Kurdes, de l'ombre à la lumière

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Kurdes, de l'ombre à la lumière Photographies d'Emmanuel Smague Textes d'Anne-Laure Grosmolard

Les Éditions de Juillet 1



Kurdes, de l'ombre à la lumière Photographies d'Emmanuel Smague Textes d'Anne-Laure Grosmolard

Les Éditions de Juillet



PRÉFACE

A

vant toute chose, il est indispensable de rappeler quelques grandes lignes des origines du peuple kurde au lecteur francophone. L’histoire nous montre que les Kurdes sont l’un des peuples les plus anciens, déjà connu à l’époque de l’Antiquité. Les Kurdes seraient ainsi les descendants des Mèdes, voisins des Perses, dont l’origine remonte au premier millénaire avant J.-C. Au début du XXe siècle, le traité de Sèvre réunissant les alliés de la Première Guerre mondiale garantit l’autonomie du Kurdistan dans l’Est de l’Anatolie et la province de Mossoul. Mais, avec la création de l’État turc actuel, ce traité restera lettre morte. Aussi, lors du traité de Lausanne en 1923, la création du Kurdistan autonome est définitivement abandonnée. Le Kurdistan est actuellement divisé entre quatre pays : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Les Kurdes sont un peuple comptant entre 25 et 30 millions d’âmes, et la superficie de leur territoire est proche de celle de la France. Tout au long de son histoire, le peuple kurde n’a cessé de revendiquer ses droits. Des aspirations souvent réglées dans le sang et la négation, par le biais de massacres, de déportations, d’assimilations, d’exterminations… Mais la négation et l’oppression auxquelles est exposé ce peuple n’ont jamais réussi à plier sa volonté de se battre pour sa dignité et son droit de vivre en paix. Révoltes et rébellions, exodes et errances sont des mots qui rappellent tristement l’odyssée de ce peuple si fier de son identité. Le Kurde, dit-on en son pays, n’a comme ami que ses montagnes qui l’ont toujours protégé et accueilli. Cet adage est résolument ancré dans la mémoire de chaque âme kurde. Revendiquer son identité a toujours une connotation politique pour les régimes qui dominent le Kurdistan et justifie donc une répression de leur part. Mais ce peuple, de par son éparpillement dans le monde et notamment en


Europe et aux États-Unis, a gagné la sympathie et l’amitié de beaucoup de gens, simples citoyens, intellectuels, artistes ou hommes politiques. Le livre d’Emmanuel Smague s’inscrit dans ce capital de sympathie que les Kurdes ont pu engendrer durant ces dernières décennies. Pour mieux le comprendre, il faut remonter à l’été 1996 lorsque, d’une manière totalement fortuite, j’ai eu la chance de rencontrer Emmanuel à Dêrik, une petite ville située au nord-est de la Syrie, aux portes de l’Irak et de la Turquie. Je venais de terminer mes études de français à l’université de Damas. Ma surprise était grande et ma joie tout autant. J’accompagne alors mon courageux aventurier pour lui montrer cette partie de la Mésopotamie. Nous partîmes vers le Tigre où nous nous baignâmes sous une chaleur torride. Notre joie était tellement intense que nous ne sentions guère la chaleur, tel un enfant qui patauge dans l’eau. Je disais à mon invité de faire attention quand même de ne pas nager trop loin de peur de se faire tirer dessus par les gardes frontaliers turcs. Triste réalité de cette contrée. J’étais avide de parler français, et Emmanuel l’était de mieux connaître le peuple kurde qui vit là-bas et de découvrir le peu de vestiges, sciemment délaissés, qui ne sont pas encore enfouis sous les terres agricoles de cette région. Tous ses sens en éveil, il savourait chaque instant, comme s’il se disait que c’était peut-être la première et la dernière fois qu’il pouvait faire de telles rencontres dans cette contrée ignorée et marginalisée. Cette aventure fut pour moi le ferment d’une belle rencontre. Une amitié qui n’a cessé depuis de faire naître d’autres idées et projets dont celle de ce livre de photographies qui retrace à travers son objectif une partie de la vie des Kurdes du Kurdistan irakien, devenus des réfugiés sur leur propre terre. Les photographies d’Emmanuel nous invitent à une prise de conscience de ces âmes façonnées par le bon vouloir de leurs oppresseurs. Elles mettent à nu le


visage d’une humanité qui cherche mais peine à trouver des noms à ses sujets les plus déshérités, les plus démunis et les plus exposés au négationnisme, au déni et même à l’indifférence de notre monde dit civilisé et porteur des valeurs universelles. Au fil de ses photographies, le désarroi transparaît sur les visages de ceux qui sont devenus réfugiés sur la terre de leurs ancêtres (les Kurdes de Syrie et de Turquie fuyant leur régime). À l’instar de cet homme sur la voie ferrée, il se lit sur le visage de ceux qui se fient maintenant à leur destin aussi indécis que périlleux. Ces hommes et ces femmes endossent le poids d’un passé émaillé de blessures et de cauchemars. Des âmes pour qui le bonheur et la paix n’ont qu’un seul sens, celui de l’utopie. Puisqu’ils seront toujours les laissés-pourcompte de l’histoire. À l’image de cette citation de Milan Kundera - « La mémoire ne filme pas, la mémoire photographie » -, les photographies d’Emmanuel sont là pour captiver notre attention, rendre éternels des chapitres témoins de la bêtise humaine et s’inscrire dans la mémoire collective afin que personne ne puisse dire un jour qu’il ne savait pas. Karim Kamar



Avant-propos

A

u même titre que les voyages, la photographie est une passion ancrée dans la vie d’Emmanuel Smague. Elle a débarqué dans sa vie l’année où le Breton passe le bac et le poursuit encore aujourd’hui. Même si, durant de longues années, le photographe se sent obligé de marquer une pause. En 1993, Emmanuel décide de voyager sans matériel. Il ne supporte plus la propension de la photographie à galvauder ses rencontres, du moins le pense-t-il. « Au cours d’un voyage au Kurdistan turc, j’ai décidé de laisser mon appareil photo au vestiaire. J’ai eu envie, à cette époque, de vivre pleinement les rencontres, de penser aux échanges et au rapport avec les gens plutôt qu’à ma prise de vue. » « C’est revenu petit à petit, poursuit-il. Un ami m’a confié qu’il regrettait de ne plus voir mes photos. Avant de partir en Éthiopie en février 2004, j’ai décidé d’acheter un petit appareil compact… histoire de voir. Grâce à lui, j’ai retrouvé des sensations très agréables comme flâner en ville à la recherche d’une image à saisir. Le virus m’a repris, mais de façon beaucoup plus sereine. J’ai appris, grâce à ces longues années d’abstinence, à mieux observer, à poser mon appareil quand il le faut, à prendre mon temps, tout simplement, et à ne plus avoir peur de manquer LE cliché. » Nouvel adepte du noir et blanc, le jeune photographe assume désormais sa passion. Son voyage en Transsibérien à l’été 2005 marque une nouvelle étape dans le parcours photographique d’Emmanuel. Avant de partir, le Breton décide de se racheter un boîtier et un objectif 35 mm qui lui permettront de mener à bien son projet tout en restant discret comme il le souhaite alors. « Ce voyage fut très important car il s’agissait pour moi de traiter un sujet photographique,


précise Emmanuel. Je ne devais plus me contenter de faire des photos au hasard des rencontres mais, au contraire, m’inscrire dans un projet. » Finalement, ce travail s’effectuera lui aussi sur place. Craignant de ne croiser que des touristes, il ajoute quelques variantes à son objectif initial et décide de monter à bord du BAM, le Baïkal-AmourMagistral, avant d’emprunter un bateau pour traverser le fleuve Amour jusqu’en Chine. « Cette odyssée a été formidable et très instructive. Je me suis aperçu que c’était fatigant de photographier sans cesse sans réelle direction à suivre. Au contraire d’un voyage préparé, où l’on peut toujours trouver du plaisir à creuser davantage son propos tout en suivant un fil directeur. J’ai décidé que tous mes voyages seraient dorénavant guidés par un sujet photographique. C’est un vrai tournant dans mon parcours. » Les photographies d’Emmanuel Smague présentées dans cet ouvrage sont donc le résultat de cette quête menée lors de plusieurs de ses voyages effectués au Kurdistan irakien. Touché par l’hospitalité de ce peuple, par son histoire, sa loyauté et son avidité à s’ouvrir au monde, Emmanuel se fait, au fil de ses portraits, porte-parole de ces hommes et femmes souvent réfugiés dans leur propre pays. Emmanuel Smague est aujourd’hui âgé de 40 ans et vit à Lannion, dans les Côtes d’Armor. Professeur de musique, il profite des vacances pour découvrir de nouveaux horizons. Voyager lui offre la possibilité de multiples rencontres, souvent uniques. Intuitif, il sait capter le regard et amener l’autre à s’ouvrir peu à peu, à se confier, se raconter, sincèrement.


L

’histoire d’amitié entre Emmanuel Smague et le Kurdistan irakien trouve ses prémices dans sa rencontre avec Karim Kamar, en 1996, lors d’un voyage en Syrie. Cet été-là, Emmanuel pose, pour la première fois depuis qu’il voyage seul, son pied sur le sol arabe. Les premières rencontres lui laissent un goût amer. Manque de chaleur, de sincérité et d’échange, à l’inverse, donc, de ce qu’Emmanuel vient rechercher à chacune de ses découvertes. Alors qu’il décide de s’éloigner à l’extrême nord-est de la Syrie et de retourner vers ce peuple kurde qu’il a déjà eu l’occasion de croiser lors de précédentes étapes en Turquie, le voyageur retrouve « instantanément les sensations de bien-être » qu’il éprouvait alors avec la population du Kurdistan turc. Le hasard des rencontres l’emmènera ainsi sur la route de Karim, seul du village de Dêrik, où Emmanuel s’est installé, à parler français. Durant trois jours, interprète et voyageur ne se quitteront pratiquement plus. Karim permet à Emmanuel de dialoguer plus sereinement avec les gens qu’ils rencontrent peu à peu. Là, au Kurdistan syrien et en présence de Karim, il s’attache à mieux admirer ses paysages, échanger avec ses habitants, découvrir son patrimoine et apprendre son histoire. Pour autant, Emmanuel ne reviendra pas de sitôt sur ses pas. Mais continuera, les années suivantes, à faire ce qui lui tient à cœur depuis si longtemps : découvrir de multiples contrées, cela sans appareil photo pendant de longues années. L’installation en France de Karim, quelques mois après leur rencontre, marquera le début d’une longue amitié. En 2005, il annonce à Emmanuel qu’il souhaite demeurer au Kurdistan irakien, tout récemment reconnu région autonome, et, bien entendu, y accueillir son ami avec lequel il aimerait organiser la venue de musiciens chanteurs et danseurs bretons. Emmanuel voit là l’opportunité d’un nouveau voyage et de précieuses photographies à réaliser.


En avril 2006 et pour la première fois depuis dix ans, Emmanuel retourne sur les terres kurdes. Muni de quelques clichés qu’il souhaite exposer. « Trentesix photos, couleur et noir et blanc, pour une exposition intitulée « Portraits du monde » que je souhaitais présenter aux Kurdes, avides d’ouverture », argumente Emmanuel. C’est l’un des trois buts du jeune Breton qui veut par ailleurs mener à bien son projet musical et, évidemment, prendre de nouveaux clichés puisqu’il ne conçoit plus d’entamer un voyage sans y ajouter un travail photographique. Au cours de ce séjour, Emmanuel mènera ses trois projets à terme. Le ministre kurde des Affaires culturelles adhère aux demandes du Breton et de son ami. Les dix musiciens chanteurs et danseurs bretons pourront venir. Et le photographe peut d’ores et déjà préparer son exposition qui se tiendra dans la citadelle d’Erbil, magnifique monument vieux de 3 000 ans qui surplombe les quartiers modernes de la capitale et notamment le quartier central du Bazar. En partie détruite et reconstruite, la citadelle abrite des réfugiés venus des montagnes. à l’intérieur se trouve également le centre culturel français Arthur Rimbaud, dirigé par Matthieu Saint-Dizier qui adhère instantanément au projet d’exposition d’Emmanuel. Le photographe y fait alors une autre rencontre déterminante : celle de Bakhtiyar Haddad, interprète, devenu depuis un grand ami. Constamment sur place pour présenter aux visiteurs les photographies exposées, Emmanuel en profite pour prendre quelques clichés du camp de réfugiés à l’intérieur de la citadelle. Mais c’est à Makhmur, où il se rend quelques jours plus tard aux côtés de Bakhtiyar, qu’Emmanuel trouve le véritable sujet photographique de son voyage. « Durant cette seule journée, j’ai appris beaucoup de choses. La ville possède elle aussi un camp de réfugiés mais il s’agit là de Kurdes qui ont fui le régime turc. La vie y est totalement différente de celle


de la citadelle d’Erbil. Véritablement repliée sur elle-même. » La présence de Bakhtiyar ouvre à Emmanuel « des portes immenses ». Accompagnés par les services de sécurité, les deux amis vont y visiter tous les endroits importants hôpital, école, salle des martyrs, etc - et en rapporter des photos saisissantes. Cette année-là, le photographe fera trois voyages au Kurdistan irakien. En avril, puis en octobre avec les neuf autres artistes bretons qu’Emmanuel a réussi à convaincre de partir. Pour l’occasion, le musicien se remet au violon. Reçue très officiellement - c’est la première fois que le ministère kurde des Affaires culturelles reçoit une délégation artistique étrangère - la troupe donnera trois concerts à Erbil, Al Sulaymaniyah et Dohuk. À chaque fois, le public essentiellement masculin - compte quelque cinq cents personnes. L’ambiance est chaleureuse, amenant parfois les spectateurs à se joindre aux émissaires bretons dès les premiers pas de danse entamés. Une musique pour deux danses, les pas de la Shêkhani se mariant subtilement aux notes bretonnes. Durant cette semaine, les artistes français enchaîneront visites officielles et officieuses. Alors qu’ils sont venus là pour présenter leur culture, ils en apprennent tout autant sur celle de leurs hôtes. Hasard du calendrier, ils se retrouvent même au cœur de l’histoire quand, la veille de leur départ, ils assistent à l’annonce via les médias de la condamnation à mort de Saddam Hussein par le Haut tribunal pénal irakien, à Bagdad. Pour autant, si la capture de l’ex-dictateur a été un moment de liesse populaire, la page semble déjà tournée à l’heure de sa condamnation. Au moment de partir, Bretons et Kurdes sont bien décidés à ce que ces au revoir ne se transforment pas en adieux. Aux amis kurdes de découvrir la Bretagne, ce que certains d’entre eux feront quelques mois plus tard. De son côté, Emmanuel décide, avec Bakhtiyar, d’y retourner dès Noël pour un nouveau travail photographique. Pendant les dix jours qu’il y consacre,


Emmanuel savoure « les réelles conditions professionnelles » dont il bénéficie grâce à la présence de son ami interprète. À ses côtés, il visite d’autres camps de réfugiés - Mecerike, Hussaynia, Mukuble - et se rend dans la ville martyre d’Halabjah, victime le 16 mars 1988 d’un bombardement chimique. Emmanuel profite aussi de ce dernier voyage au Kurdistan pour remercier le ministre kurde des Affaires culturelles et finaliser le projet de faire venir quelques Kurdes en Bretagne - ce qui se fera en avril 2007. Nouvel hasard du calendrier, il apprend pendant son séjour l’exécution de Saddam Hussein, diffusée en boucle à la télévision pendant plusieurs jours. Alors qu’il quitte le Kurdistan, Emmanuel classe définitivement ces derniers voyages comme « à part, vraiment différents de tous les autres ». « Le ministre m’a qualifié un jour de porte-bonheur puisqu’à chacune de mes venues coïncidait un moment historique, notamment lié à Saddam Hussein. C’est sans doute trop, mais cela signifie beaucoup dans les émotions partagées et les relations nouées. Si j’ai eu l’occasion de vivre, à chaque voyage, des choses réellement fortes, rien jusqu’à maintenant n’équivaut aux moments vécus au Kurdistan », conclut le photographe.

Anne-Laure Grosmolard


PORTFOLIO








































































LÉGENDES Loin de la guerre…

Citadelle d’Erbil - camp de réfugiés

Camp de réfugiés jusqu’en novembre 2006. Suite à un projet de restauration (citadelle sur la liste d’attente du patrimoine mondial de l’Unesco), toutes les familles ont quitté les lieux avec chacune une dotation de 4 000 $ du gouvernement kurde.

Ancienne caserne de l’époque de Saddam Hussein Située au nord de Kirkuk et abandonnée depuis 2003 suite aux combats opposant armées irakienne et américaine. Slogans représentant notamment des traces de pas sur le drapeau israélien. Soldat irakien prêt à assomer un Américain avec une carte de l’Irak (tête du soldat depuis détruite). Quelques familles sont venues ici se réfugier.

Stade de Kirkuk Chassées dans un premier temps de Kirkuk suite à l’arabisation imposée par Saddam Hussein, 500 familles ont trouvé ici refuge depuis 2003, n’ayant pas retrouvé ou eu accès à leur maison d’origine.


Route menant au stade de Kirkuk.

Bazar d’Erbil

Camps de réfugiés, Kurdes ayant fui les régimes turc et syrien Camp de réfugiés de Hussaynia

Camp de réfugiés de Mukuble

Camp de réfugiés de Mecerike


Camp de réfugiés de Makhmur Depuis 1994, date de sa fuite de Turquie, la population du camp a dû se déplacer trois fois à cause du rejet des Kurdes d’Irak. Sous protection du HCR (Haut commissariat aux réfugiés), leurs conditions de vie précaires sont parfois soulagées par l’aide rare d’ONG. Ce camp est depuis fin 2006 interdit aux journalistes suite à des articles peu appréciés par les autorités. Attente chez le médecin et distribution de médicaments.

La salle des martyrs. Murs tapissés de photographies représentant des membres du PKK disparus, assassinés ou qui se sont immolés. Halabjah - ville martyre 16 mars 1988 : bombardements à l’arme chimique sur la ville de Halabjah. Les habitants de Halabjah subissent encore les effets de ce gaz chimique. Nazira Abdulah Maruf, 50 ans, atteinte d’un cancer, un exemple parmi tant d’autres…

Hama et Karim Mohammed Jusef posent devant la tombe de leur enfant.

Surnommées « Les Femmes de la Paix », elles s’attribuent le rôle de soulager les douleurs de chacun. La salle des handicapés.


Halabjah - ville martyre Hassan Murad. Peintre. Sa toile représente le monument construit à l’entrée de la ville en mémoire des victimes de Halabjah. Celui-ci a été brûlé par la population le 16 mars 2006, jour anniversaire de l’événement, estimant que sa souffrance demeure et qu’elle ne se résume pas à la simple présence d’un monument. Une action de colère portée également contre les délégations étrangères qui limitaient trop souvent leurs visites au mémorial de cette ville martyre. Prise en photo quelques jours après le bombardement chimique, Jewan Mohammed Abdullah, 18 ans après…

Un album, la photo d’une petite fille et un miracle : quelques heures après les bombardements, alors que les survivants ramassent les corps de leurs proches, ils découvrent l’enfant respirant toujours dans les vêtements de son père, qui lui n’a pas survécu.

Décembre 2006 : un homme montre ici les photographies de ses amis les plus chers, morts pendant cet événement tragique.

Retour vers la frontière turque.


Université des beaux-arts de Dohuk. L’enthousiasme des étudiants devant la prestation des musiciens et danseurs bretons (novembre 2006).

REMERCIEMENTS Felekedin Kakeyi, ministre des Affaires culturelles, Wirya Ahmed, directeur de l’institut du patrimoine kurde, Karim et Géraldine Kamar, coordinateurs de projets francophones, Bakhtiyar Haddad, interprète. Et à toute l’équipe de musiciens et danseurs bretons : Jean-Luc Thomas, Alan Madec, Gaby Kerdoncuff, Stéphane Foll, Ifig Troadec, Christian Rivoalen, Sabine Kergoët, Maud Guillois, Coralie Marzin.

Les Éditions de Juillet 16, rue du Landrel - 35135 Chantepie www.editionsdejuillet.com Création & maquette : Yves Bigot Achevé d’imprimer sur les presses de Chat Noir Impressions Editeur : 2-952a3336 - ISBN : 2-9523336-9-6 - Quatrième trimestre 2009



R

égion autonome depuis 2003, le Kurdistan irakien, longtemps en proie à la guerre, est peu connu des Occidentaux. À travers un travail inscrit dans la tradition de la photographie humaniste, Emmanuel Smague nous invite à découvrir un peuple chaleureux, au lendemain de son oppression sous le régime de Saddam Hussein. Il nous dévoile ainsi les multiples facettes de cet endroit du monde dont les habitants représentent la première richesse et nous ouvre les yeux sur une humanité réfugiée sur ses propres terres, celles de ses ancêtres. Le témoignage d’Emmanuel Smague renvoie les regards des Kurdes à nos propres indifférences, pour mieux les graver dans nos mémoires.

20 €

Les Éditions 92de Juillet


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