K&+ by Zut

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79A Du premier coup de crayon à la réhabilitation : une friche industrielle métamorphosée en lieu d’activité d’architecture, d’ingénierie & de gastronomie

LA VERTU DU CIRCULAIRE

Réhabiliter et réemployer plutôt que de grignoter le paysage. Redonner vie à l’existant et réduire son empreinte carbone. Redorer le blason d’un lieu à l’abandon et rebooster un territoire. Éviter de créer de nouveaux parcs industriels… Un cercle vertueux. L’Alpha, l’Oméga, L’Alpha… Une envie d’infini.

Les équipes de K&+, dynami(x) ingénierie, KUB architecture & design et des restaurateurs ayant le goût du bon produit ont récemment pris leurs quartiers dans l’ancien siège administratif de Spiertz qui fabriquait des presses hydrauliques, au 79A rue de la Plaine des Bouchers, en une zone au charme industriel magnifié par les nombreuses bâtisses en briques de parement.

Ce projet humain et défi architectural a été initié par les associés et près d’une cinquantaine de collaborateurs de l’agence K&+ : dans leurs anciens bureaux situés non loin, la société, croissante, se sentait trop à l’étroit. Il a fallu du temps, beaucoup de patience, un sérieux sens de l’écoresponsabilité et une solide intelligence collective pour parvenir à cette réhabilitation, véritable réussite. Ce nouveau vaisseau amiral flambant neuf –sorte de maison témoin XXL et exemplaire – fait office de vitrine, de showroom du savoir-faire, de la réflexion et la philosophie propres à K&+ qui prend de l’ampleur et ses aises, passant de 400 à 1 000 m 2

Du logement collectif, essentiellement, mais aussi des bâtiments de soins, réfléchis de A (comme ambitieux) à Z (comme zen) : les complexes projets de K&+ se réalisent dans l’atmosphère pro mais décontractée de cette entreprise où « bien pensé des programmes » et « bien-être des salariés » sont des évidences.

Depuis 2006, K&+ architecture globale réunit talents divers et expertises différentes au sein d’une même agence qui célèbre une vision complète du métier, voulu comme « un processus allant de l’esquisse, du premier coup de crayon à la réalisation et la livraison du bâtiment ». L’ouvrage se trouvant entre vos mains zoome sur une équipe, pragmatique et humble, pour laquelle « l’architecture est un art, mais l’architecte n’est pas un artiste ».

Cette édition a été penséee en six chapitres qui – forcément – s’imbriquent : il se construit comme un abécédaire qui débute par le A des Archives de la bâtisse du 79A puis va picorer dans l’alphabet pour présenter la Bâtisse, révéler les phases du Chantier, dévoiler le Projet dans sa globalité. Ce catalogue / témoin fait le focus sur ceux qui vivent ce nouvel espace et leurs travaux emblématiques tout en analysant la démarche des personnes qui partagent un même lieu, une philosophie identique. Le grand A en quatrième de couverture est symbolique : ça turbine à nouveau chez Spiertz et l’aventure humaine se construit encore.

Édito par Emmanuel Dosda / rédacteur en chef Culture de Zut

E COMME ENTITÉS

1/ K&+

2/ KUB

3/ dynami(x)

1/

K&+ vision panoramique

La ville de demain / Le bien vivre / Architecture, soin & handicap / Construire mieux / Structure & réhabilitation

Nos chiffres clés

2/ Maîtres KUB Réalisations

3/ C’est d’la dynami(x) Ingénierie

B A COMME ARCHIVES D

B COMME BÂTISSE CA D

P COMME PROJET AB

Plaine de vie

K&+, de retour Plaine des Bouchers, un quartier que l’agence affectionne et auquel elle rend hommage en redonnant son cachet industriel au bâtiment de l’entreprise Spiertz, ancien fabriquant de presses hydrauliques. La nouvelle bâtisse entièrement pensée et conçue par K&+ : exemplaire quant à l’esprit qui anime l’agence et les savoir-faire qui y sont développés.

Au début de ses activités, l’agence K&+ se trouvait déjà Plaine des Bouchers, en une maison blanche non loin au coin de la rue et aujourd’hui accueillant le restaurant African Palace. En cette demeure avec terrasses, sont alors organisées des fêtes mémorables, soirées « Tout schuss » – avec billes de polystyrène, fumigènes, lumières phosphorescentes et fours à raclette – ou « Guinguette » avec balles de paille et cochon en broche. Plus assez de place pour faire la bringue ? Non, un manque cruel d’espace pour les envies et besoins de développement de l’agence qui met vite une option sur la friche Spiertz, ni trop éloignée du centre, ni dans un contexte haussmannien qui aurait dénoté avec l’esprit K&+. Daniel Gasser : « Nous voulions un lieu où l’on a envie d’aller le matin et de rester le soir ! » Et de développer : « Nous croyons en la Plaine des Bouchers ! Les industries lourdes, comme Spiertz, ont disparu au profit des artisans et grossistes, mais ce quartier va s’animer, gagner un nouveau souffle, nous en sommes convaincus » Et K&+ compte bien participer à ce nouvel élan de la Plaine.

L’agence s’est d’abord installée dans des bureaux de location, le temps de la conception d’un nouvel ouvrage à son image. L’architecte Jean-Benoît Chopart, qui a rejoint les rangs de K&+ à ce moment-là

(après les réjouissances collectives du coin de la rue, pas de bol…), est le premier à mettre le nez dans les archives de la bâtisse Spiertz en vue d’un projet de promotion (inabouti) de transition de la friche en un lieu tertiaire et multiactivité. Déjà, il a en tête de redessiner l’existant (comme sur les plans d’origine), de garder l’ossature, la charpente… Rénover plutôt que de construire. « Jean-Benoît a eu une notion des possibles de cet endroit en jachère », note Daniel. C’est donc tout naturellement qu’il s’impliquera corps et âme, Rotring et équerre à la main, dans la construction des nouveaux bureaux. À tel point qu’on le surnomme aujourd’hui « le concierge » de K&+. Maxime : « Au moment où nous avons enfin eu la possibilité de reprendre l’immeuble, nous avons défini un périmètre – pour prévoir un espace vert et un parking – avant de lancer les travaux de dépollution, désamiantage et démontage. » Nous sommes alors en 2020. Après obtention – haut la main – du permis de construire, l’équipe de K&+ retrousse ses manches, le concept en tête : « redonner son identité industrielle à cette barre un peu Bauhaus, moderniste des années 30 », selon Daniel. Avec JeanBenoît, ils évoquent des qualités de la bâtisse : ses proportions (60 m de longueur et 10 de largeur), son plan libre (qui n’est pas perturbé par des poteaux porteurs), ses

grandes fenêtres généreuses, son orientation idéale (pas de soleil cognant contre les vitres en plein Sud), un espace vert à valoriser. « C’est lorsque tu purges un bâtiment que tu le découvres vraiment », affirme Jean-Benoît. Durant le travail de diagnostic avec Denion Ymeri, l’ingénieur structure, l’agence découvre trois évolutions différentes du bâtiment. Trois couches successives. « Il y a forcément des scories, des surprises », note JB. « Il a donc d’abord fallu “fixer” le bâtiment avant d’envisager nos extensions. » Hélène Schmitt vante également le projet d’un édifice qui ne se la joue pas à réhabiliter avec considération de l’existant. « Une belle mariée n’a pas besoin d’être maquillée. Ici, l’architecture, sobre, met en évidence ses qualités volumétriques. » Celle-ci a été seulement mise en valeur par un habillage de briques en façade. Un clin d’œil à l’identité du quartier doublé d’un parfait isolant…

La surélévation, partie supérieure de la bâtisse, abrite un univers dédié au coworking et à la location de locaux. La vue est totalement dégagée au troisième étage où se trouve notamment dynami(x) ingénierie. C’est au premier niveau qu’est installé K&+, dans un environnement serein, propice au travail, avec un vaste open space rythmé par des “ cellules ” de

4 à 8 personnes cloisonnées par du mobilier sur-mesure. Il y a aussi des bureaux individuels, des salles de réunions phoniquement isolées, une bibliothèque… Sur un plateau de 600 m 2 , tous les services et différents pôles sont réunis : Conception, Économie, Réalisation, Administration, Recherche & Développement et WellBeing. Au rez-de-chaussée, une brasserie – dessinée par K&+ – gérée par deux restaurateurs strasbourgeois, les frères Cabrera. Mais aussi des salles de travail, un espace pensé pour d’agréables pauses déj’, une matériauthèque ou même une salle de boxe et autres sports pour se défouler après une journée bien chargée. À l’arrière, un poumon vert : un grand jardin aménagé (par les membres de l’agence, avec des

matériaux de récupération) permet de végétaliser un coin de ville qui manque encore cruellement de verdure, d’arbres, de plantes. Comme K&+ a le sens de la fête, de nombreuses saucisses y ont déjà grillé.

En ce nouveau lieu pensé pour et avec ses usagers (les collègues), nous remarquons notamment, au-dessus des postes de travail, d’élégants panneaux acoustiques faits en fibre de bois, ou les briques moulées main dans du sable qui habillent la façade. Et Daniel de noter le réemploi des pavés en granit qui se trouvaient sur le site et qui ont été réutilisés au sol, sur le parvis. L’art & la matière… Et bien +.

NOTRE PARTENAIRE

«

L’architecture commence lorsque vous placez deux briques soigneusement

ensemble. »
Mies van der Rohe

Le trio de choc

Emma, JB et Loïc se sont investis corps et âme dans le projet 79A

Emma Brissy : designer d’espace chez KUB, elle s’est occupée de la décoration intérieure.

Jean-Benoît Chopart : architecte DE, JB a été le premier à consulter les archives concernant le bâtiment existant.

Loïc Rousselot : chargé d’affaires MOE, il s’est occupé du suivi de chantier.

© Benoît Linder

Brasserie La Presse

La Presse, brasserie située au rez-de-chaussée du nouveau siège de l’agence K&+, est exploitée par la famille Cabrera possédant le restaurant Iberica au cœur de Strasbourg. Si son nom renvoie à l’historique du bâtiment Spiertz qui fabriquait des presses hydrauliques, l’adresse propose une cuisine chaleureuse avec une petite touche d’Espagne.

« Nous sommes des gens simples, tout comme les membres de l’agence qui sont également de bons vivants : le feeling est rapidement passé entre nous. » Alexandre et Maximilien Cabrera, gérants du restaurant Iberica au centre-ville de Strasbourg, avec leur associée Erika Garcia, n’ont pas hésité au moment d’embarquer avec K&+ à la Plaine des Bouchers. « Un quartier qui est amené à évoluer, à changer », estime Maximilien. D’autant qu’il bénéficie, avec La Presse, d’une nouvelle brasserie destinée aux salariés de l’agence d’architecture qui n’auront qu’un escalier à descendre pour se poser à table. Mais aussi à tout un chacun !

L’établissement de 200 m 2 disposera de 80 places à l’intérieur et d’une quarantaine en terrasse pour les beaux jours. L’endroit pourra également être privatisé. Quelques éléments de décoration, récupérés par Daniel Gasser dans la friche de l’usine Spiertz, qui fabriquait des presses hydrauliques, rappelleront la fonction première du bâtiment. « Nous avons envie de proposer une bonne cuisine avec une touche ibérique. Mais l’idée principale est de créer une brasserie chaleureuse avec une cuisine française et des produits faits maison car le quartier s’y prête bien », poursuit Maximilien. C’est justement à l’Iberica, restaurant de gastronomie espagnole ouvert en 2016, que la rencontre a eu lieu entre les architectes et les Cabrera. Les premiers étaient de fidèles clients tandis que les seconds se sont naturellement développés. En 2018, ils ont ainsi ouvert une épicerie fine Grand’Rue où on trouve charcuterie, vin, fromage, huile d’olive et tout ce qui fait le charme de la cuisine espagnole. En novembre dernier, ils ont agrandi leur restaurant en doublant

sa capacité - de 40 à 80 couverts - à la faveur du rachat de Natura Pressing en cessation d’activité.

Cette nouvelle aventure avec K&+ à la Plaine des Bouchers suscite une forme d’excitation chez les frères Cabrera. « On sait que nous pouvons attirer une clientèle qui fréquente déjà Iberica et qui se rendra volontiers en notre nouveau lieu » au design soigné aux allures industrielles, jaugent les deux frangins. « Ce sera même peut-être plus simple pour eux car certaines entreprises et certains de nos fournisseurs se trouvent à la Plaine. Le fait qu’il y ait toujours l’un de nous présent ici permettra aussi aux clients de s’identifier à cette adresse, de s’y reconnaître ! ».

La Presse, 79A rue de la Plaine des Bouchers, Strasbourg (ouvert le midi du lundi au vendredi et le soir, en fin de semaine)

L’Iberica, 9 rue de la Douane, Strasbourg www.iberica.restaurant

Alexandre et Maximilien Cabrera, gérants de La Presse © Christophe Urbain

C COMME CHANTIER BA

D

Questions au photographe du chantier

avec celui qui a photographié l’évolution du chantier et ainsi mis sa pierre à l’édifice

Pierre Pommereau est régulièrement sollicité par l’équipe de K&+ pour photographier ses ouvrages. De la même façon, il a suivi l’installation de l’agence dans son nouveau bâtiment.

Le crédo de l’agence K&+ est de privilégier des projets fonctionnels et tournés vers leurs utilisateurs plutôt que des fantaisies tape-à-l’œil. Comment rendre compte de cet aspect pratique par des photographies ?

Au-delà de l’aspect esthétique, la photographie d’architecture est aussi un travail informatif, d’illustration. Elle doit témoigner des intentions de l’architecte, ainsi que des contraintes du projet. Car, être architecte, c’est jouer avec les contraintes.

Le foyer d’accueil pour adultes avec autisme de Coulommiers est un exemple emblématique de l’intérêt que K&+ porte à l’usager. Dans les photos de cet établissement, nous avons mis en scène diverses positions qui témoignent concrètement ou poétiquement des changements d’humeur des résidents. Nous montrons comment l’espace y répond : amener des figurants dans le champ permet de mettre en valeur la fonction du bâtiment.

L’agence donne beaucoup d’importance à la réhabilitation de constructions existantes. Que voyez-vous, à travers votre viseur, de cette facette de K&+ dans le nouveau bâtiment qu’elle occupe ?

À ce jour, les travaux ne sont pas encore totalement terminés. J’ai pu photographier l’état du bâtiment avant que les travaux ne commencent, ainsi que durant ceux-ci. Ce bâtiment a été reconverti et on comprend, à la manière dont l’agence a voulu garder l’aspect extérieur, que celui-ci avait précédemment une fonction industrielle. La ville se construit sur la ville et c’est typiquement ce que fait K&+ avec ses bureaux.

Vous avez pris des images de l’édifice ainsi que de son intérieur quand il semblait encore être un lieu propice à l’urbex. Il était important de garder une trace de cet état du lieu ?

La volonté de l’agence était de garder la mémoire de cet état d’entre-deux : après l’usine et avant l’arrivée des bureaux. Cela correspondait encore à une autre partie de son histoire. Ces photographies permettent notamment d’apprécier les volumes, mais aussi de documenter après-coup la transformation. Quand un lieu évolue, on oublie souvent comment il était avant ! La valeur de ces photos, je ne la connais pas encore totalement, on verra dans 50 ou 100 ans... Des images considérées anodines à un moment donné peuvent dire quelque chose par après. Comme elle permet d’enregistrer une chose à un moment précis, la photographie est un parfait témoin.

Jenet

démolition

Démolition, purge, désamiantage, dépollution

Heinrich Schmid

Peinture intérieure, cloisons mobiles

AC L COMME LIVRÉ

B

NOTRE PARTENAIRE
K

AC E COMME ENTITÉS

B

K&+ VISION PANORAMIQUE

LA VILLE DE DEMAIN

LE BIEN VIVRE

ARCHITECTURE, SOIN & HANDICAP

CONSTRUIRE MIEUX

STRUCTURE & RÉHABILITATION

NOS CHIFFRES CLÉS

K&+ vision panoramique

Entretien

Depuis 2006, K&+ architecture globale réunit talents divers et expertises différentes au sein d’une même agence qui célèbre une vision complète du métier, voulu comme « un processus allant de l’esquisse, du premier coup de crayon à la réalisation et la livraison du bâtiment ».

À l’occasion du récent déménagement de K&+, zoomons sur une équipe nous confiant en chœur, avec pragmatisme et humilité, que « l’architecture est un art, mais l’architecte n’est pas un artiste ».

L’Homme au centre

Depuis sa création en 2006, dans tous ses projets, l’humain est placé au cœur de la démarche de K&+. C’est écrit dans le marbre déontologique de l’agence : « Notre architecture s’adapte aux besoins de ses usagers et non l’inverse. » Nous pouvons citer l’ensemble de logements collectifs et le parking silo dans le nouveau quartier Starlette du Port du Rhin, les logements collectifs en autopromotion au Hohwald ou le Foyer d’accueil médicalisé pour adultes avec autisme à Coulommiers. Ce dernier, indique Daniel Gasser, très sensible aux questions liées aux structures de ce type, « propose plusieurs configurations permettant à chacun de se sentir à son aise : des espaces de repli qui offrent la possibilité de s’isoler mais aussi des secteurs de rassemblement favorisant la sociabilisation. » L’Homme est central et les solutions apportées par K&+ reposent toujours sur les solides fondations des valeurs de l’agence : « l’ouverture et la curiosité, la pertinence dans les réponses tenant compte des contraintes et du budget, ainsi que la responsabilité vis-à-vis de la société dans laquelle nous évoluons », avec un regard tourné vers l’avenir. Daniel insiste sur ce dernier point : « Nous laissons une trace dans la ville et devons garder ce paramètre à l’esprit ! »

Rester humble

« Nous ne faisons pas de l’architecture “ d’image ” », insiste Maxime Khalili, architecte associé et gérant principal, fortement allergique au tape-àl’œil et au m’as-tu-vu. « Il faut aimer les gens pour faire notre métier et se mettre à leur place. Souvent, je dis à mes collaborateurs : Dessine comme pour toi et imagine habiter dans les bâtiments que tu conçois ». Autre crédo : « Mettre son orgueil de côté pour inscrire la nature dans les projets de logements. Le vide est aussi important que le plein et nous avons trop tendance à l’oublier. » Sa complice et compagne, Hélène Schmitt, architecte associée, responsable du pôle Logement, vante également les mérites des constructions qui ne se la jouent pas, à l’image du 79A, rue de la Plaine des Bouchers réhabilité avec considération de l’existant. « Une belle mariée n’a pas besoin d’être maquillée », lance Hélène. « Ici, l’architecture, sobre, met en évidence ses qualités volumétriques. » Michaël Osswald, architecte associé, acquiesce, tout en insistant sur « la matière » qui le passionne, par exemple de l’isolant en laine de chanvre ou encore l’argile de la briqueterie Lanter d’Hochfelden. « La terre cuite apporte beaucoup de confort, de fraîcheur et régule parfaitement l’hygrométrie. »

En ce nouveau lieu, nous remarquons notamment, au-dessus des postes de travail, d’élégants panneaux acoustiques faits en fibre de bois, ou les briques moulées main dans du sable qui habillent la façade. Michaël souligne le « réemploi des pavés en granit qui se trouvaient dans la friche et qui ont été réutilisés au sol, sur le parvis ».

La variété de profils croisés dans les couloirs et espaces de l’agence nous interpelle. Nous finissons notre visite en échangeant avec Thomas Fernandes, responsable du pôle Économie et cogérant de K&+. Son job ? « Gérer le plus finement possible l’enveloppe allouée à une construction – en entrant dans des réflexions d’ordre technique et économique – pour ne pas que ça parte en cacahuète ! » La vision panoramique de l’agence permet d’imaginer des logements collectifs ou équipements médicaux respectueux des habitants et de l’environnement tout en faisant les « meilleurs choix constructifs ». Et éviter que tout ça ne finisse en éclats d’arachides !

Nos principaux axes de réflexion :

• Comment repenser l’existant pour limiter l’étalement urbain ?

• Comment favoriser l’individualisation des logements ?

• Comment favoriser le « vivre ensemble » et la convivialité tout en préservant l’intimité de chacun ?

• Comment concilier optimisation constructible et qualité de vie ?

• Comment comprendre et décrypter les modes de vie actuels pour mieux anticiper ceux de demain ?

• Comment réduire notre impact écologique ?

• Comment tenir compte des phénomènes naturels, notamment des changements climatiques, et les intégrer à nos constructions ?

« Les évolutions démographiques à venir nécessitent de densifier la ville. Seulement, il faut le faire de façon heureuse. »

« La ville de demain »

Maxime Khalili et Daniel Gasser évoquent les contours de la ville du futur, guidés par des contraintes écologiques autant que de bien-vivre.

Exemple avec leur projet Archipel, implanté dans le quartier du Wacken.

Maxime Khalili : On peut concevoir l’architecture comme un zoom qui part du territoire pour aller jusqu’au logement et ses cellules. Penser la ville requiert de la programmation et c’est pour cela que nous réfléchissons beaucoup en termes sociologiques. Il faut d’abord regarder comment fonctionne une ville en observant ses habitantes et habitants. Le rapport entre la forme urbaine, les espaces publics et les personnes occupant les logements est ce qu’on appelle l’urbanité. C’est un puzzle qu’il faut rendre fonctionnel en agençant au mieux ses différentes pièces.

Daniel Gasser : La ville est aujourd’hui en mutation : en tant qu’architectes on cherche à savoir ce qu’elle sera demain. Par exemple, il faut éviter l’étalement urbain pour contrer la raréfaction des sols. À l’avenir, on ne pourra plus agrandir nos villes sur des espaces agricoles ou naturels. Comme le préconise la démarche ZAN (Zéro Artificialisation Nette), il faut avant tout essayer de remplir les vides et les friches plutôt que d’élargir le territoire urbain.

MK : Cependant, on se heurte parfois au monde politique. Certains maires n’ouvrent pas de terrains à la construction dans leur ville ou acceptent difficilement de laisser bâtir en hauteur. À l’inverse, un de nos mantras est de se servir des bâtiments existants tout en les densifiant, ce qui signifie surtout les agrandir par le haut. Les évolutions démographiques à venir

nécessitent de densifier la ville. Seulement, il faut le faire de façon heureuse. C’est le cas des logements du projet Archipel, où la tour est entourée d’un grand parc. Les résidentes et résidents ont une vue extraordinaire et la possibilité de profiter des espaces végétalisés en bas de chez eux. Les tours ont mauvaise presse dans l’imaginaire collectif français à cause de leur association aux barres d’immeubles HLM et au mal-vivre. De plus, il est difficile de vanter les bienfaits de la verticalité dans un territoire de patrimoine, qui devient de fait très codifié. Par exemple, à Strasbourg, la hauteur est limitée à 50 mètres pour que la cathédrale reste le point culminant de la ville.

DG : Il y a des confrontations entre les enjeux des territoires et ceux de la société. La ville de demain doit se réinventer au croisement de ces derniers. La hauteur est le moyen le plus efficace pour créer de la densité et libérer le sol. Mais, la ville a aussi besoin d’îlots de fraîcheur, car si elle est trop minérale, elle devient aussi plus chaude. Avec le projet Archipel, il fallait arbitrer avec ces deux idées en tête. L’apport du végétal y était particulièrement important et nous avons vraiment travaillé l’intégration du paysage en conséquence. Nous avons collaboré avec de très bons partenaires extérieurs, notamment Acte2paysage pour les espaces verts. L’idée était de faire un vaste parc qui permettrait de se réapproprier les rives. Dans cette partie du Wacken, se trouve le croisement

de l’Aar et du canal de la Marne au Rhin, ce qui donnait un potentiel splendide au lieu. Un autre thème qui concerne nos villes est la mixité d’usages. Archipel en est encore une fois un exemple car le projet comprend à la fois des logements et des bureaux. Si les gens peuvent se loger, travailler, consommer et se détendre dans un même quartier, cela améliore ou évite les mobilités. Segmenter les quartiers selon les usages (quartier résidentiel, d’affaires, commercial…) ne doit plus se faire à l’avenir, surtout s’ils sont séparés par de grandes distances. En ce moment, il y a des réflexions sur la notion de smart city (ville intelligente) qui représente le futur des villes. La ville est comme un organisme et si on l’étudie à la fois sous l’angle de l’économie, de la mobilité, des usages, de l’environnement et de l’urbanisme, on peut utiliser la technologie pour améliorer et interconnecter tous ces thèmes. En tant qu’architectes et / ou urbanistes, nous sommes acteurs de la ville, mais nous ne pouvons pas créer des règles comme le peuvent les politiques. La ville de demain doit se réinventer à la fois au regard des traces du passé et des projections du futur. Elle doit aussi être pensée selon les usages et les mobilités des individus tout en tenant compte des contraintes environnementales.

Dialogue entre Maxime Khalili et Daniel Gasser

UN ÎLOT DE FRAÎCHEUR

Création de 129 logements et 252 places de stationnement

Archipel 2, quartier Wacken, à Strasbourg (67)

 ÉTUDES EN COURS

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), HN Ingénierie (structure), Illios (fluides), Acte 2 Paysage (paysagiste)

MISSION — Partielle MAÎTRE D’OUVRAGE — Habitation Moderne, Spiral SURFACES — 8 115 m2 SHAB

© Stéphane Castets

Maxime Khalili : construire pour l’humain, en vert et pour tous

Fer de lance de l’architecture écologiste et sociale, le gérant principal de K&+, Maxime Khalili, a choisi de prôner un art clair, entièrement dirigé vers l’humain et un avenir écoresponsable.

« Le logement de tous les jours, moi, il me plaît bien. » L’extravagance n’a jamais vraiment été son truc. Car pour Maxime Khalili, il y a de la beauté dans les logements les plus simples, dès lors qu’ils sont « bien foutus » et surtout qu’il y fait bon vivre. Pour tous, sans exception. Pas de fioritures donc, mais de la passion à la pelle : une passion pour la conception et l’architecture évidemment, mais aussi, et surtout, pour l’humain. « Pour faire de l’archi, il faut aimer les gens » déclare d’entrée de jeu le gérant principal de K&+ lorsqu’on lui demande d’évoquer son métier. Une idée dont il a d’ailleurs fait l’un des fils conducteurs de son entreprise : construire pour l’humain et pour son avenir. C’est sûr, entre cohérence urbaine et approche environnementale, les ambitions de K&+ sont bien différentes de la simple rentabilité : Maxime en est d’ailleurs la plus belle incarnation.

Souriant, énergique et chaleureux, l’architecte d’origine iranienne tire de son parcours inhabituel une rigueur et une détermination à toute épreuve. Arrivé en France vers l’âge de dix ans, le jeune homme n’avait d’abord aucune affinité avec le cadre scolaire. Ce qui le faisait vibrer, lui, c’était le dessin, et plus tard, la culture, qu’il découvrira en suivant un Deug en Histoire de l’Art. Mais il ne s’y trompe pas :

dès sa première année en école d’archi –rattrapée juste après le Deug – Maxime comprend que ce métier est fait pour lui. Il y découvre l’art « d’organiser », de « faire des plans », et finalement de « laisser une trace durable ». Ses premières expériences de chantier, au début des années 2000, puis son engagement dans la construction de logements sociaux pour le projet de la Cité des Aviateurs à Strasbourg, le rendent sensible à une architecture sociale et efficace, faite avant tout pour loger et servir ceux qui en ont besoin.

Maxime Khalili est formel : « Nous ne sommes pas des architectes d’image ». Au contraire, la philosophie de K&+ est de donner à tous l’envie d’habiter un bâtiment grâce à l’ergonomie, l’harmonie et l’univers social qu’il implique. Avec un fondement simple comme bonjour et solide comme la roche : un travail sera réussi seulement s’il a été d’abord réfléchi pour ses futurs habitants. « Il s’agit avant tout de cultiver la relation avec et entre les gens. Créer pour les autres, pas pour nous ». Mettre l’humain au centre de la fabrication, de la réflexion et de la construction… Le tout en prenant également en compte la portée écoresponsable des différents logements. Depuis toujours « attentif à la façon dont l’humain mangeait la forêt, délogeait les

animaux », Maxime Khalili reste en effet persuadé qu’il faut « contenir la ville dans la ville ». Il prône ainsi avec ferveur le réemploi sous toutes ses formes, comme ce fut le cas par exemple pour le projet Reverso (rue du Schnokeloch à Strasbourg), avec la réaffectation d’un ancien bâtiment de Pôle Emploi en logements collectifs et en maisons individuelles.

Son objectif ? Rester en accord avec ses valeurs, continuer à s’investir dans l’architecture épurée, « respectueuse et intelligente ». Il conclut : « Finalement, l’architecture, je l’ai plus apprise avec des sociologues qu’avec des architectes. »

Portrait
© Benoît Linder

STARLETTE 4

Création de 81 logements, commerce et parking silo de 496 places à Strasbourg (67)

 RÉALISATION EN COURS

ÉQUIPE — Eiffage Construction (mandataire), K&+ (architecte logements), LABA (architecte parking), Acte 2 Paysage (paysagiste), Capem (structure), Illios (fluides)

MISSIONS — Conception, DET

MAÎTRE D’OUVRAGE — Opidia, Ophéa, SPL Deux Rives

SURFACE — 5 329 m2 SHAB

« Le bien vivre »

Dialogue entre Maxime Khalili & Hélène Schmitt

Maxime Khalili, un des gérants de K&+, évoque avec Hélène Schmitt, responsable du Pôle Logement, les conditions à réunir pour créer du bien-être dans la cellule de vie, mais également plus largement dans le bâtiment et le quartier où il s’inscrit.

Hélène Schmitt : Chez K&+, notre démarche consiste à remettre en question la conception du logement, toujours dans l’objectif du bien-vivre de l’habitant. La question de ce qui fait un beau logement revient en permanence. La réponse se trouve dans la lumière, la spatialité ou encore la surface. Pour les jeunes générations qui ont une forte propension à bouger, l’attachement à un travail – et donc à un lieu – n’est plus si essentiel qu’auparavant. Acheter un bien, y rester 30 ans ? Je ne suis plus sûre que ce soit encore d’actualité…

Maxime Khalili : On habite un logement comme on habite une société. En tant qu’architectes, nous répondons constamment aux besoins des gens quant à leur mode d’habiter. Celui-ci n’évolue pas rapidement car le temps de la ville est long. Les préoccupations des personnes entre 20 et 30 ans ne se trouvent ni dans le patrimoine à accumuler, ni dans l’argent à gagner et épargner, mais plutôt dans le bien-être, la santé. On vit une rupture culturelle car le temps passé au travail ne prime plus sur tous les autres. En parallèle, les logements deviennent plus petits pour des raisons économiques.

HS : Nous travaillons au m² près car nous savons que les gens ne pourront pas acheter plus grand !

MK : Descendre le prix de la construction est très compliqué. Aujourd’hui, nous avons perdu entre 10 et 15 % de la surface des logements d’il y a 30 ans. Cela laisse très peu de marge de manœuvre quant à la conception. Mais la société s’adapte à ces transformations comme les architectes s’adaptent à elle. Par exemple, les usages de la cuisine ont changé : de nos jours, elle se confond avec le séjour, ce qui peut permettre d’économiser de l’espace. Et quand on veut organiser une fête, on le fera au restaurant plutôt que dans sa salle à manger ! Les modes de vie ont évolué depuis le temps où nos grands-parents avaient de grands espaces qu’ils n’utilisaient qu’occasionnellement, lors des fêtes de famille notamment. Aujourd’hui, le logement doit être fonctionnel et pragmatique.

HS : Si l’on n’a pas une grande liberté de conception quand on travaille sur des petits logements, ce sont alors les espaces de transition entre l’extérieur et l’intérieur, entre public et privé, qui deviennent très importants. Le bien-être passe par le bon agencement de son appartement, mais aussi par celui des espaces communs.

MK :  Notre agence a tendance à réfléchir énormément sur les espaces extérieurs, en lien avec la ville. Pour atteindre un bienêtre général, il faut chercher à savoir comment relier la ville à la cellule familiale. Cela ne coûte pas forcément très cher de créer les situations où les gens peuvent se rencontrer et tisser du lien social. Par exemple, une cage d’escalier éclairée par la lumière naturelle ou une buanderie commune sont propices à des temps d’échanges, de paroles. L’architecture globale que nous défendons se retrouve aussi dans l’urbanisme. Bien vivre se joue évidemment à l’échelle du quartier ! De plus, afin de répondre à des enjeux écologiques, nous pensons qu’il y a nécessité de densifier la ville, de ralentir l’étalement urbain. Dans une ville dense, il convient de penser en termes de quartier et non plus de parcelles, notamment concernant la végétalisation. Notre responsabilité est d’avoir un regard sur la rue et d’affirmer que l’espace public doit aussi offrir une certaine qualité de vie. La compréhension de notre métier s’est faite avec l’aide des sociologues. Pierre Bourdieu nous prévenait que la confusion entre proximité et mixité sociale engendrait le conflit. Placer les logements selon le profil de leurs futurs habitants est un véritable travail savant.

HS : En parallèle, prôner la mixité ne fonctionne que si les services publics suivent le mouvement. Dans certains quartiers, il arrive que les parents qui s’y installent boudent les écoles de proximité car leur réputation est difficile. Pour qu’il y ait un brassage social, il faut que les bons aménagements soient présents. Les citoyens doivent être incités à participer à la vie sociale du quartier.

MK : Cette société est complexe et en perpétuel changement comme le montre l’exemple des grands ensembles. À l’époque de leur construction, ils représentaient une forme de progrès social, à la fois dans le confort des appartements et la mixité permise. Les rencontres effectuées en bas des bâtiments ont progressivement diminué avec la fermeture des commerces ou la suppression du mobilier urbain. Notre métier d’architecte est un Rubik’s cube : pour résoudre le casse-tête, il faut le tourner dans tous les sens. Aucun prototype ne se ressemble, mais l’expérience de l’un sert à l’autre.

HS : Le contexte pose les bases des projets que l’on conçoit et c’est en cela que notre architecture est contextuelle !

« Bien vivre se joue évidemment à l’échelle du quartier ! »

ROUTE DE L’HÔPITAL

Création de 11 logements collectifs & 1 espace d’activité à Strasbourg (67)

 LIVRAISON 2023

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), Illios (fluides), Besb (structure)

MISSION — Conception

MAÎTRE D’OUVRAGE — Nexxt-Immo

SURFACES — 750 m2 SP

© Benoît Linder

Hélène Schmitt : un pour tous, tous sereins

« L’architecture comme moyen de réinventer notre cadre de vie. »

Architecte DPLG associée à K&+ et responsable du pôle logements de l’entreprise, Hélène Schmitt met depuis toujours son énergie et sa sensibilité artistique à la création de bâtiments collectifs ambitieux et écoresponsables. Le tout avec un indéniable esprit de groupe.

Ce furent d’abord l’urbanisme et le patrimoine qui dirigèrent Hélène Schmitt vers des études d’Histoire de l’art à Nancy. Une certaine appétence pour les techniques des matériaux, aussi. « Mais je n’étais pas assez passionnée pour m’occuper que de vieilles pierres », raconte-elle, « il fallait que je construise aussi ! » D’où son changement de cap direction l’architecture… Mais pas n’importe laquelle : celle qui place l’humain au centre du sujet constructif. « J’ai très vite souhaité me diriger vers le logement collectif : je voulais travailler avec les professionnels et non directement avec les particuliers. » Aussi parce que la conception de collectifs est « un exercice complètement différent. Pour les habitations individuelles, l’exercice n’est pas tout à fait le même, on rentre dans la vie de chacun… Et il faut avouer que je ne suis pas toujours la plus patiente ! Alors qu’avec Maxime (Khalili), on est sur la même longueur d’ondes. » Et ce malgré les égos « très costauds » de ces deux partenaires, au travail comme à la ville.

Aujourd’hui, l’objectif principal d’Hélène Schmitt, c’est la sobriété fonctionnelle, l’un des points d’orgue de K&+. D’autant que pour elle, l’esthétique d’un bâtiment ne réside pas dans ses parements : « Il doit être beau avant même que l’on ne lui mette une couche de peinture colorée. » En cela, elle se sent proche de la philosophie de Le Corbusier - ce qui se décèle d’ailleurs dans l’ergonomie de ses logements et l’importance primordiale qu’elle porte aux conditions de vie saines pour les habitants. C’est pourquoi, malgré les normes techniques sans cesse plus strictes et contraignantes, Hélène Schmitt est résolue à pousser les architectes de K&+ à se « dépasser et chercher la juste réponse » aux nouvelles problématiques actuelles du logement et de l’urbanisme. Car là encore, c’est l’humain en tant que membre d’un collectif qui lui permet de se projeter d’un concept innovant à l’autre. « Ici, on se comprend. Parfois il m’arrive de corriger un plan, de faire une remarque bien spécifique à un architecte… Et que Maxime passe juste après moi, et lui fait la même remarque ! » C’est ce que l’on appelle un vrai travail d’équipe.

L’un des projets dont elle est particulièrement fière, c’est sans doute le projet EKO2 , développé dans le cadre d’un plan de renouvellement urbain à la Meinau pour un concours d’architecture il y a quelques années. Un bâtiment désormais labellisé BBCA (bâtiment bas carbone) qui fait figure de pionnier à Strasbourg. « Même si contrairement à Michaël (Osswald), je ne suis pas toujours une adepte du bois » confie Hélène Schmitt en riant. Mais, après tout, un désaccord n’est pas forcément une mauvaise chose… Parce qu’au fond, c’est aussi ça K&+ : une équipe diversifiée mais soudée au service d’une architecture humaine, atypique et écoresponsable.

 LIVRAISON 2022

ÉQUIPE K&+ (architecte mandataire), HN Ingénierie (structure), Illios (fluides)

MISSION — Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE — Alcys

SURFACES 1 768 m² SP

LES HIRONDELLES

Création de 24 logements à Lingolsheim (67)

EKO²

Création de 66 logements labellisés BBCA, quartier de la Meinau à Strasbourg (67)

 LIVRAISON 2019

ÉQUIPE K&+ (architecte mandataire), HN Ingénierie (structure), Illios (fluides), Françoise Maire (paysagiste)

MISSION Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE Alcys

SURFACES 4 737 m² SP, 4 247 m² SHAB, 162 m² SU

 TROPHÉE FIMBACTE Catégorie « Mode d’habitat » (2020)

 PRIX RÉGIONAL DE LA CONSTRUCTION BOIS Catégorie logements collectifs ou groupés, décerné par Fibois en 2020

© Benoît Linder

Pierre Manus : construction, imbrication

Arrivé dans l’agence en 2009 pour effectuer un stage de six mois, Pierre Manus ne l’a plus jamais quittée. Désormais architecte DE associé, il collabore avec Hélène Schmitt à l’élaboration des projets au sein du pôle logement, « du trait de conception, aux détails de construction jusqu’à la livraison des bâtiments ».

Il l’avoue sans complexe : Pierre Manus n’a jamais vraiment été très doué en dessin. D’ailleurs, s’il a redoublé sa première année d’école d’archi à Strasbourg, c’est bien à cause de ça. « Je n’étais pas un très bon élève à l’école, mais ça ne m’a pas empêché de réussir ! » Et pour preuve : il est encore étudiant quand il commence à travailler avec Maxime Khalili, tout en finissant ses études en parallèle de cette première collaboration. « Maxime m’a appris la réalité du métier, de la construction et notamment tous les aspects de la règlementation… Parce qu’en réalité, c’est en travaillant sur le terrain que l’on apprend vraiment. » S’il pointe le manque de pratique durant les études, il ne regrette pas pour autant d’être passé par la case ’école d’architecture’, « c’est quand même important pour connaître la gestion des proportions, l’appréhension des espaces et pouvoir exprimer pleinement sa pensée et vision de l’architecture… » A l’époque, K&+ portait un autre nom, Atelier K, et était une petite agence de quatre personnes. « Maintenant nous sommes plus de 40 ! » s’exclame-t-il, souriant.

Le quotidien de Pierre Manus ? Imaginer des logements de tous types, aussi bien des petits collectifs d’une dizaine d’habitations, que des ensembles de bâtiments d’une centaine de logements. Son crédo ? « Densifier intelligemment », en respectant

la part de végétal . « Ça me fait mal au cœur de devoir couper un arbre centenaire. Ce qui me plaît, en revanche c’est d’offrir un cadre de vie qualitatif et répondant aux besoins et aux attentes des gens. La meilleure récompense, c’est quand les habitants te disent qu’ils sont bien dedans. » Sa doctrine ? c’est faire en sorte que tout le monde vive bien dans un logement de qualité, logement qui va lui-même parfaitement s’intégrer au paysage qui l’entoure. « On se doit de concevoir des bâtiments harmonieux entre eux, qui ne se gênent pas les uns les autres, notamment au niveau de la lumière. » Eko², à la Meinau, est l’exemple parfait pour illustrer ses propos. Sur un même îlot, Pierre Manus et son équipe ont imaginé bâtiments collectifs, logements intermédiaires et maisons individuelles en bande, le tout articulé autour d’un cœur vert, un jardin partagé. « Nous tenons toujours à garder une part importante de végétal, à conserver au maximum les végétations déjà existantes. On se posait moins de questions à ce sujet quand j’ai commencé le boulot. Il était temps que les mentalités changent. » De la même manière, l’équipe a joué avec la proximité entre Eko² et le parc Schulmeister, avec l’ajout de différents percements pour lier les espaces et participer à une « intégration urbaine ».

L’aspect que Pierre Manus apprécie particulièrement dans son métier est « le côté technique, les détails, les assemblages… Les innovations dans la construction me fascinent. Et puis cela permet de se renouveler, de changer. » Pour rester à la pointe et éviter les ronrons de la routine quotidienne, « les mécanismes, les répétitions », il continue chaque jour de développer cet attrait pour concilier nouveautés et réalités environnementales, notamment en poursuivant un constant dialogue avec les entreprises « J’ai toujours eu ce goût du technique, mais développer le métier a attisé ma curiosité : je voulais savoir comment tout fonctionne ensemble. Tout s’imbrique. »

GRAND ANGLE

Création de 136 logements & activités à Strasbourg (67)

 LIVRAISON 2014

ÉQUIPE — K&+, REY LUCQUET et associés (architecte mandataire), HN Ingénierie (structure), Solares Bauen (BET fluides) MISSIONS Conception & réalisation en co-traitance

MAÎTRE D’OUVRAGE — 3B

SURFACES 9 917 m2 SP (total), 6 249 m2 SHAB (collectif), 938 m2 SHAB (intermédiaire), 1 200 m2 SU (bureaux)

« Architecture, soin & handicap »

L’architecture d’un bâtiment doit faire sens pour les personnes qui l’habitent, et d’autant plus quand elles ont des besoins particuliers.

Daniel Gasser partage l’expérience de la conception d’un foyer d’accueil médicalisé, primé pour la démarche menée et sa qualité architecturale.

Notre métier d’architecte consiste à répondre à des besoins différents selon les programmes. On peut raisonner de deux façons différentes : choisir de faire une architecture instagrammable sans trop réfléchir à comment les gens vont l’habiter ou alors on peut s’intéresser aux usages qui seront faits du bâtiment. Chez K&+, nous choisissons cette seconde option.

Dans certains projets, nous devons concevoir le bâtiment pour des usagers fragiles. Ce terme désigne les personnes d’un grand âge ou celles qui présentent un handicap (physique, sensoriel, mental, cognitif ou encore psychique). Pour répondre au mieux à leurs besoins, il faut accueillir ces personnes dans des lieux spécifiques. Avant tout, le bâtiment doit respecter toute une série de normes que nous devons adapter aux caractéristiques de ces publics. Je vais citer en particulier le cas des personnes atteintes d’autisme, car nous avons conçu une unité de vie à Coulommiers à la demande d’une association. Cette réalisation a été récompensée par le Prix du Projet Citoyen organisé par l’Union des Architectes (Unsfa). Nous avons effectué des recherches et nous nous sommes formés aux problématiques liées à l’autisme avant de penser l’architecture. Une psychologue spécialisée dans les troubles du spectre autistique était présente pour nous conseiller tout au long du travail. J’ai découvert que les personnes atteintes d’autisme avaient une autre relation à leur sensorialité. Certains de leurs sens sont exacerbés et c’est pour cela que des éléments a priori anodins doivent être repensés selon leur point de vue. Les bruits

parasites, la lumière trop vive d’un spot ou d’un rayon de soleil, les reflets sur un matériau brillant ou encore le motif des sols sont des détails qui peuvent vraiment les déranger. Notre objectif était de construire un bâtiment apaisant et ce n’est possible que lorsqu’on comprend les patients. C’est à partir de là que l’on peut aller plus loin dans l’architecture.

Aujourd’hui, les foyers d’accueil spécialisés sont beaucoup plus accueillants qu’ils ne pouvaient l’être avant et c’est pour le mieux. Les gens y vivent parfois longtemps et il faut qu’ils y soient à l’aise. Notre concept était de créer un esprit village, avec des maisonnées reliées entre elles par des couloirs. Les espaces de soin et de résidence communiquent en étant tout de même délimités. Dans les parties communes, des espaces de retrait ont été pensés pour les personnes qui en ressentiraient le besoin dans la journée. Ils prennent la forme d’alcôves dans le mur ou d’une pièce de relaxation. Il fallait aussi prendre en compte la question de la sécurité pour éviter qu’ils ne se blessent ou se mettent en danger. Des choix ont été effectués en ce sens : un chauffage au sol plutôt que des radiateurs muraux, un placement ingénieux des éléments qui pourraient devenir contondants – comme les extincteurs – ou le remplacement des miroirs en verre par d’autres en plexiglas. Ces accommodements se font toujours dans le respect de la dignité des personnes. De la même façon, le bâtiment devait pouvoir éviter que les résidents ne sortent sans être supervisés. Il a donc fallu revoir le

système de sécurité des sorties de secours tout en aménageant des jardins à l’intérieur même de l’architecture.

Dans la réflexion menée autour de ce projet, nous avons évidemment travaillé pour le bien-être des résidents, mais aussi pour celui des personnes qui les entourent. Le personnel est très sollicité dans son travail et il fallait aménager des espaces de repos assez éloignés des unités. Le foyer doit être confortable, ergonomique et facile à vivre pour tout le monde, y compris pour les membres de l’équipe. Enfin, le bâtiment doit aussi être à la hauteur pour que les familles des résidents et résidentes soient satisfaites de l’institut où se trouvent leurs proches.

Quand on travaille sur des projets à destination de publics fragiles, il faut créer le bâtiment le plus adapté possible, même si des ajustements devront être faits à l’arrivée des résidents. Il n’existe pas de recette miracle que l’on peut calquer sur les nouveaux projets du même type. Cependant, chaque expérience peut se décliner à l’avenir, tout en s’adaptant aux spécificités d’autres publics.

« Le Foyer d’accueil médicalisé de Coulommiers, réalisé par K&+ pour l’association AEDE, a été récompensé en 2021 par le Prix du Projet Citoyen. »

FOYER D’ACCUEIL MÉDICALISÉ

Création d’un foyer d’accueil médicalisé de 40 places pour adultes atteints de troubles du spectre autistique à Coulommiers (77)

 LIVRAISON 2020

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), CTE (structure), Illios (fluides), Acte 2 Paysage (paysagiste)

MISSION — Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE — AEDE

SURFACE — 3 902 m2 SP

 PRIX — Lauréat du Prix du Projet citoyen 2021 (décerné par l’UNSFA)

Daniel Gasser, un dessin tout tracé

À l’âge de sept ans, Daniel Gasser se prend de passion pour la construction suite à de simples travaux entrepris dans la maison parentale. Pas de doute possible : plus grand, il sera architecte, sinon rien. Un destin tracé !

« Petit, je savais déjà ce que je voulais faire dans la vie », affirme celui qui entre au Lycée du bâtiment d’Illkirch-Graffenstaden, pour un BEP dessinateur topographe, où il prend sa revanche sur quelques années scolaires un tantinet compliquées. Stylo Rotring, équerre et règle à la main, il excelle. Dessin, conception, réalisation de projets… : il empoche ensuite un Brevet de technicien – obtenu haut la main – et entre, « hyper motivé, avec un sacré bagage », à l’École d’architecture de Strasbourg. Daniel se souvient de sept années passées comme une lettre à la poste. Il évolue vite, apprend bien (notamment dans le domaine de l’informatique), sa curiosité et sa soif de savoir le menant jusqu’en Californie pour un dernier stage XXL : « Tout y est immense », se rappelle-t-il amusé, « les 4X4 ont la taille d’un semi-remorque » ! Ceci dit, Daniel a des ambitions à échelle nettement plus humaine. À son retour en terre strasbourgeoise, il travaille dans différentes agences comme l’Atelier d’architecture Rey-Lucquet ou auprès de Patrick Schweitzer, dans l’agence S&AA, qui lui confie très vite un projet d’envergure : imaginer les contours de l’externat du Lycée agricole et forestier de Mirecourt, en ossature bois pour dialoguer avec la fonction du lieu. Le coup de crayon de Daniel est gagnant : il remporte le concours et

gère le projet « de A à Z, de la réalisation à la livraison ». De A (comme ambitieux) à Z (comme zen) : déjà, les fondations de la future agence K&+ sont posées. « Ce passage chez S&AA et la confiance sans faille qui m’a été faite furent formateurs : c’est une très bonne école que celle de la liberté, de l’autonomie. » Le jeune homme, peu de temps plus tard, se retrouve numéro 2 de la société ! Nous sommes en 2008. La crise frappe le monde économique de plein fouet. Daniel se souvient très bien : « Ça a été formateur d’être jeté ainsi dans le bouillon »… de culture(s) qui ne cesse de passionner cet enthousiaste, prêt à relever tous les défis.

L’humain placé au cœur de la démarche de K&+

En 2006, Hélène Schmitt et Maxime Khalili lancent l’atelier K. Ils sont rejoints par Daniel, en 2012, et lancent K&+ architecture globale en compagnie de Thomas Fernandes qui fait alors partie de l’aventure. Leur principe : « Combiner des profils différents et faire que l’architecture ne soit plus un exercice solo et qu’elle s’adapte, de manière complémentaire, aux besoins de ses usagers et non l’inverse. » K&+ mêle les compétences et la pluridisciplinarité. À ses associés, spécialisés dans le logement, et lui, qui affectionne l’urbanisme

et les équipements publics, se joignent Thomas Fernandes, « le pro du chiffrage », économiste de la construction et ingénieur du bâtiment, ainsi que des conducteurs de travaux et de chantiers… « Notre profession ne sera pérenne que si nous menons l’aventure ensemble. L’aspect créatif ne doit pas être l’axe principal : il faut tenir compte du contexte urbanistique, des coûts, des délais, des normes de sécurité… Un seul cerveau ne suffit pas ! » Bien sûr, le parcours de Daniel, n’a pas été qu’un long fleuve tranquille. Dans ce métier, sans doute plus qu’ailleurs, la remise en question et la faculté d’ajustement en fonction des obligations contemporaines, des évolutions techniques et des nécessités sociétales sont autant d’enjeux à surmonter. Grâce à sa vision globale à 360°, aujourd’hui, l’entreprise compte presqu’une cinquantaine de talents avec, toujours, cette ligne de conduite : « Nous laissons une trace dans la cité et devons garder ce paramètre à l’esprit ! »

Portrait
© Benoît Linder

FOYER DE VIE

Construction d’un foyer de vie de 40 places pour adultes en situation de handicap psychique à Drancy (93)

 LIVRAISON 2023

ÉQUIPE K&+ (architecte mandataire), HN Ingénierie (structure), Sextant (fluides), ID (électricité), Françoise Maire (paysagiste)

MISSION — Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE — AEDE

SURFACE — 3 278 m2 SP

POLYCLINIQUE VÉTÉRINAIRE

Construction d’un centre de référé vétérinaire à Strasbourg (67)

 LIVRAISON 2022

ÉQUIPE K&+ (architecte mandataire), Sextant Ingénierie (fluides), ID (électricité), dynami(x) (structure), KUB architecture & design (aménagement, signalétique)

MISSION Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE Agoravet

SURFACE DU PROJET 1 316 m2

« Construire mieux »

Dans le but de minimiser les dépenses énergétiques, les constructions ou les réhabilitations de bâtiments doivent veiller au confort de leurs utilisateurs tout en n’étant pas trop gourmandes en ressources. Pour arriver à cet objectif, l’ingénieur et économiste de la construction Thomas Fernandes aide les architectes de K&+, tel que Michaël Osswald, à élaborer des projets durables.

Thomas Fernandes : Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs du BTP doit s’investir dans des démarches environnementales pour répondre aux demandes de la société à ce sujet. Dans ce cadre, construire mieux revient à construire différemment. Il faut se poser des questions propres au temps de la construction mais aussi à celles qui concerneront le bâtiment dans dix, trente ou cinquante ans !

Michaël Osswald : Ces attentes grandissantes quant à l’écologie se traduisent pour nous très concrètement en normes et en réglementations. J’ai personnellement toujours profité de ces contraintes pour orienter le plus possible les projets dans la direction d’un bâti plus sain, en végétalisant les espaces ou en proposant l’utilisation de matériaux vertueux. L’obligation d’un bilan carbone neutre est une forme de pain béni car à chaque fois qu’un maître d’ouvrage hésite à utiliser du bois, la balance penche en ce sens. Comme en cuisine, tout commence par de bons ingrédients, les plus bruts possible. Néanmoins, on ne peut pas imposer à tout le monde de construire en paille et en terre crue. C’est impossible car il n’y aurait pas assez d’artisans ni de ressources disponibles, même si elles sont renouvelables. En plus de leur faible impact environnemental, certains de ces matériaux peu transformés sont aussi bons pour la santé des habitants. Les logements sont souvent très pollués par

des peintures, du formaldéhyde (COV) ou des perturbateurs endocriniens. Faire les bons choix de matériaux permet d’avoir une action positive sur la qualité de l’air.

TF : Dans cette équation complexe qui mêle le bilan carbone, énergétique et le confort, les ingénieurs-économistes ont un rôle de chef d’orchestre. Nous ne sommes plus de simples métreurs comme il y a cinq ou dix ans. Notre métier est en mutation et avec l’arrivée de la réglementation RE2020, nous avons les compétences pour faire des Analyses de Cycle de Vie. L’ACV est un outil qui permet d’estimer le bilan carbone global d’une construction par la nature et la quantité des matériaux mobilisés. Ainsi, les réhabilitations de bâtiments existants sont encouragées car elles per mettent de dépenser moins d’énergie que de construire du neuf. Amortir les res sources déjà produites dans le passé nous donne accès à des crédits carbone qui permettent de compenser certains choix de conception. Il faut avoir à l’esprit que l’ACV et l’étude thermique réclament des allers-retours fréquents entre l’architecte et le bureau d’études, dès le début du projet, pour prendre en compte et ajuster les choix constructifs et énergétiques, et aboutir au respect des seuils énergie, carbone et confort d’été.

MO : Cependant, le logiciel d’analyse de cycle de vie a ses défauts. Il se base sur des fiches FDES qui indiquent le niveau de performance carbone des matériaux mais parfois en dessous de leur véritable bénéfice. Certains matériaux très bas en

Dialogue entre Thomas Fernandes et Michaël Osswald

qui ne sont pas durables ou renouvelables comme le polystyrène. En même temps, c’est la réponse la plus rapide et efficace à un problème urgent. Le volet économique est le seul obstacle pour bien faire. Et c’est là que le travail de Thomas intervient.

TF : Après quarante ans de réflexion sur le sujet, il est temps de mettre en application et de développer également l’estimation par le coût global, qui reste encore trop peu utilisée et d’autant plus chez les opérateurs privés. Nous ne comprenons pas pourquoi cette projection à cinquante ans

du bâti n’est pas généralisée. Il est important d’avoir une vision comparative des choix qui sont pris au temps présent afin d’affirmer s’il s’agit de la bonne décision aussi pour l’avenir. Cette prise en compte globale favorise également le réemploi de matériaux de construction. Là aussi, c’est une prestation que notre pôle économie sait faire et peut proposer à nos clients.

Thomas Fernandes, des chiffres & des êtres

Ingénieur bâtiment, co-gérant de K&+, Thomas Fernandes est le responsable Pôle Économie de l’agence. Un économiste chez des architectes ? Oui, c’est l’originalité et la force de cette entreprise à la vision globale.

« Avant toute chose, il faut travailler avec l’humain ! » Thomas Fernandes ne correspond pas à l’image d’Épinal de l’économiste aussi glacial que les touches d’une calculette. Sympathique, empathique et à l’esprit pratique, il tient une place centrale dans le process de construction, avec sa maîtrise des projets du début à la fin, et un regard attentif à son exploitation. Un regard « multidirectionnel » qui lui permet « des retours d’expériences » essentiels pour réajuster, affiner ses réponses pragmatiques aux diverses demandes. Avec rigueur et exigence, son rôle est de « conseiller, rassurer et satisfaire » les clients suite à une réflexion aiguisée aux demandes et programmes. Membre de l’Union nationale des économistes de la construction (UNTEC) depuis 2021, il cherche toujours à traduire le plus intelligemment possible les différentes attentes, en tenant compte des évolutions sociétales, des contraintes géopolitiques contemporaines, des nouvelles donnes – constantes – en matière de BTP et de normes sans cesse plus contraignantes… Tout ça « dans une démarche environnementale ». Si un désaccord parasite la discussion avec le commanditaire, « on se met autour d’une table et on dialogue », lance simplement Thomas Fernandes !

Des choix… constructifs !

Son parcours est « atypique », car Thomas « n’aime pas faire comme tout le monde », affirme-t-il, malicieusement, sourire en coin. Après quelques années dans un bureau d’étude, puis quelques autres dans la promotion immobilière, il se lance à son compte il y a une douzaine d’années avant de participer activement au développement de K&+. Au sein de cette robuste équipe, il s’attaque à de nombreux projets de logements collectifs – baux sociaux ou promotions privées –, urbanistiques ou médico-sociaux, en gardant toujours un œil « sur le bébé afin que ça ne parte pas en cacahuète ! » Dans le plus « grand respect du maître d’ouvrage et de son enveloppe, nous devons entrer dans des discussions techniques et économiques afin de proposer les matériaux adéquats, souvent en proposant des produits équivalents moins onéreux, plus positifs quant à leur bilan carbone et thermique. » Pour les constructions ou les réhabilitations, Thomas préconise de plus en plus le réemploi, lorsque c’est envisageable. Sinon, il suit régulièrement des formations, se tient informé des innovations. Il constitue avec l’aide de son équipe et des architectes une bibliothèque / matériauthèque avec échantillons (tuiles, briques de parements, bois…). Une vision globale, mais aussi à long terme car la

durabilité est une donnée essentielle pour l’ensemble de l’équipe ! « Nous ne sommes plus de banals métreurs comme il y a encore 5 ou 10 ans : notre métier évolue très vite, surtout depuis l’arrivée du BIM. Dès 2022, nous avons notamment ajouté à nos prestations une Analyse de cycle de vie, prestation qui devient nécessaire de nos jours. De plus, l’arrivée de cet ACV va naturellement nous conduire à réaliser un calcul de coût global sur une durée de 50 ans, ce qui permettra de guider encore davantage les clients sur le choix des matériaux. » Pour lui, il n’y a pas d’obstacles, mais des combats qui méritent que l’on retrousse ses manches. « Par exemple, ça n’est évidemment pas une mauvaise chose que de vouloir aujourd’hui consommer moins de carbone. Au contraire, ne pas réagir serait stupide ! »

© Benoît Linder

25 LOGEMENTS COLLECTIFS

Construction bas carbone de 25 logements locatifs sociaux à Strasbourg (67)

 ÉTUDES EN COURS

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), ESW (structure bois/métal), SIB Etudes, HN Ingénierie (structure béton), Solares-Bauen (fluides & HQE), Scène acoustique (acousticien), Françoise Maire (paysagiste)

MISSION — Complète MAÎTRE D’OUVRAGE — OPHÉA SURFACE — 1 507 m2 SP

© Benoît Linder

Michaël Osswald, l’art et la matière

Michaël Osswald est architecte associé chez K&+. Il a marché dans les pas de son grand-père pour vivre son métier rêvé avec passion pour la matière. Et détermination écologique !

Michaël se souvient très bien de son enfance, de son grand-père maçon qui a construit de ses deux mains ou presque la demeure de ses quatre fistons, dont celle de son père, cheminot. « Inconsciemment, ça m’a influencé. » Doucement, l’idée s’infuse… Durant un stage réalisé chez André Siegrist, l’architecte d’intérieur le pousse à intégrer une école d’architecture. Sans trop y croire, il tente sa chance et remercie aujourd’hui celui qui l’a encouragé dans cette voie. « Je pensais que je n’y parviendrais pas… et pourtant, si », se pince-t-il encore aujourd’hui, comme s’il avait encore du mal à y croire. Il ne fait pourtant que suivre le chemin tracé par son grand-père : « Lorsqu’on construit un élément de ses mains, nous avons déjà la sensibilité pour la matière », une flamme qui ne le délaissera pas, songeant depuis sans cesse « à la solidarité des éléments et des étapes de construction ». La qualité « plastique et la mise en œuvre des matériaux n’est pas enseignée dans les écoles », soupire Michaël. Il ne jure que par les matières naturelles, sans avoir attendu qu’un vent écoresponsable souffle – enfin –sur le monde du bâtiment : isolant en bottes de paille, en laine de bois ou en laine de chanvre, plaques d’argile, tuiles modelées à la main briques artisanales en terre cuite ou crue de la fabrique Lanter depuis quatre

générations à Hochfelden… « Le projet idéal », résume Michaël, « c’est lorsque le maître d’ouvrage fait une entière confiance à l’architecte » qui peut alors proposer des confections de différents types, parfois loin des fabrications industrielles, souvent proches de l’artisanat. « La terre crue régule l’hygrométrie : c’est un merveilleux isolant phonique qui apporte beaucoup de confort et de la fraîcheur en été. » Sensible au travail manuel et au savoir-faire des artisans, il prône un mode constructif « sain et brut » pour un habitat « sain et confortable ». Depuis quatre ans qu’il travaille chez K&+, il prêche la bonne parole aux clients qui lui font entièrement confiance et qu’il parvient aisément à convaincre. Ses réalisations parlent pour lui ; comme le Greenobyl, un immeuble d’autopromotion en habitat participatif (Strasbourg), ou le lotissement des Coccinelles (Sainte-Croixaux-Mines), des exemples de conceptions participatives écoresponsables, innovantes et agréables à vivre. Selon Michaël, concevoir une maison est une « part de son ADN » qu’on laisse derrière soi, pour ses enfants, ses proches. Rien n’est laissé au hasard. Ce qui pourrait être des détails pour certains – la pose d’un enduit… –, revêt pour lui une grande importance et nécessite de la « finesse » ainsi qu’une dose de « sensibilité ». Malgré une perte progressive du

« savoir-faire des anciens » due au trust des grosses firmes sur le marché des matières premières, l’archi idéologue continue à se tourner vers l’artisanat pour la réalisation de ses projets. La clé de l’efficacité réside dans le plaisir pris au travail : « chez K&+, l’essentiel est de savoir où est notre meilleure place, où l’on se sent vraiment bien. Personnellement, je dessine à la main, alors que d’autres collègues apprécient la modélisation, tandis que d’autres encore aiment plus particulièrement le terrain, fouler les chantiers », déclare l’architecte avant de conclure. « Finalement, nous sommes tous complémentaires ! ».

Une méthode qu’il appliquera pour son prochain projet : la conception de logements sociaux et participatifs passifs, en bois, commandés par Néolia dans la Ville de Besançon.

 ÉTUDES EN COURS

ÉQUIPE K&+ (architecte mandataire), Illios (fluides), HN (structure), Françoise Maire (paysagiste), Scène acoustique (acoustique)

MAÎTRE D’OUVRAGE — OPHÉA MISSION — Complète, EXE, OPC SURFACES 1 133 m² SP

RÉSIDENCE SÉNIORS

Création de 20 logements locatifs sociaux séniors labellisés Passivhaus à Strasbourg (67)

« Structure & réhabilitation »

Denion Ymeri : La réhabilitation de bâtiments anciens constitue le nerf de la guerre de la ville du futur, et à l’avenir il faudra y aller à marche forcée. Que cela se fasse par le réemploi de matériaux ou la rénovation de locaux en friche. Cela peut aussi se traduire par l’ajout d’étages sur des constructions existantes.

Daniel Gasser : Si l’on projette une surélévation, il faut pouvoir justifier que ce qui est déjà bâti supporte ce qu’on y ajoute. Le poids d’une nouvelle structure doit être compatible avec les contraintes sismiques qui sont assez fortes localement. L’Alsace est une des régions de France où les risques de secousse sont les plus importants.

DY : En France, la réglementation sismique est en vigueur depuis les années 1970 mais on est de plus en plus précautionneux avec ça. À partir d’un certain volume de modifications, cette norme obligatoire impacte de la même façon les bâtiments que l’on réhabilite et qui sont construits avant cette période.

DG : Dans ce cas, la norme s’applique à tout le bâtiment, dont sa structure et ses fondations. Quand le travail se fait sur un édifice ancien dont les plans ont disparu, il est difficile de justifier l’intégralité de la structure en termes sismiques.

DY : Il y a plusieurs façons de faire pour estimer la résistance d’une structure. L’une d’entre elles est de réaliser comme une radiologie du bâtiment pour le modéliser dans des logiciels afin d’observer comment il se comporte selon

Réhabiliter un bâtiment existant demande de remplir un cahier des charges précis. dynami(x) ingénierie, bureau d’études spécialisé dans la structure des édifices, travaille très régulièrement avec K&+ en plus de cohabiter depuis peu sur le nouveau site réhabilité de la Plaine des Bouchers. Discussion entre son gérant, Denion Ymeri, et Daniel Gasser. Entre nouveaux voisins ! les risques sismiques. Si le bâtiment ne respecte pas les seuils établis, on doit apporter des corrections complètes. Par exemple, dans le bâtiment où se trouvent nos bureaux respectifs, la stabilisation s’est faite par la création d’une terrasse ou d’une cage d’ascenseur. On peut faire quelque chose de positif à partir de contraintes. Les normes de réhabilitation veillent à minima à ne pas aggraver l’état de la construction existante face aux risques. À Strasbourg, il y a des immeubles qui datent du XVe siècle et qui sont toujours debout ! L’avantage des maisons à colombages se trouve dans leur légèreté. Comme le roseau, elles vont se déformer sans céder. Au contraire, une tour est un bâtiment très rigide sur lequel il faut travailler pour qu’il bouge le moins possible.

« On peut faire quelque chose de très positif à partir de contraintes. »

Notre compréhension du phénomène sismique s’améliore tous les jours, de même que les outils qui nous permettent d’agir habilement sur ces problématiques.

DG : L’enjeu du travail entre ingénieurs et architectes est de pouvoir faire fonctionner un programme dans le respect de toutes les règles et dans les limites du budget. On a besoin de professionnels comme Denion car il a des solutions concernant le cahier des charges. De plus, la réversibilité des usages des constructions est un thème qui émerge, notamment quant aux parkings. À l’avenir, on peut imaginer qu’il y aura moins de voitures en ville : nous devons alors nous poser la question de comment

transformer une infrastructure de garage à véhicules en bureaux ou en logements. Il faut que le maître d’ouvrage ait cette réflexion au moment de la conception pour que cela fonctionne. On peut faire le choix d’utiliser des éléments en métal démontables ou, si on choisit l’usage béton, il faut que la trame soit réfléchie dès le départ, dans cette éventualité.

DY : Dans la transformation d’un espace existant, un ingénieur intervient forcément. La seule contrainte est que l’on doit réfléchir à une méthodologie de construction. Par exemple, toutes les dalles ne sont pas faites pour recevoir des percements et des gaines qui permettent un système

d’eaux usées. Par contre, si on y réfléchit dès le départ, on peut imaginer des zones tampons. Prendre en compte cette éventualité impacte réellement la conception à tous les niveaux et de ce fait aussi le coût.

DG : Pouvoir modifier les espaces avec le temps est une question de responsabilité que chacun devrait avoir. Il faut être en capacité d’imaginer qu’il y ait des futurs usages différents de ceux du bâtiment initial, et cela même si c’est une démarche qui demande de l’énergie intellectuelle.

REVERSO

Réhabilitation d’un immeuble existant en 35 logements collectifs & 5 maisons en bande à Strasbourg (67)

 LIVRAISON 2022

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), SIB Etudes (Structure), Illios (fluides), Acte 2 Paysage (paysagiste)

MISSION — Complète MAÎTRE D’OUVRAGE — Alcys SURFACES — 2 865 m2 SHAB

Philippe Schaetzel, réparer, soigner

Comme beaucoup de ses collègues de K&+, Philippe sait depuis l’adolescence qu’il fera ce métier. Il a récemment rejoint l’équipe qu’il connait depuis longtemps. Son cheval de bataille : la réhabilitation.

« Quand j’étais adolescent, j’ai eu la chance que mes parents fassent appel à un architecte pour construire leur maison. J’ai pris du plaisir à observer les évolutions des plans, la maquette, à écouter les échanges J’ai alors orienté mes études vers ce métier. » Après un Bac E, avec des cours de dessin industriel, nourri par une passion pour tout ce qui est technique, Philippe Schaetzel intègre l’ENSAS (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg) où pour son diplôme empoché en 1999, il est un des premiers à présenter des maquettes numériques interactives 3D. Quelques expériences en agences plus tard, « comme un aventurier » valeureux, il se lance avec deux associés pour créer leur agence, MGD Architecture (comme Metapolis Global Design). Après 25 ans d’expertise et des projets à l’échelle croissante, il éprouve le besoin de rejoindre une équipe plus étoffée. Cela correspond au désir de K&+ de développer un pôle rénovation, la spécialité de Philippe.

« Il faut avancer en équipe, avec les compétences de chacun. Chez K&+, les associés et tous les collaborateurs apportent leur expertise et leur approche de spécialiste » Philippe Schaetzel est le septième associé d’un cabinet « structuré, compétitif et visionnaire. »

Résolument humaniste, Philippe a une réelle disposition à l’écoute de ses nombreux interlocuteurs : élus, bailleurs, corps associatifs, habitants, ou compagnons de chantiers. « J’aime m’enrichir des échanges, avec les différents bureaux d’études partenaires, paysagistes, thermiciens, et les usagers. »

« Réparer la ville, soigner le vivant »

« J’ai un grand plaisir à traduire un programme en espace. Concevoir l’enveloppe protectrice qui abrite une activité. Proposer des parcours extérieurs puis intérieurs au lieu de vie. Jouer avec les cadrages, les points de fuite, dilater / comprimer les volumes. » Souvent, le vocabulaire de Philippe s’apparente à celui d’un cinéaste qui parle de grands angles, de jeux de lumière, de perspectives… L’architecte / réalisateur s’est d’abord passionné pour les équipements publics. Petit à petit, il s’est épanoui dans la réhabilitation énergétique de logements collectifs. Bien qu’on ne puisse pas réduire Philippe Schaetzel à un seul domaine, hyperconscient des contraintes économiques et écologiques, il devient « spécialiste » en la matière. Selon lui, la nécessaire rénovation thermique fait partie « des enjeux majeurs pour que l’architecture participe au combat contre la crise environnementale. » Et de rappeler qu’en France, le bâtiment représente

44 % de la consommation énergétique et que 5 millions de logements sont mal isolés. Des passoires énergétiques à « réparer »

De même, il parle de « soigner la ville et ses habitants: j’essaye d’aider les gens, dans leur corps et leur esprit, en travaillant l’habitat le plus pertinemment possible, en tenant compte du contexte. L’architecte fait un diagnostic et prend le pouls, cherche l’énergie potentielle du lieu, avant de réfléchir aux solutions à apporter pour améliorer le cadre et le confort de vie. » Grâce à son parcours, sa philosophie et son expertise, il a déjà rénové près de 4 000 logements.

L’actualité du pôle réhabilitation de K&+ : de nombreux projets passionnants dont la réhabilitation d’un patrimoine des années 40-50, le quartier Ancien Drouot à Mulhouse, une Cité Jardin et ses 821 logements, une des plus importantes opérations de ce type actuellement en France.

Portrait
© Benoît Linder

DROUOT

Rénovation et résidentialisation de 821 logements, quartier ancien Drouot à Mulhouse (68)

ÉTUDES EN COURS

ÉQUIPE — Demathieu Bard (Entreprise Générale), K&+ architecture globale (architecte), SBAU (architecte), Linder Paysage (Paysagiste), Solares Bauen (BE thermicien – fluides), ID (BE électricité), Lollier (BE VRD)

MISSION — Conception, réalisation

MAÎTRE D’OUVRAGE — m2A HABITAT

SURFACE — 46 958 m2 SHAB, 60 284 m2 SP

CENTRAL SQUARE

Création d’un bâtiment d’activités à Schweighouse-sur-Moder (67)

 LIVRAISON 2020

ÉQUIPE — K&+ (architecte mandataire), CTE (BET structure), IEM Ingénierie (BET fluides)

MISSION — Complète

MAÎTRE D’OUVRAGE — Central Square, FEHR Groupe

SURFACE — 2 600 m2 SU

NOS CHIFFRES

45 collaborateurs dont 7 associés

5 pôles qui travaillent en parfaite synergie

1 filiale

840 m2 de bureaux

15 kg de café consommés chaque mois

3 principaux domaines d’intervention

18 années d’activités Création en 2006

Urbanisme / Équipement / Logement

20 maîtres d’ouvrage réguliers

18 bureaux d’études partenaires

1 300 études réalisées en 10 ans

3 475

1 pôle complémentaire dédié au bien-être

3 920 2021 2022 2023

4 058

3 bureaux CA en K€ + de 200 kg de merguez grillées en 10 ans + de 800 projets réalisés depuis 2013

KUB

MAÎTRES KUB (DIALOGUE) RÉALISATIONS

Maîtres KUB

Créée en 2019, KUB architecture & design est une filiale de K&+ architecture globale entièrement dédiée aux particuliers : des prestations haut de gamme et sur mesure pour une maison, un appartement ou tout autre projet individuel, de la lampe design à la table basse personnalisée.

Daniel Gasser : À mon arrivée chez K&+, nous concevions énormément de maisons individuelles… Il faut dire que « les particuliers c’est particulier ». [rires] En vérité, travailler sur une maison individuelle, c’est beaucoup de temps, d’énergie, de dialogues… Aussi parce que, pour les propriétaires qui investissent beaucoup d’argent, c’est souvent le rêve d’une vie. L’architecte doit être à l’écoute de chaque détail, chaque envie, chaque possibilité, tout en calmant parfois les ardeurs des clients. Ce n’est pas « que » la construction d’un bâtiment mais également l’ensemble de la gestion relationnelle. Un peu comme un médecin doit savoir faire preuve de pédagogie face à un patient qui pense connaître sa pathologie parce qu’il a fait des recherches sur internet ! À l’époque, les chantiers prenaient du retard et les architectes principaux, investis sur les gros chantiers, n’avaient plus le temps de s’occuper de ce genre de travaux chronophages. Tout cela a donc été le préambule pour réfléchir autrement et affiner une certaine ligne directrice.

Majid Messous : Nous avons décidé de séparer le marché, en créant une filiale en gérance autonome, exclusivement consacrée aux projets pour les particuliers : KUB. Une structure dont l’un des atouts majeurs est justement de pouvoir proposer sa propre vision de l’architecture tout en s’appuyant sur les forces vives de l’agence K&+ ! L’idée est de travailler ensemble, d’avoir des passerelles entre les deux structures, de répartir certaines missions avec par exemple les économistes, les décoratrices… C’est donc une équipe de plus de 40 personnes aux compétences complémentaires qui vont se relayer selon les besoins. Un système de

vases communicants. Et de fil en aiguille, KUB a développé projets individuels, extensions de maisons, rénovations d’hôtels particuliers, de maisons anciennes, de villas aussi travail de décoration d’hôtels ou restaurants… Nous n’hésitons pas à conseiller nos clients, si nous jugeons que certaines solutions peuvent être meilleures, moins onéreuses ou plus avisées pour tous. Personnellement, j’aime venir sur les chantiers mettre les mains dans le cambouis. C’est important, ce temps avec les artisans.

DG : Nous sommes là aussi pour conseiller. Prendre en compte la psychologie de chacun, notamment pour les couples, avec des demandes et volontés qui peuvent diverger ! Parfois, il peut s’agir de défis, quand il faut composer avec des idées plus ou moins farfelues comme une piscine sur le toit, une bibliothèque de 5 000 ouvrages ou une reproduction de la porte de l’enfer de Rodin… Chaque client est différent, alors on s’adapte, on discute. Nous avons travaillé sur une maison, par exemple, dans laquelle le propriétaire souhaitait installer une bibliothèque sur trois étages, façon Poudlard dans un esprit contemporain… D’une envie quelque peu excentrique, nous avons a tiré un véritable concept architectural. Les outils sont très puissants : aujourd’hui nous pouvons faire des choses extrêmement photoréalistes.

MM : Dans le cadre de KUB, nous avons également réalisé un travail de signalétique, comme lors de l’aménagement d’une polyclinique vétérinaire il y a quelques mois.

DG : Nous sommes même capables de faire des éléments décoratifs, comme pour une maison urbaine de santé à l’Elsau. Ou une table de bureau réalisée pour un cabinet d’avocats sur une base de plateau vide. Ces clients avaient des goûts assez prononcés en matière de déco : il a fallu énormément échanger avec eux, s’adapter aux demandes et aux contraintes pour répondre pleinement à leurs envies. Nous pouvons aujourd’hui faire de l’urbanisme, de la réalisation d’immeubles ou du logement social, jusqu’à la décoration, le choix d’une lampe, d’une table basse, d’un tableau… Grâce à K&+ et KUB, nous avons une grande pluridisciplinarité : notre expertise est large et chaque détail est étudié, nous travaillons à différentes échelles, jusqu’à la signalétique ou la poignée de porte.

MM : Nous avons actuellement plus d’une quinzaine de projets en cours, tous confondus, qui peuvent être parfois très longs, durant trois ou quatre ans. C’est pourquoi on met également en place de multiples collaborations avec des décorateurs ou des designers, V8 et ADN par exemple… Ceci nous pousse à penser que nous allons continuer à nous développer et même, pourquoi pas, agrandir l’équipe. C’est passionnant, avec K&+ et KUB, nous sommes capables de faire une ville, une maison, une signalétique ou une poignée de porte !

Dialogue entre Daniel Gasser et Majid Messous, architectes co-gérants de KUB.

MAISON C.

Réhabilitation d’une maison individuelle

LIEU Strasbourg (67)

ANNÉE DE RÉALISATION

2022

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

MISSION Complète

SURFACE 110 m2

VILLA N.

Construction d’une villa bibliothèque

LIEU Ferrette (68) ANNÉE DE RÉALISATION Études en cours MAÎTRE D’OUVRAGE Privé MISSION Conception, décoration, réalisation

MAISON L.

Extension et aménagement d’une maison

LIEU Illkirch-Graffenstaden (67) ANNÉE DE RÉALISATION 2023

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé MISSION Conception, décoration, réalisation

MAISON C.

Rénovation intérieure et extérieure d’une maison individuelle

LIEU Strasbourg (67)

ANNÉE DE RÉALISATION

2020

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

MISSION Complète

SURFACE 170 m2

© Pierre Pommereau

LA PRESSE

Aménagement d’un restaurant brasserie

LIEU Strasbourg (67)

ANNÉE DE RÉALISATION

En cours

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé MISSION Conception, décoration, réalisation

CABINET AVOCAT

Aménagement d’un plateau de bureaux

LIEU Site de la Coop à Strasbourg (67)

ANNÉE DE RÉALISATION 2022

MAÎTRE D’OUVRAGE Coffra group

MISSION Complète

HÔTEL

Construction d’un Hôtel **** écoresponsable et d’un SPA

LIEU Truchtersheim (67)

ANNÉE DE RÉALISATION

Études en cours

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

MISSION Aménagement, décoration

SURFACE 3 459 m2

CABINET MEDICAL

Aménagement d’un pôle médical, de 2 salles d’attente & 3 pièces médicales

LIEU Mutzig (67)

ANNÉE DE RÉALISATION 2022

MAÎTRE D’OUVRAGE Privé

MISSION Aménagement, décoration

SURFACE 180 m2

dynami(x)

PORTRAIT INGÉNIERIE

Denion Ymeri, c’est d’la dynami(x)

Une collaboration au long cours marquée par un rapprochement physique : en 2021, après plusieurs années de collaboration sur des projets strasbourgeois, dynami(x) a rejoint K&+ et Gilles Garnier sur un projet ambitieux : acheter et rénover ensemble un magnifique bâtiment de plus de 1 800 m 2 laissé à l’abandon dans la Plaine des Bouchers depuis plus de 50 ans.

Denion Ymeri, son directeur, est à la tête de cette société d’ingénierie d’une douzaine de personnes.

dynami(x), entreprise indépendante dédiée à la structure des bâtiments, a pris ses quartiers au deuxième étage du 79 A rue de la Plaine des Bouchers, au-dessus de K&+.

Gérée par Denion Ymeri, elle est spécialisée dans la conception, l’optimisation et la réalisation des ouvrages en béton armé, métal et bois. Dimensionnement, expertise, assistance et conseils : dynami(x) « fait en sorte que tienne l’enveloppe des édifices conçus par les bâtisseurs », résume Denion. « Nous nous assurons de la stabilité des constructions ». La formule est simple mais l’opération est loin de l’être, nécessitant d’abord une « collaboration renforcée » avec les architectes, de K&+ ou autres.

Son goût pour le métier, il le doit sans doute à son père ingénieur génie civil en Albanie qui lui a très tôt donné le goût des mathématiques et l’a, très jeune, emmené sur ses chantiers à Tirana. Cette capitale d’un ex pays communiste est en pleine reconstruction dans les années 90. Résolument attiré par les sciences, il vient étudier en France à l’âge de 16 ans, et choisit de s’installer à Strasbourg dans l’optique de pouvoir, un jour, rejoindre le très renommé Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Strasbourg. Il ne parle alors pas un mot de français, mais, très motivé, il intègre une prépa Mathématiques / physique puis l’INSA de Strasbourg en 2006, duquel il sortira avec un diplôme d’ingénieur

en génie civil. Il fait ses armes dans plusieurs bureaux d’études à Strasbourg, telle qu’OTE où il a appris en grande partie son métier. Fin 2015, Denion Ymeri se lance dans l’entreprenariat, motivé par le souhait de s’impliquer plus encore dans les projets et d’être en lien direct avec tous les acteurs du bâtiment. Il se rappelle, amusé, de ses premiers mois de travail, « seul, dans la cave de son logement », mais, très rapidement, des partenaires tels que des entreprises de gros œuvre lui font confiance. De chantiers individuels, il est associé rapidement à des projets d’envergure. Installé avenue des Vosges en 2016, il est petit à petit rejoint par cinq dessinateurs, quatre ingénieurs et une assistante. Depuis, l’équipe s’est encore agrandie : un déménagement était devenu indispensable !

Un job essentiel, mais trop méconnu « Notre métier est encore confidentiel, peu médiatisé. » Et d’évoquer un moment frappant pour lui : « En 2018, lorsque le pont Morandi de Gênes s’est effondré, la presse est allée interroger des architectes alors que ça n’est pas de leur ressort. Nos compétences sont trop peu connues, voire mésestimées. » Ceci dit, Denion n’occupe pas ce poste pour les paillettes. Depuis sa jeunesse, il sait que sa profession le conduira à des exercices passant très vite de la théorie à la pratique, loin des « bullshit jobs » inutiles à la bonne marche du monde. « Lors de la première

vague de Covid, nous avons participé, en urgence, à la construction dans les hôpitaux d’espaces compartimentés avec un système de ventilation. Dans ce cas, comme dans les autres, il s’agit d’identifier le problème, puis de trouver une solution. »

Un autre exemple de défis que doit relever dynami(x) ? La réhabilitation des 4 264 m 2 de la Manufacture des tabacs de Strasbourg pour y installer The People Hostel, auberge de jeunesse d’un nouveau type. Un défi technique puisque le bâtiment industriel « est resté dans son jus » avec son ossature bois, mais les hauteurs d’étages – parfaites pour accueillir d’énormes machines, moins pour y loger des visiteurs – ont été revues. Le challenge de cette opération : la création d’une mezzanine qu’il a fallu renforcer afin de structurer l’ensemble, sans dénaturer la bâtisse. « Notre travail revient parfois à celui d’investigateurs, d’historiens, de chercheurs qui étudient les besoins et font les calculs appropriés. » À l’actif de la société, citons également la construction d’un nouveau plateau ambulatoire au Centre Hospitalier Louis Pasteur de Dôle ou encore la requalification et restructuration de la Tour Mistral à Bischheim. dynami(x), c’est du béton.

Portrait
© Benoît Linder
« Un architecte doit être un ethnologue et un sociologue avant tout. »
Jean Prouvé

NOS ÉQUIPES

PÔLE CONCEPTION

Maxime KHALILI, architecte DPLG, gérant principal

Daniel GASSER, architecte DPLG, cogérant

Michaël OSSWALD, architecte DPLG, cogérant

Philippe SCHAETZEL, architecte DPLG, cogérant

Hélène SCHMITT, architecte DPLG, associée

Pierre MANUS, architecte DE, associé

Pierre-Emmanuel BAUDRY, architecte DPLG

Jean-Benoît CHOPART, architecte DE Marion DUJARDIN, architecte DE Hamed FARNIA, architecte DE Pierre FREITAS, architecte DE Morane GAC, architecte DE Fabian GARCIA, architecte DPLG

Sophie GUYO, architecte DE Vincent HILAIRE, architecte DE Sarah HIRTZ, architecte DE Camille JAMBON, architecte DE Corentin KAYSER, architecte DE

Léia MEGYESI, architecte DE Isabelle METZ, architecte DPLG

Marie-Laure PERROS, architecte HMONP

Liliana POSTA, architecte DE Hoël POUPON-BONNEFOI, architecte DE Juliette ROBBIANO, architecte DE

Charlotte SCHUH, architecte DE

Marc STEINMETZ, architecte HMONP

Philippe ZELLWEGER, architecte DE

PÔLE ÉCONOMIE

Thomas FERNANDES, ingénieur bâtiment, cogérant

Christian FREUND, économiste

Hamed MALAKOUTI DANA, économiste

Stéphane MEYER, économiste

Barbara ROUILLON, économiste

PÔLE RÉALISATION

William MERCIER, directeur travaux

Anthony BRUETSCHY, chargé d’affaires MOE

Benjamin HEBTING, chargé d’affaires MOE

Severina KONJIC, chargée d’affaires MOE junior

Baptiste OHRESSER, chargé d’affaires MOE

Anicée PAGNANI, architecte chargée d’affaires MOE

Loïc ROUSSELOT, chargé d’affaires MOE

Fabien STRASSER, chargé d’affaires MOE

ADMINISTRATION

Julie HUCK, responsable administrative

Priscillia THURWANGER, assistante technique

Ana-Lourdes AMIN, assistante technique

Jessica SCHOCH, comptable

COMMUNICATION

Zoé FUGLER, chargée de communication

KUB ARCHITECTURE & DESIGN

Daniel GASSER, architecte DPLG, cogérant

Majid MESSOUS, architecte cogérant

Antoine DAUBON, architecte DE Jonas GEISLER, architecte HMONP

NOS PARTENAIRES

DURAVIT

Fabricant des appareils sanitaires

GERFLOR

Fabricant du sol en Linoléum

HEINRICH SCHMID

Peinture intérieure, cloisons mobiles

JENET DÉMOLITION

Démolition, purge, désamiantage, dépollution

JFG SERVICES

Menuiseries extérieures aluminium

K LINE

Fabricant des menuiseries en aluminium

KNAUF

Fabricant de produit acoustique de plafond

LA SEIGNEURIE

Fabricant de peinture

SCICADIAM

Carottage

SOPREMA

Fabricant de produit d’étanchéité

WIENERBERGER

Fabricant de la briquette de façade

Contributeurs

Directeur de la publication

Bruno Chibane

Administration - Gestion

Gwenaëlle Lecointe

Rédaction en chef

Emmanuel Dosda

Direction artistique et graphisme

Sarah Lang

Coordination de projet

Bruno Chibane

Emmanuel Dosda

Daniel Gasser

Zoé Fugler

Sarah Lang

Rédaction

Emmanuel Dosda

Maïta Stébé

Aurélie Vautrin

Fabrice Voné

Photographies

Daniel Gasser

Frédéric Godard

Benoît Linder

Pierre Pommereau

Christophe Urbain

Illustrations

Momho illustration

(Morane Gac, architecte DEurbaniste)

Perspectives

Archi Graphi

Stéphane Castets

K&+ architecture globale

KUB architecture & design

NH Images

Nouvelle Mesure

Relecture

Léonor Anstett

Zoé Fugler

Stagiaire graphisme

Ilan Shoham

Cette publication est éditée par chicmedias 37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com zut-magazine.com

S.à.R.L. au capital de 77 057 euros

Chicmedias est une entreprise à mission dans l’économie sociale et solidaire

Tirage : 1500 exemplaires

Dépôt légal : septembre 2024

SIRET : 509 169 280 00047

Cette publication est entièrement conçue, réalisée et imprimée en Alsace

Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex

Un projet réalisé avec K&+ architecture globale

Photo de couverture et ouvertures

Benoît Linder

Remerciements

• Suzanne Brolly

Adjointe à la Maire de Strasbourg en charge de la ville résiliente, de l’urbanisme et des espaces verts

Vice-Présidente à l’Eurométropole de Strasbourg en charge de l’habitat, de la politique foncière et immobilière.

• Eric Chenderowsky

Directeur de l’Urbanisme et des Territoires de la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg

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