4 minute read

Culture – Théâtre

Réouverture des lignes

Le festival Passages, consacré aux théâtres du monde, devient Passages Transfestival et invite le Brésil à envahir la ville de Metz. Nouvelle équipe, nouveaux lieux et un air de retrouvailles pour cet événement plus que jamais sous le signe de la transformation et du croisement.

Advertisement

Des comédiens débarquant d’avions venus des quatre coins de la planète, des spectateurs au coude-à-coude sous des chapiteaux surchauffés, sur une place où l’on s’attablait pour déguster un plat ou bavarder autour d’un livre... Le festival Passages symbolisait tout ce dont le monde, plus particulièrement celui du spectacle vivant, a été privé pendant près d’un an et demi. Redécouvrir ses propositions métissées, présentées mi-juin à la presse, avait des airs de victoire. Pour sa vingt-cinquième édition, la dixième à Metz, le désormais nommé Passages Transfestival a fait le choix du Brésil, après un crochet par l’Afrique à l’occasion de Kuya Kwetu, une semaine début juillet consacrée à l’Afrique contemporaine. « On veut redevenir un événement annuel, avec plusieurs rendez-vous », confiait Benoît Bradel, le nouveau directeur de l’événement, qui annonçait d’autres changements sur la forme, assez peu sur le fond ; le festival veut toujours mettre en lumière des artistes internationaux et célébrer « leur entrée en résistance ».

Des voix protéiformes

Benoît Bradel est arrivé à la tête de Passages fin 2019 avec le Brésil dans ses bagages : tout son projet tournait autour de ce pays-continent vibrant d’histoire et de cultures. « C’est une scène que je suis depuis longtemps, explique le metteur en scène, fondateur de la compagnie Zabraka et du festival Parcours tout court en Bretagne. L’articulation entre art et politique propre à Passages, né pour s’ouvrir aux artistes d’Europe de l’Est après la chute du Mur de Berlin, et le contexte actuel au Brésil, politique et environnemental notamment, a donné encore plus de sens à cette envie. » Revenu d’un voyage sur place juste avant le premier confinement, le directeur a aussi à cœur de mettre en avant une transdisciplinarité très présente au Brésil. Passages Transfestival croisera plus que jamais le théâtre, la danse, la musique et les arts visuels. « Au Brésil, il n’y a pas de hiérarchie entre ces formes-là, note Benoît Bradel. Elles sont autant de moyens de raconter cinq siècles d’histoire, au même titre que le corps, extrêmement présent. Il y a une liberté, une générosité de ces artistes que j’ai voulu montrer. »

Lavagem, d’Alice Ripoll et la compagnie REC, le 8 septembre à 20h à l’Arsenal. Photo : Renato Mangolin

Un autre village mondial

Passages Transfestival proposera en tout une vingtaine de spectacles, « entre 3 minutes et 3h30, de 3 à 850 spectateurs ». Fini les chapiteaux place de la République, Passages se déroulera principalement en salles, entre la Cité Musicale (Arsenal, Trinitaires, BAM et Saint-Pierre-aux-Nonnains), l’Espace Koltès, le Centre Pompidou-Metz et l’Opéra-théâtre. L’aspect pratique est évoqué : des chapiteaux chers, pas toujours confortables ni bien conçus pour l’accueil des artistes, des questions de sécurité, et peut-être aussi un choix dicté par de possibles restrictions sanitaires. « On aura des lieux plus intimes, sans barrières, dans lesquels le public découvrira des artistes dans les meilleures conditions », assure Benoît Bradel. Passages aura tout de même son village, lieu dédié à la convivialité, aux rencontres, projections et petites formes : le Coração, un « cœur » qui s’étendra entre l’Esplanade et l’Arsenal. L’ambition d’un « nouveau souffle » pour un événement culturel emblématique de la cité messine ; et que Benoît Bradel souhaite développer par des créations, des partenariats, une présence et une visibilité renforcées pour un festival toujours marqué par l’ouverture. « Nous voulons que Passages Transfestival encourage le spectateur à voir le plus de propositions différentes possibles : un festival doit être une concentration, une ébullition : on veut faire tourner les têtes ! »

Passages Transfestival Du 2 au 12 septembre, à Metz passages-transfestival.fr O Vento

Une traversée de l’histoire musicale brésilienne du XIXe siècle à nos jours par les chorégraphes Morena Nascimento et Lucas Resende avec le ballet de l’Opérathéâtre de Metz Métropole. Charnel, sonore, politique, hybride, O Vento est aussi contemporain qu’ancré dans les racines africaines du Brésil.

Le 2 septembre à 21h à l’Arsenal

Saudades do Brasil

Le mandoliniste et compositeur Hamilton de Holanda, figure de la scène brésilienne, s’associe à l’Orchestre National de Metz pour un concert croisant Darius Milhaud, le compositeur Heitor Villa-Lobos et la Symphonie Monumentale, une composition en hommage à sa ville Brasilia.

Le 4 septembre à 20h à l’Arsenal

Altamira 2042

À partir de sons, de chants, de témoignages, de sculptures vivantes et d’images, Gabriela Carneiro Da Cunha rassemble les voix les plus diverses de l’Amazonie en une installation évoquant la construction du barrage de Belo Monte, risque majeur pour la nature et les peuples autochtones.

Du 7 au 11 septembre à 18h30 à Saint-Pierre-auxNonnains

Sem Palavras

Au sein de la nouvelle création de l’auteur et metteur en scène Marcio Abreu, des corps en mouvement se confrontent, montrant la coexistence des différences, dans l’art comme dans la vie, au sein d’un appartement vide où se jouent les rencontres, les déplacements et les transitions.

Les 10 et 11 septembre à l’Espace Koltès

This article is from: