Printemps 2015
Culture Tendances Lifestyle
Bordeaux NumĂŠro 4
City magazine
Gratuit
BOUTIQUES HESCHUNG
8, RUE DU MARCHÉ SAINT HONORÉ 75001 PARIS [33] 01 40 20 48 18 18, RUE DU VIEUX COLOMBIER 75006 PARIS [33] 01 44 39 17 30 11, RUE DE SÉVIGNÉ 75004 PARIS [33] 01 42 71 33 68 7, RUE GASPARIN 69002 LYON [33] 04 78 38 15 95 7 BIS, RUE DE LA GLACIÈRE 13100 AIX EN PROVENCE [33] 04 42 27 18 24 30, RUE DE L’HÔPITAL 76000 ROUEN [33] 02 35 98 14 11 4, RUE CHABAUD 06400 CANNES [33] 04 93 39 46 09 14, PLACE DES GRANDS HOMMES 33000 BORDEAUX [33] 05 56 43 66 00 6, RUE DE LA GRANDE CHAUSSÉE 59000 LILLE [33] 03 28 07 35 95 ABC-STRASSE 4/8 20354 HAMBURG DEUTSCHLAND [49] 40 30 99 74 51
CORNERS LE BON MARCHÉ — RIVE GAUCHE 24, RUE DES SÈVRES — 75007 PARIS ESPACE HOMME — [33] 01 45 48 11 19 ESPACE FEMME — [33] 01 45 44 78 69 BOUTIQUE EN LIGNE
WWW.HESCHUNG.COM
Andy CAVIAR NAVY CUIR
Zut ! numéro 05
Photo : Alexis Delon / Preview Veste, short et top Rick Owens chez Axsum. Lunettes Fendi x Thierry Lasry. Tableau Marthe Jung - www.marthejung.tumblr.com
sortie été 2015
Bruno Chibane
Myriam Commot-Delon
Adrien Navarro
Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45
Directrice artistique mode myriamdelon@noos.fr 06 14 72 00 67
Développement commercial 06 35 40 95 93 adriennavarro@outlook.com
Emmanuel Abela
Charlotte Saric
Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40
Développement commercial 06 87 50 13 69 charlotte@chicmedias.com
4 Zut ! Ours
Contributeurs Zut ! team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela
Rédacteurs Emmanuel Abela, Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Émilie Dubrul, Lise Gallitre, Adrien Navarro, Charlotte Saric, Philippe Schweyer Design graphique Hugues François Stagiaire graphisme Clémence Viardot
Directeur artistique Hugues François
Styliste Myriam Commot-Delon
Directrice artistique mode et tendances Myriam Commot-Delon
Photographes Sarah Arnould, Pascal Bastien, Alexis Delon / Preview, Émilie Dubrul, Patrick Durand, Cécile Perrinet-Lhermitte, Julie Rey
Responsable d’édition Sylvia Dubost Secrétaire de rédaction Cécile Becker Coordination commerciale et éditoriale Charlotte Saric
Illustratrices Laetitia Gorsy, Laurène Boglio Retouche numérique Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Mannequin Hélène M / Up Models Coiffure Alexandre Lesmes / Avila Make-up Jacques Uzzardi
Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Hélène Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up artist Jacques Uzzardi avec les produits M.A.C. Maillot de bain une pièce Rachel Pappo. Pendentif en or jaune, brillant et pietersite sur cordon Eric Humbert. Sandales à talons bois et cuir Saint Laurent Paris. Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr
Diffusion Zut ! Team Commercialisation & developpement Bruno Chibane,, Adrien Navarro, Charlotte Saric
Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : mai 2015 SIRET : 50916928000021 ISSN : 1969-0789
Chic Médias Atlantique (société en création) zut.bordeaux@gmail.com Charlotte Saric 06 87 50 13 69 charlotte@chicmedias.com Adrien Navarro 06 35 40 95 93 adriennavarro@outlook.com Marie Guérin 06 68 80 61 41 marieguerin@yahoo.fr
www.zut-magazine.com
6 Zut ! Sommaire
8 Éditorial
10 Courrier des lecteurs
12 Au bon parfum Marche à l’ambre
14 Nancy vu par Bénédicte Bernard et Paul Esparre, Arthur Audibert, Franck Jouany, Dorothée Duret, Jean René Kiener, Benjamin Capdevielle
23
Culture 24 Lieu La fabrique Pola Immersion dans ce lieu de ressources, de création et d’exposition, à la rencontre des artistes et habitants.
28 Art Maria Inès Rodriguez Arrivée à la tête du CAPC en février 2014, elle y déploie un projet ancré dans l’air du temps. Au centre, partage des compétences et travail collaboratif.
32 Festival
80 Zut à table
Dominique A
La recette
Entretien avec le musicien et auteur, autour de ses thèmes récurrents : l’eau et les paysages.
Asperges vertes, coppa, citrons confits et réduction parfumée à la truffe par A Cantina.
34 Instant Flash Emma de Caunes Alex Lutz
38 Culture Zut ! Les sélections de la rédaction
43
Tendances 44 Mode Mademoiselle Jamais vraiment la même, jamais vraiment une autre.
56 Orbite Les détails qui tuent Deux collections P/É 2015 qui nous mettent en émoi.
58 Flash mood
82 Zut à table L'artisan
Vêtements, accessoires, beauté : cette saison, nos envies se teintent de bleu.
Attaché au savoir-faire traditionnel, Olivier Piot officie désormais chez Valantin, vénérable maison qu’il a remise au goût du jour. Rencontre.
60 Urban Styles
86 Zut à table
La fashion dans les streets de Bordeaux.
Les lieux
Up to date
62 Tendances Zut ! Les sélections de la rédaction
Nama, Bagelstein, iBoat
88 Lifestyle Zut ! Les sélections de la rédaction
67
Lifestyle 68 Bagages Ephtée Reportage dans l’atelier du maître malletier, là où se fabriquent des objets sur-mesure, remarquables et totalement intemporels.
72 Design & Déco Zut ! révèle ses coups de cœur du printemps.
78 Villégiature Home À Arcachon, ce tout nouvel hôtel nous fait sentir comme à la maison… mais en mieux.
Zut numéro 04
8 Zut ! Édito
Dustin Hoffman dans Tootsie
Dans la peau d’une Bordelaise PAR PHILIPPE SCHWEYER
En séminaire dans un hôtel des Caraïbes avec toute l’équipe de Zut !, j’ai une idée géniale en pleine séance de brainstorming. Je suis prêt à me promener dans Bordeaux déguisé en femme pendant 24 heures pour réaliser un reportage qui devrait faire le buzz dans toute la Gironde ! Grâce à moi, on saura enfin quel effet ça fait de vivre dans la peau d’une Bordelaise. Autour de la table, mes collaboratrices ont l’air plutôt sceptiques, voire atterrées, mais je suis bien décidé à tout mettre en œuvre pour les convaincre : - Il y a déjà eu des tas d’enquêtes incroyables. Des reporters courageux se sont glissés dans la peau d’un Noir ou d’un Turc, mais personne n’a jamais eu l’audace de se glisser dans la peau d’une Bordelaise ! - Tu oublies que la moitié de la CUB vit déjà dans la peau d’une femme. - Oui, mais ce n’est pas pareil… Comment être sûr que ce que vous nous racontez est vrai ? - Il suffit de nous faire confiance. Ce n’est pas en passant une journée à faire du shopping rue Sainte-Catherine déguisé en gonzesse que tu vas obtenir le Pulitzer ! - Grâce à moi, les Bordelais vont enfin savoir ce qui se passe dans vos petites têtes !
- T’arriveras jamais à décrire les pensées des femmes, toi ! - Ah bon ? Et pourquoi pas ? - T’es trop bourrin. - Pfff… - T’as pas de cœur et t’es pas assez sincère pour ce job. Être une femme, c’est nettement plus complexe qu’une chanson à la con de Sardou ! - Arrête ! Je suis sûr qu’il n’y a pas que des désavantages à être une nana… - Si c’est pour ça que tu veux faire ton reportage, laisse tomber. - Non, je veux faire une vraie enquête… - Tu ferais mieux de penser à ta reconversion. J’ai l’impression que tu tournes en rond… - Laissez-moi une chance. J’ai envie de savoir si mon poissonnier me préfère déguisé en femme. - Qu’est-ce que ça apportera à nos lecteurs ? - Peut-être que grâce à mon travail journalistique les Bordelais comprendront un peu mieux les Bordelaises et que du coup l’ambiance générale sera meilleure… - C’est n’importe quoi ton enquête ! Et pourquoi pas l’une de nous déguisée en homme ? - Chiche ! - Pas pour moi. Je suis dingue, mais il y a des limites…
- Moi non plus, pas question de me laisser pousser les poils. - Beurk, même pas en rêve. - Je suis bien trop belle pour être crédible en mec. - Tout mais pas ça ! - C’est bien ce que je pensais, il n’y en a pas une pour tenter l’expérience. Ce n’est pas si facile d’être un homme libéré, hein ? - C’est super facile d’être un homme, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? - Hum… - Et si tu trouvais une autre idée pour faire le buzz ?
Chic Médias & Médiapop Éditeurs de magazines
Bordeaux Numéro 4
City magazine
Gratuit
Gratuit
Strasbourg N° 25
City magazine Gratuit
Lorraine N°10
hiver — winter 2015
Printemps 2015
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Culture Tendances Lifestyle
Printemps 2015
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Culture Tendances Lifestyle
Lorraine Numéro 10
Strasbourg Numéro 25
Bordeaux N°4
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La culture n'a pas de prix
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kultur trends lifestyle in Straßburg
Rhin Supérieur N° 0
Oberrhein —Rhin Supérieur
Deutschland
# 0 / Kostenlos — Gratuit
Nummer 2 / Kostenlos
Allemagne N° 2
Novo N° 34
www.zut-magazine.com www.novomag.fr
Chic Médias / 12 rue des Poules - 67000 Strasbourg médiapop / 12 quai d'Isly - 68100 Mulhouse
04 —> 06.2015
34
10 Zut ! Chronique
Par Philippe Schweyer
Courrier des lecteurs
04
PAULINE À LA PLAGE Automne / Hiver 2014
Bordeaux Numéro 3 / Gratuit
Des étudiants à la recherche d’un stage dans leur magazine préféré, un lecteur qui se creuse les méninges chez son coiffeur, une lectrice qui rêve de nous lire pendant que son mari surfe au Cap-Ferret… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent ! Investigation Zut !, Nous sommes étudiants en première année au sein de l'EFJ Bordeaux et nous nous posons de sérieuses questions au sujet du Courrier des lecteurs. D’une édition à l’autre certains courriers présentent des similitudes troublantes… Est-ce que vous prenez des stagiaires ? — Dylan et Edgar, 22 ans. Investigation Dylan et Edgar, C’est très bien d’enquêter sur le Courrier des lecteurs, mais ce n’est pas très fairplay de semer le doute dans l’esprit de nos lecteurs. Le jour où vous aurez des preuves de ce que vous sous-entendez, peut-être que l’on pourra négocier un stage avec une rémunération conséquente… Sublime Zut ! J’ai découvert les éditions Médiapop lors de la dernière édition de l’Escale du Livre. J’ai tellement adoré Le Saut de l’ange, un livre hommage au chanteur Daniel Darc, que je suis revenue le lendemain pour acheter tous les autres livres de la collection Sublime. — Charlotte, 24 ans.
Sublime Charlotte, Merci de nous faire partager votre coup de cœur. J’espère que les livres publiés par les éditions Médiapop sont disponibles dans toutes les bonnes librairies bordelaises. Sinon, c’est très facile de les commander sur www.mediapop-editions.fr.
Capilo Lolo, Nous avons choisit d’offrir Zut ! par pure générosité et aussi par souci d’efficacité. Tant mieux si les gens se l’arrachent chez le coiffeur, c’est nettement mieux que de s’arracher les cheveux, n’est-ce pas mon gros Lolo ?
Foufoot Zut !, J’ai découvert votre magazine chez mon petit ami footballeur. Avant de fréquenter des footballeurs, je fréquentais plutôt des rappeurs qui n’en avaient rien à faire du design et des belles choses. Grâce à vous, mes copines me trouvent hyper stylée ! — Zahia, 23 ans.
À la plage Zut !, J’adore lire Zut ! sur la plage du Cap-Ferret, mais je déteste quand je suis obligée de le jeter parce qu’il est tout mouillé. Avezvous déjà pensé à éditer une version plastifiée pour que je puisse prendre mon pied avec vous pendant que mon mari surfe tout seul dans son coin ? — Pauline, 34 ans.
Foufoot Zahia, À votre âge, vous feriez mieux de penser aux études que de traîner avec un petit con de footballeur. On ne se casse pas la tête à faire un magazine aussi classe que Zut ! pour qu’une fille comme vous fasse n’importe quoi de sa vie. En plus vos copines sont nases !
À la plage Pauline, Vous êtes la toute première lectrice à nous écrire à ce sujet. Nous allons demander à notre imprimeur s’il existe une solution pour vous satisfaire. Il y a bien des gens qui écoutent la radio sous leur douche, alors pourquoi ne pourrait-on pas lire Zut ! à la plage ?
Le grand sommeil Zut !, Pendant des années, j’ai souffert de terribles insomnies. Depuis que j’ai découvert Zut ! chez mon relaxologue, il me suffit de feuilleter un vieux numéro pendant quelques minutes avant de me coucher pour m’endormir comme un gros bébé. — Étienne, 59 ans.
Mouse Zut !, J’ai acheté le 45 tours de Mouse DTC que vient de sortir le label Médiapop Records. La face A est vraiment mortelle. Lio et Plastic Bertrand peuvent se rhabiller illico. Le tube du siècle c’est Mon corps ! Souris sur le gâteau, c’est Miossec qui signe les paroles de la face B… — Kiki, 33 ans.
Le grand sommeil Étienne, Le sommeil, c’est hyper précieux. Grâce à votre découverte et au travail de nos collaborateurs, peut-être que d’autres insomniaques réussiront à leur tour à dormir comme des gros bébés… On n’arrête pas le progrès !
Mouse Kiki, C’est vrai que ce petit 45 tours est idéal pour mettre le feu à n’importe quel dancefloor. Il paraît que dans certaines boîtes de nuit, ils le passent plusieurs fois par soir pour bien faire transpirer les danseurs. À commander d’urgence sur www.mediapop-records.fr.
Capilo Zut !, Vous ne trouvez pas que ce serait une super idée de vendre Zut ! en kiosque ? Quand je vois comment les gens se l’arrachent chez mon coiffeur, je me dis que vous pourriez vous en mettre plein les poches ! — Lolo, 32 ans
BIARRITZ 5 AVENUE EDOUARD VII 64200 FRANCE BORDEAUX 27 RUE DES REMPARTS 33000 FRANCE www.lilith.fr
+33 5 59 22 57 65 +33 5 56 43 25 51
12 Zut ! Chronique
Par Sylvia Dubost Illustration Lætitia Gorsy
au bon parfum
05
L’AURORE
Une ligne de parfums ne serait pas complète sans lui. Dans les essentiels d’une maison, il faut un oriental, un floral, une eau fraîche, un chypré… et un aldéhydé. L’apparition tardive de cette « espèce » désormais incontournable a marqué une révolution dans la parfumerie moderne, et la légende de sa naissance est aussi belle que les jus qui la peuplent. Les aldéhydes sont des molécules de la famille des composés carbonylés, sur la base de la séquence H-CO-R. Découverts en 1903, ils sont pour l’essentiel des corps de synthèse. En plus de leur propre odeur, différente suivant leur composition et souvent désagréable lorsqu’ils ne sont pas dilués, ils confèrent un fort pouvoir de diffusion aux autres molécules, apportent du volume et du sillage. Très puissants, ils sont difficiles à doser et, pendant longtemps, les parfumeurs ne parviennent pas à les intégrer aux compositions de manière satisfaisante. Le mythe raconte que la solution a été trouvée par erreur. En 1921, un laborantin se trompe en réalisant la formule que lui soumet Ernest Beaux, parfumeur. Il a surdosé l’aldéhyde aliphatique à 1%. Du jamais senti. Et Beaux trouve là la réponse à la commande d’une cliente particulièrement exigeante, qui voulait « un parfum de
femme à l’odeur de femme », « artificiel comme une robe, c’est-à-dire fabriqué ». « Pas de rose, de muguet, je veux un parfum qui soit composé », ordonnet-elle, dans lequel on « mettra tout ce qu’il y a de plus beau ». Un brief un brin marketing, pour lequel Beaux, en poète, cherche à retranscrire « une sensation éprouvée sous le soleil de minuit, audelà du cercle polaire, en savourant la fraîcheur des lacs et des rivières ». Cet aldéhyde lui offre cet effet de lumière, de douceur et de blancheur irisée. Il fait plusieurs essais, et en présente dix à sa cliente. Gabrielle Chanel choisit l’essai n°5. Avec cette composition, Beaux avait à la fois dompté une matière impossible, créé le premier parfum légendaire et changé la parfumerie à tout jamais. Toutes les maisons se sont engouffrées dans la brèche ouverte par les possibilités de cette matière, et à la fin des années 70, les plus célèbres avaient toutes leur aldéhydé. Lanvin avec Arpège (André Fraysse, 1927), Guerlain avec Liu (Jacques Guerlain, 1929) puis Chant d’arômes (Jean-Paul Guerlain, 1962), Carven avec Ma Griffe (Jean Carles, 1946), Givenchy avec L’Interdit (Francis Fabron, 1957), Hermès avec Calèche (Guy Robert, 1961), Paco Rabanne avec Calandre (Michael Hy, 1969), Yves Saint
Laurent avec Rive gauche (1971), clone parfait du précédent, Van Cleef and Arpels avec First (Jean-Claude Ellena, 1976), Estée Lauder avec White Linen (Sofia Grojsman, 1978)… Ils comptent parmi les plus beaux parfums de la grande diffusion. Suivant l’aldéhyde aliphatique utilisé, ils se font tour à tour acidulé, orangé, métallique, savonneux, sucré, poudreux. Mais tous ont en commun cette magique lumière blanche. Cependant, aucun n’égalera jamais ni la légende, ni la beauté du n°5. Ce parfum, parmi les plus vendus de tous les temps, n’a presque pas changé depuis sa création (c’est suffisamment rare pour être souligné). En eau de toilette ou en parfum (la version eau de parfum est à éviter absolument), il est d’une splendeur intemporelle. Enveloppant, doux, piquant, fruité, il sent le maquillage et la crème, évoque aussi bien fraîcheur de la jeune fille que l’assurance de la bourgeoise. Délicat et sensuel, chaud et froid, c’est bien un parfum artificiel comme une robe sous le soleil de minuit. Un parfum de femme à l’odeur de femme, qui en dévoile toutes les facettes…
ALPHONSE ALPHONSINE
Tinsels Belair American Retro Stepart Was denim Idano Cozete
Craie Rockmafia By Somone Mademoiselle Antoinette Margi Darika Opale Maridou Bracelets
8 rue du temple Bordeaux - 05 56 06 76 29 alphonse alphonsine alphonsealphonsine
14
Bordeaux vu par PAR ADRIEN NAVARRO & CHARLOTTE SARIC
О
Photo Sarah Arnould
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Bordeaux. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
Où ? Les quais
Bénédicte Bernard et Paul Esparre 32 ans et 36 ans
« Autrefois port maritime, lieu d’échange et de commerce mais aussi de voyage et d’imaginaire, les quais symbolisent une ouverture sur le monde. L’Amirale nous lie à l’univers maritime et au voyage, tout comme notre sélection de bières. Et puis les soirs d’été, nous aimons parcourir les quais et s’amuser des apéritifs improvisés ! »
Actu !
Ouverture de l’Amirale bière avec 150 références du monde, espace « épicerie fine » composé de produits sur base de bière, bières fraîches et dégustations en entreprise et à domicile. Bénédicte : Top Essentiel et Short LTB chez Zazie Rousseau
Fondateurs de L’Amirale Bière
Lun 20 avril
16
Arthur Audibert 36 ans
Jeu 23 avril Fondateur de l’Alchimiste, torréfaction de café fins
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ?
Actu !
« Ce club nautique, juste en face de Darwin, offre la possibilité de pratiquer voile, rame ou encore paddle en plein cœur de la ville. Depuis quelques années, Bordeaux s’ouvre à nouveau sur son fleuve. Il faut aller au bout de cette démarche en le considérant comme un territoire à part entière. La ville est tellement belle depuis la Garonne ! »
www.alchimiste-cafes.com
Le club Nautique des Marins de La Lune
Ateliers de dégustation ou torréfaction une fois par mois à Darwin. Partenariat avec le chef Philippe Etchebest pour le dîner caritatif de la fondation Bergonié contre le cancer le 1er juin. T-shirt Nature Is Coming, chaussures Someone, veste Jodphur Weekend, le tout aux Galeries Lafayette Bordeaux.
17
Franck Jouany 55 ans
Co-propriétaire du Marco Polo
Lun 20 avril
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ?
L’upper deck du Marco Polo « Notre embarcadère Montesquieu est implanté au centre géographique de la ville, en jonction entre les deux rives. En face, l'emblématique place de la Bourse, et derrière les nouveaux locaux de Sud Ouest qui ont une importance particulière pour moi, car mon père y était journaliste. Quand j’ai choisi de revenir à Bordeaux, il n’y avait pas meilleur point d’ancrage. »
Actu !
Croisières d’œnotourisme. Location pour évènements d’entreprises et privés. www.navires-et-chateaux.fr Pull Jodhpur Weekend aux Galeries Lafayette Bordeaux.
18
Dorothée Duret 35 ans
Lun 20 avril
Fondatrice de la boutique Le Nez Insurgé
Photo Sarah Arnould
Où ?
Actu !
« Avec ses symboles maçonniques en façade et ses sculptures aux détails intrigants comme l’homme sans visage soutenant un balcon comme s’il portait le monde, cette bâtisse du XIXe pleine de légendes me fascine particulièrement. Je me sens privilégiée quand je prends le temps de la contempler. »
Pull & Jupe Marie Sixtine chez Zazie Rousseau.
L’hôtel Saint-François
Ouverture de la parfumerie alternative Le Nez Insurgé, avec les marques Heeley, État libre d’Orange, Institut très bien, les soins et bougies Moes + Goetz.
19
Jean René Kiener 52 ans
Responsable de Presqu’îles et continents
Jeu 23 avril
Photo Cécile Perrinet-Lhermitte
Où ?
Place Puy Paulin « J’ai toujours aimé cette place, son bazar autrefois anarchique, aujourd’hui plus… maîtrisé ! Il fait bon vivre dans cette enclave si calme et pourtant au milieu des axes les plus passants de la ville. Désormais piétonne, elle ne cesse de s’embellir mais garde tout le cachet et l’intimité qui font son charme. »
Actu !
Collection P-É : T-shirt Nature is Coming, jean Replay, vestes Selected, doudounes légères Jott, maillots de bain Sundek, collection Paul & Joe Sister pour les femmes et casques Astone pour les motards. T-Shirt Nature is Coming et blazer Selected chez Presqu’îles et continents.
20
Benjamin Capdevielle 37 ans
Artiste peintre et photographe
Mer 29 avril
Photo Julie Rey
Où ?
Le palais Gallien « C’est par hasard que j’ai découvert ce quartier chargé d’histoire, si paisible, si beau, si représentatif de l’image que se fait un Parisien de la « Belle endormie ». J’y ai installé mon atelier, hybride entre galerie et lieu de production. Ici, je veux créer une émulsion artistique, c’est pour ça qu’il est ouvert sur la rue et que tous les curieux sont les bienvenus. C’est un plaisir quotidien ! »
Actu !
Inauguration de l’Atelier Capdevielle début juin. Exposition Détournements de Mangas et Comics à Paris, Londres et Bordeaux ! Atelier Capdevielle 165, rue du Palais Gallien www.capdevielle-art.com www.capdevielle-photo.com Chemise Bellfield chez Black Sheep
6 > 7 et 13 > 14 juin
∕ LA LECTURE
11 > 12 septembre
MAURIAC
∕ LE DÉBAT 3
MALAGAR
2
4 juillet
RENDEZ ∕ VOUS
2015
∕ L’ÉCRITURE 4
16 > 17 > 18 octobre
Centre François Mauriac de Malagar 17, route de Malagar 33490 Saint-Maixant Téléphone : 05 57 98 17 17
malagar.aquitaine.fr
Design : Kubik / Photographes : Anaka
∕ LA MUSIQUE 1
Livre disponible en librairie 49€
Olivier Roller Regards sur 20 ans de portraits
Visage 200 portraits | 300 pages chicmedias éditions
Avec la participation de Rodolphe Burger, Jean-Claude Brisseau, Daniel Cohn-Bendit, Christophe Donner, Clara Dupont-Monod, Mike Hodges, Julia Kerninon, André S. Labarthe, Jean-Luc Nancy, Nathalie Quintane…
shop.zut-magazine.com www.chicmedias.com
mis à nu
Cahier culture
Visuel Myriam Commot-Delon & Alexis Delon / Preview
24 Zut ! Culture Arts
Pôl(a)rtistique PAR CHARLOTTE SARIC PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
L'équipe de Zebra 3 — Buy Sellf
25
Avant de rejoindre définitivement Darwin et la caserne Niel en 2018, la Fabrique Pola quitte son bureau de tri postal pour s’installer dans un espace transitoire. Encore une nouvelle maison pour Pola, lieu de création et de diffusion artistique depuis 15 ans. Rencontre avec les artistes et habitants.
Toujours à l’aube d’un nouveau changement… La Fabrique Pola a connu récemment un changement majeur. Depuis deux mois, elle est emmenée par un directeur, Blaise Mercier, dont l’optimisme est caractéristique de ce lieu où se croisent des passionnés, jamais las et toujours accueillants. Celle nouvelle fonction – jamais occupée en 15 ans d’existence– est symptomatique de la nouvelle trajectoire de Pola qui, d’un lieu en friche mu par un esprit participatif, se structure pour qui cherche désormais à s’affirmer sur son territoire. Pour Blaise Mercier, qui travaillait auparavant au CAPC aux relations extérieurs et au développement numérique, c’est un vrai « terrain vierge où tout est à construire ». Alors quand ses colocataires s’affairent à créer nouvelles œuvres, lui court les rendez-vous et partira d’ailleurs dès la fin de notre rencontre prêcher la bonne parole Pola. Dans le chemin qu’ils ont à parcourir et baliser ensemble, il fait figure d’éclaireur, voire de boussole. Car lorsqu’on lui demande le sens de Pola, il évoque les pôles, comme si l’art devait être un point cardinal, « une étoile du berger de la création artistique » qui guide et éclaire. Mais le formalisme ne s’inscrit pas dans un carcan régenté : c’est d’ailleurs dans l’espace cantine que s’échangent, se pensent et se mutualisent les meilleurs projets. L’émulation intellectuelle bouillonne autant que l’eau pour le thé. Dans ce réfectoire se croisent les 80 silhouettes qui (se) dessinent dans les 2800 m2 de la Fabrique : salariés, bénévoles, artistes ou gens de passage – qui se rendent parfois de leur atelier à la salle en trottinette ! Cette liberté a été souhaitée dès l’établissement des bases de Pola il y a 15 ans. Pour son projet de fin d’études en architecture, Yvan Detraz, fondateur de Bruit du Frigo [l’une des structures originelles de Pola, « hybride entre bureau d’étude urbain, collectif de création et structure d’éducation populaire, qui se consacre à l’étude et l’action sur la ville et le territoire habité » peut-on lire sur le site du collectif, ndlr] travaille sur
une cartographie des lieux abandonnés. Préfiguration de ce qu’il connaîtra à Pola : s’il devait y avoir un fil conducteur dans son parcours, ce serait celui d’« agitateur d’espace » et de « nomade un peu forcé ». Ainsi, de la rue des Argentiers à la rue Boquière, en passant par l’ancienne gare Citram du bassin à flot puis à Bègles, le chemin de la Fabrique Pola a été une suite d’arrêt dans des lieux désaffectés, des friches industrielles, avec le talent de savoir s’intégrer dans les « espaces interstitiels ». Blaise Mercier abonde dans ce sens : « Les friches sont souvent des bases de travail. » Habitation vs Résidence Le changement, c’est maintenant. Mais le changement, c’était aussi hier et ce sera demain. C’est d’ailleurs via tous ces lieux que s’est créée Pola : à chaque « maison », de nouveaux colocataires qui, ensemble, pensent et conceptualisent la Fabrique. Avec Zébra3/Buy Sellf (diffusion et production d’art contemporain), le Bruit du Frigo et le Labo Photo, présents depuis les débuts, on retrouve aujourd’hui 18 structures en colocation. Les gens de Pola habitent mais ne résident pas. « Tous les habitants ont entièrement part au projet, ils ont aussi droit de cité au conseil d’administration », rappelle Blaise Mercier. La règle institue des résidences d’un an, renouvelables une fois, mais chacun des artistes-habitants que nous croisons sont là depuis plus longtemps. À la faveur des déménagements, les occupations d’ateliers repartent à zéro, émergence et pérennité triomphent.
26 Arts Fabrique Pola
Pola reste une maison sans verrou, ouverte aux spectateurs, aux visiteurs avec pour agora et lieu de diffusion le Polarium au rez-de-chaussée. Le projet est porté par « une volonté d’être au cœur de l’espace urbain ». Il n’en demeure pas moins que « l’on est sur des échanges de pratiques, des circulations ». La Fabrique Pola s’ancre dans la ville, mais s’inscrit dans un réseau international, grâce à la circulation des travaux de ses habitants – Bruit du Frigo va jusqu’en Chine, au Canada ou en Italie. De la même façon, les expositions hors les murs sont pléthores. Zébra3 échange par exemple avec le Lieu-Commun à Toulouse où sont exposés, entre autres, Renaud Chambon, Irwin Marchal, Camille Lavaud, Elisa Mistrot et Winshluss avant que les artistes toulousains soient à leur tour accueillis à la Fabrique. Où la porte ne se ferme jamais À chaque seuil, un atelier, un conseil, des gens avec qui échanger, apprendre, partager. Des verbes qui servent de fondations, entendus dans toutes nos discussions, avant même l’idée de « soutien à l’émergence et au long terme », comme l’exprime Zébra3. Donner vie à des projets, les faire grandir, murir, les pérenniser. De la même façon qu’un parent éduque son enfant, à Pola on donne et partage toutes les ressources, tous les outils disponibles pour l’expansion dans la créativité et l’accompagnement administratif. Vanessa Daems, chargée de communication, nous renseigne d’ailleurs sur la véritable étymologie de Pola : pôle administratif et pôle artistique. À 19h, après une journée en immersion, on réalise qu’aux pôles, et à Pola aussi, on vit dans une équinoxe permanente et fourmillante. Les bâtiments ne se vident pas, ils changent. Comme une marée, ils
L'équipe du Labo Photo
emportent avec eux ceux qui partent tandis qu’avec le ressac d’autres arrivent et certains restent. Ainsi, on assiste au début d’un hacklab, « réunion /atelier » qui siège tous les mardis soirs. Le thé a fait place à la bière, les échanges passionnés – au langage obscur que nous ne saisirons pas – tiendront jusqu’au coucher du soleil. Il est temps donc de cesser la promenade polaire. Si la singularité de Pola réside dans son mouvement perpétuel, sa spécificité, ce sont les articulations autour des œuvres et la dimension économique sociale et solidaire. C’est ce qui fait de Pola aujourd’hui « un système exemplaire », conclut Blaise Mercier. Rien à ajouter. Fabrique Pola & Polarium Cité Numérique 2, rue Marc Sangnier à Bègles 05 56 37 96 04 www.pola.fr
La Fabrique Pola c'est : 18 Structures 3 Ateliers de production 7 Artistes Habitants parmi eux Zebra 3 — Buy Sellf Exceptionnel ! Élisa Mistrot L'ouvre boîte Le bruit du frigo Emmanuel Aragon Cornélius Les Requins Marteaux La nouvelle agence
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Quelques évènements à venir — La Grand Rue
— Marathon Photo
Le Bruit du Frigo organise en partenariat avec le centre d’animation Bordeaux Sud une réoccupation du quartier des arrières de la gare Saint-Jean, « comme une utopie urbaine qui présentera la rue que nous souhaiterions vivre et partager ». Au programme : des ateliers de constructions et des installations, mais aussi des projections cinématographiques, des bals populaires, des guinguettes, des spectacles, des lectures… Vaste programme à étudier exhaustivement sur www.bruitdufrigo.wix.com/ la-grand-rue.
Pour sa 15e édition, le Marathon Photo accueillera à nouveau une centaine de participants, amateurs ou professionnels. Le concept ? 24 heures pour rendre 12 clichés sur 12 thèmes, en argentique exclusivement, afin de « réfléchir avant de déclencher ». Un mois après le rendu des films, une grande exposition sera organisée à la Fabrique Pola avec l’ensemble des clichés.
Du 19 au 26 juin, quartier Belcier, place Ferdinand Buisson
Inscriptions du 18 au 29 mai via contact@lelabophoto.fr, départ le 29 mai, exposition du 27 juin au 4 juillet à la Fabrique Pola
— Exposition Bivouac après Naufrage L’exposition retour de LieuCommun (Toulouse) invité par Zébra3 présentée au Polarium avec des œuvres de Gaël Bonnefon, Laurie Charles, Camille Henri Clément, Marie Johanna Cornut, Ilemerfroid, Rémi Groussin, Marianne Plo, Manuel Pomar, Régates et Histoire(s), Marie Sirgue, Julien Tardieu, Béatrice Utrilla. Commisariat de Manuel Pomar. Du 12 au 11 juillet à la Fabrique Pola
28 Zut ! Culture Arts
Sublimer le réel PAR LISE GALLITRE PHOTOS PATRICK DURAND
29 Commissaire d’exposition en Espagne, au Mexique et au Jeu de Paume à Paris, Maria Inès Rodriguez est arrivée à la tête du CAPC en février 2014. Un an plus tard, elle a « pris ses marques » et déploie un projet ancré dans l’air du temps. Avec elle, le CAPC mise sur le partage des compétences, les collaborations et veut s’inscrire autrement dans la ville.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette première année bordelaise ? Un regard serein. Cette première année a été une année d’apprentissage et de découverte aussi bien du musée et de l’équipe avec laquelle je travaille que de la ville en elle-même. Les premiers temps à la tête d’un lieu comme celui-ci sont toujours très importants. Ils permettent de voir si les projets qu’on a en tête sont faisables et de s’adapter de fait à ce qui est déjà là. Justement, parlez-nous de votre projet ! Je souhaite mettre en valeur et en pratique l’idée selon laquelle un musée est une plateforme pour la connaissance. J’aime cette idée que le musée est un lieu capable de rassembler des réflexions, des projets, des forces, des idées et des compétences différentes. Aujourd’hui plus que jamais, il faut donner la parole aux artistes pour savoir ce qu’ils pensent du réel, afin d’obtenir une vision poétique, décalée ou sublimée de ce réel. Concernant mon projet de direction, il me semble important de développer le centre de recherche, afin de donner de la visibilité aux artistes. Par ailleurs, être à la direction d’un musée c’est aussi veiller à renforcer la collection : étudier dans quelle mesure nous pouvons acquérir de nouvelles pièces, trouver des financements et des partenaires qui nous permettent d’enrichir encore cette collection mythique. Dans le même temps, il faut continuer à mettre en valeur la collection déjà existante, la rendre plus visible grâce à des publications et au développement d’un projet de restauration.
Avant de le diriger, que représentait pour vous le CAPC ? Aussi bien par les expositions que par la cohérence de son programme et évidemment, le bâtiment en lui-même, le CAPC représentait pour moi une place forte de l’art contemporain. C’est un musée qui a une identité très forte, avec des projets toujours singuliers et si nous sommes là aujourd’hui, 40 ans après, ce n’est pas un hasard. Le CAPC est un musée qui allie ancrage territorial et rayonnement national et international. Un lieu qui compte. Vous évoquez souvent l’importance des réseaux et du travail mené entre différentes structures. Quel regard portez-vous sur la scène artistique et culturelle bordelaise ? Un regard très positif ! C’est une scène aussi variée que dynamique. Je pense ici par exemple à des structures comme Darwin ou la Fabrique Pola où travaillent des gens très talentueux qui essaient d’allier leurs idées et leurs forces pour avancer ensemble sur des projets. Cette idée de partage des talents et des compétences m’est chère et c’est quelque chose que je souhaite vraiment faire perdurer au sein du CAPC. Quels sont aujourd’hui les partenariats ou passerelles développés entre le CAPC et d’autres structures bordelaises ? Nous travaillons par exemple depuis un an avec l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (l’IJBA). Les étudiants peuvent ainsi faire des stages mais aussi des ateliers ou des petits reportages. Cette immersion dans le musée leur permet de varier leurs pratiques. Nous entretenons également de nombreuses collaborations avec des associations de la ville, qu’on invite à venir pour développer des projets.
30 Arts CAPC
Petite histoire du CAPC Le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, anciennement Centre d’Arts plastiques contemporains, a été créé en 1973 par Jean-Louis Froment, directeur jusqu’en 1996. Dès 1974, le CAPC s’installe dans l’Entrepôt Lainé (7, rue Ferrère), qui sera réaménagé plusieurs fois, notamment dans les années 1980 par les architectes Denis Valode et Jean Pistre avec les pièces de mobilier créées par Andrée Putman. S’ensuit une « ère Froment », une série d’expositions mythiques dans les années 1980 et 1990 : Daniel Buren, Mario Merz, Christian Boltanski, Richard Long, Yannis Kounellis. Lieu emblématique de la scène artistique et culturelle bordelaise, le CAPC accueille aujourd’hui de nombreuses expositions nationales et internationales à l’année mais aussi des conférences, des concerts ou des ateliers. — L’éternel dans l’instant : Andrée Putman au CAPC du 16 mai au 10 janvier 2016 — Que sais-je ? du 16 mai au 06 septembre — Laure Prouvost, Swallow, du 21 mai au 21 juin — Alexandro Jodorowsky, du 28 mai au 31 octobre
CAPC musée d'art contemporain 7, rue Ferrère 33000 Bordeaux 05 56 00 81 50 www.capc-bordeaux.fr
Régulièrement, nous échangeons aussi avec la Fabrique Pola, avec le musée des Beaux-Arts de Bordeaux et, bien sûr, avec le Frac Aquitaine. Fin 2014, nous avons ainsi travaillé avec le Frac autour de l’artiste Richard Long, et cette année nous organiserons conjointement un colloque sur la création en Afrique. Autre partenariat développé cette année, un projet mené entre le CAPC, l’Institut français d’Amérique Latine et la Résidence Soma de Mexico qui organise un programme de résidences croisées d’une durée de quatre mois entre jeunes artistes français et mexicains. Enfin, nous mettons en place avec le Jeu de Paume la huitième édition de la programmation satellite. Peut-on évoquez les prochains temps forts ? 2015 est une année un peu folle ! En mai, le CAPC accueille trois belles expositions : "L’écran : entre ici et ailleurs" de l’artiste Laure Prouvost, "Que sais-je ?", une très belle présentation de livres et éditions d’artistes de la collection de la Fondation Serralves et "L’éternel dans l’instant, Andrée Putman au CAPC", l’occasion de montrer notre exceptionnel mobilier. Et, bien sûr, la grande exposition d’Alejandro Jodorowsky. Elle est partie d’un dialogue
entamé avec lui il y a près de quatre ans : j’ai découvert un artiste avec une force de création incroyable et multiple, de la poésie au cinéma en passant par la bande dessinée, le dessin, la littérature, le théâtre ou la pantomime. Cette rétrospective retracera plus de 60 ans de travail. Pour faire écho et mettre en valeur son œuvre, nous avons invité l’architecte grec Andreas Angelidakis à scénographier la grande Nef, où seront montrées au public des archives rarement exposées. Une petite question chauvine pour finir, comment vous sentez-vous à Bordeaux ? J’y suis très heureuse, vraiment ! J’aime la ville, le quartier du musée et la Garonne. J’aime regarder la rivière chaque matin et voir que chaque jour elle est différente. Ça donne envie de faire la même chose, ça inspire ! Quand on souhaite mener un travail destiné aux gens de la ville, c’est très important de la connaître, de s’y promener, d’observer la vie de celles et ceux qui y vivent. De la même manière que j’aime l’idée que les projets que je mène inspirent la vie des gens, je constate que très souvent la vie des gens inspire mon travail.
32 Zut ! Culture Musique
La caresse de l´océan PAR EMMANUEL ABELA PHOTO RICHARD DUMAS
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Son dernier album et son deuxième livre le révèlent à nouveau : l’eau et les paysages reviennent comme des thèmes récurrents chez Dominique A. En écho à ses propres états d’âme, à un moment où il se sent en quête d’apaisement. Nous avons presque le sentiment que votre disque, Éléor, offre une extension au livre que vous avez publié en 2013, Y Revenir. Vous nous entraînez vers le Canada, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande, où vous avez composé le titre Nouvelles Vagues. Comme si vous exprimiez un besoin d’envol… J’avais sans doute besoin de points de chute pour écrire ces histoires. Y Revenir s’inscrivait dans un périmètre assez circonscrit, qui est lié à mon histoire personnelle [un retour à Provins, sa ville natale, ndlr]. Après, je dirais que les lieux qui sont évoqués dans les chansons ne sont que des points de départ, des prétextes à des histoires en résonance directe avec ma vie. Si je prends chacune des chansons qui fait allusion à un lieu, ce qui est raconté n’a rien à voir avec mon expérience personnelle. J’ai juste l’impression qu’une espèce de petite vibration se crée quand je dis certains mots, comme Central Otago. Ça résonne en moi, et il y a une histoire qui naît et l’envie de faire de la musique autour de ces mots-là. Ça reste assez mystérieux. Tout cela s’apparente à une cartographie, celle d’un marin par exemple. La chanson L’Océan – le titre du livre publié en avril est d’ailleurs Regarder l’Océan – semble dire beaucoup, sur vous mais aussi sur nous. Le lien établi avec le livre exprime quelque chose de métaphorique, mais de manière très basique. Il faut regarder l’océan comme on porte un regard sur une vie. Je trouve que la métaphore est assez parlante. Après, j’aime d’autant plus l’idée que j’entretiens ce rapport personnel à l’eau – j’ai besoin d’avoir de l’eau sous les yeux pour me sentir bien, un fleuve, la mer. C’est un peu une obsession qui s’est dessinée au fil des années. Le thème de la colère est venu en écrivant le texte, ce qui me permettait de sortir de la dimension trop contemplative de la chanson. J’aimais l’idée de l’eau comme symbole des mouvements maritimes et de la colère qui monte en soi. J’avais envie d’exprimer la majesté de cette vision-là, l’océan, et en même temps de la mettre en rapport avec un état intérieur.
Dans Y revenir, vous écrivez : « Ce qui marque le plus une personne, ce ne sont pas tant les expériences passées que les paysages dans lesquels elle a vécu. » Finalement, une personne est aussi constituée des paysages qu’elle fantasme… Le paysage n’est rien en soi, il ne vaut que par rapport aux états d’âme qu’il provoque. Le paysage, sa perception et les échos qu’il suscite, voilà des thèmes que j’adore. On retrouve cela dans Y revenir, c’est exprimé dans le disque et dans le livre Regarder l’océan. C’est un peu obsessionnel chez moi. De manière générale, on sent quand même une certaine solennité sur le disque, qui compense une forme de gravité. En tant qu’auditeur, je suis beaucoup en recherche de disques qui m’apaisent. Il y a toujours pour moi ce décalage, cette douce schizophrénie entre ce que je cherche sur un disque et ce que j’ai envie de donner sur une scène. Sur une scène, je n’arrive pas à me résoudre à la sérénité. Pour moi, il faut qu’il y ait cette idée de tension, d’électricité. Par contre, sur le disque je suis vraiment dans cette recherche d’apaisement, avec un rapport à la musique qui ne soit pas soumis à l’efficacité à tout prix. Et puis, surtout, je trouve qu’on a des vies un peu compliquées, que la société est vraiment dure. En tant qu’auditeur, je suis en attente de quelque chose qui se présente en porte-à-faux de tout cela. D’où l’envie de faire des disques qui dégagent une certaine douceur. Dominique A, Éléor, Cinq7 En concert le 22 mai au Krakatoa à Mérignac www.krakatoa.org
Naissance d’un écrivain Son premier livre, Y Revenir, nous avait saisi par la sincérité du témoignage. Dominique Ané s’y racontait avec une certaine humilité, tout en nous renseignant sur ses premiers émois artistiques à Provins, sa ville natale, en Seine-et-Marne. Mais ça restait le bel ouvrage d’un chanteur en marge de sa carrière musicale. Avec Regarder l’océan, il donne le sentiment d’aller beaucoup plus loin, même si les récits s’inscrivent une nouvelle fois dans son histoire propre. Avec une écriture nette, sans fioritures, il nous raconte la vie du jeune homme qu’il a dû être, en butte au regard des gamins de son patelin, avec cette volonté manifeste de les rejoindre tout en cultivant sa singularité. L’émotion est plus forte encore que dans sa première tentative parce que les histoires sont relatées avec cette distance qui les renforce. Peut-être libère-t-il enfin l’écrivain qu’il n’a jamais cessé d’être au fond de lui, sans posture ni prétention, mais en pleine conscience qu’un nouvel horizon textuel s’offre à lui désormais. Dominique Ané, Regarder l’océan, Stock / La Forêt
34 Zut ! Culture Instant Flash
Fille de belle famille
Emma de Caunes PAR CHARLOTTE SARIC ILLUSTRATION LAURÈNE BOGLIO
C’est une charmante « fille de » qui vient à nous, non sans débuter avec un petit acte manqué : une fois sortie de l’ascenseur, Emma de Caunes se rend compte qu’elle a oublié son pass. Une diva aurait diligenté le service d’étage pour qu’un double lui soit apporté, elle non. C’est une fille simple qui s’enquiert de son entourage, mais aussi des gens à qui elle vient présenter un film où il est question de faire le deuil du père. Mais nul besoin d’invoquer sa généalogie connue de tous, car dans ce salon d’hôtel où elle est en représentation, c’est plutôt de la famille du réalisateur dont, en filigrane, il est question. Tout a été écrit, filmé, interprété autour de cette idée. La famille technique : ceux avec qui on travaille depuis 15 ans, comme le réalisateur du film, Olivier Jahan, ou encore Diastème avec qui le « scénario a été écrit à quatre mains ». La famille scénaristique, car le film traite du deuil, celui d’un amour perdu et d’un père enterré. Pour sublimer Emma, la faire « renaître » au cinéma, Olivier Jahan fait de sa maison parentale le décor d’un film hanté par le souvenir paternel. Il y a dans le huis clos de cette maison bretonne une pulsion de retrouvailles, avec les vivants et les morts, et dans l’antre de cet hôtel
bordelais la réalité d’une rencontre avec une actrice pétillante qui admet sans se défaire de sa bonne humeur : « Après des années de quête, j’ai enfin réussi à construire quelque chose et ça vaut de l’or. » Ces promotions marathons pourraient l’épuiser, mais Emma de Caunes ne laisse rien paraître, rien ne la marque. Elle semble toujours avoir 18 ans. « Emma a un physique éternel », conclut Olivier Jahan. On peut être parent et rester, inexorablement, sémillant. Propos recueillis le 10 mars à l’hôtel Hyndo, à l’occasion de l’avant-première des Châteaux de Sable à l’UGC Ciné Cité
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36 Zut ! Culture Instant Flash
Plus Alain que Catherine
Alex Lutz PAR CHARLOTTE SARIC PHOTO PASCAL BASTIEN
On s’attend à rencontrer une personne, c’est finalement un trio qui nous fait face. Une offre spéciale, un double combo, un 2 x (1+1) – comme dans le film qu’ils présentent. Si la formule n’est ni très rentable ni très mathématique, en promotion comme dans le scénario, elle fonctionne bien. C’est donc entouré de ses deux meilleurs amis et acolytes professionnels, Bruno Sanches, avec qui il interprète le duo Catherine et Liliane dans le Petit Journal de Canal+ [Alex Lutz étant Catherine et Bruno Sanches, Liliane, ndlr] et Tom Dingler, le metteur en scène du même programme, que le grand blond se prête volontiers à « s’amuser des situations » et répondre à nos questions. Et de laisser croire qu’ils s’éclatent en endossant le polo et les lunettes de soleil ridicules que leur ont préparés les étudiants de l’EFAP qui les reçoivent pour cette « master class » (sic). Le Talent de mes Amis est une comédie en forme de déclaration d’amitié. Un peu comme si Alex Lutz avait profité de sa notoriété pour fournir une vitrine au talent de ses deux amis. C’est donc un film généreux, « une comédie mais pas que ». À l’écouter, on aurait envie de le rebaptiser Alain, en hommage au philosophe qui propos(e) sur le bonheur. Parce que ce qui l’a poussé à écrire ce scénario, c’est la lassitude provoquée par cette société où l’on est toujours « le jury de
l’autre » et où il faut avoir un rêve, alors que l’on pourrait être heureux, tout simplement. Alors il a voulu dire dans son film que « ne pas avoir de talent, ne pas avoir de destin exceptionnel ce n’est pas grave ». Ça donnerait presque envie d’écrire un portrait moyen, de se réjouir que ça ne mérite pas le Pulitzer. Et ça donnerait presque envie de retourner en Alsace, où les grands blonds semblent être des gens bons (même si celui-ci continue à préférer les bretzels aux cannelés). Propos recueillis le 7 avril à l’EFAP Bordeaux, à l’occasion de l’avant-première du film Le Talent de Mes Amis à l’UGC Ciné Cité
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38 SÉLECTIONS culture
EXPO
Dernier inventaire Félix Arnaudin, Le guetteur mélancolique, jusqu’au 31 octobre au musée d’Aquitaine www.musee-aquitainebordeaux.fr Visuels : Félix Arnaudin, Autoportrait, vers 1876 Félix Arnaudin, Jeune femme, fin XIXe siècle, coll. Musée d'Aquitaine
Félix Arnaudin est un artiste nostalgique. En 1857, la Grande Lande s’apprête à vivre un vrai bouleversement. La loi sur l’assainissement et la mise en culture marque l’entrée de la région dans un processus d’industrialisation. Vivant alors modestement de rentes et érudit, Arnaudin s’inscrit à contre-courant d’un air du temps qui se réjouit de ces changements. Il pressent que le mode de vie traditionnel auquel il est tant attaché est voué à disparaître rapidement. Il se mue dès lors en photographeethnographe, s’attachant à le documenter avec minutie et au moyen d’un lourd appareillage. Félix Arnaudin a consacré sa vie à un projet colossal : la collecte du patrimoine oral et la constitution d’une mémoire visuelle de la « Grande Lande ».
Ses images et les notes et documents qui les accompagnent s’organisent en quatre axes : paysages ruraux, portraits, bâti, scènes de la vie quotidienne. Le musée d’Aquitaine expose aujourd’hui 260 images, révélant Arnaudin comme un véritable photographe… (S.D.)
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MUSIQUE
FESTIVAL
Tous en sons
Ça fait dub(ien) !
2e édition pour Scènes en ville qui invite dans la cour de l’hôtel de ville des formations de la région à faire découvrir leur musique. Rendez-vous tous les jeudis de juillet pour deux concerts gratuits dans un cadre prestigieux. Au programme : musique classique le 2 juillet, avec notamment les 40 chanteurs du chœur de l’Opéra de Bordeaux. Harmonies et percussions le 9 avec le brass band BorGiAq et le collectif Les Surprises qui sévit dans les répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles. Soirée rock pop le 16 avec les groupes bordelais Girafes et Pendentif. Programme jazz le 23 juillet pour clore l’affiche, avec le swing des années 40-50 de Flora Estel et Hot Pepino sextet et les rythmes hispaniques de Taldea. Une programmation grande ouverte pour un été en musique à destination de tous les Bordelais et des visiteurs. (S.D.) Scènes en ville, du 2 au 23 juillet dans la cour de l’hôtel de ville www.bordeaux.fr Visuel : Le groupe Pendentif, en concert le 16 juillet © freak fabric
So Good Festival le 6 juin au parc du centre Simone Signoret à Canéjan www.facebook.com/sogoodfestival Visuel : Cotton Claw © Laurène Berchoteau
Beat makers et représentants du dub, dubstep et reggae s’affichent au So Good Festival dans une ambiance détendue et festive à quelques pas de la ville. Le + ? La possibilité de camper gratos et donc de profiter à 100% de la nuit entre explosions électroniques et transe exaltante. L’association Volume 4 Productions a cette année invité les quatre loustics de Cotton Claw qui, leur premier album Volutes sous le bras, se sont lancés avec brio à la conquête d’une blogosphère prête à en découdre avec leurs beats sautillants et leur house profonde. Le dub d’Alpha Steppa, producteur londonien biberonné à la bass music anglaise, nous abreuvera de basses lourdes quand les Mahom nous berceront dans une ambiance planante. Côté local, on retrouvera les Bordelais de Roots Zombie et Dub Browser. La nouveauté : un apéro dub gratuit animé par Infinity Hi-fi, en plein air ou abrité, en tout cas arrosé de bonnes vibes. (C.B.)
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SPECTACLE
Kinenveut ? Comment évoquer François Morel sans se souvenir du légendaire « Oh ! Ben alors ! » lancé au chien pissant sur la fleur défraîchie devant un fameux rideau de fer ? Oui, Les Deschiens, c’est tout lui : un mec de la France d’en bas (il est originaire de Normandie, loin, bien loin, des feux de la rampe parisiens) à la grande gueule mais au regard bienveillant. Lui qui dit préférer « les rillettes à la coke » déclame désormais tous les vendredis sur France Inter son billet d’humeur, billet d’humour jamais ricanant, à la fois poétique et lucide, dressant un portrait souvent absurde, parfois mordant de notre société. Le tout en ne passant jamais la limite du donneur de leçons. Une chance pour nous, spectateurs : François Morel, plus attaché à la scène qu’à la radio ou la télévision, continue donc de dire discrètement et avec beaucoup de talent son engagement pour un monde meilleur tout en nous faisant rire aux éclats. Un comédien rare. (C.B.) François Morel, les 30 et 31 mai au Théâtre Fémina www.theatrefemina.fr Photo : Franck Moreau
EXPO
Folie faïence De David Johnston à Jules Vieillard, l’ivresse Darrigade, du 13 mai au 21 septembre au musée des Arts décoratifs et du design www.bordeaux.fr Visuel : Vue d'un mur de la cuisine de Jacques et Laurence Darrigade © JC Garcia, musée des Arts décoratifs et du design, Bordeaux
L’an passé, le musée des Arts décoratifs et du design avait inauguré un stimulant cycle d’expositions consacré aux collections et aux collectionneurs. Un sujet dans l’air du temps qui, au delà des pièces exposées, pose aussi la parfois inquiétante question de la collection, et celle, plus universelle, du lien que nous entretenons avec les objets. Jacques et Laurence Darrigade présentent ainsi leur remarquable et pléthorique ensemble de céramiques de Vieillard. Une collection qu’ils constituent depuis près de 25 ans et qui reflète désormais assez précisément la production de la manufacture au XIXe siècle (on l’appelle Vieillard par commodité mais elle connut en réalité plusieurs étapes, notamment sous la houlette de l’Irlandais Daniel Johnston). Cette exposition raconte à la fois une passion qui envahit leur intérieur du sol au plafond et une histoire culturelle, politique et économique de la ville. (S.D.)
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LITTÉRATURE
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EXPO
Forza Italie ! Le soleil, la gastronomie, le design, la mode et aussi… la peinture. Décidément, toutes nos envies nous amènent vers l’Italie. Aussi, l’exposition Bordeaux-Italie se penchent sur les liens esthétiques (et plus si affinités) qui ont rapproché la ville de notre péninsule préférée ? Le musée des Beaux-arts revient sur quatre siècles de relations en une exposition divisée en trois parties présentant 110 dessins, peintures, sculptures ou photographies. La première reviendra sur le goût bordelais pour l’art italien avec la présentation d’acquisitions locales et d’œuvres de collectionneurs, la seconde sur l’évocation de l’Italie par ses paysages ou par son histoire et enfin l’étude des maîtres italiens par des peintres, dessinateurs et sculpteurs bordelais des XIXe et XXe siècles. De quoi s’extasier encore et encore sur ce beau pays. (C.B.) Bordeaux-Italie échanges, visions et artistiques XVIIe-XXe siècles du 7 mai au 7 septembre à la Galerie des Beaux-Arts www.musba-bordeaux.fr Visuel : Jean Alaux dit le Romain, Le Xanthe, début 19e siècle © MBA, DGAC Bordeaux
C’est sur les hauteurs de Saint-Maixant, au Domaine de Malagar, ancienne demeure familiale de François Mauriac, que chaque été depuis quatre ans un couple d’acteurs vient donner vie et voix aux écrits du grand écrivain bordelais. Une sélection de trois textes, qui cette année s’articulent autour de la thématique des écrivains et des femmes dans l’œuvre mauriacienne, seront lus dans trois lieux du château : au verger, sous le grand tilleul ou au potager. De la littérature mais aussi le plaisir bucolique d’un dîner sur l’herbe aux premières chaleurs d’été pour les « lectambules » présents. Cette nuit de la lecture s’inscrit dans le cadre de la deuxième journée du réseau des Maisons d’écrivains d’Aquitaine (MEA), qui lui confère une dimension nationale. Un événement dont le couple de comédiens est pour l’heure encore tenu secret… (C.S.) La nuit de la lecture le 4 juillet Domaine de Malagar à Saint-Maixant Réservation obligatoire : malagar.aquitaine.fr Visuel : Pierre Arditi et Evelyne Bouix à Malagar en 2014
EXPO
Mythologie Roland Barthes aurait eu 100 ans. Le Frac Aquitaine rend hommage à l’une des plus grandes figures de la pensée du XXe siècle à travers deux expositions, rassemblées sous l’intitulé Lumières de Roland Barthes. Elles confrontent des œuvres de la collection du Frac aux souvenirs de l’auteur qui vouait à cette région un profond attachement. La première juxtapose ainsi des photographies contemporaines à des dessins réalisés par Barthes sur le lieu de ses vacances, à Urt dans le Pays basque. La deuxième, organisée au Centre d’art Image/Imatge, explore plutôt l’imaginaire et les souvenirs liés à la maison familiale de Barthes, à deux pas de là. Deux manières d’envisager avec poésie et délicatesse une postérité théorique et esthétique essentielle. (C.B.) L’écrivain en vacances : sur la plage, du 21 mai au 29 août au Frac Aquitaine www.frac-aquitaine.net Lunettes noires et chambre claire, du 22 mai au 12 septembre au Centre d’art Image/Imatge à Orthez www.image-imatge.org Visuel : John Pfahl, Coconut Palm horizon, Kona Coast, Hawaï, série Altered Landscapes, mars 1978. Collection Frac Aquitaine Photo : Dominique Fontenat
B O R D E A U X - G R A N D S H O M M E S - W W W. O P T I K A - B O R D E A U X . F R
Cahier tendances
Visuel Myriam Commot-Delon & Alexis Delon / Preview
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Veste en cuir et soie, jupe-short et dĂŠbardeur Rick Owens chez Axsum. Lunettes de soleil Fendi x Thierry Lasry. Sandales Ă talons bois et cuir Saint Laurent Paris. Bague en or rose et brillants, collection Pois moi Roberto Coin.
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mademoiselle Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon
Maillot de bain une pièce Rachel Pappo. Pendentif en or jaune, brillant et pietersite sur cordon Eric Humbert. Sandales à talons bois et cuir Saint Laurent Paris.
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Trench bicolore Moschino. Sandales en daim Stuart Weitzman chez Michard Ardillier. À droite : Robe Telima en viscose et coton Isabel Marant chez Axsum. Bracelet en métal or Balenciaga. Lunettes de soleil Daria Isabel Marant x Oliver Peoples. Posé sur la chaise, petit sac seau en cuir Emmanuelle Saint Laurent Paris.
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Veste Margaux en lurex argenté Maje aux Galeries Lafayette Bordeaux. Pendentif en or rose et diamant poire, collection 360°, La brune et la blonde chez Mornier. Porté en collier, élément décoratif La Villa 1901.
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Top Livier en macramé de coton et jupe Jonquille en dentelle de coton ajourée Maje aux Galeries Lafayette Bordeaux. Sabots en bois et cuir Prada. Joncs en argent en or et charm en argent, verre et zircons, bracelet Essence Collection en argent et fermoir or, charmes Intuition, Créativité et Espoir, le tout Pandora.
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Top en coton perforĂŠ Isabel Marant chez Axsum. Short en jacquard de coton Iro. Bracelet et bague, or rose et brillants, collection Pois moi Roberto Coin.
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Maillot de bain deux-pièces Anna Club by La Perla. Sandales en daim Love Fringe Stuart Weitzman chez Michard Ardillier. Pendentif en or rose et diamant poire, collection 360° La brune et la blonde chez Mornier et bracelet et bague en or rose et brillants, collection Pois moi Roberto Coin. Coussins et courtepointes en velours Caravane.
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Mannequin Hélène M / Up Models www.upmodels.fr Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.avilacoiffure.fr Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Maquillage réalisé avec les produits M.A.C Cosmetics aux Galeries Lafayette www.maccosmetics.fr Post-prod Emmanuel Van Hecke et Camille Vogeleisen / Preview Assistant Anthony Gaborit
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Manteau ceinturé de cuir en tissu jacquard pailleté et blouse à manches courtes en coton lurex, les deux Manila Grace. Jean Harem Fendi. Sabots en bois et cuir Prada – Lunettes Fendi. Joncs en argent et or et charm en or, argent, verre et zircons, bracelet Essence Collection, le tout Pandora.
56 Zut ! Tendances § Orbite
Les détails qui tuent Des nouveautés P/É 2015 qui nous mettent en émoi.
À tomber et à faire tomber les hommes à ses pieds, les stilettos Louis Felix élèvent et cambrent sans jamais martyriser. louisfelix-boutique.com Pop-up stores éphémères sur les routes de France (suivre sur la page Facebook)
Les codes Avec un grand-père paternel formier (Louis) et un grand-père maternel bottier (Felix), Billy Lagré a de qui tenir et de quoi maintenir un héritage familial qu’il ancre en France, avec un atelier à Chemillé-Melay dans les Pays de la Loire.
Les détails Adoubés par Daphné Bürki, ces escarpins sont les seuls à avoir un talon d’un seul tenant. Magnifiés par du lézard, du crocodile, des daims soyeux et des cuirs souples, ce sont les souliers de vair 2.0. (C.S.)
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Juste, affutée et abordable, la capsule Marius et Léonie x Version Originale aux Galeries Lafayette. Galeries Lafayette 11-19, rue Sainte Catherine www.galerieslafayette.com
Les codes Léonie Hostettler et Marius Borgeaud – jeune duo ayant fait ses armes chez Nina Ricci auprès d’Olivier Theyskens – nous livrent une garde-robe moderne mais un brin délurée.
Les détails Les franges fouettent le dos d’un perfecto, la saharienne perd ses manches (amovibles), le trench se porte avec un jean flare et les découpes et perforations apportent sophistication et raffinement. (M.C.D)
58 Zut ! Tendances § Flash StreetMood
Up to date PAR CHARLOTTE SARIC
Avant d’y plonger pour de vrai, un saut dans la grande bleue.
Sunproof Lunetier italien, L.G.R propose une ligne où le stylisme est au service de la qualité exceptionnelle des verres. À faire s’éclipser tous les soleils. Où ? Chez Optika 14, galerie des Grands Hommes www.optika-bordeaux.fr
Tropical Originaire du Cap-Ferret, l’artiste peintre Marguerite Bartherotte, aka G.Kero, a fait du tissu sa toile d’expression. On meurt d’envie d’être son exposition mouvante permanente. Où ? Chez L’île bleue 22, rue de la Porte Dijeaux www.ile-bleue.fr
Sandale Connue pour ses bijoux en céramique et en laiton, Anne Thomas a lancé depuis quatre saisons une collection de chaussures aux lignes classiques mais terriblement mode. Des nu-pieds de sept lieux. Où ? Chez Idk-lé 19, rue du Pas-Saint-Georges 05 56 79 25 18
Vital
Waterproof
Le Baume des Tigresses ne doit pas disparaître des sacs à main quand l’hiver touche à sa fin. On le glisse donc dans son cabas, et on continue de s’adoucir les mains avec cette texture fine et fondante (mais sans silicone !). Le + : son odeur régressive et subtile de guimauve.
Tous les bijoux Ila Bella sont confectionnés à partir de matières nobles et semi-précieuses, de sorte à être inaltérables dans les eaux salées et chlorées. Une touche de finesse à arborer sur peau dorée.
Où ? Chez Mint Bazar 48, rue du Pas-Saint-Georges 09 66 01 37 56
Où ? Chez Matsaï Mara 20, rue du Pas-Saint-George www.matsai-mara.com et chez G&H - 5, rue des Ayres www.bijoux-gh.com
60 Zut ! Tendances § Street
Urban Urban Styles Styles RÉALISATION ADRIEN NAVARRO ET CHARLOTTE SARIC PHOTOS SARAH ARNOULD
Ken
Marion
Yoann
Dessinateur et portraitiste 32 ans
Étudiante aux Beaux-Arts 23 ans
Photographe 31 ans
Short en jean délavé, débardeur homemade représentant Pan-Pan « s’extirpant » de Bambi, casquette et tennis légères en tissu mexicain : Ken se construit un style décalé et plein de peps.
Raccord avec les premiers rayons de soleil, la jeune artiste s’est habillée de fringues chinées. Elle sublime le jean mommy d’un top loose romantique et d’un headband floral et métal. Sinon, on débriefe les tongs ?
Archétype du hipster à barbe fournie et lunettes écailles, Yoann porte beau le total look denim super fitté. Multiples bagues pour la crédibilité motard quand il enfourche sa bécane, il maîtrise parfaitement la dualité entre look branché et low profile.
Un titre pour qualifier ton style ? Blocks and Blocks de Voyage. Un son des années 80 : ça déménage, c’est dansant, joyeux tout en étant « chelou », j’adhère complètement ! Un fashion faux pas ? Ça remonte à loin mais j’ai osé le pantalon à la Tintin, rentré dans les chaussettes. On ne fait pas les choses à moitié quand on décide de se lancer dans un fashion faux pas !
Ton style en un mot ? Tu trouves que j’ai un style ? Ton bar à Bordeaux ? Le Café Pompier, ma deuxième maison. Mais aussi Le Vintage et le restaurant Kokomo.
Le titre qui définit ton style ? Make Yourself d’Incubus. Tout est dit. Un Zut ? La nuque longue en 1994 [à la grande époque de Tony Vairelles, ndlr].
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Hélène Étudiante en photographie 24 ans Jupe moulante à carreaux, T-shirt Jurassic Park et Converses : un style personnel qui joue sur l’anachronisme et se moque gentiment de la mode. Ton dernier achat mode ? Une paire de Converses, intemporelles ! Je les ai chinées chez Freep Show, une friperie qui saura ravir tous les styles. Ta dernière expo ? Itinéraire des photographes voyageurs à la Cour Mably. Parfait pour voyager tout en s’inspirant du travail pointu de ces photographes souvent talentueux !
62 SÉLECTIONS tendances
MODE
Allure & poésie Un de nos looks préférés dans la collection P-É 2015 de Lilith ? : ce manteau d’été, pantalon flare et blouse boutonnée nette, à porter bien entendu avec une coupe de cheveux Patti Smith époque Horses. (M.C.D.)
Aline Diépois & Thomas Gizolme / Lilith
Lilith, 27, rue des Remparts à Bordeaux www.lilith.fr
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PARFUM
Créée par la passionnée Micheline Favreau-Cerrato et fabriquée à Grasse, l’Eau de Bordeaux est une senteur intemporelle et délicate aux notes de bergamote, réséda et bois de santal. Un cadeau à (s’)offrir bien plus original qu’une carte postale de la Garonne. (C.S.) Eau de Bordeaux, disponible à la Parfumerie de l’Opéra 10 bis, allée de Tourny www.leau-de-bordeaux.fr
Visuel : collection Sessun
Illustration : Laurène Boglio
Parfum d’Alain J.
SHOPPING
Un point c’est toi
NEW
Nouvelle Co ! Marlow & Co disponible chez Edith 6, place Fernand Lafargue www.edithstore.fr et en ligne sur insidecloset-shop.com
Londonienne diplômée du Studio Berçot (comme une certaine Isabelle Marant) et Bordelaise d’adoption, Alexis Tuersley débarque avec une extravagante nouvelle collection P-É oscillant entre street wear grunge 90’s à l’anglaise et raffinement parisien bien de chez nous. (A.N.)
Zazie Rousseau, aka Vanessa de Castilho, débarque au cœur du quartier des Chartrons. Dans cette hybride boutique-boudoir, elle vous accueille d’un généreux sourire angloportugais et de conseils pointus et clairvoyants. Multimarque conçu et mu par le bon goût et les dernières tendances, c’est le lieu idoine pour parfaire sa garde-robe d’une jolie pièce d’été Sessun, Filippa K ou Yerse notamment. (C.S.) Zazie Rousseau 14, rue Sicard www.zazie-rousseau.com
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ACCESSOIRES
Must have Si dentelles et coton ajouré s’affichent dans toutes les garde-robes, les voici aussi à nos pieds avec ce modèle de derbies chic et discret signé Heschung. (C.B.)
Derby Diane disponible en deux coloris (blanc et platine) Heschung 14, place des Grands Hommes www.heschung.com
BIJOUX
Ugh, Apache ! Apache 47, rue Saint-James 09 81 72 65 39
Bordelaises, sortez de vos tipis ! Les créations Apache colonisent Bordeaux pour vous protéger contre l’esprit malveillant du fashion faux pas. Manchette sioux au tissage coloré, headbands sur mesure, bagues, boucles d’oreilles ou sautoirs, toutes ses créations sont dorées d’or fin et, surtout, déclinables au gré de vos envies ! Le tout confectionné dans un atelier-boutique décoré de bois flottants, de motifs amérindiens et autres attrape rêves. (A.N.)
ACCESSOIRES
À bicyclette Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins… il nous manquait une sacoche de qualité. C’est chose faite grâce à la marque ! Voilà une sacoche de vélo grande capacité à poser sur le portebagage, qui se transforme et s’emporte comme une belle besace à porter en bandoulière. On adore celle en lin kaki pour suivre la tendance army. (C.S.) E-shop et liste des points de vente à Bordeaux et ailleurs sur www.tienyse.com
Au Fauteuil
Coiffeur & Barbier 67, Rue du Palais Gallien
05.56.81.49.28
Ouvert du Lundi au Samedi. Nocturnes les Jeudis
Cahier lifestyle
Visuel Myriam Commot-Delon & Alexis Delon / Preview Maison en verre, Râder à la Galerie Fou du Roi.
68 Zut ! Lifestyle × Sur-mesure
Luxe, malles et volupté TEXTE ET PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
Qui n’a pas rêvé de parcourir le monde avec pour tout bagage une superbe malle de voyage ? Avec Ephtée, Franck Tressens perpétue le savoir faire des maîtres malletiers français en créant des objets sur-mesure, remarquables et totalement intemporels. Rencontre avec le maître de bord dans son atelier de Cenon, près de Bordeaux.
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Au centre d’un hôtel d’entreprises se cache le discret atelier Ephtée. Quelques pas vers le bâtiment suffisent pour humer l’odeur si particulière du bois, du cuir et de la colle mélangée. Un parfum envoûtant pour qui aime cette ambiance d’atelier artisanal. Dans l’endroit d’abord silencieux résonnent les bruits mats d’un pistolet compresseur. Au rez-de-chaussée, un fût monumental formera la structure d’une future malle. Sur la rambarde de l’escalier industriel qui mène à l’espace finition trônent des larges peaux de cuir pleine fleur. La petite équipe d’Ephtée apporte les dernières touches à une commande pour les boutiques du chausseur patineur dandy J.M. Le Gazel à Paris. Les malles doivent être expédiées demain, le temps est compté. Vêtu d’un tablier de cordonnier en cuir, Vincent Jacquinot, le maroquinier, s’attaque au contrecollage des peaux qui viendront garnir l’intérieur d’un ensemble de malles en cuir blanc. Sa collègue, Volcie Descudet, prépare méticuleusement les cornières qui habilleront toutes les arêtes. Assis derrière sa « malle-secrétaire », Franck Tressens prend le temps de nous parler. Sur la table en cuir grainé, des dizaines de cahiers crayonnés, des modèles dessinés au feutre noir. Le voyage peut commencer. D’agent immobilier à malletier Enfant déjà, Franck bricolait dans le garage de son père : « Il avait un vague établi et deux trois outils de fortune, raconte-t-il. En m’offrant peu de jouets, mes parents ont suscité en moi la curiosité et la frustration. Alors dès que je voyais quelque chose qui me faisait rêver dans le catalogue Manufrance, avec quelques bouts de bois je me fabriquais des petites voitures ou divers objets. Et c’était chouette car déjà je faisais fonctionner mes méninges pour recréer ce que je voyais sur des photos. » Dans une première vie, Franck fut agent immobilier. « Une vraie erreur d’aiguillage », précise-t-il, non sans regrets. À l’époque déjà, il voue une passion peu
commune aux souliers : les beaux, les faits mains, les plutôt chers. « C’est cette passion qui m’a fait créer des malles. Aujourd’hui j’ai 22 paires de souliers, mais que du beau !, précise-t-il amusé. Avec mon premier salaire, je me suis acheté une paire de Church’s. Un jour je me suis dit : ce serait bien que je me confectionne quelque chose pour y entreposer tous les accessoires de cirage, et pourquoi pas les souliers eux-mêmes. J’ai commencé à dessiner mes premières mallettes. La journée, je vendais des appartements, le soir, je bricolais des coffrets à chaussures et à produits d’entretien. » Un jour, le responsable de Church’s France découvre son travail et l’encourage dans
cette voie. Le jeune homme de 35 ans fait alors fait table rase du passé et profite du petit pécule laissé par son père pour étudier le marché, dessiner des dizaines de prototypes avant de se jeter à l’eau. « J’avais un listing de marques à contacter. Des marques qui n’étaient pas ma cible première, avec qui je ne risquais pas gros si je me plantais, avoue-t-il comme pour glisser un bon conseil. Mais ça a marché ! La chance, une bonne étoile ou simplement des produits qui ont rencontré un besoin. » Il conçoit alors des mallettes pour femmes dans lesquelles chaque détails compte. Des rubans, des peausseries délicates : « Certaines VIP en étaient folles. » À ses débuts, Franck travaille seul
70 Sur-mesure × Atelier Ephtée
– le plus souvent dans l’urgence – et soustraite certaines étapes lorsqu’il ne maîtrise pas le savoir-faire. Ses week-ends n’en sont pas, ses journées sont longues et ses nuits sans sommeil, à imaginer toujours de nouveaux produits. La commande décisive viendra de la maison A. Testoni, une marque italienne avec deux boutiques à Paris. « Ça m’a donné la niaque, les bases pour développer Ephtée. » S’en suivent un premier article dans la presse et quelques commandes particulières. « J’ai perdu de l’argent à l’époque mais ces gens m’ont permis de peaufiner mon savoir-faire, d’assurer ma créativité et de me donner de l’assurance pour m’attaquer à des plus gros », poursuit-il fièrement. Ode à l’élégance Aujourd’hui, Ephtée est devenue une référence pour de richissimes particuliers ou des marques du monde du luxe : Lanvin, l’hôtel Byblos de Saint-Tropez, Baccarat, Harry Winston, le château de Caïx, propriété du Prince du Danemark, ou encore tout récemment Rolls Royce. Chaque fois ce sont des cartes blanches que Franck appelle des one shot : « On est bons là-dedans. Ça correspond au côté unique de l’objet. La malle, c’est très particulier : on ne se lève pas le matin en se disant qu’on va s’en acheter une… » D’autant que l’image qu’on s’en fait peut être désuète, même si très chic. « Tout le monde a des images un peu cliché : les transatlantiques, les premiers vols longs courriers, les palaces et les stars avec leur montagne de bagages siglés. On touche à ça, on touche au rêve. On est à Cenon, dans un petit atelier sans prétention et
malgré tout, il y a de la poésie dans l’air parce que ces objets racontent de belles histoires. » L’époque n’est plus aux voyages transatlantiques, mais l’objet conserve sa force évocatrice. « La grande majorité de nos malles sont sédentaires, explique Franck Tressens. C’est un objet de décoration élégant, pratique, compartimenté, empilable, et intemporel. C’est une pièce d’ameublement qui vous suivra partout et c’est surtout un patrimoine qui se transmet. » Si Franck Tressens avoue passer moins de temps en production, chaque objet part d’un simple dessin qu’il réalise à l’instinct. « Je n’ai aucun talent pour ça et pourtant, c’est sur ce genre de croquis que certains clients s’engagent sur 40, 50 ou 60 000 euros », s’étonne-t-il toujours. Toutes les pièces Ephtée sont des créations originales, entièrement faites à la main, personnalisées jusque dans les moindres détails, comme avec ces initiales élégamment dissimulées sous un loquet de cuir ou ces petits tiroirs tapissés de suédine. « Contrairement à certains de nos prestigieux concurrents, nous réalisons des produits sur mesure, à 100% dans notre atelier de Cenon. Aucun sous-traitant en France ou à l’étranger n’intervient sur nos produits. Nous garantissons le luxe français », raconte fièrement le créateur. Si
l’extérieur est volontairement classique avec un cuir gold, une toile enduite et des couleurs intemporelles, Ephtée joue avec les intérieurs en créant l’effet Waouh. « Aujourd’hui, vous êtes client d’Ephtée, je vous regarde droit dans les yeux, et j’exécute rien que pour vous le moindre de vos désirs. » Les malles restent le produit phare de la maison mais Franck Tressens a su se diversifier en proposant tout un éventail de contenants : des bourses pour montre, des sacs en cuir, des coffres à bijoux et autres écrins. Depuis peu, Ephtée travaille sur deux malles XXL pour L’Atelier du cireur des Aéroports de Paris : un concept-store consacré à l’entretien du soulier. Pour cette petite entreprise bordelaise, c’est un prestigieux client qui, d’une certaine façon, l’emmène dans ses bagages. « Ce projet est suivi avec intérêt par certains à Dubaï… », se réjouit Franck. Tout comme ses malles, Ephtée « a traversé de grosses tempêtes, avoue-t-il encore secoué. Mais on est encore là et ça marche plutôt bien ». L’Atelier Ephtée de Bordeaux 11, rue Aristide Briand à Cenon 05 56 86 95 83 06 82 48 22 62 www.ephtee.com
72 Zut ! Lifestyle × Design
C’est tout nouveau ! PAR MYRIAM COMMOT-DELON
Design, déco, boutiques… Zut ! vous dévoile ses coups de cœur de saison.
Les vases Ruutu signés par les designers français Ronan et Erwan Bouroullec pour la marque finlandaise Iittala sont une prouesse technique et un chef-d’œuvre de simplicité. 10 vases en verre soufflé aux teintes pastel qui se déclinent en 5 tailles et 7 coloris, un bel éventail de possibilités pour créer sa propre composition. www.iittala.com
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Inga Sempé Inga Sempe © SofiaSanchez-MauroMongiello
Née dans une famille d’artistes – fille de l’illustrateur Sempé et de la peintre Mette Ivers –, compagne de Ronan Bouroullec, elle a déjà tout d’une très grande dame du design français ! On aime son regard poétique et optimiste sur les objets et le mobilier. Sa réflexion ingénieuse et délicate se ressent dans toutes ses créations. Un féminin jamais chichiteux et d’une simplicité jamais ennuyeuse. 1 / Des carrelages aux nuances douces, recouverts de crayonnés délicats pour l’éditeur de céramique italienne Mutina. Collection Tratti, Mutina - www.mutina.it 2 / Évoquant les sièges d’avion, Beau Fixe est un canapé deux places édité chez Ligne Roset. Enveloppant, rose poudré et diablement aérien, on veut bien y voyager quotidiennement ! La collection comprend aussi un pouf et un fauteuil. Ligne Roset chez Versusmobili 214, avenue de la Marne à Bordeaux Mérignac www.versusmobili.com
1
3
3 / Ludique, cette lampe de table parasol en aluminium est à poser ou à pincer. Sempé w153, Wästberg, disponible en juin 2015 www.wastberg.com www.ingasempe.fr
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74 Zut ! Lifestyle × Design
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Savoir-fer Avec Fermob, les terrasses font envie. 1 / On se balance et on se dore au soleil, bien installés dans la nouvelle version à bascule du fauteuil Luxembourg. 2 / Cette saison, le designer britannique Terence Conran signe la collection Kintbury en revisitant avec finesse et élégance les codes des jardins anglais.
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3 / Pour cuisiner au milieu des herbes aromatiques ou rempoter avec praticité, la jardinière Terraza des designers Italiens Pocci & Dondoli se dote d’une planche en bois, d’un tiroir, et de poignées latérales pour la déplacer facilement. Les collections Fermob sont disponibles chez Dimapco 255, avenue de Saint-Médard à Eysines 3
Chemin de la Burthe à Floirac www.dimapco.fr
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Moodern À la fois contemporain et chaleureux, épuré et bohème, aux matériaux bruts et raffinés : l’univers de la designer française Sarah Lavoine a tout pour nous faire succomber. Les meubles et objets de sa nouvelle collection, inspirée par les couleurs et les formes de l'Inde, du Maroc ou du Japon, est à nouveau hautement désirable. Des éléments qu’elle associe en des ambiances audacieuses. Le + ? Sarah Lavoine signe cette saison sa 1ère ligne art de la table, aux couleurs de la Sicile.
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1/ Tapis Kilim (à commander dans différentes dimensions et couleurs) 2
2 / Table basse Tokyo, deux plateaux en acier ciré. 3 / Service de table en céramique Sicilia, Sarah Lavoine x Maison Jars 4 / Banc Le Tube en tubulaire, assise et dossier recouverts de tissu rose (d’autres couleurs sont disponibles dans le nuancier Sarah Lavoine). Collection Sarah Lavoine, chez Atelier 29 14, cours de Verdun 05 56 38 81 05
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76 Zut ! Lifestyle × Design
Super moderne Ligne Roset réédite les principales pièces de la toute première collection de Pierre Paulin, créée dans les années 50. Exposés en février-mars 1953 au Salon des Arts ménagers, dans la section du Foyer d’Aujourd’hui, ces meubles sont toujours aussi désirables et d’une indéniable élégance nordique. Des pépites pour les amoureux du design fifties. Formé à l’École Camondo puis chez Pierre Guariche, Pierre Paulin, auteur de meubles organiques et sculpturaux comme de l’agencement des bureaux de l’Élysée, avait pour référence Le Corbusier, Charles Eames, Aalvar Aalto, l’architecture traditionnelle japonaise et le design scandinave… Bref, tout ce qu’on aime par dessus tout ! Classique et précurseur, visionnaire et moderne, il cherchait la forme juste et le bon équilibre pour chacun de ses meubles. D’où la difficulté de choisir entre sa banquette Daybed en hêtre et noyer américain, son Secrétaire mural, le canapé et le fauteuil Archi (1962). De « vrais » meubles d’aujourd’hui. Collection Pierre Paulin / Ligne Roset chez Versus Mobili 214, avenue de la Marne à Bordeaux Mérignac www.versusmobili.com
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Ampoulé Le designer Søren Kjær Rose s’est inspiré du style rétro chic industriel des années 30 et de son quartier de résidence new-yorkais pour signer chez Menu, la nouvelle collection de luminaires en laiton qui donnera à votre salon des airs de loft à Tribeca. Collection Tribeca Menu store.menudesignshop.com
Artisanal Regain des couleurs terre cuite — Galets. Set de 3 plats Namasté, en mélamine, design Jean-Marie Massaud, Kartell 1, quai Richelieu 05 57 81 85 17 www.kartell.it — Tronc. Vase Tree Trunk en céramique, design Richard Woods, Wrong for Hay www.wrongforhay.com — Openfield. Carrelage Tierra Collection, en céramique, design Patricia Urquiola, Mutina www.mutina.it Suspension Franklin, collection Tribeca, Menu
78 Zut ! Lifestyle × Hôtellerie
Feng shui comme chez vous TEXTE ET PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
Voici une adresse que les Arcachonnais auraient aimé garder secrète. À quelques battements d’ailes de la plage Pereire et de la jetée des marins, l’hôtel Home a ouvert ses portes il y a quelques mois. Une halte reposante et intimiste pour se reposer de la frénésie estivale. L’hôtel Home, c’est l’histoire d’une belle demeure arcachonnaise du XIX e siècle, devenue après rénovation le rendezvous des voyageurs. Auparavant, Estelle Greffeuille et Charles-Hugo Hany étaient restaurateurs au Pyla : « Nous avions envie de souffler, de passer plus de temps avec nos hôtes, de rencontrer des gens d’ailleurs. » Il y a deux ans, le couple découvre, dans un quartier résidentiel excentré, un hôtel à vendre. Si le bâtiment est un brin
désuet, son potentiel saute aux yeux : après sept mois de travaux, le résultat tient à la fois de l’hôtel de charme, de la maison d’hôtes et de la villa familiale. L’idée des nouveaux propriétaires était de créer une ambiance « comme à la maison » : douillette, reposante et confortable. Derrière le superbe bardage en bois Douglas, qui fait écho aux cabanes tchanquées du bassin, l’hôtel Home propose 10 chambres avec terrasse ou balcon, décorées avec soin par Estelle et où se mêlent objets chinés et rééditions. Au rez-de-chaussée, un magnifique salonbar flanqué de tables et fauteuils vintages, d’une banquette en velours gris et de chaises années 50. Le volume se prolonge par un patio géométrique d’un côté et une terrasse ombragée de l’autre. « J’ai privilégié la couleur aux murs plutôt que dans les accessoires », explique Estelle. Des choix audacieux qui servent de fil conducteur à la mise en beauté des pièces : une chambre masculine drapée de noir et d’or, une autre de rose et bronze, vert d’eau ou jaune moutarde. « Mon frère, maître Feng Shui, est venu harmoniser le flux de l’hôtel. Il était primordial que cet endroit favorise la détente. »
Le restaurant de l’hôtel et sa terrasse entourée de verdure raviront les touristes de passage comme les adeptes du brunch dominical. Pour révéler la richesse de la gastronomie locale, Estelle et Charles-Hugo enfilent la toque et proposent une cuisine simple mais raffinée : « Une vraie exigence de qualité. Herbes aromatique bio du jardin, légumes de saison, poissons de la criée… Nous les revisitons avec une petite touche asiatique : tataki de thon, pavé de saumon, salade de tomates cerises et raisin ». Enfin, Estelle a eu la bonne idée de faire de la pièce d’accueil une petite boutique dédiée à la création : une sélection de bijoux, sac, paréos et coussins pour que les clients repartent avec quelques beaux souvenirs qui prolongeront ainsi leur séjour dans la région. Hôtel Home 8, allée de la Chapelle à Arcachon 05 56 83 38 53 www.home-arcachon.com
EXPLORE
CÉCILE PERRINET LHERMITTE - PHOTOGRAPHE Follow me : http://instagram.com/cecileperrinetlhermitte Website : http://www.cecile-perrinet-lhermitte.com
1 er mai au 1 er septembre 2015 à l’Hôtel Saint James - 3 place Camille Hostein à Bouliac
Pantelis BORDEAUX
Jerome Dreyfuss, Vanrycke, Masscob…
Parfumerie de l'Opéra Spécialiste des marques de niche depuis 1974
18, rue du Temple 33000 BORDEAUX – 05 56 44 59 88
& ... Du Lundi au Samedi de 9h30 à 19h00 10 bis Allées de Tourny - 33000 Bordeaux 05.56.79.29.29 www.parfumerie-opera-bordeaux.fr
80 ZUT À TABLE LA RECETTE
Bordeaux-Calvi vol direct PHOTOS JULIE REY RÉALISATION CHARLOTTE SARIC
Depuis septembre, l’équipe du restaurant La Table A Cantina a investi le quartier des Grands Hommes et propose une cuisine aussi élégante que raffinée.
Julien Pandolfi, gérant des deux seuls établissements corses de la Belle Endormie, a opéré une forme de rapt à Calvi et amené, pour notre plus grande délectation, le chef sommelier Michaël Fizero et le chef étoilé du restaurant La Villa : Sébastien Sevellec. Ici, on ne travaille que les produits de saison et on change la carte au gré des humeurs, en privilégiant souvent le poisson (normal, avec un père patron de pêche !), loin, bien loin de l’image d’Épinal d’une cuisine corse (trop) riche. Les origines du restaurant se retrouvent bien dans l’assiette où elles se
mêlent intelligemment aux produits locaux, comme dans cette recette d’asperges adoucies par le citron confit et exhaussées par la coppa. La carte des vins, quant à elle, ne compte que des vins corses : une prise de risque dans une région qui voue un culte à son Cabernet-Sauvignon.
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Asperges vertes, coppa, citrons confits et réduction parfumée à la truffe Ingrédients pour 4 personnes • 16 asperges vertes • 4 tranches de coppa • 1 citron confit • ½ oignon rouge • 100 g de sucre semoule • Fond brun de volaille • Huile de truffe noire • Pousses de petits pois
— Pour le citron confit : Tailler les deux extrémités du citron. Le blanchir trois fois. Pendant ce temps, préparer un sirop avec 250g d’eau et le sucre semoule. Faire bouillir et cuire le citron pendant 30 minutes. — Pour l’oignon : Faire bouillir 200 cl d’eau, 50 cl de vinaigre et 30 g de sucre pendant cinq minutes. Laisser refroidir puis ajouter l’oignon taillé en petits dés. Réserver 12h. — Pour le fond de volaille : Colorer une carcasse de volaille avec une garniture aromatique : carottes, oignons et poireaux. Ajouter de l’eau et laisser mijoter à feu doux pendant deux heures. Passer au chinois. N.B. Vous pouvez conserver le reste du fond de volaille dans un bac à glaçons, au congélateur.
Éplucher les asperges et les cuire dans l’eau salée. Le temps de cuisson varie selon le calibre, mais pour des asperges moyennes, compter cinq minutes. Les dresser directement sur assiette (inutile de fixer leur couleur par un bain d’eau glacée). Disposer le citron et l’oignon taillés en brunoise. Arroser le jus de volaille et deux gouttes d’huile de truffe. Puis ajouter la coppa finement tranchée. Décorer avec des pousses de radis qui viendront donner un peu d’amertume. — Le conseil du sommelier À déguster avec un vin blanc comme le domaine Gentile à Patrimonio en Corse, cuvée « grande expression » pour son style ciselé et son élégance aromatique. La Table A Cantina 19, rue Mably 05 56 81 54 86 Fermé le dimanche et le lundi
82 ZUT À TABLE L'ARTISAN
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Douceurs prolongées TEXTE ET PHOTOS ÉMILIE DUBRUL
Formé chez les Compagnons du devoir, Olivier Piot appartient à la nouvelle génération de pâtissiers mais reste attaché au savoir-faire traditionnel. Il officie désormais chez Valantin, maison réputée du quartier Nansouty qu’il a remise au goût du jour il y a quatre ans avec le boulanger Laurent Lachenal. Rencontre.
Né en Bretagne au sein d’une famille charentaise, Olivier Piot s’initie à la pâtisserie en regardant sa mère préparer les repas du dimanche « et beaucoup de gâteaux ». Un point de repère fondateur qui le guidera très naturellement vers ce qu’il décrit d’abord comme une passion. « J’ai toujours voulu faire ce métier, affirme-t-il. La pâtisserie est liée à l’enfance, pour moi, c’est une évidence. Le sucre, c’est la douceur de la maman. » La ligne est donc tracée. Après un bac pro de pâtissier, le jeune homme prend le large en intégrant les Compagnons du devoir : un tour de France qui durera 10 ans, jalonné de rencontres marquantes. « J’ai croisé quelques grands noms, qui m’ont apporté beaucoup, comme Stéphane Leroux ou David Capy, Meilleur Ouvrier de France aujourd’hui installé place des Grands Hommes à Bordeaux. Au terme de l’apprentissage, nous avions la possibilité de transmettre à notre tour ce qu’on nous a donné. J’avais envie de ça. C’est ce qui m’a emmené à Bordeaux, où j’ai décroché un poste de formateur. »
Une rencontre déterminante À la même époque, Laurent Lachenal, également Compagnon, s’installe lui aussi dans la capitale girondine. Les deux hommes se connaissent bien, s’apprécient et partagent la même vision du métier. Laurent, qui cherche quelqu’un pour sa nouvelle boulangerie, propose le poste de chef pâtissier à Olivier. « Le sud ouest est une région de salé, du coup je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire en pâtisserie », raconte-t-il encore amusé. Au début des années 2000, Olivier Piot part dans le Médoc parfaire ses connaissances en chocolat chez Michel Castagnède. « En octobre 2010, Laurent Lachenal m’appelle et me dit : “La pâtisserie Valantin est à vendre, est ce que ça te dit ?” » Le duo se lance dans l’aventure les yeux fermés. En trois mois, la boutique fait peau neuve et attire une nouvelle clientèle. « C’était un challenge de reprendre une pâtisserie comme celle-là, explique Olivier. Le magasin avait besoin d’un coup de jeune. Ça m’arrangeait car j’en ai profité pour apporter mes produits. Chaque pâtissier a son tour de main, vous savez. Monsieur Valantin faisait de très bonnes choses, mais j’avais envie de faire différent. » Pari réussi, avec une superbe boutique aussi appétissante que les biscuits présentés sous des cloches de verre.
La fidélité du compagnon PAR CHARLOTTE SARIC
Olivier Piot vu par son partenaire Laurent Lachenal Quelles sont ses qualités ? Assiduité, courage, constance, persévérance, envie de bien faire… [On ne l’arrête plus, ndlr] Sa pâtisserie que vous préférez ? J’aime tout ! Je suis curieux de goûter tout ce qu’il fait ! C’est mon plaisir quotidien de passer devant cette vitrine, d’admirer ce qui s’apparente à des œuvres d’art.
84 ZUT À TABLE L'ARTISAN
Petite leçon de chimie « La pâtisserie est une science exacte, répète Olivier Piot. C’est simple, mais il faut respecter la recette à la lettre. Ceci dit, personnellement, je n’aime pas l’excès de sucre qui emporte toutes les saveurs. J’ai tendance à “désucrer” mes produits. Ce qui doit se faire avec précision car le sucre contribue également à la texture, à la structure des pâtisseries, favorise leur conservation et améliore leur aspect. » Olivier Piot pratique la pâtisserie avec gourmandise et audace. « En général, je crée mes desserts en fonction de mes goûts et jusque-là ça fonctionne plutôt bien », dit-il humblement. Élevé avec les fruits et légumes du potager familial, Olivier aime les produits simples comme le chocolat, la vanille, les pralinés et, en hommage à sa Bretagne natale, le caramel au beurre salé. « Je ne suis pas foncièrement moderne dans mes choix, j’aime les goûts francs et purs. Il m’arrive de faire des “extras” si le client le demande mais je n’aime pas particulièrement les parfums fleuris par exemple. » Dans son laboratoire, entouré de trois ouvriers et d’un apprenti, Olivier assemble goûts et arômes avec la rigueur d’un œnologue. Il revisite les classiques millefeuille, éclairs et autres macarons avec une touche moderne et élégante. Un brin espiègle, il s’amuse en proposant un Paris-Bordeaux à la place du fameux ParisBrest : « Un gâteau de forme et au goût différents : une texture un peu plus travaillée avec une pointe de croquant apportée par un craquelin sur la pâte à choux. Deux sortes de pralinés à l’intérieur. Une partie granuleuse assez sympa en bouche et une crème de praliné, plus lisse, plus suave. En définitive, on va se retrouver avec quatre ou cinq textures dans un même produit. » L’objectif est simple et ambitieux à la fois : transmettre des émotions par le palais. Donner du plaisir en proposant de grands
gâteaux classiques qui font appel à tout les sens. « C’est ça notre métier : on accompagne les gens dans les moments importants de leur vie : anniversaires, baptêmes, communions, mariages, repas de familles, fêtes… » Et la dégustation est sans appel. Ainsi, son Mont-blanc, un biscuit aux amandes entouré d’une meringue italienne, garni d’une compotée de framboises et d’une crème de fromage blanc vous emporte vers des sommets vertigineux. Le kouglof, une brioche alsacienne qui fait historiquement partie des traditions pâtissières bordelaises, retrouve un peu légèreté. Tandis que le Russe, une spécialité de Mont-de-Marsan à base de noisettes montée en couches successives de crème et de biscuit, joue avec le palais pour une vraie surprise gustative. Et le chocolat dans tout ça ? On retrouve sa virtuosité dans ses bonbons en chocolat, alors qu’il ne se prétend pas chocolatier. « Moi, je suis couverturier : je transforme la matière et j’en fais des bonbons enrobés. » Partenaire de Valrhona, la fameuse chocolaterie lyonnaise, Olivier Piot s’attarde sur la sélection de la matière première et s’attache aux origines des fèves sélectionnées. « Le chocolat,
c’est un peu comme le vin. Il va y avoir du terroir, un goût particulier. Un chocolat de République Dominicaine n’aura pas les mêmes arômes qu’un chocolat du Ghana, de Madagascar ou d’Équateur. » La force d’Olivier Piot ? La réponse fuse : il ne s’ennuie jamais. « J’aime tout faire. C’est un métier vaste. Il y a la partie chocolaterie, la glace, la viennoiserie, les pâtes. Cette diversité multiplie les techniques et du coup, on a l’impression de ne jamais faire la même chose. Après quatre ans d’activité, je ne me lasse pas. Quand j’en ai marre de manger des gâteaux, et bien je mange du chocolat. Et quand j’en ai marre de manger du chocolat, je mange de la glace », conclue-t-il en riant. Pâtisserie Valantin 268, cours de la Somme 05 56 91 72 63 www.patisserie-valantin.fr
Gastronomique Le Soir
19, rue Mably 05.56.81.54.86
86 ZUT À TABLE LES LIEUX
Nama PAR CHARLOTTE SARIC
Horaires d'ouverture mardi -> samedi & soir Nama 24, rue Lafaurie Monbadon 05 56 44 88 54 www.namawinerestaurant.com
Est-ce possible de déguster des plats concoctés par un chef étoilé (Jeff Ramzey) pour 4,50 € ? Dans un rêve probablement… Dans la réalité, cela se concrétise à quelques mètres du cours Georges Clémenceau, chez Nama. Le concept est simple, on paie un droit d’entrée (20 € pour le dîner, 10 € pour l’afterwork) et tous les plats et les vins sont à prix coûtant. Les deux chefs du restaurant, Jeff Ramzey et Paul Gouzien (élève de Nicolas Magie, chef du Saint James à Bouliac) composent à quatre mains
une carte qui fait la part belle aux produits locaux et régionaux avec un twist d’influences asiatiques, comme ce thon, gelée de citron et riz vénéré. Le personnel de salle, quant à lui, ne vous facturera pas un plat à plus de quinze euros ! Imbattable pour un bœuf wagyu.
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Bagelstein
I.Boat
PAR ADRIEN NAVARRO
PAR CHARLOTTE SARIC
Horaires d'ouverture lundi -> vendredi 8h à 22h samedi 9h à 22h dimanche 11h à 19h Bagelstein 4, rue Georges Bonnac 05 57 30 84 26 www.bagelstein.com
« Hoppla, jetz ha’mer’s ! » signifie en bon Alsacien : « Ça y est ! On est arrivé ! » On ne parle pas de cigognes mais d’anneaux fourrés aux bons produits frais, plus connus sous le nom de bagels ! L’institution strasbourgeoise, qui a déjà conquis cinq coins de l’hexagone, débarque enfin dans nos contrées girondines. La recette de son succès ? Une phobie assumée des congélateurs, pas mal d’amour et beaucoup d’humour ! Les sandwichs troués aux multiples déclinaisons et les desserts maisons, servis dans un univers totalement impertinent (cf. leur slogan : « Arrêtez de manger de la merde ! ») vous feront rire aux éclats avant de vous faire jouir gustativement. Allez hop, e Güeter, a grosser schmutz ! (Allez hop, un bon appétit et une grosse bise !)
Horaires d'ouverture Restaurant : lundi -> samedi 20h à 02h La plage : mardi -> samedi 16h à 00h30
I.Boat Bassins à flot n°1, quai Armand Lalande 05 56 10 48 37 www.iboat.eu
Aux beaux jours, ce lieu polymorphe (salle de concerts, club, bar à cocktails et restaurant) se complète d’un nouvel espace : La plage. Inaugurée le 4 juin, cette langue de grève est the place to be pour admirer coucher de soleil sur l’eau en buvant un verre, le tout en plein cœur urbain. Plaisirs des sens, surtout l’ouïe, le goût et la vue. Pour ceux qui préfèrent avoir les pieds sous la table que dans le sable, le restaurant de l’I.Boat grimpe d’un étage et s’installe sur le pont supérieur pour la période estivale. Un coin parfait pour manger un très frais tataki de thon rouge et salade coco ou une simple mais efficace pièce de bœuf grillée à la plancha.
88 SÉLECTIONS
Photos : © Lorène Digeon Damolini
lifestyle
DÉCO
Bric à broc
Lorène Digeon Damolini est graphiste indépendante et chineuse compulsive. Problème : « un homme à la maison qui considère que 32 chaises, c’est suffisant pour deux. » La jeune Bordelaise a donc décidé de vendre sur son site ses fauteuils retapissés de wax africains, ses broderies et des trouvailles vintage qu’elle met joliment en scène. Un bric à brac pointu d’objets en tout genre et de créations au poil. (C.B.) www.hooftrade.com
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SALON
Deux coupes, s’il vous plaît Thierry et son équipe, stakhanovistes du brushing, augmentent l’amplitude de leurs horaires d’ouverture (ils sont ouverts le lundi !) avec des nocturnes le jeudi, où la coupe au carré est accompagnée d’une coupe de bulles. Le reste de la semaine, le mâle hipster peut se faire choyer dans l’espace barbier pendant que madame profite d’une manucure. (C.S.) Au Fauteuil 67, rue du Palais Gallien 05 56 81 46 73
SHOP
Naturel Les Cérats 3, place Puy Paulin www.lescerats-bordeaux.com
Dans ce superbe lieu entre épure et géométrie conçu par les frères Dircks – croisés dans le dernier numéro de Zut ! – Chemsi, biologiste de formation, sélectionne des marques exclusives de cosmétiques naturels (RMS Beauty, Alima Pure) et miraculeuses. Une boutique essentielle ! (C.S.)
90
FOOD
Olé ! Ancien toréro, Julien Lescarret a ouvert depuis janvier une franchise de Viandas de Salamanca, une belle arène pour le bellota, recebo, chorizo et autres merveilles. Des maîtres coupeurs préparent des plateaux de jambons fins à emporter chez soi, parfaits pour l’apéro-terrasse, et des sandwiches Vianda, la version latine du jambon-beurre. (C.S.) Viandas de Salamanca 37, rue des Trois Conils 05 57 99 15 41
ÉCOLO
Assez du superflu
DÉCO
Impressions contem— poraines Atelier Kobalt 18, rue Cornac Pièces également disponibles chez Edith Store 6, place Fernand Lafargue www.atelierkobalt.com
Le duo bordelais Marianne Salort, tapissière, et Matthieu Stoldicj, illustrateur, donne une seconde vie au mobilier artisanal bordelais en faisant contraster graphismes contemporains et structures classiques. Tout ça dans leur atelier, entre illustrations et structures type Louis XVI en cours de restauration. Inauguration officielle en septembre. (A.N.)
Exit l’emballage (on en produit 390 kg par an) ! Ici, le concept est simple : on achète huiles, cafés, fruits et légumes de saison, produits d’entretien, épices ou produits laitiers avec ses propres contenants (bouteilles, tupperware, cageots ou bocaux…). Enfin des courses économiques et écologiques ! (C.S.) La Recharge Du mardi au samedi de 10h30 à 19h30 38, rue Sainte-Colombe www.la-recharge.fr
Culture
Tendances
CAPC 7, rue Ferrère www.capc-bordeaux.fr
Apache 47, rue Saint-James à Bordeaux 09 81 72 65 39
Centre d’art Image/Imatge 3, rue de Billère à Orthez 05 59 69 41 12 www.image-imatge.org
Au Fauteuil 67, rue du Palais Gallien. 05 56 81 46 73
Centre Simone Signoret Chemin du Cassiot à Canéjan 05 56 89 38 93 www.signoret-canejan.fr
Axsum 24, rue de Grassi 05 56 01 18 69 www.axsum.fr
Centre Culturel François Mauriac Malagar 17, route de Malagar à SaintMaixant 05 57 98 17 17 malagar.aquitaine.fr
Edith 6, place Fernand Lafargue 09 83 77 65 76 www.edithstore.fr
Presqu’îles et continents 2, place Puy Paulin 05 56 44 16 21
Galeries Lafayette 11-19, rue Sainte Catherine 05 56 90 92 71 www.galerieslafayette.com
Zazie Rousseau 14, rue Sicard 05 56 48 12 53 www.zazie-rousseau.com
G&H 5, rue des Ayres 05 56 70 47 61 bijoux-gh.com
Lifestyle
La Fabrique Pola Cité Numérique 2, rue Marc Sangnier, Bègles. www.pola.fr Frac Aquitaine Hangar G2, Bassin à flot n°1 Quai Armand Lalande 05 56 24 71 36 www.frac-aquitaine.net
Heschung 14, place des Grands Hommes www.heschung.com
Mornier 1, rue Sainte-Catherine 05 56 44 82 83 2, rue Montesquieu 05 56 30 58 50 www.mornier.com Optika 14, galerie des Grands Hommes 05 56 52 30 15 www.optika-bordeaux.fr Parfumerie de l’Opéra 10, allée de Tourny 05 56 79 29 29 www.leau-de-bordeaux.fr
A Cantina 19, rue Mably 05 56 81 54 86 Alchimiste Torrefacteur Darwin 87, quai de Queyrie www.alchimiste-cafe.com
Galerie des Beaux-arts Place du Colonel Raynal 05 56 96 51 60 www.musba-bordeaux.fr
Idk-lé 19, rue du Pas-Saint-Georges 05 56 79 25 18
Iboat Bassin à flots n°1 Quai Armand Lalande www.iboat.eu
L’île bleue 22, rue Porte Dijeaux 05 56 81 68 41 www.ile-bleue.fr
Krakatoa 3 avenue Victor Hugo, Mérignac. www.krakatoa.org
Lilith 27, rue des Remparts www.lilith.fr
Musée d’Aquitaine 20, Cours Pasteur 05 56 01 51 00 www.musee-aquitaine-bordeaux.fr
Le Nez insurgé 32, rue du Pas Saint Georges www.lenezinsurge.com
Bagelstein 4, rue Georges Bonnac www.bagelstein.com
Les Cérats 3, place Puy Paulin www.lescerats-bordeaux.com
Boulangerie Laurent Lachenal 273, cours de la Somme boulangerie-laurentlachenal.fr
Matsaï Mara 20, rue du Pas-Saint-Georges 05 56 81 35 61 www.matsai-mara.com
Dimapco 255, avenue de Saint-Médard à Eysines Tél: 05 56 28 72 15 Chemin de la Burthe à Floirac 05 56 32 00 22 www.dimapco.fr
Musée des Arts décoratifs et du design 39, rue Bouffard 05 56 10 14 00 www.bordeaux.fr Musée des Beaux-Arts 20, Cours d’Albret 05 56 10 20 56 www.musba-bordeaux.fr Théâtre Fémina 10, rue de Grassi 05 56 48 26 26 www.theatrefemina.fr UGC Ciné Cité 13-15 rue Georges Bonnac www.ugc.fr
Mac 4, cours Georges Clemenceau 05 57 30 00 00 www.maccosmetics.fr Michard Ardillier 10, rue Sainte-Catherine 05 56 81 86 92 www.michardardillier.com Mint Bazar 48, rue du Pas-Saint-Georges 09 66 01 37 56
Atelier 29 14, cours de Verdun 05 56 38 81 05 Atelier Capdevielle 165, rue du Palais Gallien www.capdevielle-art.com Atelier Kobalt 18, rue Cornac
Ephtée 11, rue Aristide Briand, Cenon www.ephtee.com Kartell 1, quai Richelieu 05 57 81 85 17 www.kartell.it
La Recharge 38, rue Sainte-Colombe www.la-recharge.fr Le Marco Polo Embarcadère Montesquieu www.navires-et-chateaux.fr Nama 24, rue Lafaurie Monbadon 05 56 44 88 54 www.namawinerestaurant.com Pâtisserie Valantin 268 Cours de la Somme 05 56 91 72 63 www.patisserie-valantin.fr VERSUSMOBILI 214, avenue de la Marne, Mérignac 05 56 12 02 12 www.versusmobili.com Viandas de Salamanca 37, rue des Trois Conils 05 57 99 15 41