L’Hégire : à la conquête de la liberté religieuse
Ramadan : faut-il prendre ses congés ?
CULTURE13
SOCIETE05
Les Fennecs à deux doigts de l’exploit SPORT15
4 - 10 JUILLET 2014 N° 322 Prix : 2,5 €
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LA PRÉSIDENTIELLE TURQUE EST OFFICIELLEMENT OUVERTE Une chasse aux sorcières qui pourrait paralyser l’Etat turc
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Depuis le 17 décembre 2013, le Premier ministre Erdogan mène une véritable chasse aux sorcières contre le mouvement Hizmet inspiré de l’érudit turc Fethullah Gülen. Outre les répercussions négatives sur ce dernier, la chasse aux opposants d’Erdogan a aussi un impact sur le fonctionnement de l’administration turque et sur la façon dont est perçue la justice. -TURQUIE 07
INTERNATIONAL 11
Les trois prétendants au palais présidentiel turc se sont enfin dévoilés. Deux conservateurs et un socialiste concourront pour le scrutin présidentiel dont le premier tour se tiendra le 10 août 2014. La campagne s’annonce historique, c’est la première fois que le président de la République sera élu directement par le peuple.
FOUAD BAHRI
Turquie/Egypte : les relations reprennent FRANCE 03 Une boucherie halal incendiée FRANCE 03 Le Pen s’en prend à la double nationalité
Tayyip Erdogan
SAMI KILIÇ PARIS Hasard du calendrier, la campagne tombe en plein Ramadan et en plein été. Tayyip Erdogan est un vieux routier de la vie politique ; qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il soleille, il sait se débrouiller. Ekmeleddin
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Ekmeleddin Ihsanoglu
Selahattin Demirtas
Ihsanoglu, bon chic bon genre, sera sans doute moins à l’aise ; il devra parler en public, un exercice qu’il ne connaît pas vraiment. Habitué aux enceintes internationales, il a eu à employer jusqu’à maintenant un langage diplomatique. Or le peuple attend autre chose.
Selahattin Demirtas, quant à lui, est plutôt détendu et bon orateur, il sait répondre du tac-au-tac, ce qui le hisse en réalité au rang de premier contradicteur d’Erdogan notamment dans le contexte de résolution du «problème» kurde. -TURQUIE 06
Le Mondial s’est mondialisé -EDITO, FRANCE 02
Ramadan, le mois de tous les possibles... Le Ramadan est ce mois où toutes sortes de pratiques musulmanes se conjuguent. Mois de jeûne, mais aussi de prières, de psalmodie et de don. Zaman France vous propose cette semaine un dossier pour décrypter la question du sens, des valeurs et de la relation très personnelle que les musulmans entretiennent avec le Ramadan. SOCIETE 04-05 AHMED JABALLAH :
«LE JEÛNE DOIT AFFECTER POSITIVEMENT LE COMPORTEMENT» -FOUAD BAHRI, SOCIETE 04
QUAND LES TURCS RÉVISENT LEUR JEÛNE TOUS LES ANS... -SAMI KILIÇ, TURQUIE 08
QUI DIT RAMADAN DIT TÉLÉ-THÉOLOGIENS... -SAMI KILIÇ, TURQUIE 09
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
02 FRANCE Sarkozy mis en examen pour trafic d’influence et corruption Le Mondial 4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
EDITO FOUAD BAHRI
s’est mondialisé
Quelque chose a changé sur la planète foot. Pour les habitués des rendez-vous du Mondial, le cru 2014 fera certainement partie des évènements marquants de l’histoire, celle des supporters. Quelques nouveautés n’ont pas échappé aux passionnés de foot. Tout d’abord, cette année, de nombreux matchs n’ont pas été diffusés par les chaînes publiques et priveés non payantes, tous les droits de diffusion ayant été achetés par Bein sports, la chaîne sportive qatarie. Un premier coup dur pour les supporters de salon qui n’ont pu voir de nombreuses équipes et plusieurs matchs se jouer. La privatisation galopante du sport, largement amorcée, parachève là son emprise sur le dernier évènement sportif mondial à y avoir partiellement échappé, qui plus est le plus populaire. Autre surprise, le football s’est lui-même mondialisé toutes sélections confondues. Disons plutôt qu’il a atteint l’âge de la maturité. Il est agréable et surprenant de voir se généraliser le scénario de sélections de «petits» pays mettant en grande difficulté voire même sortant de grandes équipes. Pays d’Amérique du Sud et pays africains ont rééquilibré les données du football mondial, jadis synonyme de football européen. De plus en plus de joueurs étrangers évoluant dans de grands clubs grâce à la mobilité des mercatos, le savoir-faire des grandes nations s’est exporté. Le football n’est plus un sport mais une science. Les victoires se construisent plus qu’elles ne sont aléatoires. Les équipes du Sud l’ont désormais compris et le pratiquent. D’ailleurs, les flux migratoires vers les pays du Nord nous offrent aujourd’hui de belles et surprenantes mosaïques footballistiques. Les Nations se sont quelque peu métissées approfondissant la dimension mondiale de cette communion sportive. Si le football est une religion pour beaucoup de supporters, elle n’est pourtant pas la religion majoritaire pour les joueurs eux-mêmes. Les dates du Ramadan coïncidant cette année avec le Mondial, la problématique s’est reposée aux joueurs des pays musulmans ou des joueurs musulmans de sélections diverses. Néanmoins, de manière moins ostentatoire que précédemment. Le jeûne est désormais acté comme une pratique personnelle, comme le sélectionneur d’Algérie l’a rappelé. Festival de religions païennes ou révélées, moment d’affrontement symbolique entre Nord et Sud, épisode rare d’intensité émotionnelle pour les foules, le Mondial reste finalement, au-delà de ses changements, fidèle à lui-même. f.bahri@zamanfrance.fr
A l’issue d’une garde à vue sans précédent pour un président de la Ve République, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour trafic d’influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel. L’ancien président français Nicolas Sarkozy arrive avec la police en voiture à l’OCLCIFF pour être présenté à un juge le 1er juillet 2014.
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Dans la nuit de mardi à mercredi, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour trafic d’influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel. Dans la soirée, son avocat Me Thierry Herzog et Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, avaient été mis en examen pour les mêmes chefs d’accusation. S’y ajoute pour Me Herzog celui de violation du secret professionnel. Nicolas Sarkozy avait été placé en garde à vue mardi à 8h dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), à Nanterre, dans le cadre d’une information judiciaire pour trafic d’influence et violation du secret de l’instruction présumés. Arrivé à 23h40 au pôle financier dans un véhicule banalisé, il en est ressorti vers 2h. «Il a été mis en examen sans contrôle judiciaire», a-t-on dit de source judiciaire. Selon l’avocat de Me Herzog, Nicolas Sarkozy a fait appel à Me Pierre Haïk pour le défendre.
ECOUTES «CONTESTABLES» Il s’agit de la seconde mise en examen pour l’ancien président UMP, qui a perdu l’immunité présidentielle. Nicolas Sarkozy avait été mis en examen en mars 2013 pour abus de faiblesse aux dépens de l’héritière de L’Oréal Liliane Bettencourt avant de bénéficier d’un
non-lieu en octobre de la même année. L’information judiciaire qui lui vaut cette deuxième mise en examen a été ouverte le 26 février sur la base d’écoutes téléphoniques qui l’ont visé, lui et son entourage. Thierry Herzog et Gilbert Azibert avaient été placés en garde à vue lundi, de même que Patrick Sassoust, avocat général à la Cour de cassation. Ce dernier n’a pas été présenté aux juges. «Thierry Herzog a été mis en examen pour des faits que nous contestons», a déclaré à la presse son avocat, Me Paul-Albert Iweins. «Ces faits ne reposent que sur des écoutes (...) dont la légalité sera fortement combattue», a-t-il dit, faisant état de la découverte «stupéfiante» dans le dossier d’une écoute entre Me Thierry Herzog et son bâtonnier «sur les explications de ce qui avait pu passer».
«JUSQU’AU BOUT» Les enquêteurs soupçonnent un réseau d’informateurs au sein de la justice et de la police d’avoir renseigné Nicolas Sarkozy sur les procédures judiciaires le visant. Les soupçons sont apparus en marge d’une enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne électorale en 2007, poussant la justice à placer deux téléphones utilisés par l’ex-chef de l’Etat sur écoute les 3 et 19 septembre 2013. Ces interceptions auraient révélé que Nicolas Sarkozy et son avocat étaient bien renseignés sur la procédure alors en cours à la Cour de cassation sur l’affaire des soupçons d’abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt. Les juges cherchent à établir si Nicolas Sarkozy a tenté de faciliter une promotion à Monaco de Gilbert Azibert en échange de renseignements sur l’avancée du dossier. PHOTO DE LA SEMAINE
Après l’annonce de la mort de trois adolescents israéliens, l’armée israélienne a bombardé, entre autres, la maison de l’agresseur présumé, à Hébron le 1er juillet 2014.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Le chômage s’accélère en France
La branche turque de la marque allemande a annoncé vouloir créer 500 emplois d’ici la fin de l’année à l’usine de Bursa, dans l’ouest de la Turquie, ce lundi 23 juin dans un communiqué. Le géant allemand a investi 300 millions d’euros dans l’agrandissement de cette usine sur la période 2013-2014. Bosch Turquie est spécialisée dans les technologies automobiles, les techniques pour les énergies et les bâtiments, les techniques industrielles et les biens de consommation durables. Au total, Bosch possède huit sites en Turquie et emploie près de 8 200 salariés.
La hausse du chômage s’est encore accélérée en mai et le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B et C a franchi le seuil symbolique de 5 millions en métropole, selon les chiffres diffusés jeudi par le ministère du Travail. Le nombre des demandeurs d’emplois inscrits en catégorie A (sans aucune activité), a progressé de 24 800, soit 0,7 %, en métropole, ce qui porte leur total
à un nouveau record de 3 388 900. En ajoutant les catégories B et C (les personnes ayant exercé une activité réduite), le nombre d’inscrits à Pôle emploi a augmenté de 34 300, soit 0,7 %, pour s’élever à 5 020 200 en métropole et 5 320 000 en incluant les départements d’Outre-mer. Sur un an, la hausse est de 4,1 % pour la catégorie A en métropole et de 4,8 % pour les catégories A, B et C.
NOUVELLE
Bosch annonce la création de 500 emplois en Turquie
03 FRANCE
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4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
«L’utilisation ostentatoire des drapeaux étrangers dans le centre de Nice de 18 heures à 4 heures du matin et ce, jusqu’à la fin de la Coupe du monde» sera interdite Déclaration de Christian Estrosi, député-maire de Nice, le 30 juin, à quelques heures du match en huitièmes de finale entre l’Allemagne et l’Algérie.
Double nationalité : Le Pen cible les Franco-Algériens
La présidente du Front national a réitéré ses positions d’opposition ferme à la double nationalité, en ciblant principalement les Français issus de l’immigration algérienne et, plus largement, maghrébine. Un sondage publié par Le Point, puis supprimé après une vague d’indignation, posait lui aussi la question à ses internautes. DIJAN CETINGOZ PARIS Le Point a publié dimanche matin un sondage qui disparaissait quelques heures plus tard. La question du jour concernait la double nationalité et ciblait plus particulièrement les Français d’origine algérienne. Ce sondage a suscité des commentaires de colère et d’indignation sur les différents réseaux sociaux. Lors du «Grand Rendez-vous» dimanche 29 juin (Europe 1, I>TELE, Le Monde), Marine Le Pen a déclaré qu’elle voulait mettre fin à la double nationalité en France et qu’il fallait «arrêter l’immigration». Des propos formulés au lendemain des incidents qui ont eu lieu aux quatre coins du pays après la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football. En plus d’affrontements entre les supporters et les forces de l’ordre,
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Le discours de Marine Le Pen, tout comme le sondage du Point, a soulevé la polémique.
des écoles, des voitures et des supérettes ont été vandalisées et dégradées. De nombreuses interpellations ont eu lieu et un adolescent de 16 ans, originaire de Mulhouse, est décédé suite à un accident de voiture. Selon la présidente du FN, ce qui s’est passé durant la nuit du jeudi au vendredi est «la démonstration de l’échec total de la politique de l’immigration et le refus exprimé par un certain nombre de binationaux de l’assimilation à laquelle je suis particulièrement attachée».
UNE POSITION À GÉOMÉTRIE VARIABLE Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen tient ce genre de propos. En 2009, sur BFMTV elle avait expliqué qu’«il y a des pays avec lesquels ça pose plus de problèmes que d’autres. On va pas se cacher derrière notre petit doigt (…) on sait très bien
que la double nationalité avec un certain nombre de pays du Maghreb pose plus de difficultés d’assimilation que ne pose la double nationalité avec les EtatsUnis». Pour la candidate du FN,
Une boucherie halal incendiée à Nancy DIJAN CETINGOZ PARIS Dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 juin, la boucherie halal «Paradis d’Oran» du centre ville de Tomblaine dans la banlieue de Nancy a été incendiée et taguée. «On a entendu une explosion suivie d’un énorme fracas de vitres brisées», explique un riverain à l’Est Républicain. Trois étages ont été touchés par l’incendie et les murs ont été tagués de messages étranges et incohérents qui laissent penser que le responsable de l’incendie avait un différend avec le propriétaire de la boucherie. Amaury Lacote, le substitut du procureur de Nancy a déclaré qu’il y avait également «des tags faisant référence aux origines du gérant de la boucherie halal». Les enquêteurs ont aussi découvert des traces d’hydrocarbures sur les lieux qui semblent prouver qu’il s’agissait d’un incendie volon-
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taire. Les pompiers sont rapidement arrivés sur les lieux et ont pu gérer la situation et prévenir tout risque de propagation. Le gérant de cette boucherie, toujours sous le choc, a préféré ne pas s’exprimer sur l’accident.
il faut choisir. «Il faut maintenant mettre fin à la double nationalité. Il faut choisir, on est Algérien ou Français, Marocain ou Français, mais on ne peut pas être les deux».
La nouvelle profession de foi du CSA sur la diversité DIJAN CETINGOZ PARIS Le journal du dimanche a publié une tribune reflétant l’opinion de plusieurs personnalités comme Hervé Bourges, Leila Kaddour-Boudadi, Pascale Colisson et d’autres membres de l’Observatoire de la Diversité du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur «La diversité dans les médias : Changer les représentations et les pratiques». L’enjeu de cette publication ? Inciter les acteurs médiatiques à mettre en place une visibilité accrue de la diversité.
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DES PROGRÈS DU CÔTÉ DES MÉDIAS La diversité ethnique n’est pas la seule cause défendue. L’accessibilité aux handicapés, la lutte contre les stéréotypes sexistes, l’absence de considération des personnes qui vivent à la limite ou en dessous du seuil de pauvreté et l’inégalité homme-femme sont des enjeux de «la plus haute importance» pour les membres de l’Observatoire de la Diversité du CSA. Le rapport du Conseil supérieur de l’Audiovisuel remis le 23 mai 2014 au Parlement explique qu’il y a une nette progression de la part des médias cette année mais qu’il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les stéréotypes. Le problème pointé dans cette tribune est la méfiance à l’égard de «l’autre». Arabe, juif, Rom, musulman, noir, tous sont concernés par cette défiance. «Nous ne sommes pas les premiers à évoquer ces réalités, ces constantes. Mais elles nous inquiètent chaque jour davantage». Les membres de l’Observatoire souhaitent que «les publics placent la lutte contre la discrimination en priorité sur l’agenda politique et s’emploient de manière plus résolue à faciliter la collecte de données pour l’égalité». Ils expliquent également que les politiciens doivent être en phase avec les réalités socio-culturelles et socio-économiques et que c’est seulement grâce à une meilleure connaissance de la diversité de la population que cela sera possible. Les résultats des élections européennes montre qu’il y a un «essoufflement de [notre] capacité collective à entrer dans l’ère de la diversité».
04 SOCIETE
4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Ramadan, le mois de tous les possibles... Le Ramadan est ce mois où toutes sortes de pratiques musulmanes se conjuguent. Mois de jeûne, de prières, de psalmodie et de don. Mais pas seulement. Les questions du sens, des valeurs et de la relation très personnelle que les musulmans entretiennent avec le Ramadan y occupent toute leur place. FOUAD BAHRI PARIS On a beaucoup parlé du Ramadan, de ses pratiques, de son ambiance, de ses bienfaits. Mois de jeûne, d’ascèse, d’abstention, d’effort et de patience : c’est en quelques mots ce que nous pouvons en dire et ce que nous en disent volontiers les théologiens. Mais quoi ? Faut-il réduire ce mois au jeûne ? Certes, c’est sa dimension immédiatement perceptible par le commun des fidèles. Mais le Ramadan est aussi le mois du Coran, le mois où la Révélation divine est descendue du Ciel vers la Terre. La prière du soir dite Tarawih, célèbre précisément cet évènement par la récitation mensuelle de la totalité du texte coranique. Plus encore : il semble que l’arcane secrète de Ramadan soit là. La Nuit du Destin a scellé à tout jamais dans l’histoire humaine ce que pouvait être la rencontre entre l’au-delà et l’ici-bas. Parole de Dieu, Message lumineux projeté des profondeurs du Cosmos, le Coran, cette Parole perpétuellement Vivante à l’image d’un organisme, a été révélé en cette Nuit unique. Dieu lui-même y descend, escorté de ses Anges jusqu’au premier Ciel pour s’enquérir de ses créatures, raconte la tradition religieuse musulmane.
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REDEVENIR SOI-MÊME Une Nuit équivalente à mille mois, un Mois sans équivalent dans le calendrier lunaire et solaire : le Ramadan semble réserver ses trésors de sens et de beauté au plus valeureux des aventuriers de l’âme qui se risquera à entreprendre la plus fantastique des expéditions. Car Tout est dans Ramadan et tout Ramadan est Un. Pardon ! Avant qu’un zélé serviteur ne nous convoque au tribunal de
Pour les musulmans, le Ramadan est le mois du Bien par excellence.
la pensée théologique, précisons notre propos. Il semble que le Ramadan réunisse en lui toutes les composantes essentielles de l’islam, ses multiples piliers. La globalité de l’islam, à ne pas confondre avec la totalité ni même avec le totalitarisme, trouve là sa plus belle incarnation. Le jeûne du corps durant le jour, la nourriture céleste de l’âme durant la nuit. Mais encore : la nourriture du coeur le jour durant, ponctué des repas intérieurs que sont pour le fidèle la prière du jour, le dhikr et les invocations quotidiennes ; le banquet du corps la nuit tombant. Dans un sens comme dans l’autre, on ne sait plus où commence le jeûne et où finit sa rupture. Mois du Bien par excellence, le Ramadan est aussi cette pause métaphysique où la racaille diablotine des Djinns s’en va flâner dans les fosses de l’Enfer, malgré eux,
il faut le reconnaître. Le temps d’un souffle lunaire, les musulmans retrouvent leur plénitude ontologique, celle de la fitra (nature primordiale) sans autre intervention dans leur vie que celle de leur Créateur, Dieu le Très-Haut, l’Unique. Plus de suggestion maligne, sinon celle de leur âme.
DONNER POUR S’ACCOMPLIR Période de spiritualité, je vous le concède, bien qu’on ne saisisse plus vraiment le sens de ce terme assez galvaudé. Mais pas seulement. Le partage et le sens des valeurs est bien présent. A l’approche de l’Aïd, l’heure de la zakat al-fitr pointe déjà le bout de son nez et avec elle l’impératif du commandement salutaire, celui du don. «Ce que tu donnes est à toi pour toujours. Ce que tu gardes est perdu à jamais.» Ce proverbe
soufi exprime de belle manière la philosophie du don. Donner pour répandre sa signature spirituelle sur les choses, sur les êtres, sur le monde. Atteindre l’angélisme diront certains. Peut-être. Pourquoi pas ? Les Anges ne mangent ni ne boivent. Ils volent et illuminent les Cieux. Mais les Anges ne choisissent rien. Dénués de librearbitre, leur vie est une pure détermination divine. Alors parlons plutôt d’humains angéliques ou d’anges-humains. Qu’importe. Le royaume de Dieu est à construire sur la Terre dirait un chrétien, avant d’être offert dans les Cieux. C’est cette délicate entreprise que l’homme, à travers l’islam, est appelé à accomplir. Alors jeûnons, mangeons, buvons et festoyons. Prions, méditons et lisons. Les jours se terminent. La Nuit approche...
«Le jeûne doit affecter positivement le comportement» Ahmed Jaballah est théologien et directeur de l’Institut d’études en sciences humaines. Dans un entretien à Zaman France, il nous explique quelles sont les valeurs essentielles à partager en ce mois de jeûne. FOUAD BAHRI PARIS Quelles valeurs le mois de Ramadan célèbre-t-il ? On peut peut-être dire que la première valeur est la valeur spirituelle. Le jeûne est tout d’abord une adoration comme le souligne le hadith Qudusi où Dieu dit que le jeûneur s’abstient de manger et de boire pour Lui. Le jeûne vient renforcer la dimension de la piété, il est un des moyens privilégiés pour l’atteindre. Dieu seul sait que le jeûneur jeûne, c’est donc un acte éminemment spirituel, moral, comportemental. Le jeûneur doit élargir le sens de l’abstention. S’il est vilipendé ou molesté, il doit se contenir car il jeûne. Le jeûne doit affecter positivement son comportement. Il y a également la valeur du partage. Se priver volontairement d’alimentation, c’est se rappeler que d’autres en sont privés mais pas volontairement. Il y a donc un sens spirituel, moral et social du jeûne.
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Diriez-vous que le Ramadan est par excellence le mois de la patience ? La patience peut-être classée dans les valeurs morales ou spirituelles car le Coran assigne une large place à ce terme. Un hadith rappelle que le jeûne est la moitié de la patience. En effet, la patience est directement sollicitée par le jeûneur qui doit maintenir son état de jeûne toute la journée. Y a-t-il une difficulté particulière à jeûner collectivement et à pratiquer des valeurs communes dans une société individualiste ? Le jeûne est porteur de valeurs collectives. Le fait de se réunir pendant la prière, de partager des repas au moment de l’iftar, de célébrer mondialement ce pilier de l’islam, en sont les preuves. Je ne pense pas qu’il y ait de difficultés particulières à jeûner le Ramadan en Europe ou en France car les mosquées et les lieux de socialisation sont nom-
breux pour les musulmans. Même si, dans les pays musulmans, la dimension collective est plus présente, c’est certain. On parle souvent du jeûne comme un moyen d’amener l’homme à atteindre l’état angélique, car les anges ne mangent, ni ne boivent. Cette affirmation a-t-elle un fondement théologique ? Cela peut être dit mais dans un sens métaphorique au sens où comme les anges sont des êtres créés pour l’adoration, on peut prendre exemple sur eux. Lorsqu’il suit la voie du Bien, l’homme a la possibilité de dépasser le statut des anges qui eux n’ont pas la possibilité de désobéir à Dieu. Mais en islam, on tient à affirmer la différence entre la condition humaine et celle des anges. Il n’est pas demandé aux hommes de devenir des anges. Certains peuples demandaient à leurs prophètes de devenir des anges, ce que le Coran dénonçait comme une excuse pour ne pas suivre le Prophète.
05 SOCIETE TRIBUNE LIBRE AZIZ SENNI Aziz Senni est un entrepreneur engagé et l’un des membres fondateurs de l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants). En ce mois de Ramadan, il livre à Zaman France son témoignage personnel sur le sens que revêt à ses yeux cette période riche en valeurs et en partages.
Jeûne du Ramadan :
N’en tirons pas uniquement la faim et la soif Si chacun sait «comment» se réalise ce jeûne, il est important à mes yeux de ne pas oublier le «pourquoi». Le Ramadan, un des cinq piliers de l’islam, ne se résume pas à se lever à 3 heures du matin pour manger, me priver de boisson, de nourriture et de relations sexuelles pendant la journée et manger le soir après le coucher du soleil. Cette période d’abstinence terrestre déjà prescrite à Abraham, à Moïse, à Jésus, puis à Mohamed, m’ouvre ainsi un moment propice, plus intense, à la méditation et à la spiritualité. Au-delà des bienfaits sanitaires démontrés par la médecine, cette période de jeûne contribue un peu plus à la construction équilibrée de mon intérieur, mon âme, tout en renforçant ce lien personnel, intime et vertical vers notre Créateur. Cette construction intérieure mesurée, se fait par le questionnement sur soi, sur le monde qui nous entoure et par la recherche de réponse par des lectures appropriées et des discussions avec notre prochain, croyant ou non.
LE MOIS DE L’AMOUR UNIVERSEL Cette construction intérieure me renforce un peu plus et me conduit davantage sur le chemin de l’Amour, du Pardon, de l’altruisme, de la générosité et du partage... Elle me guide un peu plus vers ce chemin qui nous conduit à notre Seigneur. Dieu ne viendra vers moi que si je vais d’abord vers lui. Je considère que mes prières à Dieu sont un premier pas vers Lui. Le remercier pour ses bienfaits ou Lui demander pardon, aide et secours constitue à mes yeux une relation restreinte. Chaque acte réalisé, chaque mot exprimé, chaque pensée doivent devenir une prière s’inscrivant sur ce chemin qui nous mène à Lui. Le mois du Ramadan nous rappelle ainsi qu’il n’y a pas d’Amour de Dieu mais seulement des preuves d’Amour de Dieu. Aimer Dieu, c’est aimer sa Création, toute Sa création, dans sa grande diversité. Respecter et accepter son prochain tel qu’il est, souhaiter à son prochain ce que l’on se souhaite à soi-même, respecter et protéger la Nature, c’est faire acte d’Amour et de respect envers Dieu. Le Ramadan est finalement un rappel de ce que nous devrions être toute l’année et toute notre vie : Amour de Soi, Amour de l’Autre, Amour de Dieu.
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Faut-il prendre ses congés pendant le Ramadan ? Cette année encore, le Ramadan coïncide avec les vacances d’été. Pour certains, cette situation est bien accueillie, d’autres estiment que leurs projets s’en trouvent chamboulés voire reportés.
DALILA BOUAZIZ PARIS Partir en congé avant ou après le Ramadan ? Une question que de nombreux musulmans se posent à quelques jours du mois sacré. Il tombe une nouvelle fois pendant les vacances d’été, du 28 ou 29 juin jusqu’au 27 ou 28 juillet, en pleine chaleur estivale. Certains comme Zübeyr, 23 ans, étudiant en informatique, ont déjà tranché. « Cette année, j’ai décidé de ne pas exercer de job d’été en juillet. A cette période, il fait très chaud, j’ai très soif. Quand on effectue un travail physique, il devient presque insupportable de supporter la chaleur », indique ce Franco-turc. « L’été dernier, j’ai effectué un stage pendant le Ramadan dans un bureau mais ça n’était pas si facile. Cette fois, je préfère me reposer chez moi. » N’appréhende-t-il pas pour autant de trouver le temps long ? « Si un peu, mais cette année, je serai avec mes parents et mes amis. On se soutiendra mutuellement. Et j’aurai le temps de dormir », plaisante-t-il.
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«DISPONIBLE POUR MA FAMILLE» Pour Hayet, secrétaire et mère de trois enfants, il est impensable de travailler durant ce mois sacré. «J’adore le mois du Ramadan. Il y a une ambiance joyeuse à la maison. Pendant ce mois, je n’exerce aucune activité professionnelle, je me rends disponible pour ma famille. Sur ma table de dîner, la cuisine traditionnelle retrouve sa place durant 30 jours, je pétris même le pain de mes propres mains». En profite-t-elle alors pour se reposer ? « Non, je ne fais pas de grasses matinées ! Je suis active du matin au soir. Et je mets un point d’honneur à ne pas être stressée ou montrer le moindre signe d’énervement. Pendant le mois béni, j’ai au contraire une pêche inhabituelle !», confie Hayet.
Le mois du jeûne est aussi celui des retrouvailles familiales.
« DIFFICILE PHYSIQUEMENT» Un avis partagé par Nadia, 32 ans, responsable en ressources humaines. «Habituellement, je travaille pendant le Ramadan mais mon poste à responsabilité nécessite toute ma concentration. L’année dernière, c’était très difficile d’un point de vue physique avec mes horaires de bureau et mon poste nécessite beaucoup de concentration. Au bout de 10 jours de jeûne, j’ai commencé à manquer d’énergie. Je me suis alors rendue compte que je faisais "subir" ma foi à mes interlocuteurs. J’étais beaucoup moins réceptive et réactive dans mon travail», révèle-t-elle. Conséquence, cette année, Nadia a décidé de prendre ses congés pendant le Ramadan. « Je veux pouvoir me consacrer aussi bien physiquement que psychologiquement à ma foi pour trouver toute la quiétude possible et ne pas être confrontée à toute tentation. Je vais pouvoir occuper mes nuits à la mosquée ou profiter simplement de mes proches.» Djibril, 35 ans et chauffeur-livreur, a fait un choix différent. «J’ai un travail
qui me permet de faire le Ramadan sans trop de difficulté al hamdoullah. Je sais qu’il y a des métiers plus contraignants notamment pour ceux du bâtiment ou de la métallurgie. Il faut alors que les frères et sœurs fassent preuve de compassion», note cet employé.
UN «CHOIX DE PERSONNES ET DE SAISONS» Pour Khaled Bouchama, administrateur au sein de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), prendre ses congés ou non pendant le mois de jeûne est un «choix de personnes et de saisons». «Je vois mal les musulmans prendre leurs congés quand le Ramadan sera en hiver», note-t-il. «Par contre, il est vrai que pour des métiers pénibles comme un agent de sécurité qui reste toute la journée debout ou ceux qui travaillent à l’extérieur, je comprends leur choix. Mais je ne pense pas que la question se pose pour tous les musulmans. Sur ce sujet, il n’y a pas d’obligation ou de recommandation religieuse », conclut-il.
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4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Erdogan, Ihsanoglu, Demirtas : la campagne présidentielle est lancée Les trois prétendants à Cankaya (palais présidentiel) se sont enfin dévoilés. Deux conservateurs et un socialiste concourront pour le scrutin présidentiel dont le premier tour se tiendra le 10 août 2014. La campagne s’annonce historique, c’est la première fois que le président de la République sera élu directement par le peuple. SAMI KILIÇ PARIS Hasard du calendrier, la campagne tombe en plein Ramadan et en plein été. Tayyip Erdogan est un vieux routier de la vie politique ; qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il soleille, il sait se débrouiller. Ekmeleddin Ihsanoglu, bon chic bon genre, sera sans doute moins à l’aise ; il devra parler en public, un exercice qu’il ne connaît pas vraiment. Habitué aux enceintes internationales, il a eu à employer jusqu’à maintenant un langage diplomatique. Or le peuple attend autre chose. Selahattin Demirtas, quant à lui, est plutôt détendu et bon orateur, il sait répondre du tac-au-tac ce qui le hisse en réalité au rang de premier contradicteur d’Erdogan notamment dans le contexte de résolution du «problème» kurde.
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DEUX CONSERVATEURS, UN SOCIALISTE Tayyip Erdogan avait pris soin jusqu’alors de ne pas prononcer une seule fois le nom de son principal adversaire, Ekmeleddin Ihsanoglu. Celui qui avait été élu à la tête de l’Organisation de la Coopération islamique grâce à l’AKP ne semble pas en effet être une hantise pour le Premier ministre turc. Sa stratégie est simple : ignorer le candidat de l’opposition pour malmener les partis qui l’ont présenté. C’est que le professeur Ihsanoglu, qui est un novice en politique, n’en demeure pas moins une figure intellectuelle de renommée internationale. Trop le bousculer serait perçu non seulement comme une marque d’irrespect mais n’aurait surtout pour Erdogan aucun retour en matière électorale. Les deux hommes font partie de la mouvance conservatrice et Erdogan sait que seuls les déçus plébisciteront un Ihsanoglu que personne ne connaît. Autrement dit, un vote de dépit aura à ses yeux un effet minime.
Candidat naturel de son camp, a fait durer le suspense jusqu’au bout. Le président de la République en exercice, Abdullah Gül, un fidèle d’Erdogan, a dit ne pas penser se représenter, la veille de la déclaration du chef du gouvernement. Les députés de l’AKP avaient déjà commencé à signer dans l’eu-
phorie le document pour proposer leur candidat. Tayyip Erdogan qui dirige le pays depuis 2002 a un bilan économique positif, il axera donc sa campagne sur ce point fort et ses réalisations en matière d’infrastructures. Sur un plan humain, sa proximité avec le peuple et sa communication tactile sont ses principaux atouts.
1 à s’imposer malgré un début
Ekmeleddin Ihsanoglu a réussi
la plus authentique du parti et de miser sur un nom qui n’évoque rien à un homme de gauche. Conscient du problème, Ihsanoglu a multiplié les gestes de bonne volonté envers l’électorat kémaliste. Il a commencé par exprimer son très grand respect pour la figure d’Atatürk avant de qualifier le voile de vêtement respectable mais traditionnel... N’ayant pas de rampe de lancement comme Erdogan qui possède un parti dévoué à sa cause et un financement substantiel, il devrait bénéficier des structures des deux partis, CHP et MHP et peut-être du BBP (petit parti de droite religieuse et nationaliste). Un singulier attelage. Jugé trop aristocratique, trop intellectuel, trop distant, il aura un mois pour se faire connaître, rétorquer aux éventuelles attaques et, s’il a le temps, proposer une vision...
Selahattin Demirtas s’est faci-
finit comme socialiste. Il aura ainsi l’occasion de sortir de la rhétorique aseptisée des droits des Kurdes pour élargir son discours aux valeurs de gauche comme le travail et la solidarité. En réalité, le seul fait que le «candidat des Kurdes» soit l’un des trois candidats est en soi un énorme pas pour la République turque. L’électorat kurde est même en passe d’être la clé du scrutin. En effet, si Erdogan ne l’emporte pas dès le 1er tour, il pourra tenter de séduire cette réserve de voix.
1 Erdogan
Tayyip Erdogan.
Ekmeleddin Ihsanoglu.
de bouillonnement au sein du CHP. Proposé par Kemal Kiliçdaroglu, le leader du CHP (gauche kémaliste), à Devlet Bahçeli, le président du MHP (droite nationaliste), le nom d’Ihsanoglu a provoqué une fronde au sein des kémalistes. Süheyl Batum, député d’Eskisehir, a tenté de présenter une candidature alternative, celle d’Emine Ülker Tarhan, députée d’Ankara et ancienne juge à la Cour de cassation, mais cette tentative a avorté. Le MHP a apporté un soutien franc et massif, tous ses députés ont signé la motion de présentation de la candidature. Le CHP a compté 21 députés frondeurs. Il faut dire que la personnalité d’Ihsanoglu n’a aucune proximité avec l’idéologie kémaliste. Kiliçdaroglu joue donc gros, il a pris le risque de crisper la frange la plus dure et
1 lement imposé dans le camp
Selahattin Demirtas.
kurde. Co-président du BDP et ensuite du HDP, ce juriste quadragénaire s’est spécialisé dans la défense des droits de l’Homme. Député de Hakkari, région kurde du SudEst anatolien, il fait figure de «bon client» pour la presse. Moins virulent qu’une Sebahat Tuncel et plus charismatique qu’un Ahmet Türk, il sait se faire entendre. L’absence d’un candidat de gauche est une véritable aubaine pour celui qui se dé-
L’AKP soumet des réformes sur le PKK au Parlement -
L’AKP a soumis un paquet de réformes concernant le processus de paix au Parlement jeudi dernier. Pour le vice-Premier ministre, Besir Atalay, qui a convoqué une conférence de presse, l’objectif premier du «Projet de loi pour mettre fin au terrorisme et renforcer la consolidation sociale») est de mettre fin aux activités terroristes en Turquie et d’instituer une réglementation. Le paquet de réformes, qui comprend six articles, prévoit des mesures qui devront être prises par le gouvernement dans les domaines politique, légal, socio-économique, psychologique, culturel, des droits de l’homme et de la sécurité. Pour ce faire, le gouvernement organisera des rencontres avec des individus, des groupes et des institutions au niveau national et à l’étranger, et attribuera à des individus et à des institutions le soin d’organiser ces rencontres.
Le paquet de réformes prévoit des mesures qui devront être prises par le gouvernement dans divers domaines pour mettre fin au terrorisme.
LES AUTORITÉS IMPLIQUÉES DANS LES POURPARLERS NE POURRONT PAS ÊTRE JUGÉES Des mesures nécessaires seront prises également pour faciliter la transition des militants qui devront abandonner les armes, quitter les montagnes et retourner à une vie normale. Le projet de loi pré-
voit une garantie pour éviter que les autorités qui ont participé aux pourparlers avec des membres hauts placés du PKK dans le cadre du processus de paix ne soient jugées. Des pourparlers ont notamment eu lieu entre Öcalan et le chef des services de renseignement turcs (MIT), Hakan Fidan, dont le poste de négociateur au nom de l’Etat turc a été confirmé par le gouvernement. Le paquet de réformes prévoit également que les membres du PKK qui n’ont pas de poste important au sein du groupe terroriste et qui n’ont pas été impliqués dans une attaque terroriste contre la Turquie soient autorisés à être réinsérés en société s’ils se rendent aux forces de sécurité turques. «Avec ce texte, il sera plus facile pour les institutions de déterminer les questions pour lesquelles elles peuvent contribuer dans le cadre du processus de paix», a noté Atalay avant d’ajouter que le paquet autorisera le cabinet à prendre des mesures liées aux pourparlers avec le PKK, permettant ainsi d’accélérer le processus. D’après les médias, l’AKP voudrait faire adopter ce texte par le Parlement avant la pause estivale. Le Parlement, habituellement en vacances dès le 1er juillet, travaillera jusqu’au 25 juillet cette année pour étudier les réformes et d’autres projets de loi.
07 TURQUIE
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Une chasse aux sorcières qui pourrait paralyser l’Etat Depuis le 17 décembre 2013, le Premier ministre Erdogan mène une véritable chasse aux sorcières contre le mouvement Hizmet. Outre les répercussions négatives sur ce dernier, la chasse aux opposants d’Erdogan a aussi un impact sur le fonctionnement de l’administration turque et sur la façon dont est perçue la justice.
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Depuis quelques jours, la menace d’une enquête sur le Hizmet se fait de plus en plus vive. Si bien que l’avocat de Gülen vient de soumettre une pétition pour protester contre cette pratique qu’il juge illégale. Nurullah Albayrak demande ainsi que le procureur général d’Ankara, Serdar Coskun, mette fin au complot secret présumé du gouvernement turc à l’encontre des membres du Hizmet.
CERNER LA «STRUCTURE PARALLÈLE» C’est le 11 juin dernier que Coskun a ordonné au département de police d’Ankara et à son bureau de lutte contre la contrebande et le crime organisé de mener une enquête secrète et illégale sur le mouvement Hizmet. Dans le cadre de l’enquête, le procureur aurait demandé à la police de rechercher en quoi consistait exactement la «structure parallèle» et d’identifier ses membres, ses objectifs et ses ressources financières. Albayrak rappelle dans sa pétition qu’aucune enquête n’est enregistrée dans le système informatique judiciaire national (UYAP) ni sur son client ni sur le Hizmet. Il a ajouté que mener une telle enquête était contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, à la Constitution turque et au Code de procédure pénale. LE GOUVERNEMENT MOBILISE TOUTES SES RESSOURCES L’ancien ministre de l’Intérieur, Idris Naim Sahin, a soulevé une question parlementaire sur le projet du gouvernement visant à «liquider le Hizmet». Sahin a dit avoir reçu des documents sur le sujet qui montrent que le gouvernement aurait mobilisé toutes ses ressources afin de recueillir des preuves et lancer une enquête contre le mouvement. Une pratique jugée illégale par Sahin puisqu’elle renverse le principe selon lequel une activité criminelle doit être révélée à partir de preuves et non pas le contraire. Dans sa pétition, l’avocat a affirmé que l’enquête était menée sans tenir compte des obligations légales et sous influence politique. Albayrak affirme que la requête de profilage de tous les membres du Hizmet équivaut à présumer que toute personne liée au mouvement est un potentiel criminel et que mobiliser toutes les institutions étatiques pour participer à cette chasse aux sorcières est contraire aux principes fondamentaux du droit. Lundi, Erdogan réitérait ses menaces contre le Hizmet, qu’il a déclaré vouloir mener devant la justice. Il a ajouté que son gouvernement travaillait sur un «projet» lié à ces affaires, mais n’en a pas dit plus. «RIEN NE FONCTIONNE DEPUIS LE 17 DÉCEMBRE» La chroniqueuse Barçin Yinanç du quotidien Hürriyet note pour sa part des répercussions négatives concrètes dans le fonctionnement de l’administration en Turquie qui vont jusqu’à contrarier les fonctionnaires européens. Barçin Yinanç rapporte en effet
Palais de justice d’Istanbul.
les propos d’une de ses connaissances qui se plaint des remaniements ministériels qui faisaient partie du projet du gouvernement de «nettoyer l’Etat». «Rien ne fonctionne depuis le 17 décembre. Nous n’arrivons pas à faire bouger les choses», dit-il. La chroniqueuse parle également des répercussions des purges sur les diplomates de l’Union européenne, dont le travail quotidien avec les institutions de l’Etat turc s’en est retrouvé directement affecté, leurs homologues au sein des institutions de sécurité et de la justice ayant alors perdu leur poste. Selon certains pays européens, les purges au sein de la police sont les plus préoccupantes, souligne la journaliste, en particulier dû aux avancées récentes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui nécessitent le renforcement de la coopération antiterroriste entre les différents pays et donc des forces de police.
JUSTICE TURQUE : LA CONFIANCE PERDUE Aussi, pour le chroniqueur du Bugün, Tarik Toros, les répercussions de la chasse aux sorcières menée par le gouvernement vont jusqu’à faire perdre la confiance des Turcs dans leur système judiciaire. «Le Premier ministre a récemment déclaré qu’on ne pouvait plus faire confiance à la justice. Et il a raison. Une enquête rejetée par un procureur a été reprise par un autre. Si un tribunal local rend une décision et que la Cour d’appel soutient cette décision, la Cour constitutionnelle l’annule. Les décisions prises contre les suspects ne sont pas appliquées. Si un mandat d’arrêt pour un citoyen régulier est pris en compte alors qu’il ne le sera pas pour une figure importante, cela signifie que le processus juridique est arrivé à sa fin», regrette-t-il.
Le président Gül promulgue les nouvelles réformes judiciaires AYDIN ALBAYRAK ANKARA Le président turc Abdullah Gül vient de promulguer un nouveau paquet de réformes judiciaires qui prévoit de subordonner la justice aux ordres du gouvernement, rapporte le Taraf ce dimanche. «Le président Gül a promulgué, sans soulever aucune objection, le nouveau paquet de réformes judiciaires contenant 105 articles», a souligné le quotidien. Ainsi, la Cour de cassation, le système de la justice administrative et le mécanisme de justice actuellement en place seront réorganisés en fonction des amendements introduits, et intervenir dans une enquête judiciaire ne sera plus considéré comme un délit.
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UN COUP PORTÉ À LA SÉPARATION DES POUVOIRS Le nouveau paquet de réformes judiciaires, adopté par le Parlement le 18 juin dernier, a été publié après avoir été promulgué par le président tard vendredi soir, au Journal officiel samedi 28 juin. «Ce [paquet] est une violation sévère de l’Etat de droit», a déclaré à Zaman Atilla Kart, député CHP, notant que les amendements contenus dans le paquet de réformes plaçaient la justice sous le contrôle étroit du gouvernement.
Erdogan annonce la diffusion de preuves IBRAHIM VARLIK ANKARA Devant le groupe parlementaire de son parti, le Premier ministre Erdogan a déclaré mardi dernier que de nouveaux documents sur le groupe seraient «bientôt dévoilés». Il a annoncé que les documents prouveraient les liens présumés du Hizmet avec la justice et la police. Néanmoins, Erdogan n’a pas apporté plus de précisions sur la façon dont ces documents seraient rendus publics. Le Premier ministre a également déclaré que les leaders du CHP et du MHP, tout comme certains membres de la justice pourraient finalement connaître le destin
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de Deniz Baykal, ancien président du CHP qui avait démissionné en 2010 après la diffusion en ligne d’une vidéo le montrant très proche d’une ancienne députée de son parti. Erdogan a déclaré, sans fournir aucune preuve, que le Hizmet se trouvait derrière l’enregistrement et la diffusion de la vidéo. Erdogan a également exprimé son insatisfaction quant à la libération de 11 policiers accusés d’avoir installé un micro dans son bureau à Ankara et a ajouté qu’il suivrait de près l’affaire. Parmi les suspects se trouvaient un chef de police et l’ancien chef des gardes du corps d’Erdogan.
08 TURQUIE
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Quand les Turcs révisent leur jeûne tous les ans... Le mois de Ramadan a débuté ce samedi pour les Turcs. Le monde de la presse et de la télévision s’est mobilisé pour répondre aux questions que les croyants se posent. Et chaque année apporte son lot de questions saugrenues. SAMI KILIÇ PARIS Les Turcs ont beau être musulmans depuis 1000 ans, ils s’interrogent tous les ans sur les mêmes sujets concernant le jeûne du mois de Ramadan. Comme si chaque année, on guettait une réactualisation des réponses ou des «rabais» spirituels ou encore comme si on assistait tous les ans à un renouvellement des générations. La règle paraît pourtant simple et immuable : le sexe, la boisson et la nourriture sont interdits la journée, disons pour fixer les esprits, de 4h20 du matin à 22h le soir en France (3h30 à 20h50 à Istanbul). Il n’en demeure pas moins que les circonstances de la vie sont telles que des livres entiers sont consacrés aux conditions du jeûne, aux cas de rupture et à la fidya (compensation financière pour ceux qui ne peuvent pas jeûner pour cause de maladie ou de vieillesse). Un bon filon pour les journaux qui n’hésitent donc pas à préparer des pages spécial Ramadan et à «embaucher» momentanément des savants religieux et pas des moindres.
Le président du Diyanet, Mehmet Görmez, a demandé aux ouailles de réfléchir cette année sur le thème de la solitude et de la miséricorde.
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UNE LIGNE DIRECTE «ALLÔ FATWA» Dans leurs chroniques, ces derniers traitent de religion, d’histoire, de philosophie en rapport avec les valeurs de l’abstinence. Et à la fin, répondent aux interrogations. Une expression turque nous apprend heureusement qu’il n’y a aucune honte à poser des questions à deux catégories de personnes, les médecins et les théologiens. Ça tombe bien puisqu’en général, les questions se suivent et se ressemblent. C’est bien la raison pour laquelle, le Diyanet, la très officielle Direction des affaires religieuses, ressort à la même saison son document sur les questions/réponses. La ligne directe «Allô fatwa» permet également d’apaiser rapidement la conscience des moins patients. De 8h à 23h, le Diyanet reste mobilisé. Une centaine de questions sont posées chaque jour. Le président de l’institution, Mehmet Görmez, a demandé aux ouailles de réfléchir cette année sur le thème de la solitude et de la miséricorde. Dans un pays où 3000 personnes se suicident tous les ans et où vivent tant bien que mal 1,5 millions de réfugiés, le grand mufti de la Turquie a appelé à plus d’empathie et de solidarité notamment en direction des pauvres, des orphe-
lins, des personnes âgées, des persécutés et des enfants des rues. Un exercice qui diffère radicalement de la traditionnelle casuistique. Casuistique qui reste pourtant le grand souci des pratiquants qui se demandent si telle ou telle pratique rompt leur jeûne auquel cas, il faut le rattraper plus tard. Les grands classiques concernent les gouttes pour les yeux ou le nez (non), la douche (non), les patchs de nicotine (non), les interventions dentaires (non), le brossage de dents (non), le chewing gum (non s’il n’y a pas d’additif), les piqûres (non si elles visent un traitement comme les vaccins), l’anesthésie locale (non) ou l’anesthésie générale (oui).
DES QUESTIONS SINGULIÈRES... Mais il est des questions singulières qui, tout en étant sincères, font immanquablement décrocher un sourire. Du type, «Puis-je faire des talismans tout en jeûnant ?», «Pêcher rompt-il le jeûne ?» ou encore «Le fait d’être le chauffeur d’une chanteuse est-il nuisible au jeûne ?»... Les questions révèlent souvent l’origine sociale ou géographique des jeûneurs. Ainsi, celui qui se demande si son jeûne est rompu à cause d’une mouche qui a eu le soin d’entrer dans sa bouche
est plutôt un paysan de l’Anatolie qui, de par son mode de vie, est confronté à cette problématique. Celui qui se demande si profiter de la fumée de la cigarette d’un collègue est compatible avec le jeûne est sûrement un urbain branché.
...ET DES POLÉMIQUES Ainsi va le mois sacré. Entre spiritualité et cocasserie. Et évidemment avec des polémiques. Ainsi récemment, alors que le mufti de Zonguldak (province du Nord de la Turquie) demandait aux hommes et aux femmes qui jeûnent de ne pas nager en mer ensemble, son collègue d’Adana (au Sud) a critiqué un islamiste qui prêchait sur les plages en exhortant les femmes à se voiler. «On doit respecter les droits d’autrui. Ce sont des pratiques inacceptables. Comme si tous nos problèmes étaient réglés, il ne manquait plus que cela», s’estil emporté. Le fin mot est revenu au grand mufti : «Toute prescription religieuse qui est séparée de la hikma [sagesse] ne peut conduire à la vertu que demande l’islam». Dans un mois où triomphe le formalisme, il était sage de rappeler la dimension spirituelle d’une pratique qui se veut avant tout un moyen d’obtenir la grâce de Dieu...
Attention à la hausse des prix pendant le Ramadan -
Qui dit Ramadan dit aussi repas, nourriture, ingrédients. En Turquie, l’industrie alimentaire a déjà mis en garde contre la hausse des prix de certains aliments, notamment des produits laitiers et en particulier du fromage et du lait, tandis que les experts du marché prévoient plutôt une baisse des prix du côté des légumes secs. Si le Ramadan est d’abord un mois de jeûne, il n’est toutefois pas synonyme de baisse de consommation alimentaire. Les Turcs accordent beaucoup d’importance à leurs repas pendant le mois sacré. Or certaines entreprises ont parfois recours à des pratiques peu scrupuleuses, vu la hausse de la demande, en fixant des prix relativement élevés ou en vendant des produits périmés par exemple.
Si le Ramadan est d’abord un mois de jeûne, il n’est pas synonyme de baisse de consommation alimentaire.
BAISSE DES PRIX DES LÉGUMES SECS Les producteurs de lait ont été les premiers à annoncer une augmentation de 8,5 % des prix du lait. Necmi Erol, propriétaire de l’entreprise Muratbey Peynirleri qui produit des fromages, a souligné que la décision des producteurs de lait quant à la hausse des prix était une véritable surprise pour l’industrie laitière. «Il pourrait y avoir une nouvelle hausse des prix du lait et du fromage pendant le Ramadan», a ajouté Erol. Selon un article du magazine Para Dergisi, les prix des légumineuses
(légumes secs) ont déjà commencé à baisser, le prix des haricots blancs étant passé à 5 livres turques au kilo. L’article soulignait qu’une diminution de 4 % des prix des légumineuses était attendue. Mehmet Reis, président de Reis Gida, entreprise céréalière, a affirmé qu’il baisserait les prix des légumes secs et que les prix devraient s’en ressentir jusque sur les étagères des supermarchés. De même, Mehmet Erdogan, propriétaire de Sezon Pirinç, producteur de légumes secs, a affirmé qu’il baisserait de 4-5 % ses prix durant le mois de Ramadan.
RESTER VIGILANT EN ALLANT FAIRE LES COURSES Outre la hausse des prix, la question de la sécurité alimentaire refait surface pendant le Ramadan, la plupart des consommateurs étant plus sensibles à la qualité des aliments à cette période de l’année. Le gouvernement a, dernièrement, après avoir procédé à des contrôles, révélé au grand jour des entreprises qui trompent les consommateurs en donnant de fausses informations sur les ingrédients de leurs produits. Mustafa Karli, président de l’Association des grossistes d’Istanbul (IGTOD), met d’ailleurs en garde les consommateurs contre les tromperies dont ils peuvent être victimes. «Consultez les prix et les centres qualité avant d’aller faire vos courses», sermonne-t-il.
09 TURQUIE
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Qui dit Ramadan dit télé-théologiens... Le mois de Ramadan rime avec abstinence et approfondissement de la foi. Chaque année, une kyrielle de savants religieux occupent l’espace médiatique pour répondre aux questions, questions qui ont été souvent mille fois traitées… SAMI KILIÇ PARIS S’il y a bien trois «marronniers» chaque Ramadan, c’est bien une polémique sur le début du mois sacré, les conseils alimentaires dispensés par les médecins et les réponses religieuses fournies par les théologiens sur l’intégrité de notre jeûne. Tout d’abord, la chamaillerie traditionnelle entre, disons pour aller vite, les Arabes et les Turcs. Le Ramadan a commencé samedi pour des millions et dimanche pour d’autres millions. Autrement dit, les seconds pèchent tandis que les premiers jeûnent ; ou les premiers pèchent alors que les seconds mangent. C’est selon. Selon quoi ? Selon les interprétations. Selon les méthodes. Une histoire de nouvelle lune, déterminée par télescope pour les uns, constatée visuellement pour les autres. Ensuite, les médecins sont là pour souffler des «tuyaux» afin de ne pas grossir ou avoir des maux d’estomac. Enfin, les théologiens sont là pour veiller au respect des canons. Le Coran (parole de Dieu) et les hadiths (paroles et actes du prophète) sont bien deux sources inamovibles qui établissent des balises, il n’en reste pas moins qu’il est des situations qui ne trouvent pas directement un écho dans les textes sacrés. Le commun des mortels va donc se fier aux savants. Ça tombe bien puisque la Turquie regorge de télé-théologiens. Matin, midi, soir, les pontes sont fin prêts pour répondre du tac-au-tac. Les pratiquants qui se tordent de faim et de soif se collent aux écrans de télévision. Tellement qu’on a l’impression que les Turcs viennent d’adopter l’islam et qu’ils sont animés de la foi du converti qui suspend son souffle pour apprendre toujours plus.
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LE SUCCÈS DES ÉMISSIONS RELIGIEUSES Les émissions religieuses explosent. On parle de rating et donc de rémunération astronomique. Ainsi, la «star», Nihat Hatipoglu, professeur de théologie et descendant d’une famille de muftis de son état, empochera 600 000 livres soit 200 000 euros pour un contrat d’un mois ! Ahmet Özhan, musicien soufi, touchera 450 000 livres (155 000 euros), Mustafa Karatas, professeur de théologie, 400 000 livres (137 000 euros), Mehmet Fatih Citlak, conteur soufi, 150 000 livres (51 000 euros). Chacun sa branche, chacun sa tonalité, chacun son auditoire. Lorsque Nihat Hatipoglu, spécialiste des hadiths, esquisse un sourire, le fidèle suit. Lorsque Ömer Döngeloglu, spécialiste de l’histoire de l’islam, écrase une larme, le fidèle se lâche aussi. Lorsque Necati Hutoglu, canoniste, tance le téléspectateur en direct, le fidèle en sourit. Les réponses se ressemblent presque toujours, c’est le charisme qui dicte le choix du théologien. Les grands polémistes comme Yasar Nuri Öztürk (qui pense que les femmes peuvent jeûner en période de règles) ou Abdulaziz Bayindir (qui rejette la prière dite du tarawih qui se fait une heure et demie après la rupture du jeûne) ont également la cote. Mais de là à leur consacrer une émission régulière, c’est risqué. Le pratiquant préfère le confort de la tradition et n’a pas vraiment vocation à réfléchir sur des arcanes qui le dépassent de loin. C’est bien là tout le paradoxe :
chaque année, les mêmes questions appellent les mêmes réponses. Sans doute faut-il meubler les 16 heures qui séparent le sahur (début du jeûne, environ 2 heures avant le lever du soleil)
de l’iftar (rupture du jeûne avec le coucher du soleil). En somme, c’est une histoire d’ambiance et de coutume. Comme on connaît les saints, on les honore…
10 INTERNATIONAL
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Sunnites et Kurdes claquent la porte du Parlement irakien Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki salue les députés lors de la première session du Parlement nouvellement élu dans la zone verte fortifiée de Bagdad, en Irak, le 1er juillet.
Alors que les djihadistes de l’«Etat islamique» (anciennement EIIL) ont proclamé la restauration d’un «califat» englobant des territoires en Syrie et en Irak, les députés sunnites et kurdes ont claqué mardi la porte du Parlement irakien faute d’accord sur le nom du successeur du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.
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Les Etats-Unis, les Nations unies, l’Iran et les plus hauts dignitaires chiites irakiens avaient appelé les élus à dépasser leurs divisions pour faire face à l’offensive des djihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), rebaptisé depuis Etat islamique. Mais les députés chiites, majoritaires, n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur le nom du Premier ministre irakien, seuls 75 des 255 députés présents sont retournés en séance après une pause dans les débats. Constatant que le quorum n’était plus réuni, le doyen de l’assemblée, qui compte au total 328 sièges, a ajourné la session, la première depuis son élection en avril.
LE SPECTRE DE LA DÉSINTÉGRATION DE L’IRAK Ces évènements rendent un peu plus improbable la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé d’éviter la désintégration de l’Irak. Le Parlement ne devrait pas se réunir à nouveau avant au moins une semaine, période pendant laquelle Nouri al-Maliki, auquel sunnites et Kurdes refusent l’octroi d’un troisième mandat, va expédier les affaires courantes. Les sunnites ont prévenu qu’ils ne désigneraient pas leur
Devenu le nouveau Président iranien en juin 2013, Hassan Rohani a déjà imprimé sa marque sur les affaires régionales.
candidat à la présidence du Parlement tant que le nouveau Premier ministre ne serait pas connu. Les Kurdes qui, en vertu de l’accord de partage des pouvoirs, doivent désigner le chef de l’Etat, se sont aussi abstenus de le faire. «S’il y a un changement de politique avec un nouveau Premier ministre, nous adopterons une approche positive. Dans le cas contraire, le pays ira de mal en pis», a déclaré Ossama al Noudjaïfi, un responsable sunnite particulièrement hostile à Nouri al-Maliki.
2400 MORTS EN JUIN L’Irak ne semble plus avoir beaucoup de temps pour éviter la désintégration alors
que dans l’extrême-nord du pays, les Kurdes ne dissimulent pas leurs aspirations à l’indépendance et qu’au nord et à l’ouest de Bagdad, l’armée irakienne ne parvient pas à reprendre les villes conquises par les insurgés sunnites, comme Tikrit, où des combats font rage depuis plusieurs jours. Selon les Nations unies, plus de 2400 Irakiens ont été tués en juin, ce qui en fait le mois le plus meurtrier depuis la fin de la guerre confessionnelle en 2007. Pendant que le Parlement se réunissait, mardi, des obus de mortiers sont tombés près d’un sanctuaire chiite de la ville de Samarra dont la destruction, en 2006, avait déclenché les violences religieuses qui ont fait par
la suite des dizaines de milliers de morts. Dans son discours inaugural, le doyen de l’assemblée, Mehdi al-Hafidh, a tenté de convaincre les députés de présenter un front uni. Cela n’a pas empêché élus kurdes et chiites d’échanger des insultes quelques minutes plus tard, les premiers accusant Bagdad de ne plus verser les salaires des fonctionnaires de la région autonome, les seconds reprochant aux Kurdes de remplacer le drapeau irakien par le leur. Face à l’incapacité des communautés à s’entendre, chacune compte ses alliés. Mardi, l’Iran s’est dit prêt à fournir des armes au gouvernement chiite de Bagdad «si celui-ci en fait la demande».
La grande stratégie de l’Iran GÖKHAN BACIK ISTANBUL La politique internationale s’apparente parfois à un feuilleton. Par exemple, si on compare la position et le prestige de la Turquie pendant les Printemps arabes avec aujourd’hui, on constate que ce prestige a été si grand que le Premier ministre turc pouvait sermonner les Arabes du Caire – centre du monde arabe – sur les vertus de la sécularisation et de la bonne gouvernance alors qu’aujourd’hui, la Turquie n’a même pas d’ambassadeur au Caire. Dans un contraste fort avec le déclin de la Turquie, l’Iran, après s’être battu avec succès pour Damas, est maintenant prêt à défendre Bagdad. Téhéran a pu changer le cours des événements et monter en tant qu’équilibre régional. Comment cela a-t-il été possible ?
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LA GÉOGRAPHIE CHIITE Premièrement, la montée de l’Iran est le produit direct de la géographie transnationale chiite. Les Printemps arabes ont en quelque sorte activé l’identité régionale chiite. Du Liban à l’Iran, des pays du Golfe à l’Afghanistan, les chiites se sont organisés avec succès. Ainsi, une leçon majeure des Printemps arabes peut être tirée du rôle essentiel des réseaux religieux transnationaux. Même les critiques les plus ardents des mollahs en Iran peuvent, je pense, voir aujourd’hui l’importance vitale des réseaux. Les hommes politiques iraniens porteront désormais une plus grande attention à ces réseaux transnationaux dans toute la région. Les événements prouvent
que pour l’Iran, protéger ces réseaux est essentiel. Dans un sens, le réseau mondial chiite a passé un test pendant les Printemps arabes, en particulier en Syrie, et est en train d’en passer un aujourd’hui, en Irak.
étatiques, l’Iran va bien par rapport aux autres pays. Ce que j’entends par «tradition étatique», ce n’est pas seulement la capacité matérielle de l’Etat mais aussi la capacité stratégique des élites au pouvoir.
LA SITUATION CHAOTIQUE DES SUNNITES Deuxièmement, la montée de l’Iran est le résultat indirect de la situation chaotique des musulmans sunnites. Beaucoup aujourd’hui mettent en avant l’idée d’une crise de l’islam. Cette idée a du mérite, mais la crise est plus celle de l’islam sunnite. L’islam sunnite est prêt à donner naissance à son pire enfant, c’est-à-dire à une interprétation radicale qui ne s’abstient pas de décapiter ses ennemis. Certaines parties de l’islam sunnite ont été happées par cette interprétation radicale.
UN IRAN HYBRIDE POUR LA SURVIE DE SA STRATÉGIE La grande stratégie de l’Iran peut-elle durer sur le long terme ? J’ai déjà mentionné le rôle des réseaux transnationaux informels dans le succès de l’Iran. Mais j’ajouterais maintenant que le succès à long terme de l’Iran requiert une combinaison de ses réseaux informels et de sa capacité formelle. L’Iran peut utiliser deux instruments : l’Etat moderne et les réseaux chiites de l’islam. Pour l’Iran, il s’agira d’atteindre un équilibre entre les deux. Un Iran hybride, qui utilise des instruments à la fois formels et informels, pourrait se révéler la meilleure voie pour la survie à long terme de la stratégie de l’Iran. Je pense que c’est exactement cela que veut réaliser le nouveau président iranien, Hassan Rohani. Ce fidèle intelligent de l’islam chiite iranien sait très bien en quoi les réseaux transnationaux sont fondamentaux pour l’Iran. Mais il sait bien aussi que l’Iran a besoin de liens légitimes avec les marchés au niveau international et avec le monde. S’il réussit à construire ce modèle hybride, le «rohanisme» sera peut-être la deuxième idéologie la plus importante pour la formation de l’Iran, après le «khomeinisme». g.bacik@todayszaman.com
UNE TRADITION ÉTATIQUE FORTE Troisièmement, la montée de l’Iran est liée d’une certaine manière à sa forte tradition étatique. L’Iran a beaucoup de problèmes en termes de démocratie et de développement économique, mais sa tradition étatique est d’une force considérable. Pendant que nous assistions aux chutes des Etats en Libye et en Irak, la performance de l’Iran était remarquable. Même la Turquie fait face à différentes crises avec le problème du PKK. Des rapports officiels ont confirmé que le PKK était capable de maintenir des postes de contrôle sur des routes de l’Est de la Turquie. Pourtant, en cette époque de chutes d’Etat et de crises
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4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Le commerce et la culture, bastions des relations turco-égyptiennes Malgré les tensions politiques fortes entre la Turquie et l’Egypte, les relations économiques et culturelles ne semblent pas véritablement en danger. En question notamment la question des séries turques, un temps boycottées par certaines chaînes égyptiennes mais encore largement plébiscitées par le public égyptien.
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Contrairement aux rumeurs selon lesquelles un accord de libre-échange turco-égyptien était en train d’être réévalué, les liens économiques et commerciaux entre les deux pays restent plutôt importants. Dans un communiqué de presse publié récemment, l’ambassade égyptienne d’Ankara a déclaré que les échanges commerciaux entre la Turquie et l’Egypte resteront forts, avec un volume annuel moyen de 4,5 – 5 milliards de dollars. L’ambassade égyptienne a également indiqué que pour le gouvernement égyptien, les liens économiques et commerciaux entre les deux pays devaient être isolés des questions politiques. «Tous les investissements étrangers jugés nécessaires pour relancer l’économie sont encouragés et protégés», a indiqué l’ambassade. Celle-ci a ajouté que le bureau d’affaires de l’Egypte à Istanbul était déterminé à coopérer avec les autorités turques et en concertation avec les associations d’affaires turques et le Conseil commercial turco-égyptien pour surmonter les problèmes rencontrés par les hommes d’affaires et investisseurs turcs en Egypte. Cela s’est reflété dans le message de félicitations du président turc Abdullah Gül au nouveau président égyptien Abdel Fatah al-Sissi.
LE BOYCOTT DES SÉRIES TURQUES Si les liens économiques ont été relativement peu affectés par la mésentente de plus en plus forte entre les dirigeants des deux pays, les relations culturelles, elles, avaient pris un coup, en particulier quand des présentateurs égyptiens ont décidé de boycotter les feuilletons turcs. Les boycotts ont commencé après le rappel de l’ambassadeur turc en Egypte par Ankara au mois d’août dernier et le soutien de la Turquie au président déchu Mohamed Morsi. Shokry Abu Emera, président du syndicat de la radio et de la télévision égyptienne, qui avait signé des accords qui donnaient des droits aux chaînes de télévision égyptiennes pour diffuser des séries turques, a reporté leur diffusion après la position prise par la Turquie contre le coup d’Etat militaire contre Morsi. Les chaînes égyptiennes Al-Nahar, Al-Hayat et les chaînes basées aux Emirats arabes unis Dubai TV et ADTV ont suivi en interrompant la diffusion de ces séries pendant un certain temps. «LES SÉRIES TURQUES NE SONT PAS POLITIQUES PAR NATURE» Cependant, Mohamad Elmasry, intellectuel en visite au Centre des études du Moyen-Orient de l’université de Denver, a déclaré à Zaman que le commerce et le divertissement dépasseront le reste, même si les relations entre la Turquie et l’Egypte restent tendues. «Les séries turques ne sont pas politiques par nature, donc je ne pense pas que les réseaux égyptiens éviteront les séries turques à succès juste parce que les relations entre les deux pays sont tendues», explique-t-il. D’après Sarah Elnaggar, étudiante à la Misr International University au Caire, les Egyptiens ne soutiennent pas le boycott : «Peut-être que dans la région du Golfe il pourrait y avoir un impact plus important vu les parts d’audience plus élevées, mais les Egyptiens laissent de
côté la politique turque quand il s’agit des séries. Tout ce qu’ils veulent, c’est pouvoir regarder leur feuilleton préféré». Noha Raouf, rédacteur scientifique pour Nature Arabic Edition affirme qu’à la suite de l’élection de Sissi, les boycotts de séries turques ne
seront pas efficaces. «Les séries n’ont rien à voir avec l’AKP. C’est un marché et il y a des consommateurs. Les bénéficiaires directs des diffusions des séries seront les producteurs turcs et la Turquie, peu importe qui commande la diffusion», précise Raouf.
L’ambassade égyptienne d’Ankara a déclaré que les échanges commerciaux entre la Turquie et l’Egypte resteraient forts.
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Bursa et Pergame inscrites dans la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO Les ruines de Pergame et plusieurs sites de Bursa viennent de faire leur entrée sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, rejoignant ainsi les 11 sites turcs déjà présents sur la liste. SAMI KILIÇ PARIS Le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a décidé d’inclure dans sa liste plusieurs sites de Bursa et de Pergame en Turquie. La première ville, longtemps capitale de l’Empire ottoman, regorge de vestiges importants : des han c’est-à-dire des quartiers commerciaux et une külliye avec son ensemble d’édifices comme la mosquée, l’école religieuse, le tombeau d’Orhan Gazi, le père d’Osman, fondateur de la dynastie osmanli (ottomane) et des cuisines pour la subsistance des pauvres. «Le site illustre la création d’un système urbain et rural fondateur de l’Empire ottoman au début du XIVe siècle. Le bien illustre les fonctions principales de l’organisation sociale et économique de la nouvelle capitale qui se développa autour d’un nouveau centre civique», indique le communiqué de l’UNESCO. En effet, le village de Cumalikizik à Bursa garde toujours la trace de 7 siècles d’histoire grâce aux habitations typiques de la période ottomane. La ville de Pergame à Izmir, quant à elle, permet d’admirer des monuments qui datent de la période héllenistique et romaine. Elle conserve un cadre architectural assez dense. Ainsi, l’acropole de Pergame date des Attalides (IIIe siècle-IIe siècle avant JC), elle «domine un paysage de tumuli et de vestiges des empires romain, byzantin et ottoman répartis au bas des collines», ajoute l’UNESCO.
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1007 SITES SONT INSCRITS SUR CETTE LISTE. AVEC BURSA ET PERGAME, LE NOMBRE DE SITES TURCS CLASSÉS S’EST ÉLEVÉ À 13 : 1 Grande mosquée et hôpital de Divriği 2 Parc national de Göreme et sites rupestres de Cappadoce 3 Zones historiques d’Istanbul 4 Hattousa : la capitale hittite 5 Nemrut Dağ 6 Hierapolis-Pamukkale 7 Xanthos-Letoon 8 Ville de Safranbolu 9 Site archéologique de Troie 10 Mosquée Selimiye et son ensemble social 11 Site néolithique de Çatal Höyük 12 Bursa et Cumalıkızık : la naissance de l’Empire ottoman 13 Pergame et son paysage culturel à multiples strates Quelques jours plus tard, c’est l’écrivain Metin Arditi, Suisse d’origine turque, qui a été nommé Envoyé spécial de l’UNESCO pour le dialogue interculturel. Déjà ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO depuis 2012, Arditi essaie de sensibiliser l’opinion publique sur l’importance de la préservation du patrimoine culturel en temps de guerre. Il venait ainsi d’inaugurer le Centre de réparation et de fabrication d’instruments à cordes au sein du Conservatoire de musique Edward Saïd à Bethléem en Palestine.
Sites de Bursa.
Ruines de Pergame.
La collection d’art islamique du Vatican exposée au musée de Sharjah DIJAN CETINGOZ PARIS Une exposition sur les joyaux de la civilisation musulmane datant du 13e et du e 20 siècle est visible depuis le mois de mars au Musée de la civilisation islamique de Sharjah. Ces joyaux proviennent de la collection du Pape Pie XI habituellement conservée dans l’enceinte du Vatican. Le Pape les avait récoltés en 1925 lors de l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes.Cette exposition, intitulée «Afin que vous puissiez vous connaître les uns et les autres» a été inaugurée par le souverain de Sharjah, Bin Mohammed Al-Qasimi. Une équipe d’experts des Musées de Sharjah et du Vatican ont réalisé une sélection minutieuse parmi les 100 000 joyaux de cette collection, le but étant de mettre en avant ces merveilles venues d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud-Est et de faire découvrir au public la richesse de la culture islamique.
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Islam des mondes
L’Hégire : à la conquête de la liberté religieuse
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Le 10 Ramadan de l’an 8 de l’Hégire, la Mecque est prise par le Prophète Muhammad. Sans coup férir. Muhammad aura ainsi démenti l’adage selon lequel «nul n’est prophète en son pays». Non sans peine, certes. A bien des égards, le parcours de l’Envoyé de Dieu est prodigieux : voilà un homme qui prêche pendant plus d’une décennie dans sa ville natale, pour en être finalement chassé lui et ses fidèles (autour d’une centaine, alors). Puis, après une autre décennie, le voilà devenu le maître de cette même Mecque, recevant, au-delà, l’allégeance et la conversion de toute l’Arabie !
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LA PERSÉCUTION PUIS L’HÉGIRE Entre ces deux moments, il y a eu l’Hégire (622), l’émigration vers Médine des musulmans de la Mecque ; un groupe d’environ 70 fidèles, partis, de manière préventive, par petits groupes, et qui seront par la suite rejoints par le Prophète, Abou Bakr, Ali et leurs familles. La raison en est les persécutions dont faisaient l’objet les musulmans de la part des puissants Qurayshites. La caste de marchands polythéistes a supporté la prédication de Muhammad tant que son oncle, Abou Talib (le père de Ali) était leur chef. A sa mort, c’est Abu Lahab, l’un des
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Représentation ottomane du XVIIIe siècle des mosquées saintes de Médine (à gauche) et de La Mecque (à droite).
«Les premiers fidèles de l’islam appartenaient pour l’essentiel aux franges les plus vulnérables de la société mecquoise» plus farouches adversaires du Prophète, qui prend sa place. Les premiers fidèles de l’islam appartenant pour l’essentiel aux franges les plus vulnérables de la société mecquoise (jeunes, pauvres, esclaves), Muhammad a préféré les envoyer chez les Médinois, avec lesquels il venait de s’allier, et où, donc, ceux qu’on allait appeler les Muhâjirûn, les Emigrés, allaient pouvoir vivre leur foi librement,
mais aussi, aux côtés de leurs frères médinois, les Ansâr, contribuer au triomphe de l’islam.
CONTINUITÉ DU DISCOURS CORANIQUE On a coutume d’opposer la période mecquoise de la prédication prophétique à sa période médinoise : la première serait spirituelle et de souffrance, la seconde, séculière, faite de guerres et de violences. La réalité est plus complexe, et plus profonde. Certes, la prédication mecquoise est pacifique, malgré les persécutions. Les sourates sont courtes et souvent d’une grande beauté. Les thèmes mettent en avant la responsabilité
de l’homme en tant que créature de Dieu, le Jugement dernier, l’opposition paradis/enfer, la Nature comme signes, la solidarité vis-àvis des pauvres, etc. Certes, les sourates de la période médinoise sont plus longues, plus ancrées dans le monde ici-bas, comme le montrent les passages de type juridique. Néanmoins, les deux périodes sont moins tranchées qu’il n’y paraît, essentiellement parce qu’il y a eu continuité du discours coranique : approfondissement de l’histoire sacrée, mise en place du rituel, appel à la moralité et à la crainte de Dieu, promesses et menaces liées à l’au-delà, etc. Autrement dit, parce qu’il y a eu continuité du noyau
religieux central de la prophétie, qui est à facettes multiples : arbitrage et pacification à l’intérieur de Médine, où naît le concept de Umma (communauté de croyants) dans un contexte pluriconfessionnel (tribus juives, notamment), géré par un Prophète législateur, arbitre des conflits et intercesseur entre les croyants et Dieu. L’autre facette, celle dirigée vers l’extérieur, s’exprime elle par la guerre, notamment contre Quraysh. L’interaction entre exigences internes et externes conduira, historiquement, à la défaite finale de Quraysh, et au triomphe de l’islam dans la région et bientôt dans l’ancien monde connu.
Episode II La vie du Prophète d’après les Chroniques de Tabari Où il est raconté comment l’ange Gabriel se présenta à Muhammad sur le mont Hira, et ce qu’il lui dit SEYFEDDINE BEN MANSOUR Lorsque Muhammad eut accompli sa quarantième année, Dieu envoya vers lui Gabriel, pour lui porter une vision. […] Il était d’usage parmi les Qurayshites [tribu dominante de la Mecque, à laquelle Muhammad appartient] que tous ceux qui tenaient à la réputation d’hommes pieux se rendissent chaque année, au mois de rajab, sur le mont Hira, pour y vivre jour et nuit dans le recueillement, désirant se retirer du commerce des hommes, et regardant cette solitude comme un acte de dévotion religieuse. […]
[qui lui disent «Salut à toi, Ô apôtre de Dieu !»] ; et, dans la nuit, je vois en songe un être énorme qui se présente à moi, un être dont la tête touche le ciel et dont les pieds touchent la terre ; je ne le connais pas, et il s’approche de moi pour me saisir.» Khadija lui dit : «Ô Muhammad, ne t’inquiète pas ; avec les qualités que tu as, toi qui n’adores pas les idoles, qui t’abstiens du vin et de la débauche, qui fuis le mensonge, toi qui pratiques la probité, la générosité et la charité, tu n’as rien à craindre ; en considération de ces vertus, Dieu ne te laissera pas tomber sous le pouvoir du démon.» […]
«Ô KHADIJA, JE CRAINS DE DEVENIR FOU» Cette année, Muhammad, en quittant la montagne, vint auprès de Khadija et lui dit : «Ô Khadija, je crains de devenir fou.» — «Pourquoi ?» lui demanda celle-ci. — «Parce que, ditil, je remarque en moi les signes des possédés : quand je marche sur la route, j’entends des voix sortant de chaque pierre et de chaque colline
LE JOUR DE LA PREMIÈRE RÉVÉLATION Enfin le jour arriva où Dieu […] envoya Gabriel avec l’ordre de se faire connaître à Muhammad, et de lui porter sa mission prophétique et la sourate du Coran appelée Iqra’ [sourate XCVI], qui fut la première que Muhammad reçut de lui. Gabriel descendit du ciel et trouva Muhammad sur le mont Hira. Il se montra à
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lui et lui dit : «Salut à toi, ô Muhammad, apôtre de Dieu !» Muhammad fut épouvanté. Il se leva, pensant qu’il était devenu fou. Il se dirigea vers le sommet pour se tuer en se précipitant du haut de la montagne. Gabriel le prit entre ses deux ailes, de façon qu’il ne pût ni avancer ni reculer. Ensuite il lui dit : «Ô Muhammad, ne crains rien, car tu es le prophète de Dieu, et moi je suis Gabriel, l’ange de Dieu.» Muhammad resta immobile entre les deux ailes.
«Ô MUHAMMAD, LIS !» Puis Gabriel lui dit : «Ô Muhammad, lis !» Muhammad dit : «Comment lirais-je, moi qui ne sais pas lire ?» Gabriel dit : «Lis : Au nom de ton Seigneur, qui a tout créé, qui a créé l’homme de sang coagulé. Lis : Ton Seigneur est le généreux par excellence ; c’est lui qui a enseigné l’écriture ; il a enseigné aux hommes ce qu’ils ne savaient pas.» Ensuite Gabriel le laissa à cet endroit et disparut.
[A suivre…]
NDLR – Le texte dont Zaman France présente ici des morceaux choisis, accompagnés de titres, d’intertitres et de parenthèses explicatives, est une traduction française due à Hermann Zotenberg (Imprimerie impériale, Paris, 1867-1874) des célèbres Chroniques de l’imam Tabari (théologien, juriste et historien persan, 839-923).
OPINION14
4 - 10 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
De la haine à la théologie de la compassion
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Pas de frontières pour le Hizmet
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Si la compassion a une place centrale dans l’islam, comment expliquer la violence régnant dans le monde musulman ? En réalité, explique l’auteur de cette chronique, c’est lorsque les croyants pensent être les seuls à comprendre l’objectif divin et se réapproprient la volonté divine sur Terre qu’alors, ils peuvent perpétrer des crimes au nom de la religion.
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS
SEVGI AKARÇESME
«Si Dieu n’existe pas, tout est permis», a dit Fiodor Dostoïevski. Si l’homme est au sommet de la hiérarchie existentielle, aucune autorité morale ne le tiendra responsable de ses actions et il pourra faire ce qu’il veut. Des questions évidentes ÖZGÜR KOCA viennent alors à l’esprit : pourquoi ceux qui disent agir au nom de la religion commettent-ils des atrocités terribles ? Si la compassion a une place centrale dans l’islam, comment se fait-il qu’un musulman puisse tolérer des actes de violence ? Il existe une vraie contradiction entre le message fondamental des religions et la façon dont ses adhérents la pratiquent. Le renversement de cette affirmation par Jacques Lacan peut aider à résoudre cette contradiction : «Si Dieu existe, alors tout est permis». Même si cela paraît scandaleux et absurde à première vue, Lacan veut nous dire ici, et comme le fait justement remarquer Slavoj Zizek, que c’est lorsque les croyants disent comprendre l’objectif divin et sont assez présomptueux pour se réapproprier la volonté du Dieu sur Terre, qu’alors et seulement alors, ils peuvent perpétrer des crimes au nom de la religion.
LE CAS DES IDÉOLOGIES LAÏQUES La même logique s’applique aux idéologies laïques. Le communisme, par exemple, envisage un processus historique dialectique vers une fin utopique où les catégories de classes, à l’origine des problèmes sociaux et politiques, disparaissent et où l’humanité atteint un sens authentique de réconciliation. Par conséquent, les personnes qui agissent au nom de l’idéologie communiste se perçoivent comme des sujets menant l’humanité vers l’étape suivante de l’évolution historique. Ils décident premièrement
de décoder la logique du processus préceptes de nos contextes politique, historique et de pénétrer l’esprit de économique et culturel. Il faut que les leur propre Absolu. L’identification intellectuels et les érudits musulmans de l’esprit et de la volonté humains à voient de façon très sérieuse la difful’Absolu permet aux humains d’agir sion des «théologies de l’arrogance» au nom de cet Absolu. Le fascisme, car elle mène inéluctablement aux «théologies de la haine» et d’un autre côté, donc à la violence, comme introduit un sens en témoigne la violence secmytho-poétique de taire en Syrie, au Nigeria, en la «nation». On se Irak etc. Les groupes comme sacrifie pour sa nation afin d’atteindre une existence bien«Les musulmans sont heureuse au sein du à une croisée des chemins» bien-être de la nation. Les malheurs de l’existence individuelle sont dé- l’Etat islamique en Irak et au Levant passés en collectivité. L’individu, tel (EIIL), al-Qaïda, al-Shabbaab et Boko une goutte, se fond volontairement Haram pensent être les seuls à comdans l’océan de la nation, pour sen- prendre l’objectif divin et se réapprotir et vivre avec elle. Ainsi, le fascisme prient la volonté divine sur Terre. Une voit l’idée de la nation comme son fois qu’ils ont projeté leurs âmes desAbsolu. Et le leader (Hitler, Mussolini tructrices sur celle-ci, ils commettent etc.) devient l’incarnation de l’idée des actes de terreur au nom de Dieu. abstraite de la nation en chair et en os, dans la personne de l’humain. La COMPASSION ET HUMILITÉ volonté du leader est identifiée à celle Il est vrai que les musulmans ont de la nation, l’Absolu, et c’est à ce connu de réelles douleurs du fait moment-là qu’on peut commettre de des expériences coloniales passées terribles actes de violence, comme le et la politique étrangère actuelle des témoignent les histoires des régimes puissances occidentales dominantes. Mais blâmer les puissances occidenfascistes. tales et leur politique étrangère pour ARROGANCE ET IGNORANCE l’expansion des «théologies de l’arroLe vrai problème n’est alors pas la gance et de la haine» ne résoudra pas religion en soi mais l’arrogance hu- le problème. Les musulmans en sont maine mêlée à une profonde igno- à une croisée des chemins : l’islam rance quant au message authentique contre l’islam. Il est temps pour eux des traditions religieuses. L’antidote de se regarder dans le miroir et de de l’arrogance est bien entendu l’hu- faire face à la réalité : les «théologies milité, qui implique de reconnaître de l’arrogance et de la haine» sont les limites de notre connaissance. Du répandues, alors même que la quinpoint de vue de l’humilité, l’identi- tessence de l’islam est la compassion fication de l’esprit humain à l’esprit (rahma), qui rassemble justice (adl) divin et de la volonté humaine à la et amour (muhabba) . Il est plus que volonté divine est une absurdité ab- jamais nécessaire de se rappeler et de solue. La révélation divine provient réanimer «les théologies de la comde notre mécanisme cognitif et est passion et de l’humilité». profondément conditionnée par les @ozgurkoca2000
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Impossible, même pour les plus pessimistes, de ne pas espérer un monde de coexistence pacifique en regardant la finale du 12e festival de la langue et de la culture, autrefois connu sous le nom d’Olympiades turques, en Allemagne. Il peut paraître étrange que les Olympiades turques se soient déroulées en Allemagne. Mais certains connaissent les efforts que déploie le gouvernement turc pour mettre des obstacles devant les activités organisées par le Hizmet. Ainsi, Erdogan a-t-il «réussi» à empêcher les Olympiades turques d’avoir lieu en Turquie, notamment en n’accordant aucun visa aux jeunes étrangers qui devaient participer aux Olympiades. Le Hizmet aurait ainsi dû connaître un «échec» car les jeunes n’ont pas eu l’opportunité de célébrer la langue turque dans sa terre d’origine. Au contraire, l’Ethiopie, la Roumanie et même l’Allemagne ont finalement accueilli ces jeunes originaires de 145 pays différents. Les oppresseurs en Turquie ont en fait fait une faveur au Hizmet sans le vouloir. Cette organisation qui est née en Turquie est déjà connue pour ses activités et son réseau dans le monde. Ces onze dernières années, les Olympiades turques ont eu lieu uniquement dans les frontières turques. Le soir du 21 juin, l’ISS Dome de Düsseldorf a vu des centaines de jeunes de différentes origines et de différentes religions chanter des textes en turc et danser sur de la musique turque. Cette année, il y avait aussi des chants en russe, en allemand et en anglais.
LA MANIFESTATION D’UNE VISION ET D’UNE ACTION Le gouvernement de l’AKP et Erdogan ont clairement été les perdants de cette soirée puisque la diversité des jeunes montrait l’accomplissement du travail du mouvement Hizmet. Il était impossible de ne pas déceler la vérité dans l’idée que «la plus petite distance se trouve d’un cœur à l’autre». Les professeurs et organisateurs de l’événement ont prouvé que tous les obstacles étaient surmontables dès lors que les cœurs battent à l’unisson en vue d’un même objectif. Mais l’Allemagne reste l’une des grandes gagnantes de ce festival et de cette soirée, pour avoir accueilli l’événement. Après tout, le pays a mauvaise réputation quand il s’agit d’intégration et de multiculturalisme. Mais l’Etat allemand n’aurait pu donner de meilleur message à la minorité turque qu’en accueillant ces Olympiades. Une chose est certaine : l’événement est la manifestation d’une vision et d’une action dont la Turquie n’a pas encore été témoin. Le secret du succès provient du fait que les sympathisants du Hizmet n’attendent aucun gain financier ni aucune célébrité en échange de leurs services.
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C’est le nombre de joueurs (sur 736) ayant participé – ou participant – au Mondial, qui évoluent le reste de l’année dans des clubs n’ayant aucun lien avec la nation qu’ils représentent au Brésil.
Les Fennecs à deux doigts de l’exploit
Eliminée en huitièmes de finale par l’Allemagne au cours d’un match marathon, la sélection algérienne a fait vibrer les stades brésiliens et suer la Mannschaft.
Cuneyt Cakir, le Turc qui a conquis le Brésil MAHMUT SARP PARIS A côté des Mesut Özil et Gokhan Inler, un autre homme fait le bonheur des fans de football turcs, il s’agit de l’arbitre Cuneyt Cakir. Si à la suite des derbys turcs, Galatasaray-Fenerbahce notamment, il était l’objet de grosses critiques, il est toutefois fortement encouragé lorsqu’il participe à des compétitions internationales.
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Raïs M’Bolhi, le gardien algérien a fait des prouesses pendant le match contre l’Allemagne.
FOUAD BAHRI PARIS 1, 2, 3, Viva l’Algérie. Ce slogan des supporters algériens a revêtu toute sa signification hier soir au cours des huitièmes de finale entre les Fennecs algériens et la Mannschaft. Dans un affrontement qui s’est terminé par des prolongations épuisantes pour les joueurs, l’Allemagne s’est imposée 2-1 face à une équipe d’Algérie héroïque. Loin de subir les assauts allemands, les Fennecs ont largement dominé la première mi-temps grâce à des attaquants très efficaces comme Islam Slimani qui s’est créé plusieurs occasions de but.
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UN GARDIEN ALGÉRIEN REMARQUABLE Ghoulam et Mostefa se sont également illustrés par une frappe puissante et une demi-volée qui ont fait trembler les cages du redoutable gardien Manuel Neuer. Mais les deux équipes se séparent sur un 0-0 à la mi-temps. En seconde période, les Allemands menés par un fantastique Müller se réveillent et incendient la surface algérienne. Les Fennecs devront leur temporaire salut à une remarquable performance de leur gardien Raïs M’Bolhi, qui a stoppé les assauts terribles d’une équipe allemande décidée à jouer son quart de finale. Il aura fallu deux prolongations et des joueurs à bout de fatigue pour que Schürrle (92e) et Özil (120e) enterrent le rêve algérien des Fennecs. Battus, mais non résignés, ceux-ci quitteront la Coupe du Monde par un ultime but de Djabou (120e). Soutenus par tout un peuple, les Algériens avaient également conquis le coeur des Brésiliens qui les ont soutenus jusqu’à la dernière minute. Après le match de la honte de 1982 entre l’Allemagne et l’Autriche, qui avait sorti l’Algérie illégalement, un nouveau chapitre footballistique vient de s’écrire entre les deux équipes.
L’ARBITRE LE PLUS CAPÉ DU CHAMPIONNAT TURC Cuneyt Cakir est né en 1976 à Istanbul. Jeune, il joue en tant que footballeur au club de Kartalspor. Mais c’est à 17 ans qu’il se lance sur les traces de son père, lui aussi arbitre professionnel. Le match Malatyaspor-Caykur Rizespor, le 29 septembre 2001, est le premier match qu’il arbitre en SuperLig et le premier d’une longue série. Il est aujourd’hui l’arbitre le plus capé du championnat turc avec 172 matchs à son compteur. Au niveau international, Cuneyt Cakir ce n’est pas moins de 5 demi-finales de compétitions majeures. Parmi elles, on trouve notamment le match Barcelone-Chelsea en 2012 et Portugal-Espagne à l’EURO de la même année. Promu par la FIFA à la catégorie Elite (le plus haut grade pour un arbitre), il est par ailleurs devenu le 2e arbitre turc à participer à une Coupe du monde après Dogan Babacan en 1974. Dans cette édition brésilienne où les arbitres ont commis de nombreuses erreurs et sont donc fortement critiqués, Cuneyt Cakir reste pour l’instant l’un des rares à tenir la barre haute. Après la rencontre entre le Brésil et le Mexique, il a arbitré le match entre l’Algérie et la Russie le 26 juin.
Les ados turcs : heureux, minces et fous de... maman SAMI KILIÇ PARIS Le rapport «Le profil des adolescents en Turquie en 2013» a été rendu public par la ministre des Affaires sociales et familiales, Aysenur Islam. L’enquête avait été menée auprès de 7000 adolescents âgés de 12 à 18 ans.
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TROIS DADAS : LE SPORT, LES SÉRIES ET LA MUSIQUE Les résultats ont révélé une jeunesse qui se préoccupe très peu de l’actualité. 53 % des interrogés aiment lire les pages sport et people des journaux alors que seulement 6 % suivent les informa-
tions, en regardant la télévision. Plus de la moitié passe 2 heures devant son écran (3 heures pour 34 %) pour suivre des séries ou regarder des chaînes de musique. 65 % écoutent de la musique pop alors que le rap n’attire que 10 % des jeunes.
UNE JEUNESSE BIEN DANS SA PEAU Les sujets évoqués entre copains restent les grands classiques : l’école, la mode et les relations garçons/filles. 80 % des jeunes turcs se disent heureux voire très heureux. 92 % n’ont jamais connu la violence physique au sein de la famille. La taille moyenne est de 1,63 m et le poids, 54 kg. Seulement 1% entre dans la catégorie obèse, 29 % sont maigres, 63 % ont un poids moyen. 82 % ne fument pas, 91 % ne boivent pas d’alcool. LA «ANNE» TURQUE, MATRIARCHE ET CONSOLATRICE La mère, la «anne», reste la figure incontournable du contexte familial : c’est elle que l’adolescent affronte le plus (compte tenu de la légendaire excessive protection des mères turques) mais c’est encore auprès d’elle qu’il trouve refuge en cas de pépin. Le père et les frères viennent bien après. 30 % des adolescents préfèrent passer leur temps libre avec elle, 28 % avec leurs camarades de classe et 17 % avec les amis du quartier.
Un tétraplégique bouge sa main par la pensée DIJAN CETINGOZ PARIS Ian Burkhart, un garçon paralysé qui est incapable de bouger ses jambes et ses bras a eu l’opportunité de tester un nouveau système qui lui a permis de bouger sa main uniquement par la pensée. Il est le premier patient à tester ce nouveau dispositif.
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UNE PUCE ET UN ORDINATEUR Ian Burkhart explique au The Telegraph qu’il avait immédiatement donné une réponse positive aux chercheurs. «Si une autre personne était à ma place et qu’elle avait cette possibilité de changer sa vie et celle des autres, j’espère qu’elle dirait oui». Des chercheurs de l’université de l’Ohio et des employés de la compagnie Battelle ont travaillé ensemble pour mettre au point ce projet. Le procédé est simple: une puce électronique de moins d’1 cm a été implanté dans le cerveau du jeune homme. Un ordinateur lit les informations reçues par cette puce, il les décode et agit comme si il était une moelle épinière. L’ordinateur est connecté à une série d’électrodes qui lui permet de stimuler les muscles. Lors du test, Ian Burkhart a réussi à bouger sa main et à tenir une cuillère.