Fr n°286

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Pas d’alliance entre le BDP et le CHP

Nokia lance une tablette et deux smartphones

TURQUIE07

TECHNOLOGIE13

L’Ukraine, adversaire facile des Bleus ? SPORT16

25 - 31 OCTOBRE 2013 N° 286 Prix : 2,5 €

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EUROPE

TAREQ OUBROU :

«Les Turcs sont une présence discrète et agissante»

Le rapport de l’UE salue les réformes turques

L’imam et théologien Tareq Oubrou était l’invité de la Plateforme de Paris vendredi 18 octobre avec Christophe Roucou à l’occasion de la sortie de leur livre Le prêtre et l’imam aux éditions Bayard. Zaman France l’a rencontré à cette occasion. Une interview exclusive où le théologien revient sur ses positions concernant le foulard, la visibilité religieuse, les rapports entre islam et laïcité mais aussi sur ce que lui inspire l’expérience religieuse de la Turquie et des Turcs de France.

Le rapport annuel de la Commission européenne sur l’avancement de la Turquie a enfin été dévoilé le mercredi 16 octobre. Le document salue les réformes entreprises par la Turquie tout en exhortant le pays à développer une réelle démocratie participative. Il met également à l’honneur l’attitude du président Abdullah Gül pendant les manifestations de Gezi. 110

TURQUIE

Dans le microcosme des acteurs de l’islam de France, Tareq Oubrou fait figure d’exception. A tous niveaux, cet homme reste inclassable. Biologiste de formation, ce Bordelais d’origine marocaine ne se destinait pas à être imam, de son propre aveu. Autodidacte et inlassable chercheur, cet EDITO

Bientôt de nouveaux droits pour les mères actives

Tareq Oubrou l’inclassable FOUAD BAHRI r02

Coexister à Istanbul

Avicenne, un prince sans couronne

Interfaith Tour, c’est le dernier projet en cours de l’association Coexister qui regroupe des jeunes engagés dans le dialogue interreligieux. Ensemble, cinq Français aux croyances différentes ont décidé de faire un tour du monde pour transmettre le message de la solidarité interreligieuse. TURQUIE 08

Jusqu’au 5 janvier prochain se tient à l’Institut du monde arabe une exposition intitulée «Lumières de la sagesse : écoles médiévales d’Orient et d’Occident». Le visiteur y est invité à plonger dans l’univers de l’enseignement médiéval et à explorer son rôle dans la circulation des savoirs entre Orient et Occident. CULTURE 14

FRANCE

L’AKP se prépare à annoncer une nouvelle série de réformes qui concernent les jeunes mères actives. Y figurent, selon la presse turque, des dispositions portant sur les congés de maternité et la flexibilité des conditions de travail. 108

érudit cinquantenaire ne laisse pas indifférent, nourrissant les passions les plus contradictoires chez ses auditeurs. Franche vénération pour les uns, détestation profonde pour les autres. Personnage public, Tareq Oubrou est un individu qui cultive pourtant la discrétion. R INTERVIEW 06

L’égalité des chances perd du terrain en France

Le climat d’égalité des chances serait en «forte baisse» par rapport à 2012, selon un

L’UMP veut limiter le droit du sol Au moment où l’affaire Léonarda sème le trouble au sein de la gauche, l’UMP a annoncé le dépôt d’un projet de loi visant à restreindre l’accès à la nationalité pour les enfants de parents illégalement présents en France. 102

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

sondage réalisé récemment sur la perception de l’égalité des chances en entreprise. La diversité religieuse en particulier reste perçue comme une difficulté d’après Fatima Achouri, auteur de l’ouvrage Le salarié musulman en France et Pete Stone, fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité. -SOCIETE 04-05


02 FRANCE L’UMP veut limiter le droit du sol 25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

EDITO FOUAD BAHRI

Au moment où l’affaire Léonarda sème le trouble au sein de la gauche, l’UMP a annoncé le dépôt d’un projet de loi visant à restreindre l’accès à la nationalité pour les enfants de parents illégalement présents en France.

Tareq Oubrou l’inclassable Dans le microcosme des acteurs de l’islam de France, Tareq Oubrou fait figure d’exception. A tous niveaux, cet homme reste inclassable. Biologiste de formation, ce Bordelais d’origine marocaine ne se destinait pas à être imam, de son propre aveu. Autodidacte et inlassable chercheur, cet érudit cinquantenaire ne laisse pas indifférent, nourrissant les passions les plus contradictoires chez ses auditeurs. Franche vénération pour les uns, détestation profonde pour les autres. Personnage public, Tareq Oubrou est un individu qui cultive pourtant la discrétion. Un terme qu’il clame haut et fort et qui lui aura souvent attiré les foudres d’une jeunesse musulmane écorchée vive et peu familière de cette pensée minérale et élémentale. En effet, l’imam de Bordeaux réunit successivement dans un même discours les deux registres de l’horizon humain : le Ciel et la Terre. Le Ciel de la spiritualité soufie que cet adepte exigeant ne cesse de contempler, invitant constamment ses interlocuteurs à un voyage intérieur vers les rivages du Divin. Mais aussi la Terre, celle de l’enracinement local qu’il défend tout autant dans ses réflexion sur la théologie d’acculturation. Le regard plongé dans le ciel des idées, Oubrou garde donc bien les pieds sur terre. Ses positions sur la désacralisation du foulard, sur la modération visible, sur les impasses du tout juridique prôné par certains, en lieu et place d’un investissement culturel et d’une reconnaissance de leur enracinement national, font polémique et elles le feront encore quelque temps. Cet imam en colère, pour paraphraser le titre d’un livre d’entretien, le sait bien et l’assume car c’est ainsi qu’il conçoit sa «profession d’imam». L’imam, pour Tareq Oubrou, est cet agitateur de conscience, comme disait Camus, cet homme qui se met littéralement devant sans jamais se mettre en avant, ni être le ventriloque de sa communauté. Celui qui trace un nouveau chemin et renouvelle les formes des idées dans la fidélité au sens, encore un autre terme cher à ce penseur icônoclaste. Ainsi, quoi qu’on en pense, Tareq Oubrou a l’insigne mérite d’avoir ouvert des espaces de débats à la fois sur le plan intra et extracommunautaire. Et à ce titre, le message qu’il porte a rappelé plus que jamais l’utilité de ces voix divergentes et dérangeantes qu’une opinion frileuse voudrait parfois étouffer. f.bahri@zamanfrance.fr

Pour Jean-François Copé «les enfants nés en France de parents illégalement installés sur le territoire français ne peuvent pas devenir automatiquement Français».

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L’UMP présentera d’ici à la fin de l’année une proposition de loi supprimant l’acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers en situation irrégulière. Le président du principal parti d’opposition, Jean-François Copé, en a fait l’annonce mardi alors que le cas de Leonarda, une collégienne sans papier de 15 ans expulsée au Kosovo, continue d’agiter la classe politique française. Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit du sol, a expliqué Jean-François Copé à la presse, mais «les enfants nés en France de parents illégalement installés sur le territoire français ne peuvent pas devenir automatiquement Français». «C’est incompréhensible et ce n’est d’ailleurs pratiqué nulle part en Europe», a-t-il ajouté. Lors de la séance des questions d’actualité à l’Assemblée, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a accusé l’UMP de porter atteinte au pacte républicain avec un tel projet. «Vous êtes en train de préparer l’abandon du droit du sol au profit du droit du sang, ça, ce n’est pas la République», a-t-il lancé.

LE MÉCONTENTEMENT DU FN Une personne née sur le sol français de parents étrangers peut actuellement acquérir la nationalité française dès sa naissance si l’un des parents est lui-même né en France ou à sa majorité si elle a eu sa résidence habituelle en France pendant les 5 années qui précèdent sa demande. Il en est de même pour un mineur entre 16 et 18 ans s’il réside en France depuis cinq ans. Les parents peuvent demander la nationalité française pour leur enfant dès qu’il a atteint l’âge de 13 ans. L’abolition du droit du sol est l’une des propositions de longue date

du Front national. Florian Philippot, viceprésident du Front national, a dénoncé une «posture» de l’UMP qui «copie» l’extrême droite alors qu’elle «n’a rien fait» lorsqu’elle était au pouvoir. Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a dénoncé «une proposition d’apprenti sorcier». «Est-ce que Jean-François Copé a fait ces propositions il y a deux ans quand il pouvait le faire?», a-t-il commenté dans les couloirs de l’Assemblée. «Je pense que l’UMP est dans une spirale totalement folle à vouloir mettre en oeuvre des débats qui ne profitent qu’au Front national», a-t-il ajouté. PHOTO DE LA SEMAINE

La région de Sydney est menacée par les incendies en cours en Australie depuis quelques jours.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

La violence domestique ne recule pas en Turquie

Le secteur du textile au Bangladesh envisage de relever le salaire minimum de 50 % à 80 %, en demandant aux entreprises clientes de payer davantage, pour tenter de mettre fin à une vague de grèves qui a affecté en septembre près d’un cinquième des ateliers du pays. Le deuxième exportateur mondial de vêtements, derrière la Chine, espère annoncer un accord salarial le mois prochain, cédant

Malgré les mesures prises par le gouvernement, notamment l’introduction de la loi de mars 2012 visant à protéger les femmes des actes de violence conjugale, les derniers chiffres du ministre de l’Intérieur montrent que le nombre de cas de violence domestique est toujours inquiétant. Dans la période de janvier à septembre 2013, 40.000 femmes ont été victimes de violences et 105 d’entre elles ont

aux pressions internationales pour améliorer les conditions de travail des ouvriers du secteur, dont la précarité a été mise en lumière en avril par l’effondrement du Rana Plaza, un bâtiment qui abritait des ateliers de confection. Les employés du textile réclament un relèvement à 8.000 taka (75 euros) par mois du salaire minimum, soit deux fois et demi son montant actuel.

succombé aux coups. En moyenne, une femme est victime de violence domestique toutes les 10 minutes. Au total, 69 femmes et 50 enfants ont dû changer leur identité par sécurité. D’après un rapport publié en 2012 par la Commission des droits de l’homme de l’Assemblée nationale, les cas enregistrés de violence domestique contre les femmes ont doublé au cours des quatre dernières années.

NOUVELLE

Textile : relèvement du salaire minimum au Bangladesh


03 FRANCE

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25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

«La France est arrivée à la limite matérielle et morale de ses capacités d’accueil» Le député UMP et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a réitéré la position de la droite sur l’immigration, dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC/ BFM TV.

Démarrage difficile pour les contrats génération

Le contrat génération, l’un des dispositifs phare de la politique de relance de l’emploi annoncée par le gouvernement, peine à se développer. En cause, l’insuffisance des signature d’accords dans les branches professionnelles

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Les contrats de génération, une des principales armes de lutte contre le chômage du gouvernement français avec les «emplois d’avenir», connaissent une mise en place laborieuse qui a déjà conduit à revoir à la baisse l’objectif de 100.000 emplois par an, au moins pour la première année. A ce jour, 12.800 entreprises de moins de 50 salariés, les seules à pouvoir bénéficier des primes de 4.000 euros par an sur une période de trois ans qui l’accompagnent sans obligation de négociation préalable, ont déposé des demandes d’aides auprès de l’administration. Le taux d’acceptation de ces demandes, qui affluent au rythme de 700 par semaine depuis la rentrée, est de l’ordre de 85 %, précise-t-on au ministère du Travail. S’agissant des seules entreprises du CAC 40,

Seules 12.000 entreprises ont sollicité le contrat génération auprès de l’administration publique. Un échec relatif devant l’objectif de 75.000 emplois fixé par le gouvernement en 2013.

37 accords ont été signés. Mais les négociations chez EDF, Michelin et Sanofi n’ont pas abouti et ont amené ces trois groupes à présenter des plans d’action.

DES AMBITIONS REVUES À LA BAISSE Les entreprises de taille intermédiaire (50 à 300 salariés), au nombre de 25.000, restent à la traîne avec 650 demandes d’aides enregistrées découlant de 175 accords et quelque 230 plans d’actions déposés. Le ministère du Travail attribue cette situation au faible nombre d’accords de branches, qui ouvrent aussi l’accès des entreprises aux contrats de génération. Seuls sept ont été signés à ce jour, dont deux dans des branches importantes, la métallurgie et l’agroalimentaire. Des négociations sont en cours

dans 17 autres, dont le BTP. Lors de la présentation des contrats de génération, le gouvernement visait 100.000 emplois par an, soit 500.000 sur la durée du quinquennat. Il est aujourd’hui plus flou sur

Espionnage de la NSA : Paris exige des explications -

Le ministre français des Affaires étrangères a redemandé mardi à son homologue américain des explications sur les activités d’espionnage de l’Agence de sécurité nationale (NSA) américaine en France, a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay. John Kerry est arrivé lundi à Paris dans le cadre d’une tournée consacrée à la situation au Proche-Orient, notamment à la crise syrienne, et Laurent Fabius l’a reçu mardi matin. La publication par le quotidien Le Monde de nouvelles révélations sur les écoutes massives effectuées par la NSA sur les communications téléphoniques et internet de citoyens français a provoqué un début de crise diplomatique entre Paris et Washington. Dans une nouvelle série d’articles publiés mardi, le journal fait notamment état d’une note destinée aux opérateurs de la NSA prouvant que les ambassades de France à Washington et auprès de l’Onu, à New York, étaient aussi visées par ces activités.

«WABASH» ET «BLACKFOOT» Elle décrit le programme GENIE de pose d’implants espions. Elle mentionne la surveillance de l’ambassade à Washington sous le nom de code «Wabash» et celle de la représentation française à l’Onu sous celui de «Blackfoot». Selon Le Monde,

Laurent Fabius a reçu mardi son homologue américain John Kerry.

le document précise les techniques employées pour espionner les communications des diplomates français - piratage d’ordinateurs par des mouchards implantés à distance, captures d’écran, intrusion dans des discussions … De décembre 2007 à octobre 2012, la NSA a par ailleurs bénéficié de la collaboration des groupes et opérateurs américains Microsoft, Yahoo, Google ou Face-

book. Les présidents Barack Obama et François Hollande se sont entretenus lundi soir au téléphone de ce dossier. Selon l’Elysée, le chef de l’Etat français a fait part à son homologue américain de sa «profonde réprobation» et les deux présidents sont convenus de la nécessité de «travailler ensemble pour établir les faits» et d’encadrer les opérations de collecte de renseignement.

cet objectif, qui a pourtant déjà été revu en baisse à 75.000 pour 2013, en invoquant la difficulté d’évaluer l’impact sur l’emploi des accords signés, notamment dans les grandes entreprises.

L’auto-censure en débat à Bordeaux Pour leur 3e édition, les Tribunes de la presse, qui ont débuté le 18 octobre et réuni trois jours durant une cinquantaine de journalistes du monde entier, se sont intéressées à la censure et à l’autocensure. La réflexion de ces journées s’est orientée sur les limites de la liberté d’expression dans les pays en guerre ou soumis à une forte culture religieuse comme en Israël ou en Iran. Un état des lieux de la presse sur ce thème, en France, a également été réalisé. Emre Demir, rédacteur en chef de Zaman France, a participé aux débats de cet évènement organisé en collaboration avec Courrier International et les partenaires Fait-religieux.com et l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine.


04 SOCIETE

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L’imbroglio judiciaire de l’affaire Baby Loup Un nouveau procès débute pour la crèche Baby Loup, cette fois devant la Cour d’appel de Paris. En 2010, à la suite du licenciement d’une de ses salariées voilées, la crèche s’est retrouvée devant les tribunaux. Retour sur une question de droit du travail devenue malgré elle un fait de société. FARIDA BELKACEM PARIS C’est l’histoire d’une simple question de droit du travail devenue un casse-tête judiciaire : il y a cinq ans de cela, une salariée, Fatima Affif, est licenciée de la crèche Baby Loup, pour port du voile. La directrice de la crèche invoque alors la «neutralité philosophique, politique et religieuse» inscrite dans le règlement intérieur de l’établissement. L’affaire pose un problème important : faut-il imposer l’obligation de neutralité propre au service public aux services d’accueil de la petite enfance ? L’entreprise est un cadre privé et la loi 2004 sur le port des signes ostentatoires concerne, on le sait, les lieux publics. Mais les services d’accueil à la petite enfance, s’ils peuvent bénéficier de fonds privés, fournissent des services publics et ont, de fait, un intérêt général.

L’affaire Baby Loup, à nouveau devant les tribunaux, relance les débats sur la visibilité du religieux dans l’entreprise

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UN CASSE-TÊTE JUDICIAIRE La régularité du licenciement de Fatima Affif est d’abord portée devant les Prud’Hommes de Mantes-La-Jolie, qui valident la décision de la crèche et dénoncent une «faute grave» de la part de la salariée. L’affaire passe ensuite

dans les mains de la Cour d’appel de Versailles, qui donne également raison à la crèche incriminée. Mais en mars 2013, la Cour de Cassation – qui doit déterminer si oui ou non la Cour d’appel de Versailles a bien appliqué le droit – est venue casser ce jugement, évoquant une «discrimination en raison de convictions religieuses». Elle affirme que la crèche, même si elle assure un intérêt général, ne peut pas imposer le devoir de neutralité à ses salariés. Cet arrêt, qui va dans le sens de la salariée, provoque des remous au sein de la classe politique. Manuel Valls, déplore par exemple, en «sortant une seconde» de ses fonctions, «une mise en cause de la laïcité». Ayant cassé cet arrêt, la Cour de Cassation renvoie devant la Cour d’appel de Paris pour rejuger l’affaire. La plupart du temps, la Cour d’appel suit l’avis de la Cour de Cassation. Mais cette fois, le Parquet de Paris a demandé la confir-

mation du licenciement de la salariée. La Cour d’appel rendra sa décision le 27 novembre.

INUTILE DE LÉGIFÉRER La véritable question est de savoir si une nouvelle loi s’impose pour protéger la neutralité religieuse dans les services d’accueil à la petite enfance. Le gouvernement, qui l’a envisagé, a requis l’avis de l’Observatoire de la laïcité. Celui-ci a estimé qu’il n’était pas nécessaire de procéder à une modification de la législation existante puisque la neutralité religieuse exigée de la part des fonctionnaires ne l’est pas dans le cadre privé. Fait important, l’Observatoire juge juridiquement impossible de légiférer sur la protection des publics vulnérables : enfants, malades, personnes âgées. Seules solutions selon lui pour les crèches : la première, inscrire dans leur règlement intérieur des restrictions à l’expression religieuse des

salariés en respectant certaines conditions. La seconde, pour les structures subventionnées par des fonds publics, accepter la délégation du service public. Cela induira des devoirs pour les crèches mais permettra d’y étendre le devoir de neutralité.

«La liberté religieuse prévaut dans l’entreprise» Hicham Benaissa est chercheur au sein du Groupe sociétés religions et laïcité. Il répond aux questions de Zaman France sur les rapports entre entreprise et religion. FARIDA BELKACEM PARIS Comment le monde de l’entreprise gère-t-il la visibilité du religieux en France ? Il y a une distinction à faire entre représentation et réalité. Dans la réalité, les gens se débrouillent plutôt bien avec ces questions, il n’y a pas tellement de problèmes. Les choses sont beaucoup plus crispées dans la façon dont on se représente la question du religieux au sein des entreprises. C’est au niveau de ce va et vient entre la réalité et la représentation que se situent les tensions.

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Que dit le droit du travail sur ce sujet ? Si une expression religieuse contrevient à la performance de l’entreprise, alors elle doit être régulée ou sanctionnée. Il n’y a pas d’hésitation à avoir. Mais si elle ne contrevient pas à des principes juridiques, elle ne doit être ni sanctionnée ni combattue. L’arsenal juridique aujourd’hui est largement suffisant. La tâche principale, à présent, c’est de faire de la pédagogie auprès des entre-

prises, qui sont souvent dans une méconnaissance du droit. Elles sont convaincues que le principe de neutralité doit primer dans l’entreprise. Il faut bien expliquer qu’en termes de droit du travail, c’est la liberté religieuse qui prévaut au sein des entreprises privées mais qu’il y a des outils pour la réguler. Que risque de changer l’affaire Baby Loup ? Pour moi, l’affaire Baby Loup va surtout inciter les entreprises à éviter de tomber dans des formes de discrimination. Si une entreprise refuse de recruter un salarié en raison de ses convictions religieuses, nous sommes bien dans la discrimination. En l’état actuel du droit, dans une entreprise régie par le droit privé, la liberté religieuse prime. Revenir sur ce principe serait un casse-tête juridique quasiment insurmontable. Pour la question des services d’intérêt général, la question reste néanmoins posée.

Quelle est la part des revendications raisonnables et celle des demandes que l’on peut qualifier d’incongrues ? J’ai rencontré des entreprises qui faisaient preuve d’intransigeance face à des états de fait qui n’étaient pas même des revendications. Par exemple, une femme voilée dans un centre d’appel téléphonique, ce n’est pas en soi un problème, mais c’était perçu comme un sujet de tension au sein de l’entreprise, avec une tendance à dramatiser cette histoire. L’entreprise se sentait envahie alors que, réellement, il ne se passait pas grand chose. Mais j’ai aussi vu des cas inverses, des revendications tout à fait exagérées, par exemple des manutentionnaires qui refusaient de pousser des caddies contenant de l’alcool, alors qu’ils sont justement manutentionnaires ! L’entreprise ne savait pas comment faire pour régler ce type de question. Le droit est là pour apporter les solutions à ce type de problème.


05 SOCIETE

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

ÉGALITÉ DES CHANCES

EN BREF

La France est en recul Le climat d’égalité des chances serait en «forte baisse» par rapport à 2012, selon un sondage réalisé récemment sur la perception de l’égalité des chances en entreprise. La diversité religieuse en particulier reste perçue comme une difficulté d’après Fatima Achouri, auteur de l’ouvrageLe salarié musulman en France et Pete Stone, fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité. Le sondage LH2 réalisé pour le Medef révèle une réelle «crispation de la société française sur les différences entre individus».

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ASSMAÂ RAKHO-MOM PARIS Comme en 2012, le Medef a commandé à l’institut LH2 un sondage sur le baromètre de l’égalité des chances en entreprise. Et contexte de crise oblige, les résultats sont étonnants voire inquiétants. Ils montrent en effet une réelle «crispation de la société française sur les différences entre individus». En clair, pour les salariés les chantiers sur lesquels les entreprises doivent «lutter prioritairement pour permettre plus d’égalité» sont avant tout l’âge (43 % des sondés), le genre (37 %) et le handicap ( 32 %), loin devant les convictions religieuses (9 %), le fait d’avoir un accent prononcé (7 %) ou les opinions politiques (5 %). Par ailleurs, les moqueries liées aux stéréotypes de genre et aux convictions religieuses ont tendance à se développer dans l’entreprise. Elles sont en augmentation par rapport à 2012 avec un indice de 30 % pour les convictions religieuses (contre 26 % en 2012).

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«LES ENTREPRISES NE JOUENT PAS LE JEU» Toutefois, toujours d’après ce sondage, la diversité serait mieux acceptée cette année par rapport à 2012. Les sondés estimeraient ainsi à 87 % (contre 85 % en 2012) qu’une femme pourrait occuper un poste à haute responsabilité. Seulement, pour Fatima Achouri, consultante en management qui vient de publier chez Michalon un ouvrage intitulé Le salarié musulman en France, même si «aujourd’hui plus de 3500 groupes sont titulaires du label diversité», les «entreprises ne jouent pas le jeu» et il existe «une certaine hypocrisie» en la matière. Pour Pete Stone, fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité, «le type de candidat qui est le plus souvent recherché quand on parle de diversité, c’est une personne handicapée». Viennent ensuite «les femmes

Pete Stone est le fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité

et enfin l’origine». On ne parlera cependant pas d’origine ethnique, «on a toujours peur du mot». On lui préférera les expressions du type «originaire des quartiers» ou des «quartiers populaires».

LA DIVERSITÉ, UNE CONTRAINTE POUR LES RECRUTEURS Fatima Achouri a rencontré plusieurs managers et recruteurs pour la rédaction de son ouvrage, et pour elle le constat est clair : «l’égalité des chances n’a pas intégré le critère religieux», estime-t-elle. Un constat que confirme Pete Stone, pour qui «les entreprises devront travailler de plus en plus sur le sujet de la dimension religieuse de la diversité pour faire en sorte que les managers et les recruteurs sachent de quoi ils parlent». En effet, l’appréciation finale est le plus souvent laissée aux managers et recruteurs «et ceux-ci ont peu de connaissance s’agissant des religions et de leurs pratiques». A l’avenir, le défi de tout recruteur sera d’aller au-delà de ses stéréotypes et préjugés, pour «évaluer les individus comme des individus, et non pas comme des représentants de catégories». Car la diversité est davantage vécue par les recruteurs comme une contrainte et une obligation, et non pas comme une opportunité pour l’entreprise.

SANTÉ Des produits nocifs pour bébés

La grande majorité des lingettes et laits de toilette pour bébés sont potentiellement nocifs, a averti mardi l’association de défense des consommateurs française UFC-Que Choisir, sur la foi de tests en laboratoire. Selon l’association, 26 lingettes et six laits de toilette grand public sur 34 produits testés sont saturés de molécules allergisantes, d’antibactériens ou d’antioxydants «toxiques, voire perturbateurs endocriniens». L’UFC-Que Choisir précise dans un communiqué que 94 % des produits testés sont «potentiellement nocifs». «Les lingettes utilisées pour nettoyer les bébés cumulent les facteurs de risque», écrit l’association. «Elles sont appliquées plusieurs fois par jour sur une peau de bébé souvent irritée. Pire, l’absence de rinçage après application a pour effet de prolonger le temps de pénétration.» Certaines substances, soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens mais dissimulées sous un étiquetage faussement rassurant, pourraient agir aux stades précoces du développement de l’enfance, ajoute-t-elle. L’UFCQue Choisir invite les parents à se méfier de ces «facilités cosmétiques» et à recourir plutôt à l’eau et au savon. Elle presse la Commission européenne de renforcer la règlementation sur ce type de produits.


INTERVIEW06

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

Tareq Oubrou :

«Le foulard est devenu un objet obsessionnel»

L’imam et théologien Tareq Oubrou était l’invité de la Plateforme de Paris vendredi 18 octobre avec Christophe Roucou à l’occasion de la sortie de leur livre Le prêtre et l’imam aux éditions Bayard. Zaman France l’a rencontré à cette occasion. Une interview exclusive où le théologien revient sur ses positions concernant le foulard, la visibilité religieuse, les rapports entre islam et laïcité mais aussi sur ce que lui inspire l’expérience religieuse de la Turquie et des Turcs de France. Vous appelez régulièrement les musulmans à faire preuve de visibilité modérée. Quel sens précis donnez-vous à cette expression ? Le mot visibilité a ici un sens pratique et religieux dans la mesure où il y a également des pratiques invisibles liées au coeur, qui sont les plus importantes. Plus on est discret, plus on est humble, plus on est près de Dieu en général. Il s’agit d’une discrétion et d’une invisibilité agissante. L’invisibilité n’est pas l’extinction. Le problème est que les apparences des musulmans ne sont pas proportionnelles à leur enracinement dans la foi.Cette position m’est dictée par conviction théologique et canonique mais aussi par tempérament. On a engagé les musulmans dans des pratiques mineures aux dépens des cinq prières, de la foi. Des pratiques qui, certes, se fondent sur des Textes mais qui n’ont pas cette ampleur dans l’échelle canonique. Le foulard n’est pas un objet cultuel. C’est un vêtement éthique qui traduit une pudeur. Il faut resituer les pratiques à leur juste place. Après, les gens sont libres de pratiquer ou non. Considérez-vous que les imams devraient ne pas encourager les jeunes filles à porter le voile si celui-ci est synonyme de relégation sociale ? Le musulman doit avoir des principes fermes mais il faut lui donner la pédagogie de les négocier en fonction de la réalité. Quand la contrainte s’intensifie, la dérogation s’élargit et vice versa. Certaines femmes sont capables de porter le foulard et d’assumer psychologiquement ce choix, d’autres non. Il faut cesser de faire culpabiliser les jeunes femmes qui ne portent pas le voile. Elles ne sont pas moins pieuses ni moins musulmanes que celles qui le portent. Les jeunes femmes voilées estiment le faire par liberté de choix. C’est faux. Elles portent le foulard parce qu’on leur a dit que Dieu leur a demandé de le porter. C’est de l’arnaque et de la malhonnêteté. La barbe est davantage prescrite aux hommes que ne l’est le foulard qui est devenu un objet obsessionnel. Quand une chose autre que les 5 piliers de l’islam ou

Tareq Oubrou en compagnie de Nihat Sarier (au centre) de la Plateforme de Paris et Christophe Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI).

Tareq Oubrou défend une visibilité religieuse plus modérée des musulmans et considère que leur avenir en France passe davantage par une insertion socio-économique que par des revendications identitaires.

un élément de la foi devient un slogan de l’islam, nous sommes dans l’innovation blâmable (bid’a). En même temps, je respecte la liberté de conscience. Mais il faut dire les choses : il n’y a aucun hadith ni verset qui mettent en garde la femme contre le fait de montrer ses cheveux. Quel regard portez-vous sur la laïcité telle qu’elle est revendiquée en France ? Le politique est en train de s’immiscer dans le théologique. Il déclare untel comme modéré, définit tel signe comme religieux. Le politique comme le juriste doivent veiller à l’ordre public et non faire de la théologie. La

laïcité française a gardé les traces de la défiance à l’égard de l’Eglise catholique hier, et de l’islam aujourd’hui. Il y a la laïcité constitutionnelle et juridique et il y a la laïcité idéologique et historique. La laïcité française est en train de se crisper. C’est la peur qui a poussé le législateur à légiférer sur les signes ostensibles religieux. Je dis donc aux musulmans : vous ne pouvez pas négocier votre présence en France en terme de droit. Vous devez le faire en terme de culture et d’enracinement. La France a son histoire. On ne peut pas faire en faire fi car elle nous rattrape. Le droit ne fait pas partie de la solution pour les musulmans. C’est le levier économique, c’est la réussite scolaire aussi. Ce sont des mécanismes nécessaires puisque la revendication doit être proportionnelle à la présence et à la contribution dans une société. Toute cette culture lacrymale de l’islamophobie n’est pas digne du musulman. Il faut chercher les éléments de la force dans la foi et la rectitude. Estimez-vous que le rapport que les Turcs entretiennent avec l’islam, que l’on peut définir comme une synthèse culturelle avec la laïcité kémaliste, puisse constituer une source de réflexion intéressante pour les musulmans de France ? Les Turcs sont plus apaisés dans leur rapport à la laïcité grâce à cette expérience historique. Leur psychologie

ne souffre pas de complexe d’infériorité comme les Maghrébins. Les Turcs héritent de l’Empire ottoman et n’ont jamais été colonisés. Ils ne sont pas dans la revendication. Ils sont des travailleurs pragmatiques. C’est une présence d’entrepreneuriat et en ce sens ils sont exemplaires. Les Turcs en France sont une présence discrète et agissante. Au niveau politique, l’islamisme turc est le modèle qui a le mieux réussi. C’est un islamisme pragmatique. Les islamistes modérés de Turquie ne parlent pas du Coran, ils résolvent les problèmes. C’est une incarnation d’un projet dans l’action. Vous êtes très engagé dans le dialogue interreligieux. L’êtes-vous autant sur le plan du dialogue intracommunautaire musulman ? Les musulmans n’ont pas la culture de la contradiction, ce que les savants des anciens appelaient al ‘ilm khilafiyat (l’art de la disputation savante). Ils ont peur de dialoguer. Si je suis contre votre idée, vous considérez que je suis contre vous-même. Je n’oblige personne à être d’accord avec mes idées, mais donnez moi la possibilité de dire ce que je pense. J’ai plus de facilité à dialoguer avec un rabbin ou un prêtre qu’avec un imam. Et vu leur niveau théologique, les imams évitent les débats par peur.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur : www.zamanfrance.fr


07 TURQUIE

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

AKP : le PKK accusé d’extorsion de fonds Burhan Kayatürk, député AKP de la province de Van dans l’est de la Turquie, affirme que le PKK aurait extorqué des fonds à des électeurs de l’AKP.

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Burhan Kayatürk, député AKP de la province de Van dans l’est de la Turquie, dénonce des tentatives d’intimidation de la part du PKK.

Alors que le processus de paix continue, le PKK aurait extorqué des fonds par des techniques d’intimidation, a affirmé Burhan Kayatürk, député AKP de la province de Van dans l’est de la Turquie. Il a ajouté que l’organisation terroriste avait émis des reçus comme preuves de paiement, rapporte le quotidien turc Star. «Les reçus sont au nom du commandement provincial du PKK et le sceau de l’organisation y est apposé», a précisé Burhan Kayatürk, en possession de quelques-uns de ces documents. La plupart des personnes à qui appartenaient ces fonds et qui ont été victimes de d’intimidation sont proches de l’AKP. «L’objectif n’est pas seulement de recueillir des fonds, mais aussi d’intimider les personnes qui ont

voté pour l’AKP», a affirmé le député de Van, notant que les élections locales n’étaient désormais plus très loin.

INTIMIDER LES ÉLECTEURS DE L’AKP Le député a précisé que le PKK avait extorqué des fonds à au moins 300 personnes et a critiqué son opposition à la normalisation des relations avec le gouvernement turc. Kayatürk a réitéré le refus de l’AKP de recourir aux armes tout en rappelant néanmoins que le PKK devait agir selon les conditions du processus de paix, qui a ouvert la voie à la politique plutôt qu’à la lutte armée. «Si nous devons parler politique, laissons la politique parler. Si les armes prennent le dessus, la politique n’a plus de sens», a-t-il souligné. Par le passé, le PKK avait déjà essayé d’inti-

mider des personnes avant des élections dans les provinces de l’est et du sud-est de la Turquie pour les inciter à voter pour le BDP pro-kurde. «Les

représentants de l’AKP font partie des individus qui sont le plus victimes de ces abus. Les députés, maires et représentants locaux du parti ont

Les pilotes turcs enlevés au Liban sont rentrés SINEM CENGIZ ET NURI IMRE ISTANBUL Les deux pilotes turcs de la compagnie Turkish Airlines qui avaient été enlevés par un groupe armé à Beyrouth, au Liban, au mois d’août sont rentrés en Turquie samedi 19 octobre. Leur libération s’est faite dans le cadre d’un accord d’échange grâce auquel neuf pèlerins libanais qui avaient été enlevés par des rebelles syriens ont également été libérés. Après avoir été retenus pendant 71 jours, Murat Akpinar et Murat Agca sont arrivés à bord d’un avion qatari à Istanbul, où ils ont été accueillis par le Premier ministre Erdogan et leurs familles. Les deux pilotes avaient été kidnappés par un groupe nommé Zuwwar Imam Ali al-Reda alors qu’ils se rendaient à leur hôtel à l’aéroport de Beyrouth.

Murat Akpinar et Murat Agca sont arrivés à bord d’un avion qatari à Istanbul, où ils ont été accueillis par le Premier ministre Erdogan et leurs familles.

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FAIRE PRESSION SUR LA TURQUIE Akpinar et Agca ont partagé les détails de leur captivité avec Zaman. Interrogé sur l’identité de leurs ravisseurs et leur éventuel lien avec un pays en particu-

lier, Akpinar explique que ces derniers n’ont jamais mentionné de pays. «Ils ne nous donnaient aucun détail. Le gouvernement libanais et les médias savent très bien qui nous a enlevés», at-il affirmé. Le pilote a précisé qu’Agca et lui ne pensaient pas au début de leur

enlèvement qu’il durerait plus de deux mois. «Les premiers jours, ils nous ont dit qu’ils nous garderaient une semaine. Puis cela s’est prolongé. Nous avons alors compris que notre cas n’était pas qu’un simple enlèvement», a déclaré Akpinar. Quand ils ont demandé la

raison de leur enlèvement, le groupe leur a répondu que des proches avaient été enlevés en Syrie. «Ils ont dit que la Turquie était le seul pays influent de la région et qu’elle devait servir de médiateur pour obtenir leur libération», a précisé Agca.

Pas d’alliance entre le BDP et le CHP pour les prochaines élections

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Sirri Süreyya Önder n’a pas encore confirmé qu’il se présenterait en tant que candidat au poste de maire d’Istanbul.

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Le député BDP, Sirri Süreyya Önder, a affirmé que son parti ne formerait pas d’alliance avec le CHP pour les prochaines élections municipales du 30 mars 2014, rapporte le site Hurriyet Daily news. La réaction du député suit les déclarations d’un journaliste de Cumhuriyet qui avait soutenu que les deux partis de l’opposition formeraient une coalition pour empêcher l’AKP de garder sa place à la municipalité d’Istanbul. Selon l’article du journaliste, le CHP soutiendrait Mustafa Sarigül, actuel maire du quartier Sisli d’Istanbul, pour

millions

accéder au poste de maire de la ville et aurait exhorté le BDP à ne pas présenter de «candidat fort», ce qui pourrait affecter le résultat du vote.

ÖNDER, CANDIDAT À LA MAIRIE D’ISTANBUL ? Önder a bien précisé qu’il n’y aurait aucune alliance avec le CHP, tout en nuancant ses propos. «Si le CHP s’attend à ce que nous formions une alliance, c’est que nous avons un bon potentiel en termes d’électeurs», at-il déclaré. Önder, député indépendant d’Istanbul depuis 2011, a eu un

rôle influent, notamment en tant que membre de la délégation BDP qui rend régulièrement visite au leader du PKK, Abdullah Öcalan, en vue de résoudre le conflit kurde. Il n’a toutefois pas encore confirmé qu’il se présenterait en tant que candidat au poste de maire d’Istanbul, même s’il apparaît comme le candidat BDP le plus probable. Kadir Topbas, actuel maire de la municipalité turque, est un membre de l’AKP. Entre 1994 et 1998, le poste était occupé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

toujours rencontré ces difficultés», a déclaré Kayatürk. «La branche locale de notre parti est une fois de plus menacée par le PKK», a-t-il ajouté.

BREVES ECO

CARREFOUR Pas d’installation place de la Madeleine

Carrefour a renoncé à ouvrir un supermarché haut de gamme place de la Madeleine, dans le quartier huppé du VIIIe arrondissement de Paris, a-t-on appris mardi de source proche du dossier, confirmant une information du quotidien Les Echos. Ce projet, lancé en septembre 2011 par le précédent PDG de Carrefour, Lars Olofsson, avait suscité des interrogations sur la stratégie du distributeur, alors en pleine déroute. Cette ouverture n’est aujourd’hui plus à l’agenda de son successeur, Georges Plassat, centré sur le redressement des performances du groupe en France et sur son redéploiement sur ses deux grands marchés à l’export, le Brésil et la Chine.

GOODYEAR Montebourg confirme une offre de Titan

Le ministre français du Redressement productif réaffirme dans une interview publiée mardi par Le Parisien que le groupe américain Titan international propose de reprendre l’usine de pneus Goodyear d’Amiens-Nord. Selon le quotidien économique Les Echos, la direction de Goodyear a déclaré lundi n’avoir «reçu aucune nouvelle offre» de la part de Titan. Mais Arnaud Montebourg fait état dans Le Parisien d’une proposition de reprise «pour plusieurs centaines de millions (d’euros), dont 40 millions directement sur le site». Une première tentative avait échoué au début de l’année après un échange de propos peu amènes entre Maurice Taylor, le patron de Titan, et le ministre du Redressement productif.

C’est le nombre de personnes dans le monde qui vivent dans des conditions d’esclavage, notamment comme travailleurs sexuels ou main-d’oeuvre non qualifiée exploités par des bandes criminelles, d’après l’Atlas 2013 de l’esclavage publié jeudi par la Walk Free Foundation (WFF).


08 TURQUIE

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

Bientôt de nouveaux droits pour les mères actives L’AKP se prépare à annoncer une nouvelle série de réformes qui concernent les jeunes mères actives. Y figurent, selon la presse, des dispositions portant sur les congés de maternité et la flexibilité des conditions de travail.

Selon la presse turque, les réformes incluront de nouvelles règles visant à protéger les femmes des déclassements dans leur entreprise.

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D’après la presse turque, le paquet de réformes prévu par le gouvernement pour les mères actives, intitulé «Emploi des femmes et naissances», prévoit d’allonger à 18 ou 19 semaines le congé de maternité, actuellement fixé à 16 semaines. Le vice-Premier ministre, Ali Babacan, le ministre de l’Emploi et de la sécurité sociale, Faruk Çelik, la ministre de la Famille et des politiques sociales, Fatma Sahin et le ministre du Développement, Cevdet Yilmaz, ont travaillé sur ces réformes pendant les neuf derniers mois. Le gouvernement souhaitait au départ allonger le congé de maternité à six mois, mais il est revenu sur cette décision après les réactions négatives des chefs d’entreprise. Les réformes visent à encourager à la fois la

La province de Sanliurfa détient le taux de fécondité le plus important de la Turquie d’après l’institut TurkStat.

Sanliurfa, record des naissances en Turquie -

maternité et la participation des femmes dans le monde professionnel.

PROTÉGER L’EMPLOI DES FEMMES Figureront dans ce paquet des dispositions autorisant les femmes à travailler à temps partiel pendant six mois maximum dans la société où elles sont embauchées. Selon la presse turque, les réformes incluront également de nouvelles règles visant à protéger les femmes des déclassements dans leur entreprise. Les réformes ont été inspirées de modèles issus de pays étrangers. La ministre Fat-

La province de Sanliurfa, au sud-est de la Turquie, aurait le taux de fécondité le plus important du pays, d’après l’Institut de statistique turque (TurkStat). La moyenne du nombre d’enfants par femme de la province était de 4,39 en 2012, un record à l’échelle nationale. Cette moyenne tombe à 1,43 enfant par femme dans la province de Kirklareli, au nord-est de la Turquie, ce qui représente le taux le plus bas du pays. Le rapport de TurkStat souligne que les femmes turques entre 15 et 49 ans avaient en moyenne 2,08 enfants

ma Sahin a examiné le cas de la France, où le pourcentage d’emploi des femmes s’élève à 70 % et où les horaires de travail flexibles sont largement appliqués. Les familles nombreuses pourront également bénéficier d’un droit au prêt bancaire. Quant aux employeurs, ils devront assurer le maintien du poste de leur employée pendant son congé de maternité. La série de réformes interdit également aux employeurs d’alourdir les tâches des femmes enceintes d’au moins six mois et des jeunes mamans dans l’année qui suit la naissance de leur enfant.

en 2009, 2,06 en 2010, 2,02 en 2011 et 2,08 en 2012. Le rapport précise que la population turque diminuera dans les prochaines 40 à 50 années si le taux de fécondité reste le même. A l’échelle régionale, les femmes des provinces du sud-est de la Turquie ont en moyenne 3,47 enfants, alors que ce chiffre tombe à 2,84 dans les provinces du nordest et à 1,72 dans les provinces égéennes. Ces chiffres indiquent que les provinces de l’est de la Turquie ont vu une augmentation de leur population alors que la population de l’ouest du pays est restée stable.

Juif, chrétien, musulman, athée et agnostique, l’équipe de InterFaith Tour au grand complet durant sa dernière semaine à Istanbul.

Cinq Français en Turquie pour le dialogue interreligieux SUHEDA ASIK PARIS Interfaith Tour, c’est le dernier projet en cours de l’association Coexister qui regroupe des jeunes engagés dans le dialogue interreligieux. Ensemble, cinq Français aux croyances différentes ont décidé de faire un tour du monde pour transmettre le message de la solidarité interreligieuse. Agés de 20 à 28 ans, ces étudiants veulent combler le manque de dialogue entre les religions et s’enrichir de leurs expériences, qu’ils partagent au fur et à mesure de leur voyage via billets, photos et vidéos publiés sur internet. Le groupe, qui vient de quitter la Turquie, prépare ce voyage depuis plus d’un an et prévoit de visiter 45 pays en 10 mois. Invités par Mme Muriel Domenach, Consule Générale de France à Istanbul, ils ont expliqué que l’objectif du groupe était de permettre

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aux jeunes d’utiliser le dialogue interreligieux comme un outil pour favoriser une meilleure compréhension sociale. L’un d’eux, Victor Grèzes, explique : «Nous voulions aussi montrer la force et l’énergie de la jeunesse et prouver que nous pouvons nous organiser de façon autonome pour atteindre notre objectif. Nous espérons combattre les préjugés trop nombreux sur une jeunesse pourtant pleine de promesses.» Les jeunes qui sont restés un mois complet en Turquie expliquent qu’ils ont voulu lui accorder une attention particulière, le pays ayant une longue histoire de transitions confessionnelles. « De l’époque byzantine à l’époque ottomane islamique et maintenant la laïcité, ce pays peut offrir des expériences uniques qu’on ne peut pas retrouver dans toutes les parties du monde. ».


09 TURQUIE Les violences augmentent dans le secteur médical

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Pour de nombreux professionnels de la santé, les mesures de sécurité présentes sur le lieu de travail ne sont pas adaptées.

Les cas de violences enregistrés à l’égard du personnel médical ont augmenté. 82 % des professionnels de santé se disent inquiets de ce phénomène, d’après le syndicat Saglik-Sen qui a mené une enquête sur le sujet

ILYAS KOÇ ANKARA Compte tenu de l’augmentation des incidents violents à l’encontre des professionnels de la santé en Turquie, le syndicat turc de santé Saglik-Sen a décidé de mener une étude sur le sujet dans différentes régions du pays. Les résultats indiquent que la plupart de ces incidents surviennent dans la région du sud-est de la Turquie, alors que le plus petit nombre de cas de violences est recensé dans les régions de la Mer Noire et d’Anatolie orientale. Alors que l’année dernière, 8 professionnels de santé sur 10 disaient être exposés à la violence d’une manière ou d’une autre, l’étude a révélé que 82 % d’entre eux se disent aujourd’hui inquiets d’être victimes de violences en se rendant au travail le matin.

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ne sont que 4 % dans la région de l’Anatolie du sud-est. Selon l’étude, le suivi d’une formation pour lutter contre la violence pourrait être déterminant puisque 72 % des professionnels de santé origi-

L I Y . 0 1

I R E S Y A K

UNE FORMATION CONTRE LA VIOLENCE L’étude donne aussi le pourcentage de professionnels de santé n’ayant pas été victimes d’actes de violence en 2012. Détail non surprenant, ils sont 30 % dans la région de la Mer Noire alors qu’ils

Bientôt des centres de désintoxication à Istanbul AKIN ÖZTÜRK ISTANBUL Le bureau du gouverneur d’Istanbul a décidé d’ouvrir des centres de désintoxication dans la ville afin de lutter contre la dépendance aux substances illicites dans le cadre d’une initiative récemment lancée par le gouvernement. La décision a été prise à l’issue d’une réunion de coordination organisée par le bureau du gouverneur d’Istanbul pour lancer son «Projet de désintoxication pour les adolescents dépendants de la drogue».

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AUGMENTER LA PRÉVENTION Les représentants présents à la réunion ont discuté des insuffisances en matière de prévention de consommation de drogues et ont décidé qu’ouvrir des centres de désintoxication constituerait la première étape de cette campagne de prévention. Le président de l’organisation caritative turque, le Croissant Vert (Yesilay), Ihsan Karaman, a expliqué à Zaman que la Turquie faisait partie des rares pays européens dépourvus de centres de désintoxication. «Nous n’avons pas de centre de désintoxication car nous n’avons pas de terrain légal qui permette leur mise en place. Mais le gouvernement va créer un projet de loi pour que ces centres puissent ouvrir», a précisé Karaman. Le directeur de l’unité antidrogue de la police d’Istanbul, Özcan Bulduk, a affirmé que 50.756 personnes avaient été arrêtées pour commerce de substances illicites et que la police avait saisi sept tonnes de marijuana, 2.133 kilos d’héroïne et 2.647.000 pilules d’ecstasy en 2013.

naires de la région de la Mer Noire disent en avoir bénéficié. Nombre d’entre eux au niveau national affirment également que les mesures de sécurité présentes sur leur lieu de travail ne sont pas adaptées.

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10 EUROPE

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

Le rapport de l’UE salue les réformes turques Le rapport annuel de la Commission européenne sur l’avancement de la Turquie a enfin été dévoilé le mercredi 16 octobre. Le document salue les réformes entreprises par la Turquie tout en exhortant le pays à développer une réelle démocratie participative. Il met également à l’honneur l’attitude du président Abdullah Gül pendant les manifestations de Gezi.

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Le rapport annuel d’avancement de la Turquie, publié le 16 octobre, Le rapport a salué les efforts de la Turquie concernant les réformes, notamment celles judiciaires, l’annonce de réformes démocratiques et l’initiation de pourparlers pour ouvrir la voie à la résolution du problème kurde. Il souligne plusieurs étapes importantes entreprises par la Turquie dans les 12 derniers mois, en particulier l’adoption d’une quatrième série de réformes judiciaires et l’initiation d’un processus visant à mettre fin au terrorisme et à la violence dans le sudest du territoire. Mais le texte insiste aussi sur la nécessité de développer une véritable démocratie participative, capable de s’adres-

L’UE va ouvrir un nouveau chapitre avec Ankara

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ser à tous les segments de la société. Il insiste également sur le besoin d’amender davantage la législation pénale et de réformer son interprétation par les instances judiciaires afin d’assurer le respect des libertés fondamentales, comme la liberté d’expression et de rassemblement.

L’ATTITUDE CONCILIANTE D’ABDULLAH GÜL SALUÉE Le rapport a également critiqué le «climat de division politique» dominant en Turquie, en particulier la «position intransigeante» du gouvernement turc pendant les manifestations de Gezi. «Le gouvernement a adopté une attitude polarisante envers les citoyens

et les organisations de la société civile», notamment le rapport. Le texte critique également le gouvernement qui n’est parvenu ni à consulter suffisamment les parties prenantes concernant l’adoption de politiques et de législations clés, ni à faire des études d’impact adaptées. «Par exemple, la loi sur les municipalités métropolitaines, le projet de loi sur la Cour des Comptes et la loi réduisant la promotion et la vente de boissons alcoolisées», énonçait le rapport. En revanche, l’UE a salué le rôle conciliant et non polarisant d’Abdullah Gül au niveau politique et social, notamment pendant les manifestations de mai et juin lorsqu’il a défendu le droit au rassemblement pacifique et à l’opposition.

La Commission européenne ayant recommandé de relancer les négociations d’adhésion avec Ankara, les dirigeants de l’UE ont approuvé mardi l’ouverture le 5 novembre d’un nouveau «chapitre» dans les négociations d’adhésion avec la Turquie, à la suite de la levée de l’opposition allemande. Stefan Füle, le responsable des questions d’élargissement au sein de l’UE, a estimé que les négociations, interrompues depuis trois ans, devaient s’accélérer pour encourager la mise en oeuvre de réformes démocratiques en Turquie. «Les derniers développements en Turquie soulignent l’importance de l’engagement de l’UE et de la nécessité pour elle de rester la référence pour les réformes en Turquie», a-t-il déclaré. L’ouverture d’un nouveau chapitre avait été reportée en juin, à cause de la réponse violente apportée par Ankara aux manifestations de mai et juin. La Turquie a commencé ses négociations effectives en 2005, 18 ans après avoir fait acte de candidature.

Stefan Füle, Commissaire européen à l’élargissement s’exprime lors d’une conférence de presse à la Commission européenne à Bruxelles.

Strasbourg s’attelle à la protection des données Le Parlement européen espère un accord rapide avec les EtatsUnis sur le renforcement de la protection des données personnelles après un vote intervenu en commission qui prévoit de lourdes amendes contre les entreprises violant les règles. Aiguillonnés par l’affaire Snowden, du nom de cet ancien consultant de la National Security Agency (NSA) qui a révélé que de grandes entreprises de l’internet transmettaient des informations sur leurs clients européens aux services secrets américains, les groupes politiques sont allés au-delà des propositions de la Commission européenne. Les entreprises qui transmettraient des données personnelles hors de l’Union européenne, sans l’autorisation d’une autorité nationale compétente, seraient menacées d’une amende de 100 millions d’euros ou de 5 % de leur chiffre d’affaires mondial, ontils décidé lundi soir lors d’un vote en commission des Libertés civiles. La Commission européenne proposait un million d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires pour une telle infraction, dont l’ampleur a été illustrée par de nouvelles révélations sur l’espionnage dont est victime la France.


11 INTERNATIONAL Washington ne livrera pas de drones à Ankara -

Le Congrès américain a annulé la livraison à Ankara de 10 Predators, des drones militaires visant à lutter contre le terrorisme, rapporte le quotidien Taraf. La décision des Etats-Unis fait suite aux révélations de la presse américaine selon lesquelles le président du MIT, Hakan Fidan, aurait divulgué aux services de renseignements iraniens l’identité de 10 Iraniens qui travaillaient avec le Mossad. Le quotidien rapporte que les déclarations concernant Fidan remontent à 2011, année qui a suivi l’incident du Mavi Marmara, quand le MIT a suspendu ses relations avec les services de renseignements israéliens (Mossad) et a partagé des informations sur le Mossad avec l’Iran. La Turquie attend les fameux drones militaires depuis le mois de juin 2012 mais le Congrès américain a décidé de ne pas répondre aux demandes d’Ankara en raison des relations étroites qu’entretiennent le MIT et les services de renseignements iraniens.

LES MISSILES CHINOIS EN LIGNE DE MIRE Selon le gouvernement turc, la divulgation des informations concernant les espions iraniens par la presse américaine est liée au choix turc d’une entreprise de défense chinoise sanctionnée par les Etats-Unis pour la coproduction d’un système de défense antimissile estimée à 4 milliards de dollars. Elles pourraient également être liées à l’annulation d’une intervention militaire en Syrie et à l’accord passé entre Obama et Poutine concernant la destruction de l’arsenal chimique syrien. En cas d’intervention, la CIA, le Mossad et le MIT prévoyaient Le cheikh Hamad ben Khalifa al Thani est l’ancien émir du Qatar.

Le Qatar n’aime pas la poésie La Cour suprême du Qatar a confirmé lundi la condamnation à quinze ans d’emprison-

nement du poète Mohamed Ibn al Dhib al Ajami pour outrage à l’ancien émir, cheikh Hamad ben Khalifa al Thani, et incitation au soulèvement, a annoncé un proche. Les poèmes d’Ajami font l’éloge des révolutions dites du printemps arabe, qui ont presque épargné le Qatar, critiquent l’ancien émir, qui a abdiqué en juin en faveur de son fils, cheikh Tamim, et se moquent des «cheikhs qui jouent à leurs PlayStations». «C’est le verdict définitif pour Mohamed, il n’y a plus d’appel, il va devoir passer quinze ans en prison», a déclaré Mohmmed Rachid al Ajami, un cousin du poète vivant au Koweït. Il a précisé que la Cour avait mis moins de trois heures pour rendre sa décision. Mohamed Ibn al Dhib al Ajami ne peut plus compter que sur une grâce de l’émir. Initialement condamné à la prison à vie, le poète avait vu en février sa peine réduite à quinze ans de prison.

de collaborer et la Turquie devait jouer un rôle clé en dirigeant l’opposition syrienne au cours de cette intervention. Mais l’absence d’intervention a réduit la nécessité d’un partage d’informations entre les différents services de renseignements. L’obtention des Predators est vitale pour la Turquie en vue de sa lutte contre le terrorisme. En septembre 2012, The Washington Post estimait que ces drones militaires étaient devenus les principales armes tactiques contre les groupes terroristes à travers le monde.

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

La livraison d’une dizaine de drones Prédators à la Turquie a été suspendue par Washington.


12 INTERNATIONAL

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

La Syrie ne doit pas éclater La fin de la guerre civile en Syrie doit passer par la suppression des armes chimiques et la mise en place d’un processus politique. D’après Volker Perthes, président et directeur du Stiftung Wissenschaft und Politik, l’institut allemand pour les Affaires internationales et de sécurité, le maintien des frontières syriennes est capital pour l’avenir de la région. Les violences se VOLKER PERTHES poursuivent en Le plan américano-russe de suppresSyrie. sion de l’arsenal chimique syrien, incarné à présent par la résolution 2118, pourrait conduire à une approche plus constructive pour mettre fin à la guerre civile. D’autant que le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à ce que la conférence de Genève II sur la Syrie ait lieu dès que possible. Il est important pour l’avenir de la région de coordonner la suppression des armes chimiques et la mise en place d’un processus politique pour mettre fin au conflit.

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LES CONSÉQUENCES DE LA GUERRE CIVILE SUR LA RÉGION Certains mettent en garde contre une «libanisation» de la Syrie, c’est-à-dire un morcellement du pays en plusieurs régions quasiment indépendantes. Mais la fragmentation de la Syrie n’est pas le seul scénario plausible. De fait, la métaphore du Liban est trop bénigne. Contrairement à l’époque de la guerre civile au Liban, aucune puissance régionale ne serait capable aujourd’hui de contenir la guerre syrienne dans ses frontières. Il se pourrait bien que la désintégration de la Syrie remette en question tout le système post-Empire ottoman du MoyenOrient, connu comme «système Sykes-Picot». VERS L’EXTENSION D’UN ETAT KURDE INDÉPENDANT ? Le conflit a créé une grande fluidité entre les zones à majorité kurde d’Irak et de Syrie.

Depuis la chute de Saddam Hussein, le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) au nord de l’Irak a institué une autonomie visà-vis du gouvernement central de Bagdad. Mais des développements régionaux et nationaux pourraient encourager les autorités kurdes à déclarer officiellement leur indépendance. Avec ses revenus pétroliers et ses bonnes relations avec la Turquie, un tel Etat serait viable. De fait, le GRK a longtemps fait comprendre qu’il respectait la souveraineté turque et qu’il ne porterait pas atteinte aux relations entre le gouvernement turc et sa population kurde. La reconnaissance au niveau régional d’un projet de construction d’un Etat kurde qui dépasserait les frontières contrôlées du GRK dépendrait, entre autres, du degré des ambitions nationales des Kurdes. Du point de vue de la Turquie, une confédération de la région du nord-est de la Syrie et du GRK pourrait entraîner des

agitations le long de la frontière avec la Syrie. En revanche, toute tentative par le GRK d’établir un corridor kurde jusqu’à la Méditerranée se confronterait à des oppositions de la part de la Turquie et des autres factions en guerre en Syrie.

UNE VICTOIRE MILITAIRE DOIT ÊTRE EXCLUE Les Européens et les Américains ont appris – et la Chine, la Russie et les autres l’ont appris de l’expérience occidentale – que les puissances étrangères ne peuvent concevoir avec succès des arrangements politiques ou un ordre régional au Moyen-Orient. Plutôt que de cogiter sur de nouvelles frontières, les puissances régionales et internationales doivent concentrer leurs efforts sur le maintien de la Syrie. Et la conférence de Genève II est une première étape nécessaire. Si personne ne peut prévoir ce que réserve cette conférence, tous les pays concernés

pourraient faire en sorte d’améliorer les conditions des négociations en envoyant le même message aux Syriens : à savoir qu’ils excluent désormais une victoire militaire d’un côté ou de l’autre. La Russie et l’Iran devront donc dire à Bachar al-Assad qu’ils ne soutiennent pas sa volonté de victoire militaire. L’Arabie saoudite, les Etats-Unis, la Turquie et les autres devront dire à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution qu’elle ne gagnera pas sur le champ de bataille. Les salafistes doivent également entendre ce message de la part de l’Arabie saoudite. La Turquie et le Qatar devront faire passer le même message aux Frères musulmans. Ce message doit être cohérent : nous continuerons à vous soutenir politiquement, financièrement, et durant les négociations avec le régime syrien, mais nous ne soutiendrons plus aucune solution militaire.

Ryad boycotte le Conseil de sécurité

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Les pays du Golfe et l’Egypte apportent leur soutien à l’Arabie saoudite, qui refuse d’occuper son siège au Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer l’incapacité de la communauté internationale à régler les problèmes du Proche-Orient. Ryad a manifesté vendredi de manière spectaculaire et inédite son mécontentement en dénonçant une politique de deux poids deux mesures à l’Onu. Deux des membres permanents du Conseil, la Russie et la Chine, ont usé de leur droit de veto pour bloquer à trois reprises des résolutions condamnant le régime

syrien, soutenu par l’Iran chiite, grand rival régional de l’Arabie saoudite. Mais le mécontentement saoudien est surtout dirigé contre les Etats-Unis, pourtant le plus ancien allié de Ryad sur la scène internationale, dont les prises de position en faveur des soulèvements dans le monde arabe sont perçues avec une franche hostilité par les dirigeants du royaume. L’Arabie saoudite est aussi frustrée par l’amorce de détente entre Washington et Téhéran. Aucun pays n’avait jusqu’ici refusé un siège au Conseil de sécurité après avoir été élu par l’Assemblée générale.


13 SCIENCE&TECHNOLOGIE Nokia lance une tablette et deux smartphones 25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

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Nokia a présenté mardi sa toute première tablette tactile et deux nouveaux modèles de «phablettes», ces smartphones dotés d’un grand écran, des produits développés avant l’annonce du rachat des activités de terminaux du groupe par Microsoft. La tablette Lumia 2520 et les phablettes Lumia 1520 et 1320 ont été dévoilés lors de l’événement commercial NokiaWorld à Abou Dhabi. Ces nouveaux produits, équipés du système d’exploitation Windows Phone, vont tenter de se faire une place sur un marché en forte croissance mais très disputé, encore largement dominé par Apple et Samsung Electronics. Le groupe à la pomme devrait bientôt dévoiler de nouveaux modèles de sa tablette iPad. Le rachat par Microsoft des activités de téléphones portables et autres terminaux mobiles de Nokia devrait être bouclé au premier trimestre de l’an prochain et les nouveaux produits, qui conserveront la marque Nokia, feront partie de l’offensive commerciale lancée par le groupe américain pour tenter de devenir enfin un acteur de premier plan de ce marché.

La technologie déshumanise, estiment les jeunes

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Bien qu’ayant grandi avec smartphones et autres iPads, de nombreux jeunes adultes pensent que la technologie rend les gens moins humains, selon un sondage réalisé dans huit pays dont les Etats-Unis et la France publié jeudi. Réalisée auprès de 12.000 personnes âgées de 18 ans et plus et commandée par Intel Corporation, l’étude démontre également que les 18-24 ans souhaitent que la technologie soit plus conviviale et plus adaptée à leur mode de vie. Le docteur Genevieve Bell, anthropologue et directrice de recherche chez Intel Labs, estime cependant qu’il ne faut sans doute pas déduire de cette enquête que les jeunes générations rejettent la technologie. «Une autre façon d’analyser les choses serait de dire que les jeunes souhaitent que la technologie fasse encore plus pour eux», écrit-elle dans un communiqué.

LES FEMMES ACCROS À LA TECHNOLOGIE Près de 90 % des jeunes adultes interrogés admettent, en effet, que les innovations technologiques facilitent la vie. Toutefois, ils sont près de 60 % à penser que les gens comptent trop sur elles et que ceci peut être déshumanisant. 70 % des jeunes interrogés reconnaissant que la technologie améliore leurs relations personnelles et environ la moitié croit qu’elle aura un impact favorable dans les domaines de l’éducation, des transports ou encore de la santé. Par ailleurs, le sondage indique que les femmes plus âgées (45 ans et plus) et celles qui vivent dans les pays émergents, tels que le Brésil ou l’Inde, sont les plus enthousiastes au sujet du rôle de la technologie dans leur quotidien. «Historiquement, les femmes sont devenues de ferventes utilisatrices de la technologie lorsque que celleci permet de résoudre les problèmes, aide à organiser nos vies et celle de nos familles, et nous permet de gagner du temps», souligne le docteur Bell.

La tablette Lumia 2520 et les phablettes Lumia 1520 et 1320 sont les derniers produits présentés par Nokia à Abou dhabi.


14 CULTURE

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

AGENDA CULTUREL

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UN HOMME DE SAVOIR ET UN HOMME D’ETAT A 18 ans, le jeune homme possédait un savoir encyclopédique. Il n’aura de cesse de le développer. En médecine et en philosophie, certes, ses deux domaines de

A lire

prédilection, mais aussi dans des disciplines aussi diverses que la physique, la chimie, l’astronomie, les mathématiques, les sciences religieuses (exégèse coranique et morale) ou encore les sciences humaines comme l’économie et la politique, où il a su tirer parti de son expérience d’homme d’État. Il a en effet assumé la charge de ministre sous l’émir bouyide Shams ad-Dawla. Avicenne n’était donc pas seulement un spéculatif, un savant enfermé dans sa tour d’ivoire, mais un homme aux prises avec les réalités de ce monde, qu’il essayait de comprendre, d’ordonner, de rendre intelligibles, et sur lesquelles, singulièrement, il voulait que l’homme puisse agir.

UNE PENSÉE SYSTÉMATIQUE Des années durant, il s’imposera un rythme de travail harassant, vaquant à ses charges administratives le jour, et rédigeant ses traités scientifiques la nuit. Il en mourra. Il disparaît en effet précocement à l’âge de 57 ans. Il lais-

sera néanmoins une œuvre qui fait de lui aujourd’hui un des plus grands savants de tous les temps. Grâce à ses qualités de précision et d’ordre, il a réduit en systèmes synthétiques et clairs les connaissances de ses prédécesseurs grecs et arabes et les a augmentés. Il est ainsi

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Le 30 octobre à 19:00 Cinéma l’Univers 16, rue Georges Danton 59000 Lille

Anissá Bensalah

Entre harmonies bossajazz et mélodies orientales, rythmes maghrébins et afro-brésiliens, l’artiste Anissá Bensalah explore un langage musical nouveau. Le 31 octobre à 20:30 Studio de l’Ermitage 8, rue de l’Ermitage 75020 Paris

éthique et dogme forment un ensemble. Il offre une coloration spécifique aux civilisations dans lesquelles l’islam s’est implanté, avec lesquelles il fut en perpétuelle action et réaction. C’est cette Vision du monde, ses correspondances et ses structures, que l’auteur se propose de dégager, en analysant des données issues des domaines les plus divers de la pensée.

EXPO PHOTO

Vision du monde, pensées d’Islam quatorze siècles en effet, théologiens-juristes et historiensgéographes, philosophes et mystiques, savants et poètes ont proposé leurs conceptions des rapports entre l’homme et la nature, l’histoire et le temps, leurs rêves de cité idéale et leurs conflits violents, leurs aspirations spirituelles et leurs comportements profanes. Observances cultuelles et culturelles,

Troisième épisode de cette fresque documentaire consacrée aux relations entre juifs et musulmans du VIIe siècle à nos jours. Opposant sionisme et nationalisme arabe, La séparation, 1789-1945 décrit la manière dont la Palestine devient un enjeu politique majeur. Débat avec le réalisateur, Karim Miské, Henry Laurens (Collège de France) et Alex Szalat (Arte).

Les confessions de six anciens chefs du Shin Beth, le Service de la sécurité intérieure d’Israël. Un documentaire exceptionnel, nominé aux Oscars, qui éclaire trente ans de lutte antiterroriste et d’errements face à la question palestinienne. Projection suivie d’une conférence de Michel Collon, écrivain et journaliste indépendant.

& à voir...

A la fois philosophe et historien, Jean-Paul Charnay est l’un des plus grands spécialistes français de l’islam, et notamment de sa pensée juridique, des origines à nos jours. Dans ce nouvel essai, il s’applique à décrire une «vision du monde», celle qui résulterait de plus de quatorze siècles d’interprétations et de questionnements convergents, divergents, parallèles. Depuis

Juifs et Musulmans : si loin, si proches (épisode 3 : La séparation, 1789-1945)

The Gatekeepers

«Avicenne ne reconnaissait que ce qui était scientifiquement explicable» le premier philosophe de langue arabe dont la pensée soit véritablement systématique. Le lecteur moderne y découvre notamment une préfiguration du cogito cartésien, l’idée selon laquelle notre perception est la première certitude de notre existence ; une sorte de senso ergo sum. Refusant l’astrologie et l’alchimie, Avicenne n’attachait d’importance qu’à l’expérimentation et à l’analyse, – et ne reconnaissait que ce qui était scientifiquement explicable.

Les participants fabriquent une tablette en bois, puis, munis d’un calame, ils la décorent et font des exercices de calligraphie. En lien avec l’exposition Lumières de la sagesse. Ecoles médiévales d’Orient et d’Occident. A partir de 6 ans.

Le 31 octobre à 18:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

CONCERT

Islam des mondes

UN PRODIGE D’INTELLIGENCE Avicenne naît en 980 à Afshana, près de Boukhara, une région turcomane de culture iranienne. Son père, haut fonctionnaire de l’administration samanide, confie son éducation aux meilleurs maîtres. L’enfant est un prodige d’intelligence et de mémoire. A l’âge de 10 ans, il connaissait le Coran par cœur et avait été initié à la littérature arabo-persane, comme à la théosophie ismaélite. Il a appris les mathématiques et la jurisprudence islamique avec Ismaïl l’Ermite et an-Natili lui a enseigné la philosophie, la géométrie d’Euclide et l’Almageste de Ptolémée. Dès l’âge de 14 ans, il devient intellectuellement autonome : il explique la logique d’Euclide à son maître an-Natili, et entame seul l’étude de la médecine. A 16 ans, des médecins de renom travailleront sous sa direction. A 17 ans, il parvient à guérir d’une maladie grave le prince du Khorassan. Reconnaissant, Nouh alMansour mettra à sa disposition le riche fonds de la bibliothèque des princes samanides.

Avicenne s’occupait de ses charges administratives le jour et rédigeait ses traités scientifiques la nuit.

Magiques tablettes

Jusqu’ au 30 novembre, le samedi de 15:00 à 17:00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

CINÉ-DÉBAT

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Jusqu’au 5 janvier prochain se tient à l’Institut du monde arabe une exposition intitulée «Lumières de la sagesse : écoles médiévales d’Orient et d’Occident». Le visiteur y est invité à plonger dans l’univers de l’enseignement médiéval et à explorer son rôle dans la circulation des savoirs entre Orient et Occident. L’occasion en est la réouverture de la bibliothèque de la Sorbonne, une des premières institutions non musulmanes à avoir diffusé, dès le XIe siècle, le savoir médical et philosophique d’Abû ‘Alî alHusayn Ibn ‘Abd Allâh Ibn Sînâ, – Avicenne, de son nom latin. Son ouvrage le plus fameux, le Canon de la médecine (al-Qanûn fî attibb) constituera jusqu’au XVIIe siècle la base de la formation des étudiants en médecine à Paris, Montpellier ou Bologne.

ATELIER

Avicenne, le savoir sans relâche

Islam profond : vision du monde, de Jean-Paul Charnay, Editions de Paris, 526 pages, 34 €

Phq4 – Regarde-moi

Quatrième édition de la biennale consacrée à la photographie non occidentale. 400 images exposées dues à 40 photographes d’une trentaine de pays. Jusqu’au 17 novembre Musée du quai Branly 37, quai Branly 75007 Paris


OPINION15

25 - 31 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE

«La Turquie d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 11 ans» Pour Markar Esayan, le rapport d’avancement de l’UE sur la Turquie offre un panorama plutôt juste et constructif du pays. Le chroniqueur insiste sur l’importance d’une critique objective et non pas opportuniste à l’égard du travail du gouvernement.

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La Commission européenne a publié la semaine dernière son rapport d’avancement pour la Turquie couvrant la période d’octobre 2012 à septembre 2013. La candidature turque d’adhésion à l’Union européenne s’est retrouvée dans l’impasse à cause MARKAR ESAYAN de la question chypriote qui a entraîné quelques tensions. Mais le programme positif adopté en décembre 2011 entre la Turquie et l’Union européenne a repris. Huit groupes de travail avaient été créés afin d’assurer l’harmonisation de la Turquie avec les mesures européennes. Six d’entre eux ont tenu

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DES ÉTAPES IMPORTANTES ONT ÉTÉ FRANCHIES Dans ce contexte, les voix de la raison ne sont pas entendues. Le rapport qualifie le processus de paix, les nouvelles mesures démocratiques et les troisième et quatrième séries de réformes judiciaires d’étapes importantes. Il note que le gouvernement a introduit des réformes significatives, tout en émettant quelques critiques, concernant notamment la loi sur la Cour des Comptes ou la violence exercée par la police pendant les protestations de Gezi même s’il rappelle également celle des mani-

«Quand le Parlement fait face à une impasse, le gouvernement doit coopérer avec la société civile» leurs premières réunions. Malgré les tensions existantes en termes de politique intérieure, le rapport dessine un panorama assez constructif de la Turquie. Les appréciations et les critiques, tout comme les encouragements et les recommandations sont assez justes. Si l’on se fie aux débats en Turquie, le gouvernement turc ne fait rien de bien. Pour certains, le régime Erdogan est de plus en plus anti-démocratique. Pour les soutiens au gouvernement au contraire, toutes ces critiques sont infondées. Est-ce possible ? Non. Mais en tout cas, et depuis 2002, l’AKP a préservé une identité réformiste au sein d’un environnement délicat. Les critiques manquent d’objectivité et ont une visée politique non démocratique. Dès lors, le mécanisme d’une véritable critique dont le gouvernement aurait tant besoin ne fonctionne pas.

festants. Le rapport insiste sur les conséquences négatives du manque d’harmonie au sein du Parlement sur l’élaboration de la nouvelle constitution. Mais il ne désigne aucun facteur responsable. Il note également que la société civile prospère et estime qu’une coopération avec le gouvernement pourrait combler l’absence d’une opposition forte. Et c’est très important : quand le Parlement fait face à une impasse et que l’opposition pro statu quo provoque une crise, le gouvernement doit coopérer avec la société civile. Il pourrait ainsi faire face à la résistance de l’op-

position en s’appuyant sur l’impact du peuple. Mais cela pourrait aussi se retourner contre le gouvernement si l’opposition fait augmenter la participation démocratique en se liant fortement à la société civile.

ADOPTER UNE NOUVELLE STRATÉGIE La vérité, c’est que la Turquie d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 11 ans. Tout le monde veut davantage de démocratie, de respect et de liberté. Le gouvernement et l’opposition ont besoin d’une nouvelle stratégie. Ils n’avaient pas cette stratégie au moment de la crise de Gezi,

c’est pour cela qu’ils ont échoué. Les revendications démocratiques qui ont émergé pendant les manifestations ont été manipulées par ceux qui voulaient faire de la politique, mais cela ne veut pas dire que Gezi n’a pas constitué un moment important. Le mouvement politique qui parviendra à lire cette revendication démocratique de façon appropriée deviendra probablement le nouveau parti de Turquie. Par ailleurs, c’est aussi une grande opportunité et une source de légitimité pour le parti au pouvoir. m.esayan@todayszaman.com

Un divorce douloureux pour les Etats-Unis et l’Egypte -

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : e.demir@zamanfrance.fr

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Le divorce des Etats-Unis et de l’Egypte a tout d’un feuilleton télévisé à la fois étrange et sérieux, avec des personnages qui calculent leurs décisions, des histoires d’amour, des séparations et des théories conspiratrices qui circulent quant aux inHAYAT ALVI tentions malveillantes des Américains. En réalité, l’administration Obama et le régime du général Abdelfatah Khalil Al-Sissi ont pris des initiatives critiques pouvant uniquement être décrites comme contre-productives et offensives. Résultat, les relations entre les deux pays se détériorent, même si elles ne sont pas pour autant totalement interrompues.

LA SUSPENSION DU FINANCEMENT AMÉRICAIN JUGÉE INSIGNIFIANTE L’administration Obama a récemment annoncé l’arrêt de la livraison d’armes et d’équipements lourds à l’Egypte, et d’une partie de l’aide financière qui s’élève à 260 millions

de dollars dans le but de sanctionner le régime militaire, incapable d’introduire une démocratie dans le pays. Les Etats-Unis ayant tardé à prendre cette décision, l’impact du gel partiel de l’aide financière pourrait être insignifiant, voire complètement inefficace. Obama aurait dû agir juste après le coup d’Etat début juillet. Non seulement il n’a pas agi immédiatement, mais il a également refusé de prononcer le mot «coup d’Etat» par crainte de devoir instantanément mettre fin à l’aide étrangère selon la disposition de la loi américaine interdisant les aides aux régimes issus de coups d’Etat. Dans le même temps, certains Etats arabes du Golfe persique ont pris le relais pour financer l’Egypte par intérêt et par soutien au général Al-Sissi. L’Egypte a déclaré qu’elle allait, de son côté, chercher d’autres partenaires pour l’obtention d’une aide financière. Cette décision confirme ainsi les plus grandes craintes américaines : que l’Egypte se tourne vers la Russie et peut-être même vers la Chine.

DES RELATIONS AUX BASES SOLIDES D’un autre côté, les deux pays reconnaissent l’importance de leur relation vieille de plusieurs décennies. Pour les Etats-Unis, ces relations reposent sur l’accès au Canal de Suez et sur les accords de paix israélo-égyptiens ou accords de Camp David. Pour l’Egypte, elles reposent sur les quelque 1,55 milliards de dollars d’aide étrangère annuelle fournie par les Etats-Unis, dont la majeure partie va à l’armée égyptienne. De plus, le personnel militaire égyptien a de nombreuses opportunités de suivre une formation professionnelle militaire aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le gouvernement égyptien et les pro et antiMorsi sont fortement divisés mais partagent leur méfiance, voire leur haine, envers les Etats-Unis. Des théories conspiratrices en Egypte et au Moyen-Orient ont émergé contre les Etats-Unis. Pour certains officiers militaires, Israël, allié des Etats-Unis, souhaite qu’il y ait des islamistes au pouvoir au Moyen-

Orient pour maintenir l’instabilité de la région.

UN SPECTACLE AFFLIGEANT Ce divorce ne manque pas d’ironie. Le général Al-Sissi a étudié à l’US Army War College. Tout comme Morsi, il a été sensibilisé aux aspects positifs de la démocratie, des droits civils et de la règle de droit. Le divorce entre les Etats-Unis et l’Egypte est un spectacle affligeant. Alors que les Etats-Unis auraient dû agir bien plus tôt et qu’Obama a trébuché sur la non-reconnaissance du coup d’Etat, le gouvernement Al-Sissi avait déjà décidé de la suite et pris des longueurs d’avance. Il a montré que les principes démocratiques ne lui importent pas. Et aujourd’hui ce sont ceux qui, au contraire, s’en soucient, qui sont marginalisés et refoulés, certains allant même jusqu’à décrire l’Egypte actuelle comme pire que sous l’époque Moubarak. Hayat Alvi est professeur associée au US Naval War College.


L’Ukraine, un adversaire à la mesure des Bleus ?

L’équipe de France affrontera l’Ukraine en barrages du Mondial 2014, le 15 novembre en match aller, le 19 novembre en match retour.

Les Bleus ont bénéficié d’un tirage au sort favorable qui n’offre cependant aucune garantie.

Plutôt épargnée par le tirage au sort, l’équipe de France affrontera l’Ukraine en barrages du Mondial 2014 et ne croisera donc pas la route du Portugal qui faisait figure d’épouvantail de la zone Europe. Les Bleus auront en outre le privilège de jouer le match retour en France le 19 novembre, quatre

jours après l’aller en Ukraine. Mais ce tirage favorable, effectué lundi au siège de la Fifa à Zurich, n’offre aucune garantie. En 2009, la France avait dû attendre un but entaché d’une main de Thierry Henry contre la modeste Irlande pour arracher sa qualification. Les chiffres invitent toutefois à l’optimisme pour

les supporters de l’équipe de France, qui n’a jamais perdu contre l’Ukraine en sept rencontres et reste sur une victoire facile (2-0) lors de l’Euro 2012. Et les Ukrainiens n’ont jusqu’à présent participé qu’à une Coupe du monde, en 2006. Ils avaient alors atteint les quarts de finale.

L’ÉQUIPE D’UKRAINE PLUTÔT MÉCONNUE Les joueurs de Didier Deschamps peuvent également se rassurer en se disant qu’ils ont hérité de la nation la moins bien classée à la Fifa parmi les têtes de série des barrages – 20e –, derrière la Grèce, la Croatie et le Portugal. «Ça ne sera pas simple non plus face à cette équipe d’Ukraine qui reste sur sept matches sans défaite. C’est une équipe qui prend très peu de buts. Ça va être un long déplacement pour nous», a dit le sélectionneur sur Eurosport. «En quatre jours, tout va se décider pour notre avenir. Il faudra beaucoup de confiance mais aussi beaucoup de respect pour l’Ukraine», a ajouté Didier Deschamps, satisfait, a-t-il dit, de jouer le retour à domicile. Ces deux matches à venir l’obligeront à étudier une équipe d’Ukraine plutôt méconnue à l’exception de quelques joueurs comme le milieu du Dynamo Kiev Andriy Yarmolenko ou l’ancien milieu du Bayern Munich Anatoly Timochtchouk.

Derya Can bat deux records de plongée en une semaine

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La plongeuse turque Derya Can a battu le record mondial de plongée dans la catégorie plongée sous-marine libre en poids constant sans palmes, son deuxième record mondial en une semaine. Can, qui avait prévu de battre les records du monde dans trois catégories différentes a battu son deuxième record samedi 19 octobre en plongeant à 71 mètres de profondeur. Elle est restée dans l’eau pendant deux minutes et 31 secondes. La plongeuse a réalisé son premier record du monde jeudi 17 octobre et l’a dédié au 90e anniversaire de la création de la République de Turquie. Un groupe de 21 membres du club des sports subaquatiques de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ SAS) dont Can fait partie a assisté aux exploits de leur coéquipière. Un jury de la Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques (CMAS) était également présent pour juger des exploits de la plongeuse dans la baie d’Antalya au sud de la Turquie. Le jury de la CMAS a annoncé que la troisième plongée prévue avait été reportée.


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