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PROJETS ATYPIQUES

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ENTRETIEN

ENTRETIEN

Profiter d’un concert au fond d’une mine ou d’un spectacle de danse en apesanteur, manger dans le noir absolu ou s’émerveiller d’un Hamlet revisité à des centaines de pieds sous terre… Autant d’expériences mises en place dès cet été qui offriront au public une autre facette d’un territoire décidément plein de surprises. Explications avec Sylvain Mengel, coordinateur culturel de la CCPHVA, à l’origine des projets atypiques associés à Esch2022. Par Aurélie Vautrin

À l’aplomb du vide (danse) les 24, 25 et 26 juin Quartier de Belval

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Escape game tous les week-ends d’août Mine d’Audun-le-Tiche

Hania Rani (concert) le 22 octobre Mine d’Audun-le-Tiche

Niklas Paschburg (concert) le 23 octobre Mine d’Audun-le-Tiche

Restauration dans le noir en novembre Mine d’Audun-le-Tiche

Hamlet, Variations (théâtre) en décembre Mine d’Audun-le-Tiche

L’aventure, c’est l’aventure

Quelle est la genèse de l’histoire ? L’envie de valoriser un territoire dévalorisé pendant pas mal de décennies. Quand j’ai commencé à travailler sur le dossier courant 2019, il y avait déjà de nombreux projets côté luxembourgeois, mais très peu côté français. Nous avons donc cherché de nouvelles idées, parfois étonnantes, car on sait que la culture est un magnifique levier pour mettre en avant un territoire et fédérer les gens.

Et vous avez joué la carte de l’inattendu ! Par exemple, un spectacle de danse verticale sur le site des Hauts-Fourneaux… Effectivement ! L’idée vient de l’association Chor’À Corps, une école de danse basée à Audun-le-Tiche, à qui on a offert l’opportunité de réaliser un rêve un peu fou. La directrice Aurélie Gelmi est une grande admiratrice de Mourad Merzouki, spécialiste de la danse en apesanteur. Esch2022 offrait l’occasion de se lancer dans une aventure quasi impossible à mettre en place autrement. On a décidé d’y aller ! La pandémie les a empêchés de collaborer directement avec lui, mais ils ont travaillé avec un autre chorégraphe, Carl Portal, pour apprendre à se mouvoir en apesanteur. Et le spectacle, intitulé À l’aplomb du vide, prendra place au plancher de coulées aux Hauts Fourneaux à Belval, le quartier spécialement créé pour Esch2022. Une autre partie de ces projets atypiques se déroule aux mines d’Audun-le-Tiche. Comment est venue l’idée de réexploiter ce site abandonné ? Par hasard, j’ai découvert dans mon bureau un vieux plan de 2,50 m de la plus vieille mine de fer de France, fermée depuis 1997. L’image était immense, il y avait des centaines de galeries, des dizaines et des dizaines de pièces… L’une d’elle, dans sa disposition, m’a fait penser à un lieu de projection. C’est là que l’idée m’est venue d’organiser des événements sous terre. En collaboration avec l’Association des Mines Terres Rouges (AMTR), qui a fait un formidable travail de réhabilitation, on a mis en place un double projet : un espace muséal développé par l’AMTR pour faire perdurer l’histoire du lieu et expliquer aux futures générations ce qu’était l’âge d’or de notre territoire. Et d’un autre côté, lui donner un nouveau souffle ! Et le faire découvrir à une partie de la population qui, sans cela, ne serait peut-être jamais descendue au fond de la mine.

Que pourra-t-on faire, justement, au fond de cette mine ? Tous les week-ends d’août, nous allons mettre en place un grand escape game… La thématique reste encore secrète mais elle aura forcément un lien avec l’histoire du lieu. Pour ce projet, nous travaillons en collaboration avec Les Francs Limiers, une équipe lorraine de concepteurs de

jeux d’évasion. En octobre, il y aura deux concerts très particuliers : d’abord c’est une pianiste polonaise, Hania Rani, qui viendra jouer dans une ambiance très feutrée. Il sera question de s’amuser avec l’éclairage et l’acoustique pour créer une atmosphère, un univers, une véritable expérience sonore, musicale, humaine. Le lendemain, nous aurons la chance d’accueillir Niklas Paschburg, un artiste berlinois qui viendra fêter la sortie de son album. Là aussi, la musique va nous habiter dans une ambiance à 360° en étant à plus d’un kilomètre sous terre.

C’est une vraie expérience des sens ! Exactement. D’ailleurs pour le mois suivant, on a prévu de la restauration dans le noir ! Le concept n’est pas nouveau, mais encore une fois, au fond de la mine, l’environnement est vraiment particulier. Le noir en bas, ça n’a rien à voir avec le fait d’éteindre la lumière chez nous. En deux pas, on est complètement perdu. Avec Esch2022 il y a une vraie histoire de partage, donc on aimerait aussi que les chefs s’impliquent, qu’ils proposent des concepts. Par exemple, l’un deux nous a déjà dit : « J’ai envie de cuisiner dans le noir ! »

Et pour le mois de décembre ? Ce sera du théâtre, avec la compagnie Pardes Rimonin, qui jouera sa création Hamlet, Variations. L’équipe sera transfrontalière et la pièce, une réécriture du mythe de Shakespeare, une version plus contemporaine qui s’appuiera sur le personnage de la sœur. Là encore, nous jouerons avec l’environnement et les spectateurs porteront des casques audio : des murmures rappelleront les fantômes de la pièce.

Comment faire perdurer ce type d’événements après Esch2022 ? Nous allons déjà profiter de tous ces moments à venir. Mais continuer les concerts au fond de la mine, c’est effectivement très tentant.

À l’aplomb du vide © DR

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