Zut haut-rhin 01

Page 1

PRINTEMPS - ÉTÉ 2013

Culture Te n d a n c e s Lifestyle

HAUT-RHIN NUMÉRO 1


OÙ ?

Lieux pour vous procurer votre magazine favori dans le Haut-Rhin. ————————————— MULHOUSE —————————————

• CCI • Comédie de l’Est • Espace d’Art Cont. A. Malraux • Hiéro Colmar • Hôtel de ville • Le Grillen • Le Lézard • Médiathèques • Musée Bartholdi • Musée Unterlinden • Office du tourisme • Théâtre Municipal ...

• Ballet du Rhin • Cinéma Bel Air • Hôtel de Ville • Institut Supérieur du Textile d'Alsace • Kunsthalle • L’Entrepôt • La Filature • La Vitrine • Le Noumatrouff • Le Quai • Musée de l'impression sur étoffe • Ustensibles ...

• Bloch Gensburger • K.Collections • La Corrida • Le Caveau • Urban Zone ...

• Citroën - Groupe Oblinger • Concession Mini / JMS Automobile • Home Jasmin • Hôtel Quatorze • L’atelier du Peintre • Le Frischti's • Le JY'S • Le Rendez-vous de Chasse • Luser Stub • Quartz • Restaurant Le Théâtre ...

L I F ESTYL E

TENDA NCES

CULTURE

————————————— COLMAR —————————————

• Élise • G-Star • Imagine • L’As d’Optique • United Legend ...

• Agence Desikon • Be Mac • Hôtel du Parc • L’o2 • La Cant’in • La Pause • Maison Engelmann • Nové • Quartz • Seltz ...

Et des lieux finement sélectionnés à Altkirch, Hegenheim, Illhauesern, Kaysersberg, Ribeauvillé, Rouffach, Saint-Louis, Wattwiller, Zellenberg

Liste complète des points de diffusion sur notre site Internet

w ww.zut-mag azine .co m


___

PROCHAIN NUMÉRO

ZUT ! 02 Sortie automne 2013

Photo : Alexis Delon / Preview - www.preview-tm.fr

___

Bruno Chibane

Direction de la rédaction & commercialisation bchibane@chicmedias.com 06 08 07 99 45

Fred Seené

Développement commercial fredseene@free.fr 06 61 42 37 01

Stella Jean-Baptiste

Développement commercial stellajb@live.fr 06 06 68 80 91

Emmanuel Abela

Rédacteur en chef eabela@chicmedias.com 06 86 17 20 40

Caroline Lévy

Développement commercial levy_caroline@hotmail.com 06 24 70 62 94

Myriam Commot-Delon Directrice artistique mode myriamdelon@noos.fr 06 14 72 00 67

Céline Loriotti

Développement commercial cloriotti@chicmedias.com 06 64 22 49 57

Philippe Schweyer

Développement commercial ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67


OURS

R

RÉDACTEURS

Roxane Ajerage, Aurélie Amblard, Cécile Becker, François-Xavier Cheraitia, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Anthony Gaborit, Justine Goepfert, Xavier Hug, Caroline Lévy, Flora-Lyse Mbella, Camille Nehlig, Sébastien Ruffet, Philippe Schweyer, Vanessa Schmitz-Grucker, Claire Tourdot

Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Rédacteur en chef Emmanuel Abela Rédactrice en chef mode Myriam Commot-Delon Direction artistique brokism

D

GRAPHISTES

brokism, Laurence Bentz

S

STYLISTES

Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy

A

ASSISTANTE STYLISME

Justine Goepfert

P

PHOTOGRAPHES

Marion Chérot, Oliver Clément, Alexis Delon / Preview, Marc Guenard, Camille Nehlig, Marie Quéau, Dorian Rollin, Milan Szypura, Christophe Urbain, Nicolas Waltefaugle

I

Responsable d’édition Sylvia Dubost

Laurence Bentz, Laetitia Gorsy

Diffusion

STAGIAIRES COMMUNICATION ET DÉVELOPPEMENT

Zut ! Team + Novea www.distri-imprim.fr Commercialisation & developpement

François-Xavier Cheraitia, Bruno Chibane, Justine Goepfert, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer Développement Allemagne et Suisse

Roland Anstett

ILLUSTRATRICES

S

Juliette Fiszka, Anthony Gaborit, Justine Goepfert, Adrien Navarro, Jolan Thouvenot

R

RETOUCHE NUMÉRIQUE

Emmanuel Van Hecke / Preview Camille Vogeleisen / Preview

M

MANNEQUIN

Marina / Studio KLRP

C

COIFFURE

Alexandre Lesmes / Avila

M

MAKE-UP

Jacques Uzzardi

ZUT ! 4

Zut . 01 Crédits couverture Photographe Alexis Delon / Preview Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Marina / Studio KLRP Coiffeur Alexandre Lesmes Make-up artist Jacques Uzzardi Maillot de bain une pièce à volant RACHEL PAPPO. Collier et bague Oursin en or jaune et diamants ÉRIC HUMBERT. Sandales GIANVITO ROSSI. Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr

Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules - 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 25 000 euros Direction : Bruno Chibane Administration, gestion : Charles Combanaire Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Tirage : 5000 exemplaires Dépôt légal : juin 2013 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789

www . zutmagazine . com


contact@decoburo.com - www.usm.com USM ALSACE/BELFORT/VOSGES/HAUTE SAテ年E


SOMMAIRE

85

08 Éditorial 10 Courrier des lecteurs 12 Au bon parfum Les plus beaux iris

14 Colmar vu par

Hélène Cascaro, Colombe Linotte, Jean-Baptiste Raeth, Odile Krieg & Catherine Garnier.

63

22 Mulhouse vu par

Eric Kheliff, Delphine Gutron, Nathalie Birling, Venera Tistounet & Joan.

Life style 84 Arnaud Klein

31

Ten dances 62 Mode Hot Pink.

Cult ure 33 Expos d’été

La sélection Zut ! des expositions à ne pas manquer cet été, en trois parcours thématiques : la représentation, la contestation et la construction.

50 Fondation François Schneider Visite de ce nouveau lieu consacré à la création à Wattwiller.

50 Biennale de la photo de Mulhouse Tout sur cette première édition, baptisée Play & Replay.

52 Le Vaisseau

Visite guidée de l’exposition Plantastic !

54 Culture Zut !

Les sélections de la rédaction.

ZUT ! 6

72 Horlogerie

Gros plan sur un must-have.

74 Accessoires

Lunettes noires pour nuits blanches.

76 Urban styles

Instantanés fashion dans les rues de Colmar.

78 Tendances Zut !

Les sélections de la rédaction.

Rencontre avec un touche-à-tout du design.

88 Carine De Marin

Entretien avec une jeune artiste spécialisée dans le design mural.

90 Meubles Seltz

Rabah Zerkout et sa femme Marie-Claire réinventent l’image et l’identité de la marque.

92 Herr Zatz

Deux Mulhousiens anonymes présentent leur studio créatif et leurs projets délirants.

94 Shopping

Des luminaires et du rayonnage malin.

96 Gastronomie

Logan Laug, propriétaire et chef cuisinier du restaurant colmarien : le Frichti’s

98 Hotel-Spa

La Verte Vallée, un espace bien-être à Munster.

100 Sport

Le Mulhouse Olympic Natation, son président Laurent Horter, l’entraineur prodige Lionel Horter et le nageur vedette Enzo Vial-Collet.

106 Lifestyle Zut !

Les sélections de la rédaction.



ÉDITO

—— SPLASH! —— Alain Delon dans La Piscine

Par Philippe Schweyer

À la piscine, il y a tellement de monde que je suis obligé d’étendre mon drap de bain Dolce & Gabbana à quelques centimètres du drap de bain Gucci d’un play-boy ventripotent. Bizarrement, quand il parle, il fait des rimes comme il respire : - T’as lu le dernier Houellebecq ? Ne trouves-tu pas qu’il pue du bec ? Comme tous les poètes, mon voisin de serviette est jaloux du succès des autres. Sans me laisser le temps de répondre, il poursuit sur sa lancée : - Ce mec qui n’a pas lu Rimbaud, il se permet de faire le beau ! Je préfère m’abstenir de lui dire que Biolay n’a pas forcément pris le temps d’écouter l’intégrale des cantates de Bach avant de sortir son dernier album. « Peux-tu surveiller mes affaires ? Rôtir au soleil c’est l’enfer… » Pendant que mon voisin poète va se rafraîchir les idées, je m’enduis les pectoraux, les abdominaux, le nez et les oreilles de crème solaire tout en observant du coin de l’œil une femme particulièrement séduisante allongée à quelques mètres de moi sur un drap de bain Chanel. Depuis que je suis là, elle n’a pas décollé les yeux de son livre. Alors que je me demande ce qu’elle est en train de dévorer, mon ami poète ventripotent revient de sa baignade en passant derrière elle puis s’affale sur son drap de bain Gucci en soupirant : « Heureux ce chien de Marc Levy, qui plait aux filles et aux mamies. Pour lui arriver à la cheville, je sacrifierais mes amis ! » ZUT ! 8

Quelques minutes plus tard, alors que je plonge à mon tour dans l’eau tiède javellisée, je réalise brutalement qu’il ne me reste plus beaucoup d’années pour écrire un best-seller, devenir célèbre dans le monde entier et passer un maximum de bon temps avec mes charmantes lectrices. Heureusement, je viens d’avoir une idée géniale ! Mon roman d’amour racontera l’histoire d’un homme à la fois élégant, aventurier, raffiné, cultivé, sportif, progressiste, humaniste, guitariste et éditorialiste du magazine hyper hype que vous tenez dans vos mains. Au début de ce gros roman à l’eau de rose plein de suspens, cet homme à qui tout a insolemment réussi jusque-là, plonge dans une piscine vide au cours d’une soirée trop arrosée. Alors qu’il flotte encore en l’air, il réalise que la vie est un océan de possibilités. J’ai déjà le titre : Splash !


Découvrez le nouvel iMac chez BEmac. L’ordinateur de bureau dans sa forme la plus avancée. Avec son superbe écran panoramique, les tout derniers processeurs quadricœurs Intel, des processeurs graphiques NVIDIA ultra-rapides, et bien plus, le nouvel iMac est totalement stupéfiant. Une magnifique technologie enchâssée dans un boîtier d’une incroyable finesse dont la tranche ne mesure que 5 mm.

Achetez aujourd’hui et payez en 10 fois sans frais*

Rendez-vous chez BEmac. Votre expert Apple. www.bemac.fr

18 quai Saint-Nicolas - 67000 Strasbourg - T : 03 88 25 84 88 - Ligne pro : 03 88 25 84 82 17 rue des maréchaux - 68100 Mulhouse - T : 03 89 367 204 - Ligne pro : 03 89 367 207

* Payez en 10 mois sans frais. Offre de crédit accessoire à une vente valable du 25 mai 2013 au 29 juin 2013 à partir de 996 € jusqu’à 21 500 € de crédit sur une durée unique de 10 mois pour l’achat de Mac. Cette publicité est diffusée par BEmac en qualité d’intermédiaire de crédit non exclusif de plusieurs établissements de crédit, dont CA Consumer Finance. Il apporte son concours à la réalisation d’opérations de crédit à la consommation sans agir en qualité de prêteur. Offre réservée aux particuliers majeurs résidant en France métropolitaine. Le coût du crédit est pris en charge par Apple. Vous disposez d’un droit de rétractation. Sous réserve d’acceptation par CA Consumer Finance dont Sofinco est une marque commerciale, SA au capital de 346 546 434€. Siège social rue du bois sauvage – 91038 EVRY cedex. RCS Evry 542 097 522. Société de courtage en assurance inscrite à l’Orias sous le N° 07008079 (www.orias.fr). Conditions générales de l’offre disponibles en magasin. TM et © 2013 Apple Inc. Tous droits réservés.

UN CRÉDIT VOUS ENGAGE ET DOIT ÊTRE REMBOURSÉ. VÉRIFIEZ VOS CAPACITÉS DE REMBOURSEMENT AVANT DE VOUS ENGAGER.


CO U R R I E R D E S LE C T E U R S

Z UT IS BEAUT I F UL !

AUTOMNE-HIVER 2012

——

HIP HIP HIP ZUT !,

Je connaissais déjà l’édition strasbourgeoise de Zut ! C’est une super initiative de concocter un Zut ! destiné aux Haut-rhinois, qui ont sacrément besoin de vos lumières pour affûter leur style et acquérir quelques notions élémentaires de bon goût. Carole, 21 ans.

HIP HIP HIP CAROLE,

Grâce à des courriers comme le vôtre, on se sent un peu plus utile à la société et on a même l’impression fugace que nos vies ont un sens. Pourtant, notre pari n’est pas gagné car les annonceurs sont plutôt frileux à Mulhouse (la faute à la météo ?)… Heureusement, c’est un peu plus facile du côté de Colmar (et son célèbre microclimat).

ZUT ! 10

Bien sûr que tu peux envoyer ta photo ! Surtout si tu te fais photographier en chemise de nuit en train de lire la bio d’Alain Delon… ——

CULTURE TENDANCES & LIFESTYLE ————

ZUT ZUT !,

Quelle déception en découvrant le premier numéro de l’édition haut-rhinoise de Zut ! Comment se fait-il qu’il y ait tellement moins de pages que dans l’édition strasbourgeoise ? Patricia, 37 ans. HAUT-RHIN

NUMÉRO ZÉRO

Par Philippe Schweyer

Une lectrice qui regrette que son magazine préféré ne soit pas aussi épais dans le Haut-Rhin qu’à Strasbourg, une Mulhousienne qui rêve d’un magasin Ikea à côté de chez elle, une Colmarienne qui n’a pas quitté son manteau vert de tout l’hiver, des lecteurs qui se posent des questions métaphysiques ou qui hésitent à se faire photographier au lit… Une fois de plus, nos lecteurs réagissent et se dévoilent !

HEY GILBERT,

————

——

C’EST LA LUTTE ZUT !,

Une question métaphysique me taraude au sujet d’une photographie de la rubrique Mulhouse vu par du premier numéro de Zut !, que j’ai découvert à l’occasion d’un meeting dans la région. À quoi sert le bâtiment rouge futuriste qui se trouve derrière le jeune homme de 60 ans que vous qualifiez « d’impulseur culturel » ? Jean-Luc, 61 ans.

C’EST LA LUTTE JEAN-LUC,

Le bâtiment en question ne sert pas à grand chose… C’est un temple de la consommation du type de ceux que l’on trouve habituellement en périphérie des grandes villes. Même si ce n’est ni une réussite sur le plan économique ni sur le plan esthétique, il a l’avantage de rajouter une touche de rouge sur la photo. ——

PSY ZUT !,

Mon petit ami a flashé sur le manteau vert de la comédienne Anne Le Guernec photographiée en ouverture de la rubrique « Colmar vu par ». Du coup, il me l’a offert sans que j’ai eu à le prier et je l’ai porté pendant tout l’hiver pour son plus grand plaisir. Karen, 29 ans.

PSY KAREN,

Sigmund Freud a très bien expliqué pourquoi certains hommes sont maladivement attirés par les femmes qui s’habillent en vert. D’ailleurs, votre petit ami n’est de loin pas le seul à être tombé sous le charme de ce très beau manteau. ——

HEY ZUT !,

J’aime bien le site www.tout-mulhouse-au-lit.fr. Est-ce que je peux envoyer ma photo même si j’habite à Colmar depuis dix-sept ans ? Gilbert, 72 ans.

ZUT PATRICIA,

Le démarrage d’un magazine prend toujours du temps… Il y a cinq ans, lorsque Zut ! a démarré à Strasbourg, il n’était pas aussi épais qu’aujourd’hui. Si vous rêvez que Zut ! devienne aussi épais dans le Haut-Rhin qu’à Strasbourg ou bientôt à Bordeaux, soyez un peu patiente. ——

LETTRE À ZUT!,

Il paraît qu’Ikea envisage de s’installer à Mulhouse. Si c’est vrai, c’est vraiment une bonne nouvelle. Je vais enfin pouvoir acheter des étagères pas chères pour mes bouquins et peut-être même retrouver un job. Qu’en dites-vous ? Elise, 32 ans.

LETTRE À ELISE,

Rien ne dit que ça sera bénéfique pour l’emploi, car si ça se fait il faut s’attendre à des licenciements chez Fly, Atlas et compagnie. Ce qui est sûr, c’est que pour accueillir un magasin Ikea à côté de Mulhouse, il va falloir sacrifier d’énormes surfaces agricoles. C’est triste ! Il risque aussi d’y avoir encore moins de monde dans les commerces du centre-ville qui n’ont vraiment pas besoin de ça depuis que de nombreuses entreprises du secteur tertiaire se sont bêtement exilées au Parc des Collines… ——

BEAUTIFUL ZUT !,

Je ne supporte plus les magazines qui ne mettent en avant que des blancs-becs avachis et des pimbêches décolorées. Heureusement, vous avez sauvé l’honneur avec votre photo de Moussa Sy dans la rubrique « Mulhouse vu par ». À quand une belle black avec une coiffure afro en couv ? Angela, 69 ans.

BEAUTIFUL ANGELA,

On ne peut que vous féliciter pour votre combativité sans faille et votre goût très sympathique pour les beaux blacks.


BLOCH GENSBURGER HOMME / FEMME

1913

1955

2013

MAISON FONDテ右 EN 1913 ADD ~ Cinzia Rocca ~ Crea ~ Esthティme Cachemire ~ Fuchs Schmitt ~ Isabel de Pedro ~ Poles ~ Rodika Zanian ~ Weill Benvenuto ~ Black Ponte.i ~ Cerruti accessoires ~ Florentino ~ Gardeur ~ Nanibon ~ Olymp ~ Saint James ~ Seidensticker

3 et 5 rue des Boulangers 68000 Colmar / 03 89 41 26 47

W W W. B L O C H - G E N S B U R G E R . F R


02 JUS DE LUNE

CHRONIQUE

AU BON PARFUM

— Par Sylvia Dubost — Illustration Lætitia Gorsy

C’est peut-être la matière la plus noble de toute la parfumerie. Et comme tout aristocrate, elle se livre avec retenue. La recueillir demande patience et délicatesse. L’iris sait se faire désirer. Il faut attendre trois ans avant de pouvoir en déterrer le rhizome et le laisser se dessécher, pendant encore trois années. Six ans, au minimum, pour que cette racine toute rabougrie et dure comme de la pierre, et non la fleur altière, soit prête à être broyée et distillée. C’est long, dans l’industrie… D’autant plus que le procédé d’extraction est complexe et le rendement médiocre, que la culture sur des terrains caillouteux et escarpés rend la mécanisation de la récolte impossible. L’absolue d’Iris Pallida florentin, l’espèce la plus raffinée, atteint ainsi aisément les 60 000€ le kilo… Si l’on s’assujettit ainsi à ses caprices, c’est que l’imaginaire que véhicule cette matière est unique. Froide et métallique, humide et pierreux, légèrement boisée et délicatement poudrée : elle a l’odeur du clair de lune. Rappelant aussi la violette et la carotte (l’effet racine), l’iris est presque toujours mélancolique. Soit parce qu’il est froid comme la nuit et la mort, soit parce qu’il rappelle les cosmétiques d’antan, parfumés aux rhizomes d’iris pilés. Sa plus belle interprétation est sans aucun doute celle de Serge Lutens, orchestrée par le parfumeur Maurice Roucel. Iris Silver Mist (1994) évoque un brouillard argenté dans de sombres sousbois. Tellement froid qu’il me fait monter les larmes aux yeux et me le rend impossible à porter. Un iris total, sublime et mortuaire. Dans le même registre sylvestre et nocturne, Bois d’argent (Dior, 2004) joue lui aussi l’épure tout en se faisant plus chaleureux et portable. Mais le plus touchant dans cet esprit reste pour moi Après l’ondée (Guerlain, 1906) : cette lisière humide et nostalgique est d’une poésie ZUT ! 12

inégalée. Sans conteste l’un des plus beaux parfums de tous les temps. La froideur intrinsèque de l’iris le garde toujours quelque peu à distance. Même travaillé loin de cet imaginaire féérique, sa séduction est toujours cérébrale, jamais sensuelle. Il aura ainsi inspiré à Henri Robert l’un des chefs d’œuvre de Chanel : le vert et nerveux n°19, parfum d’une femme de tête. Et lorsque l’iris se fait doux, lorsque sa poudre délicate nous enveloppe comme un cocon et dévoile une facette rétro, la féminité qu’il évoque est tout en retenue. Toujours en raffinement et en délicatesse, jamais il ne s’impose, jamais il ne laisse un sillage derrière celui qui le porte. Timide comme la lune, fugace comme la rosée, c’est un parfum pour soi qui ne se dévoile que dans l’intimité. Avant de disparaître, noblesse oblige, sur la pointe des pieds mais dans un infini regret. Mes iris préférés : Après l’ondée, Guerlain (Jacques Guerlain, 1906) : une prairie à l’aurore, trempée de rosée ; de la mélancolie en flacon. Dior homme, Christian Dior (Olivier Polge, 2005) : cet iris chocolaté est la preuve que le mainstream est capable de chefs d’œuvre. Evitez les versions intense et sport, qui ont perdu toute élégance. N°19, Chanel (Henri Robert, 1971) : s’il n’est pas en vedette, l’iris donne à cet composition la froideur hiératique qui convient à une séductrice plus en verve qu’en courbes. Iris, Santa Maria Novella (1901) : un iris-violette délicat, frais et innocent. Une merveille de douceur étonnante de modernité. Iris poudre, Frédéric Malle (Pierre Bourdon, 2000) : délicieusement désuet, un aldéhydé qui ne garde de la racine que l’effet cosmétique.


Bague Cocktail un zeste d’ivresse

Or jaune, péridots, spessartites et diamants

www.insecable.com

Toutes nos collections et nos tarifs sur simple demande Éric Humbert 46 rue des Hallebardes 67000 Strasbourg tél & fax 03 88 32 43 05 info@eric-humbert.com www.eric-humbert.com


Réalisation Caroline Lévy

Photos Christophe Urbain

COLMAR VU PAR Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Colmar. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.

ZUT ! 14


HÉLÈNE CASCARO 46 ans

Directrice du Musée Unterlinden

Où ? Jardin du cloître du Musée Unterlinden

Par fait lieu de retraite au cœur du musée, où se côtoient à la fois des pièces de pré-Renaissance et d’art contemporain. Ce passage hors du temps en pleine cité a su le traverser avec aisance…

MER 22 MAI

Robe Weill chez Bloch-Gensburger à Colmar.

SON ACTU.

Participation à l’Opening Night, le 8 novembre à Colmar. Exposition Robert Cahen cet été et cycle cinéma au Colisée autour de l’artiste du 27 novembre au 3 décembre.

15 ZUT !


COLOMBE LINOT TE 32 ans

Blogueuse et auteure

MER 22 MAI

Perfecto en cuir Overland et top en soie élasthanne Van Laack chez Bloch-Gensburger à Colmar.

O Ù ? Jardin rue Serpentine

——— Je peux rester des heures à obser ver la vie des canards, cygnes, ragondins et autres volatiles ! On se rend compte qu’ ils ont une vie tellement riche et inspirante, qui alimente mon blog quotidiennement ! Je suis fan.

ZUT ! 16

SON ACTU.

3e anniversaire du blog Colombe et Linotte. Sortie du livre Le Mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien, First Editions / http://colombelinotte.wordpress.com


ODILE KRIEG 66 ans Restauratrice

MER 22 MAI

Manteau JeanPaulKnott et top Tsumori Chisato, le tout chez K. Collections à Colmar.

O Ù ? Jardin Saint François-Xavier

——— Ce jardin public, peu connu des Colmariens, est un vrai bonheur de verdure où je promenais déjà mes enfants. Un lieu que je trouve beau et qui regorge de plantes aromatiques et d’espaces de jeux, à deux pas de chez moi ! Je devrais y venir plus souvent…

SON ACTU.

Cuisine du marché bio avec des légumes et fruits de saison au restaurant Luser Stub. Ouvert les mercredis, jeudis et vendredis midis uniquement ! 13, rue de la Herse à Colmar 03 89 24 56 06

17 ZUT !


JEAN-BAPTISTE RAETH

Chargé de projet à l'association Lézard et chanteur

30 ans

MER 22 MAI

Chemise à motifs et veste en denim G-Star, chez Urban Zone à Colmar.

O Ù ? Citerne rue d ’Altkirch

——— Cet ovni au milieu de nulle part est la chose la plus surprenante du quartier Sainte-Marie, où je vis. Un monument au croisement entre une tour médiévale et un site typiquement industriel : j’aime cette ambiguïté !

ZUT ! 18

SON ACTU.

Au Lézard : 17e édition du festival Musiques Métisses, exposition de René Weber jusqu’au 15 juin et du Collectif 7 de Mulhouse à l’automne. www.lezard.org Concerts en juin à Munster et Kingersheim avec le groupe Changala et enregistrement d’un quatre titres en studio.


CATHERINE GARNIER 56 ans Commerçante

MER 22 MAI

Veste en cuir bi-matière et t-shirt Jean-Paul Gaultier, combinaison pantalon Issey Miyake, foulard Christian Lacroix, le tout à La Corrida à Colmar.

O Ù ? Rue de l ’Ange

——— Ce passage à proximité de la boutique me mène rapidement vers mes restaurants favoris de spécialités turques et vietnamiennes ! Dès que je pénètre dans ce « refuge » à l’abri des passants de la rue parallèle, j’ai l’ impression de me trouver dans une ruelle en plein cœur de Venise. Un voyage de quelques secondes qui permet de s’ évader…

SON ACTU.

Nouvelles gammes de thé Mariage Frères en hommage au Japon avec Tokyo Breakfast, Paris-Ginza. Nouvelles marques de prêt-à-porter en exclusivité : Mary Katrantzou et Carven, à partir de l’automne 2013 / www.la-corrida.com

19 ZUT !


Réalisation Caroline Lévy Photos Marie Quéau & Oliver Clément

MULHOUSE VU PAR Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Mulhouse. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.

ZUT ! 20


ERIC KHELIFF MAR 21 MAI

54 ans Comédien et metteur en scène

SON ACTU.

Présentation à la Friche DMC de la performance vidéo Autour de la table de Claire Guerrier, dates prévues à Strasbourg, en Suisse et en Italie. Projet d’un événement autour de l’œuvre de Pasolini. Préparation d’un moyen-métrage. Projet théâtral autour d’un texte d’Enzo Cormann.

O Ù ? Friche DMC

T-shirt et blaser en coton Dior chez United Legend à Mulhouse.

——— Ce site fait partie de la mémoire ouvrière de la ville, dans lequel se croisent histoire « industrielle » et avenir, avec l’ambition de devenir un quartier mixte ouvert sur la culture, comme c’est déjà le cas aujourd’ hui avec certaines résidences d’artistes… 21 ZUT !


DELPHINE GUTRON 34 ans Graveur

MAR 21 MAI

Chemise en soie Saint Laurent Paris et blazer col châle en soie Gucci, le tout chez United Legend à Mulhouse.

O Ù ? Temple Saint-Etienne

——— L’atelier dans lequel je travaille donne sur la place de la Réunion et ce temple est la première chose que je vois le matin ! Il demeure une source d’ inspiration inépuisable puisque je me suis appropriée ce monument architectural sous tous les angles, et ses motifs ser vent évidemment ma gravure…

ZUT ! 22

SON ACTU.

Expositions au Temple Saint-Etienne dans le cadre du festival Les mains nues, à la Centrale d’Art La Boulangerie et au Marché des Arts, square de la Bourse. Exposition permanente dans son atelier, Ustensibles, au 3, rue du Marché / dgutron@gmail.com


MAR 21 MAI

VENERA TISTOUNET 54 ans Commerçante

Trench gansé de cuir Burberry, sac et foulard Gucci, le tout chez United Legend à Mulhouse.

O Ù ? Square de la Bourse

——— J’aime vraiment traverser cette place avec son square et ses platanes centenaires. J’emprunte ce chemin avec bonheur dès que je me rends à la Gare. Les camaïeux de rose de cette architecture coloniale avec ses arcades en enf ilade me font penser à mon Italie natale. J’adore !

SON ACTU.

Les boutiques United Legend soutiennent l’activité de trois jeunes créateurs – dont Guillaume Steinmetz, natif de Mulhouse, qui vient d’ouvrir son concept-store The Broken Arm à Paris. Nouvelles marques à découvrir chez United Legend : Burberry Brit et Givenchy.

23 ZUT !


MAR 21 MAI

Dessinateur

JOAN 49 ans

Chemise à carreaux, gilet à capuche et veste en denim sans manche G-Star à Mulhouse.

O Ù ? Marché du Canal couvert

——— C’est un des seuls lieux à Mulhouse où se concentre un tel métissage. Ce marché invite au voyage avec les traditions culinaires locales ou exotiques des stands. Un lieu de brassage où je me sens bien !

ZUT ! 24

SON ACTU.

Pages jeux dans le magazine hebdo Spirou, dessins humoristiques dans le cahier mulhousien des DNA, collaboration ponctuelle avec Fluide Glacial, expo tournante Lucie in the skeud, pochettes de vinyles de 33 tours revisitées / http://blog.lapetitelucie.com


NATHALIE BIRLING 37 ans Présidente de la compagnie Estro

MAR 21 MAI

Veste en cuir zippée Gucci et pull en cachemire Burberry, le tout chez United Legend à Mulhouse.

O Ù ? Noumatrouff

——— J’y ai vécu ma première claque musicale en live ! C’ était en 1992, j’ étais encore lycéenne, je garde depuis un lien fort avec cette salle mythique où je vais dès que possible y découvrir des groupes ou simplement passer un bon moment…

SON ACTU.

Co-organisation de la 1ère édition du Printemps du Tango, festival autour de la culture argentine. Animation de l’émission musicale mensuelle Djoukebox à Billie sur Radio MNE. Tournée de Los abrazos de la Compagnie Estro à partir d’octobre. www.estro.fr www.printempsdutango-mulhouse.fr

25 ZUT !


Grégoire Daujean, Bonr • Photo Nis&For • Graphisme onr •Licences 2-1055775 et 3-1055776 • saison 2012-2013

choréGrAPhie Mathieu Guilhaumon Musique edvard Grieg

Les Aventures de

Peer Gynt 13 06 28 06 mulhouse la sinne 13 et 14 juin 20 h

Colmar la manu 20 et 21 juin 20 h 30

www.operanationaldurhin.eu

illKirCh l’illiade 27 et 28 juin 20 h 30


Nicolas Waltefaugle

Phot o

Cult ure


la culture n’a pas de prix www.novomag.fr

VELICKOVIC 29.06 > 20.10 2013

e s p a c e d' ar t con t e m p o r a in And r é M a lr a u x 4 r u e r a p p - 6 8 0 0 0 C O L MAR tél: 03 89 20 67 59

ENTRÉE LIBRE

du mardi au samedi de 14h à 19h le dimanche de 14h à 18h.

DRAC Alsace

VILLE DE COLMAR


La forme & au delà La repré sen tation

L’été est toujours propice à la découverte. Ça tombe bien, les musées, fondations et centres d'art de l’Est de la France, ainsi que nos voisins allemands et suisses proposent de belles expositions, thématiques, monographiques voire rétrospectives.

La contes tation

Zut ! vous propose sa sélection : 3 parcours, 15 expositions pour explorer l’image, ses formes et extensions possibles.

L’ autre dimen sion

expos ition s d'été


30

La représentation Avant de s’abstraire, l’image était représentation. Elle l’a été durant des siècles et le reste aujourd’hui avec des approches bien différentes : un parcours sur plus de 5 siècles d’images.

L’automne de la Renaissance : d’Arcimboldo à Caravage 4 mai au 4 août ——

Musée des Beaux-arts de Nancy www.renaissancenancy2013.com

La sophistication et la précision extrêmes du maniérisme tardif (1570-1610), en 150 chefsd’œuvre. La Renaissance italienne se donne à voir, en même temps qu’elle s’efface, dans les nombreuses Renaissances qui naissent à Prague, à Paris, à Madrid ou même à Nancy. C’est bien l’œuvre d’un italien, Giuseppe Arcimboldo, qui donne son titre à l’exposition. Mais un Italien appelé à Prague en 1562, qui laisse vagabonder son imagination débridée et donne le ton à la cour de Ferdinand 1er. C’est bien là, dans les grandes cours européennes, que s’exprime l’art maniériste, détournant les codes, les symboles et le vocabulaire de la Renaissance italienne tout en se rapprochant de la nature. Chaque artiste y

va de sa touche personnelle. À la cour de Rodolphe II, au service duquel il entre plus tard, Arcimboldo se souvient des masques antiques dans son célèbre Vertumne. Rubens, peintre officiel de la cour d’Albert et d’Isabelle d’Espagne, doit sa fortune artistique à sa palette de couleurs qui lui vaudra, de la part de Delacroix, le surnom d’« Homère de la peinture ». On doit aux artistes avant-gardistes, notamment les Surréalistes, d’avoir redécouvert ces peintres aux accents modernes. C’est encore ce XXe siècle qui reconnaîtra le génie d’un peintre longtemps précédé par sa sulfureuse réputation : le violent et torturé Le Caravage, reconnu et encensé à la Cour du cardinal Del Monte, révolutionne la manière de peindre par un habile jeu de contrastes. Génie irascible envoyé en exil à deux reprises, il laisse derrière lui un héritage inestimable pour la peinture ex pos ition s d'été

Hans Hoffmann, L’Aile bleue, Staatsbibliothek, Bamberg

européenne. Dès sa disparition, de nombreux peintres adoptent le style « caravagesque » : une composition en largeur, baignée d’une lumière dramatique et de tons rouges, bruns et noirs, qui précipitent le spectateur dans la scène. On ne s’étonnera pas de sa présence à Nancy, où il exposé depuis plus de 400 ans L’Annonciation, commandée par son grand admirateur Henri II de Lorraine. Par Vanessa Schmitz-Grucker


31

C’est  une “ Image  d’Epinal ”

Poupée à habiller. Planche 2. Denis Sportsman, chromolithographie dessinée par Maréchaux, éditée en 1936 par l’Imagerie Pellerin, Épinal, Coll. Musée de l'Image

Jusqu’au 16 avril ——

Musée de l’Image d’Epinal www.museedelimage.fr

L’image comme vecteur essentiel d’informations et d’idées… Questions à Martine Sadion, conservatrice, autour de la magistrale exposition consacrée à l’image d’Épinal. Une question sous-tend cette exposition : qu’est-ce qu’une image d’Épinal ? Comment y répondre ? Pour le comprendre, on montre une série marquante, réalisée et diffusée dans toute la France aux alentours de 1830, qui raconte les faits et gestes de Napoléon. À partir de là, l’image d’Épinal essaime au point de devenir un genre, un genre qui a notamment contribué à la restauration de l’Empire. On croit que l’imagier Pellerin est né en 1796, mais ça n’est pas le cas. Il est né en 1809 et c’est primordial. Pourquoi ? Parce que cette date correspond à la politique napoléonienne, au moment où l’Empereur travaille son image et décide d’investir les campagnes les plus profondes à travers l’imagerie populaire. C’est le début de la communication. Utilise-t-on des stéréotypes pour que l’image soit simple et compréhensible par tous ? Contrairement à ce qu’on imagine, l’imagerie d’Épinal a une vocation morale ou politique. Ce sont des images de société ; elles ne sont pas simples à comprendre, il y a différents niveaux de lecture. À Épinal, nous avons produit des images de 1850 à 1930, et le stéréotype vient de la répétition d’un même modèle : la petite fille sage, le bon petit soldat, l’avocat avec sa grande robe. Toutes ces images ont été reproduites pendant des années !

D’où vient cette idée que l’image d’Épinal est démodée ? C’est notre regard contemporain sur ces images anciennes qui fait qu’on les trouve un peu naïves, bécasses. Mais en leur temps, elles étaient complètement modernes. Il faut se garder d’avoir un regard d’aujourd’hui lorsqu’on regarde ce genre d’images, il faut se réadapter à l’époque. Pourquoi faisait-on des images de petites filles sages ? Parce que les mamans les achetaient pour éduquer leurs filles... Comment expliquez-vous que l’image d’Épinal soit devenue un genre à part entière ? Les imagiers d’Épinal, Charles Pinot et Jean-Charles Pellerin, avaient une politique de diffusion extrêmement bien rodée. D’abord distribuées par des colporteurs, les images sont ensuite vendues par des représentants, dans les boutiques, dans les librairies. C’est une vraie expos ition s d'été

politique commerciale, qui a fait que les images d’Épinal étaient présentes partout à la fin du XIXe. Elles ont dépassé les frontières de la Lorraine et ont été copiées, reproduites, achetées partout. Cette imagerie était vendue pour informer les gens. Petit à petit, elle a servi la politique ou la religion ; elle a même servi à égayer les enfants ! Toutes ces fonctions qu’on pouvait attribuer à l’image en feuille sont passées à d’autres domaines : les journaux d’abord, puis la télévision. La photographie a généralisé le besoin de reconnaître les gens, or ça n’était pas le cas à l’époque. Les images d’aujourd’hui se sont créées sur le modèle de celles qui ont été produites au XIXe siècle ; elles ne répondent cependant pas aux mêmes finalités. Par Cécile Becker


32

Max  Ernst Jusqu’au 8 sept. ——

Fondation Beyeler à Riehen (Bâle) www.fondationbeyeler.ch

Rétrospective de l’un des plus grands artistes du XXe, qui tente de situer l’image au-delà de l’image. Parmi les Surréalistes, Max Ernst a toujours tenu une place à part. Sans doute était-il – et de loin ! – l’artiste le plus doué de cette génération, en tout cas l’un des plus prolifiques et des plus diversifiés. Peintures, collages, sculptures, rien n’échappait à son envie sans cesse renouvelée de pousser plus loin les limites de sa propre création. De ses débuts dadaïstes à Cologne à ses développements new-yorkais, en passant par sa période parisienne, il a toujours fait figure de pionnier, multipliant ses sources d’inspiration, qu’elles soient plastiques ou même textuelles. Ses tentatives innovantes – frottage, grattage, décalcomanie et oscillation – manifestaient une soif de découverte que ne peut que lui envier le grand Picasso lui-même. Bien sûr, l’histoire très officielle le place dans l’ombre de figures comme Salvador Dalí ou de Marcel Duchamp, et le grand public doit encore se familiariser avec un corpus infini, mais Max Ernst rivalise d’ingéniosité et de vivacité avec ces deux piliers de l’art du XXe. Peut-être même ajoute-t-il cette touche de générosité et d’espièglerie – en éternel gamin – qui le rend aujourd’hui encore si attachant, si souriant. À la Fondation Beyeler, la grande rétrospective qui lui est consacrée, avec plus de 170 peintures, collages, dessins, sculptures et livres illustrés, permet d’épouser l’immensité de son œuvre. On y découvre un artiste qui tente de situer l’image au-delà de l’image, dépassant les problématiques de perspective et de plan – ce choix qui s’opère entre les 2 ou les 3 dimensions de la représentation –

et nous conduit dans un espace mental parfois sidérant – en lien avec son amour de la psychanalyse, mais aussi de la philosophie, de l’ethnologie et de l’astronomie –, un espace dans lequel l’esprit peut se plonger, voire s’y attarder. On reste parfois fasciné par sa capacité à nous entraîner dans un ailleurs plastique, mêlant sur une même toile tant de techniques, toujours avec virtuosité. Max Ernst, dans le domaine du jazz, serait un band à lui tout seul, pratiquant les soli de saxo, de piano ou de batterie avec le même génie et la même énergie. Et pourtant, rien de démonstratif dans sa manière de faire : juste l’impulsion de l’instant qui le conduit à confronter et éprouver sa propre pratique avec la même opiniâtreté, loin de toute convention esthétique, au profit de la créativité pure. Cette exposition permet de mesurer l’immense héritage de Max Ernst, et la saisissante actualité de son œuvre. Par Emmanuel Abela

ex pos ition s d'été

Max Ernst, L’Ange du foyer ou Le Triomphe du surréalisme, 1937 Huile sur toile, 114 x 146 cm, collection privée © 2013, ProLitteris, Zurich


33

Vues  d’en  haut Jusqu’au 7 oct. ——

Centre Pompidou-Metz www.centrepompidou-metz.fr

L’apparition des images aériennes a fait basculer l’art de représenter le monde. On doit bien l’avouer, jamais nous n’avions envisagé l’histoire de l’art du XXe siècle sous cet angle. L’exposition du Centre Pompidou-Metz, pilotée par Angela Lampe, met au jour une vraie révolution : les premiers clichés aériens, réalisés vers 1860 par les photographes Nadar à Paris et James Wallace Black à Boston, ont montré la terre d’un point de vue vertical, et changé la face des arts plastiques à tout jamais. Ces images entraînent une véritable rupture dans la conception et la représentation du monde. Moins de 50 ans après la naissance de la photographie, qui avait profondément bouleversé la peinture, cette avancée technologique entraîne un basculement fondamental : elle signe la fin de la perspective, qui avait révolutionné l’art de la représentation à la Renaissance (et la régissait depuis). Pour la deuxième fois dans l’histoire de l’humanité (la première étant la naissance de la cartographie), on change donc de point de vue sur le monde. Celui-ci redevient une surface plane, sans reliefs ; la géométrie euclidienne a vécue. Les avantgardes, au premier rang desquelles les cubistes, se passionnent pour ces points de vue qui déploient des panoramas infinis. Par le biais de la presse puis du cinéma, elles se diffusent largement. Pendant la Première Guerre mondiale, les films tournés par l’armée dévoilent des humains minuscules dans un paysage immense fendu par les tranchées. Piet Mondrian désigne ainsi les actualités d’avant-film comme l’un des facteurs décisifs dans son cheminement vers une peinture géométrique, faite de carrés et rectangles.

El Lissitzky, Proun G7, 1923 Détrempe, tempera, vernis et crayon sur toile, 77 × 62 cm Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf © Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf / Walter Klein, Düsseldorf

Par leur puissance et leur magie, par les possibilités qu’offre ce nouveau point de vue, ces images ressurgissent chez de nombreux peintres et photographes – les œuvres de Delaunay, Malevitch, Moholy-Nagy, Kandinsky, El Lissitsky en font la lumineuse démonstration –, dans l’art de propagande, où la position verticale confère une impression de domination, dans l’architecture – chez Le Corbusier et Van Doesburg –, plus tard dans le Land Art – les artistes s’inspirent des structures de paysages encore inconnues –, les drippings de Jackson Pollock. Autant d’œuvres que l’exposition éclaire ici d’un jour nouveau. Mais à mesure que l’histoire avance, le regard vertical change de sens. Il se banalise et finit pas ne plus mettre en doute ce que l’on croyait savoir du monde. Lui qui avait révélé la ville horizontale – Los Angeles vs New York – pointe désormais les ratés du développeexpos ition s d'été

ment urbain, et des artistes comme Ed Ruscha dénoncent l’étalement effréné et le cancer pavillonnaire. Il devient également synonyme de surveillance permanente des territoires et des citoyens, de paysages dévastés par la guerre que photographie Sophie Riestelhueber. Certes, ces Vues d’en haut continuent à nous révéler les beautés du monde (certainement pas le volet le plus intéressant de la création, à telle enseigne que cette exposition, qu’on croyait commise par Yann Arthus-Bertrand, avait failli nous échapper). Dans un étrange et déprimant mouvement de balancier, elles en soulignent désormais la face obscure. Au fil du siècle, elles ne convoquent plus la magie, mais le désenchantement… Par Sylvia Dubost


34

Maurizio  Cattelan 8 juin au 6 oct. ——

Fondation Beyeler à Riehen (Bâle) www.beyeler.com

Derrière les piècesphares de cette star de l’art contemporain se dessine une œuvre complexe et sensible, entre hyperréalisme et art conceptuel. On lui doit les images les plus marquantes de l’art de ces dernières années. Avec ses sculptures de cire maltraitant des « icônes », qui se vendent des millions, Maurizio Cattelan est, avec Damien Hirst ou Jeff Koons, une star du marché. Ses œuvres les plus connues : Him (2001), où Hitler est agenouillé dans

la prière, et surtout La Nona Ora (1999), figurant le Pape Jean-Paul II écrasé par une météorite. Devenues icônes à leur tour, elles occultent une grande partie de l’œuvre de Maurizio Cattelan. Employé dans un hôpital (notamment à la morgue), puis designer industriel, la légende raconte que Cattelan se lance dans l’art après avoir vu des œuvres de Michelangelo Pistoletto (actuellement invité du musée du Louvre). Un maître de l’Arte povera, ce mouvement qui défie l’industrie culturelle et plus largement la société de consommation… ce qui, eu égard au succès de Cattelan, peut aujourd’hui paraître paradoxal… En réalité, son œuvre est riche, et tout en contrastes. Elle est à la fois jubilatoire – osons ce terme galvaudé – et empreinte de mélancolie, traversée par un ex pos ition s d'été

Maurizio Cattelan, La Nona Ora, 1999. Polyester resin, human hair, fabric, clothing, accessories, stone and carpet. Photo : Attilio Maranzano, courtesy Maurizio Cattelan’s Archive

humour ironique et un goût certain pour la provocation, mais aussi par beaucoup de poésie. Elle est marquée par la peur de l’échec et déploie des stratégies de fuite de l’artiste. Pour sa première exposition personnelle à New York, Cattelan avait ainsi accroché à la porte fermée de la galerie vide un panneau marqué « Je reviens de suite »… À la Biennale de Venise en 93, il avait loué son espace à une agence de publicité qui y avait installé une publicité pour du parfum. Titre : Working Is a Bad Job. À Amsterdam, il reprend les œuvres


35

d’un artiste exposant dans la galerie d’à côté et se les attribue, dans une exposition qu’il intitule Another Fucking Readymade (1996). Malhonnête, énervant… et totalement jouissif ! Si le monde de l’art est toujours au cœur de ses réflexions – il a littéralement scotché son galeriste italien au mur, pendant toute une journée –, son travail est souvent éminemment politique. En 1991, il devient manager, en Italie, d’une équipe de foot entièrement composée d’immigrés nord-africains, portant le slogan « Raus » (« dehors ») sur leur maillot… Des actions évidemment impossibles à reproduire et à exposer, contrairement à ses sculptures hyperréalistes, traversés par les mêmes thèmes et paradoxes que le reste de son œuvre. Au musée de Rotterdam, il apparaît (sculpté) crevant le plancher pour faire intrusion dans la galerie des Beaux-arts, au milieu des maîtres flamands – œuvre vendue plus de 7 millions d’euros en 2011 et qui perd complètement son sens sortie de ce contexte. Et dans Bidibidobidiboo (1996), écureuil empaillé suicidé dans sa cuisine, on retrouve à la fois sa noirceur et son humour absurde. En 2011, fuite ultime, Maurizio Cattelan annonce son retrait de la vie artistique, à l’occasion d’une rétrospective au musée Guggenheim de New York. Il a voulu l’exposition All (Tout) comme un monument commémorant son existence insignifiante et avait accroché, au centre de la prodigieuse spirale, a peu près tout ce qu’il a produit depuis 1989. Une vie d’un travail d’une remarquable cohérence, pendu comme du vulgaire linge… ou comme un suicidé. Dieu sait ce qu’il aurait été capable de suspendre dans les jardins et les salons de Versailles qu’Aillagon avait, un temps, songé à lui confier. Des sculptures d’enfants morts, comme à Milan ? Versailles a fini par se dégonfler. Car contrairement aux autres stars qui l’ont investi, Murakami ou Jeff Koons, Cattelan est bien trop incontrôlable. Par Sylvia Dubost

Emil  Nolde, La  splendeur  des couleurs 15 juin au 13 oct. ——

Musée Frieder Burda à Baden-Baden www.museum-frieder-burda.de

Le maître de l’expressionisme allemand transmet dans la peinture la puissance des émotions. « Un cousin des profondeurs », c’est ainsi que Paul Klee nommait ce personnage mystérieux, plein de contradictions et d’ambivalence. S’il n’est qu’une quête dans la vie d’Emil Nolde, c’est celle de la reconnaissance. Nolde ne passera que deux ans au côté des expressionnistes du groupe Die Brücke. Ils avaient aimé ses compositions florales aux larges aplats et aux couleurs vives. Mais Nolde cherche ses marques. Il part pour Berlin, rejoint la Sécession berlinoise, la quitte pour fonder la Nouvelle Sécession, peint des toiles religieuses, détruit ses toiles, se passionne pour l’art primitif et l’abstraction avant de revenir, après-guerre, aux sources. Et ce retour aux sources annonce le début expos ition s d'été

Emil Nolde, Hohe Sturzwelle, 1948 68,5 x 88,5 cm, Ölfarben auf Leinwand

d’une période trouble que l’innocence des fleurs de Nolde pourrait vite faire oublier. Dès 1935, il adhère au Parti Nazi. Ce qu’il souhaite profondément, c’est d’être enfin accepté. Ce sera le cas, pour un temps. Protégé par Goebbels, il a toutes les faveurs du Régime hitlérien avant que celui-ci ne confisque près d’un millier de ses toiles, dont certaines ont été détruites lors de la campagne contre l’art dégénéré. Amer, Nolde rentre dans le Schleswig où il mourra 20 ans plus tard. Il laisse une œuvre aussi complexe que le personnage mais comme lui fondamentalement attachée à la terre et à la nature. Par Vanessa Schmitz-Grucker


36

La contestation Longtemps outil des pouvoirs politiques et religieux, l’image a également servi la contestation. Elle éprouve pour cela ses propres limites et cherche l’ailleurs du côté des mots et de l’action : un parcours sur la frontière de la poésie et du concept.

Steve  McQueen Jusqu’au 1er sept. ——

Schaulager, à Bâle / Munchenstein www.schaulager.org

Rétrospective pléthorique de ce cinéaste et vidéaste au regard radical et poétique. À tous ceux fâchés avec l’art contemporain ou qui boudent les expositions alors que le soleil brille, deux bonnes nouvelles s’offrent à eux. Primo, le Britannique Steve McQueen va les réconcilier avec leurs idées préconçues ; secundo, le calendrier lunaire prévoit un été pourri. Deux excellentes raisons donc pour se rendre au Schaulager, transformé pour l’occasion en véritable cité des images : pas moins d’une quinzaine de salles de cinéma pour le prix de deux séances en multiplexe. Prenant prétexte des films remarqués – et remarquables – Hunger et Shame, magistralement interprétés par Michael Fassbender, respectivement en activiste politique gréviste de la faim et en golden boy accro au lucre et au stupre, cette exposition présente la partie immergée du travail de Steve McQueen, remarquable iceberg parti à la dérive des représentations sociales, des conséquences éthiques de la mondialisation sauvage, de l’emprise des corps sur les esprits. L’image animée est prédominante, notamment dans Giardini ou Gravesend, faux documentaires au traitement esthétique soigné, mais c’est l’installation Pursuit, menant le visiteur à un contexte

trouble où ses sens sont déboussolés, qui propose une expérience totale et saisissante à vivre. L’œuvre de McQueen ne se laisse pas aisément appréhender d’un seul tenant. Elle comporte tant de portes d’entrées, du poétique au réflexif, qu’elle peut néanmoins difficilement laisser insensible. Pour mieux profiter de cet édifice complexe, le Schaulager vous donne la possibilité d’accéder au site trois fois pour le prix d’une entrée et a concocté un programme de rencontres autour du travail de l’artiste ex pos ition s d'été

qui ne déroge pas à la règle d’excellence de cette fondation. Pour les sceptiques, ou ceux qui préfèrent malgré tout les plages, séance de rattrapage possible à la fin de l’année avec la sortie prévue du troisième long métrage de Steve McQueen, Twelve Years A Slave. Par Xavier Hug


37

Abstraction américaine Jusqu’au 22 sept. ——

Fondation Fernet-Branca, à Saint-Louis www.fondationfernet-branca.org Robert Rauschenberg’s Art Car, 1986 © BMW AG

L’abstraction est explorée de manière singulière par des artistes américains à partir des années 50. On redécouvre aujourd’hui un pan entier de la création aux Etats-Unis.

Steve McQueen, Bear, 1993

Quand on s’intéresse aux États-Unis de l’après-guerre, on s’attache beaucoup à l’expressionnisme abstrait, puis au pop art. On délaisse cependant ces artistes qui ont imposé d’autres formes d’abstraction, géométrique ou plus onirique. Certains d’entre eux ont obtenu la reconnaissance, d’autres en revanche restent méconnus du public européen. Sans constituer un groupe à part entière, ils n’ont cessé de se croiser et d’échanger leurs pratiques plastiques pour des développements parfois surprenants. L’exposition Abstraction Américaine à la Fondation Fernet-Branca restitue les liens qui les unissent en s’attardant sur sept d’entre eux, Hans Hoffmann, Jack Tworkov, Charles Pollock – le expos ition s d'été

frère aîné de Jackson Pollock –, Adolph Gottlieb, David Smith, Richard PousetteDart et Sam Francis, tout en insistant sur la singularité de chacun d’entre eux. L’exposition s’achève sur un hommage à Robert Rauschenberg, l’artiste qui a préparé le terrain au pop art, et le Art Car qu’il a conçu pour BMW en 1986 : un hymne à la mobilité qu’il qualifiait lui-même d’« accomplissement ». Par Emmanuel Abela


38

Beat  Generation / Allen  Ginsberg Jusqu’au 9 sept. ——

Centre Pompidou-Metz www.centrepompidou-metz.fr

15 juin au 1 sept. ——

ZKM de Karlsruhe www.zkm.de

Au sein de la Beat Generation, le poète Allen Ginsberg a poussé un cri, dont l’écho nous parvient aujourd’hui encore. Au sein de la Beat Generation on retient souvent Jack Kerouac et William S. Burroughs, des figures au parcours chaotique, spontanément légendaires. Mais la personne qui s’est montrée la plus influente reste le poète Allen Ginsberg. Au-delà du fait qu’il s’est fait lui-même l’apôtre de ses brillants compagnons, son œuvre a irradié les années 60 aussi bien d’un point de vue esthétique que politique. Il semblait nécessaire de resituer sa place véritable, au cœur de cette lame de fond qui a bousculé les mentalités, et bien des idées reçues, aux Etats-Unis pour la génération des baby-boomers arrivée à maturité au moment de la guerre du Vietnam. Howl, l’ouvrage qu’il a publié à l’automne 1956, a marqué autant les esprits que Sur la route, insistant non sur l’insouciance possible – et le mythe du départ –, mais sur la nécessité d’une prise de conscience en cette période troublée de l’après-Guerre. Allen Ginsberg a été de tous les combats. Omniprésent, avec cette pointe de narcissisme qui le caractérisait, on le voit au côté de tous ceux qui luttaient contre le conformisme, de tous ces garçons et ses

filles qui militent tous azimuts pour la reconnaissance de leurs droits élémentaires, contre le racisme, contre la course à la terreur, à la production et à la consommation, bref, contre la lobotomie des masses en pleine guerre froide. Il harangue, manifeste, autant qu’il apaise – on se souvient de son intervention décisive au moment de la Convention nationale démocrate de Chicago en 1968, à l’occasion de laquelle il calme les esprits alors que la police multiplie les actes de répression. Cet ami de Bob Dylan, mais aussi du Clash, a diffusé jusqu’à sa mort une parole de paix, aux accents révolutionnaires toutefois, et invité les jeunes gens à s’élever contre l’injustice, avec des effets qui se font ressentir aujourd’hui encore. En février 1980, n’affirmait-il pas au Magazine Littéraire, avec toujours la même pugnacité, un manifeste de combat qui anticipait l’ère d’Internet ? « Une véritable révolution dans les rapports humains est proche. Les individus doivent prendre d’assaut les moyens de communication et les contrôler. Les techniques employées par les poètes pour changer le monde des arts peuvent être facilement appliquées aux centraux téléphoniques, ex pos ition s d'été

Allen Ginsberg, Peter Orlovsky and friends of Rocky Flats Truth Force, meditating on R. R. Tracks outside Rockwell Corporation Nuclear Facility’s Plutonium bomb trigger factory, Colorado, halting trainload of waste fissile materials on the day Plutonian Ode was completed, July 14, 1978. Photo: Steve Groer, Rocky Mountain News

maisons de la radio, services de contrôle de l’information, tables d’écoute, aux ramifications les plus intimes du vaste réseau qui recouvre de sa toile d’araignée les parties les plus civilisées du monde. » Il ne semblait pas évident de restituer la pluralité de ses actions au sein de la Beat Generation, c’est pourquoi Jean-Jacques Lebel, acteur et spécialiste de la période, a opté pour un dispositif multimédia qui restitue par l’image et le son la vraie richesse artistique du mouvement : une sélection de films – dont le classique Pull my Daisy de Kerouac et Ginsberg –, de documentaires, des performances live, de textes manuscrits, photographies, entretiens et reportages. Bon nombre de documents inestimables qui révèlent l’éternelle jeunesse d’une vision poétique au service du monde. Par Vanessa Schmitz-Grucker


39

Altars  of  Madness Jusqu’au 15 sept. ——

Casino Luxembourg www.casino-luxembourg.lu

Le Metal extrême comme source d’inspiration de l’art contemporain. Questions à Damien Deroubaix, artiste et commissaire d’exposition.

Damien Deroubaix, World Downfall, 2007 268 x 410 cm. Courtesy of the artist

L’exposition s’articule autour de trois courants musicaux. Quels sont leurs points communs ? Ils puisent aux mêmes sources mais divergent sur les thèmes et les esthétiques. Le grindcore est très engagé et critique violemment la société de consommation. Le death metal dérive vers des délires ados et satanistes. Le black metal est lié au paganisme et entretient un rapport au paysage. Leur autre point commun, c’est une imagerie très forte, avec des pochettes toujours travaillées. Et c’est pour cela qu’ils influencent beaucoup les artistes. Comment ces influences émergentelles dans les œuvres ? Sous forme de citation ou dans la construction des œuvres. Dans un passage de Cremaster 2, Matthew Barney fait jouer Dave Lombardo, batteur de Slayer, avec des centaines de milliers d’abeilles. Il recourt à la citation directe, qu’il transcende par une idée folle. Elodie Lesourd reprend une œuvre de Banks Violette, une sculpture de sel reproduisant une église de Norvège incendiée par des musiciens de black metal…

Et chez vous ? Je suis proche du grindcore dans la construction : c’est une musique très saccadée, comme un bombardement, et on retrouve dans mes peintures un matraquage d’images. Je reprends aussi certains éléments de l’imagerie. De plus, une de mes toiles, World Downfall, reprend le titre d’un album de Terrorizer. Quelle place prennent-elles dans la création contemporaine ? Avec Jérôme Lefèvre [co-commissaire, nldr], on voulait faire un fanzine old school [Conservative Shithead, nldr], en invitant à chaque fois un musicien et un artiste. On a fait le premier avec le batteur de Napalm Death et Jeff Walker, puis avec Elodie Lesourd et deux musiciens… Et on s’est rendu compte qu’il y avait de plus en plus de monde. Cette imagerie a beaucoup marqué le travail d’artistes qui ont commencé dans les années 90 – y compris des méga-stars comme Matthew Barney et Harmony Korine [présents dans l’expo, ndlr] – et dont le travail arrive aujourd’hui à maturité. Ces esthétiques, deviennent des éléments de la cuisine artistique, au même titre que l’art contemporain, l’histoire de l’art et le monde dans lequel on vit. Un monde particulièrement sombre depuis une dizaine d’années… Par Sylvia Dubost

expos ition s d'été


40

Tinguely@Tinguely Jusqu’au 30 sept. ——

Musée Tinguely, à Bâle www.tinguely.ch

Jean Tinguely est révélé dans toute son actualité comme l’un des précurseurs des préoccupations esthétiques d’aujourd’hui.

Jean Tinguely, Study for an End of the World No. 2, dans le désert du Nevada, 1962, extrait du journal télévisé de David Brinkley, NBC, 1962

Si plus de 22 ans après la disparition de Jean Tinguely, certains ne voient que la dimension ludique de certaines de ses œuvres, celles-ci n’en gardent pas moins toute leur force subversive. L’artiste suisse reste pionnier à bien des égards dans le questionnement de notre aliénation à la machine : dissolution de l’être dans un environnement mécanique, inutilité du mouvement et des bruits – lesquels sont détournés avec poésie –, constituent autant de thématiques actuelles déjà pleinement contenues dans ses œuvres. Le nouveau regard que porte le Musée Tinguely sur l’actualité de son œuvre révèle les fascinations propres de l’artiste et ses inquiétudes légitimes. Les premières tentatives, les happenings et ferrailles du début des années 60 et naturellement ses grandes sculptures sont perçues aujourd’hui avec le recul nécessaire qui les réinscrit dans une histoire qui part de Duchamp pour nous conduire aux développements esthétiques les plus récents. On resitue enfin Tinguely comme l’un des précurseurs de la scène artistique internationale d’aujourd’hui, à sa plus juste place… Par Emmanuel Abela

ex pos ition s d'été


41

Matthew  Day  Jackson. Total  Accomplishment Jusqu’au 10 oct.

Matthew Day Jackson, Axis Mundi, [Außenansicht], 2011 Divers matériaux (Cockpit d’un Bombardier B-29) Collection privée Courtesy Matthew Day Jackson und Hauser & Wirth ZKM | Karlsruhe, 2013 © Foto: Franz Wamhof

——

ZKM, à Karlsruhe www.zkm.de

À travers ses sculptures monumentales, l’artiste décrit un monde que le progrès mène l’homme à la perte. Le ZKM consacre à l’artiste américain Matthew Day Jackson sa première exposition monographique en Allemagne. Total Accomplishment interroge la place de l’utopie et de la contre-utopie dans un monde où le capitalisme n’est plus un modèle d’exploitation économique mais un fait social. Le titre de cette exposition s’inspire de l’ouvrage du philosophe français Paul Virilio, La Bome informatique, qui expose la thèse du progrès technique conduisant l’Homme à sa perte. Matthew Day Jackson, encore peu connu du Vieux Continent, a réalisé plusieurs pièces à l’occasion de cette exposition qui met à mal les mythes de force et de super-puissance engendrés par la bombe atomique. Le parcours de l’exposition de ce jeune artiste, dont l’œuvre est essentiellement sculpturale, s’articule autour de deux grandes pièces principales : Axis mundi et Kiloton Room. Axis mundi n’est autre que le cockpit d’un bombardier B-29, celui qui a bombardé Nagasaki et Hiroshima et ouvert l’ère des rapports de force, des tensions et des destructions. En face, Kiloton Room montre un Paris dévasté, incendié. Où que nous regardions, l’Homme a semé la mort et la misère. Jackson met en relation cette course effrénée vers la modernité avec l’industrie du divertissement. Pendant toute la durée expos ition s d'été

de l’exposition, le visiteur pourra voir des extraits d’une œuvre encore inachevée, 24 Hours of Television. La vidéo dénonce la décadence qu’entrainent les médias depuis 1970 et In Search of…, le premier divertissement de masse qui annonçait la nouvelle donne : divertir pour dominer. Total accomplishment sonne comme un dernier appel au réveil avant que le programme ne s’auto-détruise. Par Vanessa Schmitz-Grucker


42

L’autre dimension De tous temps, l’architecture s’est distinguée parce qu’elle intégrait d’emblée cette autre dimension qui lui permettait de situer l’espace. À l’égal des autres arts, elle a participé à la construction de la pensée humaine : un parcours sur 2 siècles de tentatives architecturales et d’urbanisme.

Interférences / Interferenzen. Architecture Allemagne-France 1800-2000 Jusqu’au 21 juillet ——

Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg www.strasbourg.musees.eu

Une fascination réciproque entre la France et l’Allemagne à l’origine d’un incroyable dynamisme architectural. L’architecture a toujours été au cœur des questions d’affirmation de pouvoir ; elle a été le symbole visible des événements historiques, politiques et culturels qui ont longtemps marqué les relations vécues sur un mode conflictuel entre la France et l’Allemagne, avec ses récurrences dramatiques. Et pourtant lorsqu’on interroge Jean-Louis Cohen, l’un des deux commissaires de l’exposition Interférences / Interferenzen, sur l’influence des tensions entre la France et l’Allemagne, il réaffirme sans ambiguïté l’autonomie de l’architecture sur le politique. Les projets des Neustadt de Strasbourg et Metz,

par exemple, s’appuient sur des études urbanistiques antérieures à l’annexion de 1870. Strasbourg, érigée en capitale du nouveau Reichsland, devient un symbole de diffusion du pouvoir allemand par la pierre. La Place de la République, ancienne Kaiserplatz, et son Palais du Rhin, ancien Kaiserpalast, sont des exemples aboutis de l’architecture wilhelmienne, une architecture éclectique qui se veut colossale, mais qui révèle surtout une double ex pos ition s d'été

Robert Mallet-Stevens, Pavillon des renseignements et du tourisme à l’exposition internationale de Paris, 1925, tirage sur papier rehaussé de crayon, fusain et gouache, 128 x 100 cm, musée des Arts Décoratifs, Paris. Photo : les Arts décoratifs, Paris


43

influence esthétique : le monumentalisme n’est pas sans rappeler les canons esthétiques du néo-classicisme français. Il en résulte une architecture aux velléités classicisante et baroquisante qui regarde des deux côtés du Rhin, avec la même finalité ostentatoire. L’extension de Metz, plus éloignée géographiquement et symboliquement, est plus tardive. Les influences s’y déclinent différemment. Si la gare est une volonté affichée de germanisation, le “coin français” construit à l’angle des rues Charlemagne et Gambetta est un exemple de possibles juxtapositions. Le récit de cette exposition n’a pas étépensé comme un discours dogmatique. Jean-Louis Cohen précise que les échanges entre la France et l’Allemagne ne se font pas à sens unique et qu’ils ne concernent pas uniquement les zones de contact comme Strasbourg, Metz, le Pays de Bade ou la Sarre. Cette exposition qui retrace deux siècles de relations entre l’Allemagne et la France, entre 1800 et 2000, s’intéresse également aux échanges lointains entre Paris et Berlin ; les villes regardent l’une vers l’autre, et institutionnels, critiques, architectes se déplacent et importent leurs modèles. Alors qu’on s’est beaucoup intéressé aux échanges franco-allemands dans le champ de la littérature, des arts plastiques, mais aussi des sciences, les 400 documents réunis pour l’occasion – plans, dessins, maquettes, photographies, films, livres et œuvres d’art – permettent un bel état des lieux des villes et des paysages urbains français et allemands, de leurs croisements, de leurs différences dans la course à la modernité, mais aussi de leurs rapprochements irrésistibles. Les œuvres nuancent ainsi les raccourcis d’une trop stricte lecture politique et montrent que, malgré les antagonismes, l’espace artistique européen constituait une réalité, une base culturelle commune née de ces échanges ininterrompues.

Louis Kahn, Salk Institute in La Jolla, Californie (1959-1965) © The Architectural Archives, University of Pennsylvania

Louis  Kahn, The  Power  of architecture Jusqu’au 11 août ——

Vitra Design Museum à Weil-am-Rhein www.design-museum.de

Par Vanessa Schmitz-Grucker

Défiant le modernisme, Louis Kahn a su forger une vision unique de l’architecture. Alors que l’architecture nous entoure sans cesse, nous n’y prêtons guère attention. Quoi de plus banal, après tout, qu’une quotidienne balade en ville ? Louis Kahn a, tout au long de sa vie et de son œuvre, essayé de corriger cela en proposant une vision de l’architecture qui dépasse les simples fonctions utilitaires de l’habitat. Et c’est là que réside l’intérêt de cette exposition qui mêle art et réflexion sociale, carrière professionnelle et privée de l’architecte. Déclinée en six parties – Ville, Science, Paysage, Pavillon, Présent éternel et Communauté –, The Power of Architecture permet de rentrer en profondeur dans la pensée et les réalisations d’un professionnel regardé par ses pairs comme un grand humaniste qui appuie sa morale architecturale sur des volumes structurés à l’Antique. Qui, en effet, peut prétendre avoir édifié des bâtiments pour les trois grandes religions monothéistes ? Qui s’est vu confier la réalisation d’une Assemblée nationale d’un pays étranger ? Une occasion immanquable pour (re)découvrir le musée conçu par Frank Gehry et le magasin de design pensé par Herzog & DeMeuron, trois autres architectes qui déplaceront votre vision du quotidien. Par Xavier Hug

expos ition s d'été


44

Ed  Ruscha, Los  Angeles Apartments 8 juin au 29 sept. ——

Kunstmuseum de Bâle www.kunstmuseumbasel.ch

Le maître du Pop Art démonte les façades du rêve américain. Pour avoir participé à l’exposition légendaire au titre programmatique New Paintings of Common Objects, et exécuté la non moins légendaire peinture Standard Station Amarillo, Texas, Ed Ruscha a eu le droit d’entrer dans le cénacle des artistes pop. Moins médiatisé que ses confrères Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, il n’a jamais cédé à la facilité et son approche conceptuelle du Pop Art l’a quelque peu déclassé. Ce n’est pas une raison pour bouder cette exposition présentée avec beaucoup de soins et de pédagogie. La série Los Angeles Apartments dresse un inventaire des façades de la ville, entre documentation photographique et relecture artistique en un ensemble de dessins au graphite et à la mine de plomb. Ces deux médias peuvent se lire comme les pôles positif et négatif de ce qui se tapit

derrière cette ville au nom enchanteur – autrement dit, « légendaire et programmatique » ! La photo montre une façade propre, parfaite incarnation du rêve américain, l’angélisme, là où le dessin minimalise les informations contenues dans chaque photo pour en tirer sa substance, miroir inversé d’une ville où les habitations seraient synonymes d’aliénation par l’interchangeabilité. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? L’aspect pop réside dans l’aspect décontracté et désinvolte de clichés pris un peu à la manière du touriste qui prépare ses diapos de retour. Laissons le mot de la fin à Ed Rusha : « Los Angeles est pour moi comme une allée de devantures, de surfaces dressées perpendiculairement à la rue, où il n’y a presque rien derrière. Tout se résume ici à la façade. C’est ce qui m’intéresse tellement dans cette ville, son caractère de façade permanente. » Par Xavier Hug

ex pos ition s d'été

Ed Ruscha, St. Tropez, 1965-2003, Kunstmuseum Basel © Ed Ruscha



ARTS

ZUT ! 46


SOURCE DE TALENTS Wattwiller, le « village de l’eau », terre d’élection des sources du même nom, accueille désormais le centre d’art de la FONDATION FRANÇOIS SCHNEIDER, actuel propriétaire de l’usine d’embouteillement. —— Par Xavier Hug Photo Nicolas Waltefaugle ——

M. François Schneider ne pouvait rêver mieux pour l’inauguration officielle de son centre d’art, entièrement consacré au thème de l’eau. Les douceurs printanières, ses couleurs et ses senteurs ont fait place à un temps d’automne : ciel bas, grisâtre et généreux en pluviométrie ! Qu’importe, l’essentiel n’était pas là. En France, la culture est traditionnellement une affaire publique et la notion de mécénat n’a pas le même impact qu’en Suisse et en Allemagne. Si la tendance s’inverse, avec l’installation des récentes fondations Fernet-Branca à SaintLouis et Würth à Erstein, celle de François Schneider est animée par une tout autre ambition : le soutien à de jeunes talents de la création contemporaine. À l’instar de son programme éducatif en faveur des jeunes défavorisés, prometteurs mais désargentés, François Schneider a souhaité leur donner les moyens de se lancer dans une carrière professionnelle, dans le cadre d’un généreux programme de bourse, les Talents contemporains. Si la création encourage l’initiative individuelle, source d’émulation, il est aussi synonyme de grande précarité, d’où l’importance des mécènes. Le centre

d’art, situé dans un bâtiment ancré dans le passé et projeté vers l’avenir (l’atelier désaffecté des anciennes sources thermales a été réhabilité par l’ancien architecte Daniel Wilmotte), où les volumes tissent une métaphore avec les trois états physiques de l’eau, expose une partie de son importante collection personnelle. L’inauguration fut pour M. Schneider l’occasion d’appeler de ses vœux « une ligne imaginaire qui partirait de Sienne à l’Islande, en passant par la Hollande, où ouvriraient des centres d’art similaires respectivement dédiés aux autres éléments : terre, feu et vent ». Les œuvres sélectionnées, illustratives ou symboliques, dont certaines magnifiquement disposées dans le parc, devraient aisément emporter l’adhésion du public attendu dès le 11 septembre. Fondation François Schneider 27, rue de la Première Armée, à Wattwiller - 03 89 82 10 10 www.fondationfrancoisschneider.org

47 ZUT !


ARTS

TRANS FORMERS —— Propos recueillis par Sylvia Dubost ——

Mulhouse, qui entretient une longue histoire avec la photographie, a désormais sa Biennale. Sa directrice artistique, Anne Immelé, évoque pour nous cette première édition, qui s’interroge sur les usages contemporains de la photographie et le statut des images.

Pourquoi ce thème, Play & Replay, pour cette première édition ? Le choix des œuvres et des artistes se veut une réflexion sur l’usage actuel de la photographie. Il permet de poser la question de l’ambivalence photographique, d’interroger la manière dont les artistes s’approprient ce médium, dans une dimension critique mais aussi avec une part ludique. À travers les expositions et projections, nous allons montrer les images d’une nouvelle génération de photographes, influencée par l’esthétique du web mais dont certains revisitent l’histoire de la photo argentique. Que nous dit cette édition de la photographie d’aujourd’hui ? Elle pose la question du statut documentaire, de son authenticité. On entend beaucoup parler de postphotographie, à cause de la révolution numérique. Ce terme renvoie aussi à ces étapes de création qui ont lieu après la prise de vue, qui permettent de retoucher et de se réapproprier les images. Ces procédés ne sont pas nouveaux : les Surréalistes et les Situationnistes les ont beaucoup utilisés. Aujourd’hui ils sont encore plus présents : l’image se modifie facilement.

ZUT ! 48

Mais est-ce encore de la photo ? Cela pose une vraie question : qu’estce que la pratique ? Je fais partie de ceux qui pensent que la prise de vue est essentielle, mais les étapes de la sélection et de l’agencement des images le sont tout autant. Certains photographes vont s’affranchir de l’étape de la prise de vue et produisent des images en retravaillent ou en agençant des images existantes, par exemple. Ce qui est très important aujourd’hui, c’est la question du choix. Dans la pratique classique, face à la planche contact, le photographe y était aussi confronté. Aujourd’hui, le choix se fait dans un déluge d’images. La question de la photographie choisie, de la manière de l’utiliser dans un processus plus large se pose de manière toujours plus aiguë. Play & Replay, 1ère Biennale de la photographie de Mulhouse Du 15 juin au 15 septembre www.biennale-photo-mulhouse.com Un hors-série du magazine Novo, consacré à la Biennale, est disponible gratuitement dans les lieux culturels de Mulhouse, Colmar et Strasbourg.


Cristina De Middel, The Afronauts, tirage couleur 100 x 100 cm, 2012

———— Cristina de Middel ———— C’est l’histoire d’une initiative héroïque : le lancement d’un programme spatial en Zambie en 1964. Un projet avorté faute de financement mais qui continue de vivre avec les Afronauts. Une série éditée en livre, dont Martin Parr a acheté 35 copies... « Je suis tombée sur cette histoire par hasard, alors que je faisais des recherches sur des experts américains en psychologie comportementale. Je suis arrivée sur un site Internet qui recensait les dix expérimentations les plus folles de l’histoire de l’humanité. Et le projet spatial zambien occupait la première place », nous explique Cristina de Middel. (C.B.) www.lademiddel.com

———— Michel François ————

Michel François, Volver (Paseo escultorico, 2011) Edition Biennale de Mulhouse, 2013. 120 x 180 cm

Cet artiste protéiforme, installé sur la scène internationale, propose une œuvre spécifiquement réalisée pour la Biennale... « L’image se rejoue à plusieurs niveaux. Elle représente deux sculptures sur le campus universitaire de Mexico City qui dans les années 1970 était un terrain vierge. C’est une coulée de lave sur laquelle a été déposée une série de sculptures monumentales qui correspondaient à une forme d’utopie moderniste dans les formes et dans les intentions. Finalement la végétation a repris le dessus, c’est devenu un immense terrain vague à l’abandon. Le fait de voir le même objet photographié sous deux angles différents, c’est encore une façon de rejouer. Elles reprennent place dans une modernité autre. » (V.S.G.) 49 ZUT !


JEUNE PUBLIC

DANS LA FORÊT LOINTAINE Une promenade végétale pédagogique et interactive destinée aux enfants, où même les parents s’amusent ? Bienvenue dans le monde Plantastic du VAISSEAU, vu par Ulysse, 2 ans, et Louis, 5 ans. Avec eux, partons découvrir racines, fleurs, insectes et quelques surprises. Un doux samedi matin, nous voici en petit groupe – trois adultes, deux enfants – prêts à découvrir le monde végétal à la loupe. Passées les portes du Vaisseau, une vitrine laisse entrevoir l’espace temporaire où trône fièrement l’exposition Plantastic ! Une grotte s’élève devant nous. « C’est pas mal ici ! », s’exclame Louis, 5 ans et demi. Ulysse, 3 ans, court devant. Les trente éléments interactifs sont accompagnés d’explications, comme des règles du jeu, que les parents peuvent lire pour aller plus loin dans la découverte : du monde souterrain aux racines, puis à la fleur en passant par la photosynthèse, la pollinisation, les odeurs et le toucher. La scénographie est frappante : des ponts de feuilles, de gros pots de fleurs renversés laissant apparaître des écrans interactifs… La grotte aperçue à l’entrée reproduit un espace souterrain, où l’on découvre le terrier d’une famille de lapins. Un peu plus loin, Louis a déjà commencé à compléter un puzzle géant : des branches d’arbre avec les fleurs et feuilles qui lui correspondent. Ulysse le rejoint. Aidés par leurs mamans pour le choix des pièces, ils reconstituent l’arbre à deux. En un clin d’œil, on passe du jeu à l’apprentissage. Même principe pour le ZUT ! 50

—— Par Cécile Becker Photos Marion Chérot ——

mur aimanté où Louis assemble racines, feuilles et fleurs : « Je vais faire toutes les fleurs ! » Au fur et à mesure, il réalise que chaque espèce de plante a sa forme spécifique et sa manière de s’adapter à son environnement. Au fond de la pièce, il accorde une attention particulière à une vidéo de l’explosion des graines d’un cornichon sauteur. Il peut revenir en arrière, mettre en pause, ralentir l’image pour mieux comprendre : « Mais comment ça pousse au fait ? » La réponse à cette question légitime se trouve sur la table, où une machine restitue le processus de photosynthèse. Ulysse y grimpe, fixe la lumière verte, bouche bée, alors que sa maman lui explique : « Tu vois, il faut

de l’eau et de la lumière pour qu’une plante pousse. » Après avoir couru dans tous les sens, les enfants commencent à fatiguer : « Allez, on va ailleurs », demande Louis. Ça vous a plu ? « Ouais, ça m’a plu » répond-il. Ulysse, lui, en veut encore. Quand il s’agit d’apprendre en jouant, ou de jouer en apprenant, difficile de s’en aller... Plantastic !, exposition jusqu’au 1er septembre au Vaisseau à Strasbourg 03 88 44 44 00 www.levaisseau.com


Design de référence…

PARTICIPE À L’ÉCLOSION DE TOUS VOS PROJETS IMPRIMÉS : AFFICHES GRANDS FORMATS SIGNALÉTIQUES PLV BÂCHES ET TOILES TENDUES IMPRESSION DIRECTE SUR BOIS, PVC, ALU jusqu’à 5 cm d’épaisseur DÉCOUPE DE TOUS SUPPORTS jusqu’à 2 cm d’épaisseur

http://www.ds-impression.com

dessinée par Le Corbusier, Jeanneret et Perriand édition Cassina, la seule officielle et légale, signée et numérotée, agréée par la fondation Le Corbusier

www.tinoland.com

DS IMPRESSION 3 avenue de l'Energie 67800 Bischheim Tél. : +33 (0)3 90 22 75 75 Fax : +33 (0)3 88 33 51 41 Email : contact@ds-impression.com

Chaise Longue Le Corbusier LC4,

DESIGN • MOBILIER • LUMINAIRES

20 - 24 rue des Tanneurs - MULHOUSE 7 - 9 route de Neuf-Brisach - 68000 COLMAR

www.quartz-design.fr Cassina ARCHITECTURE INTÉRIEURE AMÉNAGEMENT DE BUREAUX ET LIEUX PUBLICS


CULTURE ZUT ! MÉMOIRE AU FÉMININ

LIVRE

Le Mulhousien Lémy Lémane Coco fait parti de ces hommes aux vies multiples : chef d’une entreprise d’informatique, coureur automobile, enseignant d’arts martiaux et… écrivain ! Spécialiste de l’histoire de l’esclavage, il publie depuis 1997 des ouvrages historiques, mémoriels et poétiques sur cette période sombre de l’histoire de l’humanité. Avec Rôles et résistances des femmes esclaves, c’est une nouvelle dimension de la traite négrière qui s’éclaire : celle du rôle joué par les mères, épouses et filles. Souvent peu estimées par les chercheurs, les femmes esclaves sont pourtant à l’origine d’une lignée de résistants auxquels elles inculquèrent une soif de rébellion et d’indépendance. Un modèle d’espoir qui trouve toujours écho dans notre société contemporaine. (C.T.) Lémy Lémane Coco, Rôles et résistances des femmes esclaves, éditions Orphie www.lemylemanecoco.over-blog.com

FESTIVAL

PEINTURE ANIMÉE

ARTS

Joyeux anniversaire au musée Unterlinden ! Déjà 160 ans que l’ancienne église du couvent des Dominicains est mise au service de l’art et des expositions. Pour l’occasion, le bâtiment propose un regard différent sur ses œuvres d’art moderne, actuellement peu visibles en raison des travaux d’extension, menés par le cabinet d’architectes Herzog & de Meuron. L’artiste mulhousien Robert Cahen et son associé Thierry Maury ont capté, par le biais de la vidéo, le potentiel mouvant des tableaux de Picasso, Renoir, Chaissac, Victor Brauner ou encore Grünewald, leur insufflant, le temps d’une exposition, un souffle de vie. (C.T.) La peinture en mouvement, les œuvres du musée Unterlinden sous le regard de Robert Cahen, jusqu’au 31 décembre au musée Unterlinden à Colmar www.musee-unterlinden.com

ALLUMER LE FEU

Balthazar / Photo : Stéphane Louis

Si une bête de scène sait allumer le feu et électriser les foules, imaginez ce que plusieurs seraient capables de faire. Pour la 23e fois, le festival Bêtes de scène revient avec une programmation aussi diverse qu’alléchante, brassant hip-hop, pop, électronique et jazz (liste non-exhaustive). Une édition sous-titrée « Primeurs sonores en ville ! », qui promet de répandre en ville la bonne parole aka la crème de la musique actuelle. Sandra Nkaké et sa soul-pop-rock, Wave Machines et ses rythmes excentriques, Para One et son électro efficace, Jupiter et sa disco multi-instrumentiste : Bêtes de scène rassemble jouissif un panel de personnalités excentriques. Nous, on ira voir Shigeto, Balthazar, James Pants et Odezenne. Et vous ? (C.B.) Bêtes de scène, du 27 au 29 juin au Noumatrouff à Mulhouse http://noumatrouff.fr

ZUT ! 52


Ted Milton

FESTIVAL

B E A U F I X E Pour sa 30e édition le festival Météo, anciennement Jazz à Mulhouse, offre un nouvel éclairage – une éclaircie heureuse ! – sur les musiques d’aujourd’hui, avec un focus cette année sur la voix et le saxophone. Et qui mieux que Phil Minton, performer vocal tout à fait incroyable, passant aisément du murmure poétique au cri, pour éprouver les possibilités du premier de tous les instruments ? En ce qui concerne les saxophonistes, les grandes figures seront également présentes, avec Sylvain Kassap, John Butcher ou Mats Gustafsson, tout comme la nouvelle vague des jeunes musiciens jazz, pour une édition qui s’annonce particulièrement sonique. Mention spéciale à Ted Milton de Blurt, qui depuis plus de 35 ans se partage entre chant et souffle décapant, pour un propos artpunk intact. (E.A.) Festival Météo, du 27 au 31 août à Mulhouse www.festival-meteo.fr

ARTS

EN ROUGE ET NOIR Vladimir Velickovic, du 29 juin au 20 octobre à l’espace d’art contemporain André Malraux de Colmar www.colmar.fr

André Malraux disait que l’art se caractérise par le sang, le sexe et la mort : la peinture de Vladimir Velickovic se place sous cette obsédante obsession de représenter la souffrance humaine. Peintre du réel né en 1935, l’artiste yougoslave grandit au cœur d’une des décennies les plus sombres de l’Histoire, traumatisée par les pratiques du régime nazi. Dans une gamme chromatique réduite au rouge et noir, Vladimir Velickovic représente avec brutalité la mort, la cruauté humaine et la décrépitude. La constante de son œuvre figure la tragédie globale de toute existence, sans concession ni fioriture. Un monde cauchemardesque prend forme, peuplé par les corbeaux, chiens, rats et par le corps tortueux de notre condition humaine. (C.T.)

53 ZUT !


Eraserhead de David Lynch

CULTURE ZUT ! En rachâchant de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, 1982

ARTS

ART DE TRANS MISSION FESTIVAL

BRUISSEMENTS DANS LE PARC Chaque année, la Fédération Hiéro prend ses quartiers d’été au Parc du Natala et nous invite à des animations familiales, apéro-concerts et ciné-concerts programmés avec un goût assuré : cette année, They Live We Sleep (1988) de John Carpenter, Le Voyage Fantastique (1967), le classique de science-fiction de Richard Fleischer, et des courts-métrages de Tom et Jerry (1933) réalisés par les studios Van Beuren sur des musiques interprétées live par Robert Le Magnifique, Geysir et La Terre Tremble. À signaler en entrée de festival, le 18 juillet, l’étrange Eraserhead, premier long métrage de David Lynch (1977), chef d’œuvre absolu d’un genre unique : un cinéma punk et surréel qui fera grincer des dents dans les chaumières. Nul doute que Cercueil saura créer la bande-son obsessionnelle de ce film culte pour un moment qui restera dans les mémoires. (E.A.) Festival Natala, du 18 au 21 juillet dans le Parc du Natala à Colmar www.hiero.fr

ZUT ! 54

Situé dans un ancien lycée du XIXe siècle, le CRAC Alsace oscille entre la contemporanéité des œuvres exposées et la valeur historique de son bâtiment. L’exposition Susan Vérité, des méthodes s’inscrit dans cette double temporalité, questionnant l’art en tant qu’espace d’expériences alternatives de transmission. À la manière de diffuseurs de savoir, les artistes absorbent l’héritage de leurs prédécesseurs pour mieux réinventer l’art. Outils de la connaissance, les œuvres-objets exposés se placent à mi-chemin entre leur créateur et leur auteur, donnant naissance une nouvelle dimension sous l’égide du « nous ». (C.T.) Susan Vérité, des méthodes, du 13 juin au 29 septembre au CRAC Alsace à Altkirch Vernissage garden party le 13 juin à partir de 19h30 + performance de Benjamin Seror www.cracalsace.com


Photo : Nis&For

Sylvie Kromer

MARCHÉ

PREUMS

Le premier Marché des créateurs, organisé par l’association culturelle mulhousienne L’Essencerie, sera un véritable lieu d’échange. L’Essencerie s’attache à la promotion d’artistes ainsi qu’à la sensibilisation du public à l’art et à la culture. Ce marché, qui met à l’honneur la création locale, donne la possibilité aux exposants de présenter des créations de tous types : textile, illustration, arts plastiques, photographie… (R.A.)

Habemus Papam de Nanni Moretti

Marché des créateurs, les 15 et 16 juin place Franklin à Mulhouse www.lessencerie.com

FESTIVAL

MOVIE GREEN

Goûter à la douceur des nuits estivales en se laissant bercer par le septième art : voilà comment le cinéma Bel Air imagine ses grandes vacances ! Dans un cadre verdoyant, les succès récents du grand écran (Habemus Papam, Argo…) sont projetés en extérieur, dans le cadre du festival Plein Air, pour un moment de convivialité et de (re)découverte. Et comme en Alsace, rien n’est moins sûr que la météo, le repli en salle est prévu en cas d’intempéries ! (C.T.) Plein Air au Bel Air, du 27 juillet au 3 août au cinéma Bel Air de Mulhouse www.cinebelair.org

DANSE

JEUNE ET DÉSINVOLTE D’abord poème dramatique puis pièce de théâtre, Peer Gynt est ce qu’on pourrait appeler un ovni dans l’œuvre d’Henrik Ibsen. C’est au tour de Mathieu Guilhaumon d’adapter cette fantaisie au monde de la danse. Sur les mélodies d’Edvard Grieg, le chorégraphe imagine une quête initiatique rythmée par le chaos des situations, entre tragique et comique, grotesque et sublime. Car aux antipodes du héros victorieux, Peer Gynt est un jeune homme ambitieux : il rêve de devenir empereur et d’épouser la belle Solveig. Enchainant les mésaventures, traversant les époques à la rencontre de la Femme en vert, du Roi des trolls et des Trois Filles des pâturages, le vagabond entame un voyage aussi bucolique que rocambolesque, en quête d’une réponse à cette question lancinante : « Qu’est-ce qu’être soi-même ? » (C.T.) Les aventures de Peer Gynt, par le Ballet du Rhin, les 13 et 14 juin au Théâtre de la Sinne à Mulhouse, les 20 et 21 juin au Théâtre de la Manufacture de Colmar www.operanationaldurhin.eu 55 ZUT !


CULTURE ZUT !

FESTIVAL

NOUVEAUX HORIZONS Programme resserré pour la 6e édition du festival Premiers Actes ! Plus intimiste et poétique, la programmation donne carte blanche à des artistes en devenir pour des performances théâtrales et performatives créées dans et avec le paysage. Au bord d’un lac, à l’ombre d’une forêt ou sur les chaumes… c’est comme qui dirait un retour aux actes premiers ! (C.T.) Premiers Actes, du 15 au 28 août dans le Haut-Rhin Programmation complète le 15 juin sur le site www.premiers-actes.eu

CHEMIN DE TRAVERSE

ARTS

Exclusivité alsacienne ! Daniel Gustav Cramer signe sa première exposition monographique française à la Kunsthalle de Mulhouse. Dans un espace-temps inconnu mais toujours empreint de poésie, il déploie une œuvre faite de photographies, textes, livres, travaux sur papier et sculpture. Avec comme point de départ une image ou un récit, l’artiste berlinois noie ses créations dans des espaces brumeux, initiant une nouvelle histoire. Il y estompe la présence humaine pour atteindre un univers fait de pensées, sentiments, instants, ouvrant par là même des brèches imaginaires où chacun peut s’engouffrer. (C.T.) Ten Works, jusqu’au 25 août à la Kunsthalle de Mulhouse www.kunsthallemulhouse.com

ZUT ! 56

FESTIVAL

6 8 J U M P S T R E E T Le festival de théâtre de rue mulhousien est de retour, pour une édition 2013 très ambitieuse et une programmation pluridisciplinaire particulièrement riche, mêlant artistes confirmés et émergents. Ces dernières années, Scènes de rue, qui connaît une notoriété grandissante dans le milieu des arts de la rue, a su devenir incontournable en Alsace. Le public, de plus en plus nombreux, apprécie la possibilité de nouvelles formes de rencontres avec les artistes, tout en profitant de spectacles gratuits qui se déroulent pour la plupart en plein air. Cette année, une trentaine de compagnies sont invitées (Carabosse, Théâtre de L’Unité…) et l’on pourra notamment découvrir, aux Bains municipaux, le projet associant des danseurs de la Compagnie Pernette à l’Orchestre symphonique de Mulhouse, ou encore le petit jardin des senteurs transformé en petit poulailler pour les enfants par la créatrice Lili Aysan et la compagnie des Plumés. (A.A. et R.A.) Scènes de rue, du 18 au 21 juillet à Mulhouse www.scenesderue.mulhouse.fr


Zut ! édition Strasbourg

Vos magazines de référence dans l'Est ! Zut ! édition Lorraine

Zut ! édition Haut-Rhin

PRINTEMPS - ÉTÉ 2013

Novo édition Grand-Est

LORRAINE

NUMÉRO 2

Culture Te n d a n c e s Lifestyle

Novo Hors-série

HAUT-RHIN

NUMÉRO 1

Z U T- M A G A Z I N E . C O M

~

NOVOMAG.FR

Biennale de la photographie de Mulhouse

Chic Médias 12 rue des poules / 67000 Strasbourg médiapop 12 quai d'isly / 68100 Mulhouse


Mulhouse

United Legend - 22, 31 et 33 rue des MarĂŠchaux

Strasbourg

United Legend - 3 rue des Juifs


Phot o

Sculp ture Tina / labouleverte.fr

Alexis Delon / Preview

Te n da n ce s



Photographe Alexis Delon / Preview

Hot Pink Réalisation Myriam Commot-Delon

Bague Givre en or jaune, perles Keshi et émeraudes ÉRIC HUMBERT. Lunettes à verres miroirs ANDY WOLF.



Collier Lagoon en or jaune, diamants et perles d’Australie et Tahiti ÉRIC HUMBERT. Maillot de bain une pièce MARYAN MEHLHORN. Visière en osier LUCA DELLA LAMA. (Page de gauche) Top asymétrique en soie et liens de cuir GUSTAVOLINS, short en denim PIERRE BALMAIN, les deux chez K.Collections. Fleur ALLIUM CRISTOPHII, en vente chez Home Jasmin.


Veste boule en tricot lurex, col châle, TSUMORI CHISATO et ballerines en caoutchouc naturel PEDRO LOURENÇO pour MELISSA, les deux chez K.Collections. Maillot de bain une pièce ANNA CLUB by LA PERLA. Collier Chat en or jaune et tourmaline ÉRIC HUMBERT. (Page de droite) Bague Givre en or blanc et perles ÉRIC HUMBERT. Soliflores en bois et verre LA BOULE VERTE - www.la-boule-verte.com




Écharpe en soie mélangée, imprimée de phrases et d’un portrait de Gandhi, FALIERO SARTI chez K.Collections.



Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.facebook.com/avilafactory Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com Mannequin Marina / Studio KLRP Post-prod Camille Vogeleisen / Preview Assistante Justine Goepfert

Bikini rayé noir et blanc RACHEL PAPPO. Collier et bague Oursin en or jaune et diamants, ÉRIC HUMBERT.


H O R L O G E R I E

PAR Myriam Commot-Delon

D’envergure

PHOTO Alexis Delon / Preview

Birds, oiseaux soufflés bouche, 1972, design Oiva Toikka par IITTALA à La Maison Scandinave, distributeur exclusif à Strasbourg www.facebook.com/LaMaisonScandinaveStrasbourg

Vous cherchez l’oiseau rare ? Une montre de haut vol pour donner des ailes à des poignets virils et raffinés ? Voici le plus beau spécimen de la saison : un modèle chronographe MONTBLANC qui devrait combler les hommes exigeants et férus de haute horlogerie.

Nicolas Rieussec Monopusher Chronograph, MONTBLANC Inspiré par l’horloger français Nicolas Rieussec, inventeur du premier chronographe, en 1821. Montre à remontage manuel, calibre MONTBLANC MB R100, bracelet en cuir d’alligator noir.

Pour découvrir en Alsace tout l’univers horloger de cette marque prestigieuse, rendez-vous rue de la Mésange à Strasbourg, une adresse précieuse et exclusive où vous serez accueilli par une équipe attentionnée qui mettra tout en œuvre pour satisfaire vos exigences. Cathy MullerPhilippe, la propriétaire des lieux, et Patricia Balland, la directrice de la boutique, vous feront découvrir des collections à la qualité exceptionnelle, fruits d’un vrai savoir faire artisanal. La boutique strasbourgeoise

ZUT ! 70

est aussi, depuis novembre dernier, devenue le premier site marchand d’une boutique franchisée
sous agrément de la marque, une autre manière très aérienne, de s’envoler d’un clic dans la galaxie MONTBLANC. Boutique MONTBLANC 18, rue de la Mésange à Strasbourg 03 88 22 20 98 - montblanc-boutique-strasbourg.com


asdoptique.com


A C C E S S O I R E S

Lunettes noires pour nuits blanches

Cet été, voir clair, c’est voir noir. Alors soleil ou pas, le bon geste 2013 sera de se dissimuler derrière de grands verres fumés ! Attiser la curiosité et le désir, se cacher pour mieux se montrer, un programme estival plein de promesses… Les lunettes noires, selon le sémiologue Roland Barthes*, ne sont-elles pas la métaphore de la logique amoureuse ? PAR Myriam Commot-Delon

Non, dans Breakfast at Tiffany’s en 1961, Audrey Hepburn ne portait pas de Wayfarer, mais bien le modèle Manhattan du lunetier anglais Oliver Goldsmith, 359 € chez L’As d’Optique.

Mais celles des Blues Brothers sont bien les mythiques lunettes carrées de Ray Ban. Wayfarer, réf. RB2140, 149 €, chez L’As d’Optique.

Focus — Dita Eyewear

L’As d’Optique, 23 rue des Tanneurs à Mulhouse 03 89 33 95 08 - www.asdoptique.com

Intemporalité et mixité. Réf. Creator, 519 €

Inspiration 70 et masculine. Réf. Wolf, 359 €

ZUT ! 72

Inspiration sixties pour ce modèle de la collection capsule réalisée avec le délirant designer américain Thom Browne. Réf. TB 703 AT, 569 €

Papillon XXL. Réf. Amant, 489 €

Virilité assumée. Réf. Carbine, 409 €

*Roland Barthes, « Les Lunettes noires », dans Fragment d’un discours amoureux, Éd du Seuil

Dita Eyewear est un label américain de lunettes luxueuses aux accents rock et rétro. Inspirées par les modèles vintage de 1950 à 1980, les montures sont dessinées en Californie et fabriquées à la main au Japon dans des matériaux d’exception. Entre collab pointues et éditions limitées, cette griffe est devenue la préférée des peoples : Brad Pitt, Jean Dujardin, Penelope Cruz, Kad Merad, Lenny Kravitz, Eva Mendes… pour n’en citer que quelques-uns.
Une collection haut de gamme à découvrir en exclusivité chez L’As d’Optique.


PIÈCES UNIQUES · MATIÈRES NOBLES · FINITIONS MAIN CARMINA, FEDON, JEAN-PAUL GAULTIER, LA COMÉDIE HUMAINE, JOHN SMEDLEY, VIVIENNE WESTWOOD... Foulards, sacs ville ou voyage, casques moto ou vélo, gants, ceintures, chaussures, chaussettes, lunettes, parapluies, petite maroquinerie...

4 rue du Fossé des Tailleurs - 67000 Strasbourg - 03 90 22 37 69 www.revenge-hom.com


Zut ! a arpenté les rues de Colmar, et a déniché des étudiants ultralookés. Florilège.

Ur b a n St y l e s —— Par Camille Nehlig ——

Marine, 20 ans étudiante en communication

Le titre qui définit ton style ?
 Kittin is high de Miss Kittin. Ton fashion faux pas ?
 Un pantalon imprimé un peu informe à porter chez soi ou en vacances… mais pas au lycée avec une veste et des chaussures d’hiver ! Un endroit dans colmar ?
 Le Grillen. Le vêtement de tes rêves ?
 Une robe dos nu des Années folles. Ta marque fetiche ?
 COS Ton dernier zut !
 Le suicide de mon BlackBerry neuf dans les toilettes des Eurockéennes…

Marc, 24 ans étudiant en géographie

Le titre qui définit ton style ?
 Je ferais un mash-up avec Le Tourbillon de la vie par Jeanne Moreau, L’Amour et la Violence de Sébastien Tellier et une pointe de Downtown par Petula Clark. Ton fashion faux pas ?
 La laisse du chien en désaccord avec son collier. Un endroit dans colmar ?
 Pour flâner, un petit square accolé au tribunal, très peu fréquenté.
Pour shopper, un nouveau magasin plein de potentiel, Insimio, et pour Mesdames, l’incontournable K. Collections. Le vêtement de tes rêves ?
 Une paire de mocassins à glands Lanvin vernis aubergine, A-H 2011. Ta marque fetiche ?

Les sacs AMI Paris. Ton dernier zut !
 Une veste neuve ayant déteint sur un de mes tops neufs après un concert.

ZUT ! 74


Zoé, 18 ans, étudiante en psychologie

Mathilde, 18 ans, en année sabbatique

Clément, 21 ans, à l’Ecole Supérieure des Sciences et Technologies

Le titre qui définit ton style ?
 Z. : Rone, Bye Bye Macadam. C. : Barnt, Hark. Ton fashion faux pas ?
 Z. : Les chemises trop grandes piquées à mon père. C. : Mon débardeur léopard, trop androgyne aux yeux de certains. Un endroit dans colmar ?
 Z. : Square Pfeffel, pour s’y poser l’après midi après avoir pris une douceur chez Gilg, ou le Triplex, le soir, pour boire un verre. C. : Ma maison. Le vêtement de tes rêves ?
 Z. : Un sac 2.55 de Chanel. C. : Un Perfecto The Kooples, A-H 2010. Ta marque fetiche ? Z. : Sandro. C. : April 77. Ton dernier zut !
 Z. : Perdre pour la énième fois un bracelet que j’affectionnais parce que j’avais bu quelques verres de trop (mais ça c’est plus rare bien entendu). C. : Acheter des capotes au Monoprix en compagnie de trois demoiselles, ce qui laisse à penser à la caissière que je suis polygame.

Le titre qui définit ton style ?
 Reckoner de Radiohead. Ton fashion faux pas ?
 L’horrible jogging que j’ai acheté chez Décathlon hier... Un endroit dans colmar ?
 Le Croissant doré. Le vêtement de tes rêves ?
 Un vrai perfecto en vrai cuir, vraiment cher ! Ta marque fetiche ?
 On peut dire que je n’aime pas les marques ? Ton dernier zut !
 J’ai beaucoup rayé la voiture de belle-maman en me garant dans une place de parking toute simple.

75 ZUT !


Photo : Alexis Delon / Preview

J O YA U X ÉTÉ JOAILLERIE

Eric Humbert est un maître joaillier globe-trotter hors du commun. Ses voyages nourrissent ses bijoux, qu’il réalise dans son atelier-boutique niché au pied de la cathédrale à Strasbourg. Des bijoux qu’il adapte, comme tout artisan, aux désirs des clients. Eric Humbert sait mieux que personne qu’une pierre ou une couleur ne réagissent pas de la même manière sur toutes les peaux. Ses bagues Givre, au style résolument trendy et à la monture délicatement ouvragée, peuvent ainsi se parer d’or rose, gris, jaune, de diamants, de perles ou de pierres. Le Chat, L’Oursin, Lagoon accompagnent l’été de perles, d’opales et de pierres précieuses. Ce créateur vraiment atypique a réchauffé de ses créations la beauté sibérienne de Marina, qui ensoleille la série mode de cette deuxième édition de Zut ! Haut Rhin. (M.C.D) Bague Givre en or blanc 18 carats, 3 perles keshi, 2650 € Joaillerie Éric Humbert 46, rue des Hallebardes à Strasbourg - 03 88 32 43 05 www.eric-humbert.com

OUVERTURE

PIÉDESTAL

Urban Zone 11, rue Vauban à Colmar

ZUT ! 76

modèle Luxe, Puma

TENDANCES ZUT !

La nouvelle adresse d’Urban Zone est réservée à la gent masculine et ses délicats pieds agiles. Sneakers, tennis, espadrilles, tongs, chaussures bateau… : le choix est vaste et les prix doux ! L’espace reprend les codes déco indus de la boutique de prêt-à-porter, mais s’est amusé à tout meubler Made in Alsace, avec les barils en carton Trendy Tub. Côté chaussures, c’est désormais le repaire des marques qui buzzent : G.Star, Antony Morato, Victoria, Fred Perry, Replay, Pépé Jeans, Gaastra, Faguo, Tommy Hilfiger… Mention spéciale aux tennis Armistice (lancés par le groupe Rautureau Apple Shoes début 2012), avec leur look rétro-minimaliste et leur lacet inspiré des cordes marines et juste maintenu par deux œillets. (M.C.D)

BIEN DANS SES BASKETS

SHOES

Depuis quelques semaines, il est un lieu à Colmar où la basket est reine : Le Caveau. Pas de bouteilles mais des dizaines de sneakers – des incontournables mais aussi des modèles pointus et rares – qui trônent dans un décor sobre et moderne (mention spéciale à l’enceinte BeoPlay !). À l’étage, une ambiance plus cosy accueille une sélection de t-shirts et d’accessoires qui complèteront votre tenue. On y a repéré la basket Luxe de Puma, un modèle simplissime en cuir bicolore noir et chocolat. Un luxe qu’on arborera aisément cet été pour « preppyser » un bermuda trop estival ! (F.-X.C.) Le Caveau 6, rue des Prêtres à Colmar - 09 83 57 18 92


Visuel : G-Star Raw

BLEU D’ENFER MODE

MODE

BONNE IMPRESSION

Le vestiaire féminin s’apprête à vivre un séisme sans précédent. Juchée sur ses talons, la Colmarienne ne saura définitivement pas où donner de la tête avec l’arrivée de deux griffes chouchous des podiums : l’intemporelle Carven et la créatrice grecque Mary Katrantzou. La Corrida accueille en exclusivité ces it-marques dans un espace hybride mêlant mode et thé. On redécouvre la maison française Carven depuis l’arrivée de son génial directeur artistique Guillaume Henry, et on s’arrache ces silhouettes preppy où le col claudine règne en maître ! La nouvelle prodige grecque de la mode, elle, se la joue acrobate de l’imprimé : le print c’est fantastique ! (C.L.) Carven et Mary Katrantzou, disponibles à La Corrida 33b, rue des Clefs à Colmar - 03 89 24 28 44 www.la-corrida.com

L’ADN jean d’Urban Zone ? 60 % G-Star Raw, 40 % multi-marques. Un bon équilibre pour cette adresse phare du jean colmarien. La sélection de Tony, le propriétaire, est affutée : chez G-Star Raw, un bleu intense électrise cette saison un vestiaire worker, des écussons amovibles parent les manches des vestes, la ligne A Crotch, construite pour suivre les mouvements du corps, est à tomber et quelques pièces en denim japonais raviront les puristes. On trouve aussi une belle sélection de jeans à moins de 100 €, parfaite pour compléter son vestiaire : Pépé Jeans, Pull In, Everlife, Guess, Sweets Pants, Franklin Marshall, Hilfiger Denim femme, Fred Perry… (M.C.D) Urban Zone 3, rue des Prêtres à Colmar 03 89 29 62 68

77 ZUT !


TENDANCES ZUT !

SINCE 1913

ANNIVERSAIRE

S W E AT LOVE

STREET

Elle est bien loin, l’époque où l’on s’habillait chez le tailleur ou la couturière… Le terme « prêt-à-porter » n’existait pas encore et l’arrivée d’une boutique était une vraie révolution ! Un siècle après son ouverture, l’enseigne Bloch Gensburger, devenue une institution de la mode colmarienne, est toujours une adresse incontournable où l’on revêt les bases d’une élégance intemporelle. Rue des Boulangers, le dallage du trottoir – avec le nom de la boutique inscrit dans les pavés – est digne d’Hollywood Boulevard. La décoration, blonde et noire, ultra chic, est à l’image de Brigitte Meyer son actuelle propriétaire. Depuis son arrivée en 2007, elle perpétue l’esprit des lieux en lui injectant un twist contemporain ! La couleur revisite désormais l’indétrônable vestiaire noir et blanc qui a fait la notoriété des lieux : 220 m2 dédiés à l’homme et la femme, une sélection d’accessoires et une liste de griffes soigneusement choisies. Des incontournables – Weill, Saint James, Pôles ou Gardeur – côtoient des marques plus jeunes dénichées dans les salons de Milan ou de Düsseldorf : Rodika Zanian, Cinzia Rocca ou Isabelle de Pedro. Côté homme, on vous invite à vous diriger vers Black Ponte.i, nouvelle marque réalisée en tissus Cerruti, dont les costumes en 100 % laine super 100’s et les chemises raffinées vont ravir les adeptes de détails recherchés et de prix tout à fait courtois ! (M.C.D)

Must have des dernières saisons, ce vêtement issu de la culture street est devenu, avec son intemporalité casual, un incontournable des garde-robes féminines. Rien de plus facile pour updater son vestiaire : un sweat et hop, l’allure devient cool illico. La maison Nico, nouveau label monoproduit, ne jure que par lui (et par son alter-ego, le t-shirt). Kalou Dubus, sa créatrice – formée aux Arts Déco à Paris – y donne libre cours à ses intuitions graphiques ! Une fabrication française et une coupe archétypale, du coton japonais, de la soie, du lainage ou du lin : les matières sont naturelles et luxueuses et les motifs graphiques ou iconiques. Un sweat de cette trempe, c’est mieux qu’une veste, un bijou ou un coup de gloss, non ? (M.C.D)

Bloch Gensburger 3 et 5, rue des Boulangers à Colmar 03 89 41 26 47 www.bloch-gensburger.fr

Nico Shirt, en exclusivité chez K.Collections 5, rue des Marchands à Colmar 03 89 23 07 06

ZUT ! 78


11 RUE VAUBAN 3 RUE DES PRÊTRES 2 magasins à COLMAR JEANS, FRINGUES, SHOES



Des ign mur al Carine de Marin

Lif e s t y le


DÉCO

Tr è s p a l m ! 1

— PAR — Myriam Commot-Delon

2

12

14

4

13 7

10

11

5

3

6

8

9

ZUT ! 82


Un décor très Palm Springs, mis en scène par l’architecte d’intérieur mulhousien Arnaud Klein.

Cette salle à manger inaugure le ton néo-fifties qui rode ces temps-ci. N’y cherchez pas le moindre rationalisme austère, les couleurs sont pop, les jacquards en velours sixties précieux, les matériaux ultrasophistiqués et l’ambiance diffuse une lumière plus avant-gardiste que passéiste. Le soleil californien peut-être en moins, Arnaud Klein a mixé de manière très solaire les dernières nouveautés du Salon du Meuble de Milan (qu’il a repéré pour nous en avril dernier) avec des pièces de design plus anciennes et certaines de ses créations. Une déco tutti-frutti, déjà chère aux Anglais, et qui risque de s’imposer comme la prochaine tendance à suivre ! Tom Dixon, designer star, est le chef de file de cet engouement cuivre & or. Il suffit de se rendre dans son nouveau QG* sur les docks de Portobello à Londres pour constater qu’il regorge de ces pièces miroitantes, mixées dans un clash punk réjouissant avec l’esthétique Arte Povera des meubles en bois de récupération de Piet Hein Eek. Avec une palette Pantone prête à dynamiter des espaces immaculés en manque de personnalité, Arnaud Klein remixe l’esprit Palm Springs avec élégance, classicisme et contemporanéité. Doué du geste textile juste et précis des décorateurs qui savent mêler les motifs et matières, il télescope harmonieusement rideaux, tissus d’ameublement et papiers peints sans jamais frôler l’overdose.

Cette tendance décorative ne seraitelle pas la solution pour conjurer l’ambiance morose qui sévit ces temps-ci ? Et si ce lieu de villégiature où le tout-Hollywood et la « High Society » de la côte ouest se retrouvaient dans les années 50 et 60 – devenu aujourd’hui l’épicentre du design et de l’architecture moderniste – piratait de son influence euphorisante nos intérieurs de bonne humeur ? Un très bon remède, non ? C’est en tout cas une ambiance parfaite pour siroter un cocktail tout en se plongeant dans la lecture de The Deer Park de Norman Mailer, sulfureux roman situé à Palm Springs, visionner A single Man de Tom Ford ou encore l’épisode 11 de la saison 2 de Mad Men, quand Don Draper se laisse dissiper par la jet set locale… Un syncrétisme parfait de l’esprit Palm Springs des années 1950 et 1960 ! *Wharf Building, Portobello Dock, 344 Ladbroke Grove - www.tomdixon.net

————————— Quartz 24, rue des Tanneurs à Mulhouse 03 89 45 87 07 7, route de Neuf-Brisach à Colmar 03 89 23 20 48 Galerie des Tanneurs 17, rue des Tanneurs à Mulhouse 03 89 45 88 88 www.quartz-design.fr —————————

Décryptage déco 1 — Lustre Atlantis, design Barlas Baylar pour TERZANI, en vente chez Quartz Mulhouse. 2 — Papier peint gamme Art Déco, réf. Platinum gris, BRADBURY, en vente chez Quartz Mulhouse. 3 — Tapis Crochet, fait main, utilisable en intérieur et extérieur, design Patricia Urquiola et Eliana Gerotto pour PAOLA LENTI, en vente chez Quartz Mulhouse et Colmar. 4 — Vase Joker, design Nicole Aebischer pour B&B ITALIA, en vente chez Quartz Mulhouse et Colmar. 5 — Globe et socle style Napoléon III pour cabinets de curiosité, en vente Galerie des Tanneurs à Mulhouse. 6 — Tables Flash Table, design TOM DIXON. 7 — Service à thé Spun, design TOM DIXON. 8 — Tissu Wow en velours jacquard, collection DEDAR, en vente Galerie des Tanneurs à Mulhouse. 9 — Tissus Why, collection DEDAR, en vente Galerie des Tanneurs à Mulhouse. 10 — Table Container New Antiques, design Marcel Wanders pour MOOOI, nouveauté 2013, en vente chez Quartz Mulhouse. 11 — Chaise Caprice, assise capitonnée, design Philippe Starck pour CASSINA, en vente chez Quartz Mulhouse. 12 — Suspension Bell, en verre soufflé et arc en céramique, nouveauté 2013, 5 coloris, design Marcel Wanders pour MOOOI, en vente chez Quartz Mulhouse et Colmar. 13 — Chaise Mademoiselle, design Philippe Starck pour KARTELL, en vente chez Quartz Mulhouse. 14 — Série de toiles Lollipops, impressions sur plexiglas, édition 2013, création originale Arnaud Klein / Eyefood Factory - eyefoodfactory.com

83 ZUT !


DÉCO Console Neo Rétro, création originale Arnaud Klein.

Zoom décorateur Né à Mulhouse, fils d’antiquaire et collectionneur d’art, Arnaud Klein a grandi dans l’univers du mobilier et ce fut certainement le point de départ de sa vocation de designer. Après son diplôme de l’école Camondo à Paris (une école de renom où Philippe Starck fut élève) et une expérience parisienne dans plusieurs cabinets d’architecture, il a ouvert son agence d’architecture intérieure à Mulhouse et travaille depuis en étroite collaboration avec Quartz, le commerce familial, aujourd’hui spécialisé dans la vente de mobilier contemporain haut de gamme. Ses domaines d’intervention sont multiples et vont de la création et fabrication de mobilier à l’aménagement sur mesure de lieux publics ou privés. La dimension artistique reste pour lui indissociable de la création, c’est pourquoi il attache une certaine importance à l’esthétique et aux codes qui, à son sens, doivent accompagner l’aspect fonctionnel de ses réalisations. Slasheur comme beaucoup de gens de sa génération, il ne peut concevoir son métier qu’en s’ouvrant à différents horizons : la triple casquette d’architecte d’intérieur-designer-décorateur est pour lui une évidence. La fragmentation, la polyvalence et une connaissance approfondie du design sont pour lui indissociables en décoration. À ne pas ratez sur son site Internet : les « Dream Houses » de son agence Desikon, des projets personnels sans limites, des cartes blanches utopiques donnent une belle idée des rêves décoratifs qui l’habitent. Agence Desikon 33, rue des Boulangers à Mulhouse www.arnaudklein.fr

ZUT ! 84

——— Projet intérieur Dream House Feldberg (2012). Vue du palier d'entrée. Mobilier : canapé John-John, design Jean-Marie Massaud pour POLTRONA FRAU. Guéridons Elements 002, design Jaime Hayon pour Moooi. Appliques murales, design Jules Wabbes pour WEVER & DUCRÉ. Suspensions Glo, design Carlo Colombo pour PENTA. Miroir Caadre, design Philippe Starck pour FIAM ITALIA. Au mur, deux toiles du peintre Gérard Schlosser.

——— Projet de rénovation du restaurant Le petit zinc, rue des Bons enfants à Mulhouse. Une touche futuriste et pop à la fois, avec une lumière indirecte rose fluo, des chaises en polycarbonate, des tables aux plateaux recouverts d’un motif floral sur un tapis de fleurs et des toiles spécialement réalisées pour ce projet décalé, axé sur la couleur et la lumière artificielle. Une réponse ciblée pour pallier la contrainte d’un espace exigu et souffrant d’une image vétuste.


SAUNA ET HAMMAM D’EXCEPTION

Distrib uteur exclus i f K LAF S de pu i s 2 5 ans Sh o w -ro om 2 0 0 m 2 s u r R DV / S OR ED I-HENRY - 68370 O R BEY - 03 89 71 21 50

W W W. K L A F S - S A U N A . C O M


DÉCO

Fa i t e s le mur ! — PAR — Cécile Becker

— PHOTOS — Marc Guenard

Carine de Marin fait des murs. Du design mural, pour être précis. Derrière ce terme se cache une volonté d’émancipation face aux sacro-saints principes de la décoration : exit les tableaux, bonjour aux motifs façonnés sur vos murs. Une histoire de transdisciplinarité et de révélation par la lumière…

ZUT ! 86

Avant toute chose, Carine de Marin est une adepte de la matière. Pourquoi ? « Parce qu’on peut toujours la pousser vers l’extrême. » Mais l’extrême dans la subtilité. Car le travail de cette « designer mural », ou « créatrice de matières » – comme elle aime à se définir –, consiste à révéler les murs en y apportant des motifs qui se fondent dans le décor. Cette ancienne étudiante en design textile aux Beaux-arts de Mulhouse, fanatique des motifs, s’est justement tournée vers le détournement : « Je voulais proposer d’autres choses, emmener le textile dans ses verticalités. Ce qui me plaît, c’est qu’il y a une double lecture : d’abord l’impression d’un simple motif sur un mur, puis, on s’approche et on note la 3D, et là, il y a un rapport tactile. » Derrière son travail, baptisé « Ô Relief », différentes disciplines : le design, « parce qu’il y a un concept, qui peut être reproduit à l’infini », la décoration, forcément, mais aussi l’artisanat. Carine de Marin est une femme de terrain qui fait tout ellemême : du dessin, à la pose, en passant par la préparation des matières. Si elle a

commencé par tester le métal, ou même le bois, elle travaille aujourd’hui avec des enduits – chaux, argile, silice, plâtre –, qu’elle choisit pour leur finesse, leur rugosité ou leur résistance technique. Du côté de ses inspirations, son cheminement a débuté par les friches et les matériaux industriels, jusqu’à la conduire à la nature où elle puise ses couleurs, comme le vert de gris du lichen. Elle tente de reproduire ces formes organiques, dans ce qu’elles peuvent offrir de plus pur : « Il y a une forme d’élégance dans ces motifs qui manque en ce moment. Je ne vais pas dire que j’invente mes motifs, car dans un monde où nous sommes submergés d’images, il est difficile d’en créer de nouveaux. Mais je les redessine, je les adapte. » Sa technique, issue d’une recherche de près de dix années, elle la garde secrète. Mais en y regardant de plus près, le résultat est fascinant : sa matière fait corps avec les murs, et ses motifs, accolés ou éloignés, en créent d’autres, plus subtils. Du ton sur ton, révélé par la lumière, presque invisible si on n’y paye pas attention : « J’aime l’idée que l’on


puisse oublier le mur. C’est de l’ordre du monochrome. Et puis travailler la lumière artificielle pour mettre le motif en valeur lorsqu’on le souhaite est fascinant. Selon l’heure de la journée, le résultat change du tout au tout. » À mesure de ses chantiers, elle s’impose des motifs de plus en plus fins, « presque de l’ordre de la dentelle », et, toujours, des contraintes : une couleur, une taille, une idée fixe, peu importe. Carine de Marin a appris de ses erreurs : « Je suis autodidacte, j’ai appris à apprivoiser la matière. Je suis persuadée que les erreurs nous aident à mieux la comprendre. » Elle se remet aussi toujours en question. Travailler seule, toujours en intérieur, la mène à se pencher sur sa visibilité, jusqu’à cette nuit passée sur un chantier dans sa camionnette où elle a une idée : remettre au goût du jour les modénatures, ornements autour des fenêtres. Sur le mode du street art, elle souhaite aujourd’hui retravailler ces détails extérieurs en façade. « Peutêtre que les galeries ne suffisent plus. Il faut compter sur soimême pour communiquer. Je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre mais travailler à l’extérieur est une chose qui m’intéresse car on ne peut pas y échapper. J’ai envie de m’amuser. Aujourd’hui, on voit beaucoup moins de moulures sur les bâtiments. Je me dis que ma technique peut avoir sa place. » Mais d’ailleurs pourquoi les façades, les murs ? « C’est l’architecture réduite à son plus simple appareil. Le mur est un médium où l’on voit des publicités, où l’on accroche des tableaux, une télévision, de la décoration. Visuellement, on fait face ; l’humain est devant. » Souvent relégué, le mur peut être l’objet de diverses expériences artistiques. Carine de Marin conclut : « On ne se rend pas compte qu’avec trois fois rien, on peut faire des choses d’enfer. Une cuisine Ikea ? Pas de problème. On peut la transcender et changer complètement l’effet qu’elle produit. » Une remarque valable pour les salons, toujours surchargés de décorations murales, les salles de bains, mais aussi les restaurants ou hôtels, comme le gîte Le Nussbaum ou le Golf de Chalampé avec lesquels elle a déjà travaillé. Approchez-vous un peu, touchez... Le mur, il fallait y penser. demarincarine.carbonmade.com dmcreation.tumblr.com


DÉCO

To u c h e r d u b o i s — PAR — Cécile Becker

Passer de l’opulence au minimalisme, créer des passerelles entre l’art contemporain et le business : en réaménageant la boutique mulhousienne des Meubles Seltz, Rabah Zerkout et sa femme Marie-Claire réinventent l’image et l’identité de la marque.

Comment en êtes-vous venus à retravailler l’image de Meubles Seltz ? Rabah Zerkout : Marie-Claire et moi avons toujours été ancrés dans le milieu du design et de l’art. Avec notre entreprise, Espaces Temps, nous avons commencé par organiser des expositions dans nos locaux, autour de l’artisanat d’art. Progressivement, nous avons été sollicités pour monter des expositions ailleurs, en l’occurrence chez Meubles Seltz, qui dispose d’un grand lieu. On s’est très vite rendu compte qu’ils avaient une perception de l’espace et une notion de l’agencement un tantinet passéiste et on en a beaucoup discuté, pour les inciter à penser les choses différemment. La responsable du magasin, Aurélia Firoben, était très ouverte. Elle en a parlé à monsieur Seltz qui s’est dit : pourquoi pas ? Nous avons donc revu l’espace du magasin, de manière plus contemporaine. Nous avons enlevé les babioles et avons tout concentré sur la beauté du meuble et sa simplicité, autrement dit le dessin. À force, les employés ne voyaient plus la pureté des lignes. ZUT ! 88

C’est une démarche proprement minimaliste... Oui. Avant, ils pensaient que la vertu c’était le plein. Nous, on pense que tout passe par le moins. De fait, le changement les a désarçonnés, mais en période de crise, la remise en question doit être directe. Ce qui est intéressant chez Seltz, c’est que c’est une entreprise à la fois traditionnelle et intemporelle. Vous avez donc décidé de travailler sur cette idée d’intemporalité tout en vidant l’espace. Comment ? R.Z. : Il ne s’agissait pas de tout bouleverser. L’idée, c’était de se dire qu’il fallait changer de regard, et donc s’interroger sur celui que le public porte sur l’enseigne. Finalement, notre travail est un travail de communication,

de médiatisation. Nous avons donc recontextualisé les Meubles Seltz : ils vivaient hors du temps, nous les avons réinscrit dans le temps. Au fond, c’est de la mise en scène, presque de la théâtralisation. Sauf que nous ne sommes pas dans l’illusion, nous cherchons au contraire à révéler quelque chose. En changeant ne seraitce que l’éclairage, le meuble est vu autrement. Maintenant, il faut leur faire accepter qu’il y a vraiment à gagner à se positionner différemment, à faire entrer la fantaisie, l’art contemporain. Pour travailler, nous avons fait comme si le magasin était le nôtre. On s’est adressé aux bobos, on les a imaginés ici. Pourquoi ? Car les bobos connaissent l’art par la forme et sont sensibles à ses frontières.


Au fond, il s’agissait de faire entrer l’art dans un univers consumériste ? Je ne crois pas suffisamment aux vertus de l’art contemporain pour que ses principes soient sacrés. On retrouve de nombreux éléments dans la publicité, le cinéma… Est-ce qu’on parasite l’art en vendant une table à côté d’une photo ? L’accessibilité à l’art se fait aussi par ce biais. À Espaces Temps, on allie design, mise en scène, étalagisme, médiatisation et art pour une communication globale. Qu’est-ce qui vous a amusé ? De bousculer les idées reçues, de leur renvoyer leur propre image pour qu’ils la comprennent et la remettent en question. Ça n’est pas évident pour eux de s'y confronter. Notre travail, c’est finalement de les amener à se regarder eux-mêmes.

Et les Meubles Seltz dans tout ça ? Fondée en 1930 par Robert Seltz, héritier d'une lignée d’artisans, l’ébénisterie se concentre sur le travail du bois massif. 50 ans plus tard, suite à une collaboration fructueuse avec le designer Pierre Chapo, elle lance des collections de meubles prestigieux. Après avoir travaillé le hêtre, l’orme, le noyer ou le chêne, Seltz marie désormais le bois à d’autres matières – verre, ardoise ou cuir – et recherche un aspect plus contemporain. Les meubles Seltz allient savoir-faire et tendance et décident en 2013 de changer l’aménagement de leur espace mulhousien. Aurélia Firoben, responsable du magasin, explique : « Nous avons toujours présenté des meubles d’artistes en mettant en avant leur aspect fonctionnel. Nous avons accepté de remettre en question nos acquis en nous dirigeant vers l’art contemporain. Présenter une table sans chaises par exemple, nous n’y aurions pas pensé. Pourtant, cela épure l’espace et crée la surprise. Au final, les clients nous disent mieux apprécier les détails des meubles. » Opération réussie pour l’enseigne mulhousienne, qui pourrait peut-être être étendue aux autres points de ventes. Meubles Seltz 6, rue du Mittelbach à Mulhouse - 03 89 46 54 23 www.meubles-seltz.fr

MARITHÉ & FRANÇOIS GIRBAUD JEAN-PAUL GAULTIER PAUL & JOE PAUL SMITH PLEATS PLEASE VALENTINO RED MARY KATRANTZOU TWIN-SET MICHAEL KORS THÉS MARIAGE FRÈRES

33 bis, rue des clefs 68000 Colmar Tél : 03 89 24 28 44 www. la-corrida. com


DESIGN

Wh o's Zatz ? — PAR — Cécile Becker

— PHOTOS — Dorian Rollin

Mis au jour grâce à une ancienne caravane Airstream réaménagée à mi-chemin entre le luxe et l’art, Herr Zatz est un studio créatif un tantinet schizophrène. Modelé par deux personnalités mulhousiennes au fin fond d’un atelier à la Geppetto, ce monsieur préfère rester anonyme. Plongée dans son subconscient.

Herr Zatz nous conduit à un autre bonhomme : le petit Robert, ouvert à la page 921. « Ersatz : ce qui remplace quelque chose ou quelqu’un en moins bien. Il s’agit d’une pâle copie parfois peu, voire pas du tout efficace. Succédané : produit qui peut en remplacer un autre. » Un peu plus loin, on trouve des traces de Freud : l’ersatz, en philosophie, est la façon dont on satisfait un désir inaccessible. En l’occurrence, ce désir est sans doute celui de dépasser les frontières de l’art et de se construire un univers très personnel, fourni en références allant du design, à l’architecture, en passant par la décoration et même le luxe. C’est bien ça, Herr Zatz ? « Il n’y a pas d’auto-dérision dans le fait de se référer à un ersatz, juste le côté jouissif de la création comme palliatif à un morne quotidien. J’invente, j’innove, j’essaye de me sentir libre, de pratiquer l’art au sens large. » Herr Zatz nous dit être un has-been hightech qui préférerait le low-tech, histoire de moins faire dans le bling-bling mais plutôt dans quelque chose qui touche, quelque chose de sensible. Il ajoute : « Je suis en jetlag, même à Mulhouse. » Tout ça parce qu’il aime par dessus tout les siestes. Et s’il aime ça, c’est surtout parce qu’il y a un peu plus de deux ans et demi il a été tenu éveillé « 29 heures par jour » par la commande d’une caravane d’un ami vivant à Saint-Tropez. C’est là que tout a commencé : une vieille caravane Airstream à retaper en chambre de luxe. Herr Zatz ne savait pas bien comment il allait s’en sortir. Au-delà d’une passion esthétique pour les caravanes, il ne s’y connaissait

ZUT ! 90


que très peu en yacht, aéronautique, habitat et automobile. Imaginez un peu : avant, il était plutôt partagé entre le graphisme et le design textile… « Ça a été l’école en vitesse accélérée, ce projet est autodidacte au 3/4. Je suis curieux de nature, ça aide beaucoup. Un autre larron plus spécialisé en technique m’a filé des coups de main. Et puis je n’ai pas arrêté de rencontrer des gens : un sellier, des gens du caravaning, des ingénieurs de Jet aviation [société de maintenance et d’aménagement de jets, installée à l’aéroport de Bâle-Mulhouse, ndlr], qui m’ont autant conseillé qu’ils étaient surpris par nos aptitudes. » À la croisée de plusieurs univers, cette caravane est plus un objet hybride qu’une pièce de luxe : « Au-delà d’un cahier des charges où l’aménagement intérieur devait être luxueux, la beauté artistique a été recherchée, notamment du côté de la scénographie de la ligne elle-même. Il y a un côté créatif et original que l’on a voulu émouvant. Ce n’est pas pour rien si lors de la présentation, beaucoup de femmes ont voulu la louer pour y passer une nuit… » Entre art et design, le résultat, qui trône désormais à sa place dans le sud de la France, tranche fermement avec les yachts bourgeois installés au port et suscite déjà de l’intérêt. Si les sollicitations ont déjà commencé à affluer, Herr Zatz souhaite se concentrer sur des projets où des libertés lui seront laissées : « Le luxe, c’est surtout de pouvoir faire des choses de moi-même, et de ne pas être catalogué. Pourquoi ne pas tout faire ? Comme beaucoup d’artistes de ma génération, je peux utiliser n’importe quoi. Le médium dépend de ce qu’on a à dire. » S’il est déjà intéressé par un projet de pièce installée dans le jardin d’un particulier, il a déjà racheté une nouvelle caravane, sorte de commande à lui-même. Schizophrène ? Rien n’est moins sûr. Studio à géométrie variable plus que collectif, Herr Zatz a déjà conçu et aménagé le bar Vox à Mulhouse – dont une belle enseigne en braille – et a déjà mille autre idées en attente. Tout ce qu’il cherche, c’est l’émerveillement.

www.herrzatz.fr

91 ZUT !


DESIGN

Multi plex — PAR — Myriam Commot-Delon

Nous ne vous le dirons qu'une seule fois : la “ répétition ” est le nouveau gimmick déco à adopter illico. Composer suivant ses besoins et ses dimensions, c’est ce que permet USM Haller Storage et son indémodable système de rayonnage, dessiné en 1965 par Fritz Haller et Paul Schärer Jr. ! Tiroirs, portes, caissons, abattants ou étagères n’attendent que votre bon désir, la forme s’adaptant à la fonctionnalité recherchée. Multipliez-les et mixez-les : les possibilités sont infinies ! Une simplicité désarmante et un design intemporel que distribuent, en exclusivité dans l’Est de la France, Geneviève et Lionel Klintz dans leur show room de Zellenberg. Un lieu très ciblé avec un large panel de marques contemporaines prestigieuses pour décorer, rénover ou embellir votre espace privé ou

professionnel. Travaillant directement avec les architectes, ils trouveront toujours une solution pour aménager rationnellement votre espace de vie. Decoburo, 4, le Schlossberg, à Zellenberg 08 77 45 08 08 USM Haller Storage, en tôle laquée époxy (14 coloris au choix) et tubes chromé, USM Haller - www.usm.com

Une tendance “ prise multiple ” de bon ton aussi dans les luminaires

Suspension Blossom Flowers (2007) en aluminium laqué, plusieurs modèles disponibles, design Hella Jongerius pour BELUX, en vente chez decoburo.

ZUT ! 92

Suspensions Coupoles en liège et ampoules LED, cinq formes disponibles, design Carlo Trevisani pour Seletti - www.fleux.com

Suspensions Egg of Colombus en carton recyclé, trois formes disponibles, design Valentina Carretta / Fabrica pour Seletti www.fleux.com


COMMUNIQUÉ

CAMPAGNE DE DÉTECTION & NOUVEAU TRAITEMENT

L’arme révolutionnaire contre la sécheresse oculaire. Plus de 9 millions de Français souffrent de la sécheresse oculaire*. Sensations de brûlures et de démangeaisons, vision brouillée, fatigue des yeux sont les symptômes d’un problème chronique qui se dépiste et se corrige. Aujourd’hui une solution innovante et exclusive a été mise au point avec des résultats très prometteurs.

pour savoir si vous n’êtes pas atteint par la sécheresse oculaire, faites le test simple et rapide sur :

www.testdeloeilsec.com ou prenez rendez-vous à Strasbourg :

03 88 84 71 48

Ce message a pour but de donner des informations sur la sécheresse oculaire. Pour tout renseignement, consultez votre ophtalmologiste. *Sources : www.e-sante.fr

EVC INTERNATIONAL - RCS Saverne TI 750 227 878

Avec un unique traitement, indolore et rapide, cet effet peut disparaitre durablement pour un soulagement sans égal et un confort de vie enfin retrouvé.


GASTRONOMIE

I l n’ e s t p a s resté à quai

Logan Laug, jeune homme pressé et ambitieux, a créé son restaurant pour ses 22 ans. À l’aube de la quatrième année, il a fait du Frichti’s une adresse à son image : chaleureuse et exigeante, amicale et précieuse.

Un Vosgien au cœur de la vieille ville de Colmar. De son propre aveu, le pari de Logan Laug était audacieux. Mais il a eu le coup de foudre pour cette vieille maison datant du tout début du XVIIIe siècle sur les quais de la Petite-Venise. C’était une évidence qu’un jour il allait suivre la voie de ses parents, de ses grands-parents, ses arrière-grands-parents aussi, lui, le gamin de Gérardmer. « Ma mère n’était pas enthousiaste du tout. Heureusement, mon père m’a soutenu. Mais j’ai dû suivre mes études jusqu’au Master. » Un chef de cuisine avec un diplôme bac+5 en poche, voilà qui est suffisamment rare pour être souligné. Logan Laug est titulaire d’un Master de management spécialisation management des activités hôtelières. Il a fait le cursus du CAP de cuisine au bac technologique et BTS à l’école hôtelière de Gérardmer, tout en présentant en candidat libre les diplômes professionnels en cuisine. L’arrivée à Colmar s’est faite via un enseignant du Master, par ailleurs consultant en achats de fournitures pour les hôtels et restaurants : Jean-Michel Haget. Logan Laug travaille un temps avec lui puis il repère cette vieille maison sur les quais : « C’était une baraque – on peut utiliser ce mot – qui tombait en ruine. Le projet d’y ZUT ! 94

— PAR — Par Flora-Lyse Mbella

———— Restaurant le Frichti’s 21, quai de la Poissonnerie à Colmar 03 90 50 58 90

restaurant-frichtis.com ————

faire un restaurant était fou mais JeanMichel m’a laissé partir, me disant qu’il ne pouvait pas freiner quelqu’un qui voulait se mettre à son compte. » Le 1er juin, le Frichti’s fête sa quatrième année. Il y a deux ans, Marianne a quitté le Luxembourg et le milieu de l’esthétique pour y rejoindre son époux, en salle. « Elle a apporté cette touche féminine alors qu’en salle comme en cuisine, il n’y avait que des hommes. Cela nous a dynamisé, nous a apporté une autre clientèle. Cela nous a fait vraiment partir dans cet esprit de bistro, de convivialité, un peu comme à la maison. » Le Frichti’s, en alsacien, c’est un repas entre amis selon le chef : c’était l’esprit qu’il voulait donner à son restaurant. L’établissement compte deux salles distinctes, au rez-de-chaussée et à l’étage, avec des poutres de couleur claire, des

petits détails comme ces lampes à cœur posées sur les tables ou cette devise signée Mémé (la grand-mère de Logan Laug) qui s’étale sur le mur de la salle du haut : « La table n’est pas un meuble, c’est un art. » Les ambiances sont différentes, avec un côté plus intime à l’étage. Le clou, c’est aussi cette terrasse située sur le toit de la maison, à l’abri des regards et des bruits de la rue. L’ambiance est feutrée mais simple, hors du temps mais moderne. Logan et Marianne Laug ont pensé cette décoration eux-mêmes et le chef est catégorique : « Si nous n’avions pas fait carrière dans la restauration, nous serions partis sur la décoration. Je considère qu’à partir du moment où l’on sait construire une assiette, on sait tenir un pinceau. »


6, rue des prêtres - COLMAR Tél. 09 83 57 18 92 Les débuts n’ont pas été évidents. Après tout, Logan Laug, même diplômé, même enfant de la balle, n’a pas commencé à diriger la cuisine de suite. Et puis, au bout de six mois, il a su trouver son identité, créer ses propres plats. En bref, le chef s’est trouvé et il s’est fait confiance. Il en résulte aujourd’hui une cuisine extrêmement équilibrée, dans les goûts, les textures, le visuel aussi. S’asseoir à cette table, c’est en prendre autant dans les yeux que dans les papilles. Et même sans être passé par les « grandes brigades » comme on dit, on sent une cuisine mature, sûre d’elle tout en restant fraîche et enjouée. L’aspect des plats est une préoccupation primordiale. Une assiette ne doit pas se contenter d’être plate, elle doit avoir du relief. On retrouve cette volonté dans des présentations parfois « vallonnées » : le bœuf rossini en est une parfaite illustration, avec un plat qui s’apparente à une sculpture, avec des couleurs très tranchées. Autre exemple : cette entrée « terre-mer » avec du bœuf tartare enrobé d’une tranche du même bœuf légèrement cuit et surmontée d’une langoustine. Les assaisonnements sont justes, le dressage est ludique, les couleurs sont chatoyantes. Avec son expérimenté second Patrick Gosserez, Logan Laug change de carte tous les mois : « C’est notre défi, ne pas nous enfermer, toujours aller chercher le meilleur produit de saison, et ne surtout pas lasser le client… » Ni lasser le chef qui, à l’instar de beaucoup de cuisiniers de sa génération, ne supporte pas la routine. Et qui ne souhaite pas en rester là. À 26 ans, tous les espoirs sont permis pour Logan Laug, y compris celui de décrocher une étoile au guide Michelin ou de tenter le concours pour devenir un des Meilleurs ouvriers de France. Tout ceci sans renier son identité, désormais solide, et son envie de satisfaction du client, seul juge de paix concret et fiable.

facebook : Le-caveau-colmar

w w w. v e r t e v a l l e e . c o m

10 rue Alfred HARTMANN - 68140 MUNSTER +33 (0)3 89 77 15 15 - contact@vertevallee.fr


GASTRONOMIE

Crème de Munster

Sise au cœur d’un parc, la Verte Vallée mise avant tout sur le bien-être. Et quoi de mieux qu’un spa pour rendre le sourire à ses visiteurs ? Ses propriétaires ont été parmi les premiers de la région à le comprendre, il y a une quinzaine d’années.

Elles portent des noms d’arbres, de fleurs, les chambres de la Verte Vallée : érable, magnolia, cerisier, séquoia… Cela met tout de suite dans l’ambiance de cet imposant établissement riche de 108 chambres, entouré de verdure, d’où son nom. « Nous privilégions avant tout la chaleur de l’accueil pour nos clients, explique Florence Wolff, propriétaire avec son époux Philippe depuis cinq ans. C’est ce côté très humain et cette proximité qui nous a séduits quand nous avons acheté l’affaire. Rien de pire qu’un hôtel où le client est anonyme. ». Issue du milieu des ressources humaines, Florence Wolff complète parfaitement son époux, diplômé du lycée Alexandre-Dumas d’Illkirch-Graffenstaden. Cette chaleur, on la retrouve dans le décor, avec la présence du bois et la clarté des matières naturelles dans un style plutôt contemporain. Et aussi dans le soin apporté au confort de cet hôtel trois étoiles, où les prestations (le wifi gratuit par exemple) participent à la convivialité du lieu. Ce classicisme apparent, revitalisé par une touche de modernité, se retrouvent dans la cuisine du chef Sébastien Aliprandi, arrivé de Nancy il y a 18 mois pour prendre les commandes du restaurant gastronomique. « C’est une cuisine du marché, gourmande, avec un peu de tradition remise au goût du jour, agrémentée de quelques petits grains d’exotisme », reprend Florence Wolff. Des cours de cuisine ont lieu une fois par semaine. Un bar lounge propose aussi des snackings toute la journée, et quand les beaux jours seront vraiment d’actualité, la terrasse donnant sur le parc sera très courue.

ZUT ! 96

— PAR — Flora-Lyse Mbella

———— La Verte Vallée 10, rue Alfred Hartmann, à Munster 03 89 77 15 15 www.vertevallee.com ————

Bien-être pour tous De fait, le joyau de la Verte Vallée, c’est son spa créé il y a quinze ans. Autant dire que la maison était un des établissements pionniers dans ce genre de services aujourd’hui très répandus et concurrentiels dans la région. De fait, l’espace bien-être est divisée en deux zones : l’espace forme, accessible gratuitement pour tous les clients de l’hôtel, et l’espace soin, avec sept esthéticiennes prodiguant modelages et soins divers avec une spécialisation minceur. La grande piscine avec jacuzzi contigu est la pièce maîtresse. Deux cours d’aquagym y sont organisés tous les jours, ainsi que deux

cours de fitness dans la salle de sport du complexe. On y trouve également des baignoires balnéo, un bassin multi-jets, un hammam, un sauna, etc. « Pour les soins, nous avons choisi de travailler avec les produits Thalgo et la Sultane de Saba, des lignes cosmétiques spécialisées dans les produits de la mer et les rituels orientaux, explique Florence Wolff. Notre espace bien-être est ouvert chaque jour de la semaine, comme l’hôtel et le restaurant. Il est ouvert aux personnes qui ne séjournent pas chez nous mais qui souhaitent faire du sport ou profiter de notre offre de soins. »


www.szenik.eu Le magazine vidéo des scènes du rhin supérieur Un média unique dans le Rhin supérieur Une sélection de spectacles sur 3 pays et dans 2 langues, des contenus textes, vidéo et son : szenik met le web 2.0 au service de la création dans la région

L’appLication mobiLe szenik est désormais disponibLe

ClassiqUe/KlassiK

RoCK-pop-eleCtRo

théâtRe/theateR

Danse/tanz

Tél. 03 89 57 80 30 ideenov@wanadoo.fr

Entreprise d'Insertion Maintenance Outils TST Espaces Verts 1 rue d'Irlande, Zone Heiden Est, 68310 WITTELSHEIM

jazz Dépasser les frontières : projet après projet.

Projet cofinancé par le Fonds européen de développement régional - FEDER.

szenik.eu

layout / lepool

gratuitement pour iphone et téLéphones android


SPORTS

— PAR — Sébastien Ruffet

DANS GRAND — ILLUSTRATION — Laurence Bentz

LE BAIN — PHOTOS — Milan Szypura

ZUT ! 98


Le Mulhouse Olympic Natation fait partie des grands clubs français. Ce statut, il le doit en premier lieu à la famille Horter. Laurent, le papa, président depuis toujours, qui l’a mis sur les bons rails, et Lionel, le fiston, entraîneur prodige et visionnaire, qui l’a fait entrer dans une nouvelle ère. Structuré comme il l’est, le MON pourrait aussi bien, désormais, se passer d’eux. Peut-être.

Ils sont des dizaines de jeunes à s’exercer cet après-midi-là. Dans ce bassin de 50 mètres sur 25, les lignes d’eau peuvent être placées dans la longueur ou dans la largeur. Sur la largeur, cela donne 25 couloirs et cent à deux cents nageurs en même temps dans l’eau. Tout à gauche, les plus petits, à l’autre extrémité, les champions du club, et entre les deux tous les échelons parfaitement placés par ordre croissant. Une stratégie, selon l’un des entraîneurs du haut niveau, Stéphane Gallo : « C’est utile dans les deux sens. Les petits voient les grands qui travaillent dur et qui y arrivent, et

les grands se sentent impliqués dans un club qui vit. » La réflexion a été poussée jusque dans ses derniers retranchements pour faire de Mulhouse un centre performant. « Ce n’est pas une piscine ici, glisse malicieusement Laurent Horter, le président du club. C’est un “centre d’entraînement de haut niveau, de formation et de développement du club”. Notre priorité n°1, c’est de travailler et de dégager une élite au niveau national. Aujourd’hui, grâce à cet équipement, on peut aller des bébés nageurs (6-8 mois) jusqu’aux JO sans quitter le club ! » Salle de musculation et fitness, sauna, spa, bassin de

plein air, tout a été imaginé et conçu par Lionel Horter – « à 95% » – pour faire de Mulhouse une fabrique à champions. Le clan Horter se déplace régulièrement, notamment aux États-Unis et en Australie, les références dans la discipline, pour s’inspirer des méthodes d’entraînement. « Un kiné vient ici quatre fois par semaine, souligne Laurent Horter, et on a professionnalisé l’encadrement. » Il embrasse son complexe du regard : « Et cet équipement nous permet d’être à armes égales avec les meilleurs au monde. »

99 ZUT !


SPORTS

L’émoi sans toit Ce qui peut paraître anodin pour le non initié peut s’avérer d’un confort sans nom quand on est tous les jours dans le bassin de plein air, autrement dit dans une piscine sans toit. Stéphane Gallo se rappelle « les gros problèmes liés au chlore à l’intérieur. Les nageurs s’arrêtaient au bout d’une heure. Depuis qu’on est dehors, on n’a plus de problèmes de respiration. Je dirais même qu’on a moins de malades que par le passé. » Son collègue Guillaume Strohmeyer, passé entraîneur après son titre de champion de France du 200m 4 nages en mars 2012, est tout aussi catégorique : « On respire moins de chlore, ça fait moins de bruit… Et puis chaque jour est différent en extérieur, tu vois les arbres qui fleurissent… Dès qu’il fait beau, les nageurs sont plus joyeux, on voit vraiment l’impact de la météo sur leur moral. Le seul inconvénient, c’est que lorsqu’il fait froid, on ne peut pas travailler les départs. » Les spécialistes de la luminothérapie vous le diraient sans doute, les nageurs peuvent passer des journées entières sans voir la lumière du jour l’hiver. Ce qui a forcément un impact sur leurs performances. À Mulhouse, ce problème là, au moins, est résolu. Croissance fulgurante Le nombre de licenciés est passé de 680 à 1800 membres en seulement un an, preuve que le centre nautique, inauguré en septembre 2011, commence à faire parler de lui, avec cette politique qui consiste à ne l’ouvrir qu’aux abonnés. Côtoyer des champions, dans un cadre splendide, c’est le rêve pour Catherine, nageuse « loisir » interpellée entre deux longueurs, qui explique « venir parfois s’asseoir au café juste pour les regarder s’entraîner ». Au-delà du petit coup d’œil, elle tente aussi « de s’améliorer. On part de bas, mais ce n’est pas grave. C’est du plaisir aussi de se perfectionner à son petit niveau ! » Son coach du soir, Vincent Rémy, qu’elle partage avec une dizaine d’autres licenciés, vient du triathlon, « ce qui fait de moi un mauvais nageur, plaisante-t-il. Je suis arrivé en novembre dernier et j’ai mis un mois à m’en remettre tellement les jeunes nagent bien. Tu prends une leçon quand tu arrives ici. ZUT ! 100

Cette réputation internationale, elle n’est pas due au hasard. C’est un honneur de travailler au MON. » Parmi ces passionnés « qui ne comptent pas leurs heures », on retrouve Wilfrid Kuentz, l’entraîneur des minimes. Chronomètre en main, sifflet en bouche, il supervise une quinzaine de jeunes, tous proches du niveau national. « Au club, c’est beaucoup d’investissement, beaucoup de présence. Ici, c’est très structuré, mais on peut encore s’améliorer sur la musculation ou sur l’accompagnement psychologique des gamins. Ils sont à un âge charnière. Il y a la scolarité, les à-côtés, la pression des parents parfois. Il faut rester patient mais aussi être toujours derrière eux. C’est un équilibre délicat. » Laurent Horter, qui mise forcément sur ses champions, actuels et futurs, n’en oublie pas pour autant l’aspect sport-santé de la discipline. « On forme à tous les métiers de la natation : piscine publique, entraîneurs, avec le brevet d’état mis en place l’an prochain… Le sport-santé, c’est d’utilité publique, en plus d’un formidable vecteur de développement. On va peut-être devoir réfléchir à un agrandissement côté vestiaires. Notre plus an-

cienne licenciée a 94 ans, c’est aussi pour elle qu’on travaille. » Les abonnés qui viennent « en touristes » peuvent bénéficier de la salle de fitness et des machines au même titre que les champions. Un bel espace ouvert où l’on peut bronzer tranquillement vient compléter la carte postale. La réussite du MON, c’est aussi celle-là : un club où tout le monde, quel que soit son parcours, son niveau ou son palmarès, peut se sentir privilégié. www.monclub.info


————

Un championnat des clubs disputé ————

— L’ombre persistante de Lionel Horter Si Laurent Horter a littéralement porté le MON sur les fonts baptismaux en 1962, après la fusion des sept clubs mulhousiens, il estime néanmoins que c’est son fils Lionel qui a su insuffler « un nouvel élan, une nouvelle ambition, et c’est ce qui explique tout », au virage des années 1990. « En 1992, Lionel qualifie son frère Franck pour les JO de Barcelone, qui deviendra le premier Alsacien finaliste olympique avec le relais. En 1998, il fait de Roxana Maracineanu la première Française championne du monde, et ensuite il enchaînera avec les Rostoucher, Leveaux, Manaudou… Avec lui, le MON est devenu un club de niveau mondial. » Outre ses compétences d’entraîneur, Lionel Horter a aussi eu très vite la vision très nette des équipements nécessaires pour le plus haut niveau. L’actuel Directeur Technique National contribue également au recrutement, avec l’œil acéré qui est le sien. Il a ainsi senti le potentiel de Fantine Lesaffre, sacrée à 18 ans en avril dernier

sur le 400m 4 nages aux championnats de France. Et quand Enzo Vial-Collet a dû faire un choix sur son futur club, c’est vers Mulhouse qu’il s’est tourné, « parce que Lionel Horter, c’est un entraîneur de renom ». Et qui lui aura permis de décrocher le 1500m et une qualification en équipe de France. Pour la prochaine génération de nageurs, Laurent Horter se veut optimiste : « On est en discussion avec le futur Yannick Agnel. » Un nageur mystère qui ne sera sans doute pas insensible à l’impact du clan Horter sur sa carrière future. Note : Malgré nos sollicitations, Lionel Horter n’a pas souhaité s’exprimer. Sa position de Directeur Technique National est au cœur de la natation française et ses interventions sont réservées au cadre strict de sa fonction.

Si la L1 de foot ou la ProA de basket déchaînent davantage les passions, le championnat des clubs est une compétition féroce. « C’est le même genre de rivalité que dans les sports collectifs, juge Laurent Horter. Le classement se fait avec des points distribués sur les 16 premiers nageurs de chaque épreuve. L’ambition pour le MON, c’est d’être n°1 à l’horizon 2016. » Le grand public n’est toutefois pas particulièrement informé de ce classement. Le plus important, le président du MON en convient, « ce sont les sélections en équipe de France. C’est là que se fait la vraie notoriété. » Cela dit, depuis les bons résultats de Mulhouse aux championnats de France de Rennes, notamment chez les juniors (2e club français), « deux dossiers arrivent chaque semaine sur notre bureau de jeunes qui cherchent à intégrer le club ». Preuve en est que la réputation de formateur du club a largement traversé la France. Sans doute un peu grâce à ces points glanés par tous ses nageurs encore peu connus.

101 ZUT !


SPORTS

— Enzo Vial-Collet L’encaisseur Il est l’une des surprises du chef, l’un des quatre nageurs mulhousiens sélectionnés en équipe de France à l’issue des championnats, avec Coralie Balmy, Fantine Lesaffre et Amaury Leveaux. Enzo Vial-Collet n’est pas le moins haut en couleurs. Enzo Vial-Collet ne passe pas inaperçu. Sa collection de t-shirts lui vaut quelques blagues dans le vestiaire mulhousien, et lui-même se définit un peu comme « une fashion victim à [ses] heures perdues ». Il aurait tort de nier l’évidence, au moment où il cherche à vous montrer, via son iPhone, une photo de sa nouvelle paire de basket « spéciale pour les championnats du monde ». Quant aux casquettes, qui complètent parfaitement le bonhomme : « J’essaye d’être difficile sinon j’achèterais n’importe quoi ! » Après un paragraphe comme celui-ci, on aura sans doute du mal à vous faire croire qu’Enzo, tout juste 20 ans, est une bête de travail. Bouffer des bornes, pas un problème pour le gamin de Baie-Mahault, en Guadeloupe. Contrairement aux stars des bassins, le récent champion de France du 1500m ne pense pas « être spécialement taillé pour la natation. Par contre, mon point fort, c’est l’acharnement. Ça ne me dérange pas d’encaisser. » Débuts tardifs C’est à seulement 9 ans qu’Enzo débute la natation. Trois, quatre fois par semaine. Il goûte à ses premières compétitions et se fait rapidement repérer, si bien qu’à 12 ans, il intègre déjà le Pôle Espoir de Guadeloupe. Sa progression est si fulgurante qu’il va bientôt chercher à voir ailleurs : « Ça devenait limité là-bas pour concilier études et natation. » Enzo a 16 ans, et c’est en métropole qu’il va trouver son bonheur. Partout où il postule, il est accepté. Le choix lui appartient. « J’avais quelques amis par ici, mais surtout il y avait un encadrement top à Mulhouse. Et il faut être bien encadré ZUT ! 102

sinon tu lâches, ça devient trop dur. La première année, c’était un peu une transition, ma mère pensait que j’étais trop jeune pour partir, et puis, ici, les coachs ont commencé à me connaître… Finalement, plus tu restes dans une structure, plus elle t’apporte. » Cet exil lui a surtout permis de gagner en maturité. Physiquement bien sûr, parce que « la natation te change énormément », et dans la tête, parce que « ce que tu ne faisais pas à la maison, tu dois le faire tout seul ! » Alors pour se laisser bercer un peu, chaque été, il rentre en Guadeloupe, voir la famille, les amis, qui changent, au moins autant que lui. C’est là qu’il se relâche enfin un peu, qu’il quitte cette vie qui ne tourne qu’autour de la piscine, du matin au soir. Il est comme l’eau libre Parfois, la vie vous ressert les plats avec malice. Grâce au DTN Lionel Horter, il était prévu que le champion de France du 1500m soit aussi qualifié pour l’épreuve du 5km en eau libre lors des prochains mondiaux de Barcelone. « Une expérience de plus au plus haut niveau », décrit sobrement Enzo. Mais passer de l’eau chlorée à l’eau salée du port de la capitale catalane, ça ne le fait pas sourciller. « Quand j’étais jeune, tous les dimanches, on avait une compétition en

eau libre… Et le 5km, c’était le minimum. J’ai déjà fait 12 km… Je peux te dire que faire 10 bornes le dimanche matin, on n’était pas pressé d’y aller ! » Sur sa distance de prédilection, Enzo Vial-Collet ne se satisfait pas du titre glané à Rennes. « Je n’ai pas fait un temps incroyable. Dans un autre pays, je n’aurais même pas été sur le podium. » À l’entendre, c’est plutôt la concurrence qui s’est dégonflée. Aux Mondiaux, ce sera autre chose. « Je ne me fixe pas d’objectif précis, avance d’ailleurs le nageur du MON. J’essaierai de battre mon record personnel, et après on verra. » Après ? Il y aura une nouvelle saison, et encore des kilomètres de nage à n’en plus finir. Des études en parallèle, avec le dossier de candidature pour faire kiné, en horaires aménagés. Cinq ans au lieu de deux, « l’avantage d’être sportif de haut niveau ». Passionné, Enzo estime que seul le temps aura raison de sa patience. « À 27 ans, t’as plus envie de te lever à 6 heures du matin pour faire 7 bornes le matin et 7 le soir. Dans le foot, au moins, t’es payé, t’as une raison tangible de continuer. Alors chaque année il y a cette remise en question : est-ce que ça vaut le coup de continuer ? » Pour l’instant, elle ne se pose pas.



LIFESTYLE ZUT ! DESIGN

ET L’ÉTAGÈRE FÛT

MINE DE RIEN

DESIGN

Bien taillée, la nouvelle table basse de la marque danoise & Tradition ! Tout en chêne massif avec une finition brossée et un piètement original… On adore ses trois pieds taillés comme des crayons, qui semblent piqués dans le sol. Le bois naturel affleure sous la peinture noire, l’ensemble est plein de nostalgie : une base parfaite pour accueillir la lampe de bureau Bellevue AJ3 d’Arne Jacobsen, dessinée en 1929 pour le pavillon de la Maison du Futur. Du très bon design qui plaira aussi bien aux enfants qu’aux parents ! (M.C.D)

Photo : Christophe Urbain

Tables Hoof Lounge, design Samuel Wilkinson, deux tailles disponibles (SW1 et SW2), lampe de bureau Bellevue AJ3, design Arne Jacobsen Le tout édité par & Tradition, en vente chez Quartz 20 et 24, rue des Tanneurs à Mulhouse - 03 89 66 47 22 www.quartz-design.fr

B.A.

Cette console murale est fabriquée à partir de barils industriels récupérés et va faire un carton. Lumineuse et personnalisable avec le papier peint de votre choix – ou d’autres matières –, elle nous a tapé dans l’œil dans la nouvelle boutique Urban Zone, à Colmar, entièrement agencée par Gérard Dumora, créateur du Trendy-Tub. On en a profité pour voir de plus près ce mobilier malin et écoresponsable, commercialisé par la société Pacific Art Design, installée à Guebwiller. Ne manquez pas d’aller régulièrement visiter leur facebook, histoire de découvrir les dernières déclinaisons de ce baril pas bidon qui a un sacré potentiel ! (M.C.D) Console murale lumineuse, Trendy-Tub, design Gérard Dumora Prix public conseillé : 480 € www.trendy-tub.com www.facebook.com/TrendyTub

L A BELLE LEÇON Comme pour un enfant dans un magasin de jouets, la magie de l’antre du P’tit Baz’Art opère instantanément… Des luminaires aux formes atypiques viennent éclairer des canapés aux lignes hybrides et ingénieuses, des objets insolites côtoient de la belle vaisselle tout juste dénichée qui n’a rien à envier aux boutiques spécialisées dans la déco rétro. Dans cet écrin survitaminé fait de bric et de broc, l’éthique est au cœur des créations. Ici, on sélectionne, recycle, redonne vie aux objets en les métamorphosant. Cette idée écolo-solidaire de l’association colmarienne Espoir – qui souffle ses 40 bougies cette année – est avant tout une aventure humaine, puisque ce sont des bénévoles et personnes en réinsertion qui dans l’atelier attenant font revivre ces pièces d’époque. La dynamique Marie-Pierre, architecte d’intérieur et peintre, impulse les idées artistiques avec l’équipe du jour, qu’ils vont mettre en forme ensemble ! Quand on dit que l’espoir fait vivre, ici il fait du beau et du bien. Chapeau. (C.L.) Le P’tit Baz’Art - 15, rue de Turenne à Colmar - 03 89 24 39 22 www.association-espoir.org

ZUT ! 104


L A R M E FATA L E

SANTÉ

La sécheresse oculaire touche un français sur sept, parfois même sans qu’il le sache. Gêne et inconfort peuvent aujourd’hui être soulagés grâce à une technologie inédite dont le traitement est disponible en exclusivité à Strasbourg. 3 questions à Laurent Morin, directeur d’Expert Vision Center Qui est concerné par ce problème ? Les personnes qui ont régulièrement les yeux qui démangent ou ressentent une sensation de brûlure et de fatigue oculaire. Les porteurs de lentilles sont souvent sujets à ce genre de désagrément. Quels sont les symptômes ? Ils sont si courants qu’ils sont souvent considérés comme une conséquence normale de notre mode de vie, avec des facteurs aggravants comme l’ordinateur ou la climatisation. Les yeux irrités et l’inconfort visuel demeurent des symptômes évocateurs. Un dérèglement peut générer un excès de larmes pour compenser cette sècheresse. Un premier test est disponible sur www.testdeloeilsec.com. Quelles sont les solutions durables ? Tearscience a développé un procédé innovant et récemment intégré dans notre centre – la 2e machine en France – dont le traitement est simple, durable et indolore. Il y a un examen préalable pour savoir si le patient est éligible, avant un traitement de 12 minutes, pour une qualité de vue et de vie retrouvée ! (C.L.) Expert Vision Center à Strasbourg - 03 88 84 71 48 www.testdeloeilsec.com

TOURISME

SUIVEZ LE GUIDE !

La place de la Réunion, le musée de l’automobile, la rue du Sauvage, le marché de Noël… Vous pensiez tout connaître de Mulhouse ? C’était sans compter l’arrivée, sur les étagères de nos libraires préférés, d’un « antiguide touristique ». Souvent étouffée par Strasbourg l’européenne et Colmar la traditionnelle, Mulhouse foisonne pourtant de bonnes adresses, loisirs et lieux atypiques. La collection « S’installer à » s’adresse aux néo-Mulhousiens, délivrant des informations pratiques et vivantes. De l’économie aux centres commerciaux, du climat aux sorties en plein air, le savoir-vivre mulhousien est décrypté. Jetez un coup d’œil à la rubrique « Le choix des mulhousiens » : Philippe Schweyer (le papa de Médiapop et Novo !) y dévoile les dessous de la vie culturelle underground. Décidément, « La belle discrète » n’a pas dit son dernier mot! (C.T.) Coralie Donas, S’installer à Mulhouse Alsace, éditions Héliopoles www.s-installer-a.com


LIFESTYLE ZUT ! JARDIN

ÉCOLE BUISSONNIÈRE

PALME D’OR

DRESSING

C’est sans conteste le show room le plus cinématographique de la région, et un lieu hautement recommandable pour aménager son intérieur… en l’occurrence son dressing ! Pour cela, Nové accueille Rimadesio, une des stars du dressing italien. Une enseigne luxueuse, réputée pour la finesse de ses profils, ses couleurs sourdes et la recyclabilité optimale de ses matériaux… Une recherche stylistique sophistiquée et des marques raffinées accompagnent pertinemment ce cador du rangement : Scrigno, qui maitrise parfaitement le contre-châssis pour portes coulissantes escamotables, ou L’invisible par Portarredo qui élimine les montants, les moulures couvre-joints et les charnières apparentes, garantissant un espace maximum de 2 mm entre la porte et le mur. À accessoiriser de luminaires Qis Design et des divins tapis Duetto de la finlandaise Hanna Korvela, tissés à la main en laine, coton ou fibre de papier. (M.C.D) Nové, 42 avenue Clemenceau à Mulhouse 09 80 94 48 80 www.nové.com TOURISME

LE RENARD ET LA CIGOGNE Quatre responsables d’édition et une dizaine d’auteurs ont sillonné les terres alsaciennes pour dégoter les meilleures adresses – pas loin de mille ! – où il fait bon manger, dormir, sortir, randonner, se cultiver, etc. Un guide bien complet, en somme ! Et s’il ne rentre pas dans votre sac à main, vous pouvez toujours télécharger sa version numérique pour smartphones et tablettes. Elle est gratuite pour l’achat du guide papier. (F.-X.C.) Le Petit Futé Alsace 2013, 17e édition, 9,95 €

ZUT ! 106

Quand on pense été, on pense jardinage, barbecue en plein air et farniente ! Seulement voilà, l’hiver s’est éternisé, le jardin a été – légèrement – abandonné et tout le quartier aime vous le faire remarquer. Galère. Quand on n’a pas la main verte, aménager son extérieur devient un vrai casse-tête. Du moins ça l’était, avant que Philippe Siscaro et Xavier Antoine ne lancent Home Jasmin, en 2007. Diplômés des Beaux-Arts, convertis à la fleuristerie, les deux hommes ont une vision novatrice de l’art floral et élargissent leurs offres bien au-delà de leur boutique, en proposant des services d’aménagement de terrasses et de jardins de petites tailles. Couleurs, odeurs, ambiance… rien n’est laissé au hasard pour créer un espace agréable, chaleureux et, surtout, qui vous ressemble. De quoi couper l’herbe sous le pied du voisin d’à côté! (J.G.) Home Jasmin 6, rue Morel à Colmar 03 89 24 34 02 www.homejasmin.blogspot.fr


MONTBLANC TIMEWALKER

· * Montblanc. Une histoire à raconter.

CHRONOVOYAGER UTC

Grâce au second fuseau horaire synchronisé avec le temps Universel Coordonné (Universal Time Coordinated, UTC), ce chronographe à remontage automatique est le compagnon idéal pour les voyageurs fréquents. Son boîtier résistant en acier fin de 43 mm de diamètre avec lunette et poussoirs satinés allient design élégant et art horloger traditionnel. Ce chronographe est doté d’un second fuseau horaire sur 24 heures sur le rehaut avec indicateur jour/nuit, d’un affichage de la date, d’une seconde au centre et de deux compteurs annexes pour mesurer des temps écoulés jusqu’à 30 minutes et 12 heures. Le TimeWalker ChronoVoyager UTC est fabriqué dans la * Manufacture Montblanc du Locle, en Suisse.

boutique montbl anc 18 rue de l a mésange strasbourg tel. 03 88 22 20 98 www.montbl anc-boutique-strasbourg.com



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.