Zaman France N° 258 - FR by Zaman France

Mondial 2014 : la Turquie n’a pas convaincu

Bruit, lumière, écrans, stress. La 13e Journée du sommeil, qui a eu lieu le 22 mars, a été l’occasion de rappeler que la pollution sonore perturbe au quotidien notre repos. 4 Français sur 10 souffrent de troubles du sommeil qui peuvent avoir un impact sur notre santé.

SPORT

SANTE

Stop aux nuisances nocturnes !

La sélection turque s’était bien débrouillée, vendredi, en battant Andorre. Mais la rencontre avec la Hongrie fut une autre histoire. Avec un match à sens unique, les Turcs se sont fait surprendre, et concèdent donc le match nul. Un mauvais résultat dans la course à la qualiﬁcation.

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29 MARS - 4 AVRIL 2013 N° 258

Turquie -PKK : une réconciliation historique Netanyahou s’excuse auprès des Turcs

Le Premier ministre de l’Etat hébreu a présenté ses excuses au gouvernement turc, pour la mort de neuf de ses ressortissants lors de l’assaut israélien sur le navire Mavi Marmara à Gaza. Ces excuses étaient un préalable requis par Ankara pour une amélioration des relations bilatérales. RINTERNATIONAL 10

Saint-Etienne sous les couleurs de la Turquie

EDITO

Vers un nouveau Moyen-Orient ? EMRE DEMIR r02

OPINION

Une pax ottomana pour les Kurdes r15

Cognac fête la diversité

Le procès Balyoz validé par la justice européenne

La diversité est mise à l’honneur à Cognac en PoitouCharentes. La ville accueille jusqu’au 31 mars de nombreuses activités sur le thème de l’interculturalité. 18 pays dont la Turquie participeront aux festivités. RSOCIETE 05

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg vient de rejeter une demande de recours pour procès inéquitable déposée par l’un des détenus dans le cadre du procès du complot de coup d’Etat, connu sous le nom de Balyoz. RINTERNATIONAL 10

Les Français pour une loi contre le port du voile au travail

Le 30e salon de l’UOIF a ouvert ses portes

rFRANCE 02

rSOCIETE 03

Quand les Mongols détruisirent Bagdad rCULTURE 14

02 FRANCE EDITO EMRE DEMIR

Vers un nouveau Moyen-Orient ? La Turquie a fait deux grands pas pour la paix en deux jours. Abdullah Öcalan, chef emprisonné de l’organisation terroriste PKK, a lancé jeudi dernier un appel à la trêve et au retrait de ses militants armés du territoire turc afin de faciliter le règlement d’un conflit long et meurtrier. Bien que ce nouveau processus de paix soit encore fragile et susceptible de sabotage, les deux parties semblent enfin reconnaître qu’une solution militaire à cette question est impossible. Le message d’Öcalan pour une réconciliation politique montre aussi que les Kurdes dispersés dans trois pays vont collaborer avec Ankara pour construire un avenir commun. Le jour d’après, Benjamin Netanyahou a présenté ses excuses au gouvernement turc, pour la mort de neuf de ses ressortissants lors de l’assaut israélien sur le navire Mavi Marmara à Gaza. Par ce geste, Israël essaye de rompre son isolement diplomatique qui s’est particulièrement aggravé depuis le Printemps arabe. Ces deux événements semblent liés et peuvent être considérés comme des signes d’un grand changement dans la région. Le Moyen-Orient se transforme avec une vitesse incroyable. Le statu quo géopolitique imposé par les pays occidentaux après la Première Guerre mondiale se révèle inapte. Nous sommes sur le seuil, ou même en plein milieu d’un processus «post-guerre froide» de la région. Les signes sont partout qu’un nouveau Moyen-Orient se dessine. Cette fois-ci, la formation du nouveau Moyen-Orient s’opère non seulement par les États, mais aussi par les acteurs non étatiques. L’intégrité territoriale de l’Irak et de la Syrie est menacée par les politiques sectaires de Bachar al-Assad et Nouri alMaliki. Ces deux pays sont en train de se remodeler face à des réalités culturelles, ethniques et religieuses. Les deux pays sont déjà divisés en trois régions entre les Kurdes, les chiites et les sunnites. De nouvelles opportunités et alliances se créent. Ces changements radicaux du nouveau Moyen-Orient obligent les Kurdes de Syrie et d’Irak à coopérer avec Ankara pour un destin commun. e.demir@zamanfrance.fr

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

84 % des Français contre le port du voile dans le privé Les Français se déclarent à une écrasante majorité (84 %) opposés au port du voile ou du foulard par des femmes travaillant dans des lieux privés accueillant du public (commerces, supermarchés, cabinets médicaux, crèches, écoles privées), a révélé un sondage Ifop paru dans Dimanche Ouest France. Seuls 12 % se montrent indifférents et 4 % favorables. «L’opinion publique est donc dans ses multiples composantes très majoritairement en demande d’une conception beaucoup plus offensive du principe de laïcité à la française», conclut le sondage. Selon lui, «tout se passe comme si la distinction juridique entre espace public et lieu privé accueillant du public, rappelée par la Cour de cassation, n’était pas opérante ou pertinente Les Français se déclarent à une écrasante majorité (84 %) opposés au port du voile par des femmes travaillant dans des lieux privés accueillant du public. pour une écrasante majorité de la populamilation des populations issues de l’immi- «d’organes municipaux de consultation». Il tion». gration», rappelle l’institut pour qui le raidis- plaide pour l’établissement de menus difsement a des causes sociales (échec scolaire, férenciés dans les cantines et pour une souUn «malaise grandissant» La laïcité suscite «un malaise grandissant» chômage, enclavement des quartiers...) et plesse face aux fêtes religieuses. La laïcité ne porte pas uniquement sur la neutralité du notamment en banlieue, qui doit être sur- non religieuses. pouvoir politique, elle garantit aussi la liberté monté avec des réponses pragmatiques au de culte, rappelle le cercle de réﬂexion, qui niveau local sans modification législative, Dialogue et consensus estime l’Institut Montaigne dans une note Préconisant «la promotion de solutions préconise un audit des besoins en lieux de publiée lundi. «La laïcité y est perçue comme pratiques consensuelles» au niveau local, culte pour répondre aux besoins des musulune critique indirecte d’une mauvaise assi- l’Institut Montaigne recommande la création mans et des évangéliques.

La Corée du Nord a annoncé mercredi que son armée coupait la ligne téléphonique d’urgence, le «téléphone rouge», avec la Corée du Sud, après avoir menacé Séoul et les États-Unis d’une attaque nucléaire.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

La traite d’êtres humains, 3e fléau mondial

À partir du 1er avril, la compagnie low cost desservira, au départ de Paris-Orly et via Istanbul, les villes turques d’Amasya (le lundi, le jeudi et le samedi), Denizli (tous les jours sauf le vendredi et le dimanche), Kahramanmaras (le lundi, le mercredi et le vendredi), Mus (le mardi, le jeudi et le dimanche) et Nevsehir (le mardi, le vendredi et le di-

Selon l’ONU, la traite des êtres humains, qui porterait sur 2,4 millions de personnes, a rapporté 26,4 milliards d’euros en 2012. Ce qui en fait le troisième ﬂéau au niveau du crime organisé, juste derrière le négoce d’armes et la contrefaçon. En France, d’après l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains

manche). Le 16 mai, elle lancera également un vol quotidien entre Istanbul (départ à 10h15) et Barcelone (retour à 14h05), suivi à compter du 16 juin, d’une liaison vers Nuremberg depuis Istanbul (aller le lundi, le mercredi et le samedi à 23h55, retour le lendemain à 2h20) et Izmir (aller le jeudi à 21h25, retour le vendredi à 2h20).

(OCRTEH), 52 réseaux internationaux ont été démantelés en 2012, soit treize de plus qu’en 2010. 23 ﬁlières étaient gérées par des activistes venus de Roumanie. Lors de coups de ﬁlet menés sur tout le territoire, les policiers français ont interpellé en 2012, 572 proxénètes, dont 130 exploiteurs sexuels roumains.

NOUVELLE

Pegasus Airlines annonce 7 nouvelles destinations

03 SOCIETE

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

Un festival sur la culture turque à Saint-Etienne

MON AVOCAT Canan Özenici

Vous avez choisi la franchise ?

Le samedi 6 avril, à 17h, un spectacle d’une fanfare ottomane aura lieu sur la place Jean Jaurès.

Du 5 au 13 avril, le Conseil pour la justice, l’égalité et la paix (COJEP) organise un Festival sur la Turquie à Saint-Etienne. Une exposition itinérante sur l’Empire ottoman sera proposée et plusieurs ﬁlms comme Kelebegin Ruyasi seront projetés. DALILA BOUAZIZ PARIS Pour la première fois à SaintEtienne et durant huit jours, le Conseil pour la justice, l’égalité et la paix (COJEP) met à l’honneur la Turquie, du vendredi 5 au samedi 13 avril. Promouvoir le «vivre ensemble», lutter contre les discriminations et favoriser le dialogue interculturel, tels sont les objectifs du président Ayvaz Colakoglu du COJEP. «Il y a une forte communauté turque à Saint-Etienne, aussi nous avions envie de montrer les différentes facettes de la Turquie comme la gastronomie, la danse…», souligne Teslime Atalay, responsable du projet. Les organisateurs espèrent ainsi toucher tous les publics.

Découvrir les différentes facettes de la Turquie

«Les gens savent très peu de choses sur la culture turque. Alors même que les Français qui y partent gardent de bons souvenirs de leur voyage. Et parmi les Français d’origine turque, nombreux

sont ceux qui connaissent finalement mal leur pays d’origine», confie-t-elle. L’inauguration du festival débute le 5 avril à 18h30 par la promotion du cinéma turc. Durant trois jours (jusqu’au 7 avril), cinq à six films récents comme Çanakkale 1915, Kelebegin Ruyasi et Hititya Madalyonun Sirri seront projetés. Le samedi 6 avril, à 17h, un spectacle d’une fanfare ottomane aura lieu sur la place Jean Jaurès. Au programme également, un repas spectacle avec la découverte de la gastronomie turque et la présence de derviches tourneurs venus de Turquie et de plusieurs présidents d’associations turques. Autre moment phare du festival, une exposition itinérante à travers la ville sur l’Empire ottoman durant deux semaines, prêtée par l’Institut du monde arabe à Paris. Elle ira par la suite dans 4 collèges de la Loire, le sujet étant au programme scolaire des 5e. Pour ces manifestations culturelles, les organisateurs espèrent que les Stéphanois se déplaceront nombreux autour de ces événements. «Nous attendons

1.000 personnes pour l’inauguration du festival sur la place Jean Jaurès. Et nous comptons accueillir 1.500 spectateurs pour les projections de films turcs», indiquent-ils.

Les dates clés des festanivichetés

dim Vendredi 5, samedi 6 et a turc avec ém cin du 7 avril, Festival kkale 1915, les projections de Çana a Madatity Hi et i Kelebegin Ruyas le France. xe ple com au , ri lyonun Sir internet site le Horaires et ﬁlms sur du cinéma. ctacle de Samedi 6 avril, à 17h, spe place la sur e la fanfare ottoman . rès Jean Jau 30, danses Vendredi 12 avril, à 18h tes régions en fér dif s folkloriques de e ADFI d’Anatolie avec le group rique klo fol (Association danse t de ffe bu Un . lle) ure ult et interc nt le ava sé po spécialités sera pro spectacle. «à la déSamedi 13 avril, à 18h30, turque» e mi no tro couverte de la gas , au urs rne tou s che rvi de avec les Grand Cercle.

Le 30e salon du Bourget ouvre ses portes le 29 mars C’est le rendez-vous incontournable des musulmans de France chaque année. Du vendredi 29 mars au lundi de Pâques se tiendra le Rassemblement annuel des musulmans de France (RAMF), au Parc des expositions Paris le Bourget. Cette fois-ci, le moment sera particulier puisqu’il s’agit du 30e anniversaire de ce congrès organisé par l’Union des organisations islamiques de France. Pour les responsables de l’UOIF, c’est l’occasion de rappeler leurs actions des trois dernières décennies. «L’ouverture et l’échange sont les principes qui fondent

nos rapports avec les autres et nos apports à la société. Vaincre les peurs et prêcher l’entente mutuelle est le déﬁ qui motive notre action depuis trente ans», explique ainsi son président, Ahmed Jaballah, sur le site de la RAMF. Le thème de la 30e Rencontre sera consacré au message de l’islam: paix, justice, dignité. Pour célébrer l’événement, outre de nombreuses conférences animées par des prédicateurs et des intellectuels célèbres, un nouvel espace sera dédié au Coran et au Prophète. Un pavillon sera également ouvert aux jeunes avec des ateliers et des interventions.

Pour les entrepreneurs qui décident de s’affilier à un réseau de vente de produits et services déjà existant et performant, la première étape est naturellement d’en étudier les conditions d’accès. Interrogez-vous sur la véritable rentabilité du système et surtout que le réseau d’indépendant ne cache pas en réalité un système de «contrat de travail light»… Ceci étant dit, reste à savoir comment financer votre projet. Le plan de financement comporte le détail des investissements nécessaires à la création de votre point de vente. Les experts recommandent un apport personnel couvrant au moins 30 % du montant total. En dessous de ce seuil, ils estiment que le franchisé ne pourra pas rembourser son prêt, les frais d’assurance et les intérêts, tout en se rémunérant. N’hésitez pas à démarcher plusieurs établissements bancaires et, en priorité, ceux qui ont noué des partenariats avec votre franchiseur. Dans ce cas, vos interlocuteurs connaissent déjà l’enseigne et la fiabilité du réseau. L’agence à laquelle vous vous adresserez transmettra votre dossier au service national dédié à la franchise. Il sera rapidement analysé et vous bénéficierez des conditions négociées par le réseau (conditions monétiques, frais de dossier revus à la baisse, etc.). Pour bâtir son dossier, le franchiseur est tenu de fournir au futur franchisé un état local et national du marché, c’est-à-dire les chiffresclés du secteur d’activité. En revanche, il vous appartient, en tant que futur chef d’entreprise, de tester l’opportunité d’affaires. Mais cela ne vous dispense pas d’une étude de marché locale. Votre analyse du potentiel régional vous permet de compléter vos connaissances en vérifiant l’effectif de la population, ses caractéristiques et le nombre de concurrents. Faites aussi appel à un expert-comptable pour valider le prévisionnel et à un avocat, ou à un conseiller juridique, pour étudier le statut le plus pertinent pour votre structure. Tout cela vous permettra de bâtir votre business plan. C’est le document que vous présenterez à la banque lorsque vous solliciterez un prêt. Il est donc essentiel de le soigner. Il comporte un résumé en quelques pages (trois ou quatre), puis le dossier lui-même, d’une vingtaine de pages avec les annexes (document d’inscription au registre du commerce ou des métiers, les trois derniers bulletins de salaire et les titres de propriétés). Bref, un travail de longue haleine mais primordial avant de se lancer dans l’aventure ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr

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05 SOCIETE Cognac fête la diversité avec la Turquie

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

La diversité est mise à l’honneur à Cognac en Poitou-Charentes. La ville accueille du 25 au 31 mars de nombreuses activités sur le thème de l’interculturalité. 18 pays dont la Turquie participeront aux festivités. SOPHIE SOUCHARD PARIS Depuis le 25 et jusqu’au 31 mars prochain, ce sera la Fête de la diversité à Cognac. Après le succès de la soirée festive consacrée à la diversité l’an dernier, la petite ville de Poitou-Charentes organise, pour l’édition 2013, toute une semaine d’animations autour du thème de la diversité et de l’interculturalité. C’est l’association Action pour le développement intégré et la formation (Adif) qui est

La ville de Cognac organise toute une semaine de festivités autour du thème de la diversité et de l’interculturalité.

à l’initiative du projet. «On promeut la diversité et l’interculturalité à travers des projets de solidarité et de mobilité internationales. Et on a décidé d’organiser une Fête de la diversité pour faire vivre nos engagements», explique Clémentine Polo, chargée d’accompagnement de projet à l’Adif, contactée par Zaman France.

18 pays représentés

Cette Fête de la diversité a débuté par un échange franco-allemand entre des jeunes âgés de 16 à 21 ans. L’Adif projette ensuite de créer une plateforme associative européenne : le Forum européen pour la diversité et l’interculturalité (FEDI). Ce sont près de 23 représentants de 18 pays européens qui se regrouperont à cette initiative. Espagne, Italie, Portugal, Turquie, ainsi que la Moldavie et le Kosovo : c’est bien la diversité qui sera mise à l’honneur à Cognac. D’autres activités ponctueront cette fête : animations de rue avec des spectacles de danses africaine et tahi-

tienne, conférences sur le thème du droit de vote des étrangers et sur le rôle des associations et diffusion d’un ﬁlm burkinabé sur l’excision sont ainsi au programme.

Diversité et solidarité

«Ouvert à tous, dans un esprit de partage, de rencontre et d’information», l’événement se clôturera le dimanche 31 mars par une «soirée de la diversité» pendant laquelle les participants pourront se réunir

autour d’un repas et d’autres festivités. Active en France depuis 2002, l’Adif est une ONG née au Sénégal dès 1994. Elle intervient dans de nombreux projets de solidarité internationale, de formation et de promotion des droits des minorités. L’association organise ainsi quatre fois par an des chantiers internationaux en Afrique ouverts aux jeunes, notamment pour réhabiliter des établissements scolaires.

06 TURQUIE Annonce de paix historique entre la Turquie et le PKK

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

L’annonce de l’arrêt officiel des combats et du dépôt des armes du PKK par Abdullah Öcalan le 21 mars est l’aboutissement d’une négociation de paix engagée il y a plusieurs mois avec la Turquie. Pour M. Öcalan, «une nouvelle ère se lève où la politique doit prévaloir, pas les armes». Un tournant historique. La page qui vient de se tourner en Turquie entre le gouvernement et le PKK après la lecture publique de la lettre d’Abdullah Öcalan annonçant le dépôt des armes de ses militants devant des centaines de milliers de Kurdes et de Turcs à Diyarbakir, restera dans les annales. «Nous sommes arrivés à une phase dans laquelle les armes doivent se taire (...) les éléments armés doivent se retirer en dehors des frontières de la Turquie», a lancé M. Öcalan. «Je le dis devant les millions de personnes qui écoutent mon appel, une nouvelle ère se lève où la politique doit prévaloir, pas les armes», a-t-il ajouté à l’occasion des célébrations du Nouvel an kurde (Nevruz).

Bas. Il a espéré que le cessez-le-feu «aura un effet le plus vite possible». Interrogé depuis son quartier général du nord de l’Irak, le commandant militaire du PKK Murat Karayilan a promis que son mouvement respecterait l’appel de son fondateur. «Tout le monde doit savoir que le PKK est aussi bien prêt à la paix qu’à la guerre», at-il assuré, cité par l’agence de presse prokurde Firat News. Dans son message, M. Öcalan, âgé de 63 ans, a justifié sa conversion à la paix en expliquant que «la période de la résistance armée a ouvert une porte à un processus de politique démocratique». «Les sacrifices n’ont pas été faits en vain», a-t-il assuré, «ce n’est pas la fin du combat, Devant des centaines de milliers de Kurdes et de Turcs, l’appel d’Abdullah Öcalan, leader du PKK, a ravivé l’espoir de c’est le début d’un nouveau combat».

Du combat militaire au combat politique

L’aboutissement de plusieurs mois de négociations

Sa déclaration a été acclamée par la foule rassemblée depuis des heures pour l’écouter sur une immense esplanade de Diyarbakir. Très attendu, cet appel lancé par le chef rebelle concrétise plusieurs mois d’intenses discussions entamées ﬁn 2012, au terme d’une année de combats parti-

culièrement meurtriers et d’une grève de la faim de détenus kurdes. Les gestes de bonne volonté des deux parties se sont enchaînés depuis. Le gouvernement du Premier ministre Erdogan a ainsi déposé au Parlement un «paquet» législatif pour permettre la libération de centaines de Kurdes incarcérés pour leurs liens avec le PKK.

EN BREF

AKP

Très attendu, son appel au cessez-le-feu a été accueilli favorablement par le gouvernement turc comme un geste «positif». «S’il n’y a plus d’actions armées (du PKK), nos troupes n’entreprendront plus d’opérations militaires», a réagi devant la presse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan lors d’une visite aux Pays-

mettre un terme à un conﬂit long de 29 ans.

Dix personnes suspectées d’appartenir au groupe terroriste DHKP-C (PartiFront révolutionnaire de libération du peuple) ont été interpellées par la police le 25 mars, selon les médias turcs. Les personnes arrêtées relèveraient de l’organisation d’extrême-gauche qui a revendiqué les deux récentes attaques à la bombe à Ankara visant le ministère de la Justice et le siège de l’AKP. La police s’est concentrée sur les sièges de deux syndicats d’ouvriers de la capitale.

La délicate réforme de la Constitution

Depuis 2002, le gouvernement turc a fait plusieurs gestes en direction des Kurdes : cours en langue kurde dans les écoles privées, chaîne de télévision publique en kurde ou

BIRMANIE

L’identité au cœur du conflit entre Turcs et Kurdes Les discussions de paix entre le gouvernement turc et le rebelle kurde Abdullah Öcalan, ont reposé l’épineuse question des droits de la minorité kurde du pays, qui revendique haut et fort ses différences. Même si le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ne l’a pas explicitement demandé dans son message lu à Diyarbakir (sud-est), les 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie, soit 20 % de ses 75 millions d’habitants, attendent désormais la reconnaissance ofﬁcielle de leurs particularités. «Politiquement, le temps est venu pour la Turquie d’entrer dans une ère politique moderne et d’accorder à ses Kurdes l’égalité des droits», juge Hugh Pope, de l’International Crisis Group (ICG), «ce sont ces réformes qui vont pour l’essentiel déterminer l’issue du processus de paix en cours».

Les Kurdes représentent 20% des 75 millions d’habitants de la Turquie.

droit de se défendre en kurde devant un tribunal. C’est désormais la réforme en cours de la Constitution qui concentre toute les attentes. Dans son article 66, la loi fondamentale votée deux ans après le coup d’Etat militaire de 1980 stipule que toute personne qui dispose de la citoyenneté turque, quelle que soit son origine, est considérée d’office comme un «Turc». Le premier pas, et la première difﬁ-

culté, du nettoyage constitutionnel, consiste à redéﬁnir la citoyenneté turque et la notion très controversée de «turquicité». «La coexistence des différences est une liberté que nous devons préserver», a néanmoins déclaré le mois dernier le vice-Premier ministre Bülent Arinç, «mais nous ne pouvons accepter que tout le monde soit contraint d’être turc, de dire je suis Turc».

L’extrême-gauche suspectée du double attentat

Les violences interreligieuses s’intensiﬁent

De nouvelles violences entre bouddhistes et musulmans ont éclaté mardi en Birmanie, dans la région de Bago située au nord de Rangoun, faisant une quarantaine de morts. «Une mosquée et quelques maisons ont été détruites à Nattalin», a indiqué un responsable policier. A l’origine des troubles qui secouent le pays, une simple querelle mercredi dernier entre un vendeur musulman et des clients à Meiktila, dans le centre du pays, avait dégénéré, conduisant à la destruction par le feu de quartiers entiers. La minorité musulmane est en proie depuis plusieurs mois à des persécutions de la part d’extrémistes bouddhistes.

«Quand on est président de la France, on n’est pas conseiller général d’un canton» Le député-maire socialiste du 14e arrondissement de Paris Pascal Cherki s’est livré à une critique acerbe de la politique menée par François Hollande, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mardi 25 mars.

07 TURQUIE Hakan Fidan, l’homme qui fit la paix avec Öcalan Pour les Turcs, il est le numéro un des services secrets. Mais Hakan Fidan est aussi l’homme qui a négocié avec Abdullah Öcalan les accords politiques mettant fin au conflit avec le PKK. Portrait d’un homme de l’ombre au service de la paix. Le patron des services de renseignement turcs (MIT) Hakan Fidan est l’un des plus proches collaborateurs du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Avant de négocier avec le plus célèbre détenu de Turquie, cet ancien sous-officier avait déjà tenté d’obtenir dans le plus grand secret, en Norvège, une fin du conflit kurde avec des chefs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

du Maryland puis en Turquie, à l’université privée Bilkent d’Ankara. Diplômes en poche, il dirige l’Agence publique de coopération internationale (TIKA) turque, très active dans les ex-républiques soviétiques turcophones, en Afrique et dans nombre de pays musulmans où Ankara cherche depuis une dizaines d’années à prendre pied dans le cadre de sa stratégie de puissance régionale.

«Le gardien des secrets de l’Etat»

Une ascension irrésistible teintée de revers

Né en 1968 à Ankara, Hakan Fidan commence sa vie professionnelle au bas de l’échelle de l’armée turque, en tant que simple sous-ofﬁcier. Il y remplit quelques missions liées au renseignement et sert un temps en Allemagne dans les rangs de la Force de réaction rapide de l’OTAN, avant de quitter les forces armées en 2001. M. Fidan reprend alors ses études aux EtatsUnis, où il obtient divers titres universitaires, en sciences politiques à l’université

Hakan Fidan poursuit son ascension dans les sphères du pouvoir en entrant au cabinet du Premier ministre Erdogan, avec le titre de sous-secrétaire d’Etat adjoint. L’occasion pour lui de travailler en étroite collaboration avec le futur ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, alors universitaire et conseiller du chef du gouvernement. C’est dans ce cadre qu’Hakan Fidan participe

dès 2009 aux discussions de paix secrètes d’Oslo avec des chefs du PKK. Nommé en 2010 à la tête du MIT, il poursuit ses efforts jusqu’en 2011, lorsque leurs révélations dans la presse turque font capoter les négociations. Cet épisode met le chef des tout-puissants services sur la place publique jusqu’à la proclamation ofﬁcielle du dépôt des armes par le PKK le 21 mars dernier.

Hakan Fidan est à la fois homme de conﬁance, de l’ombre et des missions difficiles du gouvernement turc.

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

30 ans de combats 1978 : Naissance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui prône la lutte armée. 1984 : Le PKK se lance dans la lutte armée contre les militaires turcs en Anatolie. FÉVRIER 1999 : Les Turcs annoncent avoir capturé Abdullah Öcalan, leader du PKK, enlevé au Kenya par un commando. Il est condamné à mort pour trahison le 29 juin, une peine commuée en réclusion à perpétuité en 2002. FÉVRIER 2000 : Le PKK annonce l’arrêt de la lutte armée. MAI 2004 : Les rebelles kurdes annoncent la rupture de la trêve unilatérale décrétée en 2000. NOVEMBRE 2009 : Des programmes en kurde sont autorisés à être diffusés à la radio et à la télévision et les partis politiques peuvent faire campagne en kurde pour les élections. JUIN 2010 : Onze soldats turcs sont tués dans des attaques du PKK. AOÛT-SEPTEMBRE 2011 : Reprise des violents affrontements entre les rebelles du PKK et l’armée turque, après l’échec de discussions secrètes engagées en 2009 en Norvège. SEPTEMBRE-NOVEMBRE 2012 : Ankara dépose un projet de loi autorisant les Kurdes à se défendre dans leur langue devant les tribunaux. DÉCEMBRE 2012 : Les autorités admettent avoir repris, via les services secrets, des discussions avec Abdullah Öcalan. 21 MARS 2013 : Abdullah Öcalan annonce un cessez-le-feu unilatéral et appelle les combattants du PKK à se retirer du territoire turc.

10 INTERNATIONAL Réchauffement diplomatique entre Israël et la Turquie

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

Benjamin Netanyahou a présenté ses excuses au gouvernement turc, pour la mort de neuf de ses ressortissants lors de l’assaut israélien sur le navire Mavi Marmara à Gaza. Ces excuses étaient un préalable requis par Ankara pour une amélioration des relations entre les deux pays.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a présenté ses excuses à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour la mort de neuf Turcs lors de l’arraisonnement d’une ﬂottille pour Gaza en 2010.

Le Premier ministre turc a précisé que la nomination d’un nouvel ambassadeur en Israël, la Turquie ayant rappelé le précédent par mesure de rétorsion, dépendrait, elle aussi, de la mise en œuvre des promesses israéliennes. Erdogan a précisé que si les engagements d’Israël étaient appliqués, la Turquie apporterait une contribution positive sur le plan judiciaire. Soit un réchauffement diplomatique pas à pas. M. Erdogan a téléphoné au chef du Hamas, Khaled Mechaal, pour

«l’informer des regrets de Netanyahou, et lui dire qu’Israël avait accepté les conditions turques à la normalisation : des excuses, un aveu de responsabilité et la ﬁn du blocus». Le Premier ministre turc a ajouté qu’il se rendrait prochainement en Palestine. «Il est possible que j’effectue une visite à Gaza, une visite en Cisjordanie dans le courant de ce mois, (ou) dans le courant du mois d’avril, a-t-il déclaré. Tout cela, ce serait bien sûr pour aider le processus» de levée du blocus israélien de la bande de Gaza.

BREVES ECO

EMPLOI

Mise en œuvre des promesses israéliennes

2.000 nouveaux CDI à Pôle emploi

FRANCE

Trois ans après et juste avant le départ du président américain Barack Obama en visite en Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a présenté ses excuses à la Turquie pour la mort de neuf de ses ressortissants lors de l’arraisonnement d’une flottille humanitaire, sur le Mavi Marmara, à destination de Gaza en mai 2010. Recep Tayyip Erdogan les a acceptées «au nom du peuple turc». «Israël s’est excusé conformément à nos attentes et en respectant nos conditions», admet M. Erdogan. A savoir «des excuses, une compensation financière pour les familles des victimes du Mavi Marmara, et troisièmement, la fin du blocus israélien imposé aux territoires palestiniens», a-t-il poursuivi. Son homologue israélien a accepté les préalables requis par Ankara en vue d’une amélioration des relations entre la Turquie et Israël.

La Poste épinglée par l’UFC-Que choisir

La justice européenne confirme la légalité du procès Balyoz EMRE DEMIR STRASBOURG La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg vient de rejeter une demande de recours pour procès inéquitable déposée par l’un des détenus dans le cadre du procès du complot de coup d’Etat, connu sous le nom de Balyoz. La CEDH a affirmé que les preuves présentées par les procureurs dans cette affaire étaient concrètes et suffisamment probantes pour justifier la détention de l’accusé. Des journaux turcs ont rapporté le 20 mars dernier que le contre-amiral Cem Aziz Çakmak avait déposé une demande auprès de la cour, dans laquelle il affirmait que sa détention était illégale et qu’il était victime d’un procès inéquitable. Il a ainsi ajouté que les accusations portées contre lui s’appuyaient sur des preuves fabriquées, dénonçant la longue

La justice européenne a affirmé que les preuves présentées par les procureurs dans l’affaire Balyoz étaient solides pour justiﬁer la détention de l’accusé.

détention qu’il a dû subir alors que le procès était achevé. La Cour a qualiﬁé de convaincantes les preuves à charge avancées par les procureurs. Balyoz est un complot présumé qui aurait été mis au point en 2003 dans le but de renverser le gouvernement AKP par

le biais d’actes violents. Le plan prévoyait que l’armée exécute une série d’opérations violentes orchestrées de manière à créer le chaos, dont notamment des attentats à la bombe dans les grandes mosquées Fatih et Beyazit d’Istanbul.

Le gouvernement a décidé la création de 2.000 nouveaux emplois en CDI à Pôle Emploi, a annoncé lundi Jean-Marc Ayrault, souhaitant que ces nouveaux conseillers puissent être en poste en septembre. Un renforcement des moyens de l’organisme qui se justifie, selon lui, par la volonté d’assurer une nouvelle offre de services et de permettre un accompagnement plus personnalisé des chômeurs. Le nombre de demandeurs d’emploi (4,7 millions d’inscrits en février, un record) est en hausse depuis vingt et un mois et a atteint son plus haut niveau depuis plus de quinze ans et demi, frôlant le record enregistré en janvier 1997.

L’association de consommateurs l’UFC Que choisir s’inquiète de la dégradation des services de La Poste. Colis abîmés ou perdus, non reçus par les personnes concernées alors même qu’elles étaient à leur domicile, allongement des délais de livraison pour les lettres, tarifs inadaptés : le réquisitoire est sévère. La Poste se trouve confrontée à un double défi : la baisse des recettes issues du courrier classique et l’explosion des livraisons de colis due au développement de l’e-commerce. Résultat : un recours accru aux soustraitants pour livrer les paquets, des tournées rallongées pour les facteurs... et des conséquences visibles pour les consommateurs.

C’est le pourcentage des eaux en bouteille dans lesquelles ont été décelées des traces de pesticides et de médicaments, sans toutefois remettre en cause leur potabilité, selon une étude de 60 millions de consommateurs et de la Fondation France Libertés.

12 FAMILLE & SANTE Ces nuisances quotidiennes qui troublent notre sommeil

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

Bruit, lumière, écrans, stress. La 13e Journée du sommeil, qui a eu lieu le 22 mars, a été l’occasion de rappeler que de nombreuses nuisances perturbent au quotidien notre repos. 40 % des Français souffrent ainsi de troubles du sommeil qui peuvent avoir un impact sur notre santé. SOPHIE SOUCHARD PARIS Nous y consacrons en moyenne un tiers de notre vie. Le sommeil a été mis à l’honneur vendredi 22 mars dans toute la France. Après s’être intéressé en 2012 aux «performances au quotidien», notamment physiques et intellectuelles, la 13e Journée du sommeil, organisée par l’Institut national du sommeil et de la vigilance, a choisi pour thème cette année «Sommeil et environnement». Défendant la nécessité d’une «écologie du sommeil», cet événement a été l’occasion d’évoquer l’importance des effets de la pollution lumineuse et sonore notamment sur le sommeil.

Troubles du sommeil

Quatre Français sur dix souffrent d’au moins un trouble du sommeil. C’est ce que révèle l’enquête InSV/MGEN 2013. Bruit, lumière, changements de température. Les causes de gêne du sommeil sont nombreuses. En tête des facteurs perturbateurs, les nuisances sonores

rendent l’endormissement difﬁcile et sont la cause de réveils nocturnes pour près d’un tiers des sondés. Comme l’explique l’Institut national du sommeil et de la vigilance, la lumière nocturne, notamment les éclairages urbains et les écrans, a une action néfaste sur la qualité de notre sommeil et perturbe notre horloge biologique. Les excès de température ont également un impact important : chaleur et froid fragmentent le sommeil et le rendent moins récupérateur.

lité. Le manque de sommeil peut aussi mener à des troubles psychologiques, favoriser la dépression et diminuer les capacités de mémoire, de réflexion et d’attention du cerveau. Pour retrouver un sommeil de meilleure qualité, il est donc recommandé, entre autres, d’adopter des horaires de repos réguliers, de pratiquer un exercice physique en journée, de faire un dîner léger et de s’aménager un environnement favorable à l’endormissement.

Impact sur la santé

Les troubles du sommeil peuvent être à l’origine de maux physiques mais aussi psychiques. Surpoids ou obésité, diabète, maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle et complications respiratoires peuvent venir d’un repos de mauvaise qua-

Nous consacrons en moyenne un tiers de notre vie à dormir.

Sevilog

14 CULTURE

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

Le déclin de la ville la plus peuplée et la plus riche du monde était déjà bien amorcé au moment de la chute. Le siège n’aura ainsi duré que trois semaines, à l’issue desquelles, le calife abbasside al-Musta‘sim, qui avait vainement essayé de négocier, vint en personne donner sa reddition. Houlagou ne s’en est pas contenté : il exigea que les habitants déposent les armes et quittent la ville,

A lire

CONFÉRENCE

24.000 savants massacrés

Le 10 février 1258, la ville de Bagdad, capitale de l’empire arabo-musulman, est saccagée par les armées mongoles sous la conduite de Houlagou Khan.

que sera saccagé le réseau sophistiqué de canaux qui faisait la prospérité de l’arrièrepays et, partant de la cité de Bagdad, oasis de civilisation, carrefour de routes commerciales, au cœur d’un pays par ailleurs largement désertique.

Mise à mort du calife al-Musta‘sim

Le 20 février, Houlagou procédera à la mise à mort du calife. Conformément à une croyance chamanique mongole, qui veut que le sang d’un prince soit sacré, al-Musta‘sim sera cousu dans un tapis, avant que ne soient lâchés les che-

vaux qui allaient le piétiner jusqu’à la mort… Ainsi périt le descendant de l’oncle du Prophète, et le souverain d’un des empires les plus brillants qu’ait connu l’humanité. Le monde musulman venait de subir là un coup dont il ne se remettra pour ainsi dire jamais. Il avait, par ailleurs, à son corps défendant, amorti le choc mongol, et empêché la chrétienté occidentale, qui se réjouissait de la destruction de Bagdad, de subir elle aussi l’invasion des barbares. Mais en 1295, le petit-ﬁls de Houlagou, l’empereur mongol Ghazan, se convertira à l’islam.

Le 2 avril à 18:00 EHESS 105, boulevard Raspail 75006 Paris

Avant les feux et les ravages, il y avait Alep en Syrie... Légende moderne, cette série de photographies conçue en 2005 est un hommage aux artisans des pneus d’Alep, à leur courage comme à leur dignité joyeuse. Des photographies de Nicolas Camoisson sur des textes de Marion Coudert.

Palestine, histoire d’un peuple

L’histoire de la Palestine et de son peuple est retracée du XIXe siècle à nos jours. Le développement des villes et du commerce, arrêté net par la colonisation britannique en 1917, le plan de partage de 1947 auxquels ont succédé les guerres, une nouvelle colonisation et la lutte, jusqu’à nos jours, de tout un peuple pour son indépendance. Jusqu’au 15 avril Antenne de l’Institut du monde arabe 65, rue de l’Union 59200 Tourcoing

Méditerranée : 30 voix pour bâtir un avenir commun

Un ouvrage collectif sur la Méditerranée aujourd’hui (Ipemed, 2013), à la lumière des bouleversements intervenus au Sud et de la crise qui frappe le Nord. Avec Fethi Benslama, psychanalyste (Paris VII) et Omar el Mourabet, président du réseau Maroc Développement. Le 3 avril à 18:00 iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

Le destin de trois Turcs sur le pont du Bosphore pont du Bosphore, entre Europe et Asie ‒ où leurs vies se croisent à l’heure de pointe sans jamais se rencontrer. Fikret (17 ans) vend des roses à la sauvette dans les bouchons. Parallèlement, il s’efforce de trouver un emploi ﬁxe dans le vieux centre d’Istanbul. Umut (28 ans) traverse tous les jours le pont avec son taxi col-

Par Jean-Philippe Bras, professeur de droit public (université de Rouen).

Jusqu’au 15 mai iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

EXPOSITION

Les historiographes arabes parlent de plusieurs centaines de milliers de morts, sur une population estimée à un ou deux millions d’habitants. Hamd Allah Mustawﬁ (12811349) avance ainsi le chiffre de 800.000 tués, tandis que le chef mongol, ‒ dans une lettre datée de 1262 adressée au roi de France Louis IX, auquel il offrait son alliance ‒, évoque plus de 200.000 morts. Parmi ces victimes, se trouvaient pas moins de 24.000 savants, un chiffre à peine concevable pour l’époque, et une véritable hécatombe pour l’ensemble de l’humanité. La légende veut ainsi que les eaux du Tigre soient devenues noires de l’encre des dizaines de milliers d’ouvrages jetés dans le ﬂeuve par les barbares venus de la steppe. Bagdad abritait en effet la bibliothèque la plus richement dotée au monde, Bayt al-Hikma, mais aussi, dans chaque quartier, des bibliothèques publiques plus modestes, ainsi qu’un nombre impressionnant d’écoles, d’universités, de mosquées, d’hôpitaux… Ils disparaîtront sous les flammes, de même

& à voir...

«Joyau du cinéma turc actuel» pour Fatih Akin (Ours d’or, Berlin 2004), «ﬁlm rare au style subtil» pour Nuri Bilge Ceylan (Grand prix, Cannes 2011), Men on the Bridge raconte la vie de trois jeunes gens qui s’épuisent à la gagner, jouant ici leurs propres rôles, entre ﬁction et réalité, sur ce pont, ‒ le

La légende

PRÉSENTATION

Un siège de 3 semaines

leur promettant la vie sauve s’ils acceptaient de se rendre. Al-Musta‘sim n’eut d’autre choix que de se soumettre : les habitants se livrèrent ainsi sans armes aux Mongols qui les passèrent au ﬁl de l’épée. Trois jours plus tard, Houlagou investit la ville et procéda à un nouveau massacre.

lectif. Il est à la recherche d’un appartement à louer plus confortable pour faire plaisir à sa femme dont les désirs excèdent ses revenus. L’agent de police Murat (24 ans), qui règle la circulation sur ce même pont, se sent seul parmi les longues ﬁles de voitures. Le soir, chez lui, il surfe sur Internet à la recherche d’une épouse.

Men on the Bridge [Köprüdekiler], réalisé par Asli Özge (drame, Turquie/Allemagne/ Pays-Bas, 2009, 1h27). Avec Fikret Portakal, Murat Tokgöz, Umut Ilker. Prix du meilleur film, Istanbul, Ankara et Londres 2009. Sortie en salles le 3 avril au Cinéma Saint-André des Arts, 30 rue Saint-André des arts, 75006 Paris.

SPECTACLE

Islam des mondes

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Triste anniversaire que celui, le 20 mars dernier, des 10 ans de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis : 2,5 millions d’Irakiens tués entre 1991 et 2013, entre 250.000 et plus d’un million de disparus, et 2,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Irak. Par ailleurs, les destructions systématiques par l’armée américaine d’usines, d’écoles, d’hôpitaux, de musées, de centrales d’énergie et d’installations de puriﬁcation des eaux continuent de valoir à la capitale, Bagdad, le titre peu glorieux de «ville la moins vivable de la planète». Immanquablement, cette catastrophe en rappelle une autre, qui avait, en son temps, profondément marqué la conscience des peuples d’Islam : le sac de Bagdad, la capitale de l’empire arabo-musulman, par les armées mongoles sous la conduite d’Houlagou Khan, petit-fils de Gengis Khan. C’était le 10 février 1258.

Droit, islam et politique dans les printemps arabes

EXPO PHOTO

En 1258, la destruction de Bagdad par les Mongols

AGENDA CULTUREL

Istanbul à la Sultane

Une lecture théâtrale et musicale pour dévoiler toute la richesse humaine exacerbée d’Istanbul, ville cosmopolite toujours réécrite et irrésistiblement séduisante. Sur des textes d’Orhan Pamuk, Pierre Loti, Evliya Çelebi, Théophile Gautier, Gustave Flaubert, André Gide et Yahya Kemal. Le 4 avril à 13:30 Théâtre du Pré Perché 30, quai Saint Cyr 35000 Rennes

OPINION15

29 MARS - 4 AVRIL 2013 ZAMAN FRANCE

Une pax ottomana pour les Kurdes Le dépôt officiel des armes du PKK a ouvert un nouveau processus historique en Turquie. Pour le chroniqueur Ihsan Dagi, on ne peut résoudre la question kurde tant qu’on n’aura pas dépassé la conception d’un Etat-nation homogène propre à l’idéologie nationaliste. Non, ce n’est pas moi qui propose une pax ottomana comme solution au problème kurde en Turquie. Il semblerait plutôt en effet que ce soit l’idée vers laquelle s’achemine Abdullah Öcalan pour résoudre la question kurde. C’est du moins ce que je déduis du message qu’il a fait lire à Diyarbakir à l’occasion de la fête de Nevruz, ainsi que de la IHSAN DAGI déclaration du co-président du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) Selahattin Demirtas à propos de sa rencontre avec Öcalan la semaine dernière sur l’île-prison d’Imrali. D’une certaine manière, il a raison : on ne peut résoudre la question kurde tant qu’on n’aura pas dépassé cette conception d’un Etat-nation homogène propre à l’idéologie nationaliste. Autrement dit, la conception républicaine d’une Turquie monoethnique, qui serait celle des seuls Turcs, doit être abandonnée. Dès lors, une pax ottomana, une politique non-assimilationniste qui traiterait sur un pied d’égalité

l’ensemble des groupes ethniques et religieux avec le chef du PKK la semaine dernière, je serait des plus utiles. Les partisans d’une telle vois en effet des références à une «paix ottopolitique font en effet valoir que la pax ottomane». Demirtas a ainsi rapporté qu’«Öcalan mana avait garanti la sécurité, la fait constamment référence à liberté et l’autonomie des diffél’héritage ottoman de ces prerents groupes ethniques et relimières années durant lesquelles gieux au sein d’un Empire trala République s’est formée, à la ditionnellement pluriel sur les communauté des cultures ottoplans ethnique, linguistique et manes». A la question de savoir religieux. A une époque où le «La conception répu- en quoi consistait cet héritage, passé ottoman est devenu une le dirigeant du BDP a répondu source de fierté et d’ambition, blicaine d’une Turquie : «Vous savez, à l’époque de monoethnique doit l’Empire ottoman, différentes pourquoi n’offrirait-il pas un être abandonnée» nations, des peuples de religions paradigme postnational pour répondre aux revendications différentes ont pu vivre ensemble kurdes, un paradigme qui émerge des dé- dans un même pays. Dans la région du Kurcombres de cette république kémaliste dont distan en particulier, des peuples avec des l’idée nationale et séculière s’est effondrée ? Je appartenances confessionnelles et ethniques pense que c’est ce à quoi songent Öcalan et différentes ont pu bénéficier d’une autonomie les dirigeants du parti au pouvoir. partielle vis-à-vis du pouvoir ottoman.». Et il rajoute : «Öcalan pense que cette expérience historique est très importante. Il est convaincu Remplacer le concept de nation homogène Dans la lettre d’Öcalan comme dans le résumé que le concept de nation homogène ne s’apqu’a fait Demirtas de l’entretien qu’il a eu plique à aucun des Etats du Moyen-Orient, et que ces derniers doivent l’abandonner pour que les peuples puissent s’émanciper.» Demirtas conclut que pour le leader kurde, «le modèle qui doit remplacer ce concept de nation homogène ne saurait être un Etat-nation mais une confédération du Moyen-Orient où les différentes identités et confessions pourraient vivre en paix, sans qu’il soit besoin de modifier les frontières officielles. Il voit à cet égard dans les négociations en cours une opportunité pour créer un modèle nouveau au Moyen-Orient, et non simplement pour assurer le salut des Kurdes».

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Une nouvelle Turquie

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Abdullah Öcalan développe le même thème dans sa lettre. Il parle d’une «nouvelle Turquie» et de la possibilité d’un «nouveau Moyen-Orient». Tout en contestant la modernité capitaliste, il évoque la possibilité d’un modèle issu de l’expérience historique des peuples de l’Anatolie et de la Mésopotamie, un modèle post-Etat-nation, «civilisationnellement» ancré dans cette terre. Le leader kurde s’attend ainsi à ce qu’une réorganisation de l’Etat autour de la pluralité ethnique, linguistique et religieuse sur le modèle ottoman satisfasse les demandes des Kurdes en matière de liberté et d’autonomie ‒ une pax ottomana sous un habit républicain. Öcalan semble avoir adopté un discours civilisationnel. L’emploi de ce référentiel n’est pas uniquement, chez le leader kurde, l’expression de sa recherche d’une alternative à la «modernité capitaliste» : il exprime également son souhait de construire, avec le Parti de la justice et du développement, une nouvelle Turquie et un autre Moyen-Orient, soulignant par là même qu’il comprend la vision qu’a l’AKP du pays comme de l’ensemble de la région. i.dagi@todayszaman.com

La Turquie rate le coche La sélection turque s’était bien débrouillée, vendredi, en battant Andorre. Mais la rencontre avec la Hongrie fut une autre histoire. Avec un match à sens unique, les Turcs se sont fait surprendre, et concèdent donc le match nul. Un mauvais résultat dans la course à la qualification pour le Mondial 2014. NICOLAS THEODET PARIS Quatre points à rattraper, cela va être dur pour la sélection turque qui a offert une prestation en demi-teinte face aux Hongrois. Les Turcs avaient pourtant bien préparé cette rencontre en battant Andorre deux buts à zéro, vendredi 22 mars, grâce à des réalisations de Yilmaz Burak et Selçuk Inan. De bonne augure avant d’affronter la Hongrie, second du groupe D. Mais, cela ne s’est pas passé comme prévu. Fait marquant du match, la possession de balle largement en faveur de la Turquie, à 63 % contre 37 % pour les Hongrois. Premier problème, le manque d’efficacité. Burak et Bulut ratent le cadre à plusieurs reprises, et notamment en fin de première période avec des actions manquées à la 40e, 41e, 43e et 45e minutes. Il faut attendre la 63e minute pour voir Burak ouvrir le score, d’une tête entre les jambes du gardien Ma-

gyar. Un espoir de courte durée. Le Hongrois Böde réduit la marque, à la 71e minute en proﬁtant du manque de concentration de la défense turque. Cette égalisation assomme les Turcs.Frustrés, ils rentrent dans le jeu des Hongrois et s’énervent rapidement. Ce sont deux points précieux qui s’envolent dans la course aux qualiﬁcations.

Un parcours du combattant pour la qualiﬁcation

La situation devient très compliquée pour la Turquie, avec une première place déjà occupée par les Pays-Bas, qui survole le groupe D., grâce à leurs six victoires en six matches. Il faudra, pourtant, accrocher cette seconde place qualificative pour les barrages. Une mission devenue quasiment impossible. Il reste quatre matches à jouer avant la fin des qualifications. Quatre matches avec obligation de

gagner, sans exception, surtout face aux PaysBas, le 15 octobre prochain. Dans un autre temps, la Hongrie devra faire de mauvais résultats aﬁn que la Turquie récupère les quatre points qui lui manquent. Sans oublier la Roumanie, actuelle troisième du groupe, qui bataillera aussi pour accrocher la seconde place. La confrontation directe avec les Roumains sera donc doublement capitale, le 6 septembre prochain, pour espérer se rendre à la Coupe du Monde 2014 au Brésil. La Turquie, en étant trop dépendante des autres résultats, risque de bafouer son jeu en voulant trop calculer. Les joueurs turcs sont donc condamnés à l’exploit.

Les joueurs ont offert une prestation en demi-teinte face aux Hongrois.