Les trois âges de Malatya
Vivre un Ramadan «à la turque»
DÉCOUVERTE12
TURQUIE09
Vahid Halilhodzic dit adieu aux Fennecs SPORT15
11 - 17 JUILLET 2014 N° 323 Prix : 2,5 €
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PALESTINE : ÉTAT DE GUERRE Alors que le bilan des victimes palestiniennes avoisine déjà la cinquantaine de morts, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis d’intensifier les bombardements sur Gaza, dans le silence relatif de la communauté internationale. Zaman France fait le point sur les raisons de ce vide diplomatique largement à l’origine de l’impunité israélienne. FOUAD BAHRI PARIS Ce qui se passe actuellement en Palestine est un défi unique. Défi à l’histoire, à la conscience humaine, défi aux institutions internationales. Depuis sa fondation, des myriades de résolutions onusiennes ont déjà condamné les agissements illégaux de l’Etat hébreu (prise du Golan, invasion du sud du Liban, bombardements dans les territoires occupés), résolutions jamais
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appliquées à cause du veto américain. Aujourd’hui, comme hier et comme demain, le peuple palestinien est encore et toujours victime de bombardements israéliens. Les mères pleurent leurs enfants, les enfants leurs parents, et la société palestinienne pleure sur le silence du monde. Les diplomates ont refermé depuis longtemps leurs attachés-case et lorsqu’ils entendent le mot Gaza, ils s’éclipsent discrètement. -INTERNATIONAL 10
Enquête ouverte contre le Hizmet -
Le département de police nationale a récemment envoyé par écrit un ordre d’enquête aux départements de police de 30 provinces turques, dans lequel il accuse le mouvement Hizmet de vouloir renverser le gouvernement et leur demande de contribuer à une enquête en cours lancée contre le Hizmet par le bureau d’enquête contre les crimes anticonstitutionnels auprès du bureau du procureur général à Ankara. -TURQUIE 08
EDITO FOUAD BAHRI
Gaza et la fin du droit international -02 TURQUIE 07
PLONGÉE FROIDE DANS LE MONDE DU HALAL Texte et photos : Fatih Tursun
Le mois de Ramadan est l’occasion pour les grandes surfaces de ressortir leurs campagnes publicitaires sur le halal. L’occasion aussi pour Zaman de se pencher sur un marché en pleine mutation (avec un peu plus de 5 millions de consommateurs musulmans visés) et de découvrir le métier de contrôleur des organismes de certification halal. - SOCIETE 05
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
Mélodrames au Palais de Çankaya TURQUIE 06 L’affaire Sarkozy vue de la Turquie SOCIETE 04 La normalité religieuse est-elle éthique ?
02 FRANCE Paris resserre les mailles du filet pour les djihadistes Gaza et la fin du
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
EDITO FOUAD BAHRI
droit international Ce qui se passe actuellement en Palestine est un défi unique. Défi à l’histoire, à la conscience humaine, défi aux institutions internationales. Depuis sa fondation, des myriades de résolutions onusiennes ont déjà condamné les agissements illégaux de l’Etat hébreu (prise du Golan, invasion du sud du Liban, bombardements dans les territoires occupés), résolutions jamais appliquées à cause du veto américain. Aujourd’hui, comme hier et comme demain, le peuple palestinien est encore et toujours victime de bombardements israéliens. Les mères pleurent leurs enfants, les enfants leurs parents, et la société palestinienne pleure sur le silence du monde. Les diplomates ont refermé depuis longtemps leurs attachés-case et lorsqu’ils entendent le mot Gaza, ils s’éclipsent discrètement. Du côté des gouvernements, l’impuissance est patente. A vrai dire, dans les couloirs diplomatiques, l’indifférence le partage au cynisme et à la mise en scène. La politique de la force s’est imposée à la table des négociations. Depuis plusieurs années, l’Etat hébreu a affiché clairement sa volonté de ne plus poursuivre ses négociations déjà moribondes avec l’Autorité palestinienne. La droite fait et défait ses alliances au gré des circonstances avec l’extrême-droite de Lieberman. L’ère de la Realpolitik a fait long feu. Voici revenu le temps des Ben Gourion et Moshé Dayan. Le temps que les colonies se structurent, Jérusalem-Est se vide de ses Arabes, et la pénurie a sa propre capitale internationale : Gaza. Les check-points n’ont jamais été si nombreux et la jeunesse palestinienne se meurt de ne plus pouvoir vivre, quand ce n’est pas des bombes israéliennes. Du côté de Washington, on louvoie en permanence. Tous les prétextes sont bons pour sauver la face : manque de volonté des parties, division du camp palestinien, politique coloniale de Tel Aviv qui tue dans l’oeuf la possibilité future d’un Etat palestinien. Officiellement. Officieusement, le lobby pro-israélien américain, l’Aipac, est à la manoeuvre. Il tient dans sa main, grâce à ses promesses de financement de campagne et ses réseaux médiatiques, une part non négligeable du Sénat. Ce n’est un secret pour personne : l’Aipac voulait voir Hillary Clinton l’emporter. Mais ce fut Obama. Ce dernier, président en exercice qui entretient les pires relations avec Tel Aviv de mémoire américaine et israélienne, ne s’est pas rendu au dernier congrès de l’Aipac. Un signe fort de politique intérieure. Pourtant, alors que son second mandat est bien entamé, Obama a fait le choix de se délester de l’imposant dossier palestinien, le confiant à son secrétaire d’Etat John Kerry qui n’a rien obtenu du Premier ministre israélien Netanyahu. Alors retour à la case départ. f.bahri@zamanfrance.fr
Un projet de loi du gouvernement prévoit de multiplier les obstacles pour les candidats au djihad, notamment en Syrie et en Irak. Des adultes pourront se voir interdits de sortie du territoire Le Premier ministre Manuel Valls, le Président de la République François Hollande et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
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Le gouvernement présente mercredi en conseil des ministres un projet de loi renforçant la lutte contre le terrorisme pour faire face à la menace représentée par la présence de nombreux djidahistes français et européens en Syrie et en Irak. La mesure phare prévoit la possibilité d’interdire pendant une période limitée la sortie du territoire à une personne majeure soupçonnée de vouloir se rendre sur le théâtre des opérations djihadistes. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, considère qu’il y a urgence à «resserrer les mailles du filet» pour faire face à un phénomène en expansion. Celui-ci a été illustré par l’arrestation de Mehdi Nemmouche, soupçonné d’avoir tué quatre personnes fin mai au Musée juif de Bruxelles, et le départ de France, à l’insu des autorités, de Souad Merah, la soeur du djihadiste qui a abattu sept personnes en mars 2012 à Toulouse et Montauban. «Nous avons un devoir absolu de réagir, près de 800 jeunes sont concernés», a dit Bernard Cazeneuve lundi dans Le Parisien, précisant que 300 étaient déjà partis, 180 étaient sur la route et plus d’une centaine sur le chemin du retour. «L’objectif est de multiplier les obstacles qui découragent et empêchent le passage à l’acte», explique-ton au ministère de l’Intérieur, où l’on estime que l’important arsenal déjà existant doit encore renforcé. Le texte devrait être examiné dès le mois de juillet, dans un premier temps
en commission, à l’Assemblée nationale. Le premier dispositif, l’interdiction de la sortie du territoire pour une personne majeure soupçonnée de liens avec une filière djihadiste, sera une mesure administrative sous le contrôle du juge. Elle ne pourra être contestée que postérieurement devant le juge administratif et sa violation sera assortie d’une sanction pénale.
UNE « MYRIADE D’INDIVIDUALITÉS » La décision sera prise par le seul ministre de l’Intérieur sur des motifs «très restreints» fournis notamment par les «notes blanches» des services de renseignement. Pour empêcher le départ des mineurs, les autorités ont déjà mis en place une interdiction sur demande des parents qui se traduit par une inscrip-
tion au fichier des personnes recherchées et une signalisation au système d’information Schengen. Un second dispositif crée une nouvelle incrimination, «l’entreprise individuelle à caractère terroriste» qui sera le pendant de «l’association de malfaiteurs à caractère terroriste». Elle permettra de poursuivre des individus isolés. Les enquêteurs devront fournir des éléments matériels démontrant la préparation d’un projet à caractère terroriste. D’autres mesures concernent le domaine numérique afin de mieux réprimer l’incitation au terrorisme sur internet. Paris a transmis pour accord à la Commission européenne un article du projet de loi visant notamment à permettre le blocage administratif des sites internet qui feraient l’apologie du terrorisme. PHOTO DE LA SEMAINE
Victime palestinienne de bombardements israéliens dans la bande de Gaza.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Le chômage, fléau du sud-est de la Turquie
Un enfant de 18 mois a réussi à vaincre son cancer après 10 mois de chimiothérapie. Kian Musgrove, originaire de Newcastle en Angleterre, était atteint de neuroblastome, une forme rare de cancer. 27 tumeurs avaient été découvertes dans son corps après un examen dans un hôpital de la ville. Kian Musgrove a commencé un traitement très lourd alors qu’il n’a que 18 mois. Les séances de chimiothérapie ont
Le taux de chômage en Turquie reste le plus élevé dans les provinces du sudest du pays, d’après les chiffres publiés par l’Institut de statistique turque (TurkStat) ce mardi. Les chiffres ; qui correspondent à l’année 2013, montrent que les provinces possédant les taux de chômage les plus élevés du pays sont Batman, Diyarbakir, Mardin, Siirt et Sirnak situées au sud-est de la
rapidement donné des résultats positifs et au bout de 10 mois, les cellules cancéreuses ont disparu. Kat Musgrove a lancé une collecte de fond sur la page facebook de Kian pour permettre à son fils de se faire soigner aux Etats-Unis. La famille poste régulièrement des photos et donne des nouvelles de l’enfant. Les coordonnées bancaires de la famille se trouvent sur cette page. Ils sont 14 470 à avoir rejoint la page pour soutenir et aider Kian.
Turquie. Batman a enregistré un taux de chômage de 23,4 % alors que Diyarbakir affichait 18,7 %. En revanche, les cinq provinces possédant le plus petit taux de chômage de l’année 2013 sont Karaman, Konya (centre de la Turquie), Afyonkarahisar, Manisa et Usak (ouest de la Turquie). Karaman avait un taux de chômage équivalent à 4,2 %, Afyonkarahisar à 5,6 %.
NOUVELLE
La guérison spectaculaire d’un enfant de 18 mois atteint de 27 tumeurs
03 FRANCE
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11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Ils font comme si Israël voulait attaquer [l’Iran] et que l’Amérique le retenait: c’est la technique du bon flic, mauvais flic Ali Khamenei, Guide suprême iranien, ironisait ainsi pendant un iftar avec des dignitaires de la République islamique. Une stratégie bon flic-mauvais flic qui, selon lui, a pour but de pousser l’Iran à faire des concessions sur son programme nucléaire.
La Turquie à l’honneur au Marathon des mots de Toulouse De gauche à droite: Sema Kaygusuz, Nedim Gursel et Mario Levi
La dixième édition du Marathon des mots a eu lieu du 26 au 29 juin à Toulouse. Cette édition était consacrée à la Turquie et plus particulièrement à Istanbul. Des auteurs turcs étaient invités pour des lectures et des rencontres portant sur les évènements de Gezi. DIJAN CETINGOZ PARIS Les 63 000 places pour cet évènement se sont vendues très rapidement. Michel Houellebecq et Jean-Louis Aubert étaient très attendus mais à cause de la grève des intermittents du Théâtre National de Toulouse, leur performance a été annulée. Malgré cela, le Marathon des mots a pu organiser ses 160 rendezvous durant quatre jours. Le co-directeur de cet événement, Serge Roué, a déclaré à La Dépêche «Je suis heureux, dans cette période où beaucoup de spectacles ont
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été annulés, dans toute la France, d’avoir pu maintenir le cap d’une programmation exigeante. La curiosité du public est épatante. Elle se manifeste particulièrement autour de questions militantes comme les droits de l’homme. Et cette envie de découvrir a largement profité à la Turquie qui était l’un des axes importants du Marathon 2014».
ISTANBUL RACONTÉE PAR DES ÉCRIVAINS Des auteurs comme Sema Kaygusuz, Nedim Gursel et Mario Levi étaient
Des militants extrémistes mis en examen pour avoir occupé une mosquée DIJAN CETINGOZ PARIS Les faits remontent au 20 octobre 2012 et concernent l’affaire de l’occupation du chantier de la Grande Mosquée de Poitiers. L’association Génération identitaire avait occupé la mosquée pendant sa construction. D’après le site de Génération identitaire, le but de ce mouvement est de bannir «la racaille, ceux qui veulent fliquer notre vie et nos pensées, l’immigration massive, les écoles qui nous cachent l’histoire de
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notre peuple pour nous empêcher de l’aimer etc...». Le président et le porte-parole de l’association, Arnaud Delrieux et Damien Rieu ont été mis en examen ce vendredi. L’association a également été mise en examen en tant que personne morale. Plus de 70 militants étaient présents le 20 octobre 2012, mais, seulement six ont été mis en cause dans ce dossier. Dans un communiqué, les deux hommes dénoncent un «harcèlement judiciaire du pouvoir socialiste».
présents au centre culturel Bellegarde et ont parlé d’Istanbul et de leurs représentations personnelles de cette ville. Mario Levi a également parlé des différentes communautés (musulmane, juive, arménienne, grecque) qui vivent à Istanbul. Durant l’évènement, les onze écrivains turcs ont parlé du mouvement Gezi qui a bouleversé le pays en mai 2013. Des auteurs comme Hakan Gunday, Murathan Mungan, Asli Erdogan et Sema Kaygusuz ont raconté des anecdotes sur les deux coups d’états
qui avaient eu lieu en 1971 et 1980 en Turquie. Les auteurs ont aussi évoqué leurs inquiétudes pour leur pays et le virage pris par le monde politique turc. De nombreuses lectures de textes écrits par ces auteurs ont été faites. Et le samedi soir, le groupe Mashrou’Leila, un groupe pop indé originaire du Liban, a joué au théâtre Sorano. Ce concert était une sorte de transition pour la onzième édition, puisque la ville qui sera mise en avant du 25 au 28 juin 2015 sera Beyrouth.
04 SOCIETE MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Bail commercial : comment donner un congé ? Chaque commerçant redoute le moment fatidique de la révision du loyer de son local commercial… Souvent cette négociation est initiée par la délivrance d’un congé, avec ou sans offre de renouvellement, selon que le congé émane du propriétaire ou du locataire exploitant le fonds. La loi du 18 juin 2014 vient d’assouplir les conditions de délivrance d’un congé en la matière. Alors que l’acte extra-judiciaire était requis et que cette prescription légale était d’ordre public (ce qui signifie que les parties ne pouvaient pas y déroger), désormais, le congé peut être signifié par lettre recommandée avec avis de réception. Si le législateur a souhaité plus de flexibilité, il faut tout de même indiquer que l’huissier avait un rôle à jouer sur la validité de l’acte qu’il signifiait… L’enjeu est important : un congé déclaré nul, privera celui qui l’a émis du terme de 6 mois dont il souhaite se prévaloir, ce qui aurait pour effet de repousser la date de la remise des clés de 6 mois (voire plus si on prend la date du dernier jour du trimestre civil s’il est entamé). Il faut désormais attendre les décisions qui pourront nous en dire plus sur l’application de cette nouvelle disposition, mais quoi qu’il en soit, nous vous invitons à beaucoup de vigilance en la matière et recommandons de passer par un professionnel pour ce type d’intervention. En ce qui concerne la révision, nous rappelons qu’il existe deux façons de réviser un loyer, qui peuvent être cumulées : la révision triennale (tous les trois ans) résultant de l’application d’une clause d’indexation (souvent l’indice trimestriel du coût de la construction) et celle résultant de la présence d’une clause de révision contractuelle comme par exemple une clause d’échelle mobile qui entraîne une révision du loyer plus fréquente en fonction d’un indice déterminé (annuelle, semestrielle voir même trimestrielle). A côté de ces deux mécanismes, la loi prévoit des mécanismes judiciaires de réajustement à la valeur locative lorsque les effets de ces clauses de révision sont disproportionnés par rapport à la valeur locative du bien. Ici encore, les modalités de révision d’un bail commercial sont d’ordre public. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
La normalité religieuse est-elle éthique ?
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La figure de la normalité a été pour ainsi dire popularisée par le président actuel de la République. Depuis le terme a fait florès, mais au delà de la définition même de la normalité en tant que forme générale et routinière de comportement et d’existence. Il serait bon à l’occasion du mois saint du Ramadan de questionner la normalité dans la pratique éthique de l’islam de France. La notion est souvent utilisée afin de définir de manière positive la pratique GABRIEL DE BRIENNE du culte musulman face à la radicalisation sectaire de groupes radicaux ou terroristes. Cette mise en frontière entre ce qui paraîtrait normal et légitime et ce qui semblerait radical et anormal, participe d’une volonté politique et communautaire de construire une normalité musulmane. Cette normalité est bien entendue à usage politique et idéologique, elle permet de réfuter à la fois les radicaux de l’islam et les discours islamophobes de l’extrême droite. Cette réfutation pourtant est tendancieuse car elle induit une sorte de doxa politiquement
correcte qui évite à bon compte de poser les problèmes de la radicalisation et de la déterritorialisation de certains groupes doctrinaires minoritaires. De plus, si la démarche peut paraître louable, la vision qui en découle (à propos de l’éthique de l’islam) paraît à tout le moins problématique. Le discours public et les prêches de l’islam institué en voulant à tout pris démonter les pièges du radicalisme, ont largement tendance à faire de l’éthique de l’islam une substance autocentrée sur elle-même. S’il existe indéniablement un corpus éthique de l’islam, il ne déduit pas une seule forme éthique mais plusieurs. La conception unitaire d’une éthique est fausse historiquement et philosophiquement, si l’on prend les coutumes des différents pays mais aussi par exemple le cas des différentes écoles juridiques. Par conséquent, il existe autant d’éthiques de l’islam que d’islams. Alors pourquoi unifier de manière si moralisante ce qui ne l’a jamais été de manière historique ? Sauf à dire que la morale du groupe religieux est assimilable à l’éthique. Et de ce fait accentuer la confusion de certains prêcheurs radicaux entre principes
personnels, dogmes doctrinaux et préceptes théologiques. Cette conception socialise des formes diverses de la pratique culturelle au nom d’une éthique qui est elle-même la réduction politique d’une matrice complexe et riche. Gagnés par cette simplification idéologique, certains décideurs publics et institutionnels du culte présentent la normalité sous le vocable politique de la «banalisation de l’islam de France». Il s’agirait uniquement de présenter pour tout musulman les caractéristiques d’un «Monsieurtout-le-monde» pour pouvoir à cet effet être définitivement et directement inscrit dans l’éthique de l’islam. Cette propension à moraliser d’abord puis canoniser ensuite le quotidien de la pratique, élargit considérablement le domaine éthique à des aspects proprement communautaires et cultuels. Nous sommes dans le registre du «devoir être» éthique dont les finalités apparaissent pour le moins marquées par l’agenda de préoccupations politiques et institutionnelles. Parler d’un «devoir être» éthique qui serait la formulation philosophique d’un «devoir être» pacifique et normal de l’islam de France, me semble tomber dans les mêmes pièges de ce que l’on veut dénoncer. On tend à imposer une norme de la norme à des individus que l’on veut supposer inscrits dans une «communauté» de croyants. Cette éthique de la banalisation de l’islam se fait non au nom d’une conception républicaine et civique de l’individu mais sous le registre conservateur et communautaire d’une religion conçue comme par nature communautaire. L’idée sousjacente est limpide, elle est d’essence binaire séparant de manière «éthique» les musulmans du reste de la nation française avec comme discours : «Banalisezvous comme musulmans pour rassurer la société française». A ce stade l’ «éthique» n’est qu’une traduction intellectuelle d’une volonté de contrôle social et politique. Chaque individu de spiritualité musulmane devant, sous peine d’être jugé coupable, souscrire à la normalisation de son comportement. Le présupposé que cela revêt est de deux ordres : d’une part, contraindre le réel à s’aligner sur une normalité conçue en tant qu’essence ; d’autre part, réduire la normalité aux préjugés et à la peur que la société peut ressentir vis-à-vis des «musulmans» représentés comme «communauté». Le discours sur l’éthique de la normalité n’étant que le faux-nez d’une volonté de contrôle social qui, à défaut de penser notamment le sujet de l’assimilation, revient à culturaliser et à établir le développement séparé de l’islam de France sous une base pseudoéthique. Gabriel de Brienne Anthropologue et philosophe Rédacteur en chef de La Plume de l’Est
05 SOCIETE
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Dans les coulisses du halal
Le mois de Ramadan est l’occasion pour les grandes surfaces de ressortir leurs campagnes publicitaires sur le halal. L’occasion aussi pour Zaman de se pencher sur un marché en pleine mutation et de découvrir le métier de contrôleur des organismes de certification halal. Texte et photos : Fatih Tursun Le marché halal représente un marché de près de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel selon une étude réalisée par Solis en 2009. C’est un peu plus de 5 millions de consommateurs musulmans qui sont visés. Et le halal s’invite même aujourd’hui dans les menus de restaurants chinois, mexicains, fast-food bobos et gastronomiques français. Le secteur s’adapte à une demande plus exigeante et à des jeunes prêts à payer le prix.
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DES POLÉMIQUES QUI PERSISTENT Pourtant, le halal reste source de controverse en France. Certains politiques étaient même allés jusqu’à assurer que presque tous les animaux abattus en France l’étaient selon le rituel musulman. Invoquant les directives européennes, les associations pour la protection des animaux se sont également acharnées sur ce secteur, très porteur. Sauf que les abattoirs qui font du halal se font discrets ; c’est qu’ils ne font pas que du halal et préfèrent donc ne pas perdre leurs clients non musulmans. La réalité du halal relève surtout d’une perception dans l’imaginaire du non-musulman comme du musulman. La nécessité d’une certification halal s’est donc posée rapidement pour le consommateur musulman. LE RÔLE DES CONTRÔLEURS Pour répondre à cette demande, des organismes de certification et de contrôle du halal ont vu le jour. AVS (A Votre Service) qui est la référence auprès de la communauté musulmane d’Ile-de-France délivre sa première certification en 1992. Elle emploie 150 salariés permanents. La Grande Mosquée de Lyon a créé en 1995 l’ARGML qui compte aujourd’hui près de 80 employés en France et à l’étranger. La grande majorité des salariés de ces deux organismes sont des contrôleurs. Leur rôle est primordial dans le processus de traçabilité. Dans les abattoirs, ils s’assurent que l’animal est bien vivant avant le sacrifice rituel et qu’il n’y a pas de mélange entre viande halal et non halal. Des tampons sont apposés sur les carcasses. Enfin, ils vérifient que c’est bien la même viande qu’on retrouve dans les boucheries et restaurants.
06 TURQUIE Tout ce qu’il faut savoir sur les 3 candidats à la présidentielle
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
SAMI KILIÇ PARIS
Les 3 candidats en lice sont désormais fin prêts pour se lancer dans la campagne pour lesprésidentielles. Retour sur le profil de Tayyip Erdogan, d’Ekmeleddin Ihsanoglu et de Selahattin Demirtas.
Quand l’affaire Sarkozy inspire la Turquie RECEP TAYYIP ERDOGAN
EKMELEDDIN MEHMET IHSANOGLU
SELAHATTIN DEMIRTAS
Tendance
Conservateur issu de l’islamisme politique
Conservateur
Socialiste issu du mouvement kurde
Situation actuelle
25e Premier ministre de la République turque depuis 2002
Ancien secrétaire général de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), professeur d’université
Député de Hakkari
Naissance
26 février 1954 à Kasimpasa, Istanbul (60 ans)
26 décembre 1943 au Caire, Egypte (70 ans)
10 avril 1973 à Palu, Elazig (41 ans)
Origine géographique
Rize (Nord de la Turquie)
Yozgat (Anatolie centrale)
Elazig (Est de la Turquie)
Parents
Père : capitaine ; mère au foyer
Père : professeur en sciences religieuses ; mère au foyer
Père : ouvrier ; mère au foyer
Formation
Lycée d’imams et de prédicateurs et faculté d’économie
Faculté des sciences
Faculté de droit
Passion Mariage
Football
Littérature turque
Instrument saz
En 1978 avec Emine Gülbaran. Quatre enfants
En 1972 avec Füsun Bilgiç, pharmacienne. Trois enfants
En 2002 avec Basak Demirtas. Deux enfants.
Carrière
- Président de la section des jeunes du MSP et du Refah (partis de l’islamiste Necmettin Erbakan) à Beyoglu puis à Istanbul - Maire d’Istanbul - Président de l’AKP, député de Siirt et d’Istanbul puis Premier ministre
- Docteur en chimie à l’Université d’Ankara - Post-doctorat à l’Université d’Exeter - Président pendant 25 ans de l’IRCICA (Centre de recherche pour l’histoire, l’art et la culture islamiques), un organe de l’OCI - Professeur d’histoire des sciences à l’Université d’Istanbul - Secrétaire général de l’OCI
- Avocat - Président de la Ligue des droits de l’Homme de Diyarbakir, fondateur de la section d’Amnesty International dans la même ville - Député de Diyarbakir - Co-président du BDP - Député de Hakkari - Co-président du HDP
Emprisonné en 1999 durant 4 mois pour avoir incité à la haine religieuse en lisant un poème.
Il a donné son nom à une décoration internationale : la Médaille d’or Ihsanoglu délivrée tous les 4 ans par l’Union internationale de l’histoire et de la philosophie des sciences.
D’origine zaza, il ne parle pas la langue, ses parents ayant choisi de parler à leurs enfants en turc et non en kurde. Condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir appelé à ce qu’Abdullah Öcalan, leader emprisonné du PKK, joue un rôle actif dans le processus de normalisation avec les Kurdes.
Fait déterminant
Erdogan restera Premier ministre pendant la campagne présidentielle
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Le Premier ministre turc Erdogan s’est plaint des «conditions inégales» auxquelles il serait confronté, selon lui, à l’approche des élections présidentielles, s’il devait quitter son poste actuel le temps de la campagne présidentielle. C’est lors d’une cérémonie d’ouverture à Ankara qu’Erdogan a rejeté les critiques qui l’accusent d’abuser de son poste de Premier ministre et qui le somment de démissionner pour qu’il y ait des conditions d’égalité avec les autres candidats. Etant Premier ministre, Erdogan assiste d’ordinaire à des cérémonies d’ouverture dans différentes villes, cérémonies qui sont diffusées en direct sur de nombreuses chaînes de télévision et largement couvertes par la presse écrite. Mais le Premier ministre refuse de quitter son poste et a cité comme exemple le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel qui n’ont pas eu besoin de quitter leur poste au moment où ils faisaient campagne pour leur ré-élection. Le gouvernement a
déclaré que les lois turques autorisaient Erdogan à rester Premier ministre tout en étant candidat au poste de président. Les débats qui entourent la démission d’Erdogan sont en grande partie la conséquence d’un système électoral turc, qui est unique dans le monde, et autorise chef de gouvernement et chef de l’Etat à se présenter aux présidentielles. Erdogan pourra ainsi conserver son poste de Premier ministre s’il perd les élections. Les prochaines élections législatives, au cours desquelles est élu un nouveau Premier ministre, sont prévues pour 2015. Erdogan ne pourra cependant pas être réélu Premier ministre, la réglementation de son parti imposant une limite de trois mandats. En septembre dernier, Erdogan avait dit aux journalistes que les ministres qui candidataient pour des postes municipaux devraient démissionner, mais a refusé de quitter son poste, en disant que c’était son «seul» avantage, étant donné que plus de cinq partis s’étaient ralliés derrière son principal concurrent.
GÜNAY HILAL AYGÜN Presque tous les quotidiens turcs ont fait leur Une le mercredi 2 juillet sur l’ancien chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, qui a été arrêté par la police car accusé d’avoir abusé de son pouvoir pour obtenir des informations sur une enquête le concernant. Les médias ont souligné que c’était la première fois dans l’histoire française moderne qu’un ancien chef de l’Etat était arrêté pour être interrogé. Immédiatement après diffusion de la nouvelle, des commentateurs turcs ont comparé le cas Sarkozy et les pratiques illégales présumées du gouvernement Erdogan révélées au grand jour au lendemain des raids de police du 17 décembre 2013. Après l’opération de police qui a conduit à l’arrestation de trois fils de ministres de l’époque accusés de corruption, un certain nombre de conversations téléphoniques enregistrées ont circulé sur les réseaux sociaux. Dans ces conversations, des responsables au sein du gouvernement, y compris le Premier ministre Erdogan, parlent de corruption et d’autres actes illégaux. Erdogan a nié l’authenticité de certains enregistrements, même si d’autres dévoilent son intervention dans les médias et la justice.
DES POUVOIRS INDÉPENDANTS Dans un article intitulé «Les questions sur Erdogan qui viennent à l’esprit tandis que Sarkozy est en garde à vue», Hasan Cemal, chroniqueur du portail d’informations en ligne T24, déclare que «C’est ainsi que va l’Etat de droit». Pour lui, la séparation des pouvoirs et l’indépendance du système judiciaire déterminent le statut démocratique d’un pays. Il note que les tribunaux français semblent indépendants des autres institutions de l’Etat, puisque Sarkozy a été arrêté pour abus de pouvoir. «Si on examine le cas de la Turquie et d’Erdogan», écrit-il, «le Premier ministre turc a parlé au ministre de la Justice au téléphone et lui a demandé d’intervenir par rapport à une décision de la Cour de cassation et d’annuler l’acquittement d’un important chef d’entreprise, n’est-ce-pas ?», en référence à l’affaire du patron de médias, Aydin Dogan. «Erdogan n’a-t-il pas également ordonné un appel d’offre public, avant de l’annuler et d’aider un autre homme d’affaires à le gagner ?», s’interroge Cemal, en référence à l’appel téléphonique qui a été rendu public et dans lequel une voix qui serait celle d’Erdogan parle du contrat de projet de navire de guerre national, remporté par la filiale de Koç Holding pour 2,5 milliards de dollars avant d’être annulé en septembre 2013. Cemal rappelle également d’autres conversations téléphoniques qui révèlent qu’Erdogan aurait fait élire Zerrin Güngör comme président du Conseil d’Etat et que le ministre de l’Intérieur, Efkan Ala, aurait ordonné à un policier d’arrêter de façon illégale le journaliste Mehmet Baransu. Le chroniqueur du quotidien Bugün, Nazli Ilicak, a écrit mercredi que, pris dans les accusations soulevées contre lui, Sarkozy a choisi de les nier et de critiquer le chef de l’Etat socialiste, François Hollande. En faisant référence au discours de l’«Etat parallèle» qu’Erdogan utilise pour rejeter les accusations soulevées contre son gouvernement, Ilicak écrit : «Je regrette que Sarkozy ne soit pas un petit peu plus créatif. Il aurait pu inventer un "Etat parallèle" mais que voulez-vous, ils sont toujours de la "vieille France". Nous, au contraire, vivons dans une "nouvelle Turquie" avec toute son injustice».
07 TURQUIE Mélodrames turcs au palais de Cankaya
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
La République pensait apaiser les guerres de pouvoir de l’Empire ottoman. Que nenni ! A chaque élection présidentielle, ou presque, des tensions ont éclaté. Retour sur les circonstances précises des 11 scrutins précédents. SAMI KILIÇ PARIS
MUSTAFA KEMAL ATATÜRK (1923-1938), LE PASSAGE EN FORCE Adepte des petits pas, Mustafa Kemal pacha qui s’est débarrassé du sultanat en novembre 1922, évoque le régime républicain lors d’un dîner, le 28 octobre 1923. Sitôt dit, sitôt fait. Le lendemain, profitant de l’absence de 129 députés (sur 287), il propose le nouveau régime, les députés en séance en disposent. La République turque est proclamée. Dans la foulée, il se présente à l’élection présidentielle. Seul candidat en lice, il est élu à l’unanimité des députés présents. Mustafa Kemal ISMET INÖNÜ (1938-1950), LE PRÉSIDENT MALGRÉ LUI Mustafa Kemal Atatürk décède le 10 novembre 1938. Le 11 novembre, Ismet Inönü, le vieux compagnon de route d’Atatürk qui est tombé en disgrâce en 1937 et qui s’est retiré de la vie politique, est porté à la présidence. C’est un véritable retournement de situation. Il a été élu à l’unanimité des députés présents. Il sera réélu en 1939 et en 1943. En 1946, pour la première fois dans l’histoire de la République turque, un second parti fait son entrée au Parlement, le DP, le parti démocrate. Deux candidats concourent à l’élection : Ismet Inönü pour le CHP et Fevzi Cakmak pour le DP, celui qui
sera réélu en 1927, en 1931 et en 1935. C’est le régime du parti unique, le CHP, le parti républicain du peuple.
lui avait facilité l’accession à la présidence en 1938 ! Inönü est réélu.
CELAL BAYAR (1950-1960), TOUT COMMENCE BIEN QUI FINIT MAL En 1950, lors des législatives, le vote se fait à bulletin secret. Le CHP, parti dominant depuis 1923, perd les élections. Celal Bayar, le leader du camp démocrate est élu en 1950 et réélu en 1954 et en 1957. En 1960, l’armée renverse le gouvernement d’Adnan Menderes, chef du gouvernement depuis 1950 ; par ricochet, Bayar est débarqué manu militari de Cankaya. Bayar sera condamné à mort en 1961 mais sa peine sera commuée en réclusion à perpétuité. Il sera cependant gracié en 1966 et mourra en 1986 à 103 ans CEMAL GÜRSEL (1960-1966), L’INITIATEUR DES COUPS D’ETAT Le 27 mai 1960, une junte renverse Adnan Menderes. Le chef d’état-major de l’armée de terre, Cemal Gürsel, qui était en permission à Izmir est bombardé à la tête du coup d’Etat. Un an plus tard, l’élection présidentielle est organisée. Le Parlement est dominé par les députés démocrates, ils présentent donc leur candidat, le professeur de droit constitutionnel, Ali Fuat Basgil. Mais les militaires qui sont de facto maîtres du pays le menacent et promettent d’annuler son élection s’il est élu. Basgil quitte Ankara au petit matin, démissionne de son
poste de sénateur et se réfugie en Suisse... Cemal Gürsel se présente donc sans adversaire. En 1966, très malade, Gürsel sera finalement déclaré inapte et mourra quelques mois plus tard en Turquie.
CEVDET SUNAY (1966-1973), LE PRÉSIDENT SANS ENVERGURE Cevdet Sunay, chef d’état-major des armées, démissionne de son poste pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle. Cevdet Sunay termine en beauté son septennat. Les partis qui n’arrivaient pas à élire son successeur proposent même de proroger son mandat mais cette demande est rejetée par 300 voix contre 299. FAHRI KORUTÜRK (1973-1980), LA PERLE RARE Le chef d’état-major des armées, Faruk Gürler démissionne de son poste dans l’espoir d’être élu président de la République à la place de Sunay mais, fait rare, les parlementaires font de la résistance. Des avions volent au-dessus du Parlement, les généraux s’installent dans les loges pour accroître la pression mais rien n’y fait. Les deux leaders de l’époque Süleyman Demirel et Bülent Ecevit tiennent bon. Ils dénichent alors le nom d’un amiral en retraite, Fahri Korutürk. En 1980, le président Fahri Korutürk doit quitter le palais à la fin de son mandat mais l’élection s’enlise au Parlement. Il y a 115 tours, la Turquie n’a pas de chef d’Etat pendant 5 mois. D’avril à
septembre, c’est le président du Sénat Ihsan Sabri Caglayangil qui assure l’intérim. Finalement, c’est un général qui chipe la place. Le général Kenan Evren vient en effet de faire un coup d’Etat...
KENAN EVREN (1980-1989), LE PUTSCHISTE OINT PAR LE PEUPLE L’époque est celle où la violence estudiantine bat son plein. L’intervention de l’armée met un coup d’arrêt aux tueries entre les gauchistes et les nationalistes. Evren se déclare «chef de l’Etat» jusqu’en 1982. A cette date, il profite du referendum sur la nouvelle Constitution pour y insérer un article provisoire qui le fait président de la République. Autrement dit, c’est le premier président de l’histoire turque à être élu au suffrage universel direct. Il
restera à son poste jusqu’en 1989. A 96 ans, il a été récemment condamné à perpétuité pour son coup d’Etat…
TURGUT ÖZAL (1989-1993), LE PRÉSIDENT DU PEUPLE En 1989, Turgut Özal, Premier ministre depuis 1983, remplace Evren. Süleyman Demirel, qui fut son supérieur hiérarchique au ministère (Özal était son directeur du cabinet), ne s’en remet jamais. Le président Özal aura la vie dure, son Premier ministre, Demirel encore lui, refusant de le tenir au courant des affaires du pays. Commençant à s’ennuyer au palais, il projette de démissionner mais il meurt subitement en avril 1993. Ses funérailles sont grandioses, le peuple se saisit du cercueil et le porte
à bout de bras en scandant les trois fameux slogans : «un président civil», «un président démocrate» et un «président pieux».
SÜLEYMAN DEMIREL (1993-2000), L’ABOUTISSEMENT D’UNE CARRIÈRE A peine la mort d’Özal connue, le Premier ministre Demirel prépare sa succession et se pose en candidat naturel. Vieux routier de la politique, Demirel s’estime légitime pour occuper le poste suprême. Il se fera élire grâce aux voix de la gauche... En 2000, le Premier ministre Bülent Ecevit, son adversaire politique depuis 30 ans, propose de réviser la Constitution afin de lui permettre de briguer un nouveau mandat. Demirel, enthousiaste, doit essuyer un échec. AHMET NECDET SEZER (2000-2007), LE PRÉSIDENT CAMÉLÉON Lorsque Demirel quitte le palais présidentiel, 5 partis politiques, des islamistes aux kémalistes, se mettent d’accord pour proposer la candidature du président de la Cour constitutionnelle, Ahmet Necdet Sezer. Terne, le personnage n’en demeure pas moins un parangon de vertu. Ses discours lors de l’ouverture de l’année judiciaire éblouissent tant il multiplie les références à la démocratie et aux droits de l’Homme. Mais une fois élu, Sezer change complètement de ton. Humble à ses débuts, il devient de plus en plus arrogant allant jusqu’à balancer le livret de la Constitution à la figure
d’Ecevit lors d’une réunion. Le pays connait la plus grande crise économique de son histoire. En 2002, l’AKP arrive au pouvoir. Sezer se transforme en gardien du temple, refuse de recevoir les femmes voilées au palais et se barricade dans son palais.
ABDULLAH GÜL (2007-2014), LE REVENANT Lorsque l’AKP veut faire élire son candidat Abdullah Gül en 2007, Sabih Kanadoglu, un procureur général de la Cour de cassation en retraite qui est également une figure de proue du kémalisme, lance l’idée qu’il faut un quorum de 367 députés pour ouvrir la séance au Parlement. Cette interprétation de la Constitution qui vise spécifiquement à barrer la route à un «islamiste» marié à une voilée, est validée par la Cour constitutionnelle quelques jours après le mémorandum du chef d’état-major des armées qui s’oppose à la candidature de Gül. Le sanguin Premier ministre, Tayyip Erdogan, ulcéré par cette coalition bureaucratique contre son candidat, préfère s’en remettre au peuple, il convoque des élections législatives anticipées. Le président Sezer, un autre fervent kémaliste devant l’Eternel, ne quitte même pas le palais alors que son mandat a expiré. C’est que la femme du président de l’Assemblée nationale qui aurait dû assurer l’intérim, est voilée... Finalement, l’AKP s’impose grâce au soutien du MHP (parti de droite nationaliste), et porte Abdullah Gül à la présidence. Première chose que fait le nouveau parlement, il organise un référendum sur l’élection du président au suffrage universel direct. Désormais, le chef de l’Etat sera directe-
ment élu par le peuple et pourra exercer deux mandats de 5 ans. 2014 est donc une conséquence directe des manœuvres kémalistes de 2007. Tayyip Erdogan veut entrer dans l’histoire en devenant le premier Turc à être élu président de la République par le peuple. Les controverses n’en sont pas pour autant apaisées. Devlet Bahçeli (président du MHP) et Kemal Kiliçdaroglu (leader du CHP) nient déjà au Premier ministre la capacité juridique et morale de se présenter à l’élection. La sortie la plus dure est venue de Kiliçdaroglu : «Un voleur ne saurait être président de la République», a-t-il tranché. La guerre continue…
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C’est le nombre de femmes tuées dans les cinq derniers mois en Turquie, par un mari, un conjoint ou un proche (père, beau-père, ex-mari, frère, cousin, etc.) , selon un rapport récent publié par la Fondation Umut spécialisée dans la lutte contre l’armement individuel.
Soma : le propriétaire accusé d’avoir falsifié des données La société propriétaire de la mine de Soma (Soma Kömür Isletmelerli A.S.) aurait falsifié l’historique des mesures de quantité de gaz présent à l’intérieur de la mine Eynez, où 301 mineurs sont morts après le déclenchement d’un incendie le 13 mai dernier.
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Les historiques de mesures de gaz de l’entreprise propriétaire de Soma diffèrent radicalement des données numériques obtenues par le procureur chargé de l’enquête dans l’affaire Soma. D’après les mesures de gaz indiquées dans les documents de l’entreprise, il n’y avait aucune raison de s’alarmer quant au niveau de gaz dans la mine. Mais les relevés numériques enregistrés dans la mine pendant le temps de travail de 8h à 16h le jour de l’accident montrent que le monoxyde de carbone détecté dans la mine avait atteint un niveau critique qui s’est révélé très différent de celui qui était inscrit sur les documents de l’entreprise.
Le drame de Soma avait causé la mort de 301 personnes.
DES HISTORIQUES DE DONNÉES FALSIFIÉS «Ils ont falsifié les données en enregistrant les données des détecteurs sur papier» a déclaré Selçuk Kozagaçli, avocat de l’Association des avocats contemporains. Il a ajouté que les avocats des victimes avaient raison de pen-
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ser que l’entreprise avait également en sa possession des historiques erronés concernant l’entretien des masques à oxygène. «Dans la mine de Soma, le superviseur technique était un responsable de l’entreprise qui exploite la mine», a noté Muhammet Yildiz, président de la branche d’Izmir de la Chambre des ingénieurs des mines, qui a précisé que c’était inhabituel. «Les experts de la sécurité au travail [doivent] conserver des historiques sur la santé et la sécurité au travail conformément à la loi», a-t-il ajouté. La catastrophe, causée par un incendie qui s’est déclenché à l’intérieur de la mine a laissé 432 enfants sans père. Huit personnes ont été arrêtées lors de l’enquête qui a eu lieu aux lendemains de l’accident, dont Can Gürkan, président de l’entreprise propriétaire de la mine et le directeur général de l’entreprise, Ramazan Dogru. Une enquête a été lancée contre deux inspecteurs qui avaient soumis des rapports positifs sur la sécurité au travail dans la mine au mois de mars.
L’ordre d’enquête sur le Hizmet a été rédigé par le président de l’unité de lutte contre le terrorisme de la police nationale.
La police ordonne une enquête générale sur le Hizmet -
La police nationale a récemment envoyé par écrit un ordre d’enquête aux départements de police de 30 provinces turques, dans lequel il accuse le mouvement Hizmet de vouloir renverser le gouvernement et leur demande de contribuer à une enquête en cours lancée contre le Hizmet par le bureau d’enquête contre les crimes anticonstitutionnels auprès du bureau du procureur général à Ankara. L’ordre, rédigé par le président de l’unité de lutte contre le terrorisme de la police nationale, Turgut Aslan, date du 25 juin mais a été rendu public ce dimanche 6 juillet. Il demande également aux représentants de se renseigner dans leurs provinces respectives sur les membres du Hizmet pour savoir s’ils ont un quelconque pouvoir armé.
UN PROFILAGE À GRANDE ÉCHELLE L’ordre d’Aslan fait suite à un ordre délivré par le procureur général d’Ankara, Serdar Çoskun, au département de police d’Ankara et à son bureau de lutte contre la contrebande et le crime organisé le 11 juin dernier. Pour cette enquête, le procureur demandait à la police de rechercher ce qu’était exactement la «structure parallèle» et quelles étaient ses ressources humaines et financières. Le procureur demandait également au
bureau de lutte contre la contrebande et le crime organisé de coopérer avec l’unité de lutte contre le terrorisme du département de police d’Ankara pour savoir si le Hizmet était un groupe armé et s’il pouvait être considéré comme une organisation terroriste. De plus, dans son ordre, Aslan demande aux départements de police de lancer une enquête pour savoir si le Hizmet aurait eu un rôle dans les assassinats qui ont secoué le pays ces dernières années, comme notamment l’assassinat du journaliste turco-arménien Hrant Dink en 2007 ou celui du prêtre catholique, père Santoro en 2006. Aslan demande à la police de fouiller les locaux appartenant aux membres du Hizmet pour voir s’ils possèdent des documents liés à ces crimes. La police doit également rechercher pour quel individu ou groupe étranger le groupe travaille et à quelle fréquence ses membres les plus importants quittent le territoire turc. Aslan demande aussi à la police de recueillir les décisions de justice requises pour procéder à des écoutes téléphoniques des membres du Hizmet. Il ordonne enfin aux responsables des 30 départements de police de procéder à des enquêtes sur les universitaires qui auraient fait des recherches ou écrit des livres sur Gülen et son mouvement.
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Ambiance Ramadan en Turquie Chaque année en Turquie, le Ramadan est l’occasion de célébrer certaines traditions propres à ce mois sacré. SAMI KILIÇ PARIS C’est le grand paradoxe du Ramadan : Dieu impose aux croyants de jeûner pendant un mois pour ressentir la faim des pauvres et agir en conséquence mais à part pour le zekat ul fitr (aumône spécial que tout musulman doit verser à des nécessiteux avant la fin du mois sacré, environ 10 euros par personne), aucun pratiquant lambda n’a spontanément l’idée de «descendre» sur le terrain pour aller s’enquérir des besoins des plus démunis. Les associations, les fondations et les personnalités prennent alors la relève. Déjà sous l’Empire ottoman, les vakif (fondations) créées par les sultans, les pachas et les hauts fonctionnaires faisaient office de «caisses de sécurité sociale». La tradition perdure de nos jours. Du côté des pouvoirs publics, la tradition laïque turque n’interdit pas aux mairies, assez bizarrement, de dresser des tentes afin d’offrir aux indigents, aux passants et aux retardataires des repas. Chaque municipalité essaie également d’entrer en contact avec des associations qui veulent distribuer des repas chauds et leur fournissent des listes de personnes défavorisées.
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DES «IFTARS POUR LES ORPHELINS» D’innombrables groupements sont apparus ces dernières décennies, ils proposent de recueillir des dons, les fitr, des paquets alimentaires voire de l’argent pour faire creuser des puits d’eau notamment en Afrique. Ainsi, la fondation d’aide humanitaire IHH va déployer ses activités sur 78 provinces de la Turquie ainsi que sur 94 pays. L’association De-
Après les divertissements, l’heure est à la prière.
niz Feneri a préparé des paquets spécial enfant afin de venir en aide aux orphelins ou aux malades. Yeryüzü Doktorlari (section turque de Médecins du Monde) a également axé sa campagne sur les plus petits. «Les bébés ne peuvent pas supporter la faim» sera leur slogan, cette année. D’autres associations comme Hasene et Kimse Yok Mu ? seront également sur le terrain. Cette dernière organise dans 46 pays des «iftars pour les
orphelins». Les personnalités turques mettent également la main à la pâte. Comme chaque année, les artistes et les familles industrielles organiseront des repas pour les plus pauvres. Les Turcs vont visiter les tombeaux des «saints» comme Eyüp Sultan (le compagnon du Prophète Ayyoub) ou Oruç Baba. La burda du Prophète est également exposée ; toute une cérémonie est organisée en présence du gouverneur et du maire
d’Istanbul dans la mosquée qui porte ce nom. Des milliers de croyants auront l’occasion de défiler durant tout le mois de Ramadan pour la voir et essayer de la toucher. Les soirées sont autrement animées ; des familles viennent rompre leur jeûne sur les esplanades des grandes mosquées et filer à la prière du teravih et avant de se distraire devant le théâtre d’ombres et ses deux protagonistes d’âge canonique, Hacivat et Karagöz.
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Décès du célèbre historien Andrew Mango SAMI KILIC PARIS Né en 1926 à Istanbul au sein d’une famille anglo-russe, Andrew Mango, journaliste et écrivain britannique est décédé dimanche 6 juillet. Il était spécialiste de l’histoire turque et avait écrit une des biographies les plus abouties sur Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. Diplômé de l’Ecole des Etudes orientales de l’Université de Londres, il avait écrit une thèse sur Alexandre le Grand et sa représentation dans les textes islamiques. Il avait dirigé pendant 14 ans les éditions turques de BBC et était titulaire de la Médaille pour Service Distingué de la République turque. Mango parlait l’anglais, le turc, l’arabe et le persan. Son frère, Cyril Mango, est un éminent spécialiste de Byzance.
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Palestine : «L’UE paie le coût de l’occupation à la place d’Israël» Julien Salingue est docteur en science politique, spécialiste des acteurs politiques palestiniens. Dans un entretien à Zaman France, il nous explique les raisons du silence relatif de la diplomatie internationale après la vague de bombardements israéliens sur Gaza. Cortège funéraire accompagnant un enfant mort après la campagne militaire menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
FOUAD BAHRI PARIS Comment les tensions actuelles ont-elles démarré ? Trois jeunes Israéliens ont été enlevés puis tués à proximité des colonies en Cisjordanie et on ignore qui est responsable. Israël a accusé le Hamas de ces morts qui a luimême démenti y avoir participé. Depuis, on a eu un enchaînement avec des expéditions punitives de civils israéliens, colons ou en Israël même contre les Palestiniens, avec des tentatives d’enlèvements, des ratonnades et des enlèvements réussis comme celui d’un jeune Palestinien torturé et tué. On a depuis 36 heures maintenant une offensive de taille menée contre la bande de Gaza avec un gouvernement israélien qui justifie son attaque non par l’enlèvement des Israéliens mais par les tirs de roquettes palestiniens. Par ailleurs, Gaza est régulièrement bombardée, pas une semaine ne passe sans qu’elle soit bombardée.
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Les Etats-Unis ont-ils officiellement enterré le dossier palestinien ? Il y a un décalage avec ce que souhaiterait l’administration états-unienne, c’est à dire au moins un semblant de processus négocié. C’était le sens de l’initiative de John Kerry entre Israël et Mahmoud Abbas. Mais la droite et l’extrême-droite israéliennes ne veulent pas entendre parler de discussions sérieuses avec les Palestiniens, en dehors de réunions qui ne débouchent sur rien, tout
en poursuivant une politique du fait accompli avec la colonisation, les expulsions, les arrestations. Mais dans une séquence de tensions militaires comme celle d’aujourd’hui, il ne fait aucun doute que les Américains sont derrière leur allié israélien et qu’ils ne peuvent le lâcher. Je rappelle que pour l’année 2014, Washington a versé 3,1 milliards de dollars d’aide militaire à Israël. C’est aussi grâce à cette aide qu’Israël peut faire ce qu’il fait actuellement. La solution passe-t-elle par une alternance politique en Israël ? Le problème est qu’il n’y a plus de gauche en Israël. Les Israéliens eux-mêmes le disent. Il y a eu des coalitions nationales avec un petit peu de tous les partis israéliens, ce qui s’est traduit par un glissement général vers la droite de l’échiquier politique.
commencement d’une sortie de crise serait que l’UE et les Etats-Unis cessent leur soutien inflexible à Israël et le menacent de sanctions comme cela a été fait contre la Russie au moment de l’invasion de l’Ukraine.
Qu’est-ce qui a provoqué cet effondrement ? Il faut remonter à la signature des accords d’Oslo entre Rabin et Pérès. La gauche israélienne s’est dit : «Voilà, nous avons donné des droits aux Palestiniens». Il y a eu ensuite l’intifada qui a explosé après la rencontre à Camp David où les propositions d’Ehud Barak étaient en dessous des bases du droit international. Le discours de la droite travailliste repris à Ehud Barak avait été de dire «Nous n’avons pas de partenaire pour la paix». Cette posture a provoqué l’effondrement idéologique de la gauche israélienne, en entraînant avec elle le mouvement de la paix et a nourri la victoire de la droite qui court elle-même derrière l’extrême-droite. La seule chose qui pourrait permettre le
L’UE finance abondamment les projets de l’Autorité palestinienne, mais brille par son absence politique... L’UE se contente d’accompagner économiquement le non-progrès politique de ce dossier. L’UE prend en charge financièrement le pseudo-appareil d’Etat palestinien, lui permettant de payer ses fonctionnaires et de développer quelques infrastructures mais comme il n’y a aucune contrepartie politique, l’UE se retrouve à accompagner économiquement la poursuite de la colonisation israélienne, payant à sa place le coût de l’occupation. Dans les mots, il n’y a pas de position pro-israélienne de l’UE, mais dans les faits, oui. Ceci dit, quelques petites choses ont commencé à bouger du côté des sociétés civiles européennes. On a vu des rapports de
l’UE être rédigés sur les produits fabriqués dans les colonies israéliennes avec l’idée qu’ils ne seraient plus exonérés de droits de douane. On voit des Etats de l’Union qui découragent leurs investisseurs de mettre de l’argent dans les produits issus des colonies. La nouvelle donne dans les pays arabes semble favorable à Israël... Ce qui convenait à Israël c’était un statu quo dans la région grâce aux dictatures, où il y avait des accords avec certains pays comme l’Egypte et la Jordanie et d’autres où il y avait une paix froide - la Syrie par exemple. La déstabilisation actuelle n’arrange pas Israël. Au début des évènements syriens, il était plutôt favorable au maintien d’Assad préférant un dictateur qu’il connait qu’un nouveau régime qu’il ne connait pas et potentiellement instable. Israël est plutôt inquiet et a proposé dernièrement son aide à l’Irak contre les djihadistes, par l’envoi de drones au-dessus de la Jordanie.
Julien Salingue.
Le bilan des bombardements israéliens est d’ores et déjà sans précédent depuis l’opération «Pilier de défense» menée en 2012.
Israël frappe les Palestiniens, au moins 43 morts -
Les bombardements israéliens ont fait au moins 43 morts mardi dans la bande de Gaza, rapportent les autorités palestiniennes tandis que l’Etat hébreu prépare l’opinion à une opération de longue haleine contre le Hamas. Parmi les victimes, on dénombre de nombreux enfants, ont précisé des responsables. Les sirènes d’alerte ont retenti mardi en début de soirée à Tel Aviv, où les gens ont couru se mettre à l’abri, et l’armée a déclaré que le dispositif antimissiles baptisé «Dôme de fer» avait permis d’intercepter en vol une roquette dans
le ciel de la capitale économique d’Israël. Un peu plus tard, les sirènes ont retenti à Jérusalem, où elles ont été suivies de bruits d’explosions, ont rapporté des correspondants de Reuters. Le Hamas a annoncé avoir tiré quatre roquettes sur Jérusalem, et en avoir tiré une également en direction de Haïfa, ville portuaire du nord d’Israël à 140 km de Gaza. Les bombardements israéliens, dont le bilan est d’ores et déjà sans précédent depuis l’opération «Pilier de défense» menée en 2012 dans l’enclave palestinienne, pourraient être suivis à terme d’une opération
au sol, a fait savoir l’état-major. Les Israéliens qui vivent à moins de 40 km de la bande de Gaza ont été invités à ne pas s’éloigner des abris. «Nous nous préparons à une bataille contre le Hamas qui ne s’achèvera pas en quelques jours», avertit Moshe Yaalon, ministre de la Défense, dans un communiqué. «Nous ne tolérerons pas que des missiles soient tirés en direction des villes israéliennes et nous sommes prêts à étendre les opérations avec tous les moyens à notre disposition pour continuer à frapper le Hamas», ajoute-t-il.
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Terrorisme : l’inquiétude des populations musulmanes Une enquête mondiale du Pew Research center vient d’établir que partout dans le monde, les populations musulmanes sont de plus en plus inquiètes de la montée de l’islamisme armé.
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Les populations des pays musulmans sont de plus en plus préoccupées par l’islamisme armé et s’opposent aux organisations radicales comme Al Qaïda, Boko Haram ou le Hamas. Le soutien aux modes d’action violents tels que les attentats suicides a fortement diminué au cours des dernières années. L’enquête a été menée auprès de 14 000 musulmans de 14 pays, en avril et mai, avant que l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se soit emparé d’une partie des territoires syrien et irakien pour y proclamer un «califat» islamique. C’est au Liban que la préoccupation semble la plus forte, puisque 92 % des musulmans interrogés s’y disent préoccupés par l’«extrémisme islamique». Suivent la Tunisie (82 %) et l’Egypte (75 %). Au Nigeria, 72 % des musulmans sondés se sont déclarés inquiets. Ce pourcentage est de 66 % au Pakistan et de 63 % en Malaisie. L’enquête n’a pas été menée en Syrie et en Irak, où les conditions de sécurité ne permettent pas d’interroger librement un échantillon de 1 000 personnes comme cela a été le cas dans les autres pays.
DES OPINIONS NÉGATIVES Les groupes armés les plus connus suscitent des opinions négatives chez une très large majorité des musulmans dans la plupart des pays concernés: 96 % au
En Chine, les fonctionnaires interdits de jeûne
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Différents départements du gouvernement chinois, dirigé par un parti communiste, ont récemment publié sur leurs sites internet plusieurs interdictions de jeûner pendant le mois sacré de Ramadan. Plus précisément, cette année encore, Pékin interdit aux fonctionnaires, étudiants et professeurs de la région de Xinjiang à majorité musulmane dans le nord-ouest de la Chine d’observer le jeûne. Une région qui est souvent témoin d’affrontements mortels entre les forces de sécurité chinoises et les Ouïghours.
LES MUSULMANS QUI NE JEÛNENT PAS SONT MIS EN AVANT Un bureau météorologique à Karakash a, lui, écrit sur son site, que «conformément aux instructions données par les autorités supérieures», il «appelait le personnel à ne pas jeûner pendant le Ramadan». Dans le même temps, le gouvernement chinois met en avant les musulmans qui n’observent pas le jeûne. Ainsi, une photo montrant des Ouïghours en train de déjeuner a été postée sur le site du bureau gouvernemental qui gère le bassin du fleuve Tarim. Le gouvernement explique cette décision par sa volonté de garantir la santé de ses employés publics. Un porte-parole du Congrès Ouïghour mondial, Dilxat Raxit, rapporte les propos de sources locales selon qui les autorités ont encouragé les Ouïghours à manger gratuitement lundi dernier et inspecté différents domiciles pour vérifier si le jeûne était ou non observé.
Liban et 85 % en Turquie pour Al Qaïda et 79 % au Nigeria pour Boko Haram, par exemple; au Pakistan, 59 % des personnes sondées ont dit avoir une image négative des taliban. Dans les territoires palestiniens, la popularité du Hamas s’effrite, avec 63 % d’opinions négatives dans la bande de Gaza – qu’il contrôle depuis 2007 – contre 54 % l’an dernier.
Les opinions négatives n’atteignent que 47 % en Cisjordanie, gouvernée par le Fatah de Mahmoud Abbas. Quant au soutien au recours à l’attentat suicide «pour défendre l’islam contre ses ennemis», il n’atteint plus que 47 % dans les territoires palestiniens, contre 70 % en 2007, alors qu’il avoisine 20 % dans les autres pays.
Nigeria, 1er juillet 2014, l’explosion à Maiduguri est attribuée à Boko Haram.
12 DECOUVERTE Partir à la découverte des trois âges de Malatya 11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
C’est dans la ville de Malatya au sud-est de la Turquie que la chroniqueuse Pat Yale nous emmène cette semaine. Découvrez les trois âges de cette cité avec la vieille ville de Battalgazi, le mini-Etat néo-hittite d’Aslantepe et la Malatya moderne, ses cafés et ses marchés. Un parcours à la fois historique et contemporain à couper le souffle.
La mosquée Ulu de Battalgazi.
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Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai vu Sainte Sophie sans les échafaudages qui ont caché la nef pendant deux décennies. En passant le seuil, j’ai senti les larmes me monter aux yeux. Pour la première fois, j’ai compris pourquoi tant d’écrivains ont parlé avec tant de ferveur sur la grandeur de son passé.
LA GRANDE MOSQUÉE DE BATTALGAZI, UN MONUMENT STUPÉFIANT Récemment, j’ai eu une expérience similaire, non pas à Istanbul mais dans la petite ville de Battalgazi, qui pourrait gagner au niveau touristique si elle prenait le nom qui la caractérise vraiment : Eski Malatya (la vieille Malatya). A Battalgazi, le monument qui m’a le plus impressionnée est la mosquée Ulu (Grande mosquée) désormais restaurée et qui a été construite en 1224 sous le règne d’Alaeddin Keykubad. A première vue, la ville n’a rien de particulier à offrir au visiteur. De l’extérieur, la mosquée ressemble à de nombreux autres monuments de l’ère seldjoukide : longue et basse, avec un petit minaret sur le côté. A l’intérieur, c’est un peu la même chose avec les marches qui mènent les croyants dans une my-
Les abricots de Malatya.
riade de colonnes. Mais ensuite, vous passez la porte menant à la cour et là, la Grande mosquée se révèle dans toute sa gloire, avec ses iwans (porches voûtés) de style centrasiatique et les arches qui les entourent ornées de tuiles turquoise et bleu marine. J’étais déjà amoureuse de la Grande mosquée avant d’y entrer mais quand je me suis retrouvée sous un magnifique dôme devant le mihrab, le spectacle était plutôt stupéfiant. Si la
Grande mosquée était la seule attraction de Battalgazi, j’aurais pris un dolmus (petit bus assurant le transport des voyageurs de ville en ville en Turquie, NDLR) pour redescendre la route et aller visiter les ruines encore plus anciennes de la ville, mais il y avait bien plus à explorer à Battalgazi. En arrivant dans la ville de Battalgazi, vous passez devant la statue éponyme de Battalgazi, héros de la saga médiévale turque. Puis sur le côté de la
route, vous commencerez à apercevoir quelques ruines des murs qui encerclaient autrefois la vieille Malatya ainsi qu’une porte grossièrement reconstruite, Kalekapisi. Près des murs également, vous devriez apercevoir une petite namazgah, une enceinte murée datant de 1243 qui était utilisée comme espace de prière en plein air où les voyageurs qui empruntaient la Route de la Soie pouvaient s’arrêter pour se consacrer à leurs dévotions. Une fois dans le centre-ville, le monument à ne rater sous aucun prétexte est le Silahtar Mustafa Pasa Kervansarayi, un caravansérail construit en 1637 près du site d’Alacakapi. Le caravansérail vient également d’être restauré et est aujourd’hui utilisé pour toutes sortes d’expositions et d’ateliers. Son aspect architectural le plus impressionnant est probablement le couloir qui court tout le long du côté qu’on voit en entrant. Plus de 30 cheminées, qui ont toutes subsisté, réchauffaient les occupants du caravansérail à l’époque. En vous promenant dans Battalgazi, vous tomberez sur de nombreuses petites mosquées et tombes qui ont été restaurées plusieurs fois. Dernière attraction qui vaut le détour, quelques maisons qui ont été réparées et repeintes et dont la rue a pris le qualificatif de «Sanat Sokagi» (arts de la rue). Si vous vous promenez par là, vos yeux seront constamment attirés vers les énormes superstructures perchées sur les toits de ces petites maisons, qualifiées simplement de çati (lofts). Ici, les familles entassaient leur bois ainsi que leurs fruits et légumes pour les mois d’hiver. Les femmes faisaient sécher leur lessive près des colliers de poivrons et de tomates. Il va sans dire que tout ce qui prenait trop de place dans les maisons était stocké dans ces lofts multiusages et à façade ouverte.
ASLANTEPE, LE MINI-ETAT NÉO-HITTITE Battalgazi est peut-être le site de la Malatya médiévale mais si on remonte encore plus loin dans le temps, il y avait déjà un petit village dans la périphérie de l’Orduzu actuelle. Là, à l’époque pré-hittite, un grand complexe, que les archéologues décrivent comme un palais, a grandi. Plus tard, c’est devenu un mini-Etat néohittite qui était reconnu par les voyageurs lorsqu’ils apercevaient de grands lions en pierre émerger d’une butte artificielle. De nombreuses trouvailles de ce site sont abritées par le musée archéologique de Malatya, qui deviendra bientôt le centre d’un nouveau parc paysager. LA MALATYA ACTUELLE ET SES ABRICOTS Enfin, découvrez la Malatya moderne, une ville qui à première vue n’a pas grand chose à offrir aux visiteurs, bien qu’elle constitue de loin la meilleure base pour
Les ruines néo-hittites d’Aslantepe.
La mosquée Yeni de Malatya.
explorer les environs. Construite seulement dans les années 1830, Malatya ne possède pas beaucoup de bâtiments anciens même si la mosquée Yeni (Nouvelle mosquée, 1912-13) sauve l’honneur, puisqu’elle ressemble beaucoup de derrière à l’une des églises byzantines d’Istanbul à plusieurs dômes. Sinema Caddesi abrite également plusieurs maisons ottomanes qui viennent d’être restaurées, l’une d’elle abritant un petit musée, une autre un restaurant, et une troisième l’office de tourisme local. Si vous souhaitez rester un petit peu, vous pourrez visiter un bazar très vivant où vous pourrez voir des forgerons, avant de découvrir un marché entièrement consacré à la vente d’abricots, spécialité de Malatya. Tout en arpentant le marché, arrêtez-vous dans l’un des petits cafés où les commerçants se restaurent avec un plat local, le kagit kebabi, un ragoût cuit au four dans du papier sulfurisé produit en quantités industrielles tous les jours. Une petite escapade en bus vers le nord de Malatya vous emmènera dans la charmante ville périphérique de Yesilyurt où une série de maisons et de commerces ottomans ont récemment été rouverts. Juste en haut de la route, à flanc de colline, se trouve la banlieue de Gündüzbey, très verte et encore plus jolie, connue parmi les habitants de Malatya comme un endroit où se retirer lors des grosses chaleurs de l’été et où se détendre dans l’un de ses nombreux restaurants, dont certains se trouvent dans les maisons ottomanes et d’autres sont à moitié cachés par la verdure. Un dernier lieu à visiter est Kanalboyu Caddesi, une charmante rue du centre ville traversée d’un canal ombragé de platanes. De chaque côté, se trouve un alignement de cafés qui n’attendent que vous. Un endroit idéal pour terminer une journée de visites.
13 CULTURE
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Islam des mondes
Badr : la première grande bataille de l’islam
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Le 17 Ramadan de l’an II (13 mars 624) eut lieu la bataille de Badr. Première grande bataille de l’islam, elle oppose des polythéistes mecquois à des Médinois (Ansâr) et des Mecquois émigrés (Muhâjirûn) sous la conduite de l’Envoyé de Dieu. Evoquée dans le Coran dans la sourate des Prises de guerre (al-Anfâl VIII), la bataille de Badr a effectivement pour point de départ l’attaque d’une caravane qurayshite. Il s’agissait pour les musulmans qui avaient dû fuir les persécutions des polythéistes mecquois, et dont les biens avaient été injustement saisis, de se dédommager des préjudices subis. Mais plus profondément, ce premier affrontement armé vise, pour les musulmans qui l’ont initié, à faire triompher la Vérité, tant il est vrai que «la vraie religion pour Dieu, c’est l’islam» (III:19). Un polythéiste «connu pour son audace et son courage», rapporte Muslim dans son Sahîh, avait rejoint le Prophète pour lui proposer ses services : «Je suis venu pour vous suivre et prendre une part du butin». Muhammad refusa : «Retourne, je ne solliciterai pas l’aide d’un polythéiste.»
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UNE ARMÉE DE POLYTHÉISTES Badr est le nom d’un village situé dans une plaine, à la jonction de la route qui mène à Médine et de l’axe Mecque-Syrie, celui-là même qu’empruntent les riches caravanes des marchands mecquois. L’information était parvenue à Muhammad que celle conduite par Abu Sufyan, riche marchand
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«Toute victoire du Bien sur le Mal procède, par définition, de Dieu seul» mecquois, dirigeant éminent de la tribu Quraysh, mais surtout adversaire acharné du Prophète de l’islam, revenait de Syrie. «Voici la caravane de Quraysh. Allez vers elle. Peutêtre Dieu vous aidera-t-Il à vous en emparer.» C’était une simple proposition faite à
Miniature persane du XIVe siècle représentant la bataille de Badr.
ses Compagnons, en rien contraignante. De fait, le Prophète ne s’attendait pas à devoir affronter une armée de polythéistes, ce dont le Coran fait écho : «Ce jour-là, vous vous trouviez sur le versant le plus proche et vos ennemis sur le versant le plus éloigné, tandis que la caravane se trouvait en contrebas. Votre rencontre, donc, aurait pu ne pas avoir lieu, même si vous vous étiez donné rendez-vous. Mais Dieu veillait à l’exécution d’un arrêt pris par Lui de toute éternité [...]» (VIII:42). C’est que, Abu Sufyan ayant eu vent des intentions de Muhammad, il bifurqua pour longer la côte, envoyant un de ses hommes à la Mecque chercher des renforts. Ce sont dès lors 950 Qurayshites armés qui arrivèrent à Badr, soit trois fois plus que les
effectifs des musulmans. Le temps que les Mecquois arrivent à Badr, la caravane était déjà hors d’atteinte, mais ils voulurent néanmoins faire une démonstration de force. Ils ont en effet «quitté leurs demeures, pleins d’ostentation et de gloriole» et «Satan avait embelli [à leurs] yeux [...] leurs propres actions et leur avait dit : «Qui, aujourd’hui, est en mesure de vous vaincre? D’ailleurs, je suis là, à vos côtés !»
L’HUMILIATION INFLIGÉE PAR LES FAIBLES D’HIER Mais, lorsque les deux troupes étaient en vue l’une de l’autre, Satan tourna sur ses talons et leur dit : «[...] En vérité, je crains Dieu, car Dieu est Terrible quand Il sévit !» Effectivement, malgré la faiblesse numé-
rique des musulmans, la défaite fut catastrophique pour les Mecquois, qui perdirent 70 hommes, dont douze chefs de clans, au nombre desquels le fameux Abu Jahl, autre ennemi acharné de l’islam. Une humiliation sans précédent pour l’arrogante tribu de Quraysh, infligée par les faibles d’hier. La foi des musulmans les aura fait triompher. Et si Dieu les a assistés en envoyant mille anges combattre à leurs côtés (VIII:9), s’il a insufflé le courage dans le cœur des uns et semé la panique dans le cœur des autres, c’est pour rappeler que cette victoire, que toute victoire du Bien sur le Mal, de la Vérité sur les fauxsemblants, si elle peut être le fait des fidèles ainsi récompensés en ce monde, procède, par définition, de Dieu seul.
Episode III La vie du Prophète d’après les Chroniques de Tabari Où il est raconté comment Abu Bakr se convertit et comment fut établi le jeûne de Ramadan SEYFEDDINE BEN MANSOUR Muhammad et Abu Bakr as-Siddiq étaient liés d’amitié. Abu Bakr était un homme très aimé parmi les Quraysh, ayant de l’autorité, honnête et riche […]. Au matin, le Prophète se leva et sortit pour se rendre chez Abu Bakr, qui, de son côté, s’était mis en route pour aller chez Muhammad. Ils se rencontrèrent dans la rue, et, s’étant adressé des questions sur cette rencontre, Muhammad dit : «J’allais chez toi pour te consulter sur une certaine chose.»
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«JE ME RENDAIS CHEZ TOI POUR TE DEMANDER UN AVIS» Abu Bakr répliqua : «Et moi, je me rendais chez toi pour te demander un avis.» […] Abu Bakr dit : «Parle d’abord, toi ; car mon récit est long.» Alors Muhammad lui dit : «Hier, un ange m’est apparu, m’apportant un message de la part de Dieu, me disant d’appeler les hommes à Dieu, afin qu’ils croient en Lui et en ma mission prophétique et qu’ils abandonnent le culte des idoles. Je me rendais chez toi pour te demander à qui je dois adresser cet appel, et à qui je pourrais en parler.»
«ENGAGE-MOI À CETTE RELIGION AVANT TOUS LES AUTRES !» Abu Bakr répliqua : «Ô Muhammad, que je sois le premier de tous les hommes à qui tu adresseras cet appel ! J’ai réfléchi toute cette nuit à cette affaire, et c’est pour cela que je me suis mis en route pour aller chez toi ; ce n’était pas pour autre chose. Engage-moi à cette religion avant tous les autres, afin que je sois le premier croyant.» Le Prophète, qui n’avait pas formé cet espoir, fut très heureux, lui exposa à l’instant la formule de l’islam [la shahâda], et Abu Bakr prononça la profession de foi. LE JEÛNE CHEZ LES JUIFS ET LES CHRÉTIENS Le Prophète était venu à Médine au mois de Rabî‘a premier. Au mois de Muharram de l’année suivante, il remarqua que les juifs célébraient un jeûne, le dix du mois, en appelant ce jour ‘âshûrâ. Le Prophète leur demanda pourquoi ils distinguaient ce jour. Ils répondirent : «C’est le jour où Dieu a fait noyer Pharaon dans la mer, et où il a délivré Moïse, qui a jeûné ce jour-là pour rendre grâces à Dieu ; depuis lors
nous aussi nous consacrons chaque année ce jour au jeûne».
«JE SUIS PLUS DIGNE DE SUIVRE L’EXEMPLE DE MON FRÈRE MOÏSE» Le Prophète ordonna aux musulmans de jeûner, eux aussi, ce jour, en leur disant : «Je suis plus digne de suivre l’exemple de mon frère Moïse, fils de ‘Amrân». Ensuite, le Prophète, voyant que les Chrétiens jeûnaient pendant cinquante jours, désira avoir dans sa religion un jeûne pareil. À la fin du mois de Sha‘bân de cette même année, Dieu établit le jeûne du mois de Ramadhân, en révélant le verset suivant : «Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit, comme il l’a été à ceux qui vous ont précédés» (II:183) ; c’est-à-dire aux juifs et aux chrétiens. […] Le Prophète, interrogé sur l’époque de ce jeûne de trente jours, reçut le verset suivant : «Au mois de Ramadhân, dans lequel a été révélé le Coran […]» (II:185). À l’expiration du mois de Ramadhân, le Prophète établit l’obligation de l’aumône à la fête de la rupture du jeûne [zakât al-fitr].
[A suivre…]
Abu Bakr empêche la foule mecquoise de tuer Muhammad. Peinture turque du XVIe siècle. NDLR – Le texte dont Zaman France présente ici des morceaux choisis, accompagnés de titres, d’intertitres et de parenthèses explicatives, est une traduction française due à Hermann Zotenberg (Imprimerie impériale, Paris, 1867-1874) des célèbres Chroniques de l’imam Tabari, théologien, juriste et historien persan (839-923).
OPINION14
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Pour les Kurdes de Turquie, ce sera Erdogan
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Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€
Les conséquences de la chute de l’Irak
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Si la chute de l’Irak a effectivement lieu, ce sera sans aucun doute l’un des événements les plus dramatiques du Moyen-Orient moderne. La fin de l’Irak aura des conséquences notables, prévisibles comme imprévisibles. Focalisons-nous sur la réaction arabe : pour une grande partie du monde arabe, l’Irak est d’abord un Etat arabe. Le panarabisme n’existe plus en tant qu’idéologie forte, ni en tant que sentiment. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de vision arabe commune. Malgré les nombreux conflits, le monde arabe partage une même vision concernant la Palestine. Une vision similaire vis-à-vis de l’Irak pourrait émerger. Les Arabes seront irrémédiablement bouleversés par la chute de l’Irak, un Etat capital dans l’ordre politique arabe. L’aspect psychologique du possible échec de l’Irak est crucial vis-à-vis d’un Kurdistan indépendant. C’est le revers de la médaille : la division de l’Irak entraînera l’apparition d’un Kurdistan indépendant. Ensuite, la question sera de savoir ce que pensera l’opinion publique arabe de la création d’un Kurdistan, fruit de l’effondrement d’un Etat arabe ?
Pour le chroniqueur Sahin Alpay, on peut séparer l’électorat kurde en deux groupes : les conservateurs pro-AKP et les nationalistes pro-HDP. Mais si un second tour des présidentielles devait mettre mettre face à face Erdogan et Ihsanoglu, les Kurdes choisiraient le candidat qui leur apparaît comme un moindre mal : Erdogan.
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS
GÖKHAN BACIK
Aux présidentielles du mois d’août, je vo- plutôt satisfaits que le déni de l’identité kurde terai pour Ekmeleddin Ihsanoglu, candidat n’existe plus, que la paix domine dans la région commun des partis kémalistes CHP et MHP, depuis maintenant un an et que les conditions tout simplement parce que, contrairement à de vie se soient améliorées sous le gouvernement de l’AKP. Ils voient clairement Selahattin Demirtas, l’autoritarisme d’Erdogan et les allécandidat du HDP, gations de corruption dans lesquelles parti pro-kurde, il est impliqué son gouvernement et des peut recueillir plus de votes contre le SAHIN ALPAY Premier ministre turc actuel, Erdogan, can- «Pourquoi les Kurdes, sujets à une assimilation forcée didat de l’AKP. Ihsanoglu est bien par les gouvernements kémalistes, devraient-ils entendu un universitaire et diplovoter pour le candidat des partis kémalistes ?» mate respectable, mais il est très improbable qu’il recueille assez de votes pour qu’Erdogan ne soit pas élu. La can- membres de sa famille comme des questions didature d’Ihsanoglu pourrait, en effet, pousser secondaires. Les Kurdes conservateurs de la certains électeurs du CHP à s’abstenir de voter, région et d’ailleurs en Turquie choisiront donc car pour eux, le profil idéologique de ce candi- Erdogan. dat n’est pas adapté à leur ligne laïque. Même dans ce cas, Erdogan pourrait ne pas être élu EN CAS DE FACE-À-FACE IHSANOGLU-ERDOGAN au premier tour le 10 août, mais il semble prêt Si le HDP soutient que la course aux élections se à remporter le second tour qui aura lieu deux fera entre Erdogan et Selahattin Demirtas, son leader et candidat à la présidentielle, cela reste très semaines plus tard. peu probable. Des études indiquent que si ErdoCONSERVATEURS PRO-AKP ET NATIONALISTES PRO-HDP gan ne gagne pas au premier tour, la compétition J’ai passé le dernier week-end de juin à Diyar- au second tour se fera entre lui et Ihsanoglu. Que bakir, principale ville du Kurdistan turc que les va donc conseiller le HDP à ses électeurs ? Il ne Kurdes nomment Amed, et ai parlé avec des re- leur conseillera certainement pas de voter pour présentants politiques et de la société civile qui Erdogan, à qui il ne fait pas confiance, mais laiscouvrent quasiment tout le spectre politique de sera ses électeurs décider seuls, auquel cas leur la région. Ce que je voulais leur demander, ce vote sera certainement favorable à Erdogan dont n’est pas s’ils allaient ou non voter pour Erdo- le gouvernement est engagé dans des négociations gan mais plutôt pour quelle raison ils allaient de paix avec le leader emprisonné du PKK, Abdulle faire ? Il existe, chez les Kurdes de Turquie, lah Öcalan. En gros, si Erdogan ne remporte pas tout un éventail de préférences politiques. D’un les élections au premier tour, il est sûr de gagner au côté, il y a ceux qui disent «Je ne suis pas Turc, second tour grâce aux votes des Kurdes de Turquie. mais citoyen de Turquie», et de l’autre, ceux qui disent «Ce n’est pas le problème kurde, mais le POUR LES KURDES, ERDOGAN EST UN MOINDRE MAL problème du Kurdistan qui doit être réglé». Il y a On ne peut pas blâmer les Kurdes pour cela. Pourceux qui considèrent que le PKK est seul garant quoi ceux-ci, dont l’identité a été niée et qui ont de la libération des Kurdes de Turquie, alors été sujets à une assimilation forcée pendant des que d’autres le voient comme le principal obs- décennies par les gouvernements kémalistes, detacle. Malgré cela, on peut toujours les séparer vraient-ils voter pour le candidat des partis kémaen deux groupes de même taille, plus ou moins listes ? L’amère réalité, c’est que la République de : d’un côté, les conservateurs qui votent pour Turquie a si mal traité les Kurdes qu’ils préfèrent l’AKP et de l’autre, les nationalistes qui votent aujourd’hui élire un Erdogan susceptible de mener pour le HDP, parti pro-PKK. Il est hors de ques- le pays dans la tourmente, simplement parce qu’il tion pour les Kurdes conservateurs de voter apparaît comme un moindre mal. pour un autre candidat qu’Erdogan. Ils sont s.alpay@todayszaman.com
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LA DOCTRINE D’ISRAËL L’effondrement de l’Irak et la naissance du Kurdistan entraîneront très probablement une tension arabo-kurde à long terme, ce qui créera certainement à son tour une excellente opportunité pour Israël. Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a déclaré sans attendre qu’Israël soutenait la création d’un Etat kurde indépendant. Ce n’est pas surprenant. Maintenant tombée dans l’oubli, il s’agit d’une version récente – ou peut-être d’une mise au point – de la «doctrine périphérique» d’Israël soutenue pendant le mandat du Premier ministre israélien, David Ben Gourion. Selon cette doctrine, étant un Etat non-arabe, la priorité d’Israël est de développer de bonnes relations avec d’autres Etats non-arabes, comme la Turquie et l’Iran. Il est donc logique qu’Israël soit content qu’il y ait un autre Etat non-arabe dans une région connue comme historiquement arabe. De fait, c’est Israël qui a émergé comme client numéro un du pétrole nord irakien. On ne doit pas oublier que c’est le débat sur le pétrole qui a accéléré l’idée de l’indépendance du Kurdistan irakien. La naissance d’Israël a fait monter la tension entre Juifs et Arabes. La naissance du Kurdistan est susceptible de créer une tension arabo-kurde. LA TURQUIE DOIT AGIR PRUDEMMENT VIS-À-VIS D’UN KURDISTAN INDÉPENDANT La Turquie devrait faire très attention. Nous avons déjà une tension turco-iranienne, même si elle reste maîtrisée et prudente pour ne pas menacer les échanges bilatéraux. Ces tensions interculturelles sont critiques au Moyen-Orient, où les Etats font face à de graves crises de souveraineté. Les Kurdes sont maintenant des alliés adéquats pour la Turquie. Mais la Turquie doit mettre en place une stratégie très prudente vis-àvis d’un nouvel Etat kurde indépendant. Des réactions déséquilibrées et trop hâtives pourraient créer un sentiment anti-turc au sein du monde arabe. Les Turcs doivent prendre en compte l’histoire arabe post-Première guerre mondiale. Comment le public et les intellectuels arabes ont-ils interprété la chute de l’Empire ottoman ? Quelle était leur vision du régime ottoman sur les terres arabes ? La chute de l’Irak pourrait provoquer des sentiments similaires chez les Arabes envers la Turquie. La Syrie est également en train de s’effondrer alors que nous évoquons la division de l’Irak. Si on exclut les Etats arabes nord-africains, nous avons un ordre politique arabe sans ses Etats leaders. Puis il y a la question : qui va diriger les Arabes ? Malgré ses graves problèmes économiques, l’Egypte conservera sa grande valeur symbolique. Un ordre régional a besoin d’Etats leaders. La situation chaotique de la région a fait augmenter la valeur comparative de l’Arabie saoudite et de plusieurs Etats du Golfe. Mais stratégiquement, l’Egypte devrait rester le seul Etat à qui la communauté internationale pourra poser les questions concernant le monde arabe. g.bacik@todayszaman.com
15 SPORT
11 - 17 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Vahid Halilhodzic dit adieu aux Fennecs
Son contrat a pris fin le jour même du match contre l’Allemagne, le sélectionneur de l’équipe d’Algérie de football a annoncé dimanche dernier qu’il quittait ses fonctions après avoir amené les Fennecs à une qualification en 8es de finale du Mondial. Un moment historique pour le pays.
DIJAN CETINGOZ PARIS Dans un communiqué, Vahid Halilhodzic a déclaré être «fier de [s]on bilan après avoir respecté totalement [s]on contrat avec la Fédération algérienne de football (FAF)». Il explique également qu’en raison d’«obligations familiales et de l’attrait pour de nouveaux challenges sportifs», il a décidé de quitter ce poste. Malgré l’élimination de l’équipe de la Coupe du monde, les Algériens souhaitaient qu’il reste à ce poste. Une pétition a été lancée sur internet et a déjà récolté 72 397 signatures. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika avait lui aussi demandé à l’entraîneur de rester à la tête des Verts.
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UNE PRESSE TRÈS CRITIQUE Dirigeant depuis trois ans l’équipe d’Algérie, l’entraîneur a toujours donné satisfaction à ses supporters. Malgré les critiques positives des fans, la presse, elle était moins sympathique à son sujet. Et il fait également part de ce problème dans son communiqué: «Seule fausse note que je tiens à relever, le com-
Cesare Prandelli, nouvel entraîneur de Galatasaray -
Alors que la session d’entraînement estival est sur le point de commencer, Galatasaray a conclu un accord avec Cesare Prandelli qui a entraîné l’équipe italienne pour la Coupe du monde de cette année. Cela fait maintenant quelques semaines que le club stambouliote recherche un entraîneur pour son équipe après le départ de Roberto Mancini début juin. L’entraîneur roumain, Mircea Lucescu, était donné favori pour entraîner les Lions mais a finalement décliné l’offre de Galatasaray. Le club examinait depuis le nom des entraîneurs ayant fait leurs preuves sur la scène internationale. C’est ce jeudi 3 juillet que le club d’Istanbul a informé la Bourse d’Istanbul qu’il avait débuté les négociations avec Prandelli, qui a mené l’Italie jusqu’à la finale de l’Euro en 2012.
portement indélicat d’une certaine presse qui n’a cessé de stigmatiser non seulement mon travail, mais s’en est prise à ma propre personne et à ma famille, ce que je n’oublierai et ne pardonnerai jamais». Selon la
presse algérienne, Vahid Halilhodzic devrait s’occuper de Trabzonsport, le club turc dès le 18 juillet. Et c’est le français Christian Gourcuff, ancien entraîneur de Lorient qui devrait lui Malgré l’élimination de l’équipe de la Coupe du monde, les Algériens souhaitaient que Vahid Halilhodzic reste à son poste. succéder.
Des moutons ont filmé le tour de France !
DIJAN CETINGOZ PARIS Sony a eu une idée originale pour filmer le passage des cyclistes lors de la première étape, qui s’est déroulée samedi dernier en Angleterre. Recrutés par l’entreprise japonaise, cinq moutons ont été équipés de caméras contrôlées à distance par leur berger, Ian Hammond. Les caméras étaient dotées d’une fonction de stabilisation, qui a permis à la société d’avoir des images nettes et précises.
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Le Tour de France 2014 a démarré le samedi 5 juillet.
DE LA PUBLICITÉ À MOINDRE COÛT Le but de cette opération est de monter les vidéos pour en faire un clip mis en ligne sur les sites des équipes et des diffuseurs du Tour. La responsable produit de Sony, Simone Bara a déclaré au DailyMail «Nous avons trouvé que ce serait génial de célébrer l’arrivée du Tour de France à Yorkshire et ce type d’initiative correspond tout à fait aux possibilités offertes par l’Action Cam AS100VR (…)». La marque n’est pas le partenaire officiel du Tour de France, c’est GoPro qui va diffuser les images officielles de cet événement, mais avec cette idée, elle s’offre une publicité à moindre coût pour son nouvel appareil «Action Cam», une caméra waterproof qui convient à tous les types d’usage. D’autres caméras, plus petites, fournissent des angles inédits sur le Tour, puisqu’installées sur plusieurs vélos de coureurs. L’union cycliste internationale (UCI) a accepté cette idée après que la compagnie a fait des essais lors du Tour de Californie et du Tour de Suisse. Le Tour de France compte cette année une étape en plus que l’année dernière et est diffusé dans 190 pays.
District de Sandikli, province d’Afyonkarahisar.
Des sarcophages de 1600 ans découverts en Turquie
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Cinq sarcophages qui auraient environ 1600 ans ont été découverts lors de fouilles dans une carrière de pierres dans le district de Sandikli de la province d’Afyonkarahisar à l’ouest de la Turquie. D’après les médias, les ouvriers sont tombés sur un premier sarcophage alors qu’ils creusaient à l’aide de machines d’excavation. Ils ont alors immédiatement alerté le musée archéologique d’Afyonkarahisar dont les archéologues ont ensuite découvert quatre autres sarcophages. Des morceaux de verre, d’assiettes et d’os ont également été retrouvés. Tous ces objets seront désormais conservés au musée archéologique d’Afyonkarahisar.