relativement désespérées, ce pays arrivera à s’en sortir s’il s’en donne les moyens, ne succombe pas aux divisions internes, et qu’un type un peu charismatique et intelligent en prend les rênes. (Mythe de l’homme providentiel, quand tu nous tiens …)

Thomas Sghedoni

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Culture

L’IVG de la Sainte Vierge papa don’t preach 1986, année d’enregistrement de « Papa Don’t Preach » (ndlr : Papa, ne me sermonne pas) a également marqué la date de la première dénonciation de dépravation de Madonna par le Vatican. Pourtant le single était dédicacé au Pape Jean Paul II…

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ans le clip vidéo de « Papa Don’t Preach », Madonna s’émancipe. Pas seulement par le contenu des paroles illustré par les acteurs, mais aussi en adoptant un nouveau style. Fini le look du bling-bling aux lourds bijoux, place au garçon manqué, bad boy pas si saint que ça. Madonna présente sa nouvelle coupe blonde platine et arbore un style qui mixe Kim Novak et Audrey Hepburn. Ce clip nous plonge dans un dilemme des plus classiques : une histoire d’amour entre deux adolescents est perturbée par l’arrivée d’un présent non désiré, un bébé. Madonna est alors tiraillée entre les sermons de son père, qui, semblerait-il, veut la pousser à avorter et entre son désir de garder l’enfant. Les paroles du refrain révèlent sa décision finale: « But I made up my mind, I’m keeping my baby » (j’ai fait mon choix, je garde mon bébé), défiant ainsi les recommandations de son père au nom de l’amour qu’elle éprouve pour son petit ami. Ce single marque la première fois où Madonna s’engage politiquement. Ses singles précédents « Holiday », « Borderline » n’avaient jusque-là été que des tubes, non sans provoc’ (cf. « Like a virgin ») mais dénués de véritable message politique. Certes, ce ne sera pas la dernière fois que Madonna est dans la controverse : pas plus tard qu’en 1989, Madonna déchaîne de nouveau la polémique avec son single « Like a prayer ». Ce qui est étonnant, en revanche, c’est qu’avec « Papa don’t preach », Madonna défend un point de vue traditionnellement défendu par les conservateurs américains. Face au choix de l’avortement, elle dit non, en bonne italienne catholique du Bronx. A cause de cela, elle fut louée par les groupes anti-avortement (les pro-life) et durement critiquée par les partisans du droit à l’avortement (les pro-choice). Ce sera bien l’unique moment « républicain » de la carrière de Madonna.

Selon elle, le message aurait été mal interprété. Ce single symbolisait avant tout pour elle, la défiance de l’autorité paternelle et par extension, de l’ensemble des figures patriarcales et conservatrices, notamment le bon vieux Pape Jean Paul II que Madonna aimait tant. Quoi qu’il en soit, « Papa don’t preach » fut un véritable succès, qui resta longtemps dans les charts. C’est ce single qui marque l’intronisation de Madonna dans le royaume de la pop et lui vaut le titre de Reine de la pop. Selon le magazine Rolling Stones, l’album dont « Papa don’t preach » est extrait, True Blue, est un véritable chef d’œuvre et le single serait comparable à Billie Jean de Michael Jackson…

Saâd Alami & Anna-Luisa Vogt

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Culture

Les journées du patrimoine

édition 2014 E

n tant que Gémiens fraîchement débarqués à Grenoble, la culture, ce n’est pas forcément une priorité, surtout en ce début d’année très chargé. Et pourtant, il serait dommage de ne pas partir à la découverte de quelques-uns des trésors patrimoniaux dont regorgent Grenoble et sa région à l’occasion des Journées européennes du patrimoine qui ont lieu chaque année le troisième week-end de septembre. Cela d’autant plus à une époque durant laquelle le temps est encore clément et agréable. Et pour en profiter, pas forcément besoin d’aller bien loin. Il n’y a qu’à voir le Musée de Grenoble par exemple, où se trouvent plusieurs œuvres de maîtres, et qui est situé sur la ligne B du tram à une dizaine de minutes à peine de GEM. Historiquement, la « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques » a été créée par le ministère de la Culture français en 1984 à l’initiative de Jack Lang. C’est en 1992 qu’elle devient la « Journée nationale du Patrimoine ». En l’an 2000, l’événement prend de l’ampleur, s’étend désormais sur deux jours et prend officiellement le nom de « Journées européennes du patrimoine » en

Les journées européennes du patrimoine, ça se passe aussi à Grenoble les 20 et 21 septembre 2014.

France. L’édition 2014 est donc spéciale puisqu’il s’agit de la 30ème. Cette édition sera d’autant plus intéressante que son thème est tout à fait dans l’ère du temps : Patrimoine culturel, Patrimoine naturel. Pour ceux qui ne veulent pas aller trop loin, il y en a pour tous les goûts : concerts, visites guidées, musées (Dauphinois, de l’ancien Evêché, etc.), … En particulier, deux lieux de vie associés à Stendhal, l’écrivain d’un monument de la littérature française Le Rouge et le Noir, peuvent être visités à Grenoble : son appartement natal et l’appartement de son grand-père, le docteur Gagnon, où il passa beaucoup de temps dans sa jeunesse. Toutes les informations sur la programmation et la localisation géographique des sites sont évidemment disponibles à l’Office du Tourisme arrêt Hubert Dubedout.

« Son thème est tout à fait dans l’ère du temps : Patrimoine culturel, Patrimoine naturel » Et pour ceux qui disposent d’une voiture, allez donc faire un petit tour à l’extérieur de Grenoble ; que ce soit pour visiter la Casamaures, superbe demeure aux allures orientales, située sur les hauteurs de Saint-Martin-Le-Vinoux ou le château de Vizille, ancienne résidence d’été des présidents de la Troisième République, abritant aujourd’hui un musée de la Révolution française et disposant d’un superbe parc où il fait bon se balader quelques heures.

Alexandra Wegmann

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La rue de l’Avenir

Culture

L’innovation, bien que son nom laisse supposer le contraire, n’est pas un concept nouveau. Le passé regorge d’ailleurs d’innovations loufoques et extravagantes. Je voudrais m’arrêter ici sur l’une d’entre elles, oubliée par l’histoire : le trottoir roulant installé lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris.

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l nous faut alors remonter à la Belle Epoque, durant laquelle l’Europe est bouleversée, au sens positif du terme, par le changement et l’innovation. D’immenses progrès, économiques, sociaux, politiques et technologiques, sont réalisés un peu partout dans le vieux continent qui vit alors dans un climat de légèreté et d’insouciance. L’économie bat son plein, le monde « s’internationalise » et la foi dans le progrès est totale et généralisée. Mais la Belle Epoque, c’est également l’âge d’or des grandes expositions universelles qui furent, en quelque sorte, les grands théâtres du progrès et de l’innovation de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. La France et, plus particulièrement Paris – d’où le fameux surnom de ville lumière qu’on lui a d’ailleurs attribué à cette période – va jouer un rôle central dans le développement et la diffusion de ce progrès. En 1900, Paris est un peu la Silicon Valley de l’époque, et c’est d’ailleurs la cinquième fois que la ville accueille une grande exposition universelle. C’est à ces expositions que nous devons, entre autres, la tour Eiffel, quelquesuns des plus beaux ponts qui traversent la Seine, le Petit et le Grand Palais ou encore le métro parisien lui-même. Si tout ceci est bien connu, d’autres inventions et innovations, destinées à ne durer que le temps de l’exposition, demeurent jusqu’à aujourd’hui méconnues du grand pu-

« En 1900, Paris est un peu la Silicon Valley de l’époque » blic. C’est le cas du trottoir roulant, baptisé rue de l’Avenir, installé pour l’exposition universelle de 1900 à Paris. Conçu par des ingénieurs américains qui avaient déjà réalisé une opération similaire à Chicago pour l’exposition universelle de 1893, ce trottoir roulant pouvait parcourir jusqu’à 3,5 kilomètres, sur un itinéraire décomposé en neuf stations. Installé sur un viaduc qui l’élevait à sept mètres au-dessus du sol, il était capable de transporter jusqu’à 15 000 personnes simultanément. On s’étonne alors de l’audace qui pouvait exister à cette époque où, peut-être même plus qu’aujourd’hui, les projets les plus fous pouvaient aboutir. N’importe quel Parisien bénirait ce trottoir roulant qui lui éviterait les ténèbres quotidiennes du métro. Hélas, le projet a surtout servi d’attraction et ne s’est jamais imposé comme moyen de transport crédible et efficace. J’interroge donc l’administration de l’école de l’innovation : à quand un trottoir roulant à GEM pour nous conduire de notre salle de classe à la machine à café ? Du café Tempo au couloir asso ? Personne, ensuite, ne pourra dire que GEM est une école en mal d’innovation. Simon Maarek

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Culture

Efface-moi

Avez-vous déjà prêté vraiment attention à ces rues dans lesquelles vous marchez tous les jours ? L’art est partout et surtout là où on ne le chercherait pas au premier abord.

si tu peux Le Street Art est un mouvement artistique contemporain. Art éphémère par excellence, il regroupe toutes les œuvres réalisées dans la rue ou dans les lieux publics (mosaïques, pochoirs, graffiti, projection vidéo, création d’affiches etc.) et est destiné à un très large public. Les peintures sur toiles peuvent également entrer dans ce cadre mais elles doivent pour cela être exposées sans autorisation préalable et avoir été réalisées de la façon la plus subversive possible. Ce terme peut également être utilisé pour désigner un acte de vandalisme réalisé par un individu qui défend par le graffiti une appartenance à un groupe ou veut faire passer un message sans valeur artistique.

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e ne doute pas que vous connaissiez Google StreetView, cette plateforme de Google qui vous permet de vous promener et de visiter virtuellement presque n’importe quel lieu dans le monde. Mais avez-vous déjà entendu parler du StreetArtProject ? Ce projet, lancé en juin par l’institut culturel de Google est également une plateforme en ligne gratuite mais cette dernière vous emmène à la découverte du Street Art, art urbain en pleine expansion, depuis votre écran d’ordinateur. Grâce aux mêmes équipements de numérisation utilisés par StreetView, des œuvres éphémères par nature sont immortalisées et restent donc accessibles

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à tous les spectateurs même après leur disparition. Par exemple, la Tour Paris 13, aujourd’hui démolie, a été entièrement numérisée (sols, plafonds et murs sur neuf étages) afin de conserver les créations d’artistes urbains connus qui avaient eu carte blanche à l’époque. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Au cœur du projet se trouve l’envie de sensibiliser les passants à cet art urbain, de plus en plus utilisé pour embellir les villes et d’en diffuser les origines, l’histoire, les lieux mythiques et les artistes emblématiques. Le Street Art apparaît pour la première fois dans le métro de New York, dans les années 1970 avant de finir par s’exporter en Europe dans les années 80. Les tags, qui n’étaient à l’origine que de simples signatures, recouvrent peu à peu tous les wagons de train


Culture et de métro, avant que les graffeurs, quelques années plus tard, ne développent un style personnel et original. Les sanctions alors instaurées poussent les artistes à s’exiler d’abord dans les quartiers plus défavorisés puis dans d’autres grandes villes américaines et européennes. L’aspect illégal et clandestin du Street Art fascine les artistes et chatouille leur liberté d’expression brimée. Le Mur de Berlin, par exemple, lors de sa chute en 1989, était presque entièrement recouvert de graffitis et peintures en tout genre.

«L’aspect illégal et clandestin du Street Art fascine les artistes et chatouille leur liberté d’expression brimée»

Mais cette forme d’art pose principalement problème aux sociétés de transport, qui voient leurs propriétés « dégradées ». Si vous prêtez un peu attention, vous verrez que nombre d’artistes choisissent les wagons SNCF comme support pour leurs œuvres. En France, les graffitis réalisés sur des supports non autorisés sont considérés comme nuisibles et destructeurs de la propriété d’autrui : l’artiste peut être passible d’une amende allant de 1500 à 30 000 euros, voire même d’une peine d’emprisonnement de deux ans au maximum.

Le Street Art est présent partout dans le monde. Cet art n’a pas de frontière car les artistes qui refusent de se fondre dans la masse sont partout. Les œuvres représentent souvent des visions politiques, des critiques de la société ou des réactions de leur auteur. Grenoble n’est pas épargnée et je ne doute pas que vous ayez aperçu un ou deux moutons sur les murs de notre ville. Ils sont en réalité près de 150 et ont tous été réalisés par un même artiste d’origine grenobloise The Sheepest. Souvent situé en hauteur, à nous observer, le mouton a pour but de faire lever la tête au passant plutôt que de suivre les autres (comme un mouton) et de faire réfléchir les gens sur la société de consommation. On retrouve parfois le slogan de l’artiste à la place des yeux de l’animal « Je suis ceux que je suis ». Ils sont tellement appréciés et recherchés dans la ville que la consigne a été donnée de ne pas les enlever des murs. Les moutons se sont multipliés jusqu’à envahir Lyon, Paris, Berlin et même Las Vegas. Le Street Art naît de la volonté pour une génération de s’exprimer, de laisser une signature peut-être éphémère mais tout du moins largement visible et de s’affranchir des règles préétablies. Levez les yeux, regardez autour de vous. Vous verrez qu’il est partout.

Pauline Grepin

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Culture

Maintenant

t’es Dauphinois, eh patate ! Salut à toi, nouveau Gémien ! Maintenant, tu es à Grenoble, capitale du Dauphiné, et ça, ce n’est pas juste bon pour les geeks de géographie (si si, ça existe), mais ça veut dire plein de choses !

Q

ue tu sois Parisien comme un tiers des gens ici (personne n’est parfait) ou un provincial d’ailleurs (Picard par exemple, encore moins parfait pour le coup), ta nouvelle identité, c’est le Dauphiné. Le nom est cool, mais en quoi ça peut bien consister en réalité ?

D’abord, un petit laïus historique pour comprendre d’où vient ce nom. Le terroir Dauphinois : gastronomie… Les Comtes d’Albon, possesseurs de ces terres au haut moyen-âge, avaient sur leurs armes un dauphin. Et à l’époque, c’était un animal bad-ass comme le lion ou l’aigle. Alors, parce ces Comtes étaient tout ce qui se fait de plus modeste, ils ont décidé de ne plus s’appeler Comtes mais Dauphins. Mais alors pourquoi l’héritier du trône de France s’appelle-t-il de la même façon ? Parce que Humbert II, le dernier dauphin indépendant, n’avait pas fait GEM… Il a fait faillite et le Royaume de France a simplement racheté tout le coin, la seule condition étant que l’héritier du trône reçoive la province en apanage et use de ce titre. La raison d’état est plus forte que le ridicule. Le Dauphiné, c’est également une terre d’histoire et de culture. A Vienne (au Sud de Lyon, pas en Autriche, on s’en fout sinon) subsiste d’importantes ruines romaines, avec notamment un temple et un amphithéâtre en parfait état ! C’est aussi la terre de naissance du Chevalier Bayard, le Chevalier Sans Peur et Sans Reproche.

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Laissons ces anecdotes là où elles sont, c’est-à-dire entre le fromage et le dessert lors d’un repas avec votre belle-famille. Et en parlant de repas, plongeons-nous donc dans ce terroir Dauphinois. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les gros vont être servis. Au-delà des pommes et autres gratins dauphinois bien connus, il y a deux/trois mets notables ! D’abord, tout ce qui est ravioles de Roman, une merveille bien cuisinée (c’est super facile, plus que des pâtes, repas de base du Gémien) ou encore les lunettes de Roman en dessert. Pour information : Roman est une ville d’Isère, pas un émigré Hongrois qui se fait pirater sa bouffe par la moitié de la région. Enfin, on attaque le meilleur, le domaine dans lequel la compétition avec la Savoie toute proche est la plus féroce : le fromage ! Et là, mes aïeux, on a de la brute de compétition. Entre le Saint-Marcellin, le Saint-Félicien, l’étoile et le bleu du Vercors, ou encore le Picodon, c’est du solide, de l’odorant, du gouteux. Ne surtout pas hésiter à abuser de


Culture fondues et raclettes, et ce pour trois raisons. La première, c’est parce que c’est excellent. La seconde, c’est parce que si vous prenez (quand vous prendrez du gras), ça ne se verra pas sous votre manteau, et la troisième, c’est que le gras protège du froid. Et les températures à Grenoble, c’est pittoresque. Une amplitude thermique digne des plaines Kazakhs. Il fera en dessous de 0° pendant six mois, et au-dessus de 30° pendant les six autres. Enfin, pour les alcooliques que vous êtes, ou en passe de devenir, on arrive sur de la merveille, de la pure, de la limpide et en bouteille ! Pour ceux qui privilégient l’approche douce et responsable, la clairette de Die semble préconisée. Un blanc mousseux, semblable au champagne, pas cher et très fruité. Pour ceux qui sont un peu plus solide de l’œsophage, on attaque de la boisson de qualité, une petite merveille gustative, la seule liqueur qui a droit à son éloge dans un film de Tarantino : j’ai nommé la Chartreuse ! Jaune, verte ou en élixir, faite avec on ne sait pas trop quoi, ça désinfecte autant dedans que dehors, bref, une bénédiction. Quentin Tarantino lui-même, dans Boulevard de la Mort dira : Chartreuse, la seule liqueur si bonne qu’elle a donné son nom à une couleur ! Si ce n’est pas de l’hommage vibrant ça !

Et sinon, à part se bâfrer on fait quoi ? Et ben, dans le Dauphiné, y’a du sport, et pas mal en plus ! Si au niveau football, c’est la tristesse depuis que le GF38 a fait le grand saut de la première à la cinquième division pour cause de faillite en 2 ans, ailleurs, ça ne se porte pas trop mal ! Le Football Club de Grenoble, club de rugby de la ville comme l’indique si parfaitement son nom, et dont l’école est partenaire, joue en Top 14. Il arrive chaque an-

née à rivaliser avec les plus grands, et ont collé deux branlées aux Toulonnais l’année dernière. Vous noterez vite que GEM aime le rugby. En Hockey sur Glace, sport non moins spectaculaire, la ville est également excellente, les Brûleurs de Loups se battant régulièrement aux avantpostes de la ligue Magnus. Ce nom était d’ailleurs donné aux Grenoblois à une époque où ils cramaient systématiquement toutes les forêts aux alentours pour éloigner les loups. Comme la technique est à peu près aussi subtile que le Hockey sur Glace, le nom est resté. Mais parler de sport dans le coin sans évoquer la montagne, ce serait criminel, car que la montagne est belle, et ce, toute l’année. De Mai à Octobre, les randos sont à portée de main, de la simple promenade à la Bastille au trek en haute montagne dans le Vercors, et la dent de Crolles à 20min de la ville, un haut lieu du parapentisme. Et inversement, de Novembre à Mai, l’or blanc pose sa chape sur les sommets, et l’ensemble de la région ne vit qu’au son des chutes de neige et de la prochaine sortie de ski dans les stations du coin, de la mignonne Chamrousse à l’immense Alpe D’Huez. Le ski, ici, est une religion ! Le mot de la fin pour le Larousse : Fin, rusé, courtois, le Dauphinois sent venir le vent et connaît la couleur de la brise.

Thomas Sghedoni

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Culture

I’m a Barbie girl in a Barbie world

A

l’origine, elle s’appelait Barbara Caylah Millicent Roberts. Barbie pour les intimes. Cette poupée mannequin aux longs cheveux blonds, aux jambes interminables et à la poitrine opulente était probablement la meilleure amie de moult petites filles et le fantasme de nombreux jeunes hommes. Elle naquit dans les yeux de Ruth Handler (femme d’Elliot Handler, fondateur de MATTEL) qui voyait sa fille Barbara jouer avec une poupée en plastique nommée Lilli durant leur voyage en Allemagne. Et là, révélation. [Pour la petite histoire, leur deuxième fils Kenneth a également inspiré leur production en devenant, comme vous l’aurez deviné, le fameux Ken]. A l’époque elle était commercialisée en blonde et brune, mais devant le succès des blondes, ce modèle prit les devants. (Blondes rule the world!)

Barbie dans l’ère du temps

Barbie ne devint pas simplement l’égérie féminine mais aussi le reflet d’une époque et de l’évolution des mœurs. En 1968, Christie est créée dans un but bien précis. Cette poupée Barbie noire de peau fait écho au mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis. La décennie suivante fut synonyme d’émancipation pour Barbie : elle devient une jeune femme active. Elle n’est plus infirmière mais médecin par exemple. En 1997, c’est Becky, une amie de Barbie en fauteuil roulant qui voit le jour. De même aujourd’hui on la trouve dans la majorité des pays du monde. Elle y est donc représentée sous

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différents traits ethniques : asiatique, afro-américaine, indienne. Chaque Barbie est le miroir d’une époque et d’une société à un temps donné.

Un physique hors-norme

(Alerte : Pardonnez-moi messieurs, je vais légèrement casser le mythe.) A bas la dictature de cette plastique parfaite. Il est temps de lever le voile sur le physique de Barbie. Selon les scientifiques, moins d’une femme sur 100 000 s’approche des mensurations de Barbie. C’est dit. Pourtant, de nombreuses petites filles sont influencées par cette poupée à laquelle elles se sont tant identifiées, à qui elles ont voulu ressembler à tout prix. A peine quatre ans et nos chères têtes blondes sont déjà lancées dans les diktats de la minceur et tout ce qui s’ensuit. Déjà en 1965, « Barbie Slumber Party » était munie de son manuel « How to loose weight » qui n’indiquait à l’intérieur qu’un simple « Don’t eat » ; véridique.

Si tu ne vas pas à la Barbie, la Barbie viendra à toi

La plastique de Barbie a été corrigée pour ressembler davantage à une femme lambda : moins de poitrine, moins d’abdominaux, une taille moins fine. Réjouissons-nous girls. Nikolay Lamm a même décidé d’imaginer à quoi Barbie ressemblerait si elle avait les mensurations moyennes d’une Américaine de 19 ans. Elle s’appelle Lammily et la différence laisse songeur…

Gaëlle Coutout


Culture

Barbie,

un monstre à tête d’ange Barbie est mignonne, elle aime les beaux vêtements et tout le monde la prend pour une potiche. Mais derrière la porte de sa maison, Barbie nous dissimule bien des choses. Retour sur une photographe qui expose aux yeux de tous ses travers cachés.

L

e diable se cache dans les détails et les photos de Mariel Clayton en sont pleines. Depuis qu’elle a découvert le monde des objets miniatures dans un magasin de jouets à Tokyo, cette photographe autodidacte de 34 ans raconte ses histoires en photographiant des Barbies. Son sens de l’humour subversif lui inspire des images marquées par la violence, le sexe et la drogue, miroirs du côté sombre de la société occidentale. Si Mariel Clayton a choisi la Barbie pour véhiculer son message, c’est autant pour sa popularité que pour son

«Barbie découpe et collectionne les têtes de ses amants, elle pratique la sodomie, se drogue, a des envies suicidaires »

côté détestable. Barbie a peut être Vous pouvez retrouver son des formes idéales, travail sur le site http:// qu’aucune femme www.thephotographymane peut envisager rielclayton.com. Je vous d’avoir sans pluconseille vivement d’y jeter sieurs opérations un coup d’œil. esthétiques, mais ses créateurs ont oublié de la doter d’un cerveau et elle n’a d’autre but dans la vie qu’être une fille. Autant les jouets pour garçons, comme GI Joe ou Action Man ont une personnalité et une profondeur, autant Barbie est insipide. La photographe détruit ce stéréotype : Barbie découpe et collectionne les têtes de ses amants, elle pratique la sodomie, se drogue, a des envies suicidaires et bien d’autres choses encore. Pourtant, Mariel Clayton n’est ni dérangée, ni féministe, elle ne déteste pas les hommes et elle n’a jamais regardé Dexter, contrairement à tout ce qu’on pourrait penser.

Elle joue simplement avec les clichés et cherche à tourner en dérision l’idée que pour qu’une femme soit libérée et indépendante, elle doit apparaître comme rude et lascive à la fois. Inspirées par les évènements récents, la culture pop, la musique et la littérature, ses images se veulent à la fois vides et pleines de sens, sujettes à interprétation pour ses spectateurs. Outre la scène principale qu’on remarque immédiatement, ses photos sont remplies de détails et de scénettes cachées dans des coins bizarres pour qu’à chaque fois que quelqu’un regarde l’image, il puisse y découvrir quelque chose de nouveau. Et finalement, la seule chose que la photographe cherche à provoquer, c’est une réaction, quitte à donner aux gens une excuse pour bien rire.

Pauline Grepin

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Culture

LE COMPAS Dans cette rubrique, le GIW te fait découvrir une position du Kama Sutra à travers toute la culture qui l’entoure, son application, son histoire, sa symbolique…

Le compas. Peut-être que la première image qui te vient à l’esprit en cette période de retour sur les bancs de l’école est celle de ce fameux outil qui a accompagné tes cours de géométrie en tes jeunes années. Très souvent il t’a traumatisé, car même si pour toi la géométrie était un plaisir fou tu t’es au moins une fois fait piquer les doigts en fouillant dans ta trousse. Enfin bref, tout ça pour dire qu’aujourd’hui, nous allons parler d’un autre compas, et qui fait en général beaucoup plus l’unanimité ! La position du compas est la bienvenue en cette période de changement et de renouveau, et pas uniquement pour son nom. Gémien, Gémienne, tu as sûrement une fièvre de découverte, de nouveauté et d’originalité pour impressionner tes conquêtes et frapper fort dès les premières semaines de cette année. La position du compas est là pour toi. Cette position n’est pas courante et audacieuse, car assez physique et délicate à réaliser. Tu pourras ainsi prouver ton habileté et ta maîtrise de l’art, et, pour l’homme, trouver une réelle utilité à tes heures de musculation.

L

a position du compas est visuellement proche de cet instrument de mesure. La femme est assise les jambes tendues écartées, appuyée sur les bras qu’elle place en arrière. L’homme s’assoit sur elle, les jambes ouvertes et tendues, passant autour des hanches de sa partenaire. Il peut placer ses mains sur les épaules de celle-ci, pour s’appuyer et s’aider dans le mouvement. Les deux individus forment ainsi avec leurs jambes la forme de deux compas entrelacés. L’homme étant assis sur la femme, celle-ci n’a pas grande liberté pour effectuer de mouvements, c’est donc lui qui doit s’adonner à cette tâche. Cependant, il n’a presque aucun appui et l’équilibre est parfois difficile à tenir. Il devra donc s’armer de ses plaquettes de chocolat pour impressionner sa belle. Les partenaires

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peuvent aussi jouer avec l’écartement des jambes, chacun choisit l’angle qu’elles prendront pour varier les sensations et créer des variations à cette position. Tu l’auras donc compris, la position du compas est assez rare, difficile à réaliser, très physique, mais originale. Elle est donc parfaite pour impressionner ton ou ta partenaire, lui prouver ton assurance et apporter de l’originalité. Un seul conseil donc, suivez vos résolutions de début d’année, faites du sport, et lancez-vous !

Alice Lacroix


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assos

Nymphony Records Nymphony Records, pôle de la Zone Art, est le seul et unique label musical d’école de commerce de France. Tu en as sans doute entendu parler pendant tes oraux… Mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal !

A

ses débuts, le label Nymphony Records n’avait pas l’allure qu’on lui connaît aujourd’hui. Tout a commencé par l’envie d’un groupe d’étudiants de consacrer un peu de temps à la musique, sans orientation particulière, si ce n’est celle de faire partager leur passion. L’année suivant sa création, il a été question de définir le label et son identité, lui donner un nom et choisir ses influences : c’est ainsi que Nymphony Records devient un label de musique électronique entièrement dédié aux créations étudiantes. Il ne restait plus qu’à trouver les artistes et les concepts capables de différencier le label des autres pour se faire connaître. Aujourd’hui, après plus de trois ans de travail, beaucoup de plaisir et d’ambition, le label compte six artistes fixes : Merick, Supply, Jah One, Antoine Algar, Beatrouble et MarzAttack, une famille qui s’étoffera encore de nouveaux talents cette année. 7 EP ont déjà vu le jour, sans compter les 12 releases, les compilations, et les soirées organisées

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comme les 6 to 6 et les Before We Grow Up. Mais le travail ne s’arrête pas là puisqu’il est toujours question d’étendre la visibilité du label dans les médias et dans les soirées. Des partenariats avec la marque Tealer ou avec des collectifs comme le Tournedisque, Touche Française ou Délicieuse Musique, sont autant de façons de faire grandir le projet. Tout le travail consiste alors à renforcer l’identité musicale du label en créant une cohésion au sein de la famille des artistes de Nymphony pour leur offrir toujours plus d’opportunités et s’étendre au-delà de l’agglomération grenobloise. Cet été a été riche pour le label qui a exploré de nouveaux horizons : plusieurs soirées ont eu lieu à Paris et à Lyon, présages d’un rayonnement toujours plus grand. Il n’est pas pour autant question d’oublier Grenoble, et l’année de Nymphony commencera dès le 19 septembre avec la première 6 to 6. Les idées bouillonnent et les projets se multiplient, avec pour maître-mot un partage culturel et la découverte de nouvelles sonorités et de platinistes talentueux.


Enjeu

assos

La réalité virtuelle la réalité et plus encore ! A travers ses articles, Enjeu vous présente une nouveauté ou une compagnie liée au monde du jeu. Pour le premier numéro de l’année, voici une technologie futuriste : la technologie de réalité virtuelle.

La réalité virtuelle, quésaco ? Aussi appelée VR (pour Virtual Reality), la réalité virtuelle est la simulation d’un univers grâce à des lunettes ou un casque vidéo. Mais elle ne se limite pas au domaine du jeu vidéo : imaginez, apprendre à conduire avec un casque sans jamais se mettre vraiment derrière un volant. Encore à ses balbutiements, cette technologie est aujourd’hui représentée dans le domaine du jeu vidéo par deux projets très avancés, Morpheus et Oculus Rift (soutenus respectivement par Sony et Facebook).

Morpheus, ceci n’est pas la matrice Morpheus est un casque qui englobe tout votre champ de vision pour vous immerger dans un jeu vidéo. Ces casques sont équipés d’écrans haute définition et d’une fonction gyroscopique qui comprend les mouvements de votre tête. Finie la caméra au joystick ou à la souris, il vous faudra utiliser votre tête (pour une fois) afin changer d’angle de vision, c’est tellement plus naturel après tout. Vous l’aurez compris, ce ne sont que des outils pour réinventer le plaisir du jeu à travers de nouvelles sensations. Ces projets ne font que prolonger l’idée que votre corps

peut être le contrôleur de jeu, comme sur les bornes d’arcade type Dance Dance Revolution. Par ailleurs, c’est exactement l’argument vendeur de la Wii.

« Créer des soldats à partir de jeux vidéo » Snake - Metal Gear Solid 2 : Sons of the Liberty Rappelons que l’armée américaine n’a pas attendu la création de la VR pour développer les vocations de milliers de jeunes patriotes tout juste sortis des bancs de l’école. En effet, via des répliques de fusils d’assaut M-16, vous pouviez dégommer des méchants terroristes qui apparaissaient sur de gigantesques écrans comme sur les bornes d’arcades de Rail Shooter (Time Crisis) ou comme pendant un laser game. Pour rendre le tout plus réaliste, vous pouviez monter à bord d’un transporteur de troupes (fixé au sol) pour vous sentir l’âme d’un vrai héros américain répondant à l’appel du devoir (Call of Duty) en vous engageant sur les bureaux situés à la sortie des « simulateurs ». On comprend mieux certaines bavures d’un coup… Néanmoins il est justifié que certains émettent des réserves dans son utilisation dans le domaine du jeu vidéo, avec un risque pour discerner réalité et réalité virtuelle.

Un petit reportage sur le sujet

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assos Millési’mets

Les recettes de la rentrée La rentrée, ça te déprime ? La cuisine de ta mère te manque ? Millé a pensé à toi et te propose ce mois-ci deux recettes qui devraient plutôt t’enjailler !

Bagel Italien

Ingrédients Pour 4 personnes : 4 pains à Bagel Huile d’olive Ail Feta en dés 12 tomates confites Salade 4 tranches de jambon de Serrano

Fondant au chocolat et caramel au beurre salé

Ingrédients Pour 4 personnes : 3 œufs 80g de sucre 50g de beurre 2 cuillères à soupe de farine 100g de chocolat noir Caramel au beurre salé

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Couper les pains à Bagel en deux, les enduire d’huile d’olive puis frotter chacun des côtés avec la gousse d’ail. Repartir sur chaque Bagel une tranche de jambon, des tomates coupées en lamelles, quelques dés de feta et une feuille de salade.

Faire fondre le beurre avec le chocolat au micro-onde. Battre les œufs avec le sucre puis ajouter le chocolat fondu et les 2 cuillères de farine. Répartir dans des petits moules et mettre une cuillère de caramel au centre de chaque moule. Faire cuire pendant 8 minutes à 180°.


assos

Le dessin d’artagem

Eline Kleinbauer

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assos

Impact

Associer football et respect de l’environnement, Le monde du football se met à penser en terme d’éco-responsabilité. Une révolution serait-elle en marche ?

c’est possible

E

n général, le monde du football professionnel est plutôt associé à des gros salaires pour les joueurs et à des soirées télé pour les supporters qu’au développement durable et au respect de l’environnement. Et pourtant, les choses sont en train de changer. Cet été a eu lieu au Brésil la Coupe du Monde de football, comme tous les quatre ans. Sauf que cette fois-ci, plusieurs équipes ont joué à l’Arena Pantanal à Cuiaba et ce stade n’est pas comme les autres. Situé dans une région avec une biodiversité riche, il a été conçu pour respecter des normes environnementales élevées. Tout le bois qui a été utilisé pour sa construction provient de sources certifiées et la qualité de l’air et du sol a été contrôlée régulièrement pendant la construction. Ce stade peut accueillir 44 000 spectateurs et sa structure modulable lui permet d’accueillir d’autres manifestations que des matchs de foot, mais un tel stade a un prix : 180 millions d’euros. Quoi qu’il en soit, une prise de conscience a eu lieu autour de ces stades qui sont beaucoup dénoncés par les écologistes pour leurs nuisances sur l’environnement (spots d’éclairage, sono,…).

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Et ce n’est qu’un début. En effet, depuis l’attribution de l’Euro 2016 à la France, les projets de rénovation et de construction de stades sont nombreux. La question de l’empreinte écologique est un point important dans la réflexion menée par les clubs et les promoteurs, qui ont souvent besoin de cet élément pour faire accepter les projets par les collectivités. Les nouveaux stades sont labellisés HQE (Haute Qualité Environnementale) et suivent des normes environnementales, comme la norme ISO14001. Il y a différentes méthodes : l’installation de panneaux solaires sur les toits des stades (Saint-Etienne et Lille), l’installation d’éoliennes (Lille et Marseille), ou encore la récupération de l’eau de pluie pour arroser la pelouse et pour les sanitaires (Marseille, Nice et Lille). De plus, le tri sélectif devrait être mis en place dans ces stades, tout comme l’utilisation d’emballages biodégradables dans les buvettes et les nouveaux stades devraient être entourés d’espaces verts pour limiter l’empreinte sur le paysage et sur l’environnement. La machine est en marche, et même si tout est loin d’être parfait dans le monde du football (coût du Mondial 2014 pour le Brésil, légitimité du Qatar pour organiser le prochain), on peut féliciter cette prise de conscience pour l’environnement. A quand la prise de conscience dans le sport automobile ?


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LIBRE

Ainsi font, font, font, les Chaque soir depuis 1988, des millions de Français, pourtant bien adultes, rigolent devant les marionnettes des Guignols de l’info, parodie satirique du journal télévisé, qui rencontre un succès immense et continu depuis plus de vingt ans désormais

« Nous sommes en 2014 et vous regardez l’ancêtre d’internet, bonsoir ! ». La même phrase prononcée par la marionnette de PPD(A) lance chaque soir ce faux journal télévisé, diffusé en clair sur Canal + à la même heure que tous les autres et devenu extrêmement populaire, au point d’en arriver même à faire concurrence à ces derniers, aussi bien en termes d’audience que d’influence. Lorsqu’elle est créée en 1988, l’émission s’appelle Les Arènes de l’info et non pas les Guignols comme c’est le cas aujourd’hui. D’autre part, il faut savoir que les Guignols n’ont rien inventé et qu’avant eux, il existait déjà une autre émission satirique de marionnettes très populaire en France : Le Bébête Show, diffusée sur TF1, mais qui disparaîtra progressivement avec l’arrivée et la montée en puissance des Guignols. Les deux émissions, à vrai dire, se sont inspirées de modèles anglo-saxons. Le Bébête Show se voulait l’équivalent français du Muppet Show ; les Guignols, quant à eux, se voulaient celui de Spitting Image, émission satirique britannique, mettant elle aussi en scène des hommes politiques et personnalités de haut rang sous la forme de marionnettes. L’humour du Muppet Show était plus général et enfantin, tout le monde se souvient des personnages de Kermit la Grenouille et de Piggy la cochonne ; celui de Spitting Image est d’une toute autre nature dans le sens où, comme les Guignols après lui, l’émission se veut avant tout politique et beaucoup plus satirique. L’émission britannique, arrêtée en 1996, a connu beaucoup de succès en Angleterre,

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notamment sous l’ère Thatcher. La célèbre Premier Ministre ne sera pas épargnée par l’émission qui la présentait comme un tyran sanguinaire, habillé en homme et, ce dernier point nous plaira particulièrement, qui déteste les Français. Allez voir, à l’occasion, les vidéos sur Youtube, ça vaut le détour. Ainsi, en s’inspirant de nos voisins anglais, nos Guignols parodient tous les soirs le paysage politique français et, jusqu’ici, Canal + affirme avoir « guignolisé » plus de 300 personnalités. La fabrication d’une marionnette coûte environ 10 000 € et prend un mois. Les trois premières réalisées furent celles de PPDA, Johnny Halliday et de Serge Gainsbourg. Mais la marionnette la plus connue des Guignols demeure celle de Jacques Chirac qu’on voit aux Guignols pour la première fois au début des années 1990, alors qu’il est encore maire de Paris. Déjà très appréciée par le public - Chirac est décrit comme un personnage ambitieux mais bon vivant et paresseux, proche des Français sa marionnette va prendre une importance grandissante au sein de l’émission, et d’aucuns continuent à penser qu’elle a joué pour beaucoup dans son élection à la présidence en 1995. L’ex-Président lui-même reconnaît que « sa marionnette a pu avoir une influence sur sa victoire ». « Mangez des pommes », « Putain, deux ans ! », etc. Bien

« Actuellement, beaucoup d’hommes et de femmes politiques ne valent pas beaucoup mieux que leur marionnette »


LIBRE

petites marionnettes ! « Le soir du 21 avril 2002, la marionnette de PPDA annonce quinze minute avant la parution des résultats que « Jean-Marie Le Pen est au second tour et qu’il faut aller voter », ce qui est strictement interdit par la loi » des slogans et des petites phrases, inventées par les Guignols, font aujourd’hui partie intégrante de l’histoire de la Vème République. Une Vème République qui ne laisse donc pas indifférente la rédaction de l’émission qui, à plusieurs reprises, va aller au-delà du simple divertissement et s’engager pour ou contre telle ou telle personnalité. Personne ne saurait nier, qu’au-delà de l’humour, l’émission est très engagée. Marine Le Pen, qui déploie tous les efforts du monde pour que son image soit détachée de celle de son père, apparaît très souvent à ses côtés sur le plateau des Guignols. Est-ce une stratégie pour « dé-dédiaboliser » Marine Le Pen et rappeler aux Français le danger représenté par le FN ? Probablement. Les Guignols, pour donner un autre exemple assez significatif, ont même été plus loin. Le soir du 21 avril 2002, la marionnette de PPDA annonce à 19h45, quinze minutes avant la parution des résultats, sur un ton plutôt solennel et alarmé, que « Jean-Marie Le Pen est au second tour et qu’il faut aller voter », ce qui est strictement interdit par la loi. Après coup, l’équipe des Guignols s’est expliquée de la manière suivante : au-delà de motiver les der-

niers abstentionnistes à aller voter, l’idée fut d’invalider les élections en dévoilant illégalement le résultat, avant l’heure officielle. Ironie du sort, l’intervention des Guignols n’a eu aucun effet puisque tout le monde, sur le moment, a cru à une bonne blague de leur part. Les Guignols, pourtant, n’avaient peut-être jamais été moins drôles que ce soir-là. En y réfléchissant bien, on peut se demander si les Guignols ne rencontrent pas un tel succès à cause du caractère déjà très burlesque, voire absurde, du monde politique français ? Entre « les nuls du PS, les voleurs de l’UMP, et les racistes du FN » (la décomposition du paysage politique faite par les Guignols eux-mêmes le lendemain des élections européennes), le tragi-comique de la vie politique française semble avoir atteint un certain point de non-retour. D’où, par ailleurs, le succès rencontré par le Petit Journal ou encore le Gorafi. Les Guignols, pour conclure, n’ont finalement pas grandchose à ajouter pour que leur émission soit drôle car, bien malheureusement, beaucoup d’hommes et de femmes politiques ne valent actuellement pas beaucoup plus que leur marionnette.

Simon Maarek

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LIBRE

Deviens comme Dieu, regarde les Simpson Les Simpson c’est 25 saisons depuis 1989, soit 25 ans d’existence et plus de 500 épisodes, une étoile sur le Walk Of Fame à Hollywood, 24 Emmy Awards et des millions de fans. Mais comment justifier un tel succès ? L’explication pourrait vous surprendre …

S

i vous demandez aux gens ce qui leur plaît dans cette série, voici globalement ce qu’ils vous répondront. Tout d’abord, les personnages principaux : la famille moyenne américaine. Il est aisé de s’identifier à l’un d’entre eux puisqu’ils sont extrêmement familiers tout en étant des héros du quotidien. Ensuite, la satire par le biais de l’humour. Car dans les Simpson, tout le monde en prend pour son grade, a u c u n e couche de la population n’est épargnée. La critique est d’autant plus délectable qu’elle est souvent paradoxale et révélatrice des débats qui traversent la société américaine, et peut même déboucher sur une véritable réflexion. Par exemple, dans l’épisode 17 de la saison 17, Homer devient le gestionnaire d’une centrale nucléaire délocalisée en Inde et finit par devenir faussement un Dieu aux yeux de ses employés pour leur avoir octroyé

des congés. Lisa conclut alors « tu es le premier homme à avoir délocalisé la défense du droit des travailleurs et les avantages sociaux ». Enfin, ce qui séduit le spectateur, c’est le format. Des épisodes de vingt minutes, sous forme de dessin animé, où l’on retrouve toujours les mêmes personnages dans des scénarios ubuesques dont on se lasse rarement. Et c’est à mon avis là que réside toute la magie des Simpson : il est impossible de prévoir le déroulement du moindre épisode, nous observons sagement le déploiement d’une histoire surprenante dans un monde autonome et hors de portée. Bref, nous avons le point de vue d’un Dieu sur sa création. Repensez au générique, combien de personnages différents peut-on apercevoir ? N’y a-t-il pas là assez de diversité pour copier le réel ? A tel point qu’avec ce microcosme complet on peut aussi bien reconstruire le passé lors des épisodes historiques ou flirter avec le fantastique lors des Simpson Horror Show. Pire encore, dans certains épisodes le monde en 2D rencontre celui en 3D (S7E6), un peu comme si la créature pénétrait dans le monde divin de son créateur. Enfin, entre le début de l’épisode, l’élément perturbateur et la situation finale, c’est juste un énorme bordel : les liens de causalité sont si indirects qu’on a l’impression que chaque personnage agit librement afin de contribuer à la pagaille générale. Un peu comme dans la vie de tous les jours en fait… Qui sait, peut-être qu’un dessinateur talentueux nous observe depuis la quatrième dimension.

« Nous observons sagement le déploiement d’une histoire surprenante dans un monde autonome et hors de portée. Bref, nous avons le point de vue d’un Dieu sur sa création »

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Arnaud Négrier


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Le blues de Septembre Bienvenue à tous et à toutes à GEM ! Se terminent l’été, deux voire trois années d’hibernation pour certains ainsi qu’un mois d’août très mouvementé par les préparatifs de déménagement. Mais maintenant c’est bon, vous voilà enfin en école de commerce. Génial !

G

énial ? Peut-être pas tout de suite. En effet, cette euphorie liée à l’ambiance et au style de vie qu’on attribue à nos écoles, que vous êtes donc censés être sur le point de connaître, s’estompera un moment au début pour plus d’un. Vous aurez le droit à la fameuse semaine d’intégration, riche en animations, rires et « discours », c’est vrai. Mais les cours reprendront par la suite bien assez vite pour faire ressentir à certains une certaine solitude. Les premiers touchés seront celles et ceux venus sans leur « clan- prépa », leurs connaissances rencontrées durant les oraux ou dans leur colocation. Autrement dit, celles et ceux venus uniquement avec leur valises et leur souvenirs.

cette année, le mois de la découverte de l’école, certes, mais aussi et surtout celle des personnes, des autres. De belles rencontres et amitiés, y compris pour celles et ceux venus en bande à l’école, restent donc à se former lors du WEI (Week-End d’Intégration), des activités associatives, des listes BDE, des cours en TD, ou encore des travaux de groupe (eh oui c’est possible !) Alors croyez-moi, tout reste à venir. A nouveau, bienvenue à tous et à toutes à GEM !

« Septembre est […] particulièrement pour vous cette année, le mois de la découverte de l’école mais aussi et surtout celle des personnes, des autres »

Mais ne vous inquiétez pas, personne n’y échappera vraiment. La grande majorité ressentira ce sentiment et c’est normal. Les premières semaines, après vos journées agitées dans la joie et la bonne humeur, vous rentrerez dans votre « chez vous » encore mal adopté, et vous vous sentirez assez seul, « sans-amis » (eh oui il faut le dire…), triste d’avoir laissé temporairement - derrière vous votre famille, vos plus grandes amitiés, votre copain ou votre copine ; en gros tout ce que, jusqu’ici, vous avez connu et qui vous définissait en grande partie. Eh oui, septembre nous fait bien souvent endurer ce blues mais n’oublions pas pourquoi : septembre est bien souvent et particulièrement pour vous

Elodie Wanang

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LIBRE

Le mariage de chasteté Maintenant que nos amis américains ont pris le pouvoir au sein du BDE de GEM, il est temps de critiquer le pouvoir en place et ses dérives en bons Français que nous sommes. Aujourd’hui : les bals de chasteté aux USA.

Les ba(l)s de chasteté Un bal de chasteté (ou purity ball) est une cérémonie au cours de laquelle une jeune fille vierge signe un contrat écrit devant Dieu avec son père, où elle s’engage à rester pure et chaste jusqu’à son mariage. La jeune fille « confie » sa virginité à son père jusqu’à son mariage ; il en devient le garant. Précisons que la notion de pureté et de chasteté est très large puisqu’elle inclut l’interdiction d’embrasser un garçon ! C’est ainsi que l’on voit ces filles parler de l’importance pour elle de rester pure devant le Seigneur pendant que le père passe à l’annulaire gauche de sa fille une sorte d’alliance où est gravé le mot « virginity ». Cette bague, véritable repoussoir à garçons, devra être enlevée par le futur mari pour être remplacée par une alliance. L’histoire ne nous dit rien de la virginité du dit mari. Le problème c’est que certaines sont encore des enfants comme Angie, qui n’a que 11 ans et qui a pourtant une idée très arrêtée sur ce que doit être ou ne pas être la sexualité d’une fille. Certaines sont encore plus jeunes, comme Lindsey, qui n’a que 4 ans. Mais le plus inquiétant c’est que les mères sont proscrites de ces bals (le péché originel d’Eve n’est pas loin et les Mormons non plus).

« Sous l’aspect innocent et mignonnet de cette promesse, se cache une forme d’asservissement moderne de la femme »

Et c’en est fini du quart d’heure américain Bien sûr, cette cérémonie est l’occasion pour ces « couples père fille» de se rapprocher. Mais c’est aussi un moment fort pour consolider sa foi. Sainte Catherine n’avait pas quatre ans lorsqu’elle a voulu épouser le Christ et son père ne l’y engageait guère. Ici ces toute jeunes filles ne se rendent pas compte de l’engagement qu’on leur fait prendre. Le désir d’aimer et d’être aimé, de partager son amour en s’embrassant ou plus est humain, et arriver à contrôler ses désirs est un défi de taille.

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Assurément dans le contexte d’hyper exhibition des corps féminins, les stars américaines comme Madonna ou Britney Spears qui semblent redouter de n’en montrer jamais assez (comme en 1990 à Toronto où Madonna simule une scène de masturbation lors du Blond Ambition Tour, ou encore le clip Toxic de Britney Spears où elle pose presque complètement nue), sont peut-être bien à l’origine de réactions aussi radicales.


LIBRE In gode we trust ? Sous l’aspect innocent et mignonnet de cette promesse, se cache une forme d’asservissement moderne de la femme. Le père passe la bague au doigt, le symbole se veut fort et il l’est puisqu’il s’agit d’un vœu d’obéissance à son père. La jeune fille passera du bras de son père à celui de son époux, on croirait entendre une maxime d’un temps passé. Comme dit précédemment, le Pater Familias est le seul à participer à la cérémonie, car dans la conception conservatrice, il est le chef de famille et est le seul à décider - sans se soucier de l’avis de sa femme. Ladite femme ayant rompu son hymen n’est plus pure et chaste et n’a donc rien à faire ici. C’est une forme de régression poussée par des idéaux prétendument religieux. On prive ces gamines d’une partie de leur indépendance : un comble pour les USA, pays de la liberté. Si la petite veut rester pure et chaste, elle est libre de le faire, mais il s’agit d’un choix personnel et non pas d’un engagement signé à Papa. La sexualité de cette femme en devenir ne regarde qu’elle et son futur époux mais en aucun cas la famille. Il est à noter que dans plus de 80% des cas les contractantes finissent par succomber à la tentation ce qui prouve à quel point la méthode conservatrice est inefficace. Ces pères se trompent donc s’ils pensent les protéger de cette façon. Aimer ses enfants et les responsabi-

« Dans plus de 80% des cas, les contractantes finissent par succomber à la tentation » liser, c’est aussi et avant tout leur faire confiance et pas les emprisonner de façon déguisée. On apprend de ses erreurs et interdire d’expérimenter avec pour seul motif qu’il ne faut pas est la meilleure façon de pousser à l’erreur. Il faut expliquer pourquoi avec des cours d’éducation sexuelle par exemple sans y introduire une dimension sacrée et laisser à chacun la liberté de choisir selon sa morale (laïque ou religieuse) puisque c’est bien de ça dont il est question. Le savoir rend libre et éduquer ces filles au sujet de leur corps est le meilleur moyen de les rendre adultes et de les aider à agir comme telles. Et pourquoi seules les filles se devraient de rester pures ? Dieu ne nous a-t-il pas conçu égaux ? A moins que le but final de ces cérémonies ne soit juste d’asservir les femmes pour empêcher leur émancipation en leur faisant miroiter l’idée du mari sur son cheval blanc dont elles doivent préparer l’arrivée en restant chaste. On retrouve un peu l’amour moyenâgeux où comme vous le savez les femmes étaient réputées libres et indépendantes. Il n’y a pas de mal à se faire du bien, si faire l’amour faisait mal, aucun d’entre nous ne serait là, Dieu a bien fait les choses quand même non ? Alors profitez de votre sexualité ou même de simples marques d’affection avec votre partenaire si le cœur (et le corps) vous en dit. Profitez-en mais respectez-vous et respectez votre partenaire en pleine connaissance de vos corps respectifs.

Guillaume Deysine

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LIBRE

Pokémon,

plaidoyer évolutionniste contre théories créationnistes Tout le monde le sait, le concept de Pokémon est de les faire évoluer pour les rendre plus puissants. Une telle apologie de l’évolution ne pouvait pas mettre Pokémon autre part qu’à la pointe de la lutte contre l’idéologie créationniste. En tout cas, si personne n’y avait encore pensé, je m’en charge !

P

okémon, tout le monde connaît, et quasiment tout le monde y a joué (certains sont tellement nostalgiques qu’ils l’ont installé sur leur ordinateur pour pouvoir continuer à y jouer même sans Gameboy !). Quel serait donc le rapport entre cet innocent divertissement pour enfant des 90s et les thèses perfides des intégristes créationnistes ? Mais d’abord, est-ce que tout le monde sait ce que sont les créationnistes ? Le créationnisme est un mouvement idéologique qui prend au pied de la lettre le discours bi-

En effet, les théories évolutionnistes de Darwin constituent quand même, comme l’a dit Freud, « la seconde blessure narcissique infligée à l’humanité » (la première est attribuée à Copernic et l’héliocentrisme, et Freud s’attribue la troisième avec la psychanalyse). Le créationnisme constitue donc une réponse à cette angoisse, en remettant l’homme au centre de la vie naturelle. Et donc dans cette lutte, il fallait un champion d’exception pour redorer le blason de l’évolutionnisme ! Ce champion est arrivé en la personne de Pokémon, et personne ne combat aussi bien que lui le créationnisme !

« Dans Pokémon, le processus de l’évolution est tellement mis en évidence qu’il est concentré en un unique moment où le Pokémon passe un niveau » blique, et notamment la Genèse. En effet, selon les créationnistes, Dieu a réellement créé le monde (depuis le néant jusqu’à Adam et Eve) en 6 jours, a roupillé le 7e, et a vu que cela était bon. Cela implique par exemple que les animaux n’évoluent pas, puisqu’ils restent tels que Dieu les a créés. L’opposition aux théories évolutionnistes est quand même assez virulente, surtout dans la bataille des programmes scolaires. Entre les tentatives d’interdiction pure et simple des théories évolutionnistes, et l’obligation d’enseigner les théories fixistes créationnistes comme théorie alternative, les communautés scientifiques et religieuses se déchirent.

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Dans Pokémon, le processus de l’évolution est tellement mis en évidence qu’il est concentré en un unique moment où le Pokémon passe un niveau : les changements sont explicites, on les voit d’emblée : une violente charge contre le fixisme ! Et même, en allant plus loin, l’objectif explicite de Pokémon est de faire évoluer ses Pokémons, pour les rendre plus puissants et évoluer dans le jeu. Une manière de faire passer le message que le monde est un monde en mouvement, et qu’il faut évoluer pour pouvoir continuer à y trouver sa place. J’espère que c’est maintenant clair pour vous que les Pokémons sont de violents opposants à l’idéologie créationniste. Sinon, je vous aurai au moins parlé des créationnistes, ces gens extrêmes aux idées un peu obscurantistes.

Théo Knoepflin


LIBRE

Grenoble vu par un Grenoblois Au travers de mes voyages dans les différentes villes de France, j’ai découvert qu’une chose est sûre, c’est que le cas grenoblois ne faisait jamais l’unanimité. En tant que Grenoblois de longue date, je me propose de vous éclairer sur la question.

L

e constat sur la ville de Grenoble apparaît souvent comme contradictoire voire paradoxal, les avis sont toujours extrêmes, on adore ou on déteste. Prenons l’habitant des plaines, l’acrophobe anxieux, le francilien pressé : l’étranger fraîchement arrivé. Celui-ci possède encore une grâce éloignée du contexte local et est habillé de beaux habits, correctement épinglés, avec plusieurs couches de vêtements, initialement censés le protéger du froid, mais dont l’ordonnancement laisse à penser qu’il y a là un but secret. Ses chaussures sont elles aussi bien choisies. Une ancienne Parisienne me confiait récemment qu’elle portait tous les jours des talons à Paris, mais plus maintenant car : « ici personne n’en porte ». Cette phrase résume l’accoutrement décalé du microcosme grenoblois. Le Grenoblois typique est en effet un peu particulier. Ancien soixante-huitard, souvent cadre, après avoir brillamment réussi ses études, il en a eu marre du métro et décida de s’installer dans la dynamique ville grenobloise pour pouvoir courir avec une lampe torche vissée sur le crâne à 10h du soir (ou 5h du matin) et faire des treks dans les Alpes pendant les vacances. Sa progéniture, adepte de sports de glisse et de sports extrêmes, remplit les urgences du très sympathique CHU de Grenoble, et crée une population diverse mais homogène. Les Grenoblois ne sont en réalité qu’assez peu nombreux dans le centre, qui réunit beaucoup de personnes en transition. Le natif lui traîne sur les quais ou sur son VTT, bien déterminé à trouver la nouvelle façon de se blesser, tout ça en se filmant avec une GoPro. Son comportement nonchalant et peu réceptif aux coutumes mondaines le fait parfois passer pour un croisé

hippie-hipster, appelé par une soif d’aventure (mais sûrement pas avec des non initiés). Pour en revenir au Parisien de tout à l’heure, le parallèle avec le Grenoblois reste possible. Certes ce dernier n’a absolument aucun goût et n’hésite pas à porter un sac à dos vert avec une veste turquoise, mais il ne peut s’empêcher de penser à quelle nouvelle tendance sportive ou quel nouveau « spot » de glisse il va bien pouvoir trouver pour impressionner la troupe. En somme Parisien et Grenoblois se ressemblent fort, ils n’ont certes pas le même

« Parisien et Grenoblois se ressemblent fort, ils n’ont juste pas le même référentiel culturel » référentiel culturel, mais chacun d’eux reste dans ses activités, là où il est doué et confiant. Ainsi l’aventurier n’est pas toujours là où on le croit. Plus joyeusement, on peut dire que Grenoble peut satisfaire tout le monde, mais qu’il ne faut pas se limiter aux apparences. Pouvoir sortir de la ville c’est découvrir un nouveau monde, celui de la montagne et des paysages uniques des contreforts alpins. Pouvoir profiter des activités de la ville, c’est aussi changer d’air et découvrir un autre monde. Finalement être Grenoblois, c’est pouvoir oser changer d’environnement.

Julien Bretin

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Le glossaire du Gémien 1A, AP2A, désormais élève de notre école – qui est aussi tienne, du coup -, tu te dois de pouvoir converser dans l’idiome gémien. La sélection suivante te permettra un semblant de compréhension des autochtones.

Cul sec : (n. m.)

Souvent contenu dans une injonction joviale appelant un compagnon d’association à ingurgiter précipitamment le contenu entier d’un verre, parfois sournoisement offert une seconde auparavant. Tête renversée en arrière, la démonstration de « bon esprit » s’accompagne volontiers de l’énonciation d’une justification, réelle ou non, pour ce cul-sec. Attention au bide cependant, pouvant entraîner un subit retournement de situation.

Chopper ou choper (les orthographes variant) : (verbe du 1er groupe) Action qui se résume à un échange plus ou moins prolongé de liquide produit par les glandes salivaires de deux ou davantage de personnes de sexe quelconque. Nom associé : la chop(p)e. « Le mur de choppes de Guillaume (ndlr : prénom imaginaire, sans rapport aucun avec des faits réels !) est des plus fournis »

Valider : (verbe du 1er groupe)

Action qui consiste en un acte, souvent consécutif à la choppe. Des exemplaires de sportifs adeptes peuvent se trouver aux abords de toute soirée, festival, sortie, gala etc. Les règles du jeu de la validation peuvent varier, une cependant reste fixe : « sortez couverts ! ».

Fraîcheure : (n. f.)

Il s’agit ici d’une personne à laquelle on ferait en d’autres circonstances référence en utilisant un des termes de la liste femme/fille/meuf. Cependant, sa propension à intégrer certaines associations la fait porter cette dénomination avec fierté et régulièrement l’afficher au JT. La rédaction considère la rumeur selon laquelle de nombreuses représentantes du nom seraient souvent tristement célèbres pour leurs exploits purement fictive. Le pendant masculin est le narvalo.

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Polard : (n. m.)

Nom pouvant s’appliquer tant bien à un étudiant qu’à une étudiante (alors affublée de la féminisation du terme, « polarde »). Le polard est facilement identifiable en soirée, où il rentre souvent avant minuit pour « réviser » (terme abstrait, peu utilisé dans le vocabulaire gémien). Il peut néanmoins s’aviser plein de ressources (fiches), surtout en période de veille de partiels. Ou de rattrapages.

Limousin : (danse du ~, n. f.)

Interprétation artistique d’un effeuillage des plus musicaux sur un air pouvant varier d’une école à une autre, le résultat étant cependant le même et de la même taille à peu près partout

Tize : (n. f.)

donnant naissance au verbe tizer (1er groupe) sur lequel nous ne nous épancheront pas en dehors des soirées.

Anna-Luisa Vogt


Retrouve le Gem In Way tous les mois sur la mezz’ ! Ecole, société, culture, assos, libre… aucun sujet n’est tabou ! Si tu as une question ou une suggestion, n’hésite pas à envoyer un mail à sarah.monier@grenoble-em.com, ou à réagir sur la page Facebook d’Xpression (Asso Xpression).

Le Gem In Way est le journal étudiant des Gémiens. Publié chaque mois par l’association littéraire et journalistique Xpression, il défend la liberté d’expression en permettant à chacun d’écrire ce qu’il souhaite tout en respectant la déontologie journalistique. Nous rappelons à ce titre que les opinions exprimées dans ces pages sont celles des rédacteurs, et non de la rédaction du Gem In Way ou de l’association Xpression, et que ceux-ci n’ont pas à se justifier au regard de ces opinions.


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