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ÉDITO Entretien avec Jean Rottner, président de la Région Grand Est.

par Emmanuel Dosda Illustration Paul Lannes

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« Enraciner la présence culturelle dans le territoire »

Comment une région industrielle, anciennement dévolue à la sidérurgie, peut-elle retrouver son dynamisme grâce à la culture et au savoir ? En quoi ces domaines peuventils être leviers pour davantage d’attractivité ? Vous le dites très justement, le nord lorrain est très marqué par son passé industriel. Il a façonné non seulement les paysages, comme en atteste encore la présence de nombreuses mines avec leur chevalement, mais aussi l’urbanisme, la forte présence de populations issues de l’immigration. Cette activité économique est donc à l’origine d’une identité territoriale vivace et ancrée qui a souffert de la fermeture des houillères et des usines sidérurgiques. Il n’est aujourd’hui pas question de s’en départir mais au contraire de la valoriser et de montrer en quoi elle est compatible avec des pratiques touristiques et culturelles qui, malheureusement, sont encore trop souvent tenues pour être réservées à une élite. Esch 2022, c’est l’occasion de permettre à ces territoires et à leurs habitants de retrouver une raison d’être fiers ! Grâce à la visibilité que permet ce temps fort, ce sont aussi des touristes et des passionnés d’art qui feront le déplacement pour venir découvrir la Région Grand Est et le sud luxembourgeois.

Un des enjeux de demain ne serait-il pas de mettre en valeur le patrimoine industriel du territoire, lui redonner son lustre et permettre une reconversion vers des usages contemporains ? Nous nous employons à le faire ! Notre objectif n’est absolument pas de faire table rase du passé industriel des lieux – comme je l’expliquais tout à l’heure – mais de les reconvertir, de réutiliser les friches pour en faire des lieux attractifs en termes de culture et de tourisme mais également d’habitat. Cette volonté de reconversion des installations industrielles présente d’ailleurs des avantages environnementaux indéniables. Elle nous invite à pratiquer la dépollution des sols et des espaces qui sont, parfois, encore fortement imprégnés par les activités préexistantes.

Par ailleurs, le fait de réexploiter des usines désaffectées, de leur offrir une seconde vie, permet d’éviter de construire sur des sols qui sont aujourd’hui dévolus à l’agriculture : le sol est une denrée rare et il convient d’en éviter le mitage. C’est l’un des objectifs de notre SRADDET* et c’est aussi l’occasion de déployer concrètement la démarche Culture et environnement que promeut la Région Grand Est.

Historiquement, la mixité – sociale et culturelle – est importante sur ce territoire. Peut-on voir cette région comme un véritable laboratoire européen ? Absolument ! Ce territoire du nord lorrain, à cheval entre les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle est avant tout situé au carrefour de plusieurs pays, de plusieurs langues et traditions culturelles. Avoir une Capitale européenne de la culture binationale, partagée entre la France et le Luxembourg, c’est une chance non seulement pour les artistes et les habitants qui peuvent passer d’un côté à l’autre de la frontière avec fluidité pour découvrir les spectacles et projets proposés, mais c’est également une occasion unique de rapprocher nos deux pays, de créer des intérêts communs et l’habitude de travailler ensemble. Porter des ambitions main dans la main c’est aussi s’apercevoir, parfois, que nous sommes contraints par des barrières légales, financières, linguistiques. S’y confronter nous donne donc une formidable occasion de chercher à y remédier et de mettre en place des pistes de travail pour nous rapprocher et simplifier encore les partenariats transfrontaliers.

Quel avenir pouvons-nous souhaiter et imaginer pour ce territoire mis sous les feux de la rampe durant Esch2022 Capitale de la culture ? Il est évident qu’il ne faut pas que la Capitale européenne de la culture 2022 ne dure qu’un an ! Nous espérons, avec cette formidable série d’événements de très haut niveau, refaçonner les habitudes, contribuer à enraciner la présence culturelle dans le territoire. Il faut que ce travail se fasse sur le long terme, durablement, et je n’ai aucun doute qu’au regard de l’implication non seulement des élus mais également des professionnels de la Culture et des habitants, l’esprit d’Esch vivra !

* Le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires

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