Making of
Pour ce numéro 57, nous souhaitons la bienvenue à Cécile Jacquot (@cecilejacquot_), la photographe de la série Mode « Main-tenant », avec son titre à poigne volé en douce au poète Ghérasim Luca. Le regard d ’une femme sur une autre, la belle Léa Elkrog (@leaelkrog), mannequin et actrice danoise, le vert-de-gris et l’envie d’une mode faisant moins de bruit. C’est bien pour débuter la saison, non ? Autant que sillonner à nouveau la ville à vélo, au gré des lieux choisis par nos invités, faire des repérages nocturnes de magnolias en fleurs place de la Rép’, pour y repasser deux jours après le shooting, se rendre compte que la floraison est finie et se dire : Ouf ! Quel bon timing.
Passage de l’autre côté de l’objectif pour les deux rendez-vous incontournables de chaque saison : notre série Mode et la rubrique « Strasbourg Vu Par ».
Photos Myriam DelonZut team Prochaines parutions
Haguenau & alentours n°18 juin 2024
Strasbourg n°58 juin 2024
Artisanat n°06 juillet 2024
Directeur de la publication & de la rédaction
Bruno Chibane
Administration et gestion
Gwenaëlle Lecointe
Rédaction en chef
Cahier La Culture
Emmanuel Dosda
Directrice artistique et rédaction en chef
Cahier Le Style
Myriam Delon
Rédaction en chef
Cahier La Table
Tatiana Geiselmann
Rédaction en chef
Cahier Les Escapades
Cahier Les Métiers
Bruno Chibane
Myriam Delon
Direction artistique
Séverine Voegeli
Graphisme
Hadrien Lehmann
Secrétaire de rédaction
Manon Landreau
Chargée de projets & développement
Léonor Anstett
Commercialisation
Léonor Anstett
06 87 33 24 20
Bruno Chibane
06 08 07 99 45
Émilie Ményé
06
66 22 79 29
Philippe Schweyer
06
66 22 79 29
ps@mediapop.fr
Anne Walter 06
65 30 27 34
contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com
Contributeurs
Rédacteurs
Rolland Boehler, Myriam Delon, Emmanuel Dosda, Tatiana Geiselmann, Fanny Laemmel, Caroline Lévy, Corinne Maix, JiBé Mathieu, Maïta Stébé, Sonia Verguet, Lisa Zimmermann
Styliste
Myriam Delon
Photographes
Pascal Bastien, Alex Flores, Teona Goreci, William Henrion / Preview, Cécile Jacquot, Bartosch Salmanski, Christophe Urbain, Sonia Verguet, Séverine Voegeli
Illustration
Roxane Lumeret
Relecture
Léonor Anstett
Retouche numérique
Emmanuel Van Hecke / Preview
Ce magazine trimestriel est édité par
chicmedias
37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87
chicmedias.com
Sàrl au capital de 77 057 euros
Tirage : 9000 exemplaires
Dépôt légal : avril 2024
SIRET : 509 169 280 00047
ISSN : 1969-0789
Ce magazine est entièrement conçu, réalisé et imprimé en Alsace
Impression Ott imprimeurs
Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex
Diffusion
Novéa et Zut Team
Abonnements
abonnement@chicmedias.com
Crédits couverture
Photographe Cécile Jacquot @cecilejacquot__
Mannequin Lea Elkrog / upmodels.fr
Maquillage Julie Gless @juliegless
Coiffure Alexandre Lesmes @avilacoiffure_strasbourg
Assistant photo William Henrion / Preview
Post-production Emmanuel Van Hecke / Preview / preview.fr
Robe et veste Hache chez Marbre. Bague Jacquot Joaillier.
PAYEZ VOS LUNETTES MOINS CHER EN RECYCLANT VOS ANCIENNES PAIRES !!!
12 Édito
14 Strasbourg vu par
— Caroline Ziajka et Lionel Debs
— Jean-Louis Kiehl
— Tatiana Moubarak
Leveque
— Maud Nisand et Aurélien Benoilid
— Olivier Fuoc
— Anne-Sophie
Pascal-Lebet
26 La chronique
Femmes like you
Pérégrinations urbaines avec Caroline Lévy, à la rencontre de celles qui font bouger les lignes.
31 Portfolio
Pascal Bastien (3/4) Strasbourg, dans les archives du photographe.
37
La Culture
38 Rencontre Zut, v’la Dosda chez Jérémie Fallecker Incruste dans l’appartement du fondateur de Pelpass, entre vinyles, jeux vidéos et piles de BD.
42 Musées
Rencontre avec Émilie Girard
La nouvelle directrice des Musées de Strasbourg veut ouvrir en grand les portes de la culture.
44 Arts
Galerie Malagacha
Depuis cinq ans, la galerie fait rayonner la création d’inspiration urbaine.
48 Arts
Ateliers Ouverts 2024 Premier repérage des ateliers strasbourgeois à découvrir.
50 Bande dessinée
Le Lierre et l’Araignée Grégoire Carlé part sur les traces de son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale.
54 Musique Entretien avec Michel Cloup
Le fondateur de Diabologum dédie une lecture musicale aux auteurs.trices féministes.
56 Théâtre
Festival Démostratif #7 Sacha Vilmar invoque les fantômes de nos peurs contemporaines sur la scène de Démostratif.
58 Actus
La culture en bref
Théâtre, photo, illustration, littérature, festivals... les événements culturels à ne pas rater ce printemps.
69
Le Style
70 Mode
Légereté immaculée pour des étoffes unifiées.
84 Shopping
L’homme distingué de la tête aux pieds.
88 Bijoux
Talismans animaliers, symboles de renaissance.
90 Tendance
La laque intérieure s’empare des ors et de l’acier.
92 Accessoires
Des sacs vegan à collectionner.
94 Design
Les tonalités et matières naturelles s’entourent de fortes teintes.
Être
utile, c’est accompagner 8 champions du Grand Est jusqu’au bout de leurs rêves.
Clients, collaborateurs, administrateurs, nous sommes tous derrière eux pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Communication à caractère publicitaire et sans valeur contractuelle.
Caisse d’Epargne et de Prévoyance Grand Est Europe, Banque coopérative régie par les articles L.512-85 et suivants du Code Monétaire et Financier, société anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance au capital de 681.876.700 € - siège social à STRASBOURG (67100), 1, avenue du Rhin - 775 618 622 RCS STRASBOURG - immatriculée à l’ORIAS sous le n° 07 004 738. De gauche à droite : Jules Ribstein - Tom Henrionnet - Clémence Beretta - Sara Balzer - Léopold Cavalière - Cyrielle Lefevre - Abel Aber - Chloé Valentini.
99
La Table
100 Chronique
Harder, better, faster, sweeter
Remaniement en cuisine : les tendances food emboitent le pas aux évolutions sociétales.
104 Tendance
Dîner les yeux fermés Avec l’eatertainment, le temps du repas se réinvente et se vit en pleine conscience.
106 Adresses
Kooma
Le nouveau tiers-lieu dédié à l’alimentation bio et durable a ouvert ses premiers espaces.
110 Recette Tarte à la rhubarbe et sa grosse meringue
Une recette familiale tirée de Hopla, le livre pop dédié à la cuisine alsacienne de Floriane Dumen.
112 Quand c’est l’heure Samedi → 18 h Apéro coloré à domicile ou pause perchée au restaurant et bar L’Archipel.
114 Adresses
Les Tontons Flambeurs
Le Picobello
116 Actus
Les potins des popotes Nouvelles en vrac et ragots tout frais.
119
Les Escapades
120 Wolxheim Écolodge La Source
La dernière création de Bleu Minuit fait la part belle à la nature et aux architectures boisées.
124 Saverne Hôtel-restaurant
La Garenne Déjeuner au sommet et pause bien-être dans un écrin de verdure.
127
Les Métiers
128 Cyclisme HJC Sports
L’entreprise de casques sud-coréenne continue son ascension sur le marché du cycle en Alsace.
130 Artisanat Chocolaterie Stoffel Attablés au Chocowaouh Café, retour sur l’histoire de l’emblématique maison familiale aux 60 bougies.
134 Artisanat Pôle Konzett
Promenade dans un lieu bourdonnant de créativité, à la rencontre des artisans et entrepreneurs qui l’habitent.
140 Bien-être Yogamoves
Le club de yoga ouvre un troisième centre dans le quartier Neudorf.
142 Construction Rénov’Véranda
Trois questions à Oliver Fischer, à la tête de l’entreprise de rénovation de vérandas.
60 ans de création...
46 rue des Hallebardes 67000 Strasbourg
03 88 32 43 05 | www.eric-humbert.com
Sur rendez-vous mercredi et vendredi
Le monde devient flou
Par Emmanuel Dosda« Sans utopie, on errerait sans but », affirme Alain Perroux, directeur de l’Opéra national du Rhin qui porte le festival multiforme Arsmondo. Le message ? Nous fléchissons sous le poids des événements mais il faut garder espoir, profiter de la liberté dont nous jouissons encore, inventer des lieux safe et inclusifs, créer du lien, se serrer les coudes. « Rire, pleurer, se donner du courage, tous ensemble », préconise Sacha Vilmar, directeur de Démostratif qui défend l’émergence scénique. La musique, le théâtre, les arts plastiques, la bonne chère… : voilà ce qui nous aide à traverser les turpitudes actuelles.
Sans être épargné par les tracas économiques qui touchent tout le secteur culturel, Zut continue de se bagarrer, de garder la foi et passer le message. Ce printemps, nous pelpasserons avec Jérémie et ses potes au Jardin des Deux Rives. Nous regarderons le monde via le prisme des spectacles, concerts ou expos à Pole-Sud, au TNS ou à La Laiterie. À travers les lignes des livres, les cases des BD et les couleurs des illustrations, mis à l’honneur à Strasbourg à partir d’avril.
Alexis, l’œil des séries Mode et auteur des couv’ de Zut depuis quinze ans, nous a quittés en septembre, vous le savez déjà. Nous avons transmis le flambeau à Cécile qui était déjà dans nos parages et qui a signé les magnifiques photos de ce numéro. Une affaire de confiance, de transmission. Un goût commun pour l’exigence, la beauté, le travail bien fait, les belles histoires, une fidélité sans faille.
Dans nos pages, place aux tables qui mettent les sens en ébullition, aux bons restos bio non dégradables (de nos carnets d’adresses), aux artisans réunis aux Pôle Konzett de Lutzelbourg, prouvant que notre région sait encourager les talents et leur mise en commun. La ligne d’horizon est floue, mais nous persistons à avancer et nous émerveiller.
Strasbourg vu par
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les femmes et les hommes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
Caroline Ziajka
41 ans +
Lionel Debs
43 ans
Architectes associés du cabinet d’architecture LDA
Où ? Parvis du MAMCS
« Sur cette place, il y a plein de morceaux de Strasbourg : une proximité avec l’eau, plusieurs périodes historiques, une vue sur différents monuments et des usages variés où l’on peut flâner, aller au marché, se cultiver, s’arrêter ou simplement traverser. »
Actu ?
« La sortie de notre livre Des architectes pleins d’égards (Serendip’ éditions) : conversations avec Sylvain Allemand, préface d’Augustin Berque et postface de Catherine Rannou. Ainsi que l’inauguration, au mois d’avril, du gymnase Albert-Le-Grand au Neudorf. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à la surconsommation et pas Zut à la sur-plantation ! »
lda.archi
Propos recueillis par Myriam DelonJean-Louis Kiehl
71 ans
Président de la Fédération Crésus
Où ? Le toit-terrasse de l’ensemble immobilier
« Porte de France »
« C’est dans cet ensemble que se trouve le siège national de Crésus (qui regroupe 27 associations et 210 points d’accueil en France), une association reconnue d’utilité publique pour son rôle d’accompagnement des personnes en difficulté financière, de l’éducation financière des jeunes à la prévention du surendettement. »
Actu ?
« À écouter : Radio Crésus, un média dont le studio d’enregistrement
se trouve à notre siège social, qui favorise les échanges entre des juristes bénévoles et des personnes en situation critique. À voir : le film Une année difficile d’Eric Toledano et Olivier Nakache, sorti en octobre dernier, qui s’est appuyé sur l’expertise de Crésus pour se rapprocher au mieux de la réalité. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à la fragilisation économique des ménages et des entrepreneurs, pour les aider à surmonter leurs difficultés ! »
radiocresus.fr — cresus.org
Tatiana Moubarak
Leveque
32 ans
Gérante de la boutique
Ultima homme
Où ? Place de l’Université
« Je garais souvent ma voiture dans ce quartier de la Neustadt lorsque j’étais étudiante. J’aimais longer l’église Saint-Paul, parfois aller boire un café au Brant et traverser l’Ill avant de rejoindre le centre-ville. »
Actu ?
« L’arrivée dans les collections
Ultima homme et femme du prêtà-porter vitaminé et émotionnel de Lanvin, sous la houlette du directeur artistique marseillais Bruno Sialelli. Également celle de la ligne MM6 Maison Margiela, toujours
aussi radicale et expérimentale, qui célèbre cette saison la simplicité et les mouvements du corps, comme une extension de soi. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux pavés (et accessoirement à la pelouse lors du shooting) qui empêchent les Strasbourgeoises de rehausser leur allure avec des stilettos ! »
ultimamode.com
Réservation conseillée
Lundi au dimanche
Déjeuner 12h – 14h
Dîner 19h – 21h30
Bar 17h – 1h30
4, boulevard de Dresde à Strasbourg
+33 (0)3 67 70 72 80
larchipel@naoshotel.com
Maud Nisand
43 ans
Avocate au Barreau de Strasbourg
+ Aurélien Benoilid
41 ans
Neurologue et président du Forum
Européen de Bioéthique
Où ? L’Opéra national du Rhin, place Broglie
« L’Opéra pour s’inspirer, respirer et rêver. C’est un lieu où l’on danse, où l’on exprime ses émotions par le corps. Un lieu nécessaire ! »
Actu ?
« La parution, mi-février, de notre premier roman, écrit à deux : Ce qui fait briller les étoiles, aux éditions Flammarion, une saga familiale qui se déroule à Paris, à l’Opéra Garnier, en 1941 pendant l’occupation des troupes allemandes. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à une société qui rembourse vingt ans de traitements antidépresseurs mais pas une seule séance de psychothérapie. »
www.nisand-avocat.fr
forumeuropeendebioethique.eu
Maud :
UN CADRE DE VIE AUTHENTIQUE AU CŒUR DU VIGNOBLE
Résidence élégante de 3 niveaux, des appartements avec de beaux volumes baignés de lumière naturelle, à deux pas du Canal de la Bruche.
DERNIÈRES OPPORTUNITÉS
Appartements du 3 au 4 pièces
Terrasses & rez-de-jardin
Olivier Fuoc
42 ans
Co-fondateur et directeur général de la société de production audiovisuelle SLEAK et co-fondateur de Territory Films
Où ? Canal du Faux-Rempart
« J’y cours souvent, c’est agréable d’être à fleur d’eau et c’est juste à côté de mes bureaux. »
Actu ?
« Avec Territory Films, nous lançons le développement d’une série en co-production internationale sur la naissance de la musique électronique avant la chute du mur, dont une bonne partie se déroulera à Berlin. L’identité de SLEAK a fait peau neuve pour renforcer une offre de vidéo plus narrative. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux impayés des clients ! Ça va en faire rire quelques-uns… »
sleak.tv
scriptoclap.fr
Garde-robe personnelle
Gustave
25 avril — 15 juillet 2024
La constellation Doré
Une traversée dans l’édition illustrée au xix e siècle
Gustave Doré, « Ils entrent dans l’empire de la lune ». Gravure pour l’Arioste, Roland furieux. Poème héroïque . Strasbourg, Bibliothèque des Musées. Photo : M. BertolaAnne-Sophie
Pascal-Lebet
36 ans
Co-directrice de l’agence de communication Infra
Où ? Place de la République
« J’adore cette place, à ce moment-là de l’année, avec ses magnolias en fleur ! Elle symbolise la renaissance suite à l’hiver, un nouveau commencement, tout comme notre agence qui a fait le choix, l’an passé, d’une communication plus responsable. »
Actu ?
« À l’agence Infra, nous avons pris un virage et réinventé nos métiers, pour avoir un impact environnemental plus faible en produisant du slow content et des sites éco-conçus, et être en phase avec ces trois principes
fondateurs : l’engagement (pour une communication responsable, mais aussi auprès d’associations), l’inclusion (dans nos effectifs et en accompagnant l’insertion des personnes) et l’environnement en adhérant au collectif 1%fortheplanet. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à tous ceux qui pensent qu’on ne peut pas changer, évoluer, et faire les choses mieux. »
infra.fr
femmes like you
Et si je vous embarquais avec moi dans Strasbourg ? Vous seriez les témoins de mes rencontres, de mes pérégrinations à travers la ville de jour comme de nuit. J’ai envie de sentir son poumon aussi à travers les femmes qui la font vivre, la rendent encore plus belle et plus lumineuse. Des femmes qui ont choisi de faire bouger les lignes, des héroïnes du quotidien qui osent, s’expriment par leur art, dans leur mission ou par le simple fait d’être femme. Un itinéraire garanti 100 % girl power.
Par Caroline Lévy / Photos Teona GoreciJeudi 11 h – Librairie du MAMCS
Mathilde Guiraud – Directrice de librairies 01
Les beaux jours font leur grand retour et le mois de mars joue avec nos nerfs. Les giboulées effacent les rares éclaircies avant même de me laisser le temps de parader avec mes nouvelles solaires.
Il fait frais ce matin-là, même si le soleil caresse le bâtiment du MAMCS et sa façade habillée de noir et blanc. Je ne viens pas pour une exposition mais pour une rencontre avec celle qui dirige sa librairie. Nommée par Antoine Gallimard lui-même quelques mois plus tôt, Mathilde Guiraud s’est installée à Strasbourg en décembre dernier et compte bien donner un nouveau souffle aux quatre librairies strasbourgeoises de l’éditeur, dont elle tient désormais les rênes (les librairies Kléber, la Librairie de la Presqu’île, la Librairie du Monde entier et celle du MAMCS). Une arrivée déterminante à la veille du lancement de Strasbourg Capitale Mondiale du Livre UNESCO 2024.
Je n’avais encore jamais osé franchir le seuil de cette librairie de musée. À tort. Je découvre une sélection exigeante, mêlant livres d’art, d’illustrations et romans choisis. La trentenaire passionnée lit comme elle respire et s’en donne à cœur joie. Avec en moyenne un livre par jour pour assouvir sa frénésie gourmande et suivre le rythme effréné des sorties littéraires en France. Le parcours de cette fille de directrice d’école du Havre est exemplaire, elle profite dès l’enfance d’un libre accès à la librairie de l’établissement pour s’initier à la littérature. Ce n’est que bien plus tard
qu’elle se spécialisera dans les métiers du livre. Ses expériences la mèneront vers des librairies parisiennes, tantôt pionnière en matière de littérature féministe, comme Violette and Co, tantôt populaire chez Virgin Megastore sur les Champs-Élysées, jusqu’à diriger la Librairie Delamain, une institution Gallimard, la plus ancienne librairie de Paris.
Faire danser les mots au rythme des pages. Mathilde exulte lorsqu’elle décrit un roman, s’anime quand elle parle de son auteur. Ses favoris, Philippe Jaenada, Christine Angot ou encore la prix Nobel de littérature Annie Ernaux, dont elle a lu tous les écrits. « Mon livre préféré, c’est toujours celui que je lis en dernier ! Donc aujourd’hui, c’est L’homme aux mille visages (éd. Grasset) de la journaliste Sonia Kronlund. La lecture est un espace de liberté. J’aime les livres, mais j’aime surtout les vendre. Je ne pourrais pas être bibliothécaire. J’ai la chance de vendre des choses qui ne sont pas essentielles mais qui le sont à ma vie ! »
Mathilde m’invite à une petite visite guidée de la librairie parmi ses pépites littéraires. Elle me fait découvrir l’autrice et illustratrice passée par la HEAR Marion Fayolle, avec un petit ouvrage inventaire sur les plaques d’égout japonaises : « Un bonbon ! » s’enthousiasme la libraire qui me présente aussi l’histoire de l’écrivaine et prostituée Grisélidis Réal, avec son Carnet de bal d’une courtisane. Une rencontre à livres ouverts. Une première ! librairie-kleber.com / librairiedumondeentier.com librairiedelapresquile.fr
Jeudi 12 h 30 – NooToos
Élodie Schneider – Vitrailliste 02
La journée s’annonce très rythmée en cette veille du 8 mars. Dans la soirée, j’animerai avec Les Grandes Girls la remise des Trophées Madame Artisanat à la Chambre de m étiers d’Alsace. C’est d’ailleurs avec l’une des lauréates que j’ai rendez-vous à l’heure du déjeuner. Avant le repas, Élodie Schneider, qui se verra remettre le trophée « Madame Engagée », m’emmène découvrir l’art du vitrail, devenu son terrain de créativité et d’expertise. Titrée Meilleur Ouvrière de France depuis l’été dernier, la seule du GrandEst, cette technicienne du verre a grandi dans le berceau de l’art verrier en Alsace, à Wingen-surModer, et fait aujourd’hui (re)vivre le patrimoine, en essayant de dépoussiérer ce métier d’art et d’artisanat.
Notre rencontre se fera dans une église strasbourgeoise pour toucher de près la beauté et la singularité des vitraux du site. Et c’est finalement chez NooToos, lieu hybride accolé à l’église protestante Saint-Pierre-le-Vieux, mêlant arts, culture et spiritualité, que nous découvrons l’œuvre abstraite de Françoise Mosser-Cardon. On apprend au détour d’une conversation avec Arnaud Stoltz, pasteur de la paroisse, qu’à l’époque, l’activité de maître verrier ne pouvait être occupée par une femme, raison pour laquelle l’artiste dessinera les vitraux mais ne les réalisera pas. Heureusement depuis 1958, les métiers de l’artisanat se sont féminisés. Mais le chemin reste long et les stéréotypes ont la dent dure.
« On imagine encore souvent les femmes à l’atelier et les hommes sur les chantiers. Quand on ne nous considère pas comme des petites choses fragiles et qu’on nous laisse galérer, c’est cool ! » s’amuse l’artisane. La jeune lauréate de 30 ans a récemment installé son atelier près de Bouxwiller et a décidé de poser ses outils en Alsace après un long périple à vélo sur les routes de France, à sillonner et investir plusieurs ateliers de vitrailliste. Une liberté extraordinaire qui la mènera jusqu’à Cologne en Allemagne, à restaurer notamment les vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Élodie compte faire évoluer les techniques de son savoir-faire et faire conna ître son matériau chouchou en collaborant pourquoi pas avec des fablabs : « J’aime le côté à la fois fragile et brut du verre. En le travaillant avec le soufflage, sa texture devient mielleuse, voire visqueuse. Un peu comme une danse, c’est très beau. » Notre discussion se poursuivra chez Kebs Baba, tout juste le temps d’avaler un sandwich et de repartir sur cette journée marathon.
@lesaventuresverrieres
Mercredi 14 h – Seppia
Claudia Marschal – Réalisatrice 03
Journée d’étalonnage chez le producteur audiovisuel strasbourgeois Seppia avec Claudia Marschal. L’autrice et réalisatrice qui partage sa vie entre Paris et Strasbourg nous invite à l’une des dernières étapes de Stéréo*Types, une série pour TV5 Monde dont la diffusion est prévue courant mai. Dix épisodes pour déconstruire les stéréotypes de genre à travers des témoignages percutants, allant d’un prothésiste ongulaire à une cheffe d’orchestre, une carreleuse, un danseur de pole dance ou encore un sage-femme.
C’est donc le moment crucial d’harmoniser les couleurs et la lumière dans cette étape de la post-production. On s’installe mug en main pour parler de son parcours, dont le cinéma a longtemps été fantasmé et perçu comme une utopie, avant d’être envisagé sérieusement dans le champ des possibles. Son truc à elle, c’est les langues ! Parfaitement trilingue, d’une mère autrichienne et d’un père ingénieur en aéronautique, son enfance d’expatriée est rythmée par les voyages en Birmanie, en République tchèque ou encore en Tunisie, qu’elle quittera pour s’installer à Strasbourg un peu par hasard et entamer des études de langues. « Tous mes plans dans le cinéma, je les ai eus grâce aux langues. Je ne crois pas être plus compétente que d’autres, mais ça a fait la différence », confie la réalisatrice. Pourtant, sa détermination est réelle dès les premières années à la fac, où elle suit en même temps une formation en cinéma.
Un stage chez Arte et une mission d’assistanteréalisateur dans une boîte de prod’ parisienne vont confirmer cette envie d’en faire son métier. Parce qu’au-delà des langues, il y a chez Claudia un regard, une sensibilité sur notre société et l’envie d’éveiller les consciences : « Mes films ne sont pas militants, ils sont là pour questionner. Si un spectateur se pose des questions en regardant une de mes réalisations c’est réussi ! » Elle enchaîne : « C’est dur de faire des films. Moi je le fais pour apprendre sur le monde, le partager avec le public et faire bouger les lignes. Le documentaire c’est un rapport au monde. » Un format qu’elle chérit et qu’elle a pu librement explorer pendant son master à l’école documentaire de Lussas en Ardèche, le crème de la formation en création et réalisation du genre.
Ses films racontent des histoires vraies, des trajectoires de vie ou l’évolution de la société, comme Sur nos lèvres pour Arte, un documentaire sur le rouge à lèvres comme fait social et politique. Cet automne, la réalisatrice engagée sortira son premier long métrage, La déposition , un film puissant sur une histoire de pédophilie au sein de l’ Église, dont la victime se décide à porter plainte. Quand la réalité dure et crue peut aussi percer l’écran grâce aux talents derrière la caméra.
Lundi 13 h 30 – TNS
Céline Rossi – Directrice générale de l’association
Adèle de Glaubitz 04
L’été dernier, au détour d’une journée de formation, j’ai fait connaissance avec Céline Rossi, qui faisait partie du groupe de femmes présentes. Je me souviens avoir découvert le profil de cette quadra dynamique, joviale et sans filtre qui allait prendre la direction de l’association Adèle de Glaubitz, une structure d’accompagnement pour les enfants et adultes en situation de handicap, pour les enfants en difficultés sociales et familiales et les personnes âgées et dépendantes. Je l’avoue, j’ai été surprise ! J’imaginais Céline dans l’immobilier ou cadre dans une entreprise internationale, mais certainement pas dans un univers médico-social. Ces préjugés ouvertement infondés m’ont alors questionnée. Faut-il avoir un ton grave lorsqu’on accompagne des personnes en situation de handicap ? Doit-on avoir le look de travailleur associatif pour justifier de son engagement ? La réponse est évidente.
Céline m’attend sur le parvis du TNS, le printemps est quasi là et la terrasse est prise d’assaut. Nous nous installons sur l’une des nouvelles tables destinées à accueillir tous les publics. Cet aménagement extérieur très certainement éphémère sert à créer du lien et à décloisonner les espaces et les esprits ! C’est inspirant et ça résonne particulièrement dans notre discussion.
Aujourd’hui, la nouvelle directrice de l’association qui compte 1 600 salariés et 2 000 personnes accompagnées a pris ses fonctions et entend bien y insuffler une nouvelle dynamique, tout en préservant le souffle de sa fondatrice : Adèle de Glaubitz, cette Strasbourgeoise qui s’est engagée auprès des plus fragiles au xixe siècle. « Il y a toujours l’esprit d’Adèle qui anime cette association. Nous accompagnons toujours les plus démunis avec humilité et l’envie de faire toujours mieux », explique Céline, qui a réussi à mettre son empathie au service d’une cause, devenue sa vocation : « Le lien c’est ce qui donne du sens à mon métier. »
La Colmarienne voulait au départ devenir prof de sport et s’est dirigée vers STAPS, mais la dimension sociale lui manquait. Céline se forme, elle fait ses armes dans un centre socio-culturel en quartier prioritaire, à la Fondation Le Phare, un institut pour les déficiences sensorielles, et rejoint l’association Adèle de Glaubitz où elle dirigera deux sites dans le Haut-Rhin. Cette « capitaine du grand bateau de l’inclusion » sait fédérer : « J’aime embarquer les équipes et ne surtout pas me mettre de barrières. Si l’idée répond à un besoin, ne nous enfermons pas et osons déconstruire. Rien n’est fou, tout est possible ! » Comme utiliser l’art et le théâtre comme levier pour exister en dehors du handicap et faire de sa différence une force sur scène. L’association a même sa troupe à Colmar, Les Z’Arbattants. Céline Rossi rêve de décloisonner dans tous les sens et de pousser les murs vers une inclusion inversée ! Avec son sourire communicatif et son enthousiasme débordant, elle ambitionne d’ouvrir un jour une crèche ouverte au voisinage ou pourquoi pas une pépinière d’entreprises. À suivre… glaubitz.fr
dans les archives du photographe
Pascal Bastien Strasbourg 3/4
ZUT C’est quoi ton rapport de photographe face à ton sujet ?
Pascal Susan Sontag à une réponse qui me convient assez : entre le photographe et son sujet, une distance doit demeurer. L’appareil photo ne viole pas, il ne possède même rien, quoiqu’il puisse s’arroger des droits, s’imposer,
empiéter, déformer, exploiter et, en poussant la métaphore au maximum, assassiner toute activité qui, à la différence de la bousculade sexuelle, puisse être menée à distance, et avec un certain détachement.
Venez découvrir des oeuvres uniques créées par des artistes locaux et internationaux.
Du minimalisme audacieux à l'abstraction vibrante, en passant par le graffiti, chaque visite dans nos galeries promet une rencontre inoubliable avec l'art contemporain.
Malagacha Gallery
Strasbourg & Lausanne
Rejoignez la team Malagacha
La Culture
Ghost-buster les ateliers, théâtres et musées Ouvrir les pages vers de fantastiques épopées
La Culture — Rencontre D’habitude, c’est lui qui nous interpelle, dans les salles de concerts ou à la sortie de festivals, à pas d’heure, nous tendant les flyers des nombreux événements qu’organise son association, Pelpass, sourire en coin planqué sous sa grosse barbe. Nous avons décidé, à notre tour, d’aller le solliciter, chez lui, de bon matin. Jérém’, paye ton café !
Par Emmanuel Dosda / Photos Christophe UrbainZut, v’là Dosda !
chez Jérémie Fallecker
Nous pensions tomber dans une auberge espagnole foutraque, obligés d’enjamber cartons de pizzas froides, cadavres de canettes et corps de rockeurs inanimés allongés sur une moquette trouée. Mais pas du tout. Parquet ciré. Bibliothèques méticuleusement rangées. Illustrations et affiches bien encadrées. Accueil coquet. Jérémie Fallecker nous reçoit dans un lumineux appartement à deux pas du parc du Contades. Chaussons en laine tricotés par une
mamie québécoise aux pieds, il nous mène vers la salle à manger. Nous débarquons en pleine réunion de préparatifs du festival Pelpass. La prog’ est bouclée, l’échéance arrive à grands pas : durant quatre jours en mai, la pelouse du jardin des Deux Rives sera foulée par des milliers de mélomanes, fêtards et adeptes de la philosophie cool pelpassienne.
Jérémie, le bac même pas en poche, organisa une soirée mémorable avec barbecue et concerts dans le jardin de papa/maman, envahi par près de 1 200 personnes.
Tour de table
« Everything is OK » de Fun Fun Funeral, du label strasbourgeois October Tone, tourne agréablement sur la platine tandis qu’on sert du café dans un joli service nacré, on se passe viennoiseries et jus de fruits bio, on se balance quelques piques : « T’as pas écouté le dernier Tioklu ? », « On te comprend pas, tu peux utiliser un terme non-canadien ? »… Autour de la table : Jérém’, directeur artistique, FX, chargé de com’ (et membre de Funkindustry), Jess, responsable des bénévoles et de l’accueil des artistes, et Jo’, coordinateur et tout premier salarié de l’association en 2011. Anaïs, administratrice de Pelpass, n’est pas présente ce jour-là, mais elle est excusée.
Zombies de l’espace
Parmi les rangées de mangas, de BD indé ou de bouquins divers – mélange des passions littéraires de la maîtresse des lieux et de Jérémie –, beaucoup de boîtes de jeux de société. Le boss de Pelpass est un gamer hardcore, tout comme l’ensemble de l’équipe. Quand ils ne s’avalent pas des petits pains au chocolat ou des lunettes
au flan, les membres de l’asso jouent : consoles Wii ou Switch, jeux en réseau ou de plateau. Star Wars Jedi: Survivor, Dune, Terraforming Mars ou Lethal Company dont voici les règles : embarqués sur un vaisseau spatial abandonné dans la galaxie, les participants doivent chercher des micros de proximité sans se faire atomiser par d’effrayants zombies de l’espace… Enfin, nous n’avons pas tout compris, mais ça semble bien flippant.
Garden party
Tout a commencé à Saverne où, Jérémie, le bac même pas en poche, organisa une soirée mémorable avec barbecue et concerts dans le jardin de papa/maman, envahi par près de 1 200 personnes. Un carton. L’idée de monter une association (en 2005) et l’envie de se structurer vient très vite. Pelpass constitue une ludothèque de jeux en bois homemade à mettre à disposition du public des différents festivals et étoffe ses troupes. En route pour la professionnalisation avec un passage des référents « croquemonsieurs », « barrières de sécu » ou « crevettes grillées » aux postes à responsabilité.
Des événements et du son à la pelle
Aujourd’hui, l’association se compose de six salariés, d’une cinquantaine de bénévoles investis sur l’année et environ 450 au moment du festival. « Ça fait un bénévole pour 7,5 festivaliers », s’amuse Jonathan avant que Jérémie nous conduise jusqu’à son coin musique. Toute une partie de sa discothèque est uniquement constituée de 33 tours d’artistes ayant joué (parfois plusieurs fois) lors des événements estampillés Paye ton Noël, Fanfar’o’doï, Ind’Hip’Hop ou le festival Pelpass : les rappeurs de Clear Soul Forces, les « mecs costumés » et cosmiques de HENGE, les afro-jazzeux solaires Kokoroko, la brassband technoïde Meute, les slameurs folk de Buriers ou les rockeurs cajuns de Canailles… Ça fait un paquet de disques dans le salon de Jérémie. Un paquet de groupes. Une partie de l’histoire de l’asso qui continue de s’écrire, en microsillons et en gros son.
Keskis Pelpass ?
Depuis sa création en 2017, le festival défend des valeurs de diversité, de parité et d’inclusivité. Cette année, il ne fait pas exception à la règle et accueille 52 artistes, dont 24 groupes internationaux. La programmation XXL mêle les styles : l’artiste montant Aupinard et son rap bossa-nova, Les Vulves Assassines, rappeuses punk rap qui promettent « un beau petit bordel », le québécois Alias et son style psych rock, le rap français de Prince Waly, Getdown Services et son apocalyptic disco band ou nos coups de cœur YĪN YĪN et Adult DVD. Cette année, « pour le confort des festivaliers et des équipes », le site sera agrandi d’un tiers et la Militente, dancefloor de Pelpass, va prendre de l’ampleur.
23 � 26 mai
Pelpass Festival #7
Jardin des Deux Rives pelpass.net
Autres événements Pelpass à venir
13.04
Freestyle Connexion #02 (open mic & showcase) + 28.04
Zoufris Maracas
Molodoï molodoi.net
Et aussi
12 � 14.07
Jérémie Fallecker se charge d’une partie (découvertes et spectacles) de la trentième édition du festival Décibulles (Archive, Disiz, Morcheeba, Irène Drésel, Georgio, Clément Visage…), à Neuve-Église. decibulles.com
Créer une expérience physique
Après presque 18 années passées dans les embruns iodés de Marseille, Émilie Girard quitte le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée et remplace Paul Lang à la direction des Musées de Strasbourg. « Le monde de la conservation n’est pas si conservateur qu’on le pense », affirme-t-elle en se remontant les manches.
Expositions
en cours dans les musées strasbourgeois
Jusqu’au 19.05
« Strasbourg 1560-1600. Le Renouveau des Arts », au musée de l’Œuvre Notre-Dame
25.04 � 03.11
« Julie Doucet. Une rétrospection », au musée Tomi-Ungerer –Centre international de l’illustration
25.04 � 15.07
« La constellation Gustave Doré », à la Galerie Heitz
Jusqu’au 04.08
« Être ou paraître », Jeanne Bischoff, au MAMCS
musees.strasbourg.eu
La directrice scientifique et des collections du Mucem a longtemps participé à « faire dialoguer des collections européennes avec des œuvres du monde entier » afin de « décentrer notre regard » occidental. Toujours, cette même question en tête : « Comment apporter des éclairages différents ? » Celle qui fut formée à l’École du Louvre poursuivra cette quête à Strasbourg. La directrice compte notamment ouvrir en grand les portes des musées à tous les publics : « L’institution muséale ne doit pas uniquement être un lieu où l’on vient voir des expositions. Il faut parvenir à produire une expérience physique, au-delà de la pensée intellectuelle. Il est important de proposer un contenu engageant et impliquant, par exemple en mettant le corps en jeu ! » Pour « On danse ? » e n 2019 au Mucem, Émilie Girard, commissaire de l’expo, a imaginé la diffusion d’une boucle vidéo de six heures, projetée sur plusieurs écrans de tailles différentes, invitant le visiteur à picorer des images ou à absorber la totalité du mashup visuel, à s’assoir sur des modules, s’allonger sur une moelleuse moquette, gesticuler sur une balançoire lumineuse ou… danser au milieu d’une scéno pensée pour susciter le mouvement.
Il faut que ça matche !
Autre cheval de bataille de la nouvelle Strasbourgeoise : l’écologie, « sujet essentiel auquel il faut sensibiliser le public ». Pour des expositions éco-conçues et recyclables, « il faut que ça matche entre le commissariat et les scénographes. On doit discuter entre les équipes. » Penser collégialement, avec l’ensemble des services. « À Strasbourg, nous avons une chance incroyable avec ce réseau de onze musées ! Je souhaite créer davantage de fluidité : la pluralité des collections permet de féconds dialogues à imaginer », dit-elle avec une « tendre pensée » pour le volet « arts et traditions populaires » particulièrement bien fourni dans notre ville.
Collecte de désirs
Son exposition rêvée concernerait tous les musées, avec un important et indispensable travail de coordination. Surtout qu’Émilie Girard associerait volontiers un artiste d’aujourd’hui au projet. Des noms ? La directrice n’ose pas se prononcer, préférant sonder ses nouveaux collègues. Ne pas faire cavalière en solo. Elle finira par lâcher : « Jeff Koons, pourquoi pas. C’est seulement un exemple, mais j’ai adoré travailler avec lui au Mucem, il est humainement très touchant et attentif, très loin de l’image de businessman qu’il s’est construite. » Et d’également citer Ilaria Turba, photographe franco-italienne qui a constitué une « collection de désirs » après avoir recueilli des témoignages auprès d’habitantes et habitants des quartiers nord marseillais. « Elle explore la matière. Rend les émotions sensibles. »
La Culture — Arts Ouverte depuis cinq ans, la galerie Malagacha met en avant des œuvres d’inspiration urbaine en plein cœur historique de Strasbourg. Autodidacte comme les artistes qu’il représente, son fondateur et directeur Damien Seliciato réussit à étendre de plus en plus son rayonnement.
Par Maïta Stébé / Photo Christophe UrbainÉtalements
urbains
À la manière d’une boîte de nuit plutôt sélective, l’entrée de la galerie est délimitée par des poteaux aux cordons de velours rouge. Pourtant, rien d’intimidant à l’intérieur. Nul besoin de sonner, de monter des escaliers tortueux, d’ouvrir des portes closes ou de connaître les codes du milieu de l’art pour visiter la Malagacha Gallery. Directement accessible depuis une rue piétonne et animée, le lieu est reconnaissable par son importante vitrine qui permet aux indécis·es de tâter le terrain avant de passer la porte. Une fois à l’intérieur, un large espace, une musique lounge et Damien nous accueillent. En toute détente.
Un projet aux racines mulhousiennes À ce jour, près d’une quinzaine d’artistes sont représenté·es par la galerie, dont un noyau dur de quelques amis fidèles que Damien accompagne depuis de nombreuses années. Car Malagacha c’est au départ une histoire de potes de Mulhouse qui pratiquaient leur art sous le signe de la débrouille, mais dont l’ambition était vive. Sven, Yrak et Fernand Kayser graffaient pendant que Damien, pour qui « le talent se trouve dans l’œil », prenait le relais pour la promotion des œuvres et l’organisation d’expositions plus ou moins schlag. Le petit groupe se faisait d’ailleurs appeler le Schlager Club*. Au fil des shows, le galeriste en devenir commence à prendre goût à ce rôle et c’est en 2019 que son changement de vie est acté. Damien quitte une série de jobs plutôt vides de sens pour l’adrénaline de l’entreprenariat. Au-delà du frisson de liberté dont il peut faire l’expérience, cette reconversion représente surtout la concrétisation de sa passion pour l’art contemporain, qui peut désormais s’exprimer à temps plein.
Exposition
Jusqu’au 20.04
« IN URBE : un autre Strasbourg », Fernand Kayser – Bastien
Marienne – Max Rodéo
* L’atelier de Sven, Yrak et Fernand a ouvert ses portes à la photographe Laurence Mouillet à partir de 2019. Une belle collaboration initiée par Damien Seliciato, qui a permis la réalisation d’un ouvrage regroupant 150 photographies du Schlager Club en pleine ébullition créative.
Une palette urbaine diversifiée
Cinq ans après le début de l’aventure, la fougue est toujours présente chez le fondateur et la décision (comportant pourtant son lot d’inconnues) n’est pas regrettée. Les amis de jeunesse se sont professionnalisés ensemble et la galerie est un succès. Ce bilan positif a permis en novembre 2023 l’exportation du concept de la galerie à Lausanne, en Suisse. En plus de ces deux piedà-terre qui exposent généralement une nouvelle sélection chaque mois, la galerie Malagacha part régulièrement (à raison de six ou sept fois par an) à la rencontre d’un public plus vaste lors de salons d’art urbain et contemporain.
La Culture — Arts
Si on peut parfois se perdre dans les différentes définitions que l’on entend de ces champs, il n’en reste que les œuvres portées par la galerie Malagacha se trouvent à leurs frontières. Les pièces vendues ne sont pas des motifs volés à l’espace de la rue mais des toiles ou sculptures réalisées en atelier. Les artistes de Malagacha s’approprient des éléments de l’art urbain sans pour autant les assécher de leur histoire, car leur propre parcours y est lié. Par exemple, Sven reprend frontalement les codes du graffiti comme du tag, à coups de bombes et de blazes, en allant jusqu’à reconstituer le crépi d’un mur sur ses toiles. D’autres comme Yrak détournent ces mêmes poncifs et se dirigent vers l’abstraction. Dans son cas, sa signature se caractérise par une identité colorimétrique et formelle impactante. À un pas de plus de notre idée première du street art, Max Rodéo ou Bastien Marienne, « néoimpressionnistes », selon le directeur, produisent des œuvres figuratives où la lumière est reine. L’ouverture à des styles de représentation plus traditionnels permet à la galerie de proposer un point d’entrée différent à une clientèle étonnamment variée. La diversité des touches mises à l’honneur correspond à celle des regards portés sur l’atmosphère urbaine. Outre l’interaction directe avec ses parois, l’expérience de la ville peut également s’accomplir par l’observation des détails de ses rues, comme des appartements qui les surplombent.
En terrain connu
Durant le mois d’avril, la galerie Malagacha présente un nouveau format d’exposition avec des œuvres inédites. Il est le résultat d’une invitation faite à des artistes résidents à travailler sur la thématique « Un autre Strasbourg ». Parmi eux,
deux Marseillais et un Mulhousien qui ont pu (re)découvrir la capitale alsacienne le temps d’un week-end grâce à leur guide, Damien. Pour lui qui est « autant à l’aise dans un bar PMU que dans un palace », on imagine que la ville est synonyme de paradoxes. Ainsi, on retrouve é videmment dans l’exposition les lieux et monuments emblématiques de la métropole, mais aussi plus intimement ses intérieurs cosys ou ses épiceries nocturnes.
Malagacha
9,
La Culture — Arts À l’approche des Ateliers Ouverts 24 organisés par l’association Accélérateur de Particules en Alsace et aux alentours, nous avons fait un petit repérage de lieux de création habités par illustratrices, scénographes, plasticiens ou céramistes.
Petite sélection strasbourgeoise au sens large. Par Emmanuel Dosda / Photos Alex Flores
T’es
Les Ateliers Ouverts
18-19 & 25-26 mai (14 h – 19 h) ateliers-ouverts.net
01— Ahmet Dogan
Il faut traverser le jardin pour se rendre dans l’atelier d’Ahmet, « connu » pour ses sarcophages gigognes faciles à ranger. Si l’humour plane sur l’ensemble de ses œuvres, le grinçant n’est jamais loin. On regarde ses installations, des petits soldats en rang d’oignon, un minuscule cimetière militaire, un drapeau américain fait de fermetures éclair qui se dézippent, tombant en lambeaux… Il y a aussi une maquette de temple grec, « marqueur de la puissance d’un peuple et signe de la marchandisation de la mémoire » et autres « outils de propagande » qui semblent inoffensifs, réalisés à taille hyper-réduite par l’artiste. 12, rue du Château à Ostwald
02— Les Pleines
En cet atelier de la plaine des Bouchers à la Meinau résident beaucoup d’ex-HEAR… Justine Siret travaille sur un projet d’icônes contemporaines. Elle collecte des photos de rétroviseurs postées par des vendeurs sur eBay et reproduit ces clichés de fortune. Une typologie d’objets du quotidien magnifiés par le pinceau de la plasticienne fascinée par les châssis… de toiles ou d’automobiles. Justine partage son espace avec Clothilde Valette, scénographe qui fabrique des décors pour le théâtre ou le ciné faits de bric, de broc et de branches. À la rutilance des bagnoles de Justine répond le land art bricolé de Clothilde. 22, rue Lafayette (avec Justine Siret, Clothilde Valette, Laura Mercuri, Marianne Mell, Nuances Vagabondes, Loona Sire, Margot Rieder)
open ?
03— Le Àtelier
Il fait grand froid mais le four à céramique tourne à fond et réchauffe l’atmosphère de l’immense ancienne menuiserie rebaptisée Le Àtelier, à prononcer à « l’àlsacienne ». En l’antre de Gretel Weyer, des êtres semblent sortir de sombres contes des frères Grimm, attachants, un brin flippants. On n’osera pas poser ses fesses sur la chaise dont le dossier nous épie de tous ses yeux de lièvre. L’assise, en fourrure de lapin, avait pourtant l’air confortable…
1, rue d’Alger
(avec Gretel Weyer, Juliette Defrance, le collectif Scenopolis)
04— L’Atelier du Parc
C’est un comble, mais les colocataires de Soulier sont toutes et tous en… charentaises. Sur la pointe des pieds, nous pénétrons dans un appartement schilikois, un trois-pièces de 65 m 2 qui déborde d’esprit créatif. Direction la salle occupée par celle qui a signé le visuel des Ateliers Ouverts 24 : Léontine Soulier, dont les planches restent fidèles à son style, faussement naïf. Êtres hybrides – mi-bêtes, mi-humains –, hermaphrodites et autres androgynes habitent une nature luxuriante aux couleurs chatoyantes.
7, rue du Parc à Schiltigheim
(avec Léontine Soulier, Anne-Lise Mary, Alexiane Magnin, Corentin Denos, Jeanne Tocqueville, Claire Boireau, Simon Jung)
02 —Le rêve américain selon Ahmet Dogan.
03 —Léontine Soulier a illustré le visuel des Ateliers Ouverts 2024.
04 —Gretel Weyer en discussion avec Sophie Kauffenstein d’Accélérateur de Particules
Le silence des brochets
24.04 � 31.05
À l’occasion du Festival Central Vapeur, exposition de planches originales de la bande dessinée à la librairie Le Tigre
26.04 / 18 h
Rencontre/vernissage centralvapeur.org
Expositions dans le cadre des Rencontres de l’illustration (médiathèque André-Malraux, Galerie Heitz, musée Tomi-Ungerer, Haute École des arts du Rhin…) et de Strasbourg Capitale Mondiale du Livre UNESCO lirenotremonde.strasbourg.eu
À travers Le Lierre et l’Araignée, Grégoire Carlé décrit comment des gamins ont mis des grains de sable dans le rouage de l’occupation nazie à Strasbourg et ont contribué à faire basculer l’Histoire. Parmi grandes planches contemplatives et cases narratives grouille tout un bestiaire, nagent les anguilles et volent les rapaces, tandis que la mygale tisse sa toile.
1994. Le jeune Grégoire est heureux. Paisible partie de campagne chez P épé, méduses en plastique translucide aux pieds, infinies « grandes vacances » estivales qui rendent nostalgique le lecteur ayant oublié le goût de l’ennui. L’encre de Chine se mêle à l’aquarelle colorée pour dépeindre un cadre lumineusement bucolique. Chasse au lapin. Pêche à la mouche, à la source où « les souvenirs jaillissent des profondeurs ».
1939. Face à l’appétit vorace des troupes venues d’outre-Rhin et sous le sourire narquois de la Grande Faucheuse, les Strasbourgeois, le couteau tranchant de la peur planté dans le bide, quittent une ville dont « les rues appartiennent désormais aux animaux errants ». Drôles d’oiseaux de malheur, drôle de guerre… Une croix gammée, noire comme une menaçante araignée déployée, flotte sur la flèche de la cathédrale et « la bête en personne », Hitler, observe la scène depuis son quartier général en Forêt-Noire, son berger allemand à ses bottes. Grégoire Carlé pose le décor. Le contexte dans lequel son grand-père évolua. Et se battra pour préparer le terrain aux forces alliées.
2020. Durant une trop longue période covidienne, Grégoire se lance dans cette vaste entreprise de mémoire retranscrite sur 200 pages évoquant les pastels de Monet, la palette rocheuse de Courbet ou même les pièces de viande de Rembrandt. Contraint, forcé ou délibérément, le diplômé en 2007 de l’école des Arts décoratifs se terre dans son trou (zombie) pour mener son projet d’envergure : faire entrer une sombre épopée alsacienne dans « le roman national » ; montrer l’héroïsme humble de son grand-père et l’ériger en exemple. On passe du silence des poissons de rivière ou au calme régnant sous les grands chênes protecteurs au fracas des grenades et au claquement des tirs, et allons à la découverte d’un jeune homme révolté de 16 ans, trop vite incarcéré à Schirmeck dans un camp de rééducation, puis contraint « malgré lui » à enfiler l’uniforme de la Wehrmacht.
1940. Le grand-père de Grégoire et sa bande d’adolescents jouent dans les bois, font les 400 coups et tombent, dans un fort non loin de la capitale alsacienne, sur un arsenal de grenades. Après s’en être servi pour pêcher (on dégoupille et il n’y
a plus qu’à ramasser les poissons éparpillés), les ados fondent le petit groupe de résistants La Feuille de Lierre, en hommage à la plante qui « rampe dans l’ombre » pour aller titiller l’aranéide nazi et préparer le grand soir victorieux. Afin de se « reconnecter » à son histoire familiale, Grégoire Carlé doit se documenter : livres d’occasions glanés, exemplaires des Saisons d’Alsace achetés, puis témoignages recueillis auprès de proches de figures de la résistance. Petit à petit, il a « vu apparaitre le fantôme » de celui qui lui avait caché ses (més)aventures juvéniles. Pourquoi ce silence de brochet très tôt pris dans le torrent de l’Histoire ? « La transmission ? Ça n’existait pas dans notre région où on préférait mettre tout ça sous le tapis. Il m’a vaguement parlé de son incorporation de force dans un mélange de pudeur et de culpabilité … » Au sein de La Feuille de Lierre et aux côtés du mouvement La Main noire, les garçons perdent vite leur enfance, passant du jeu au vrai combat. L’innocence, voire l’inconscience due à leur âge, les aide sans doute dans l’accomplissement de leurs actes. La colère aussi. « Les nazis ont volé leur jeunesse : ceci a alimenté un désir de justice. »
2024. Son ouvrage enfin entre les mains, Grégoire Carlé confie avoir été « guidé par le récit. Raconter des histoires : c’est ma motivation première ! » Même s’il ne s’interdit pas ce qui faisait le sel d’une bande dessinée comme l’onirique Trou Zombie (L’Association), co-réalisée avec Sylvestre Bouquet : dépeindre une nature luxuriante et mystérieuse, hantée par insectes et animaux en pagaille, plongée dans un brouillard métaphysique. « J’ai grandi avec la nostalgie de la forêt que le lit du Rhin venait féconder. Les champs de maïs à perte de vue l’ont remplacée et les êtres faisant partie de cet écosystème en ont été chassés, tels Adam et Eve du Paradis… » La mémoire s’estompe, le paysage se transforme et les griffes nationalistes continuent à se resserrer partout dans le monde. Les pages du roman graphique fleuve de Grégoire aident à garder espoir.
Grégoire Carlé, Le Lierre et l’Araignée. Aire Libre/Dupuis dupuis.com
La Culture — Musique Michel Cloup a marqué les années 90 hexagonales avec son projet Diabologum, groupe à (re)découvrir absolument pour la portée politique de sa musique. Avec le trio chaud-brûlant Despentes/Dalle/Casey, il ouvre pour Strasbourg Capitale
Mondiale du Livre une lecture musicale dédiée aux auteurs·trices féministes. Café. Clope. Magnéto. Entretien avec un artiste qui n’a rien perdu de sa rage adolescente.
Par Emmanuel DosdaUn homme en colère
« Je n’avais plus de voix. Un animal en panique pris dans les phares d’un véhicule invisible avec pour seul refuge cette colère. »
Ressentez-vous toujours Cette Colère qui « a le vin triste en plus du goût du sang » ? C’est un carburant ! Je ne vois pas pourquoi elle baisserait : nous semblons aller vers le pire. On fonce « tranquillement » droit dans le mur, comme si de rien n’était. On continue notre course effrénée en direction du vide. La colère ne me quittera que lorsqu’on vivra dans un monde tolérant, égalitaire, juste… La nouvelle génération le connaîtra peut-être car elle est porteuse d’avancées idéologiques, mais pas moi.
Vous partagerez le plateau avec Virginie Despentes, Béatrice Dalle et Casey, trois autres artistes en rogne, contre le patriarcat notamment. Oui, il y a une vraie logique d’affiche, même si je m’intéresse à toutes les formes de lutte… d’abord contre moi-même. Je ne juge pas le monde, je le vis, comme un crabe dans un panier. Je parle de nos combats, nos échecs, sans donner de leçons. Je ne suis pas un artiste « engagé » qui se sert de son discours de gauche pour vendre des disques.
Le morceau « La Maman et la Putain » de Diabologum se constitue du monologue culte du film de Jean Eustache sur fond de guitare. Cette tirade parle de la condition d’une femme du début des années 70…
Cet extrait n’est pas féministe mais il exprime un sentiment fort, intime, et questionne la condition humaine. Veronika, interprétée par Françoise Lebrun, vide son sac, sans fard. Le morceau est passé sur France Inter il y a quelques années et la réaction des auditeurs a été assez virulente. Je trouve ça bien que les gens réagissent : notre époque est d’un ennui abyssal.
À quelle personne aimeriez-vous écrire en commençant par « Cher connard » ?
À un mec de mon âge, mon sexe, mon origine. Il faut se remettre en question, accepter sa responsabilité, acco mpagner les changements de société en cours. Alors oui, je suis un « cher connard » blanc, mâle, de 55 piges !
27.04
À La Laiterie en première partie du collectif Troubles (Virginie Despentes, Béatrice Dalle, Casey & Zëro) qui met en scène et en musique des textes de Donna Harraway, Françoise d’Eaubonne, Alana S. Portero, Mikki Kendall, Paul B. Preciado, Pedro Lemebel ou Virginie Despentes artefact.org
Dans le cadre de Lire notre monde, programmation de Strasbourg Capitale Mondiale du Livre UNESCO 2024 lirenotremonde.strasbourg.eu
Autoportrait de Michel Cloup
La Culture – Théâtre Avec la septième édition de Démostratif, festival de l’inclusivité, de l’émergence théâtrale et de la découverte scénique, Sacha Vilmar, directeur artistique, compte vaincre le mal par le mal. Et si placer les terreurs contemporaines sur un plateau permettait de chasser nos Peurs fantômes ?
Par Emmanuel DosdaLa menace fantôme
04.06 � 08.06
Festival Démostratif
Campus de l’Esplanade
Entrée libre
demostratif.fr
Notre époque est de plus en plus anxiogène. Pourquoi en rajouter une couche avec la thématique « Peurs fantômes » ?
La peur est taboue ! Trop souvent attribuée à l’enfance, on ne la tolère pas chez les adultes. À travers notre programmation, nous proposons d’en parler plutôt que de l’occulter : en l’abordant frontalement ou parfois par la bande, en fonction des spectacles.
01—
Photo Teona Goreci
02 — Sirènes de la cie
52 Hertz. Photo Nico M
Pourquoi « fantômes » ?
Ce qu’on ne voit pas est-il plus effrayant ?
Le fantôme fait appel à la mémoire et à ses distorsions. Le souvenir d’un être disparu, le passé, la perte, sont autant d’éléments qui nourrissent nos peurs. Et la perception que nous avons du monde qui nous entoure joue un rôle majeur !
Est-ce bien ce que je crois voir, entendre, deviner ?
Aujourd’hui, les raisons d’avoir peur sont hélas bien réelles, mais parfois elles sont irrationnelles. J’ai par exemple une trouille bleue du vide…
Pourquoi certains contextes sont-ils effrayants, de quelles angoisses avons-nous hérité ?
Quel a été le point de départ de la programmation 2024 ?
J’ai tout d’abord songé à des films comme Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? ou Le Fantôme de l’Opéra avec le « fantasme » de voir des spectacles de ce type sur scène. Puis j’ai choisi l’artiste associé, Théophile Dubus, dont les histoires sont truffées de monstres et de chauves-souris. Je lui ai commandé un récital, dont voici le cahier des charges : une robe à paillettes, un grande perruque, une toile peinte. Je chanterai, partageant le plateau avec Alex Crestey, un pianiste merveilleux, membre des 12 Travelos d’Hercule que le public strasbourgeois connait bien maintenant. Il s’agit de la lecture du livret d’une étrange comédie musicale oubliée, proche de la variétoche ringarde des eighties… mais grinçante.
Et les 26 autres terrifiantes propositions ?
Elles tenteront de répondre à la question : « Comment vivre dans un monde qui va très mal ? » On va rire, pleurer, se donner du courage, tous ensemble ! On découvrira des sirènes dans un sordide zoo (mi-)humain, on s’approchera du chien cosmonaute Laïka abandonné dans l’immensité de l’espace. Le public va suivre une grande épopée peuplée de petites histoires durant cinq jours « cathartiques » qui vont se clore avec une création spécialement conçue pour le festival des créatures de Madame Arthur.
DAVID GUETTA
NINHO SHAKA PONK
LOST FREQUENCIES TIAKOLA
MEUTE LUIDJI L’IMPÉRATRICE
DAMIEN SAEZ SOLO ZAHO DE SAGAZAN
LA FÈVE CHARLOTTE CARDIN LUTHER
ASCENDANT VIERGE OLIVIA RUIZ SANTA
APASHE LIVE WITH BRASS ORCHESTRA
RAPHAËL TIKEN JAH FAKOLY MENTISSA
JULIEN GRANEL KO KO MO IGORRR
MEMM ELOI BAGARRE COLT LYSISTRATA
BABY VOLCANO BLACK LILYS THEM LIGHTS
DELUGE MAALE GARS FOREIGNERS NOSI
ANGEL CARA CULTURE THE KID CLOUDIE
FRANCOFOLIES.LU
COPRODUCTION POLE-SUD CDCN
ME 15 + JE 16 MAI 20:30
RADHOUANE EL MEDDEB
Le Cabaret de la Rose Blanche
Zedie Them Lights
Sirens Of Lesbos
Louise XIV Amouë
Crème Solaire
Clément Visage
Loverman Laventure
Chevalier Surprise
Bound By Endogamy
Soft Loft Kabeaushé
Talking to Turtles
Aurel Willow Parlo
Jean-Paul Groove
Protogonos Bobine
Las Baklavas
Isha et Limsa
Brenda Blitz
POLE-SUD.FR +
en bref La culture
Photo : Richard PoyeauLe Chant du père
22 → 29 mai
Koudour
24 + 25 mai
Théâtre National de Strasbourg tns.fr
Par Emmanuel Dosda
En mai, enfilons nos plus belles tenues pour les deux rendez-vous donn és par Hatice Özer au TNS. L’artiste d’origine turque raconte l’Anatolie centrale, le luth oriental et l’importance de la culture musicale en plongeant le public dans l’ambiance des salles des fêtes ou dans l’arrièreboutique de kebabs.
Dans vos spectacles, vous rejouez des mariages traditionnels, vous immergez le public dans des soirées improvisées qui sont autant de moments cérémoniaux de retrouvailles. Je dois d’abord signaler que j’ai grandi en France, dans le Périgord, et je décris surtout la vie de la diaspora turque en France telle que je l’ai connue petite. L’éloignement fait qu’on se rattache plus fortement aux traditions de son pays d’origine. Je débute Koudour en disant : « Je vais jouer de la musique périgourdine ! » Car c’est ainsi que vivait le quartier dans lequel j’ai grandi. C’est important de se retrouver autour de symboles.
Notre société est-elle en manque de rituels ? Oui, il faut des moments de rassemblement. Mes spectacles permettent des temps festifs où on sort de sa bulle, on sublime son quotidien. Personnellement, je joue avec les codes de la communauté turque en mettant une belle robe, un costume d’apparat. Un rituel s’instaure d’ailleurs avec mon père qui joue dans Le Chant du père : en tant que musicien ambulant, il avait l’habitude de se produire en privé, pas devant toute une salle de théâtre durant 113 minutes : il a fallu créer des rendez-vous pour répéter, structurer un cadre. Durant cette création, je ne le conduis pas, pour laisser de l’espace à l’impro.
Pourquoi mettre son père sur scène ? J’ai joué avec Samuel Achache, Wajdi Mouawad ou Julie Berès sur des grandes scènes. Pour mes premiers spectacles, je voulais me présenter, dire d’où je viens. Avant le théâtre, j’avais déjà la poésie dans ma vie !
Souls Against the Concrete
Jusqu’au 26 mai
La Chambre la-chambre.org
Quasi membre du clan Wu-Tang (qu’il suit pour des docus) et un temps pensionnaire de l’agence Magnum, Khalik Allah est le shaolin de la photo, le samouraï de Harlem. Le regard aiguisé comme un katana, il se faufile dans l’obscurité de la ville, by night, dégaine son appareil, canarde les rues new-yorkaises et leur faune. D’origine jamaïcano-iranienne, le photographe montre une Amérique post-George Floyd, zoomant sur la communauté noire et les populations invisibilisées, usées par la vie, mises au banc de la société. L’événement « Souls Against the Concrete », initié par La Chambre et le festival international de films documentaires KODEX, entre dans le cadre du Khalik Allah European Tour (Allemagne, France, Suisse) où projections, expositions, masterclasses et workshops permettent de s’immerger dans l’univers de l’artiste habité par ces âmes abimées par le bitume.
Festival Arsmondo Utopie
12 avril → 7 mai
Opéra national du Rhin operanationaldurhin.eu
Par Lisa Zimmermann
13/04
La Pépinière utopique, trois groupes de la pépinière musicale de l’Espace Django (supervisés par Chapelier Fou) jouent à l’Opéra national du Rhin dans le cadre du festival Arsmondo
Bien plus lointain que le Liban, le Japon ou les pays slaves mis en avant ces dernières années, le festival Arsmondo met le cap sur le « lieu idéal qui n’est nulle part » : l’utopie. Durant un mois, des concerts, expositions, projections de documentaires ou conférences et rencontres « utopiques » seront organ isés à l’Opéra national du Rhin et un peu partout à Strasbourg. L’événement immanquable de cette édition ? La performance vocale de Stéphane Degout, baryton qui endosse le rôle de Guercœur dans la pièce éponyme. Longtemps tombée dans l’oubli, cette composition d’Albéric Magnard, nouvelle production de l’OnR, est la première réinterprétation jouée en France depuis 1932 ! Un opéra à l’image de son compositeur qui, comme le personnage, est mort pour la liberté, en tentant de repousser les Allemands venus brûler sa demeure en 1914. C’est d’ailleurs en son hommage que ses
mélodies utopistes et celles d’autres musiciens de son temps seront chantées par les jeunes voix de l’Opéra Studio à l’occasion de l’Heure lyrique Magnard et son temps. Une belle occasion pour se laisser aller à la rêverie d’un ailleurs merveilleux… Ou garder les pieds sur terre pour ne surtout pas rater des instants bien réels. C’est le cas du récital de la soprano Julie Fuchs accompagnée par le pianiste Alphonse Cemin, qui saura transporter le public grâce au mélange subtil des mélodies de Wolf, Ravel ou Joni Mitchell, pour passer une soirée musicale frôlant l’idéal.
Le Chant du père
Hatice Özer 22 | 29 mai
Koudour
Hatice Özer 24 | 25 mai
Strasbourg Capitale
Mondiale du Livre 2024
23 avril → avril 2025
Divers lieux
(médiathèque André-Malraux, Galerie Heitz, musée Tomi-Ungerer, Haute École des arts du Rhin…) lirenotremonde.strasbourg.eu
Par Lisa Zimmermann
Strasbourg Capitale Mondiale du Livre 2024 débute ses festivités le 23 avril pour un an. La cité se pare de lettres en décorant des trams à l’effigie du label accordé par l’UNESCO et dévoile un programme éclectique intitulé « Lire notre monde », ouvert à toutes et tous, des enfants aux personnes en EHPAD. Ateliers, rencontres, lectures et autres événements pour promouvoir le merveilleux monde des livres sont organisés dans de nombreux lieux comme les musées ou les écoles. La programmation se découpe en cinq chapitres tout au long de l’année, avec une portée internationale grâce à des événements transfrontaliers. La semaine inaugurale du 23 au 28 avril ouvre le bal avec la cérémonie officielle suivie du lancement du premier temps fort de l’année : Le printemps de la Grande Lecture, qui durera jusqu’au 20 juin. Au programme : promenades littéraires à travers plus de 150 lieux à Strasbourg, expositions dans les médiathèques, Rencontres de l’illustration et autres rendez-vous théâtraux, concerts et opéras, tous mettant à l’honneur l’univers du livre.
Le Cabaret de la Rose blanche
15 + 16 mai
Pole-Sud CDCN Strasbourg pole-sud.fr
Par Lisa Zimmermann
En mêlant musique, chant et danse, Radhouane El Meddeb signe un Cabaret de la Rose Blanche unique. Ce spectacle rempli de vie et de joie s’inspire avec nostalgie de l’époque créative des années 1950-1970 en reprenant musiques et danses de grands artistes tunisiens et égyptiens, mais aussi scènes cultes du cinéma égyptien. Le thème de l’exil et des migrations est abordé à travers des chansons invoquant les rêves et les désillusions. Le public est accueilli par un pianiste et un contrebassiste qui accompagnent la chanteuse Lobna Noomene sur des airs tunisiens, tandis que trois danseurs, dont Radhouane El Meddeb, s’approprient ces mélodies. Une ode à la paix et à la liberté, une mise en scène libérée de toute contrainte.
Du Film
"PARCE QUE C'EST TOI"
Réalisé par Mathieu Buchholzer
• Un Projet Associatif Engagé
• Une Comédie Dramatique à découvrir
• Scénario inspiré d’une histoire vraie
• Une personnalité touchante décrite avant et après un accident
LONG MÉTRAGE
Premier rôle féminin :
LAURA WEISSBECKER (CHINESE ZODIAC, LES POUPÉES RUSSES,...) Premier rôle masculin : ALEXANDRE GROELL
- DIStribuTIOn dANs LEs saLLEs coMMunaLEs frANçaISES et CINÉMAS -
Parcequecesttoi.LeFilm@gmail.com
https://www.facebook.com/parcequecesttoilefilm
Festival Central Vapeur
24 avril → 19 mai
Coop Strasbourg Grand Est centralvapeur.org
Par Emmanuel Dosda
Strasbourg Music Week
21 → 24 mai
Divers lieux
(Auditorium du MAMCS, Salle des Colonnes, Molodoï, La Grenze ou au jardin des Deux Rives, dans le cadre de Pelpass) strasbourgmusicweek.eu
Par Emmanuel Dosda
Épopées fantastiques
23 + 24 mai
Palais de la Musique et des Congrès philharmonique.strasbourg.eu
Par Lisa Zimmermann
Les mélopées orientales d’Ibrahim El Hasnawi, d’Ahmed Malek ou de Magdy El Hussainy : la parfaite BO accompagnant la contemplation du travail graphique de Raphaëlle Macaron. Connue pour son artwork des sorties de l’excellent label Habibi Funk, cette artiste originaire de Beyrouth réalise affiches, comics, couv’ de presse… et participe au Dialogue de Dessins, s’opposant à l’artiste strasbourgeoise Violaine Leroy pour la quatorzième édition de Central Vapeur, dans le cadre des Rencontres de l’illustration, au Garage Coop, à La Menuiserie, au 5e lieu… Le festival célèbre l’illustration, la bande dessinée, le dessin contemporain et nous convie à naviguer sur la/les « Méditerranée(s) », thématique 2024.
« Mettre en réseau la filière. » « Faire exister des musiciens du bassin rhénan. » « Organiser des temps d’échange. » « Créer des voyages d’artistes au-delà des frontières. » Placer sous les radars une scène foisonnante et hypercréative ! Isabelle, Flore et l’ensemble de l’équipe du festival Strasbourg Music Week proposent pour la seconde fois « une convention musicale professionnelle transfrontalière » avec conférences (« C’est quoi, une prog’ inclusive ? », par exemple), workshops (quelle est notre place dans les algorithmes, IA ou data ?) et autres rencontres pros. Aussi et surtout, il y aura une vingtaine de showcases et concerts d’artistes du Grand Est (l’electro balkanique de Las Baklavas, la pop vaporeuse de Laventure), belges (Zedie, quelle voix !) ou suisses (Sirens of Lesbos)… Au programme, de la pommade pour les oreilles (Crème Solaire), du rock brut (Chevalier Surprise) ou du metal velu (Protogonos).
L’Orchestre philharmonique de Strasbourg propose d’embarquer pour des Épopées fantastiques, avec au programme deux grands classiques du xix e siècle. Le premier, Don Quichotte, poème symphonique de Richard Strauss, est une immersion au cœur du roman de Cervantes où toutes les étapes des aventures du chevalier, identifiable par le violoncelle du génie de l’archet Pablo Ferrández, sont illustrées en quarante minutes de musique. Avec Symphonie fantastique, changement d’univers : Hector Berlioz nous baigne dans les tourments des passions amoureuses grâce à une « idée fixe », thème musical récurrent au milieu d’un épisode de couleurs musicales. Le concert promet des moments spectaculaires, puisqu’il sera dirigé par le grand chef d’orchestre Aziz Shokhakimov.
Titre définitif *
(*Titre provisoire)
04 mai
Le PréO, à Oberhausbergen le-preo.fr
Par Lisa Zimmermann
La Compagnie Raoul Lambert traite de la manipulation à travers la musique avec humour et légèreté avec Titre définitif* (*Titre provisoire), un concert de magie mentale. Entretien avec Mathieu Pasero, metteur en scène.
Qu’est-ce que ça signifie, faire un concert de magie mentale ?
C’est un concert pendant lequel on fait aussi du mentalisme. Faire un concert de magie mentale, c’est passer une heure ensemble en s’amusant autour de la musique et de la magie.
Pouvez-vous décrire le personnage de Raoul Lambert ?
Raoul Lambert est un crooner/loser. Il est très humain et nous ressemble, public compris. Son rêve était de devenir musicien mais il est plutôt doué en magie. Le magicien mentaliste possède le pouvoir de manipuler le spectateur, il décide de ce qu’il va ressentir en jouant sur les croyances et les effets de télépathie. Pour éviter ce rapport de
force trop visible, on voulait un personnage qui ressemble à son public.
Ce n’est pas anodin de parler de manipulation à travers la musique…
On explore l’influence de la variété sur notre comportement, nos émotions, notre état d’esprit…
On voulait ramener cet outil de manipulation au divertissement en proposant un spectacle léger. Le rapport de pouvoir entre une star et ses fans qui l’idolâtrent alors qu’ils ne le connaissent pas est aussi mis en avant. Notre but est de donner des pistes de réflexion…
Les Francofolies Esch/Alzette
06 → 09 juin
Esch-sur-Alzette (parc municipal du Gaalgebierg, Kulturfabrik, Escher Theater) francofolies.lu
Par Emmanuel Dosda« Multiculturalisme, transmission de la francophilie à travers le monde et défense d’une vision moderne et nouvelle de la culture. » Telles sont les valeurs portées par le festival Les Francofolies d’Eschsur-Alzette (Luxembourg) qui programme large, des chouettes découvertes du moment (La Fève) aux mastodontes bien installés (Shaka Ponk). L’événement dévoile une vision kaléidoscopique des musiques actuelles. La techno onirique d’ascendant vierge, la pop lol de Julien Granel, l’electro envoutée de Baby Volcano, la gouaille tapageuse de Bagarre… Une des têtes d’affiche du festival ? La victorieuse Zaho de Sagazan qui propulsera le public dans une partition symphonique traversées d’éclairs.
Caravan Palace
23 juin
Wolfi Jazz Festival, à Wolfisheim, du 19 au 23 juin wolfijazz.com
Par Lisa Zimmermann
Questions à Charles Delaporte, compositeur de Caravan Palace, qui va enflammer la scène du festival Wolfi Jazz.
Le titre de votre dernier album est un clin d’œil à une vieille émission policière de radio américaine... C’est une petite dédicace à notre goût pour le retro vintage, notre marque de fabrique. L’expression « gangbuster » fait aussi référence à quelque chose d’excitant, de cool, de dynamique. Sur les morceaux qu’on a postés avant de sortir l’album, plusieurs commentaires disaient « That’s a gangbuster ! » L’idée nous est venue de là.
Pour cet album, vous avez composé en petite équipe… Contrairement à Chronologic, il n’y a pas de featuring. Seuls Arnaud, Zoé et moi avons composé et la voix de Zoé s’est posée naturellement sur les prod’. On a pris beaucoup de plaisir à bosser sur l’album qui a un côté plus jazz, avec des harmonies plus complexes, plus déstructurées et davantage de solos... C’est un album versatile avec différents tempos et moods.
Avez-vous hâte de retrouver votre public ? Oui ! C’est une petite « consécration » de voir les gens lever les mains et connaître déjà les paroles des nouveaux morceaux. On a une belle scénographie qui suit la musique et met les accents là où il faut. Sur ce set, on fait un mélange de tous nos morceaux donc c’est bien vivant. Et bien dansant.
Preview loue ses locaux aux professionnels de l’image.
Le Style
Ici-bas et maint-tenant Homo sapés
Se mettre au laqué Beiges coachés
1— Blouse en coton bio
Patou chez Ultima.
Collier gourmette en or rose et brillants, jonc ouvert en or jaune et brillants Jacquot Joaillerie.
2— Robe en popeline de coton et broderie
anglaise Liviana
Conti chez Revenge
Hom. Bottes Dior Wind en gomme surpiquée
Dior chez Ultima.
Collier gourmette, Jacquot Joaillerie.
Mannequin Lea Elkrog / upmodels.fr — Maquillage Julie Gless
Coiffure Alexandre Lesmes / Avila — Assistante Lisa Zimmermann
PHOTOGRAPHE Cécile Jacquot RÉALISATION Myriam Delon
MAINTENANT
Assistant photo William Henrion — Post-production Emmanuel Van Hecke
Preview Imagemaker / preview.fr
1— Veste et casquette Balenciaga chez Ultima. Collier gourmette Jacquot Joaillerie. Bague Love en or blanc et brillants Eric Humbert
2— Mini-sac MM6 Margiela chez Ultima. Collier gourmette en or rose et brillants, jonc ouvert en or jaune et brillants Jacquot Joaillerie.
1— Tailleur pantalon
Tagliatore chez
Revenge Hom. Bottines Dior chez Ultima. Boucles d’oreilles en or jaune, brillants et opales d’Éthiopie Eric Humbert
2— Caftan oversize et pantalon à revers en toile de lin Ipsae
Bracelet Angela Caputi chez Revenge Hom. Boucles d’oreilles en or jaune et rubellites Eric Humbert.
Bague jonc en or jaune et opale Welo Eric Humbert
2— Chemisier en soie
imprimée Alberto
Biani, pardessus
Closed chez Marbre.
Collier gourmette en or rose et brillants, bague boule en or rose
Jacquot Joaillerie.
1— Haut Liviana Conti et bracelet Angela Caputi chez Revenge Hom. Bague Jacquot Joaillerie.
2— Blouse en coton bio Patou, jean et mini-sac MM6 Margiela, bottes Dior Wind en gomme noire surpiquée et talon cubain Dior chez Ultima. Collier gourmette et jonc ouvert en or jaune et brillants Jacquot Joaillerie.
1— Veste et pantalon à revers en lin, blouse oversize et écharpe en taffetas de soie Ipsae. Bottes Dior chez Ultima. Tour de cou rigide en or blanc à pendentif diamant taille poire Jacquot Joaillerie.
2— Robe débardeur en viscose responsable Saint Laurent chez Ultima. Collier gourmette en or rose et diamants, bague boule en or rose et jonc ouvert en or jaune et brillants Jacquot Joaillerie.
1— Robe et veste courte oversize en taffetas (portée ici en jupon) Hache chez Marbre. Bague en or blanc, saphirs et diamants Jacquot Joaillerie.
2— Robe débardeur en viscose responsable Saint Laurent et bottes Dior chez Ultima. Collier gourmette, jonc et bague Jacquot Joaillerie.
Zut. L’homme #1
Le Style — Shopping
Par Myriam Delon01—Sac en crocodile, pièce unique Revenge Hom – revenge-hom.com 02—Bracelet Classic Racing en acier et caoutchouc Chopard chez Jacquot – jacquot-horloger.com
03—Chemise à empiècement asymétrique MM6 Maison Margiela chez Ultima Homme –ultimamode.com 04—Livre Renaud Monfourny, photographe aux Inrockuptibles. Entretiens avec Sam Guillerand Médiapop Éditions – mediapop-editions.fr 05—Bermuda Prada chez Ultima Homme – ultimamode.com 06—Mules Sunday Balenciaga chez Ultima Homme – ultimamode.com
the modular icon by Fritz Haller & Paul Schäre r, Switzerland
Zut. L’homme #2
Le Style — Shopping
Par Myriam Delon01—Blazer en coton et lin, tissu exclusif et pièce numérotée Tagliatore chez Revenge Hom – revenge-hom.com 02—Casquette Aspesi chez Ultima Homme – ultimamode. com 03—Montre Octo Finissimo en titane sablé et cadran squelette Bulgari chez Jacquot – jacquot-horloger.com 04—Lunettes Milk par Victoria Lebrun KOMONO x RAFAA (Royal Academy of Fine Arts Antwerp) chez La Lunetterie du Coin – @lalunetterieducoin 05—Sneakers Runner Graffiti en maille et nylon (sans cuir) Balenciaga chez Ultima Homme –ultimamode.com
Zut. Ça brille.
Se réjouir d’un changement de vie L’obsession d’avoir au poignet une montre-bracelet Serpenti Tubogas ne vous pas encore assailli ? Depuis 1948, l’iconique garde-temps de la maison italienne Bulgari nous hypnotise avec son esthétique mordante, mi-reptilienne, mi-industrielle. De toutes ses déclinaisons, on fond cette saison pour cette version aussi glamour qu’actuelle avec son mouvement à quartz et son bracelet double spirale d’or et d’acier alternés où le cadran laqué gris s’est paré d’un traitement guilloché soleil d’où rayonne l’or rose 18K, d’une lunette sertie de brillants et d’une couronne ornée d’une rubellite rose taille cabochon. La tentation d’une étreinte éternelle à son paroxysme.
Jacquot Joaillier Horloger 10, rue du Dôme jacquot-horloger.com
Tels des talismans ultra-précieux : ces bijoux animaliers, symboles de renaissance.
Célébrer un commencement La joaillerie Eric Humbert fête cette année ses 60 ans, tout comme son… joaillier. C’est en 1996, juste après le décès de Claude Humbert – son père et mentor – qu’il s’est envolé pour découvrir le monde, de l’Amérique du Sud à la Polynésie, et qu’il n’a cessé depuis de se nourrir de ces voyages pour nous offrir des créations toujours plus vibrantes de lumière et d’éclat des gemmes. Tout comme l’indigolite, cette rare tourmaline bleue, couleur de ciel rabattu après la tempête dont les nuances mystérieuses lui ont inspiré ce délicat pendentif Papillon orné en son centre d’un diamant taille marquise. Une pièce unique, d’un charme vintage irrésistible, pile ce dont on rêve ce printemps pour (nous aussi) tutoyer les nuages.
Eric Humbert 46, rue des Hallebardes eric-humbert.com
Une nouvelle histoire…
Aspesi
Rosso
Lis Lareida
Paul Smith
Laura Urbinati
Alberto Biani
Closed
Circolo
Hache
Harris Wharf
Pierre Louis Mascia
Jeans:
Seven for all mankind, Trussardi, Closed
Urbinati
LauraZut. L’envie.
Le Style — Tendance
Par Myriam DelonÀ abuser pour briller Rouge Hermès Orange Néon, l’une des trois nouvelles teintes de l’édition limitée printemps-été 2024.
Boutique Hermès 23, place Broglie hermes.com
À associer à des murs de chaux Bureau Home Office B21 en acier laqué, disponible dans les 14 teintes iconiques
USM Haller.
Showroom USM / decoburo 13, rue du Vieux-Marché-aux-Vins 03 88 68 54 36
Laque intérieure : les bagues s’en parent, l’acier s’en empare. Mais si la laque fait si bien resplendir les ors, elle adore également être mise en relief par les textures mates.
À porter comme une seconde peau Bagues Berbere Chromatic en or rose pavé de diamants et laqué de couleur sauge et nude Repossi .
Jacquot Joaillier Horloger – 10, rue du Dôme jacquot-horloger.com
À poser sur du marbre poli Lampe Montera JH42, ici dans sa version bleu ciel et vert forêt, en aluminium peint et variateur en laiton or, design
Jaime Hayón chez &Tradition .
Galerie Fou du Roi 4, rue du Faisan fouduroi.eu
Zut. L’alerte.
01— Sac portefeuille Falabella en cuir vegan Stella McCartney chez Ultima ultimamode.com
02—Sac Liette (pièce unique, fabrication artisanale) Marian Paquette chez Revenge Hom revenge-hom.com
03—Sac Ava en tissu bayadère Claris Virot chez Algorithme La Loggia algorithmelaloggia.com
TAGLIATORE
ETON
TRANSIT
JOHN SMEDLEY
VIVIENNE WESTWOOD
ALBERT THURSTON
TATEOSSIAN
BEGG OF SCOTLAND
MAISON F
MEILLEUR AMI TRAITS
BERWICH
HANCOCK
PASOTTI
JEFFERY WEST
THE LAST CONSPIRACY
LIVIANA CONTI
SALVATORE SANTORO
PUROTATTO
FISHERMAN …
ANGELA CAPUTIAffections esthétiques
À pied d’œuvre. Accoudoirs décalés et suspendus, dossier à la parfaite horizontalité, modularité sans contraintes, pieds nets et hauts : tout nous harponne dans le canapé Martell . L’escorte imparable ? Les tables basses et guéridon Otto joliment perchés avec leur structure métallique stylisée et leurs plateaux disponibles dans plusieurs variétés de finitions, les deux signés du designer Arnau Reyna pour l’éditeur espagnol Perobell.
L’obsession intérieure de ce printemps : ce répertoire intemporel, fait de tonalités et de matières naturelles coachées par un tandem de couleurs fortes.
decoburo 13, rue du Vieux-Marchéaux-Vins 03 88 68 54 36
Vibia, sculpteur à lumières.
01— Lampe de table portable Africa en aluminium mat, quatre couleurs et deux hauteurs, design Francisco Gomez Paz.
02— Lampe Knit (existe également en version suspendue) à abat-jour en tissage de lycra, design Meike Harde. decoburo
13, rue du Vieux-Marché-aux-Vins 03 88 68 54 36
03— Oversize, primitif et outdoor, fauteuil Roly Poly en polyéthylène rouge brique, design Faye Toogood pour Driade. Home Contemporain
13, rue du 22-Novembre homecontemporainstrasbourg.fr
04— Évoquant les formes architecturales classiques, suspension Arch en métal tubulaire disponible en quatre coloris (blush, blanc, cobalt et noir), design Johan Lindstén & Markus Johansson pour la marque suédoise Oblure.
Galerie Fou du Roi 4, rue du Faisan fouduroi.eu
01— New. À nous les collections et le nuancier XXL des peintures Ressource, désormais disponibles chez Vue sur Quai. La plus arty ? La peinture Yves Klein® inspirée du célèbre IKB (International Klein Blue). Vue sur Quai / Cinna / Ligne Roset 8, quai Kellermann ressource-peintures.com
02— Opening. En s’installant ce printemps au centre-ville de Strasbourg, le label espagnol Kave Home nous comble avec son luxe abordable et ses collections d’un minimalisme scandinave chaleureux, pile dans la tendance scandifornia. Kave Home 13, rue de la Haute-Montée kavehome.com
03— À la baguette. Chez Hello Cadres, l’encadrement est affaire de famille : père et fille y proposent leurs services sur mesure ou standard avec les produits de la marque Nielsen Design. Mais encore ? On peut y imprimer ses photos, acquérir une œ uvre papier d’artistes locaux ou dénicher une pépite dans leur catalogue d’affiches vintage des éditions du Chapitre, un éditeur parisien des années 70 et 80 (photo).
Hello Cadres 2b, rue Brûlée hellocadres.com
L’Œuf impérial 1917 d’après l’œuvre de Fabergé
Au cœur de cette collaboration se trouve l’œuf de Pâques impérial en bois de bouleau de Carélie. Nous avons choisi de le recréer en chocolat, où la délicatesse de l’artisanat chocolatier se marie à la splendeur de l’œuvre originale. Chaque détail de cette pièce reflète la perfection et le raffinement de l’art de Carl Fabergé. Chaque création en chocolat est une œuvre gourmande numérotée.
Disponible à la chocolaterie de Haguenau ainsi qu’au Musée Fabergé de Baden-Baden
La Table
Tressage fromager Jeux te mange Faire un tabac Rhubarbe en tutu
En janvier on m’a demandé : quelles tendances food pour 2024 ? Comme l’assiette n’est jamais loin derrière les changements politiques, écologiques et culturels, j'affirme qu'elle aussi doit évoluer.
Alors on braque les projecteurs sur les humains qui nous nourrissent, on prépare ses papilles au climat de demain et on fait passer en douceur nos revendications en réinventant nos aliments préférés. Texte et photos Sonia Verguet
Harder, better, faster, sweeter
Dans son film G enèse d’un repas , Luc Moullet raconte en 1978 les origines de trois aliments du quotidien : la banane, le thon en boîte et les œufs. Il retrace leur production à travers le portrait d’ouvrières dans une conserverie à Dakar, de deux dockers à Dieppe, d’un producteur en Équateur, d’un épicier parisien, de deux ouvrières françaises et leur représentant syndical et d’un pêcheur sénégalais. Si on sait que ces produits viennent pour la plupart de loin, on en ressent à travers les images vidéo et le son toute leur essence : la chaleur écrasante du soleil en Afrique, le capharnaüm des machines, les chorégraphies humaines au travail, l’effort sur les visages, les odeurs puissantes… Le thon redevient poisson, il n’est plus petite boîte cylindrique métallique proprette. Même mort, il est, grâce au réalisateur, vivant !
En révélant les richesses perdues dans les circuits de production, le documentaire dénonce l’effacement volontaire des origines de ces aliments. S ur les packagings , peu d’informations voire des tromperies : t hon, bananes et œufs sont emballés dans des histoires marketées-inventées.
Les contenants et les étiquettes nous éloignent des hommes et des femmes que nous voyons dans le film. Ils les invisibilisent, pire, parfois les remplacent par d’autres personnes. Le thon est réduit en miettes et ce n’est pas peu dire.
Ce reportage a plus de 40 ans et notre regard sur celles et ceux qui participent à nous nourrir a évolué. Nous ne nous rencontrons pas forcément plus qu’avant mais l’exigence de transparence et l’envie de manger en circuits courts nous rend un peu plus proches Pourtant, à l’heure où j’écris ces lignes, le monde agricole occupe le terrain des villes avec ses tracteurs et ses revendications. L’écoutera-t-on enfin, lui sans qui nous ne tiendrions pas debout ? Au-delà de l’authenticité des produits alimentaires qu’on souhaite et vers laquelle on tend, passons le cap du bon sens.
Les créatifs et les artisans participent à ce dialogue et font même le lien entre des mondes qui ne se comprennent plus (ville/campagne , gouvernement/citoyens). Visionnaires, ils sentent les mutations et leur donnent un corps. Soyons singuliers dans notre adaptation !
Pour en savoir davantage sur l’histoire et les destins possibles du produit industriel viandard le plus consommé en Europe, je vous conseille le livre The Sausage of the Future de la designer Carolien Niebling. Un panorama de l’existant et de sa suite plus écologique et plus goûtue (oui, ça va très bien ensemble).
Prendre le train en marche
Le monde bouge comme il l’a fait de tout temps. Vivons avec lui, ne faisons pas de surplace, pire, ne devenons pas nostalgique voire bougon. Observons par exemple la Carte du vignoble français 2100, imaginée par l’Atelier Poste 4, le studio Le Futur et Christophe Urbain chez TCPC Éditions (à découvrir sur leur Instagram @tcpc_edition). Elle nous signale des mouvements de cépages en lien avec le réchauffement climatique. Sur les pentes du Mont-Blanc par exemple, les premiers rosés sont élaborés. Il n’y a qu’une bonne nouvelle à retenir de cette prédiction viticole du futur : votre vin préféré sera toujours là, peut-être même plus proche de vous !
Autre bonne nouvelle : la créativité en cuisine comme une pierre à l’édifice pour réduire la pollution environnementale. Les bouchers et bouchères sont là pour y réfléchir. Si on connaît les saucisses à la pomme de terre ou aux herbes, la boucherie Natacha Bieber a testé d’autres recettes à l’occasion du festival MIAM! organisé par Rhénanie en novembre dernier à Garage Coop. Épinards, gin et fromage ont notamment été ajoutés à une base de porc. Moins de viande dans le boyau pour de nouvelles saveurs en bouche. A lors il est pas bon le futur?
Speak up !
Les discours politiques actuels sont loin d’être savoureux. Osons comme Charlotte Burgaud (@cha_multitool sur Instagram) dire notre colère ! Grâce à ses biscuits parés des messages « Tout brûler », « Escroc » ou encore « Ni maton, ni patrie, ni mari, ni patron », les débats auront un goût de cannelle. À l’origine de ce projet, le combat pour le nom du biscuit speculoos. La designer sociale explique qu’en 2020, une célèbre multinationale décide de le renommer « biscoff », la contraction de « biscuit » et de « coffee ». La Région bruxelloise intervient alors pour préserver la tradition et inscrire ce biscuit populaire, fruit d’un savoir-faire ancestral, dans le registre du Patrimoine culturel immatériel. C’est donc le support idéal pour y communiquer nos revendications et faire passer le message tout en douceur.
Justement, mots et nourriture ont plus de points communs qu’on ne le croit, utilisons-les plus souvent. En 2012, la designer culinaire néerlandaise Marije Vogelzang est invitée à Weil am Rhein à fêter un événement avec l’enseigne Vitra. Au carrefour de trois pays, la France, la Suisse et l’Allemagne, elle imagine alors le Bastard Bread, un pain réunissant les recettes emblématiques de chacun des trois. Un pain baguette, un pain brioché et un pain noir se mêlant joyeusement en une seule et même forme. La connotation habituellement négative du mot « bâtard » raconte ici tout le contraire et associe la notion de mélange à la richesse culturelle. Vive les bâtards , en food et ailleurs !
Le Bastard Bread sans frontières de la designer Marije Vogelzang est à retrouver sur son site. À goûter avec les yeux depuis la fin de l’installation, mais rien ne vous empêche de vous inspirer de la recette pour accompagner ce fromage multiculturel ! marijevogelzang.nl
Mariage réussi : Istara (fromage de brebis basque) + korbáčik (fromage filaire slovaque).La Table — Tendance Exit les dîners assis devant son plat, avec interdiction de poser les coudes sur la table. Avec l’eatertainment, le repas se vit comme un jeu où tous les sens sont convoqués. Des repas à l'aveugle du restaurant Dans le Noir ? aux escape games culinaires de l’association Stamtish, le concept fait son bout de chemin à Strasbourg.
Les
en ébullition sens
Par Tatiana Geiselmann / Photo Séverine VoegeliLa tendance a commencé dans les restos étoilés, sous l’impulsion de l’Utraviolet, le restaurant ouvert en 2012 à Shanghai par le chef triplement étoilé Paul Pairet. Le principe : 10 convives sont amenés en fourgonnette dans un lieu tenu secret pour une « expérience gastronomique multisensorielle ». Chacun des 20 plats s’accompagne d’une mise en scène particulière, avec projections lumineuses à 360 degrés, musique et diffusion d’odeurs. Le nec plus ultra de l’eatertainment – contraction de « eat », manger, et « entertainment », divertissement en anglais –où comment un simple dîner se transforme en expérience ludique. Comme nous n’avons pas tous 1 300 dollars à débourser pour la soirée (sans compter le billet d’avion vers la Chine), il existe des alternatives à prix plus réduits, dont certaines émergent à Strasbourg : le restaurant Dans le Noir ? et l’escape game culinaire de Stamtisch.
Dîner les yeux fermés
Comme son nom l’indique, au restaurant Dans le Noir ?, vous dînez à l’aveugle. « L’idée c’est de revenir à l’essentiel, de déguster un repas autrement qu’avec la vue, pour solliciter ses autres sens », explique Aurore Lépy, responsable commu nication de la marque. Et pas moyen de tricher : dès l’arrivée à l’hôtel Hilton, où se déroulent les dîners, l’équipe récupère votre téléphone, pour éviter toute pollution lumineuse, puis un serveur vous guide à travers une série de portes et de rideaux jusqu’à la grande salle obscure où vous êtes attablés. « On partage sa table avec des gens qu’on ne connait pas, ça fait partie de l’expérience, précise Aurore Lépy, comme on ne se voit pas, les échanges sont plus simples et spontanés. »
Les serveurs sont tous aveugles ou malvoyants, « il y a un fort aspect social dans notre ADN, mais l’idée ce n’est pas de faire le marketing du handicap, ils sont là parce que ce sont les meilleurs pour faire ça ! » Eux savent par exemple que pour se servir de l’eau sans tout faire déborder, il faut garder un doigt dans le verre, pour mesurer le niveau. En revanche, ils ne vous diront rien du contenu de votre assiette, tout le jeu consistant à le deviner. « Nous avons tout un processus pour créer des recettes avec des textures différentes et où il n’y a pas de produits à couper », explique Elodie Houillon, manager du restaurant. Les plats, type gastronomiques, sont concoctés par le chef du Hilton, Thierry Lazarus, et changent tous les trois mois. « Comme c’est un menu surprise, les clients testent parfois des choses qu’ils n’auraient pas mangées en temps normal », indique la responsable.
Ces soirées rencontrent un vif succès. Depuis l’ouverture du premier restaurant Dans le Noir ? à Paris il y a tout juste 20 ans, une quinzaine de filiales a vu le jour en France, dont celle de Strasbourg, ouverte à l’été 2021, qui affiche désormais complet sur trois à cinq semaines.
« La demande est telle qu’on va peut-être ouvrir des jours supplémentaires », confesse en souriant Elodie Houillon.
Migration des papilles
Même engouement pour les escape games de Stamtish, l’association strasbourgeoise d’insertion des migrants par la cuisine. En plus de proposer des événements pop-up avec des restaurants partenaires (souvent des brunchs, préparés en duo par un migrant et la brigade), l’association s’est lancée dans les escape games culinaires.
« C’est le même principe qu’un escape game classique, il y a des énigmes à résoudre, sauf que quand on trouve la solution, on ne débloque pas une salle, mais un plat », explique Agathe Mairesse, co-coordinatrice chez Stamtish. Les plats en question sont le fruit d’une collaboration entre un migrant formé par l’association et le chef du restaurant qui accueille les joueurs. Selon le migrant-cuisinier aux fourneaux, les plats sont d’inspiration marocaine, géorgienne, congolaise ou syrienne, pour un menu en trois actes, style bistronomie.
Comme pour le restaurant Dans le Noir ?, les clients sont regroupés par tables de six, pour favoriser l’échange, et certaines places sont ouvertes gratuitement aux personnes en situation de précarité. « On joue et on mange ensemble, ça crée du lien et ça casse les barrières, tout le monde est au même niveau », se réjouit Agathe Mairesse. Une manière aussi de sensibiliser aux questions migratoires de manière ludique et détournée.
Lorsqu’elle a développé le concept, en 2021, l’association Stamtish n’avait qu’un seul scénario, créé en partenariat avec une entreprise spécialisée dans l’événementiel culinaire. Pour permettre à ceux qui ont déjà testé de revenir jouer, elle vient d’en finaliser trois autres, à la durée variable : menu en quatre actes pour une soirée complète, cocktail dinatoire ou simple apéro. Des formules qui plaisent aux entreprises, notamment pour les fêtes de fin d’année ou pour le team building. « Ce sont des moments clefs en main, où on a à la fois un repas et une expérience ludique », justifie Agathe Mairesse. Un combo idéal aussi pour les anniversaires ou les EVJF.
Restaurant Dans le Noir ?
Sur réservation, les jeudis, vendredis et samedis soir.
→ 58 € par personne, 69 € avec l’accord metsvins.
Au Hilton Strasbourg 1, avenue Herrenschmidt strasbourg.danslenoir.com @danslenoirgroup
Escape game culinaire de Stamtish
Une fois tous les deux mois en moyenne, dans des restaurants partenaires.
→ 30-38 € par personne. Sinon, sur réservation pour un séminaire d’entreprise, un EJVF ou un anniversaire.
Une session à prix libre est organisée à la Tour du Schloessel le 6 avril. stamtish.com
@stam_tish
La Table — Adresses Son ouverture a été maintes fois reportée, mais désormais ça y est : depuis décembre dernier, Kooma, le nouveau tiers-lieu dédié à l’alimentation bio et durable a ouvert ses premiers espaces au sein de l’ancienne Manufacture des tabacs. Tour d’horizon de ce nouveau repère de gourmets
Par Tatiana Geiselmann / Photos Pascal BastienKooma
Il aura fallu près de dix ans au projet pour prendre forme. Courant 2015, constatant qu’il n’existait à Strasbourg aucune offre de produits exclusivement bio et locaux, une poignée de citoyens, restaurateurs et producteurs décide de s’associer pour lancer un pôle alimentaire d’un nouveau genre, un lieu hybride où l’on pourrait à la fois manger et faire ses courses, pour promouvoir une alimentation responsable du champ à l’assiette.
Soutenue financièrement par l’Eurométropole de Strasbourg, et malgré une inauguration plus que retardée (le Covid venant s’ajouter aux incontournables retards de chantier), la belle utopie de ce collectif de rêveurs vient enfin de voir le jour, sous le nom de Kooma (« koo » pour coopérative, « ma » pour Manufacture des tabacs, et pour le jeu de mot avec « komm », « viens, entre » en alsacien).
Sur le pouce
Installée à l’entrée de la brasserie, une boulangerie paysanne propose une courte sélection de sandwichs, soupes et pasta box, préparés à partir des produits bio des paysans partenaires. De quoi se régaler le midi pour moins de 10 euros.
Sur les pavés
Pour l’arrivée des beaux jours (d’ici fin-avril début-mai, tout dépend de l’avancée des travaux), deux terrasses se déploieront devant les bâtiments en brique rouge de Kooma. Il sera possible de s’y attabler pour déguster les plats du jour de la brasserie, ou simplement pour siroter un verre en fin de journée.
Sur le toit
À terme, un rooftop viendra aussi compléter l’offre, avec une quinzaine de tables disposées sur le toit du bâtiment.
Sur son 31
Dernier espace qui devrait être lancé tout début 2025 : un restaurant gastronomique d’une centaine de couverts. Il proposera le midi les mêmes plats que la brasserie et se transformera le soir en un lieu haut de gamme à la carte raffinée.
Des courses 100 % bio
Pour y entrer, il faut pénétrer dans la cour de l’ancienne Manufacture des tabacs. Au centre, un long bâtiment de briques rouges de plus de 1 500 mètres carrés accueille les différents espaces de la coopérative. À droite, le magasin de producteurs de 400 mètres carrés et l’épicerie biologique de 90 mètres carrés, qui lui est accolée. « Le magasin de producteurs est alimenté par une quinzaine de structures partenaires [comprendre des fermes faisant partie intégrante de la coopérative] et une dizaine d’apporteurs, qui y proposent leurs produits de manière plus sporadique », explique Cathydja Patel, coordinatrice chez Kooma. « Il s’agit uniquement de producteurs alsaciens ou issus des départements limitrophes, les Vosges, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, la HauteSaône, le Doubs et Belfort. »
Dans les rayons, on trouve plus de 4 000 références : des fruits et légumes, disposés sur les étagères en bois de la serre réfrigérée, de la viande et du fromage à la coupe, des produits laitiers, une large variété de pâtes et produits secs (dont les légumineuses de Graines d’Alsace, à découvrir dans Zut Strasbourg 55), des biscuits et confitures artisanales, des conserves, d’alléchantes tartinades d’apéro, des tisanes, des jus, de la bière et du vin. « Certains produits ne sont disponibles qu’ici », souligne Cathydja Patel. Attenante au magasin, l’épicerie biologique
permet de compléter ses courses avec les articles nécessaires à la vie quotidienne, mais qui ne sont pas issus du Grand Est, comme les produits d’hygiène et de cosmétique, le café, le chocolat, les épices, les oléagineux (vendus en vrac), ainsi qu’une sélection de produits pour bébé. « Nous avons aussi toute une gamme de produits bio à prix accessible, insiste Cathydja Patel, le but c’est que le magasin soit ouvert à chacun, quel que soit son budget. »
Bar et brasserie, de 7 h à minuit
De l’autre côté du bâtiment, les près de 1 000 mètres carrés de surface restants se divisent en trois parties. La plus grande est occupée par la brasserie Kooma, un spacieux restaurant de 70 couverts de style industriel, aux grandes baies vitrées et haut plafond, qui s’étire en forme de L. La cuisine (ouverte) propose dès 7 h 30 des formules petit déjeuner type brunch, puis laisse place à partir de 11 h au menu du jour, avant de se transformer dans l’après-midi en bar à goûter (avec gaufres, pancakes et salades de fruits frais) puis bar à grignoter (avec pizzas ou tartes flambées). « Le menu change régulièrement en fonction des saisons, et il y a toujours au moins une proposition végétarienne, précise Cathydja Patel. Tout est bio et majoritairement préparé avec les produits de nos paysans partenaires. » Même logique pour la carte des vins, avec une fine sélection de bouteilles natures et une large préférence accordée à l’Alsace.
Pour concocter les menus, c’est le chef Jonas Noël qui a été choisi, lui qui cumule plus de vingt ans d’expérience au sein de prestigieux restaurants – principalement en Asie et en Norvège – et qui a fait ses armes dans celui de Joël Robuchon à Shanghai. Pour le seconder : Victor Schallhausser, passé lui par le Vieux Couvent, le restaurant étoilé d’Alexis Albrecht à Rhinau. Enfin Olivier Meyer, ancien chef à domicile et entrepreneur dans l’âme, veille pour sa part au parfait sourcing des produits. En complément de la brasserie, un pub au large comptoir circulaire propose une petite restauration le midi et s’anime le soir avec des soirées DJ-set du jeudi au samedi, « et à l’avenir, des soirées jeux, du karaoké ou du stand-up ».
Dernier espace encore en cours de fignolage : celui dédié aux animations, qui accueille déjà une série d’ateliers autour de l’alimentation, des initiations à la mixologie, à la lacto-fermentation et des cours de cuisine. « L’idée c’est de boucler la boucle : on peut faire ses courses au magasin, manger dans les différents restaurants, mais il faut aussi apprendre à cuisiner à la maison », explique Cathydja Patel. Avec l’ambition d’y inclure les personnes plus éloignées de l’alimentation durable, pour ne pas faire de Kooma un repaire de bobos…
Îlot central de la Manufacture des tabacs
6, cour des Cigarières
(Entrée par le porche du 7, rue de la Krutenau)
kooma-strasbourg.fr
Restaurant à tartes flambées artisanales
→ Des produits fermiers alsaciens
→ Du lard fumé sur place
→ Une pâte faite maison et des bières locales
Horaires d’ouverture
Lundi au Jeudi → 12h- 00h
Vendredi/Samedi → 12h-01h
Dimanche → 12h-23h
13b route de Vienne à Strasbourg 09 55 11 99 80 hopla@tontonsflambeurs.fr
Au cœur du Parc Naturel des Vosges du Nord classé Réserve Mondiale de Biosphère par l’UNESCO
Exceptionnellement pure avec une minéralisation de 50mg/L
Convient à un régime pauvre en sel avec un taux de sodium très bas de 1,1mg/L
Recommandée par le Ministère de la Santé pour la préparation des biberons
Source 100% alsacienne et familiale
La Table — Recette Nous avions déjà évoqué, dans notre numéro de la rentrée, Hopla, le nouveau livre pop dédié à la cuisine alsacienne, signé Floriane Dumen. Pour célébrer l’arrivée des beaux jours, on y pioche une recette de tarte à la rhubarbe meringuée que l’auteure a héritée de sa mère.
Par Tatiana GeiselmannBaiser de printemps
« J’ai toujours été une chauvine alsacienne. » Voilà comment Floriane Dumen commence d’emblée par se présenter. Bien qu’exilée à Paris depuis une dizaine d’années, la trentenaire, originaire de Wittenheim, garde toujours dans son placard une bouteille de Melfor et un pot de raifort. « Je viens d’une famille qui cuisine beaucoup, mes grands-parents avaient un restaurant à Mulhouse, dans les années 1950-1970, et ma mère passe ses journées aux fourneaux. » Une passion qu’elle retranscrit dans son métier, à sa sauce : après des études en publicité et communication, Floriane Dumen s’oriente vers le stylisme culinaire, créant pour différentes marques alimentaires (Maison Chandon, Uber Eats, Bagel Corner) des photos, vidéos ou petits magazines, au style franc et coloré.
Objet graphico-culinaire
Ses retours réguliers sur sa terre natale lui donnent l’envie de travailler sur un projet plus personnel, un livre d’hommage à la cuisine alsacienne « mais aussi à tout ce qui gravite autour » : les artisans potiers, vignerons, aubergistes, choucroutiers. Fin 2022, elle auto-édite cet hybride, qui regroupe à la fois des recettes de famille (multiplement testées), des reportages de terrain et des illustrations de son ami graphiste Pierre Paulter (Atelier Pierre Pierre). L’un des 700 exemplaires – rapidement écoulés
– tombe entre les mains des éditions First, qui lui proposent d’en créer une nouvelle version, augmentée. Floriane Dumen fait alors appel à une dizaine d’illustrateurs, à qui elle donne carte blanche pour dépeindre « leur vision de la gastronomie alsacienne ». En plus des 35 recettes familiales de la mouture initiale, elle en récupère une trentaine d’autres auprès de ses amis. Elle part aussi à la rencontre d’artisans, « qui travaillent dans une démarche responsable », pour comprendre les secrets de fabrication d’un munster ou d’une eau-de-vie de quetsches.
Le résultat : un joli pavé de 240 pages, qui reprend et pousse à l’extrême les codes du folklore alsacien (notons ce retour en grâce inattendu de la typo gothique et ces doubles pages colorées aux trames de maisons à colombages). Un objet graphique et culinaire non identifié, à mi-chemin entre livre de recettes, dictionnaire bilingue à l’intention des alsacophytes, catalogue d’illustrations et souvenirs d’enfance, une belle déclaration d’amour à l’art de la table alsacienne.
TARTE À LA RHUBARBE ET SA GROSSE MERINGUE
Pour 6 pers.
Ingrédients
Pour la pâte sablée
300 g de farine
130 g de beurre froid
1 œuf
2 c. à s. de sucre glace
1 pincée de sel
1 c. à s. d’eau
Pour la pâte
Préparation 45 min
Cuisson 40 min
Pour la garniture
6 tiges de rhubarbe
2 œufs + 2 jaunes
100 g de sucre
1 c. à s. de Maïzena
250 ml de crème
entière liquide
75 g de poudre d’amandes
Disposez la farine et le sucre glace dans un saladier, ajoutez le beurre froid coupé en morceaux, émiettez du bout des doigts puis ajoutez l’œuf, l’eau et le sel. Mélangez le tout en faisant attention à ne pas trop travailler la pâte. Formez une boule, filmez et placez au frais.
Pour la garniture
Retirez les extrémités des tiges de rhubarbe, puis coupez-les en petits tronçons. Placez-les dans une passoire et versez la moitié du sucre dessus pour faire sortir l’excédent d’eau.
Dans un saladier, fouettez les œufs, les jaunes, le sucre restant et la maïzena jusqu’à ce que le mélange soit homogène et légèrement mousseux.
Ajoutez la crème liquide et continuez de fouetter. Hopla : manger alsacien, Floriane Dumen, Éditions First, 248 pages, 28,95 €
Assemblage
Pour la meringue
300 g de blanc d’œuf (± 8 œufs)
300 g de sucre
1 pincée de sel
Abaissez la pâte sur 5 mm
d’épaisseur et disposez-la dans un moule. Piquez le fond à l’aide d’une fourchette, ajoutez la poudre d’amandes puis les tronçons de rhubarbe bien égouttés. Recouvrez avec l’appareil à flan.
Enfournez dans la partie basse du four pendant 35 minutes à 180 °C.
Pour la meringue
Fouettez les blancs d’œufs avec le sel, jusqu’à ce qu’ils commencent à monter, puis ajoutez petit à petit le sucre pour otenir des blancs bien fermes et brillants.
Sortez la tarte du four et laissez-la refroidir 30 minutes. Répartissez la meringue sur le dessus à l’aide d’une spatule. Enfournez à nouveau 5 minutes en mode grill pour la faire dorer
Samedi → 18 h
Art de la table
Bien roulé
Galerie Fou du Roi 4, rue du Faisan fouduroi.eu
Et si votre nouveau service de table pour les grandes tablées d’été, c’était lui ? En terre cuite durable, il arbore le détail tendance qui nous obsède : de larges bords arrondis aux couleurs brillantes et joyeuses.
→ Collection Barro, design Rui Pereira, Hay.
En prendre de la graine pour - de 20 €
Prêt à croquer
Trois mélanges apéritif qui changent : Apéro avec Roméo (fèves de soja, tomate, basilic), Apéro Bollywood (pois verts frits, curry, citron) et Apéro rose gourmand (fèves de soja blanc grillées, framboise et betterave).
→ 50 g, 100 g ou 250 g en sachets kraft refermables, de 3,60 € à 18 € georgescolin.com
Ou à faire soi-même
Torréfiez au four 400 g de noix et de graines bio pendant 20 minutes à 150 °C, puis fouettez 1 blanc d’œuf avec 10 g de sel, ½ c. à soupe de paprika, 1 c. à café rase de sucre glace, 1 pincée de cumin en poudre et 1 autre de piment de Cayenne avec quelques tours de poivre du moulin. Enrobez bien le mélange puis remettez au four 10 minutes avant de laisser refroidir et de frimer à l’apéro.
QG Pause perchée de haute volée
Restaurant et bar
L’Archipel
Dernier étage de l’AC Hotel by Marriott
→ Ouverture du bar à 17 h 4-6, boulevard de Dresde ac-strasbourg.naoshotel.com
@achotel_strasbourg
Le pitch ? Bien accueillir le printemps, c’est surtout faire fi des mois grisâtres hivernaux en passant le plus de temps possible… dehors ! De préférence avec un cocktail à la main, sur le rooftop du restaurant l’Archipel de l’AC Hotel by Marriott, l’un des derniers fleurons du Naos Hôtel Groupe, avec son dernier étage au panorama à tomber sur la capitale européenne.
Les + de la déco ? Et si on parlait plutôt d’horizon et de Charlie Chaplin ?
Selon lui : « L’espace est bon pour l’âme : cela élargit l’horizon et l’esprit s’aère. »
Et ce n’est pas l’hyper-terrasse du bar l’Archipel et son restaurant, tout d’ors et de bleus vêtu, magistralement vitré sur les lumières de la ville, qui réduira la portée de cette citation.
À la carte ? N’y cherchez pas une liste de plats sans fin, le chef Garry Baud l’a voulue courte, française, saisonnière
et avec une nette tendance à l’ultra-secret : le vol-au-vent cache son jeu et se fait végé, le ris de veau se pelotonne sous une croute de pistache et d’orange, les Saint-Jacques sont cuirassées au lard de Colonnata et le turbot facétieusement cachotté en ballotine.
Et au bar ? On s’y régale d’huitres et de tapas fusion à partager, de quoi agiter dignement l’une des créations estampillée l’Archipel Série de Sébastien Pellegrini, head bartender de l’Archipel. Limpide, son achromatique Diaphane n’en est pas moins complexe avec son layering ivoirin de vodka infusée à la vanille, fruits de la passion, lait clarifié et shooter de champagne… Si généralement la couleur est clé dans un cocktail, la clarification, elle, est bien ici celle de l’harmonisation !
Les Tontons Flambeurs
Encore une nouvelle adresse voguant sur la vibe flamb’ ? Le nom du restaurant, emprunté au film culte de Georges Lautner, donne à lui seul le ton : les gangsters faisant la loi ici ne font pas semblant, prouvant que la truculence n’interdit pas le sérieux. Kamil, Rhim et Simon ne voulaient surtout pas ouvrir une énième winstub, même si l’espace (immense) s’approprie avec humour les codes du terroir alsacien. Niché place de l’Étoile, au cœur du nouvel ensemble immobilier NoLiStra, il sont entourés par plusieurs enseignes de bouche, aussi cohérentes qu’attrayantes. Résultat : après seulement quatre mois d’ouverture, ils ont déjà fait l’OPA sur la clientèle du quartier et leurs deux vastes terrasses ne risquent pas de voir faiblir l’affaire avec l’arrivée des beaux jours.
Alors on s’enflam’ ? Quand on donne la primauté aux produits locaux triés sur le volet, oui ! La carte de leurs fournisseurs s’affiche avec fierté, preuve d’un travail de sourcing bien effectué. De la pâte jusqu’au fumage (installé au cœur du restaurant… magrets et poitrine de cochon s’y plaisent bien, parait-il), tout est fait maison. À la carte : les grands classiques de la flam’ et des créations, « mais ce n’est pas non plus le grand n’importe quoi ! », clament-ils en choeur, en égrenant les ingrédients de la Potimarrante, de celle au brie truffé, à la tomme aux fleurs ou au boudin noir.
Et pour éteindre le feu ? Bières pression locales et vins made in Alsace : « On a fait un gros pari sur le vin alsacien ». Et comme ils sont facétieux, pour les anti-pinot noir : « Quelques vins de France de l’intérieur sans intérêt ». Côté cocktails, eaux-devie de mirabelle et de poire azimutent leur Mule des Vosges et leur Scharrachbergheim Beach. La nouveauté du dimanche ? Le brunch alsacien sucré/salé sur planche (sans tarte flambée, mais soyez rassuré·e·s, il y aura parait-il quelques passages dans les rangs).
Une mention spéciale ? Dans un registre XXL, la table en chêne pouvant accueillir 30 personnes vaut à elle seule le détour. La résa est d’ailleurs conseillée pour les groupes, « mais on trouvera toujours une petite table pour ceux qui n’en ont pas ! » 13b, route de Vienne Quartier NoLiStra tontonsflambeurs.fr
@les_tontons_flambeurs
Le Picobello
Comme une bonne série qu’on se réjouit de retrouver après plusieurs mois d’absence, Stéphanie Jenny déclare ouverte la quatrième saison de la terrasse de sa trattoria Le Picobello !
L’aguiche ? Sa belle façade noire, largement vitrée sur la rue des Frères, qui fait ami-ami avec le soleil et qui nous tend les bras, avec ses grands parasols déployés à l’heure du déjeuner (mais repliés le soir pour pouvoir admirer la cathédrale).
Et dans l’assiette ? « J’ai une cheffe qui arrive toujours à se renouveler et qui compose ses plats suivant le marché. La semaine passée, les palourdes n’étaient pas assez belles pour garder à la carte les linguine alle vongole, et bien, elles ont été remplacées par des couteaux ! » Nabila Safsaf sait sacrément bien travailler les incontournables transalpins et une clientèle d’habitués s’en régale : « Ici, on est dans la générosité. C’est d’ailleurs ce qu’on aime chez nous, on s’y sent comme à la maison. » Une équation bien rodée qui a fait ses preuves : du plat du jour le midi, aux assiettes faisant la part belle aux poissons, viandes et pâtes bien enrobées, tout donne envie. Comme de faire trempette avec ce fritto misto, avant de repartir en chantonnant du Andrea Laszlo de Simone… et d’y revenir.
21-23 rue des Frères restaurant-lepicobello.com @picobellostrasbourg
À L’AGENDA
28.04 + 26.05 + 16.06
Street Bouche Corner
Avec l’arrivée des beaux jours, les Street Bouche Corners du dimanche midi sont de retour place de Zurich. Entre 10 et 15 stands seront déployés tous les mois, pour faire découvrir aux Strasbourgeois ce qui se fait de mieux en terme de finger food internationale. Place de Zurich
Les potins des popotes
LIBRAIRIE CULINAIRE
Fromenons-nous dans les bois
26.06 ---> 30.06
Miro festival
Après le succès de l’édition 2023, le Miro Festival revient et s’étend cette année sur deux journées supplémentaires. Durant cinq jours, le jardin du célèbre restaurant Miro, à Ostwald, accueillera donc les férus de food et de musique, pour un série de concerts, DJ-sets, expos, dîners d’exception et masterclass culinaires.
Rue de la Nachtweid, à Ostwald
LES RAGOTS DU MARCHÉ
Étoiles tombantes
Alors que 3 nouvelles étoiles étaient venues garnir les tables alsaciennes l’année dernière, lors de la cérémonie du guide Michelin à Strasbourg, cette année aucun nouveau macaron n’a été décerné aux restaurants de la région ; deux d’entre eux ont même été déclassés. L’Auberge du Cheval Blanc, du chef Pascal Bastien à Lembach, perd sa deuxième étoile pourtant reconquise en 2009 et en 2015, et la chute est encore plus amère pour le Buerehiesel, à Strasbourg, qui se voit lui retirer son unique macaron.
LE NOM À RETENIR
Audrey Stippich, doublement lauréate au salon Egast
On vous avait déjà parlé d’Audrey Stippich, la cheffe du Garden et de la Table du 6717 à Ottrott, lors de sa victoire au concours du meilleur foie gras d’Alsace, il y a quelques mois. Désormais, deux nouveaux trophées viennent garnir les étagères de l’Alsacienne de seulement 28 ans . Pour le trophée Emile Jung, créé en hommage à l’ancien chef du Crocodile, la jeune femme a réinterprété l’emblématique recette du sandre façon « Père Woelfflé » (avec flan de cresson et cuisses de grenouilles). Deux jours plus tard, toujours lors du salon Egast, elle s’est aussi hissée à la première place du trophée culinaire national Henri Huck, grâce à sa ballottine farcie à l’ail noir, son croustillant de carottes à la tagète et ses gnocchis farcies de tête de lapin et estragon. Nouvel objectif de la talentueuse cheffe alsacienne : le concours de Meilleur Ouvrier de France, qu’elle compte présenter d’ici deux ans.
Une très jolie collaboration entre un écrivain-poète gourmand, Bernard Friot, et une crémière-fromagère du Doubs, Aurore Paillusson, qui ont mis leurs talents en commun pour créer cette bible ludique sur le fromage. Au fil des pages, on alterne entre courtes interviews de spécialistes, sous forme de bandes dessinées, infographies colorées, illustrations, recettes, poèmes, photos de vaches et de moutons. Une mise en page éclectique et ludique, mais surtout une mine d’informations pour tous les amoureux de frometon. À picorer comme des dés de comté sur une planche de fromage.
Balade en fromagie, Bernard Friot et Aurore Paillusson, Éditions Milan, 104 pages, 20,90 €
Croquons le Crocodile
C’est un restaurant qui a participé à la renommée de la gastronomie alsacienne : le Crocodile, le célèbre étoilé de la rue de l’Outre, se raconte désormais en textes et en images, grâce à un livre hommage, signé Monique et Emile Jung. L’histoire du couple, qui dirigea pendant près de 50 ans les cuisines du restaurant et qui y décrocha son troisième macaron Michelin, y est longuement racontée, on y découvre également l’histoire du lieu, ses transformations, ses recettes iconiques, photographiées avec minutie. Un pavé de 400 pages qui permet de se replonger dans les arrière-cuisines d’un des restaurants les plus emblématiques de Strasbourg.
Au Crocodile, une école de vie, Monique et Emile Jung, 400 pages, 39 €
IL CORTILE
Ce printemps, faites l’expérience du Sud
Votre séjour au plus près des étoiles...
LA SOURCE
À Wolxheim (67)
20 minutes de Strasbourg
Sur la mythique route des vins d’Alsace, profitez d’un séjour Bien-Être à l’eau de source bienfaisante
L’ARCHE
À Obersteinbach (67)
1 heure de Strasbourg
Au cœur du Parc Naturel des Vosges du Nord, offrez-vous un séjour avec dîner gastronomique
Les Escapades
Couette azurée
Futaie futée
Berceau lambrissé
LE BONHEUR COULE DE SOURCE
Dans le parc des Bains de Sulzbad, les trois écolodges de La Source font la promesse d’une parenthèse de bien-être et de reconnexion à la nature. Imaginé par Bleu Minuit, la start-up d’hôtellerie écolo-chic qui a ouvert L’Arche en 2020 à Obersteinbach, le concept a tout pour plaire.
Par Corinne Maix / Photos Bartosch Salmanski→ 30 min en voiture
depuis
Strasbourg
Dans le vignoble de la Couronne d’Or, le village de Wolxheim abrite un lieu de bains thermal connu depuis la nuit des temps. Louis XIV et Montaigne auraient goûté aux vertus de cette eau de source naturellement salée, qui jaillit à 18 degrés. Une température qui rappelle la proximité des Vosges et de ses eaux vivifiantes. Parmi ses nombreux bienfaits, l’eau du parc des Bains Sulzbad apaise les douleurs articulaires, les traumatismes du sport, les allergies de la peau, et améliore la circulation. Pour une belle échappée, à seulement 30 minutes de Strasbourg. Les plus aventuriers peuvent venir à vélo, par la très agréable piste cyclable de la Bruche, qui s’attrape aussi en gare de Molsheim pour raccourcir le périple à pédale.
Le petit pont au bout d’une allée boisée révèle le bâtiment des bains. À droite, nichés au fond du parc de quatre hectares et au bord de la Bruche, trois élégants chalets en bois se tournent le dos pour préserver la tranquillité et l’intimité de chacun. Ici, il y a plus de chance d’être réveillé par le cri d’une oie que par la musique des voisins.
Séjour sur mesure au cœur de la nature
Après avoir testé le concept Bleu Minuit au sein du Parc naturel des Vosges du Nord, Hélène Trautmann et Stéphane Reverre reprennent ici les ingrédients du succès de leurs écolodges : un coin de nature à découvrir ou redécouvrir pas trop loin de chez soi, un hébergement hôtelier haut de gamme et pourtant insolite et un accompagnement sur mesure pour organiser son escapade romantique ou offrir un joli cadeau.
Ces écolodges de 27 m 2 , construits essentiellement en bois et en matériaux biosourcés par le constructeur de maisons passives Avenir et Bois d’Ittenheim, ont été montés sur place. Leur conception offre une ouverture maximale sur la nature, avec de larges baies vitrées et un
généreux deck en bois pour profiter du soleil. A l’intérieur, on retrouve cette atmosphère design et cosy, signature de Bleu Minuit. Tout a été sélectionné avec le sens du détail : le lit en bois Kipli, la jolie table basse fabriquée dans une menuiserie de Schnersheim, les fauteuils de l’artisane tapissière Caroline Courroy… Bien sûr, le clou du spectacle, c’est la verrière zénithale qui donne un accès direct au ciel et promet un voyage dans les étoiles, une fois la nuit tombée.
Un coin de nature à découvrir pas trop loin de chez soi et un hébergement hôtelier haut de gamme insolite pour une escapade romantique.
Aux petits soins, pour ses hôtes, Bleu Minuit met un point d’honneur à préparer chaque séjour sur mesure. Dès 8 h 30, le panier du petit-déjeuner est déposé à la porte du lodge, en provenance directe de l’excellente pâtisserie Klugesherz du village. Quelques pas dans le parc suffisent pour rejoindre ensuite les bains thermaux. Le programme se compose à la carte, entre massage individuel ou en duo, enveloppement ou séance détox dans le vaporium à l’eucalyptus… La séance s’achève par un bain en piscine d’eau de source ou alanguie dans un transat pour profiter de la vue sur les grands arbres. Selon les envies, certains apprécieront de prolonger ce moment de détente par une sieste dans leur cocon douillet ; les autres préféreront louer un vélo électrique pour parcourir les vignobles alentour, pour la beauté des paysages et une dégustation de vins d’Alsace, à moins d’opter pour une agréable randonnée à la cascade du Nideck ou une balade plus spirituelle au Mont-Sainte-Odile.
Bocaux gastronomique et échappée stellaire De retour à La Source à l’heure de l’apéritif, c’est l’heure où le domaine n’appartient plus qu’aux quelques privilégiés qui dorment ici. Avec la complicité de Bleu Minuit, une bouteille peut prolonger la magie du moment, avant la réservation dans l’un des restaurants sélectionnés dans les environs ou la dégustation en chambre de bocaux gastronomiques. C’est qu’il ne faudrait pas perdre une seconde du spectacle qui se prépare. Doucement la nuit tombe, la nature reprend ses droits, et quelques animaux se laissent apercevoir furtivement… Depuis la terrasse, ou délicieusement installés sur son lit, munis d’une lunette astronomique et d’une application qui guide l’observation, le moment est venu de repérer les constellations : Sélène, Altaïr et Sirius se révèlent enfin, à l’abri de toute pollution lumineuse. Récompensée par le Trophée du Tourisme d’Alsace Destination Tourisme fin 2023 et guidée par cette envie de développer une offre touristique nouvelle, capable de révéler des territoires cachés, tout en respectant des critères de développement durable, Hélène Trautmann a encore quelques beaux projets en tête. Elle prospecte d’ailleurs la merveilleuse nature du Sundgau, si injustement méconnu, tout en peaufinant l’ouverture, cet été, de son troisième « village » Bleu Minuit à Thézillieu dans l’Ain, pour nous mettre encore des étoiles plein les yeux.
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HA DE NATURE ET D’ANIMAUX - AU CŒUR DE LA MOSELLE ET DE LA RÉGION GRAND EST parcsaintecroix.comCOCON
BOISÉ
La Garenne
88, rue du Haut-Barr à Saverne 03 88 70 84 38 lagarenne.fr
Sur les hauteurs de Saverne, l’hôtel-restaurant La Garenne offre une halte pleine de ressources. Si vous découvrez les lieux à l’heure du déjeuner, attendez-vous à une irrésistible envie d’appuyer sur pause, tant cette bulle au charme bucolique propose une carte alléchante et des attraits soignés. Par JiBé Mathieu / Photos DR
Îlot de fraîcheur
→ 45 min en voiture
depuis Strasbourg
L’endroit se mérite comme un sommet, même si la plupart des visiteurs amorceront leur ascension en voiture. Pratique pour se garer, la cour joliment pavée donne du cachet à la bâtisse bourgeoise tout entière. Reprise il y a cinq ans par un couple d’épicuriens passionnés associé au chef Sébastien Schmitt (pour qui les lieux n’ont aucun secret puisqu’il fut naguère aux commandes du Clos de la Garenne en ces mêmes lieux), la maison, si imposante qu’elle paraisse de l’extérieur, offre par contraste un air de chalet intime aussitôt le seuil franchi. Peut-être parce qu’ici, jamais l’œil n’embrasse l’intérieur d’un seul tenant. Tout est niche, belle salle ou salon douillet. Et la nature convoquée en décor n’est jamais loin, par les baies vitrées ou ce desk formé d’un tronc de chêne scié dans la longueur, des tables en fond de wagon magnifiées par un ébéniste inspiré. « Nous avons travaillé les matériaux bruts. » Bois massif, verre, pierre et béton ciré, La Garenne respire l’authenticité.
À l’intérieur, qu’il s’agisse de déjeuner vite fait ou de se poser pour le dîner, le choix des ambiances oscille entre une salle centrale et sa cheminée réconfortante, l’extension inondée de lumière ou des tables plus intimes disposées autour du bar. L’ensemble offre partout un confort et une déco soignés. À moins qu’à la faveur du printemps, vou s n’optiez pour la terrasse prolongée par un ponton qui surplombe Saverne et laisse filer le regard vers l’horizon jusqu’aux sommets arrondis de la Forêt-Noire. L’environnement est calme et verduré. « En été, la proximité de la forêt nous ramène de la fraîcheur », assure Christian Matt, aubergiste heureux en son havre.
Mais passons à table. La carte de Sébastien Schmitt, est étonnante de fraicheur, elle aussi, et ses assiettes aussi belles que savoureuses. Que l’on soit viandard (côte de bœuf de Langatte ou tripes de taureau à la mode de Caen, pressé de cochon ou jambon Bellota…) ou porté sur les flots (merlu, maquereau ou cabillaud aux cuissons parfaites, noix de Saint-Jacques fondantes ou huitre excentrique servie à la pièce sur la carte des Bissele, ces mini portions d’entrée ou d’apéro). « On ne cherche pas d’é toile », assuret-on, la main sur le cœur, malgré le standing de l’hôtel. « On propose une cuisine… cuisinée », une lapalissade qui se fait rare. Un truc dans l’esprit bistrot, « mais bistrot-plus ». Un mantra qui se confirme à la lecture de la carte des vins pléthorique, essentiellement composée de jus natures. Plusieurs centaines de références pour une mine de pépites, des vins d’auteur impossibles à dénicher si vous ne tutoyez pas le vigneron. « C’est un acte de foi, reconnaît Christian Matt. Les connaisseurs commencent à venir pour ça. » On les comprend !
Nid cosy
D’autant mieux que les opportunités de se mettre en appétit ou de s’offrir une balade digestive ne manquent pas alentour. « Nous sommes entourés par les départs de balade du Club vosgien. » De quoi se lancer dans la traversée de l’Alsace du nord au sud à pied, à cheval ou à VTT. À moins d’opter, pour se reposer d’une escapade dans le Haut-Barr, pour l’une des 12 chambres de l’hôtel, toutes neuves dans un style contemporain et chaleureux où espace et confort sont la clé. Belle literie, salles de bain spacieuses en mode bois, verre et béton ciré… Les plus fourbus s’offriront
même un crochet par l’espace bien-être, dans une construction à l’arrière de la maison qui confine au nid. Massage solo ou duo, soins du visage et du corps, sauna… Avec la gamme de produits alsaciens EvadéSens composée d’actifs naturels exempts de paraben et autres cochonneries de synthèse. Et si d’aventure vous souhaitez visiter Saverne, notez que le trio de La Garenne a aussi donné libre cours à sa vision du bistrot populaire en centre-ville, en modernisant La Cave Profonde, véritable institution. De quoi être doublement assuré de passer un bon moment.
Soirée Club des Entreprises
COMBATTRE LE DIABÈTE PAR LE SPORT
Jeudi 30/05 à 18h00
Au Centre Européen d’Étude du Diabète (CEED)
Boulevard René Leriche 67200 STRASBOURG
Conférence + buffet
Dans l’amphithéâtre du CEED
Participation de l’Harmonie Maîtrise Sainte Philomène de Haguenau
Invités d’honneur
· Vincent Collet (entraîneur de l’équipe de France de basket-ball)
· Professeur Michel Pinget (diabétologue)
· Lisa Ulmer (PDG de REGMATHERM)
Inscriptions
jusqu’au 30/05 au matin
ceesstbg@gmail.com
Les Métiers
Crâner en biclou Cosse à cosse
Lieu-faire ailleurs Défier la gravité
Les Métiers — Cyclisme Le leader coréen de casques moto HJC continue son ascension en toute discrétion. Le fabricant, dont l’antenne européenne est implantée en Alsace depuis plus de 20 ans, a décidé de mouiller le maillot en se lançant sur le marché du bicycle. Sponsoring d’équipes, innovation de pointe et haute protection pour le couvre-chef qui n’en fait qu’à sa tête!
Par Caroline Lévy / Photos William Henrion/ PreviewPeloton de tête
Immersion dans l’entreprise sud-coréenne HJC Sports, implantée au c œ ur de l’ÉcoParc Rhénan de Reichstett. C’est à seulement 10 km du centre de Strasbourg que les pôles de distribution, commercial et marketing du fabricant ont pris leurs quartiers en 2020 sur leur site actuel, qui accueille désormais des bureaux et un showroom sur 750 m 2 . Côté logistique ce sont 3 600 m 2 dédiés à un hall de stockage automatisé et robotisé pour accueillir pas moins de 240 000 casques. Depuis 1971 et la création de son premier casque de moto, la marque HJC Helmets a fait du chemin. Fabriquée dans ses usines en Corée et au Vietnam, la gamme couvre aujourd’hui tous les besoins, avec pour dénominateur commun l’exigence d’un produit de qualité, compact et léger, afin de garantir la sécurité de tous les riders. « Notre force de frappe réside dans la profondeur de gamme. Les prix vont de 100 à 1 000 €. Nous fabriquons des casques pour tous ! » précise Gilles Peter, directeur Marketing Europe.
L’innovation technologique est au cœur des préoccupations du fabricant. HJC, qui a fait de la Recherche & Développement son cheval de bataille, de l’utilisation de matériaux innovants
aux tests de soufflerie, dont la haute technicité a été internalisée dans son propre laboratoire. Une exception dans le domaine. Ces essais permettent d’améliorer de façon significative le fitting et l’aérodynamique des casques pour garantir toujours plus de confort, de performance et de sécurité sans jamais faire de compromis sur le design. « Dans nos sites de production, tout est fait main, jusqu’à la décoration appliquée sur les casques. C’est un peu de l’artisanat à grande échelle », explique Gilles Peter.
De Séoul à Reichstett
L’histoire raconte que son fondateur, Wan Ki Hong (le H de la marque HJC), lancera sa marque aux États-Unis en allant démarcher lui-même les prospects, avec la ferme intention d’en faire ses futurs distributeurs. Valises chargées de casques, il commence à développer le marché américain. 50 ans plus tard, HJC Helmets est leader mondial et numéro un du marché européen des casques de moto. C’est d’ailleurs dans son développement que l’entreprise coréenne choisit Strasbourg, idéalement située au carrefour de l’Europe, pour implanter son centre logistique et de distribution à Reichstett en 2001 et conquérir le marché européen. S’en suivra le déménagement des locaux à Bischheim, avant son retour en 2020 à Reichstett sur son site actuel, dans des locaux trois fois plus spacieux réalisés par KS Construction. Aujourd’hui la marque est distribuée dans 65 pays, avec la France à la tête du marché européen et environ 1 000 revendeurs de casques moto.
Esprit cycle
Fort de son expertise et de sa légitimité en matière d’innovation et technicité dans les casques moto, HJC décide en 2017 de développer une nouvelle génération de casques cycle, où l’offre est déjà pléthorique. Le marché, certes ultra-concurrentiel, n’est pas pour autant saturé.
Le potentiel est bien là et après tout, il y a plus de cyclistes que de motards sur la planète ! Pour donner de la visibilité à cette nouvelle gamme, HJC Sports décide alors d’investir dans le sponsoring, comme la marque le fait déjà en moto en équipant des pilotes et athlètes de haut niveau. Tout récemment, le fabricant coréen s’est associé à l’équipe TotalEnergies Pro Cycling Team pour fournir les coureurs tricolores en casques.
Mais le vélo est aussi et surtout un art de vivre, comme l’a bien compris le manufacturier. Les casques de vélo urbain, de route ou de montagne doivent répondre à la même exigence de protection, de confort et de facilité d’utilisation, comme par exemple avec l’ajustement automatique Selfit, qui a été breveté et remplace le sytème de molette. Avec sa gamme cycle, le spécialiste du casque invite les cyclistes à être dans l’instant présent, à prendre conscience de leurs sens et se retrouver en harmonie avec ce qui les entoure. En somme, à vivre « For the Moment », mantra devenu la promesse de la gamme. La marque ne pouvait définitivement pas trouver de meilleure situation pour incarner et faire rayonner leurs casques vélo en local et dans le monde. hjcsports.com
-> Antoine Berthoux, coordinateur événementiel marketing Europe Gilles Peter, directeur marketing Europe Photo DRLes Métiers — Artisanat Dans leur nouvel espace Chocowaouh Café, au sein de la boutique Daniel Stoffel de Haguenau, Camille et Louis Castérot invitent les visiteurs à déguster un « Instant chocolat » composé de quelques-unes des pièces emblématiques de la maison. L’occasion de revenir sur ce qui fait la force de la chocolaterie fondée il y a 60 ans par leur grand-père, Daniel Stoffel.
Par JiBé Mathieu / Portrait Teona GoerciChoc à picorer
« Nous avons créé le premier Chocowaouh Café l’été dernier » explique Camille Castérot . Il en existe désormais un dans chacune de nos trois boutiques : ici, à Haguenau, mais aussi à Ribeauvillé ainsi que dans le magasin de Shopping Promenade. Les clients adorent ! » Au point que certains viennent uniquement pour une dégustation, comme ils iraient chez leur pâtissier préféré. D’ailleurs, des pâtisseries maison, les Chocowaouh Cafés en proposent aussi. Et c’est peu dire que la chocolaterie en voit passer du monde. Comme des générations : « Nous sommes fiers d’avoir parmi nos clients des grands-parents qui viennent avec leurs petits-enfants, voire leurs arrière-petits-enfants. L’enjeu pour nous est de contenter tout le monde, les clients historiques comme les jeunes, assure Louis. Nous avons toujours veillé à ce qu’il y ait dans nos boutiques une gamme pour tous les goûts, mais aussi pour tous les budgets. » Soit au total, plusieurs milliers de références. Des incontournables moulages aux bonbons chocolat, en passant par les tablettes, mais aussi les paquets cadeaux, les gammes Alsace, Tradition et Pure Origine, les œuvres d’art chocolatées en édition limitée jusqu’aux cabossés, moches mais aussi délicieux que les autres, à un prix simplement plus léger.
Chocolaterie éthique et créative
Si la maison est d’abord reconnue pour ses moulages artisanaux, peints à la main, sans colorants ni conservateurs, elle l’est aussi pour l’excellence et la traç abilité de ses produits. « Tous nos moulages sont réalisés avec du chocolat équitable, sourcé sur des plantations adoptant une démarche éthique, sur le plan humain comme sur celui de la culture du cacao. » Depuis peu, la chocolaterie Daniel Stoffel s’est même lancée un défi de taille : le Tree to Bar, autrement dit « du cacaoyer à la tablette ». Une démarche rendue possible grâce à l’acquisition d’une plantation au Cameroun, gérée par Lyly, jeune C amerounaise venue poursuivre ses études d’ingénieur en Alsace et dont la dirigeante de la chocolaterie est devenue la marraine.
Lyly et son frère Xavier veillent désormais sur cette plantation alsaco-camerounaise très prometteuse.
La tradition n’excluant pas l’innovation, la maison Daniel Stoffel a aussi développé une gamme de chocolat végétal au lait d’amande pour les personnes intolérantes au lactose ainsi qu’une gamme light, sans sucre. « Nos chocolatiers sont très créatifs. Nous utilisons par exemple de l’amarante qui nécessite très peu d’eau pour pousser.
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Les Métiers — Artisanat
Cela permet d’avoir un impact environnemental moindre sans que ce soit au détriment du goût », assure Louis qui, avec sa sœur Camille, a hérité d’une histoire familiale désormais connue de tous : celle de Daniel Stoffel, maître chocolatier qui a créé à l’âge de 25 ans une chocolaterie dans sa cave, comme une start-up dédiée à la gourmandise. S’en suivra une expansion à travers toute la France auprès d’un réseau de revendeurs, un déploiement des ventes dans l’hémisphère sud pour se jouer des saisons, l’ouverture de la boutique historique en centre-ville de Haguenau, l’arrivée des enfants, Martine et Laurent, dans les années 1980, puis le déménagement route de Bitche, jusqu’à l’ouverture du magasin de Ribeauvillé en 2010 et celui de Shopping Promenade en 2021.
Un terrain de jeu infini
Entre les dégustations en magasin, les ateliers thématiques autour des associations de goû ts (chocolat-bière, chocolat-vin…) ou ceux de création pour petits et grands, la marque propose aussi des offres à destination des entreprises et des associations. Avec Action Chocolat, un système de ventes groupées, ces dernières peuvent financer une partie de leurs projets en proposant la gamme des chocolats Daniel Stoffel à leur réseau. « C’est un terrain de jeu infini ! » reconnaît
la troisième génération à faire son entrée dans la chocolaterie. Arrivé en mars 2020, Louis, 26 ans, est aujourd’hui responsable des opérations, un poste qu’il qualifie volontiers de transverse. Sa sœur aînée, Camille, entrée dans l’entreprise en septembre en tant que responsable commerciale, a d’abord œuvré en Asie, puis en Irlande. Ensemble, ils soutiennent désormais au quotidien leur maman, Martine, qui dirige seule la bonne marche de l’entreprise depuis la disparition de son frère. « Entre nous, la collaboration se passe très bien. Maman est très à l’écoute, elle nous implique dans les sujets stratégiques tout en nous laissant beaucoup de liberté. Même notre grandpère est encore très présent. Rien ne lui échappe ! »
Frère et sœur le reconnaissent, disposer d’une entreprise à projet, attractive et gourmande, est une force. « Les gens qui nous rejoignent sont plein de talents. Nous avons la chance de pouvoir les attirer. D’autant que nous savons pouvoir compter sur l’expérience des anciens qui assurent la transmission avec bienveillance. » Un point de vue partagé par Martine Stoffel-Castérot : « Nous formons une entreprise très familiale avec nos équipes, dont certains sont là depuis 30 ou 40 ans. » Alors, si tous reconnaissent qu’il faut avancer pour exister, Martine, Camille et Louis unissent leur voix pour affirmer que cela se fera « dans le respect de ce qui a été fondé ».
Chocolaterie Daniel Stoffel
50, route de Bitche à Haguenau
Shopping Promenade 6, boulevard des Enseignes à Reichstett
Route de Guémar à Ribeauvillé
daniel-stoffel.fr
MUSéE LALIQUE 40 rue du HocHberg 67290 Wingen-sur-Moder +33 (0)3 88 89 08 14
MUSEE-LALIQUE.COM
René Lalique, l’inventeur du bijou moderne exposition du 1er Mai au 3 noveMbre 2024
En mai faites le tour des ateliers d’artistes en Alsace !
Les Métiers — Artisanat Le Pôle Konzett de Lutzelbourg réunit artisans et entrepreneurs en un lieu animé et ouvert au public. Meubles déconstruits, architecture et menuiserie, atelier de stickers muraux ou verrier, on vous propose un petit aperçu des nombreux espaces à y découvrir.
Rush de talent
À l’orée de la forêt où chante une rivière, une ancienne usine d’agrafes devenue Pôle Konzett a été réinvestie par une vingtaine d’artisans et d’entrepreneurs. Le lieu, situé en Moselle à deux pas du Parc naturel des Vosges du Nord, a tapé dans l’œil de plusieurs créateurs strasbourgeois ces dernières années. Si les arguments furent d’abord sonnants et trébuchants – des locaux trois fois moins chers que dans la capitale alsacienne –, l’écrin de nature et la dynamique locale ont fini de convaincre les jeunes entreprises venues y poser leurs valises. Le Pôle Konzett tire son nom du patron autrichien qui avait choisi d’installer son usine dans le village de Lutzelbourg. « Dans les années 1830, il y a eu une savonnerie, puis une manufacture d’allumettes. Et après, une fonderie durant une cinquantaine d’année », raconte Daniel Pazdej, le nouveau maître des lieux. Ce n’est qu’en 1936 que l’usine se convertit en fabrique d’agrafes. L’activité cesse en 2012 et les bâtiments sont progressivement investis en espace de stockage pour les entreprises.
Daniel, qui souhaitait redonner vie au lieu, « retrouver l’âme d’une usine, sentir l’odeur du bois, de la graisse », s’est également donné pour mission de créer des interactions entre les locataires. « C’est important ! Je ne prendrai jamais de concurrent à une activité déjà implantée. » Et encore mieux si c’est complémentaire. « Chacun va piocher dans les savoir-faire de l’autre. » À midi, plusieurs artisans déjeunent ensemble autour d’une table à roulettes bricolée maison. On y cause de la prochaine sortie escalade ou du cours de Pilates qui se tient juste au-dessus des ateliers. L’étage du bâtiment accueille un autre type d’activités : sophrologie, yoga, peinture, salle d’événements… Amateurs d’histoire industrielle, chineurs de meubles déconstruits, amoureux de belles matières, il y en a pour tous les goûts au Pôle Konzett.
02.06 / 10 h � 18 h
Prochaines portes-ouvertes (jour du vide-grenier annuel à Lutzelbourg)
11, rue Konzett à Lutzelbourg Facebook : POLEKONZETT
S’Glàs
Ado, elle se rêvait mosaïste ou vitrailliste. Maya Thomas a pourtant débuté sa carrière dans la logistique du côté de l’humanitaire. Des années et un changement de cap plus tard, la voilà dans son atelier, entourée de bouteilles de vin d’Alsace. Non, elle n’est pas devenue vigneronne mais artisane vitrailliste. Et les bouteilles ? Elles sont le point de départ et la matière première de ses créations. Une manière de valoriser cet objet (qui n’est pas consigné) et son identité alsacienne. Celle qui se présente comme mi-bretonne, mi-canadienne, précise qu’elle a grandi en Afrique avant de venir s’installer avec ses parents en Alsace. Cette terre d’accueil, elle la revendique dans le nom donné à sa marque. Puisque « S’gelt », expression que l’on lance en trinquant, é tait déjà pris, ce sera finalement « S’glàs », qui signifie « verre » en alsacien.
Si Maya a commencé son activité en récupérant des bouteilles de vin d’Alsace chez les restaurateurs, ce sont maintenant les vignerons qui lui fournissent directement des palettes. Ses verres ont la couleur des arrivages de bouteilles : vert, la plus classique, jaune « feuille morte », brun, blanc et, plus rarement, bleu. Côté format, elle produit des verres à eau et des carafes avec les bouteilles de 75 cl, des bocaux avec les bouteilles de crémant, et depuis peu, des tasses à café à base de bouteilles de bière de 33 cl fournies par des particuliers. Vertueuse, la créatrice donne une nouvelle vie à ces objets échappés de la benne et porte une attention écologique à la production : « L’eau nécessaire au travail du verre est filtrée puis réutilisée, les cols en aluminium, bouchons et étiquettes rejoignent, eux, leurs circuits respectifs de recyclage. » Dans la bouteille, tout est bon : le bas est transformé en verres tandis que le haut est décourbé et devient la matière première à de futurs vitraux.
Restaurateurs, hôteliers, mais aussi entreprises la sollicitent régulièrement pour des verres personnalisés, gravés de leur logo. Si c’est la partie art de la table qui fait vivre Maya, c’est la création de vitraux qui la fait vibrer. Son projet en cours ? une cloison pour un hôtel à Colmar. L’atelier de métal voisin conçoit la structure et elle travaille le vitrail. Les collaborations avec les autres résidents du Pôle Konzett sont nombreuses : avec Lafon atelier, elle réfléchit à des aménagements verre et bois, avec l’Atelier des curieux, elle a réalisé des luminaires à base de récup’ et produit des boutons de tiroirs pour les meubles rénovés. Enfin et pas des moindres, le robot qui coupe les bouteilles au format des verres à boissons a été conçu sur mesure par Renaud Uhl, ingénieur et gérant de E-Glue, fabricant de stickers à l’autre bout du bâtiment. Prochainement, Maya se lancera, avec les offices du tourisme de la région, dans la création d’une série de verres sablés sur mesure à l’image des paysages d’Alsace et de Lorraine. Vous avez dit local ?
sglas.fr
Où trouver S’Glàs à Strasbourg ?
Curieux 6a, quai Kellermann
Berthel 36, rue des Juifs
Le Bazar de Suzanne et Émile 115, route du Polygone
Lafon atelier
Avec leur atelier d’architecture et de menuiserie installé depuis 2023 au Pôle Konzett, Marie Schwartz et Antoine Lafon partagent ce projet professionnel et leur vie privée. Ils viennent de quitter Strasbourg pour vivre à Saverne et apprécient autant la ville qu’être « aux pieds des arbres ». Comme pour appuyer ces dires, la vue de leur atelier donne sur la forêt et sur des pins, qui font échos aux caissons et étagères en cours de fabrication dans la partie menuiserie. « On sent l’influence du Parc des Vosges du Nord, affirme Marie. Il y a de bonnes dynamiques locales », complète Antoine. Une baie vitrée sépare et rassemble la partie bureau de l’atelier de menuiserie. Chacun garde ainsi un œil sur l’autre moitié du binôme et quand ils expliquent leur projet, l’un finit les phrases de l’autre.
Une belle complicité qui ne date pas d’hier, puisque les deux se sont connus sur les bancs de l’école d’architecture de Strasbourg, en 2010. Son diplôme en poche, Antoine poursuit ses études chez les Compagnons du devoir en menuiserie avant de s’envoler, avec Marie, pour le Québec. Là, il travaille comme charpentier-menuisier tandis qu’elle rejoint un grand cabinet d’architecture. Après trois ans sur place, ils reviennent avec l’envie de produire à petite échelle et la notion de « design-build » anglo-saxonne dans la tête, soit l’ambition de proposer à la fois conception et fabrication. Lafon atelier nait douze ans après leur rencontre.
Pour produire de beaux espaces, fonctionnels et contemporains avec des matériaux de qualité et principalement locaux, ils privilégient le bois, venu d’Alsace, de Lorraine, ou encore d’Allemagne, et travaillent avec les « métaleux » voisins pour les petits éléments. Ils sont « les petits derniers arrivés ici » mais les synergies avec les autres artisans du Pôle Konzett n’ont pas tardé à se développer. Avec Fabien de l’Atelier des curieux, la brocante à deux pas de leur local, ils aimeraient remettre au goût de l’époque des plaques de marbre récupérées sur des meubles anciens.
Des projets qui les ont particulièrement animés ? L’agencement sur mesure tout en bois de pin qu’ils sont en train de finir pour le salon d’un appartement en rénovation. Et la création de mobilier pour une nouvelle librairie à Saverne, à base de meubles chinés par l’Atelier des curieux. Une manière de participer à la vie locale. Pour le couple qui aime par-dessus tout le côté concret, voir se réaliser dans l’atelier les dessins conçus en amont, la prochaine étape sera l’ouverture l’été prochain d’un showroom à côté de leur atelier. lafon-atelier.fr
Atelier des curieux
Tous les chemins mènent à l’Atelier des curieux. Il y a d’abord celui qui amène le public, nombreux, jusqu’aux portes de cette brocante située au milieu du bâtiment, chaque dimanche, et, depuis peu, durant la semaine aussi. Ses portes s’ouvrent en grand sur une riche mise en scène de meubles chinés ; vaisselles et bibelots en tout genre incitent à la flânerie. On y croise des créations d’artisans voisins, comme les verres de S’Glàs et bientôt du mobilier de Lafon atelier. Après une matinée passée dans le lieu, force est de constater que tous les résidents collaborent d’une façon ou d’une autre avec cette brocante augmentée ! « On était les premiers arrivés ici et on souhaite valoriser les entreprises du lieu, souligne Fabien Troussieux. Notre rôle, c’est d’essayer de créer des ponts. »
Fabien aime les matériaux, le bois, le métal, et est persuadé que les vieux marbres ont un avenir dans nos intérieurs. Avec L’Atelier des curieux, il promet de sauver de l’oubli des meubles sur lesquels les regards ne se posaient plus. « On propose aussi de l’aménagement d’espace et du mobilier sur mesure à partir de mobilier déconstruit. » Déconstruit ? L’entrepreneur précise : « Lorsqu’un meuble ne peut pas être vendu en l’état, ou on fait un don à une association ou on décide de le revaloriser. » D’un buffet à double corps esquinté, la fine équipe fait trois meubles design : une enfilade, un meuble télé et un secrétaire ! Le bois est décapé par aérogommage par Léo Largorceix, le plus jeune des trois associés, dans la partie de l’atelier jouxtant la boutique. Les éléments sont séparés et recomposés avec des structures de métal conçues par la métallerie d’à côté. En bonne entente avec les voisins, des chutes de stickers de l’entreprise E-Glue permettent d’ajouter des touches de couleurs sur une partie du meuble, et bientôt des boutons de porte en verre fabriqués par l’artisane de S’Glàs agrémenteront ces créations. Vertueux, le projet est né d’un constat : celui de Bruno Lagorceix, l’associé de Fabien, qui travaillait dans le vidage de maisons et ne se voyait pas jeter des meubles et objets en bon état. Il avait déjà un petit espace de stockage dans cette ancienne usine et y déposait certaines pièces rescapées. Les deux hommes, qui partageaient un intérêt pour le réemploi, se lancent dans l’aventure en 2020. Au commencement sous forme de boutique en ligne, puis dans ces lieux à partir de 2021. Les lundis et mardis, c’est jour de collecte. « Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle… J’essaye de rester dans un rayon de 200 km autour de l’atelier. C’est important qu’il y ait une cohérence, on essaye de garder le contact avec nos clients, de rester à proximité », explique Fabien. Meubles en bois, en formica, vaisselle de Sarreguemines, pichets de Betschdorf, objets curieux pour collectionneurs ou nostalgiques , le visiteur a l’embarras du choix et, en prime, les prix sont abordables. « Des habitués viennent tous les dimanches matin. Souvent le parking est plein et les gens font la queue à la caisse », se réjouit Fabien. Il nous glisse que c’est bien plus calme en semaine… On prend note ! atelierdescurieux.com
E-Glue
E-Glue, c’est l’atelier qui va faire rêver les enfants et leurs parents. Les stickers muraux pour décorer les murs, on connait. Mais les stickers format XXL, vraiment géants, c’est plus rare et c’est la spécialité de la marque alsacienne E-Glue, fondée en 2006 par un couple de designers, Marielle Baldelli et Sébastien Messerschmidt, tous deux anciens élèves des Arts décoratifs. À la disparition de Sébastien, en 2021, l’activité est suspendue un temps avant de repartir avec un nouveau binôme, le directeur artistique Emmanuel Somot et l’ingénieur et consultant en innovation Renaud Uhl, jusqu’à l’installation de l’atelier au Pôle Konzett l’année dernière.
À travers la baie vitrée de l’atelier, on aperçoit des rouleaux colorés et une grande table sur laquelle Renaud est en train de décoller des fragments d’adhésifs avec une sorte de scalpel. Le sticker ressemble encore à une grande plaque plastifiée bleue. Peu à peu le geste de l’artisan fait naître le motif… un joyeux singe qui égayera la chambre d’un bambin. « J’échenille », précise notre hôte. L’opération consiste à retirer la matière superflue pour faire apparaître le visuel. Au préalable, la forme a été découpée par un laser dans un pan de vinyle autocollant teinté dans la masse. « Cela leur donne une grande longévité aux UV, précise Renaud. Il y a 42 coloris disponibles et comme tout se fait sur commande, il est possible de composer 1 600 combinaisons de
couleur. » Les stickers sont bicolores, tous réalisés à la demande et livrés avec un kit de pose. 80 % de la production part aux États-Unis , où la marque a percé grâce à une série télé.
Le modèle le plus grand fait 1,90 m de haut et présentement, la tendance est aux dinosaures. Si c’est votre truc, ou plutôt celui de votre bambin, il y a l’embarras du choix ! Mais E-Glue fait aussi la part belle aux voitures, robots, pirates, animaux en tout genre. Leurs créations se sont fait une place dans des chambres d’enfants, mais aussi sur les murs de crèches, de cabinet de pédiatrie ou encore d’hôpitaux comme à Roubaix. L’entreprise propose un service d’aménagement d’espace pour les professionnels. Leur ligne conductrice ? « Développer l’imaginaire des enfants tout en proposant des dessins pas trop clichés. Les lignes sont épurées. » Le prochain modèle qui va faire fureur selon Renaud : un grand van aménagé avec ses trois lapins à bord. Une invitation au voyage et à la rêverie. L’atelier peut produire entre six à huit stickers par jour et songe à s’agrandir. « Il y a des chances que la suite soit sur textile », annonce Renaud. À suivre ! e-glue.fr
Renaud Uhl (atelier E-Glue)Les Métiers – Bien-être La pratique du Yoga continue de se développer à Strasbourg. Preuve d’une demande toujours plus grande : Yogamoves, déjà présent au centre-ville et à Vendenheim, a ouvert un troisième club au Neudorf pour accueillir ses nombreux adeptes et faire découvrir l’AntiGravity® aux Strasbourgeois.
Par Lisa Zimmermann / Photo Pascal BastienYogastique
Après un premier club ouvert en 2010 près de la cathédrale, puis un second à Vendenheim, depuis juillet dernier, les apprentis-yogis de Yogamoves peuvent également s’entraîner dans le nouveau centre du quartier Neudorf. « Dans notre premier club, on avait des problèmes de capacité, explique Janine Francke. Je cherchais depuis longtemps un local adapté. Il ne faut pas de poteau en plein milieu, une certaine hauteur de plafond… » La fondatrice de Yogamoves jette finalement son dévolu sur un espace à l’ancienne clinique Sainte-Odile, récemment réhabilitée, pour poursuivre l’expansion de son club devenu la référence en matière de yoga à Strasbourg et alentours.
Acrobaties en suspension
C’est par ses deux salles séparées par un mur amovible que le club du Neudorf se démarque, permettant de créer une seule et très grande salle de 160 m2. De quoi pouvoir accueillir les nombreux participants à la vingtaine d’activités proposées par le club, des plus douces aux plus intenses : Hatha, Ashtanga, Vinyasa, hot yoga, yoga pré-natal… jusqu’aux ateliers exclusifs mêlant yoga et boxe ou danse intuitive.
Avec sa belle hauteur sous plafond, la salle permet aussi d’amener l’AntiGravity® à Strasbourg, jusqu’alors réservée au club de Vendenheim. Le principe ? Dans un hamac suspendu au plafond, à la manière d’une balançoire en tissu, on réalise une série de postures aériennes en travaillant la respiration. Un yoga d’un nouveau genre pour lequel les instructrices se sont formées à New York. Elles déclinent l’activité en plusieurs cours adaptés à chacun : FUNdamentals pour apprendre les bases, Aerial pour passer au niveau supérieur, Restorative, Fit&Fun ou
encore SuspensionFitness pour bosser les abdos et le cardio. Passée la surprise de se retrouver suspendu la tête en bas (promis, c’est fun et sans danger !), l’effet relaxant est instantané et les maux de dos sont soulagés. Une nouvelle bonne manière de réduire le stress et travailler sa souplesse, désormais accessible à deux pas sans avoir à prendre la voiture.
6, rue Simonis yogamoves.fr
3 clubs
Près de 100 cours par semaine
Large éventail de cours
25 profs passionnés
Ouvert toute l'année
Oliver Fischer (surtout ne pas l’appeler Olivier, ça le fâche pour au moins une heure) est le gérant passionné de Rénov’Véranda ,
l’entreprise spécialiste de la rénovation de vérandas et de pergolas de toutes marques à Urmatt. Entretien.
Par Rolland Boehler / Photo DRValeur ajoutée
Pourquoi cette passion pour les vérandas, et depuis quand ?
D’abord, j’ai toujours aimé travailler à l’extérieur, à l’air libre. Poser des vérandas et des pergolas neuves me correspondait donc plutôt très bien, et sincèrement, je prenais beaucoup de plaisir à aménager des extensions d’espace de vie afin que les gens se rapprochent d’un cadre quotidien plus naturel.
La marque Rénov’Véranda, créée par la Fédération des Fabricants et Constructeurs de Vérandas (FFCV) a commencé sa vie en 2009, mais je l’ai rejointe il y a sept années et en ai pris en charge la propriété et le développement en 2021. Une décision que je qualifie d’heureuse et bienfaisante.
Quelles sont vos spécialités ?
Elles sont celles, très ciblées, que je partage avec toute mon équipe, la rénovation partielle ou totale des vérandas et pergolas. Nous intervenons aussi – serait-ce une des conséquences du dérèglement climatique ? – après des intempéries entraînant bien des dégâts. Et de plus en plus, nous sommes sollicités pour des travaux de rénovation ou réparation à l’accès difficile.
Demain, vous imaginez quoi pour Rénov’Véranda ?
Les gens deviennent de plus en plus écoresponsables et privilégient, me semble-t-il, la rénovation dès lors qu’elle leur apporte une source d’économies et des ressources réelles et bénéfiques de confort. Rénov’Véranda est donc plus que jamais de son temps et de celui qu’exige vraiment notre environnement.
7, rue de la Chapelle à Urmatt renovveranda.fr
100 % indépendant, 100% alsacien, 15 ans d’engagement !
Être éditeur et publier des magazines papier ambitieux, en région, aujourd’hui, c’est forcément compliqué… D’autant que la plupart d’entre eux sont gratuits. Nous n’avons pas de subventions ni de milliardaires aux manettes : notre maison d’édition est résolument indépendante.
Aidez-nous à traverser les turbulences que subit actuellement Chicmedias et son équipe qui disent zut à l’austérité ambiante et yes à la culture et la beauté.
Merci les amis !
15.12.2023
UNE COLLECTION DE HORS-SÉRIES SUR LE RACING
Un seul amour et pour toujours #4
Racing : Il était une foi
204 pages – 22€
Heures fastes, heures sombres, chemins de croix, renaissances : le Racing Club de Strasbourg, c’est une histoire qui s’écrit, se chante, se raconte, au-delà du seul ballon rond.
Une histoire de foi : celle des amoureux et amoureuses, forces vives et sportives, supporters et supportrices d’un club plus que centenaire, incarnation de l’âme, de la passion et de la ferveur populaire d’une ville et d’une région charnières dans l’Europe de l’humanisme et de la paix. NOUVEAUTÉ Sortie
Un seul amour et pour toujours #3
Racing : Bleu comme toi
Sortie : hiver 2022
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UN SEUL AMOUR
Un seul amour et pour toujours #2
Racing : une passion sans limites
Sortie : hiver 2021
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Un seul amour et pour toujours #1
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