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4.- Le chantier - transmission des entreprises à l’architecte p.16-17-18
Nous pouvons remarquer que l’économiste est une grande assistance pour l’architecte dans l’orientation raisonnée du projet en fonction du budget du maître d’ouvrage, et dans la rédaction des notices particulièrement pour les démarches administratives. Il faut néanmoins que l’architecte maitrise ce domaine de l’économie pour non seulement pouvoir vérifier et discuter avec son économiste, mais aussi pour conserver sa place comme acteur principal du projet.
« Il est étonnant de constater à quel point l’exploitation architecturale de quelques lignes très simples à le pouvoir de stimuler les émotions humaines. » Rem Koolhaas, citation de Thompson. The New York Délire
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3.- Ecriture d’un cabinet d’architecture – question de la spécialisation L’identité architecturale joue également un rôle dans la reconnaissance. La spécialisation peut être un atout dans le développement d’une identité. En effet, elle peut naître de la continuité d’une réflexion sur un programme précis. En voulant développer, approfondir un programme, un fil conducteur, présent dans la réflexion de l’architecte et son évolution peut se matérialiser dans les projets finis. Chez BGL Architecture il y a souvent des principes constructifs, des matériaux qui reviennent souvent. Mais l’agence est loin d’être fermée aux nouveautés. L’expérience du concours en est l’exemple concret. J’étais complètement libre de dessiner un des bâtiments pour le concours en question.
Les débats sont nombreux quant à la spécialisation des architectes, l’argument contraire à cette répétitivité est celui de l’approfondissement perpétuel. Travailler de manière récurrente, voir exclusive sur un programme permet de l’approfondir, de toujours le re-questionner et ainsi d’améliorer sa réponse au fil des projets. Ce perfectionnement, serait permis par le retour sur expérience. Le spécialiste, qui l’est de fait depuis déjà un certain temps, a la possibilité de voir ses projets vieillir, évoluer dans le temps, il peut même éventuellement avoir un retour des usagers. Ceci rendrait donc possible le renouvellement des réponses, leur réadaptation, en fonction de ce retour critique, mais cela ne peut se faire qu’avec un recul suffisant sur son propre travail.
La spécialisation programmatique peut être le fruit de diverses situations ou raisonnements de la part d’un Architecte. Cela peut être par affinité avec un programme particulier, son échelle, son usage, son rôle dans la société. Cela peut-être par le goût de pousser une réflexion jusqu’à son maximum, d’expérimenter un programme et une manière de le travailler, de le penser, de le construire. Cela peut également être motivé par des raisons économiques. La spécialisation est un moyen comme un autre d’accéder à la commande, de se faire connaître par des Maîtrises d’ouvrages spécifiques et d’être reconnu comme étant un expert. Cette liste, non exhaustive, montre que la spécialisation a ses raisons, multiples, qu’elle peut, en toute légitimité, être la ligne directrice d’une agence, de sa politique, de sa stratégie. Le but ici n’est pas de la condamner ni ceux qui en usent pour leurs carrières et leurs structures. Au contraire, le spécialiste a toute sa liberté, mais il doit aussi avoir celle de sortir de sa spécialité s’il le souhaite.
J’ai, jusqu’ici, insisté sur les notions de « choix » et de « volonté », car pour moi, la faculté de choisir est la source même de la liberté. Un « choix » donc, ne devrait en aucun cas, priver l’architecte de la liberté d’en faire d’autres, différents, à d’autres moments de sa carrière, de sa pratique. C’est cette liberté là que je veux aborder dans ce mémoire, ou plutôt, la difficulté qu’elle a d’exister. Au début de mon expérience chez BGL Architecture, j’ai eu des discussions sur le profil de clients de l’agence avec le gérant. Il m’a expliqué que la spécialisation dans un domaine précis en architecture est ce qu’il y a de meilleur pour pouvoir créer un réseau. Ce choix, visiblement payant puisque l’agence est reconnu pour ses projets de cliniques et de bâtiment industriel, lui a permis de se faire connaitre et ainsi d’avoir des commandes régulières. Un personnage, une patte, une spécialité, ces trois éléments passaient pour être les clefs de la réussite. J’appris plus tard, grâce au questionnement permis par la HMONP, et des conversations plus franches avec le gérant que construire cela n’était pas facile. La spécialisation n’est donc pas obligatoirement le résultat d’un véritable de choix. Elle s’impose parfois d’elle-même. En traitant ici, de l’arrivée de la spécialisation et donc du début d’activité d’un architecte, je ne parlerais pas encore d’un aspect subi ou contraint mais d’une caractéristique qui s’imposerait par la force des choses. La spécialisation est un outil pour le développement de son activité. C’est une manière de se positionner en tant qu’architecte, d’acquérir une position professionnelle pour obtenir des commandes, se faire connaître et reconnaître. Comme l’explique Véronique Biau, deux enjeux découlent de ce positionnement : « l’enjeu économique », caractérisé par l’accès à la commande 10 et « l’enjeu symbolique » marqué par la reconnaissance. Sans être forcément indissociable de l’aspect stratégique et économique, la spécialisation peut également être un choix intellectuel. C’est-à-dire répondre à la volonté d’un architecte de mener une réflexion sur un programme précis afin de s’approcher au maximum d’un idéal. BGL Architecture a réalisé des ERP où les exigences en termes d’accessibilité handicapés et de sécurité sont très importants. Spécialisés dans le domaine hospitalier depuis très longtemps. L’agence a réalisé la restructuration et l’extension des cliniques Sainte Barbe et Sainte Anne à Strasbourg. Un hôpital représente forcément un établissement contraignant en matière de sécurité incendie ; l’expérience acquise de l’agence lui confère une très bonne connaissance des règles des ERP de type U en terme de ; désenfumage, détection incendie, dispositifs asservis, degré de réaction et de résistance au feu des matériaux, protection au feu. Aussi l’agence maitrise les normes d’accessibilité ERP pour PMR
10 Biau Véronique, « Stratégies de positionnement et trajectoires d’architectes », Sociétés contemporaines, n°29, 1998, p.7-25