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3.- Mise en situation professionnelle à travers les stages en agences p.11
Ce long cursus a toujours nourri l’envie de me former d’avantage, d’aller à l’encontre de nouvelles découvertes, de m’informer, de rester informer sur l’actualité architecturale. La curiosité, la recherche, l’analyse, l’information et la confrontation sont les outils de la culture architecturale. Cette culture est, je pense, primordiale pour exercer une profession «d’intérêt public »5. L’architecte clarifie les problématiques liées au projet en apportant des précisons au besoin, exprimé ou non, de la Maîtrise d’Ouvrage à un programme.
2.- Enseignement du Projet architectural L’enseignement phare des écoles d’architecture est bien évidemment le projet. Ce qui anime ces cours sont sans doute l’enseignement d’un certain style architectural proposé par les professeurs. Il existe un lien étroit entre la philosophie des professeurs et les ateliers de projets. Les professeurs ‘maîtres de ces écoles’ enseignent leurs savoirs (leurs styles) aux adeptes (étudiants), ce qui nous permet de dire que ces ateliers peuvent être considérés comme une école de pensée en soi. Ceci fait ressortir la part de la subjectivité dans l’enseignement du projet. L’étudiant choisit une ‘école’ parmi d’autres ateliers proposés. Le projet d’architecture est une discipline unique dans le paysage de l’enseignement supérieur. Il convoque en un seul lieu des savoirs multiples : connaissances transmises par les pairs, histoire, données factuelles, d’où jaillit la production architecturale. C’est pour trouver réponse à mes questions que j’ai choisi des ateliers de projets qui pouvaient correspondre à mes attentes dans ma vie professionnelle. Les professeurs de projet que j’ai eu en Master, respectivement Olivier Gahinet pour l’atelier Tenir la Distance, Georges Heintz pour l’Atelier Rhénan; densité en vis-à-viset Dominique Coulon pour le domaine Architecture et Complexité. Ces ateliers m’ont permis de comprendre la méthode qu’utilisait chaque enseignant pour enseigner et transmettre leur savoir. Intéressons-nous de près à ces ateliers.
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Dans l’atelier Tenir la Distance (Master 1-Semestre 1) il s’agissait d’apprendre à faire du logement collectif et à dessiner l’espace de la ville, tout en prenant en compte la crise écologique et politique majeure qui affecte la planète. L’apprentissage de l’un des savoirs les plus fondamentaux de la discipline, concernant le logement collectif, la typologie et son articulation avec la forme de la ville permettait de créer des liens entre ces différents espaces. On devait prendre en compte l’espace urbain, le site, la structure, l’image et le statut de ce qui est dessiné. Le studio a vocation à enseigner l’architecture avec la théorie et le projet qui en résulte. Le projet était considéré comme un objet à la fois théorique et pratique, comme un objet de savoir et comme un moyen de connaissance du monde. Il s’agissait de ‘penser en projet’.Le studio a débuté par le dessin d’un logement idéal, une expression en ressortait ‘un architecte qui ne sait pas dessiner une chambre ne saura pas dessiner une ville’ . Cet enseignement m’a permis de me plonger dans un savoir qui porte sur la question de la cellule, la question de l’habité, et la question de la typo-morphologie.
L’atelier Rhénan, densité en vis-à-vis (Master 1-Semestre 2) : il s’agissait de l’enseignement de projet sur la frontière du Rhin. Nous nous sommes intéressés au face à face Strasbourg-Kehl, relancé par l’arrivée du tram, et territoire expérimental pour de prochaines grandes transformations urbaines à venir. Cette thématique nous a poussé aux questionnements de la verticalité et de densité pour comprendre l’histoire des tours, son intérêt. Cet atelier a permis de comprendre à travers des analyses les progrès technologiques à travers le temps, le
rapport à la manière d’habiter, de travailler, le changement de la typologie des tours, la mixité des programmes qu’elle abrite, le rapport qu’elle entretient avec le socle et le couronnement. Ainsi découlaient des questions liées à la grande innovation et les ambitions futures comme alternatives à l’habitat connu. Le domaine Architecture et Complexité (Master 2 Semestre 1 et PFE) invitait à une approche globale du sujet pour laquelle tous les paramètres présents du site étaient pris comme des éléments susceptibles de devenir des dynamiques dans l’élaboration du projet. La réflexion se faisait à travers des maquettes d’échelles variées. La pédagogie s’inscrivait dans une approche multi scalaire du projet par l’emboîtement des échelles, ce qui induit une dynamique d’allers et retours entre le grand territoire et l’espace architectural. Cette démarche nous conduisait à explorer des scénarii porteurs de postures innovantes. Les réponses du projet pouvaient aller de propositions à caractère utopique à des postures ancrées dans le réel.
Ayant trouvé une approche du projet et une méthode d’enseignement qui répondait à mes attentes, j’ai choisi cet atelier pour faire mon Projet de Fin d’Etudes. Le PFE est un événement qui ponctue un processus de réflexion en cours ; il est une étape au travers de laquelle l’étudiant se révèle et se positionne en tant que futur architecte. Le temps du PFE est forcément pour développer une réflexion personnelle, c’est le temps de laisser une place aux intuitions et aux obsessions de chacun. L’expérimentation devient ainsi la base de cette recherche à la fois patiente et dynamique. L’objet du projet est la démonstration de la problématique par l’explicitation du processus de conception. Le résultat final est tout autant compris comme un moment fort de la conception qu’une proposition aboutie et fermée. L’exploration associée au plaisir de chercher donne des réponses inattendues. L’exercice de pouvoir revendiquer une démarche, une posture, une écriture personnelle en élaborant sa propre méthode de projet a été une expérience riche et unique. Ainsi, nous pouvons dire que chaque atelier de projet, voire même chaque professeur contribue à forger une culture architecturale propre. Chacun d’eux mette en exergue des aspects de la pratique architecturale. Cette diversité de l’enseignement du projet est à l’image de la ville à laquelle elle est destinée, complexe et hétéroclite. Il reflète la société plurielle et mixte. Une même architecture ne peut exister dans deux lieux différents. C’est l’esprit du lieu, comme de décrit Christian Norberg-Schulz le Genius Lociqui est de «Protéger et conserver le genius loci signifie, en fait, concrétiser le sens, dans un contexte historique toujours nouveau.» 7 . D’un côté, l’esprit fait référence à la pensée, aux humains et aux éléments immatériels. De l’autre côté, le lieu évoque un site, un monde physique matériel. Le lieu est intrinsèquement lié à la question de l’identité. C’est la relation entre les individus et l’environnement. L’esprit du lieu fait référence aux émotions qu’un site peut procurer pour l’individu en raison de son caractère et du sens qu’il acquière. Cette signification est l’identité de ce site. L’habitation n’est pas qu’un simple abri mais la phénoménologie de la vie.
7 Norberg-Schulz, 1997, Genius Loci, p.18